TABLE DES MATIERES
i
TABLE DES MATIERES i
DEDICACE v
REMERCIEMENTS vi
LISTE DES SIGLES vii
LISTE DES TABLEAUX ix
LISTE DES FIGURES x
RESUME xi
ABSTRACT xii
CHAPITRE I: Introduction Générale
1
1.1. Contexte de l'étude 2
1.2. Problématique 4
1.3. Objectif de la recherche 6
1.4. Hypothèse de la recherche 6
1.5. Choix du sujet et Intérêt de l'étude
7
1.5.1. Choix du sujet 7
1.5.2. Intérêt de l'étude 8
1.6. Organisation de la thèse 8
CHAPITRE 2 : Cadre conceptuel et revue de la
littérature 9
2.1. Clarification des concepts 10
2.1.1. Le phénomène de pauvreté 10
2.1.1.1. Définition de la pauvreté 10
2.1.1.2. Les différentes formes de pauvreté
12
2.1.1.2.1. La pauvreté absolue 13
2.1.1.2.2. La pauvreté relative 13
2.1.1.3. Les seuils de pauvreté 15
2.1.1.3.1. Seuil de pauvreté absolue 15
2.1.1.3.2. Seuil de pauvreté relative 16
2.1.1.4. Pauvreté et Inégalité 16
2.1.1.4.1. Le coefficient d'inégalité de Gini
16
2.1.1.4.2. L'indice de Theil (Theil's entropy measures) 17
2.1.1.4.3. Le ratio de dispersion des déciles 17
2.1.1.4.4. Part de la consommation et du revenu des x% les
plus pauvres 17
2.1.1.5. Pauvreté et Vulnérabilité 18
2.1.1.6. Mesures de la pauvreté 18
2.1.1.6.1. Incidence de la pauvreté (indice en nombre
d'habitants) 19
2.1.1.6.2. Profondeur de la pauvreté (écart de
pauvreté) 19
2.1.1.6.3. Sévérité de la pauvreté
(écart de pauvreté au carré) 19
2.1.2. Le concept de Microfinance 19
2.1.2.1. Origine de la microfinance 20
2.1.2.2. Définitions et émergence de la
microfinance 21
2.1.2.2.1. Définitions de la microfinance 21
2.1.2.2.2. Emergence de la microfinance 22
2.2. Revue de la littérature 24
2.2.1. Revue des travaux théoriques 24
2.2.1.1. Les fondements théoriques liés à
la microfinance 24
2.2.1.1.1. La théorie de la répression
financière 24
2.2.1.1.2. La théorie des coûts de transaction
25
2.2.1.1.3. La théorie d'agence ou théorie
principal-agent 26
2.2.1.1.3. Les débats entre deux approches en
microfinance 27
2.2.1.1.3.1. L'approche institutionnaliste 27
2.2.1.1.3.2. L'approche welfariste 28
2.2.1.2. Les fondements théoriques liés à
la pauvreté 30
2.2.1.2.1. L'avènement des écoles sur la
pauvreté 30
2.2.1.2.1.1. L'école welfariste 30
2.2.1.2.1.2. L'école des besoins de base 30
2.2.1.2.1.3. L'école des capacités ou
capabilités 31
2.2.2. Revue des travaux empiriques 33
Conclusion 36
iii
CHAPITRE 3: Evolution de la Pauvreté et de la
Microfinance dans le Monde et au
Cameroun 37
3.1. La pauvreté dans le monde 38
3.1.1. Stratégies internationales de lutte contre la
pauvreté 40
3.1.1.1. L'IPPTE et sa mise en oeuvre 41
3.1.1.2. Le DSRP et la FRPC 42
3.1.1.3. Le financement du développement durable 42
3.1.1.4. La bonne gouvernance 43
3.1.2. Caractéristiques et évolution de la
pauvreté au Cameroun 44
3.1.3. Stratégies nationales de lutte contre la
pauvreté 45
3.2. La Microfinance au Cameroun 47
3.2.1. Configuration du secteur 47
3.2.2. Couverture géographique de la clientèle
48
3.2.3. Les capitaux propres 48
3.2.4. Organisation du secteur de la microfinance 49
3.2.5. Présentation du réseau MC2 au
Cameroun 50
3.2.5.1. Définition des MC2 50
3.2.5.2. Produits et services offerts par les MC2
51
3.2.5.3. Conditions d'adhésion à une MC2
52
3.2.5.4. Effet de la MC2 sur la réduction de
la pauvreté 52
Conclusion 53
CHAPITRE 4: Méthodologie de la Recherche
54
4.1. Présentation de la zone d'étude 55
4.2. Nature et source de données 55
4.3. Spécification du modèle 56
4.4. Tests économétriques et méthode
d'estimation 59
4.4.1. Tests économétriques 59
4.4.1.1. Le test d'homogénéité 59
4.4.1.2. Les tests de normalité 60
4.4.1.3. Le test d'auto corrélation de durbin-watson
61
4.4.1.4. Le test d'hétéroscedasticité
61
4.4.1.5. Le coefficient de détermination R2
62
iv
4.4.1.6. Le coefficient de corrélation 62
4.4.2. Méthode d'estimation 63
CHAPITRE 5: Presentation des resultats et discussion
65
5.1. Statistiques descriptives 66
5.1.1. Caractéristiques des bénéficiaires
enquêtés 66
5.1.2. Caractéristiques des microcrédits 71
5.2. Analyses descriptives 73
5.3. Tests 74
5.4. Evaluation de l'impact du microcrédit sur le
niveau de pauvreté a partir du réseau mc2
de la Ménoua 75
CHAPITRE 6: Conclusion et Recommandations
78
6.1. Conclusion 79
6.2. Limites et perspectives 80
6.3. Recommandations 80
Références bibliographiques 82
Annexes : 87
DEDICACE
v
Je dédie cette thèse de Master à ma
mère AWOUANTCHA Bernadette, mon père
DONKOHO Fidèle, à mon oncle SONFACK
Maurice et son épouse DEMAFO Noël, et
à TCHAMENI Delphine ; eux qui m'ont poussé
à grimper l'arbre pour déguster les fruits, au lieu de rester en
bas et d'attendre la chute de ces fruits.
REMERCIEMENTS
vi
Etant donné qu'aucune oeuvre n'est faite dans la solitude,
ce travail est l'oeuvre de plusieurs personnes dont je tiens à
remercier.
Au terme de ces années de recherche, mes premiers
remerciements vont à l'endroit du Dr. PONY Lucas, mon
directeur de thèse qui m'a apporté un précieux soutien
dans ce travail, et l'accueil dans son laboratoire CEDRES m'a permis de mieux
manipuler les outils de recherche.
Je remercie Pr. KAMDEM David qui a
accepté sans hésiter de superviser ce travail.
Je remercie M. KUIPOU Christophe pour son
soutien et ses conseils dans la réalisation de ce travail.
Mes remerciements s'adressent également à mon
frère NANFACK Achille et mes soeurs NGOUFACK
Yrène et NGOUATEU Nina, qu'ils trouvent en ce
travail un exemple à suivre.
Je remercie MAKOLLO Manuella, EMO
Armelle et DIBAO Francia, elles qui m'ont
accepté dans leur famille et m'ont apporté leur soutien
indéfectible.
Je remercie le Dr. BOMDA Justin
Secrétaire Exécutif ADAF-Siège (Yaoundé)
pour n'avoir ménagé aucun effort en me remettant une lettre de
recommandation qui m'a facilité l'accès au sein des
MC2.
Je remercie M. KENMOE Elvis
contrôleur-auditeur comptable d'ADAF OUEST pour sa disponibilité
et son aide dans la collecte des informations.
Je remercie tous les Directeurs d'agence des MC2 de
Foréké, Foto, Fongo-Tongo, Bafou, Bamendou, Baleveng,
Penka-Michel, Doumbouo et Fokoué, et plus précisément
Mme NONGNI Marthe de MC2 baleveng pour son
dévouement afin de me mettre en contact avec les
bénéficiaires de microcrédits.
Je remercie mon amie TSAGUE DONGMO Bella qui
m'a soutenu sans relâche tout au long de ce travail.
Je remercie maman MAGNI Sylvie Blandine pour son
soutien inconditionnel.
Je tiens à remercier tous mes camarades de promotion
à l'égard de TAKOULAC Marcel, MOUMIE
Eric, CHOUAFI Orfé, MAKUISSIE
Judith, MBOUNGA Adéline, DONGMO
Franklin, NZOTCHA Christian, SIMEU
Christian, MBOUE Ricardo, pour leurs motivations et
dont sans eux je n'aurais pas pu atteindre le bout de ce travail.
Je remercie enfin tous ceux qui de près ou de loin ont
contribué à l'élaboration de ce travail et dont je n'ai
pas pu citer les noms
LISTE DES SIGLES
VII
ADAF : Appropriate Development for Africa
Foundation
AGR : Activité
Génératrice de Revenu
AID : Association Internationale pour le
Développement
APE : Accords de Partenariat Economique
APD : Aide Publique au
Développement
BIT : Bureau International du Travail
BM : Banque Mondiale
CAMCCUL: Cameroon Cooperative Credit Unions
League
CCA: Crédit Communautaire d'Afrique
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire
d'Afrique Centrale
CGAP: Consultative Group to Assist the
Poor
COBAC: Commission Bancaire d'Afrique
Centrale
COOPEC : Coopérative d'Epargne et
Crédit
DSCE : Document de Stratégies pour la
Croissance et l'Emploi
DSRP : Document de Stratégies pour la
Réduction de la Pauvreté
ECAM : Enquêtes Camerounaises
Auprès des Ménages
EMF : Etablissement de Microfinance
FAO : Programme Alimentaire Mondial
FMI : Fonds Monétaire
Internationale
FRPC : Facilités pour la
Réduction de la Pauvreté et la Croissance
IADM : Initiative d'Allègement de la
Dette Multilatérale
viii
IMF : Institution de Microfinance
INS : Institut National de la Statistique
IPPTE : Initiative Pays Pauvres Très
Endettés
MC2 : Mutuelle Communautaire de
Croissance
MPE : Micros et Petites Entreprises
MINFI-CMR : Ministère des Finance
Cameroun
NEPAD: New Partnership for African
Development
OCDE : Organisation de Coopération et
de Développement Economique
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PAS : Plan d'Ajustement Structurel
PCI : Programme de Comparaison
Internationale
PED : Pays En Développement
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PPTE : Pays Pauvres Très
Endettés
PVD : Pays en Voie de Développement
RMDH : Rapport Mondial sur le
Développement Humain
SDSR : Stratégies de
Développement du Secteur Rural
LISTE DES TABLEAUX
ix
Tableau 1: La pauvreté de 1820 à 1992 avec
prévision en 2015 38
Tableau 2: Estimations régionales de la pauvreté
(Seuil de pauvreté de 1.25 $/ jour) 39
Tableau 3: Comparaison mondiale de la pauvreté entre le
seuil de 1,25$ par jour et le seuil
de 2$ par jour en 2005(effectif en million) 40
Tableau 4: Perspectives de marché entre 2000 et 2011
(valeurs financières en milliards de
F CFA) 49
Tableau 5: Organisation du secteur de la Microfinance au
Cameroun 50
Tableau 6: Evolution statistique du réseau
MC2 au 30 Novembre 2012 51
Tableau 7: variables et leurs modalités dans le
modèle 57
Tableau 8: répartition des bénéficiaires
par âge 67
Tableau 9: Relation entre genre et niveau d'instruction 70
Tableau 10: Niveau de revenu mensuel du répondeur 70
Tableau 11: Relation entre niveau d'instruction et niveau de
pauvreté 71
Tableau 12: Répartition des microcrédits 72
Tableau 13: Estimation de la première équation
LogRédPauvreté =f( toutes les variables
exogènes du système) et détermination
niveau de pauvreté estimé. 75
Tableau 14: Estimation de la deuxième équation
LogMntCrédit en remplaçant
LogRédPauvreté par LogRédPauvreté
estimé. 76
Tableau 15: Statistiques descriptives première
équation 87
Tableau 16: Statistiques descriptives deuxième
équation 87
Tableau 17: Corrélation entre les variables 88
Tableau 18 : White Heteroskedasticity Test (étape1)
89
Tableau 19 : Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test 90
Tableau 20: White Heteroskedasticity Test (étape 2)
92
Tableau 21 :Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test
(étape 2) 93
LISTE DES FIGURES
X
Figure 1: Courbe de Lorenz de la distribution du revenu 17
Figure 2: Fonctionnement des approches Welfariste et
Institutionnaliste 29
Figure 3: Dimensions du bien être et de la
pauvreté 32
Figure 4: Evolution de l'incidence de la pauvreté au
Cameroun 45
Figure 5: Répartition des bénéficiaires
selon le lieu de résidence 66
Figure 6: Répartition des bénéficiaires
selon le genre 67
Figure 7 : Répartition selon le niveau d'instruction
68
Figure 8 : Répartition selon le type de logement. 68
Figure 9 : Répartition selon l'activité du
bénéficiaire 69
Figure 10: Répartition selon le niveau de
pauvreté 70
Figure 11: Type de microcrédit obtenu 72
Figure 12: Opinion du bénéficiaire sur le
microcrédit 73
Figure 13: Test de normalité de Jarque-Bera
(étape 1) 88
Figure 14: Evolution des résidus LogNivPauvreté
(étape 1) 91
Figure 15: test de normalité de Jarque-Bera
(étape 2) 91
Figure 16: Evolution des résidus (étape 2) 94
RESUME
xi
Les EMF ont une plus value sociale évidente vu qu'ils
permettent, d'une part, aux exclus de l'emploi salarié, d'exercer une
activité génératrice de revenus, souvent dans le cadre
d'une micro entreprise, tout en bénéficiant d'autres services
financiers de proximité tels la micro-assurance et le transfert
d'argent, synonymes de protection contre la vulnérabilité et la
gestion des risques sociaux. D'autre part, ils accordent des prêts de
groupe, répondant à des besoins non satisfaits par le
système bancaire classique.
Pour mieux cerner la quintessence de ce travail, il a
été important de se poser la question de recherche suivante: Les
microcrédits octroyés par les MC2
améliorent-ils les conditions de vie des populations
bénéficiaires? Il sera donc question d'évaluer l'impact
des microcrédits octroyés par les MC2 de la Menoua sur
le niveau de pauvreté de ces populations. Pour y parvenir, nous nous
sommes fixés à priori comme hypothèse que les
microcrédits octroyés par le réseau MC2 de la
Menoua contribuent à l'amélioration des conditions de vie des
populations bénéficiaires. L'étude a été
faite sur un échantillon de 55 bénéficiaires de
microcrédits octroyés par le réseau MC2 aux
populations de la MENOUA. Nous avons ainsi formulé deux équations
de régression dites équations simultanées que nous avons
estimées par la méthode des doubles moindres carrés,
à l'aide du logiciel Eviews.5.
Les résultats obtenus indiquent que le
microcrédit a une influence positive sur le niveau de réduction
de la pauvreté évalué à partir du revenu moyen
mensuel par personne dans le ménage. Mais le microcrédit seul ne
suffirait pas à réduire la pauvreté. Il faudrait que les
responsables de ces structures mettent sur pied d'autres services plus
appropriés afin de rehausser le niveau de l'indice de
développement humain (I.D.H.). ces services peuvent être entre
autres: la formation et l'orientation des bénéficiaires, l'octroi
de crédits aux couches cibles que sont les jeunes et les femmes,
l'octroi des subventions et des transferts sociaux aux plus âgés
et malades, etc.
Mots clés : Microfinance,
Microcrédit, Pauvreté, Exclus, Activités
génératrice de revenus et Vulnérabilité.
ABSTRACT
xii
The MFIs have an important social value. They permit on one
hand, to non salaried workers to exercise revenue generating activities, in
microenterprises and equally by benefiting other financials services such as
micro insurances and money transfers. This goes to protect them against
vulnerability and management of social risk. On the other hand, they give
collectives loans thereby answering to the needs which are not satisfied by the
classical banking system.
The main objective of our research was to evaluate the impact
of microcredit on the poverty level of the benefactors. The study was carried
out on a sample population of 55 benefactors of microcredit granted by the
MC2 network to the Menoua populations. To arrive at this possible,
we used the simultaneous equations model that was estimated by the two-stage
least square (2SLS) method through the eviews.5 software.
The results obtained indicate that micro credit has a positive
influence on the level of poverty. But the micro credit alone will not be able
to reduce the poverty. It will be necessary that the people in charge of these
structures put in place more appropriates services such as: the training and
the orientation of the recipients, grant it to the target layers which are the
young people and women, grant the subsidies and the social transfers to the old
and sick people, etc.
Key words: Microfinance, Micro credit,
Poverty, Revenue generating activities and Vulnerability.
c~~~i~~~ 1
I~~~oq)~q7ogr ~ ~~~~~~~
1
2
1.1. Contexte de l'étude
Peu d'innovations économiques auront soulevé
autant d'espoir que la microfinance pour lutter contre l'exclusion sociale et
la pauvreté. Les hauts responsables de l'ONU l'ont bien compris, en
faisant de 2005 l'année du microcrédit. L'objectif ambitieux de
toucher 600 millions de personnes démunies revient à multiplier
par dix la clientèle actuelle et souligne, par là même, la
nécessité d'un changement d'échelle.
Les dispositifs de microfinance sont des structures offrant
des services financiers de base (épargne/crédit) et plus
élaborés (assurances) à une frange de la population exclue
des circuits financiers classiques ou traditionnels que sont les banques. La
plus ancienne et la plus connue des composantes de la microfinance est le
microcrédit, qui consiste à accorder des prêts de petits
montants, à court terme et à petites échéances.
La clientèle cible étant pauvre et ne disposant pas de
garanties matérielles, la garantie est généralement
apportée par des groupes de caution solidaire.
Les toutes premières mutuelles d'épargne et de
crédit ont été créées par Raiffaisen
dans la seconde moitié du 19ième siècle en
Rhénanie, dans le souci de faire jouer la garantie collective. C'est sur
ce modèle que sont nés, en France, le Crédit Agricole, le
Crédit Mutuel, le Crédit Coopératif, la Banque Populaire.
Ce mouvement s'est déployé dans les pays du Sud, en Afrique
francophone notamment. Les institutions créées donnant la
priorité à l'épargne, jugée plus vertueuse et plus
pédagogique que le crédit, avaient un public de couches moyennes
et leur impact sur la réduction de la pauvreté était assez
peu visible, puisque cette épargne permettait aux pouvoirs publics de se
procurer plutôt des ressources abondantes.
Dans les années quatre-vingt, une prise de conscience a
poussé divers acteurs à privilégier le crédit afin
de financer la création et le développement d'activités
économiques, et de lutter ainsi contre la pauvreté. Le
succès de la Grameen Bank en 1974 du Professeur
Muhammad Yunus1 a déclenché une
véritable révolution du microcrédit, en réussissant
à obtenir d'excellents taux de remboursement tout en prêtant
à une clientèle pauvre ne disposant pas de garantie
matérielle.
Un mouvement composé d'acteurs disparates (ONG,
bailleurs de fonds...) a vu dans le microcrédit et plus largement dans
la microfinance un moyen efficace d'éradication
1 Prix Nobel de la Paix en 2006
3
de la pauvreté. La microfinance « contemporaine
» a ainsi fait l'unanimité pendant les dix premières
années de son existence (1980-1990). Le courant des ONG de
développement y voyait les bienfaits d'une approche bottom-up
ciblée sur l'individu favorisant une amélioration du capital
social. Les partisans d'une approche libérale du développement y
trouvaient un moyen peu onéreux d'éradiquer la pauvreté
grâce à un effet de levier important eu égard à
l'investissement consenti, et ce tout en respectant les mécanismes de
marché.
On note cependant que la pauvreté, en effet, est une
préoccupation des hommes depuis les temps antiques. Sa réduction
fait l'objet depuis la nuit des temps, d'une grande espérance qui
mobilise toutes les cultures et toutes les communautés humaines. Les
dirigeants du monde réunis à l'occasion du sommet du
millénaire en septembre 2000 se sont donnés huit objectifs dits
« du millénaire pour le développement » (OMD) dont le
premier vise la réduction de moitié de l'extrême
pauvreté et la faim à l'horizon 2015 en assurant aux couches les
plus défavorisées l'accès aux besoins de base tels que
l'éducation,
la santé, l'alimentation, etc
La mise en oeuvre du DSRP, adopté en avril 2003, a
permis au Gouvernement camerounais de maintenir la stabilité du cadre
macroéconomique et de soutenir des taux de croissance positifs jusqu'en
2008. Toutefois, le profil général de croissance est resté
en retrait du niveau espéré pour résorber
substantiellement la pauvreté (DSCE Cameroun, page 8).
La révision du DSRP vise la correction des distorsions
ou des manquements relevés lors des évaluations successives de la
mise en oeuvre, et des consultations participatives de mars 2008. Le processus
de révision de la stratégie a abouti à un document de
stratégie pour la croissance et l'emploi (DSCE), et confirmé
l'option d'implication des populations à la base, dans une
démarche participative. Ce document qui surgit directement après
les émeutes de Février 2008 fut élaboré dans un
contexte caractérisé par le renchérissement du coût
de la vie au niveau national, la crise financière internationale de la
même année, sans oublier les crises alimentaire et
énergétique.
Au regard de ses actions en faveur de la réduction de
la pauvreté, par le défi de la croissance et de l'emploi, le DSCE
est devenu, conformément à la déclaration de Paris l'outil
de référence de l'action gouvernementale camerounaise ainsi que
le lieu de
4
convergence de la coopération avec les partenaires
techniques et financiers en matière de développement. Ce document
vise principalement la recherche de la croissance et la redistribution des
revenus de la dite croissance aux couches les plus vulnérables en
mettant plus l'accent sur les jeunes et les femmes.
La stratégie d'intervention du FIDA au Cameroun
couvrant la période 2007-2012 se positionne en appui à la
réalisation des objectifs du DSCE et vise à améliorer les
conditions de vie des populations rurales pauvres en s'articulant autour des
deux objectifs suivants:
> renforcer la capacité d'organisation et le pouvoir
de négociation des populations rurales pauvres et de leurs
organisations;
> accroître durablement les perspectives
d'activités rémunératrices agricoles et non agricoles des
ruraux pauvres, notamment des femmes et des jeunes.
La micro finance constitue ainsi donc un instrument efficace
s'insérant facilement dans le tissu socioéconomique et permet la
création d'activités génératrices de revenu (AGR).
Cet engouement s'inscrit parmi les nombreuses réflexions
consacrées au lien entre finance et développement
économique. La micro finance est alors vue comme un remède
miracle pour lutter contre la pauvreté.
1.2. Problématique
La microfinance représente aujourd'hui un des axes de
nombreuses politiques de développement ; pourtant, la nature et
l'ampleur exacte de l'impact qu'on peut en attendre ne sont pas toujours aussi
établies que ce qui est parfois affirmé dans les forums
internationaux (Marc LABIE, 1999). Par ailleurs, il s'agit
d'un secteur extrêmement diversifié. En matière de
microfinance, cela concerne fondamentalement deux types d'institutions : les
organisations à « logique coopérative2 » et
les ONG. Il n'est donc ni possible ni souhaitable de résumer l'ensemble
de la microfinance autour d'un schéma unique qui serait le seul à
légitimer. Au contraire, il s'agit de faire preuve de nuance et de voir
ce que chaque type d'institution peut apporter au champ de la microfinance. Par
ailleurs, il est important de ne pas ni surestimer ni sous-estimer ce que la
microfinance peut apporter en matière de lutte contre la
pauvreté. Certains affirment que non seulement la microfinance peut
servir les plus pauvres mais qu'il doit s'agir là d'une de ses
priorités
2 On peut citer ici les coopec, caisses
villageoises, mutuelles etc....
5
absolues. D'autres, au contraire, pensent que tenant compte
des caractéristiques de ce type de service, il n'est probablement pas
destiné aux plus pauvres des plus pauvres mais bien à ceux qui
disposent de projets susceptibles d'engranger une rentabilité suffisante
pour supporter le coût de ce type de service (J.
Morduch, 1999).
Il sera par ailleurs important de rappeler ce point de vue qui
est souvent négligé mais auquel on doit accorder une importance
particulière à savoir la définition de la pauvreté.
On a longtemps considéré que la pauvreté résultait
d'un manque de revenus. Or, grâce notamment aux travaux de
Amartya Sen3, on a mieux compris que la
pauvreté est en fait un phénomène multidimensionnel (qui
attaque l'environnement, la santé, l'éducation, etc....). La
question n'est donc pas seulement de savoir si un individu a, ou non, un revenu
suffisant mais bien plus, de savoir, s'il a ou non, accès à une
série de biens et services essentiels par exemple en matière de
santé ou d'éducation. Si on accepte cette approche, on comprend
donc aisément qu'il est pour le moins exagéré de
prétendre que la mise en place de systèmes de microfinancement
est, à elle seule, susceptible de lutter contre la pauvreté.
Naturellement, les avis divergent : pour certains auteurs, la
micro finance ou le microcrédit est une stratégie capable de
relever le défît ou une alternative sérieuse aux diverses
politiques de développement. Pour d'autres, les microcrédits
assurent la survie et non l'émergence, ils n'ont pas réussi
à bâtir le capital des micros entreprises viables. Cependant, nous
savons, pour notre part, que « l'argent appelle l'argent dit un
proverbe,... Si vous en avez un peu, vous pouvez en avoir beaucoup. Le plus
difficile, c'est d'avoir ce peu là... ».
