· Plomb
Le plomb peut se présenter sous de nombreuses
espèces chimiques, soit minérales comme le plomb
élémentaire (Pb0) soit sous forme ionisée cationique,
l'espèce la plus courante étant le cation divalent (Pb++).
D'autres états d'oxydation moins fréquents peuvent se rencontrer
dans divers composés, en particulier le cation trivalent (Pb+++) et le
cation tétravalent (Pb++++). Beaucoup de composés
organométalliques du plomb dérivent du cation tétravalent
comme le plombtétraméthyle et le plombtétraéthyle,
utilisés autrefois comme antidétonants dans l'essence
automobile
Exposition
Le plomb est un métal partout présent dans notre
quotidien (Saturnisme, 2003). Comme tous les métaux lourds, il est
présent dans tous les compartiments de l'environnement, mais en
général a des quantités très faibles. Les rejets du
plomb, et dans une moindre mesure, le cadmium sont dus à deux
phénomènes : d'une part, l'activité métallurgique
et minière (Innocent Butaré et Seydou Keita...) et d'autre part,
sort des produits en fin de vie, chargés en plomb comme les batteries
d'automobiles (Rapport n° 2979, Assemblée nationale, rapport
n° 261 du Sénat.2001).
Le plomb est principalement absorbé par les voies
respiratoires et digestives. La peau est une voie d'absorption
négligeable par rapport aux autres. Ainsi, les poussières qui
pénètrent les voies respiratoires sont absorbées en
fonction de la fréquence respiratoire et de la taille des particules
(FURETOX).
L'absorption gastro-intestinale du plomb varie selon
l'état physiologique du sujet (jeûne, âge) et le type de
composé de plomb ingéré. Ainsi, le taux d'absorption peut
varier de 5 à 15 % chez l'adulte à 60 à 80 % chez
l'adulte en état de jeûne. Il est d'environ 30 à 50 % chez
l'enfant. L'absorption est également influencée par la taille des
particules ingérées, les plus petites étant mieux
absorbées, (FURETOX).
Une particularité du composé lié a sa
dispersion dans l'environnement est sa capacité de précipitation
beaucoup plus élevé dans le milieu benthique c'est à dire
les sédiments. En effet le plomb s'accumule plus dans les
sédiments que dans les eaux. Selon le tome1 de l'étude sur le
saturnisme (Dépistage du saturnisme infantile, Analyse de la
pertinence...), les émissions de plomb vers les eaux sont très
limitées. Par conséquent l'impact sanitaire du plomb
rejeté ne sera donc pas direct car le plomb précipitera
très rapidement sous forme particulaire dans les sédiments. Les
boues recueillies dans les rejets d'anciennes exploitations montrent des
concentrations élevées en plomb, susceptibles d'être
mobilisées à l'occasion d'un dragage ou d'un changement de milieu
(épandage). L'exposition des populations via les eaux restera en ce
moment limitée, contrairement a la considération accordée
a ce compartiment environnemental. Dans le sahel et a Essakane
particulièrement, la situation est la suivante: étant
donné que les fleuves et la plus part des cours d'eau sont saisonniers,
les métaux accumulés dans les lits des cours d'eau pourrait
être rejeté dans l'air pendant la période d'étiage
et d'assèchement a cause de la forte pression du vent et de son
agressivité sur les roches; Nous pouvons donc estimer que la source
principale d'une exposition de la population serait celle via les
poussières et non les eaux. La période critique pour cette
exposition étant située entre les mois de décembre et
juin, à peu près pendant toute la moitie de l'année. Ce
qui revient à dire que l'évaluation du taux de plomb dans les
eaux (surface et souterraine) qui est prise comme indicateur pour
apprécier le niveau d'exposition des populations sur le site minier et
ses environs ne présente aucune efficacité a elle seule: Il faut
des analyses du milieu benthique et une estimation de la plombémie chez
les populations et les employés. En effet la plombémie permettra
de suivre le taux de plomb dans le sang par utilisation d'un échantillon
de sang prélevés sur les sujets à risque et sur ceux
présentant une forte vulnérabilité face au composé
eu égard a leur particularité (enfants et femmes enceintes).
La zone sahélienne présente une
particularité qui augmente le risque d'exposition des enfants. En effet
dans cette partie du Burkina ou l'élevage est très
développé, et comme il est de coutume dans presque tout le pays,
les enfants sont chargés de trouver la pâture pour faire paitre
les animaux (bovins, ovins, caprins). Ceux-ci rodent chaque jour dans tous les
sens du matin au soir, sans aucune considération des risques pour
accomplir cette tache coutumière; ce qui augmente ainsi leur contact
avec le sol et les poussières. Ce sont des inquiétudes qui
pourront être efficacement appréciées en faisant par
exemple des évaluations comparées de la plombémie entre
les enfants `'pasteurs'' et ceux a l'école; ou entre les enfants de la
localité et ceux se trouvant dans les mêmes conditions
climatiques, soumis au même travail mais qui sont suffisamment
éloignés du site. Pour Les mêmes types d'analyses, pourront
être concernées aussi les femmes enceintes fréquentant les
différentes structures sanitaires autour de la zone. Ce qui permettra
d'effectuer une cartographie de l'exposition en faisant une comparaison des
données obtenu dans las centres de santé concernés.
De ce qui précède, on peut noter que les
concentrations de plomb dans les eaux de surface ou dans les eaux souterraines
sont généralement faibles en raison d'une faible migration du
plomb dans le sol et d'une adsorption importante sur les sédiments
(Saturnisme infantile). Et dans un environnement industriel comme Essakane SA,
une attention particulière doit être portée sur
l'exposition via le sol et les poussières. De nombreux travaux
évoqués dans le tome1 de l'étude sur le Saturnisme
soulignent l'importance du sol et des poussières dans l'exposition des
populations au plomb en indiquant comme chez les enfants de Rochester
(American Journal Public Health 86, 1416-1421. 1996.) que c'est la teneur en
plomb des poussières qui expliquait la plus grande part de la variance
de la plombémie. Il y'a lieu de focaliser l'évaluation sur la
qualité de l'air et sur la plombémie pour une meilleure
caractérisation des risques. L'évaluation actuelle étant
très limitée au regard du choix porté sur un indicateur
non adapté aux propriétés du polluant
évalué.
Effets sur la sante
L'intoxication aiguë par le plomb est rare. Elle est en
effet secondaire à une ingestion massive ou l'administration
parentérale d'un dérivé inorganique. Elle ne doit pas
être confondue avec les manifestations aiguës de l'intoxication
chronique.
Selon l'étude Saturnisme et plomb (2003); L'ingestion
ou l'inhalation de plomb est toxique. Elle provoque des troubles
réversibles (anémie, troubles digestifs) ou irréversibles
(atteinte du système nerveux). Une fois dans l'organisme, le plomb se
stocke, notamment dans les os, d'où il peut être
libéré dans le sang, des années ou même des dizaines
d'années plus tard. L'intoxication par le plomb est appelée
saturnisme.
Lorsqu'ils sont exposés à la présence de
plomb dans l'environnement, les enfants, particulièrement ceux
âgés de moins de 6 ans, constituent une population à risque
pour plusieurs raisons. Premièrement, l'enfant porte spontanément
les mains et les objets à la bouche pendant les premières
années de sa vie, il ingère ainsi une grande quantité de
poussières. Deuxièmement, près de 50 % du plomb
ingéré passe dans le sang (10 % uniquement chez l'adulte).
Troisièmement, pour une même imprégnation, les effets
toxiques du plomb sont plus importants et plus sévères que chez
l'adulte, en raison du processus de développement cérébral
; enfin quatrièmement, le plomb passe la barrière
transplacentaire et l'intoxication peut commencer dès la vie
intra-utérine.
Chez l'enfant, l'absorption de plomb entraîne des
troubles à l'acquisition de certaines fonctions cérébrales
supérieures ; ceci est cause de retards intellectuels, de
difficultés d'apprentissage, de troubles psychomoteurs avec agitation,
d'irritabilité et de troubles du sommeil, et au delà un
ralentissement de la croissance. Sur le plan purement somatique, il peut
être constaté des anémies et des formes neurologiques
sévères (encéphalopathies).
Chez l'adulte, la pathogénicité du plomb est
responsable de douleurs abdominales souvent accompagnées de
nausées et de vomissements (les coliques de plomb, qui font
évoquer souvent chez l'adulte jeune une crise appendiculaire). Sur le
plan neurologique, on rencontre des paralysies périphériques
(atteintes des nerfs du bras et de la main). Par ailleurs, le plomb, chez
l'adulte, provoque aussi des anémies et peut être à
l'origine d'une hypertension artérielle franche.
Au moment de la grossesse, le plomb stocké dans les os
de la mère, antérieurement exposée, est relargué
dans le sang et contamine le foetus, puis se retrouve dans le lait maternel et
contamine le nourrisson pendant la période d'allaitement.
Les études épidémiologiques des
dernières années ont montré qu'une exposition à de
faibles doses de plomb dans l'environnement pouvait être responsable de
troubles tardifs du développement neuro-psychique de l'enfant,
même en l'absence de signes initiaux pouvant évoquer un
saturnisme. Bien que ces études n'aient pu déterminer de «
seuil » toxique, un taux de plomb de plus de l00g/l est actuellement admis
par la plupart des spécialistes comme facteur de risque de troubles
neuropsychologiques ultérieurs (Expertise Collective sur le plomb,
INSERM, 1996)
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