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Les determinants de l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la région du nord Cameroun

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par Arsène Brunelle SANDIE
Institut de Formation et de Recherches Demographique, IFORD  - Master Professionel en Demographie 2013
  

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Abstract

In this work, we are seeking the determinants of malaria infection in children under 5 in the region of North Cameroon, all taking into account the phenomenon of vector resistance to insecticides. We have from the literature review, identify the determinants of malaria infection in children less than 5 years, which has enabled us to develop a conceptual framework and to make assumptions. To carry out our study, we used data from the project `impact resistance in the region of North Cameroon 'conducted by the National Programme for the Fight against Malaria in 2012 to test our hypotheses, we used statistical methods for analysis and descriptive. At the descriptive level, we have essentially used the survival curves of Kaplan-Meier. The explanatory level, we initially applied the semi-parametric regression Cox proportional hazard. But the proportionality assumption has not been verified for several variables relevant to our study. This model being sassy, we used the model of accelerated life to overcome the difficulty. We used the ÷2 statistic to calculate the relative contribution of risk factors for malaria infection.

Basically, it appears that the use of the net is the most important determinant of malaria infection in children under 5 in the region of North Cameroon factor. Then the type of equipment to build the dwelling is the second most associated with malaria infection in children under 5 factor. Place of residence is the third most associated with malaria infection factor. Finally, the level of vector resistance is the last most associated with malaria infection in children under 5 in the region of North Cameroon factor. It is also clear that even if the level of vector resistance was significantly associated with malaria infection, it remains that the net remains effective.

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Introduction

La plupart des pays d'Afrique subsaharienne reste marquée par un contexte sanitaire préoccupant, on y observe des maladies spécifiques à cette zone dites maladies tropicales; choléra, bilharzioses, fillarzioses, typhoïde, paludisme etc.. sont quelques unes de ces maladies. De toutes ces maladies, le paludisme est la plus préoccupante et constitue un réel problème de santé publique dans ces pays en général et au Cameroun en particulier. Selon l'OMS, en 2012 près de 207 millions de cas ont été observés dont 80% en Afrique. Environ 627 000 décès étaient dus au paludisme, avec 90% de ces décès en Afrique subsaharienne. Les enfants de moins de 5 ans avec 77% de décès payent le lourd tribu de cette maladie (OMS, 2013).

Selon l'ESDS-MICS (2011), la prévalence du paludisme est estimée à 30% au Cameroun et on y observe des disparités nationales avec certaines régions affichant une prévalence supérieure au seuil national (Nord, Sud, Sud-Ouest, Adamaoua, Est et Centre). Selon le Programme National de Lutte contre le Paludisme PNLP (2011) au Cameroun, le paludisme représente la première cause (41%) de mortalité infanto-juvénile et de morbidité (52%) chez les enfants de moins de 5 ans, ce qui affecte l'état et la structure de la population. Sur le plan économique, le paludisme présente de nombreuses conséquences tant sur le plan micro que sur le plan macro. Sur le plan microéconomique, Il représente 31% des consultations toutes causes confondues, 44% de toutes les hospitalisations et 40% des dépenses de santé annuelle des ménages. Le paludisme a des effets néfastes sur la productivité des travailleurs, en effet, près de 26% des cas d'absence en milieu professionnel sont dus au paludisme au Cameroun. Sur le plan macroéconomique, les études ont montré que le Cameroun perd chaque année à peu près 2.3% de son PIB annuel pour la lutte contre le paludisme.

Le gouvernement Camerounais avec l'appui des institutions internationales ne reste pas indifférent face à cette situation. Parmi les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD),

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figure la lutte contre le paludisme, il s'agit précisément de l'OMD N°6 : réduction des cas de paludisme de 50% d'ici 2015.

Depuis l'adhésion du Cameroun à l'initiative mondiale «Roll Back Malaria» il y a seize ans (1998), des efforts remarquables ont été déployés par l'Etat du Cameroun et ses partenaires internationaux et nationaux, dans tous les domaines de la lutte contre le Paludisme. En accord avec l'initiative «Roll Back Malaria», le PNLP a adopté dans son document stratégique de lutte contre le paludisme 2010-2015 les objectifs suivants:

- de rendre accessible à 80% de la population, au moins un moyen de prévention (antivec-torielle ou chimioprévention) d'ici 2015;

- de faire bénéficier à au moins 80% des cas de fièvre un diagnostic et un traitement appropriés contre le paludisme.

C'est dans cette optique qu'en 2011, le projet «Scaling Up malaria control For Impact in Cameroon 2011-2015 » (SUFI), organisé par le gouvernement camerounais et financé par le Fonds Mondial de lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme (FMSTP) ont lancé une vaste campagne de distribution gratuite des Moustiquaires Imprégnées d'Insecticide à Longue Durée d'Action (MIILDA). Ceci dans le but d'impacter significativement sur la mortalité et la morbidité dues au paludisme (INS, 2013). Pendant cette campagne, environ 8 115 879 de MIILDA ont été distribuées. Malgré cette campagne, le pays est loin de la couverture universelle de MIILDA, en effet 34.2% de ménages ne disposent pas de MIILDA. On observe encore au pays une proportion importante (53.6%) d'enfants de moins de 5 ans qui ne dorment pas sous MIILDA, et de nombreuses disparités régionales persistent. Certaines régions (Extrême-Nord, Ouest, Centre et Nord), ont des proportions d'enfants dormant sous MIILDA inférieures au niveau national.

La Moustiquaire Imprégnée d'Insecticide demeure l'outil de lutte antivectorielle la plus efficace, c'est la raison pour laquelle cet outil reste et demeure le plus recommandé. Cependant, la propagation de la résistance aux insecticides des anophèles gambiae, principaux vecteurs du paludisme au Cameroun, constitue un problème majeur, à court et à long terme pour la mise en place des stratégies d'intervention sur le vecteur responsable de la propagation du paludisme au Cameroun.

Face à cette situation, la fondation Bill et Melinda Gates a financé, à travers l'OMS, un projet étalé sur quatre années à partir de 2011. Ce projet est mis sur pied dans quatre pays, à savoir le Benin, le Cameroun, le Soudan et le Kenya. Il a pour but d'évaluer l'impact de la résistance aux

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insecticides sur l'efficacité des Moustiquaires Imprégnées d'Insecicides à Longue Durée d'Action (MIILDA). Il s'articule autour de deux volets:

- un volet épidémiologique et socio-économique géré par le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP);

- un volet entomologique (basé sur l'étude de la transmission du paludisme, la résistance aux insecticides, le comportement des vecteurs vis-à-vis des insecticides) géré par l'Organisation de Coordination pour la lutte contre les Endémies en Afrique Centrale (OCEAC).

S'agissant du Cameroun, la région du Nord a constitué la première cible de l'étude. En effet, Etang et al (2007), ont démontré que dans cette région du pays, plus précisément dans la localité de Pi-toa, il existe une résistance métabolique de la population des An. gambiae s.l aux insecticides. La région du Nord Cameroun a une superficie de 66 090 km2 pour une densité de 13 hab/km2. Sa population est composée de plusieurs ethnies : les Bororos qui sont généralement des éleveurs, les Haoussas essentiellement commerçants, les Lakas, Toupouris, Massas, Matakams, sont pour la plupart agriculteurs. L'agriculture et l'élevage occupent 90% de cette population. C'est dans cette région que se trouve la plus grande firme agricole de culture de coton du pays (SODECOTON). Cette culture de coton à l'échelle industrielle oblige les exploitants à utiliser des insecticides à grandes échelles pour l'éradication des insectes nuisibles aux plantes. C'est donc l'utilisation intempestive des insecticides qui serait à l'origine de l'apparition de la résistance de l'espèce An gambiae aux insecticides (Chouaibou et al., 2008).

La moustiquaire imprégnée d'insecticide joue un double rôle dans la protection individuelle contre les piqûres des vecteurs : barrière physique et barrière chimique. Concernant la barrière physique, le tissu de la moustiquaire constitue un rideau entre le vecteur et le dormeur et limite le contact entre ces derniers. La barrière chimique est quant-à elle due à l'insecticide qui se trouve imprégnée sur la moustiquaire qui joue un rôle meurtrier et répulsif sur l'anophèle femelle qui tente d'approcher le tissu. Mais dès lors qu'apparaitrait la résistance des vecteurs aux insecticides, la barrière chimique se trouverait anéantie. En effet, les vecteurs résistants ont une capacité à tolérer les doses d'insecticides présentes sur la moustiquaire. Toutes choses qui laisseraient à penser à une baisse de l'efficacité de la moustiquaire en présence de la résistance. La littérature existante à ce sujet est pour la plupart controversée, quelques unes ont montré l'efficacité et d'autres ont plutôt montré une perte.

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N'existant pas encore de vaccin homologué contre le paludisme, la réduction du risque d'infec-tion palustre passe par l'évitement au maximum possible, des piqûres de moustiques. L'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticides et d'autres moyens de lutte antivectorielle constituent alors les principaux moyens pouvant ramener la transmission du paludisme à un niveau beaucoup plus faible (Alaii et al.,2003). Toutefois on observe la modification du comportement des moustiques face à cette lutte antivectorielle qui développe la résistance face aux insecticides. En plus, certains ménages n'ont pas accès à ces différents moyens de lutte. L'accessibilité aux différentes méthodes préventives ne garantissant pas toujours l'utilisation de celles-ci. Toutes choses qui contribueraient à augmenter le risque d'infection palustre. Pour mener une lutte efficace contre le paludisme, il est important, non seulement d'identifier les facteurs de risque d'infection palustre, mais surtout les différents mécanismes sociaux d'actions de ces facteurs. Ainsi, l'ampleur du paludisme dans la tranche des enfants de moins de 5 ans et la portée du phénomène de résistance des vecteurs aux insecticides, suscitent quelques interrogations : quels sont les facteurs de risque d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans? quelle est l'influence de la résistance des vecteurs aux insecticides sur le risque d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans ? Pour tenter de répondre à ces questions, nous nous restreindrons au cas de la région du Nord Cameroun; car cette région est celle affichant le taux le plus élevé de morbidité palustre chez les enfants de moins de 5 ans (PNLP, 2010). De plus, dans cette région, plus précisément dans le district de Pitoa a été observée une résistance métabolique de la population des An. gambiae s.l aux insecticides (Etang et al, 2007).

Objectif général: Rechercher les déterminants de l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans et voir l'influence de la résistance des vecteurs aux insecticides sur le risque d'infection palustre.

Objectifs spécifiques: il s'agira plus spécifiquement:

- d'identifier les facteurs sociaux (culturels, démographiques, économiques et environnementaux) de l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans;

- de hiérarchiser ces facteurs;

- de mettre en exergue les mécanismes sociaux à travers lesquels ces facteurs agissent sur l'infection palustre.

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- de voir l'influence de la résistance des vecteurs sur l'efficacité de la moustiquaire imprégnée.

Intérêt de l'étude:

- Comme le disait William Bragg, « Le plus important en science n'est pas tellement d'obtenir des faits nouveaux, mais de découvrir de nouvelles manières d'y penser.». Précisément, pour notre étude, la littérature sur les facteurs à risque du paludisme est abondante. Cette littérature aborde les facteurs à risque du paludisme d'un point de vue essentiellement épidémiologique et biomédical. Les travaux scientifiques conceptualisant le paludisme chez les enfants de moins de 5 ans d'un point de vue social sont presque inexistantes. Alors que la réalité du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans s'intègre dans un système social. A partir de la littérature existante, nous essayerons de déterminer un cadre conceptuel de l'infection palustre. Cette conceptualisation pourrait permettre de comprendre les mécanismes sociaux qui sous-tendent l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans.

- Sur le plan politique, cette étude pourrait fournir aux pouvoirs publics des éléments qui permettraient de rendre plus efficace les politiques et programmes de lutte et de contrôle du paludisme. ceci dans l'optique de réduire la mortalité et la morbidité liées au paludisme.

Notre travail sera structuré ainsi qu'il suit: dans le chapitre 1, nous présenterons le contexte général du pays et en particulier celui de la Région du Nord Cameroun; le chapitre 2 sera dédié au cadre théorique. C'est dans ce chapitre que nous ferons une synthèse de la littérature sur le phénomène étudié pour tenter d'élaborer un cadre conceptuel et des hypothèses sur lesquelles va s'appuyer notre étude. Dans le chapitre 3, nous opérationaliserons les variables et présenterons les outils et les méthodes statistiques. Enfin, le chapitre 4 sera réservé à l'essai d'explication du risque d'infection palustre chez les enfants, ceci se fera à travers l'analyse des données empiriques.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera