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Impact de l'exploitation minière industrielle sur la santé humaine et environnementale au Burkina Faso: cas de la mine d'or de Essakane SA

( Télécharger le fichier original )
par Issaka OUEDRAOGO
Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines (France) - Master Pro 2 en Sciences de la Santé, de l'Environnement, du Territoire et de la Société (SSEnTS) 2012
  

Disponible en mode multipage

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Recherche en Economie Ecologique,

Eco-Innovation et Ingénierie du

Développement Soutenable

MEMOIRE DE MASTER (PRO) 2

Sous la direction de M.Yorghos Remvikos, Professeur a L'UVSQ/ France

(Université de Versailles-Saint-Quentin-En-Yvelines)

IMPACT DE L'EXPLOITATION MINIERE INDUSTRIELLE SUR LA SANTE

HUMAINE ET ENVIRONNEMENTALE AU BURKINA FASO: CAS DE LA

MINE D'OR DE ESSAKANE SA

Stage effectué à la Direction des Evaluations Environnementales (DEE) du Bureau National des Evaluations Environnementales (BUNEE) au Burkina Faso Sous la Direction Sawadogo Cheick Dramane

Présenté par Issaka OUEDRAOGO

Novembre 2012

De sincères remerciements...

A M. Yorghos Remvikos, Professeur a l'UVSQ/ France

Mon référent pédagogique et directeur de mémoire pour sa disponibilité, ses critiques et suggestions.

Au Dr Innocent Ouedraogo à l'Université de Koudougou, a son épouse,

Pour leurs conseils, encouragements et soutiens multiformes. Cette phrase ne me quittera jamais l'esprit: « Accroche toi quoiqu'il advienne »

Au Directeur du BUNEE et à tout son personnel pour leur accueil et la convivialité

A M. Cheick Dramane SAWADOGO au BUNEE,

Mon directeur de stage, pour sa compréhension, sa disponibilité et son dévouement dans la formation de ses stagiaires.

A Marie Michelle VEZINA, surintendant de l'environnement a Essakane SA et par elle, la Direction et tout le personnel du service environnement de la société pour leur accueil et leur disponibilité.

A M. Sibiri KABORE, Directeur régional de l'Environnement et du Développement Durable de la région du centre Ouest et tout son personnel pour leur conseil.

A mes collègues et amis, M. Sibri KABORE, M. Bakary RAMDE, M. Siriki BAMBA pour leurs oreilles attentives.

Aux soeurs de l'assomption pour leur compréhension et leur encouragement; et par elles tout le personnel du Collège Sainte Monique a Koudougou

A toute ma famille... Dédié à ma mère...

RESUME

Le Burkina Faso est un pays dont l'économie a toujours été alimentée par les ressources de l'agriculture ainsi que de celles de l'élevage et cela jusqu'en 2009. De nos jours le pays connait un boom minier sans précédent. Le contexte international mais aussi l'adoption de son nouveau code minier en 2003 (Loi n°031-2003/AN du 8 mai 2003), plus favorable a l'investissement privé sont les causes principales de cette prouesse du pays dans le domaine minier. En effet, l'or est depuis 2009, le premier produit d'exportation du Burkina Faso; et cela suscite beaucoup d'espoir mais également de nombreuses inquiétudes quant à la gestion durable de cette ressource. Dans un tel contexte, la plus grande mine Essakane SA situé dans l'extrême nord du pays (carte 1), peut servir de miroir pour se pencher sur ces diverses interrogations. L'intérêt dans le cadre de notre étude est porté particulièrement sur les impacts que pourraient engendrer l'activité minière sur la santé humaine et environnementale. A cet effet, les données collectées sur le site minier montrent une fréquence élevée de certaines pathologies comme le paludisme et les gastroentérites. A contrario, il n'a été aucunement possible d'établir a partir de nos données une corrélation étroite traduisant l'effet des métaux lourds sur la santé humaine et environnementale. De plus les rejets ou les concentrations des polluants mesurés dans les différents compartiments notamment dans les eaux restent largement inferieurs aux normes fixées en la matière. Mais une question se pose sur la fiabilité des indicateurs et au delà l'efficacité des évaluations. Que cela ne tienne, il est à noter que ces métaux lourds restent une préoccupation fondamentale surtout pour les populations vulnérables (enfants, les femmes et les personnes âgées) et peuvent constituer dans le long terme la cause de nombreuses pathologies chroniques comme le saturnisme ou même impacter de façon durable la qualité des écosystèmes.

Mots clés

Mine, Impacts sur santé, Environnement, Métaux lourds

RESUME

SOMMAIRE

1. INTRODUCTION 3

2. CONTEXTE 8

2.1. Généralités 8

2.1.1. Présentation du Burkina Faso 8

2.1.2. Le secteur minier au Burkina Faso 10

2.1.3. Plan National de développement sanitaire 2011-2020 11

2.2. Contexte juridique et institutionnel 12

2.2.1. Contexte juridique 12

2.2.2. Contexte institutionnel : mission de stage et présentation du BUNEE 13

2.3. Présentation de Essakane SA 14

2.4. Problématique 15

2.5. Objectifs 16

2.5.1. Objectif générale 16

2.5.2. Objectifs spécifiques 16

3. METHODES 16

3.1. Sortie de terrain et collecte de données 16

3.2. Rédaction 18

4. RESULTATS ET DISCUSSIONS 18

4.1. Affections et effets aigus 18

4.1.1. Résultats 18

4.1.2. Discussion 21

4.2. Risques sanitaires et environnementaux liés aux métaux lourds 28

4.2.1. Concentrations des eaux en métaux lourds 28

4.2.2. Evaluation des polluants d'intérêt dans les eaux: eaux de surface et eaux souterraines 28

4.2.. Discussion 32

5. CONCLUSION 41

6. RECOMMANDATIONS 42

7. BIBLIOGRAPHIE 43

8. ANNEXES 44

INTRODUCTION

Avec une superficie de 274 967 km2, Le Burkina Faso est un pays situé au coeur de l'Afrique occidentale. Pays tropical, le Burkina Faso a un climat de type soudanien comportant deux principales saisons : une saison pluvieuse qui s'écoule entre juin et octobre et une saison sèche de novembre à mai. A l'alternance de ces deux saisons, s'associe la recrudescence de certaines maladies épidémiques et endémo-épidémiques comme le paludisme en saison pluvieuse et la méningite en saison sèche (DGISS / MS, 2010). La population du pays est estimée à environ 16 248 558 habitants (INSD, Projections démographiques de 2007 à 2020).

L'économie du Burkina repose essentiellement sur l'agriculture et l'élevage mais depuis l'adoption de son nouveau code minier en 2003 (Loi n°031-2003/AN du 8 mai 2003), plus favorable a l'investissement privé; le pays connait a ce jour un boom minier sans précédent particulièrement dans le domaine de l'exploitation aurifère. Cela est d'autant plus affirmé que l'or est actuellement le premier produit d'exportation du pays, surclassant du coup le coton communément qualifié d'or blanc. En effet plusieurs mines d'exploitation artisanales, semi-industrielle et industrielles sont en activité, en construction. Certaines sont en extension à ce jour, c'est le cas de la mine d'or de Essakane SA qui sera exploité désormais pendant douze ans (12 ans) au lieu de dix (10ans) comme prévu au départ.

Les mines sont une source d'emploi pour de nombreux jeunes, surtout à l'échelle local. Cependant une préoccupation fondamentale concerne la question sanitaire et environnementale en relation avec cette activité minière, et il convient de souligner qu'une gestion rigoureuse et efficace de cette problématique sera indispensable pour prétendre à une exploitation durable de la ressource. Les déterminants de santé doivent connaitre une amélioration pour une augmentation du bien-être des travailleurs et des populations locales. Cet ensemble de préoccupations conduisent à un certain nombre de questionnements liés aux conditions d'hygiènes et de sécurité réservées aux employés dans les entreprises minières mais aussi a l'impact direct et indirect de l'activité minière sur la sante humaine et environnementale.

Au regard de tous ces questionnements qui méritent une attention particulière pour le respect des engagements liés a la gestion durable des ressources du sous sol; une étude portant sur le cas précis de la mine d'or de Essakane SA, la plus grande mine a ce jour servira de miroir pour apprécier ne serait ce que de peu une situation d'ensemble dans un secteur assez complexe ou la disponibilité de données fiables n'est pas toujours évidentes. Nous nous intéresserons donc aux rejets miniers, aux polluants tels que le mercure, le plomb, le cadmium; leurs effets sur la sante humaine et environnementale ainsi qu'aux pathologies diverses comme les gastroentérites, le paludisme, les myalgies... dont les taux de prévalence pourraient d'une manière ou d'une autre être influencée directement ou indirectement par l'activité, les conditions de vie et /ou de travail a l'intérieur d'une mine.

2. CONTEXTE

2.1. Généralités

2.1.1. Présentation du Burkina Faso

· Situation géo-climatique

Situé au coeur de l'Afrique de l'Ouest, le Burkina Faso s'étend sur une superficie de 272 967 km2. Il est limité au nord et à l'Ouest par le Mali, à l'est par le Niger et au sud par le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte d'Ivoire.

Le pays est subdivisé en 13 régions, 45 provinces et 351 communes. Pays tropical, le Burkina Faso a un climat de type soudanien et comporte deux principales saisons : une saison pluvieuse de juin à octobre et une saison sèche de novembre à mai durant laquelle souffle l'harmattan, un vent chaud, sec et chargé de poussière, originaire du désert du Sahara. A l'alternance de ces deux saisons s'associe la recrudescence de certaines maladies épidémiques et endémo-épidémiques comme le paludisme en saison pluvieuse et la méningite en saison sèche.

Carte 1 : Carte du Burkina Faso, localisation du pays en Afrique et dans le monde

Source: Google images

· Situation socioéconomique

Sur le plan économique, le Burkina Faso a enregistré au cours de cette dernière décennie, une croissance économique régulière. Cette croissance a été en moyenne 5% par an entre 2000 et 2009. En 2010, le pays a enregistré une croissance du PIB de 7,9%. L'incidence de la pauvreté est évaluée à 43,9% en 2009 (INSD ; EICVM-2009) sur la base des dépenses des ménages et à 40,1% en 2006 sur la base des avoirs des ménages (biens d'équipement, logement, etc.) à partir des résultats du RGPH.

· Situation sociodémographique

Effectif et structure de la population

La structure par âge d'une population permet de comprendre les problèmes de santé auxquels elle est confrontée. En effet, les facteurs influençant l'état de santé d'une population varient d'un groupe d'âge à un autre.

Le Burkina Faso a une population très jeune. Les moins de 15 ans représentent 48% de la population. En 2010, les enfants de 0-11 mois représentent 4,2% de la population. Les hommes de 15 ans et plus représentent 23,7% de la population et celle des femmes de 15 ans et plus est de 28,3%.

Espérance de vie à la naissance

L'espérance de vie à la naissance est le nombre moyen d'années que pourrait vivre un individu à sa naissance. L'indicateur est en amélioration depuis 1985. Il est ainsi passé de 48,5 en 1985 à 56,7 ans en 2006.

Les taux de mortalité et de morbidité

Les résultats des différentes enquêtes réalisées par l'Institut national de la statistique et de la démographie montrent que la morbidité générale a connu une évolution à la baisse de 1994 à 2003, passant de 15,8% à 5,8%, suivie d'une remontée en 2007 (8,4%). La même tendance s'observe au niveau des zones urbaines et rurales. Cependant la morbidité est plus élevée en milieu urbain qu'en milieu rural. Cet écart pourrait s'expliquer par les différences de perceptions des populations à l'égard de leur état de santé.

Le niveau général de la mortalité connaît une nette amélioration. En effet, le taux brut de mortalité est passé de 14,8%o en 1996 à 11,8%o en 2006. De même, les mortalités spécifiques, connaissent des baisses constantes, traduisant l'impact des efforts déployés dans ce domaine.

· Alphabétisation et éducation

Le niveau d'alphabétisation de la population reste faible au Burkina Faso. Selon les enquêtes de l'INSD sur les conditions de vie des ménages de 2003 à 2007, le taux d'alphabétisation des 15 ans et plus est passé de 21,8% en 2003 à 23,6% en 2005 et 28,3% en 2007.

Sur le plan de l'éducation, les indicateurs sont en constante amélioration quand bien même d'énormes efforts restent à faire. Le taux brut de scolarisation au primaire est passé de 61,4% en 2005/2006 à 74,8% en 2009/2010. Au niveau du post-primaire, le taux de scolarisation passé de 21,0% à 29,7% en 2009/2010.

2.1.2. Le secteur minier au Burkina Faso

Le secteur minier est en pleine expansion au Burkina Faso ces dernières années. En effet, l'or est actuellement le premier produit d'exportation du pays. A cet effet, le Burkina intègre donc le cercle des pays miniers. Ces résultats obtenus se fondent sur une déclaration de politique minière nationale couplée a l'adoption d'un code minier très favorable a l'investissement privé (loi N°023/AN du 8 mai 2003). A ces deux facteurs ayant permis la promotion du secteur minier burkinabè s'ajoute un court très intéressant de l'oz d'or sur le marché international.

A ce jour, 859 titres miniers et autorisations sont valides et se répartissent de la manière suivante : 621 permis de recherche, 10 permis d'exploitation industrielle, 16 permis d'exploitation semi-mécanisée, 197 autorisations d'exploitation artisanale traditionnelle et 47 autorisations d'exploitation de substances de carrière.

D'autres substances minérales connaissent également une exploitation en plus du secteur florissant de l'exploitation aurifère: Il s'agit du phosphate de Kodjari, du calcaire de Tiara et Dioungoko et le manganèse de Kiéré. Aussi, certains gisements se trouvent à un niveau très avancé dans les études. On peut citer le manganèse de Tambao, le Zinc de Perkoa, le calcaire de Tin Hrassan et l'or de Niankorodougou dans la Léraba, Kiaka dans le Zoundwéogo, Bissa dans le Bam et Mogtédo dans le Ganzourgou.

Sur le plan spécifique de la production d'or, six mines sont en exploitation: Youga, Taparko, Mana, Kalsaka, Inata et Essakane (Carte 2). Ainsi, en 2011, le pays a produit 32,6 tonnes d'or et la prévision attendue pour 2012 est de 40 tonnes d'or. La production de manganèse a donné 57 355 tonnes en 2010 et 49 715 tonnes en 2011.

L'ensemble des taxes et redevances minières rapportées au cours des quatre dernières années donne un montant de près de 200 milliards de F CFA. En 2010, l'or a contribué pour 440 milliards de F CFA aux recettes d'exportation du pays soit 62,77% des dites recettes et 7,7% au PIB confirmant ainsi sa position de premier produit d'exportation. En 2011, cette contribution devrait atteindre, sous réserve de confirmation par la BCEAO, 620 milliards de recettes d'exportation pour une contribution au PIB de 12,12%. De plus ces sociétés minières ont contribué à résorber une partie du chômage dans le pays. C'est ainsi qu'à la mie 2011, on dénombrait prés de 5000 emplois permanents dont 93% d'emplois nationaux.

Si ces sociétés minières ont pour souci de faire des recettes financières, elles auront contribué pour beaucoup au développement du pays. Cependant des inquiétudes subsistent et concernent plusieurs points tels que la gestion du problème foncier, le dédommagement des populations déplacés et leur réinstallation, les mécontentements des populations locales et les conflits entre miniers et population locale le plus souvent liés au problème foncier et à l'emploi de la main d'oeuvre locale, la répartition des bénéfices entre les communes et l'Etat central, la forte pression liée a la migration massive autour des sites miniers, le déséquilibre socioéconomique (grossesse précoce, bouleversement culturel, cherté de la vie, développement de la prostitution...), la recrudescence des Infections Sexuellement transmissibles notamment le VIH/SIDA, l'impact sur la sante et l'environnement des produits chimiques utilisés etc.

Carte 2: Quelques sites aurifères au Burkina Faso

Source: Google images

2.1.3. Plan National de développement sanitaire 2011-2020

Le Plan national de développement sanitaire (PNDS) est un référentiel de planification stratégique de portée nationale en matière de santé. C'est l'instrument d'opérationnalisation de la politique nationale de santé qui a été révisée en 2010.

La vision de la politique nationale de santé est « le meilleur état de santé possible pour l'ensemble de la population à travers un système de santé performant ». Sa mise en oeuvre vise à travers le PNDS se fera selon les objectifs prioritaires suivants:

- développer le leadership et la gouvernance dans le secteur de la santé ;

- améliorer des prestations de services de santé ;

- promouvoir la santé et la lutte contre la maladie ;

- développer des ressources humaines pour la santé ;

- développer des infrastructures, des équipements et des produits de santé ;

- améliorer la gestion du système d'information sanitaire ;

- promouvoir la recherche pour la santé ;

- accroitre le financement de la santé et l'amélioration de l'accessibilité financière des populations aux services de santé.

Le PNDS constitue un référentiel de planification pour les dix (10) prochaines années. Il permet aussi d'améliorer le dialogue sectoriel et le processus de planification à tous les niveaux du système de santé (Tableau de bord, sante 2010). Cependant ce que nous pouvons constater est qu'il n'y a pas une intégration explicite de la question relative l'impact des facteurs environnementaux sur la sante.

2.2. Contexte juridique et institutionnel

2.2.1. Contexte juridique

A l'instar de ceux consignées dans le guide sectoriel d'étude et de la notice d'impact sur l'environnement des projet miniers, plusieurs lois et règlements obligent les promoteurs privés ou publics à respecter l'environnement lorsqu'ils projettent des travaux et aménagements qui peuvent avoir des impacts sur la sante et l'environnement. Ces lois et règlements sont principalement :

- la loi N°0052/97/ADP du 30 janvier 1977, portant Code de l'Environnement au Burkina Faso qui stipule en son article 17 que « les activités susceptibles d'avoir des incidences significatives sur l'environnement sont soumises à l'avis préalable du ministre de l'environnement. L'avis est établi sur la base d'une Etude d'impact ou une notice d'impact sur l'environnement ».

- la loi N°006/97/ADP du 31 janvier 1997, portant Code Forestier au Burkina Faso qui stipule en son article 50 que « toute réalisation de grands travaux entraînant un défrichement est soumise à une autorisation préalable du Ministre chargé des forêts sur la base d'une Etude d'Impact sur l'Environnement ».

- la loi N°23/94/ADP du 13 mai 1994, portant Code de santé publique au Burkina Faso.

- la loi N°014/96/ADP du 23 mai 1996, portant Réorganisation Agraire et Foncière au Burkina Faso.

- la loi N°023/AN du 8 mai 2003, portant Code minier au Burkina Faso.

- la loi N°002-2001/AN du 8 février 2001, portant loi d'orientation relative à la gestion de l'Eau.

- la loi N°034-/AN du 14 novembre 2002, portant loi d'orientation relative au pastoralisme.

- la loi N°062/95/ADP du 14 décembre 1995, portant Code des investissements et des formalités au Burkina Faso et son décret d'application N°96-235/PM/MICIA/MEF.

- la loi N°05-2004 du 21 décembre 2004, portant Code Général des collectivités territoriales.

- le décret N°2001-342/PRES/PM/MEE du 17 juillet 2001, portant champ d'application contenu et procédure de l'EIE et de la NIE qui stipule que « les activités susceptibles d'avoir des impacts significatifs sur l'environnement sont soumises à l'avis préalable du Ministre chargé de l'environnement. L'avis est établi sur la base d'une Etude d'impact ou une notice d'impact sur l'environnement ».

- le décret N°98-322/PRES/PM/MEE/MCIA/MEM/MS/MATS/METSS/MEF du 28 juillet 1998, portant conditions d'ouverture et de fonctionnement des établissements dangereux, insalubres et incommodes qui en son article 7 prévoit qu'à chaque exemplaire de la demande fournie, doit être jointe une étude d'Impact sur l'Environnement. Cette étude mentionnera les mesures envisagées par le demandeur pour supprimer, limiter ou compenser les inconvénients de l'établissement et en indiquera les coûts estimatifs.

- le décret N°2001- 185 /PRES/PM/MEE du 7 mai 2001, portant fixation des normes de rejets de polluants dans l'air, l'eau et le sol. Il fixe à ses articles 6, 10, 11 respectivement, les normes de rejets des émissions dues aux installations fixes, les normes de déversement des eaux usées dans les eaux de surface, les normes de déversement des eaux usées dans les égouts.

En plus de la réglementation nationale, le Burkina Faso est signataire de nombreuses conventions et traités internationales telles que la convention RAMSAR, la convention de Stockholm, la convention de Bale, la convention de Bamako...

Les objectifs poursuivis par de telles dispositions réglementaires sont clairement affichés: il s'agit de permettre la mise sur pied d'un projet ou un programme qui puisse être rentable au pays en évitant, en limitant ou en minimisant les effets négatifs sur l'environnement et la sante tout en optimisant les effets positifs pour le bien être des populations.

2.2.2. Contexte institutionnel : mission de stage et présentation du BUNEE

Le Bureau National des Evaluations Environnementales (BUNEE) est une direction spécialisée du Ministère de l'Environnement et du Développement Durable (MEDD) au Burkina Faso. Il a pour missions la coordination de la mise en oeuvre et du suivi de la politique nationale en matière d'évaluation environnementale, des audits et inspection environnementale. A ce titre, il est chargé:

- de la mise en oeuvre des stratégies nationales en matière d'évaluation environnementale et d'inspection environnementale, de la promotion de la pratique des évaluations environnementales en collaboration avec les autres structures du Ministère;

- du suivi et de la surveillance sur le plan environnemental des projets et programmes ayant fait l'objet d'évaluation environnementale ;

- de l'organisation et de la conduite des inspections environnementales sur tout le territoire national;

- de la définition des procédures d'inspection environnementale ;

Le BUNEE est organisé autour de deux directions: la Direction des Evaluations Environnementales (DEE) qui regroupe les services des Evaluations Environnementales (SEE) et celui en charge du suivi des Plan de Gestion Environnementale et Sociale (PGES); ainsi que la Direction des Inspections et des Audits Environnementaux (DIAE) qui regroupe le Service des inspections environnementales (SIE) et le Service des Audits Environnementaux. A ce jour, seule la DEE est pleinement fonctionnelle même si la tache assignée à cette direction dépasse largement les moyens et le nombre du personnel, les évaluateurs qui doivent sillonner tout le territoire pour accomplir leur mission se battent comme ils peuvent. Et dans le cadre de la promotion des études d'impact sur l'environnement, celles-ci ne sont pas à ce jour pleinement intégrer dans les projets par les différents promoteurs excepté les grosses structures minières et quelques promoteurs des boulangeries et des fermes. Cependant, l'exigence accordée aux résultats des études d'impact par les structures de financement des différents projets tels les Banques mondiale, les banques locales etc. obligent de plus en plus certains promoteurs en quête de financement à se soumettre a cette réglementions sous peine de voir leurs bailleurs se rétracté du projet.

2.3. Présentation de Essakane SA

Essakane SA est une filiale du groupe IAMGOLD CORPORATION, la multinationale canadienne spécialisée dans l'exploitation minière et qui de nos jours exploite huit mines d'or et une du Nobium a l'échelle internationale, en Afrique et en Amérique.

Localisé à l'extrême nord du pays dans la région du sahel, province de l'Oudalan a environ 330 km au nord de Ouagadougou (Carte 1), la mine ci concerné, Essakane Sa a connu sa première production commerciale en juillet 2010 et est détenue à 90% par IAMGOLD et a 10% par le gouvernement du Burkina Faso. Si la mine connait a ce jour une exploitation industrielle, elle a été dans le passé ; a l'instar de plusieurs autres sites dispersés un peu partout sur le territoire nationale, un site d'orpaillage découvert et exploité de façon artisanale depuis 1985 par les populations locales ; avant de passer entre les mains de plusieurs concessionnaires dont l'Etat (1992), Rangers minerals (2001), Orezone / Golds fields (2002), Orezone (2008) et IAMGOLD en 2009 par acquisition d'Orezone (Julien Baudrand, 2011).

