YAOUNDE II
UNIVERSITE DE
ORGANISME INTERGOUVERNEMENTAL
INSTITUT DE FORMATION ET DE
RECHERCHE DEMOGRAPHIQUES
gaiffeat det ~~ d Wfliedfriff ta
4'w 20/I
Année académique 2013-2014-34 ème
promotion
LES DETERMINANTS DE L'INFECTION PALUSTRE CHEZ
LES ENFANTS DE MOINS DE 5 ANS DANS LA RÉGION DU
NORD CAMEROUN
Mémoire présenté et soutenu
par
W. SAARDIEArsène Brunelle
En vue de l'obtention du Diplôme de
MAS2ERPRO2 ESSIO.9VWEG ENgYEMOGW.A
fIE
Comité d'encadrement
Pr. RWENGE MBURANO Jean-Robert,
Directeur Dr. NGUENDO-YONGSI Blaise,
Lecteur
Yaoundé, octobre 2014
IFORD ·® BP 1556 - Yaoundé
(CAMEROUN) · Ema/l : /ford@/
ford-cm.org · Web :
www./
ford-cm.org
Tél.: (+237) 22 22 24 71 / 22 23 29 47 / 22 03 44
12 / 22 22 35 79 · Fax : (+237) 22 22 67
93
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 i
Avant-Propos
Les opinions, les af~rmations et interprétations
contenues dans ce document sont propres à son auteur et n'engage en
aucun cas l'Institut de FOrmation et de Recherche Démographique
(IFORD)
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 ii
Dédicaces
À la famille KOUOKAM,
L'on ne choisit pas où on naît, mais
naître dans une famille où solidarité, fraternité,
convivialité et amour sont les valeurs les mieux partagées est
une chance.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 iii
Remerciements
Ce mémoire est l'aboutissement d'un long et laborieux
travail qui a demandé l'assistance et le soutien de plusieurs personnes
et personnalités. Nous tenons à remercier:
Le Gouvernement Camerounais et
particulièrement le Ministère de l'Economie, de la
Planification et de l'Aménagement du Territoire, qui a
financé nos études au cours de ces deux années à
l'Institut de FOrmation et recherche Démographique (IFORD).
Le Pr. RWENGE MBURANO Jean-Robert, pour avoir
accepté de diriger ce travail, pour sa disponibilité, pour ses
encouragements, pour ses observations et ses remarques pertinentes.
Le Dr. NGUENDO-YONGSI Blaise, pour sa
disponibilité, ses conseils, ses critiques et ses remarques
pertinentes.
Tous mes enseignants de l'Institut de Formation et de
Recherche Démographique (IFORD), pour m'avoir transmis un
capital de savoir qui sera sans doute la base de mes compétences dans le
domaine de la recherche en sciences sociales.
Tous les membres de la famille KOUOKAM, pour
leurs soutiens indéfectibles et inconditionnels, tant sur le plan
financier que sur le plan moral et pour toujours avoir cru en moi. Voyez en ce
travail, le fruit de l'ensemble des efforts consentis par vous à mon
égard.
Mes camarades de promotion, pour les
difficultés que nous avons rencontrées et surmontées
ensemble.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 iv
Mes compagnons, de tous les jours,
particulièrement à KENGNE Éric Arneaud Vespira, Fokoueng
W. Francis et Namekong Dagha Sinclair pour leurs soutiens.
Mokam Fopoussi Marie Noelle, pour ses
encouragements et son soutien sans faille.
A toutes les personnes qui de près ou de loin m'ont
soutenu dans ce travail et que je n'aurait pas cité.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 v
Abréviations
AMC: Advanced Market Commitement
An. Gambiae sl : Anophèle Gambiae au
Sens Large
An. Gambiae ss : Anophèle Gambiae au
Sens Strict
BUCREP : Bureau Central des Recensements et
des Études de Population
CAPR : Centre d'approvisionnement Pharmaceutique
Régional
CDD : Contrat Désendettement et Développement
CM : Chef de Ménage
CNPS : Caisse Nationale de la Prévoyance Sociale
CSI: Centre de Santé Intégré
CTA : Combinaison Thérapeutique d'Artemisinine
DDT: Dicloro-Diphényl-Trichloroéthane
ECAM : Enquête Camerounaise Auprès des
Ménages
FMSTP : Fond Mondial de lutte contre le Sida,
la Tuberculose et le Paludisme
GAVI : Global Alliance for Vaccination and Immunization
IAM: Initiative d'Allègement de la dette
Multilatérale
IDH : Indice de Développement Humain
INS: Institut National de la Statistique
MII : Moustiquaire Imprégnée d'Insecticide
MIILDA : Moustiquaire Imprégnée
d'Insectice à Longue Durée d'Action
OCEAC : Organisation de la Coordination pour
la lutte contre les Endémies en Afrique Centrale
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 vi
OMD : Objectifs du Millenaire pour le Développement
OMS: Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisme Non Gouvernemental
P. Falciparum : Plasmodium Falciparum
PIB : Produit Intérieur Brut
PID : Pulvérisation Intradomiciliaire d'Insecticide
PNLP : Programme National de Lutte contre le Paludisme
PPTE : Pays Pauvre et Très Endetté
SP : Sulfadoxine-Pyrimethamine
SUFI: Scaling Up Malaria control For Impact
TDR : Test de Diagnostic Rapide
UMVF : Université Médicale Virtuelle
Francophone
VIH/SIDA : Virus de
l'Immuno-déficience Humaine/Syndrome de l'Immuno-défience
Acquise
WHOSIS : World Heath Organisation Iformation
System
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 vii
Table des matières
Avant-Propos i
Dédicaces i
Remerciements ii
Abréviations iv
Résumé xiv
Abstract xiv
Introduction 1
1 Contexte général de l'étude
6
1.1 Contexte géographique 6
1.1.1 Le climat 7
1.1.2 Les zones écologiques et les faciès
épidémiologiques du paludisme . . . 7
1.2 Contexte démographique 11
1.3 Contexte socioéconomique 11
1.4 Contexte sanitaire 13
1.4.1 Cadre organisationnel du système de santé
13
1.4.2 Performance du système sanitaire 15
1.5 Épidémiologie du Paludisme au Cameroun 16
1.5.1 Morbidité et mortalité liées au
paludisme 16
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES
MATIÈRES
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 viii
1.5.2 Évolution de la lutte contre le paludisme 17
1.5.3 Prévention 18
1.5.4 Prise en charge 19
1.6 Présentation générale de la
région du Nord Cameroun 19
1.6.1 Contexte général du Nord Cameroun 19
1.6.2 Épidémiologie du paludisme dans la
région du Nord Cameroun 19
2 Cadre théorique 22
2.1 Aspects généraux sur le paludisme 22
2.1.1 Définition du paludisme et mode de transmission
22
2.1.2 Cycle du plasmodium chez le vecteur et chez l'hôte
23
2.1.3 Dynamique de la transmission 25
2.1.4 Symptômes et traitement du paludisme 25
2.1.5 Population à risque 26
2.1.6 Prévention du paludisme 26
2.1.7 Résistance des vecteurs 28
2.1.8 Facteurs favorisant la résistance des vecteurs
29
2.2 Efficacité des principales méthodes
préventives 30
2.2.1 Impact de la moustiquaire sur la transmission du paludisme
30
2.2.2 Efficacité des moustiquaires
imprégnées sur l'anophèle femelle résistante
32
2.2.3 Impact de la Pulvérisation intradomiciliaire
d'insecticide à effet rémanent
(PID) sur la transmission du paludisme 32
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre 33
2.3.1 Approches climatiques et socio-environnementales 33
2.3.2 Approches socio-démographiques 36
2.3.3 Approches socioculturelles 37
2.3.4 Approches génétiques et immunologiques
40
2.3.5 Approches socioéconomiques 41
2.4 Cadre conceptuel 42
2.4.1 Hypothèse générale et schéma
conceptuel 42
2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs 44
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES
MATIÈRES
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 ix
2.5.1 Contexte de résidence 45
2.5.2 Facteurs environnementaux 45
2.5.3 Facteurs socioculturels 45
2.5.4 Connaissances et perceptions du paludisme 46
2.5.5 Facteurs socioéconomiques 46
2.5.6 Caractéristiques du ménage 47
2.5.7 Cadre d'habitation du ménage 47
2.5.8 Caractéristiques de l'enfant 48
2.5.9 Variables intermédiaires 48
2.5.10 Résistance des vecteurs aux insecticides 49
2.6 Cadre d'analyse 51
2.6.1 Hypothèses spécifiques 51
2.6.2 Schéma d'analyse 51
3 Aspects Méthodologiques 54
3.1 Données utilisées 54
3.1.1 Enquête sur «L'impact résistance dans la
région du Nord Cameroun 2012» 54
3.1.2 Plan d'échantillonnage 55
3.1.3 Informations collectées 55
3.2 Evaluation de la qualité des données 58
3.2.1 Taux de non-réponse des variables 58
3.2.2 Données sur l'âge et le sexe de l'enfant
58
3.3 Distributions des fréquences des variables 60
3.3.1 Variable à expliquer 60
3.3.2 Variables explicatives 61
3.4 Méthodes d'analyse 66
3.4.1 Méthode statistique d'analyse descriptive
bivariée 66
3.4.2 Régression semi-paramétrique de Cox 67
3.4.3 Modèle de durée de vie
accélérée 68
3.4.4 Hiérarchisation des facteurs explicatifs du risque
d'infection palustre . . 69
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES
MATIÈRES
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 x
4 Essai d'explication de l'infection palustre
71
4.1 Analyse différentielle du risque palustre 71
4.1.1 Infection palustre et contexte de résidence 71
4.1.2 Milieu de résidence et utilisation de moustiquaire
72
4.1.3 Infection palustre et Facteurs socioculturels 73
4.1.4 Infection palustre et Caractéristiques du
ménage 73
4.1.5 Infection palustre et Caractéristiques de l'enfant
75
4.1.6 Résistance et efficacité des moustiquaires
77
4.2 Essai d'explication de l'infection palustre 78
4.2.1 Test de l'hypothèse de proportionnalité
78
4.2.2 Qualité de l'ajustement du modèle aux
données 79
4.2.3 Spécification des modèles utilisés
80
4.2.4 Les déterminants de l'infection palustre chez les
enfants de moins de 5 ans 80
4.2.5 Hiérarchisation des facteurs explicatifs de
l'infection palustre 83 4.3 Mécanismes d'actions des effets des
variables explicatives sur le risque d'infection
palustre 84
4.3.1 Influence du contexte 84
4.3.2 Influence des caractéristiques du ménage
84
4.3.3 Effets nets de la non utilisation de moustiquaire sur le
risque d'infection
palustre 85
4.3.4 Effets nets de la résistance des vecteurs sur
l'infection palustre 85
4.4 Discussion des résultats 86
4.4.1 Vérification des hypothèses 88
Conclusion 88
Bibliographie 92
Annexe A : Quelques notions en
économétrie des données de survie A
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 xi
Liste des Tableaux
1.1 Indicateurs sociodémographiques de base 11
1.2 structure pyramidale du système de santé au
Cameroun 14
1.3 Situation des indicateurs de ressources en 2009 au
Cameroun par rapport aux
normes OMS 15
2.1 Catégorisation de la résistance 29
2.2 Illustration des concepts et variables 50
3.1 Taux de non-réponses des différentes
variables 58
4.1 Information sur l'ajustement du modèle aux
données 79
4.2 Effets nets et bruts des variables indépendantes
sur le risque d'infection palustre . 81
4.3 Contribution des variables à l'explication de
l'infection palustre 83
4.4 Vérification des hypothèses 89
4.5 Vérification de l'hypothèse de
proportionnalité du modèle de Cox G
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 xii
Liste des Figures
1.1 Carte d'endémicité du paludisme au Cameroun
10
1.2 Évolution des cas et de la morbidité
palustre au Cameroun entre 2007 et 2010 . . 17
2.1 Cycle du plasmodium chez l'Homme et chez l'anophèle
24
2.2 Schéma de Ross (1911) de la transmission du paludisme
faisant intervenir l'hôte
humain et le vecteur moustique 25
2.3 Schéma conceptuel de l'infection palustre chez les
enfants de moins de 5 ans . . 43
2.4 Schéma d'analyse du risque d'infection palustre chez
les enfants de moins de 5 ans 52
3.1 Carte des localités ou clusters de l'étude
57
3.2 Effectif des enfants en fonction de l'âge (en mois)
59
3.3 Effectif des enfants en fonction des groupes d'âges (en
mois) 59
3.4 Répartition des enfants de l'étude selon le
statut d'infection 61
3.5 Densité empirique de la durée de
réalisation des évènements E et F
61
3.6 Répartition des enfants inclus dans l'étude
selon le milieu de résidence 62
3.7 Répartition des enfants inclus dans l'étude
selon le niveau d'instruction du CM . 63
3.8 Répartition des enfants inclus dans l'étude
selon le sexe 64
3.9 Répartition des enfants selon l'utilisation de la
moustiquaire imprégnée 65
3.10 Répartition des enfants selon l'utilisation de la
moustiquaire imprégnée 66
4.1 Courbe de survie de Kaplan-Meier du risque palustre par
région de résidence. . . . 72 4.2 Courbe de survie de
Kaplan-Meier du risque palustre selon le type d'habitat.....73 4.3 Courbe de
survie de Kaplan-Meier du risque palustre selon le type d'habitat.....74 4.4
Courbe de survie de Kaplan-Meier du risque palustre selon le sexe de l'enfant.
. . . 75
LISTE DES FIGURES LISTE DES FIGURES
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 xiii
4.5 Répartition des enfants infectés du
paludisme par sexe selon l'utilisation de mous-
tiquaire 76
4.6 Courbe de survie de Kaplan-Meier du risque palustre selon
l'age de l'enfant 77
4.7 Courbe de survie de Kaplan-Meier du risque palustre selon
l'utilisation des mous-
tiquaires pour les enfants 78
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 xiv
Résumé
Dans ce travail, Nous recherchons les déterminants de
l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la région
du Nord Cameroun, ceci en tenant compte du phénomène de
résistance des vecteurs aux insecticides. Nous avons à partir de
la revue de littérature, identifié les déterminants de
l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans, ce qui nous a permis
d'éla-borer un cadre conceptuel et d'émettre des
hypothèses de travail. Pour mener à bien notre étude, nous
avons utilisé les données du projet «impact
résistance dans la région du Nord Cameroun»
réalisé par le Programme National de Lutte contre le Paludisme
(PNLP) en 2012. Pour vérifier nos hypothèses, nous avons
utilisé les méthodes statistiques d'analyse descriptive et
explicative. Au niveau descriptif, nous avons essentiellement utilisé
les courbes de survie de Kaplan-Meier. Au niveau explicatif, nous avons dans un
premier temps appliqué la régression semi paramétrique de
Cox à risque proportionnel. Mais l'hypothèse de
proportionnalité n'a pas été vérifiée pour
plusieurs variables pertinentes pour notre étude. Ce modèle
devenant impertinent, nous avons eu recours au modèle de durée de
vie accélérée pour contourner la difficulté. Nous
avons utilisé la statistique du ÷2 pour calculer la contribution
relative des facteurs à risque de l'infection palustre.
De manière générale , il en ressort que
l'utilisation de la moustiquaire est le facteur le plus déterminant de
l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la région
du Nord Cameroun. Ensuite, le type de matériel de construction de la
maison d'habitation est le second facteur le plus associé à
l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Le milieu de
résidence est le troisième facteur le plus associé
à l'infection palustre. Enfin, le niveau de résistance des
vecteurs est le dernier facteur le plus associé à l'infection
palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la région du Nord
Cameroun. Il ressort également que même si le niveau de
résistance des vecteurs a été significativement
associé à l'infection palustre, il reste que la moustiquaire
demeure efficace.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 xv
Abstract
In this work, we are seeking the determinants of malaria
infection in children under 5 in the region of North Cameroon, all taking into
account the phenomenon of vector resistance to insecticides. We have from the
literature review, identify the determinants of malaria infection in children
less than 5 years, which has enabled us to develop a conceptual framework and
to make assumptions. To carry out our study, we used data from the project
`impact resistance in the region of North Cameroon 'conducted by the National
Programme for the Fight against Malaria in 2012 to test our hypotheses, we used
statistical methods for analysis and descriptive. At the descriptive level, we
have essentially used the survival curves of Kaplan-Meier. The explanatory
level, we initially applied the semi-parametric regression Cox proportional
hazard. But the proportionality assumption has not been verified for several
variables relevant to our study. This model being sassy, we used the model of
accelerated life to overcome the difficulty. We used the ÷2
statistic to calculate the relative contribution of risk factors for
malaria infection.
Basically, it appears that the use of the net is the most
important determinant of malaria infection in children under 5 in the region of
North Cameroon factor. Then the type of equipment to build the dwelling is the
second most associated with malaria infection in children under 5 factor. Place
of residence is the third most associated with malaria infection factor.
Finally, the level of vector resistance is the last most associated with
malaria infection in children under 5 in the region of North Cameroon factor.
It is also clear that even if the level of vector resistance was significantly
associated with malaria infection, it remains that the net remains
effective.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 1
Introduction
La plupart des pays d'Afrique subsaharienne reste
marquée par un contexte sanitaire préoccupant, on y observe des
maladies spécifiques à cette zone dites maladies tropicales;
choléra, bilharzioses, fillarzioses, typhoïde, paludisme etc.. sont
quelques unes de ces maladies. De toutes ces maladies, le paludisme est la plus
préoccupante et constitue un réel problème de santé
publique dans ces pays en général et au Cameroun en particulier.
Selon l'OMS, en 2012 près de 207 millions de cas ont été
observés dont 80% en Afrique. Environ 627 000 décès
étaient dus au paludisme, avec 90% de ces décès en Afrique
subsaharienne. Les enfants de moins de 5 ans avec 77% de décès
payent le lourd tribu de cette maladie (OMS, 2013).
Selon l'ESDS-MICS (2011), la prévalence du paludisme
est estimée à 30% au Cameroun et on y observe des
disparités nationales avec certaines régions affichant une
prévalence supérieure au seuil national (Nord, Sud, Sud-Ouest,
Adamaoua, Est et Centre). Selon le Programme National de Lutte contre le
Paludisme PNLP (2011) au Cameroun, le paludisme représente la
première cause (41%) de mortalité infanto-juvénile et de
morbidité (52%) chez les enfants de moins de 5 ans, ce qui affecte
l'état et la structure de la population. Sur le plan économique,
le paludisme présente de nombreuses conséquences tant sur le plan
micro que sur le plan macro. Sur le plan microéconomique, Il
représente 31% des consultations toutes causes confondues, 44% de toutes
les hospitalisations et 40% des dépenses de santé annuelle des
ménages. Le paludisme a des effets néfastes sur la
productivité des travailleurs, en effet, près de 26% des cas
d'absence en milieu professionnel sont dus au paludisme au Cameroun. Sur le
plan macroéconomique, les études ont montré que le
Cameroun perd chaque année à peu près 2.3% de son PIB
annuel pour la lutte contre le paludisme.
Le gouvernement Camerounais avec l'appui des institutions
internationales ne reste pas indifférent face à cette situation.
Parmi les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD),
Introduction Introduction
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 2
figure la lutte contre le paludisme, il s'agit
précisément de l'OMD N°6 : réduction des cas de
paludisme de 50% d'ici 2015.
Depuis l'adhésion du Cameroun à l'initiative
mondiale «Roll Back Malaria» il y a seize ans (1998), des efforts
remarquables ont été déployés par l'Etat du
Cameroun et ses partenaires internationaux et nationaux, dans tous les domaines
de la lutte contre le Paludisme. En accord avec l'initiative «Roll Back
Malaria», le PNLP a adopté dans son document stratégique de
lutte contre le paludisme 2010-2015 les objectifs suivants:
- de rendre accessible à 80% de la population, au moins
un moyen de prévention (antivec-torielle ou chimioprévention)
d'ici 2015;
- de faire bénéficier à au moins 80% des
cas de fièvre un diagnostic et un traitement appropriés contre le
paludisme.
C'est dans cette optique qu'en 2011, le projet «Scaling
Up malaria control For Impact in Cameroon 2011-2015 » (SUFI),
organisé par le gouvernement camerounais et financé par le Fonds
Mondial de lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme (FMSTP) ont
lancé une vaste campagne de distribution gratuite des Moustiquaires
Imprégnées d'Insecticide à Longue Durée d'Action
(MIILDA). Ceci dans le but d'impacter significativement sur la mortalité
et la morbidité dues au paludisme (INS, 2013). Pendant cette campagne,
environ 8 115 879 de MIILDA ont été distribuées.
Malgré cette campagne, le pays est loin de la couverture universelle de
MIILDA, en effet 34.2% de ménages ne disposent pas de MIILDA. On observe
encore au pays une proportion importante (53.6%) d'enfants de moins de 5 ans
qui ne dorment pas sous MIILDA, et de nombreuses disparités
régionales persistent. Certaines régions (Extrême-Nord,
Ouest, Centre et Nord), ont des proportions d'enfants dormant sous MIILDA
inférieures au niveau national.
La Moustiquaire Imprégnée d'Insecticide demeure
l'outil de lutte antivectorielle la plus efficace, c'est la raison pour
laquelle cet outil reste et demeure le plus recommandé. Cependant, la
propagation de la résistance aux insecticides des anophèles
gambiae, principaux vecteurs du paludisme au Cameroun, constitue un
problème majeur, à court et à long terme pour la mise en
place des stratégies d'intervention sur le vecteur responsable de la
propagation du paludisme au Cameroun.
Face à cette situation, la fondation Bill et Melinda
Gates a financé, à travers l'OMS, un projet étalé
sur quatre années à partir de 2011. Ce projet est mis sur pied
dans quatre pays, à savoir le Benin, le Cameroun, le Soudan et le Kenya.
Il a pour but d'évaluer l'impact de la résistance aux
Introduction Introduction
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 3
insecticides sur l'efficacité des Moustiquaires
Imprégnées d'Insecicides à Longue Durée d'Action
(MIILDA). Il s'articule autour de deux volets:
- un volet épidémiologique et
socio-économique géré par le Programme National de Lutte
contre le Paludisme (PNLP);
- un volet entomologique (basé sur l'étude de la
transmission du paludisme, la résistance aux insecticides, le
comportement des vecteurs vis-à-vis des insecticides) géré
par l'Organisation de Coordination pour la lutte contre les Endémies en
Afrique Centrale (OCEAC).
S'agissant du Cameroun, la région du Nord a
constitué la première cible de l'étude. En effet, Etang et
al (2007), ont démontré que dans cette région du pays,
plus précisément dans la localité de Pi-toa, il existe une
résistance métabolique de la population des An. gambiae s.l aux
insecticides. La région du Nord Cameroun a une superficie de 66 090
km2 pour une densité de 13
hab/km2. Sa population est composée de plusieurs
ethnies : les Bororos qui sont généralement des éleveurs,
les Haoussas essentiellement commerçants, les Lakas, Toupouris, Massas,
Matakams, sont pour la plupart agriculteurs. L'agriculture et l'élevage
occupent 90% de cette population. C'est dans cette région que se trouve
la plus grande firme agricole de culture de coton du pays (SODECOTON). Cette
culture de coton à l'échelle industrielle oblige les exploitants
à utiliser des insecticides à grandes échelles pour
l'éradication des insectes nuisibles aux plantes. C'est donc
l'utilisation intempestive des insecticides qui serait à l'origine de
l'apparition de la résistance de l'espèce An gambiae aux
insecticides (Chouaibou et al., 2008).
La moustiquaire imprégnée d'insecticide joue un
double rôle dans la protection individuelle contre les piqûres des
vecteurs : barrière physique et barrière chimique. Concernant la
barrière physique, le tissu de la moustiquaire constitue un rideau entre
le vecteur et le dormeur et limite le contact entre ces derniers. La
barrière chimique est quant-à elle due à l'insecticide qui
se trouve imprégnée sur la moustiquaire qui joue un rôle
meurtrier et répulsif sur l'anophèle femelle qui tente
d'approcher le tissu. Mais dès lors qu'apparaitrait la résistance
des vecteurs aux insecticides, la barrière chimique se trouverait
anéantie. En effet, les vecteurs résistants ont une
capacité à tolérer les doses d'insecticides
présentes sur la moustiquaire. Toutes choses qui laisseraient à
penser à une baisse de l'efficacité de la moustiquaire en
présence de la résistance. La littérature existante
à ce sujet est pour la plupart controversée, quelques unes ont
montré l'efficacité et d'autres ont plutôt montré
une perte.
Introduction Introduction
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 4
N'existant pas encore de vaccin homologué contre le
paludisme, la réduction du risque d'infec-tion palustre passe par
l'évitement au maximum possible, des piqûres de moustiques.
L'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticides et
d'autres moyens de lutte antivectorielle constituent alors les principaux
moyens pouvant ramener la transmission du paludisme à un niveau beaucoup
plus faible (Alaii et al.,2003). Toutefois on observe la modification du
comportement des moustiques face à cette lutte antivectorielle qui
développe la résistance face aux insecticides. En plus, certains
ménages n'ont pas accès à ces différents moyens de
lutte. L'accessibilité aux différentes méthodes
préventives ne garantissant pas toujours l'utilisation de celles-ci.
Toutes choses qui contribueraient à augmenter le risque d'infection
palustre. Pour mener une lutte efficace contre le paludisme, il est important,
non seulement d'identifier les facteurs de risque d'infection palustre, mais
surtout les différents mécanismes sociaux d'actions de ces
facteurs. Ainsi, l'ampleur du paludisme dans la tranche des enfants de moins de
5 ans et la portée du phénomène de résistance des
vecteurs aux insecticides, suscitent quelques interrogations :
quels sont les facteurs de risque d'infection palustre chez les enfants de
moins de 5 ans? quelle est l'influence de la résistance des vecteurs aux
insecticides sur le risque d'infection palustre chez les enfants de moins de 5
ans ? Pour tenter de répondre à ces questions, nous
nous restreindrons au cas de la région du Nord Cameroun; car cette
région est celle affichant le taux le plus élevé de
morbidité palustre chez les enfants de moins de 5 ans (PNLP, 2010). De
plus, dans cette région, plus précisément dans le district
de Pitoa a été observée une résistance
métabolique de la population des An. gambiae s.l aux insecticides (Etang
et al, 2007).