Or, la problématique de la pauvreté au Cameroun
s'apparente au manque de ce peu là. La population dispose d'immenses
atouts et est pleine d'initiatives dont la mise en oeuvre est handicapée
par le manque de capital et le manque d'accès au marché
financier. L'insuffisance d'institutions bancaires ou leur inexistence pure et
simple dans plusieurs localités du pays, le dysfonctionnement de ce
circuit et l'impossibilité d'y accéder pour la majorité de
la population camerounaise est une réalité qui aggrave
l'état de la pauvreté devenue un phénomène de masse
au Cameroun.
3 Prix Nobel d'Economie
6
En recherchant les solutions de survie, les populations
camerounaises pauvres et plus particulièrement en zone rurale se lancent
dans des activités du secteur informel tels que : call box, petit
commerce, commerce ambulant, artisanat, agriculture, élevage, ben skin,
coiffure, couture, etc. Ces activités n'ayant aucun soutien ni de
l'Etat, ni de tout autre organisme, c'est alors que va apparaitre la
microfinance sur ce terrain qui parait fertile comme une panacée qui
pourrait venir en aide aux populations exclues. Les hommes, les femmes et
même les enfants s'y livrent parfois sans réflexion, comme
poussés par cette croyance populaire qui stipule : « qui ne risque
rien n'a rien ». Mais malheureusement, la mesure du risque n'est pas
toujours faite de manière suffisante. C'est ainsi que nous pouvons
constater que, malgré la prolifération des EMF au Cameroun, la
pauvreté de masse semble dicter toujours sa loi.
Et c'est parce que l'engouement est réel et même
mondial, avec la consécration de l'année 2005 comme
l'année internationale du microcrédit, qu'il nous importe de nous
poser la question de recherche suivante : « les services financiers
offerts par le réseau MC2 de la Menoua sont-ils suffisamment
adaptés aux besoins réels des populations
bénéficiaires ? » De façon plus simple :
- Les microcrédits octroyés par les
MC2 améliorent-ils les conditions de vie des populations
bénéficiaires ?
1.3. Objectif de la recherche
La présente recherche se focalise autour d'un seul
objectif.
Il s'agit à travers cette étude d'évaluer
l'impact des microcrédits octroyés par le réseau
MC2 du département de la MENOUA sur les conditions de vie des
populations bénéficiaires.
1.4. Hypothèse de la recherche
Afin de mieux apprécier l'influence du
microcrédit sur le niveau de pauvreté des
bénéficiaires, nous allons formuler l'hypothèse suivante
:
Les microcrédits octroyés par le réseau
MC2 de la MENOUA contribuent à l'amélioration des
conditions de vie des populations bénéficiaires.
7
1.5. Choix du sujet et Intérêt de
l'étude 1.5.1. Choix du sujet
La problématique du financement d'activités
génératrices de revenus d'une large frange de la population a
toujours suscité, une persistante interrogation. Ce souci est d'autant
plus justifié, qu'il trouve son origine dans un contexte à la
fois de pauvreté aggravée et de déstructuration du
réseau bancaire.
Le foisonnement des structures mutualistes d'épargne et
de crédit à travers le pays depuis quelques années et
l'engouement que le phénomène suscite tant au niveau des femmes,
des hommes, de l'Etat que des bailleurs de fonds constituent pour nous, une
raison supplémentaire de nous intéresser davantage au secteur
microfinancier.
Le paysage financier du Cameroun est incontestablement
marqué maintenant par la présence imposante des institutions de
microfinance. Ceci est d'autant plus justifié que cette présence
s'opère dans un contexte marqué par les défaillances des
institutions étatiques de financement du développement et les
difficultés d'accès aux sources conventionnelles de financement
pour bon nombre de familles et de MPE.
Alors, l'impact d'un tel secteur sur la satisfaction des
besoins des populations en souffrance de financements d'activités de
tous ordres suscite beaucoup d'intérêt ; car il s'avère
plus que jamais nécessaire d'opérer à une analyse
appropriée des besoins effectifs de la cible pour rendre plus efficaces
les interventions en leur direction. Or, en partant du principe que
l'initiative privée demeure à l'heure actuelle un levier
privilégié pour réduire la pauvreté, le financement
de ces initiatives demeure la clé de la réussite de tout
élan de promotion de développement endogène. Une autre
raison de justification du choix de ce sujet, c'est d'inscrire davantage la
question relative à la microfinance dans la préoccupation
politique des décideurs compte tenu du rôle important qu'elle peut
jouer notamment dans les Objectifs du Millénaire pour le
Développement. En effet, le monde s'est assigné pour objectif de
réduire la pauvreté de moitié à l'horizon 2015
conformément aux engagements de Copenhague. Une telle volonté est
également exprimée par les africains eux-mêmes à
travers le NEPAD (New Partnership for African Development).
8
1.5.2. Intérêt de l'étude
L'intérêt de cette étude est à la fois
théorique, scientifique et pratique.
+ Sur le plan théorique, cette
étude nous aurait permis d'approfondir nos connaissances dans le
phénomène de pauvreté et du mécanisme de sa
réduction par le biais de la microfinance comme instrument
privilégié à la portée de l'Etat et des populations
pauvres.
+ Sur le plan scientifique, nous
espérons apporter notre modeste contribution dans l'élargissement
du champ de la connaissance en levant un coin de voile sur une question aussi
préoccupante que le délicat sujet du financement de
l'économie à la base et de l'impact de l'outil microfinancier sur
la prise en charge des besoins réels de ses cibles. Ce travail pourrait
servir de support à tous ceux que des recherches sur le secteur de la
microfinance intéresseraient dans le futur ; il nous a servi par
ailleurs à perfectionner nos techniques de recherche.
+ Sur le plan pratique, cette étude
pourrait aider d'une part les EMF à améliorer leurs
méthodes de travail et bénéficier davantage du capital de
confiance populaire en apportant le plus de service à leurs clients ou
membres et en exploitant pleinement le potentiel du marché ; et d'autre
part, amener les bénéficiaires des microcrédits à
comprendre le bien-fondé du crédit et le meilleur moyen de son
bénéfice qui passe par une orientation par objectif de
crédits obtenus et par une gestion efficiente de ceux-ci.
1.6. Organisation de la thèse
La présente thèse est repartie sur six
chapitres.
Tout d'abord, nous avons eu au présent chapitre une
Introduction Générale dans laquelle nous avons
présenté le contexte de l'étude, la problématique,
les objectifs et hypothèse, le choix et l'intérêt de
l'étude. Le deuxième chapitre sera consacré aux fondements
théoriques et à la revue de la littérature. Au
troisième chapitre, il sera question de faire un état des lieux
de la pauvreté et de la microfinance dans le monde en
générale et le Cameroun en particulier. Le quatrième
chapitre quant à lui énoncera la méthodologie
utilisée dans le cadre de notre étude. Le cinquième
chapitre évaluera les résultats de notre étude. Enfin, le
sixième chapitre, intitulé Conclusions et Recommandations,
évoquera les principaux enseignements tirés de notre étude
ainsi que les recommandations susceptibles d'orienter les travaux et
réflexions futurs.
c corc~~rU~~ ~cr
~~~~~ mct i LI~~~q~rt)~~
c~~~i'~~ 2
9
L'étude du thème « Microfinance et lutte
contre la pauvreté » nécessite une recherche sur les buts et
missions de la microfinance. L'intérêt sans cesse grandissant que
suscite la microfinance oblige l'apprenti chercheur que nous sommes à ne
pas faire l'économie des clarifications des concepts qui structurent le
sujet de recherche ainsi choisi. C'est donc dans le souci de répondre
à une règle de méthode qui veut que définition
précède discussion pour lever toute équivoque, que nous
allons nous atteler à cette exigence.
10
2.1. Clarification des concepts
Dans cette section, il sera question pour nous de lever un pan
de voile sur les différents concepts qui meublent notre étude, en
leur apportant certaines définitions selon certains auteurs.
2.1.1. Le phénomène de pauvreté
La difficulté majeure de la recherche dans l'étude
du phénomène de
pauvreté est de trouver un consensus qui permet de
dégager une définition universelle ou normalisée de la
notion de pauvreté. Les opinions divergent sur la définition et
la compréhension de la pauvreté et ses causes. Il serait utile
pour nous d'évoquer dans ce chapitre les différentes
définitions universelles qui ont permis de mieux appréhender
l'évolution du concept de pauvreté dans la pensée, ainsi
que les différents instruments permettant de caractériser et
mesurer la pauvreté sous ses diverses formes.
2.1.1.1. Définition de la pauvreté
La littérature sur le phénomène de
pauvreté est extrêmement abondante. De ce fait, sa perception
évolue à travers le temps et le contexte, ce qui influence la
manière de la définir.
Le terme « pauvre » vient du latin
pauper et du grec pénes (pauvre) et penia
(pauvreté), vocables apparentés à peina
(faim) et d'une façon lointaine à ponos (douleur)
et poiné (châtiment, peine)4.
Selon l'usage le plus courant, la pauvreté
caractérise la situation d'un individu qui ne dispose pas des
ressources réputées suffisantes pour vivre dignement dans une
société et son contexte. Insuffisance de ressources
matérielles affectant la nourriture, l'accès à l'eau
potable, les vêtements, le logement, ou les conditions de vie en
général. Mais également insuffisance de ressources
intangibles telles que l'accès à l'éducation, l'exercice
d'une activité valorisante, le respect reçu des autres citoyens
ou encore le développement personnel5.
Selon Michel Mollat, historien du moyen
âge « Le pauvre est celui qui, de façon permanente ou
temporaire, se trouve dans une situation de faiblesse, de dépendance,
d'humiliation caractérisée par la privation des moyens, variables
selon les
4 Alberto. Wagner De Reyna, «progrès et
développement» recueil de textes, Ed l'Harmattan, 1990, p.37 5
Pauvreté,
www.fr.wikipédia.org lu
le 22 juil. 13
11
époques et les sociétés, de puissance et
de considération sociale : argent, relation, influence, pouvoir,
science, qualification technique, honorabilité de naissance, vigueur
physique, capacité intellectuelle, liberté et dignité
personnelle.Vivant au jour le jour, il n'a aucune chance de se lever sans
l'aide d'autrui.
Sylvain Lariviére et Frédéric
Martin (1997), définissent la pauvreté « comme un
état de privation à long terme de bien être jugé
inadéquat pour vivre décemment. La pauvreté est donc
synonyme de carence, elle est fonction d'un manque connu face à des
besoins que l'on peut identifier. Elle concerne en priorité ceux ou
celles qui éprouvent des difficultés à s'intégrer
au système socioéconomique pour toutes sortes de raisons
»6.
M. Ravallion (1994) considère que
« la pauvreté peut exister dans une société
donnée quand une ou plusieurs personnes n'atteignent pas un niveau de
bien être économique, considéré comme un minimum
raisonnable près des normes de cette société ». Dans
cette première analyse, on peut constater que la notion de
pauvreté est liée au concept de l'économie du bien
être.
Le lauréat du prix Nobel en 1998, Amartya Sen
(1993)7 confirme « qu'il y'a une raison forte pour
juger l'avantage individuel en termes de possibilités. Dans cette
perspective, la pauvreté doit être vue comme une privation des
besoins de base plutôt qu'un bas revenu qui est le critère
standard de la pauvreté ». Cet élargissement dans la
compréhension de la pauvreté a donné un nouvel élan
du concept, caractérisé par une multiplicité de visages,
qui va au delà d'une insuffisance de revenu. En plus des rapprochements
sur la vision de définir le concept de la pauvreté, certains
auteurs ont pu également cerner une définition plus objective de
la pauvreté tels que Fields (1994) : « La
pauvreté est l'incapacité d'un individu ou d'un ménage
à avoir les ressources de base requises à la satisfaction des
besoins de base ».
Selon Kabeer, 20058, « la
pauvreté se manifeste par un dénuement matériel, mais ses
causes s'enracinent dans les relations de pouvoir qui déterminent la
répartition des ressources matérielles et symboliques les plus
valorisées dans la société. Ces relations placent les
hommes, les femmes et les enfants pauvres en position de
6 Sylvain Lariviére et Frédéric Martin,
« Cadre d'analyse économique de la pauvreté et des
conditions de vie des ménages » série de discussion : 197,
septembre 1997, P.05.
7 Cité par SMAHI Ahmed, 2010
8 Cité par SMAHI Ahmed, 2010
12
subordination et de dépendance par rapport à
ceux et celles qui possèdent un accès privilégié
à ces ressources. En plus de subir un dénuement matériel,
les pauvres sont aussi donc dépourvus de pouvoir ».
D'après le rapport sur le développement dans le
monde (2000-2001) : « Combattre la pauvreté », d'autres
aspects pour inclure le risque, la vulnérabilité, le manque
d'autonomie, le sentiment d'impuissance et d'insécurité et le
manque de respect de soi sont mis en évidence dans la définition
de la pauvreté. Dans ce contexte la pauvreté se manifeste sous
diverses formes à savoir9 :
+ Faiblesse de la consommation sur les plans quantitatifs et
qualitatifs (incapacité d'avoir trois repas par jours, d'avoir une
alimentation équilibrée ou d'atteindre le nombre de calories
requis).
+ Incapacité de s'habiller décemment.
+ Habitat précaire ou même sans habitat du
tout.
+ Difficultés d'accès aux besoins essentiels
+ Mauvaise insertion sociale (chômage, emploi marginal,
dépendance vis-à-vis des autres pour se nourrir,
mendicité, etc.).
Il est intéressant de constater que la prise en compte
des multiples dimensions de la pauvreté ainsi que le repérage de
nouvelles formes de pauvreté ont conduit à un enrichissement
progressif des thématiques liées à l'analyse de ce
phénomène économique et social.
2.1.1.2. Les différentes formes de
pauvreté
La pauvreté est généralement
considérée comme un phénomène
multidimensionnel. A cet effet, des études ont
été menées et fort est de constater que l'origine
pécuniaire ou monétaire est fortement évoquée. La
pauvreté pécuniaire ou l'insuffisance de revenu monétaire
entraîne des difficultés, pour se nourrir, s'habiller, se loger et
ce, plus ou moins intensément, selon que l'on a éventuellement
accès à des ressources naturelles valorisables. Elle est
estimée au moyen de seuils de pauvreté. Différentes
définitions de ces seuils existent ; les pays développés
utilisent généralement
9 Backiny Yetna Prosper, « Analyse de la pauvreté
», Banque mondiale, 17 septembre 1999, in
www.worldbank.org
13
des seuils relatifs, alors que la pauvreté dans les
pays en développement est estimée au moyen de seuils de
pauvreté absolus.
2.1.1.2.1. La pauvreté absolue
Elle est définie par l'incapacité de satisfaire
les besoins essentiels en nourriture, vêtements, logements et soins
(Morrisson Christian, 2003). A ce niveau, la pauvreté
absolue se réfère à un niveau de consommation minimale par
individu. Une personne est pauvre si elle n'arrive pas, à cause de la
faiblesse de ses ressources, à satisfaire ses besoins de base
(alimentaire et non alimentaire). Le seuil de pauvreté absolue ou la
dépense minimale par individu, est calculé par les services
statistiques de chaque pays et il augmente avec le PIB/hab.10. Ce
seuil de pauvreté, qui est la référence habituelle dans
les PVD détermine le revenu nécessaire à l'achat du panier
minimal de biens alimentaires, indispensables à la survie quotidienne
(qui correspond selon les normes du FAO à 2400 calories pour la
pauvreté et à 1800 calories pour l'extrême
pauvreté), auquel on ajoute le revenu utile à l'achat de biens
non alimentaires tels que (habillement, hygiène, eau, énergie,
transport, etc....). En fait, l'approche absolue à l'avantage de
permettre la comparaison dans le temps. Si l'objectif est la lutte contre la
pauvreté, il y a lieu d'utiliser cette démarche.
2.1.1.2.2. La pauvreté relative
Selon cette approche, le seuil est fixé par rapport
à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population,
avec comme référence le revenu médian (le revenu
médian est le revenu séparant la population en deux,
c'est-à-dire que la moitié de la
population a un revenu plus élevé, et l'autre
moitié un revenu inférieur). Ainsi on parlera de
pauvreté relative pour des personnes qui sont moins bien lotis que la
majorité des autres membres de la même région.
Peter Townsend (1999), en critiquant la
mesure de la pauvreté sur des besoins indépendants de tout
contexte, propose une définition qui repose sur une approche relative de
la pauvreté, selon laquelle la pauvreté ne peut être
définie d'une façon absolue, indépendante du lieu et
l'époque mais dans un rapport avec la société toute
entière.
Au regard des analyses faites jusqu'ici, on serait
tenté de dire que ces deux
10 Il faut noter que la composition du panier de
biens alimentaires et les prix relatifs des biens changent avec le
PIB/hab. pour chaque pays.
14
approches sont complémentaires. A ce stade,
Morrison (2002) donne un exemple pour mieux appréhender les
deux définitions « Par exemple une personne qui ne peut pas acheter
une auto ou un téléviseur se trouve dans un pays riche
défavorisée et en pauvreté relative puisque d'autres
ménages possèdent des biens, mais elle n'est pas pauvre en terme
absolu parce que ces biens ne sont pas indispensables pour vivre ».
Au-delà de ces deux approches, certains auteurs vont
distinguer entre autres ce que l'on va appeler :
> La pauvreté objective ; >
La pauvreté subjective ; > La pauvreté transitoire et
> La pauvreté instantanée.
Au début du XXe siècle,
Benjamin Seebohm Rowntree effectue de nombreuses
enquêtes sur la pauvreté dans la Ville d'York (Angleterre) et
distingue ce qu'il appelle la pauvreté primaire
(absence de ressources suffisantes) de la pauvreté
secondaire ( niveau de ressources qui pourrait être suffisant
mais qui est compromis par une gestion déraisonnable ou des
dépenses inconsidérées).
Serges Paugam (1998) va plus loin et
distingue trois formes de pauvreté à savoir : La
pauvreté intégrée : elle renvoie davantage
à la question sociale de la pauvreté au sens traditionnel
qu'à celle de l'exclusion sociale. Ceux que l'on appelle les
«pauvres» sont, dans ce type de rapport social, nombreux et peu
distincts des autres couches de la population. Leur situation est si courante
que l'on en parle moins comme le problème d'un groupe social
spécifique que comme celui d'une région ou d'une localité
donnée qui a toujours été pauvre. La pauvreté de la
population est liée, dans les représentations collectives,
à la pauvreté de la région et de l'ensemble du
système social. Les pauvres ont ici un niveau de vie bas, mais ils
restent fortement insérés dans des réseaux sociaux
organisés autour de la famille et du quartier ou du village. Par
ailleurs, même s'ils peuvent être touchés par le
chômage, celui-ci ne saurait, en lui-même, leur conférer un
statut dévalorisé.
La pauvreté marginale : Contrairement
à la pauvreté intégrée, ce que l'on appelle les
«pauvres» ou les «exclus» forment seulement une petite
frange de la population. Ce sont en quelque sorte, dans la conscience
collective, les inadaptés de la civilisation moderne, ceux qui n'ont pas
pu suivre le rythme de la croissance et se conformer aux normes
15
imposées par le développement industriel.
Même résiduelle, leur situation dérange car elle souligne
les «ratés du système» et renforce les
«désillusions du progrès»11.
La pauvreté disqualifiante : Ce que
l'on appelle les «pauvres» ou les «exclus» sont de plus en
plus nombreux. Ils sont refoulés hors de la sphère productive et
deviennent dépendants des institutions d'action sociale, tout en
connaissant progressivement de plus en plus de difficultés. Il ne s'agit
pas, pour la plupart, d'un état de misère stabilisé, se
reproduisant d'année en année à l'identique, mais d'un
processus pouvant impliquer, au contraire, des variations soudaines dans
l'organisation de la vie quotidienne. Même s'il ne faut pas
généraliser, il est vrai que de plus en plus, des personnes sont
confrontées à des situations de précarité par
rapport à l'emploi susceptibles de se cumuler à plusieurs
handicaps: faiblesse du revenu, médiocrité des conditions de
logement et de santé, fragilité de la sociabilité
familiale et des réseaux sociaux d'aide privée, participation
incertaine à toute forme de vie sociale institutionnalisée.
2.1.1.3. Les seuils de pauvreté
Le seuil de pauvreté est un niveau de
revenus au-dessous duquel un ménage est considéré comme
pauvre. Ce seuil prend des valeurs radicalement différentes selon les
pays considérés : pays dits "développés" ou pays
dits "en développement". La notion de pauvreté monétaire
étant difficile à cerner avec précision, plusieurs
conventions sont utilisées pour déterminer le seuil de
pauvreté. On distingue en général un seuil de
pauvreté absolue(en fonction d'un panier de consommation
minimale) et un seuil de pauvreté relative(en
pourcentage du revenu médian ou moyen).
2.1.1.3.1. Seuil de pauvreté absolue
Par définition, cette approche considère que la
pauvreté est un concept absolu, c'est à dire que la
pauvreté d'un ménage ne dépend que de sa situation et non
pas de celle du reste de la société. Elle est associée
à certaines normes absolues sur les éléments dont les
ménages doivent disposer pour couvrir leurs besoins fondamentaux. Ainsi,
Coudouel Aline et al (2002)12 pensent que la ligne
de pauvreté absolue est souvent fondée sur
11 Raymond Aron, « Les désillusions du
progrès. Essai sur la dialectique de la modernité », Paris,
Calmann-Lévy. 1969. Cité par Serges Paugan, 2005.
12 Cités par SMAHI Ahmed, 2010
16
des estimations du coût des denrées alimentaires
de base, à savoir le coût d'un panier de produits nutritionnels
considéré comme un minimum pour assurer le maintien en bonne
santé d'une famille type.
2.1.1.3.2. Seuil de pauvreté relative
Elle est définie par rapport à la distribution
générale des revenus ou de la consommation d'un pays. Par
exemple, la ligne de pauvreté peut être fixée à 50 %
du revenu moyen de la consommation moyenne d'un pays.
2.1.1.4. Pauvreté et Inégalité
Les mesures de la pauvreté dépendent du niveau
moyen et de la distribution du revenu ou de la consommation dans un pays.
Fondées sur ces deux éléments, les mesures de la
pauvreté se focalisent dès lors sur la situation des individus ou
des ménages qui se situent au niveau inférieur de la
distribution. L'inégalité est un concept plus large que la
pauvreté en ce qu'elle est définie sur l'ensemble de la
population et non en dessous d'une certaine ligne de pauvreté.
Afin de mesurer l'inégalité, certains auteurs
optent pour des mesures d'usage courant qui sont entre autres : le coefficient
d'inégalité de Gini, l'indice de Theil, le ratio de dispersion
des déciles et la part de la consommation et du revenu des x% les plus
pauvres.
2.1.1.4.1. Le coefficient d'inégalité de
Gini
Il s'agit de la mesure de l'inégalité la plus
couramment utilisée. Le coefficient varie entre 0, qui traduit une
égalité complète, et 1, qui indique une
inégalité totale (une seule personne dispose du revenu et de la
consommation ; toutes les autres n'ont rien). Sur un plan graphique, le
coefficient de Gini peut aisément être représenté
par la surface entre la courbe de Lorenz et la ligne d'égalité
(ligne de 45°). Dans la figure 1, la courbe de Lorenz représente la
part cumulative du revenu sur l'axe vertical par rapport à la
distribution de la population sur l'axe horizontal. Dans cet exemple, 40% de la
population obtiennent 20% du revenu. Le coefficient de Gini correspond à
la surface A divisée par la somme des surfaces A et B. Si le revenu est
distribué de manière équitable, la courbe de Lorenz et la
ligne d'égalité absolue coïncident, et le coefficient de
Gini est égal à 0. En revanche, si l'un des individus
reçoit tout le revenu, la courbe de Lorenz passerait par les points (0,
0), (100, 0), et (100, 100), et les surfaces A et B seraient similaires, ce qui
aboutirait à une valeur 1
17
pour le coefficient de Gini.
Figure 1: Courbe de Lorenz de la distribution du
revenu
Source : Sen (1976).
2.1.1.4.2. L'indice de Theil (Theil's entropy measures)
Bien que moins couramment utilisé que le coefficient de
Gini, l'indice d'inégalité de Theil présente l'avantage de
pouvoir s'additionner pour différents sous-groupes ou régions du
pays. Cependant, il ne bénéficie pas d'une représentation
graphique claire ni de l'interprétation attrayante du coefficient de
Gini. L'indice de Theil appartient à une famille de mesures plus
étendue, connue sous le nom de classe d'entropie
générale.
2.1.1.4.3. Le ratio de dispersion des déciles
Le ratio de dispersion des déciles est aussi
utilisé dans certaines occasions. Il correspond au ratio de la
consommation ou du revenu moyen des 10% les plus riches de la population
divisé par celui des 10% les plus pauvres. Ce ratio peut aussi
être calculé pour d'autres percentiles (par exemple, en divisant
la consommation moyenne des 5% les plus riches (95ème percentile) par
celle des 5% les plus pauvres (5ème percentile)). Ce ratio est
aisément interprétable comme l'expression du revenu des plus
riches en multiples du revenu des plus pauvres.