Essakane SA constitue à ce jour le plus gros gisement d'or en exploitation au Burkina Faso, 120 tonnes d'or avec une Teneur moyenne d'environ 1,6g/t. La mine a une durée de vie de 12 ans et produira 10 tonnes d'or par an. Les dimensionnements du gisement sont les suivants : 200 mètres de profondeur ; 2,5 km de long et 500m de large. Cote création d'emploi, la mine emploi plus de 1700 travailleurs directs (CDD, CDI) dont 92% de burkinabé, 37% emploi local et 12% de femme. (Julien Baudrand, 2011).

Essakane SA est accréditée de certifications internationales telles : la certification ISO 14001 et la certification OHSAS 18001.

Prévue pour prendre fin en 2023, la vie de la mine d'or ESSAKANE IAMGOLD se verra prolongée jusqu'en 2025. La compagnie minière vient de lancer officiellement ce mois d'octobre 2012 son projet d'expansion a quelques encablures du site actuel, notamment vers le nord et Falangoutou. Selon les prévisions, 700 nouveaux emplois seront créés pendant la phase de construction et environ 200 pendant la phase d'exploitation ; 94% de ses emplois seront burkinabè avec 46% local (Sahel).

2.4. Problématique

L'agriculture et l'élevage ont depuis très longtemps constitué les piliers de l'économie du Burkina Faso. Cependant avec l'adoption de son nouveau code minier en 2003 (Loi n°031-2003/AN du 8 mai 2003), plus attrayant, donc plus favorable a l'investissement privé; le pays connait a ce jour un boom minier sans précédent et cela particulièrement dans le domaine de l'exploitation aurifère. Le secteur minier est aujourd'hui le levier de l'économie du pays, et l'or est depuis 2009, le premier produit d'exportation du Burkina. Plus de 600 permis de recherche et d'exploitation ont été délivrés à ce jour: le Burkina Faso se compte désormais parmi les pays miniers.

Outre les retombées économique (Taxes divers, création d'emplois directs et indirects, création d'entreprises connexes...), l'exploitation minière est une activité qui engendre d'énormes problèmes environnementaux et socio-économiques dont la déforestation; les risques de pollution de l'air, des sols, des eaux de surfaces et souterraines; la perte des superficies agricoles; le déplacement et le recasement des populations affectées ainsi que la perte de certaines valeurs culturelles.

Pour une perspective d'exploitation durable des ressources du sous-sol burkinabè, notre étude se devrait de s'interroger sur les impacts que pourrait engendrer l'activité minière industrielle `'naissante'' sur la sante humaine et environnementale a travers le thème: « Impact de l'exploitation minière industrielle sur la sante humaine et environnementale au Burkina Faso: cas de la mine d'or de Essakane SA »

Le Burkina Faso ne disposant pas d'une grande expérience dans l'exploitation minière en générale et dans l'exploitation minière industrielle en particulier, l'utilisation de produits chimiques hautement toxiques comme le mercure ou le cyanure pour l'extraction de l'or peut être source de problème de sante publique qui pourrait se révélé être sans précédent a moyen et long terme. Particulièrement dans le secteur minier industriel, la question peut être considérer autrement du fait que l'exigence dans l'application des normes permet d'encadrer l'exploitation en permettant une prise en compte significative des préoccupations environnementale et sanitaire. Ainsi, les risques d'exposition à des toxiques environnementaux, les risques d'accidents de travail sont amoindris comparativement au secteur minier artisanal.

Que cela ne tienne, les principes de précaution et de prévention doivent prévaloir dans les stratégies de promotion et d'exploitation de ses ressources minières. Et cette étude contribuera certainement a fournir d'une part un support actualisé dans la prise en compte des problématiques environnementales et sanitaires relatives a l'exploitation minière, et d'autre part servir d'outil d'aide a la décision par une prise en compte plus significative des risques sanitaires dans les mines pour le bien être des travailleurs et des populations.

2.5. Objectifs

2.5.1. Objectif générale

L'objectif général est d'évaluer l'impact de l'exploitation minière sur la santé humaine et environnemental. Il s'agit de faire une analyse des données recueillies a Essakane SA afin d'établir une possible association ou non entre l'activité minière, les rejets émanant des différents circuits de production et leurs effets diffus susceptibles d'être corréler aux pathologies récurrentes traiter a la clinique de la société Essakane Sa. Aussi, nous tenterons une analyse prospective des risques de sante, de détérioration de l'intégrité des écosystèmes particulièrement ceux aquatiques a travers l'analyse des données relatives a la présence des métaux lourds dans les eaux souterraines et de surface.

2.5.2. Objectifs spécifiques 

- Caractériser les rejets miniers susceptibles de causer des dommages sur la sante humaine et sur l'environnement. Il s'agit d'identifier les composés et les produits issus de l'activité minière et qui sont susceptibles de causer des dommages sur la sante humaine et environnementale. Ce sont des produits chimiques qui sont directement rejetés avec les boues à la suite de leur utilisation pour l'extraction et la purification de l'or comme le cyanure ou des composés qui émis indirectement comme le mercure, l'arsenic, le plomb, le cadmium, le zinc, etc. Ces derniers sont concentrés de façon naturelle dans les roches et leur disponibilité en quantité plus ou moins élevé dans les différents compartiments de l'environnement tels que les eaux, les sols et l'air est surtout rendue possible par les processus d'excavation.

- Evaluer l'impact de l'activité minière, les conditions de travail ainsi que la qualité du milieu d'accueil sur la sante des travailleurs (effets aigus et chroniques).

- Evaluer sommairement les risques de l'activité minière sur la sante des populations environnantes.

- 3. METHODES

3.1. Sortie de terrain et collecte de données

La sortie sur le terrain s'est effectuée entre le 14 et le 17 décembre 2011. Cette sortie avait un double objectif: collecter les données qui seront analysées et s'enquérir des réalités sur le terrain à travers une visite dans les différentes sections de la société minière ainsi que dans certains villages relocalisés. En ce concerne la collecte des données, cette étude s'est faite dans un contexte ou nous avions été contraints d'utiliser les données produits et collectés par la société elle-même. Cela n'est évidemment pas le meilleur moyen car des doutes ne sont pas à exclure sur la qualité et à la fidélité de ses données, cependant nous travaillons avec les réalités du pays car même la structure habilitée comme le BUNEE ne focalisent leur surveillance et évaluation que sur les données qui seront recueillies auprès des mines. Ce qui caractérise une limite évidente qui impactera certainement l'étude.

Et au regard de toutes ses réalités, nous pensons que l'étude peut se poursuivre de façon plus minutieuse avec plus de moyen à investir pour les échantillonnages et les analyses connexes à effectuer dans le but d'optimiser son design. Cependant pour s'enquérir des réalités sur le terrain, nous avons effectué:

- Une visite de toutes les sections de la mine afin d'identifier les impacts et risques potentiels sur l'environnement, la vulnérabilité des écosystèmes naturelles et la santé des travailleurs.

- La vérification et l'acquisition des documents d'analyse des eaux de surfaces, souterraines (piézomètres..) et les cahiers de charge sur la gestion des déchets solides ; des effluents liquides, du parc à résidu, la centrale électrique, la cité des travailleurs, des populations déplacées, le restaurant, la réhabilitation de la biodiversité, le plan de fermeture de la mine et la santé des travailleurs, le plan d'urgence et de sécurité ;

- Des observations directes du traitement et de la gestion des déchets industriels, domestiques et banaux générés, notamment les déchets solides, liquides et gazeux ;

- Des entretiens avec les populations de trois villages relocalisés dont Essakane site, Bounia et de Marganta par l'entremise des Comités Villageois de Développement (CVD).

· Populations travaillants sur le site minier

La population travaillant sur le site minier est constituée par les employés de la mine. Ce sont plus de 1700 employés dont 92% de burkinabé, 37% emploi local et 12% de femme. (Julien Baudrand, 2011).

Employés

homme

femme

burkinabè

Expatriés (canadiens et autres)

Employés locaux

1700

1496

204

1564

136

629

· Populations des six villages déplacés

villages

Nombre de

ménages

Population résidente

Hommes

Femmes

Total

Petabarabe Oudalan

96

259

295

554

Petabarabe Sonrhaï

34

98

111

209

Petabarabe Seno

45

153

157

310

Inabao

183

482

570

1052

Goulgountou

134

404

423

828

Essakane Village

254

762

805

1576

Essakane Site

1063

5432

5034

10492

Total réinstallés

2429

7590

7395

15021

Source : Base des données socio économie d'Essakane SA (2007)

3.2. Rédaction

Les bases de données sont traitées sur le logiciel de traitement de données Excel afin d'analyser l'évolution des cas de pathologies et de la concentration des polluants d'intérêts sur la période d'étude définie. Nous utiliserons la fréquentation de la clinique et la récurrence de certaines pathologies comme un proxy pour apprécier les impacts liés aux conditions de travail, cela en l'absence de données par poste de travail. Aussi, nous utiliserons les variations de la concentration des polluants comme les métaux lourds (Plomb, mercure, cadmium) dans les eaux de surface et souterraine pour analyser l'impact de l'activité sur l'intégrité des écosystèmes et sur l'environnement. A défaut de données sur les taux d'exposition individuelles, les concentrations des mêmes polluants servirons à évaluer les risques sanitaires auxquels s'exposent les populations dans le court et le long terme.

4. RESULTATS ET DISCUSSIONS

4.1. Affections et effets aigus

4.1.1. Résultats

4.1.1.1. Fréquence des consultations a la clinique sur le site minier

La fréquentation de la clinique a connu une baisse en 2011 comparativement au taux de fréquentation qui était relativement fréquentation élevée en 2010.

Figure1: Fréquences comparées des consultations en 2010 et en 2011

4.1.1.2. Récapitulatif des causes des consultations pour les années 2010 et 2011

Les données recueillies durant les deux années montrent une forte prévalence des pathologies telles que le paludisme, les gastro-entérites et les maladies respiratoires (tableau 1)

Tableau1 : Nombre de cas en 2010 et en 2011

Année

2010

2011

Gastro-entérites

1939

1270

Carie et affections buccales

273

191

Paludisme

1346

947

Maladies respiratoires

1743

1227

Autres affections ostéo-articulaires

715

366

Céphalées

836

357

Infections sexuelles

24

21

Otites

90

80

Traumatismes

160

131

Plaies et affections de la peau

983

552

Affections de l'oeil

311

248

Affections cardiovasculaires

76

47

Fièvres d'origine indéterminée

4

10

TMS : Myalgie et Myasthénie

301

181

TMS : Asthénie

211

114

Affections neuro-végétatives

71

51

Autres pathologies non classées

736

544

Source : Essakane

4.1.1.3. Pathologies récurrentes et leur évolution au cours des deux années

Les graphiques ci-dessous montrent respectivement des pathologies les plus fréquentes durant les périodes 2010 et 2011.

Figure3 : Evolution des pathologies récurrentes en 2010

Figure5 : Evolution des pathologies récurrentes en 2011

Seul le paludisme connait une grande variabilité saisonnière, une forte augmentation de la morbidité entre les mois de juillet et novembre (fréquence multiplié par cinq entre juillet et septembre), période correspondant a l'hivernage.

Les maladies respiratoires et les gastroentérites présentent les proportions les plus élevées. Elles couvrent a elles seules près de 50% des cas, ce qui correspondant a la moitié des cas d'affections. Il s'en suit les cas de paludisme; les cas d'affections ostéo-articulaires, les cas de céphalées ; les cas de troubles musculo-squelettiques (les myalgies et les asthénies) ainsi de maladies neurologiques comme les myasthénies. Les caries et les autres affections buccales représentent le faible taux de prévalence parmi les pathologiques récurrentes.

Figure7 : Etude comparée de l'évolution des pathologies récurrentes

Dans l'ensemble, on note une baisse de la prévalence des différentes pathologies en 2011 comparativement à l'année 2010.