Objectif général: Rechercher
les déterminants de l'infection palustre chez les enfants de moins de 5
ans et voir l'influence de la résistance des vecteurs aux insecticides
sur le risque d'infection palustre.
Objectifs spécifiques: il s'agira plus
spécifiquement:
- d'identifier les facteurs sociaux (culturels,
démographiques, économiques et environnementaux) de l'infection
palustre chez les enfants de moins de 5 ans;
- de hiérarchiser ces facteurs;
- de mettre en exergue les mécanismes sociaux à
travers lesquels ces facteurs agissent sur l'infection palustre.
Introduction Introduction
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
5
- de voir l'influence de la résistance des vecteurs sur
l'efficacité de la moustiquaire imprégnée.
Intérêt de l'étude:
- Comme le disait William Bragg, « Le plus important en
science n'est pas tellement d'obtenir des faits nouveaux, mais de
découvrir de nouvelles manières d'y penser.».
Précisément, pour notre étude, la littérature sur
les facteurs à risque du paludisme est abondante. Cette
littérature aborde les facteurs à risque du paludisme d'un point
de vue essentiellement épidémiologique et biomédical. Les
travaux scientifiques conceptualisant le paludisme chez les enfants de moins de
5 ans d'un point de vue social sont presque inexistantes. Alors que la
réalité du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans
s'intègre dans un système social. A partir de la
littérature existante, nous essayerons de déterminer un cadre
conceptuel de l'infection palustre. Cette conceptualisation pourrait permettre
de comprendre les mécanismes sociaux qui sous-tendent l'infection
palustre chez les enfants de moins de 5 ans.
- Sur le plan politique, cette étude pourrait fournir
aux pouvoirs publics des éléments qui permettraient de rendre
plus efficace les politiques et programmes de lutte et de contrôle du
paludisme. ceci dans l'optique de réduire la mortalité et la
morbidité liées au paludisme.
Notre travail sera structuré ainsi qu'il suit: dans le
chapitre 1, nous présenterons le contexte général du pays
et en particulier celui de la Région du Nord Cameroun; le chapitre 2
sera dédié au cadre théorique. C'est dans ce chapitre que
nous ferons une synthèse de la littérature sur le
phénomène étudié pour tenter d'élaborer un
cadre conceptuel et des hypothèses sur lesquelles va s'appuyer notre
étude. Dans le chapitre 3, nous opérationaliserons les variables
et présenterons les outils et les méthodes statistiques. Enfin,
le chapitre 4 sera réservé à l'essai d'explication du
risque d'infection palustre chez les enfants, ceci se fera à travers
l'analyse des données empiriques.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
6
CHAPITRE 1
CONTEXTE GÉNÉRAL DE L'ÉTUDE
1 Dans ce chapitre, nous
présenterons le contexte géographique, socioéconomique,
socio-démographique du pays en général et de la
région du Nord en particulier et enfin nous présenterons
l'évolution de la lutte contre le paludisme. Ce chapitre nous permettra
de comprendre le cadre dans lequel s'inscrit le problème
étudié, ce qui nous facilitera l'analyse et les commentaires des
résultats afin de proposer des recommandations appropriées.
1.1 Contexte géographique
Le Cameroun est un pays de l'Afrique Centrale, il est
situé juste au dessus de l'équateur et est ouvert sur
l'océan Atlantique. Il est limité à l'Ouest par le
Nigeria, au Nord-Est par le Tchad, à l'Est par la République
Centrafricaine (RCA) au Sud par le Congo, le Gabon et Guinée Equatorial.
Il est situé au fond du Golfe de Guinée entre les
2ème et le 13ème
degrés de la latitude Nord et les 9ème et le
16ème degrés de la longitude Est. Il couvre
une superficie de 475 650 Km2 et est subdivisé en
régions; on y dénombre au total 10 régions administratives
placées chacune sous l'autorité d'un gouverneur de région.
Le pays est constitué de deux grandes parties communément
appelées Grand-nord et Grand-sud, occupant respectivement les parties
septentrionale et méridionale du pays. Chaque partie est
constituée d'un ensemble de régions ayant des
caractéristiques communes. Le pays possède une grande variante
climatique et une grande diversité de zones écologiques, ce qui
l'expose ainsi à de nombreux faciès2
épidémiologiques du paludisme. Les différents climats
existant sont favorables d'une façon ou d'une autre au
développement des vecteurs responsables
1. Les informations contenues dans cette section, sauf mention
explicite du contraire sont contenues dans le
Plan Stratégique National de Lutte contre le Paludisme
2011-2015 du ministère de la santé publique du Cameroun
2. Selon Carnevale « un faciès est un ensemble de
lieux dans lesquels le paludisme présente les mêmes carac-
téristiques de transmission, de développement de
l'immunité et de manifestations pathologiques »
1.1 Contexte géographique Contexte
général de l'étude
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 7
du paludisme (PNLP, 2007)
1.1.1 Le climat
Le Cameroun possède deux grands domaines climatiques
que sont le domaine tropical dans la partie septentrionale et le domaine
équatorial dans la partie méridionale. Dans la partie
septentrionale, le climat est en général sec et chaud, au fur et
à mesure que l'on avance vers le Lac Tchad, le climat dévient
davantage chaud et on peut distinguer trois grandes nuances:
- Le climat tropical humide d'altitude, se trouve dans le
plateau de l'Adamaoua, avec une saison sèche relativement courte de 4
à 5 mois et une saison pluvieuse relativement longue de 8 à 9
mois;
- le climat tropical soudanien, se trouve dans le bassin de la
Bénoué (région du Nord) avec une saison sèche de 6
mois et une saison de pluie de 6 mois;
- Le climat tropical sahélien qui se trouve dans la
région de l'extrême-Nord, avec une saison de pluie qui dure entre
3 et 5 mois et une très longue saison sèche qui dure entre 7 et 9
mois en moyenne.
Dans la partie méridionale, le climat est en
général pluvieux, et on peut y distinguer deux grandes
nuances:
- le type guinéen qui se trouve dans la région
du Sud Cameroun; il possède 2 saisons sèches et 2 saisons de
pluies, il est caractérisé par une pluviométrie abondante
(plus de 1500 mm/an);
- le type camerounien se trouve dans les régions du
sud-ouest et des hauts plateaux de l'ouest, il possède une longue saison
de pluie qui dure en moyenne 9 mois et une courte saison sèche qui dure
en moyenne 4 mois.
En matière d'hydrographie, le Cameroun est doté
de nombreux fleuves, rivières et lacs dans 4 bassins principaux : le
bassin de l'Atlantique (Sanaga, Nyong, Wouri), celui du Congo (Kadéi,
Ngoko), celui du Niger (Bénoué) et celui du Tchad (Logone).
1.1.2 Les zones écologiques et les faciès
épidémiologiques du paludisme
Le Cameroun possède une très grande
diversité de zones écologiques, ce qui fait de lui
«l'Afrique en miniature». Ces différentes zones
écologiques donnent lieu aux différents faciès
épi-
1.1 Contexte géographique Contexte
général de l'étude
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 8
démiologiques du paludisme. On dénombre 03
grandes zones épidémiologiques au Cameroun : les forêts,
les savanes et le sahel. La répartition des vecteurs du paludisme et
leur résistance dépendent des zones écologiques.
Les forets du Cameroun couvrent 22.5 millions d'hectare, ce
qui correspond à peu près à 47% du territoire nationale
(Atlas Nationale, 2012). Ces forêts couvrent essentiellement le Grand Sud
du pays (régions du Centre, de l'Est, du Littoral, du Sud et du
Sud-Ouest), les deux principaux types de vecteurs du paludisme
représentés sont les An. gambiae s.s à 99.7% et les An.
arabiensis à 0.3% (PNLP, 2007). Dans cette zone, la période de
transmission est très grande et dure entre 7 et 12 mois et les taux
d'inoculation sont de l'ordre d'une centaine de piqûres infectantes par
homme par mois (INS, 2013).
Pour ce qui est des savanes, on distingue:
- les savanes péri forestières qui
s'étendent des marges septentrionales des forêts denses humides au
rebord méridional du plateau de l'Adamaoua, vers le
6ème degré de latitude Nord;
- les savanes soudaniennes du plateau de l'Adamaoua,
comportant les ligneux typiques des forêts sèches;
- les savanes soudano-sahéliennes de la cuvette de la
Bénoué où les fortes charges humaines rendent comptent de
la dégradation qualitative et quantitative des ressources ligneuses et
herbacées (Atlas Nationale, 2012).
Les savanes sont généralement détruites
par le phénomène de feux de brousses, ceci pour le renouvellement
du pâturage et pour des questions de salubrité. Dans cette zone,
c'est An. arabiensis avec 75% qui domine contre 25% pour An. gambiae s.s. Dans
cette zone, on observe une période de transmission de 4 à 6 mois,
cette transmission est intense pendant la période de pluies et peut
atteindre une vingtaine de piqûres infectantes par homme par mois (INS ,
2013).
Le domaine sahélien est soumis aux aléas
climatiques et supporte localement des fortes charges humaines et animales. Les
manifestations de la désertification sont les plus visibles
(augmentation des températures, baisse de la pluviométrie,
assèchement et ensablement des cours d'eau). Depuis plus d'une vingtaine
d'années, la ceinture de production de certaines cultures comme le coton
ou le maïs s'est déplacée de plusieurs centaines de
kilomètres vers le sud, exposant cette partie du pays à un
déficit chronique de la production agricole, ayant pour
conséquence la famine. L'assèchement
accéléré du Lac Tchad met enjeu la survie des populations
concernées.
1.1 Contexte géographique Contexte
général de l'étude
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
9
Dans ce faciès, on observe 95.5% An. arabiensis contre
seulement 4.5% de An. gambiae s.s. Dans cette zone, la période de
transmission est très courte et est comprise entre 1 et 3 mois, le taux
d'inoculation est également faible par rapport aux autres zones et est
en moyenne de dix piqûres infectantes par homme par mois.
La région du Nord Cameroun étant notre champs
d'étude, elle est essentiellement constituée de la savane et du
sahel. La carte de la figure 1.1 présente les différentes zones
d'endémicité du paludisme au Cameroun et donc les faciès
épidémiologiques du paludisme.
1.1 Contexte géographique Contexte
général de l'étude
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 10
FIGURE 1.1 - Carte d'endémicité du paludisme au
Cameroun
1.2 Contexte démographique Contexte
général de l'étude
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 11
1.2 Contexte démographique
En 2014, la population du Cameroun est
estimée à 21 657 488 d'habitants (BUCREP, 2011), ce qui
correspond à une densité de 46.47 habitants au
Km2. Les femmes y sont représentées à
50.6%, contre 49.4% pour les hommes. Les enfants de moins de 5 ans sont de 3
639 755, ce qui correspond à 16.8% de la population totale. C'est la
tranche de la population la plus vulnérable, en matière
d'infection palustre.
La pyramide des âges présente une base large,
caractéristique des pays en développement, qui se
rétrécit très rapidement au fur et à mesure que
l'âge augmente. Elle montre une forte fécondité
associée à une forte mortalité aux âges
élevés. Le tableau 1.1 résume les principaux indicateurs
démographiques de base du pays en général et ceux de la
région du Nord en particulier.
Tableau 1.1 - Indicateurs sociodémographiques de base
|
Cameroun
|
Région du Nord
|
Population (habitants)
|
21
|
657 488
|
2
|
378 489
|
Espérance de vie à la naissance (années)
|
|
57,3
|
|
64,5
|
Pourcentage de la population urbaine(%)
|
|
52
|
|
28,78
|
Indice synthétique de fécondité (Enfant par
Femme)
|
|
5,1
|
|
6,5
|
Taux Global de Fécondité Générale
(pour 1000 femmes en âge de procréer)
|
|
178
|
|
/
|
Taux de mortalité infanto-juvénile (pour 1000
enfants nés vivants)
|
|
122
|
|
191
|
Rapport de mortalité maternelle (pour 100000
naissances)
|
|
782
|
|
/
|
Prévalence du paludisme ( %)
|
|
25,9
|
|
35,0
|
Taux Net de Scolarisation (%)
|
|
75,5
|
|
55,5
|
Taux global d'alphabétisation ( %)
|
|
70,4
|
|
35,2
|
Source: RGPH3, ECAM3, ESII2, EDS-MICS-2011
1.3 Contexte socioéconomique
Le Cameroun, comme la plupart des pays en développement
a une économie essentiellement basée sur le secteur tertiaire, le
secteur agricole étant son socle principal. Le pays possède des
ressources pétrolières, forestières et minières,
qui ajoutées aux secteurs agricole et pastoral pourraient être une
base sur laquelle il pourrait s'appuyer pour catalyser son
développement. L'écono-mie du pays a été
profondément marquée par la crise économique de 1986
à 1994. Suite à l'adop-
1.3 Contexte socioéconomique Contexte
général de l'étude
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 12
tion de nombreuses politiques et programmes, le Cameroun est
sorti peu à peu de cette situation. Dès les années 1995 et
au début des années 2000, le pays a réalisé de
bonnes performances macroéconomiques, ce qui lui a permis d'être
admis à l'initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).
Ainsi de nombreux secteurs sociaux y compris celui de la santé ont
bénéficié des opportunités de financement à
l'instar du Contrat de Désendettement et de Développement (CDD)
et de l'Initiative d'Allégement de la Dette Multilatérale (IADM).
Le pays bénéficie de nouveaux mécanismes de financement de
la santé dont «la Facilité Internationale de Financement
pour la Vaccination» (International Financing Facilities for Immunization
ou IFFIm), l'Advanced Market Commitments (AMCs), le Fond Mondial de lutte
contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme, l'Alliance GAVI (Global
Alliance for Vaccines and Immunization), etc. Malgré ce
relèvement, le Cameroun reste un pays pauvre avec près de 40% de
sa population qui vit en dessous du seuil de pauvreté estimé
à 269 443 F CFA par adulte et par an (ECAM 3, 2007). En 2011, le PIB du
Cameroun atteint 25,465 millions de dollars courants (World Development
Indicators, 2012), soit 1271 dollars par habitant (World Development
Indicators, 2012), ce qui correspond à un classement parmi les pays
à revenus intermédiaires. Sur le plan humain, l'Indice de
Développement Humain du Cameroun (IDH) est passé de 0,528 en 1998
à 0,449 en 2011, soit une diminution relative de 18% en 14 ans et le
Cameroun a ainsi dégringolé de la 132 ème position qu'il
occupait en 1998 à la 150 ème sur 184 pays en 2011. Entre 2000 et
2010, il est demeuré un pays à IDH intermédiaire (entre
0,5 et 0,6). Le paludisme en plus de son impact sur l'état sanitaire de
la population, a aussi un effet non négligeable sur l'économie du
pays tant sur le plan macroéconomique que sur le plan
micro-économique. Sur le plan macroéconomique, les études
ont montré que le Cameroun perd chaque année à peu
près 2.3% de son PIB annuel pour la lutte contre le paludisme. Sur le
plan micro-économique, chez les personnes adultes, le paludisme pourrait
entrainer l'absentéisme au lieu de travail et une baisse de la
performance. selon l'ECAM 3, le paludisme est la cause de 26% des absences en
milieu professionnel. On note également dans les ménages des
enfants orphelins du fait du paludisme. On observe des absentéismes
scolaires dus au paludisme. De plus, environ 40% des dépenses de
santé annuelles des ménages sont dues au paludisme.
1.4 Contexte sanitaire Contexte général de
l'étude
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 13
1.4 Contexte sanitaire
1.4.1 Cadre organisationnel du système de
santé
Le système de santé au Cameroun est
organisé en trois niveaux: central, intermédiaire, et
périphérique.
- Le niveau central est constitué des
structures de conception, de coordination et d'en-cadrement de la politique
sanitaire ainsi que des actions de santé d'envergure nationale. Il
comprend l'Administration Centrale du Ministère de la Santé
Publique, les Projets et Programmes Spécialisés tels que le
Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), le Programme National
de lutte conte le VIH/SIDA, etc..., les Établissements Publics Autonomes
tels que le Centre Pasteur du Cameroun, CENAME, LANACOME et les formations
sanitaires de référence nationale (dont les hôpitaux
généraux et centraux).
- Le niveau intermédiaire est
constitué des 10 délégations régionales du
Ministère de la Santé Publique, qui sont des structures d'appui
technique et de coordination pour les Districts de Santé, de 13
hôpitaux régionaux et assimilés et des structures de
formations paramédicales. le Centre d'Approvisionnement Pharmaceutique
Régional (CAPR), assure au niveau régional la distribution des
médicaments.
- Le niveau périphérique est
constitué de 189 districts de santé, unités
opérationnelles qui coordonnent les activités de 1691 aires de
santé. Un réseau d'aires de santé chargées de la
couverture en soins de santé de base des populations de leur zone de
compétence. L'aire de santé constitue une zone
géographiquement délimitée, hébergeant une
population cible, résidente, comprenant un ou plusieurs villages ou
quartiers, et desservie par une ou plusieurs formations sanitaires (publiques
et/ou privées) de base, encore appelées Centre de Santé
Intégré (CSI). La gestion de l'aire de santé repose sur
des structures de dialogue qui servent de cadre, tant à la collaboration
entre les prestataires et les bénéficiaires de soins, qu'à
l'organisation de la participation communautaire en matière de
santé.
Le tableau 1.2 résume la structure pyramidale de
l'organisation du système sanitaire au Cameroun.
Le secteur de la santé au Cameroun s'articule en trois
sous secteurs : un sous secteur public, un sous secteur privé, et un
sous secteur de la médecine traditionnelle.
1.4 Contexte sanitaire Contexte général de
l'étude
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 14
Tableau 1.2 - structure pyramidale du système de
santé au Cameroun
Niveau
|
Structures administratives
|
Compétences
|
Structures de soins
|
Central
|
Services du Ministère de la Santé
Publique
|
Direction politique, Élaboration des concepts de la
politique et des stratégies
|
Hôpitaux Généraux de référence,
Centre Hospitalier et Universitaire, Hôpitaux Centraux
|
Intermédiaire
|
Délégations Régionales
|
Appui technique aux districts et aux programmes
|
Hôpitaux Régionaux et assimilés
|
Périphérique
|
Districts de Santé et Aires de Santé
|
programmes et des services de santé
|
Hôpitaux de District,
Centres Médicaux d'Arrondissement,
Centres de Santé Intégré
Centre de santé Ambulatoire
|
source: Cadre conceptuel du D.S viable
(MINSANTE)
Le sous-secteur public est constitué
de l'ensemble de tous les services et structures sanitaires relevant du
Ministère de la Santé Publique. On note également d'autres
structures sanitaires sous tutelle d'autres départements
ministériels comme le Ministère de la défense, le
Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale avec
l'hôpital de la Caisse Nationale de la Prévoyance Sociale (CNPS),
etc.
Le sous-secteur privé regroupe des
structures sanitaires privées (centre de santé, hôpitaux,
cliniques, institutions pharmaceutiques) y compris celles à but non
lucratif (confessions religieuses, associations et diverses organisations non
gouvernementales) et celles à but lucratif.
Le sous-secteur de la médecine traditionnelle
qui reste notablement le plus utilisé par la population.
L'État a créé un Service en charge de la Médecine
Traditionnelle au sein du Ministère de la
1.4 Contexte sanitaire Contexte général de
l'étude
Santé Publique pour réglementer le secteur.
1.4.2 Performance du système sanitaire
Les performances du secteur de santé au Cameroun peuvent
être appréhendées par les ressources humaines, physiques et
financières.
a) Les ressources humaines et physiques
L'effectif du personnel paramédical n'a pas
considérablement augmenté entre 2005 et 2009. Les ratios
médecins/habitants et infirmiers/habitants se sont
dégradés passant respectivement de 10 084 habitants à 14
418 pour un médecin et de 2249 à 2545 habitants pour un
infirmier. Comme le montre le tableau 1.3, la situation en terme de ressources
tant humaines que physiques y est critique et reste loin des normes
recommandées par l'OMS. Le tableau 1.3 résume le niveau des
indicateurs de ressources par rapport aux normes recommandées par
l'OMS.
Tableau 1.3 - Situation des indicateurs de ressources en 2009 au
Cameroun par rapport aux normes OMS
Ressources
|
Indicateurs
|
Valeurs au Cameroun
|
Normes OMS
|
Physiques
|
Nombres d'habitants pour un hôpital
|
106 044
|
100 000
|
|
Nombres d'habitants pour un Centre de santé
|
12 061
|
10 000
|
Humaines
|
Nombres d'habitants pour un médecin
|
14 418
|
10 000
|
|
Nombre d'habitants pour un personnel paramédical
|
3094 (en 2007)
|
3000
|
|
Nombre d'habitants pour un pharmacien
|
718 744
|
15 000
|
|
Nombre d'habitants pour un chirurgien dentiste
|
606 441
|
105 882
|
|
Source: MINSANTE 2009, lois des finances (2009).
b) Ressources financières
Les soins de santé accordés à la
population sont assurés par divers prestataires : les
établissements hospitaliers publics et privés, les praticiens
médicaux et paramédicaux libéraux, les pharmacies et les
fournisseurs d'appareillages. Au Cameroun, les principales sources de
financement de ces différentes prestations de la santé sont : les
ménages à travers le recouvrement de
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 15
1.5 Épidémiologie du Paludisme au Cameroun
Contexte général de l'étude
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 16
coûts et autres payements direct, le financement
extérieur et le budget de l'État. Les collectivités
publiques locales et les Organismes Non Gouvernementaux (ONG) y apportent une
contribution marginale.
Pour ce qui est du budget de l'État en matière
de santé, pour parvenir à la réalisation des Objectifs du
Millénaires pour le Développement (OMD), les dirigeants Africains
ce sont réunis à Abuja en 2001 et ce sont engagés lors
d'une conférence à allouer au moins 15% de leurs budgets
nationaux au secteur de la santé. Mais bons nombres de pays Africain
semblent avoir du mal à respecter cet engagement; c'est l'exemple du
Cameroun où le budget alloué en matière de santé
publique a toujours évolué en dents de scie et n'a pas
excédé 5% entre 2005 et 2009 (INS, 2010).
Les ménages quant-à eux, à travers le
recouvrement des coûts et autres paiements directs: en 2010, les
paiements directs des ménages représentaient 94,5% des
dépenses privées de santé (WHOSIS, 2012);
Selon (WHOSIS 2012), le financement extérieur en 2010,
représentait 13,2% des dépenses totales de santé. Les
soins de santé primaires constituaient les principales destinations du
financement extérieur.
L'assurance maladie: l'assurance maladie privée couvre
moins de 1% de la population alors que les dépenses (Publiques) de
sécurité sociale représentent seulement 2,6% des
dépenses publiques de santé en 2010.
Pour ce qui est des collectivités publiques locales,
bien que la santé fasse partie de leurs attributions dans le cadre de la
décentralisation, ces données actualisées ne sont pas
disponibles à temps.
Le pré-paiement est majoritairement pratiqué
dans un cadre informel (cotisations familiales, tontines et autres) mais il
existe également l'option des mutuelles de santé dont le
développement est en cours sur le territoire national.
1.5 Épidémiologie du Paludisme au
Cameroun
1.5.1 Morbidité et mortalité liées
au paludisme
Comme la plupart des pays d'Afrique Subsahérienne, le
paludisme constitue la première cause de morbidité au Cameroun.
La figure 1.2 donne l'évolution des cas et de la morbidité
liée
1.5 Épidémiologie du Paludisme au Cameroun
Contexte général de l'étude
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 17
au paludisme entre 2007 et 2010. On y observe une hausse du
taux de morbidité entre 2007 et 2008, passant de 36% en 2007 à
41% en 2008, s'en suit une baisse graduelle en 2009 passant à 38% puis
à 36% en 2010. Les enfants de moins de 5 ans demeurent le groupe le plus
vulnérable. En effet, entre 2008 et 2010, la morbidité de ce
groupe est restée supérieure à 50% bien qu'ayant une
tendance à la baisse. De 56% en 2008, elle a diminué à 54%
en 2009 et à 52% en 2010. De même, chez les femmes enceintes, bien
qu'ayant une diminution de la morbidité palustre chez cette tranche de
la population (qui passe de 49% en 2008 à 44% en 2009), la
morbidité palustre chez les femmes enceintes reste du moins
élevée et est estimée à 38% en 2010. En ce qui
concerne la mortalité, le paludisme demeure la première cause de
mortalité infanto-juvénile et on estime à 22% les
décès chez les enfants de moins de 5 ans dus au paludisme. De
plus, 67% des cas de décès dus au paludisme se trouve dans cette
tranche de la population.
FIGURE 1.2 - Évolution des cas et de la morbidité
palustre au Cameroun entre 2007 et 2010
1.5.2 Évolution de la lutte contre le
paludisme
Avant 1954, il n'existait pas encore de mesure
spécifique de lutte contre le paludisme. La principale mesure de lutte
contre le paludisme au Cameroun était avant les années 1955, la
prise en charge correcte des cas morbides. Chloroquine et Quinine
étaient utilisées pour des cas présumés.
