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Les determinants de l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la région du nord Cameroun

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par Arsène Brunelle SANDIE
Institut de Formation et de Recherches Demographique, IFORD  - Master Professionel en Demographie 2013
  

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CHAPITRE 2

CADRE THÉORIQUE

Dans ce chapitre, nous faisons une synthèse des travaux sur le paludisme et surtout les facteurs pouvant influencer l'infection ou la transmission du paludisme. Dans un premier temps, nous introduirons quelques aspects généraux sur le paludisme, ensuite nous ferons une synthèse sur l'impact des différents moyens de prévention contre le paludisme et enfin nous conceptualiserons l'infection palustre en nous intéressant aux facteurs de risque de l'infection palustre. Nous nous inspirerons de la littérature pour élaborer un cadre conceptuel dans lequel s'inscrira notre étude. Ce chapitre nous permettra d'émettre des hypothèses de travail notamment sur les mécanismes d'influence de l'infection palustre en tenant compte du phénomène de résistance des vecteurs aux insecticides.

2.1 Aspects généraux sur le paludisme

2.1.1 Définition du paludisme et mode de transmission

Le paludisme est une maladie parasitaire due à des hématozoaires (Plasmodium) inoculés dans le sang par la piqûre de moustiques anophèles 1 femelles, communément appelés «vecteurs du paludisme». Elles appartiennent à la famille des culcidae 2, l'ordre des diptères3. Le paludisme se manifeste par des accès de fièvres intermittents (Kern-Coquillat, 2010). Selon la gravité de la

1. Moustiques des régions chaudes et tempérés, il existe environ 600 espèces dont près de 75 espèces peuvent

transmettre le paludisme.

2. Avec les ailes étroites et arrondies recouvertes d'écailles; et leurs antennes sont en soies très abondantes

chez le mâle et peu abondantes chez la femelle

3. Caractérisé avec 2 ailes membraneuses attachées au mésothorax; 2 haltères portées par le mésothorax

servant d'organe d'équilibre.

2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre théorique

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2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre théorique

maladie, on distingue le paludisme simple4 et le paludisme grave5.

Plusieurs types d'anophèles existent. Au Cameroun, on dénombre près de 48 espèces d'ano-phèles femelles parmi lesquelles 13 espèces possèdent des sporozoïtes du plasmodium6 ; germe responsable du paludisme. De toutes ces espèces d'anophèles, le plus répandue est l'anophèle gambiae au sens large (An. gambiae sl), qui est constitué de l'anophèle gambiae au sens strict (An. gambiae s.s), l'anophèle arabiensis (An. arabiensis) et anophèle melas (An. melas) (Hervy et al., 1998). Outre les transmissions materno-foetale et sanguine, la transmission du paludisme se fait essentiellement d'une personne à l'autre par l'intermédiaire d'une piqûre d'anophèle femelle infecté par le plasmodium. On dénombre 04 grands types de germe de paludisme au Cameroun: Plasmodium falciparum, Plasmodium vivax, Plasmodium malariae et Plasmodium ovale, la forme la plus répandue étant le P falciparum. La dynamique de la transmission du paludisme diffère selon les zones écologiques et climatiques (PNLP, 2010).

2.1.2 Cycle du plasmodium chez le vecteur et chez l'hôte

Alors que les moustiques mâles se nourrissent du nectar des fleurs, les femelles hémato-phâges piquent, un repas sanguin nécessaire pour assurer la maturation des oeufs. Le plasmodium principal germe responsable du paludisme subit un cycle biologique complexe. Il évolue chez l'homme (phase asexuée) et chez l'anophèle (phase sexuée). La figure 2.1 résume le cycle de l'évolution du plasmodium chez l'Homme et chez l'anophèle.

Chez l'Homme: Le plasmodium subit une évolution en deux phases qui peut se résumer ainsi: Une phase hépatique : En piquant l'Homme pour son repas sanguin, le vecteur anophèle femelle infecté, par sa salive, injecte un grand nombre de sporozoïtes dans le sang humain. Ces parasites vont passer en moyenne une demi heure dans le sang avant de gagner le foi. Après une semaine de maturation et de division, ils se transforment en schizontes, forme mature du parasite d'environ 40 à 100 micromètres et contenant quelques milliers de noyaux, appelés corps bleus. L'éclatement des

4. paludisme asymptomatique sans signes de gravité ni éléments d'appréciation (cliniques ou biologiques)

permettant d'affirmer un dysfonctionnement des organes vitaux (OMS, 2011).

5. forme aiguë de paludisme accompagné de signes de gravité et/ou du dysfonctionnement des organes vitaux

(OMS, 2011).

6. Le plasmodium a été découvert en 1880 par Alphonse Laveran (1845-1922) prix Nobel de médecine en

1907.

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schizontes libère de nombreux mérozoïtes qui passent dans la circulation sanguine pour entamer le cycle sanguin (Good et al., 2010). La durée de cette phase varie en fonction du type de germe: 6 jours pour P. falciparum, 8 jours pour P. vivax, 9 jours pour P.ovale et 13 jours pour P.malariae (Ibitokou, 2013). Au cours de cette étape, il ne se produit aucune manifestation clinique du paludisme.

Une phase sanguine : C'est durant cette phase qu'apparait les manifestations cliniques. Les mé-rozoïtes ayant envahis la circulation sanguine, ils pénètrent les globules rouges et s'éclatent, les parasites sont libérés et vont infester d'autres globules rouges. C'est durant cette étape que se développent les gamétocytes qui continueront leur développement s'ils sont absorbés par une anophèle femelle lors de son repas sanguin pour continuer le cycle (Good et al., 2010; Gentilini et al., 1995).

Chez l'anophèle : Lors d'une piqûre chez un paludéen, l'anophèle absorbe les éléments parasitaires sanguins. Seuls les gamètes après fécondation vont générer les sporozoïtes (formes infectantes) qui seront à leur tour inoculés à l'homme et le cycle recommence (Ibitokou, 2013).

FIGURE 2.1 - Cycle du plasmodium chez l'Homme et chez l'anophèle

2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre théorique

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2.1.3 Dynamique de la transmission

De nombreux modèles de la dynamique de transmission du paludisme sont proposés. Le plus utilisé est celui de ROSS (1911) : Les humains susceptibles7 (S1) deviennent infectieux8 (I1) à travers des contacts avec des vecteurs infectés (I2). De même, les vecteurs susceptibles (S2) deviennent des vecteurs infectieux (I2) suite à des contacts avec des hôtes infectieux. La figure 2.2 donne la représentation de la transmission du paludisme développée par Ross faisant intervenir l'humain et le vecteur moustique. Ce modèle a l'avantage qu'il tient compte d'une part, de la transmission entre humains et vecteurs et d'autre part, de la transmission entre vecteurs du paludisme. Mais il a l'inconvénient de ne pas tenir compte d'autres modes de transmission tels que la transmission congénitale de la mère à l'enfant et de la transfusion sanguine.

FIGURE 2.2 - Schéma de Ross (1911) de la transmission du paludisme faisant intervenir l'hôte humain et le vecteur moustique

2.1.4 Symptômes et traitement du paludisme

Après l'infection de l'humain par le vecteur anophèle femelle, la période d'incubation varie en fonction du type de germe de plasmodium 9, la quantité de parasite présente dans le sang, et le sujet lui même (l'âge, le degré d'immunisation, etc.). Après cette période, des symptômes tels que fièvres élevées (40 à 41 °C), frisson, maux de tête, fatigue générale, vomissements et diarrhée peuvent apparaitre (OMS, 2013). S'il n'est pas rapidement diagnostiqué et traité, son évolution peut conduire à une forme sévère, anémie par exemple, voire mortelle. Plusieurs types de recours

7. Qui ne sont pas encore infectés, mais qui courent le risque de l'être

8. Qui sont infectés et peuvent transmettre la maladie.

9. P.falciparum : 7-60 jours, P.vivax : 13 jours à plusieurs années, P.Ovale : 15 jours à plusieurs années,

P.malariae : environ 3 semaines.