4.1.2. Discussion

Les conditions de travail pénibles, constituent des facteurs de risques favorables à la propagation et à la prolifération des maladies dans les sites miniers. Selon les statistiques sanitaires récentes disponibles dans la zone de Kéniéba (une zone aurifère au Mali), les maladies les plus courantes enregistrées en 1999 sont surtout le paludisme, les infections respiratoires aiguës, les traumatismes, les diarrhées, les dermatoses et les maladies sexuellement transmissibles (SEYDOU KEITA, 2001). Il est évident que les conditions de travail dans les grandes industries minières comme Essakane Sa demeurent significativement différentes. Cependant la forte coïncidence constatée entre les pathologies ne peut cependant être considérée comme fortuite. Evidemment les risques d'exposition a certaines substances comme les poussières sont amoindris mais la modernisation du travail ne rend pas celui-ci forcement moins pénible, il y'a assurément un lien entre ses pathologies, les conditions de travail et les activités propres menées dans la mine.

4.1.2.1. Gastroentérites et autres affections de l'appareil digestif

Etiologie

Les gastroentérites et les affections digestives concernent ceux qui sont pris en charge à la clinique de la société minière. Ces pathologies représentent a elles seules une fréquence de près du tiers des cas de maladies (26% en 210 et 27% en 2011). Il s'agit des diarrhées sanglantes et non sanglantes, des parasitoses intestinales, de la gastrite, de l'ulcère d'Estomac et les autres affections de l'appareil digestif. Des nombreuses études portant sur ses affections, il est d'une évidence qu'elles sont pour une grande causées par des microorganismes d'origine fécale (OMS, Susan J et al, 2001). Une autre étude de l'INVS portant sur les épidémies d'infection liées à l'ingestion d'eau de distribution, établie une corrélation forte entre ces diverses pathologies digestives et les microorganismes entériques et gastriques (Annexe1: INVS, Tableau d'orientation étiologique des gastro-entérites et autres infections avec une transmission hydrique). Selon cette étude, les principaux micro-organismes susceptibles d'être à l'origine d'une manifestation pathologiques comme telle sont des micro-organismes à excrétion fécale chez l'homme ou l'animal :

- bactéries : Campylobacter spp, Salmonella spp, Shigella spp, Yersinia enterocolitica, Escherichia coli pathogènes, et en particulier E. coli producteur de shiga-toxine (STEC), Vibrio cholerae ;

- parasites : protozoaires : Cryptosporidium parvum, Giardia intestinales, Toxoplasma gondii, Cyclospora cayetanensis ;

- virus : calicivirus humains (norovirus, sapovirus), rotavirus, astrovirus, adenovirus entériques, entérovirus, virus de l'hépatite A et E.

Exposition

Il est important de noter qu'Essakane dispose en son sein, un seul restaurant qui sert environ 1600 plats par jour. Tout le personnel se restaure dans ce seul restaurant. C'est une mesure d'équité qui, dans le cadre de notre étude place les employés face au même risque quelque soit leur position au sein de la société. Aussi, chaque employé a droit a 2 bidons d'eau minérale Lafi (1,5L +1,5L= 3L) uniquement au restaurant, ce qui largement suffisant comme eau de boisson. Notons que cette eau minérale lafi est la seule eau de boisson consommée sur le site, elle est non seulement disponible dans toutes les sections de la mine mais également accessible a tous, même si on n'est pas employés de la section ; on peut s'en procurer. Cette source d'eau ne peut donc constituer le canal par lequel les pathogènes se propagent.

En excluant la source d'eau de boisson comme vecteur de ses contaminations fécales, les principales voies d'exposition susceptibles d'être à l' origine de contamination sont surtout alimentaires et comportementale. L'exposition alimentaire est probablement liée pour une grande part a la consommation d'aliments crus comme les salades de laitue et les autres crudités, le lait ou peut être les oeufs issues de manipulations diverses comme le de-coquillage qui se fait après la cuisson. S'il n'a pas été possible pour notre part de réaliser des analyses microbiologiques, notre constat quand aux mesures d'hygiène et d'assainissement dans cette section reste remarquable. Au regard de ses analyses, nous pensions fortement que le comportement personnel pourrait être responsable de la prédominance de ses pathologies digestives. Chaque employé avant d'accéder au restaurant doit se laver les mains, juste à la porte : du savon liquide et quelques robinets sont disponibles a cet effet. Ainsi, si la majorité des employés se plient à cette mesure d'hygiène élémentaire ; la question principale qui se pose est comment ils s'y prennent ? En quelques secondes, le savon est aussitôt nettoyer presque au même moment que son application. L'objectif semble être définit autrement: juste nettoyer les poussières ou simplement réalisé un geste habituel. A cela s'ajoute-le fait que certains s'excluent de cette routine simple car leur main est d'apparence propre. Cette chaine de contamination s'étoffe enfin avec les nombreux poignets de main que les employés échangent entre eux à l'intérieur du restaurant, donc après que certains aient respectés les consignes d'hygiène et d'autres pas. Ce dernier acte constitue plus une question culturelle qu'il va falloir manier avec dextérité pour éviter toute interprétation déplacées.

Cependant la question se pose est la suivante, l'heure consacrée à la pause est elle suffisante? Ce qui n'est pas évident surtout si on ajoute a cette contrainte deux autres facteurs que sont, la distance a parcourir entre son poste de travail et le restaurant localisé dans le camp, distance variant selon nos estimations entre cent mètres (100m) et plus de mille cinq cent mètres (1500m); et le temps minimale d'attente de la navette que nous avons estimé entre cinq (05mn) et quinze minutes (15mn). Pour minimiser l'exposition, il faut en plus de la sensibilisation, construire d'autres restaurants qui respecteront le même design que la première: cela permettra de réduire les distances et d'avoir un plus de temps à consacrer a l'hygiène.

Prévention

Les hommes ont le droit et le devoir de participer individuellement et collectivement à la planification et à la mise en oeuvre des mesures de protection sanitaire qui leur sont destinées (OMS, Déclaration d'Alma-Ata, 1978). IL est évident, au regard de l'ampleur des mesures d'hygiène mis en place, que la défaillance pourrait fortement être associé a un problème comportemental. Il sera donc nécessaire de ne pas baisser la garde et renforcer la sensibilisation et la formation pour un changement véritable de comportement. Cela est d'autant indispensable que chaque employés avant d'accéder au restaurant doit prendre le temps nécessaire pour laver ses mains : c'est un engagement individuelle pour la promotion de la sante individuelle et collective. Nous insistons ici sur facteur temps car si le reflexe de laver les mains est une pratique presque acquise, l'acte est au contraire réalisée de façon très hâtive (quelques secondes) et n'est plus efficace car les mains sont justes rincer pour enlever la couche de saleté visible (poussières et autres). Dans le même contexte nous avons constater que l'utilisation du savon précède toujours le contact avec l'eau alors que c'est plutôt le contraire qui est meilleur : on verse de l'eau sur les mains (pour faciliter l'exposition des microorganismes au savon), puis on ajoute du savon et on frotte enfin les deux mains, l'une contre l'autre pendant au minimum 20 a 30 secondes avant le rinçage a l'eau (figure ci dessous). Les images ci-dessous illustrent le mécanisme dans son ensemble. Elles peuvent servir de support lors des formations et sensibilisations et être afficher dans les lieux indiqués comme les toilettes et le restaurant.

Source: Hand hygiene in the intensive care unit

Une autre solution nécessaire est de réaliser des enquêtes au niveau microbiologiques pour identifier les germes responsables. Des prélèvements réalisés à différents points fortement suspectés comme les robinets (au niveau des toilettes et du restaurant) et les poignets des portes du restaurant permettront de cibler le problème et de prendre des mesures adéquates de prévention.

Aussi, il faut une décentralisation de la restauration afin de rapprocher le restaurant des travailleurs dans l'optique d'une utilisation plus efficace de son temps de pause. A cet effet deux autres restaurants peuvent être construits avec le même design et placés dans un rayon qui puisse être accessible à temps minime par tous.

4.1.2.2. Le paludisme

Etiologie et manifestations

Le paludisme est du a l'infestation des hématies par des protozoaires appartenant au genre Plasmodium. Ces hématozoaires sont inocules chez l'hôte humain par l'anophèle femelle lors d'un repas sanguin. Les quatre espèces de Plasmodium qui infestent l'homme sont les suivantes : P. falciparum, P. vivax, P. ovale et P. malariae. Il arrive parfois que l'on rencontre des infestations par des hématozoaires infestant habituellement le singe, tel P. knowlesi. La maladie est endémique à la région Afrique sub-saharienne (90% des cas) et le Burkina Faso constitue une zone d'endémie au Plasmodium falciparum.

Les premiers symptômes du paludisme ne sont pas spécifiques et ressemblent aux symptômes d'une maladie virale systémique mineure. Ce sont : des céphalées, une lassitude ou de la fatigue, un gène abdominale et des douleurs musculaires et articulaires, suivies de fièvre, de frissons, de transpiration, d'anorexie, de vomissements et d'une aggravation du malaise. Il s'agit la du tableau typique d'un paludisme simple(...). Mais si l'on donne des médicaments inefficaces ou en cas de retard du traitement d'un paludisme a falciparum, la charge parasitaire continue à augmenter et il peut s'en suivre un paludisme grave. Un malade présentant les symptômes mineurs peut évoluer en quelques heures vers un paludisme grave. Celui-ci se manifeste habituellement par un ou plusieurs des signes suivants : coma (neuropaludisme), anémie sévère, hypoglycémie et, chez l'adulte, insuffisance rénale aigue ou oedème aigu du poumon. En l'absence de traitement, le paludisme grave est presque toujours mortel (OMS, Directives pour le traitement du paludisme).

Exposition et prévention

Par son climat et sa position géographiques, la population du Burkina Faso est exposée dans entièreté et de façon endémique au paludisme. Au niveau local, les données sanitaires confirment la récurrence de la pathologie et le classe comme première cause de consultations au CSPS de Goulgountou (Annexe 2), courant premier semestre de 2010 (Rapport semestriel, janvier-juin 2010, Essakane Sa)

La courbe d'évolution de la maladie montre une variabilité saisonnière qui s'explique principalement par le cycle de vie de l'anophèle, vecteur du plasmodium. Comparativement aux autres périodes des deux années pris en compte (2010 et 2011), la fréquence de la maladie est presque multipliée par cinq entre juillet et septembre qui constitue le mois pendant laquelle la prévalence du paludisme atteint son taux maximal. En effet l'abondance de l'eau disponible pendant cette période de saison pluvieuse est l'explication la plus évidente en permettant la multiplication accrue des moustiques. Les oeufs âpres une phase de maturation nécessitant du sang, sont pondus dans les eaux surtout stagnantes. Les larves qui en sortiront sont aquatiques pendant les premières phases de leur vie avant de devenir des insectes aériens.

Il est pratiquement impossible d'établir une corrélation positive entre l'activité minière et cette pathologie uniquement à partir de cette étude même si les grands bassins de rétention d'eau, les nombreuses crevasses disséminées un peu partout sur le site pourraient servir en saison pluvieuse de nid pour le développement des moustiques et entrainer une recrudescence de la maladie. L'état physiologique est aussi un élément considérable dans le processus de déclenchement du paludisme car la maladie se manifeste plus facilement chez les personnes diminuées physiquement (Des études comparatives peuvent être effectuées dans ce sens). En tout état de cause, la prévention reste le meilleur moyen de lutte contre cette maladie et pour cela il faut initier des campagnes de sensibilisation pour une utilisation permanente des moustiquaires au service et a domicile.

4.1.2.3. Troubles musculo-squelettiques et neurologiques

Selon le centre canadien d'hygiène et de sécurité au travail, les troubles musculo-squelettiques liés au travail (TMSLT) ou plus simplement les TMS ont tous une chose en commun : ils peuvent être la source d'inconfort, de fatigue, de douleur et de blessures chez les travailleurs. Et sont souvent attribuables à des travaux exigeant des mouvements répétitifs, à des mouvements nécessitant l'application d'une certaine force et à des postures corporelles inconfortables conservées pendant un certain temps. Les poignets, le dos, les jambes, les épaules, le cou, les muscles et les articulations sont les parties du corps les plus touchées. Malgré la non disponibilité d'échantillons témoins qui permettrait une meilleure appréciation de la prévalence de cette pathologie, il est probable que les gestes répétitifs quotidiens exercés par les employés et qui caractérisent l'apparition des TMS soit un des facteurs en cause. A Essakane SA, ces troubles se manifestent à l'état pathologique par diverses affections ostéo-articulaires, par des myalgies et des asthénies ; qui combinés aux myasthénies ont représenté 17% des cas en 2010 et 14% en 2011. Les liens de causalité sont évidents et il serait nécessaire de se pencher sur la question de manière singulière en vue d'effectuer des analyses plus poussées qui tiendront compte de la spécificité des postes de travail: c'est une limite de nos travaux inhérents aux réalités du contexte de manque de disponibilité de données et a la faiblesse du système d'évaluation qui manque de moyen pour aboutir a ses fins.

4.1.2.4. Céphalées

Selon l'OMS (Aide-mémoire N°277, Mars 2004), les Céphalées représente un problème de santé publique. Les personnes atteintes de céphalées supportent une grande partie du fardeau, mais pas la totalité. Les céphalées posant des difficultés particulières pour la population active (de la fin de l'adolescence à la cinquantaine), elles ont un énorme coût financier pour la société - principalement dû à la perte d'heures de travail et à la baisse de productivité.

Certaines céphalées, ou céphalalgies, comptent parmi les affections du système nerveux les plus répandues. Ces pathologies touchent quantité de personnes et, dans de nombreux cas, de façon permanente. Le mal de tête est la manifestation douloureuse et souvent incapacitante d'un nombre relativement restreint de céphalées primitives. Il peut également être secondaire à un très grand nombre d'autres affections. Les plus répandues - céphalée de tension, migraine, algie vasculaire de la face et céphalée chronique quotidienne - sont responsables d'une incapacité importante (Aide-mémoire N°277, Mars 2004). Dans notre cas précis, la prévalence de la pathologie pourrait être liée a un certain nombre d'affections tels que le paludisme, les gastro-entérites et aux variations de pression sanguine liées au travail sous pression.

4.2. Risques sanitaires et environnementaux liés aux métaux lourds

Les indicateurs utilisés par la société minière pour évaluer la pollution environnementale sont les concentrations des différents polluants notamment les métaux lourds dans les eaux de surface et dans les eaux souterraines. Notons qu'à cet effet que nous n'avions disposé d'aucune donnée sur les taux des polluants dans l'air et dans les sols.

4.2.1. Concentrations des eaux en métaux lourds

Les graphiques ci-dessous montrent l'évolution des concentrations des métaux que sont le plomb, le mercure et le cadmium dans les eaux de surface et souterraines. Cependant nos travaux n'intègre pas le cyanure, un composé hautement intéressant, car nous n'avions pas disposé de données sur cette substance chimique. Et nous pensons qu'il est plus que nécessaire de rappeler une fois de plus que nous travaillons avec des données fournies par la Société minière elle même qui ne sont pas exempt de doute. L'idéal aurait été d'effectuer nos propres échantillonnages et nos analyses.

4.2.2. Evaluation des polluants d'intérêt dans les eaux: eaux de surface et eaux souterraines

Mercure

Cadmium

 
 
 
 
 
 

Plomb

Mercure + Cadmium + Plomb dans les eaux

4.2.2. Discussion

L'évaluation des risques sanitaires (ERS) associés à une exposition environnementale s'inscrit dans un contexte de complexité et d'incertitudes (ORS). En effet, les expositions aux facteurs dangereux de l'environnement sont nombreuses et variées. Elles sont souvent chroniques et, sauf situations accidentelles, elles sont de faible niveau. Dans la plupart des cas, il est difficile de les quantifier précisément et de prendre en compte d'éventuelles interactions. Ces expositions, susceptibles de provoquer des maladies, n'induisent pas des pathologies qui leur sont spécifiques, dans la mesure où d'autres facteurs liés aux comportements des individus (tabac, alcool) ou aux antécédents génétiques peuvent en être la cause. Par ailleurs, ces maladies se manifestent chez les individus généralement longtemps après leur contact avec le ou les agent(s) dangereux. Il n'est donc pas aisé de relier avec certitude un facteur environnemental et un effet sanitaire qui du reste, est généralement multifactorielle (Sabine Host et al, 2006). Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes intéressés aux effets que pourraient entrainer trois de ses composés que sont le mercure, le plomb et le cadmium. Notre intérêt pour ses composés s'explique par le fait que ces derniers sont des métaux lourds plus fournis par la littérature internationale. De plus ces métaux se révèlent être sans aucun effet bénéfique pour l'organisme humain et sont simplement toxiques pour les animaux, les plantes et les microorganismes (André Picot).

4.2.2.1. Effets aigus liés à l'exposition aux métaux lourds

Les métaux lourds sont des composés qui a faible dose n'ont pas d'impact immédiat sur l'environnement et la sante de la plupart des animaux et sur celle humaine. De plus, l'analyse des résultats montre que les taux mesurés dans les différents compartiments des écosystèmes autour de la mine sont largement en dessous des valeurs de référence. Le décret N°2001- 185 /PRES/PM/MEE du 7 mai 2001, portant fixation des normes de rejets de polluants dans l'air, l'eau et le sol fixe à ses articles 6, 10, 11 respectivement, les normes de rejets des émissions dues aux installations fixes, les normes de déversement des eaux usées dans les eaux de surface, les normes de déversement des eaux usées dans les égouts comme suit: 0,1 mg/L pour le cyanure; 0,17mg/L pour le mercure dissous ; 5mg/L pour le zinc et 0,14mg/L pour l'arsenic dissous. Ces valeurs sont largement supérieures aux quantités mesurées dans les eaux des trois barrages et du fleuve qui desservent la mine. Nous pouvons affirmer que les rejets miniers, pour ce qui concerne les proportions des métaux lourds (plomb, mercure, l'arsenic et le zinc) restent extrêmement faibles. Et de ce fait, ne peuvent impactées négativement l'état de sante si on s'en tient uniquement a ses données.

Cependant un facteur essentiel, caractéristique de la qualité des données mérite d'être considéré avec acuité: il s'agit de l'indicateur utilisé par la mine pour évaluer le taux des polluants considérés dans l'environnement. Dans notre contexte, la mine utilise pour ses estimations, les concentrations des métaux lourds dans les eaux. La preuve, nous n'avions disposé d'aucune donnée sur la concentration des métaux lourds dans l'air ou les sols, il n'existait donc pas une surveillance de la qualité de ses deux compartiments environnementaux jusque pendant notre visite en décembre 2011. Or, les mesures des concentrations dans les eaux ne peuvent à elles seules, être efficace. Nous soutenons cette affirmation en plus par les possibilités que disposent le plomb, le mercure et le cadmium à s'accumuler par exemples dans les organismes et dans le milieu benthique.

Il est a noter a cet effet que si l'on peut considérer la concentration des métaux lourds dans les eaux pour apprécier les effets potentiels aigus sur la sante humaine et sur celle animale du fait que l'eau pourrait être consommé par les humains et les animaux surtout que nous sommes dans une zone d'élevage de gros mammifères comme les bovins et les ovins ; les évaluations des effets a long terme restent très inefficaces voire impossible du fait du phénomène de transfert des métaux et de leur accumulation dans d'autres compartiments comme les sols ou dans les organismes aquatiques. Il est à craindre que la quantité de polluant généré par l'activité minière dans l'environnement; notamment en ce qui concerne le plomb, le mercure et le cadmium, reste cependant sous-estimé au regard de ceux qui précède.

4.2.2.2. Effets sanitaires et risques environnementaux à long terme

Les métaux lourds sont des éléments métalliques naturels, métaux ou dans certains cas des métalloïdes comme l'arsenic, caractérisés par une masse volumique élevée, supérieure à 5 grammes par cm3. (Rapport n° 2979, Assemblée nationale, rapport n° 261 du Sénat.2001). Pour notre étude nous nous sommes intéressés a trois de ses métaux dont le mercure, le plomb et le cadmium et cela par rapport a leur particularité biochimique et a leur toxicité. Selon le Professeur André Picot, expert européen en toxicologie, les métaux lourds considérés sont des éléments chimiques toujours toxiques, prompts à se combiner avec les composés organiques soufrés de notre corps via l'air, l'eau ou l'alimentation, et pouvant engendrer de graves troubles, y compris au niveau cérébral: Ce sont des éléments chimiques qui n'ont aucune activité biologique bénéfique et sont considérés comme uniquement toxiques, et ce pour tous les organismes (microorganismes, plantes, animaux, Homme). Ils changent de forme chimique mais ne se détruisent pas, ils se transportent et ont une capacité à s'accumuler dans la chaîne alimentaire entrainant ainsi des effets toxiques.

Les sources principales de ses trois métaux lourds sont naturelle et anthropique, ils sont présents sous forme de sels ou de minerais dans les roches et dans le sol et peuvent se retrouver à des concentrations diverses dans les différents compartiments des écosystèmes : eau, air et sol par le biais de l'extraction minière, de l'excavation des fosses (La sécurité chimique pour un développement durable, IFCS, Budapest, Hongrie, 2006).

· Mercure

Le mercure est un métal, liquide à température et à pression ambiantes pouvant être vaporisé, et qui est naturellement présent dans l'environnement sous diverses formes organiques et inorganiques. Le mercure inorganique est une association du mercure avec des éléments tels que le chlore, le souffre ou l'oxygène. Ce composé peut se retrouver sous forme de vapeur a travers les minerais issus de l'exploitation minière. Tandis que le mercure organique est un complexe formé à partir du mercure et des composés carbonés. Le méthylmercure est le principal composant du mercure organique. Il est produit par une transformation réalisée par des microorganismes, précisément des bactéries vivants dans les eaux, les sédiments et les sols (N. Fréry et al 2001 ; André Picot). Le méthylmercure est le constituant mercurique le plus dangereux sur la sante humaine et sur l'environnement. De plus il s'accumule dans les tissus organiques notamment ceux des poissons ou sa quantité tend à augmenter avec la taille et l'âge du poisson (ATSDR, 1999 ; WHO, mercury in health care, 2005).

Exposition

De façon naturelle, nous sommes quotidiennement exposés à de faibles doses de mercure car le composé se retrouve à des proportions faibles dans les différents compartiments de l'environnement, eau, air, sol et dans certains aliments. On estime entre 10 ng/m3 et 20 ng/m3 de mercure dans l'air extérieur urbain (ATSDR, 1999). Ceci demeure en réalité très faible et ne peut entrainer des effets délétères sur la sante humaine. (A prendre pour la discussion)

En effet l'exposition humaine au mercure est surtout due à la consommation de poissons contaminés au méthylmercure, de leurs prédateurs (certains mammifères aquatiques) ainsi que des autres produits aquatiques contaminés par le méthylmercure (Thomas. W. Clarkson, 1992 ; Fréry et al, 2001).

Le mercure (sous sa forme ionisée Hg++), en faible concentration dans une eau peu active (lacs, baies fermées...) va facilement être stocké par les bactéries présentes dans les sédiments (vase) qui vont le transformer en une molécule soluble dans les graisses : le cation méthylmercurique (CH3-Hg+). Les bactéries servant de nourriture au plancton, qui lui-même est consommé par les poissons herbivores, proies à leur tour de poissons carnivores (thons, requins...) forment une chaîne alimentaire de bioconcentration très importante. Le facteur de concentration du mercure de l'eau jusqu'aux poissons gras carnivores, qui servent de nourriture à l'Homme (le chaînon final), est de l'ordre du million, ce qui est considérable. Ceci explique que dans les eaux particulièrement contaminées, la concentration du mercure (sous forme de cation méthylmercurique) dans les poissons peut atteindre un milligramme par kilo de poisson frais, parfois même beaucoup plus (André Picot, année).