2.1.1.4.4. Part de la consommation et du revenu des x% les
plus pauvres
Un des inconvénients partagés par les
coefficients de Gini et les indices de Theil est le fait qu'ils varient en
même temps que la distribution, que le changement se
18
produise en haut, en bas ou au milieu de celle-ci (tout
transfert de revenu entre deux individus exerce un effet sur les indices, qu'il
ait lieu parmi les riches ou les pauvres ou entre riches et pauvres). Si une
société est surtout concernée par la part de revenu des
individus situés au bas de l'échelle sociale, un meilleur
indicateur peut être une mesure directe telle que la part de revenu qui
parvient aux 10 à 20% les plus pauvres.
2.1.1.5. Pauvreté et
Vulnérabilité
La vulnérabilité est
définie ici comme la probabilité ou le risque existant
actuellement de se trouver en situation de pauvreté ou de s'y enfoncer
plus avant à l'avenir (Aline Coudouel et al, 2002). Il
s'agit d'un aspect important du bien-être, car le risque de grands
changements dans les revenus peut contraindre les ménages à
réduire leurs investissements en actifs productifs (lorsque les
ménages doivent détenir des réserves de liquidités)
et en capital humain. Un risque élevé peut aussi forcer les
ménages à diversifier leurs sources de revenu,
éventuellement au prix d'un rendement inférieur. La
vulnérabilité peut influencer le comportement des ménages
et ses stratégies d'adaptation; elle constitue dès lors un
élément important à prendre en compte dans les politiques
de réduction de la pauvreté. Ainsi, la prise en compte de la
vulnérabilité revêt une importance majeure dans l'analyse
de la pauvreté et de ses dynamiques (A. Abdallah et K.
Amouzouvi, 2007). Généralement comprise comme la
probabilité de voir son niveau de bien-être se dégrader
à la suite d'un choc, la vulnérabilité rend compte des
pressions extérieures auxquelles les personnes sont soumises. Cependant
ces dernières ne sont pas toujours complètement démunies
de toute capacité de réaction.
2.1.1.6. Mesures de la pauvreté
La mesure de la pauvreté est en soi une fonction
statistique. Elle compare l'indicateur de bien-être du ménage et
la ligne de pauvreté, et traduit le résultat en un seul nombre
pour toute la population, ou pour un sous-groupe déterminé. Il
existe de nombreuses mesures alternatives, mais les trois mesures
décrites sont les plus couramment utilisées et s'appliquent
à toute catégorisation et plus particulièrement, à
la pauvreté relative et la pauvreté absolue.
19
2.1.1.6.1. Incidence de la pauvreté (indice en
nombre d'habitants)
Il s'agit de la part de la population dont le revenu ou la
consommation se situe en dessous de la ligne de pauvreté,
c'est-à-dire la part de la population qui ne peut pas se permettre
d'acheter le panier de produits correspondant au minimum vital. De même,
dans le cas des indicateurs non monétaires, l'incidence de la
pauvreté mesure la part de la population qui n'atteint pas le seuil
défini (par exemple, le pourcentage de la population ayant
bénéficié de moins de trois ans d'éducation).
2.1.1.6.2. Profondeur de la pauvreté (écart
de pauvreté)
Cette mesure indique la distance à laquelle les
ménages se trouvent par rapport à la ligne de pauvreté.
Elle enregistre le déficit collectif moyen de revenu ou de consommation
par rapport à la ligne de pauvreté pour l'ensemble de la
population. La profondeur de la pauvreté est obtenue en faisant la somme
de tous les déficits des individus en situation de pauvreté (en
supposant un déficit de zéro pour les non pauvres) et en divisant
le résultat par le total de la population. Cette mesure peut
également être utilisée pour les indicateurs non
monétaires, pour autant que la mesure de la distance soit significative.
Ainsi, l'écart de pauvreté en éducation pourrait
correspondre au nombre d'années d'éducation requises pour
atteindre un certain seuil.
2.1.1.6.3. Sévérité de la
pauvreté (écart de pauvreté au carré)
Cette mesure tient compte non seulement de la distance
séparant les pauvres de la ligne de pauvreté (l'écart de
pauvreté), mais aussi de l'inégalité entre les pauvres.
Elle attribue une pondération plus importante aux ménages
situés à plus grande distance de la ligne de pauvreté. En
ce qui concerne la mesure de l'écart de pauvreté, les indicateurs
non monétaires sont soumis à certaines limites.
2.1.2. Le concept de Microfinance
La microfinance, initialement conçue comme une forme de
solidarité entre les pauvres exclus du système bancaire, s'est
développée pour devenir une part importante dans le financement
du développement. Certainement, beaucoup d'auteurs dont parmi eux les
théoriciens, les praticiens, les divers réseaux internationaux,
organisations internationales et aussi non gouvernementales, associations, qui
oeuvrent sur les questions de la microfinance, ont donné leurs appuis
théoriques et pratiques sur le
20
fonctionnement de cette pratique d'intermédiation
financière.
2.1.2.1. Origine de la microfinance
Le crédit coopératif et populaire fait son
apparition au milieu du 19ème siècle en Europe
occidentale puis en Amérique du Nord avant de se répandre avec
une force inégale et sous des formes diverses dans presque tous les pays
du monde. Les premières caisses rurales sont créées dans
les campagnes allemandes à l'initiative de Friedrich Wilhem
Raiffeisen, Maire d'une petite commune du Sud de l'Allemagne. Le but
est de faire jouer « la garantie collective » pour faciliter
l'obtention des crédits auprès des banques à leurs membres
comme cela se pratique encore dans les sociétés de caution
mutuelle. En même temps, deux contemporains de Raiffeisen,
l'allemand Herman Schulze et l'italien Luigi
Luzzatti créent en zone urbaine des établissements de
crédit populaire pour fournir du crédit aux artisans et aux
petits commerçants urbains. Le mouvement s'est peu à peu
étendu aux pays voisins de l'Allemagne. L'Amérique est atteinte
en 1900 lorsqu'Alphonse Desjardins crée au
Québec les premières coopératives de crédit. Du
Québec, le mouvement va rapidement se propager dans les provinces
anglophones du Canada et atteindre les Etats-Unis en 1909 sous le nom d'Unions
de Crédit (Crédit Unions).
C'est au Professeur Muhammad
Yunus13 que nous devons l'acceptation actuelle de la
microfinance qui tient d'outil de développement ou tout au moins
d'intégration économique et sociale des couches
défavorisées. A la faveur des travaux pratiques avec ses
étudiants sur les théories de l'investissement, ce brillant
économiste bangladais découvre l'extrême indigence
financière de ses concitoyens fabricants de tabourets en bambou, n'ont
aucun moyen de constituer des stocks de matières premières. Leurs
besoins en crédit est pourtant infime : 27 dollars en tout pour 42
paysans qui ne peuvent avoir accès aux banques. Leur ayant
prêté cette somme de sa poche, il peut découvrir combien
leur activité gagne en plus-value tout en générant de
nouveaux emplois lorsqu'ils peuvent acheter d'avance la matière
première, échappant ainsi aux fluctuations importantes des prix.
Il va formaliser cette expérience en créant en 1976 la
Grameen Bank qui propose des prêts aux populations
pauvres du Bangladesh et dont le succès va inspirer de nombreuses autres
expériences à travers le monde.
13 Muhammad Yunus, op cité
21
2.1.2.2. Définitions et émergence de la
microfinance
2.1.2.2.1. Définitions de la
microfinance
Mot composé, constitué de deux termes
clés, la microfinance pourrait être entendue dans l'esprit du
dictionnaire Le Petit Robert selon le sens de chacune de ses composantes. Tout
d'abord, Micro dérivé du mot grec Mikros qui signifie petit
(c'est un préfixe qui indique la division par un million de
l'unité dont il précède le nom), et Finance qui signifie
ressources pécuniaires. On pourrait donc sans doute de se tromper dire
que la microfinance n'est rien d'autre que le financement par de très
petites sommes d'argent.
Pour cela, le concept de microfinance est un terme nouveau
dans la littérature économique destinée aux pays en
développement. D'après l'OCDE, « la
microfinance vise l'accès au financement de petits projets,
portés par des personnes marginalisées qui aspirent à
créer leur propre emploi, souvent par défaut d'autres
perspectives professionnelles et parce que l'accès aux sources
traditionnelles leur est refusé ».
Le CGAP14 définit la
microfinance à son tour comme « la fourniture d'un ensemble de
produits financiers à tous ceux qui sont exclus du système
financier classique ou formel ».
Le bureau international du travail BIT (2005)
précise que « la microfinance est un moyen d'action, pas
une panacée. Son impact est optimal lorsqu'elle est associée
à d'autres interventions telle que les politiques monétaires,
budgétaires et du travail, le développement du marché,
l'amélioration de l'infrastructure institutionnelle et la mise en valeur
des ressources humaines ».
Les Nations Unies (2006), à travers la
vision des secteurs financiers accessibles à tous, affirment que :
« l'accès à un système financier qui fonctionne bien
peut émanciper des personnes, en particulier des pauvres, sur le plan
économique et social, leur permettant ainsi de mieux s'intégrer
à l'économie de leur pays, de contribuer à son
développement et de se prémunir contre les chocs
économiques ».
14 Consultative Group to Assist the Poor (CGAP) est un
consortium crée en 1995, dont le siège est à la banque
mondiale, et qui réunit de nombreux bailleurs de fonds (33 organismes de
développement publiques et privé en 2005 ayant pour objectif
prioritaire l'extension de la microfinance à travers le monde. (
www.cgap.org)
22
Servet (2006) retient trois critères
principaux de définition de la microfinance contemporaine « Le
faible montant des opérations, la proximité non seulement
spatiale mais aussi mentale et sociale entre l'organisation et sa population
cible, et la pauvreté supposée des clients ou des membres ou
l'exclusion qu'ils ou elles subissent ».
Pour Lelart (2005), la microfinance est
définie comme étant « un petit crédit, d'un montant
peu élevé, sensiblement inférieur au crédit qu'une
entreprise ou un ménage peut solliciter d'une banque. Ce crédit
est demandé par des personnes qui disposent d'un revenu relativement
bas. Il est souvent demandé pour développer une activité
génératrice de revenus, qu'il s'agisse d'une ancienne
activité que l'on voudrait étendre ou d'une nouvelle que l'on
voudrait créer ».
Barboza et Bareto (2006), écrivent que
« le microcrédit est une alternative financière, pour les
gens de la plus faible tranche de distribution du revenu, qui permet de
promouvoir le développement économique en rompant le cercle de la
pauvreté à travers l'accès au crédit et en
stimulant l'entreprenariat ».
Pour diversifier les définitions, Soulama
(2005), donne à la microfinance une définition: de
nature quantitative cherchant à caractériser la microfinance par
la taille des transactions ; de nature plus institutionnelle qui voit dans la
microfinance des modalités d'économie d'échange ; au sens
large qui pousse la microfinance au delà des frontières stricte
de la finance ; et enfin une définition normative qui conçoit les
IMF comme des alternatives aux échecs de marché dans le domaine
spécifique du financement des petites et micro activités
productives.
En définitive, on remarque que la microfinance loin
d'être un instrument financier, est un moteur de financement des
activités des plus pauvres, exclus du système financier
traditionnel ou formel.
2.1.2.2.2. Emergence de la microfinance
Les formes de financements semi formels sont nées
à la suite des échecs
de nombreuses institutions publiques de crédit
subventionnées des pays en développement dans leurs politiques
intervenues pour pallier aux imperfections du marché, et aussi dans une
tentative d'évincer les formes de financements informels. On peut alors
aborder les institutions financières semi formelles en quatre points
(De Briey, 2005) :
23
+ Ce sont des coopératives et mutuelles
d'épargne et de crédit, crées à partir d'un
modèle qui date plus d'un siècle en Europe et au Canada pour
lutter contre l'usure et proposer aux paysans des crédits à des
taux bon marché.
+ Ce sont les caisses villageoises, dont les premières
caisses d'épargne se sont développées au Québec
sous le nom de caisses des Jardins, (1854-1920) ou « banques
villageoises» pour certains afin de désigner des dispositifs locaux
assez similaires.
+ Ce sont les expériences de crédits directs
gérés par des ONG locales, et financés par des
organisations étrangères. Ces institutions se sont
inspirées des pratiques de la finance informelle dans le but de
réduire les problèmes de risque. La méthodologie des
groupes de caution solidaire est l'exemple appliqué par les tontines
dans les pays en développement.
+ Ce sont enfin les projets à volet crédit
puisque des mesures d'accompagnement justifient l'octroi de crédit pour
les micros entrepreneurs, tels que les domaines de la formation, de la gestion
etc....
Selon Servet (2006), il est possible de
distinguer trois décennies d'expansion de la microfinance :
+ La première (1975-1985) est celle de
l'émergence des organisations modernes de microfinance telle que Grameen
Bank.
+ La deuxième décennie (1985-1995) est celle
où un grand nombre des institutions les plus connues ont vu le jour (BRI
en Indonésie et Bancosol en Bolivie) et ayant établi des liens
avec les banques commerciales tout en atteignant une taille considérable
de clients.
+ La troisième décennie (1995-2005)15
se caractérise par l'intégration de la microfinance dans les
programmes de développement économique par la
prolifération des modèles, avec une forte tension et entre
l'objectif de lutte contre la pauvreté et celui de la viabilité
financière des organisations.
Le 18 novembre 2004, et à travers son discours, l'ex
Secrétaire Général des Nations Unies Kofi Annan
à expliqué que : « L'accès durable au
microcrédit contribue à atténuer la pauvreté, en
générant des revenus, en créant des emplois, en donnant la
possibilité aux enfants d'aller à l'école, en permettant
aux familles d'obtenir
15 L'année 2005 a été reconnue comme
année internationale du microcrédit
24
des soins médicaux et en donnant aux populations de
faire les choix qui répondent le mieux à leurs besoins ».
2.2. Revue de la littérature
Cette section vise à présenter une revue de la
littérature ; tant sur des travaux théoriques que sur des travaux
empiriques, et qui va nous permettre de mieux comprendre notre analyse.
2.2.1. Revue des travaux théoriques
Nous allons présenter d'une part les théories en
rapport avec la microfinance, et d'autre part les théories avec la
pauvreté.
2.2.1.1. Les fondements théoriques liés
à la microfinance
Les systèmes financiers des pays en
développement sont très spécifiques. Dès le
début des années soixante dix, Mackinnon (1973)
et Shaw (1973)16 insistent sur la
contribution essentielle du secteur financier au développement
économique. L'idée de base adoptée est qu'une
libéralisation du secteur financier contrecarrait une politique de
répression financière.
2.2.1.1.1. La théorie de la répression
financière
La théorie de la répression financière
propose une première approche de l'efficacité des IMF
comparées aux institutions financières classiques. Elle explique
pour cela la notion de l'efficacité productive ; la persistance du
rationnement de crédit en microfinance ; et les préalables
macroéconomiques : institutionnalisation impliquant
règlementation et supervision.
La répression financière est définie par
« la distribution du crédit à travers un
système bancaire étatisé conduit à une allocation
de ressources non effectuées sur des critères purement
économiques (comparaison du taux d'intérêt débiteur
et de la rentabilité des projets) ».
Le concept de la répression financière introduit
dans les écrits de Mackinnon et Shaw et prolongé
par Fry (1982)17, fait référence
à une économie dont le fonctionnement du système financier
est profondément réprimé par une politique des pouvoirs
publics par
:
16 Cité par Fréderic Mishkin et
al (2010), « Monnaie, Banque et Marchés financiers »,
9e édition, Nouveaux Horizons-ARS, Paris.
17 Cité par F. Mishkin et al (2010), op
cite.
25
+ Le plafonnement des taux d'intérêt.
+ Les crédits dirigés par des règles
préétablies + Les taux élevés des réserves
obligatoires.
Plus largement, le régime de la répression
financière se caractérise par les points suivants :
+ La faiblesse des ressources collectées par le
système financier dû en grande partie aux faibles taux
d'intérêt, et avec quasi absence du marché financier.
+ L'allocation non optimale des ressources, notamment la
politique de crédit en raison des niveaux élevés des
réserves obligatoires imposées.
+ L'inefficacité des systèmes
d'intermédiation financière caractérisés par la
faiblesse de la concurrence entre ses composantes.
Selon Servet (2006), pour que les
hypothèses de la répression financière soient
validées, trois conditions sont nécessaires :
+ Il faudrait qu'il ait une forte étanchéité
entre organisations formelles et informelles.
+ Il faudrait que le taux de participation des
différentes catégories de la population aux pratiques informelles
soit inversement proportionnel à leur capacité d'accès aux
institutions formelles.
+ Il faudrait enfin que les pays dont les systèmes
financiers formels sont fortement réglementés connaissent un
degré de développement des pratiques financières
informelles plus élevé que les pays aux institutions moins
réglementées.
En fait, la répression financière aboutit à
un dualisme financier dans les
PED, pratiquant le principe du rationnement de crédit
entre le secteur financier officiel et un marché informel qui
regroupe toutes les transactions financières (emprunts et
dépôts) qui ne sont pas réglementées.
2.2.1.1.2. La théorie des coûts de
transaction
La théorie des coûts de transaction enrichit
l'analyse de l'efficacité et aborde des notions telles que les
économies d'échelle, les effets de synergie entre deux ou
plusieurs institutions.
Le concept de coût de transaction apparait pour la
première fois en 1937 dans
26
l'article de Ronald Coase, « The Nature
of the Firm ». C'est cependant Oliver Williamson (Prix
Nobel 2009) qui est considéré comme le fondateur de ce courant
théorique18. La théorie des coûts de transaction
postule que les agents ne sont dotés que d'une rationalité
limitée (concept que l'on doit à Herbert Simon)
tout en se comportant de manière opportuniste. Le point de départ
de Williamson et de la théorie des coûts de
transaction est de postuler que toute transaction économique engendre
des coûts préalables à leur réalisation :
coûts liés à la recherche d'informations, aux
défaillances du marché , à la prévention de
l'opportunisme des autres agents etc. Ainsi, certaines transactions se
déroulant sur le marché peuvent engendrer des coûts de
transaction très importants. Dès lors, les agents
économiques peuvent être amenés à rechercher des
arrangements institutionnels alternatifs permettant de minimiser ces
coûts.
Les coûts de transaction, c'est-à-dire le temps
et l'argent dépensés pour réaliser les transactions
financières, sont un problème majeur pour les gens qui ont de
l'argent à prêter. Même si quelqu'un qui connait un
entrepreneur qui veut lancer une entreprise, et souhaite lui prêter de
l'argent, doit pour se protéger contre toute éventualité
payer un juriste pour rédiger le contrat de prêt et
préciser les conditions de paiements des intérêts et du
remboursement. Si le montant de prêt est peu élevé, le
paiement de ce spécialiste risque de lui coûter plus cher que tous
les intérêts qu'il ne pourra jamais obtenir, de sorte que le
prêt peut ne pas être réalisé.
2.2.1.1.3. La théorie d'agence ou théorie
principal-agent
La relation d'agence peut être définie comme une
relation au cours de laquelle une ou plusieurs personnes (le principal)
engagent une ou plusieurs autres personnes (les agents) pour exécuter en
leur nom une tâche qui implique la délégation d'un certain
pouvoir de décision de ces derniers (Jensen et Meckling,
1976)19. Partant de cette définition, on retient que
toute relation d'agence donne parfois lieu à une asymétrie de
l'information entre les individus à travers soit le risque moral ; soit
la sélection adverse.
L'asymétrie de l'information peut être à
l'origine de comportements conduisant à des rigidités des
quantités et des prix, au déséquilibre, voire à la
disparition du marché (G. Akerloff, 1970)20.
On suppose qu'un des agents, le prêteur ou l'emprunteur, dispose d'une
information privée qui n'est pas totalement transmise aux prix des
actifs sur le marché et
18 D'après l'encyclopédie libre
Wikipédia, lu le 08 Août 2013
19 Cité par Smahi Ahmed, 2010
20 G.Akerloff, 1970, cité par L. Nembot
Deffo (2012) ; Cours d' Intermédiation bancaire, niveau 5,
banque-monnaie-finance, Université de Dschang.
27
qu'il peut exploiter aux dépens de l'autre.
+ Le risque moral ou aléa
moral qui peut être défini de deux manières
à savoir : le risque moral ex ante qui regroupe toutes les
actions de l'emprunteur qui ne peuvent pas être observables par le
prêteur une fois le prêt obtenu, mais avant que le rendement soit
réalisé, et le risque moral ex post qui regroupe toutes
les actions de l'emprunteur une fois le rendement du prêt obtenu.
+ La sélection adverse ou
anti-sélection qui se présente dans la situation
où des emprunteurs détiennent des renseignements qui leur
permettent d'obtenir des prêts qui leur sont favorables et qui
défavorisent la banque ou l'IMF.
2.2.1.1.3. Les débats entre deux approches en
microfinance
Morduch (1998) distingue deux principaux
approches en microfinance qui sont : l'approche welfariste et l'approche
institutionnaliste. Les tenants de ces deux approches s'entendent sur
l'objectif général de la microfinance, à savoir la
réduction de la pauvreté à travers l'apport des services
financiers à une clientèle pauvre, mais s'opposent
néanmoins sur un nombre important d'enjeux s'y rattachant.
2.2.1.1.3.1. L'approche institutionnaliste
Cette approche vise la création d'institutions
financières vouées à servir des clients qui ne sont pas
servis ou qui le sont insuffisamment par le système financier formel.
Elle vise la création d'un système parallèle
d'intermédiation financière viable qui servirait les pauvres. La
thèse des institutionnalistes repose sur l'idée que le
microcrédit, aussi efficace soit-il, ne fera jamais de véritable
différence sur le niveau général de pauvreté dans
le monde si ses opérations dépendent du financement des donneurs.
Pour les partisans de cette approche, et afin d'assurer une autonomie
financière des IMF, et couvrir les coûts, l'approche commerciale
est inévitable. Ils estiment aussi que si une IMF augmente sa
clientèle et enregistre des taux de remboursement, elle couvre ses
coûts et ne dépend plus de subventions.
Selon les institutionnalistes, d'une part, la priorité
doit être l'atteinte du plus grand nombre de pauvres possible et non pas
l'atteinte des populations les plus pauvres : les IMF ne pourront aspirer
à l'autosuffisance financière que dans la mesure où
l'étendue de leurs opérations permettra certaines
économies d'échelles. D'autre part, le ciblage des populations
très pauvres est coûteux tout comme les opérations de
prêts à cette clientèle qui nécessitent l'octroi
d'un plus grand nombre de plus petits prêts.
28
2.2.1.1.3.2. L'approche welfariste
C'est vers 1998 que la réplique de ceux qui
s'appelleront dorénavant les welfaristes s'organise. Leur position
s'articule autour des écrits de Jonathan Morduch (1998;
1999; 2000) et de Gary Woller, Christopher Dunford
et Warner Woodworth (1999), plus tard suivi par
d'autres tel John Hatch, fondateur de FINCA International
ou Anton Simanowitz (2002) directeur de Imp-Act, un consortium
visant la promotion de la performance sociale des IMF (Dugas-Iregui.S.
S, 2007)21. La démarche entreprise est que ces
welfaristes mettent l'accent sur le niveau de pauvreté des populations
ciblées et concentrent leurs efforts sur l'amélioration à
court terme des conditions de vie de leurs clients si ceux-ci demandent un
recours supplémentaire de subventions. Ainsi, les tenants de cette
approche se réfèrent à la qualité des donateurs,
pour ainsi argumenter leur position, en considérant que ces
investisseurs sociaux qui contribuent aux subventions des IMF ne sont pas
nécessairement attirés par les profits, mais plutôt sont
motivés par l'objectif de réduire la pauvreté.
Dans le même ordre d'idée, la vision de cette
approche dite de « bien être » ou en justifiant leur position
vis-à-vis des subventions : « moins intéressé par
l'activité bancaire en soi que par l'utilisation de services financiers
comme moyen d'alléger directement les pires effets de la pauvreté
profonde chez les participants et la communauté, même si certains
de ces services requièrent des subventions. Leur objectif tend à
être l'auto-emploi des plus pauvres économiquement actifs, en
particulier les femmes (...) le centre d'attention de la famille ».
(Woller et al, 1999)22.
Parmi les spécificités, une microfinance
subventionnée est d'aller en profondeur en termes de (budget et de
technique) dans le but d'évaluer régulièrement l'impact du
microcrédit sur ses clients. De toute évidence, cette
évaluation permet d'analyser les contraintes des clients et leurs
raisons de succès, éventuellement l'échec ou les cas
d'abandons de certains d'entre eux concernés par le programme de
microfinance.
En accordant un intérêt à la profondeur et
au degré de la portée de la microfinance (depth of outreach),
cette approche maximaliste opère d'un point de vue
d'équité sociale ayant pour objectif de soulager le fardeau de la
pauvreté, et l'efficacité économique n'est pas
visée proprement dit, tout en s'interrogeant non pas sur la question du
nombre de
21 Dugas-Iregui.S:«Débat entre institutionnalistes et
welfaristes en microfinance», collaboration spéciale, Nov. 2007.
22 Dugas-Iregui.S., 2007, op cité.
clients atteints, mais sur le type de clients ciblés et
tous les éléments relatifs à l'inadéquation entre
les besoins exprimés et les services offerts.
Le défit actuel des programmes de microcrédit,
d'où la microfinance au sens élargi, consiste à trouver un
juste équilibre ou arbitrage entre une rentabilité
financière satisfaisante et le maintien de la mission sociale. Il serait
juger souhaitable de relever que l'avenir de la microfinance se situe justement
à l'intersection de ces deux approches qu'il est utile de mettre
ensemble. Cette combinaison des bénéfices financiers et impact
social est projetée du fait que les donateurs sont avant tout soucieux
d'un engagement social et les investisseurs privés sont principalement
motivés par les avantages financiers issus de leurs placements.
Toutefois, il serait possible de mettre en relief ces deux
approches et leurs implications à travers la figure 2 ci-dessous.
Figure 2: Fonctionnement des approches
Welfariste et Institutionnaliste
Source : Ayayi et Noel, 2007
29
30
2.2.1.2. Les fondements théoriques liés
à la pauvreté
2.2.1.2.1. L'avènement des écoles sur la
pauvreté
La pauvreté, abordée suivant différentes
approches, fait l'objet de plusieurs tendances issues des trois principales
écoles : l'école welfariste, l'école des besoins de base
et l'école des capacités.
2.2.1.2.1.1. L'école welfariste
Dans cette approche, le bien être est
déterminé par le revenu disponible (composante purement
monétaire) permettant à l'individu de consommer.
A partir de cette consommation, il obtiendra une satisfaction,
une préférence, et en fonction du classement de ses
préférences, l'individu exprimera son utilité. Ainsi, le
bien être est défini par le niveau d'utilité qu'atteint un
individu, quels que soient ses choix individuels23. En parlant
d'utilité, elle est conçue comme un état mental, tel que
le bonheur, le plaisir ou la satisfaction du désir procuré
à une personne par la consommation de bien et service.
Un exemple de définition donné par cette
école est : « La pauvreté existe dans une
société donnée lorsqu'une ou plusieurs personnes
n'atteignent pas un niveau de bien être économique
considéré comme un minimum raisonnable par les normes de cette
société »24. Cette approche welfariste est
restrictive du fait qu'elle ne tient pas en compte des difficultés
d'accès aux besoins de base. Néanmoins, elle est couramment
utilisée par les économistes qui mettent
généralement l'accent sur la consommation réelle et des
services matériels.
2.2.1.2.1.2. L'école des besoins de base
Streeten et al (1981) considèrent que
les besoins de base peuvent être interprétés en termes de
quantités minimales spécifiques pour la nourriture, abri, eau et
assainissement qui sont nécessaires à la prévention de la
maladie et la sous alimentation.
23Sylvain Lariviére & al,
op.cité, 1997, p
06.
24 Michael Lipton & Martin Ravallion,
« Poverty and policy » ,chapter 41 in Handbook of development
Economics, volume III. Edited by J. Behrman and T.N. Srinivasan, Elsevier
Science, 1995 , P.2553 in Louis- Marie Asselin & Anyck Dauphin , «
Poverty Measurement A conceptual Framework » , Canadien Center For
International Studies And Cooperation CECI , January 2001 , P.21 .
31
Herrin (1997) met l'accent sur le concept de
besoins de base en précisant que « les besoins de base ne sont pas
un concept de bien être ». Pour être spécifique,
l'approche des besoins de base est caractérisée par une vision
sociale plus large et se penche sur les opportunités des personnes en
termes d'accès aux ressources et de consommation potentielle.
Cette école privilégie un certain nombre de
biens jugés nécessaires, sans toutefois tenir compte des besoins
individuels. L'appréhension de la pauvreté se définit par
un petit sous ensemble des biens et services spécifiquement
identifiés et perçus comme rencontrant les besoins de base de
tous les êtres humains. Ils sont dits « de base » car leur
satisfaction est considérée comme un préalable à
l'atteinte d'une certaine qualité de vie (Asselin
L-M. et Anyck D,
2000).
Dans un contexte de commodités de base, l'un des
principaux problèmes auquel
se confronte cette approche, est la détermination
même des besoins de base.
A noter que cette approche est à l'origine du concept
de l'indice de développement humain ( IDH), élaboré,
mesuré et publié par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le
Développement).
2.2.1.2.1.3. L'école des capacités ou
capabilités
Pour cette école, l'appréhension de la
pauvreté ne se fait ni à travers l'utilité et la
satisfaction de besoins mais à travers des habilités ou
capacités humaines, « la valeur de la vie d'une personne
dépend en fait d'un ensemble de façons d'être et de faire,
qu'elle regroupe sous le terme général de fonctionnement »
(Asselin
L-M. et Anyck D,
2000).
Le principal maître d'oeuvre de cette école,
Amartya Sen(1995) a eu une vision plus vaste :
développer une nouvelle conception de ce qui a de la valeur pour
l'humain. Sen évoque également l'espace
intermédiaire entre celui des ressources ou moyens et celui des
accomplissements, à savoir l'espace des libertés. Celui-ci
consiste en un ensemble de capacités spécifiques définies
en références à des types d'accomplissements
appelés « fonctionnements». Cette notion de fonctionnements
décrit le type d'effet attendu à partir des
capacités25.
Soulignons, ici encore, la confirmation de Sen (1999)
que « la capacité
25 Fréquemment, on utilise la traduction de Capabilities
par « capabilités », mais on préfère le terme
« Capacité »
pour son utilisation dans la majorité des ouvrages
bibliographiques.
32
d'une personne définit les différentes
combinaisons de fonctionnements qu'il lui est possible de mettre en
oeuvre».
Dans ce sens, Bertin (2003) considère
que cette approche intègre des composantes sociales, tout en
considérant que l'homogénéité des individus et des
situations est une limite flagrante quant à l'approche utilitariste.
Ainsi, pour présenter de façon
synthétique les liens entre les trois principales écoles
suscitées, la figure 3 est élaborée sous forme d'une
pyramide avec illustration des éléments qui contribuent au bien
être.
Figure 3: Dimensions du bien être et de la
pauvreté
Source : Programme des Nations Unies pour le
Développement (2007)
Les interactions entre ces trois approches sont
déterminées par des flèches et à titre d'exemple,
le fait d'avoir les capacités à se nourrir adéquatement
est lié à une certaine satisfaction du besoin essentiel en
l'occurrence être nourri adéquatement. Dans le même sens, le
fait de satisfaire les besoins essentiels et d'avoir les capacités
procurent ainsi ce qu'on appelle l'utilité.
33
2.2.2. Revue des travaux empiriques
Depuis le début de son expansion vers les années
70, le secteur de la microfinance a fait l'objet d'une attention
particulière de la part de la communauté scientifique. C'est
ainsi qu'il faut comprendre les écrits relativement importants qui
traitent du sujet, lesquels écrits ont trouvé à travers le
contexte d'aggravation de la pauvreté, un terreau fertile pour exploiter
les champs en friche du « secteur financier pour les pauvres ».
Des premières études d'impact ont
été effectuées par Hulme et Mosley
(1996). Ces études rassemblent les études d'impact de
treize IMF intervenant dans sept pays (l'Indonésie, le Kenya, la
Bolivie, le Malawi, Bangladesh, l'Inde et le Sri Lanka) entre 1989 et 1993. Les
deux auteurs ont constaté non seulement que l'octroi de ces
crédits avait eu un impact positif sur le revenu des emprunteurs
pauvres, mais cet impact était d'autant plus important si les IMF
centrent leur action sur les emprunteurs juste au-dessus du seuil de
pauvreté qui sollicitent des prêts de promotion. (CGAP, 1997).
Cela est dû au fait que les emprunteurs très pauvres cherchent
à assurer leur subsistance à travers des prêts de faible
montant et non pour investir dans une activité économique,
acquérir du capital ou recruter de la main d'oeuvre.
Selon Hulme (1997), les recherches sur les
études de l'impact du microcrédit quand à
l'amélioration des conditions de vie des pauvres sont
toujours partielles et contestées.
Pitt et Khandker (1998) ont mesuré
l'impact de groupe basé sur des programmes de prêts au Bangladesh,
en appliquant un modèle quasi-expérimental de 1991-1992 et ont
constaté que les programmes avaient un effet positif et statistiquement
significatif sur la consommation des ménages. Cette constatation est
confirmée par Khandker (1998) selon laquelle «
l'impact le plus important du microcrédit est son impact sur les
dépenses de consommation en faveur du ménage ».
En poussant davantage l'analyse, les auteurs montrent que les
ménages à la fois pauvres et vulnérables ne sont pas
touchés par l'intervention des IMF dans le village le plus pauvre.
Duflos et al (2009) estiment que l'impact
réel de la microfinance sur les
34
conditions de vie des clients est encore relativement mal
évalué puisqu'il s'avère difficile de trouver un juste
équilibre entre performances financières (pérennisation)
et enjeux sociaux (lutter contre la pauvreté et l'exclusion).
Toutes ces études ont révélé trois
problèmes conceptuels :
· La fongibilité du crédit renvoie
à la difficulté qui apparaît lorsque l'on veut calculer le
taux de rentabilité des investissements réalisés par les
micro-entrepreneurs.
· L'attribution de l'impact revient à se poser la
question suivante : dans quelle mesure une amélioration de la situation
d'un client est-elle réellement imputable au crédit
accordé par l'IMF.
· Le biais de la sélection fait
référence au fait que l'implantation des programmes de
microfinance n'est jamais faite au hasard.
D'après Guérin (2002), cette
étude met en évidence une très forte corrélation
entre les niveaux de revenus initiaux des emprunteurs et l'augmentation de
revenu induite par le crédit, c'est-à-dire que plus les personnes
se situent en dessous du seuil de pauvreté, et plus les revenus
générés sont faibles, voire négatifs, les personnes
ayant été contraintes de s'endetter pour rembourser. Par exemple,
Diagne et Zeller (2001), dans une même étude,
n'ont pas trouvé d'incidence statistiquement significative du
microcrédit sur le revenu des ménages ruraux au Malawi.
Dans un autre document, Khandker (2003) a
trouvé que la microfinance apporte des avantages pour les plus pauvres,
réduisant ainsi de manière significative la pauvreté au
Bangladesh.
Le microcrédit est pour Jean-Michel
Servet26 (2006) un outil qui permet d'attirer l'attention
sur les exclus des services financiers dans un monde qui se financiarise. Il
sert à améliorer le budget des familles ou à stabiliser
des activités professionnelles, pas forcément à des
investissements productifs. Pour lui, le vrai moteur de la croissance, donc du
développement c'est l'emploi salarié, pas l'entrepreneur
pauvre.
La médiatisation apportée au succès des
taux de remboursement en microfinance fait l'objet de plusieurs travaux
empiriques récents qui se sont attachés à isoler l'effet
sur le taux de remboursement de certaines caractéristiques des produits
de microfinance. Ainsi,
26 Jean-Michel Servet, professeur
d'économie à l'Institut du développement de
Genève.
35
à travers leur étude Gine et Alii (2006)
évaluent l'effet de la garantie solidaire sur les taux de
remboursement grâce à une expérience menée en
collaboration avec une IMF aux Philippines. L'expérience consistait
à proposer un crédit avec garantie individuelle à une
partie (sélectionnée de façon aléatoire) d'un
groupe de clients anciens faisant une demande de renouvellement, l'autre partie
du groupe recevant un crédit en conservant la garantie solidaire.
À la fin de l'expérience, les différences de remboursement
entre les deux groupes pouvaient être ainsi attribuées au type de
garantie proposée. Après trois ans, les taux de remboursement
sont similaires entre les deux groupes ; cela tendrait à montrer que la
garantie solidaire n'a donc pas l'effet de contrôle « pur »
dont on l'a souvent gratifiée.
De la même manière, une étude
menée par Pande et Field (2008) en Inde, montre que la
périodicité des remboursements n'a pas non plus d'effet sur le
taux de remboursement. Dans cette étude, certains clients
sélectionnés aléatoirement reçoivent un
crédit avec une durée de remboursement mensuelle alors que les
autres obtiennent un crédit avec une période de remboursement
hebdomadaire. Les clients qui ont des échéances mensuelles
remboursent aussi bien que ceux qui ont des échéances
hebdomadaires.
Maria Otero27 (2000),
soutient que la microfinance contribue à la lutte contre la
pauvreté en favorisant l'accès des ménages pauvres ou
à faibles revenus aux services financiers, elle crée les
conditions d'accès durable au capital productif et renforce la
dignité des populations pauvres et leur capacité à
participer au développement économique et social.
Pour Jacques Attali28 (2005), la
microfinance est un des piliers du développement au côté de
trois autres piliers (la démocratie, l'éducation, les
infrastructures) et elle est un instrument clé pour la mise en place de
stratégies efficaces de lutte contre la pauvreté.
La microfinance est, selon Muhammad Yunus
(2006) un outil incontournable dans la lutte contre la
pauvreté; notamment contre «l'apartheid bancaire». On ne peut
pas envisager la microfinance comme un simple outil de mise des services
financiers pour certains segments de la population. Il faut plutôt
l'envisager comme un élément de changement social au sens large,
que l'on évalue par la participation des femmes dans la
27 Maria Otero vice- présidente d'ACCION
International, Lu dans l'encyclopédie libre
www.fr.wikipedia.org le 31
Août 2013
28 Jacques Attali, Président de PlaNet
Finance, Lu dans encyclopédie libre, op cite
36
société, la qualité de vie des
populations marginalisées, ou encore la dynamique de la
société civile locale. La pauvreté que la microfinance
veut combattre n'est pas celle définie par la vision classique de
revenus extrêmement faibles. Il s'agit plutôt d'une pauvreté
multidimensionnelle touchant non seulement les revenus et les biens d'une
personne, mais également ses capacités à mener la vie
qu'elle souhaite mener. En ce sens, la pauvreté représente une
capacité limitée d'accès et de prise de décision
par rapport aux biens, aux services et aux ressources dans des domaines aussi
divers que la production, l'investissement et la santé.
CONCLUSION
Tout au long de ce chapitre, nous avons abordé en
large les notions de pauvreté et de microfinance. Après avoir
élucidé ces concepts, afin de mieux les appréhender, il a
été question pour nous d'exposer sur leurs contenus et montrer la
pertinence que rencontrent de nombreux auteurs dans la définition du
microcrédit comme un moyen de lutte contre la pauvreté.
L)t ~~~~~~~~~~~~ c-D~9\rS L 94O~~cE r
M) C~1~tO~~
~~~~~~~~ 3
~~~~~~~~~ ~~ ~~ q~~1qE~~ cr ~ct
37
38
3.1. La pauvreté dans le monde
Avant d'examiner l'état de la pauvreté à
l'heure actuelle, nous aborderons une revue de l'état de pauvreté
dans le monde depuis l'année 1820.
La lecture du tableau 1 montre qu'il y'a presque deux
siècles, 94.4 % de la population mondiale vivaient dans la
pauvreté et 83.9% vivaient dans l'extrême pauvreté au lieu
de 23.7% en 1992.
Tableau 1: La pauvreté de 1820 à
1992 avec prévision en 2015
|
1820
|
1870
|
1910
|
1950
|
1970
|
1990
|
1991
|
1992
|
2015
|
pourcentage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
- De pauvres
|
94,4
|
89,6
|
82,4
|
71,9
|
60,1
|
58,8
|
54,7
|
51,3
|
43,3
|
- De très pauvres
|
83,9
|
75,4
|
65,6
|
54,8
|
35,6
|
29
|
22,7
|
23.7
|
12,3
|
Effectifs(en million)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
- De pauvres
|
997
|
1134
|
1416
|
1805
|
2200
|
2718
|
2777
|
2800
|
2230
|
- De très pauvres
|
886
|
954
|
1127
|
1376
|
1304
|
1276
|
1151
|
1293
|
753
|
|
Source : Bourguignon et Morrison (2002)
On constate aussi que le nombre de pauvres a presque
triplé depuis 1820 et augmenté de moitié depuis 1950, et
comme la population mondiale a été multipliée par six
depuis 1820, les pauvres sont plus nombreux, par contre leur pourcentage ne
cesse de baisser par rapport à l'accroissement de la population. Les
seuils pris en compte pour ces calculs sont le seuil d'un dollars et deux
dollars par jour. Ce n'est que récemment que la banque mondiale a
donné de nouvelles estimations en se basant sur le programme
PCI29 qui à été instauré en 2005.
Pour cet organisme onusien, le nombre de personnes pauvres
vivant dans les pays en développement a été revu à
la hausse pour atteindre 1,4 milliard (25,7 % de la population) en 2005,
basé sur le nouveau seuil de 1,25 dollar par jour au prix de 2005 contre
environ 1 milliard en 2004, basé sur l'ancien seuil de pauvreté
fixé à 1 dollar par jour aux prix de 1993. Le tableau (3.2)
suivant nous donne un aperçu général sur la
répartition régionale de l'état d'extrême
pauvreté et pauvreté dans les pays en développement
29 Programme de comparaison Internationale
39
Tableau 2: Estimations régionales de la
pauvreté (Seuil de pauvreté de 1.25 $/ jour)
Nombre : en million
|
|
1981
|
1984
|
1987
|
1990
|
1993
|
1996
|
1999
|
2002
|
2005
|
Asie d'Est et Pacifique
|
Nombre
|
1071
|
947
|
822
|
873
|
845
|
622
|
635
|
507
|
316
|
|
77,7
|
65,5
|
54,2
|
54,7
|
50,8
|
36,0
|
35,5
|
27,6
|
16,8
|
Chine
|
Nombre
|
835
|
720
|
586
|
683
|
633
|
443
|
447
|
363
|
202
|
|
84,0
|
69,4
|
54,2
|
60,2
|
53,7
|
36,4
|
35,6
|
28,4
|
15,9
|
Europe et Asie centrale
|
Nombre
|
7
|
6
|
5
|
9
|
20
|
22
|
24
|
22
|
17
|
|
1,7
|
1,3
|
1,1
|
2,0
|
4,3
|
4,6
|
5,1
|
4,6
|
3,7
|
Moyen Orient et Af du Nord
|
Nombre
|
14
|
12
|
12
|
10
|
10
|
11
|
12
|
10
|
11
|
|
7,9
|
6,1
|
5,7
|
4,3
|
4,1
|
4,1
|
4,2
|
3,6
|
3,6
|
Asie du Sud
|
Nombre
|
548
|
548
|
559
|
579
|
559
|
594
|
589
|
615
|
596
|
|
59,4
|
55,6
|
54,2
|
51,7
|
46,9
|
47,1
|
44,1
|
43,8
|
40,3
|
Inde
|
Nombre
|
420
|
416
|
428
|
435
|
444
|
442
|
447
|
460
|
456
|
|
59,8
|
55,5
|
53,6
|
51,3
|
49,4
|
46,6
|
44,8
|
43,9
|
41,6
|
Amériq Lat et Caraïbes
|
Nombre
|
47
|
59
|
57
|
50
|
47
|
53
|
55
|
57
|
45
|
|
12,9
|
15,3
|
13,7
|
11,3
|
10,1
|
10,9
|
10,9
|
10,7
|
8,2
|
Af Sub- Sahariennes
|
Nombre
|
212
|
242
|
258
|
298
|
317
|
356
|
383
|
390
|
388
|
|
53,4
|
55,8
|
54,5
|
57,6
|
56,9
|
58,8
|
58,4
|
55,0
|
50,9
|
Total
|
Nombre
|
1900
|
1814
|
1723
|
1818
|
1709
|
1658
|
1698
|
1601
|
1374
|
|
51,9
|
46,7
|
41,9
|
41,7
|
39,2
|
34,5
|
33,7
|
30,5
|
26,2
|
|
Source: World Bank* Chen et Ravallion, 2008
La lecture du tableau 2 fait ressortir un premier constat
lequel entre 1981 et 2005, la proportion des personnes vivant dans les pays en
développement avec moins de 1,25
dollar par jour a diminué de moitié de 51.9
à 26.2 %. Cela équivaut à une réduction globale de
la pauvreté de 1% par an environ, qui s'est traduite par une baisse de
526 millions du nombre de personnes pauvres entre 1981 et 2005.
Le tableau fait ressortir aussi que le recul de la
pauvreté est très inégal suivant les régions. Le
nombre de pauvres a chuté en Asie de l'Est mais a augmenté
ailleurs. Cependant, durant les années 1980, l'Asie de l'Est qui avait
le taux de pauvreté le plus élevé du monde (77.7 % en
1981), a vu ce taux baissé jusqu'à 16.8 % en 2005. Le même
constat se fait pour la chine qui a vu diminuer entre 1981 et 2005, le nombre
de personnes pauvres à 633 millions.
Pour le cas de l'Afrique subsaharienne, la proportion de
personnes vivant avec moins d'1,25 dollar par jour a stagné autour de
50% entre 1981 et 2005, c'est-à-dire passant seulement de 53.4 %
à 50.9 %, et en terme absolu le nombre de personnes pauvres a presque
doublé (de 212 à 388millions).
En Asie du Sud, nous pouvons constater que le taux de
pauvreté a été ramené de 59.4 % à 40.3 %
entre 1981 et 2005, mais du fait de l'augmentation de la population, ce recul
ne s'est
40
pas traduit par une baisse du nombre de pauvres dans la
région. Ainsi, le taux de pauvreté extrême a
également baissé en Amérique latine et dans les
Caraïbes, au Proche-Orient et en Afrique du Nord durant la même
période, ceci sans qu'il ait d'incidence sur le nombre de personnes
pauvres.
En outre, malgré une hausse nette du taux de
pauvreté et du nombre de personnes pauvres en Europe de l'Est et en Asie
centrale, on observe des signes d'améliorations légères
depuis la fin des années 1990.
Pour ce qui est du seuil de pauvreté de 2$ par jour,
la proportion de personnes pauvres vivant avec moins de deux dollars par jour
(aux prix de 2005) est passée de 69.4 % en 1981 à 47 % en 2005,
avec stagnation du nombre de personnes vivant avec moins de deux dollars par
jour autour de 2,664 milliards entre 1981 et 2005. D'après les
estimations de la Banque Mondiale, le nombre de personnes ayant entre 1,25 et 2
dollars par jour pour vivre a doublé, passant de 742 millions en 1981
à 1,29 milliard en 2005 comme l'illustre le tableau 3 ci-dessous.
Tableau 3: Comparaison mondiale de la
pauvreté entre le seuil de 1,25$ par jour et le seuil de 2$ par jour en
2005(effectif en million)
1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002
2005
Seuil de
1,25$
par jour
pourcentage 51,9 46,7 41,9 41,7 39,2 34,5 33,7 30,5 26,2
effectifs 1900 1814 1723 1818 1709 1658 1698 1601 1374
effectifs 2642 2625 2646 2765 2828 2803 2875 2795 2664
pourcentage 69,4 67,7 64,3 63,4 61,6 58,3 57,1 53,3 47,0
Seuil de 2$ par jour
Source : par nos soins d'après Chen et Ravallion,
2008
3.1.1. Stratégies internationales de lutte contre
la pauvreté
Depuis les années 90, la marginalisation croissante
des pays à faible revenu dans le processus général de la
mondialisation et le creusement énorme de l'écart entre riches
et pauvres, ont incité la communauté
internationale à rechercher davantage des schémas de
coopération plus appropriés. Ce n'est qu'à partir de 1999,
que les institutions de Bretton Woods ont reconsidéré leurs
stratégies en se dotant de nouvelles stratégies de financement en
vue de réduire la pauvreté dans une optique d'amélioration
des conditions de vie des individus.
41
Les stratégies de réduction de la
pauvreté jouent aujourd'hui un rôle central dans l'aide
financière et l'appui à la réforme des politiques
économiques réalisés sous l'égide des pays en
développement, notamment ceux considérés comme pauvres.
3.1.1.1. L'IPPTE et sa mise en oeuvre
L'initiative PPTE, née en 1996 à l'occasion du
sommet du G730 et renforcée en 1999, repose sur l'idée
qu'une réduction globale de la dette est une condition nécessaire
au développement des pays les plus pauvres. Cette initiative vise
à ramener la charge globale de la dette des pays admissibles à un
niveau soutenable. Elle repose sur les principes de la base, dont la
nécessité de doter les pays considérés des moyens
de s'affranchir définitivement du cycle de
rééchelonnement. A cet effet les créanciers n'envisagent
de fournir un allègement de la dette que si le pays débiteur fait
preuve de sa capacité à faire bon usage de l'allègement
concédé. Il faut noter que cet allègement additionnel
s'inscrit dans le prolongement des dispositifs classiques de
l'allègement de la dette :
· Les rééchelonnements accordés par
les membres du Club de Paris31,
· Les annulations de dette au titre de l'aide publique au
développement (APD).
A cet effet, conçue pour renforcer le lien entre
l'allégement de la dette et la lutte contre la pauvreté, cette
initiative s'adressait d'après Massod (2002), aux pays
ayant démontré leurs capacités de mener à bonne fin
des mesures d'ajustement macroéconomique et structurel en vue de fournir
un allégement de la dette plus rapide et plus substantiel.
Le rapport mondial sur le développement humain (RMDH,
2000), énumère sept pays qui ont été admis à
bénéficier de l'aide dans le cadre de cette initiative d'une
valeur globale d'environ 03 milliards de dollars sur les 127 milliards de
dollars dus par l'ensemble des pays pauvres très endettés. En fin
juin 2008, 23 des 41 pays pauvres très endettés avaient atteint
« le point de décision » visé par l'initiative PPTE
« renforcée » pour des engagements d'allègement de la
dette qui s'élevait à plus de 34 milliards de dollars.
En 2005, d'autres initiatives sont venues s'ajouter à
l'initiative PPTE, à savoir l'initiative d'allégement de la dette
multilatérale ( IADM)32, en vue d'accélérer
30 Groupe des nations riches et
industrialisées appelé aujourd'hui G8 avec l'entrée de la
Russie
31 Etats créanciers les plus riches et
membres de l'OCDE
32 L'Initiative ADM prévoit la
possibilité d'annuler intégralement la dette restructurable
à l'égard du FMI, de l'Association internationale de
développement (IDA), de la Banque mondiale et du Fonds africain de
développement pour les pays ayant bénéficié de
l'Initiative PPTE.
42
les progrès dans la voie des objectifs du
millénaire pour le développement.
3.1.1.2. Le DSRP et la FRPC
Soucieux d'améliorer leur contribution aux efforts de
lutte contre la pauvreté déployés au plan international,
le FMI et la Banque mondiale ont adopté, fin 1999, une nouvelle
stratégie d'aide aux pays à faible revenu. Celle-ci s'articulait
pour l'essentiel en deux volets : y' les deux institutions devaient fonder les
prêts concessionnels et les allègements de dettes accordés
aux pays à faible revenu sur des Documents de stratégie pour la
réduction de la pauvreté (DSRP) préparés par les
pays eux-mêmes, et y' les prêts concessionnels du FMI devaient
être apportés dans le cadre d'un mécanisme de prêt
révisé, la Facilité pour la réduction de la
pauvreté et pour la croissance (FRPC) ; axé davantage sur la
lutte contre la pauvreté.
De 1987 à 1999, l'essentiel des prêts
concessionnels du FMI ont été accordés dans le cadre de la
Facilité d'ajustement structurel renforcée (FASR). Les
évaluations interne et externe conduites en 1997 et 1998,
respectivement, ont montré qu'un certain nombre d'obstacles limitaient
l'efficacité des programmes appuyés par ce
mécanisme33.
Une nouvelle approche de l'appui aux programmes de
réforme et d'ajustement engagés dans les pays à faible
revenu a donc été élaborée par les services de la
Banque mondiale et du FMI, puis adoptée par leurs conseils
d'administration respectifs. Elle devait s'ordonner autour de stratégies
de réduction de la pauvreté définies par les pays
eux-mêmes et énoncées dans un nouvel instrument, les
Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté
(DRSP).
Depuis l'adoption des DSRP et de la FRPC, les premiers
résultats obtenus ont fait l'objet de rapports d'étapes et de
revues internes par les services du FMI et de la Banque mondiale en 2001 et
200234. Étant donné le peu de temps
écoulé et le nombre limité de DSRP définitifs, ces
revues ont privilégié le processus suivi et l'expérience
des DSRP intérimaires.
3.1.1.3. Le financement du développement durable
Depuis les années 1972, le phénomène de
la pauvreté et la dégradation de l'environnement ont
été reconnus officiellement par la communauté
internationale qui n'a pas hésité de prendre diverses mesures
consacrées à la lutte contre la pauvreté et ceci plus
33 Voir FMI, 1998 a; FMI, 1997 et FMI, 1999 a.
34 Voir FMI 2002(a) et 2002(b); FMI et Banque mondiale, 2001,
2002(d) et 2002(d).
43
particulièrement dans les zones rurales. Dans ces zones
où vivent plus de 75% des pauvres dans les pays en voie de
développement, leurs seuls moyens de subsistance et d'emploi proviennent
en grande partie des ressources naturelles. A cet instant, la pollution
causée par les pays industrialisés, la dégradation de
l'environnement et l'épuisement des ressources naturelles se
répercutent de façon négative sur les pauvres. C'est
à cet effet que la deuxième conférence des Nations Unies
sur l'environnement tenue à Rio de Janeiro au Brésil en 1992 a
trouvé juste qu'il était du ressort des pays
industrialisés de financer les moyens permettant d'assurer un
développement durable puisque les pauvres sont les premières
victimes de la détérioration de l'environnement et de
l'écosystème sous toutes ses différentes formes.
Après une décennie de stratégies de
libéralisation qui visaient la relance des économies des pays
sous le Programme d'Ajustement Structurel, l'apparition des
performances mitigés a provoqué de nouvelles
réflexions d'interventions à l'échelle mondiale. Cet
état de fait a incité la communauté internationale
à rechercher davantage les moyens financiers adéquats pour
financer le processus du développement durable35, qui est
devenu une condition principale parmi d'autres pour atteindre les OMD d'ici
2015.
3.1.1.4. La bonne gouvernance
Le concept de bonne gouvernance a fait
apparition à la fin des années 1990. Il a été
intégré dans les conditions liées aux accords de
financements entre les institutions financières internationales et les
bailleurs de fonds d'une part, et les pays en développement d'autre
part. À ce titre on retrouve de plus en plus dans les discours de la
banque mondiale une liaison entre la pauvreté et la bonne gouvernance.
Selon le rapport de la banque mondiale (20002001) sur le développement
(« combattre la pauvreté ») ; « l'aide devrait être
ciblée vers les pays ayant des niveaux élevés de
pauvreté.
Selon le PNUD, « la gouvernance peut être
considérée comme l'exercice des pouvoirs économiques,
politiques et administratifs pour gérer les affaires des pays à
tous les niveaux. Elle comprend les mécanismes, procédés
et institutions, et assure que les priorités politiques, sociales et
économiques sont fondées sur un large consensus dans la
société et que la voix des plus pauvres et des plus
vulnérables sont au coeur du processus de décision sur
l'allocation des ressources pour le développement».
35 Selon la commission Mondiale pour l'environnement (RIO) :
« Le développement durable veut répondre aux besoins des
générations actuelles sans compromettre la possibilité de
répondre à ceux des générations à venir
». Cité par Ngassam (2008), Economie de développement,
Université de Dschang.
44
3.1.2. Caractéristiques et évolution de la
pauvreté au Cameroun
La dernière enquête camerounaise auprès
des ménages (ECAM III) réalisée en 2007 estimait à
39,9% le taux de pauvreté de la population contre 40,2% en 2001 (ECAM
II) et 53,3% en 1996 (ECAM I), dont 55% de ruraux. On remarque ici qu'entre
1996 et 2001, il y a eu un recul significatif de l'incidence de la
pauvreté, mais en 2007 cette incidence de la pauvreté a presque
stagné (INS, 2008). Cependant l'enquête (ECAM III) a montré
des disparités importantes dans l'évolution de la pauvreté
entre 2001 et 2007. En milieu urbain, la pauvreté a nettement
reculé (de l'ordre de 5 points) notamment dans les villes de Douala et
Yaoundé. Par contre en milieu rural, elle a augmenté de
près de 3 points, surtout dans les régions septentrionales. Ainsi
au Cameroun, la pauvreté est un phénomène qui affecte
davantage le milieu rural.
Les femmes et les enfants sont particulièrement
touchés: 52% des membres des ménages pauvres sont des femmes, la
moitié ayant moins de 15 ans. Selon l'ECAM III, seulement 18% des femmes
rurales ont un niveau d'enseignement secondaire; les régions de
l'Extrême Nord et du Nord en particulier sont les zones où l'on
rencontre le plus grand nombre de femmes les moins instruites du pays (14% et
12% respectivement). L'emploi des jeunes est également une
priorité pour le gouvernement; l'Institut National de la Statistique
estime que 7 jeunes sur 10 sont sous-employés (OMD, INS 2010).
ECAM III a identifié comme principaux
déterminants de la pauvreté les facteurs suivants: la taille du
ménage, le niveau d'instruction, le groupe socioéconomique et
l'accès aux actifs de production. Les populations rurales pauvres
estiment que les possibilités d'amélioration de leurs conditions
de vie proviendraient de la création d'emplois, du
désenclavement, de l'accès à l'instruction et à
l'information, de la stabilité des prix des denrées alimentaires,
et de l'accès aux soins médicaux, à l'eau et au
crédit. De même, d'après cette enquête, le seuil de
pauvreté est fixé à 269 433F CFA par an ; soit 738FCFA par
jour, situé un peu au dessus du seuil de 1,25 dollar par jour
fixé par le FMI. La figure 4 ci-dessous nous permet de constater que le
pourcentage des pauvres est resté presque constant en zone rurale entre
1996 et 2007.
45
Figure 4: Evolution de l'incidence de la
pauvreté au Cameroun
Source : par nos soins d'après résultats
préliminaires ECAM III, INS, 2007.
3.1.3. Stratégies nationales de lutte contre la
pauvreté
Au Cameroun comme partout ailleurs, la pauvreté est un
phénomène qui préoccupe les consciences, et sa lutte un
objectif à atteindre. A cet effet, le gouvernement camerounais a mis sur
pied de nombreuses mesures visant à réduire, voire même
à éradiquer la faim et l'extrême pauvreté.
La croissance économique au Cameroun a connu un
ralentissement en 2009 et 2010, enregistrant des taux de 2,1% et 2,4%
respectivement en 2009 et 2010, contre 3,7% en 2008. Ce ralentissement serait
dû à la détérioration de la balance commerciale, la
morosité de l'environnement économique international, et
l'aggravation des difficultés budgétaires du pays
découlant des effets combinés de la crise économique et
financière mondiale, de la crise alimentaire et du déficit
énergétique. Nonobstant ce ralentissement, il faut noter que
depuis 2011, ce taux oscille autour de 4%, ceci du peut-être à la
reprise enregistrée au niveau mondial ainsi que la poussée de
l'investissement public et privé et de la consommation finale. Dans sa
vision de développement à long terme - «Vision 2035» -
le Cameroun s'est fixé comme objectif de devenir un pays
émergent, industrialisé et démocratique à l'horizon
2035et ceci grâce à la mise en oeuvre de grands projets
structurants tels que le port en eau profonde de Kribi ; le barrage
hydroélectrique de Lom-Mpanga ; la construction du deuxième pont
sur le Wouri ; et bien d'autres. Cette vision repose sur quatre objectifs
généraux, à savoir:
46
> Ramener la pauvreté à un niveau socialement
acceptable;
> Devenir un pays à revenu intermédiaire;
> Atteindre le stade de Nouveau pays industrialisé
(NPI); et
> Renforcer l'unité nationale et consolider le
processus démocratique.
Afin d'exploiter son important potentiel de
développement, le gouvernement camerounais a élaboré un
Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté
(DSRP) dit de deuxième génération en 2009, suite aux
manquements et irrégularités constatés sur le premier DSRP
de Avril 2003. Ce nouveau document nommé Document de stratégie
pour la croissance et l'emploi (DSCE), voit le jour suite aux émeutes de
Février 2008 et couvre la période 2010-2020. Centré sur
l'accélération de la croissance, la création d'emplois
formels et la réduction de la pauvreté, le DSCE réaffirme
la volonté du gouvernement de poursuivre la réalisation des
Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans leur
ensemble. Le DSCE porte une attention particulière à
l'intégration régionale et à l'amélioration de la
gouvernance, notamment la lutte contre la corruption, la transparence dans les
marchés publics et à l'amélioration du climat des
affaires. Le secteur rural, parce qu'il reste dominant dans l'économie
camerounaise tant par sa contribution à la croissance que par son
potentiel en matière de réduction de la pauvreté et de
sécurité alimentaire, occupe une place centrale dans la
Stratégie pour la croissance et l'emploi du Cameroun. Afin de promouvoir
le secteur rural, le gouvernement entend lancer un vaste programme
d'accroissement de la production agricole en vue de satisfaire les besoins
alimentaires des populations et des agro-industries. La modernisation de
l'appareil de production en est l'objectif principal afin de :
i) Rendre accessibles et disponibles les facteurs de
production, notamment la terre, l'eau, et les intrants agricoles;
ii) Promouvoir l'accès aux innovations technologiques
à travers le renforcement de la liaison recherche/vulgarisation ; et
iii) Développer la compétitivité des
filières de production.
Le gouvernement a tout de même élaboré une
Stratégie de développement du secteur rural (SDSR) couvrant la
période 2005-2015. Ce document, actualisé en 2011,
développe une vision basée sur quatre piliers qui ont pour
objectifs:
> Le développement institutionnel et le renforcement
des capacités de l'ensemble des acteurs étatiques et
privés;
47
> L'amélioration de la productivité et de la
compétitivité des filières;
> La modernisation des infrastructures du monde rural et des
facteurs de production agricole; et
> La gestion durable des ressources naturelles.
3.2. La Microfinance au Cameroun
La microfinance apparue sous sa forme traditionnelle (tontine)
date de plus d'un siècle au Cameroun. En 1963, sous l'influence des
missionnaires hollandais dans la zone anglophone du Cameroun, elle a
démarré sous sa forme institutionnelle avec la création de
la première coopérative de crédit dénommée
« Cameroon Cooperative Credit Union League en abrégé CamCCUL
» ou caisse populaire (Kalla et Pony, 2012). Mais ce
n'est qu'au début des années 90 que la microfinance s'est
diversifiée grâce aux lois n° 90/053 du 19 décembre
1990 sur la liberté d'association et n° 92/006 du 14 août
1992 relative aux sociétés coopératives et aux groupes
d'initiative commune. Grâce à ces lois, le paysage de la
microfinance va changer et se diversifier. C'est dans ce contexte que nous
allons donc voir apparaître de nombreuses institutions telles que :
MC2, CVECA, MUFFA, etc.
Le processus d'assainissement engagé par les organes de
régulation et de supervision suit son cours. Le secteur de la
microfinance se restructure lentement en consolidant les acquis.
Néanmoins, il reste exposé principalement à l'exercice
illégal de l'activité de microfinance. Certaines structures
évoluent sans agrément et d'autres agréées pour
l'exercice des activités de microfinance de 1ère catégorie
se risquent à la réalisation des opérations
dévolues aux EMF de 2ème catégorie (enquêtes
CEMAC, 2008). Cette situation est préjudiciable à
l'image du secteur et a souvent conduit à la fermeture de nombreux
EMF.
3.2.1. Configuration du secteur
Au 31 décembre 2010, le secteur de la microfinance
compte 440 EMF repartis en 186 EMF indépendants et 254 EMF
affiliés à un réseau, contre 460 EMF en 2008, dont 206 EMF
indépendants et 254 affilés à un réseau. Le secteur
dispose de cinq (5) réseaux agréés : CAMCCUL (177 EMF),
CVECA Centre (33 EMF), CVECA Grand Nord (8 EMF), CMEC Ouest (19 EMF) et CMEC
Nord-Ouest (8 EMF). Le secteur est dominé par les EMF de première
catégorie qui représente 94 % des établissements
agréés au Cameroun. Un réseau CMEC Grand-Nord (9 EMF)
ayant eu l'avis conforme de la COBAC n'est pas encore agréé.
48
3.2.2. Couverture géographique de la
clientèle
Les EMF déploient leurs activités à
travers 998 agences dont 525 sont installées en zone urbaine et 473 en
zone rurale. Les implantations urbaines se retrouvent principalement à
Douala (169) et à Yaoundé (155 agences). Ces points de vente sont
généralement ouverts par les EMF de 1ère catégorie
(718 agences), en particulier par ceux évoluant en réseau qui
recensent 389 agences dont 230 pour le réseau CAMCCUL. L'extension des
activités a été, en partie, freinée par la baisse
du nombre de guichets. Celui-ci est passé de 1 111 à fin
septembre 2007 à 983 à fin 2008(MINFI-CMR,
2011). L'augmentation de la clientèle constatée lors de
la dernière enquête se poursuit en 2008, malgré la
réduction du nombre de guichets. En dépit d'un recul passager
constaté entre la dernière enquête et le 31 décembre
2007 (- 54 828 clients), la clientèle du secteur enregistre une
croissance de 18% en variation annuelle au 31 décembre 2008, pour
s'établir à 1 073 621 clients. Le secteur de la microfinance
emploie pour le développement de ses activités 6 000
salariés dont 732 cadres.
3.2.3. Les capitaux propres
Les capitaux propres des EMF du Cameroun se sont
érodés. Selon l'enquête COBAC, ils ressortent à
14,021 Milliards au 31 décembre 2008 contre 20,136 Milliards un an plus
tôt. Ce recul de 30% s'explique par la dégradation de la situation
financière de certains EMF. Quatre EMF en situation difficile
présentent un montant de fonds propres négatifs de 13,382
Milliards à fin 2008. En particulier, la situation des EMF de
2ème catégorie nécessite une surveillance accrue en raison
du risque qu'ils font peser sur le système financier. Leurs capitaux
propres agrégés s'établissent à - 63 millions.
Outre les déficits dégagés par le secteur en 2007 (7,963
Milliards F CFA) et 2008 (5,567 Milliards F CFA), qui ont obéré
les capitaux propres, la part du capital social dans les capitaux propres s'est
réduite. Le capital social agrégé se situe à 22,232
Milliards F CFA au 31 décembre 2008 alors qu'il était de 25,000
Milliards au 30 septembre 2007. Le réseau CAMCCUL, avec 4 779 M à
fin 2008, est le plus performant dans ce domaine, suivi de Cofinest (1 109 M)
et de CCA (1072 M).
Il est à noter en outre que, d'après une
étude faite par Fotabong A. L. (2012) entre 2000 et
2011, le secteur de la microfinance au Cameroun a connu un taux de croissance
de 56,2% en terme de crédit. Cette industrie a également
enregistré un taux de croissance de 86,1% de dépôts et
53,5% en termes de clients. Au vue des résultats obtenus dans le tableau
4
49
ci-après, on constate un peu une contradiction avec les
chiffres proposés par la COBAC en fin 2008.
Tableau 4: Perspectives de marché entre 2000 et
2011 (valeurs financières en milliards
de F CFA)
Années
|
2000
|
2006
|
2008
|
2010
|
2011
|
Pourcentage
de variation entre 2000 et 2011
|
Clients
|
219410
|
849030
|
1058498
|
1445235
|
1509368
|
53,5%
|
Dépôts (en milliards de F cfa)
|
38
|
162
|
258
|
311
|
342,5
|
86,5%
|
Crédits(en milliards de F cfa)
|
28
|
104
|
138
|
176
|
201
|
56,2%
|
Capitaux propres
|
3,0
|
19,9
|
22,5
|
23,7
|
24,5
|
65,2
|
Nbre d'agences
|
700
|
1052
|
1189
|
1348
|
1389
|
9,0%
|
Nbre d'EMF
|
656
|
490
|
531
|
589
|
645
|
-0,2%
|
Nbre d'emplois
|
4156
|
7425
|
15241
|
15752
|
16159
|
26,3%
|
Source: Market Insight, market intelligence, trade
press, industry survey December 2011 in Fotabong (2012)
Compte tenu du fait que les données de 2011 sont
incertaines, le total des dépôts collectés par les EMF au
Cameroun à la fin de l'année 2010 est impressionnant et
s'élève 311 milliard de francs, et d'après les
prévisions, il est probable qu'on se retrouve à près de
500 milliards d'ici 2015. On constate également une hausse exponentielle
du montant brut des crédits évalué à 176 milliards.
En termes de mobilisation des ressources, CAMCCUL se taille la part belle du
marché avec plus de 49% en volume. Nous avons en deuxième
position CCA avec 66 milliards (soit 21%), et suivi de MC2 avec
près de 28 milliards de ressources mobilisées (soit 9%). C'est ce
dernier qui fera l'objet de notre étude au niveau du département
de la Menoua.
3.2.4. Organisation du secteur de la microfinance
Au Cameroun, les IMF sont actuellement divisées en
trois catégories, avec des normes prudentielles publiées, y
compris des restrictions concernant les sources de financement (les
50
fonds externes devraient représentés moins de
10% de l'ensemble des actifs), la constitution d'un capital minimum et de
réserves obligatoires pour couvrir les risques.
Tableau 5: Organisation du secteur de la
Microfinance au Cameroun
Catégories
|
Caractéristiques
|
Capital minimum
|
Institutions
|
1ère catégorie
|
Etablissements qui
procèdent à la collecte de l'épargne de
leurs membres
qu'ils emploient en
opération de crédit, exclusivement au profit de
ceux-ci.
|
Pas de dotation ou capital minimum exigé. Toutefois, le
capital constitué doit être représenté et permettre
de
respecter l'ensemble des
normes arrêtées par la COBAC
|
Banques villageoises,
Coopératives de Crédit du Réseau CamCCUL, M.
Environ 65% de l'ensemble
du secteur et 85% du volume des activités.
|
2eme catégorie
|
Etablissements qui
collectent l'épargne et
accordent des crédits aux
tiers.
|
50 millions de F CFA à détenir dans une banque.
|
IMF indépendantes. Environ 30% du secteur, 10% du volume
des activités
|
3eme catégorie
|
Etablissements qui
accordent des crédits aux tiers, sans exercer
l'activité de collecte de l'épargne
|
25 millions de F CFA à détenir dans une banque.
|
Projets, institutions de crédit. 5% du secteur
|
Source : Auteur, d'après Ngassam Njiké V.
et al, 2009.
D'après le règlement, il doit y avoir une seule
association de microfinance et les IMF doivent faire partie de cette
association. C'est ainsi que le 23 mai 2003, L'Association Nationale des
Etablissements de Microfinance du Cameroun (ANEM-CAM) a été
créée, avec pour rôle :
· :. D'assurer la défense des intérêts
collectifs des membres
· :. De représenter la profession auprès des
autorités de tutelle, monétaires et des tiers
· :. D'informer ses membres et le public sous
réserve du respect des dispositions de la loi du secteur sur le secret
bancaire.
3.2.5. Présentation du réseau MC2 au
Cameroun
3.2.5.1. Définition des MC2
Les mutuelles communautaires de croissance (MC2)
sont des institutions financières mises en place et gérées
par des membres de la communauté et dont la mission est principalement
de promouvoir le développement rural. Environ 90% des MC2 se
trouvent dans des zones rurales reculées de 5000 à 25000
habitants. Leurs services ciblent les populations rurales qui se trouvent
à l'intérieur des limites d'un royaume traditionnel. Le concept
de MC2 a été développé par le Dr. Paul
K. Fokam, co-fondateur et président d'Afriland First Bank. Il affirme:
« la victoire contre la pauvreté (VP) est possible si l'on
51
combine les moyens (M) et les compétences (C) de la
communauté (C) : (VP=M x C x C=MC2) ». La
première MC2 a été créée le 25
Avril 1992 à Baham, une communauté rurale de la région de
l'Ouest du Cameroun. Depuis lors, le réseau s'est rapidement
développé en termes de nombre d'institutions et de personnes
touchées.
Tableau 6: Evolution statistique du
réseau MC2 au 30 Novembre 2012 (Les valeurs
financières sont en milliers de Francs CFA)
|
31/12/2009
|
31/12/2010
|
31/12/2011
|
30/11/2012
|
Nombre de MC2
|
79
|
84
|
90
|
94
|
Nombre de personnes touchées
|
697 217
|
789 502
|
816 903
|
843 277
|
Capital social
|
2 917 491
|
3 204 668
|
3 574 582
|
3 887 129
|
Epargne mobilisée
|
23 699 386
|
28 486 780
|
30 901 725
|
32 310 413
|
Cumul des crédits accordés
|
59 593 836
|
78 618 047
|
89 657 230
|
92 285 717
|
Encours des crédits
|
10 299 989
|
12 644 666
|
14 035 543
|
15 680 177
|
Résultat
|
447 529
|
309 151
|
433 480
|
1 217 616
|
Total bilan
|
31 376 167
|
36 821 476
|
41 038 576
|
43 870 192
|
|
Source : site ADAF
3.2.5.2. Produits et services offerts par les MC2
Les MC2 offrent d'une part une grande
variété des services financiers tels que
l'épargne, les crédits, la micro assurance, les
transferts et autres services financiers des banques ; et d'autre
part des services non financiers tels que la formation, l'appui
conseil, l'acquisition d'inputs divers. Tous ces services sont
offerts à des membres issus de zones rurales, rivalisant ainsi avec les
tontines informelles, les prêteurs d'argent, regroupés en
réseaux tels que les banques villageoises, les coopératives de
crédit, les projets de développement et d'autres IMF. Au cours de
leur évolution, les MC2 ont bénéficié de
l'assistance technique et financière d'ADAF, une ONG privée
nationale qui possède de l'expérience en matière de
formation, de suivi et d'étude de faisabilité d'activités
de microfinance; et d'Afriland First bank, une banque privée qui a
longtemps servi en temps que tutelle pour les MC2. Entre autres
divers services offerts, nous pouvons citer :
.. Le compte d'épargne ordinaire ;
accessible à tout membre de la mutuelle locale. Le montant
moyen minimal à y placer est de l'ordre de 5.000F CFA. L'épargne
est rémunérée entre 2,5 et 4% par an, soit moins que dans
les banques commerciales (5%). En effet chaque MC2 définit
les taux d'intérêts qu'elle pratique.
52
+ Le compte de dépôt associé
qui est un compte courant destiné à recevoir des
virements, à encaisser des chèques. Il doit présenter en
permanence un solde minimum de 10.000FCFA. Grâce à l'affiliation
avec Afriland, les titulaires de ce compte peuvent réaliser des
opérations dans l'ensemble du Cameroun et même à
l'étranger.
+ Le compte flash cash : c'est un certificat
de dépôt créé par Afriland. Un apport initial de
25.000F CFA est nécessaire. Le déposant reçoit alors des
chèques de voyage "flash cash".
3.2.5.3. Conditions d'adhésion à une
MC2
Pour adhérer à une MC2, il faut
présenter une photocopie de sa carte d'identité, payer les frais
d'adhésion et d'ouverture de compte d'un montant de 5.000F CFA, acheter
un minimum de 10 parts sociales d'une valeur totale de 10.000FCFA, signer une
déclaration qui vise à respecter tous les engagements moraux et
financiers et à conserver secrètes les informations à
caractère confidentiel reçues par la mutuelle. Tout
adhérent ou mutualiste s'engage à : participer à la
constitution du fonds d'établissement de la MC2 ;
approvisionner autant que possible son épargne, participer activement
aux activités de la mutuelle ; rembourser les prêts
contractés. Il est à noter également que pour les plus
pauvres ces fonds peuvent être collectés progressivement.
3.2.5.4. Effet de la MC2 sur la
réduction de la pauvreté
La MC2 cible les exclus du système bancaire
classique en leur proposant des services financiers adaptés tels que
l'épargne, le crédit, l'assurance, le transfert d'argent. Elle se
distingue des systèmes classiques par le type de crédit qu'elle
propose et les formes de garantie exigées.
En ce qui concerne le type de crédit, on peut avoir
entre autres le crédit agricole, le crédit commercial, le
crédit élevage, le crédit artisanal, le crédit
groupe (associations, ONG, ...), le crédit scolaire, le crédit
social (mariage, funérailles, sois médicaux, ...). Il est
à noter que la plupart de ces crédits se remboursent sur des
délais sollicité par le bénéficiaire. Les
études que nous avons effectuées nous montrent que les
délais de remboursement varient entre six et vingt-quatre mois pour les
bénéficiaires de notre échantillon et que la
capacité de remboursement était presque similaire. Cela rejoint
l'idée de Pande et Field (2008), selon
53
laquelle, après une étude menée en Inde,
montre que la périodicité des remboursements n'a pas d'effet sur
le taux de remboursement.
Pour ce qui est du type de garantie, on distingue : le titre
foncier, les salaires et pension, le compte bloqué, les chèques
de banques classiques, caution morale et caution solidaire, terrain bâti,
objets précieux (or, ivoires, objets traditionnels de valeurs, ...) et
le fonds de commerce. En ce sens, la MC2 peut être un
instrument de lutte contre la pauvreté de manière
multidimensionnelle (A. Sen, op cité). Les études menées
révèlent que les individus ayant reçu du crédit
avec caution solidaire remboursent mieux que ceux l'ayant reçu avec
garantie individuelle, même si selon une étude faite par
Gine et Alii (2006) avec une IMF aux Philippines, la garantie
solidaire n'a pas l'effet de contrôle « pur » dont on l'a
souvent gratifiée.
En s'inspirant de la définition faite par
Lelart (2005), qu'il est souvent demandé pour
développer une activité génératrice de revenus,
qu'il s'agisse d'une ancienne activité que l'on voudrait étendre
ou d'une nouvelle que l'on voudrait créer, le dispositif MC2
élargi son intervention pour toucher à la fois des
activités déjà existantes ou des activités
nouvelles et en voie de création.
CONCLUSION
Le présent chapitre, nous a permis de faire une
brève présentation de l'évolution de la pauvreté et
de la microfinance. Ceci nous a permis de comprendre que la pauvreté,
bien qu'étant un phénomène actuel, a existé il y a
plusieurs décennies. Ceci étant, plusieurs mesures ont
été prises en compte pour son éradication, parmi
lesquelles l'octroi de crédits aux populations pauvres pour le
financement des activités génératrices de revenus. Bien
que toutes ces mesures ont été prises, le nombre de personnes
pauvres n'a fait que augmenté dans le monde et ceci surtout en Afrique
Subsaharienne.
CJ~~I~NE 4
~~~~ocDoLogI i i ~ ~~~~~~~~
54
Dans ce chapitre, il sera question pour nous de
présenter la méthodologie efficace qui nous permettra de
vérifier l'hypothèse émise au premier chapitre. A cet
effet, nous commencerons par une présentation de la zone d'étude,
suivie par la nature et source de données, ensuite nous
spécifierons le modèle et présenterons les variables
retenues, enfin nous présenterons la méthode d'estimation.
55
4.1. Présentation de la zone d'étude
Notre étude porte sur les populations
bénéficiaires de microcrédits dans le département
de la Menoua. Ce département, d'une superficie de près de 1380
Km2, compte six arrondissements à savoir : Dschang,
Fongo-Tongo, Penka Michel, Nkongni, Fokoué et Santchou. On y trouve
d'une part des populations provenant de toutes les régions du Cameroun
parmi lesquelles : les Bamilékés en majorité, les Bamouns,
les Haoussa, les Mbo'o, les Ewondo et bien d'autres multitudes d'ethnies, et
d'autre part, celles provenant des pays voisins surtout prisées par la
Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de
l'Université de Dschang. Les populations de ce département
pratiquent plus l'agriculture et l'élevage (surtout dans les zones
rurales), le petit commerce, l'artisanat et bien plus. Ici, on y trouve
plusieurs établissements qui offrent des services microfinanciers parmi
lesquels les MC2 surtout concentrées en zones rurales et
semi-urbaines.
4.2. Nature et source de données
Pour évaluer l'impact du microcrédit sur la
pauvreté, nous avons utilisé des données de source
primaire. L'enquête porte sur un échantillon de 55 individus
tirés de la population bénéficiaire de
microcrédits. Il est à noter qu'au départ nous avons
prévu près de 100 questionnaires, mais compte tenu d'une part de
la difficulté à rencontrer certains bénéficiaires
et d'autre part du fait que certains bénéficiaires
enquêtés n'ont pas répondu à toutes les questions,
nous nous sommes trouvés obliger d'annuler leurs questionnaires et
reporter ainsi notre échantillon à 55 individus. La technique
d'échantillonnage repose tout d'abord sur la méthode
d'échantillonnage par choix raisonné, c'est-à-dire que
nous choisissons les individus ayant reçu des crédits pour
financer des activités génératrices de revenu (AGR), et
pour ces individus, nous appliquons la méthode aléatoire simple.
Ceci se fait à travers un questionnaire que nous adressons à ces
différents bénéficiaires de microcrédits que nous
trouvons aux guichets aux jours de l'enquête. Le sondage aléatoire
simple permet de s'assurer que chaque bénéficiaire a une
probabilité connue et non nulle d'appartenir à
l'échantillon36.
Nous avons débuté notre enquête le 23
Août 2013, pour une durée de trois semaines. Le questionnaire mis
à la disposition des bénéficiaires est structuré en
trois parties : Identification du bénéficiaire, Conditions
d'accès au microcrédit et Impact socio-économique du
microcrédit.
36 François KAMAJOU (2010), Cours de Méthodologie
de la recherche, FSEG, Université de Dschang.
56
La mesure de la pauvreté dans cette étude est un
choix presque objectif, puisque le bénéficiaire
enquêté est invité à indiquer son revenu moyen
mensuel après obtention du microcrédit et le nombre de personnes
à sa charge. Ces deux questions nous ont permis de déterminer le
revenu moyen mensuel par personne, et c'est ce dernier qui sera utilisé
comme indicateur de pauvreté.
4.3. Spécification du modèle
Pour analyser la relation de la pauvreté avec le
microcrédit, nous nous sommes basés sur le
modèle non récursif ou
modèle de cause à effet. Plus
précisément, dans ce modèle, une variable expliquée
dans une première équation est variable explicative dans la
seconde et vice-versa. Ce modèle, basé sur le modèle de
Pitt et Khandker (1998), a été proposé par SMAHI Ahmed
(2010) dans une étude faite en Algérie sur la quantification de
la relation pauvreté-microfinance sur la population de Tlemcen. A
travers cette étude, il arrive à la conclusion que le niveau de
pauvreté est influencé par le niveau d'instruction et le type de
logement, et que le montant du crédit n'est pas un déterminant de
la pauvreté en Algérie.
Le modèle non récursif se définit de la
manière suivante :
Y1 = a0 + a1Y2 + a2X1.1 +
a3X1.2 + + anX1.n-1 + e1 (1)
Y2 = b0 + b1Y1 + b2X2.1 +
b3X2.2 + + bkX2.k-1 + e2 . (2)
Dans l'équation (1), Y1 représente la variable
dépendante, Y2 représente la variable
endogène, et X1.1, X1.2, , X1.n-1
représentent les variables indépendantes.
Dans l'équation (2), Y1 représente la variable
endogène, Y2 représente la variable dépendante, et X2.1,
X2.2, .... X2.k-1 représentent les variables
indépendantes.
Par la suite, compte tenu du fait qu'il existe des variables
quantitatives et qualitatives, nous ferons appel au modèle d'analyse des
covariances (ANCOVA). Dans ce modèle, une variable qualitative pouvant
avoir deux ou plusieurs modalités, est encore appelée variable
Dummy. Dans notre étude, nous ferons face à des variables
qualitatives telles que le sexe, le niveau d'instruction, le type de logement,
l'impact du microcrédit et bien d'autres, d'où l'application du
modèle ANCOVA pour chacune de nos équations. Ce modèle est
défini de la manière suivante :
Yi = a0 + a1D1.i + a2D2.i +
a3D3.i + a4D4.i + ... + anDn.i +
an+1Xi + ei (3)
Ici, Yi est la variable à expliquer qui peut
être qualitative ou quantitative, Xi est une variable explicative et les
Dn.i représentent les variables muettes encore
appelées « dummies ». Mais
57
il est important de rappeler que ces variables qualitatives
peuvent également être représentées par une seule
variable catégorielle ayant 2 ; 3 ; ou n modalités. Nous
avons par exemple la variable nationalité qui peut avoir trois
modalités (1 si français ; 2 si anglais ; et 3 si
camerounais).
Variables du modèle et Codage
Notre modèle sera ainsi constitué de deux
équations dont les variables sont contenues dans le tableau
ci-dessous.
Tableau 7: variables et leurs modalités
dans le modèle
|
Signification
|
Modalités
|
LogPauvreté
|
Revenu moyen après
obtention du microcrédit
divisé par le nombre de personnes dans le
ménage
|
Logarithme népérien du revenu moyen
divisé par le nombre de personnes dans le ménage
|
LogMntCrédit
|
Montant de crédit obtenu par le
bénéficiaire
|
Logarithme népérien du montant de crédit
|
NivInst
|
Niveau d'instruction
|
1 : si primaire
2 : si secondaire
3 : si supérieur
|
Genre
|
|
1 : si femme
2 : si homme
|
TypLoge
|
Type de logement du
bénéficiaire
|
1 : si habitat précaire
2 : si locataire
3 : si maison familiale
4 : si maison bien aménagée
|
ImpMicro
|
Impact du microcrédit sur les conditions de vie
|
1 : si non ou négatif
2 : si oui ou positif
|
LogDepMens
|
Dépense mensuelle du
bénéficiaire
|
Logarithme népérien des dépenses
mensuelles de chaque bénéficiaire
|
Log Age
|
Age du bénéficiaire
|
Logarithme népérien de l'âge du
bénéficiaire
|
|
58
Equation I :
LogPauvretéi = á0 +
á1Genrei + á2NivInsti +
á3TypLogei +
á4LogMntCréditi +åi
(4)
LogPauvretéi est la variable expliquée
du modèle et représente le logarithme népérien du
revenu moyen du bénéficiaire après obtention du
microcrédit, et ceci divisé par le nombre de personnes dans le
ménage. C'est donc une variable quantitative. Nous avons fait cette
représentation de la pauvreté afin de, d'une part, rejoindre
l'idée de Henry et al (2003, pp.25) selon laquelle la
plus grande partie de la richesse d'un individu est partagée et
influencée par le ménage dans lequel il vit, et d'autre part,
mieux nous rapprocher du seuil de pauvreté qui est de 22 454FCFA/mois
par personne adulte (ECAM III).
LogMntCréditi est une variable
endogène qui représente le montant du crédit,
åi le terme d'erreur. Les variables Genre, NivInst,
TypLoge sont des variables indépendantes telles que
définies dans le tableau (4.1) ci-dessus.
Equation II :
Cette équation va nous permettre juste de voir la
relation inverse qui existe entre le montant du crédit obtenu et la
pauvreté (revenu moyen divisé par le nombre de personnes dans le
ménage). Nous avons :
LogMntCréditi = 30 +
31ImpMicroi + 32CapEpari +
33LogDepMensi + 34LogAgei +
35LogPauvretéi + ui (5)
LogMntCréditi est la variable
expliquée et représente le logarithme népérien du
montant du crédit. LogPauvretéi est le niveau de
pauvreté comme défini à l'équation (4) et ui le
terme d'erreur. Les variables ImpMicro et CapEpar
représentent les variables indépendantes qualitatives
à deux modalités comme défini dans le tableau (4.1)
ci-dessus.
Nous avons également les variables
indépendantes quantitatives à savoir : LogDepMens et
Log Age.
L'association des équations (4) et (5) nous permet
d'établir le système suivant :
59
LogPauvretéi = á0 +
á1Genrei + á2NivInsti +
á3TypLogei + á4LogMntCréditi
+åi
..........................................................................................................
(6)
LogMntCréditi = â0 +
â1ImpMicroi + â2CapEpari + â3LogDepMensi +
â4LogAgei +
â5LogPauvretéi + ui (7)
Remplaçons (6) dans (7) on obtient :
LogPauvretéi = á0 +
á1Genrei + á2NivInsti +
á3TypLogei + á4 (â0 + â1ImpMicroi +
â2CapEpari + â3LogDepMensi + â4LogAgei +
â5LogPauvretéi + ui )+ åi
LogPauvretéi = á0 +
á1Genrei + á2NivInsti +
á3TypLogei + á4 â0 +
á4â1ImpMicroi + á4â2CapEpari +
á4â3LogDepMensi + á4â4LogAgei +
á4â5LogPauvretéi + á4ui + åi
(1- á4â5) LogPauvretéi =
á0 + á1Genrei + á2NivInsti +
á3TypLogei + á4 â0 +
á4â1ImpMicroi + á4â2CapEpari +
á4â3LogDepMensi + á4â4LogAgei + á4ui +
åi, d'où on obtient l'équation de la forme réduite
suivante
LogPauvretéi = (á0 + á4 â0
++ á1Genrei + á2NivInsti +
á3TypLogei + á4â1ImpMicroi
+ á4â2CapEpari +
á4â3LogDepMensi + á4â4LogAgei +
á4ui + åi ). (8)
4.4. Tests économétriques et méthode
d'estimation 4.4.1. Tests économétriques
D'une manière générale, les tests
économétriques permettent de voir si les différences
observées lors d'une observation sont dues au hasard ou si elles
trouvent leur origine dans la population générale. Pour cela,
nous allons retenir le test d'homogénéité par la
statistique Fcal de Fisher, le test d'auto corrélation de Durbin-Watson,
le test de normalité de Jarque-Bera, le test
d'hétéroscédasticité, puis le coefficient de
détermination R2 et le coefficient de corrélation de
Pearson.
4.4.1.1. Le test d'homogénéité
Il permet de détecter une certaine uniformité
des comportements des individus. Le test de significativité se fera
à l'aide du test de Fisher. Ce test permet de voir si les variables
60
retenues représentent fidèlement le
phénomène étudié. Il est effectué sur la
base du coefficient de détermination R2 et est défini
par :
Fcal = , le principe étant de tester
l'hypothèse nulle H0 contre l'hypothèse
alternative H1 défini tel que :
H0 : tous les paramètres du modèle sont nuls,
H1 : il existe au moins un paramètre non nul.
Règle de décision : si Fcal >
Flu (k - 1 ; n - k) pour un niveau de signification á donné,
alors
on rejette H0 ; c'est-à-dire que les paramètres du
modèle sont significatifs37.
4.4.1.2. Les tests de normalité
En statistique, les tests de normalité permettent de
savoir si les observations suivent une loi normale ou pas. Ces tests occupent
une place importante. En effet, de nombreux tests supposent la normalité
de la distribution pour être applicable. Pour notre travail nous allons
effectuer les tests de Jarque-Bera, de Skewness et de Kurtosis.
Le test de normalité de Jarque-Bera :
c'est un test qui cherche à déterminer si les variables
suivent une loi normale. Pour cela, on a les hypothèses suivantes :
H0 : le modèle suit une loi normale ;
H1 : le modèle ne suit pas une loi
normale.
La formule est la suivante : JB = ) ; avec n le nombre
d'observation, k le
nombre de variables explicatives et s le coefficient
d'asymétrie. Si JB est inférieur à 5,99 alors le
modèle suit une loi normale.
Le test de Kurtosis : En statistique, le
Kurtosis se traduit le plus souvent par le coefficient d'aplatissement. Etant
donné une variable réelle X d'espérance
mathématique u et d'écart type ó, on définit le
kurtosis comme le moment d'ordre quatre de la variable centrée
réduite. On distingue entre autres :
Kurtosis non normalisé â2
donné par la relation â2 = E [ ( (x-u) /
ó)4 ], et lorsque E existe, on a donc ; â2 = u4 / u2 ;
les ui étant les moments centrés d'ordre i.
Kurtosis normalisé ã2,
défini par ã2 = â2 - 3.
- Si ã2 = 0, la distribution est normale. On dit qu'elle
est Mésokurtique.
37 JUMBO (2009), cours d'Econométrie I, niveau III, FSEG,
Université de Dschang.
61
- Si ã2 > 0, la distribution est moins aplatie que
la distribution normale ; on dit qu'elle est Leptokurtique.
- Si ã2 < 0, la distribution est plus aplatie que
la distribution normale ; on dit qu'elle est platipkurtique.
Le test de skewness : Le coefficient de
dissymétrie (Skewness en anglais) correspond à une mesure de
l'asymétrie de la distribution d'une variable réelle X. Soit u
l'espérance mathématique et ó l'écart type, on
définit le Skewness comme le moment d'ordre trois de la variable
centée réduite par :
1 = E [ ( (x-u)/ó )3].
- 1 > 0 indique que la distribution est dissymétrique
et étalée à droite ;
- 1 < 0 indique une distribution dissymétrique et
étalée vers la gauche ;
- 1 = 0 indique une distribution symétrique ; c'est le
cas de la loi normale.
4.4.1.3. Le test d'auto corrélation de
Durbin-watson
L'auto corrélation peut être définie
comme une corrélation entre les éléments de séries
d'observations ordonnées dans le temps ou dans l'espace. Le test
développé par Durbin et Watson permet de détecter une
éventuelle auto corrélation des résidus. La statistique
est
donnée par la relation suivante : d = . On a ceci : si
d=2, pas d'auto
corrélation de premier ordre ; si d=0, existence d'une
corrélation positive parfaite dans les résidus, et si d=4,
existence d'une corrélation négative parfaite dans les
résidus.
4.4.1.4. Le test
d'hétéroscédasticité
On parle d'hétéroscédasticité
lorsque les termes d'erreur n'ont pas une variance constante, et dans ce cas on
utilise les MCG pour estimer les paramètres du modèle au lieu des
MCO comme c'est le cas avec l' homoscédasticité.
H0 : absence d'hétéroscédasticité
;
H1 : présence
d'hétéroscédasticité. Pour un seuil de
signification fixé à priori à 5%, si probabilité du
test est supérieure à ce seuil, on accepte H0.
62
4.4.1.5. Le coefficient de détermination R2
Il permet de mesurer le degré d'association entre la
variable expliquée et les variables explicatives. Il s'agit en d'autres
termes de déterminer la contribution des variables explicatives dans la
variation de la variable expliquée38. On démontre et
on admet ensuite que :
; Avec 0 < R2 < 1. De cette relation on peut
retenir les interprétations
suivantes :
· Si R2 = 1, tous les points sont situés
sur la droite de régression ;
· Si R2 = 0, la variation de la variable
expliquée est due à la variation dans le terme d'erreur.
Dans la mesure où le R2 présente
quelques limites ou défauts, on déterminera donc
le coefficient de détermination ajusté
défini par : 1k2 = 1- (1-R2) et on
interprètera de la même manière que
R2.
4.4.1.6. Le coefficient de corrélation
Etudier la corrélation entre deux ou plusieurs
variables aléatoires c'est étudier l'intensité de la
liaison qui existe entre ces variables. Le coefficient de corrélation le
plus utilisé est le coefficient de corrélation linéaire de
Pearson. Ce coefficient est défini par : Pxy =
rxy = ; avec -1 < Pxy < 1. Il mesure aussi bien
l'intensité de la liaison entre Y et X
que celle entre X et Y et n'est significatif d'une
réelle valeur de dépendance que si : |rxy| 2 0,87.
· Si |rxy| < 0,87, il n'existe pas une liaison
linéaire entre X et Y39.
· Si rxy = 0, il n'existe pas une liaison
linéaire entre X et Y, les droites de régression sont
parallèles aux axes de coordonnées, mais cela ne signifie pas
absolument une dépendance entre X et Y, parce qu'il peut exister une
liaison qui ne soit pas linéaire.
· Si rxy > 0, les variables X et Y évoluent
dans le même sens ;
· Si rxy < 0, les variables X et Y évoluent
dans le sens inverse ;
· Si rxy = -1, les variables X et Y évoluent en
sens contraire, les deux droites de régression sont confondues et la
dépendance est totale ;
38 JUMBO (2009), op cité.
39 M. Djom Djom (2007), cours de statistiques I, niveau I, FSEG,
Université de Dschang.
·
63
Si rxy = 1, les variables X et Y évoluent dans le
même sens, les deux droites de régression sont confondues et la
dépendance est totale.
Le coefficient de corrélation simple présente un
inconvénient. Par exemple, r12 ne reflète pas
réellement le vrai degré d'association entre Y et X2 en
présence de X3. Il est donc nécessaire de définir des
coefficients de corrélation qui soient indépendants de
l'influence de X3 sur X2 et Y. De tels coefficients sont appelés
coefficients de corrélation partielle. De ce fait, on peut avoir la
notation suivante :
r12. 3 = ; qui représente le coefficient de
corrélation partielle entre
Y et X2 en maintenant X3 constant.
4.4.2. Méthode d'estimation
L'estimation des paramètres des deux modèles est
basée sur la réciprocité causale entre le niveau de la
pauvreté et le montant du crédit. L'application de la
méthode des moindres carres ordinaires donne des estimateurs
biaisés et non convergents (la variables explicative endogène est
corrélée avec le terme d'erreur ; violation d'une des
hypothèses de la méthode des MCO).
La résolution de ce problème exige d'autres
formes avec de nouvelles méthodes d'estimation plus
élaborées telles que : les doubles moindres carrés, les
triples moindres carrés, les moindres carrés indirects, la
variance instrumentale, le maximum de vraisemblance à information
limitée.... Dès lors il se pose un problème
d'identification des valeurs des paramètres de la forme structurelle
à partir de celles de la forme réduite. Ce problème majeur
fut analysé par T.C. KOOPMANS et se résume en pratique par :
la tout-juste identification, la sur-identification et la
sous-identification40 .
Règles d'identification
Soient n le nombre de variables
endogènes du système complet et m le
nombre de variables exogènes du système complet. Pour une
équation donnée i, la nature de cette
équation dépendra de la comparaison entre
n2i +
m2i et n-1.
Toutefois, il faudra tenir compte du nombre de restriction linéaire
(r). Ainsi, n2i
sera le nombre de variables endogènes absentes et
m2i le nombre de variables exogènes
absentes.
40 Cité par Noulah (2010), cours d'Econométrie II,
niveau 4, FSEG, Université de Dschang.
> Si n2i +
m2i + r =
n-1, alors cette équation est tout-juste
identifiée et la méthode permettant d'estimer les valeurs des
paramètres de cette équation est la méthode des
moindres carrés indirects.
> Si n2i +
m2i + r >
n-1, alors cette équation est dite
sur-identifiée et la méthode d'estimation des paramètres
est celle des doubles moindres carrés.
> Si n2i +
m2i + r <
n-1, alors cette équation est dite
sous-identifiée et par conséquent, aucune méthode ne
permet d'estimer les paramètres de l'équation
i.
Pour notre cas, chacune des deux équations est
sur-identifiée, nous allons alors nous focaliser sur la méthode
des doubles moindres carrés (DMC) ou (2 SLS) proposée par
H. Theil (1961)41. Cette méthode a un
domaine d'application beaucoup plus vaste, mais limité par ses
conditions sur l'identification du modèle. Les DMC permettent
d'éviter le biais causé dans les estimateurs par la
dépendance entre une variable endogène qui figure aussi bien
comme variable explicative dans une autre équation et un terme
stockastique. Concrètement en deux étapes, nous effectuons dans
la première une simple régression par la méthode des
moindres carrés ordinaires (MCO) entre l'une des variables
endogènes et toutes les variables exogènes du modèle. Dans
le cas de notre système à deux équations, il s'agira de
faire la régression entre LogPauvreté et toutes les
autres variables exogènes du système à savoir : TypLoge,
NivInst, Genre, ImpMicro, CapEpar, Log âge et LogDepMens (voir
équation (8) ci-dessus.
Dans la deuxième étape on substitue cette
variable endogène explicative par sa valeur estimée en terme de
la exogène dans l'autre équation. Notre système devient
LogMntCrédit en fonction de LogPauvreté
estimé. Après cette substitution, on applique à
nouveau les MCO. Notons également qu'une autre méthode consistait
à appliquer directement les doubles moindres carrés à
chaque équation afin d'estimer ses paramètres.
64
41 Cité par NOULAH (2010), op cité.
~~~~ ~~~~~~~~ ~~~ ~~SULclYtclY cr
Iog\r çDIsc?Jss
c~~PIcr~~ 5
65
Cette partie sera consacrée dans un premier temps
à une analyse descriptive des différents éléments
de réponses contenues dans le questionnaire, et dans un second à
une analyse empirique de la relation entre le microcrédit et la
pauvreté.
66
5.1. Statistiques descriptives
5.1.1. Caractéristiques des
bénéficiaires enquêtés > Lieu de résidence
:
La répartition des bénéficiaires selon le
lieu de résidence nous a permis de constater que dans notre
échantillon de 55 bénéficiaires, 38 sont en zone rurale
(soit 69,09%) et 17 seulement sont en zone urbaine (soit 30,91%). Cette
répartition confirme bien la règle selon laquelle les
MC2 se trouvent en grande partie dans les zones rurales où
l'on trouve véritablement des personnes pauvres.
Figure 5: Répartition des
bénéficiaires selon le lieu de résidence
> Genre :
L'analyse de la figure 6 nous permet de constater que la
participation des femmes se situe seulement à 32,73%, contre celle des
hommes qui se situe à 67,27%. Cela nous permet de comprendre que les
femmes sont encore très réticentes en ce qui concerne les
services financiers. Pour cette raison, les EMF et plus
précisément les MC2 doivent développer des
services financiers donnant plus de visibilité aux femmes afin
d'atteindre les objectifs qu'elles se sont assignés, qui est d'atteindre
les couches les plus vulnérables à savoir les femmes et les plus
jeunes.
67
Figure 6: Répartition des
bénéficiaires selon le genre
> Age :
Tableau 8: répartition des
bénéficiaires par âge
|
Nombre d'enquêtés
|
Age minimal
|
Age
maximal
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Coef de variation
|
Statistiques 55 30
|
66
|
45,11
|
8,073
|
17,89%
|
De ce tableau, il ressort que l'âge moyen des
bénéficiaires enquêtés est de 45,11 ans. On constate
ainsi que les jeunes ne sont pas trop représentés dans cet
échantillon. Ceci serait peut être du au fait qu'ils ne sont pas
assez informés des services qui leurs sont offerts, compte tenu du fait
que les établissements financiers ont toujours été
perçu comme des services réservés à une certaine
catégorie de personnes appartenant à une certaine classe sociale.
Le coefficient de variation, établi à 17,89% est sensiblement
faible. Cela nous permet de soupçonner une certaine
homogénéité de la distribution, c'est-à-dire une
distribution dans laquelle les âges sont plus proches de l'âge
moyen.
> Niveau d'instruction :
La lecture de la figure 7 ci-dessous nous permet de constater
que les bénéficiaires de notre échantillon ont en
majorité un niveau d'instruction secondaire que ce soit du premier ou du
second cycle, soit 60%. Ensuite viennent les niveaux primaire (21,82%) et
supérieur (18,18%).
68
Figure 7 : Répartition selon le niveau
d'instruction
> Type de logement :
On constate à travers la figure ci-dessous que la
majoritaire des bénéficiaires de notre échantillon sont
logés dans une maison familiale (soit 38,18% de la population
étudiée). Les locataires à ce niveau sont peu nombreux, et
cela témoigne bien le fait que la plupart des
bénéficiaires se trouve en zone rurale où les gens sont
soit propriétaires, soit habitent dans des concessions familiales.
Figure 8 : Répartition selon le type de
logement.
69
> Activité du bénéficiaire au
moment de la demande du microcrédit :
La figure 9 ci-dessous nous fait remarquer qu'au moment de la
demande du microcrédit, la plupart des populations de notre
échantillon s'organise autour du petit commerce et de l'agriculture avec
des proportions de 32,73% et 29,09% respectivement. Les chômeurs sont peu
nombreux et représentent seulement 3,64%. Nous pourrons expliquer cela
par le fait que ces derniers n'ont peut être pas de garantie ou manquent
même parfois d'apport personnel, d'où leur réticence envers
les microcrédits.
Figure 9 : Répartition selon
l'activité du bénéficiaire
> Niveau de pauvreté des
bénéficiaires :
D'après les résultats des enquêtes, il
ressort de la figure 10 ci-dessous que les populations dont le revenu moyen par
personne est inférieur au seuil de pauvreté sont
évaluées à 45, soit 81,82% de l'échantillon, contre
18,18% seulement représentant celles dont ce revenu est supérieur
au seuil de 22 454FCFA/mois.
70
Figure 10: Répartition selon le niveau de
pauvreté
> Niveau d'instruction et genre
Tableau 9: Relation entre genre et niveau
d'instruction
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Total
|
Homme
|
7
|
21
|
9
|
37
|
Femme
|
5
|
12
|
1
|
18
55
|
Total
|
12
|
33
|
10
|
L'analyse du tableau 9 nous fait remarquer que des 32,73% que
la population féminine de notre échantillon, 5,56% seulement ont
un niveau supérieur, contre 66,67% et 27,77% pour les niveaux primaire
et secondaire respectivement. On peut également noter que la
majorité de ces femmes enquêtées ont arrêté
leurs études avant la classe de seconde. Au regard de l'âge moyen
qui est de 45 ans, on peut affirmer sans risque de se tromper qu'à une
certaine époque, l'école n'était pas trop la chose des
femmes, elles étaient juste « femme au foyer » et
participaient très peu à la prise de certaines
décisions.
> Niveau de revenu mensuel :
Tableau 10: Niveau de revenu mensuel du
répondeur
|
Nombre d'enquêtés
|
Revenu minimal
|
Revenu maximal
|
Revenu moyen
|
Ecart-type
|
Coef de
variation
|
statistiques 55 18 000
|
350 000
|
100 072,73
|
86 398,409
|
86,34%
|
En observant le tableau ci-dessus, et vu le revenu moyen
évalué à près de 100 073FCFA, d'aucuns pourront
être tentés à dire qu'il n'est pas aussi faible que
ça pour la
71
population étudiée, et ceci compte tenu d'une
appartenance dominante à la zone rurale. Mais en allant plus loin
analyser le coefficient de variation, établi à plus de 86%, on
constate dès lors qu'il est trop élevé et dénote
dans ce sens une forte dispersion de la distribution. Ceci se traduit par le
fait qu'il existe pour cet échantillon des individus avec des revenus
très élevés et d'autres avec des revenus très
faibles ; d'où des revenus très éloignés du revenu
moyen.
> Niveau de pauvreté et niveau d'instruction
:
Tableau 11: Relation entre niveau d'instruction
et niveau de pauvreté
|
Très pauvre
|
Pauvre
|
Moyen
|
Total
|
Primaire
|
11
|
0
|
1
|
12
|
Secondaire
|
17
|
9
|
7
|
33
|
Supérieur
|
0
|
4
|
6
|
10
55
|
Total
|
28
|
13
|
14
|
Le tableau 11 nous montre que des 18,18% des individus ayant
un niveau d'étude supérieur, 60% ont un niveau de vie moyen et
40% sont pauvres. Il n'existe donc pas d'individus très pauvres pour ce
niveau d'étude, et ceci nous amène à dire qu'il existe une
relation positive entre le niveau d'instruction et le niveau de
pauvreté. De même, on remarque que des 12 individus du niveau
primaire, 91,67% sont très pauvres, contre 8,33% seulement pour
autre.
5.1.2. Caractéristiques des microcrédits
> Type microcrédit :
Etant donné que nous avons opté pour les
crédits permettant de financer une activité
génératrice de revenu, la figure 11 ci-dessous nous donne les
statistiques suivantes :
72
Figure 11: Type de microcrédit obtenu
On constate à travers ce tableau que de toutes les AGR,
les bénéficiaires de notre échantillon ont
sollicité des microcrédits pour financer le petit commerce,
l'agriculture et l'élevage. Cependant, le petit commerce et
l'élevage se taille la part belle avec 40% et 38,18% respectivement.
> Montant du microcrédit :
Les microcrédits obtenus par les
bénéficiaires de cet échantillon varient entre 20 000FCFA
et 2 000 000FCFA. Ces crédits sont répartis ainsi qu'il suit :
Tableau 12: Répartition des
microcrédits
|
[0 ; 500 000[
|
[500 ; 1000
|
[1000 000 ;
|
[3000 000 et
|
Total
|
|
|
000[
|
3000 000[
|
plus
|
|
Effectifs
|
19
|
17
|
13
|
06
|
55
|
Fréquences
|
0,3454
|
0,3091
|
0,2364
|
0,1091
|
1
|
On remarque à ce niveau que les crédits de moins
de 1000 000 FCFA sont les plus nombreux et représentent près de
65,45% du total de crédits obtenus. Ceci traduit bel et bien le fait que
les crédits sont obtenus par des populations pauvres pour financer de
petits projets.
> Opinion sur le microcrédit :
Les enquêtes menées auprès de 55
bénéficiaires de microcrédits nous révèlent
que : 20 bénéficiaires (soit 36,36%) affirment que le
microcrédit pourrait être intéressant à moyen ou
73
long terme et 18 autres (soit 32,73%) pensent qu'il doit
être encore bien organisé. Seulement 16
bénéficiaires (soit 29,09%) affirment qu'il améliore les
conditions de vie à court terme et 1 (soit 1,82%), qui dit que le
microcrédit est une activité d'appauvrissement.
Figure 12: Opinion du bénéficiaire
sur le microcrédit
5.2. Analyses descriptives
Les tableaux 15 et 16 en annexes font ressortir les
statistiques des différentes variables liées au modèle
à l'instar de la moyenne, la médiane, l'écart-type, le
nombre d'observations, les statistiques de Kewness, de Kurtosis et de
Jarque-Bera, ainsi que les maximum, minimum et probabilité pour chaque
observation.
En ce qui concerne la corrélation entre les variables,
les tableaux 17.a et 17.b en annexes nous font part du type de relation qui
existe entre les variables. On constate dès lors une corrélation
forte et positive entre la pauvreté et le niveau d'instruction de
l'ordre de 52,47%. Entre le genre et le niveau de pauvreté, cette
corrélation est certes positive, mais très faible et cela
pourrait suggérer le fait que les femmes sont autant pauvres que les
hommes. Notons cependant que le type de logement et le montant de crédit
évolue en sens inverse avec le genre et on peut donc croire dans un
premier temps que les femmes bénéficiaires ont des logements
mieux que ceux des hommes, et dans un second temps que le montant de
crédit est plus favorable aux hommes qu'aux femmes. Le tableau 17.b
quant à lui nous fait remarquer à première vue que
l'âge a une corrélation négative avec toutes les autres
variables. Dans cette condition, à notre niveau on serait tenter de
penser que plus l'âge augmente, moins la demande de crédit
augmente, moins les dépenses mensuelles augmentent, moins le
74
microcrédit a un impact significatif, moins la
capacité à épargner est importante et moins sera la
réduction du niveau de pauvreté. Par ailleurs, le niveau de
pauvreté a des coefficients de corrélation forts et positifs avec
les variables dépense mensuelle et impact du microcrédit ; donc
on peut conclure la dépense mensuelle et l'impact du microcrédit
seront plus significatifs avec une amélioration du niveau de
pauvreté.
5.3. Tests
> Test d'homogénéité
:
La détermination des paramètres du modèle
nous donne les résultats suivants : à la première
étape nous avons Prob>F = 0,00000 qui est inférieur au seuil
de 1%. Par ailleurs la statistique de Fisher F (4 ; 50) = 12,6593
supérieur à Flu à ce seuil. Ceci nous permet de
conclure que ce modèle est globalement significatif à 1%.
Toutefois, nous avons un R2 de l'ordre de 0,6534 et un R2
ajusté de 0,6018, ceci suggère que les variables retenues
expliquent à 65 ,34% les variations de la pauvreté. La variable
estimée à la première équation viendra ainsi
remplacer la variable pauvreté à la deuxième étape.
A cette étape le modèle est globalement significatif au seuil de
5% pour un R2 de l'ordre de 0.2573 (voir tableau 14).
> Test de Normalité de Jarque-Bera
:
D'après les résultats des tableaux 15 et 16 en
annexes, on constate que les variables TypLoge, NivInst,
LogPauvreté, LogAge et LogMntCrédit suivent une loi
normale car la valeur calculée de JB est inférieure à 5,99
pour chacune d'elles à l'exception de Genre, LogDepMens,
ImpMicro et CapEpar dont la valeur de JB est supérieur à
5,99. De façon globale les valeurs calculées de Jarque-Bera au
niveau de chaque étape sont inférieures à 5.99 (voir
figures 13 et 15 en annexes), et dans ce cas on peut conclure que ces
équations suivent une loi normale.
> Test
d'hétéroscédasticité de White :
En générale, les données en coupe
instantanée ou transversale ne soufrent pas tellement
d'hétéroscédasticité comme c'est le cas avec les
données en coupe chronologique ou temporelle. D'après ce test
dont les résultats sont concentrés dans les tableaux 18 et 20 en
annexes, on a : étape 1 ; Prob>F = 0,8553 supérieur à
5% ; étape 2 on a Prob>F =0,9809 > également au seuil de
5%. On accepte ainsi H0 et on conclut qu'il y a absence
d'hétéroscédasticité.
75
> Test d'auto corrélation de Durbin-Watson
:
Les tableaux 13 et 14 nous montrent que nous avons des
Durbin-Watson de l'ordre de 2,06 et 1,96 qui sont sensiblement égales
à 2 pour chacune des deux étapes respectivement. Cela nous
amène à rejeter H1 c'est-à-dire qu'il y a absence d'auto
corrélation des résidus.
5.4. Evaluation de l'impact du microcrédit sur le
niveau de pauvreté à partir du réseau mc2 de la Menoua
Première étape :
Le tableau 13 ci-dessous nous permet de faire une analyse sur le
comportement de nos variables.
Tableau 13: Estimation de la première
équation LogRédPauvreté =f( toutes les variables
exogènes du système) et détermination niveau de
pauvreté estimé.
Dependent Variable : LogRédPauvreté Method : Least
Squares Sample: 1 55
Included observations: 55
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
TYPLOGE
|
-0.075550
|
0.082997 -0.910263
|
0.3673
|
|
|
|
|
NIVINST
|
0.444224
|
0.139664 3.180658
|
***
0.0026
|
LOGDEPMENS
|
0.449615
|
0.088678 5.070212
|
0.0000***
|
LOGAGE
|
-0.560099
|
0.425081 -1.317628
|
0.1940
|
IMPMICRO
|
0.694518
|
0.201678 3.443695
|
0.0012***
|
GENRE
|
-0.280448
|
0.197690 -1.418623
|
0.1626
|
CAPEPAR
|
-0.010123
|
0.171452 -0.059040
|
0.9532
|
C
|
4.855632
|
1.886141 2.574374
|
0.0133
|
R-squared
|
0.653433
|
Mean dependent var
|
9.211027
|
Adjusted R-squared
|
0.601816
|
S.D. dependent var
|
0.873815
|
S.E. of regression
|
0.551393
|
Akaike info criterion
|
1.780985
|
Sum squared resid
|
14.28960
|
Schwarz criterion
|
2.072961
|
Log likelihood
|
-40.97709
|
F-statistic
|
12.65939
|
Durbin-Watson stat
|
2.061261
|
Prob (F-statistic)
|
0.000000
|
*** : significatif à 1%
Source : Par nos soins à partir d'Eviews.5.
Les résultats du tableau ci-dessus nous font remarquer
que le R2 est de l'ordre de 0,6534, ce qui signifie qu'il existe une
forte relation entre la variable endogène et les variables
exogènes. Parmi ces variables exogènes, seuls le niveau
d'instruction, les dépenses
76
mensuelles et l'impact du microcrédit ont une relation
positive et significative (au seuil de 1%) avec la pauvreté. Ceci nous
amène à conclure que toue variation positive d'une de ces
variables entrainera une variation positive du revenu moyen, d'où une
amélioration des conditions de vie et d'où une réduction
de la pauvreté. Ce résultat rejoint les résultats de
Smahi (2010), qui a montré sur une étude faite
en Algérie que le niveau d'instruction influençait positivement
la pauvreté subjective. Par ailleurs, les variables type de logement,
âge, genre et capacité à épargner ont des
coefficients négatifs, et influencent par là négativement
le bien être, mais avec une significativité moindre.
Deuxième étape :
Tableau 14: Estimation de la deuxième
équation LogMntCrédit en remplaçant
LogRédPauvreté par LogRédPauvreté estimé.
Dependent Variable: LogMntCrédit Method: Least Squares
Sample: 1 55
Included observations: 55
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
LOGREDPAUV_ESTI
|
|
|
|
ME
|
0.767578
|
0.311011 2.468011
|
0.0171**
|
LOGDEPMENS
|
0.098980
|
0.138618 0.714054
|
0.4786
|
LOGAGE
|
0.262042
|
0.672120 0.389874
|
0.6983
|
IMPMICRO
|
0.222297
|
0.338672 0.656378
|
0.5147
|
CAPEPAR
|
0.250130
|
0.283484 0.882342
|
0.3819
|
C
|
3.417936
|
4.047521 0.844452
|
0.4025
|
R-squared
|
0.257299
|
Mean dependent var
|
13.39022
|
Adjusted R-squared
|
0.181513
|
S.D. dependent var
|
1.025164
|
S.E. of regression
|
0.927468
|
Akaike info criterion
|
2.789953
|
Sum squared resid
|
42.14968
|
Schwarz criterion
|
3.008935
|
Log likelihood
|
-70.72370
|
F-statistic
|
3.395074
|
Durbin-Watson stat
|
1.960201
|
Prob(F-statistic)
|
0.010338
|
** : significatif à 5%
Source : Par nos soins à partir d'Eviews.5.
Dans cette équation, le coefficient de
détermination R2 est de l'ordre de 25,73%. Seul le niveau de
pauvreté estimé est significatif au seuil de 5% et influence
positivement le montant du microcrédit comme la plus déterminante
variable (coefficient 0,7675). Ceci traduit le fait qu'une variation d'un point
du niveau de revenu entrainerait une variation positive de
77
0,76 point du montant du microcrédit. Les autres
variables explicatives telles que la dépense mensuelle, l'âge,
l'impact du microcrédit et la capacité à épargner
influencent elles aussi positivement le montant du crédit, mais avec une
significativité moindre. Au regard des résultats de ce tableau,
nous pouvons sans doute de nous tromper affirmer notre hypothèse selon
laquelle les microcrédits octroyés permettent aux populations
bénéficiaires d'améliorer leurs conditions de vie, ceci
à travers l'amélioration de l'alimentation, de l'accès
à l'eau, à l'électricité et la scolarisation des
enfants.
C5~~I~~~ 6
~ogr~jt)SIOW ET
qqcogvig~wi~~iows
78
79
6.1. Conclusion
La pauvreté, plus qu'un état de privation
observé à un moment donné, est un phénomène
de nature profondément dynamique, qu'il convient d'étudier dans
le temps pour identifier et comprendre les mécanismes
socio-économiques sous-jacents. Actuellement, il est essentiel de
remédier au dysfonctionnement dans les méthodes de ciblage des
ménages pauvres, et de revoir les mécanismes de fonctionnement
des institutions de l'état, et de les rendre plus démocratiques
et transparentes afin de maîtriser les politiques de lutte contre la
pauvreté et rendre les résultats y afférent plus tangibles
et fiables.
Notre étude consistait à analyser l'impact du
microcrédit sur les conditions de vie des populations
bénéficiaires. Pour y parvenir, nous avons opté pour une
étude plus simple en choisissant les bénéficiaires de
microcrédits destinés aux activités
génératrices de revenus auprès de certaines MC2
de la Menoua. De ce fait, nous nous sommes fixés comme hypothèse
que le microcrédit contribue à l'amélioration des
conditions de vie des populations bénéficiaires. Compte tenu de
la non disponibilité des données, du temps imparti à cette
étude et par souci de moyens financiers, nous avons fait recours
à un questionnaire qui nous a permis d'atteindre seulement 55
bénéficiaires de microcrédits auprès de 09
MC2. A partir d'une revue des travaux théoriques et
empiriques, nous avons retenu le modèle à équations
simultanées (ou modèle non récursif) inspiré des
travaux de Smahi Ahmed (2010), qui nous a permis de
réaliser notre hypothèse.
L'analyse descriptive des résultats de notre
échantillon nous renseigne que la plupart des
bénéficiaires sont des hommes dont l'âge moyen oscille
autour de 45 ans, pour un niveau d'étude de 60% pour le secondaire.
Cette population en majorité rurale, vit du petit commerce et de
l'agriculture. Notre étude nous a permis de constater que 40
bénéficiaires (soit 72,73%) parmi les 55 nous ont affirmé
que l'accès aux microcrédits leur a permis d'améliorer
leurs conditions de vie et ceci à travers l'amélioration de la
scolarisation des enfants, l'accès aux soins de santé,
l'amélioration de l'alimentation, le renforcement du statut au sein de
l'entourage et la création d'autres activités
génératrices de revenus.
L'estimation des paramètres du modèle par les
Doubles moindres carrés nous a amené à la conclusion que
le montant du microcrédit a une influence positive et significative sur
le niveau de pauvreté des populations bénéficiaires, ce
qui vérifie l'hypothèse de départ et les résultats
de l'analyse descriptive faite au chapitre 5. Mais il est à noter qu'en
ce qui concerne l'impact du microcrédit sur les conditions de vie, les
résultats de la régression nous montrent
80
qu'il a un coefficient certes positif, mais pas du tout
significatif. Ceci vient en contradiction avec les résultats de
l'analyse descriptive qui nous renseignent que 72,73% des
bénéficiaires affirment que le revenu généré
par le microcrédit a amélioré leurs conditions de vie.
Dans ce cas nous pourrons soupçonner d'autres revenus informels qui
viennent en augmentation du revenu du bénéficiaire.
6.2. Limites et perspectives
Comme tout oeuvre humaine, nous avons rencontré
d'énormes difficultés dans l'élaboration de ce travail de
recherche. La première difficulté rencontrée et
considérée comme majeure est celle de l'indisponibilité
des données au plan national, ce qui nous a amené à
circonscrire notre cadre d'étude au niveau de la Menoua. D'autre part,
la non-collaboration de certains bénéficiaires et les
difficultés à rencontrer d'autres n'ont fait que réduire
la taille de notre échantillon. Il serait également utile de
préciser que l'absence de certaines informations sur certaines variables
telles que l'apport personnel, la variation du revenu après le
microcrédit..., a eu un impact significatif dans l'élaboration de
notre modèle.
Ainsi, pour un futur proche, nous recommandons à tout
chercheur à faire une étude au niveau national en y introduisant
dans le modèle d'autres variables importantes que nous n'avons pas pu
avoir, ceci permettra de mieux évaluer l'impact du microcrédit
sur les conditions de vie au Cameroun, voire dans la sous-région Afrique
Centrale.
6.3. Recommandations
Afin de mieux toucher les couches les plus vulnérables
dans le but d'atteindre les objectifs du millénaire pour le
développement, les MC2 en particulier et les EMF en
générale devraient :
> Faire une cartographie des zones de pauvreté et
leurs degrés de priorité d'intervention afin de lutter
véritablement contre la pauvreté. De ce fait, l'accent devrait
être mis sur la sensibilisation des plus pauvres pour éviter que
les bénéficiaires des services de microcrédit ne soient
pas ceux ayant déjà une situation financière
aisée.
> Mettre sur pied un service adapté pour atteindre
la population des plus âgés et des malades. Cette population
aurait plutôt besoin des subventions et des transferts sociaux car elle
ne dispose pas de certains pré-requis pour bien utiliser les services
de
81
la microfinance, comme un minimum de scolarité, une
bonne santé et les moyens et capacités pour travailler.
> Mettre sur pied des dispositions règlementaires
pour encadrer la mise en place des microcrédits et éviter tout
dépassement en matière de destination finale des crédits
octroyés afin qu'ils puissent être consacrés
réellement à la mise en oeuvre de l'activité prévue
au départ.
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ANNEXES :
87
Tableau 15: Statistiques descriptives
première équation
|
TYPLOGE
|
NIVINST
|
LOGPAUVRETE
|
LOGMNTCREDIT
|
GENRE
|
Mean
|
2.67272
|
1.963636
|
9.211027
|
13.39022
|
1.69090
|
Median
|
3.00000
|
2.000000
|
9.159000
|
13.30460
|
2.00000
|
Maximum
|
4.00000
|
3.000000
|
10.85890
|
15.89490
|
2.00000
|
Minimum
|
1.00000
|
1.000000
|
7.418700
|
9.903400
|
1.00000
|
Std. Dev.
|
1.08959
|
0.637229
|
0.873815
|
1.025164
|
0.46637
|
Skewness
|
-0.36305
|
0.028509
|
-0.101511
|
-0.222211
|
-0.82623
|
Kurtosis
|
1.863776
|
2.503267
|
2.495309
|
4.299002
|
1.682663
|
Jarque-Bera
|
4.16678
|
0.572904
|
0.678175
|
4.319599
|
10.2346
|
Probability
|
0.124507
|
0.750923
|
0.712420
|
0.115348
|
93.00000
|
Sum
|
147.0000
|
108.0000
|
506.6065
|
736.4621
|
11.7454
|
Sum Sq. Dev.
|
64.10909
|
21.92727
|
41.23181
|
56.75185
|
55
|
Observations
|
55
|
55
|
55
|
55
|
|
Source : par nos soins
Tableau 16: Statistiques descriptives
deuxième équation
|
LOGPA UVRET E
|
LOGMNT CREDIT
|
LOGDEP MENS
|
LOGAGE
|
IMPMICR O
|
CAPEPAR
|
Mean
|
9.21102
|
13.39022
|
11.33193
|
3.783282
|
1.727273
|
1.61818
|
Median
|
9.15900
|
13.30460
|
11.28970
|
3.761200
|
2.000000
|
2.00000
|
Maximum
|
10.858
|
15.89490
|
15.51290
|
4.189600
|
2.000000
|
2.00000
|
Minimum
|
7.41870
|
9.903400
|
9.798100
|
3.286400
|
1.000000
|
1.00000
|
Stad. Dev.
|
0.8738
|
1.025164
|
0.944548
|
0.192446
|
0.449467
|
0.4903
|
Skweness
|
-0.1015
|
-0.222211
|
1.460491
|
-0.176681
|
-1.02062
|
-0.4865
|
Kurtosis
|
2.4953
|
4.299002
|
8.228896
|
2.762860
|
2.041667
|
1.2366
|
Jarque-Bera
|
0.6781
|
4.319599
|
82.21008
|
0.415022
|
11.65328
|
9.2950
|
Probability
|
0.7124
|
0.115348
|
0.000000
|
0.812604
|
0.002948
|
0.0095
|
Sum
|
506.605
|
736.4621
|
623.2560
|
208.0805
|
95.00000
|
89.000
|
Sum Sq. Dev
|
41.2311
|
56.75185
|
48.17719
|
1.999916
|
10.90909
|
12.981
|
Observations
|
55
|
55
|
55
|
55
|
55
|
55
|
Source : par nos soins
20
16
12
8
4
0
Tableau 17: Corrélation entre les
variables
a)
|
LogNivPauvreté
|
Genre
|
NivInstruction
|
Type Logement
|
LogMntCrédit
|
LogNivPauvreté
|
1
|
|
|
|
|
Genre
|
0,0328
|
1
|
|
|
|
NivInstruction
|
0,5247
|
0,2107
|
1
|
|
|
Type Logement
|
0,2512
|
-0,2392
|
0,2228
|
1
|
|
LogMntCrédit
|
0,2621
|
-0,0715
|
0,1755
|
0,3440
|
1
|
|
b)
|
LogMntCrédit
|
Log Age
|
LogDepMens
|
ImpMicro
|
CapEpar
|
LogNivPauvre
|
LogMntCrédit
|
1
|
|
|
|
|
|
Log Age
|
-0,0444
|
1
|
|
|
|
|
LogDepMens
|
0,2120
|
-0,0148
|
1
|
|
|
|
ImpMicro
|
0,3394
|
-0,1662
|
0,2107
|
1
|
|
|
CapEpar
|
0,2969
|
-0,0360
|
0,1926
|
0,3590
|
1
|
|
LogNivPauvre
|
0,2621
|
-0,2858
|
0,5534
|
0,5858
|
0,2627
|
1
|
Source : Par nos soins
Figure 13: Test de normalité de
Jarque-Bera (étape 1)
Series: Residuals Sample 1 55 Observations 55
Mean
|
-1.23e-16
|
Median
|
0.089240
|
Maximum
|
1.293580
|
Minimum
|
-1.340212
|
Std. Dev.
|
0.514414
|
Skewness
|
-0.385143
|
Kurtosis
|
3.485646
|
Jarque-Bera
|
1.900234
|
Probability
|
0.386696
|
-1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5
88
Source : Par nos soins à partir
d'Eviews.5.
89
Tableau 18 : White Heteroskedasticity Test
(étape1)
Source: Par nos soins
Tableau 18: White Heteroskedasticity Test (étape
1)
F-statistic 0.502216 Probability 0.891179
Obs*R-squared 6.261606 Probability 0.855351
Test Equation:
Dependent Variable: RESID^2 Method: Least Squares
Date: 10/26/13 Time: 07:39 Sample: 1 55
Included observations: 55
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-1.557668
|
19.81238 -0.078621
|
0.9377
|
TYPLOGE
|
0.068268
|
0.343224 0.198903
|
0.8433
|
TYPLOGE^2
|
-3.73E-05
|
0.070384 -0.000530
|
0.9996
|
NIVINST
|
0.081075
|
0.509907 0.158999
|
0.8744
|
NIVINST^2
|
-0.044001
|
0.124158 -0.354398
|
0.7248
|
LOGDEPMENS
|
0.552727
|
0.813295 0.679614
|
0.5004
|
LOGDEPMENS^2
|
-0.022268
|
0.033705 -0.660668
|
0.5123
|
LOGAGE
|
-1.017961
|
10.11623 -0.100627
|
0.9203
|
LOGAGE^2
|
0.164755
|
1.341463 0.122818
|
0.9028
|
IMPMICRO
|
-0.050412
|
0.164076 -0.307248
|
0.7601
|
GENRE
|
-0.168070
|
0.175691 -0.956622
|
0.3441
|
CAPEPAR
|
0.084795
|
0.136876 0.619503
|
0.5389
|
R-squared
|
0.113847
|
Mean dependent var
|
0.259811
|
Adjusted R-squared
|
-0.112843
|
S.D. dependent var
|
0.413392
|
S.E. of regression
|
0.436092
|
Akaike info criterion
|
1.368305
|
Sum squared resid
|
8.177592
|
Schwarz criterion
|
1.806269
|
Log likelihood
|
-25.62839
|
F-statistic
|
0.502216
|
Durbin-Watson stat
|
2.101188
|
Prob(F-statistic)
|
0.891179
|
90
Tableau 19 : Breusch-Godfrey Serial Correlation
LM Test
F-statistic 0.072685 Probability 0.788673
Obs*R-squared 0.086768 Probability 0.768326
Test Equation:
Dependent Variable: RESID
Method: Least Squares
Date: 10/26/13 Time: 07:39
Presample missing value lagged residuals set to zero.
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
TYPLOGE
|
-0.000450
|
0.083845 -0.005371
|
0.9957
|
NIVINST
|
-0.004474
|
0.142036 -0.031499
|
0.9750
|
LOGDEPMENS
|
0.002829
|
0.090178 0.031370
|
0.9751
|
LOGAGE
|
-0.007611
|
0.430265 -0.017689
|
0.9860
|
IMPMICRO
|
-0.004111
|
0.204268 -0.020125
|
0.9840
|
GENRE
|
-0.016873
|
0.209248 -0.080634
|
0.9361
|
CAPEPAR
|
-0.003512
|
0.173658 -0.020224
|
0.9840
|
C
|
0.047753
|
1.913245 0.024959
|
0.9802
|
RESID(-1)
|
-0.043916
|
0.162894 -0.269601
|
0.7887
|
R-squared
|
0.001578
|
Mean dependent var
|
-1.23E-16
|
Adjusted R-squared
|
-0.172061
|
S.D. dependent var
|
0.514414
|
S.E. of regression
|
0.556914
|
Akaike info criterion
|
1.815770
|
Sum squared resid
|
14.26706
|
Schwarz criterion
|
2.144243
|
Log likelihood
|
-40.93367
|
F-statistic
|
0.009086
|
Durbin-Watson stat
|
1.982803
|
Prob(F-statistic)
|
1.000000
|
Source : Par nos soins à partir
d'Eviews.5.
Figure 14: Evolution des résidus
LogNivPauvreté (étape 1)
1.5 1.0 0.5 0.0 -0.5 -1.0 -1.5
|
|
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55
LOGPAUVRETE Residuals
Source : par nos soins à partir
d'Eviews.5.
Figure 15: test de normalité de
Jarque-Bera (étape 2)
Series: Residuals Sample 1 55 Observations 55
Mean
|
5.33e-16
|
Median
|
-0.142968
|
Maximum
|
2.045577
|
Minimum
|
-2.872015
|
Std. Dev.
|
0.883487
|
Skewness
|
-0.334053
|
Kurtosis
|
4.140883
|
Jarque-Bera
|
4.005783
|
Probability
|
0.134945
|
16 14 12 10 8 6 4 2 0
|
|
-3 -2 -1 0 1 2
91
Source : Par nos soins
92
Tableau 20: White Heteroskedasticity Test
(étape 2)
F-statistic 0.217321 Probability 0.986153
Obs*R-squared 2.003015 Probability 0.980919
Test Equation:
Dependent Variable: RESID^2 Method: Least Squares
Date: 10/26/13 Time: 07:48 Sample: 1 55
Included observations: 55
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
4.677965
|
79.28498 0.059002
|
0.9532
|
NIVPAUV_ESTIME
|
1.731162
|
13.44075 0.128800
|
0.8981
|
NIVPAUV_ESTIME^2
|
-0.096794
|
0.723675 -0.133753
|
0.8942
|
LOGDEPMENS
|
2.213090
|
2.694688 0.821279
|
0.4157
|
LOGDEPMENS^2
|
-0.090960
|
0.111252 -0.817604
|
0.4178
|
LOGAGE
|
-13.84983
|
31.68512 -0.437108
|
0.6641
|
LOGAGE^2
|
1.935502
|
4.211207 0.459607
|
0.6480
|
IMPMICRO
|
-0.031381
|
0.543384 -0.057750
|
0.9542
|
CAPEPAR
|
-0.162183
|
0.451005 -0.359604
|
0.7208
|
R-squared
|
0.036418
|
Mean dependent var
|
0.766358
|
Adjusted R-squared
|
-0.131161
|
S.D. dependent var
|
1.370698
|
S.E. of regression
|
1.457821
|
Akaike info criterion
|
3.740343
|
Sum squared resid
|
97.76110
|
Schwarz criterion
|
4.068816
|
Log likelihood
|
-93.85944
|
F-statistic
|
0.217321
|
Durbin-Watson stat
|
1.737750
|
Prob(F-statistic)
|
0.986153
|
Source : Par nos soins
|
|
|
|
93
Tableau 21 :Breusch-Godfrey Serial Correlation
LM Test (étape 2)
F-statistic 5.16E-05 Probability 0.994300
Obs*R-squared 5.91E-05 Probability 0.993867
Test Equation:
Dependent Variable: RESID
Method: Least Squares
Date: 10/26/13 Time: 07:49
Presample missing value lagged residuals set to zero.
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
NIVPAUV_ESTIME
|
0.000312
|
0.317231 0.000985
|
0.9992
|
LOGDEPMENS
|
3.21E-05
|
0.140125 0.000229
|
0.9998
|
LOGAGE
|
0.000905
|
0.690675 0.001310
|
0.9990
|
IMPMICRO
|
-0.000171
|
0.343013 -0.000500
|
0.9996
|
CAPEPAR
|
-0.000495
|
0.294592 -0.001679
|
0.9987
|
C
|
-0.005591
|
4.162911 -0.001343
|
0.9989
|
RESID(-1)
|
-0.001108
|
0.154237 -0.007181
|
0.9943
|
R-squared
|
0.000001
|
Mean dependent var
|
5.33E-16
|
Adjusted R-squared
|
-0.124999
|
S.D. dependent var
|
0.883487
|
S.E. of regression
|
0.937079
|
Akaike info criterion
|
2.826315
|
Sum squared resid
|
42.14963
|
Schwarz criterion
|
3.081794
|
Log likelihood
|
-70.72367
|
F-statistic
|
8.59E-06
|
Durbin-Watson stat
|
1.958609
|
Prob(F-statistic)
|
1.000000
|
Source : Par nos soins
|
|
|
|
94
Figure 16: Evolution des résidus
(étape 2)
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55
LOGMNTCREDIT Residuals
Source : Par nos soins
95
Questionnaire adressé aux
bénéficiaires de Microcrédits octroyés par
le réseau MC2 de la Menoua
Madame, Monsieur, le présent questionnaire entre dans le
cadre d'une recherche. Il vise à recueillir des informations
nécessaires sur la contribution des MC2 à la lutte
contre la pauvreté dans le département de la Menoua. Les
informations obtenues sont strictement confidentielles, et le questionnaire
est anonyme.
Instruction : répondez en cochant
uniquement la bonne réponse
1. Identification du bénéficiaire
Q1. Lieu de résidence : zone rurale zone urbaine
Q2. Sexe : homme femme
Q3. Age du bénéficiaire : ans
Q4. Situation matrimoniale : marié célibataire
divorcé(e) veuf (ve)
Q5. Niveau d'instruction : primaire secondaire
supérieur
Q6. Nombre de personnes en charge ............
Q7. Dans quel type de logement habitez-vous ? Habitat
précaire locataire
q maison familiale maison bien aménagée
Q8. Quelle activité exercez-vous au moment de la demande
du microcrédit ? au chômage
q Agriculture artisanat petit commerce salarié du
privé fonctionnaire
q call box elevage autres
Q9. Quel est votre niveau de revenu mensuel après le
microcrédit ? FCFA
2. Conditions d'accès au microcrédit
Q10. Comment avez-vous appris l'existence de MC2 ?
MC2 elle-même télévision
q Journaux radio ancien bénéficiaire parent ou
ami association
Q11. Depuis combien de temps aviez-vous adhéré
à cette institution ? ..ans
Q12. Quel type de microcrédit avez-vous obtenu ? :
agricole commercial artisanal
q groupe elevage
Q13. Quel était le montant du microcrédit (le
premier plus précisément) obtenu ? FCFA
Q14. Le volume du microcrédit est-il satisfaisant ? oui
non
Q15. Comment trouvez-vous le temps qui sépare la demande
et l'octroi du microcrédit ?
q Raisonnable court trop court long trop long
Q16. Croyez vous que la garantie représente une contrainte
pour vous ? oui non
Q17. Quelle est la durée de remboursement du
microcrédit ? mois
Q18. Comment jugez-vous le niveau du taux d'intérêt
? acceptable faible élevé
Q19. Respectez-vous les délais de remboursement ? oui
non
Q20. Que pensez-vous du délai de remboursement ? trop
long long court
q Trop court satisfaisant.
3. Impact socio-économique du Microcrédit
Q21. Le microcrédit est destiné à :
acheter la matière première développer une
activité déjà existante acheter un équipement
Q22. Le revenu généré par le
microcrédit a-t-il amélioré vos conditions de vie ? oui
non
Q23. Quel est le montant total consacré à vos
dépenses mensuelles? FCFA
Q24. Le revenu de vos activités après le
microcrédit vous a-t-il permis d'épargner? Oui non
Q25. Le revenu généré par cette
activité vous a-t-il permis de renforcer votre statut au sein de
votre
ménage et de votre entourage ? oui non
Q26. Pensez-vous que le microcrédit vous a permis de :
travailler investir Subvenir à
vos besoins créer une autre activité autres
Q27. Quelle est votre opinion sur le microcrédit ? aide
à améliorer les conditions de vie à court
terme peut être intéressant à moyen ou long
terme Doit être encore bien organisé
q est une activité d'appauvrissement
Q28. Pensez vous que la présence d'un accompagnateur pour
votre projet est-elle nécessaire?
q Oui non
Q29. Comment vous semblent les explications données par
MC2 avant le prêt? Très claires
q claires insuffisantes très insuffisantes.
96
Je vous remercie.
97
LISTE DES MC2 AU 30 NOVEMBRE
2012
|
|
Raison sociale
|
Date création
|
Siège
|
Province
|
Département
|
MC2 de Baham
|
9/9/1992
|
Baham
|
Ouest
|
Haut-plateaux
|
MC2 de Manjo
|
8/18/1993
|
Manjo
|
Littoral
|
|
MC2 de Melong
|
8/25/1993
|
Melong
|
littoral
|
|
MC2 de Penka-Michel
|
12/4/1993
|
Penka-Michel
|
Ouest
|
|
MC2 de Bandjoun
|
1/8/1994
|
Bandjoun
|
Ouest
|
|
MC2 de Badjouma
|
5/11/1994
|
Badjouma
|
Ouest
|
|
MC2 de Bafia
|
5/20/1994
|
Bafia
|
Centre
|
|
MC2 de Bamendjou
|
1/11/1995
|
Bamendjou
|
Ouest
|
|
MC2 de Bangou
|
5/27/1995
|
Bangou
|
Ouest
|
|
MC2 de TPD
|
10/6/1995
|
TPD
|
Ouest
|
|
MC2 de Babouantou
|
11/11/1995
|
Babouantou
|
Ouest
|
|
MC2 de Muyuka
|
12/1/1995
|
Muyuka
|
Sud-Ouest
|
|
MC2 of Bayangam
|
12/16/1995
|
Bayangam
|
Ouest
|
|
MC2 de Doumbouo
|
3/30/1996
|
Doumbouo
|
Ouest
|
|
MC2 de Bafou
|
7/13/1996
|
Bafou
|
Ouest
|
|
MC2 de Bandja
|
1/18/1997
|
Bandja
|
Ouest
|
|
MC2 de Batoufam
|
2/8/1997
|
Batoufam
|
Ouest
|
|
MC2 de Ngaoundal
|
8/16/1997
|
Ngaoundal
|
Adamaoua
|
|
MC2 de Bangangté
|
8/19/1997
|
Bangangté
|
Ouest
|
|
MC2 de Bambalang
|
10/31/1997
|
Bambalang
|
Nord-Ouest
|
|
MC2 de Esse - Awae
|
3/6/1998
|
Esse - Awae
|
Centre
|
|
MC2 de Bafoussam Rurale
|
9/1/1998
|
Bafoussam Rurale
|
Ouest
|
|
MC2 de Zamengoe
|
11/1/1998
|
Zamengoe
|
Centre
|
|
MC2 de Bali
|
10/2/1999
|
Bali
|
Nord-Ouest
|
|
MC2 de Fongo Tongo
|
10/16/1999
|
Fongo Tongo
|
Ouest
|
|
MC2 de Njombe
|
10/16/1999
|
Njombe
|
Littoral
|
|
MC2 de Mbankomo
|
10/27/1999
|
Mbankomo
|
Centre
|
|
MC2 de Kribi Campo
|
10/29/1999
|
Kribi Campo
|
Sud
|
|
MC2 de Loum
|
11/2/1999
|
Loum
|
Littoral
|
|
MC2 de Ekondo Titi
|
5/8/2000
|
Ekondo Titi
|
Sud-Ouest
|
|
MC2 de Batouri
|
12/20/1999
|
Batouri
|
Est
|
|
MC2 de Kekem
|
4/8/2000
|
Kekem
|
Ouest
|
|
MC2 de Mamfe
|
9/29/2000
|
Mamfe
|
Sud-Ouest
|
|
MC2 de Baleveng
|
9/30/2000
|
Baleveng
|
Ouest
|
|
MC2 de Bafang Rural
|
10/28/2000
|
Bafang Rural
|
Ouest
|
|
MC2 de Makenene
|
5/19/2001
|
Makenene
|
Centre
|
|
MC2 de Foreke Dschang
|
7/7/2001
|
Foreke Dschang
|
Ouest
|
|
MC2 de Baleng
|
11/10/2001
|
Baleng
|
Ouest
|
|
MC2 de Babadjou
|
11/1/2001
|
Babadjou
|
Ouest
|
|
MC2 de baleng
|
01/11/2001
|
Beleng
|
Ouest
|
|
MC2 de Banka
|
11/11/2002
|
banka
|
Ouest
|
|
MC2 de Mbalmayo
|
22/01/2003
|
Mbalmayo
|
centre
|
|
MC2 de Balengou
|
10/02/2003
|
Balengou
|
Ouest
|
|
MC2 de Bamendou
|
08/03/2003
|
Bamendou
|
Ouest
|
|
MC2 de Foto
|
22/03/2003
|
Foto
|
Ouest
|
|
MC2 de Njinikom
|
05/05/2003
|
Njinikom
|
Nord-Ouest
|
Boyo
|
MC2 de Nieté
|
12/08/2003
|
Nieté
|
Sud
|
Océan
|
MC2 de Batcham
|
16/08/2003
|
Batcham
|
Ouest
|
Bamboutos
|
MC2 de Baré Bakem
|
15/12/2003
|
Baré
|
Littoral
|
Mungo
|
98
MC2 de Bertoua
|
29/12/2003
|
Bertoua
|
Est
|
Lom et Djerem
|
MC2 de Banyo
|
07/02/2004
|
Banyo
|
Adamaoua
|
|
MC2 de Mokolo
|
25/08/2004
|
Mokolo
|
Extrême-Nord
|
|
MC2 de Makak
|
28/08/2004
|
Makak
|
Centre
|
|
MC2 de Bangang
|
05/09/2004
|
Bangang
|
Ouest
|
Bamboutos
|
MC2 de Santa
|
28/08/2004
|
Santa
|
Nord-Ouest
|
|
MC2 de Bamena
|
26/03/2005
|
Bamena
|
Ouest
|
|
MC2 de Lolodorf
|
09/04/2005
|
Lolodorf
|
Sud
|
|
MC2 de Bahouan
|
14/04/2005
|
Bahouan
|
Ouest
|
Haut-plateaux
|
MC2 de Ngaoundéré
|
09/04/2005
|
Ngaoundéré
|
Adamaoua
|
|
MC2 de Nkongsamba
|
21/12/2005
|
Nkongsamba
|
Littoral
|
Mungo
|
MC2 de Bamunka-Ndop
|
18/01/2006
|
Bamunka
|
Nord-Ouest
|
|
MC2 de Ngélémendouka
|
21/12/2005
|
Nguélémendouka
|
Est
|
|
MC2 de Fokoué
|
01/04/2007
|
Fokoué
|
Ouest
|
|
MC2 de Demdeng
|
01/04/2007
|
demdeng
|
Ouest
|
|
MC2 de Widikum
|
22/09/2007
|
Widikum
|
Nord-Ouest
|
|
MC2 de Bélabo
|
13/03/2007
|
Bélabo
|
Est
|
|
CRD de Dokayo
|
29/06/2007
|
Widikum
|
Est
|
|
MC2 de Bandenkop
|
15/12/2007
|
Bélabo
|
Ouest
|
|
MC2 d'Eséka
|
07/04/2007
|
Widikum
|
Centre
|
|
MC2 de Mbouroukou
|
01/06/2008
|
Mbouroukou
|
Littoral
|
|
MC2 de Bamougoum
|
01/07/2008
|
Bamoungoum
|
Ouest
|
|
MUFFA Nkomkana
|
02/03/1998
|
Yaoundé
|
Centre
|
Mfoundi
|
MUFFA Bafoussam
|
19/07/2001
|
Bafoussam
|
Ouest
|
Mifi
|
MUFFA Bali
|
15/03/1999
|
Bali
|
Littoral
|
Wouri
|
MUFFA Biyem-Assi
|
12/02/2002
|
Biyem-Assi
|
Centre
|
Mfoundi
|
MUFFA Buea
|
28/04/2008
|
Buea
|
Sud-Ouest
|
Fako
|
MUFFA Emombo
|
02/05/2010
|
Emombo
|
Centre
|
Mfoundi
|
MUFFA Bonaberi
|
20/04/2010
|
Bonaberi
|
Littoral
|
|
MC2 de Tibati
|
16/04/2009
|
Tibati
|
Adamaoua
|
|
MC2 de Fundong
|
01/12/2008
|
Fundong
|
Nord-Ouest
|
Boyo
|
MC2 de Mbang
|
29/08/2010
|
Mbang
|
est
|
|
MC2 de Mbanga
|
01/09/2008
|
Mbanga
|
Littoral
|
|
MC2 d'Okola
|
11/09/2010
|
Okola
|
Centre
|
|
CRD de Tongo Gandima
|
11/09/2010
|
Tongo Gandima
|
Est
|
|
MC2 de Guidiguis
|
30/07/2011
|
Guidiguis
|
Extrême-Nord
|
|
MC2 de Belo
|
15/05/2011
|
Tongo Gandima
|
Est
|
|
MC2 d'Abong-Mbang
|
01/05/2011
|
Abong-Mbang
|
Est
|
|
MC2 de Bansoa
|
30/04/2011
|
Bansoa
|
Ouest
|
|
MC2 de Yabassi
|
30/07/2011
|
Yabassi
|
Littoral
|
|
MC2 d'Obala
|
01/01/2012
|
Obala
|
Centre
|
Lékié
|
MC2 de Santchou
|
01/01/2012
|
Yabassi
|
Littoral
|
|
MC2 de F4
|
|
|
Ouest
|
Menoua
|
MC2 de Bazou
|
|
Bazou
|
Oues
|
|
Source : ADAF-Siège
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