CHAPITRE 2
CADRE THÉORIQUE
Dans ce chapitre, nous faisons une synthèse des travaux
sur le paludisme et surtout les facteurs pouvant influencer l'infection ou la
transmission du paludisme. Dans un premier temps, nous introduirons quelques
aspects généraux sur le paludisme, ensuite nous ferons une
synthèse sur l'impact des différents moyens de prévention
contre le paludisme et enfin nous conceptualiserons l'infection palustre en
nous intéressant aux facteurs de risque de l'infection palustre. Nous
nous inspirerons de la littérature pour élaborer un cadre
conceptuel dans lequel s'inscrira notre étude. Ce chapitre nous
permettra d'émettre des hypothèses de travail notamment sur les
mécanismes d'influence de l'infection palustre en tenant compte du
phénomène de résistance des vecteurs aux insecticides.
2.1 Aspects généraux sur le paludisme
2.1.1 Définition du paludisme et mode de
transmission
Le paludisme est une maladie parasitaire due à des
hématozoaires (Plasmodium) inoculés dans le sang par la
piqûre de moustiques anophèles 1 femelles,
communément appelés «vecteurs du paludisme». Elles
appartiennent à la famille des culcidae 2, l'ordre des
diptères3. Le paludisme se manifeste par des accès de
fièvres intermittents (Kern-Coquillat, 2010). Selon la gravité de
la
1. Moustiques des régions chaudes et
tempérés, il existe environ 600 espèces dont près
de 75 espèces peuvent
transmettre le paludisme.
2. Avec les ailes étroites et arrondies recouvertes
d'écailles; et leurs antennes sont en soies très abondantes
chez le mâle et peu abondantes chez la femelle
3. Caractérisé avec 2 ailes membraneuses
attachées au mésothorax; 2 haltères portées par le
mésothorax
servant d'organe d'équilibre.
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 23
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
maladie, on distingue le paludisme simple4 et le
paludisme grave5.
Plusieurs types d'anophèles existent. Au Cameroun, on
dénombre près de 48 espèces d'ano-phèles femelles
parmi lesquelles 13 espèces possèdent des sporozoïtes du
plasmodium6 ; germe responsable du paludisme. De toutes ces
espèces d'anophèles, le plus répandue est
l'anophèle gambiae au sens large (An. gambiae sl), qui est
constitué de l'anophèle gambiae au sens strict (An. gambiae s.s),
l'anophèle arabiensis (An. arabiensis) et anophèle melas (An.
melas) (Hervy et al., 1998). Outre les transmissions materno-foetale et
sanguine, la transmission du paludisme se fait essentiellement d'une personne
à l'autre par l'intermédiaire d'une piqûre
d'anophèle femelle infecté par le plasmodium. On dénombre
04 grands types de germe de paludisme au Cameroun: Plasmodium falciparum,
Plasmodium vivax, Plasmodium malariae et Plasmodium ovale, la forme la plus
répandue étant le P falciparum. La dynamique de la transmission
du paludisme diffère selon les zones écologiques et climatiques
(PNLP, 2010).
2.1.2 Cycle du plasmodium chez le vecteur et chez
l'hôte
Alors que les moustiques mâles se nourrissent du nectar
des fleurs, les femelles hémato-phâges piquent, un repas sanguin
nécessaire pour assurer la maturation des oeufs. Le plasmodium principal
germe responsable du paludisme subit un cycle biologique complexe. Il
évolue chez l'homme (phase asexuée) et chez l'anophèle
(phase sexuée). La figure 2.1 résume le cycle de
l'évolution du plasmodium chez l'Homme et chez l'anophèle.
Chez l'Homme: Le plasmodium subit une
évolution en deux phases qui peut se résumer ainsi: Une
phase hépatique : En piquant l'Homme pour son repas sanguin, le
vecteur anophèle femelle infecté, par sa salive, injecte un grand
nombre de sporozoïtes dans le sang humain. Ces parasites vont passer en
moyenne une demi heure dans le sang avant de gagner le foi. Après une
semaine de maturation et de division, ils se transforment en schizontes, forme
mature du parasite d'environ 40 à 100 micromètres et contenant
quelques milliers de noyaux, appelés corps bleus. L'éclatement
des
4. paludisme asymptomatique sans signes de gravité ni
éléments d'appréciation (cliniques ou biologiques)
permettant d'affirmer un dysfonctionnement des organes vitaux
(OMS, 2011).
5. forme aiguë de paludisme accompagné de signes de
gravité et/ou du dysfonctionnement des organes vitaux
(OMS, 2011).
6. Le plasmodium a été découvert en 1880
par Alphonse Laveran (1845-1922) prix Nobel de médecine en
1907.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 24
schizontes libère de nombreux mérozoïtes
qui passent dans la circulation sanguine pour entamer le cycle sanguin (Good et
al., 2010). La durée de cette phase varie en fonction du type de germe:
6 jours pour P. falciparum, 8 jours pour P. vivax, 9 jours pour P.ovale et 13
jours pour P.malariae (Ibitokou, 2013). Au cours de cette étape, il ne
se produit aucune manifestation clinique du paludisme.
Une phase sanguine : C'est durant cette phase
qu'apparait les manifestations cliniques. Les mé-rozoïtes ayant
envahis la circulation sanguine, ils pénètrent les globules
rouges et s'éclatent, les parasites sont libérés et vont
infester d'autres globules rouges. C'est durant cette étape que se
développent les gamétocytes qui continueront leur
développement s'ils sont absorbés par une anophèle femelle
lors de son repas sanguin pour continuer le cycle (Good et al., 2010; Gentilini
et al., 1995).
Chez l'anophèle : Lors d'une
piqûre chez un paludéen, l'anophèle absorbe les
éléments parasitaires sanguins. Seuls les gamètes
après fécondation vont générer les sporozoïtes
(formes infectantes) qui seront à leur tour inoculés à
l'homme et le cycle recommence (Ibitokou, 2013).
FIGURE 2.1 - Cycle du plasmodium chez l'Homme et chez
l'anophèle
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 25
2.1.3 Dynamique de la transmission
De nombreux modèles de la dynamique de transmission du
paludisme sont proposés. Le plus utilisé est celui de ROSS (1911)
: Les humains susceptibles7 (S1) deviennent infectieux8
(I1) à travers des contacts avec des vecteurs infectés
(I2). De même, les vecteurs susceptibles (S2) deviennent des vecteurs
infectieux (I2) suite à des contacts avec des hôtes infectieux. La
figure 2.2 donne la représentation de la transmission du paludisme
développée par Ross faisant intervenir l'humain et le vecteur
moustique. Ce modèle a l'avantage qu'il tient compte d'une part, de la
transmission entre humains et vecteurs et d'autre part, de la transmission
entre vecteurs du paludisme. Mais il a l'inconvénient de ne pas tenir
compte d'autres modes de transmission tels que la transmission
congénitale de la mère à l'enfant et de la transfusion
sanguine.
FIGURE 2.2 - Schéma de Ross (1911) de la transmission
du paludisme faisant intervenir l'hôte humain et le vecteur moustique
2.1.4 Symptômes et traitement du
paludisme
Après l'infection de l'humain par le vecteur
anophèle femelle, la période d'incubation varie en fonction du
type de germe de plasmodium 9, la quantité de parasite
présente dans le sang, et le sujet lui même (l'âge, le
degré d'immunisation, etc.). Après cette période, des
symptômes tels que fièvres élevées (40 à 41
°C), frisson, maux de tête, fatigue générale,
vomissements et diarrhée peuvent apparaitre (OMS, 2013). S'il n'est pas
rapidement diagnostiqué et traité, son évolution peut
conduire à une forme sévère, anémie par exemple,
voire mortelle. Plusieurs types de recours
7. Qui ne sont pas encore infectés, mais qui courent le
risque de l'être
8. Qui sont infectés et peuvent transmettre la
maladie.
9. P.falciparum : 7-60 jours, P.vivax : 13 jours à
plusieurs années, P.Ovale : 15 jours à plusieurs
années,
P.malariae : environ 3 semaines.