2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre théorique

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thérapeutiques du paludisme sont observés, mais les plus fréquents sont le traitement par la médecine traditionnelle et celui de la médecine conventionnelle ou moderne. La médecine traditionnelle au Cameroun comme dans bons nombres de pays, se fait essentiellement par l'utilisation des plantes médicinales. Pour la médecine moderne, les traitements contre le paludisme portent généralement le nom générique d'antipaludeen 10. Son traitement dépend du type de paludisme (simple ou grave) et du type de germe plasmodium. Le paludisme est l'une des maladies pour laquelle de nombreux médicaments modernes sont disponibles. Le meilleur traitement disponible, en particulier pour le paludisme à P. falciparum, est une Combinaison Thérapeutique à base d'Artémisinine (CTA) (OMS, 2011).

2.1.5 Population à risque

Près de la moitié de la population du monde est exposée au paludisme. La plupart des cas de paludisme et des décès dus à cette maladie surviennent en Afrique subsaharienne. Toutefois, l'Asie, l'Amérique latine et, dans une moindre mesure, le Moyen-Orient et certaines parties de l'Europe sont également affectés. En 2013, 97 pays étaient confrontés à une transmission continue du paludisme. Mais les populations spécialement vulnérables sont celles des enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes, les migrants et les voyageurs internationaux en provenance de régions exemptes de paludisme (Aide mémoire OMS, 2014).

2.1.6 Prévention du paludisme

a) Prévention individuelle

Une prévention du paludisme est envisageable à l'échelle individuelle. Pour être efficace, cette prévention doit associer une protection contre les piqûres de moustiques et une prophylaxie médicamenteuse.

La prévention au niveau individuel, s'envisage tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des habitations. On peut mettre des vêtements longs le soir, mettre les répulsifs sur les parties découvertes, utiliser des tortillons fumigènes ou des serpentins, nettoyer les alentours des habitats et évacuer les eaux stagnantes, sont quelques unes des mesures de lutte au niveau individuel contre les piqûres

10. médicament utilisé dans le traitement préventif ou curatif du paludisme, ils sont parfois appelés antimala-riques ou antipaludiques.

2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre théorique

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de moustiques. En outre, on peut mettre des grillages ou des rideaux sur les fenêtres et les portes, utiliser des insecticides, la climatisation et dormir sous la moustiquaire imprégnée d'insecticide.

L'OMS définit la chimioprévention du paludisme saisonnier comme l'administration intermittente du traitement antipaludéen au cours de la saison de transmission du paludisme pour éviter la morbidité et la mortalité dues à cette infection. Son principe est de maintenir des concentrations thérapeutiques en médicament antipaludique dans le sang pendant toute la période où le risque palustre est le plus élevé, cela aura pour effet de réduire l'incidence du paludisme. Une étude menée au Mozambique par Diana et al.(2008) a d'ailleurs montré que le traitement préventif intermittent à la Sulfadoxine-Pyrimethamine chez les enfants de moins de 24 mois a réduit le taux d'incidence palustre et renforcé le système immunitaire chez les enfants. Elle est le plus souvent recommandée aux femmes enceintes, aux enfants, et aux sujets non immunisés se rendant dans les zones impaludées 11 (Akiana, 2003). Mais parfois, on observe les souches plasmodiales multirésistantes qui échappent à la prophylaxie, ce qui n'assure pas une efficacité à 100% de cette méthode (Garnier et al., 2001).

b) Prévention collective

La lutte antivectorielle consiste en des traitements à grande échelle allant du milieu rural au milieu urbain, voire au pays tout entier. L'objectif de ces traitements étant essentiellement la destruction ou la réduction du nombre de vecteurs par l'utilisation des insecticides. Plus les opérations de lutte s'étendent sur de grandes surfaces, meilleur sera l'impact des traitements d'insecticides sur le vecteur et la maladie qu'il transmet. Les campagnes de lutte contre les anophèles peuvent s'exer-cer sur la larve aussi bien que sur le moustique adulte. En Fonction du type de campagne envisagé, le type d'insecticides et le mode d'action varient tant au niveau de leur mode d'action que par la façon dont ils seront appliqués sur les surfaces à traiter.

De nombreux insecticides sont utilisés dans la lutte antivectorielle. Ces insecticides se classent en plusieurs familles : le Dichloro-Diphényl-Trichloroéthane (DDT) est le plus utilisé de la famille des organochlorés. La famille de pyréthrinoïdes (constitué de perméthrine, bifenthrine, deltaméthrine, lambda-cyhalothrine et l'alpha-cyperméthrine) est la seule catégorie d'insecticide utilisée pour l'imprégnation des moustiquaires.

La lutte antivectorielle s'opère soit par la destruction des gîtes larvaires d'anophèles, soit

11. Une zone ou une région de transmission du paludisme

2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre théorique

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par la destruction ou l'élimination de l'anophèle adulte. La lutte antilarvaire est le plus souvent difficile à mettre en oeuvre, cela du fait de la multitude des gîtes larvaires. Mais cette lutte antilarvaire est envisagée dans des cas particuliers, notamment dans les milieux insulaires, les zones marécâ-geuses, les rizières, etc. Mais l'utilisation de cette méthode possède de lourdes conséquences sur l'environnement, en effet, elle pourrait être toxique pour la flore et la faune non ciblées (Darriet, 2007). Les limites de cette méthode ont ravivé la place à la lutte contre l'anophèle adulte. Cette lutte est essentiellement basée sur l'utilisation des pulvérisations d'insecticides intra-domiciliaires à effet rémanent et l'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticides. Au Cameroun comme dans bons nombres de pays, ce sont les Moustiquaires Imprégnées d'insecticides (MII) et les Moustiquaires Imprégnées d'Insecticides à Longue Durée d'Action (MIILDA) qui sont les plus utilisées et les plus répandues.

2.1.7 Résistance des vecteurs

L'utilisation à grande échelle respectivement des insecticides et des pesticides dans la lutte antivectorielle et dans les zones agricoles a entrainé chez les anophèles une résistance. D'après l'OMS, «La résistance d'une souche ou (race) d'un insecte vis-à-vis d'un insecticide correspond au développement d'une capacité de tolérer des doses toxiques qui seraient létales pour la majorité des individus d'une population normale de la même espèce» (OMS, 1957). L'op-posé de cette expression est la sensibilité. Elle traduit l'incapacité de tolérer certaines doses de substances toxiques contenues dans les insecticides. Les insecticides contiennent des substances toxiques qui agissent sur le système nerveux de l'insecte, le paralyse puis le tue. Les résistances sont déterminées par un ou plusieurs gènes qui permettent à l'insecte de faire face aux insecticides, par exemple en évitant le contact avec l'insecticide ou en se débarrassant du poison par excrétion. On distingue ainsi la résistance métabolique12 et la résistance par modification de la cible13.

L'OMS a défini un protocole permettant de mesurer la résistance des anophèles femelles. Le protocole consiste globalement à collecter les moustiques (Anophèles) au stade larvaire dans la zone cible, les élever jusqu'à l'âge adulte (3 à 5 jours), puis les répartir en 2 groupes : un groupe

12. Elle apparaît lorsque des changements surviennent dans le système des enzymes du moustique. (OMS,

2013)

13. Elle apparaît lorsque la protéine réceptrice (celle que l'insecticide est supposée atteindre) est altérée par une mutation. (OMS, 2013)

2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre théorique

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témoin14 et un groupe exposé. Le groupe exposé est soumis à l'insecticide (perméthrine, bifen-thrine, deltaméthrine, lambda-cyhalothrine et l'alpha-cyperméthrine), le nombre de moustiques morts et/ou «knock down»(tombés) sont relevés dans les deux groupes après 24 heures. Le taux de mortalité de moustique observé est donné par la formule:

Nombre total de moustiques morts

taux de mortalité observé =

Nombre total de moustiques

* 100. (2.1)

De façon similaire, on calcule le taux de mortalité du groupe témoin. Si ce taux de mortalité (du groupe témoin) est supérieur ou égale à 20%, alors le test dans cette zone doit être rejeté ou repris. S'il est compris entre 5% et 20%, alors on utilise la formule (2.2) donné par Abbot(1925) pour corriger le taux de mortalité observé. Par contre s'il est inférieur à 5%, aucune correction n'est nécessaire, dans ce cas, on utilise alors le taux de mortalité observé de la formule (2.1)

taux de mortalité = 100 - %mortalité témoins

%mortalité observé - %mortalité témoins

* 100. (2.2)

A partir de cet indicateur, l'OMS propose la catégorisation suivante:

Tableau 2.1 - Catégorisation de la résistance

Taux de mortalité après 24 heures

Niveau de résistance associé

98%-100%

Sensible

90%-97%

<90%

Probable résistance
Résistance

2.1.8 Facteurs favorisant la résistance des vecteurs

De nombreuses études ont montré que l'apparition de la résistance des vecteurs (anophèles) dans une zone serait tributaire de l'utilisation intensive et abusive des insecticides dans ladite zone. Les grandes firmes agricoles telles que les plantations de coton et de riz, nécessitent une très grande utilisation des insecticides pour éradiquer les insectes destructeurs et ravageurs de plantes. C'est le cas de l'utilisation de la DDT en Afrique de l'ouest dans la culture du coton qui a fait apparaitre

14. Ce groupe permet de tester la fiabilité de l'expérience.

2.2 Efficacité des principales méthodes préventives Cadre théorique

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la résistance chez l'espèce An. gambiae à l'intérieur et à proximité des zones cotonnières (Darriet, 2007). Il a été également prouvé la résistance de l'An. gambiae à la perméthrine, à la deltaméthrine et au DDT dans une zone rizocole dans la vallée de Kou15 (Darriet et al.,1997). Allant dans le même sens, Chouaibou et al(2008) attribut la résistance des vecteurs aux insecticides dans la région du Nord Cameroun à l'utilisation intensive des insecticides dans les plantations de coton dans cette région du pays.

2.2 Efficacité des principales méthodes préventives

2.2.1 Impact de la moustiquaire sur la transmission du paludisme

L'anophèle femelle opère le plus souvent après le coucher du soleil avec un maximum d'activité entre 23 h et 4 h; c'est ce qui explique le fait que l'utilisation des moustiquaires est un moyen efficace de prévention tant individuel que collectif. De nos jours, les moustiquaires les plus utilisées sont les moustiquaires traitées à l'insecticide; on distingue les moustiquaires imprégnées d'insecticides (MII) et les moustiquaires imprégnées à longue durée d'action (MIILDA). Mais avant l'expansion de ces moustiquaires traitées, c'était autrefois les moustiquaires non traitées ou tout simplement les rideaux qui étaient utilisés contre les piqûres d'insectes en général et des moustiques en particulier. L'efficacité de ces rideaux n'était pas moindre.

a) Cas des moustiquaires non traitées

L'utilisation des moustiquaires non traitées, constitue une barrière physique entre l'homme et le vecteur. L'utilisation d'une moustiquaire en bon état bien que non traitée limite la transmission du paludisme. Une étude menée en Côte d'ivoire a démontré que l'utilisation des moustiquaires non traitées mais intacte réduit de 75% à 80% le taux de gorgement16 par rapport à une non utilisation ou une utilisation des moustiquaires non traitées et trouées. Le taux de mortalité des An. gambiae est de 7.6%, significativement supérieur à ceux des cas de la non utilisation (4.3%) et de l'utilisation des moustiquaires non traitées trouées (5.1%) (Darriet et al., 2000). Dans la nuit, le

15. situé à une trentaine de kilomètres à l'est de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso

16. C'est un indicateur qui mesure l'efficacité des moustiquaires, il appréhende l'effet «répulsif» des mousti-

quaires sur les moustiques, il est calculé en rapportant le nombre de moustiques resté dans la case sur le nombre total de moustiques introduit initialement

2.2 Efficacité des principales méthodes préventives Cadre théorique

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2.2 Efficacité des principales méthodes préventives Cadre théorique

2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre théorique

dormeur utilisateur de la moustiquaire non traitée pourrait être en contact avec le rideau, comme celui-ci n'est pas traité à l'insecticide, le dormeur court alors des risques de piqûre à travers le rideau. De plus, avec l'utilisation de ces moustiquaires non traitées, 15% à 20% de moustiques sont gorgés à l'intérieur de la maison (Darriet et al., 2000). Les moustiquaires non traitées s'avéreraient dès lors insatisfaisantes, et ont ainsi ravi la place aux moustiquaires traitées à l'insecticide.

b) Cas des moustiquaires imprégnées

L'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticides constitue non seulement une barrière physique mais aussi et surtout une barrière chimique contre l'anophèle femelle. De nombreuses études ont relevé deux grandes propriétés des insecticides (pyréthrinoïdes) imprégnés sur la moustiquaire; ceux-ci jouent des rôles de dissuasion et d'éradication des vecteurs. Ainsi, l'in-secticide présente sur la moustiquaire empêche ou dissuade l'anophèle à pénétrer à l'intérieur de la maison, réduisant ainsi le contact entre l'Homme et le vecteur, diminuant de ce fait le risque d'infection. Une étude menée au Burkina Faso à montré que l'utilisation des moustiquaires traitées d'insecticides réduisait de 70% le taux d'entré des anophèle dans les habitations (Darriet et al ., 1984). L'utilisation des moustiquaires imprégnées entraine aussi une expulsion des vecteurs réduisant une fois de plus le contact entre l'Homme et le vecteur. La même étude au Burkina Faso a montré que le taux exophilie17 du à l'utilisation des moustiquaires imprégnées s'élevait à près de 97%.

De façon générale, l'utilisation des moustiquaires imprégnées constitue une réelle arme de lutte contre le paludisme. Il a été montré (au Burkina Faso) que, la mise en place de l'utilisation à grande échelle des moustiquaires imprégnées a entrainé une réduction de 80% à 90% de la transmission du paludisme (Carnevale et al ., 1988 ; Robert et al., 1991). Ceci pourrait expliquer le taux de couverture universel que plusieurs pays impaludés souhaiteraient atteindre. Une autre étude menée en Gambie a aussi révélé qu'une utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticides réduirait de 63% les épisodes fébriles de paludisme chez les enfants âgés de 1 à 9 ans (Snow et al ., 1988). Dormir sous une moustiquaire imprégnée constitue alors une arme efficace contre l'infection du paludisme, Alemu et al.(2011) ont montré qu'une personne ne dormant pas sous une moustiquaire court près de 14 fois plus de risque d'être infectée. Bien que son efficacité à été démontré, il est pertinent de savoir si cette efficacité demeure significative en présence de la

17. l'effet d'expulsion caractérisé par le taux de sortie des anophèles induit par l'insecticide

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résistance de l'anophèle femelle.

2.2.2 Efficacité des moustiquaires imprégnées sur l'anophèle femelle résistante

Les études existantes sur l'efficacité des moustiquaires imprégnées sur les vecteurs résistants sont pour la plupart controversées. Quelques unes ont montré la persistance de l'efficacité des moustiquaires imprégnées et d'autres ont plutôt démontré une perte d'efficacité des moustiquaires imprégnées. Des études menées en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso, ont montré l'efficacité des moustiquaires imprégnées de perméthrine et de deltaméthrine sur l'An. gambiae résistante. Ces études ont montré que bien qu'il y eut perte de l'effet dissuasif 18 contre l'anophèle résistante, l'effet exito-répulsif19 fut maintenu (Darriet et al.,1984; Darriet et al.,1998). Par contre une étude menée au Benin a démontré une perte d'efficacité des moustiquaires imprégnées en présence de la résistance de l'An gambiae aux Pyrethroides (Damien et al., 2010).