1.5 Épidémiologie du Paludisme au Cameroun
Contexte général de l'étude
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 18
L'apparition et l'extension de la résistance de P.
falciparum aux antipaludiques ont laissé place à la lutte
antivectorielle. Cette dernière consiste essentiellement à la
destruction de l'agent vecteur anophèle femelle. L'utilisation de la
moustiquaire était réservée pour les classes aisées
(Carnevale et al, 2000). Dès 1955 des mesures effectives ont
été prises, on peut par exemple citer l'utilisation des
insecticides rémanents en traitement intradomiciliaire et le traitement
chimiothérapeutique. Si cette méthode de lutte était
efficace, sa mise en oeuvre s'est heurtee à de nombreuses contraintes
techniques et économiques. Ainsi dès les années 1980,
s'est développée une lutte basée sur la protection
individuelle par l'utilisation des moustiquaires imprégnées
d'insecticide. De nos jours, la lutte contre le paludisme est basée sur
la prévention et la prise en charge des cas de maladies. En effet, PNLP
s'est fixé comme objectifs pour 2015 :
- de rendre accessible à 80% de la population au moins un
moyen de prévention;
- de diagnostiquer 80% de cas de fièvre et d'adopter un
traitement approprié contre le paludisme.
Et pour atteindre ces objectifs, deux axes stratégiques
principaux ont été retenus par le PNLP dont la prévention
et la prise en charge.
1.5.3 Prévention
La prévention du paludisme est basée sur la
lutte antivectorielle et la prophylaxie3 du paludisme.
Pour ce qui est de la lutte antivectorielle,
les actions à entreprendre sont la distribution et
l'utilisation systématique des MIILDA par la population
générale et la couverture des ménages dans les districts
de santé ciblés par les pulvérisations intra
domiciliaires. On a observé à cet effet, une large campagne de
distribution gratuite des MIILDA auprès des ménages en 2011. Ce
qui a contribué à augmenter la proportion des ménages
utilisant les MIILDA passant de 33% en 2011 à 65,6% en 2013.
Pour ce qui est de la la prophylaxie, les
actions à mener sont de rendre disponible et d'administrer
systématiquement de la Sulfadoxine-Pyrimethamine (SP) aux femmes
enceintes.
3. Ensemble de mécanisme propre à prévenir
les maladies
1.6 Présentation générale de la
région du Nord Cameroun Contexte général de
l'étude
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 19
1.6 Présentation générale de la
région du Nord Cameroun Contexte général de
l'étude
1.5.4 Prise en charge
La prise en charge du paludisme va du diagnostic de la maladie
au traitement. Le PNLP préconise la disponibilité permanente des
intrants de diagnostic (TDR, intrants de microscopie) et le diagnostic
systématique des cas avant de commencer le traitement tant au niveau des
formations sanitaires qu'à domicile. En ce qui concerne le traitement
proprement dit, les actions prioritaires sont le renforcement de la Prise en
Charge dans les formations sanitaires et la disponibilité permanente des
intrants de traitement (ACT, quinine, artémisinine).
1.6 Présentation générale de la
région du Nord Cameroun
1.6.1 Contexte général du Nord
Cameroun
La région du Nord Cameroun a pour chef lieu Garoua, se
trouve dans la partie septentrionale du pays. Elle s'étend entre 8°
et 10° de latitude Nord et entre 12° et 16° de longitude Est.
Elle est limitée au Nord par la région de l'Extrême-Nord,
au Sud par la région de l'Adamaoua, à l'Est par le Tchad et la
République Centrafricaine (RCA), à l'Ouest par le Nigeria. Elle
est constituée de 4 départements : la Bénoué, le
Faro, le Mayo-Louti et le Mayo-Rey. La région du Nord Cameroun
s'étend sur une superficie de 65 576 Km2, et est
peuplée d'environ 2 378 489 habitants en 2014 (BUCREP, 2011), soit
10.98% du poids démographique national. Les enfants de moins de 5 ans
représentent environ 19.95% de la population totale de cette
région. Cette population est composée de plusieurs ethnies : les
Bororos souvent éleveurs, les Haoussas essentiellement
commerçants, les immigrants (Laka, Toupouri, Massa, Matakam, etc) pour
la plupart agriculteurs. L'agriculture et l'élevage occupent 90% de la
population. La culture de coton est essentiellement pratiquée dans la le
district de Pitoa. Les arachides et le maïs sont principalement
cultivés à Mayo Oulo tandis qu'à Garoua on observe les
activités de jardinage de base (tomates, maïs, aubergine, etc.).
1.6.2 Épidémiologie du paludisme dans la
région du Nord Cameroun
Selon le rapport épidémiologique du PNLP (2010),
la région du Nord est celle affichant le taux de morbidité
palustre chez les enfants de moins de 5 ans le plus élevé. Pour
cette région, on a observé près de 59% de morbidité
palustre chez les enfants de moins de 5 ans en consultations ex-
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 20
ternes. Selon les mêmes sources, cette région
après la région de l'Extrême Nord est celle affichant le
taux de mortalité due au paludisme le plus important. Près de 73%
de décès chez les enfants de moins de 5 ans en 2010 sont dus au
paludisme.
Dans ce chapitre, nous avons présenté en
relation avec le paludisme, le contexte géographique,
socioéconomique, sociodémographique du pays en
général et de la région du Nord en particulier. Nous avons
également présenté l'évolution de la lutte contre
le paludisme au Cameroun. De ceci, nous pouvons retenir que:
Le Cameroun est caractérisé par deux grands
domaines climatiques (Tropical et équatorial), chacun de ces domaines
ayant plusieurs variantes, qui sont d'une façon ou d'une autre
liées au développement des vecteurs du paludisme. Le pays
possède trois grands domaines écologiques (forêt, savane et
sahel) qui donnent lieux aux différents faciès
épidémiologiques du paludisme. La région du Nord qui
constitue notre champ d'étude possède un climat tropical de type
soudanien et son domaine écologique est la savane
soudano-sahélienne où la période de transmission du
paludisme dure 4 à 6 mois.
L'admission à l'initiative PPTE du Cameroun en 2000,
lui a permis de bénéficier d'un certain nombre de financements
(CDD et IADM) dans divers domaines sociaux y compris la santé en
général et le paludisme en particulier. Malgré ces
financements, le paludisme demeure un réel problème de
santé publique au Cameroun et entraine de nombreuses conséquences
tant sur le plan macroéconomique (baisse du PIB) que sur le plan
microéconomique (productivité des travailleurs).
Pour ce qui est de l'épidémiologie du paludisme
au Cameroun, la prévalence du paludisme est estimée à 30%
en 2011, et il représente la première cause de morbidité
(52%) chez les enfants de moins de 5 ans et de mortalité
infanto-juvénile (41%). La région du Nord Cameroun étant
celle qui affiche le taux de morbidité palustre (59%) le plus
élevé.
Le gouvernement Camerounais a adopté quelques
stratégies en vue de lutter et de contrôler le paludisme au
Cameroun, il s'agit entre autres:
- de rendre accessible à 80% de la population, au moins
un moyen de prévention (antivec-torielle ou chimioprévention)
d'ici 2015;
- de faire bénéficier à au moins 80% des
cas de fièvre un diagnostic et un traitement appropriés contre le
paludisme.
Malgré ces stratégies, on observe encore dans bons
nombres de ménages une non utilisation de
1.6 Présentation générale de la
région du Nord Cameroun Contexte général de
l'étude
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 21
moyens de prévention antivectorielle. Ce qui
contribuerait à augmenter le risque d'infection palustre au sein de la
population en général et des enfants de moins de 5 ans en
particulier. L'essai de synthèse de la littérature nous permettra
d'identifier les facteurs à risque de l'infection palustre chez les
enfants de moins de 5 ans et de mieux cerner les mécanismes d'action de
ces derniers sur le risque d'infection palustre chez les enfants de moins de 5
ans.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 22
CHAPITRE 2
CADRE THÉORIQUE
Dans ce chapitre, nous faisons une synthèse des travaux
sur le paludisme et surtout les facteurs pouvant influencer l'infection ou la
transmission du paludisme. Dans un premier temps, nous introduirons quelques
aspects généraux sur le paludisme, ensuite nous ferons une
synthèse sur l'impact des différents moyens de prévention
contre le paludisme et enfin nous conceptualiserons l'infection palustre en
nous intéressant aux facteurs de risque de l'infection palustre. Nous
nous inspirerons de la littérature pour élaborer un cadre
conceptuel dans lequel s'inscrira notre étude. Ce chapitre nous
permettra d'émettre des hypothèses de travail notamment sur les
mécanismes d'influence de l'infection palustre en tenant compte du
phénomène de résistance des vecteurs aux insecticides.
2.1 Aspects généraux sur le paludisme
2.1.1 Définition du paludisme et mode de
transmission
Le paludisme est une maladie parasitaire due à des
hématozoaires (Plasmodium) inoculés dans le sang par la
piqûre de moustiques anophèles 1 femelles,
communément appelés «vecteurs du paludisme». Elles
appartiennent à la famille des culcidae 2, l'ordre des
diptères3. Le paludisme se manifeste par des accès de
fièvres intermittents (Kern-Coquillat, 2010). Selon la gravité de
la
1. Moustiques des régions chaudes et
tempérés, il existe environ 600 espèces dont près
de 75 espèces peuvent
transmettre le paludisme.
2. Avec les ailes étroites et arrondies recouvertes
d'écailles; et leurs antennes sont en soies très abondantes
chez le mâle et peu abondantes chez la femelle
3. Caractérisé avec 2 ailes membraneuses
attachées au mésothorax; 2 haltères portées par le
mésothorax
servant d'organe d'équilibre.
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 23
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
maladie, on distingue le paludisme simple4 et le
paludisme grave5.
Plusieurs types d'anophèles existent. Au Cameroun, on
dénombre près de 48 espèces d'ano-phèles femelles
parmi lesquelles 13 espèces possèdent des sporozoïtes du
plasmodium6 ; germe responsable du paludisme. De toutes ces
espèces d'anophèles, le plus répandue est
l'anophèle gambiae au sens large (An. gambiae sl), qui est
constitué de l'anophèle gambiae au sens strict (An. gambiae s.s),
l'anophèle arabiensis (An. arabiensis) et anophèle melas (An.
melas) (Hervy et al., 1998). Outre les transmissions materno-foetale et
sanguine, la transmission du paludisme se fait essentiellement d'une personne
à l'autre par l'intermédiaire d'une piqûre
d'anophèle femelle infecté par le plasmodium. On dénombre
04 grands types de germe de paludisme au Cameroun: Plasmodium falciparum,
Plasmodium vivax, Plasmodium malariae et Plasmodium ovale, la forme la plus
répandue étant le P falciparum. La dynamique de la transmission
du paludisme diffère selon les zones écologiques et climatiques
(PNLP, 2010).
2.1.2 Cycle du plasmodium chez le vecteur et chez
l'hôte
Alors que les moustiques mâles se nourrissent du nectar
des fleurs, les femelles hémato-phâges piquent, un repas sanguin
nécessaire pour assurer la maturation des oeufs. Le plasmodium principal
germe responsable du paludisme subit un cycle biologique complexe. Il
évolue chez l'homme (phase asexuée) et chez l'anophèle
(phase sexuée). La figure 2.1 résume le cycle de
l'évolution du plasmodium chez l'Homme et chez l'anophèle.
Chez l'Homme: Le plasmodium subit une
évolution en deux phases qui peut se résumer ainsi: Une
phase hépatique : En piquant l'Homme pour son repas sanguin, le
vecteur anophèle femelle infecté, par sa salive, injecte un grand
nombre de sporozoïtes dans le sang humain. Ces parasites vont passer en
moyenne une demi heure dans le sang avant de gagner le foi. Après une
semaine de maturation et de division, ils se transforment en schizontes, forme
mature du parasite d'environ 40 à 100 micromètres et contenant
quelques milliers de noyaux, appelés corps bleus. L'éclatement
des
4. paludisme asymptomatique sans signes de gravité ni
éléments d'appréciation (cliniques ou biologiques)
permettant d'affirmer un dysfonctionnement des organes vitaux
(OMS, 2011).
5. forme aiguë de paludisme accompagné de signes de
gravité et/ou du dysfonctionnement des organes vitaux
(OMS, 2011).
6. Le plasmodium a été découvert en 1880
par Alphonse Laveran (1845-1922) prix Nobel de médecine en
1907.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 24
schizontes libère de nombreux mérozoïtes
qui passent dans la circulation sanguine pour entamer le cycle sanguin (Good et
al., 2010). La durée de cette phase varie en fonction du type de germe:
6 jours pour P. falciparum, 8 jours pour P. vivax, 9 jours pour P.ovale et 13
jours pour P.malariae (Ibitokou, 2013). Au cours de cette étape, il ne
se produit aucune manifestation clinique du paludisme.
Une phase sanguine : C'est durant cette phase
qu'apparait les manifestations cliniques. Les mé-rozoïtes ayant
envahis la circulation sanguine, ils pénètrent les globules
rouges et s'éclatent, les parasites sont libérés et vont
infester d'autres globules rouges. C'est durant cette étape que se
développent les gamétocytes qui continueront leur
développement s'ils sont absorbés par une anophèle femelle
lors de son repas sanguin pour continuer le cycle (Good et al., 2010; Gentilini
et al., 1995).
Chez l'anophèle : Lors d'une
piqûre chez un paludéen, l'anophèle absorbe les
éléments parasitaires sanguins. Seuls les gamètes
après fécondation vont générer les sporozoïtes
(formes infectantes) qui seront à leur tour inoculés à
l'homme et le cycle recommence (Ibitokou, 2013).
FIGURE 2.1 - Cycle du plasmodium chez l'Homme et chez
l'anophèle
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 25
2.1.3 Dynamique de la transmission
De nombreux modèles de la dynamique de transmission du
paludisme sont proposés. Le plus utilisé est celui de ROSS (1911)
: Les humains susceptibles7 (S1) deviennent infectieux8
(I1) à travers des contacts avec des vecteurs infectés
(I2). De même, les vecteurs susceptibles (S2) deviennent des vecteurs
infectieux (I2) suite à des contacts avec des hôtes infectieux. La
figure 2.2 donne la représentation de la transmission du paludisme
développée par Ross faisant intervenir l'humain et le vecteur
moustique. Ce modèle a l'avantage qu'il tient compte d'une part, de la
transmission entre humains et vecteurs et d'autre part, de la transmission
entre vecteurs du paludisme. Mais il a l'inconvénient de ne pas tenir
compte d'autres modes de transmission tels que la transmission
congénitale de la mère à l'enfant et de la transfusion
sanguine.
FIGURE 2.2 - Schéma de Ross (1911) de la transmission
du paludisme faisant intervenir l'hôte humain et le vecteur moustique
2.1.4 Symptômes et traitement du
paludisme
Après l'infection de l'humain par le vecteur
anophèle femelle, la période d'incubation varie en fonction du
type de germe de plasmodium 9, la quantité de parasite
présente dans le sang, et le sujet lui même (l'âge, le
degré d'immunisation, etc.). Après cette période, des
symptômes tels que fièvres élevées (40 à 41
°C), frisson, maux de tête, fatigue générale,
vomissements et diarrhée peuvent apparaitre (OMS, 2013). S'il n'est pas
rapidement diagnostiqué et traité, son évolution peut
conduire à une forme sévère, anémie par exemple,
voire mortelle. Plusieurs types de recours
7. Qui ne sont pas encore infectés, mais qui courent le
risque de l'être
8. Qui sont infectés et peuvent transmettre la
maladie.
9. P.falciparum : 7-60 jours, P.vivax : 13 jours à
plusieurs années, P.Ovale : 15 jours à plusieurs
années,
P.malariae : environ 3 semaines.
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 26
thérapeutiques du paludisme sont observés, mais
les plus fréquents sont le traitement par la médecine
traditionnelle et celui de la médecine conventionnelle ou moderne. La
médecine traditionnelle au Cameroun comme dans bons nombres de pays, se
fait essentiellement par l'utilisation des plantes médicinales. Pour la
médecine moderne, les traitements contre le paludisme portent
généralement le nom générique d'antipaludeen
10. Son traitement dépend du type de paludisme (simple ou
grave) et du type de germe plasmodium. Le paludisme est l'une des maladies pour
laquelle de nombreux médicaments modernes sont disponibles. Le meilleur
traitement disponible, en particulier pour le paludisme à P. falciparum,
est une Combinaison Thérapeutique à base d'Artémisinine
(CTA) (OMS, 2011).
2.1.5 Population à risque
Près de la moitié de la population du monde est
exposée au paludisme. La plupart des cas de paludisme et des
décès dus à cette maladie surviennent en Afrique
subsaharienne. Toutefois, l'Asie, l'Amérique latine et, dans une moindre
mesure, le Moyen-Orient et certaines parties de l'Europe sont également
affectés. En 2013, 97 pays étaient confrontés à une
transmission continue du paludisme. Mais les populations spécialement
vulnérables sont celles des enfants de moins de 5 ans, les femmes
enceintes, les migrants et les voyageurs internationaux en provenance de
régions exemptes de paludisme (Aide mémoire OMS, 2014).
2.1.6 Prévention du paludisme
a) Prévention individuelle
Une prévention du paludisme est envisageable à
l'échelle individuelle. Pour être efficace, cette
prévention doit associer une protection contre les piqûres de
moustiques et une prophylaxie médicamenteuse.
La prévention au niveau individuel, s'envisage tant
à l'intérieur qu'à l'extérieur des habitations. On
peut mettre des vêtements longs le soir, mettre les répulsifs sur
les parties découvertes, utiliser des tortillons fumigènes ou des
serpentins, nettoyer les alentours des habitats et évacuer les eaux
stagnantes, sont quelques unes des mesures de lutte au niveau individuel contre
les piqûres
10. médicament utilisé dans le traitement
préventif ou curatif du paludisme, ils sont parfois appelés
antimala-riques ou antipaludiques.
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 27
de moustiques. En outre, on peut mettre des grillages ou des
rideaux sur les fenêtres et les portes, utiliser des insecticides, la
climatisation et dormir sous la moustiquaire imprégnée
d'insecticide.
L'OMS définit la chimioprévention du paludisme
saisonnier comme l'administration intermittente du traitement
antipaludéen au cours de la saison de transmission du paludisme pour
éviter la morbidité et la mortalité dues à cette
infection. Son principe est de maintenir des concentrations
thérapeutiques en médicament antipaludique dans le sang pendant
toute la période où le risque palustre est le plus
élevé, cela aura pour effet de réduire l'incidence du
paludisme. Une étude menée au Mozambique par Diana et al.(2008) a
d'ailleurs montré que le traitement préventif intermittent
à la Sulfadoxine-Pyrimethamine chez les enfants de moins de 24 mois a
réduit le taux d'incidence palustre et renforcé le système
immunitaire chez les enfants. Elle est le plus souvent recommandée aux
femmes enceintes, aux enfants, et aux sujets non immunisés se rendant
dans les zones impaludées 11 (Akiana, 2003). Mais parfois, on
observe les souches plasmodiales multirésistantes qui échappent
à la prophylaxie, ce qui n'assure pas une efficacité à
100% de cette méthode (Garnier et al., 2001).
b) Prévention collective
La lutte antivectorielle consiste en des traitements à
grande échelle allant du milieu rural au milieu urbain, voire au pays
tout entier. L'objectif de ces traitements étant essentiellement la
destruction ou la réduction du nombre de vecteurs par l'utilisation des
insecticides. Plus les opérations de lutte s'étendent sur de
grandes surfaces, meilleur sera l'impact des traitements d'insecticides sur le
vecteur et la maladie qu'il transmet. Les campagnes de lutte contre les
anophèles peuvent s'exer-cer sur la larve aussi bien que sur le
moustique adulte. En Fonction du type de campagne envisagé, le type
d'insecticides et le mode d'action varient tant au niveau de leur mode d'action
que par la façon dont ils seront appliqués sur les surfaces
à traiter.
De nombreux insecticides sont utilisés dans la lutte
antivectorielle. Ces insecticides se classent en plusieurs familles : le
Dichloro-Diphényl-Trichloroéthane (DDT) est le plus
utilisé de la famille des organochlorés. La famille de
pyréthrinoïdes (constitué de perméthrine,
bifenthrine, deltaméthrine, lambda-cyhalothrine et
l'alpha-cyperméthrine) est la seule catégorie d'insecticide
utilisée pour l'imprégnation des moustiquaires.
La lutte antivectorielle s'opère soit par la
destruction des gîtes larvaires d'anophèles, soit
11. Une zone ou une région de transmission du paludisme
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 28
par la destruction ou l'élimination de
l'anophèle adulte. La lutte antilarvaire est le plus souvent difficile
à mettre en oeuvre, cela du fait de la multitude des gîtes
larvaires. Mais cette lutte antilarvaire est envisagée dans des cas
particuliers, notamment dans les milieux insulaires, les zones
marécâ-geuses, les rizières, etc. Mais l'utilisation de
cette méthode possède de lourdes conséquences sur
l'environnement, en effet, elle pourrait être toxique pour la flore et la
faune non ciblées (Darriet, 2007). Les limites de cette méthode
ont ravivé la place à la lutte contre l'anophèle adulte.
Cette lutte est essentiellement basée sur l'utilisation des
pulvérisations d'insecticides intra-domiciliaires à effet
rémanent et l'utilisation des moustiquaires imprégnées
d'insecticides. Au Cameroun comme dans bons nombres de pays, ce sont les
Moustiquaires Imprégnées d'insecticides (MII) et les
Moustiquaires Imprégnées d'Insecticides à Longue
Durée d'Action (MIILDA) qui sont les plus utilisées et les plus
répandues.
2.1.7 Résistance des vecteurs
L'utilisation à grande échelle respectivement
des insecticides et des pesticides dans la lutte antivectorielle et dans les
zones agricoles a entrainé chez les anophèles une
résistance. D'après l'OMS, «La résistance
d'une souche ou (race) d'un insecte vis-à-vis d'un insecticide
correspond au développement d'une capacité de tolérer des
doses toxiques qui seraient létales pour la majorité des
individus d'une population normale de la même espèce»
(OMS, 1957). L'op-posé de cette expression est la
sensibilité. Elle traduit l'incapacité de tolérer
certaines doses de substances toxiques contenues dans les insecticides. Les
insecticides contiennent des substances toxiques qui agissent sur le
système nerveux de l'insecte, le paralyse puis le tue. Les
résistances sont déterminées par un ou plusieurs
gènes qui permettent à l'insecte de faire face aux insecticides,
par exemple en évitant le contact avec l'insecticide ou en se
débarrassant du poison par excrétion. On distingue ainsi la
résistance métabolique12 et la résistance par
modification de la cible13.
L'OMS a défini un protocole permettant de mesurer la
résistance des anophèles femelles. Le protocole consiste
globalement à collecter les moustiques (Anophèles) au stade
larvaire dans la zone cible, les élever jusqu'à l'âge
adulte (3 à 5 jours), puis les répartir en 2 groupes : un
groupe
12. Elle apparaît lorsque des changements surviennent dans
le système des enzymes du moustique. (OMS,
2013)
13. Elle apparaît lorsque la protéine
réceptrice (celle que l'insecticide est supposée atteindre) est
altérée par une mutation. (OMS, 2013)
2.1 Aspects généraux sur le paludisme Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 29
témoin14 et un groupe exposé. Le
groupe exposé est soumis à l'insecticide (perméthrine,
bifen-thrine, deltaméthrine, lambda-cyhalothrine et
l'alpha-cyperméthrine), le nombre de moustiques morts et/ou «knock
down»(tombés) sont relevés dans les deux groupes
après 24 heures. Le taux de mortalité de moustique observé
est donné par la formule:
Nombre total de moustiques morts
taux de mortalité observé =
Nombre total de moustiques
|
* 100. (2.1)
|
De façon similaire, on calcule le taux de
mortalité du groupe témoin. Si ce taux de mortalité (du
groupe témoin) est supérieur ou égale à 20%, alors
le test dans cette zone doit être rejeté ou repris. S'il est
compris entre 5% et 20%, alors on utilise la formule (2.2) donné par
Abbot(1925) pour corriger le taux de mortalité observé. Par
contre s'il est inférieur à 5%, aucune correction n'est
nécessaire, dans ce cas, on utilise alors le taux de mortalité
observé de la formule (2.1)
taux de mortalité = 100 -
%mortalité témoins
%mortalité observé -
%mortalité témoins
* 100. (2.2)
A partir de cet indicateur, l'OMS propose la
catégorisation suivante:
Tableau 2.1 - Catégorisation de la résistance
Taux de mortalité après 24 heures
|
Niveau de résistance associé
|
98%-100%
|
Sensible
|
90%-97%
<90%
|
Probable résistance Résistance
|
2.1.8 Facteurs favorisant la résistance des
vecteurs
De nombreuses études ont montré que l'apparition
de la résistance des vecteurs (anophèles) dans une zone serait
tributaire de l'utilisation intensive et abusive des insecticides dans ladite
zone. Les grandes firmes agricoles telles que les plantations de coton et de
riz, nécessitent une très grande utilisation des insecticides
pour éradiquer les insectes destructeurs et ravageurs de plantes. C'est
le cas de l'utilisation de la DDT en Afrique de l'ouest dans la culture du
coton qui a fait apparaitre
14. Ce groupe permet de tester la fiabilité de
l'expérience.
2.2 Efficacité des principales méthodes
préventives Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 30
la résistance chez l'espèce An. gambiae à
l'intérieur et à proximité des zones cotonnières
(Darriet, 2007). Il a été également prouvé la
résistance de l'An. gambiae à la perméthrine, à la
deltaméthrine et au DDT dans une zone rizocole dans la vallée de
Kou15 (Darriet et al.,1997). Allant dans le même sens,
Chouaibou et al(2008) attribut la résistance des vecteurs aux
insecticides dans la région du Nord Cameroun à l'utilisation
intensive des insecticides dans les plantations de coton dans cette
région du pays.
