Plaintes oculaires chez les personnes vivant avec le VIH sida. Cas des cliniques universitaires de Kinshasa.( Télécharger le fichier original )par Elie SESELE MANGALA Université de Kinshasa - Docteur en médecine 2015 |
IV.2.2. Stade clinique de l'infection à VIHNos résultats montrent que le stade clinique IV de la classification de l'OMS venait au premier plan avec 60% ; ce qui correspond selon la littérature au stade de SIDA maladie. IV.2.3. Traitement antirétroviral et prophylaxie au Cotrimoxazole Dans notre étude, plus de 80% des patients étaient sous trithérapie ARV et prophylaxie au cotrimoxazole. Bien que peu d'études aient été réalisées sur cet aspect, nous reconnaissons néanmoins la part non négligeable de ces traitements dans la survenue du syndrome de reconstitution immunitaire pouvant expliquer l'apparition des plaintes oculaires. Dans notre série, la totalité des patients ayant présentés des plaintes oculaires étaient sous traitement antirétroviral et prophylaxie au bactrim. 38 IV.2.4. Plaintes oculaires et statut immunitaire au dépistage Le taux de CD4 chez 74,6 % des patients dans notre étude était inférieur à 200 / mm3 correspondant au déficit immunitaire sévère. Ce taux était noté chez 84,1% des patients dans l'étude faite par KONE et al. au Mali et chez 82,5% des patients dans l'étude de EBANA M. et coll. au Cameroun (25, 22). Il est important de signaler que les plaintes oculaires sont présentes à tous les stades de la maladie ; cependant avec une prédominance selon que le taux de CD4 est plus bas. Ceci s'expliquerait par l'immunodépression qui caractérise les stades avancés, exposant l'oeil au même plan que d'autres organes avec l'apparition simultanée des plaintes oculaires et les infections opportunistes. IV.2.5. Fréquence des plaintes oculaires Dans notre observation, 40% des patients ont présentés des plaintes oculaires ; ce qui est légèrement bas par rapport à la littérature (70 à 100%) et à d'autres séries africaines ; ceci pourrait s'expliquer au fait que la majorité de nos patients n'ayant pas réalisé des examens ophtalmologiques, d'autres atteintes oculaires asymptomatiques n'ont pu être décelées et que la plupart de dossiers ne sont pas correctement remplis et la majorité des patients sont perdus de vue car ne sachant pas le lien entre leur maladie et les complications oculaires, préfèrent trouver ailleurs la solution à leurs problèmes oculaires (tradipraticiens et autres). Au Mali, THERA JP (18) & al et KONE & coll. (25) ont trouvés respectivement 81,6% et 61,9%. Notons que cette fréquence est appelée à augmenter avec l'amélioration constante de l'accès aux traitements antirétroviraux, qui prolonge l'espérance de vie des patients avec VIH/SIDA ; car certains auteurs ont souligné que la rareté des complications oculaires du VIH/SIDA chez l'Africain était liée entre autres à l'absence ou à l'inaccessibilité des traitements antirétroviraux à la base d'une mortalité précoce avant même l'apparition des certaines complications dont celles oculaires (11). 39 Signalons également que le traitement antirétroviral entraînant une reconstitution des réponses immunitaires, a permis une diminution de la mortalité liée aux infections opportunistes. Cependant, cette reconstitution peut parfois être pathologique et être à l'origine d'un syndrome de reconstitution immunitaire avec atteinte oculaire. IV.2.6. Types de plaintes oculaires Les résultats de notre étude ont montré au premier plan en ce qui concerne les plaintes oculaires : la vision floue avec 52% suivi de la douleur oculaire avec 37% et du larmoiement avec 22,2 %. IV.2.7. Consultation ophtalmologique et pathologie diagnostiquée Dans notre série, seul 26 % des patients avec VIH ont pu consulter au service d'ophtalmologie. Ceci est sans doute lié au manque des moyens financiers car la plupart de ces patients sont pris en charge par leurs familles et dans une certaine mesure au manque de collaboration entre les services dans la prise en charge des patients. L'oedème papillaire était l'atteinte la plus diagnostiquée dans notre série avec 29% ; ce qui s'expliquerait par la fréquence élevée des cas d'hypertension intracrânienne liés à plusieurs infections opportunistes (toxoplasmose cérébrale, cryptococcose méningée, sarcome de Kaposi, etc.) 40 Cette étude a été menée dans le but d'évaluer la fréquence et les types des plaintes oculaires présentées par les patients avec infection à VIH/SIDA suivis ou hospitalisés aux services des maladies infectieuses des Cliniques Universitaires de Kinshasa durant la période allant de janvier 2002 à décembre 2015. Elle a porté sur une population cible de 67 patients avec infection à VIH/SIDA qui ont été choisis en fonction des critères préétablis. Cette étude montre une fréquence non négligeable des plaintes oculaires qui était de 40 % ; ce qui est un peu bas par rapport à certaines séries africaines. Les plaintes les plus enregistrés étaient la vision floue avec 52 %, suivie de la douleur oculaire avec 37 % et du larmoiement avec 22,2 %. La tranche d'âge ayant le plus présentée des plaintes oculaires est celle de 39 à 45 ans avec 33,4 %. L'âge moyen des patients avec plaintes oculaires est de 44,74 #177; 10,86 ans avec des extrêmes allant de 25 à 68 ans. On note une prédominance féminine avec 74% et un ratio femme sur homme à 3. Ces plaintes sont d'autant plus fréquentes que le taux de CD4 est bas et aux stades avancés (III et IV) de la classification de l'OMS. Leur survenue est concomitante avec celle d'autres infections opportunistes (dans notre série 85,2 % des patients avec plaintes oculaires présentaient d'autres infections opportunistes) ; 74,6 % de patients avaient un taux de CD4 ? 200/ mm3 correspondant au déficit immunitaire sévère. Seul 26% des patients avec infection à VIH/SIDA ont pu consulter au service d'ophtalmologie et l'oedème papillaire était l'atteinte oculaire la plus diagnostiquée dans notre série avec 29 %. 41 A l'issue de cette étude, il importe pour nous de formuler les recommandations suivantes :
- Une bonne observance de traitement antirétroviral - De consulter fréquemment en ophtalmologie afin de prévenir dans la mesure du possible les complications oculaires. 42
43
|
|