Notons à cet effet que les productions piscicoles et la consommation de produits aquatiques comme les poissons demeurent relativement très faible au Burkina et encore minime dans l'alimentation des populations du sahel notamment Essakane site et les populations des autres villages situés autour de la mine. Ce sont des populations qui n'ont pas pour habitudes alimentaires les produits aquatiques, ce qui signifie que l'exposition par suite de consommation de produits aquatiques demeure très improbable.

Essakane et toute la zone sahélienne reste une région pastorale par excellence et même si dans ses projets de développement local (PGES) la société minière a initié un programme de promotion et de développement de la pisciculture, les conditions telles que la temporalité du fleuve Gorouol (cours d'eau saisonnier), la culture pastorale de la population ne favorise pas une expansion à grande échelle d'une telle activité dans ce désert. Le premier test de pisciculture a été réalisé dans le bassin de stockage d'eau de la mine en 2009 (Rapport semestriel, Essakane 2010). Même si les résultats sont prometteurs, cependant la non disponibilité de l'eau durant toute l'année liée aux aléas climatiques (600 mm d'eau par an) restent cependant un frein au développement de cette activité piscicole. En conséquence, l'exposition au mercure via le canal alimentaire par la consommation du poisson est moins significative.

Une autre voie d'exposition à explorer est l'inhalation des vapeurs mercuriques qui peuvent se retrouver dans l'air grâce a certains processus d'extraction de l'or tel que l'excavation des roches. Et comme nous ne disposons d'aucune donnée sur les concentrations des composés dans l'air ambiant, nous ne pouvons apprécier cette exposition a l'heure actuelle. Cependant, ce manque de données dénote d'une limite sérieuse dans la prise en compte de la question sanitaire et environnementale par la société Essakane SA. Il faudra donc intégrer une surveillance de la qualité de l'air ambiant de la localité dans la stratégie de gestion environnementale en tenant compte des paramètres climatiques (Vitesse du vent, précipitation, température...) et cela dans l'optique d'une meilleure caractérisation des risques inhérents a ce compartiment.

Enfin deux autres sources d'exposition à considérer sont les suivantes: la première peut être qualifiée d'exposition directe car elle se traduit par une consommation des eaux du fleuve par les Hommes (souvent même comme eau de boisson) et leur bétail; et la deuxième, qualifiée d'exposition indirecte traduit la consommation de la viande contaminée a la suite de la bioaccumulation. Cette dernière exposition est justifié par le fait que les chèvres, les moutons et les boeufs s'abreuvent principalement dans ces surface d'eau dont le Gorouol, fleuve traversant la majorité des villages et qui fournis également l'eau utilisé dans le traitement du minerai.

Pour écarter tout risque et pour répondre aux interrogations, une évaluation de la biodisponibilité s'impose: il s'agira d'effectuer une évaluation de la concentration dans l'organisme humain mais aussi dans l'organisme de certains animaux à travers des échantillons d'urine, de graisse...

Effets sur la santé

De par sa liposolubilité, le cation méthylmercurique va pénétrer très facilement dans l'organisme par la voie intestinale (95 à 100 %) puis se répartira dans le sang et ira rapidement se localiser dans le système nerveux tant central que périphérique et sa neurotoxicité engendrera souvent encéphalite et polynévrite. Grâce à sa solubilité dans les lipides, le mercure métallique (Hg0) va se concentrer dans le système nerveux, surtout au niveau du cerveau, entraînant un processus inflammatoire de type encéphalite. Sous forme de sel mercurique (Hg++) hydrosoluble, la cible principale sera les reins, dont l'inflammation va conduire à une néphrite souvent mortelle (André Picot).

Grâce à leur lipophilie, le mercure élémentaire, mais surtout le cation méthylmercurique, vont traverser la barrière placentaire et, chez une femme gestante, perturber le développement de l'embryon, entraînant soit une fausse couche, soit l'apparition, chez le futur bébé, de malformations (absence de membres...) (Cécile Chevrier et al, 2008; André Picot).

Lésions du cerveau, maladies auto-immunes (arthrite rhumatique, lupus, sclérose en plaques), maladies cardiovasculaires (hypertension et autres), cancer du foie, diminution de l'intelligence, troubles de la parole, agitation, agressivité, troubles visuels et auditifs, polyneuropathie,myasthénie grave, Alzheimer.

· Cadmium

Le cadmium (Cd) est un polluant environnemental plus ou moins répandu et qui est associé a un certain nombre de pathologies humaine tels les atteintes rénales ou le cancer. C'est un élément apporté en grande partie dans notre alimentation par la consommation de végétaux (surtout les produits maraicher s tels que l'épinard, les choux, la laitue...) cultivés sur un sol contaminés ou dans milieu ou l'air est pollué au cadmium (H. Lokeshwari et G. T. Chandrappa, 2006). Il ne dispose qu'une seule forme ionique : le cation divalent : Cd++. Le cadmium à l'état élémentaire (atome) n'est pas toxique pour les organismes vivants mais le devient après transformation (chimique ou biochimique) à l'état d'entité ionisée (chargée positivement), le cation divalent Cd++ (André Pico). Le métal est place au septième rang sur la liste prioritaire de l'ATSDR (ATSDR, 2011).

Exposition

Le cadmium pénètre principalement dans l'organisme par les voies digestives et respiratoires. Ainsi, le métal peut pénétrer dans l'organisme par les voies respiratoires, cavité nasale bronches, alvéoles pulmonaires ; ou être ingéré avec les produits maraichers, épinards, choux, laitue... (H. Lokeshwari et G. T. Chandrappa, 2006, André Picot). En ce qui concerne cette dernière voie d'exposition, son importance relative dans la chaine de contamination retient notre attention du fait du développement du secteur maraicher dans les environs de la mine et des surfaces d'eau qui contiennent ce toxique.

Selon le Plan de gestion environnementale et sociale, la société minière Essakane Sa s'est investit dans le développement de la culture maraichères dans les villages relocalisés ainsi que d'autres cultures comme le mais et le niébé. Douze hectares de terrain ont été aménagés au profit de 395 maraîchers. Ce qui a permis en 2010 une production totale de 26.893kg, toute spéculation confondue (Essakane, 2010, annexe 3). La plus grande partie de cette production, soit environ 83% est consommé localement par les populations et les 17% constituées surtout d'aubergine et de choux a été servis dans le restaurant de la mine pour la restauration des employés.

Notons en plus qu'une habitude tabagique provoque une augmentation de la charge du cadmium dans l'organisme (ATSDR, 2008).

Effets sur la sante

En pénétrant dans l'organisme par les voies respiratoires, les particules de cadmium sont capturées par des cellules phagocytaires (macrophages) et oxydées à l'état de cation divalent (Cd++) qui peut ainsi passer dans le sang, se répartir dans l'organisme et entraîner des effets toxiques au niveau de différentes cibles (poumons, reins, os, prostate...).

Ainsi l'exposition chronique au cadmium peut entrainer des effets sur l'appareil respiratoire. Selon l'agence américaine, Agency for Toxic Substances and Disease Registry (ATSDR), le cadmium pourrait être associé à l'apparition des broncho-pneumopathies chronique obstructive (BPCO), au cancer du poumon, et ceux particulièrement chez les fumeurs. Son effet sur le système cardio-vasculaire est dû à son action cardio-accélérateur entrainant des cas d'hypertension. Le rein est le principal organe cible de l'exposition chronique au cadmium, une atteinte glomérulaire a été observée chez des travailleurs exposés (FURETOX) mais la manifestation de ses effets néphrotoxiques a lieu après une longue période de latence (10ans) et dépendent de la relation dose-réponse (ATSDR, CSEM, 2008, FURETOX). Des lésions squelettiques ainsi que effets développementale particulièrement constatés chez certains animaux (ATSDR, CSEM, 2008)

Le cadmium métallique et ses composés divalents présentent des propriétés toxiques très similaires et sont classées cancérogènes chez l'Homme (groupe 1) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC de Lyon).

· Plomb

Le plomb peut se présenter sous de nombreuses espèces chimiques, soit minérales comme le plomb élémentaire (Pb0) soit sous forme ionisée cationique, l'espèce la plus courante étant le cation divalent (Pb++). D'autres états d'oxydation moins fréquents peuvent se rencontrer dans divers composés, en particulier le cation trivalent (Pb+++) et le cation tétravalent (Pb++++). Beaucoup de composés organométalliques du plomb dérivent du cation tétravalent comme le plombtétraméthyle et le plombtétraéthyle, utilisés autrefois comme antidétonants dans l'essence automobile

Exposition

Le plomb est un métal partout présent dans notre quotidien (Saturnisme, 2003). Comme tous les métaux lourds, il est présent dans tous les compartiments de l'environnement, mais en général a des quantités très faibles. Les rejets du plomb, et dans une moindre mesure, le cadmium sont dus à deux phénomènes : d'une part, l'activité métallurgique et minière (Innocent Butaré et Seydou Keita...) et d'autre part, sort des produits en fin de vie, chargés en plomb comme les batteries d'automobiles (Rapport n° 2979, Assemblée nationale, rapport n° 261 du Sénat.2001).

Le plomb est principalement absorbé par les voies respiratoires et digestives. La peau est une voie d'absorption négligeable par rapport aux autres. Ainsi, les poussières qui pénètrent les voies respiratoires sont absorbées en fonction de la fréquence respiratoire et de la taille des particules (FURETOX).

L'absorption gastro-intestinale du plomb varie selon l'état physiologique du sujet (jeûne, âge) et le type de composé de plomb ingéré. Ainsi, le taux d'absorption peut varier de 5 à 15 % chez l'adulte à 60 à 80 % chez l'adulte en état de jeûne. Il est d'environ 30 à 50 % chez l'enfant. L'absorption est également influencée par la taille des particules ingérées, les plus petites étant mieux absorbées, (FURETOX).

Une particularité du composé lié a sa dispersion dans l'environnement est sa capacité de précipitation beaucoup plus élevé dans le milieu benthique c'est à dire les sédiments. En effet le plomb s'accumule plus dans les sédiments que dans les eaux. Selon le tome1 de l'étude sur le saturnisme (Dépistage du saturnisme infantile, Analyse de la pertinence...), les émissions de plomb vers les eaux sont très limitées. Par conséquent l'impact sanitaire du plomb rejeté ne sera donc pas direct car le plomb précipitera très rapidement sous forme particulaire dans les sédiments. Les boues recueillies dans les rejets d'anciennes exploitations montrent des concentrations élevées en plomb, susceptibles d'être mobilisées à l'occasion d'un dragage ou d'un changement de milieu (épandage). L'exposition des populations via les eaux restera en ce moment limitée, contrairement a la considération accordée a ce compartiment environnemental. Dans le sahel et a Essakane particulièrement, la situation est la suivante: étant donné que les fleuves et la plus part des cours d'eau sont saisonniers, les métaux accumulés dans les lits des cours d'eau pourrait être rejeté dans l'air pendant la période d'étiage et d'assèchement a cause de la forte pression du vent et de son agressivité sur les roches; Nous pouvons donc estimer que la source principale d'une exposition de la population serait celle via les poussières et non les eaux. La période critique pour cette exposition étant située entre les mois de décembre et juin, à peu près pendant toute la moitie de l'année. Ce qui revient à dire que l'évaluation du taux de plomb dans les eaux (surface et souterraine) qui est prise comme indicateur pour apprécier le niveau d'exposition des populations sur le site minier et ses environs ne présente aucune efficacité a elle seule: Il faut des analyses du milieu benthique et une estimation de la plombémie chez les populations et les employés. En effet la plombémie permettra de suivre le taux de plomb dans le sang par utilisation d'un échantillon de sang prélevés sur les sujets à risque et sur ceux présentant une forte vulnérabilité face au composé eu égard a leur particularité (enfants et femmes enceintes).

La zone sahélienne présente une particularité qui augmente le risque d'exposition des enfants. En effet dans cette partie du Burkina ou l'élevage est très développé, et comme il est de coutume dans presque tout le pays, les enfants sont chargés de trouver la pâture pour faire paitre les animaux (bovins, ovins, caprins). Ceux-ci rodent chaque jour dans tous les sens du matin au soir, sans aucune considération des risques pour accomplir cette tache coutumière; ce qui augmente ainsi leur contact avec le sol et les poussières. Ce sont des inquiétudes qui pourront être efficacement appréciées en faisant par exemple des évaluations comparées de la plombémie entre les enfants `'pasteurs'' et ceux a l'école; ou entre les enfants de la localité et ceux se trouvant dans les mêmes conditions climatiques, soumis au même travail mais qui sont suffisamment éloignés du site. Pour Les mêmes types d'analyses, pourront être concernées aussi les femmes enceintes fréquentant les différentes structures sanitaires autour de la zone. Ce qui permettra d'effectuer une cartographie de l'exposition en faisant une comparaison des données obtenu dans las centres de santé concernés.

De ce qui précède, on peut noter que les concentrations de plomb dans les eaux de surface ou dans les eaux souterraines sont généralement faibles en raison d'une faible migration du plomb dans le sol et d'une adsorption importante sur les sédiments (Saturnisme infantile). Et dans un environnement industriel comme Essakane SA, une attention particulière doit être portée sur l'exposition via le sol et les poussières. De nombreux travaux évoqués dans le tome1 de l'étude sur le Saturnisme soulignent l'importance du sol et des poussières dans l'exposition des populations au plomb en indiquant comme chez les enfants de Rochester (American Journal Public Health 86, 1416-1421. 1996.) que c'est la teneur en plomb des poussières qui expliquait la plus grande part de la variance de la plombémie. Il y'a lieu de focaliser l'évaluation sur la qualité de l'air et sur la plombémie pour une meilleure caractérisation des risques. L'évaluation actuelle étant très limitée au regard du choix porté sur un indicateur non adapté aux propriétés du polluant évalué.

Effets sur la sante

L'intoxication aiguë par le plomb est rare. Elle est en effet secondaire à une ingestion massive ou l'administration parentérale d'un dérivé inorganique. Elle ne doit pas être confondue avec les manifestations aiguës de l'intoxication chronique.

Selon l'étude Saturnisme et plomb (2003); L'ingestion ou l'inhalation de plomb est toxique. Elle provoque des troubles réversibles (anémie, troubles digestifs) ou irréversibles (atteinte du système nerveux). Une fois dans l'organisme, le plomb se stocke, notamment dans les os, d'où il peut être libéré dans le sang, des années ou même des dizaines d'années plus tard. L'intoxication par le plomb est appelée saturnisme.

Lorsqu'ils sont exposés à la présence de plomb dans l'environnement, les enfants, particulièrement ceux âgés de moins de 6 ans, constituent une population à risque pour plusieurs raisons. Premièrement, l'enfant porte spontanément les mains et les objets à la bouche pendant les premières années de sa vie, il ingère ainsi une grande quantité de poussières. Deuxièmement, près de 50 % du plomb ingéré passe dans le sang (10 % uniquement chez l'adulte). Troisièmement, pour une même imprégnation, les effets toxiques du plomb sont plus importants et plus sévères que chez l'adulte, en raison du processus de développement cérébral ; enfin quatrièmement, le plomb passe la barrière transplacentaire et l'intoxication peut commencer dès la vie intra-utérine.

Chez l'enfant, l'absorption de plomb entraîne des troubles à l'acquisition de certaines fonctions cérébrales supérieures ; ceci est cause de retards intellectuels, de difficultés d'apprentissage, de troubles psychomoteurs avec agitation, d'irritabilité et de troubles du sommeil, et au delà un ralentissement de la croissance. Sur le plan purement somatique, il peut être constaté des anémies et des formes neurologiques sévères (encéphalopathies).

Chez l'adulte, la pathogénicité du plomb est responsable de douleurs abdominales souvent accompagnées de nausées et de vomissements (les coliques de plomb, qui font évoquer souvent chez l'adulte jeune une crise appendiculaire). Sur le plan neurologique, on rencontre des paralysies périphériques (atteintes des nerfs du bras et de la main). Par ailleurs, le plomb, chez l'adulte, provoque aussi des anémies et peut être à l'origine d'une hypertension artérielle franche.

Au moment de la grossesse, le plomb stocké dans les os de la mère, antérieurement exposée, est relargué dans le sang et contamine le foetus, puis se retrouve dans le lait maternel et contamine le nourrisson pendant la période d'allaitement.

Les études épidémiologiques des dernières années ont montré qu'une exposition à de faibles doses de plomb dans l'environnement pouvait être responsable de troubles tardifs du développement neuro-psychique de l'enfant, même en l'absence de signes initiaux pouvant évoquer un saturnisme. Bien que ces études n'aient pu déterminer de « seuil » toxique, un taux de plomb de plus de l00g/l est actuellement admis par la plupart des spécialistes comme facteur de risque de troubles neuropsychologiques ultérieurs (Expertise Collective sur le plomb, INSERM, 1996)

4.2.2.3. Conformité et valeurs réglementaires

Tableau : valeur limites réglementaires sur la qualité de l'air

 

Plomb

Mercure

Cadmium

OSHA / NIOSH (PEL) ug/m3, 8heure

50

01 à 0,05

5

RSST (Québec)

Exposition professionnelle (mg/m3)

0,05

---

0,025

Décret 2001-185, BF

(ug/m3) - annuelle

2

---

---

Tableau : Qualité eau souterraine

 

Plomb

Mercure

Cadmium

Valeur maximale entre 2005 et 2010 (ug/l)

1,1 (2010)

0,023 (2008)

0,6 (2010)

Décret 2001-185 BF

---

---

---

Tableau : Qualité des eaux de surface

 

Plomb

Mercure

Cadmium

Vmax moyen entre 2005 et 2010 (ug/l)

5,25 (2010)

0,453 (2008)

5 (2005-2007)

Décret 2001-185 BF

(mg/l), VL eau usée

0,5

0,17

0,1

Décret 2001-185 BF

(mg/l), VL. EP.A3 : I

0,05

0,2

0,005

Source : OSHA/ NIOSH, Décret n 2001-185 / PRES / PM / MEE, RSST(Québec)

VL.EP.A3 : I, Valeur limite, Eaux potabilisables. Norme de qualité des eaux potabilisables nécessitant un traitement physique, chimique poussé, affinage et désinfection (A3 : I) : valeur impérative.

Au regard de ces valeurs réglementaires et des données a notre disposition, on peut noter que les concentrations des trois métaux que sont le mercure, le plomb et le cadmium dans les eaux de surface et souterraines restent largement inferieures aux valeurs limites et que les risques d'atteintes sur la sante humaine et environnementale sont à exclure. Cependant la surveillance de ses métaux doit se poursuivre pour éviter tout risque de contaminations qui pourrait entamer sérieusement la sante humaine et celle des écosystèmes. Dans ce dernier cas, il convient de considérer d'autres indicateurs pour une évaluation efficace de la quantité des polluants à évaluer: il s'agit d'introduire dans le process une biosurveillance des métaux comme le plomb et leur caractérisation dans les sols et l'air.

CONCLUSION

L'exploitation minière industrielle est un secteur en plein essor au Burkina Faso. Malgré son l'inexpérience du pays dans le domaine, un certain nombre de précautions serve de garde-fou et permet d'encadrer cette activité. Ainsi, toutes les mines industrielles, à l'instar d'Essakane Sa sont construites autour d'un plan de gestion environnementale et sociale (PGES) prenant en compte tous les objectifs de développement inhérents à l'exploitation. Les questions relatives a la sante, a l'emploi et au développement local, a la gestion des déchets (solides, liquides, gazeux), a la protection et a la restauration des différents écosystèmes y sont détaillées et doivent faire l'objet d'un suivi régulier.

Notre étude ci s'est intéressée de manière particulière à la question sanitaire dans l'industrie minière aurifère en utilisant le cas précis de la Société Essakane Sa, comme une vitrine pour l'ensemble du secteur. L'activité minière est sujette à beaucoup risques. Les conditions de travail, les rejets miniers peuvent impacter négativement la sante des employés et des populations des localités abritant ses mines, compromettant ainsi toute possibilité de bien être et d'épanouissement. Or le développement durable ne peut être définit sans l'épanouissement et le bien être des populations. Ce qui place ainsi l'Homme au centre de toutes les préoccupations, comme le stipule, le principe I de la déclaration de Rio sur l'Environnement et le Développement qui affirmait en 1992 que : « les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature ». La sante, au delà d'être un objectif indispensable pour espérer un développement durable, est un droit fondamentale pour tout être humain (OMS, 1948). Toutes les conditions doivent être mise en oeuvre pour sa promotion et empêcher un état de dégradation de la sante dans n'importe qu'elle milieu.

Dans le milieu professionnel et particulièrement dans le secteur minier aurifère, les déterminants essentiels pouvant impacter sérieusement l'état de sante sont ceux physiques dont la qualité de l'eau, de l'air, de celle des aliments et du logement mais également les déterminants liés aux modes de vie (comportement par exemple).

A Essakane, la recrudescence de certaines affections et infections tels que les gastro-entérites, les pathologies respiratoires, les céphalées et le paludisme pourrait s'expliquer en partie par une atteinte de la qualité de ses déterminants. A ce niveau, nous avions pu constater par exemple que l'effet comportemental serait à l' origine du taux élevé de gastroentérites.

Aussi la qualité de l'eau, de l'air et celle des aliments et de tous les autres compartiments pouvant être influencé par les rejets méritent un suivis régulier dans une optique prévention et de précaution. Il s'agira de minimiser les risques d'exposition des populations via les eaux (eaux de surface comme le Gorouol et eaux souterraines), a des doses non admissibles de substances comme le cyanure, les métaux lourds tels que mercure, plomb, le cadmium qui peuvent entrainer une dégradation de l'état de sante ou favoriser l'installation de pathologie chronique. Pour ce dernier cas, précisément en ce qui concerne les métaux lourds, les taux mesurés dans les eaux restent extrêmement faible par rapport aux doses admises comme standards nationaux et internationaux. Il n'y a donc pas de risques de développement d'effet délétère au regard des données a notre disposition. En effet notre analyse ne tient pas compte de composée comme le cyanure, substance chimique de base utilisé dans le processus de purification de l'or et dont la dangerosité et les effets potentiels sur l'atteinte de la sante sont confirmés par nombres de publications et d'études scientifiques (ATSDR, 2006 ; OMS). Cependant, les mesures de surveillance doivent être maintenues et même renforcer par des analyses biologiques d'exposition: la plombémie (taux de plomb dans le sang) par exemple.

6. RECOMMANDATIONS

- Sensibiliser sur les mesures d'hygiènes élémentaires comme par exemple comment bien laver les mains ainsi que la réalisation des affiches pourront permettre une prévention des gastroentérites et de certaines autres pathologies infectieuses.

- Réaliser des enquêtes au niveau microbiologiques pour identifier de façon plus précise la source potentielle de contamination avec une identification des germes responsables de ses gastroentérites. On peut effectuer des prélèvements au niveau des points fortement suspectés comme sur les robinets situés juste a la rentrée du restaurant ou le poignet de la porte du restaurant en vue de prendre des mesures adéquates de prévention.

- Décentralisation du restaurant pour le rapprocher des employés: ce qui permettra une utilisation plus efficace de son temps de pause et par conséquent un gain de temps qui pourrait être utilisé pour un acte hygiénique.

- Travailler à améliorer la qualité des données et celle de l'évaluation en multipliant non seulement les indicateurs mais aussi en les spécifiant par rapport aux toxiques recherchés.

- Partager les informations relatives a la qualité des différents milieux avec les employés, les populations et toute autre personne intéressée. Il s'agit de respecter le droit du citoyen à disposer de toutes les informations sur les risques auxquels ils pourraient être confrontés.

- Intégrer d'autres indicateurs dans l'évaluation des taux des polluants dans l'environnement: mesure des taux des polluants dans l'air en tenant compte des paramètres climatiques (modélisation par exemple), dans les sols et les sédiments, dans les organismes vivants (animaux et végétaux).

- Renforcer la capacité du BUNEE en vue de son autonomisation vis-à-vis des structures minières en tant que structure de référence pour les évaluations et les audits environnementaux.