2.2 Efficacité des principales méthodes
préventives
2.2.1 Impact de la moustiquaire sur la transmission du
paludisme
L'anophèle femelle opère le plus souvent
après le coucher du soleil avec un maximum d'activité entre 23 h
et 4 h; c'est ce qui explique le fait que l'utilisation des moustiquaires est
un moyen efficace de prévention tant individuel que collectif. De nos
jours, les moustiquaires les plus utilisées sont les moustiquaires
traitées à l'insecticide; on distingue les moustiquaires
imprégnées d'insecticides (MII) et les moustiquaires
imprégnées à longue durée d'action (MIILDA). Mais
avant l'expansion de ces moustiquaires traitées, c'était
autrefois les moustiquaires non traitées ou tout simplement les rideaux
qui étaient utilisés contre les piqûres d'insectes en
général et des moustiques en particulier. L'efficacité de
ces rideaux n'était pas moindre.
a) Cas des moustiquaires non traitées
L'utilisation des moustiquaires non traitées, constitue
une barrière physique entre l'homme et le vecteur. L'utilisation d'une
moustiquaire en bon état bien que non traitée limite la
transmission du paludisme. Une étude menée en Côte d'ivoire
a démontré que l'utilisation des moustiquaires non
traitées mais intacte réduit de 75% à 80% le taux de
gorgement16 par rapport à une non utilisation ou une
utilisation des moustiquaires non traitées et trouées. Le taux de
mortalité des An. gambiae est de 7.6%, significativement
supérieur à ceux des cas de la non utilisation (4.3%) et de
l'utilisation des moustiquaires non traitées trouées (5.1%)
(Darriet et al., 2000). Dans la nuit, le
15. situé à une trentaine de kilomètres
à l'est de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso
16. C'est un indicateur qui mesure l'efficacité des
moustiquaires, il appréhende l'effet «répulsif» des
mousti-
quaires sur les moustiques, il est calculé en
rapportant le nombre de moustiques resté dans la case sur le nombre
total de moustiques introduit initialement
2.2 Efficacité des principales méthodes
préventives Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 31
2.2 Efficacité des principales méthodes
préventives Cadre théorique
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
dormeur utilisateur de la moustiquaire non traitée
pourrait être en contact avec le rideau, comme celui-ci n'est pas
traité à l'insecticide, le dormeur court alors des risques de
piqûre à travers le rideau. De plus, avec l'utilisation de ces
moustiquaires non traitées, 15% à 20% de moustiques sont
gorgés à l'intérieur de la maison (Darriet et al., 2000).
Les moustiquaires non traitées s'avéreraient dès lors
insatisfaisantes, et ont ainsi ravi la place aux moustiquaires traitées
à l'insecticide.
b) Cas des moustiquaires
imprégnées
L'utilisation des moustiquaires imprégnées
d'insecticides constitue non seulement une barrière physique mais aussi
et surtout une barrière chimique contre l'anophèle femelle. De
nombreuses études ont relevé deux grandes
propriétés des insecticides (pyréthrinoïdes)
imprégnés sur la moustiquaire; ceux-ci jouent des rôles de
dissuasion et d'éradication des vecteurs. Ainsi, l'in-secticide
présente sur la moustiquaire empêche ou dissuade l'anophèle
à pénétrer à l'intérieur de la maison,
réduisant ainsi le contact entre l'Homme et le vecteur, diminuant de ce
fait le risque d'infection. Une étude menée au Burkina Faso
à montré que l'utilisation des moustiquaires traitées
d'insecticides réduisait de 70% le taux d'entré des
anophèle dans les habitations (Darriet et al ., 1984). L'utilisation des
moustiquaires imprégnées entraine aussi une expulsion des
vecteurs réduisant une fois de plus le contact entre l'Homme et le
vecteur. La même étude au Burkina Faso a montré que le taux
exophilie17 du à l'utilisation des moustiquaires
imprégnées s'élevait à près de 97%.
De façon générale, l'utilisation des
moustiquaires imprégnées constitue une réelle arme de
lutte contre le paludisme. Il a été montré (au Burkina
Faso) que, la mise en place de l'utilisation à grande
échelle des moustiquaires imprégnées a
entrainé une réduction de 80% à 90% de la transmission du
paludisme (Carnevale et al ., 1988 ; Robert et al., 1991). Ceci pourrait
expliquer le taux de couverture universel que plusieurs pays impaludés
souhaiteraient atteindre. Une autre étude menée en Gambie a aussi
révélé qu'une utilisation des moustiquaires
imprégnées d'insecticides réduirait de 63% les
épisodes fébriles de paludisme chez les enfants âgés
de 1 à 9 ans (Snow et al ., 1988). Dormir sous une moustiquaire
imprégnée constitue alors une arme efficace contre l'infection du
paludisme, Alemu et al.(2011) ont montré qu'une personne ne dormant pas
sous une moustiquaire court près de 14 fois plus de risque d'être
infectée. Bien que son efficacité à été
démontré, il est pertinent de savoir si cette efficacité
demeure significative en présence de la
17. l'effet d'expulsion caractérisé par le taux de
sortie des anophèles induit par l'insecticide
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 32
résistance de l'anophèle
femelle.
2.2.2 Efficacité des moustiquaires
imprégnées sur l'anophèle femelle
résistante
Les études existantes sur l'efficacité des
moustiquaires imprégnées sur les vecteurs résistants sont
pour la plupart controversées. Quelques unes ont montré la
persistance de l'efficacité des moustiquaires imprégnées
et d'autres ont plutôt démontré une perte
d'efficacité des moustiquaires imprégnées. Des
études menées en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso, ont
montré l'efficacité des moustiquaires imprégnées de
perméthrine et de deltaméthrine sur l'An. gambiae
résistante. Ces études ont montré que bien qu'il y eut
perte de l'effet dissuasif 18 contre l'anophèle
résistante, l'effet exito-répulsif19 fut maintenu
(Darriet et al.,1984; Darriet et al.,1998). Par contre une étude
menée au Benin a démontré une perte d'efficacité
des moustiquaires imprégnées en présence de la
résistance de l'An gambiae aux Pyrethroides (Damien et al., 2010).
2.2.3 Impact de la Pulvérisation
intradomiciliaire d'insecticide à effet rémanent (PID) sur la
transmission du paludisme
La pulvérisation intradomiciliaire d'insecticides
à effet rémanent est l'une des méthodes de lutte
antivectorielle préconisée par l'OMS dans la lutte contre le
paludisme sur une grande échelle. En effet pour être optimal, il
faut pulvériser au moins 80% des habitations dans les zones cibles (OMS,
2014). Elle consiste en l'application d'insecticide par pulvérisation
sur les surfaces intérieures des murs et des toits des habitations et
autres structures (magasins, latrines, établissement, écoles,
lieux de culte, etc.). Le principe de la méthode de lutte repose sur le
comportement des vecteurs qui recherchent après chaque repas de sang,
des endroits tranquilles et sombres pour le repos et la digestion. La PID
permet ainsi de tuer les moustiques qui se posent sur les surfaces
traitées avant et/ou après la prise de repas sanguins. Ce qui a
pour conséquence de réduire l'espé-rance de vie des
anophèles femelles, réduisant ainsi la densité
anophélienne (OMS, 2006). Ainsi, l'utilisation de la PID est protectrice
contre la transmission du paludisme (Guthmann et al.,2001).
18. les moustiques sont dissuadés par l'effet chimique et
entrent moins dans l'habitation
19. qui provoque l'éloignement des moustiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 33
La PID fut homologueé par l'OMS en 1950 lors de la
conférence de Kampala et a constitué la principale méthode
de lutte contre le paludisme entre 1955 et 1969. Elle a contribué
à réduire significativement la prévalence du paludisme
particulièrement en Asie, en Amérique Latine et en Afrique
Australe. Associée à d'autres moyens de lutte contre le
paludisme, elle a contribué à éradiquer le paludisme en
Europe, en ex URSS et dans certains pays d'Asie et des caraïbes (OMS,
2006). Des études récentes, notamment celle de Laura et al(2013)
en Ouganda ont montré par comparaison de la prévalence du
paludisme chez les enfants de moins de 5 ans, que les localités ayant
reçu une pulvérisation avaient une prévalence
significativement plus faible que celles n'ayant pas été
aspergées. Toutefois, compte tenu de la crainte de ses effets
néfastes sur l'environnement, sur la santé humaine et sur le
développement de la résistance de l'anophèle femelle,
l'utilisation de la PID fut remise en cause et a été peu à
peu abandonnée au profit de l'utilisation des moustiquaires
imprégnées d'insecticides. Mais depuis 2006, la
pulvérisation intradomiciliaire fut réintroduite parmi les
stratégies de lutte contre le paludisme recommandées par le
programme de lutte contre le paludisme de l'OMS.
2.3 Approches explicatives de l'infection
palustre
Bien qu'il existe d'autres moyens de transmission (transfusion
sanguine, mère-enfant), le paludisme est une maladie de transmission
essentiellement vectorielle. Le vecteur anophèle femelle étant
l'intermédiaire entre le plasmodium et l'homme. Les approches
explicatives de la transmission du paludisme sont essentiellement basées
sur le développement des vecteurs et leurs contacts avec l'Homme.
2.3.1 Approches climatiques et
socio-environnementales
Il y a plus de 2500 ans que Hippocrate dans son
Traité des airs, des eaux et des lieux, mettait en exergue les
liens entre maladie et environnement. L'environnement lui même
résulte de l'action combinée de la nature (à travers le
climat) et des effets anthropiques. Le climat à travers la
pluviométrie, favorise l'apparition des mares d'eaux dans
l'environnement due à un mauvais drainage et à une mauvaise
canalisation des eaux de pluies. Or les mares d'eaux constituent les principaux
lieux de développement des larves d'anophèles. Ainsi pendant les
saisons de pluies, on
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 34
observe un grand foisonnement des anophèles vecteurs du
paludisme, qui aurait pour conséquence d'augmenter le nombre de
piqûre sur l'hôte humain augmentant de ce fait le risque palustre.
C'est ce que exprimait Mouchet (1999) lorsqu'il constatait que «dans
les savanes d'Afrique de l'Ouest, où les principaux vecteurs An. gambiae
et An. arabiensis vivent dans les collections d'eau de pluie, la transmission
se produira lors de la saison des pluies et c'est à cette période
que l'on observe la plupart des cas». Inversement, les saisons
sèches sont défavorables à la reproduction des vecteurs,
en effet, pendant ces saisons, les mares d'eaux, principaux lieux de
développement des moustiques sont asséchées,
menaçant la survie des vecteurs; ainsi les saisons sèches
diminueraient la densité anophèlienne ce qui aurait pour
conséquence la baisse du risque d'infection palustre (Mouchet et al
1998). Des études empiriques notamment celle de Cottrell et al.(2012),
ont effectivement montré que les saisons de pluies étaient celles
qui correspondent aux densités20 anophéliennes les
plus importantes au cours d'une année. Musawenkosi et al (2007) à
partir d'une étude menée dans plusieurs pays d'Afrique
subsaherienne ont montré une association positive entre le taux
d'inoculation entomologique 21(TIE) et la pluviométrie.
Allant dans le même sens, Nkuo-Akenji et al(2006) ont montré dans
une étude menée à Bolifamba dans la région du
Sud-Ouest Cameroun que la prévalence du paludisme était
significativement plus importante pendant la saison de pluie que la saison
sèche.
Le développement de l'anophèle (moustique des
régions chaudes et tempérées) est étroitement
lié à la température ambiante du milieu dans lequel il se
trouve. La relation entre le développement des moustiques et la
température ambiante est en forme de cloche; les températures
moyennes autour de 27°C sont généralement favorables pour
leur développement, mais les températures extrêmes leur
sont défavorables. A 40°C, le taux de survie des moustiques est
presque nul et pour ce qui est des températures très faibles, le
cycle sporogonique22 devrait être plus long (environ 100
jours), or l'espérance de vie de l'anophèle est de 21 jours,
ainsi à de faibles températures, le vecteur mourra sans avoir
achevé son cycle sporogonique. Musawenkosi et al (2007) ont
montré que la relation entre l'infection palustre et la
température moyenne évoluaient pareillement que celle de la
température avec le développement des vecteurs
c'est-à-dire en forme de cloche.
L'approche socio-environnementale est celle qui
privilégie les effets anthropiques sur l'en-
20. C'est le nombre d'anophèle par unité de
surface
21. C'est le nombre moyen de piqûres infectantes par
personne et par nuit.
22. C'est la période de développement du parasite
à l'intérieur de l'organisme de l'anophèle
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
35
vironnement local en relation avec l'infection palustre. Les
mares d'eaux stagnantes présentent dans l'environnement et qui
résulteraient de l'action humaine augmente le risque d'infection
palustre (Kimbi et al., 2013). Ainsi, les enfants vivant dans les
ménages à proximité des mares d'eaux stagnantes courraient
plus de risque d'infection palustre que ceux qui en sont
éloignés. Guthmann et al(2001) ont montré dans une
étude menée au Pérou que les individus habitant dans les
ménages situés à plus de 100 mètres d'une mare
d'eau stagnante courraient moins de risque d'infection palustre que ceux qui
sont à proximité (moins de 100m). L'un des effets anthropiques
est l'irrigation qui est une activité consistant à l'apport d'eau
sur un terrain cultivé en vue de la compensation des
précipitations. Cette activité est une source de création
des mares d'eau stagnantes, lieux de prolifération des vecteurs du
paludisme. Ainsi, l'irrigation dans une zone donnée pourrait augmenter
le risque d'infection palustre (Henry et al., 2003). Un autre effet anthropique
sur l'environnement est l'urbanisation, à travers l'aménagement
et l'assainissement de l'agglomération, elle participe à la
destruction des mares d'eaux stagnantes, lieux de développement des
anophèles. De ce fait, l'urbanisation est susceptible de modifier dans
le sens positif les modalités épidémiologiques du
paludisme (Trape, 1986).
Il ressort alors que l'environnement proche de la maison est
fondamental en ce qui concerne l'infection palustre. En effet, certaines
pratiques créent des micro-gîtes d'origine anthropique (par
exemple construction non achevée, mauvaise canalisation des eaux,
mauvaise gestion des déchets, etc.) favorables au développement
des anophèles femelles. Toutefois, certaines études ont
montré que la liaison entre le nombre de vecteurs identifiés sur
un espace de vie et le niveau de transmission ne suffisaient pas à
expliquer le phénomène de transmission (Bousema et al., 2010).
Allant dans le même sens, Pierrat.(2011) soulignait que La
réalité du paludisme est le fait d'une certaine
vulnérabilité, qui caractérise des individus ou des
groupes d'individus, et qui s'intègre dans la réalité d'un
territoire pour en faire un système pathogène.». Ainsi,
d'autres conditions so-cioéconomiques, socioculturelles et
sociodémographiques sont susceptibles d'influencer le risque d'infection
palustre.
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
36
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
2.3.2 Approches socio-démographiques
a) Le sexe et l'âge de l'enfant
Le sexe de l'enfant dans certains contextes est souvent
source de discrimination en matière de santé notamment en
matière de prévention et de traitement, les enfants de sexe
masculin étant privilégiés par rapport à leurs
homologues de sexe féminin (Rakotondrabe, 2004). Mais en matière
de paludisme en particulier, les études existantes sont parfois
controversées. Certaines études notamment celle de Ayele et
al.(2012) ont montré que le sexe de l'enfant était associé
à l'infec-tion palustre et que les enfants de sexe féminin
courraient plus de risque d'infection que leurs homologues de sexe masculin.
D'autres études comme celle de Kimbi et al (2013) dans la région
du Sud-Ouest Cameroun, a au contraire révélé que les
enfants de sexe masculin courraient plus de risque d'infection palustre. Ils
expliquaient que cela serait dû au fait que les enfants de sexe masculin
du fait de leurs activités s'exposent plus aux piqûres de
moustiques particulièrement à des moments où la
température est élevée. Carnevale et al.(1978) ont
montré que l'anophèle était agressive de la même
façon tant chez les personnes de sexe féminin que chez leurs
homologues de sexe masculin. On pourrait alors penser que les
différentielles de résultats obtenues par les différents
auteurs sont due aux différences de contextes. En effet, les natures et
formes des rapports sociaux de sexe varient d'une société
à une autre. Pour ce qui est de l'âge, un certain nombre
d'études ont montré que, le risque d'infection palustre diminue
lorsque l'âge augmente et que les enfants de moins de 5 ans sont
particulièrement vulnérables (Nkuo-Akenji et al.,2006; Somi et
al., 2007; Alemu et al.,2011; Ayele et al., 2012 ; Woyessa et al., 2011; Kimbi
et al., 2013). Cela s'ex-pliquerait par une protection immunitaire qui
s'obtiendrait en raison d'une exposition antérieur à la maladie.
C'est ce que Sergent et al en 1924 appelaient la prémunition qui se
définit comme étant une situation où un nombre minimal
d'infection est une condition préalable pour une protection contre une
infection ultérieure. Le paludisme est sévère entre 3 mois
et 4 ans, car pendant les deux premiers mois de leur vie, les enfants
bénéficieraient des anticorps maternels. Et ce n'est qu'aux
alentours de 5 ans, qu'ils acquièrent leur propre immunité.
b) La taille du ménage
De nombreuses études, notamment celles de Somi et
al.(2007) et Ayele et al.(2012) ont montré que la taille du
ménage était associée au risque palustre. Plus le nombre
de personnes d'un
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 37
ménage augmente, plus le risque d'infection palustre
augmente. Ceci pourrait s'expliquer par la non utilisation des moyens de
prévention comme par exemple la non utilisation des moustiquaires.
Matong et al (2012) ont montré que, plus la taille du ménage est
grande, plus est grand le risque de la non utilisation de la moustiquaire. Ils
montraient que dans un ménage où le ratio de moustiquaires
était supérieur à 0.5 (soit plus de deux personnes pour
une moustiquaire) il y avait près de 9 fois plus de risque de non
utilisation de moustiquaire. Il se pourrait que, compte tenu du coût de
la moustiquaire, celle ci n'est pas toujours disponible en nombre suffisant
dans la plupart des ménages, notamment les ménages de grande
taille. Certains membres du ménage se voient alors priorisés au
détriment d'autres, le risque d'infection se verra alors augmenté
pour ces derniers.
2.3.3 Approches socioculturelles
a) Connaissances et perceptions du paludisme
Selon Ngueyap (1998), « Les croyances
étiologiques font référence aux perceptions, à
l'ori-gine, à la cause réelle ou attribuée par les
individus selon leur processus de socialisation aux différentes
maladies.» Ces croyances pourraient déterminer les comportements
sanitaires des Chefs de ménage relativement aux membres de leur
ménage. Le niveau de connaissance relatif à l'étio-logie
d'une maladie détermine le recours aux soins tant thérapeutiques
que préventifs pour les membres de leurs ménages en
général et les enfants qui y vivent en particulier. Ceci est
davantage vrai lorsqu'il s'agit du paludisme, une étude menée par
Ndour et al.(2006) à Gossas au Sénégal a montré que
la connaissance du mode de transmission du paludisme est associée
à l'utilisation de moustiquaires imprégnées. Or
l'utilisation des moustiquaires imprégnées est protectrice contre
le paludisme.
b) Religion du CM
La religion du CM peut définir les perceptions et les
attitudes face à un certain nombre de problèmes sur la
santé des membres de son ménage et l'environnement de son
habitation. Ainsi, par l'intermédiaire de ces perceptions et attitudes,
la religion est un facteur culturel important pouvant influencer le risque
d'infection palustre à travers le recours aux moyens
thérapeutiques et préventifs (Erhun et al., 2004). En effet,
selon Akoto(1985), « la religion véhicule un certain nombre de
valeurs et de normes qui régissent la vie des fidèles sur le plan
comportemental, physiologique,
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 38
et psychique. Elle peut refléter l'ouverture
à la civilisation occidentale (religion catholique et protestante), le
niveau de traditions des gens (religion traditionnelle), et parfois la
situation des individus dans la hiérarchie sociale ».
c) Ethnie du CM
Les pratiques culturelles, les formes d'organisations
sociales et les normes comportementales varient selon l'ethnie. Ainsi, l'ethnie
influence les comportements des chefs de ménage dans différents
domaines de la vie en général et de la santé en
particulier. Certaines ethnies sont plus réceptives des us et des moeurs
occidentaux, tandis que d'autres sont plutôt conservatrices des valeurs
traditionnelles. Ces différences culturelles se prolongent lorsqu'il
s'agit des recours thérapeutiques et préventifs. La maladie
revêt un caractère social et les perceptions et connaissances
étiologiques peuvent varier d'une ethnie à l'autre (Bonnet,
1986). L'ethnie constitue ainsi un facteur modulant le risque d'infection
palustre (Haque et al., 2011).
d) Niveau d'instruction du CM
Dans la recherche des facteurs associés au paludisme,
Baragatti et al.(2009) ont montré que, le niveau d'instruction du chef
de ménage était associé à l'infection palustre. Les
enfants de chef de ménage de niveau d'instruction élevé
courent un risque moindre d'infection palustre par rapport à ceux dont
le niveau d'instruction est faible. Mais le mécanisme d'influence du
niveau d'instruction sur le risque palustre n'est pas précisé. On
pourrait penser que le niveau d'instruction influence ou détermine la
connaissance du paludisme et de son mode de transmission. Or la connaissance du
mode de transmission du paludisme est associée à l'utilisation
des moyens préventifs comme les moustiquaires imprégnées
d'insecticides, et les répulsifs (Ndour, et al., 2006).
L'éducation formelle ayant pour mission de transmettre les savoirs,
constituerait un moyen de connaissance sur les comportements sanitaires en
général et en particulier sur les méthodes
préventives contre le paludisme. Ainsi, les Chefs de ménage (CM)
de niveau d'instruction plus élevé ont plus connaissance des
enjeux de l'utilisation des moustiquaires (Matong et al. 2012) et d'autres
moyens préventifs contre le paludisme, et sont plus à même
de les utiliser pour la protection des membres de leur ménage, diminuant
de ce fait le risque de transmission.
e) 2.3 Approches explicatives de l'infection palustre
Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
39
Milieu de résidence
A travers l'opposition entre le milieu urbain et le milieu
rural, bons nombres d'études appréhendent l'influence des
facteurs culturels sur le comportement sanitaire des individus. En effet le
milieu rural a souvent été considéré comme
traditionnel alors que le milieu urbain est considéré comme
moderne (Evina Akam, 2005). Selon le milieu de résidence, on observe des
disparités dans l'accessibilité et la disponibilité des
services de santé. De plus, on observe le maintien ou une
évolution des pratiques culturelles selon le milieu de résidence.
Allant dans le même sens, Akoto (2002) montrait que le milieu de
résidence est un facteur de prédisposition ou un facteur de
facilitation du recours aux soins de santé. Le milieu rural
comparativement au milieu urbain est le plus souvent sous
développé, les populations sont plus pauvres, moins
éduquées et moins réceptrices à l'endroit de la
médecine moderne (Fournier et Haddad, 1995). En matière de
paludisme, Kimbi et al.(2013) dans une étude menée à
Bomaka et Molyko dans la région du Sud-Ouest Cameroun ont montré
que les enfants vivant en milieu urbain courent moins de risque d'infection
palustre par rapport à ceux du milieu rural. Cela s'expliquerait par le
recours aux différentes méthodes de prévention contre le
paludisme. Il se trouverait qu'en milieu urbain, les ménages ont plus
accès aux services de soins de santé et le personnel de
santé en général et du paludisme en particulier. En effet,
Korenromp et al(2003) dans une étude dans 13 pays d'Afrique
subsaharienne, avaient déjà montré que le milieu de
résidence était associé non seulement à la
possession des moustiquaires mais aussi à son utilisation pour les
enfants de moins de 5 ans, les enfants vivant en milieu urbain ayant plus
recours à l'utilisation de la moustiquaire que ceux du milieu rural.
Toutes choses qui impliqueraient que les enfants vivant en milieu rural sont
plus exposés au paludisme que ceux habitant le milieu urbain.
f) Statut de l'enfant dans le ménage
le statut comporte un ensemble d'attentes, de droits et de
devoirs organisant les relations réciproques au sein d'un modèle
culturel (Bremond et Gélédan, 2002). Dans un ménage, les
avantages que disposent un individu dépendent de son statut dans
celui-ci. Le recours au soins, notamment aux moyens de prévention
dépend de la position de l'individu dans le ménage
(Biyidèle, 1995 cité par Akoto, 2002). Étant donné
une grande disproportionnalité entre la taille du ménage et le
nombre de moustiquaires disponibles dans le ménage, certains individus
se verront alors desservis
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 40
de l'utilisation de la moustiquaire au profit d'autres. Ainsi
dans un ménage où il y a insuffisance de moustiquaires, le chef
de ménage choisit alors les personnes qui devront utiliser celles
disponibles. Le chef de ménage aura tendance à favoriser les
individus ayant un lien de parenté beaucoup plus proche. Il pourra par
exemple privilégier ses enfants par rapport aux autres enfants
confiés. Ces derniers n'utilisant pas les moustiquaires courent alors un
plus grand risque d'infection palustre.
2.3.4 Approches génétiques et
immunologiques
Le mécanisme conduisant une piqûre infectante
à provoquer un accès palustre est complexe. Une piqûre
infectante n'entraîne pas nécessairement un accès palustre
et la charge parasitaire ne conditionne pas systématiquement la
gravité de l'accès palustre (Franckel, 2004). Les réponses
individuelles à la piqûre infectante dépendent de multiples
paramètres : elles varient principalement en fonction du statut
immunitaire, de caractéristiques génétiques et de la
présence de co-infections (Traoré et al., 1999).
a) La prémunition
Sergent et al en 1924 définissaient la
prémunition comme étant une situation où un nombre minimal
d'infection est une condition préalable pour une protection contre une
infection ultérieure. Autrement dit, c'est la résistance que
confère certaines maladies à un organisme infesté et qui
le protège contre toute nouvelle infection. Une absence de
prémunition dans une population favorise la transmission de la maladie.