2.2.3 Impact de la Pulvérisation intradomiciliaire d'insecticide à effet rémanent (PID) sur la transmission du paludisme

La pulvérisation intradomiciliaire d'insecticides à effet rémanent est l'une des méthodes de lutte antivectorielle préconisée par l'OMS dans la lutte contre le paludisme sur une grande échelle. En effet pour être optimal, il faut pulvériser au moins 80% des habitations dans les zones cibles (OMS, 2014). Elle consiste en l'application d'insecticide par pulvérisation sur les surfaces intérieures des murs et des toits des habitations et autres structures (magasins, latrines, établissement, écoles, lieux de culte, etc.). Le principe de la méthode de lutte repose sur le comportement des vecteurs qui recherchent après chaque repas de sang, des endroits tranquilles et sombres pour le repos et la digestion. La PID permet ainsi de tuer les moustiques qui se posent sur les surfaces traitées avant et/ou après la prise de repas sanguins. Ce qui a pour conséquence de réduire l'espé-rance de vie des anophèles femelles, réduisant ainsi la densité anophélienne (OMS, 2006). Ainsi, l'utilisation de la PID est protectrice contre la transmission du paludisme (Guthmann et al.,2001).

18. les moustiques sont dissuadés par l'effet chimique et entrent moins dans l'habitation

19. qui provoque l'éloignement des moustiques

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La PID fut homologueé par l'OMS en 1950 lors de la conférence de Kampala et a constitué la principale méthode de lutte contre le paludisme entre 1955 et 1969. Elle a contribué à réduire significativement la prévalence du paludisme particulièrement en Asie, en Amérique Latine et en Afrique Australe. Associée à d'autres moyens de lutte contre le paludisme, elle a contribué à éradiquer le paludisme en Europe, en ex URSS et dans certains pays d'Asie et des caraïbes (OMS, 2006). Des études récentes, notamment celle de Laura et al(2013) en Ouganda ont montré par comparaison de la prévalence du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans, que les localités ayant reçu une pulvérisation avaient une prévalence significativement plus faible que celles n'ayant pas été aspergées. Toutefois, compte tenu de la crainte de ses effets néfastes sur l'environnement, sur la santé humaine et sur le développement de la résistance de l'anophèle femelle, l'utilisation de la PID fut remise en cause et a été peu à peu abandonnée au profit de l'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticides. Mais depuis 2006, la pulvérisation intradomiciliaire fut réintroduite parmi les stratégies de lutte contre le paludisme recommandées par le programme de lutte contre le paludisme de l'OMS.

2.3 Approches explicatives de l'infection palustre

Bien qu'il existe d'autres moyens de transmission (transfusion sanguine, mère-enfant), le paludisme est une maladie de transmission essentiellement vectorielle. Le vecteur anophèle femelle étant l'intermédiaire entre le plasmodium et l'homme. Les approches explicatives de la transmission du paludisme sont essentiellement basées sur le développement des vecteurs et leurs contacts avec l'Homme.

2.3.1 Approches climatiques et socio-environnementales

Il y a plus de 2500 ans que Hippocrate dans son Traité des airs, des eaux et des lieux, mettait en exergue les liens entre maladie et environnement. L'environnement lui même résulte de l'action combinée de la nature (à travers le climat) et des effets anthropiques. Le climat à travers la pluviométrie, favorise l'apparition des mares d'eaux dans l'environnement due à un mauvais drainage et à une mauvaise canalisation des eaux de pluies. Or les mares d'eaux constituent les principaux lieux de développement des larves d'anophèles. Ainsi pendant les saisons de pluies, on

2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre théorique

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observe un grand foisonnement des anophèles vecteurs du paludisme, qui aurait pour conséquence d'augmenter le nombre de piqûre sur l'hôte humain augmentant de ce fait le risque palustre. C'est ce que exprimait Mouchet (1999) lorsqu'il constatait que «dans les savanes d'Afrique de l'Ouest, où les principaux vecteurs An. gambiae et An. arabiensis vivent dans les collections d'eau de pluie, la transmission se produira lors de la saison des pluies et c'est à cette période que l'on observe la plupart des cas». Inversement, les saisons sèches sont défavorables à la reproduction des vecteurs, en effet, pendant ces saisons, les mares d'eaux, principaux lieux de développement des moustiques sont asséchées, menaçant la survie des vecteurs; ainsi les saisons sèches diminueraient la densité anophèlienne ce qui aurait pour conséquence la baisse du risque d'infection palustre (Mouchet et al 1998). Des études empiriques notamment celle de Cottrell et al.(2012), ont effectivement montré que les saisons de pluies étaient celles qui correspondent aux densités20 anophéliennes les plus importantes au cours d'une année. Musawenkosi et al (2007) à partir d'une étude menée dans plusieurs pays d'Afrique subsaherienne ont montré une association positive entre le taux d'inoculation entomologique 21(TIE) et la pluviométrie. Allant dans le même sens, Nkuo-Akenji et al(2006) ont montré dans une étude menée à Bolifamba dans la région du Sud-Ouest Cameroun que la prévalence du paludisme était significativement plus importante pendant la saison de pluie que la saison sèche.

Le développement de l'anophèle (moustique des régions chaudes et tempérées) est étroitement lié à la température ambiante du milieu dans lequel il se trouve. La relation entre le développement des moustiques et la température ambiante est en forme de cloche; les températures moyennes autour de 27°C sont généralement favorables pour leur développement, mais les températures extrêmes leur sont défavorables. A 40°C, le taux de survie des moustiques est presque nul et pour ce qui est des températures très faibles, le cycle sporogonique22 devrait être plus long (environ 100 jours), or l'espérance de vie de l'anophèle est de 21 jours, ainsi à de faibles températures, le vecteur mourra sans avoir achevé son cycle sporogonique. Musawenkosi et al (2007) ont montré que la relation entre l'infection palustre et la température moyenne évoluaient pareillement que celle de la température avec le développement des vecteurs c'est-à-dire en forme de cloche.

L'approche socio-environnementale est celle qui privilégie les effets anthropiques sur l'en-

20. C'est le nombre d'anophèle par unité de surface

21. C'est le nombre moyen de piqûres infectantes par personne et par nuit.

22. C'est la période de développement du parasite à l'intérieur de l'organisme de l'anophèle

2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre théorique

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vironnement local en relation avec l'infection palustre. Les mares d'eaux stagnantes présentent dans l'environnement et qui résulteraient de l'action humaine augmente le risque d'infection palustre (Kimbi et al., 2013). Ainsi, les enfants vivant dans les ménages à proximité des mares d'eaux stagnantes courraient plus de risque d'infection palustre que ceux qui en sont éloignés. Guthmann et al(2001) ont montré dans une étude menée au Pérou que les individus habitant dans les ménages situés à plus de 100 mètres d'une mare d'eau stagnante courraient moins de risque d'infection palustre que ceux qui sont à proximité (moins de 100m). L'un des effets anthropiques est l'irrigation qui est une activité consistant à l'apport d'eau sur un terrain cultivé en vue de la compensation des précipitations. Cette activité est une source de création des mares d'eau stagnantes, lieux de prolifération des vecteurs du paludisme. Ainsi, l'irrigation dans une zone donnée pourrait augmenter le risque d'infection palustre (Henry et al., 2003). Un autre effet anthropique sur l'environnement est l'urbanisation, à travers l'aménagement et l'assainissement de l'agglomération, elle participe à la destruction des mares d'eaux stagnantes, lieux de développement des anophèles. De ce fait, l'urbanisation est susceptible de modifier dans le sens positif les modalités épidémiologiques du paludisme (Trape, 1986).

Il ressort alors que l'environnement proche de la maison est fondamental en ce qui concerne l'infection palustre. En effet, certaines pratiques créent des micro-gîtes d'origine anthropique (par exemple construction non achevée, mauvaise canalisation des eaux, mauvaise gestion des déchets, etc.) favorables au développement des anophèles femelles. Toutefois, certaines études ont montré que la liaison entre le nombre de vecteurs identifiés sur un espace de vie et le niveau de transmission ne suffisaient pas à expliquer le phénomène de transmission (Bousema et al., 2010). Allant dans le même sens, Pierrat.(2011) soulignait que La réalité du paludisme est le fait d'une certaine vulnérabilité, qui caractérise des individus ou des groupes d'individus, et qui s'intègre dans la réalité d'un territoire pour en faire un système pathogène.». Ainsi, d'autres conditions so-cioéconomiques, socioculturelles et sociodémographiques sont susceptibles d'influencer le risque d'infection palustre.

2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre théorique

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2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre théorique

2.3.2 Approches socio-démographiques

a) Le sexe et l'âge de l'enfant

Le sexe de l'enfant dans certains contextes est souvent source de discrimination en matière de santé notamment en matière de prévention et de traitement, les enfants de sexe masculin étant privilégiés par rapport à leurs homologues de sexe féminin (Rakotondrabe, 2004). Mais en matière de paludisme en particulier, les études existantes sont parfois controversées. Certaines études notamment celle de Ayele et al.(2012) ont montré que le sexe de l'enfant était associé à l'infec-tion palustre et que les enfants de sexe féminin courraient plus de risque d'infection que leurs homologues de sexe masculin. D'autres études comme celle de Kimbi et al (2013) dans la région du Sud-Ouest Cameroun, a au contraire révélé que les enfants de sexe masculin courraient plus de risque d'infection palustre. Ils expliquaient que cela serait dû au fait que les enfants de sexe masculin du fait de leurs activités s'exposent plus aux piqûres de moustiques particulièrement à des moments où la température est élevée. Carnevale et al.(1978) ont montré que l'anophèle était agressive de la même façon tant chez les personnes de sexe féminin que chez leurs homologues de sexe masculin. On pourrait alors penser que les différentielles de résultats obtenues par les différents auteurs sont due aux différences de contextes. En effet, les natures et formes des rapports sociaux de sexe varient d'une société à une autre. Pour ce qui est de l'âge, un certain nombre d'études ont montré que, le risque d'infection palustre diminue lorsque l'âge augmente et que les enfants de moins de 5 ans sont particulièrement vulnérables (Nkuo-Akenji et al.,2006; Somi et al., 2007; Alemu et al.,2011; Ayele et al., 2012 ; Woyessa et al., 2011; Kimbi et al., 2013). Cela s'ex-pliquerait par une protection immunitaire qui s'obtiendrait en raison d'une exposition antérieur à la maladie. C'est ce que Sergent et al en 1924 appelaient la prémunition qui se définit comme étant une situation où un nombre minimal d'infection est une condition préalable pour une protection contre une infection ultérieure. Le paludisme est sévère entre 3 mois et 4 ans, car pendant les deux premiers mois de leur vie, les enfants bénéficieraient des anticorps maternels. Et ce n'est qu'aux alentours de 5 ans, qu'ils acquièrent leur propre immunité.

b) La taille du ménage

De nombreuses études, notamment celles de Somi et al.(2007) et Ayele et al.(2012) ont montré que la taille du ménage était associée au risque palustre. Plus le nombre de personnes d'un

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ménage augmente, plus le risque d'infection palustre augmente. Ceci pourrait s'expliquer par la non utilisation des moyens de prévention comme par exemple la non utilisation des moustiquaires. Matong et al (2012) ont montré que, plus la taille du ménage est grande, plus est grand le risque de la non utilisation de la moustiquaire. Ils montraient que dans un ménage où le ratio de moustiquaires était supérieur à 0.5 (soit plus de deux personnes pour une moustiquaire) il y avait près de 9 fois plus de risque de non utilisation de moustiquaire. Il se pourrait que, compte tenu du coût de la moustiquaire, celle ci n'est pas toujours disponible en nombre suffisant dans la plupart des ménages, notamment les ménages de grande taille. Certains membres du ménage se voient alors priorisés au détriment d'autres, le risque d'infection se verra alors augmenté pour ces derniers.

2.3.3 Approches socioculturelles

a) Connaissances et perceptions du paludisme

Selon Ngueyap (1998), « Les croyances étiologiques font référence aux perceptions, à l'ori-gine, à la cause réelle ou attribuée par les individus selon leur processus de socialisation aux différentes maladies.» Ces croyances pourraient déterminer les comportements sanitaires des Chefs de ménage relativement aux membres de leur ménage. Le niveau de connaissance relatif à l'étio-logie d'une maladie détermine le recours aux soins tant thérapeutiques que préventifs pour les membres de leurs ménages en général et les enfants qui y vivent en particulier. Ceci est davantage vrai lorsqu'il s'agit du paludisme, une étude menée par Ndour et al.(2006) à Gossas au Sénégal a montré que la connaissance du mode de transmission du paludisme est associée à l'utilisation de moustiquaires imprégnées. Or l'utilisation des moustiquaires imprégnées est protectrice contre le paludisme.

b) Religion du CM

La religion du CM peut définir les perceptions et les attitudes face à un certain nombre de problèmes sur la santé des membres de son ménage et l'environnement de son habitation. Ainsi, par l'intermédiaire de ces perceptions et attitudes, la religion est un facteur culturel important pouvant influencer le risque d'infection palustre à travers le recours aux moyens thérapeutiques et préventifs (Erhun et al., 2004). En effet, selon Akoto(1985), « la religion véhicule un certain nombre de valeurs et de normes qui régissent la vie des fidèles sur le plan comportemental, physiologique,

2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre théorique

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 38

et psychique. Elle peut refléter l'ouverture à la civilisation occidentale (religion catholique et protestante), le niveau de traditions des gens (religion traditionnelle), et parfois la situation des individus dans la hiérarchie sociale ».

c) Ethnie du CM

Les pratiques culturelles, les formes d'organisations sociales et les normes comportementales varient selon l'ethnie. Ainsi, l'ethnie influence les comportements des chefs de ménage dans différents domaines de la vie en général et de la santé en particulier. Certaines ethnies sont plus réceptives des us et des moeurs occidentaux, tandis que d'autres sont plutôt conservatrices des valeurs traditionnelles. Ces différences culturelles se prolongent lorsqu'il s'agit des recours thérapeutiques et préventifs. La maladie revêt un caractère social et les perceptions et connaissances étiologiques peuvent varier d'une ethnie à l'autre (Bonnet, 1986). L'ethnie constitue ainsi un facteur modulant le risque d'infection palustre (Haque et al., 2011).

d) Niveau d'instruction du CM

Dans la recherche des facteurs associés au paludisme, Baragatti et al.(2009) ont montré que, le niveau d'instruction du chef de ménage était associé à l'infection palustre. Les enfants de chef de ménage de niveau d'instruction élevé courent un risque moindre d'infection palustre par rapport à ceux dont le niveau d'instruction est faible. Mais le mécanisme d'influence du niveau d'instruction sur le risque palustre n'est pas précisé. On pourrait penser que le niveau d'instruction influence ou détermine la connaissance du paludisme et de son mode de transmission. Or la connaissance du mode de transmission du paludisme est associée à l'utilisation des moyens préventifs comme les moustiquaires imprégnées d'insecticides, et les répulsifs (Ndour, et al., 2006). L'éducation formelle ayant pour mission de transmettre les savoirs, constituerait un moyen de connaissance sur les comportements sanitaires en général et en particulier sur les méthodes préventives contre le paludisme. Ainsi, les Chefs de ménage (CM) de niveau d'instruction plus élevé ont plus connaissance des enjeux de l'utilisation des moustiquaires (Matong et al. 2012) et d'autres moyens préventifs contre le paludisme, et sont plus à même de les utiliser pour la protection des membres de leur ménage, diminuant de ce fait le risque de transmission.

e) 2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre théorique

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Milieu de résidence

A travers l'opposition entre le milieu urbain et le milieu rural, bons nombres d'études appréhendent l'influence des facteurs culturels sur le comportement sanitaire des individus. En effet le milieu rural a souvent été considéré comme traditionnel alors que le milieu urbain est considéré comme moderne (Evina Akam, 2005). Selon le milieu de résidence, on observe des disparités dans l'accessibilité et la disponibilité des services de santé. De plus, on observe le maintien ou une évolution des pratiques culturelles selon le milieu de résidence. Allant dans le même sens, Akoto (2002) montrait que le milieu de résidence est un facteur de prédisposition ou un facteur de facilitation du recours aux soins de santé. Le milieu rural comparativement au milieu urbain est le plus souvent sous développé, les populations sont plus pauvres, moins éduquées et moins réceptrices à l'endroit de la médecine moderne (Fournier et Haddad, 1995). En matière de paludisme, Kimbi et al.(2013) dans une étude menée à Bomaka et Molyko dans la région du Sud-Ouest Cameroun ont montré que les enfants vivant en milieu urbain courent moins de risque d'infection palustre par rapport à ceux du milieu rural. Cela s'expliquerait par le recours aux différentes méthodes de prévention contre le paludisme. Il se trouverait qu'en milieu urbain, les ménages ont plus accès aux services de soins de santé et le personnel de santé en général et du paludisme en particulier. En effet, Korenromp et al(2003) dans une étude dans 13 pays d'Afrique subsaharienne, avaient déjà montré que le milieu de résidence était associé non seulement à la possession des moustiquaires mais aussi à son utilisation pour les enfants de moins de 5 ans, les enfants vivant en milieu urbain ayant plus recours à l'utilisation de la moustiquaire que ceux du milieu rural. Toutes choses qui impliqueraient que les enfants vivant en milieu rural sont plus exposés au paludisme que ceux habitant le milieu urbain.

f) Statut de l'enfant dans le ménage

le statut comporte un ensemble d'attentes, de droits et de devoirs organisant les relations réciproques au sein d'un modèle culturel (Bremond et Gélédan, 2002). Dans un ménage, les avantages que disposent un individu dépendent de son statut dans celui-ci. Le recours au soins, notamment aux moyens de prévention dépend de la position de l'individu dans le ménage (Biyidèle, 1995 cité par Akoto, 2002). Étant donné une grande disproportionnalité entre la taille du ménage et le nombre de moustiquaires disponibles dans le ménage, certains individus se verront alors desservis

2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre théorique

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 40

de l'utilisation de la moustiquaire au profit d'autres. Ainsi dans un ménage où il y a insuffisance de moustiquaires, le chef de ménage choisit alors les personnes qui devront utiliser celles disponibles. Le chef de ménage aura tendance à favoriser les individus ayant un lien de parenté beaucoup plus proche. Il pourra par exemple privilégier ses enfants par rapport aux autres enfants confiés. Ces derniers n'utilisant pas les moustiquaires courent alors un plus grand risque d'infection palustre.

2.3.4 Approches génétiques et immunologiques

Le mécanisme conduisant une piqûre infectante à provoquer un accès palustre est complexe. Une piqûre infectante n'entraîne pas nécessairement un accès palustre et la charge parasitaire ne conditionne pas systématiquement la gravité de l'accès palustre (Franckel, 2004). Les réponses individuelles à la piqûre infectante dépendent de multiples paramètres : elles varient principalement en fonction du statut immunitaire, de caractéristiques génétiques et de la présence de co-infections (Traoré et al., 1999).

a) La prémunition

Sergent et al en 1924 définissaient la prémunition comme étant une situation où un nombre minimal d'infection est une condition préalable pour une protection contre une infection ultérieure. Autrement dit, c'est la résistance que confère certaines maladies à un organisme infesté et qui le protège contre toute nouvelle infection. Une absence de prémunition dans une population favorise la transmission de la maladie. Ainsi, l'âge apparait comme facteur clé de la prémunition, en effet, l'âge augmente la durée de soumission au risque palustre et augmente les chances d'avoir un nombre minimal d'infection palustre, augmentant ainsi les chances de prémunition. La diminution du nombre d'accès clinique est un témoin pertinent pour rendre compte de cet état (Rabe, 2003).

b) L'immunité

On distingue l'immunité naturelle et l'immunité acquise. Il s'agit de l'ensemble des mécanismes de défense de l'organisme contre les éléments qui lui sont étrangers, en particulier les agents infectieux, ou encore les cellules de l'organisme présentant des anomalies. La drépanocy-tose est une maladie génétique récessive qui entraine une modification de l'hémoglobine. Cette hémoglobinedéficiente nommée «S», provoque une modification des globules rouges. Cette mo-

2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre théorique

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 41

dification des globules rouges va entrainer chez les sujets hétérozygotes (AS) un effet protecteur contre le paludisme en particulier chez les enfants (Williams et al., 2005). On distingue également l'immunité acquise dans la transmission du paludisme qui s'acquiert progressivement en situation d'exposition continue. Elle ne réduit pas totalement le risque d'être contaminé à nouveau et ne permet pas de se débarrasser totalement du parasite. Mais elle empêche de façon progressive la survenue des épisodes de paludisme. Cette immunité se développe après une longue période et ininterrompue d'exposition au risque palustre, c'est ce qui explique le fait que ce sont en général les enfants qui payent le lourd tribut de la maladie (UMVF, 2014).

2.3.5 Approches socioéconomiques

a) Niveau de vie du ménage et conditions de logement du ménage

Le niveau de vie du ménage est une variable importante qui détermine et influence le risque d'infection palustre chez les enfants. Plus le niveau de vie du ménage est élevé, moindre sera le risque d'infection palustre chez les membres du ménage et inversement (Konradsen et al., 2003; Somi et al., 2007; Graves et al.,2008; Kumar et al., 2014). Il se trouve que le niveau de vie du ménage est le plus souvent déterminé par les caractéristiques de l'habitat (qualité du toit, du sol, du mur, etc) et des conditions de logement. C'est donc à travers les caractéristiques de l'habitat et les conditions de vie du ménage que le niveau de vie influencerait sur le risque d'infection palustre. En effet Le toit et les murs des habitations constituent les principaux lieux de repos des anophèles femelles avant et/ou après le repas sanguin. De ce fait, les murs en planches ou en terre battue seraient plus propices au développement des anophèles que ceux en béton. Les individus vivant ainsi dans les maisons en planches ou en terre battue courent plus de risque d'infection palustre que ceux habitant les maisons où les murs sont en béton (Konradsen et al., 2003).

b) Revenus du CM

Le niveau de revenu du CM, le prédispose ou non aux soins et aux différents moyens de prévention contre le paludisme. Le niveau de revenu déterminerait le choix de matériaux de construction des habitations et l'utilisation de moyens de protection contre les moustiques notamment les moustiquaires imprégnées d'insecticides et les pulvérisations intradomiciliaires à effets rémanents. Ainsi, par l'intermédiaire de ces dernières variables, le niveau de revenu du CM influence le risque

2.4 Cadre conceptuel Cadre théorique

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 42

d'infection palustre (Pierrat, 2011).

La synthèse de la littérature, nous a permis de comprendre que outre les facteurs environnementaux, d'autre facteurs notamment socioculturels, socioéconomiques et sociodémographiques agiraient sur le risque d'infection palustre chez les enfants. Ces facteurs agissant essentiellement sur l'accessibilité aux moyens de prévention contre cette maladie et l'utilisation effective des moyens de protection contre le paludisme comme les moustiquaires imprégnées, pulvérisation in-tradomiciliaire, etc. Nous allons à partir de cette synthèse de la littérature, émettre des hypothèses et construire un schéma conceptuel.

2.4 Cadre conceptuel

2.4.1 Hypothèse générale et schéma conceptuel

a) Hypothèse générale

Partant de la synthèse de la littérature, nous émettons l'hypothèse générale suivante : Les facteurs socioéconomiques, socioculturels, sociodémographiques et environnementaux détermineraient le risque d'infection palustre par l'intermédiaire des caractéristiques de l'enfant et celles du ménage et que ce risque se trouve modulé si on tient compte du phénomène de résistance.

b) 2.4 Cadre conceptuel Cadre théorique

Schéma conceptuel

FIGURE 2.3 - Schéma conceptuel de l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans

c) Définition des concepts

Paludisme : C'est une maladie parasitaire, qui est en général causée par une piqûre infectante de l'anophèle femelle(en général An Gambiae s.l) sur l'Homme. Cette piqûre infecte le sang humain par le plasmodium responsable de la maladie. Il est en général diagnostiqué à l'aide d'examens médicaux, le plus connu est le Test à Diagnostiques Rapides (TDR).

Infection palustre : C'est le fait pour un individu de contracté le paludisme.

Contexte de résidence : caractérise l'environnement familial et l'environnement physique dans lequel vit l'enfant. Il renvoie au milieu de résidence. La ville s'oppose au village par les modes de vie, les types d'activités et la disponibilité des moyens de protection contre le paludisme (anti-vectorielle et chimioprévention). Elle bénéficie également des avantages de l'urbanisation tels que l'assainissement de l'environnement

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 43

2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre théorique

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 44

Facteurs socioculturels : Il s'agit de l'ethnie du Chef de ménage (CM), du niveau d'instruction du CM et de la religion du CM.

Facteurs socioéconomiques : Dans notre étude seront appréhendés par : le niveau de vie du ménage, le niveau de revenus du CM.

Facteurs environnementaux: il s'agit des facteurs qui agissent sur l'environnement. Il s'agira de la pluviométrie, la température ambiante et de la présence d'eaux stagnantes aux alentours de la maison.

Caractéristiques des ménages : Il s'agit de l'ensemble des caractéristiques liées au ménage notamment : la taille du ménage, Le cadre d'habitation du ménage, le type de matériaux de construction de l'habitation.

Cadre d'habitation du ménage : il s'agit des conditions de vie dans lesquelles s'inscrivent l'habi-tation du ménage. Il est appréhendé par la présence d'eaux stagnantes et de buissons aux alentours de la maison. Caractéristiques individuelles de l'enfant : Il s'agit des attributs de l'enfant notamment son sexe et son âge, statut de l'enfant.

Variables intermédiaires de l'infection palustre : Il s'agit des variables qui permettent de prévenir le paludisme. Il s'agira de : la disponibilité et l'utilisation des moustiquaires imprégnées pour les enfants de moins de 5 ans, de l'utilisation des insecticides à pulvérisation et de la prophylaxie médicamenteuse.

Résistance des anophèles femelles : Elle traduit la capacité des anophèles femelles à s'adapter ou à résister contre les insecticides. Elle est appréhendée par les taux de mortalité des anophèles soumises à des doses d'insecticides. Nous utiliserons la catégorisation donnée dans le tableau 2.1 pour définir cette variable.

2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs

La revue de littérature nous a permis de construire un cadre conceptuel. Dans la recherche en sciences sociales, il est important de préciser les indicateurs ou les variables qui permettent de mesurer ou d'appréhender ces concepts. Le tableau 2.2 présente la synthèse des concepts à utiliser dans le cadre de notre étude ainsi que les variables qui serviront à leur opérationnalisation.

2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre théorique

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 45

2.5.1 Contexte de résidence

a) Milieu de résidence

Il s'agit de la distinction entre le milieu urbain et le milieu rural. Kimbi et al.(2013) dans une étude menée à Bomaka et Molyko dans la région du Sud-Ouest Cameroun ont montré que la prévalence du paludisme est significativement plus élevée en milieu rural qu'en milieu urbain.

2.5.2 Facteurs environnementaux

a) Pluviométrie

C'est un indicateur qui permet d'appréhender la quantité de pluie (hebdomadaire, mensuel, trimestriel, etc.). La quantité de pluie détermine la présence ou l'apparition des mares d'eaux stagnantes qui constituent le principal lieu de prolifération des anophèles femelles. Certains auteurs comme Nkuo-Akenji et al.(2006), Musawenkosi et al.(2007) et Kumar et al.(2014) pour l'appré-hender distinguent les périodes de saisons de pluie et celles de saisons sèche. Et montre que les périodes de saison de pluie correspondent à celles où la prévalence du paludisme est la plus élevé.

b) Température ambiante

La température ambiante traduit l'état de sensibilité de l'atmosphère. Elle influence sur le cycle de développement du plasmodium et donc sur la prolifération de l'anophèle femelle. Pour appréhender cet indicateur, Musawenkosi et al.(2007) ont utilisé la température minimale mensuel. Précisément, il s'agit de calculer pour chaque mois la température minimale qui est obtenue par le minimum des températures journalières du mois correspondant.

2.5.3 Facteurs socioculturels

a) Ethnie

Une étude mené à Rajasthali au Bangladesh par Haque et al.(2011) a révélé que l'ethnie était un facteur à risque de l'infection palustre. Les pratiques culturelles, les formes d'organisations sociales et les normes comportementales varient selon l'ethnie.

b) 2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre théorique

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 46

Niveau d'instruction du CM

Le niveau d'instruction du chef de ménage (CM) est déterminé par son niveau d'étude le plus élevé. Dans une étude menée au Burkina Faso, Baragatti et al (2009) ont montré que les enfants dont le chef de ménage a un niveau d'instruction élevé courent moins de risque d'infection palustre par rapport à ceux ayant un niveau moindre.

c) Religion

La religion peut se définir comme étant un ensemble de pratiques et d'enseignements se rapportant entre l'Homme et une divinité. Sa pratique varie d'une société à une autre et révèle de nos jours un caractère culturel. Nous n'avons pas pu identifier dans la littérature des études qui associent la religion et le risque d'infection palustre. Erhun et al.(2004) ayant montré que la religion est associée aux recours aux différents moyens thérapeutiques et préventifs, nous pouvons postulé que par l'intermédiaire du recours aux moyens préventifs, la religion pourrait être un facteur à risque de l'infection palustre.

2.5.4 Connaissances et perceptions du paludisme

a) Connaissance sur la transmission du paludisme

la connaissance sur la transmission du paludisme est une variable qui est déterminée par le fait qu'un individu connait ou non le mode de transmission du paludisme. Une étude menée par Ndour et al.(2006) à Gossas au Sénégal ont montré que la connaissance du mode de transmission du paludisme est associée à l'utilisation de moustiquaires imprégnées. Ce qui montre alors que la connaissance sur la transmission du paludisme pourrait influencer le risque d'infection palustre via l'utilisation de la moustiquaire.

2.5.5 Facteurs socioéconomiques

a) Niveau de vie du ménage

Cette variable est le plus souvent déterminée par l'ensemble des caractéristiques de l'habi-tat(sols, toiture, mur, etc.) et des biens matériels (télévision, voiture, etc.) que dispose le ménage. Konradsen et al.(2003) à partir d'une étude menée au Sri Lanka a construit cette variable à partir

2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre théorique

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 47

des caractéristiques du mur des habitations du ménage. Il définissait par ménage pauvre celui dont le mur était fait en planche ou en terre battue et par ménage riche celui dont le mur était fait en béton. Il avait montré que les enfants vivant dans les ménages pauvres couraient plus de risque palustre que ceux des maisons riches. Des résultats similaires fut obtenus par Somi et al.(2007) et Kumar et al 2014.

2.5.6 Caractéristiques du ménage

a) Taille du ménage

Il s'agit du nombre total d'individu qui vivent habituellement sous le même toit. De nombreuses études notamment celles de Somi et al.(2007) et Ayele et al.(2012) ont montré que plus la taille du ménage est grande plus les individus qui y vivent courent plus de risque d'infection palustre.

b) Type de matériaux de construction de l'habitat

Il s'agit ici du type de matériel de construction du mur de l'habitat. Nkuo-Akenji et al.(2006) distinguaient les habitations où les murs sont fait en béton, en planche. Konradsen et al.(2003) définissaient de façon analogue cet indicateur en y intégrant les maisons en terre battue.