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 26
thérapeutiques du paludisme sont observés, mais
les plus fréquents sont le traitement par la médecine
traditionnelle et celui de la médecine conventionnelle ou moderne. La
médecine traditionnelle au Cameroun comme dans bons nombres de pays, se
fait essentiellement par l'utilisation des plantes médicinales. Pour la
médecine moderne, les traitements contre le paludisme portent
généralement le nom générique d'antipaludeen
10. Son traitement dépend du type de paludisme (simple ou
grave) et du type de germe plasmodium. Le paludisme est l'une des maladies pour
laquelle de nombreux médicaments modernes sont disponibles. Le meilleur
traitement disponible, en particulier pour le paludisme à P. falciparum,
est une Combinaison Thérapeutique à base d'Artémisinine
(CTA) (OMS, 2011).
2.1.5 Population à risque
Près de la moitié de la population du monde est
exposée au paludisme. La plupart des cas de paludisme et des
décès dus à cette maladie surviennent en Afrique
subsaharienne. Toutefois, l'Asie, l'Amérique latine et, dans une moindre
mesure, le Moyen-Orient et certaines parties de l'Europe sont également
affectés. En 2013, 97 pays étaient confrontés à une
transmission continue du paludisme. Mais les populations spécialement
vulnérables sont celles des enfants de moins de 5 ans, les femmes
enceintes, les migrants et les voyageurs internationaux en provenance de
régions exemptes de paludisme (Aide mémoire OMS, 2014).
2.1.6 Prévention du paludisme
a) Prévention individuelle
Une prévention du paludisme est envisageable à
l'échelle individuelle. Pour être efficace, cette
prévention doit associer une protection contre les piqûres de
moustiques et une prophylaxie médicamenteuse.
La prévention au niveau individuel, s'envisage tant
à l'intérieur qu'à l'extérieur des habitations. On
peut mettre des vêtements longs le soir, mettre les répulsifs sur
les parties découvertes, utiliser des tortillons fumigènes ou des
serpentins, nettoyer les alentours des habitats et évacuer les eaux
stagnantes, sont quelques unes des mesures de lutte au niveau individuel contre
les piqûres
10. médicament utilisé dans le traitement
préventif ou curatif du paludisme, ils sont parfois appelés
antimala-riques ou antipaludiques.
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 27
de moustiques. En outre, on peut mettre des grillages ou des
rideaux sur les fenêtres et les portes, utiliser des insecticides, la
climatisation et dormir sous la moustiquaire imprégnée
d'insecticide.
L'OMS définit la chimioprévention du paludisme
saisonnier comme l'administration intermittente du traitement
antipaludéen au cours de la saison de transmission du paludisme pour
éviter la morbidité et la mortalité dues à cette
infection. Son principe est de maintenir des concentrations
thérapeutiques en médicament antipaludique dans le sang pendant
toute la période où le risque palustre est le plus
élevé, cela aura pour effet de réduire l'incidence du
paludisme. Une étude menée au Mozambique par Diana et al.(2008) a
d'ailleurs montré que le traitement préventif intermittent
à la Sulfadoxine-Pyrimethamine chez les enfants de moins de 24 mois a
réduit le taux d'incidence palustre et renforcé le système
immunitaire chez les enfants. Elle est le plus souvent recommandée aux
femmes enceintes, aux enfants, et aux sujets non immunisés se rendant
dans les zones impaludées 11 (Akiana, 2003). Mais parfois, on
observe les souches plasmodiales multirésistantes qui échappent
à la prophylaxie, ce qui n'assure pas une efficacité à
100% de cette méthode (Garnier et al., 2001).
b) Prévention collective
La lutte antivectorielle consiste en des traitements à
grande échelle allant du milieu rural au milieu urbain, voire au pays
tout entier. L'objectif de ces traitements étant essentiellement la
destruction ou la réduction du nombre de vecteurs par l'utilisation des
insecticides. Plus les opérations de lutte s'étendent sur de
grandes surfaces, meilleur sera l'impact des traitements d'insecticides sur le
vecteur et la maladie qu'il transmet. Les campagnes de lutte contre les
anophèles peuvent s'exer-cer sur la larve aussi bien que sur le
moustique adulte. En Fonction du type de campagne envisagé, le type
d'insecticides et le mode d'action varient tant au niveau de leur mode d'action
que par la façon dont ils seront appliqués sur les surfaces
à traiter.
De nombreux insecticides sont utilisés dans la lutte
antivectorielle. Ces insecticides se classent en plusieurs familles : le
Dichloro-Diphényl-Trichloroéthane (DDT) est le plus
utilisé de la famille des organochlorés. La famille de
pyréthrinoïdes (constitué de perméthrine,
bifenthrine, deltaméthrine, lambda-cyhalothrine et
l'alpha-cyperméthrine) est la seule catégorie d'insecticide
utilisée pour l'imprégnation des moustiquaires.
La lutte antivectorielle s'opère soit par la
destruction des gîtes larvaires d'anophèles, soit
11. Une zone ou une région de transmission du paludisme
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 28
par la destruction ou l'élimination de
l'anophèle adulte. La lutte antilarvaire est le plus souvent difficile
à mettre en oeuvre, cela du fait de la multitude des gîtes
larvaires. Mais cette lutte antilarvaire est envisagée dans des cas
particuliers, notamment dans les milieux insulaires, les zones
marécâ-geuses, les rizières, etc. Mais l'utilisation de
cette méthode possède de lourdes conséquences sur
l'environnement, en effet, elle pourrait être toxique pour la flore et la
faune non ciblées (Darriet, 2007). Les limites de cette méthode
ont ravivé la place à la lutte contre l'anophèle adulte.
Cette lutte est essentiellement basée sur l'utilisation des
pulvérisations d'insecticides intra-domiciliaires à effet
rémanent et l'utilisation des moustiquaires imprégnées
d'insecticides. Au Cameroun comme dans bons nombres de pays, ce sont les
Moustiquaires Imprégnées d'insecticides (MII) et les
Moustiquaires Imprégnées d'Insecticides à Longue
Durée d'Action (MIILDA) qui sont les plus utilisées et les plus
répandues.
2.1.7 Résistance des vecteurs
L'utilisation à grande échelle respectivement
des insecticides et des pesticides dans la lutte antivectorielle et dans les
zones agricoles a entrainé chez les anophèles une
résistance. D'après l'OMS, «La résistance
d'une souche ou (race) d'un insecte vis-à-vis d'un insecticide
correspond au développement d'une capacité de tolérer des
doses toxiques qui seraient létales pour la majorité des
individus d'une population normale de la même espèce»
(OMS, 1957). L'op-posé de cette expression est la
sensibilité. Elle traduit l'incapacité de tolérer
certaines doses de substances toxiques contenues dans les insecticides. Les
insecticides contiennent des substances toxiques qui agissent sur le
système nerveux de l'insecte, le paralyse puis le tue. Les
résistances sont déterminées par un ou plusieurs
gènes qui permettent à l'insecte de faire face aux insecticides,
par exemple en évitant le contact avec l'insecticide ou en se
débarrassant du poison par excrétion. On distingue ainsi la
résistance métabolique12 et la résistance par
modification de la cible13.
L'OMS a défini un protocole permettant de mesurer la
résistance des anophèles femelles. Le protocole consiste
globalement à collecter les moustiques (Anophèles) au stade
larvaire dans la zone cible, les élever jusqu'à l'âge
adulte (3 à 5 jours), puis les répartir en 2 groupes : un
groupe
12. Elle apparaît lorsque des changements surviennent dans
le système des enzymes du moustique. (OMS,
2013)
13. Elle apparaît lorsque la protéine
réceptrice (celle que l'insecticide est supposée atteindre) est
altérée par une mutation. (OMS, 2013)
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 29
témoin14 et un groupe exposé. Le
groupe exposé est soumis à l'insecticide (perméthrine,
bifen-thrine, deltaméthrine, lambda-cyhalothrine et
l'alpha-cyperméthrine), le nombre de moustiques morts et/ou «knock
down»(tombés) sont relevés dans les deux groupes
après 24 heures. Le taux de mortalité de moustique observé
est donné par la formule:
Nombre total de moustiques morts
taux de mortalité observé =
Nombre total de moustiques
|
* 100. (2.1)
|
De façon similaire, on calcule le taux de
mortalité du groupe témoin. Si ce taux de mortalité (du
groupe témoin) est supérieur ou égale à 20%, alors
le test dans cette zone doit être rejeté ou repris. S'il est
compris entre 5% et 20%, alors on utilise la formule (2.2) donné par
Abbot(1925) pour corriger le taux de mortalité observé. Par
contre s'il est inférieur à 5%, aucune correction n'est
nécessaire, dans ce cas, on utilise alors le taux de mortalité
observé de la formule (2.1)
taux de mortalité = 100 -
%mortalité témoins
%mortalité observé -
%mortalité témoins
* 100. (2.2)
A partir de cet indicateur, l'OMS propose la
catégorisation suivante:
Tableau 2.1 - Catégorisation de la résistance
Taux de mortalité après 24 heures
|
Niveau de résistance associé
|
98%-100%
|
Sensible
|
90%-97%
<90%
|
Probable résistance Résistance
|
2.1.8 Facteurs favorisant la résistance des
vecteurs
De nombreuses études ont montré que l'apparition
de la résistance des vecteurs (anophèles) dans une zone serait
tributaire de l'utilisation intensive et abusive des insecticides dans ladite
zone. Les grandes firmes agricoles telles que les plantations de coton et de
riz, nécessitent une très grande utilisation des insecticides
pour éradiquer les insectes destructeurs et ravageurs de plantes. C'est
le cas de l'utilisation de la DDT en Afrique de l'ouest dans la culture du
coton qui a fait apparaitre
14. Ce groupe permet de tester la fiabilité de
l'expérience.
2.2 Efficacité des principales méthodes
préventives Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 30
la résistance chez l'espèce An. gambiae à
l'intérieur et à proximité des zones cotonnières
(Darriet, 2007). Il a été également prouvé la
résistance de l'An. gambiae à la perméthrine, à la
deltaméthrine et au DDT dans une zone rizocole dans la vallée de
Kou15 (Darriet et al.,1997). Allant dans le même sens,
Chouaibou et al(2008) attribut la résistance des vecteurs aux
insecticides dans la région du Nord Cameroun à l'utilisation
intensive des insecticides dans les plantations de coton dans cette
région du pays.
2.2 Efficacité des principales méthodes
préventives
2.2.1 Impact de la moustiquaire sur la transmission du
paludisme
L'anophèle femelle opère le plus souvent
après le coucher du soleil avec un maximum d'activité entre 23 h
et 4 h; c'est ce qui explique le fait que l'utilisation des moustiquaires est
un moyen efficace de prévention tant individuel que collectif. De nos
jours, les moustiquaires les plus utilisées sont les moustiquaires
traitées à l'insecticide; on distingue les moustiquaires
imprégnées d'insecticides (MII) et les moustiquaires
imprégnées à longue durée d'action (MIILDA). Mais
avant l'expansion de ces moustiquaires traitées, c'était
autrefois les moustiquaires non traitées ou tout simplement les rideaux
qui étaient utilisés contre les piqûres d'insectes en
général et des moustiques en particulier. L'efficacité de
ces rideaux n'était pas moindre.
a) Cas des moustiquaires non traitées
L'utilisation des moustiquaires non traitées, constitue
une barrière physique entre l'homme et le vecteur. L'utilisation d'une
moustiquaire en bon état bien que non traitée limite la
transmission du paludisme. Une étude menée en Côte d'ivoire
a démontré que l'utilisation des moustiquaires non
traitées mais intacte réduit de 75% à 80% le taux de
gorgement16 par rapport à une non utilisation ou une
utilisation des moustiquaires non traitées et trouées. Le taux de
mortalité des An. gambiae est de 7.6%, significativement
supérieur à ceux des cas de la non utilisation (4.3%) et de
l'utilisation des moustiquaires non traitées trouées (5.1%)
(Darriet et al., 2000). Dans la nuit, le
15. situé à une trentaine de kilomètres
à l'est de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso
16. C'est un indicateur qui mesure l'efficacité des
moustiquaires, il appréhende l'effet «répulsif» des
mousti-
quaires sur les moustiques, il est calculé en
rapportant le nombre de moustiques resté dans la case sur le nombre
total de moustiques introduit initialement
2.2 Efficacité des principales méthodes
préventives Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 31
2.2 Efficacité des principales méthodes
préventives Cadre théorique
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
dormeur utilisateur de la moustiquaire non traitée
pourrait être en contact avec le rideau, comme celui-ci n'est pas
traité à l'insecticide, le dormeur court alors des risques de
piqûre à travers le rideau. De plus, avec l'utilisation de ces
moustiquaires non traitées, 15% à 20% de moustiques sont
gorgés à l'intérieur de la maison (Darriet et al., 2000).
Les moustiquaires non traitées s'avéreraient dès lors
insatisfaisantes, et ont ainsi ravi la place aux moustiquaires traitées
à l'insecticide.
b) Cas des moustiquaires
imprégnées
L'utilisation des moustiquaires imprégnées
d'insecticides constitue non seulement une barrière physique mais aussi
et surtout une barrière chimique contre l'anophèle femelle. De
nombreuses études ont relevé deux grandes
propriétés des insecticides (pyréthrinoïdes)
imprégnés sur la moustiquaire; ceux-ci jouent des rôles de
dissuasion et d'éradication des vecteurs. Ainsi, l'in-secticide
présente sur la moustiquaire empêche ou dissuade l'anophèle
à pénétrer à l'intérieur de la maison,
réduisant ainsi le contact entre l'Homme et le vecteur, diminuant de ce
fait le risque d'infection. Une étude menée au Burkina Faso
à montré que l'utilisation des moustiquaires traitées
d'insecticides réduisait de 70% le taux d'entré des
anophèle dans les habitations (Darriet et al ., 1984). L'utilisation des
moustiquaires imprégnées entraine aussi une expulsion des
vecteurs réduisant une fois de plus le contact entre l'Homme et le
vecteur. La même étude au Burkina Faso a montré que le taux
exophilie17 du à l'utilisation des moustiquaires
imprégnées s'élevait à près de 97%.
De façon générale, l'utilisation des
moustiquaires imprégnées constitue une réelle arme de
lutte contre le paludisme. Il a été montré (au Burkina
Faso) que, la mise en place de l'utilisation à grande
échelle des moustiquaires imprégnées a
entrainé une réduction de 80% à 90% de la transmission du
paludisme (Carnevale et al ., 1988 ; Robert et al., 1991). Ceci pourrait
expliquer le taux de couverture universel que plusieurs pays impaludés
souhaiteraient atteindre. Une autre étude menée en Gambie a aussi
révélé qu'une utilisation des moustiquaires
imprégnées d'insecticides réduirait de 63% les
épisodes fébriles de paludisme chez les enfants âgés
de 1 à 9 ans (Snow et al ., 1988). Dormir sous une moustiquaire
imprégnée constitue alors une arme efficace contre l'infection du
paludisme, Alemu et al.(2011) ont montré qu'une personne ne dormant pas
sous une moustiquaire court près de 14 fois plus de risque d'être
infectée. Bien que son efficacité à été
démontré, il est pertinent de savoir si cette efficacité
demeure significative en présence de la
17. l'effet d'expulsion caractérisé par le taux de
sortie des anophèles induit par l'insecticide
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 32
résistance de l'anophèle
femelle.
2.2.2 Efficacité des moustiquaires
imprégnées sur l'anophèle femelle
résistante
Les études existantes sur l'efficacité des
moustiquaires imprégnées sur les vecteurs résistants sont
pour la plupart controversées. Quelques unes ont montré la
persistance de l'efficacité des moustiquaires imprégnées
et d'autres ont plutôt démontré une perte
d'efficacité des moustiquaires imprégnées. Des
études menées en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso, ont
montré l'efficacité des moustiquaires imprégnées de
perméthrine et de deltaméthrine sur l'An. gambiae
résistante. Ces études ont montré que bien qu'il y eut
perte de l'effet dissuasif 18 contre l'anophèle
résistante, l'effet exito-répulsif19 fut maintenu
(Darriet et al.,1984; Darriet et al.,1998). Par contre une étude
menée au Benin a démontré une perte d'efficacité
des moustiquaires imprégnées en présence de la
résistance de l'An gambiae aux Pyrethroides (Damien et al., 2010).
2.2.3 Impact de la Pulvérisation
intradomiciliaire d'insecticide à effet rémanent (PID) sur la
transmission du paludisme
La pulvérisation intradomiciliaire d'insecticides
à effet rémanent est l'une des méthodes de lutte
antivectorielle préconisée par l'OMS dans la lutte contre le
paludisme sur une grande échelle. En effet pour être optimal, il
faut pulvériser au moins 80% des habitations dans les zones cibles (OMS,
2014). Elle consiste en l'application d'insecticide par pulvérisation
sur les surfaces intérieures des murs et des toits des habitations et
autres structures (magasins, latrines, établissement, écoles,
lieux de culte, etc.). Le principe de la méthode de lutte repose sur le
comportement des vecteurs qui recherchent après chaque repas de sang,
des endroits tranquilles et sombres pour le repos et la digestion. La PID
permet ainsi de tuer les moustiques qui se posent sur les surfaces
traitées avant et/ou après la prise de repas sanguins. Ce qui a
pour conséquence de réduire l'espé-rance de vie des
anophèles femelles, réduisant ainsi la densité
anophélienne (OMS, 2006). Ainsi, l'utilisation de la PID est protectrice
contre la transmission du paludisme (Guthmann et al.,2001).
18. les moustiques sont dissuadés par l'effet chimique et
entrent moins dans l'habitation
19. qui provoque l'éloignement des moustiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 33
La PID fut homologueé par l'OMS en 1950 lors de la
conférence de Kampala et a constitué la principale méthode
de lutte contre le paludisme entre 1955 et 1969. Elle a contribué
à réduire significativement la prévalence du paludisme
particulièrement en Asie, en Amérique Latine et en Afrique
Australe. Associée à d'autres moyens de lutte contre le
paludisme, elle a contribué à éradiquer le paludisme en
Europe, en ex URSS et dans certains pays d'Asie et des caraïbes (OMS,
2006). Des études récentes, notamment celle de Laura et al(2013)
en Ouganda ont montré par comparaison de la prévalence du
paludisme chez les enfants de moins de 5 ans, que les localités ayant
reçu une pulvérisation avaient une prévalence
significativement plus faible que celles n'ayant pas été
aspergées. Toutefois, compte tenu de la crainte de ses effets
néfastes sur l'environnement, sur la santé humaine et sur le
développement de la résistance de l'anophèle femelle,
l'utilisation de la PID fut remise en cause et a été peu à
peu abandonnée au profit de l'utilisation des moustiquaires
imprégnées d'insecticides. Mais depuis 2006, la
pulvérisation intradomiciliaire fut réintroduite parmi les
stratégies de lutte contre le paludisme recommandées par le
programme de lutte contre le paludisme de l'OMS.
2.3 Approches explicatives de l'infection
palustre
Bien qu'il existe d'autres moyens de transmission (transfusion
sanguine, mère-enfant), le paludisme est une maladie de transmission
essentiellement vectorielle. Le vecteur anophèle femelle étant
l'intermédiaire entre le plasmodium et l'homme. Les approches
explicatives de la transmission du paludisme sont essentiellement basées
sur le développement des vecteurs et leurs contacts avec l'Homme.
2.3.1 Approches climatiques et
socio-environnementales
Il y a plus de 2500 ans que Hippocrate dans son
Traité des airs, des eaux et des lieux, mettait en exergue les
liens entre maladie et environnement. L'environnement lui même
résulte de l'action combinée de la nature (à travers le
climat) et des effets anthropiques. Le climat à travers la
pluviométrie, favorise l'apparition des mares d'eaux dans
l'environnement due à un mauvais drainage et à une mauvaise
canalisation des eaux de pluies. Or les mares d'eaux constituent les principaux
lieux de développement des larves d'anophèles. Ainsi pendant les
saisons de pluies, on
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 34
observe un grand foisonnement des anophèles vecteurs du
paludisme, qui aurait pour conséquence d'augmenter le nombre de
piqûre sur l'hôte humain augmentant de ce fait le risque palustre.
C'est ce que exprimait Mouchet (1999) lorsqu'il constatait que «dans
les savanes d'Afrique de l'Ouest, où les principaux vecteurs An. gambiae
et An. arabiensis vivent dans les collections d'eau de pluie, la transmission
se produira lors de la saison des pluies et c'est à cette période
que l'on observe la plupart des cas». Inversement, les saisons
sèches sont défavorables à la reproduction des vecteurs,
en effet, pendant ces saisons, les mares d'eaux, principaux lieux de
développement des moustiques sont asséchées,
menaçant la survie des vecteurs; ainsi les saisons sèches
diminueraient la densité anophèlienne ce qui aurait pour
conséquence la baisse du risque d'infection palustre (Mouchet et al
1998). Des études empiriques notamment celle de Cottrell et al.(2012),
ont effectivement montré que les saisons de pluies étaient celles
qui correspondent aux densités20 anophéliennes les
plus importantes au cours d'une année. Musawenkosi et al (2007) à
partir d'une étude menée dans plusieurs pays d'Afrique
subsaherienne ont montré une association positive entre le taux
d'inoculation entomologique 21(TIE) et la pluviométrie.
Allant dans le même sens, Nkuo-Akenji et al(2006) ont montré dans
une étude menée à Bolifamba dans la région du
Sud-Ouest Cameroun que la prévalence du paludisme était
significativement plus importante pendant la saison de pluie que la saison
sèche.
Le développement de l'anophèle (moustique des
régions chaudes et tempérées) est étroitement
lié à la température ambiante du milieu dans lequel il se
trouve. La relation entre le développement des moustiques et la
température ambiante est en forme de cloche; les températures
moyennes autour de 27°C sont généralement favorables pour
leur développement, mais les températures extrêmes leur
sont défavorables. A 40°C, le taux de survie des moustiques est
presque nul et pour ce qui est des températures très faibles, le
cycle sporogonique22 devrait être plus long (environ 100
jours), or l'espérance de vie de l'anophèle est de 21 jours,
ainsi à de faibles températures, le vecteur mourra sans avoir
achevé son cycle sporogonique. Musawenkosi et al (2007) ont
montré que la relation entre l'infection palustre et la
température moyenne évoluaient pareillement que celle de la
température avec le développement des vecteurs
c'est-à-dire en forme de cloche.
L'approche socio-environnementale est celle qui
privilégie les effets anthropiques sur l'en-
20. C'est le nombre d'anophèle par unité de
surface
21. C'est le nombre moyen de piqûres infectantes par
personne et par nuit.
22. C'est la période de développement du parasite
à l'intérieur de l'organisme de l'anophèle
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
35
vironnement local en relation avec l'infection palustre. Les
mares d'eaux stagnantes présentent dans l'environnement et qui
résulteraient de l'action humaine augmente le risque d'infection
palustre (Kimbi et al., 2013). Ainsi, les enfants vivant dans les
ménages à proximité des mares d'eaux stagnantes courraient
plus de risque d'infection palustre que ceux qui en sont
éloignés. Guthmann et al(2001) ont montré dans une
étude menée au Pérou que les individus habitant dans les
ménages situés à plus de 100 mètres d'une mare
d'eau stagnante courraient moins de risque d'infection palustre que ceux qui
sont à proximité (moins de 100m). L'un des effets anthropiques
est l'irrigation qui est une activité consistant à l'apport d'eau
sur un terrain cultivé en vue de la compensation des
précipitations. Cette activité est une source de création
des mares d'eau stagnantes, lieux de prolifération des vecteurs du
paludisme. Ainsi, l'irrigation dans une zone donnée pourrait augmenter
le risque d'infection palustre (Henry et al., 2003). Un autre effet anthropique
sur l'environnement est l'urbanisation, à travers l'aménagement
et l'assainissement de l'agglomération, elle participe à la
destruction des mares d'eaux stagnantes, lieux de développement des
anophèles. De ce fait, l'urbanisation est susceptible de modifier dans
le sens positif les modalités épidémiologiques du
paludisme (Trape, 1986).
Il ressort alors que l'environnement proche de la maison est
fondamental en ce qui concerne l'infection palustre. En effet, certaines
pratiques créent des micro-gîtes d'origine anthropique (par
exemple construction non achevée, mauvaise canalisation des eaux,
mauvaise gestion des déchets, etc.) favorables au développement
des anophèles femelles. Toutefois, certaines études ont
montré que la liaison entre le nombre de vecteurs identifiés sur
un espace de vie et le niveau de transmission ne suffisaient pas à
expliquer le phénomène de transmission (Bousema et al., 2010).