Ainsi, l'âge apparait comme facteur clé de la prémunition,
en effet, l'âge augmente la durée de soumission au risque palustre
et augmente les chances d'avoir un nombre minimal d'infection palustre,
augmentant ainsi les chances de prémunition. La diminution du nombre
d'accès clinique est un témoin pertinent pour rendre compte de
cet état (Rabe, 2003).
b) L'immunité
On distingue l'immunité naturelle et l'immunité
acquise. Il s'agit de l'ensemble des mécanismes de défense de
l'organisme contre les éléments qui lui sont étrangers, en
particulier les agents infectieux, ou encore les cellules de l'organisme
présentant des anomalies. La drépanocy-tose est une maladie
génétique récessive qui entraine une modification de
l'hémoglobine. Cette hémoglobinedéficiente nommée
«S», provoque une modification des globules rouges. Cette mo-
2.3 Approches explicatives de l'infection palustre Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 41
dification des globules rouges va entrainer chez les sujets
hétérozygotes (AS) un effet protecteur contre le paludisme en
particulier chez les enfants (Williams et al., 2005). On distingue
également l'immunité acquise dans la transmission du paludisme
qui s'acquiert progressivement en situation d'exposition continue. Elle ne
réduit pas totalement le risque d'être contaminé à
nouveau et ne permet pas de se débarrasser totalement du parasite. Mais
elle empêche de façon progressive la survenue des épisodes
de paludisme. Cette immunité se développe après une longue
période et ininterrompue d'exposition au risque palustre, c'est ce qui
explique le fait que ce sont en général les enfants qui payent le
lourd tribut de la maladie (UMVF, 2014).
2.3.5 Approches socioéconomiques
a) Niveau de vie du ménage et conditions de
logement du ménage
Le niveau de vie du ménage est une variable importante
qui détermine et influence le risque d'infection palustre chez les
enfants. Plus le niveau de vie du ménage est élevé,
moindre sera le risque d'infection palustre chez les membres du ménage
et inversement (Konradsen et al., 2003; Somi et al., 2007; Graves et al.,2008;
Kumar et al., 2014). Il se trouve que le niveau de vie du ménage est le
plus souvent déterminé par les caractéristiques de
l'habitat (qualité du toit, du sol, du mur, etc) et des conditions de
logement. C'est donc à travers les caractéristiques de l'habitat
et les conditions de vie du ménage que le niveau de vie influencerait
sur le risque d'infection palustre. En effet Le toit et les murs des
habitations constituent les principaux lieux de repos des anophèles
femelles avant et/ou après le repas sanguin. De ce fait, les murs en
planches ou en terre battue seraient plus propices au développement des
anophèles que ceux en béton. Les individus vivant ainsi dans les
maisons en planches ou en terre battue courent plus de risque d'infection
palustre que ceux habitant les maisons où les murs sont en béton
(Konradsen et al., 2003).
b) Revenus du CM
Le niveau de revenu du CM, le prédispose ou non aux
soins et aux différents moyens de prévention contre le paludisme.
Le niveau de revenu déterminerait le choix de matériaux de
construction des habitations et l'utilisation de moyens de protection contre
les moustiques notamment les moustiquaires imprégnées
d'insecticides et les pulvérisations intradomiciliaires à effets
rémanents. Ainsi, par l'intermédiaire de ces dernières
variables, le niveau de revenu du CM influence le risque
2.4 Cadre conceptuel Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 42
d'infection palustre (Pierrat, 2011).
La synthèse de la littérature, nous a permis de
comprendre que outre les facteurs environnementaux, d'autre facteurs notamment
socioculturels, socioéconomiques et sociodémographiques agiraient
sur le risque d'infection palustre chez les enfants. Ces facteurs agissant
essentiellement sur l'accessibilité aux moyens de prévention
contre cette maladie et l'utilisation effective des moyens de protection contre
le paludisme comme les moustiquaires imprégnées,
pulvérisation in-tradomiciliaire, etc. Nous allons à partir de
cette synthèse de la littérature, émettre des
hypothèses et construire un schéma conceptuel.
2.4 Cadre conceptuel
2.4.1 Hypothèse générale et schéma
conceptuel
a) Hypothèse générale
Partant de la synthèse de la littérature, nous
émettons l'hypothèse générale suivante : Les
facteurs socioéconomiques, socioculturels, sociodémographiques et
environnementaux détermineraient le risque d'infection palustre par
l'intermédiaire des caractéristiques de l'enfant et celles du
ménage et que ce risque se trouve modulé si on tient compte du
phénomène de résistance.
b) 2.4 Cadre conceptuel Cadre
théorique
Schéma conceptuel
FIGURE 2.3 - Schéma conceptuel de l'infection palustre
chez les enfants de moins de 5 ans
c) Définition des concepts
Paludisme : C'est une maladie parasitaire,
qui est en général causée par une piqûre infectante
de l'anophèle femelle(en général An Gambiae s.l) sur
l'Homme. Cette piqûre infecte le sang humain par le plasmodium
responsable de la maladie. Il est en général diagnostiqué
à l'aide d'examens médicaux, le plus connu est le Test à
Diagnostiques Rapides (TDR).
Infection palustre : C'est le fait pour un
individu de contracté le paludisme.
Contexte de résidence :
caractérise l'environnement familial et l'environnement physique dans
lequel vit l'enfant. Il renvoie au milieu de résidence. La ville
s'oppose au village par les modes de vie, les types d'activités et la
disponibilité des moyens de protection contre le paludisme
(anti-vectorielle et chimioprévention). Elle bénéficie
également des avantages de l'urbanisation tels que l'assainissement de
l'environnement
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 43
2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 44
Facteurs socioculturels : Il s'agit de
l'ethnie du Chef de ménage (CM), du niveau d'instruction du CM et de la
religion du CM.
Facteurs socioéconomiques : Dans notre
étude seront appréhendés par : le niveau de vie du
ménage, le niveau de revenus du CM.
Facteurs environnementaux: il s'agit des
facteurs qui agissent sur l'environnement. Il s'agira de la
pluviométrie, la température ambiante et de la présence
d'eaux stagnantes aux alentours de la maison.
Caractéristiques des ménages :
Il s'agit de l'ensemble des caractéristiques liées au
ménage notamment : la taille du ménage, Le cadre d'habitation du
ménage, le type de matériaux de construction de l'habitation.
Cadre d'habitation du ménage : il
s'agit des conditions de vie dans lesquelles s'inscrivent l'habi-tation du
ménage. Il est appréhendé par la présence d'eaux
stagnantes et de buissons aux alentours de la maison.
Caractéristiques individuelles de l'enfant : Il s'agit
des attributs de l'enfant notamment son sexe et son âge, statut de
l'enfant.
Variables intermédiaires de l'infection
palustre : Il s'agit des variables qui permettent de prévenir
le paludisme. Il s'agira de : la disponibilité et l'utilisation des
moustiquaires imprégnées pour les enfants de moins de 5 ans, de
l'utilisation des insecticides à pulvérisation et de la
prophylaxie médicamenteuse.
Résistance des anophèles femelles
: Elle traduit la capacité des anophèles femelles
à s'adapter ou à résister contre les insecticides. Elle
est appréhendée par les taux de mortalité des
anophèles soumises à des doses d'insecticides. Nous utiliserons
la catégorisation donnée dans le tableau 2.1 pour définir
cette variable.
2.5 Correspondance entre concepts et
indicateurs
La revue de littérature nous a permis de construire un
cadre conceptuel. Dans la recherche en sciences sociales, il est important de
préciser les indicateurs ou les variables qui permettent de mesurer ou
d'appréhender ces concepts. Le tableau 2.2 présente la
synthèse des concepts à utiliser dans le cadre de notre
étude ainsi que les variables qui serviront à leur
opérationnalisation.
2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 45
2.5.1 Contexte de résidence
a) Milieu de résidence
Il s'agit de la distinction entre le milieu urbain et le
milieu rural. Kimbi et al.(2013) dans une étude menée à
Bomaka et Molyko dans la région du Sud-Ouest Cameroun ont montré
que la prévalence du paludisme est significativement plus
élevée en milieu rural qu'en milieu urbain.
2.5.2 Facteurs environnementaux
a) Pluviométrie
C'est un indicateur qui permet d'appréhender la
quantité de pluie (hebdomadaire, mensuel, trimestriel, etc.). La
quantité de pluie détermine la présence ou l'apparition
des mares d'eaux stagnantes qui constituent le principal lieu de
prolifération des anophèles femelles. Certains auteurs comme
Nkuo-Akenji et al.(2006), Musawenkosi et al.(2007) et Kumar et al.(2014) pour
l'appré-hender distinguent les périodes de saisons de pluie et
celles de saisons sèche. Et montre que les périodes de saison de
pluie correspondent à celles où la prévalence du paludisme
est la plus élevé.
b) Température ambiante
La température ambiante traduit l'état de
sensibilité de l'atmosphère. Elle influence sur le cycle de
développement du plasmodium et donc sur la prolifération de
l'anophèle femelle. Pour appréhender cet indicateur, Musawenkosi
et al.(2007) ont utilisé la température minimale mensuel.
Précisément, il s'agit de calculer pour chaque mois la
température minimale qui est obtenue par le minimum des
températures journalières du mois correspondant.
2.5.3 Facteurs socioculturels
a) Ethnie
Une étude mené à Rajasthali au Bangladesh
par Haque et al.(2011) a révélé que l'ethnie était
un facteur à risque de l'infection palustre. Les pratiques culturelles,
les formes d'organisations sociales et les normes comportementales varient
selon l'ethnie.
b) 2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs
Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 46
Niveau d'instruction du CM
Le niveau d'instruction du chef de ménage (CM) est
déterminé par son niveau d'étude le plus
élevé. Dans une étude menée au Burkina Faso,
Baragatti et al (2009) ont montré que les enfants dont le chef de
ménage a un niveau d'instruction élevé courent moins de
risque d'infection palustre par rapport à ceux ayant un niveau
moindre.
c) Religion
La religion peut se définir comme étant un
ensemble de pratiques et d'enseignements se rapportant entre l'Homme et une
divinité. Sa pratique varie d'une société à une
autre et révèle de nos jours un caractère culturel. Nous
n'avons pas pu identifier dans la littérature des études qui
associent la religion et le risque d'infection palustre. Erhun et al.(2004)
ayant montré que la religion est associée aux recours aux
différents moyens thérapeutiques et préventifs, nous
pouvons postulé que par l'intermédiaire du recours aux moyens
préventifs, la religion pourrait être un facteur à risque
de l'infection palustre.
2.5.4 Connaissances et perceptions du
paludisme
a) Connaissance sur la transmission du
paludisme
la connaissance sur la transmission du paludisme est une
variable qui est déterminée par le fait qu'un individu connait ou
non le mode de transmission du paludisme. Une étude menée par
Ndour et al.(2006) à Gossas au Sénégal ont montré
que la connaissance du mode de transmission du paludisme est associée
à l'utilisation de moustiquaires imprégnées. Ce qui montre
alors que la connaissance sur la transmission du paludisme pourrait influencer
le risque d'infection palustre via l'utilisation de la moustiquaire.
2.5.5 Facteurs socioéconomiques
a) Niveau de vie du ménage
Cette variable est le plus souvent déterminée
par l'ensemble des caractéristiques de l'habi-tat(sols, toiture, mur,
etc.) et des biens matériels (télévision, voiture, etc.)
que dispose le ménage. Konradsen et al.(2003) à partir d'une
étude menée au Sri Lanka a construit cette variable à
partir
2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 47
des caractéristiques du mur des habitations du
ménage. Il définissait par ménage pauvre celui dont le mur
était fait en planche ou en terre battue et par ménage riche
celui dont le mur était fait en béton. Il avait montré que
les enfants vivant dans les ménages pauvres couraient plus de risque
palustre que ceux des maisons riches. Des résultats similaires fut
obtenus par Somi et al.(2007) et Kumar et al 2014.
2.5.6 Caractéristiques du
ménage
a) Taille du ménage
Il s'agit du nombre total d'individu qui vivent
habituellement sous le même toit. De nombreuses études notamment
celles de Somi et al.(2007) et Ayele et al.(2012) ont montré que plus la
taille du ménage est grande plus les individus qui y vivent courent plus
de risque d'infection palustre.
b) Type de matériaux de construction de
l'habitat
Il s'agit ici du type de matériel de construction du
mur de l'habitat. Nkuo-Akenji et al.(2006) distinguaient les habitations
où les murs sont fait en béton, en planche. Konradsen et
al.(2003) définissaient de façon analogue cet indicateur en y
intégrant les maisons en terre battue.
2.5.7 Cadre d'habitation du ménage
a) Eaux stagnantes aux alentours de la
maison
Les eaux stagnantes constituent le principal lieu de
prolifération des anophèles femelles. Pour appréhender
cette variable, Gutmann et al.(2002) ont calculé pour chaque
ménage, la distance qui sépare la maison d'habitation à la
mare d'eau la plus proche. Les individus vivant dans les ménages dont la
maison d'habitation dispose d'une mare dans un rayon de moins de 100
mètres courent moins de risque palustre.
b) Buissons aux alentours de la maison
Nkuo-Akenji et al.(2006) et Kimbi et al.(2013) ont
montré que la présence de la broussaille aux alentours de la
maison augmente la densité anophèlienne, ce qui contribue
à augmenter le
2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 48
risque d'infection palustre.
2.5.8 Caractéristiques de l'enfant
a) Sexe de l'enfant
Ayele et al.(2012) ont montré que les enfants de sexe
féminin sont moins exposés à l'infec-tion palustre par
rapport aux enfants de sexe masculin. Par contre, Kimbi et al.(2013) ont
montré que les enfants de sexe masculin comparés à leur
homologue de sexe masculin couraient plus de risque d'infection palustre.
b) Âge de l'enfant
Cet indicateur est le plus souvent évalué en
mois. Le risque palustre diminue avec l'âge de l'enfant (Nkuo-Akenji et
al.,2006; Somi M F et al., 2007).
2.5.9 Variables intermédiaires
a) Utilisation des moustiquaires
Il s'agit de l'utilisation ou non de la moustiquaire. Bons
nombres d'études ont relevé l'in-fluence protectrice de
l'utilisation de la moustiquaire sur le risque de transmission du paludisme
chez les enfants de moins de 5 ans (Carnevale et al ., 1988 ; Robert et al.,
1991 ; Snow et al ., 1988).
b) Utilisation des insecticides
pulvérisation
Il s'agit de l'utilisation ou non des insecticides à
pulvérisation à l'intérieur du ménage les 6
derniers mois précédant l'enquête (Guthman et al.,
2001).
c) Utilisation de prophylaxie
Il s'agit de la prise ou non des médicaments dans le
but de prévenir les épisodes de paludisme chez l'enfant (Diana et
al., 2008).
2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 49
2.5.10 Résistance des vecteurs aux
insecticides
a) Taux de mortalité des
anophèles
Il est appréhendé par le taux de
mortalité des anophèles femelles soumis aux insecticides
après 24 heurs (OMS, 1957).
2.5 Correspondance entre concepts et indicateurs Cadre
théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
50
Tableau 2.2 - Illustration des concepts et variables
Concepts
|
Variables
|
Contexte de résidence
|
Milieu de résidence (Kimbi et al., 2013)
|
Facteurs environnementaux
|
- Pluviométrie (Nkuo-Akenji et al., 2006; Musawenkosi et
al., 2007; Cottrell et al., 2012; Kumar et al., 2014)
- Température ambiante (Musawenkosi et al., 2007; Kumar et
al., 2014)
|
Facteurs socioculturels
|
- Ethnie (Haque et al., 2011)
- Niveau d'instruction du CM (Baragatti et al., 2009)
- Religion (Erhun et al.,2004)
|
Connaissances et perceptions du paludisme
|
Connaissance sur la transmission du paludisme (Ndour et al.,
2006)
|
Facteurs socioéconomiques
|
- Niveau de vie du ménage (Konradsen et al., 2003; Somi et
al., 2007; Graves et al.,2008; Kumar et al., 2014)
|
Caractéristiques du ménage
|
- Taille du ménage (Somi et al., 2007; Ayele et al.,
2012)
- Type de matériaux de construction de l'habitation
(Nkuo-Akenji et al., 2006; Konradsen et al., 2003)
|
Cadre d'habitation du ménage
|
- Présence de l'eau stagnante aux alentours de la maison
(Guthman et al., 2002; Kimbi et al., 2013)
- Présence de buissons aux alentours de la maison (Guthman
et al., 2001 ; Kimbi et al., 2013)
|
Caractéristiques de l'enfant
|
- Sexe de l'enfant (Ayele et al.,2012; Kimbi et al., 2013)
- âge de l'enfant (Nkuo-Akenji et al.,2006 ; Somi M Fetal.,
2007;
Alemu et al.,2011 ; Ayele et al., 2012; Woyessa et al., 2011;
Kimbi et al., 2013)
- Lien de parenté avec le CM
|
Variables intermédiaires
|
- Utilisation des moustiquaires imprégnées (
Carnevale et al ., 1988; Robert et al., 1991; Snow et al ., 1988)
- Utilisation des insecticides à pulvérisation (
Guthmann et al., 2001; OMS, 2006)
- Prophylaxie (Diana et al., 2008)
|
Résistance des Anophèles femelles
|
Taux de mortalité des moustiques (OMS, 1957)
|
Infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans
|
Test de Diagnostique Rapide du paludisme (positif ou
négatif)
|
2.6 Cadre d'analyse Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 51
2.6 Cadre d'analyse
2.6.1 Hypothèses spécifiques
H1 : Le niveau instruction du CM influence
négativement le risque d'infection palustre chez les enfants de moins de
5 ans. Mais cette influence s'exerce à travers l'utilisation des
moustiquaires pour les enfants de moins de 5 ans.
H2 : La taille du ménage détermine le risque
d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Plus la taille du
ménage est grande, plus les enfants ont moins de chance d'uti-liser les
moustiquaires imprégnées et donc courent plus de risque
d'infection palustre.
H3 : Le type de matériel de construction de l'habitat
détermine le risque palustre chez les enfants de moins de 5 ans.
H4 : Les enfants de sexe féminin comparés
à ceux de sexe masculin courent plus de risque d'infection palustre.
H5 : L'utilisation des moustiquaires imprégnées
pour les enfants diminue le risque d'in-fection palustre chez ces derniers.
Mais ce risque est relativisé si on tient compte du
phénomène de «résistance». En zone de
résistance, la moustiquaire imprégnée perd son
efficacité.
H6 : Les enfants vivant en milieu urbain courent moins de
risque d'infection par rapport à ceux vivant en milieu semi-urbain et
rural. Mais cette influence se fait à travers la non utilisation de
moustiquaire.
2.6.2 Schéma d'analyse
La figure ci-après résume et
opérationnalise les hypothèses spécifiques
énoncées, il explicite le schéma conceptuel de la figure
2.3. Cette figure montre que les caractéristiques propres à
l'enfant et ceux du ménage déterminent l'utilisation ou non de la
moustiquaire. Cette utilisation ou non de la moustiquaire influence directement
sur le risque d'infection palustre, mais ce risque varie avec la
résistance des vecteurs.
2.6 Cadre d'analyse Cadre théorique
FIGURE 2.4 - Schéma d'analyse du risque d'infection
palustre chez les enfants de moins de 5 ans
Dans ce chapitre, il était question de faire un essai
de synthèse de la littérature sur le paludisme en
général et chez les enfants de moins de 5 ans en particulier.
Ainsi, nous avons dans un premier temps défini quelques aspects
généraux sur le paludisme. Ensuite nous avons présenter
les différents moyens de lutte contre le paludisme et leur
efficacité. Enfin, à partir de littérature, nous avons
identifié les déterminants du paludisme chez les enfants de moins
de 5 ans. Ce qui
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 52
2.6 Cadre d'analyse Cadre théorique
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
53
nous a permis de construire un cadre conceptuel et
d'émettre des hypothèses que nous tenterons de vérifier
à la suite de notre travail. Il ressort brièvement que : En
amont, le contexte de résidence agit sur les facteurs socioculturels,
environnementaux et socioéconomiques. Les facteurs environnementaux et
socioéconomiques à leur tour agissent sur les
caractéristiques du ménage et le cadre d'habitation du
ménage qui influencent les variables intermédiaires de
l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Les facteurs
socioculturels agissent sur les variables intermédiaires de l'infection
à travers les connaissances et les perceptions des chefs de
ménages sur le paludisme. Le schéma conceptuel permet de
comprendre que les variables intermédiaires sont celles qui sont les
plus proches de l'infection palustre et qui déterminent le plus la
maladie. Toutefois, le phénomène de résistance des
anophèles pourrait agir pour atténuer l'effet des variables
intermédiaires sur le l'infection palustre chez les enfants de moins de
5 ans. La littérature nous a également permis de définir
les indicateurs de concepts.
L'exercice de vérification du cadre conceptuel est
précédé par les opérations de collecte et d'analyse
des données empiriques. Ainsi, dans le chapitre qui suit, nous
présenterons les données que nous utiliserons pour tenter de
vérifier nos hypothèses, nous présenterons
également les outils et les méthodes statistiques qui nous
permettrons effectivement de tenter de vérifier nos hypothèses de
travail.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 54
CHAPITRE 3
ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES
Dans la recherche en sciences sociales, la collecte et
l'analyse des données sont des opérations déterminantes.
En effet, elles permettent de vérifier les hypothèses
formulées. Toutefois la collecte des données est une
opération couteuse tant en terme de temps qu'en terme de finance. C'est
pour cette raison que nous utiliserons dans le cadre de notre étude des
données déjà existantes. Il s'agit
précisément des données du projet «Impact
résistance 2012» collectées par le Programme Nationale de
Lutte contre le Paludisme (PNLP) dans la région du Nord Cameroun.
Après avoir présenté et évalué les
données, nous définirons les variables opérationnelles et
enfin nous présenterons les différentes méthodes
d'analyses qui nous permettront d'atteindre nos objectifs en vérifiant
les hypothèses.
3.1 Données utilisées
Les données que nous utiliserons sont celles du projet
«Impact résistance dans le Nord Cameroun» mené par le
Programme National de Lutte contre le Paludisme(PNLP) du Ministère de la
santé (MINSANTE). Il s'agit des données longitudinales qui ont
été collectées entre Aout 2012 et Décembre 2012
dans trois districts de santé de la région du Nord
Cameroun(PITOA, GAROUA, MAYO OULO).
3.1.1 Enquête sur «L'impact
résistance dans la région du Nord Cameroun 2012»
L'objectif de l'enquête était de
déterminer l'impact de la Moustiquaire imprégnée sur la
transmission du paludisme en zone de résistance.
3.1 Données utilisées Aspects
Méthodologiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
55
Plus spécifiquement il s'agissait de :
- déterminer l'impact des MILDA sur l'incidence et la
transmission du paludisme en présence de la résistance
métabolique des vecteurs aux insecticides;
- mieux comprendre la résistance aux insecticides et
son mécanisme dans la principale espèce d'anophèle (An
gambiae) responsable du paludisme;
- d'étudier la répartition des gènes de
résistance et de mieux comprendre la tendance général de
flux de gènes entre la population des vecteurs et contrôler les
changements de structure dans la population des vecteurs;
- de mieux comprendre la réponse des vecteurs en
relation avec l'intervention et étudier les possibles changements
induits par la résistance.
3.1.2 Plan d'échantillonnage
De toutes les 10 régions administratives du Cameroun,
la région du Nord a été choisie du fait que la
résistance métabolique de la population des An. gambiae s.l aux
insecticides a été démontrée dans le district de
Pitoa (Etang et al, 2007). La région du Nord Cameroun est
constituée de 13 districts de santé, un district de santé
est constitué de 2 ou plusieurs aires de santé (clusters ou
localités). L'aire de santé comprend 5 à 10 000 habitants
et regroupe un ou plusieurs villages ou quartiers déservis par un centre
de santé. De ces 13 districts de Santé, 3 districts de
santé ont été sélectionnés (PITOA, GAROUA,
MAYO OULO). Les critères de sélection de ces 03 district
étaient essentiellement basés sur la
représentativité des 03 niveaux de résistance. Des
clusters ont été sélectionnés dans chacun des
districts de santé pour ainsi constituer 28 clusters et 60 enfants de
moins de 5 ans ont été sélectionnés par cluster
soit un total de 1680 enfants au début de l'étude dont 51.81% de
sexe masculin et 48.18% de sexe féminin. Il s'agissait
précisément d'une étude de cohorte, où chaque
enfant sélectionné était régulièrement suivi
toutes les 2 semaines.
3.1.3 Informations collectées
Avant d'être introduit dans la cohorte au début
de l'étude, chaque enfant a été diagnostiqué du
paludisme par des examens médicaux de Test de Diagnostique Rapide (TDR)
ou par microscopie. Les enfants diagnostiqués positifs ont
été traités, de façon à ce que au
début de l'étude, les 1680 enfants soient tous idem du paludisme.
Une équipe spécialisée de collecte de données
3.1 Données utilisées Aspects
Méthodologiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
56
constituée des agents enquêteurs et des
personnels médico-sanitaires y passaient toutes les deux semaines pour
un suivi pour chaque enfant introduit dans l'étude. Chaque enfant ayant
un maximum de 8 suivis, soit 112 jours pour la durée maximale du suivi.
Lors des différents suivis, des TDRs et des prises de température
étaient effectués par enfant. Si au cours de ces suivis, un
enfant est diagnostiqué positif du paludisme, il est complètement
pris en charge et il sort de l'étude. Si entre deux visites, un enfant
manifeste des symptômes du paludisme (fièvre, vomissement, etc.)
son chef de ménage ou tout autre personne du ménage se charge de
contacter un relai communau-taire1 qui a été mis en
place dans chaque cluster, l'enfant est alors diagnostiqué, s'il est
positif, il est également pris en charge et il sort de l'étude.
Tout enfant qui sort de l'étude pour toutes autres raisons autre que le
paludisme, est systématiquement remplacé par un autre enfant
ayant des caractéristiques sociodémographiques (Age et sexe)
similaires. Quelques caractéristiques de l'enfant (Age, sexe), ceux de
son ménage (taille du ménage, nombre de MILDA disponible dans le
ménage, niveau d'instruction du CM, etc.) ont été
notés au début de l'étude.
