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Microfinance et lutte contre la pauvreté: une étude des microcrédits octroyés par le réseau mc² de la Menoua

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par Cédric Beaudin YMELE
Université de Dschang - Master 2013
  

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TABLE DES MATIERES

i

TABLE DES MATIERES i

DEDICACE v

REMERCIEMENTS vi

LISTE DES SIGLES vii

LISTE DES TABLEAUX ix

LISTE DES FIGURES x

RESUME xi

ABSTRACT xii

CHAPITRE I: Introduction Générale 1

1.1. Contexte de l'étude 2

1.2. Problématique 4

1.3. Objectif de la recherche 6

1.4. Hypothèse de la recherche 6

1.5. Choix du sujet et Intérêt de l'étude 7

1.5.1. Choix du sujet 7

1.5.2. Intérêt de l'étude 8

1.6. Organisation de la thèse 8

CHAPITRE 2 : Cadre conceptuel et revue de la littérature 9

2.1. Clarification des concepts 10

2.1.1. Le phénomène de pauvreté 10

2.1.1.1. Définition de la pauvreté 10

2.1.1.2. Les différentes formes de pauvreté 12

2.1.1.2.1. La pauvreté absolue 13

2.1.1.2.2. La pauvreté relative 13

2.1.1.3. Les seuils de pauvreté 15

2.1.1.3.1. Seuil de pauvreté absolue 15

2.1.1.3.2. Seuil de pauvreté relative 16

2.1.1.4. Pauvreté et Inégalité 16

2.1.1.4.1. Le coefficient d'inégalité de Gini 16

2.1.1.4.2. L'indice de Theil (Theil's entropy measures) 17

2.1.1.4.3. Le ratio de dispersion des déciles 17

2.1.1.4.4. Part de la consommation et du revenu des x% les plus pauvres 17

2.1.1.5. Pauvreté et Vulnérabilité 18

2.1.1.6. Mesures de la pauvreté 18

2.1.1.6.1. Incidence de la pauvreté (indice en nombre d'habitants) 19

2.1.1.6.2. Profondeur de la pauvreté (écart de pauvreté) 19

2.1.1.6.3. Sévérité de la pauvreté (écart de pauvreté au carré) 19

2.1.2. Le concept de Microfinance 19

2.1.2.1. Origine de la microfinance 20

2.1.2.2. Définitions et émergence de la microfinance 21

2.1.2.2.1. Définitions de la microfinance 21

2.1.2.2.2. Emergence de la microfinance 22

2.2. Revue de la littérature 24

2.2.1. Revue des travaux théoriques 24

2.2.1.1. Les fondements théoriques liés à la microfinance 24

2.2.1.1.1. La théorie de la répression financière 24

2.2.1.1.2. La théorie des coûts de transaction 25

2.2.1.1.3. La théorie d'agence ou théorie principal-agent 26

2.2.1.1.3. Les débats entre deux approches en microfinance 27

2.2.1.1.3.1. L'approche institutionnaliste 27

2.2.1.1.3.2. L'approche welfariste 28

2.2.1.2. Les fondements théoriques liés à la pauvreté 30

2.2.1.2.1. L'avènement des écoles sur la pauvreté 30

2.2.1.2.1.1. L'école welfariste 30

2.2.1.2.1.2. L'école des besoins de base 30

2.2.1.2.1.3. L'école des capacités ou capabilités 31

2.2.2. Revue des travaux empiriques 33

Conclusion 36

iii

CHAPITRE 3: Evolution de la Pauvreté et de la Microfinance dans le Monde et au

Cameroun 37

3.1. La pauvreté dans le monde 38

3.1.1. Stratégies internationales de lutte contre la pauvreté 40

3.1.1.1. L'IPPTE et sa mise en oeuvre 41

3.1.1.2. Le DSRP et la FRPC 42

3.1.1.3. Le financement du développement durable 42

3.1.1.4. La bonne gouvernance 43

3.1.2. Caractéristiques et évolution de la pauvreté au Cameroun 44

3.1.3. Stratégies nationales de lutte contre la pauvreté 45

3.2. La Microfinance au Cameroun 47

3.2.1. Configuration du secteur 47

3.2.2. Couverture géographique de la clientèle 48

3.2.3. Les capitaux propres 48

3.2.4. Organisation du secteur de la microfinance 49

3.2.5. Présentation du réseau MC2 au Cameroun 50

3.2.5.1. Définition des MC2 50

3.2.5.2. Produits et services offerts par les MC2 51

3.2.5.3. Conditions d'adhésion à une MC2 52

3.2.5.4. Effet de la MC2 sur la réduction de la pauvreté 52

Conclusion 53

CHAPITRE 4: Méthodologie de la Recherche 54

4.1. Présentation de la zone d'étude 55

4.2. Nature et source de données 55

4.3. Spécification du modèle 56

4.4. Tests économétriques et méthode d'estimation 59

4.4.1. Tests économétriques 59

4.4.1.1. Le test d'homogénéité 59

4.4.1.2. Les tests de normalité 60

4.4.1.3. Le test d'auto corrélation de durbin-watson 61

4.4.1.4. Le test d'hétéroscedasticité 61

4.4.1.5. Le coefficient de détermination R2 62

iv

4.4.1.6. Le coefficient de corrélation 62

4.4.2. Méthode d'estimation 63

CHAPITRE 5: Presentation des resultats et discussion 65

5.1. Statistiques descriptives 66

5.1.1. Caractéristiques des bénéficiaires enquêtés 66

5.1.2. Caractéristiques des microcrédits 71

5.2. Analyses descriptives 73

5.3. Tests 74

5.4. Evaluation de l'impact du microcrédit sur le niveau de pauvreté a partir du réseau mc2

de la Ménoua 75

CHAPITRE 6: Conclusion et Recommandations 78

6.1. Conclusion 79

6.2. Limites et perspectives 80

6.3. Recommandations 80

Références bibliographiques 82

Annexes : 87

DEDICACE

v

Je dédie cette thèse de Master à ma mère AWOUANTCHA Bernadette, mon père DONKOHO Fidèle, à mon oncle SONFACK Maurice et son épouse DEMAFO Noël, et à TCHAMENI Delphine ; eux qui m'ont poussé à grimper l'arbre pour déguster les fruits, au lieu de rester en bas et d'attendre la chute de ces fruits.

REMERCIEMENTS

vi

Etant donné qu'aucune oeuvre n'est faite dans la solitude, ce travail est l'oeuvre de plusieurs personnes dont je tiens à remercier.

Au terme de ces années de recherche, mes premiers remerciements vont à l'endroit du Dr. PONY Lucas, mon directeur de thèse qui m'a apporté un précieux soutien dans ce travail, et l'accueil dans son laboratoire CEDRES m'a permis de mieux manipuler les outils de recherche.

Je remercie Pr. KAMDEM David qui a accepté sans hésiter de superviser ce travail.

Je remercie M. KUIPOU Christophe pour son soutien et ses conseils dans la réalisation de ce travail.

Mes remerciements s'adressent également à mon frère NANFACK Achille et mes soeurs NGOUFACK Yrène et NGOUATEU Nina, qu'ils trouvent en ce travail un exemple à suivre.

Je remercie MAKOLLO Manuella, EMO Armelle et DIBAO Francia, elles qui m'ont accepté dans leur famille et m'ont apporté leur soutien indéfectible.

Je remercie le Dr. BOMDA Justin Secrétaire Exécutif ADAF-Siège (Yaoundé) pour n'avoir ménagé aucun effort en me remettant une lettre de recommandation qui m'a facilité l'accès au sein des MC2.

Je remercie M. KENMOE Elvis contrôleur-auditeur comptable d'ADAF OUEST pour sa disponibilité et son aide dans la collecte des informations.

Je remercie tous les Directeurs d'agence des MC2 de Foréké, Foto, Fongo-Tongo, Bafou, Bamendou, Baleveng, Penka-Michel, Doumbouo et Fokoué, et plus précisément Mme NONGNI Marthe de MC2 baleveng pour son dévouement afin de me mettre en contact avec les bénéficiaires de microcrédits.

Je remercie mon amie TSAGUE DONGMO Bella qui m'a soutenu sans relâche tout au long de ce travail.

Je remercie maman MAGNI Sylvie Blandine pour son soutien inconditionnel.

