2.5.2.2. Estimation du gonflement - Méthodes
empiriques (indirectes) :
Les méthodes indirectes consistent à
établir une corrélation entre le taux de gonflement ou la
pression de gonflement et quelques paramètres géotechniques
faciles à obtenir au laboratoire. Ainsi, après avoir
déterminé les paramètres géotechniques du sol,
l'emploi de formules empiriques permet de connaître rapidement le
potentiel de gonflement du sol, c'est-à-dire d'estimer ou de quantifier
le gonflement et (ou) la pression de gonflement qui peuvent se
développer en cas de variations des conditions hydriques et (ou)
mécaniques.
De nombreux auteurs ont tenté de relier la pression de
gonflement óg ou le potentiel de
gonflement Cg aux paramètres classiques de
mécanique des sols (teneur en eau initiale wi,
densité sèche initiale ãd0, limite de
liquidité wL, indice de plasticité IP, limite de retrait ws,
pourcentage des particules d'argiles < 2ìm,...) qui semblent
être les facteurs les plus influents sur le gonflement des argiles.
Plusieurs relations empiriques ont été proposées.
CHAPITRE 1 RECHERCHES BIBLIOGRAPHIQUES
37
Auteur(s)
|
Équations
|
Paramètres
|
Seed et al. (1962)
|
Eg=2,16.10-3(Ip) 2,44
|
Eg et Ip
|
Ranganatham et Satyanarayana
(1965)
|
Eg= 41,13.10-5(WL-Ws) 2,67
|
Eg , WL et Ws
|
Komornik et David (1969)
|
Eg= 6,7 + 2,4Ip
(marnes) Eg= 0,9 + 2,1Ip (argiles) logag=
-2,132+0,0208 WL + 6,66.10-4yd -0,0269Wi
|
Eg(%) ag (kPa) Wi (%) WL (%)
yd (kg/m3)
|
Vijavergia et Ghazzaly (1973)
|
log Eg = 0,033 WL - 0,083 Wi +0,458 log ag= 0,033
WL - 0,083 Wi +1,967
|
Eg(%) ag (kPa) Wi (%) WL (%)
|
Vijavergia et Ghazzaly (1973)
|
log Eg = 0,033 WL + 0,0032 yd - 6,692 log ag= 0,033
WL + 0,0032 yd - 5,154
|
Eg(%) ag (kPa) WL(%) yd
(kg/m3)
|
Didier et al.
(1973)
|
log ag= uWL + v yd- t W+ k =2,55 (yd/yw)-
1 705
,
|
u, v, t et k sont des constantes
W : teneur en
eau naturelle (%) WL (%), yd
(g/cm3) et ag (bars)
|
O'Neill et Ghazzaly (1977)
|
Eg=2,77 + 0,131 WL -0,27 Wi
|
Eg(%)
Wi et WLsans unités
|
Brackley (1983)
|
Eg= (5,22-147(e/Ip) log
P).(0,525Ip+4,1- 0,85 Wi)
Eg=5,22-147(e/ Ip)
|
ag (kPa)
e : indice des vides
P : surcharge extérieure (kPa)
Wi (%) et Ip(-)
|
Komine et Ogata
(1994)
|
Eg= ( Kyd -1)*100
|
Eg(%)
K est un constant yd (g/cm3)
|
Guiras-Skandaji
(1996)
|
Eg=-117,59+ (3,0571. Wi)
|
Eg(%) Wi (%)
|
Yilmaz (2006)
|
Eg=0,155WL-0,763CEC-2,04
|
Eget WLsans unités CEC (meq/100g)
|
Tableau 1.13 : Modèles d'estimation du taux de
gonflement (Eg) et de la pression de
gonflement (ag).
CHAPITRE 1 RECHERCHES BIBLIOGRAPHIQUES
2.5.2.3. Estimation du gonflement - Méthodes
directes :
? Méthode de gonflement libre
:
Dans l'essai de gonflement libre, l'échantillon, soumis
à une faible pression correspondant au poids du piston et de la pierre
poreuse, est laissée en contact avec de l'eau. Une fois le
phénomène de gonflement stabilisé, l'échantillon
quasi-saturé suit un chemin de chargement par paliers avec stabilisation
des déformations sous chaque palier. La pression de gonflement
correspond à la charge qu'il est nécessaire d'appliquer pour
ramener le volume de l'échantillon à sa valeur initiale. Cette
méthode peut se faire dans un oedomètre ou un appareil triaxial
(figure 1.20).
óv
?h/h0
(%)
óvg
?v/v0
(%)
órg
ór
38
(a) chemin oedométrique (b) chemin triaxial
Figure 1.20 : Méthode de gonflement libre à
l'appareil oedométrique et triaxial.
Le mode de chargement influe sur la valeur de la pression de
gonflement. En effet, Guiras-Skandaji (1996) a montré que la pression de
gonflement déterminée à partir des essais de gonflement
libre dépend de la vitesse de chargement). Un chargement rapide,
après 24 heures, aboutit à une pression de gonflement plus
importante qu'un chargement lent (à la fin de la phase de consolidation
primaire : après stabilisation des déformations). Ce comportement
a déjà été constaté également par
Tisot (1984).
L'avantage de cette méthode est qu'elle
nécessite une seule éprouvette et permet d'obtenir, outre la
Pression de gonflement et le gonflement libre, la courbe de
compressibilité du sol saturé (après
gonflement).Cependant, l'inconvénient est qu'elle n'est pas
représentative du chemin de contrainte suivi par le sol lorsqu'il subit
un gonflement sous confinement (Brackley, 1975 ; Justo et al., 1984 et El Sayed
& Rabbaa,1986).
CHAPITRE 1 RECHERCHES BIBLIOGRAPHIQUES
e
0.8
1.8
1.4
1.2
1.0
1.6
Indice des vides initial
O Paliers rapides
Paliers stabilisés
39
1 10 100 1000 10000
Contrainte verticale (kPa)
Figure 1.21 : Gonflement libre puis rechargement avant et
après la consolidation primaire (Guiras-Skandaji, 1996).
? Méthode de gonflement sous charges
constantes :
sx
Pour éviter l'inconvénient de la stabilisation
de chaque palier de la méthode précédente, on peut
utiliser une méthode dite « méthode de gonflement sous
charges constantes » ou« méthode de gonflement en
parallèle ». Elle nécessite plusieurs échantillons
identiques, chaque échantillon est soumis à une humidification
sous charge constante (pression verticale à l'odomètre ou
contrainte isotrope à l'appareil triaxial) , selon la valeur de la
charge, il se produit un gonflement ou un effondrement du sol. En
traçant la courbe des déformations volumiques en fonction des
contraintes appliquées (Log ó) lors de l'humidification, on peut
déterminer la contrainte correspondant à une déformation
nulle, qui est la pression de gonflement. Selon Gilchrist (1963), Noble (1966),
Sridharan et al., (1986), Guiras-Skandaji (1996), Bigot et al., (1998) et
Yahia-Aïssa (1999),cette courbe est une droite, tandis que Chu & Mou
(1973) trouvent une courbe exponentielle et Philipponnat (1991), une droite ou
une hyperbole. Le potentiel de gonflement dans cette méthode est
variable, il correspond à la variation de hauteur sous une pression
donnée.
CHAPITRE 1 RECHERCHES BIBLIOGRAPHIQUES
?H/H0(%) ?V/V0(%)
órg
log óv logór
óvg
40
a) chemin oedométrique (b) chemin triaxial
Figure 1.22 : Méthode de gonflement sous
différentes charges à l'appareil oedométrique et
triaxial.
L'avantage de cette méthode est qu'elle permet de
s'approcher le plus des conditions in situ (Sridharan et al., 1986 ; El Sayed
& Rabbaa, 1986 ; Edil et Alanazy, 1992). En effet, le gonflement vertical
in situ se fait généralement sous charge verticale constante. En
revanche, l'inconvénient est qu'elle nécessite au minimum trois
échantillons identiques, qui dans certains cas, sont difficiles à
préparer si l'on veut travailler sur des échantillons intacts.