Outre les données collectées au niveau micro et
au niveau méso, les données entomologiques ont été
collectées au niveau de chaque localité.
Précisément, une équipe d'entomologistes ont
collecté les données sur le niveau de résistance de chaque
localité selon le protocole de l'OMS définie dans la section
2.1.7. Ainsi les données que nous disposons sont d'ordre
sociodémogra-phique, socioéconomique,
épidémiologique et entomologique.
1. Personnel médical en charge des cas
déclarés entre deux visites.
3.1 Données utilisées Aspects
Méthodologiques
13"35'E 13"5
13"1'I20"E 13"18'10"E
18°E
9"E 13°30'E
Mogode
Hine
9"E
13.10'E 18`E
3"E
5"E
14"E
13"E
14"E
Guider
L, mbou
ilga
O Lawan
15"E
Légende
Localité
District d'étude
La région du Nord dans le Cameroun
Exh-me- ord
200 Km
Le département de la Benoué dans la région
du Nord
*Bala Dorbeye
Mayo Oulo
Mayo Oulo
Gaschiga
Fi · uil
Boussa
Mayo Lebri
Boula !bib
*
Pitoa
Boul. u
G izigare
Garoua urbain 2
Lounderou
Djamboutou 2PlateauKolle
°.4lfhadi
Ouro Hourso 1Kanadi
20Km
l I
aroua urbai
Ngon,
Mbolom
*Be Centre Nassarao
* *
Bibemi Source: Découpage administratif du cameroun
édition 2007 (INC)
Référence spatiale: WGS 84 Juillet 2013
SANDIE Arsine Brunelle (c)IFORD 2013-2014
57
13"1'20"E
|
3"18'17'E
|
13'.5E
|
13.51'50"E
|
FIGURE 3.1 -- Carte des localités ou clusters de
l'étude
3.2 Evaluation de la qualité des données
Aspects Méthodologiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
58
3.2 Evaluation de la qualité des
données
3.2.1 Taux de non-réponse des
variables
Les non-réponses ou données manquantes
proviennent soit de l'enquêté(e) qui refuse de répondre
à une question, soit de l'enquêteur par omission ou par erreur de
remplissage ou de l'agent de saisie qui peut commettre une erreur de saisie.
Nous présentons dans le tableau 3.1, le taux de non-réponse
correspondant à chaque variable. Il ressort que toute les variables ont
un taux de non-réponse négligeable car ces taux sont tous
inférieurs au seuil autorisé de 10%.
Tableau 3.1 - Taux de non-réponses des
différentes variables
Variables
|
Données manquantes (en %)
|
Infection palustre
|
0.00
|
Durée de l'infection
|
0.00
|
Sexe de l'enfant
|
0.00
|
Age de l'enfant
|
0.00
|
Niveau d'instruction du CM
|
1.14
|
Matériel de construction de l'habitat
|
1.88
|
Taille du ménage
|
0.00
|
Nombre de MILDA dans le ménage
|
0.00
|
Utilisation de MILDA
|
0.87
|
Milieu de résidence
|
0.00
|
Niveau de résistance
|
0.00
|
3.2.2 Données sur l'âge et le sexe de
l'enfant
Le sexe et l'âge constituent des variables de
vérification de la qualité des données. En effet, ces deux
variables ont le plus souvent des distributions standards et connues qui
permettent de faire les comparaisons afin de détecter d'éventuels
décalages. Dans notre étude, les enfants sont repartis selon le
sexe ainsi qu'il suit: 51.81% enfants sont de sexe masculin et 48.18% enfants
sont de sexe
3.2 Evaluation de la qualité des données
Aspects Méthodologiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
59
féminin. Ce qui est conforme à la règle
générale d'un plus grand nombre de naissances masculines par
rapport aux naissances féminines.
L'âge est une variable cruciale tant dans l'analyse des
phénomènes démographiques qu'en
épidémiologie. Nonobstant, il n'est pas toujours aisé de
collecter ou d'observer cette variable en Afrique. Dans le cadre de notre
étude, nous utiliserons la méthode graphique pour évaluer
les données sur l'age des enfants. La figure 3.2 donne la distribution
des enfants en fonction de leur âge. On observe sur cette figure des
grands pics d'effectifs aux âges ronds 12 mois, 24 mois, 36 mois et 48
mois. Cette répartition n'est guère satisfaisante. En effet, les
pics d'effectifs observés aux âges ronds (1 ans, 2 ans, 3 ans et 4
ans) seraient dus aux mauvaises déclarations de l'âge des enfants
par leurs parents qui ont tendance à arrondir l'âge des enfants.
Pour tenter de résoudre ce problème d'effectif, nous allons
regrouper selon les grands groupes comme le montre la figure 3.3
FIGURE 3.2 - Effectif des enfants en fonction de l'âge
(en mois)
FIGURE 3.3 - Effectif des enfants en fonction des groupes
d'âges (en mois)
3.3 Distributions des fréquences des variables
Aspects Méthodologiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
60
3.3 Distributions des fréquences des
variables
3.3.1 Variable à expliquer
Nous cherchons à expliquer la transmission ou
l'infection palustre. Pour cela, nous utilisons les données de survie
sur les enfants de moins de 5 ans. Chaque enfant étant suivi 8 fois avec
des espacements de 2 semaines, si un enfant est diagnostiqué malade de
paludisme au cours de l'étude, alors on dira que cet enfant aura
réalisé l'évènement d'intérêt qu'on
notera E ; dans ce cas on note alors la durée de temps
nécessaire (différence entre la date d'inclusion et la date de
début de maladie) à la réalisation de E. Si
à contrario un enfant subsiste à la maladie (paludisme) à
la fin de l'étude on dira alors qu'il est censuré et on notera
F l'évènement de censure, on note également le
temps nécessaire à la réalisation de F. Ainsi
pour chaque enfant nous disposons à la fin de l'étude d'un couple
de variable (Yi, Ti), où
?
?
?
Yi =
1 Si l'individu i réalise E 0 Si
l'individu i réalise F
et Ti est la durée de temps nécessaire
pour l'individu i pour réaliser E ou F. Dans
toute la suite, de notre étude, nous appellerons temps ou
durée d'infection palustre le temps qui s'est
écoulé entre l'inclusion d'un enfant dans la cohorte et le moment
où il est diagnostiqué du paludisme. Compte tenu de la
portée et la pertinence des données que nous disposons, notre
variable à expliquer sera construite à partir du couple
aléatoire (Y, T). Cette construction dépendra selon que
nous effectuons l'analyse descriptive ou explicative. Pour l'analyse
descriptive, nous utiliserons les estimations de Kaplan Meir pour construire la
probabilité d'échapper à la maladie avant un certain
temps, et pour l'analyse explicative, nous utiliserons les estimations de
Nelson-Aleen pour construire la variable à expliquer qui sera le risque
instantané de réaliser la maladie. Ces différentes
méthodes seront plus détaillées dans les sections
suivantes.
Comme nous le montre la figure 3.4, 58,67% d'enfants sont
restés indemnes du paludisme contre 41,33% qui ont contracté la
maladie. Pour ce qui est de la durée de la réalisation de E
ou F, les moyennes de la durée de réalisation de
ces évènements sont respectivement de 92.87 et 88.73 jours.
Toutefois, la figure 3.5 montre que cette variable semble avoir la même
répartition dans les deux sous populations (E et
F).
3.3 Distributions des fréquences des variables
Aspects Méthodologiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 61
FIGURE 3.4 - Répartition des enfants de l'étude
selon le statut d'infection
FIGURE 3.5 - Densité empirique de la durée de
réalisation des évènements E et F
3.3.2 Variables explicatives
a) Milieu de résidence
Cette variable est appréhendée par trois
modalités : le milieu Urbain, le milieu Semi urbain et le milieu Rural.
La différence entre ces trois milieux provient non seulement de la forte
concentration des infrastructures socio-sanitaires en milieu urbain, mais aussi
et surtout de part l'aménagement et l'assainissement du milieu. Le
milieu urbain étant mieux aménagé et assaini que les deux
autres milieux. Le milieu semi urbain étant un milieu en transition du
rural
3.3 Distributions des fréquences des variables
Aspects Méthodologiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 62
vers l'urbain. Le graphique 3.6 donne la répartition
des enfants inclus dans l'étude par milieu de résidence. La
majorité (677 enfants, soit 45.5%) des enfants inclus dans
l'étude réside en milieu rural, en milieu semi-urbain, 417
enfants ont été sélectionnés, le milieu urbain est
celui qui a le plus petit nombre d'enfants (394 enfants).
FIGURE 3.6 - Répartition des enfants inclus dans
l'étude selon le milieu de résidence
b) Variables socioculturelles
Niveau d'instruction du CM : Désigne
le plus haut niveau d'études atteint par le chef de ménage dans
un système éducatif formel. Cette variable peut être saisie
soit par la dernière classe atteinte, soit par le diplôme le plus
élevé obtenu, voire par le nombre d'années passées
dans le système éducatif formel. Dans le cadre de notre travail,
le niveau d'instruction du CM sera mesuré en distinguant les
modalités suivantes: Sans niveau, Primaire, Secondaire,
Supérieur. La plupart (692 enfants) d'enfant ont un CM qui est sans
niveau d'instruction, 545 enfants ont un CM qui est sans niveau, 208 enfants
ont un CM de niveau primaire et seulement 26 ont un CM de niveau
supérieur.
c) Caractéristiques du ménage
Taille du ménage : Représente
le nombre total d'individus qui résident dans un ménage. Elle est
pertinente pour l'étude. En effet par rapport au nombre de moustiquaires
disponibles dans le ménage, certains membres du ménage peuvent
être privés de l'utilisation des moustiquaires au
3.3 Distributions des fréquences des variables
Aspects Méthodologiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
63
FIGURE 3.7 - Répartition des enfants inclus dans
l'étude selon le niveau d'instruction du CM
profit d'autres. Il s'agit d'une variable quantitative
discrète, nous avons en moyenne 9.7 personnes par ménage, et la
médiane est de 8 personnes.
Type d'habitation du ménage : Il
s'agit du type de matériaux de construction du mur de l'ha-bitat du
ménage. Les modalités sont les suivantes : béton/parpaing,
Brique de terre simple, Bosse de terre battue, Natte chaume.
d) Variables liées à l'enfant
Sexe de l'enfant : Le sexe désigne
l'ensemble des caractères qui permettent de distinguer chez la
population des êtres vivants le genre mâle et le genre femelle (le
Petit Larousse, 1998). Il comporte deux modalités : Masculin et
Féminin. Le graphique 3.8 donne la répartition des enfants de
l'étude selon le sexe, on a un peu plus de
garçons que de filles.
L'âge de l'enfant : L'âge dont il
est question ici est celui de l'enfant au début de l'étude. Les
mo-dalités sont les suivantes :0-15 mois, 16-24 mois, 25-36 mois, 37-60
mois et 48-59 mois.
3.3 Distributions des fréquences des variables
Aspects Méthodologiques
FIGURE 3.8 - Répartition des enfants inclus dans
l'étude selon le sexe
e) Variable intermédiaire
Dans le cas de notre étude, la seule variable
intermédiaire est la variable Utilisation de moustiquaire pour les
enfants de moins de 5 ans, elle sera contrôlée par le nombre de
moustiquaires disponibles dans le ménage. L'enquête étant
longitudinale, lors du passage de l'agent enquêteur à chaque
visite, il était posé la question de savoir si l'enfant a
dormi sous moustiquaire la nuit précédente. Ainsi, pour
chaque enfant sera noté un certain nombre de fois la réalisation
de la variable a dormi sous moustiquaire la nuit précédente. Pour
définir la variable Utilisation de moustiquaire, pour chaque enfant,
nous rapporterons le nombre total de fois où l'enfant a
dormi sous moustiquaire sur le nombre total de ces visites avant la
réalisation de l'évènement d'intérêt E
ou de censure F. De cette façon, notre variable
Utilisation de moustiquaire aura deux modalités: Bonne utilisation et
Mauvaise utilisation. On dira qu'un enfant a eu Bonne utilisation si le rapport
dé-fini relativement à la variable à dormir sous
moustiquaire la nuit précédente est supérieur à 0.8
et dans le cas contraire, nous dirons que l'enfant a eu une
Mauvaise utilisation. Ainsi construite, la figure 3.9 donne la
répartition des enfants selon l'utilisation de la moustiquaire
imprégnée. Il en ressort que, 995 enfants sur 1488 (soit 66.87%)
ont une «mauvaise utilisation» de la moustiquaire et 493 enfants ont
une «bonne utilisation» de la moustiquaire.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 64
3.3 Distributions des fréquences des variables
Aspects Méthodologiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
65
FIGURE 3.9 - Répartition des enfants selon l'utilisation
de la moustiquaire imprégnée
Résistance des anophèles femelles
: Cette variable est observée au niveau de chaque
localité. Elle est définie à partir du taux de
mortalité des anophèles soumises aux insecticides (Pour notre
étude il s'agissait de la delthamétrine). La méthodologie
de calcul de ce taux est détaillée dans la section 2.1.7. Le taux
de mortalité calculé est ensuite catégorisé en 3
modalités:
- Résistante : Une localité ayant cette
modalité est une localité où les anophèles femelles
résistent aux insecticides présentent sur les moustiquaires
imprégnées. Dans cette localité, le taux de
mortalité des anophèles femelles est faible (inférieur
à 90%). Au total, 1019 enfants résident dans cette zone, ce qui
correspond à 68.48% de l'ensemble des enfants inclus dans
l'étude.
- Sensible : Il s'agit des localités où les
anophèles sont sensibles au insecticides et n'y résistent pas
lorsqu'elles sont en contact avec les moustiquaires imprégnées.
Dans ce cas le taux de mortalité des anophèles est
élevé (supérieur à 98%). Pour cette zone, 215
enfants ont été sélectionnés ce qui correspond
à 14.44% de l'ensemble total des enfants
- Probable Résistante : Il s'agit des zones
intermédiaires entre la sensibilité et la résistance,
où le taux de mortalité des anophèles est
modéré (compris entre 90 et 97%). Dans cette zone, 254 enfants
ont été inclus dans l'étude, soit 17.07% d'enfants.
3.4 Méthodes d'analyse Aspects
Méthodologiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
66
FIGURE 3.10 - Répartition des enfants selon
l'utilisation de la moustiquaire imprégnée
3.4 Méthodes d'analyse
3.4.1 Méthode statistique d'analyse descriptive
bivariée
Les données dont nous disposons sont des données
de survie. Chaque individu réalise l'évè-nement
d'intérêt E ou l'évènement de censure F
à des instants différents. Ces données nous
permettent de savoir la durée de temps T pour la
réalisation de l'évènement E ou F. Au
regard de ces données, la courbe de survie de Kaplan-Meier semble
être la plus adaptée pour l'analyse descriptive du risque
d'infection palustre; en effet, elle tient compte non seulement de la
réalisation de l'évènement d'intérêt mais
aussi et surtout du temps nécessaire pour la réalisation de cet
évènement.
La fonction de survie de Kaplan-Meier est définie par:
ST(t) = P(T > t), c'est la
probabilité de survivre (au paludisme) ou de ne pas réaliser
l'évènement d'intérêt E avant le temps
t. Si on souhaite étudier la liaison entre une variable
qualitative X à k modalités, et le
phénomène étudié E (paludisme), on fait
alors recours au test du Log - rank. Ce test compare la
fonction de survie entre les k sous-populations ayant
réalisées respectivement les k modalités de la
variable X. Les hypothèses de ce test sont:
- H0 : ST1 = ST2 = ·
· · = STk ;
- H1 : il existe i et j tel
que i =6 j et STi =6STj ;
Accepter l'hypothèse nulle H0, revient
à dire qu'il n'y pas de différence entre les courbes de survie
3.4 Méthodes d'analyse Aspects
Méthodologiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 67
3.4 Méthodes d'analyse Aspects
Méthodologiques
des k sous-populations issues des k modalités de la
variable X. Ainsi accepter H0, revient à dire qu'il y a
indépendance entre X et le risque d'infection palustre.
3.4.2 Régression semi-paramétrique de
Cox
a) Pertinence et principe de la
méthode
Étant donnée que nous disposons des
données de survie, où la réalisation ou non de
l'évè-nement d'intérêt s'est faite à des
instants différents, nous utiliserons le modèle
sémi-paramétrique à risque proportionnel de Cox.
L'idée de base est d'écrire le risque comme le produit de deux
éléments, le premier est un risque de base alors que le second
est fonction des seules variables explicatives. Ce modèle permet
d'exprimer un effet multiplicatif des diverses covariables sur le risque
instantané de connaitre l'évènement
d'intérêt. La spécification du modèle est la
suivante:
ë(t, X, Z) =
ë0(t)eX1â1+···+Xpâp
(3.1)
Où
- ë(t, X, Z) est la fonction de risque instantané
de connaitre l'évènement d'intérêt E par
unité de temps, en fonction de X et du temps t;
- ë0(t) est le risque instantané de
base;
- X = (X1,··· ,
Xp) le vecteur des covariables et 9 =
(91,··· , 9p) son vecteur
coefficient associé.
On utilise alors la maximisation de la vraisemblance
conditionnelle à l'ensemble des instants où il y a eu
réalisation de l'évènement, pour estimer le vecteur des
coefficients 9 = (91, · · · ,9p).
Ensuite le test de Wald est utilisé pour tester la
significativité des coefficients. On utilise enfin les estimations de
Breslow ou Nelson-Aalen pour estimer le risque instantané de base.
b) Hypothèse de
proportionnalité
Le modèle de Cox est un modèle à risque
proportionnel, ce qui veut dire que ce modèle n'est applicable que si
l'hypothèse de proportionnalité est vérifiée. Avant
d'interpréter les résultats de la régression de Cox, il
est nécessaire de tester les hypothèses suivantes:
- H0 L'hypothèse de proportionnalité est
vérifiée;
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
68
- H1 : L'hypothèse de proportionnalité n'est pas
vérifiée.
NB : Si H0 est rejetée, il faudra
alors stratifier suivant la covariable où l'hypothèse n'est pas
vérifiée, on parle alors de modèle de Cox
stratifié. Mais lorsqu'on stratifie selon une covariable, elle n'est
plus exprimée dans le modèle de régression comme variable
explicative. Dès lors, il n'est plus possible de savoir si cette
covariable est significativement associée ou pas au
phénomène étudié.
c) Interprétation des coefficients du
modèle de Cox
L'interprétation des coefficients dépend de la
nature de la variable associée. Soit âj, le coefficient
associé à une variable explicative Xj
- Si la variable Xj est quantitative, alors exp(âj)
s'interprète comme le risque relatif par unité de temps pour une
augmentation d'une unité de la variable.
- Si la variable Xj est une variable ayant deux classes 0 ou
1, alors exp(âj) s'interprète comme le risque relatif par
unité pour les individus de la classe «1» de connaitre
l'évè-nement par rapport à ceux de la classe
«0».
3.4.3 Modèle de durée de vie
accélérée
a) Pertinence et principe de la
méthode
Nous avons vu que le modèle de Cox n'est applicable que
si toutes les variables satisfont à l'hypothèse de
proportionnalité. Une variable qui ne vérifie pas cette
hypothèse est stratifiée et n'apparait plus dans les
résultats de l'estimation du modèle de Cox. Mais il peut se
trouver que des variables clés qui apparaissent dans nos objectifs ne
vérifient pas l'hypothèse de proportionnalité dans le
modèle de Cox. Dans ce cas, l'application du modèle de Cox ne
peut nous permettre de vérifier nos hypothèses et devient ainsi
moins pertinente. Pour contourner cette difficulté, nous utiliserons le
modèle de durée de vie
accélérée2.
Ce modèle considère les variables
indépendantes comme «accélérateurs» ou
«décélérateur» du temps de réalisation de
l'évènement d'intérêt (infection palustre).
Précisément, ce modèle per-
2. Chez les anglo-saxon est appelé Accelerated
Failure-Time models (AFT)
3.4 Méthodes d'analyse Aspects
Méthodologiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
69
met de voir si les variables indépendantes allongent ou
rétrécissent le temps d'infection palustre. La
spécification du modèle est la suivante:
ln(T) = X1â1 +
· · · + Xpâp + u (3.2)
Où, X = (X1,···
, Xp) est le vecteur des variables explicatives, T
représente le temps de réalisation de l'évènement
d'intérêt (infection palustre) ou l'évènement de
censure(ne pas être tombé malade jusqu'à la fin de
l'étude) et u représente le terme d'erreur.
b) Interprétation des coefficients du
modèle de durée de vie accéléré
Une fois spécifiée, on utilise la méthode
de maximisation de la vraisemblance pour estimer les paramètres du
modèle 3.2. Ensuite on utilise le test de Wald pour tester la
significativité des variables. l'interprétation des coefficients
dépend de la nature de la variable Xj :
- Si Xj est quantitative, alors âj représente
l'élasticité de T. En d'autre terme, l'augmen-tation de Xj d'une
unité entraine un effet multiplicatif sur T en moyenne de
exp(âj).
- Si Xj est qualitative avec deux classes «0» et
«1», alors exp(âj) représente le taux de croissance de
T, lorsqu'on passe de la classe «0» à la classe
«1».
Si âj < 0 alors exp(âj) < 1 et dans ce cas,
la variable Xj a pour effet de diminuer le temps de réalisation de
l'évènement d'intérêt et donc favorise plus vite sa
réalisation. On dit alors que Xj est un accélérateur du
temps de réalisation de l'évènement
d'intérêt. Par contre Si âj > 0 alors exp(âj) >
1 et dans ce cas, la variable Xj a pour effet d'augmenter le temps de
réalisation de l'évènement d'intérêt et donc
de ralentir sa réalisation. On dit alors que Xj est un
«ralentisseur» ou un «décélérateur» de
l'événement d'intérêt.
3.4.4 Hiérarchisation des facteurs explicatifs
du risque d'infection palustre
Dans la recherche des facteurs explicatifs d'un
phénomène, il est important de hiérarchiser ces facteurs.
En effet, dans le cas d'une éventuelle intervention des gouvernements ou
des organismes, il est important de savoir les variables les plus prioritaires.
Variables sur lesquelles une action entraînerait la baisse du risque
d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Ainsi nous utiliserons
la contribution relative de chaque variable qui est donné par la
formule:
mi
Cv = ÷2 sat -
÷2 (3.3)
÷2 sat
3.4 Méthodes d'analyse Aspects
Méthodologiques
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 70
où
- Cv contribution de la variable;
- ÷2 sat Chi deux du modèle
saturé;
- ÷2 m. Chi deux du modèle sans la
variable.
Après avoir calculé la contribution de chaque
variable, la hiérarchisation des facteurs explicatifs du risque
d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans se fera de la variable
dont la contribution est la plus grande à celle dont la contribution est
la plus petite.
Ce chapitre a globalement consisté à
présenter les données utilisées et les méthodes
statistiques que nous appliquerons dans le chapitre suivant pour effectivement
tenter de vérifier nos hypothèses. Les données
utilisées dans notre travail sont celles du projet «Impact
résistance dans la région du Nord Cameroun» mené par
le PNLP en 2012. Pour ce qui est de l'analyse des données; Au niveau
descriptif, nous avons présenté les courbes de survie de
Kaplan-Meier et au niveau explicatif, nous avons présenté dans un
premier temps le modèle semi paramétrique de Cox dont
l'application nécessite la vérification de l'hypothèse de
proportionnalité pour chaque variable. Or cette hypothèse n'est
pas toujours vérifiée, nous avons alors présenté le
modèle de durée de vie accélérée qui
constitue un palliatif. Enfin, nous avons présenté la formule du
calcul de la contribution relative des variables explicatives, ce qui nous
permettra par la suite de hiérarchiser les facteurs associé
à l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la
région du Nord Cameroun.
La suite de notre travail consistera à appliquer les
différentes méthodes statistiques que nous avons
présenté. Ceci dans le but de vérifier nos
hypothèses de travail.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 71
CHAPITRE 4
ESSAI D'EXPLICATION DE L'INFECTION
PALUSTRE
Dans ce chapitre, nous effectuerons tout d'abord une analyse
différentielle du risque palustre suivant les variables du schéma
d'analyse. Cette étape nous permettra d'avoir une idée
préliminaire sur les facteurs ou les déterminants de l'infection
palustre. Nous utiliserons essentiellement les courbes de survies de
Kaplan-Meier et le test de Log-rang pour tester la liaison entre le risque
d'infection palustre et les facteurs présumés pouvant influencer
l'infection palustre. Cette analyse différentielle permettra bien que de
façon parcellaire, d'avoir une idée sur une éventuelle
acceptation ou un rejet de nos hypothèses. Ensuite, suivant la
vérification de l'hypothèse de proportionnalité, nous
appliquerons la régression de Cox ou le modèle de durée
accélérée pour tenter d'identifier et de
hiérarchiser les déterminants de l'infection palustre. Enfin,
nous appliquerons le modèle pas à pas pour saisir les
mécanismes par lesquels les facteurs agissent pour influencer le risque
d'infection palustre.
4.1 Analyse différentielle du risque
palustre
4.1.1 Infection palustre et contexte de
résidence
a) Milieu de résidence
Dans l'ensemble, les courbes de survies de Kaplan-Meier de la
figure 4.1 montrent que les enfants résidant en milieu urbain courent
moins de risque d'infection palustre par rapport à ceux habitant le
milieu rural et le milieu semi-urbain. Le test de Log-rang avec une p-value
nulle montre une association significative entre le risque d'infection palustre
et le milieu de résidence. Il existe
4.1 Analyse différentielle du risque palustre
Essai d'explication de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 72
4.1 Analyse différentielle du risque palustre
Essai d'explication de l'infection palustre
donc au moins deux milieux de résidence où les
enfants ont des risques palustres différents. Une analyse beaucoup plus
désagrégée permet de voir que:
- Avec une p - value = 0.48, il n'y
a pas de différence de risque d'infection palustre entre les enfants
vivant en milieu rural et ceux résidant en milieu semi-urbain;
- Par contre, avec une p-value nulle, il existe une
différence significative de risque d'infec-tion palustre entre les
enfants vivant en milieu rural et ceux du milieu urbain. Les enfants du milieu
urbain courant moins de risque que ceux du milieu rural.
- De même, avec une p - value =
5.19e - 13, le test du Log-rang montre que les enfants du
milieu urbain courent significativement moins de risque d'infection palustre
que ceux du milieu semi-urbain.
Source: Exploitation des données du projet «Impact
résistance» du PNLP 2012. FIGURE 4.1 - Courbe de survie de
Kaplan-Meier du risque palustre par région de résidence.
4.1.2 Milieu de résidence et utilisation de
moustiquaire
Compte tenu du fait que les enfants du milieu urbain
échappent mieux au paludisme par rapport à ceux vivant rural et
semi-urbain, il est alors important de rechercher les différents
facteurs pouvant expliquer cette différence. Étant donné
que l'utilisation de la moustiquaire est protectrice contre le paludisme, il
est nécessaire de voir s'il existe une différentielle
d'utilisation des moustiquaires entre les différents milieux de
résidence. Le test de x2 avec p-value
= 6.65e-11, permet
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 73
de confirmer une liaison entre le milieu de résidence
des enfants et l'utilisation des moustiquaires. En milieu urbain, 22.05%
d'enfants ont une bonne utilisation de moustiquaires. Alors que cette
proportion est respectivement de 16.59% et 35.4% en milieu semi-urbain et
rural.
4.1.3 Infection palustre et Facteurs
socioculturels
a) Niveau d'instruction du CM
Les courbes de survie de Kaplan-Meier du risque palustre en
fonction du niveau d'instruc-tion du CM, sont très resserrées
entre elles. Le test de Log-rang avec une p - value =
0.08 montre qu'il y a pas de différence significative entre les
différentes courbes de survies. Ainsi ce test permet de dire qu'il n'y a
pas de liaison significative entre le niveau d'instruction du CM et le risque
d'infection palustre.
Source: Exploitation des données du projet «Impact
résistance» du PNLP 2012. FIGURE 4.2 - Courbe de survie de
Kaplan-Meier du risque palustre selon le type d'habitat.
4.1.4 Infection palustre et Caractéristiques du
ménage
a) Type de construction de l'habitation
On observe sur la figure 4.3, que les enfants habitant dans
les maisons construite en bé-ton/parpaings survivent mieux au paludisme.
Les enfants vivant dans les maisons en Nattes de
4.1 Analyse différentielle du risque palustre
Essai d'explication de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 74
chaumes courraient plus de risque palustre que les autres
enfants. Le test de Log-rang avec p - value = 0 confirme bien
une liaison significative entre le risque palustre et le type d'habitat.Une
analyse un peu plus raffinée permet de voir que toutes les courbes, sont
significativement différentes deux à deux.
Source: Exploitation des données du projet «Impact
résistance» du PNLP 2012. FIGURE 4.3 - Courbe de survie de
Kaplan-Meier du risque palustre selon le type d'habitat.
b) Taille du ménage
La variable taille du ménage étant une variable
quantitative, nous utiliserons plutôt le test de Fisher pour analyser la
liaison entre la taille du ménage et l'infection palustre. Avec une
p - value = 0.96, le test de Fisher permet
d'accepter l'hypothèse nulle de l'égalité de la taille
moyenne des ménages entre les ménages des enfants infectés
et ceux non infectés. Il ressort alors qu'il n'y a pas de liaison
significative entre la taille du ménage et l'infection palustre. Ceci
pourrait s'expliquer par le fait de la corrélation positive entre la
taille du ménage et le nombre de moustiquaires disponibles dans le
ménage. En effet, le coefficient de corrélation de Pearson entre
ces deux variables est de 0.60, et le test de nullité de ce coefficient
avec p - value < 2.2e - 16 confirme bien
une corrélation positive et significative entre la taille du
ménage et le nombre de moustiquaires disponibles dans le ménage.
Or le test de Fisher avec p - value = 0.003 montre
une liaison significative entre le nombre de moustiquaires disponibles dans le
ménage et leur utilisation
4.1 Analyse différentielle du risque palustre
Essai d'explication de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 75
effective pour les enfants de moins de 5 ans.
4.1.5 Infection palustre et Caractéristiques de
l'enfant
a) Sexe de l'enfant
Les courbes de risque palustre (figure 4.4) entre les enfants
de sexe féminin et de sexe masculin sont très resserrées,
toutefois, les enfants de sexe masculin semblent plus échapper à
l'infection palustre que leurs homologues de sexe féminin. Le test de
Log-rang, avec une p-value nulle permet de confirmer que les enfants de sexe
masculin courent significativement moins de risque palustre que leurs
homologues de sexe féminin. On pourrait penser que les CM utilisent plus
la moustiquaire pour les enfants de sexe masculin que pour ceux de sexe
féminin. Mais le test d'indépendance du x2
avec p - value = 0.68 permet de dire qu'il y a
indépendance entre le sexe de l'enfant et l'utilisation de la
moustiquaire. La figure 4.5 donne la répartition des enfants
infectés du paludisme par sexe et selon l'utilisation de la
moustiquaire. Il ressort de ce graphique que l'utilisation des moustiquaires
pour les enfants se distribue de façon similaire chez les enfants de
sexe féminin et ceux de sexe masculin.
Source: Exploitation des données du projet «Impact
résistance» du PNLP 2012. FIGURE 4.4 - Courbe de survie de
Kaplan-Meier du risque palustre selon le sexe de l'enfant.
4.1 Analyse différentielle du risque palustre
Essai d'explication de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 76
Source: Exploitation des données du projet «Impact
résistance» du PNLP 2012.
FIGURE 4.5 - Répartition des enfants infectés du
paludisme par sexe selon l'utilisation de moustiquaire
b) Age de l'enfant
Contrairement à ce qu'on pouvait s'attendre, comme le
montre la figure 4.6, les enfants les plus âgés courent plus de
risque d'infection palustre que les autres. Avec une p - value
= 0.002, le test de Log-rang montre que l'âge de l'enfant
est associé au risque d'infection palustre.
4.1 Analyse différentielle du risque palustre
Essai d'explication de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 77
Source: Exploitation des données du projet «Impact
résistance» du PNLP 2012.
FIGURE 4.6 - Courbe de survie de Kaplan-Meier du risque
palustre selon l'age de l'enfant.
4.1.6 Résistance et efficacité des
moustiquaires
La figure 4.7, montre que l'utilisation de moustiquaires pour
les enfants est protectrice contre le paludisme. Quelque soit le niveau de
résistance considéré (résistance, probable
résistance et sensibilité), on observe que les enfants ayant
dormi sous moustiquaire échappent mieux au paludisme. Le test de
Log-rang tant pour l'échantillon global que pour les différents
niveaux de résistance est non significatif, ce qui permet de conclure de
l'efficacité de l'utilisation de la moustiquaire.
4.2 Essai d'explication de l'infection palustre Essai
d'explication de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 78
Source: Exploitation des données du projet «Impact
résistance» du PNLP 2012.
FIGURE 4.7 - Courbe de survie de Kaplan-Meier du risque
palustre selon l'utilisation des moustiquaires pour les enfants.
4.2 Essai d'explication de l'infection
palustre
Dans l'analyse des phénomènes sociaux, il est en
général difficile d'expliquer une réalité en
mettant en relation deux variables. En effet, les phénomènes
sociaux sont pour la plupart des résultantes de divers interactions
entre plusieurs variables. Ainsi, certains résultats obtenus en mettant
en relation deux variables peuvent être fallacieux. Pour mieux identifier
les déterminants du risque palustre, il sera alors nécessaire de
mettre en relation et de façon simultanée plusieurs variables.
Nous allons dans un premier temps lancer la régression de Cox, ensuite
nous vérifierons l'hypothèse de proportionnalité. S'il y a
des «variables clés» qui ne vérifient pas
l'hypothèse de proportionnalité, alors nous utiliserons le
modèle de durée de vie accélérée.
4.2.1 Test de l'hypothèse de
proportionnalité
Le modèle de Cox est un modèle à risque
proportionnel. En effet, pour deux individus i et j, qui ont
pour covariables X et X7, le rapport de risque
instantané ne varie pas en fonction du temps. Les hypothèses de
ce test sont les suivantes:
- H0 L'hypothèse de proportionnalité est
vérifiée;
4.2 Essai d'explication de l'infection palustre Essai
d'explication de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 79
- H1 : L'hypothèse de
proportionnalité n'est pas vérifiée.
Ainsi, si la p - value > 5%, alors on
accepte l'hypothèse de proportionnalité. Sinon on rejette cette
hypothèse et on stratifie le modèle de Cox suivant cette
variable.
Par application, la p - value du test de
l'hypothèse de proportionnalité du modèle saturé
est 3.43e - 07, l'hypothèse de proportionnalité
n'est pas vérifiée dans ce cas. Le tableau en annexe, donne les
p-value du test de proportionnalité pour chacune des variables du
modèle saturé. On observe alors que les variables milieu de
résidence, niveau d'instruction du CM, résistance et utilisation
de moustiquaire pour les enfants ne vérifient pas l'hypothèse de
proportionnalité. On observe alors que les variables qui ne
vérifient pas l'hypothèse de proportionnalité, sont des
variables qui apparaissent dans nos hypothèses. Or en stratifiant
suivant ces variables, il n'est plus possible de vérifier nos
hypothèses, de plus la stratification de certaines variables
empêchent d'in-terpréter les mécanismes d'action des
variables explicatives sur l'infection palustre. Le modèle de Cox
à risque proportionnel s'avère dès lors moins pertinent.
De ce fait, nous utiliserons le modèle de durée de vie
accélérée dans la recherche des facteurs explicatifs de
l'infection palustre.
4.2.2 Qualité de l'ajustement du modèle aux
données
Il existe plusieurs méthodes d'ajustement du
modèle aux données, toutefois nous utiliserons le test de Wald et
le test de rapport de vraisemblance. Le test de Wald basé sur la
statistique du Chi2 permet de tester l'hypothèse
selon laquelle au moins un coefficient de la régression est
significativement non nul. Et le test du rapport de vraisemblance permet de
tester l'hypothèse selon laquelle le modèle saturé est
«meilleur» que le modèle vide. Dans le cas de notre
modèle, la p-value du test de Wald est nulle, ce qui
permet de conclure que parmi les variables indépendantes du risque
d'infection palustre, au moins une est significative au seuil de 1%.
Tableau 4.1 - Information sur l'ajustement du modèle aux
données
Modèle
|
-2log vraisemblance
|
Chi2
|
Degré de liberté
|
p-value
|
Constante
|
-3404.7
|
|
|
|
Final
|
-3309.2
|
191.1
|
17
|
0.00
|
Source : Exploitation des données du projet «Impact
résistance» du PNLP 2012.
4.2 Essai d'explication de l'infection palustre Essai
d'explication de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 80
4.2.3 Spécification des modèles
utilisés
Pour mieux saisir les mécanismes par lesquelles les
variables agissent sur le risque d'infec-tion palustre, nous utiliserons la
méthode pas à pas. Elle consiste à introduire de
façon successive les variables dans le but de vérifier le
schéma d'analyse.
· M0=Modèle brut.
· M1=Milieu de résidence+Niveau
d'instruction du CM.
· M2=M1+Type d'habitation du
ménage
· M3=M2+Taille du ménage.
· M4=M3+Age de l'enfant+sexe de
l'enfant.
· M5=M4+Nombre de moustiquaires
disponibles dans le ménage.
· M6=M5+Utilisation de moustiquaire pour
les enfants.
· M7=M6+Niveau de résistance.
4.2.4 Les déterminants de l'infection palustre
chez les enfants de moins de
5 ans
Le modèle de durée de vie
accélérée permet de mettre en évidence les facteurs
qui accélèrent ou décélèrent la durée
d'infection palustre. Il ressort de l'examen du modèle M7 du
tableau 4.2 que la non utilisation de la moustiquaire, le niveau de
résistance, le milieu de résidence et le type d'habitation du
ménage, sont les déterminants de l'infection palustre chez les
enfants de moins de 5 ans dans la région du Nord Cameroun.
1.15***
|
1.08**
|
0.65***
|
réf
|
1.00
|
0.94
|
0.96
|
réf
|
1.00
|
0.89***
|
réf
|
1.00
|
réf
|
1.15***
|
1.11***
|
0.66***
|
réf
|
1.00
|
0.94
|
0.98
|
réf
|
1.01
|
0.88***
|
réf
|
1.00
|
réf
|
1.16***
|
1.11***
|
0.72***
|
réf
|
1.01
|
0.96
|
0.98
|
0.99
|
0.88***
|
réf
|
1.00
|
réf
|
1.16***
|
1.11***
|
0.72***
|
réf
|
1.01
|
0.96
|
0.98
|
réf
|
1.01
|
0.88***
|
réf
|
1.00
|
réf
|
1.02
|
0.96
|
0.98
|
réf
|
0.98
|
0.87***
|
réf
|
0.99
|
0.87***
|
réf
|
1.02
|
0.96
|
0.98
|
réf
|
M7
M6
1.00
1.00
M5
M4
1.00
1.00
M3
M2
1.16***
|
1.11***
|
0.72***
|
réf
|
1.00
1.16***
|
1.11***
|
0.72***
|
réf
|
Tableau 4.2 - Effets nets et bruts des variables
indépendantes sur le risque d'infection palustre
M1
1.02
|
0.99
|
1.05
|
réf
|
0.98
|
0.83***
|
réf
|
M0
1.20***
|
1.20***
|
0.89***
|
réf
|
1.02
|
1.05
|
1.11
|
réf
|
0.98
|
0.83***
|
réf
|
1.01
|
réf
|
Type d'habitation du ménage
Béton/Parpaing
Bosse de terre battue
Brique de terre simple
Nattes chaume
Niveau d'instruction du CM Primaire
Sans niveau
Supérieur
Secondaire
Milieu de résidence Semi-urbain
Urbain
Rural
Sexe de l'enfant Féminin
Masculin
Variables et Modalités
1.00
Taille du ménage
4.2 Essai d'explication de l'infection palustre Essai
d'explication de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 81
1.00
|
1.00
|
0.98
|
réf
|
1.01
|
1.10***
|
réf
|
0.80***
|
réf
|
0.98
|
0.98
|
0.97
|
réf
|
0.81***
|
réf
|
191.1
178.44
0.99
0.99
120.92
120.91
0.99
Source : Exploitation des données du projet «Impact
résistance» du PNLP 2012. ** Significatif à 5%; ***
Significatif à 5%; ns Non significatif.
120.56
120.31
67.51
1.02
|
0.99
|
1.00
|
réf
|
1.01
|
1.094**
|
réf
|
0.81***
|
réf
|
Age de l'enfant 0-15 mois
|
16-24 mois
|
25-36 mois
|
37-60 mois
|
Résistance
Probable résistance
Sensible
Résistante
Utilisation des moustiquaires Mauvaise
utilisation
Bonne utilisation
Statistique de ÷2
1.00
Nombre des moustiquaires
4.2 Essai d'explication de l'infection palustre Essai
d'explication de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 82
4.2 Essai d'explication de l'infection palustre Essai
d'explication de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 83
4.2.5 Hiérarchisation des facteurs explicatifs de
l'infection palustre
Les modèles du tableau 4.2, ont permis d'identifier les
facteurs associés à l'infection palustre. Toutefois, ces facteurs
ne contribuent pas au même niveau sur l'infection palustre. Dans cette
section, ces facteurs sont hiérarchisés selon le niveau
d'importance.
Ainsi, le tableau 4.3, montre que la non utilisation de
moustiquaires est le facteur qui contribue le plus à l'infection
palustre. Sa contribution au phénomène est de l'ordre de 32.43%.
Ensuite, le type d'habitation du ménage est le second facteur qui
contribue le plus à l'infection palustre (28.27%). Les enfants vivant
dans les maisons en parpaings et ceux vivant dans les maisons en brique de
terre sont plus protégés contre l'infection palustre
comparativement à ceux vivant dans les maisons en bosse de terre. Tandis
que les enfants vivant dans les maisons en nattes de chaumes sont moins
protégés comparativement à ceux vivant dans les maisons
faites en bosse de terre. Le milieu de résidence est le troisième
facteur le plus important contribuant à l'infection palustre chez les
enfants de moins de 5 ans (20.98%). Les enfants vivant en milieu urbain
survivent mieux à l'in-fection palustre par rapport à ceux vivant
le milieu semi-urbain et le milieu rural. Enfin le niveau de résistance
des vecteurs aux insecticides est le dernier facteur le plus important de
l'infection palustre. Les enfants vivant en zone sensible et ceux vivant en
zone de probable résistance sont mieux protégé contre
l'infection palustre, par rapport à ceux vivant en zone de
résistance.
Tableau 4.3 - Contribution des variables à l'explication
de l'infection palustre
Variables explicatives
|
÷2 du modèle saturé
|
÷2 du modèle sans la variable
|
Contribution en %
|
Rang
|
Non utilisation de moustiquaire
|
191.1
|
129.12
|
32.43
|
1
|
Résistance
|
191.1
|
178.44
|
6.62
|
4
|
Milieu de résidence
|
191.1
|
151.01
|
20.98
|
3
|
Type d'habitation du ménage
|
191.1
|
137.08
|
28.27
|
2
|
Source : Exploitation des données du projet «Impact
résistance» du PNLP 2012.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 84
4.3 Mécanismes d'actions des effets des variables
explicatives sur le risque d'infection
palustre Essai d'explication de l'infection
palustre
4.3 Mécanismes d'actions des effets des
variables explicatives sur le risque d'infection palustre
4.3.1 Influence du contexte
a) Milieu de résidence
Les résultats de l'analyse multivariée du
tableau 4.2 nous montre que le milieu de résidence influence
significativement l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Le
milieu rural est un accélérateur de l'infection palustre chez les
enfants comparativement au milieu urbain. Alors qu'il y a pas de
différence significative de temps d'infection palustre entre le milieu
semi-urbain et le milieu urbain. Les enfants vivant en milieu rural ont un
temps d'infection palustre inférieur de 11% par rapport à celui
des enfants vivant en milieu urbain. En introduisant la variable Utilisation
des moustiquaire dans le modèle M6, on se rend compte qu'il y a
pas d'effet sur la significativité de la variable Milieu de
résidence. Ainsi, l'association entre le milieu de résidence et
l'infection palustre ne serait pas due à l'utilisation de la
moustiquaire. De ce fait, l'hypothèse H6 qui stipule
que: « les enfants vivant en milieu urbain courent moins de risque
d'infection par rapport à ceux vivant en milieu semi-urbain et rural et
que cette influence se fait à travers l'utilisation de la moustiquaire
», est partiellement confirmée.
4.3.2 Influence des caractéristiques du
ménage
a) Type d'habitation du ménage
Le type d'habitation du ménage influence
significativement l'infection palustre. Ce qui permet de confirmer
l'hypothèse H3. Les habitations construites en bétons/parpaings
et celles faites en brique de terre décélèrent le temps
d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans comparativement aux
habitations faites en bosse de terre battue. Par contre, les habitations faites
en natte de chaume accélèrent le temps d'infection palustre. Les
enfants habitant les maisons construites en parpaings et ceux habitant les
maisons en terre battue ont une durée d'infection palustre
supérieur à ceux habitant les maisons en bosse de terre battue
respectivement de 15% et 8%. Alors que les enfants habitant dans les maisons en
Natte de chaume ont une durée d'infection palustre inférieure de
35% comparativement à ceux vivant dans les maisons en bosse de terre
battue.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 85
4.3 Mécanismes d'actions des effets des variables
explicatives sur le risque d'infection
palustre Essai d'explication de l'infection
palustre
4.3.3 Effets nets de la non utilisation de
moustiquaire sur le risque d'infec-tion palustre
Il ressort des résultats de l'analyse
multivariée que la non utilisation de la moustiquaire pour les enfants
de moins de 5 ans est un accélérateur de l'infection palustre
chez ces derniers. Les enfants n'ayant pas une bonne une bonne utilisation de
la moustiquaire ont un temps d'in-fection palustre 20% inférieur
à celui des enfants ayant une bonne utilisation de la moustiquaire. Plus
précisément, ce résultat montre que l'utilisation de la
moustiquaire pour les enfants de moins de 5 ans est protectrice contre
l'infection palustre. Dans le modèle M7, en contrôlant
par la variable niveau de résistance, il n'y a aucun changement sur la
significativité de la variable Utilisation des moustiquaires. Ce
résultat permet de conclure qu'une bonne utilisation de la moustiquaire
demeure efficace contre l'infection palustre, ce qui reste davantage vrai
lorsqu'on tient compte du phénomène de résistance de
vecteurs. Ainsi, l'hypothèse H5 qui stipule que: «
L'utilisation des moustiquaires imprégnées pour les enfants
diminue le risque d'infection palustre chez ces derniers et que ce risque est
relativisé si on tient compte du phénomène de
résistance des vecteurs. En zone de résistance, la moustiquaire
imprégnée perd son efficacité. », est
partiellement Confirmée.
4.3.4 Effets nets de la résistance des vecteurs
sur l'infection palustre
Bien que contribuant de façon marginale (6.62%), la
résistance des vecteurs est un facteur non moins important de
l'infection palustre chez les enfants. Les enfants habitant en zone sensible
survivent mieux à l'infection palustre par rapport à ceux vivant
en zone de résistance. Par contre, il n'y a pas de différence
significative de temps d'infection palustre entre les enfants vivant en zone de
probable résistance et ceux de la zone de résistance. La zone de
sensibilité est un décélérateur du temps
d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Le temps d'infection
palustre chez les enfants vivant en zone sensible est supérieur
d'environ 10% par rapport à ceux vivant en zone de résistance.
Contrairement à ce que l'on pourrait s'attendre, ce résultat
n'est pas dû à une baisse de l'efficacité de la
moustiquaire en zone de résistance des anophèles. En effet, le
modèle M7 du tableau 4.2 permet de voir que, lorsqu'on
introduit la variable Résistance il n'y a pas d'effet sur la
significativité de la variable Utilisation de la moustiquaire.
4.4 Discussion des résultats Essai d'explication
de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014
86
4.4 Discussion des résultats
Dans cette étude, nous nous sommes essentiellement
concentrer sur l'identification des déterminants de l'infection palustre
chez les enfants de moins de 5 ans dans la région du Nord Cameroun et
ses mécanismes d'actions. A partir de la littérature, nous avons
essayé de conceptualiser le phénomène. L'analyse des
données nous a permis d'identifier: l'utilisation de la moustiquaire, le
milieu de résidence, le type d'habitation du ménage et la
résistance des vecteurs aux insecticides comme étant les
déterminants de l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans
dans la région du Nord Cameroun.
En ce qui concerne l'utilisation de la moustiquaire, comme on
pouvait s'y attendre, une bonne utilisation de la moustiquaire pour les enfants
de moins de 5 ans, est protectrice contre l'infection palustre chez ces
derniers. Ce résultat est similaire à ceux de bons nombres
d'études notamment celles de Snow et al(1988) et Alemu et al(2011).
N'existant pas encore de vaccin homologué contre le paludisme,
l'utilisation de la moustiquaire constitue le moyen de protection le plus
efficace contre le paludisme notamment chez les enfants de moins de 5 ans.
L'anophèle femelle est le plus souvent actif dans la nuit entre 23 h et
05 h du matin, période pendant laquelle les enfants sont en
général endormis et sont par conséquent
vulnérables. Une bonne utilisation (utilisation régulière)
de la moustiquaire pour les enfants, réduirait alors le contact entre le
vecteur et l'enfant, diminuant ainsi le risque d'infection palustre chez ce
dernier. Notre étude permet également de conclure de
l'efficacité de la moustiquaire imprégnée en
présence de la résistance de l'anophèle femelle (An.
gambiae). Des études sur l'efficacité de la moustiquaire
imprégnée de perméthrine et de deltaméthrine sur
l'anophèle résistante en Côte D'ivoire et au Burkina Faso
(Darriet et al.,1984; Darriet et al.,1998) ont montré que, même si
il y eu perte de l'effet dissuasif, l'effet exito-répulsif fut maintenu.
Ces résultats pourraient se prolonger dans le cas de notre étude.
En effet, l'insecticide utilisé pour mesurer la résistance dans
notre étude était la deltaméthrine. On pourrait ainsi
penser que c'est cet effet exito-répulsif qui contribuerait à
l'efficacité de la moustiquaire imprégnée en
présence de la résistance de l'An. gambiae. De plus, on pourrait
également penser que même si la résistance des vecteurs
atténue la barrière chimique, la barrière physique
resterait alors assez efficace pour limiter le contact entre le vecteur et
l'enfant.
Quant au milieu de résidence, notre étude a
indiqué qu'il y a pas de différence de temps d'infection palustre
entre les enfants du milieu urbain et ceux du milieu semi urbain. Par contre,
les
4.4 Discussion des résultats Essai d'explication
de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 87
enfants du milieu rural courent plus de risque d'infection
palustre par rapport à leurs homologues vivant en milieu urbain.
Korenromp et al. (2003) ayant montré que les enfants du milieu urbain
sont plus exposés à l'utilisation de la moustiquaire par rapport
à ceux du milieu rural; c'est par là qu'on serait tenté
d'expliquer cette différence d'infection palustre entre les enfants du
milieu urbain et ceux du milieu rural. Mais l'observation de nos
résultats d'analyse multivariée (l'introduction de la variable
Utilisation de la moustiquaire dans le modèle M6 n'influence
pas la signi-ficativité du Milieu de résidence) permet de rejeter
cette explication. Étant donné que le milieu urbain est mieux
assaini et mieux construit que le milieu rural, on pourrait alors penser que le
milieu urbain serait mieux aménagé que le milieu rural. Ainsi, le
milieu urbain bénéficierait des conditions environnementales
moins propices au développement et au foisonnement des vecteurs. De ces
conditions environnementales, on peut citer entre autre les mares d'eaux
stagnantes principaux lieux de prolifération des moustiques. Ainsi, la
densité anophèlienne serait plus importante en milieu rural par
rapport au milieu urbain. De ce fait, les enfants vivant en milieu rural
courraient plus de risque d'infection palustre par rapport à ceux du
milieu urbain.
Pour ce qui est du type d'habitation du ménage, il se
trouverait qu'il soit lié au niveau de vie du ménage, or
certaines études (Konradsen et al., 2003; Somi et al., 2007; Graves et
al.,2008; Kumar et al., 2014) ont montré que le niveau de vie du
ménage était associé à l'infection palustre chez
les enfants. On pourrait penser que les ménages où les
habitations sont construites en béton/parpaings sont aussi les
ménages qui ont un niveau de vie élevé par rapport aux
autres et auraient donc des conditions de vie (salubrité,
assainissement, évacuation des ordures, etc.) meilleures, toutes choses
qui contribueraient à réduire la densité
anophèlienne autour de la maison. Le type d'habitation du ménage
influencerait également sur le comportement et le développement
des anophèles femelles. En effet, après le repas sanguin,
l'anophèle femelle choisit des endroits tranquilles et sombres pour le
repos et la digestion. Or certains types d'habitations par exemple celles
faites en nattes de chaumes et en terre battue sont de nature sombres et
attireraient par conséquent plus les anophèles femelles pour leur
repos ; toutes choses qui participeraient à leur développement.
De plus, les maisons faites en nattes de chaumes et en bosse de terre
disposeraient des trous ou des espaces ouverts sur le mur d'habitation, ce qui
favoriserait l'entrée des anophèles femelles dans la maison.
Notre étude a aussi relevé que le
phénomène de résistance des vecteurs est associé
à l'in-fection chez les enfants de moins de 5 ans dans la région
du Nord Cameroun. Il n'y a pas de
4.4 Discussion des résultats Essai d'explication
de l'infection palustre
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 88
différence de temps d'infection palustre entre les
enfants vivant en zone de probable résistance et ceux vivant en zone de
résistance. Par contre, les enfants vivant en zone de sensibilité
des anophèles sont mieux protégé de l'infection palustre
comparativement à ceux habitant les zones de résistance.
Contrairement à ce qu'on pouvait s'attendre, la significativité
de la résistance n'a pas induit une baisse de l'efficacité des
moustiquaires. Ces résultats pourraient s'expliquer par d'autres
variables exogènes au phénomène de résistance des
vecteurs aux insecticides. Selon Chouaibou et al.(2008), l'apparition et le
développement de la résistance des vecteurs aux insecticides dans
la région du Nord Cameroun serait tributaire de l'utilisation
intempestive des insecticides et des pesticides dans les champs de culture de
coton. De ce fait, les zones de résistance des anophèles seraient
alors pour l'essentiel situées à proximité des zones
agricoles de coton. Les zones agricoles sont parfois humides et disposent des
températures ambiantes qui seraient favorables au développement
des anophèles femelles. De plus, la pratique de l'irrigation dans les
zones agricoles favorise la création des mares d'eaux stagnantes. Ainsi,
on a de bonnes raisons de penser que dans les zones agricoles la densité
anophèlienne serait plus importante, ce qui contribuerait à
l'augmentation du taux d'inoculation entomologique. Enfin, certaines variables
relevées dans la littérature comme significativement
associées à l'infection palustre, ce sont avérées
non significatives dans notre étude. On peut citer entre autre : le
niveau d'instruction du chef de ménage, la taille du ménage, le
sexe et l'âge de l'enfant. Ce qui permet d'infirmer les hypothèses
H1, H2 et H4.
4.4.1 Vérification des
hypothèses
La vérification des hypothèses en sciences
sociales permet de façon résolue, d'atteindre les objectifs
fixés au départ de notre étude. Une hypothèse est
confirmée lorsque dans l'analyse des données, la variable
définie dans l'hypothèse est significativement associée au
phénomène et dans le sens spécifié, de plus, les
mécanismes présumés doivent être
vérifiés. Elle est partiellement confirmée lorsque: soit
la variable définie dans l'hypothèse est significativement
associée au phénomène mais seulement certaines
modalités vérifient le sens spécifié; soit la
variable définie dans l'hypothèse est significativement
associée au phénomène et dans le sens
spécifié, mais les mécanismes présumés ne
sont pas vérifiés. Elle est non confirmée lorsque la
variable définie dans l'hypothèse est non significativement
associée au phénomène étudié. Le tableau
4.4
4.4 Discussion des résultats Essai d'explication
de l'infection palustre
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Tableau 4.4 - Vérification des hypothèses
Hypothèses
|
Conclusion
|
H1 : L'instruction du CM influence
négativement le risque d'infection palustre chez les enfants de moins de
5 ans. Mais cette influence s'exerce à travers l'utilisation des
moustiquaires pour les enfants de moins de 5 ans.
|
Infirmée
|
H2 : La taille du ménage détermine
le risque d'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Plus la
taille du ménage est grande, plus les enfants ont moins de chance
d'utiliser les moustiquaires imprégnées et donc courent plus de
risque d'infection palustre.
|
Infirmée
|
H3 : Le type de matériel de construction
de l'habitat détermine le risque palustre chez les enfants de moins de 5
ans.
|
Confirmée
|
H4 : Les enfants de sexe féminin
comparés à ceux de sexe masculin courent plus de risque
d'infection palustre.
|
Infirmée
|
H5 : L'utilisation des moustiquaires
imprégnées pour les enfants
diminue le risque d'infection palustre chez ces derniers.
Mais ce risque est modulé si on tient compte du
phénomène de «résistance». En
zone de résistance, la moustiquaire imprégnée
perd son efficacité.
|
partiellement Confirmée
|
H6 : Les enfants vivant en milieu urbain
courent moins de risque d'infection par rapport à ceux vivant en milieu
semi-urbain et rural.
Mais cette influence se fait à travers la non utilisation
de moustiquaire.
|
partiellement Confirmée
|
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2013-2014 90
Conclusion
Le paludisme est une des maladies les plus importantes pour
l'humanité. Il demeure un réel problème de santé
publique et a constitué le principal champ de notre étude. Il
était question pour nous de rechercher les facteurs de risque de
l'infection de cette maladie chez les enfants de moins de 5 ans dans la
région du Nord Cameroun, ceci en tenant compte du
phénomène de résistance. Plus spécifiquement, il
s'agissait de :
- rechercher et de hiérarchiser les facteurs sociaux
(socioculturels, économiques, démographiques et environnementaux)
de l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la
région du Nord Cameroun;
- cerner les mécanismes sociaux qui sous-tendent
l'infection palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la région
du Nord Cameroun;
- Savoir si les moustiquaires imprégnées restent
efficaces si on tient compte du phénomène de
résistance.
Après avoir présenté le contexte
général de l'étude, la revue de la littérature nous
a permis de construire un cadre conceptuel et d'émettre des
hypothèses de travail. Ensuite, nous avons présenté les
données que nous avons utilisé pour vérifier nos
hypothèses. Il s'agit des données de survie collectées par
le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) en 2012 dans le cadre
du projet «Impact de la résistance sur la moustiquaire
imprégnée d'insecticide à longue durée d'Action
(MIILDA) dans la région du Nord Cameroun ». Pour analyser
effectivement les facteurs de risque de l'infection palustre, nous avons eu
recours au niveau descriptif, des courbes de survie de Kaplan-Meir
accompagnées des tests du log-rank. Au niveau explicatif, dans un
premier temps, nous avons appliqué la régression
semi-paramétrique à risque proportionnel de Cox, mais
l'hypo-thèse de proportionnalité n'était pas
vérifiée pour bons nombres de variables cruciales pour notre
étude; mais en stratifiant suivant ces variables, il devient alors
impossible d'apprécier l'effet net
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 91
Conclusion
de ces dernières. Pour contourner cet obstacle, nous
avons utilisé dans un second temps le modèle de durée de
vie accélérée qui exprime les variables explicatives comme
des accélérateurs ou des décélérateurs du
temps pour réaliser l'évènement d'intérêt
(infection palustre).
Au niveau descriptif, il ressort que le milieu de
résidence, l'utilisation de la moustiquaire, la résistance, le
type d'habitation du ménage et l'âge de l'enfant sont
associés à l'infection palustre chez les enfants de moins de 5
ans dans la région du Nord Cameroun. Globalement, l'utilisation de
moustiquaire pour les enfants est protectrice contre l'infection palustre, ceci
quel qu'en soit la zone considérée (résistante, probable
résistante et sensible). Ce qui laisse à penser à un non
impact de la résistance des vecteurs sur l'efficacité de la
moustiquaire.
Au niveau explicatif, les facteurs de risques de l'infection
palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la région du Nord
Cameroun sont les suivants : Le milieu de résidence, Le type
d'ha-bitation, l'utilisation des moustiquaires et le niveau de
résistance. par contre, le niveau d'instruction du chef de ménage
(CM), la taille du ménage, l'âge et le sexe de l'enfant ne sont
pas associés à l'infection palustre chez les enfants de moins de
5 ans vivant dans la région du Nord Cameroun. La hiérarchisation
des facteurs a permis de classer tout d'abord l'utilisation de la moustiquaire
comme le facteur le plus déterminant de l'infection palustre, ensuite le
type d'habitation, après le milieu de résidence, et enfin la
résistance. Les enfants vivant en milieu rural sont plus exposés
que ceux du milieu urbain et semi-urbain. Les maisons construites en terre
battue et en natte de chaume accélèrent le temps d'infection
palustre comparativement aux maisons faites en béton. Enfin, les zones
de sensibilité des anophèles sont plus protectrices contre
l'infection palustre comparativement aux zones de probable résistance et
de résistance. Pour ce qui est de l'efficacité des moustiquaires,
les analyses montrent qu'il n'y a pas d'effet de la résistance de
l'anophèle sur l'efficacité des moustiquaires.
Comme tout travail scientifique, notre étude
présente un certain nombre de limites qu'il convient de relever. La
littérature nous a permis d'élaborer un schéma conceptuel
et d'en découler un schéma d'analyse. Mais les données
dont nous disposons ne possèdent pas de nombreuses variables cruciales
pour notre étude comme par exemple les perceptions et connaissances du
paludisme, la pluviométrie et les variables liées aux conditions
environnementales autour de la maison
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2013-2014 92
Conclusion
(eau stagnante, ordures, rivière, etc.). De ce fait, de
nombreuses relations pertinentes du schéma conceptuel comme par exemple
l'influence des facteurs socioculturels à travers les connaissances et
les perceptions du paludisme n'ont pas pu être vérifiées.
Malgré ces limites, les résultats obtenus permettent de fournir
un certains nombre de recommandations aux décideurs politiques.
Ainsi, nous pouvons proposer les recommandations suivantes:
- Renforcer les campagnes de sensibilisation auprès des
populations de la région du Nord Cameroun sur les enjeux de
l'utilisation de la moustiquaire imprégnée pour les enfants de
moins de 5 ans. En effet, notre étude révèle que la
mauvaise ou la non utilisation de la moustiquaire est le déterminant le
plus important de l'infection palustre.
- Lutter davantage contre la pauvreté en veillant
à une meilleure distribution des richesses auprès de toutes les
populations du pays en général et de la région du Nord en
particulier. En effet, notre étude nous a permis de voir que le type de
matériel de construction de l'habitat est associé à
l'infection palustre. Les enfants vivant dans les maisons en natte de chaume,
en bosse de terre battue et en brique de terre battue sont plus exposés
à l'infection palustre comparativement à ceux vivant dans les
maisons faites en béton. Or le type de matériel de construction
de la maison d'habitation serait justement associé au niveau de vie des
ménages.
- Renforcer les mesures d'assainissement de l'environnement
dans la région en générale et particulièrement en
milieu rural. En effet, notre étude montre que les enfants vivant en
milieu rural sont plus exposés que leurs homologues du milieu urbain, et
nous avons vu que ce résultat pourrait s'expliquer par le niveau
d'assainissement de l'environnement. Le milieu urbain étant mieux
assaini et mieux aménagé, dispose de moins de mares d'eaux
stagnantes par rapport au milieu rural. Or les mares d'eaux stagnantes
constituent les principaux lieux de prolifération de moustiques.
L'assainissement et l'aménagement de l'environnement constitueraient un
moyen implicite de destruction des lieux de développement des moustiques
et réduiraient de ce fait la densité anophèlienne. Toutes
choses qui permettraient de réduire le contact entre l'Homme et les
vecteurs du paludisme, réduisant de ce fait le risque d'infection
palustre.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
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Annexe A : Quelques notions en
économétrie des données de
survie
On rencontre des variables de durée dans de nombreux
cas. A l'origine, les modèles ont été
développés pour étudier la durée de vie mais
d'autres applications ont été mises en oeuvre, notamment dans le
domaine de la santé. Dans le cas de notre étude, la variable de
durée mise en étude est la durée de passage de
l'état de non paludéen à celui d'infecté.
Précisément, il s'agit du temps qui s'écoule entre
l'inclusion d'un enfant dans la cohorte et le moment où il s'infecte du
paludisme. Cette variable a la particularité d'être strictement
positive et souffre de problème de censure. En effet, l'arrêt de
la collecte après une certaine durée (112 jours dans le cas de
notre étude) fait que certaines durées commencés n'ont pas
eu le temps de se terminer et sont donc censurées. On parle alors de
censure à droite. Dans ce cas, on affecte une valeur minimale (112
jours) à ces durées observées de manière
incomplète.
Les outils et méthodes statistiques de ce types de
données leurs sont propres, on parle souvent d'analyse de survie ou de
modèle de durée. Les objectifs principaux de cette analyse sont
de modéliser, d'estimer et expliquer la loi décrivant la
durée qui s'écoule entre deux évènements. Dans ce
chapitre, nous présentons de façon brève quelques outils
et méthodes statistiques auxquels nous avons eu recours. Ce chapitre est
entièrement sauf mention explicite du contraire inspiré des
polycopiés respectivement de Didier Nganawara1 et de
Jean-David Fermanian2
1. Notes de cours d'analyse des biographies dispensé
à l'IFORD
2. Cours Modèle de durée de vie, ENSAE
3ième année
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 B
Annexe A
Analyse descriptive en analyse de survie
Quelques notations
Nous désignerons par T, la variable
aléatoire de durée. Sa fonction de répartition est
définie par la probabilité que cette durée soit
inférieure à une valeur donnée t :
F(t) = P(T < t), t E R+
Cette fonction est croissante et représente la
probabilité pour un enfant de s'infecter avant le temps t. La
densité de la durée est donnée par:
f(t) = dF(t)
dt = uim 14tP(t <T <t +
At), At ? 0
Elle représente, l'intensité d'occurrence d'une
durée exactement égale à t. A partir de ces
définitions, nous appelons fonction de survie et on note 8(t),
la probabilité qu'une durée soit supérieure à un
temps t donné, elle est définie par:
8(t) = P(T > t) = 1 - F(t)
De façon précise, elle donne la
probabilité pour qu'un enfant ne soit pas infecté du paludisme
avant le temps t. Il s'agit de la part des enfants qui jusqu'à
la date t, sont encore indemnes du paludisme. La fonction de hazard
noté h(t), représente la probabilité pour qu'un
enfant s'infecte du paludisme après une date t, sachant que cet
enfant n'a pas été malade avant cette date t. On montre
que cette fonction est: h(t) = f(t)
s(t) . On démontre qu'il existe des relations entre
F(t), f(t), h(t) et 8(t). Dans la pratique,
le problème de l'analyse de survie repose sur l'estimation de
8(t). Le plus souvent, soit on suppose que T suit une loi
connue (Exponentiel, Weibull, Gamma, etc.) et dans ce cas on se résume
à une estimation paramétrique; soit on a aucune idée de la
loi de T dans ce cas on fait recours aux estimations non
paramétriques de Kaplan-Meier pour estimer 8(t). Dans le cas de
notre étude, c'est ce dernier type d'estimation que nous avons
utilisé.
Estimation de Courbe Kaplan-Meier
Kaplan et Meier ont proposé des méthodes
d'estimations des fonctions de survie, ils distinguaient deux cas : le cas
où les données de durées sont complètes et le cas
des durées censurées.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 C
Annexe A
Cas de données complètes
Il s'agit ici du cas où les données de
durées ont été observé de façon
complète. Précisément, il s'agit du cas où la
durée de réalisation de l'évènement
d'intérêt a été observé pour tous les
individus de l'échantillon. Notons t1,··· , tN
la réalisation de la variable durée pour les N individus de
l'échantillon. L'estimation àS(t) de S(t) est alors
donnée par:
àS(t) = 1 N PN
1ti>t,
i=1
Avec
|
1ti>t =
|
?
?
?
|
1 Si ti > t 0 Sinon
|
Il s'agit de la fraction ou la part des individus qui n'ont
pas encore réalisé l'évènement
d'intérêt avant le temps t.
Cas de durée censurées
Il s'agit du cas où, la variable durée n'a pas
été observée chez tous les individus de
l'échan-tillon. Précisément, certains individus n'ont pas
réalisé l'évènement d'intérêt avant la
fin de l'étude. Si on pose t(1),··· ,
t(m), la réalisation de la variable durée chez
les m individus ayant réalisé l'évè-nement
d'intérêt. Posons respectivement dj le nombre d'individus qui ont
connu l'évènement après l'instant t(j)
et nj le nombre d'individus qui n'ont pas encore réalisé
l'évènement juste avant l'ins-tant. Alors Kaplan et Meier ont
montré que:
àS(t) = 1-J
t(i)<t
|
(1-di ni )
|
La fonction àS(t) est une fonction
décroissante et sa courbe représentative est appelé
courbe de survie de Kaplan-Meier du temps. Sa
représentation permet de voir l'évolution dans le temps de la
probabilité de ne pas être infectée. Pour plusieurs sous
populations d'un même échantillon, les courbes de survie de
Kaplan-Meier permettent de comparer les probabilités dans le temps de ne
pas réaliser l'évènement d'intérêt. La sous
population ayant la courbe de survie de Kaplan-Meier la plus
élevée, est celle qui coure moins de risque de connaitre
l'évènement d'intérêt par rapport aux autres sous
populations.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 D
Annexe A
Test de Log-rang
Les courbes de survie de Kaplan-Meier, nous permet non
seulement de décrire la probabilité de ne pas connaitre
l'évènement d'intérêt dans le temps, mais aussi de
comparer la survie à l'évènement d'intérêt
entre plusieurs sous populations d'un même échantillon. Les
différences observées sur les courbes de Kaplan-Meier peuvent
être dues aux fluctuations d'échantillonnages dès lors il
est nécessaire d'utiliser une procédure de test statistique pour
effectivement comparer les courbes de survies de Kaplan-Meier de plusieurs
sous-populations distinctes. Plusieurs procédure de tests (Log-rang,
Breslow, Tarone-Ware, Gehan, Peto et Prentice) ont été
développées à cet effet. Toutefois, celle que nous
utiliserons pour effectuer nos analyses est le test du Log-rang au seuil de
á = 5%. Considérons alors k sous populations
distinctes et notons àS1(t),
· · · àSk(t) les
courbes de Kaplan-Meier respectives.
Hypothèse.
H0 : àS1(t) = ·
· · = àSk(t);
H1 : i, j tel que i =6 j
et àSi(t) =6
àSj(t).
l'hypothèse H0 traduit que les k
sous-populations ont statistiquement une même probabilité
dans le temps de survivre à l'évènement
d'intérêt. Par contre H1 signifie qu'il existe au moins
deux sous-populations qui ont des courbes de Kaplan-Meier différentes.
Rejeter l'hypothèse nulle revient à dire que les courbes de
survies des k sous populations ne sont pas statistiquement tous
égales.
Analyse explicative
Il existe plusieurs modèles statistiques pour l'analyse
de durée, on peut citer entre le modèle sémi
paramétrique de cox, le modèle de durée de vie
accélérée, le modèle additif de Aelen, le
modèle à risque compétitif et bien d'autre. Chaque
modèle ayant des spécificités.
Le modèle de Cox
Le modèle de Cox, est le modèle le plus populaire
et le plus utilisé dans l'analyse de survie, il permet d'exprimer la
fonction de hasard en fonction des variables explicatives.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 E
Annexe A
Spécification du modèle
ë(t, X) =
ë0(t)eX1â1+···+Xpâp
(4.1)
Où
- ë(t, X) est la fonction de risque instantané de
connaitre l'évènement d'intérêt E par unité
de temps, en fonction de X et du temps t;
- ë0(t) est le risque instantané de base;
- X = (X1,··· , Xp) le
vecteur des covariables et 9 = (91,··· , 9p)
son vecteur coefficient associé.
On utilise alors la maximisation de la vraisemblance
conditionnelle à l'ensemble des instants où il y a eu
réalisation de l'évènement, pour estimer le vecteur des
coefficients 9 = (91, · · · , 9p). Ensuite
le test de Wald est utilisé pour tester la significativité des
coefficients. On utilise enfin les estimations de Breslow ou Nelson-Aalen pour
estimer le risque instantané de base.
Hypothèse de proportionnalité
Le modèle de Cox est un modèle à risque
proportionnel, en effet, si on suppose la variable explicative Xj dichotomique
alors on le rapport:
ë(t,X.=1)
ë(t,X.=0) = exp(9j)
qui est indépendant du temps. Ainsi, Avant
d'interpréter les résultats de la régression de Cox, il
est nécessaire de savoir si chacune des variables explicatives
vérifie l'hypothèse de proportionnalité. Les
hypothèse du test de proportionnalité sont:
- H0 L'hypothèse de proportionnalité est
vérifiée;
- H1 : L'hypothèse de proportionnalité n'est pas
vérifiée.
Dans le cas où une variable ne vérifie pas
l'hypothèse de proportionnalité, alors on stratifie suivant cette
variable et on parle de modèle de Cox stratifié. Dans ce cas, il
n'est plus possible d'apprécier l'effet quantitatif de la variable de
stratification sur le risque instantané de connaitre l'infection
palustre. Ce modèle devient moins pertinent si il y a certaines
variables dont on aimerait savoir l'influence sur la maladie
étudiée. C'est cas de notre étude où plusieurs
variables pertinentes pour
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 F
Annexe A
notre étude n'ont pas vérifié
l'hypothèse de proportionnalité. Pour contourner cette
difficulté, nous avons utilisé le modèle de durée
de vie accélérée.
Le modèle de durée de vie
accélérée
Ce modèle considère les variables
indépendantes comme «accélérateurs» ou
«décélérateur» du temps de réalisation de
l'évènement d'intérêt (infection palustre).
Précisément, ce modèle permet de voir si les variables
indépendantes allongent ou rétrécissent le temps
d'infection palustre. La spécification du modèle est la
suivante:
ln(T(X)) = X1â1 +
··· + Xpâp + u
il est équivalent à :
T(X) = exp(u) exp(â1
+ · · · + Xpâp)
Où, X =
(X1,··· , Xp) est le
vecteur des variables explicatives, T représente le temps de
réalisation de l'évènement d'intérêt
(infection palustre) ou l'évènement de censure(ne pas être
tombé malade jusqu'à la fin de l'étude) et u
représente le terme d'erreur.
Supposons que Xj est une variable à 2
modalités a et b, T(Xj = a)
et T(Xj = b) respectivement les temps de
réalisation de l'évènement d'intérêt dans les
sous-populations où a été
observé Xj = a et Xj =
b. alors on a :
T(Xj = a) T(Xj =
b)
Interprétation des coefficients du modèle
de durée de vie accélérée
= exp(âj(a - b)).
Ainsi, si Xj est binaire avec a = 1 et b
= 0, alors T (Xj=1)
T (Xj=0) = exp âj. Dans ce cas, âj
s'interprète
comme le taux de croissance lorsqu'on passe de la classe
Xj = 0 à Xj = 1 toute chose étant égale
par ailleurs.
Par contre, si Xj est quantitative, alors en faisant
croitre Xj d'une unité on a :
= exp(âj).
T(Xj + 1) T(Xj)
Dans ce cas, exp(âj) s'interprète comme
l'élasticité de T en supposant toute chose égale
par ailleurs.
SANDIE Arsène Brunelle c~IFORD
2013-2014 G
Annexe B : Hypothèse de
proportionnalité
des variables de l'étude
Tableau 4.5 - Vérification de l'hypothèse de
proportionnalité du modèle de Cox
Variables
|
rho
|
chisq
|
p
|
Mauvaise utilisation
|
-0.2104
|
26.525
|
2.60e-07
|
probable résistance
|
-0.1950
|
25.619
|
1.06e-07
|
sensible
|
-0.0508
|
1.627
|
2.02e-01
|
Semi urbain
|
-0.0647
|
2.211
|
1.37e-03
|
Rural
|
0.0593
|
1.807
|
1.79e-01
|
parpaings/briques cuites
|
0.0198
|
0.236
|
6.27e-01
|
Briques simples
|
0.0958
|
4.635
|
3.13e-02
|
Natte chaumes
|
0.0159
|
0.131
|
7.18e-01
|
taille ménage
|
-0.0442
|
1.064
|
3.02e-01
|
Primaire
|
0.0402
|
0.971
|
3.24e-01
|
Secondaire
|
0.0666
|
2.798
|
9.44e-02
|
Supérieur
|
0.1171
|
9.358
|
2.22e-03
|
0-15 mois
|
0.0159
|
0.149
|
7.00e-01
|
16-24 mois
|
-0.0183
|
0.206
|
6.50e-01
|
25-36 mois
|
-0.0607
|
2.269
|
1.32e-01
|
Féminin
|
0.0329
|
0.675
|
4.11e-01
|
GLOBAL
|
|
61.088
|
3.43e-07
|
|