Je tiens à remercier tous mes camarades de promotion à l'égard de TAKOULAC Marcel, MOUMIE Eric, CHOUAFI Orfé, MAKUISSIE Judith, MBOUNGA Adéline, DONGMO Franklin, NZOTCHA Christian, SIMEU Christian, MBOUE Ricardo, pour leurs motivations et dont sans eux je n'aurais pas pu atteindre le bout de ce travail.

Je remercie enfin tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à l'élaboration de ce travail et dont je n'ai pas pu citer les noms

LISTE DES SIGLES

VII

ADAF : Appropriate Development for Africa Foundation

AGR : Activité Génératrice de Revenu

AID : Association Internationale pour le Développement

APE : Accords de Partenariat Economique

APD : Aide Publique au Développement

BIT : Bureau International du Travail

BM : Banque Mondiale

CAMCCUL: Cameroon Cooperative Credit Unions League

CCA: Crédit Communautaire d'Afrique

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale

CGAP: Consultative Group to Assist the Poor

COBAC: Commission Bancaire d'Afrique Centrale

COOPEC : Coopérative d'Epargne et Crédit

DSCE : Document de Stratégies pour la Croissance et l'Emploi

DSRP : Document de Stratégies pour la Réduction de la Pauvreté

ECAM : Enquêtes Camerounaises Auprès des Ménages

EMF : Etablissement de Microfinance

FAO : Programme Alimentaire Mondial

FMI : Fonds Monétaire Internationale

FRPC : Facilités pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance

IADM : Initiative d'Allègement de la Dette Multilatérale

viii

IMF : Institution de Microfinance

INS : Institut National de la Statistique

IPPTE : Initiative Pays Pauvres Très Endettés

MC2 : Mutuelle Communautaire de Croissance

MPE : Micros et Petites Entreprises

MINFI-CMR : Ministère des Finance Cameroun

NEPAD: New Partnership for African Development

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PAS : Plan d'Ajustement Structurel

PCI : Programme de Comparaison Internationale

PED : Pays En Développement

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

PVD : Pays en Voie de Développement

RMDH : Rapport Mondial sur le Développement Humain

SDSR : Stratégies de Développement du Secteur Rural

LISTE DES TABLEAUX

ix

Tableau 1: La pauvreté de 1820 à 1992 avec prévision en 2015 38

Tableau 2: Estimations régionales de la pauvreté (Seuil de pauvreté de 1.25 $/ jour) 39

Tableau 3: Comparaison mondiale de la pauvreté entre le seuil de 1,25$ par jour et le seuil

de 2$ par jour en 2005(effectif en million) 40

Tableau 4: Perspectives de marché entre 2000 et 2011 (valeurs financières en milliards de

F CFA) 49

Tableau 5: Organisation du secteur de la Microfinance au Cameroun 50

Tableau 6: Evolution statistique du réseau MC2 au 30 Novembre 2012 51

Tableau 7: variables et leurs modalités dans le modèle 57

Tableau 8: répartition des bénéficiaires par âge 67

Tableau 9: Relation entre genre et niveau d'instruction 70

Tableau 10: Niveau de revenu mensuel du répondeur 70

Tableau 11: Relation entre niveau d'instruction et niveau de pauvreté 71

Tableau 12: Répartition des microcrédits 72

Tableau 13: Estimation de la première équation LogRédPauvreté =f( toutes les variables

exogènes du système) et détermination niveau de pauvreté estimé. 75

Tableau 14: Estimation de la deuxième équation LogMntCrédit en remplaçant

LogRédPauvreté par LogRédPauvreté estimé. 76

Tableau 15: Statistiques descriptives première équation 87

Tableau 16: Statistiques descriptives deuxième équation 87

Tableau 17: Corrélation entre les variables 88

Tableau 18 : White Heteroskedasticity Test (étape1) 89

Tableau 19 : Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test 90

Tableau 20: White Heteroskedasticity Test (étape 2) 92

Tableau 21 :Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test (étape 2) 93

LISTE DES FIGURES

X

Figure 1: Courbe de Lorenz de la distribution du revenu 17

Figure 2: Fonctionnement des approches Welfariste et Institutionnaliste 29

Figure 3: Dimensions du bien être et de la pauvreté 32

Figure 4: Evolution de l'incidence de la pauvreté au Cameroun 45

Figure 5: Répartition des bénéficiaires selon le lieu de résidence 66

Figure 6: Répartition des bénéficiaires selon le genre 67

Figure 7 : Répartition selon le niveau d'instruction 68

Figure 8 : Répartition selon le type de logement. 68

Figure 9 : Répartition selon l'activité du bénéficiaire 69

Figure 10: Répartition selon le niveau de pauvreté 70

Figure 11: Type de microcrédit obtenu 72

Figure 12: Opinion du bénéficiaire sur le microcrédit 73

Figure 13: Test de normalité de Jarque-Bera (étape 1) 88

Figure 14: Evolution des résidus LogNivPauvreté (étape 1) 91

Figure 15: test de normalité de Jarque-Bera (étape 2) 91

Figure 16: Evolution des résidus (étape 2) 94

RESUME

xi

Les EMF ont une plus value sociale évidente vu qu'ils permettent, d'une part, aux exclus de l'emploi salarié, d'exercer une activité génératrice de revenus, souvent dans le cadre d'une micro entreprise, tout en bénéficiant d'autres services financiers de proximité tels la micro-assurance et le transfert d'argent, synonymes de protection contre la vulnérabilité et la gestion des risques sociaux. D'autre part, ils accordent des prêts de groupe, répondant à des besoins non satisfaits par le système bancaire classique.

Pour mieux cerner la quintessence de ce travail, il a été important de se poser la question de recherche suivante: Les microcrédits octroyés par les MC2 améliorent-ils les conditions de vie des populations bénéficiaires? Il sera donc question d'évaluer l'impact des microcrédits octroyés par les MC2 de la Menoua sur le niveau de pauvreté de ces populations. Pour y parvenir, nous nous sommes fixés à priori comme hypothèse que les microcrédits octroyés par le réseau MC2 de la Menoua contribuent à l'amélioration des conditions de vie des populations bénéficiaires. L'étude a été faite sur un échantillon de 55 bénéficiaires de microcrédits octroyés par le réseau MC2 aux populations de la MENOUA. Nous avons ainsi formulé deux équations de régression dites équations simultanées que nous avons estimées par la méthode des doubles moindres carrés, à l'aide du logiciel Eviews.5.

Les résultats obtenus indiquent que le microcrédit a une influence positive sur le niveau de réduction de la pauvreté évalué à partir du revenu moyen mensuel par personne dans le ménage. Mais le microcrédit seul ne suffirait pas à réduire la pauvreté. Il faudrait que les responsables de ces structures mettent sur pied d'autres services plus appropriés afin de rehausser le niveau de l'indice de développement humain (I.D.H.). ces services peuvent être entre autres: la formation et l'orientation des bénéficiaires, l'octroi de crédits aux couches cibles que sont les jeunes et les femmes, l'octroi des subventions et des transferts sociaux aux plus âgés et malades, etc.

Mots clés : Microfinance, Microcrédit, Pauvreté, Exclus, Activités génératrice de revenus et Vulnérabilité.

ABSTRACT

xii

The MFIs have an important social value. They permit on one hand, to non salaried workers to exercise revenue generating activities, in microenterprises and equally by benefiting other financials services such as micro insurances and money transfers. This goes to protect them against vulnerability and management of social risk. On the other hand, they give collectives loans thereby answering to the needs which are not satisfied by the classical banking system.

The main objective of our research was to evaluate the impact of microcredit on the poverty level of the benefactors. The study was carried out on a sample population of 55 benefactors of microcredit granted by the MC2 network to the Menoua populations. To arrive at this possible, we used the simultaneous equations model that was estimated by the two-stage least square (2SLS) method through the eviews.5 software.

The results obtained indicate that micro credit has a positive influence on the level of poverty. But the micro credit alone will not be able to reduce the poverty. It will be necessary that the people in charge of these structures put in place more appropriates services such as: the training and the orientation of the recipients, grant it to the target layers which are the young people and women, grant the subsidies and the social transfers to the old and sick people, etc.

Key words: Microfinance, Micro credit, Poverty, Revenue generating activities and Vulnerability.

c~~~i~~~ 1

I~~~oq)~q7ogr ~ ~~~~~~~

1

2

1.1. Contexte de l'étude

Peu d'innovations économiques auront soulevé autant d'espoir que la microfinance pour lutter contre l'exclusion sociale et la pauvreté. Les hauts responsables de l'ONU l'ont bien compris, en faisant de 2005 l'année du microcrédit. L'objectif ambitieux de toucher 600 millions de personnes démunies revient à multiplier par dix la clientèle actuelle et souligne, par là même, la nécessité d'un changement d'échelle.

Les dispositifs de microfinance sont des structures offrant des services financiers de base (épargne/crédit) et plus élaborés (assurances) à une frange de la population exclue des circuits financiers classiques ou traditionnels que sont les banques. La plus ancienne et la plus connue des composantes de la microfinance est le microcrédit, qui consiste à accorder des prêts de petits montants, à court terme et à petites échéances. La clientèle cible étant pauvre et ne disposant pas de garanties matérielles, la garantie est généralement apportée par des groupes de caution solidaire.

Les toutes premières mutuelles d'épargne et de crédit ont été créées par Raiffaisen dans la seconde moitié du 19ième siècle en Rhénanie, dans le souci de faire jouer la garantie collective. C'est sur ce modèle que sont nés, en France, le Crédit Agricole, le Crédit Mutuel, le Crédit Coopératif, la Banque Populaire. Ce mouvement s'est déployé dans les pays du Sud, en Afrique francophone notamment. Les institutions créées donnant la priorité à l'épargne, jugée plus vertueuse et plus pédagogique que le crédit, avaient un public de couches moyennes et leur impact sur la réduction de la pauvreté était assez peu visible, puisque cette épargne permettait aux pouvoirs publics de se procurer plutôt des ressources abondantes.

Dans les années quatre-vingt, une prise de conscience a poussé divers acteurs à privilégier le crédit afin de financer la création et le développement d'activités économiques, et de lutter ainsi contre la pauvreté. Le succès de la Grameen Bank en 1974 du Professeur Muhammad Yunus1 a déclenché une véritable révolution du microcrédit, en réussissant à obtenir d'excellents taux de remboursement tout en prêtant à une clientèle pauvre ne disposant pas de garantie matérielle.

Un mouvement composé d'acteurs disparates (ONG, bailleurs de fonds...) a vu dans le microcrédit et plus largement dans la microfinance un moyen efficace d'éradication

1 Prix Nobel de la Paix en 2006

3

de la pauvreté. La microfinance « contemporaine » a ainsi fait l'unanimité pendant les dix premières années de son existence (1980-1990). Le courant des ONG de développement y voyait les bienfaits d'une approche bottom-up ciblée sur l'individu favorisant une amélioration du capital social. Les partisans d'une approche libérale du développement y trouvaient un moyen peu onéreux d'éradiquer la pauvreté grâce à un effet de levier important eu égard à l'investissement consenti, et ce tout en respectant les mécanismes de marché.

On note cependant que la pauvreté, en effet, est une préoccupation des hommes depuis les temps antiques. Sa réduction fait l'objet depuis la nuit des temps, d'une grande espérance qui mobilise toutes les cultures et toutes les communautés humaines. Les dirigeants du monde réunis à l'occasion du sommet du millénaire en septembre 2000 se sont donnés huit objectifs dits « du millénaire pour le développement » (OMD) dont le premier vise la réduction de moitié de l'extrême pauvreté et la faim à l'horizon 2015 en assurant aux couches les plus défavorisées l'accès aux besoins de base tels que l'éducation,

la santé, l'alimentation, etc

La mise en oeuvre du DSRP, adopté en avril 2003, a permis au Gouvernement camerounais de maintenir la stabilité du cadre macroéconomique et de soutenir des taux de croissance positifs jusqu'en 2008. Toutefois, le profil général de croissance est resté en retrait du niveau espéré pour résorber substantiellement la pauvreté (DSCE Cameroun, page 8).

La révision du DSRP vise la correction des distorsions ou des manquements relevés lors des évaluations successives de la mise en oeuvre, et des consultations participatives de mars 2008. Le processus de révision de la stratégie a abouti à un document de stratégie pour la croissance et l'emploi (DSCE), et confirmé l'option d'implication des populations à la base, dans une démarche participative. Ce document qui surgit directement après les émeutes de Février 2008 fut élaboré dans un contexte caractérisé par le renchérissement du coût de la vie au niveau national, la crise financière internationale de la même année, sans oublier les crises alimentaire et énergétique.

Au regard de ses actions en faveur de la réduction de la pauvreté, par le défi de la croissance et de l'emploi, le DSCE est devenu, conformément à la déclaration de Paris l'outil de référence de l'action gouvernementale camerounaise ainsi que le lieu de

4

convergence de la coopération avec les partenaires techniques et financiers en matière de développement. Ce document vise principalement la recherche de la croissance et la redistribution des revenus de la dite croissance aux couches les plus vulnérables en mettant plus l'accent sur les jeunes et les femmes.

La stratégie d'intervention du FIDA au Cameroun couvrant la période 2007-2012 se positionne en appui à la réalisation des objectifs du DSCE et vise à améliorer les conditions de vie des populations rurales pauvres en s'articulant autour des deux objectifs suivants:

> renforcer la capacité d'organisation et le pouvoir de négociation des populations rurales pauvres et de leurs organisations;

> accroître durablement les perspectives d'activités rémunératrices agricoles et non agricoles des ruraux pauvres, notamment des femmes et des jeunes.

La micro finance constitue ainsi donc un instrument efficace s'insérant facilement dans le tissu socioéconomique et permet la création d'activités génératrices de revenu (AGR). Cet engouement s'inscrit parmi les nombreuses réflexions consacrées au lien entre finance et développement économique. La micro finance est alors vue comme un remède miracle pour lutter contre la pauvreté.

1.2. Problématique

La microfinance représente aujourd'hui un des axes de nombreuses politiques de développement ; pourtant, la nature et l'ampleur exacte de l'impact qu'on peut en attendre ne sont pas toujours aussi établies que ce qui est parfois affirmé dans les forums internationaux (Marc LABIE, 1999). Par ailleurs, il s'agit d'un secteur extrêmement diversifié. En matière de microfinance, cela concerne fondamentalement deux types d'institutions : les organisations à « logique coopérative2 » et les ONG. Il n'est donc ni possible ni souhaitable de résumer l'ensemble de la microfinance autour d'un schéma unique qui serait le seul à légitimer. Au contraire, il s'agit de faire preuve de nuance et de voir ce que chaque type d'institution peut apporter au champ de la microfinance. Par ailleurs, il est important de ne pas ni surestimer ni sous-estimer ce que la microfinance peut apporter en matière de lutte contre la pauvreté. Certains affirment que non seulement la microfinance peut servir les plus pauvres mais qu'il doit s'agir là d'une de ses priorités

2 On peut citer ici les coopec, caisses villageoises, mutuelles etc....

5

absolues. D'autres, au contraire, pensent que tenant compte des caractéristiques de ce type de service, il n'est probablement pas destiné aux plus pauvres des plus pauvres mais bien à ceux qui disposent de projets susceptibles d'engranger une rentabilité suffisante pour supporter le coût de ce type de service (J. Morduch, 1999).

Il sera par ailleurs important de rappeler ce point de vue qui est souvent négligé mais auquel on doit accorder une importance particulière à savoir la définition de la pauvreté. On a longtemps considéré que la pauvreté résultait d'un manque de revenus. Or, grâce notamment aux travaux de Amartya Sen3, on a mieux compris que la pauvreté est en fait un phénomène multidimensionnel (qui attaque l'environnement, la santé, l'éducation, etc....). La question n'est donc pas seulement de savoir si un individu a, ou non, un revenu suffisant mais bien plus, de savoir, s'il a ou non, accès à une série de biens et services essentiels par exemple en matière de santé ou d'éducation. Si on accepte cette approche, on comprend donc aisément qu'il est pour le moins exagéré de prétendre que la mise en place de systèmes de microfinancement est, à elle seule, susceptible de lutter contre la pauvreté.

Naturellement, les avis divergent : pour certains auteurs, la micro finance ou le microcrédit est une stratégie capable de relever le défît ou une alternative sérieuse aux diverses politiques de développement. Pour d'autres, les microcrédits assurent la survie et non l'émergence, ils n'ont pas réussi à bâtir le capital des micros entreprises viables. Cependant, nous savons, pour notre part, que « l'argent appelle l'argent dit un proverbe,... Si vous en avez un peu, vous pouvez en avoir beaucoup. Le plus difficile, c'est d'avoir ce peu là... ».