Allant dans le même sens, Pierrat.(2011) soulignait que La
réalité du paludisme est le fait d'une certaine
vulnérabilité, qui caractérise des individus ou des
groupes d'individus, et qui s'intègre dans la réalité d'un
territoire pour en faire un système pathogène.». Ainsi,
d'autres conditions so-cioéconomiques, socioculturelles et
sociodémographiques sont susceptibles d'influencer le risque d'infection
palustre.
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
36
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
2.3.2 Approches socio-démographiques
a) Le sexe et l'âge de l'enfant
Le sexe de l'enfant dans certains contextes est souvent
source de discrimination en matière de santé notamment en
matière de prévention et de traitement, les enfants de sexe
masculin étant privilégiés par rapport à leurs
homologues de sexe féminin (Rakotondrabe, 2004). Mais en matière
de paludisme en particulier, les études existantes sont parfois
controversées. Certaines études notamment celle de Ayele et
al.(2012) ont montré que le sexe de l'enfant était associé
à l'infec-tion palustre et que les enfants de sexe féminin
courraient plus de risque d'infection que leurs homologues de sexe masculin.
D'autres études comme celle de Kimbi et al (2013) dans la région
du Sud-Ouest Cameroun, a au contraire révélé que les
enfants de sexe masculin courraient plus de risque d'infection palustre. Ils
expliquaient que cela serait dû au fait que les enfants de sexe masculin
du fait de leurs activités s'exposent plus aux piqûres de
moustiques particulièrement à des moments où la
température est élevée. Carnevale et al.(1978) ont
montré que l'anophèle était agressive de la même
façon tant chez les personnes de sexe féminin que chez leurs
homologues de sexe masculin. On pourrait alors penser que les
différentielles de résultats obtenues par les différents
auteurs sont due aux différences de contextes. En effet, les natures et
formes des rapports sociaux de sexe varient d'une société
à une autre. Pour ce qui est de l'âge, un certain nombre
d'études ont montré que, le risque d'infection palustre diminue
lorsque l'âge augmente et que les enfants de moins de 5 ans sont
particulièrement vulnérables (Nkuo-Akenji et al.,2006; Somi et
al., 2007; Alemu et al.,2011; Ayele et al., 2012 ; Woyessa et al., 2011; Kimbi
et al., 2013). Cela s'ex-pliquerait par une protection immunitaire qui
s'obtiendrait en raison d'une exposition antérieur à la maladie.
C'est ce que Sergent et al en 1924 appelaient la prémunition qui se
définit comme étant une situation où un nombre minimal
d'infection est une condition préalable pour une protection contre une
infection ultérieure. Le paludisme est sévère entre 3 mois
et 4 ans, car pendant les deux premiers mois de leur vie, les enfants
bénéficieraient des anticorps maternels. Et ce n'est qu'aux
alentours de 5 ans, qu'ils acquièrent leur propre immunité.
b) La taille du ménage
De nombreuses études, notamment celles de Somi et
al.(2007) et Ayele et al.(2012) ont montré que la taille du
ménage était associée au risque palustre. Plus le nombre
de personnes d'un
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 37
ménage augmente, plus le risque d'infection palustre
augmente. Ceci pourrait s'expliquer par la non utilisation des moyens de
prévention comme par exemple la non utilisation des moustiquaires.
Matong et al (2012) ont montré que, plus la taille du ménage est
grande, plus est grand le risque de la non utilisation de la moustiquaire. Ils
montraient que dans un ménage où le ratio de moustiquaires
était supérieur à 0.5 (soit plus de deux personnes pour
une moustiquaire) il y avait près de 9 fois plus de risque de non
utilisation de moustiquaire. Il se pourrait que, compte tenu du coût de
la moustiquaire, celle ci n'est pas toujours disponible en nombre suffisant
dans la plupart des ménages, notamment les ménages de grande
taille. Certains membres du ménage se voient alors priorisés au
détriment d'autres, le risque d'infection se verra alors augmenté
pour ces derniers.
2.3.3 Approches socioculturelles
a) Connaissances et perceptions du paludisme
Selon Ngueyap (1998), « Les croyances
étiologiques font référence aux perceptions, à
l'ori-gine, à la cause réelle ou attribuée par les
individus selon leur processus de socialisation aux différentes
maladies.» Ces croyances pourraient déterminer les comportements
sanitaires des Chefs de ménage relativement aux membres de leur
ménage. Le niveau de connaissance relatif à l'étio-logie
d'une maladie détermine le recours aux soins tant thérapeutiques
que préventifs pour les membres de leurs ménages en
général et les enfants qui y vivent en particulier. Ceci est
davantage vrai lorsqu'il s'agit du paludisme, une étude menée par
Ndour et al.(2006) à Gossas au Sénégal a montré que
la connaissance du mode de transmission du paludisme est associée
à l'utilisation de moustiquaires imprégnées. Or
l'utilisation des moustiquaires imprégnées est protectrice contre
le paludisme.
b) Religion du CM
La religion du CM peut définir les perceptions et les
attitudes face à un certain nombre de problèmes sur la
santé des membres de son ménage et l'environnement de son
habitation. Ainsi, par l'intermédiaire de ces perceptions et attitudes,
la religion est un facteur culturel important pouvant influencer le risque
d'infection palustre à travers le recours aux moyens
thérapeutiques et préventifs (Erhun et al., 2004). En effet,
selon Akoto(1985), « la religion véhicule un certain nombre de
valeurs et de normes qui régissent la vie des fidèles sur le plan
comportemental, physiologique,
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 38
et psychique. Elle peut refléter l'ouverture
à la civilisation occidentale (religion catholique et protestante), le
niveau de traditions des gens (religion traditionnelle), et parfois la
situation des individus dans la hiérarchie sociale ».
c) Ethnie du CM
Les pratiques culturelles, les formes d'organisations
sociales et les normes comportementales varient selon l'ethnie. Ainsi, l'ethnie
influence les comportements des chefs de ménage dans différents
domaines de la vie en général et de la santé en
particulier. Certaines ethnies sont plus réceptives des us et des moeurs
occidentaux, tandis que d'autres sont plutôt conservatrices des valeurs
traditionnelles. Ces différences culturelles se prolongent lorsqu'il
s'agit des recours thérapeutiques et préventifs. La maladie
revêt un caractère social et les perceptions et connaissances
étiologiques peuvent varier d'une ethnie à l'autre (Bonnet,
1986). L'ethnie constitue ainsi un facteur modulant le risque d'infection
palustre (Haque et al., 2011).
d) Niveau d'instruction du CM
Dans la recherche des facteurs associés au paludisme,
Baragatti et al.(2009) ont montré que, le niveau d'instruction du chef
de ménage était associé à l'infection palustre. Les
enfants de chef de ménage de niveau d'instruction élevé
courent un risque moindre d'infection palustre par rapport à ceux dont
le niveau d'instruction est faible. Mais le mécanisme d'influence du
niveau d'instruction sur le risque palustre n'est pas précisé. On
pourrait penser que le niveau d'instruction influence ou détermine la
connaissance du paludisme et de son mode de transmission. Or la connaissance du
mode de transmission du paludisme est associée à l'utilisation
des moyens préventifs comme les moustiquaires imprégnées
d'insecticides, et les répulsifs (Ndour, et al., 2006).
L'éducation formelle ayant pour mission de transmettre les savoirs,
constituerait un moyen de connaissance sur les comportements sanitaires en
général et en particulier sur les méthodes
préventives contre le paludisme. Ainsi, les Chefs de ménage (CM)
de niveau d'instruction plus élevé ont plus connaissance des
enjeux de l'utilisation des moustiquaires (Matong et al. 2012) et d'autres
moyens préventifs contre le paludisme, et sont plus à même
de les utiliser pour la protection des membres de leur ménage, diminuant
de ce fait le risque de transmission.
e) 2.3 Approches explicatives de l'infection palustre
Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
39
Milieu de résidence
A travers l'opposition entre le milieu urbain et le milieu
rural, bons nombres d'études appréhendent l'influence des
facteurs culturels sur le comportement sanitaire des individus. En effet le
milieu rural a souvent été considéré comme
traditionnel alors que le milieu urbain est considéré comme
moderne (Evina Akam, 2005). Selon le milieu de résidence, on observe des
disparités dans l'accessibilité et la disponibilité des
services de santé. De plus, on observe le maintien ou une
évolution des pratiques culturelles selon le milieu de résidence.
Allant dans le même sens, Akoto (2002) montrait que le milieu de
résidence est un facteur de prédisposition ou un facteur de
facilitation du recours aux soins de santé. Le milieu rural
comparativement au milieu urbain est le plus souvent sous
développé, les populations sont plus pauvres, moins
éduquées et moins réceptrices à l'endroit de la
médecine moderne (Fournier et Haddad, 1995). En matière de
paludisme, Kimbi et al.(2013) dans une étude menée à
Bomaka et Molyko dans la région du Sud-Ouest Cameroun ont montré
que les enfants vivant en milieu urbain courent moins de risque d'infection
palustre par rapport à ceux du milieu rural. Cela s'expliquerait par le
recours aux différentes méthodes de prévention contre le
paludisme. Il se trouverait qu'en milieu urbain, les ménages ont plus
accès aux services de soins de santé et le personnel de
santé en général et du paludisme en particulier. En effet,
Korenromp et al(2003) dans une étude dans 13 pays d'Afrique
subsaharienne, avaient déjà montré que le milieu de
résidence était associé non seulement à la
possession des moustiquaires mais aussi à son utilisation pour les
enfants de moins de 5 ans, les enfants vivant en milieu urbain ayant plus
recours à l'utilisation de la moustiquaire que ceux du milieu rural.
Toutes choses qui impliqueraient que les enfants vivant en milieu rural sont
plus exposés au paludisme que ceux habitant le milieu urbain.
f) Statut de l'enfant dans le ménage
le statut comporte un ensemble d'attentes, de droits et de
devoirs organisant les relations réciproques au sein d'un modèle
culturel (Bremond et Gélédan, 2002). Dans un ménage, les
avantages que disposent un individu dépendent de son statut dans
celui-ci. Le recours au soins, notamment aux moyens de prévention
dépend de la position de l'individu dans le ménage
(Biyidèle, 1995 cité par Akoto, 2002). Étant donné
une grande disproportionnalité entre la taille du ménage et le
nombre de moustiquaires disponibles dans le ménage, certains individus
se verront alors desservis
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 40
de l'utilisation de la moustiquaire au profit d'autres. Ainsi
dans un ménage où il y a insuffisance de moustiquaires, le chef
de ménage choisit alors les personnes qui devront utiliser celles
disponibles. Le chef de ménage aura tendance à favoriser les
individus ayant un lien de parenté beaucoup plus proche. Il pourra par
exemple privilégier ses enfants par rapport aux autres enfants
confiés. Ces derniers n'utilisant pas les moustiquaires courent alors un
plus grand risque d'infection palustre.
2.3.4 Approches génétiques et
immunologiques
Le mécanisme conduisant une piqûre infectante
à provoquer un accès palustre est complexe. Une piqûre
infectante n'entraîne pas nécessairement un accès palustre
et la charge parasitaire ne conditionne pas systématiquement la
gravité de l'accès palustre (Franckel, 2004). Les réponses
individuelles à la piqûre infectante dépendent de multiples
paramètres : elles varient principalement en fonction du statut
immunitaire, de caractéristiques génétiques et de la
présence de co-infections (Traoré et al., 1999).
a) La prémunition
Sergent et al en 1924 définissaient la
prémunition comme étant une situation où un nombre minimal
d'infection est une condition préalable pour une protection contre une
infection ultérieure. Autrement dit, c'est la résistance que
confère certaines maladies à un organisme infesté et qui
le protège contre toute nouvelle infection. Une absence de
prémunition dans une population favorise la transmission de la maladie.
Ainsi, l'âge apparait comme facteur clé de la prémunition,
en effet, l'âge augmente la durée de soumission au risque palustre
et augmente les chances d'avoir un nombre minimal d'infection palustre,
augmentant ainsi les chances de prémunition. La diminution du nombre
d'accès clinique est un témoin pertinent pour rendre compte de
cet état (Rabe, 2003).
b) L'immunité
On distingue l'immunité naturelle et l'immunité
acquise. Il s'agit de l'ensemble des mécanismes de défense de
l'organisme contre les éléments qui lui sont étrangers, en
particulier les agents infectieux, ou encore les cellules de l'organisme
présentant des anomalies. La drépanocy-tose est une maladie
génétique récessive qui entraine une modification de
l'hémoglobine. Cette hémoglobinedéficiente nommée
«S», provoque une modification des globules rouges. Cette mo-
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 41
dification des globules rouges va entrainer chez les sujets
hétérozygotes (AS) un effet protecteur contre le paludisme en
particulier chez les enfants (Williams et al., 2005). On distingue
également l'immunité acquise dans la transmission du paludisme
qui s'acquiert progressivement en situation d'exposition continue. Elle ne
réduit pas totalement le risque d'être contaminé à
nouveau et ne permet pas de se débarrasser totalement du parasite. Mais
elle empêche de façon progressive la survenue des épisodes
de paludisme. Cette immunité se développe après une longue
période et ininterrompue d'exposition au risque palustre, c'est ce qui
explique le fait que ce sont en général les enfants qui payent le
lourd tribut de la maladie (UMVF, 2014).
2.3.5 Approches socioéconomiques
a) Niveau de vie du ménage et conditions de
logement du ménage
Le niveau de vie du ménage est une variable importante
qui détermine et influence le risque d'infection palustre chez les
enfants. Plus le niveau de vie du ménage est élevé,
moindre sera le risque d'infection palustre chez les membres du ménage
et inversement (Konradsen et al., 2003; Somi et al., 2007; Graves et al.,2008;
Kumar et al., 2014). Il se trouve que le niveau de vie du ménage est le
plus souvent déterminé par les caractéristiques de
l'habitat (qualité du toit, du sol, du mur, etc) et des conditions de
logement. C'est donc à travers les caractéristiques de l'habitat
et les conditions de vie du ménage que le niveau de vie influencerait
sur le risque d'infection palustre. En effet Le toit et les murs des
habitations constituent les principaux lieux de repos des anophèles
femelles avant et/ou après le repas sanguin. De ce fait, les murs en
planches ou en terre battue seraient plus propices au développement des
anophèles que ceux en béton. Les individus vivant ainsi dans les
maisons en planches ou en terre battue courent plus de risque d'infection
palustre que ceux habitant les maisons où les murs sont en béton
(Konradsen et al., 2003).
b) Revenus du CM
Le niveau de revenu du CM, le prédispose ou non aux
soins et aux différents moyens de prévention contre le paludisme.
Le niveau de revenu déterminerait le choix de matériaux de
construction des habitations et l'utilisation de moyens de protection contre
les moustiques notamment les moustiquaires imprégnées
d'insecticides et les pulvérisations intradomiciliaires à effets
rémanents. Ainsi, par l'intermédiaire de ces dernières
variables, le niveau de revenu du CM influence le risque
2.4 Cadre conceptuel Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 42
d'infection palustre (Pierrat, 2011).
La synthèse de la littérature, nous a permis de
comprendre que outre les facteurs environnementaux, d'autre facteurs notamment
socioculturels, socioéconomiques et sociodémographiques agiraient
sur le risque d'infection palustre chez les enfants. Ces facteurs agissant
essentiellement sur l'accessibilité aux moyens de prévention
contre cette maladie et l'utilisation effective des moyens de protection contre
le paludisme comme les moustiquaires imprégnées,
pulvérisation in-tradomiciliaire, etc. Nous allons à partir de
cette synthèse de la littérature, émettre des
hypothèses et construire un schéma conceptuel.
2.4 Cadre conceptuel
2.4.1 Hypothèse générale et schéma
conceptuel
a) Hypothèse générale
Partant de la synthèse de la littérature, nous
émettons l'hypothèse générale suivante : Les
facteurs socioéconomiques, socioculturels, sociodémographiques et
environnementaux détermineraient le risque d'infection palustre par
l'intermédiaire des caractéristiques de l'enfant et celles du
ménage et que ce risque se trouve modulé si on tient compte du
phénomène de résistance.
b) 2.4 Cadre conceptuel Cadre
théorique
Schéma conceptuel
FIGURE 2.3 - Schéma conceptuel de l'infection palustre
chez les enfants de moins de 5 ans
c) Définition des concepts
Paludisme : C'est une maladie parasitaire,
qui est en général causée par une piqûre infectante
de l'anophèle femelle(en général An Gambiae s.l) sur
l'Homme. Cette piqûre infecte le sang humain par le plasmodium
responsable de la maladie. Il est en général diagnostiqué
à l'aide d'examens médicaux, le plus connu est le Test à
Diagnostiques Rapides (TDR).
Infection palustre : C'est le fait pour un
individu de contracté le paludisme.
Contexte de résidence :
caractérise l'environnement familial et l'environnement physique dans
lequel vit l'enfant. Il renvoie au milieu de résidence. La ville
s'oppose au village par les modes de vie, les types d'activités et la
disponibilité des moyens de protection contre le paludisme
(anti-vectorielle et chimioprévention). Elle bénéficie
également des avantages de l'urbanisation tels que l'assainissement de
l'environnement
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 43
2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 44
Facteurs socioculturels : Il s'agit de
l'ethnie du Chef de ménage (CM), du niveau d'instruction du CM et de la
religion du CM.
Facteurs socioéconomiques : Dans notre
étude seront appréhendés par : le niveau de vie du
ménage, le niveau de revenus du CM.
Facteurs environnementaux: il s'agit des
facteurs qui agissent sur l'environnement. Il s'agira de la
pluviométrie, la température ambiante et de la présence
d'eaux stagnantes aux alentours de la maison.
Caractéristiques des ménages :
Il s'agit de l'ensemble des caractéristiques liées au
ménage notamment : la taille du ménage, Le cadre d'habitation du
ménage, le type de matériaux de construction de l'habitation.
Cadre d'habitation du ménage : il
s'agit des conditions de vie dans lesquelles s'inscrivent l'habi-tation du
ménage. Il est appréhendé par la présence d'eaux
stagnantes et de buissons aux alentours de la maison.
Caractéristiques individuelles de l'enfant : Il s'agit
des attributs de l'enfant notamment son sexe et son âge, statut de
l'enfant.
Variables intermédiaires de l'infection
palustre : Il s'agit des variables qui permettent de prévenir
le paludisme. Il s'agira de : la disponibilité et l'utilisation des
moustiquaires imprégnées pour les enfants de moins de 5 ans, de
l'utilisation des insecticides à pulvérisation et de la
prophylaxie médicamenteuse.
Résistance des anophèles femelles
: Elle traduit la capacité des anophèles femelles
à s'adapter ou à résister contre les insecticides. Elle
est appréhendée par les taux de mortalité des
anophèles soumises à des doses d'insecticides. Nous utiliserons
la catégorisation donnée dans le tableau 2.1 pour définir
cette variable.
2.5 Correspondance entre concepts et
indicateurs
La revue de littérature nous a permis de construire un
cadre conceptuel. Dans la recherche en sciences sociales, il est important de
préciser les indicateurs ou les variables qui permettent de mesurer ou
d'appréhender ces concepts. Le tableau 2.2 présente la
synthèse des concepts à utiliser dans le cadre de notre
étude ainsi que les variables qui serviront à leur
opérationnalisation.
2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 45
2.5.1 Contexte de résidence
a) Milieu de résidence
Il s'agit de la distinction entre le milieu urbain et le
milieu rural. Kimbi et al.(2013) dans une étude menée à
Bomaka et Molyko dans la région du Sud-Ouest Cameroun ont montré
que la prévalence du paludisme est significativement plus
élevée en milieu rural qu'en milieu urbain.
2.5.2 Facteurs environnementaux
a) Pluviométrie
C'est un indicateur qui permet d'appréhender la
quantité de pluie (hebdomadaire, mensuel, trimestriel, etc.). La
quantité de pluie détermine la présence ou l'apparition
des mares d'eaux stagnantes qui constituent le principal lieu de
prolifération des anophèles femelles. Certains auteurs comme
Nkuo-Akenji et al.(2006), Musawenkosi et al.(2007) et Kumar et al.(2014) pour
l'appré-hender distinguent les périodes de saisons de pluie et
celles de saisons sèche. Et montre que les périodes de saison de
pluie correspondent à celles où la prévalence du paludisme
est la plus élevé.
b) Température ambiante
La température ambiante traduit l'état de
sensibilité de l'atmosphère. Elle influence sur le cycle de
développement du plasmodium et donc sur la prolifération de
l'anophèle femelle. Pour appréhender cet indicateur, Musawenkosi
et al.(2007) ont utilisé la température minimale mensuel.
Précisément, il s'agit de calculer pour chaque mois la
température minimale qui est obtenue par le minimum des
températures journalières du mois correspondant.
2.5.3 Facteurs socioculturels
a) Ethnie
Une étude mené à Rajasthali au Bangladesh
par Haque et al.(2011) a révélé que l'ethnie était
un facteur à risque de l'infection palustre. Les pratiques culturelles,
les formes d'organisations sociales et les normes comportementales varient
selon l'ethnie.
b) 2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs
Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 46
Niveau d'instruction du CM
Le niveau d'instruction du chef de ménage (CM) est
déterminé par son niveau d'étude le plus
élevé. Dans une étude menée au Burkina Faso,
Baragatti et al (2009) ont montré que les enfants dont le chef de
ménage a un niveau d'instruction élevé courent moins de
risque d'infection palustre par rapport à ceux ayant un niveau
moindre.
c) Religion
La religion peut se définir comme étant un
ensemble de pratiques et d'enseignements se rapportant entre l'Homme et une
divinité. Sa pratique varie d'une société à une
autre et révèle de nos jours un caractère culturel. Nous
n'avons pas pu identifier dans la littérature des études qui
associent la religion et le risque d'infection palustre. Erhun et al.(2004)
ayant montré que la religion est associée aux recours aux
différents moyens thérapeutiques et préventifs, nous
pouvons postulé que par l'intermédiaire du recours aux moyens
préventifs, la religion pourrait être un facteur à risque
de l'infection palustre.
2.5.4 Connaissances et perceptions du
paludisme
a) Connaissance sur la transmission du
paludisme
la connaissance sur la transmission du paludisme est une
variable qui est déterminée par le fait qu'un individu connait ou
non le mode de transmission du paludisme. Une étude menée par
Ndour et al.(2006) à Gossas au Sénégal ont montré
que la connaissance du mode de transmission du paludisme est associée
à l'utilisation de moustiquaires imprégnées. Ce qui montre
alors que la connaissance sur la transmission du paludisme pourrait influencer
le risque d'infection palustre via l'utilisation de la moustiquaire.
2.5.5 Facteurs socioéconomiques
a) Niveau de vie du ménage
Cette variable est le plus souvent déterminée
par l'ensemble des caractéristiques de l'habi-tat(sols, toiture, mur,
etc.) et des biens matériels (télévision, voiture, etc.)
que dispose le ménage. Konradsen et al.(2003) à partir d'une
étude menée au Sri Lanka a construit cette variable à
partir
2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 47
des caractéristiques du mur des habitations du
ménage. Il définissait par ménage pauvre celui dont le mur
était fait en planche ou en terre battue et par ménage riche
celui dont le mur était fait en béton. Il avait montré que
les enfants vivant dans les ménages pauvres couraient plus de risque
palustre que ceux des maisons riches. Des résultats similaires fut
obtenus par Somi et al.(2007) et Kumar et al 2014.
2.5.6 Caractéristiques du
ménage
a) Taille du ménage
Il s'agit du nombre total d'individu qui vivent
habituellement sous le même toit. De nombreuses études notamment
celles de Somi et al.(2007) et Ayele et al.(2012) ont montré que plus la
taille du ménage est grande plus les individus qui y vivent courent plus
de risque d'infection palustre.
b) Type de matériaux de construction de
l'habitat
Il s'agit ici du type de matériel de construction du
mur de l'habitat. Nkuo-Akenji et al.(2006) distinguaient les habitations
où les murs sont fait en béton, en planche. Konradsen et
al.(2003) définissaient de façon analogue cet indicateur en y
intégrant les maisons en terre battue.
2.5.7 Cadre d'habitation du ménage
a) Eaux stagnantes aux alentours de la
maison
Les eaux stagnantes constituent le principal lieu de
prolifération des anophèles femelles. Pour appréhender
cette variable, Gutmann et al.(2002) ont calculé pour chaque
ménage, la distance qui sépare la maison d'habitation à la
mare d'eau la plus proche. Les individus vivant dans les ménages dont la
maison d'habitation dispose d'une mare dans un rayon de moins de 100
mètres courent moins de risque palustre.
b) Buissons aux alentours de la maison
Nkuo-Akenji et al.(2006) et Kimbi et al.(2013) ont
montré que la présence de la broussaille aux alentours de la
maison augmente la densité anophèlienne, ce qui contribue
à augmenter le
2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 48
risque d'infection palustre.
2.5.8 Caractéristiques de l'enfant
a) Sexe de l'enfant
Ayele et al.(2012) ont montré que les enfants de sexe
féminin sont moins exposés à l'infec-tion palustre par
rapport aux enfants de sexe masculin. Par contre, Kimbi et al.(2013) ont
montré que les enfants de sexe masculin comparés à leur
homologue de sexe masculin couraient plus de risque d'infection palustre.
b) Âge de l'enfant
Cet indicateur est le plus souvent évalué en
mois. Le risque palustre diminue avec l'âge de l'enfant (Nkuo-Akenji et
al.,2006; Somi M F et al., 2007).
2.5.9 Variables intermédiaires
a) Utilisation des moustiquaires
Il s'agit de l'utilisation ou non de la moustiquaire. Bons
nombres d'études ont relevé l'in-fluence protectrice de
l'utilisation de la moustiquaire sur le risque de transmission du paludisme
chez les enfants de moins de 5 ans (Carnevale et al ., 1988 ; Robert et al.,
1991 ; Snow et al ., 1988).
b) Utilisation des insecticides
pulvérisation
Il s'agit de l'utilisation ou non des insecticides à
pulvérisation à l'intérieur du ménage les 6
derniers mois précédent l'enquête (Guthman et al.,
2001).
c) Utilisation de prophylaxie
Il s'agit de la prise ou non des médicaments dans le
but de prévenir les épisodes de paludisme chez l'enfant (Diana et
al., 2008).
2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 49
2.5.10 Résistance des vecteurs aux
insecticides
a) Taux de mortalité des
anophèles
Il est appréhendé par le taux de
mortalité des anophèles femelles soumis aux insecticides
après 24 heurs (OMS, 1957).
2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
50
Tableau 2.2 - Illustration des concepts et variables
Concepts
|
Variables
|
Contexte de résidence
|
Milieu de résidence (Kimbi et al., 2013)
|
Facteurs environnementaux
|
- Pluviométrie (Nkuo-Akenji et al., 2006; Musawenkosi et
al., 2007; Cottrell et al., 2012; Kumar et al., 2014)
- Température ambiante (Musawenkosi et al., 2007; Kumar et
al., 2014)
|
Facteurs socioculturels
|
- Ethnie (Haque et al., 2011)
- Niveau d'instruction du CM (Baragatti et al., 2009)
- Religion (Erhun et al.,2004)
|
Connaissances et perceptions du paludisme
|
Connaissance sur la transmission du paludisme (Ndour et al.,
2006)
|
Facteurs socioéconomiques
|
- Niveau de vie du ménage (Konradsen et al., 2003; Somi et
al., 2007; Graves et al.,2008; Kumar et al., 2014)
|
Caractéristiques du ménage
|
- Taille du ménage (Somi et al., 2007; Ayele et al.,
2012)
- Type de matériaux de construction de l'habitation
(Nkuo-Akenji et al., 2006; Konradsen et al., 2003)
|
Cadre d'habitation du ménage
|
- Présence de l'eau stagnante aux alentours de la maison
(Guthman et al., 2002; Kimbi et al., 2013)
- Présence de buissons aux alentours de la maison (Guthman
et al., 2001 ; Kimbi et al., 2013)
|
Caractéristiques de l'enfant
|
- Sexe de l'enfant (Ayele et al.,2012; Kimbi et al., 2013)
- âge de l'enfant (Nkuo-Akenji et al.,2006 ; Somi M Fetal.,
2007;
Alemu et al.,2011 ; Ayele et al., 2012; Woyessa et al., 2011;
Kimbi et al., 2013)
- Lien de parenté avec le CM
|
Variables intermédiaires
|
- Utilisation des moustiquaires imprégnées (
Carnevale et al ., 1988; Robert et al., 1991; Snow et al ., 1988)
- Utilisation des insecticides à pulvérisation (
Guthmann et al., 2001; OMS, 2006)
- Prophylaxie (Diana et al., 2008)
|
Résistance des Anophèles femelles
|
Taux de mortalité des moustiques (OMS, 1957)
|
Infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans
|
Test de Diagnostique Rapide du paludisme (positif ou
négatif)
|
2.6 Cadre d'analyse Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 51
2.6 Cadre d'analyse
2.6.1 Hypothèses spécifiques
H1 : Le niveau instruction du CM influence
négativement le risque d'infection palustre chez les enfants de moins de
5 ans. Mais cette influence s'exerce à travers l'utilisation des
moustiquaires pour les enfants de moins de 5 ans.
H2 : La taille du ménage détermine le risque
d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Plus la taille du
ménage est grande, plus les enfants ont moins de chance d'uti-liser les
moustiquaires imprégnées et donc courent plus de risque
d'infection palustre.
H3 : Le type de matériel de construction de l'habitat
détermine le risque palustre chez les enfants de moins de 5 ans.
H4 : Les enfants de sexe féminin comparés
à ceux de sexe masculin courent plus de risque d'infection palustre.
H5 : L'utilisation des moustiquaires imprégnées
pour les enfants diminue le risque d'in-fection palustre chez ces derniers.
Mais ce risque est relativisé si on tient compte du
phénomène de «résistance». En zone de
résistance, la moustiquaire imprégnée perd son
efficacité.
H6 : Les enfants vivant en milieu urbain courent moins de
risque d'infection par rapport à ceux vivant en milieu semi-urbain et
rural. Mais cette influence se fait à travers la non utilisation de
moustiquaire.
2.6.2 Schéma d'analyse
La figure ci-après résume et
opérationnalise les hypothèses spécifiques
énoncées, il explicite le schéma conceptuel de la figure
2.3. Cette figure montre que les caractéristiques propres à
l'enfant et ceux du ménage déterminent l'utilisation ou non de la
moustiquaire. Cette utilisation ou non de la moustiquaire influence directement
sur le risque d'infection palustre, mais ce risque varie avec la
résistance des vecteurs.
2.6 Cadre d'analyse Cadre théorique
FIGURE 2.4 - Schéma d'analyse du risque d'infection
palustre chez les enfants de moins de 5 ans
Dans ce chapitre, il était question de faire un essai
de synthèse de la littérature sur le paludisme en
général et chez les enfants de moins de 5 ans en particulier.
Ainsi, nous avons dans un premier temps défini quelques aspects
généraux sur le paludisme. Ensuite nous avons présenter
les différents moyens de lutte contre le paludisme et leur
efficacité. Enfin, à partir de littérature, nous avons
identifié les déterminants du paludisme chez les enfants de moins
de 5 ans. Ce qui
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 52
2.6 Cadre d'analyse Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
53
nous a permis de construire un cadre conceptuel et
d'émettre des hypothèses que nous tenterons de vérifier
à la suite de notre travail. Il ressort brièvement que : En
amont, le contexte de résidence agit sur les facteurs socioculturels,
environnementaux et socioéconomiques. Les facteurs environnementaux et
socioéconomiques à leur tour agissent sur les
caractéristiques du ménage et le cadre d'habitation du
ménage qui influencent les variables intermédiaires de
l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Les facteurs
socioculturels agissent sur les variables intermédiaires de l'infection
à travers les connaissances et les perceptions des chefs de
ménages sur le paludisme. Le schéma conceptuel permet de
comprendre que les variables intermédiaires sont celles qui sont les
plus proches de l'infection palustre et qui déterminent le plus la
maladie. Toutefois, le phénomène de résistance des
anophèles pourrait agir pour atténuer l'effet des variables
intermédiaires sur le l'infection palustre chez les enfants de moins de
5 ans. La littérature nous a également permis de définir
les indicateurs de concepts.
L'exercice de vérification du cadre conceptuel est
précédé par les opérations de collecte et d'analyse
des données empiriques. Ainsi, dans le chapitre qui suit, nous
présenterons les données que nous utiliserons pour tenter de
vérifier nos hypothèses, nous présenterons
également les outils et les méthodes statistiques qui nous
permettrons effectivement de tenter de vérifier nos hypothèses de
travail.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 54
|