C'est pour cela qu'elle est plutôt utilisée pour des
matériaux remaniés.
? Méthode de gonflement à volume
constant
Le principe de cette méthode est d'humidifier une
éprouvette tout en maintenant son volume constant. L'essai est pour
suivi jusqu'à ce que l'échantillon ne présente plus de
tendance au gonflement. La pression nécessaire pour maintenir le volume
constant est la pression de gonflement. A l'oedomètre ceci consiste
à bloquer le piston sur un bâti de presse afin d'empêcher la
déformation de hauteur et à mesurer l'évolution de la
contrainte de gonflement verticale óvg (figure 23.a) à l'aide
d'un capteur de force intercalé entre la cellule et le bâti de
presse. Pour l'appareil triaxial, la contrainte de gonflement latérale
órg (figure 23.b) est aussi mesurée à l'aide d'un
contrôleur pression-volume.
CHAPITRE 1 RECHERCHES BIBLIOGRAPHIQUES
óvg
ógóvg
temps temps
a) chemin oedométrique (b) chemin triaxial
41
Figure 1.23 : Méthode de gonflement à volume
constant
3. CONCLUSION :
S'agissant du gonflement des sols argileux, il apparait qu'on
est devant un phénomène très complexe. Ce
phénomène survient suite à l'interaction du
matériau argileux avec l'eau, à différents stades
entrainant la modification de plusieurs de leurs mécanismes physiques et
chimiques.
Cette modification apparait surtout sur la structure et de la
texture du matériau argileux, du fait du nouveau réarrangement
des particules et de la compensation des vides.
Une bonne compréhension de la caractérisation
d'un sol argileux déduites par les essais d'identification qui sont
très utiles pour l'évaluation du potentiel de gonflement, ne nous
exempt pas des essais devant se faire en laboratoire sur des
échantillons intacts afin d'en déterminer les paramètres
exacts de gonflement par les méthodes expérimentales directes.
1. CHAPITRE 2 STABILISATION DES ARGILES
42
INTRODUCTION :
La stabilisation est une technique qui permet
d'améliorer la portance et le comportement à l'eau d'un sol ou
d'un matériau moyennant l'ajout d'un liant hydraulique (ciment,
chaux...) ou d'un liant hydrocarboné (bitume, émulsion de
bitume...).
Il existe différents types de traitement des argiles
gonflantes. Ces traitements, de manière générale,
permettent de lier et de cimenter les particules entre elles, afin d'augmenter
la résistance du matériau et de réduire sa
sensibilité à l'eau.
Les deux techniques de stabilisation les plus
utilisées pour valoriser les sols sont les suivantes :
? Traitement aux liants hydrauliques (traitement
physico-chimique): les liants hydrauliques sont des produits
d'origine minérale qui par réaction avec l'eau donnent des
réseaux cristallins enchevêtrés et ayant une bonne
cohésion et pouvant aboutir à des jonctions avec le squelette
minéral (contrairement aux produits de type colle qui eux ne peuvent
qu'adhérer au squelette minéral)
Parmi les stabilisations les plus couramment utilisées on
distingue :
- Stabilisation à la chaux
- Stabilisation au ciment
- Stabilisation en cendres volantes,
? Traitement avec un matériau non argileux
(traitement chimique):
Il s'agit de mélanger le matériau argileux
gonflant avec un autre d'argilosité presque nulle, ce sont par exemple
les sables, les graviers .Ces matériaux inertes réduisent le
pourcentage global d'éléments actifs (inférieurs à
2 microns) et réduisent, par la même, l'activité du
gonflement de l'argile. L'efficacité de ce mode de traitement sera
fonction du pourcentage d'éléments inertes, de leur
granulométrie et du mode de mise en place du mélange.
2. PROCEDES DE TRAITEMENT DES SOLS GONFLANTS
:
|