Or, la problématique de la pauvreté au Cameroun s'apparente au manque de ce peu là. La population dispose d'immenses atouts et est pleine d'initiatives dont la mise en oeuvre est handicapée par le manque de capital et le manque d'accès au marché financier. L'insuffisance d'institutions bancaires ou leur inexistence pure et simple dans plusieurs localités du pays, le dysfonctionnement de ce circuit et l'impossibilité d'y accéder pour la majorité de la population camerounaise est une réalité qui aggrave l'état de la pauvreté devenue un phénomène de masse au Cameroun.

3 Prix Nobel d'Economie

6

En recherchant les solutions de survie, les populations camerounaises pauvres et plus particulièrement en zone rurale se lancent dans des activités du secteur informel tels que : call box, petit commerce, commerce ambulant, artisanat, agriculture, élevage, ben skin, coiffure, couture, etc. Ces activités n'ayant aucun soutien ni de l'Etat, ni de tout autre organisme, c'est alors que va apparaitre la microfinance sur ce terrain qui parait fertile comme une panacée qui pourrait venir en aide aux populations exclues. Les hommes, les femmes et même les enfants s'y livrent parfois sans réflexion, comme poussés par cette croyance populaire qui stipule : « qui ne risque rien n'a rien ». Mais malheureusement, la mesure du risque n'est pas toujours faite de manière suffisante. C'est ainsi que nous pouvons constater que, malgré la prolifération des EMF au Cameroun, la pauvreté de masse semble dicter toujours sa loi.

Et c'est parce que l'engouement est réel et même mondial, avec la consécration de l'année 2005 comme l'année internationale du microcrédit, qu'il nous importe de nous poser la question de recherche suivante : « les services financiers offerts par le réseau MC2 de la Menoua sont-ils suffisamment adaptés aux besoins réels des populations bénéficiaires ? » De façon plus simple :

- Les microcrédits octroyés par les MC2 améliorent-ils les conditions de vie des populations bénéficiaires ?

1.3. Objectif de la recherche

La présente recherche se focalise autour d'un seul objectif.

Il s'agit à travers cette étude d'évaluer l'impact des microcrédits octroyés par le réseau MC2 du département de la MENOUA sur les conditions de vie des populations bénéficiaires.

1.4. Hypothèse de la recherche

Afin de mieux apprécier l'influence du microcrédit sur le niveau de pauvreté des bénéficiaires, nous allons formuler l'hypothèse suivante :

Les microcrédits octroyés par le réseau MC2 de la MENOUA contribuent à l'amélioration des conditions de vie des populations bénéficiaires.

7

1.5. Choix du sujet et Intérêt de l'étude 1.5.1. Choix du sujet

La problématique du financement d'activités génératrices de revenus d'une large frange de la population a toujours suscité, une persistante interrogation. Ce souci est d'autant plus justifié, qu'il trouve son origine dans un contexte à la fois de pauvreté aggravée et de déstructuration du réseau bancaire.

Le foisonnement des structures mutualistes d'épargne et de crédit à travers le pays depuis quelques années et l'engouement que le phénomène suscite tant au niveau des femmes, des hommes, de l'Etat que des bailleurs de fonds constituent pour nous, une raison supplémentaire de nous intéresser davantage au secteur microfinancier.

Le paysage financier du Cameroun est incontestablement marqué maintenant par la présence imposante des institutions de microfinance. Ceci est d'autant plus justifié que cette présence s'opère dans un contexte marqué par les défaillances des institutions étatiques de financement du développement et les difficultés d'accès aux sources conventionnelles de financement pour bon nombre de familles et de MPE.

Alors, l'impact d'un tel secteur sur la satisfaction des besoins des populations en souffrance de financements d'activités de tous ordres suscite beaucoup d'intérêt ; car il s'avère plus que jamais nécessaire d'opérer à une analyse appropriée des besoins effectifs de la cible pour rendre plus efficaces les interventions en leur direction. Or, en partant du principe que l'initiative privée demeure à l'heure actuelle un levier privilégié pour réduire la pauvreté, le financement de ces initiatives demeure la clé de la réussite de tout élan de promotion de développement endogène. Une autre raison de justification du choix de ce sujet, c'est d'inscrire davantage la question relative à la microfinance dans la préoccupation politique des décideurs compte tenu du rôle important qu'elle peut jouer notamment dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement. En effet, le monde s'est assigné pour objectif de réduire la pauvreté de moitié à l'horizon 2015 conformément aux engagements de Copenhague. Une telle volonté est également exprimée par les africains eux-mêmes à travers le NEPAD (New Partnership for African Development).

8

1.5.2. Intérêt de l'étude

L'intérêt de cette étude est à la fois théorique, scientifique et pratique.

+ Sur le plan théorique, cette étude nous aurait permis d'approfondir nos connaissances dans le phénomène de pauvreté et du mécanisme de sa réduction par le biais de la microfinance comme instrument privilégié à la portée de l'Etat et des populations pauvres.

+ Sur le plan scientifique, nous espérons apporter notre modeste contribution dans l'élargissement du champ de la connaissance en levant un coin de voile sur une question aussi préoccupante que le délicat sujet du financement de l'économie à la base et de l'impact de l'outil microfinancier sur la prise en charge des besoins réels de ses cibles. Ce travail pourrait servir de support à tous ceux que des recherches sur le secteur de la microfinance intéresseraient dans le futur ; il nous a servi par ailleurs à perfectionner nos techniques de recherche.

+ Sur le plan pratique, cette étude pourrait aider d'une part les EMF à améliorer leurs méthodes de travail et bénéficier davantage du capital de confiance populaire en apportant le plus de service à leurs clients ou membres et en exploitant pleinement le potentiel du marché ; et d'autre part, amener les bénéficiaires des microcrédits à comprendre le bien-fondé du crédit et le meilleur moyen de son bénéfice qui passe par une orientation par objectif de crédits obtenus et par une gestion efficiente de ceux-ci.

1.6. Organisation de la thèse

La présente thèse est repartie sur six chapitres.

Tout d'abord, nous avons eu au présent chapitre une Introduction Générale dans laquelle nous avons présenté le contexte de l'étude, la problématique, les objectifs et hypothèse, le choix et l'intérêt de l'étude. Le deuxième chapitre sera consacré aux fondements théoriques et à la revue de la littérature. Au troisième chapitre, il sera question de faire un état des lieux de la pauvreté et de la microfinance dans le monde en générale et le Cameroun en particulier. Le quatrième chapitre quant à lui énoncera la méthodologie utilisée dans le cadre de notre étude. Le cinquième chapitre évaluera les résultats de notre étude. Enfin, le sixième chapitre, intitulé Conclusions et Recommandations, évoquera les principaux enseignements tirés de notre étude ainsi que les recommandations susceptibles d'orienter les travaux et réflexions futurs.

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L'étude du thème « Microfinance et lutte contre la pauvreté » nécessite une recherche sur les buts et missions de la microfinance. L'intérêt sans cesse grandissant que suscite la microfinance oblige l'apprenti chercheur que nous sommes à ne pas faire l'économie des clarifications des concepts qui structurent le sujet de recherche ainsi choisi. C'est donc dans le souci de répondre à une règle de méthode qui veut que définition précède discussion pour lever toute équivoque, que nous allons nous atteler à cette exigence.

10

2.1. Clarification des concepts

Dans cette section, il sera question pour nous de lever un pan de voile sur les différents concepts qui meublent notre étude, en leur apportant certaines définitions selon certains auteurs.

2.1.1. Le phénomène de pauvreté

La difficulté majeure de la recherche dans l'étude du phénomène de

pauvreté est de trouver un consensus qui permet de dégager une définition universelle ou normalisée de la notion de pauvreté. Les opinions divergent sur la définition et la compréhension de la pauvreté et ses causes. Il serait utile pour nous d'évoquer dans ce chapitre les différentes définitions universelles qui ont permis de mieux appréhender l'évolution du concept de pauvreté dans la pensée, ainsi que les différents instruments permettant de caractériser et mesurer la pauvreté sous ses diverses formes.

2.1.1.1. Définition de la pauvreté

La littérature sur le phénomène de pauvreté est extrêmement abondante. De ce fait, sa perception évolue à travers le temps et le contexte, ce qui influence la manière de la définir.

Le terme « pauvre » vient du latin pauper et du grec pénes (pauvre) et penia (pauvreté), vocables apparentés à peina (faim) et d'une façon lointaine à ponos (douleur) et poiné (châtiment, peine)4.

Selon l'usage le plus courant, la pauvreté caractérise la situation d'un individu qui ne dispose pas des ressources réputées suffisantes pour vivre dignement dans une société et son contexte. Insuffisance de ressources matérielles affectant la nourriture, l'accès à l'eau potable, les vêtements, le logement, ou les conditions de vie en général. Mais également insuffisance de ressources intangibles telles que l'accès à l'éducation, l'exercice d'une activité valorisante, le respect reçu des autres citoyens ou encore le développement personnel5.

Selon Michel Mollat, historien du moyen âge « Le pauvre est celui qui, de façon permanente ou temporaire, se trouve dans une situation de faiblesse, de dépendance, d'humiliation caractérisée par la privation des moyens, variables selon les

4 Alberto. Wagner De Reyna, «progrès et développement» recueil de textes, Ed l'Harmattan, 1990, p.37 5 Pauvreté, www.fr.wikipédia.org lu le 22 juil. 13

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époques et les sociétés, de puissance et de considération sociale : argent, relation, influence, pouvoir, science, qualification technique, honorabilité de naissance, vigueur physique, capacité intellectuelle, liberté et dignité personnelle.Vivant au jour le jour, il n'a aucune chance de se lever sans l'aide d'autrui.

Sylvain Lariviére et Frédéric Martin (1997), définissent la pauvreté « comme un état de privation à long terme de bien être jugé inadéquat pour vivre décemment. La pauvreté est donc synonyme de carence, elle est fonction d'un manque connu face à des besoins que l'on peut identifier. Elle concerne en priorité ceux ou celles qui éprouvent des difficultés à s'intégrer au système socioéconomique pour toutes sortes de raisons »6.

M. Ravallion (1994) considère que « la pauvreté peut exister dans une société donnée quand une ou plusieurs personnes n'atteignent pas un niveau de bien être économique, considéré comme un minimum raisonnable près des normes de cette société ». Dans cette première analyse, on peut constater que la notion de pauvreté est liée au concept de l'économie du bien être.

Le lauréat du prix Nobel en 1998, Amartya Sen (1993)7 confirme « qu'il y'a une raison forte pour juger l'avantage individuel en termes de possibilités. Dans cette perspective, la pauvreté doit être vue comme une privation des besoins de base plutôt qu'un bas revenu qui est le critère standard de la pauvreté ». Cet élargissement dans la compréhension de la pauvreté a donné un nouvel élan du concept, caractérisé par une multiplicité de visages, qui va au delà d'une insuffisance de revenu. En plus des rapprochements sur la vision de définir le concept de la pauvreté, certains auteurs ont pu également cerner une définition plus objective de la pauvreté tels que Fields (1994) : « La pauvreté est l'incapacité d'un individu ou d'un ménage à avoir les ressources de base requises à la satisfaction des besoins de base ».

Selon Kabeer, 20058, « la pauvreté se manifeste par un dénuement matériel, mais ses causes s'enracinent dans les relations de pouvoir qui déterminent la répartition des ressources matérielles et symboliques les plus valorisées dans la société. Ces relations placent les hommes, les femmes et les enfants pauvres en position de

6 Sylvain Lariviére et Frédéric Martin, « Cadre d'analyse économique de la pauvreté et des conditions de vie des ménages » série de discussion : 197, septembre 1997, P.05.

7 Cité par SMAHI Ahmed, 2010

8 Cité par SMAHI Ahmed, 2010

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subordination et de dépendance par rapport à ceux et celles qui possèdent un accès privilégié à ces ressources. En plus de subir un dénuement matériel, les pauvres sont aussi donc dépourvus de pouvoir ».

D'après le rapport sur le développement dans le monde (2000-2001) : « Combattre la pauvreté », d'autres aspects pour inclure le risque, la vulnérabilité, le manque d'autonomie, le sentiment d'impuissance et d'insécurité et le manque de respect de soi sont mis en évidence dans la définition de la pauvreté. Dans ce contexte la pauvreté se manifeste sous diverses formes à savoir9 :

+ Faiblesse de la consommation sur les plans quantitatifs et qualitatifs (incapacité d'avoir trois repas par jours, d'avoir une alimentation équilibrée ou d'atteindre le nombre de calories requis).

+ Incapacité de s'habiller décemment.

+ Habitat précaire ou même sans habitat du

tout.

+ Difficultés d'accès aux besoins essentiels

+ Mauvaise insertion sociale (chômage, emploi marginal, dépendance vis-à-vis des autres pour se nourrir, mendicité, etc.).

Il est intéressant de constater que la prise en compte des multiples dimensions de la pauvreté ainsi que le repérage de nouvelles formes de pauvreté ont conduit à un enrichissement progressif des thématiques liées à l'analyse de ce phénomène économique et social.

2.1.1.2. Les différentes formes de pauvreté

La pauvreté est généralement considérée comme un phénomène

multidimensionnel. A cet effet, des études ont été menées et fort est de constater que l'origine pécuniaire ou monétaire est fortement évoquée. La pauvreté pécuniaire ou l'insuffisance de revenu monétaire entraîne des difficultés, pour se nourrir, s'habiller, se loger et ce, plus ou moins intensément, selon que l'on a éventuellement accès à des ressources naturelles valorisables. Elle est estimée au moyen de seuils de pauvreté. Différentes définitions de ces seuils existent ; les pays développés utilisent généralement

9 Backiny Yetna Prosper, « Analyse de la pauvreté », Banque mondiale, 17 septembre 1999, in www.worldbank.org

13

des seuils relatifs, alors que la pauvreté dans les pays en développement est estimée au moyen de seuils de pauvreté absolus.

2.1.1.2.1. La pauvreté absolue

Elle est définie par l'incapacité de satisfaire les besoins essentiels en nourriture, vêtements, logements et soins (Morrisson Christian, 2003). A ce niveau, la pauvreté absolue se réfère à un niveau de consommation minimale par individu. Une personne est pauvre si elle n'arrive pas, à cause de la faiblesse de ses ressources, à satisfaire ses besoins de base (alimentaire et non alimentaire). Le seuil de pauvreté absolue ou la dépense minimale par individu, est calculé par les services statistiques de chaque pays et il augmente avec le PIB/hab.10. Ce seuil de pauvreté, qui est la référence habituelle dans les PVD détermine le revenu nécessaire à l'achat du panier minimal de biens alimentaires, indispensables à la survie quotidienne (qui correspond selon les normes du FAO à 2400 calories pour la pauvreté et à 1800 calories pour l'extrême pauvreté), auquel on ajoute le revenu utile à l'achat de biens non alimentaires tels que (habillement, hygiène, eau, énergie, transport, etc....). En fait, l'approche absolue à l'avantage de permettre la comparaison dans le temps. Si l'objectif est la lutte contre la pauvreté, il y a lieu d'utiliser cette démarche.

2.1.1.2.2. La pauvreté relative

Selon cette approche, le seuil est fixé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population, avec comme référence le revenu médian (le revenu médian est le revenu séparant la population en deux, c'est-à-dire que la moitié de la

population a un revenu plus élevé, et l'autre moitié un revenu inférieur). Ainsi on
parlera de pauvreté relative pour des personnes qui sont moins bien lotis que la majorité des autres membres de la même région.

Peter Townsend (1999), en critiquant la mesure de la pauvreté sur des besoins indépendants de tout contexte, propose une définition qui repose sur une approche relative de la pauvreté, selon laquelle la pauvreté ne peut être définie d'une façon absolue, indépendante du lieu et l'époque mais dans un rapport avec la société toute entière.

Au regard des analyses faites jusqu'ici, on serait tenté de dire que ces deux

10 Il faut noter que la composition du panier de biens alimentaires et les prix relatifs des biens changent avec le

PIB/hab. pour chaque pays.

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approches sont complémentaires. A ce stade, Morrison (2002) donne un exemple pour mieux appréhender les deux définitions « Par exemple une personne qui ne peut pas acheter une auto ou un téléviseur se trouve dans un pays riche défavorisée et en pauvreté relative puisque d'autres ménages possèdent des biens, mais elle n'est pas pauvre en terme absolu parce que ces biens ne sont pas indispensables pour vivre ».

Au-delà de ces deux approches, certains auteurs vont distinguer entre autres ce que l'on va appeler :

> La pauvreté objective ; > La pauvreté subjective ; > La pauvreté transitoire et > La pauvreté instantanée.

Au début du XXe siècle, Benjamin Seebohm Rowntree effectue de nombreuses enquêtes sur la pauvreté dans la Ville d'York (Angleterre) et distingue ce qu'il appelle la pauvreté primaire (absence de ressources suffisantes) de la pauvreté secondaire ( niveau de ressources qui pourrait être suffisant mais qui est compromis par une gestion déraisonnable ou des dépenses inconsidérées).

Serges Paugam (1998) va plus loin et distingue trois formes de pauvreté à savoir : La pauvreté intégrée : elle renvoie davantage à la question sociale de la pauvreté au sens traditionnel qu'à celle de l'exclusion sociale. Ceux que l'on appelle les «pauvres» sont, dans ce type de rapport social, nombreux et peu distincts des autres couches de la population. Leur situation est si courante que l'on en parle moins comme le problème d'un groupe social spécifique que comme celui d'une région ou d'une localité donnée qui a toujours été pauvre. La pauvreté de la population est liée, dans les représentations collectives, à la pauvreté de la région et de l'ensemble du système social. Les pauvres ont ici un niveau de vie bas, mais ils restent fortement insérés dans des réseaux sociaux organisés autour de la famille et du quartier ou du village. Par ailleurs, même s'ils peuvent être touchés par le chômage, celui-ci ne saurait, en lui-même, leur conférer un statut dévalorisé.

La pauvreté marginale : Contrairement à la pauvreté intégrée, ce que l'on appelle les «pauvres» ou les «exclus» forment seulement une petite frange de la population. Ce sont en quelque sorte, dans la conscience collective, les inadaptés de la civilisation moderne, ceux qui n'ont pas pu suivre le rythme de la croissance et se conformer aux normes

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imposées par le développement industriel. Même résiduelle, leur situation dérange car elle souligne les «ratés du système» et renforce les «désillusions du progrès»11.

La pauvreté disqualifiante : Ce que l'on appelle les «pauvres» ou les «exclus» sont de plus en plus nombreux. Ils sont refoulés hors de la sphère productive et deviennent dépendants des institutions d'action sociale, tout en connaissant progressivement de plus en plus de difficultés. Il ne s'agit pas, pour la plupart, d'un état de misère stabilisé, se reproduisant d'année en année à l'identique, mais d'un processus pouvant impliquer, au contraire, des variations soudaines dans l'organisation de la vie quotidienne. Même s'il ne faut pas généraliser, il est vrai que de plus en plus, des personnes sont confrontées à des situations de précarité par rapport à l'emploi susceptibles de se cumuler à plusieurs handicaps: faiblesse du revenu, médiocrité des conditions de logement et de santé, fragilité de la sociabilité familiale et des réseaux sociaux d'aide privée, participation incertaine à toute forme de vie sociale institutionnalisée.

2.1.1.3. Les seuils de pauvreté

Le seuil de pauvreté est un niveau de revenus au-dessous duquel un ménage est considéré comme pauvre. Ce seuil prend des valeurs radicalement différentes selon les pays considérés : pays dits "développés" ou pays dits "en développement". La notion de pauvreté monétaire étant difficile à cerner avec précision, plusieurs conventions sont utilisées pour déterminer le seuil de pauvreté. On distingue en général un seuil de pauvreté absolue(en fonction d'un panier de consommation minimale) et un seuil de pauvreté relative(en pourcentage du revenu médian ou moyen).

2.1.1.3.1. Seuil de pauvreté absolue

Par définition, cette approche considère que la pauvreté est un concept absolu, c'est à dire que la pauvreté d'un ménage ne dépend que de sa situation et non pas de celle du reste de la société. Elle est associée à certaines normes absolues sur les éléments dont les ménages doivent disposer pour couvrir leurs besoins fondamentaux. Ainsi, Coudouel Aline et al (2002)12 pensent que la ligne de pauvreté absolue est souvent fondée sur

11 Raymond Aron, « Les désillusions du progrès. Essai sur la dialectique de la modernité », Paris, Calmann-Lévy. 1969. Cité par Serges Paugan, 2005.

12 Cités par SMAHI Ahmed, 2010

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des estimations du coût des denrées alimentaires de base, à savoir le coût d'un panier de produits nutritionnels considéré comme un minimum pour assurer le maintien en bonne santé d'une famille type.

2.1.1.3.2. Seuil de pauvreté relative

Elle est définie par rapport à la distribution générale des revenus ou de la consommation d'un pays. Par exemple, la ligne de pauvreté peut être fixée à 50 % du revenu moyen de la consommation moyenne d'un pays.

2.1.1.4. Pauvreté et Inégalité

Les mesures de la pauvreté dépendent du niveau moyen et de la distribution du revenu ou de la consommation dans un pays. Fondées sur ces deux éléments, les mesures de la pauvreté se focalisent dès lors sur la situation des individus ou des ménages qui se situent au niveau inférieur de la distribution. L'inégalité est un concept plus large que la pauvreté en ce qu'elle est définie sur l'ensemble de la population et non en dessous d'une certaine ligne de pauvreté.

Afin de mesurer l'inégalité, certains auteurs optent pour des mesures d'usage courant qui sont entre autres : le coefficient d'inégalité de Gini, l'indice de Theil, le ratio de dispersion des déciles et la part de la consommation et du revenu des x% les plus pauvres.

2.1.1.4.1. Le coefficient d'inégalité de Gini

Il s'agit de la mesure de l'inégalité la plus couramment utilisée. Le coefficient varie entre 0, qui traduit une égalité complète, et 1, qui indique une inégalité totale (une seule personne dispose du revenu et de la consommation ; toutes les autres n'ont rien). Sur un plan graphique, le coefficient de Gini peut aisément être représenté par la surface entre la courbe de Lorenz et la ligne d'égalité (ligne de 45°). Dans la figure 1, la courbe de Lorenz représente la part cumulative du revenu sur l'axe vertical par rapport à la distribution de la population sur l'axe horizontal. Dans cet exemple, 40% de la population obtiennent 20% du revenu. Le coefficient de Gini correspond à la surface A divisée par la somme des surfaces A et B. Si le revenu est distribué de manière équitable, la courbe de Lorenz et la ligne d'égalité absolue coïncident, et le coefficient de Gini est égal à 0. En revanche, si l'un des individus reçoit tout le revenu, la courbe de Lorenz passerait par les points (0, 0), (100, 0), et (100, 100), et les surfaces A et B seraient similaires, ce qui aboutirait à une valeur 1

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pour le coefficient de Gini.

Figure 1: Courbe de Lorenz de la distribution du revenu

Source : Sen (1976).

2.1.1.4.2. L'indice de Theil (Theil's entropy measures)

Bien que moins couramment utilisé que le coefficient de Gini, l'indice d'inégalité de Theil présente l'avantage de pouvoir s'additionner pour différents sous-groupes ou régions du pays. Cependant, il ne bénéficie pas d'une représentation graphique claire ni de l'interprétation attrayante du coefficient de Gini. L'indice de Theil appartient à une famille de mesures plus étendue, connue sous le nom de classe d'entropie générale.

2.1.1.4.3. Le ratio de dispersion des déciles

Le ratio de dispersion des déciles est aussi utilisé dans certaines occasions. Il correspond au ratio de la consommation ou du revenu moyen des 10% les plus riches de la population divisé par celui des 10% les plus pauvres. Ce ratio peut aussi être calculé pour d'autres percentiles (par exemple, en divisant la consommation moyenne des 5% les plus riches (95ème percentile) par celle des 5% les plus pauvres (5ème percentile)). Ce ratio est aisément interprétable comme l'expression du revenu des plus riches en multiples du revenu des plus pauvres.

2.1.1.4.4. Part de la consommation et du revenu des x% les plus pauvres

Un des inconvénients partagés par les coefficients de Gini et les indices de Theil est le fait qu'ils varient en même temps que la distribution, que le changement se

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produise en haut, en bas ou au milieu de celle-ci (tout transfert de revenu entre deux individus exerce un effet sur les indices, qu'il ait lieu parmi les riches ou les pauvres ou entre riches et pauvres). Si une société est surtout concernée par la part de revenu des individus situés au bas de l'échelle sociale, un meilleur indicateur peut être une mesure directe telle que la part de revenu qui parvient aux 10 à 20% les plus pauvres.

2.1.1.5. Pauvreté et Vulnérabilité

La vulnérabilité est définie ici comme la probabilité ou le risque existant actuellement de se trouver en situation de pauvreté ou de s'y enfoncer plus avant à l'avenir (Aline Coudouel et al, 2002). Il s'agit d'un aspect important du bien-être, car le risque de grands changements dans les revenus peut contraindre les ménages à réduire leurs investissements en actifs productifs (lorsque les ménages doivent détenir des réserves de liquidités) et en capital humain. Un risque élevé peut aussi forcer les ménages à diversifier leurs sources de revenu, éventuellement au prix d'un rendement inférieur. La vulnérabilité peut influencer le comportement des ménages et ses stratégies d'adaptation; elle constitue dès lors un élément important à prendre en compte dans les politiques de réduction de la pauvreté. Ainsi, la prise en compte de la vulnérabilité revêt une importance majeure dans l'analyse de la pauvreté et de ses dynamiques (A. Abdallah et K. Amouzouvi, 2007). Généralement comprise comme la probabilité de voir son niveau de bien-être se dégrader à la suite d'un choc, la vulnérabilité rend compte des pressions extérieures auxquelles les personnes sont soumises. Cependant ces dernières ne sont pas toujours complètement démunies de toute capacité de réaction.

2.1.1.6. Mesures de la pauvreté

La mesure de la pauvreté est en soi une fonction statistique. Elle compare l'indicateur de bien-être du ménage et la ligne de pauvreté, et traduit le résultat en un seul nombre pour toute la population, ou pour un sous-groupe déterminé. Il existe de nombreuses mesures alternatives, mais les trois mesures décrites sont les plus couramment utilisées et s'appliquent à toute catégorisation et plus particulièrement, à la pauvreté relative et la pauvreté absolue.

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2.1.1.6.1. Incidence de la pauvreté (indice en nombre d'habitants)

Il s'agit de la part de la population dont le revenu ou la consommation se situe en dessous de la ligne de pauvreté, c'est-à-dire la part de la population qui ne peut pas se permettre d'acheter le panier de produits correspondant au minimum vital. De même, dans le cas des indicateurs non monétaires, l'incidence de la pauvreté mesure la part de la population qui n'atteint pas le seuil défini (par exemple, le pourcentage de la population ayant bénéficié de moins de trois ans d'éducation).

2.1.1.6.2. Profondeur de la pauvreté (écart de pauvreté)

Cette mesure indique la distance à laquelle les ménages se trouvent par rapport à la ligne de pauvreté. Elle enregistre le déficit collectif moyen de revenu ou de consommation par rapport à la ligne de pauvreté pour l'ensemble de la population. La profondeur de la pauvreté est obtenue en faisant la somme de tous les déficits des individus en situation de pauvreté (en supposant un déficit de zéro pour les non pauvres) et en divisant le résultat par le total de la population. Cette mesure peut également être utilisée pour les indicateurs non monétaires, pour autant que la mesure de la distance soit significative. Ainsi, l'écart de pauvreté en éducation pourrait correspondre au nombre d'années d'éducation requises pour atteindre un certain seuil.

2.1.1.6.3. Sévérité de la pauvreté (écart de pauvreté au carré)

Cette mesure tient compte non seulement de la distance séparant les pauvres de la ligne de pauvreté (l'écart de pauvreté), mais aussi de l'inégalité entre les pauvres. Elle attribue une pondération plus importante aux ménages situés à plus grande distance de la ligne de pauvreté. En ce qui concerne la mesure de l'écart de pauvreté, les indicateurs non monétaires sont soumis à certaines limites.

2.1.2. Le concept de Microfinance

La microfinance, initialement conçue comme une forme de solidarité entre les pauvres exclus du système bancaire, s'est développée pour devenir une part importante dans le financement du développement. Certainement, beaucoup d'auteurs dont parmi eux les théoriciens, les praticiens, les divers réseaux internationaux, organisations internationales et aussi non gouvernementales, associations, qui oeuvrent sur les questions de la microfinance, ont donné leurs appuis théoriques et pratiques sur le

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fonctionnement de cette pratique d'intermédiation financière.

2.1.2.1. Origine de la microfinance

Le crédit coopératif et populaire fait son apparition au milieu du 19ème siècle en Europe occidentale puis en Amérique du Nord avant de se répandre avec une force inégale et sous des formes diverses dans presque tous les pays du monde. Les premières caisses rurales sont créées dans les campagnes allemandes à l'initiative de Friedrich Wilhem Raiffeisen, Maire d'une petite commune du Sud de l'Allemagne. Le but est de faire jouer « la garantie collective » pour faciliter l'obtention des crédits auprès des banques à leurs membres comme cela se pratique encore dans les sociétés de caution mutuelle. En même temps, deux contemporains de Raiffeisen, l'allemand Herman Schulze et l'italien Luigi Luzzatti créent en zone urbaine des établissements de crédit populaire pour fournir du crédit aux artisans et aux petits commerçants urbains. Le mouvement s'est peu à peu étendu aux pays voisins de l'Allemagne. L'Amérique est atteinte en 1900 lorsqu'Alphonse Desjardins crée au Québec les premières coopératives de crédit. Du Québec, le mouvement va rapidement se propager dans les provinces anglophones du Canada et atteindre les Etats-Unis en 1909 sous le nom d'Unions de Crédit (Crédit Unions).

C'est au Professeur Muhammad Yunus13 que nous devons l'acceptation actuelle de la microfinance qui tient d'outil de développement ou tout au moins d'intégration économique et sociale des couches défavorisées. A la faveur des travaux pratiques avec ses étudiants sur les théories de l'investissement, ce brillant économiste bangladais découvre l'extrême indigence financière de ses concitoyens fabricants de tabourets en bambou, n'ont aucun moyen de constituer des stocks de matières premières. Leurs besoins en crédit est pourtant infime : 27 dollars en tout pour 42 paysans qui ne peuvent avoir accès aux banques. Leur ayant prêté cette somme de sa poche, il peut découvrir combien leur activité gagne en plus-value tout en générant de nouveaux emplois lorsqu'ils peuvent acheter d'avance la matière première, échappant ainsi aux fluctuations importantes des prix. Il va formaliser cette expérience en créant en 1976 la Grameen Bank qui propose des prêts aux populations pauvres du Bangladesh et dont le succès va inspirer de nombreuses autres expériences à travers le monde.

13 Muhammad Yunus, op cité

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2.1.2.2. Définitions et émergence de la microfinance

2.1.2.2.1. Définitions de la microfinance

Mot composé, constitué de deux termes clés, la microfinance pourrait être entendue dans l'esprit du dictionnaire Le Petit Robert selon le sens de chacune de ses composantes. Tout d'abord, Micro dérivé du mot grec Mikros qui signifie petit (c'est un préfixe qui indique la division par un million de l'unité dont il précède le nom), et Finance qui signifie ressources pécuniaires. On pourrait donc sans doute de se tromper dire que la microfinance n'est rien d'autre que le financement par de très petites sommes d'argent.

Pour cela, le concept de microfinance est un terme nouveau dans la littérature économique destinée aux pays en développement. D'après l'OCDE, « la microfinance vise l'accès au financement de petits projets, portés par des personnes marginalisées qui aspirent à créer leur propre emploi, souvent par défaut d'autres perspectives professionnelles et parce que l'accès aux sources traditionnelles leur est refusé ».

Le CGAP14 définit la microfinance à son tour comme « la fourniture d'un ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel ».

Le bureau international du travail BIT (2005) précise que « la microfinance est un moyen d'action, pas une panacée. Son impact est optimal lorsqu'elle est associée à d'autres interventions telle que les politiques monétaires, budgétaires et du travail, le développement du marché, l'amélioration de l'infrastructure institutionnelle et la mise en valeur des ressources humaines ».

Les Nations Unies (2006), à travers la vision des secteurs financiers accessibles à tous, affirment que : « l'accès à un système financier qui fonctionne bien peut émanciper des personnes, en particulier des pauvres, sur le plan économique et social, leur permettant ainsi de mieux s'intégrer à l'économie de leur pays, de contribuer à son développement et de se prémunir contre les chocs économiques ».