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· Agency for Toxic Substances and Disease Registry (ATSDR). 2006. Toxicological Profile for Cyanide (Update). Atlanta, GA:

U.S. Department of Health and Human Services, Public Health Services.

ANNEXES

Annexe 1. Tableau d'orientation étiologique des gastro-entérites et autres infections avec une transmission hydrique

Agents microbiologiques

Symptômes cliniques

Agent causal

Durée d'incubation

Le plus souvent (extrêmes)

Nausées++, vomissements+++, douleurs abdominales, diarrhée, #177; fièvre.

norovirus(ex Norwalk like virus)

16 à 72 heures

Vomissements, diarrhée, fièvre

Rotavirus

24 à 72 heures

Atteintes neurologiques (diplopie, troubles de l'accommodation, dysphagie, malaises, sécheresse de la bouche, paralysie des muscles respiratoires) pouvant être précédées de nausées / vomissements, diarrhée, constipation. Absence de fièvre.

Clostridium botulinum (toxine)

12 à 36 heures

(2 heures à 8 jours)

Diarrhée, diarrhée sanglante, douleurs abdominales, #177; fièvre et vomissements.

Campylobacter

2 - 5 jours (1 à 10 jours)

Diarrhée, diarrhée sanglante, douleurs abdominales, absence de fièvre chez la majorité des cas.

Escherichia coli

producteur de Shigatoxines (STEC)

3 - 4 Jours (2 à 10 jours)

Diarrhée aqueuse profuse ; parfois fièvre modérée

Escherichia coli

Entérotoxinogène (ETEC)

24 à 72 heures (10 à 72 heures)

Nausée, anorexie, fièvre suivie par ictère, urines foncées. Infections asymptomatiques fréquentes surtout chez les enfants

Hépatite A

28 - 30 jours (15 à 50 jours)

Nausée, anorexie, fièvre suivie par ictère, urines foncées. Infections asymptomatiques fréquentes

Hépatite E

26 à 42 jours (15 à 64 jours)

Fièvre, diarrhées, douleurs abdominales, vomissements.

Salmonella

12 - 36 heures (6 - 72 heures)

Fièvre, diarrhée aqueuse ou glairo-sanglante.

Shigella

24 - 72 heures (12- 96 heures)

Diarrhée aqueuse, #177; fièvre.

Vibrio parahaemolyticus

12 à 24 heures (4 à 30 heures)

Fièvre, diarrhée, céphalées (parfois tableau d'appendicite aiguë)

Yersinia enterocolitica

7 jours (3 à 10 jours)

Diarrhée aqueuse, crampes abdominales, chez les enfants anorexie et vomissements. Parfois fièvre, anorexie, vomissements. Infections asymptomatiques fréquentes

Cryptosporidium parvum

7 jours (1 à 12 jours)

Diarrhée aqueuse aiguë parfois chronique avec stéatorrhée et crampes abdominales

Giardia lamblia

7 à 10 jours (3 à 25 jours)

Source : INVS

Annexe2

Tableau des maladies récurrentes : Données CSPS de Goulgountou

Affections

Nombre de malades par type d'affection

Observations

Affections de la peau

151

Précision à rechercher

Pneumonie et broncho-pneumonie

1862

Femmes et enfants plus touchés

Paludisme

1747

Femmes et enfants plus touchés

Gastro- entérites

261

Maladies du manque d'hygiènes (diarrhée, dysenterie)

IST/VIH

18

Groupe concerné : les femmes

Maladies non classées

319

Malaises/douleurs corporelles diffuses, difficiles à préciser (concerne plus les femmes)

Source : Essakane SA

Annexe3

Tableau : Bilan de la production durant la campagne agricole

Spéculations

 

Marché Essakane site

Cuisine Essakane SA

Total campagne

Quantité Kg)

Prix unitaire

Prix total (F CFA)

Quantité Kg)

Prix unitaire

Prix total (F CFA)

Quantité Kg)

Prix unitaire

Prix total (F CFA)

Aubergine

12706

400

5082400

1605

400

642000

14311

400

5724400

Choux

4752

350

1663200

1174

350

410900

5926

350

2074100

Oignon

1112

400

444800

617

400

246800

1729

400

691600

Pastèque

1076

500

538000

41

500

20500

1117

500

558500

Gombo

922

 
 
 
 
 

922

ND

0

Salade

538

400

215200

173

400

69200

711

400

284400

Poivron

458

350

160300

 
 
 

458

350

160300

Tomate

172

400

68800

66

400

26400

238

400

95200

Maïs

162

 

0

 
 
 

162

ND

0

Niébé

125

 

0

 
 
 

125

ND

0

Pomme de terre

66

400

26400

985

400

394000

1051

400

420400

Carotte

40

400

16000

 
 
 

40

400

16000

Courgette

16

100

1600

87

100

8700

103

100

10300

Total

22.145

 

8.216.700

4748

 

1.818.500

26.893

-

10.035.200

Les productions dominantes sont par ordre décroissant, l'aubergine, le chou, l'oignon, la pastèque, etc. Mais la pomme est la spéculation à haut rendement et moins exigeant en eau que les autres spéculations.

Source : Essakane Sa

Annexe4 : Affections en 2010

Effectifs des affections par mois au cours de 2010

 

Affections /symptômes dominants

Janvier

Février

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Aout

Septembre

octobre

Novembre

Décembre

Total 2010

Diarrhées non sanglantes

39

105

62

90

77

101

80

51

42

25

49

34

755

Diarrhées sanglantes

16

18

14

14

9

16

7

7

12

16

8

5

142

Parasitoses intestinales

15

17

18

3

41

2

4

44

0

6

7

13

170

Gastrite

10

10

13

10

20

12

4

21

0

19

18

12

149

Ulcère d'Estomac

1

0

0

5

1

0

0

1

3

3

2

3

19

Autres affections app. Digestif

58

67

34

80

49

94

83

34

74

63

33

35

704

Carie dentaire

11

20

12

19

19

16

18

14

13

15

7

7

171

Autres affections de la cavité buccale

3

12

6

16

9

12

4

7

11

2

11

9

102

Paludisme Simple

49

51

38

28

29

35

61

190

277

265

111

75

1209

Paludisme Grave

2

2

3

5

4

1

2

13

25

54

21

5

137

Infections sexuellement transmissibles

1

0

7

3

0

1

0

4

0

5

1

2

24

Autres affections de l'appareil urinaire

0

12

6

10

16

10

7

1

4

5

3

2

76

Autres affections de l'appariel génital

0

1

5

11

8

18

10

0

10

9

10

10

92

Otites

5

12

5

4

5

12

8

8

13

6

5

7

90

IRA Haute Angine

17

15

34

19

16

26

9

11

23

16

33

18

237

IRA Haute Rhinopharyngite

70

75

99

43

80

71

46

91

74

89

81

70

889

IRA Basse Broncho-pneumonie

56

7

46

17

47

26

18

57

17

29

35

40

395

Autres Affections respiratoires

7

13

13

31

4

36

19

4

31

32

16

12

218

Asthme

0

0

0

0

0

0

0

0

0

3

1

0

4

Traumatisme par AVP

0

2

2

0

5

3

4

2

8

7

6

6

45

Autres Traumatismes

2

1

12

16

17

12

11

15

12

3

4

10

115

Plaies

7

10

10

18

19

24

32

29

55

85

56

33

378

Affections de la peau

20

53

30

45

89

90

46

60

44

62

42

24

605

Conjonctivites

5

8

12

8

19

9

12

10

11

15

13

14

136

Autres Affections OEil et Annexes

6

11

16

15

17

23

17

16

15

13

16

10

175

Autres affections app,ostéo articulaire

25

66

54

95

75

70

68

74

64

57

30

37

715

Autres affections cardio-vasculairre

0

0

1

0

0

3

2

3

0

0

1

0

10

HTA

1

6

3

3

4

7

10

10

1

9

6

6

66

Fièvre d'origine inderterminée

0

0

0

0

0

0

0

0

0

2

2

0

4

Myalgie, myasthénie

3

44

49

22

24

22

13

15

20

49

34

6

301

Asthénie

4

6

25

26

28

21

12

32

18

16

13

10

211

Céphalées

26

53

57

96

76

97

81

78

55

111

63

43

836

Affection du systéme neuro-vegetatif

0

1

0

3

0

7

20

0

12

21

5

2

71

piqures d'insectes

0

1

4

0

0

0

1

2

9

2

0

1

20

Zona

0

0

0

0

1

0

0

0

0

0

0

0

1

Autres maladies non Classées

28

22

43

68

75

46

53

69

130

109

62

31

736

TOTAL

487

721

733

823

883

923

762

973

1083

1223

805

592

10008

Source : Essakane Sa

Annexe 5 : affections en 2011

Effectifs des affections par mois au cours de 2011

 

Affections /symptômes dominants

Janvier

Février

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Aout

Septembre

octobre

Novembre

Décembre

Total 2011

Diarrhées non sanglantes

29

26

41

47

32

36

52

38

36

33

23

83

476

Diarrhées sanglantes

5

0

3

1

0

0

0

0

0

0

0

0

9

Parasitoses intestinales

9

18

9

5

10

6

10

6

7

7

8

5

100

Gastrite

10

15

9

5

9

5

10

9

5

2

7

5

91

Ulcère d'Estomac

1

0

2

5

1

3

1

1

1

5

0

2

22

Autres affections app. Digestif

50

30

48

55

52

68

46

28

50

38

42

65

572

Carie dentaire

8

6

5

9

7

9

5

10

14

8

7

12

100

Autres affections de la cavité buccale

6

8

11

7

9

16

7

8

6

5

5

3

91

Paludisme Simple

62

36

18

20

19

21

43

159

243

135

86

45

887

Paludisme Grave

5

3

0

3

0

1

2

16

11

18

1

0

60

Infections sexuellement transmissibles

2

3

2

1

1

0

1

0

3

5

2

1

21

Autres Affections App.Urinaire sauf IST

5

4

1

2

4

5

2

2

2

3

4

3

37

Autres affections de l'appariel génital

3

9

9

7

2

4

4

5

5

2

4

2

56

Otites

5

6

6

11

8

12

8

6

5

8

4

1

80

IRA Haute Angine

15

12

15

9

13

11

13

14

12

10

6

15

145

IRA Haute Rhinopharyngite

75

40

32

30

44

48

57

57

68

62

80

92

685

IRA Basse Broncho-pneumonie

56

36

21

23

12

23

17

14

20

17

22

28

289

Autres Affections respiratoires

26

2

6

10

1

12

9

1

9

12

2

5

95

Asthme

0

0

0

0

0

1

3

1

3

3

1

1

13

Traumatisme par AVP

3

2

6

6

11

5

6

3

4

8

6

2

62

Autres Traumatismes

10

5

3

5

8

4

6

4

10

3

4

7

69

Plaies

15

13

20

10

24

27

18

25

29

14

24

16

235

Affections de la peau

29

20

15

22

24

42

26

25

33

19

27

35

317

Conjonctivites

6

4

9

11

7

12

8

10

16

12

5

6

106

Autres Affections OEil et Annexes

14

8

11

18

12

15

15

8

19

8

6

8

142

Autres affections app,ostéo articulaire

32

42

27

24

20

53

29

32

26

25

31

25

366

Autres affections cardio-vasculairre

2

0

1

2

2

0

3

1

2

3

0

4

20

HTA

5

1

3

1

5

1

1

3

1

2

2

2

27

Fièvre d'origine inderterminée

1

0

1

1

0

1

1

2

0

0

1

2

10

Myalgie, myasthénie

6

4

11

16

13

15

30

37

14

12

15

8

181

Asthénie

4

9

12

3

8

13

7

9

14

12

6

17

114

Céphalées

32

23

34

35

30

44

37

34

28

30

26

4

357

Affection du systéme neuro-vegetatif

8

0

2

5

3

2

2

3

5

1

8

12

51

piqures d'insectes

0

1

1

2

1

2

5

3

2

3

1

1

22

Zona

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

Autres maladies non Classées

58

51

43

59

39

63

47

31

43

36

43

31

544

TOTAL

597

437

437

470

431

580

531

605

746

561

509

548

6452

Source : Essakane Sa






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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo