4.2.2. Evaluation des polluants d'intérêt dans
les eaux: eaux de surface et eaux souterraines
Mercure
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Cadmium
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Plomb
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Mercure + Cadmium + Plomb dans les eaux
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4.2.2. Discussion
L'évaluation des risques sanitaires (ERS)
associés à une exposition environnementale s'inscrit dans un
contexte de complexité et d'incertitudes (ORS). En effet, les
expositions aux facteurs dangereux de l'environnement sont nombreuses et
variées. Elles sont souvent chroniques et, sauf situations
accidentelles, elles sont de faible niveau. Dans la plupart des cas, il est
difficile de les quantifier précisément et de prendre en compte
d'éventuelles interactions. Ces expositions, susceptibles de provoquer
des maladies, n'induisent pas des pathologies qui leur sont spécifiques,
dans la mesure où d'autres facteurs liés aux comportements des
individus (tabac, alcool) ou aux antécédents
génétiques peuvent en être la cause. Par ailleurs, ces
maladies se manifestent chez les individus généralement longtemps
après leur contact avec le ou les agent(s) dangereux. Il n'est donc pas
aisé de relier avec certitude un facteur environnemental et un effet
sanitaire qui du reste, est généralement multifactorielle (Sabine
Host et al, 2006). Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes
intéressés aux effets que pourraient entrainer trois de ses
composés que sont le mercure, le plomb et le cadmium. Notre
intérêt pour ses composés s'explique par le fait que ces
derniers sont des métaux lourds plus fournis par la littérature
internationale. De plus ces métaux se révèlent être
sans aucun effet bénéfique pour l'organisme humain et sont
simplement toxiques pour les animaux, les plantes et les microorganismes
(André Picot).
4.2.2.1. Effets aigus liés à
l'exposition aux métaux lourds
Les métaux lourds sont des composés qui a faible
dose n'ont pas d'impact immédiat sur l'environnement et la sante de la
plupart des animaux et sur celle humaine. De plus, l'analyse des
résultats montre que les taux mesurés dans les différents
compartiments des écosystèmes autour de la mine sont largement en
dessous des valeurs de référence. Le décret N°2001-
185 /PRES/PM/MEE du 7 mai 2001, portant fixation des normes de rejets de
polluants dans l'air, l'eau et le sol fixe à ses articles 6, 10, 11
respectivement, les normes de rejets des émissions dues aux
installations fixes, les normes de déversement des eaux usées
dans les eaux de surface, les normes de déversement des eaux
usées dans les égouts comme suit: 0,1 mg/L pour le cyanure;
0,17mg/L pour le mercure dissous ; 5mg/L pour le zinc et 0,14mg/L pour
l'arsenic dissous. Ces valeurs sont largement supérieures aux
quantités mesurées dans les eaux des trois barrages et du fleuve
qui desservent la mine. Nous pouvons affirmer que les rejets miniers, pour ce
qui concerne les proportions des métaux lourds (plomb, mercure,
l'arsenic et le zinc) restent extrêmement faibles. Et de ce fait, ne
peuvent impactées négativement l'état de sante si on s'en
tient uniquement a ses données.
Cependant un facteur essentiel, caractéristique de la
qualité des données mérite d'être
considéré avec acuité: il s'agit de l'indicateur
utilisé par la mine pour évaluer le taux des polluants
considérés dans l'environnement. Dans notre contexte, la mine
utilise pour ses estimations, les concentrations des métaux lourds dans
les eaux. La preuve, nous n'avions disposé d'aucune donnée sur la
concentration des métaux lourds dans l'air ou les sols, il n'existait
donc pas une surveillance de la qualité de ses deux compartiments
environnementaux jusque pendant notre visite en décembre 2011. Or, les
mesures des concentrations dans les eaux ne peuvent à elles seules,
être efficace. Nous soutenons cette affirmation en plus par les
possibilités que disposent le plomb, le mercure et le cadmium à
s'accumuler par exemples dans les organismes et dans le milieu benthique.
Il est a noter a cet effet que si l'on peut considérer
la concentration des métaux lourds dans les eaux pour apprécier
les effets potentiels aigus sur la sante humaine et sur celle animale du fait
que l'eau pourrait être consommé par les humains et les animaux
surtout que nous sommes dans une zone d'élevage de gros
mammifères comme les bovins et les ovins ; les évaluations
des effets a long terme restent très inefficaces voire impossible du
fait du phénomène de transfert des métaux et de leur
accumulation dans d'autres compartiments comme les sols ou dans les organismes
aquatiques. Il est à craindre que la quantité de polluant
généré par l'activité minière dans
l'environnement; notamment en ce qui concerne le plomb, le mercure et le
cadmium, reste cependant sous-estimé au regard de ceux qui
précède.
4.2.2.2. Effets sanitaires et risques environnementaux
à long terme
Les métaux lourds sont des éléments
métalliques naturels, métaux ou dans certains cas des
métalloïdes comme l'arsenic, caractérisés par une
masse volumique élevée, supérieure à 5 grammes par
cm3. (Rapport n° 2979, Assemblée nationale, rapport n° 261 du
Sénat.2001). Pour notre étude nous nous sommes
intéressés a trois de ses métaux dont le mercure, le plomb
et le cadmium et cela par rapport a leur particularité biochimique et a
leur toxicité. Selon le Professeur André Picot, expert
européen en toxicologie, les métaux lourds
considérés sont des éléments chimiques toujours
toxiques, prompts à se combiner avec les composés organiques
soufrés de notre corps via l'air, l'eau ou l'alimentation, et pouvant
engendrer de graves troubles, y compris au niveau cérébral: Ce
sont des éléments chimiques qui n'ont aucune activité
biologique bénéfique et sont considérés comme
uniquement toxiques, et ce pour tous les organismes (microorganismes, plantes,
animaux, Homme). Ils changent de forme chimique mais ne se détruisent
pas, ils se transportent et ont une capacité à s'accumuler dans
la chaîne alimentaire entrainant ainsi des effets toxiques.
Les sources principales de ses trois métaux lourds sont
naturelle et anthropique, ils sont présents sous forme de sels ou de
minerais dans les roches et dans le sol et peuvent se
retrouver à des concentrations diverses dans les différents
compartiments des écosystèmes : eau, air et sol par le biais
de l'extraction minière, de l'excavation des fosses (La
sécurité chimique pour un développement durable, IFCS,
Budapest, Hongrie, 2006).
· Mercure
Le mercure est un métal, liquide à
température et à pression ambiantes pouvant être
vaporisé, et qui est naturellement présent dans l'environnement
sous diverses formes organiques et inorganiques. Le mercure inorganique est une
association du mercure avec des éléments tels que le chlore, le
souffre ou l'oxygène. Ce composé peut se retrouver sous forme de
vapeur a travers les minerais issus de l'exploitation minière. Tandis
que le mercure organique est un complexe formé à partir du
mercure et des composés carbonés. Le méthylmercure est le
principal composant du mercure organique. Il est produit par une transformation
réalisée par des microorganismes, précisément des
bactéries vivants dans les eaux, les sédiments et les sols (N.
Fréry et al 2001 ; André Picot). Le méthylmercure est
le constituant mercurique le plus dangereux sur la sante humaine et sur
l'environnement. De plus il s'accumule dans les tissus organiques notamment
ceux des poissons ou sa quantité tend à augmenter avec la taille
et l'âge du poisson (ATSDR, 1999 ; WHO, mercury in health care,
2005).
Exposition
De façon naturelle, nous sommes quotidiennement
exposés à de faibles doses de mercure car le composé se
retrouve à des proportions faibles dans les différents
compartiments de l'environnement, eau, air, sol et dans certains aliments. On
estime entre 10 ng/m3 et 20 ng/m3 de mercure dans l'air extérieur urbain
(ATSDR, 1999). Ceci demeure en réalité très faible et ne
peut entrainer des effets délétères sur la sante humaine.
(A prendre pour la discussion)
En effet l'exposition humaine au mercure est surtout due
à la consommation de poissons contaminés au méthylmercure,
de leurs prédateurs (certains mammifères aquatiques) ainsi que
des autres produits aquatiques contaminés par le méthylmercure
(Thomas. W. Clarkson, 1992 ; Fréry et al, 2001).
Le mercure (sous sa forme ionisée Hg++), en faible
concentration dans une eau peu active (lacs, baies fermées...) va
facilement être stocké par les bactéries présentes
dans les sédiments (vase) qui vont le transformer en une molécule
soluble dans les graisses : le cation méthylmercurique (CH3-Hg+). Les
bactéries servant de nourriture au plancton, qui lui-même est
consommé par les poissons herbivores, proies à leur tour de
poissons carnivores (thons, requins...) forment une chaîne alimentaire de
bioconcentration très importante. Le facteur de concentration du mercure
de l'eau jusqu'aux poissons gras carnivores, qui servent de nourriture à
l'Homme (le chaînon final), est de l'ordre du million,
ce qui est considérable. Ceci explique que dans les eaux
particulièrement contaminées, la concentration du mercure (sous
forme de cation méthylmercurique) dans les poissons peut atteindre un
milligramme par kilo de poisson frais, parfois même beaucoup plus
(André Picot, année).
Notons à cet effet que les productions piscicoles et la
consommation de produits aquatiques comme les poissons demeurent relativement
très faible au Burkina et encore minime dans l'alimentation des
populations du sahel notamment Essakane site et les populations des autres
villages situés autour de la mine. Ce sont des populations qui n'ont pas
pour habitudes alimentaires les produits aquatiques, ce qui signifie que
l'exposition par suite de consommation de produits aquatiques demeure
très improbable.
Essakane et toute la zone sahélienne reste une
région pastorale par excellence et même si dans ses projets de
développement local (PGES) la société minière a
initié un programme de promotion et de développement de la
pisciculture, les conditions telles que la temporalité du fleuve Gorouol
(cours d'eau saisonnier), la culture pastorale de la population ne favorise pas
une expansion à grande échelle d'une telle activité dans
ce désert. Le premier test de pisciculture a été
réalisé dans le bassin de stockage d'eau de la mine en 2009
(Rapport semestriel, Essakane 2010). Même si les résultats sont
prometteurs, cependant la non disponibilité de l'eau durant toute
l'année liée aux aléas climatiques (600 mm d'eau par an)
restent cependant un frein au développement de cette activité
piscicole. En conséquence, l'exposition au mercure via le canal
alimentaire par la consommation du poisson est moins significative.
Une autre voie d'exposition à explorer est l'inhalation
des vapeurs mercuriques qui peuvent se retrouver dans l'air grâce a
certains processus d'extraction de l'or tel que l'excavation des roches. Et
comme nous ne disposons d'aucune donnée sur les concentrations des
composés dans l'air ambiant, nous ne pouvons apprécier cette
exposition a l'heure actuelle. Cependant, ce manque de données
dénote d'une limite sérieuse dans la prise en compte de la
question sanitaire et environnementale par la société Essakane
SA. Il faudra donc intégrer une surveillance de la qualité de
l'air ambiant de la localité dans la stratégie de gestion
environnementale en tenant compte des paramètres climatiques (Vitesse du
vent, précipitation, température...) et cela dans l'optique d'une
meilleure caractérisation des risques inhérents a ce
compartiment.
Enfin deux autres sources d'exposition à
considérer sont les suivantes: la première peut être
qualifiée d'exposition directe car elle se traduit par une consommation
des eaux du fleuve par les Hommes (souvent même comme eau de boisson) et
leur bétail; et la deuxième, qualifiée d'exposition
indirecte traduit la consommation de la viande contaminée a la suite de
la bioaccumulation. Cette dernière exposition est justifié par le
fait que les chèvres, les moutons et les boeufs s'abreuvent
principalement dans ces surface d'eau dont le Gorouol, fleuve traversant la
majorité des villages et qui fournis également l'eau
utilisé dans le traitement du minerai.
Pour écarter tout risque et pour répondre aux
interrogations, une évaluation de la biodisponibilité s'impose:
il s'agira d'effectuer une évaluation de la concentration dans
l'organisme humain mais aussi dans l'organisme de certains animaux à
travers des échantillons d'urine, de graisse...
Effets sur la santé
De par sa liposolubilité, le cation
méthylmercurique va pénétrer très facilement dans
l'organisme par la voie intestinale (95 à 100 %) puis se
répartira dans le sang et ira rapidement se localiser dans le
système nerveux tant central que périphérique et sa
neurotoxicité engendrera souvent encéphalite et
polynévrite. Grâce à sa solubilité dans les lipides,
le mercure métallique (Hg0) va se concentrer dans le système
nerveux, surtout au niveau du cerveau, entraînant un processus
inflammatoire de type encéphalite. Sous forme de sel mercurique (Hg++)
hydrosoluble, la cible principale sera les reins, dont l'inflammation va
conduire à une néphrite souvent mortelle (André Picot).
Grâce à leur lipophilie, le mercure
élémentaire, mais surtout le cation méthylmercurique, vont
traverser la barrière placentaire et, chez une femme gestante, perturber
le développement de l'embryon, entraînant soit une fausse couche,
soit l'apparition, chez le futur bébé, de malformations (absence
de membres...) (Cécile Chevrier et al, 2008; André Picot).
Lésions du cerveau, maladies auto-immunes (arthrite
rhumatique, lupus, sclérose en plaques), maladies cardiovasculaires
(hypertension et autres), cancer du foie, diminution de l'intelligence,
troubles de la parole, agitation, agressivité, troubles visuels et
auditifs, polyneuropathie,myasthénie grave, Alzheimer.
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