2.5.7 Cadre d'habitation du ménage

a) Eaux stagnantes aux alentours de la maison

Les eaux stagnantes constituent le principal lieu de prolifération des anophèles femelles. Pour appréhender cette variable, Gutmann et al.(2002) ont calculé pour chaque ménage, la distance qui sépare la maison d'habitation à la mare d'eau la plus proche. Les individus vivant dans les ménages dont la maison d'habitation dispose d'une mare dans un rayon de moins de 100 mètres courent moins de risque palustre.

b) Buissons aux alentours de la maison

Nkuo-Akenji et al.(2006) et Kimbi et al.(2013) ont montré que la présence de la broussaille aux alentours de la maison augmente la densité anophèlienne, ce qui contribue à augmenter le

2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre théorique

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 48

risque d'infection palustre.

2.5.8 Caractéristiques de l'enfant

a) Sexe de l'enfant

Ayele et al.(2012) ont montré que les enfants de sexe féminin sont moins exposés à l'infec-tion palustre par rapport aux enfants de sexe masculin. Par contre, Kimbi et al.(2013) ont montré que les enfants de sexe masculin comparés à leur homologue de sexe masculin couraient plus de risque d'infection palustre.

b) Âge de l'enfant

Cet indicateur est le plus souvent évalué en mois. Le risque palustre diminue avec l'âge de l'enfant (Nkuo-Akenji et al.,2006; Somi M F et al., 2007).

2.5.9 Variables intermédiaires

a) Utilisation des moustiquaires

Il s'agit de l'utilisation ou non de la moustiquaire. Bons nombres d'études ont relevé l'in-fluence protectrice de l'utilisation de la moustiquaire sur le risque de transmission du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans (Carnevale et al ., 1988 ; Robert et al., 1991 ; Snow et al ., 1988).

b) Utilisation des insecticides pulvérisation

Il s'agit de l'utilisation ou non des insecticides à pulvérisation à l'intérieur du ménage les 6 derniers mois précédent l'enquête (Guthman et al., 2001).

c) Utilisation de prophylaxie

Il s'agit de la prise ou non des médicaments dans le but de prévenir les épisodes de paludisme chez l'enfant (Diana et al., 2008).

2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre théorique

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 49

2.5.10 Résistance des vecteurs aux insecticides

a) Taux de mortalité des anophèles

Il est appréhendé par le taux de mortalité des anophèles femelles soumis aux insecticides après 24 heurs (OMS, 1957).

2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre théorique

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014

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Tableau 2.2 - Illustration des concepts et variables

Concepts

Variables

Contexte de résidence

Milieu de résidence (Kimbi et al., 2013)

Facteurs environnementaux

- Pluviométrie (Nkuo-Akenji et al., 2006; Musawenkosi et al., 2007; Cottrell et al., 2012; Kumar et al., 2014)

- Température ambiante (Musawenkosi et al., 2007; Kumar et al., 2014)

Facteurs socioculturels

- Ethnie (Haque et al., 2011)

- Niveau d'instruction du CM (Baragatti et al., 2009)

- Religion (Erhun et al.,2004)

Connaissances et perceptions du paludisme

Connaissance sur la transmission du paludisme (Ndour et al., 2006)

Facteurs socioéconomiques

- Niveau de vie du ménage (Konradsen et al., 2003; Somi et al., 2007; Graves et al.,2008; Kumar et al., 2014)

Caractéristiques du ménage

- Taille du ménage (Somi et al., 2007; Ayele et al., 2012)

- Type de matériaux de construction de l'habitation (Nkuo-Akenji et al., 2006; Konradsen et al., 2003)

Cadre d'habitation du ménage

- Présence de l'eau stagnante aux alentours de la maison (Guthman et al., 2002; Kimbi et al., 2013)

- Présence de buissons aux alentours de la maison (Guthman et al., 2001 ; Kimbi et al., 2013)

Caractéristiques de l'enfant

- Sexe de l'enfant (Ayele et al.,2012; Kimbi et al., 2013)

- âge de l'enfant (Nkuo-Akenji et al.,2006 ; Somi M Fetal., 2007;

Alemu et al.,2011 ; Ayele et al., 2012; Woyessa et al., 2011; Kimbi et al., 2013)

- Lien de parenté avec le CM

Variables intermédiaires

- Utilisation des moustiquaires imprégnées ( Carnevale et al ., 1988; Robert et al., 1991; Snow et al ., 1988)

- Utilisation des insecticides à pulvérisation ( Guthmann et al., 2001; OMS, 2006)

- Prophylaxie (Diana et al., 2008)

Résistance des Anophèles femelles

Taux de mortalité des moustiques (OMS, 1957)

Infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans

Test de Diagnostique Rapide du paludisme (positif ou négatif)

2.6 Cadre d'analyse Cadre théorique

SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD 2013-2014 51

2.6 Cadre d'analyse

2.6.1 Hypothèses spécifiques

H1 : Le niveau instruction du CM influence négativement le risque d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Mais cette influence s'exerce à travers l'utilisation des moustiquaires pour les enfants de moins de 5 ans.

H2 : La taille du ménage détermine le risque d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Plus la taille du ménage est grande, plus les enfants ont moins de chance d'uti-liser les moustiquaires imprégnées et donc courent plus de risque d'infection palustre.

H3 : Le type de matériel de construction de l'habitat détermine le risque palustre chez les enfants de moins de 5 ans.

H4 : Les enfants de sexe féminin comparés à ceux de sexe masculin courent plus de risque d'infection palustre.

H5 : L'utilisation des moustiquaires imprégnées pour les enfants diminue le risque d'in-fection palustre chez ces derniers. Mais ce risque est relativisé si on tient compte du phénomène de «résistance». En zone de résistance, la moustiquaire imprégnée perd son efficacité.

H6 : Les enfants vivant en milieu urbain courent moins de risque d'infection par rapport à ceux vivant en milieu semi-urbain et rural. Mais cette influence se fait à travers la non utilisation de moustiquaire.

2.6.2 Schéma d'analyse

La figure ci-après résume et opérationnalise les hypothèses spécifiques énoncées, il explicite le schéma conceptuel de la figure 2.3. Cette figure montre que les caractéristiques propres à l'enfant et ceux du ménage déterminent l'utilisation ou non de la moustiquaire. Cette utilisation ou non de la moustiquaire influence directement sur le risque d'infection palustre, mais ce risque varie avec la résistance des vecteurs.

2.6 Cadre d'analyse Cadre théorique

FIGURE 2.4 - Schéma d'analyse du risque d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans

Dans ce chapitre, il était question de faire un essai de synthèse de la littérature sur le paludisme en général et chez les enfants de moins de 5 ans en particulier. Ainsi, nous avons dans un premier temps défini quelques aspects généraux sur le paludisme. Ensuite nous avons présenter les différents moyens de lutte contre le paludisme et leur efficacité. Enfin, à partir de littérature, nous avons identifié les déterminants du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans. Ce qui

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2.6 Cadre d'analyse Cadre théorique

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nous a permis de construire un cadre conceptuel et d'émettre des hypothèses que nous tenterons de vérifier à la suite de notre travail. Il ressort brièvement que : En amont, le contexte de résidence agit sur les facteurs socioculturels, environnementaux et socioéconomiques. Les facteurs environnementaux et socioéconomiques à leur tour agissent sur les caractéristiques du ménage et le cadre d'habitation du ménage qui influencent les variables intermédiaires de l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Les facteurs socioculturels agissent sur les variables intermédiaires de l'infection à travers les connaissances et les perceptions des chefs de ménages sur le paludisme. Le schéma conceptuel permet de comprendre que les variables intermédiaires sont celles qui sont les plus proches de l'infection palustre et qui déterminent le plus la maladie. Toutefois, le phénomène de résistance des anophèles pourrait agir pour atténuer l'effet des variables intermédiaires sur le l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. La littérature nous a également permis de définir les indicateurs de concepts.

L'exercice de vérification du cadre conceptuel est précédé par les opérations de collecte et d'analyse des données empiriques. Ainsi, dans le chapitre qui suit, nous présenterons les données que nous utiliserons pour tenter de vérifier nos hypothèses, nous présenterons également les outils et les méthodes statistiques qui nous permettrons effectivement de tenter de vérifier nos hypothèses de travail.

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