14 Consultative Group to Assist the Poor (CGAP) est un consortium crée en 1995, dont le siège est à la banque mondiale, et qui réunit de nombreux bailleurs de fonds (33 organismes de développement publiques et privé en 2005 ayant pour objectif prioritaire l'extension de la microfinance à travers le monde. ( www.cgap.org)

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Servet (2006) retient trois critères principaux de définition de la microfinance contemporaine « Le faible montant des opérations, la proximité non seulement spatiale mais aussi mentale et sociale entre l'organisation et sa population cible, et la pauvreté supposée des clients ou des membres ou l'exclusion qu'ils ou elles subissent ».

Pour Lelart (2005), la microfinance est définie comme étant « un petit crédit, d'un montant peu élevé, sensiblement inférieur au crédit qu'une entreprise ou un ménage peut solliciter d'une banque. Ce crédit est demandé par des personnes qui disposent d'un revenu relativement bas. Il est souvent demandé pour développer une activité génératrice de revenus, qu'il s'agisse d'une ancienne activité que l'on voudrait étendre ou d'une nouvelle que l'on voudrait créer ».

Barboza et Bareto (2006), écrivent que « le microcrédit est une alternative financière, pour les gens de la plus faible tranche de distribution du revenu, qui permet de promouvoir le développement économique en rompant le cercle de la pauvreté à travers l'accès au crédit et en stimulant l'entreprenariat ».

Pour diversifier les définitions, Soulama (2005), donne à la microfinance une définition: de nature quantitative cherchant à caractériser la microfinance par la taille des transactions ; de nature plus institutionnelle qui voit dans la microfinance des modalités d'économie d'échange ; au sens large qui pousse la microfinance au delà des frontières stricte de la finance ; et enfin une définition normative qui conçoit les IMF comme des alternatives aux échecs de marché dans le domaine spécifique du financement des petites et micro activités productives.

En définitive, on remarque que la microfinance loin d'être un instrument financier, est un moteur de financement des activités des plus pauvres, exclus du système financier traditionnel ou formel.

2.1.2.2.2. Emergence de la microfinance

Les formes de financements semi formels sont nées à la suite des échecs

de nombreuses institutions publiques de crédit subventionnées des pays en
développement dans leurs politiques intervenues pour pallier aux imperfections du marché, et aussi dans une tentative d'évincer les formes de financements informels. On peut alors aborder les institutions financières semi formelles en quatre points (De Briey, 2005) :

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+ Ce sont des coopératives et mutuelles d'épargne et de crédit, crées à partir d'un modèle qui date plus d'un siècle en Europe et au Canada pour lutter contre l'usure et proposer aux paysans des crédits à des taux bon marché.

+ Ce sont les caisses villageoises, dont les premières caisses d'épargne se sont développées au Québec sous le nom de caisses des Jardins, (1854-1920) ou « banques villageoises» pour certains afin de désigner des dispositifs locaux assez similaires.

+ Ce sont les expériences de crédits directs gérés par des ONG locales, et financés par des organisations étrangères. Ces institutions se sont inspirées des pratiques de la finance informelle dans le but de réduire les problèmes de risque. La méthodologie des groupes de caution solidaire est l'exemple appliqué par les tontines dans les pays en développement.

+ Ce sont enfin les projets à volet crédit puisque des mesures d'accompagnement justifient l'octroi de crédit pour les micros entrepreneurs, tels que les domaines de la formation, de la gestion etc....

Selon Servet (2006), il est possible de distinguer trois décennies d'expansion de la microfinance :

+ La première (1975-1985) est celle de l'émergence des organisations modernes de microfinance telle que Grameen Bank.

+ La deuxième décennie (1985-1995) est celle où un grand nombre des institutions les plus connues ont vu le jour (BRI en Indonésie et Bancosol en Bolivie) et ayant établi des liens avec les banques commerciales tout en atteignant une taille considérable de clients.

+ La troisième décennie (1995-2005)15 se caractérise par l'intégration de la microfinance dans les programmes de développement économique par la prolifération des modèles, avec une forte tension et entre l'objectif de lutte contre la pauvreté et celui de la viabilité financière des organisations.

Le 18 novembre 2004, et à travers son discours, l'ex Secrétaire Général des Nations Unies Kofi Annan à expliqué que : « L'accès durable au microcrédit contribue à atténuer la pauvreté, en générant des revenus, en créant des emplois, en donnant la possibilité aux enfants d'aller à l'école, en permettant aux familles d'obtenir

15 L'année 2005 a été reconnue comme année internationale du microcrédit

24

des soins médicaux et en donnant aux populations de faire les choix qui répondent le mieux à leurs besoins ».

2.2. Revue de la littérature

Cette section vise à présenter une revue de la littérature ; tant sur des travaux théoriques que sur des travaux empiriques, et qui va nous permettre de mieux comprendre notre analyse.

2.2.1. Revue des travaux théoriques

Nous allons présenter d'une part les théories en rapport avec la microfinance, et d'autre part les théories avec la pauvreté.

2.2.1.1. Les fondements théoriques liés à la microfinance

Les systèmes financiers des pays en développement sont très spécifiques. Dès le début des années soixante dix, Mackinnon (1973) et Shaw (1973)16 insistent sur la contribution essentielle du secteur financier au développement économique. L'idée de base adoptée est qu'une libéralisation du secteur financier contrecarrait une politique de répression financière.

2.2.1.1.1. La théorie de la répression financière

La théorie de la répression financière propose une première approche de l'efficacité des IMF comparées aux institutions financières classiques. Elle explique pour cela la notion de l'efficacité productive ; la persistance du rationnement de crédit en microfinance ; et les préalables macroéconomiques : institutionnalisation impliquant règlementation et supervision.

La répression financière est définie par « la distribution du crédit à travers un système bancaire étatisé conduit à une allocation de ressources non effectuées sur des critères purement économiques (comparaison du taux d'intérêt débiteur et de la rentabilité des projets) ».

Le concept de la répression financière introduit dans les écrits de Mackinnon et Shaw et prolongé par Fry (1982)17, fait référence à une économie dont le fonctionnement du système financier est profondément réprimé par une politique des pouvoirs publics par

:

16 Cité par Fréderic Mishkin et al (2010), « Monnaie, Banque et Marchés financiers », 9e édition, Nouveaux Horizons-ARS, Paris.

17 Cité par F. Mishkin et al (2010), op cite.

25

+ Le plafonnement des taux d'intérêt.

+ Les crédits dirigés par des règles préétablies + Les taux élevés des réserves obligatoires.

Plus largement, le régime de la répression financière se caractérise par les points suivants :

+ La faiblesse des ressources collectées par le système financier dû en grande partie aux faibles taux d'intérêt, et avec quasi absence du marché financier.

+ L'allocation non optimale des ressources, notamment la politique de crédit en raison des niveaux élevés des réserves obligatoires imposées.

+ L'inefficacité des systèmes d'intermédiation financière caractérisés par la faiblesse de la concurrence entre ses composantes.

Selon Servet (2006), pour que les hypothèses de la répression financière soient validées, trois conditions sont nécessaires :

+ Il faudrait qu'il ait une forte étanchéité entre organisations formelles et informelles.

+ Il faudrait que le taux de participation des différentes catégories de la population aux pratiques informelles soit inversement proportionnel à leur capacité d'accès aux institutions formelles.

+ Il faudrait enfin que les pays dont les systèmes financiers formels sont fortement réglementés connaissent un degré de développement des pratiques financières informelles plus élevé que les pays aux institutions moins réglementées.

En fait, la répression financière aboutit à un dualisme financier dans les

PED, pratiquant le principe du rationnement de crédit entre le secteur financier
officiel et un marché informel qui regroupe toutes les transactions financières (emprunts et dépôts) qui ne sont pas réglementées.

2.2.1.1.2. La théorie des coûts de transaction

La théorie des coûts de transaction enrichit l'analyse de l'efficacité et aborde des notions telles que les économies d'échelle, les effets de synergie entre deux ou plusieurs institutions.

Le concept de coût de transaction apparait pour la première fois en 1937 dans

26

l'article de Ronald Coase, « The Nature of the Firm ». C'est cependant Oliver Williamson (Prix Nobel 2009) qui est considéré comme le fondateur de ce courant théorique18. La théorie des coûts de transaction postule que les agents ne sont dotés que d'une rationalité limitée (concept que l'on doit à Herbert Simon) tout en se comportant de manière opportuniste. Le point de départ de Williamson et de la théorie des coûts de transaction est de postuler que toute transaction économique engendre des coûts préalables à leur réalisation : coûts liés à la recherche d'informations, aux défaillances du marché , à la prévention de l'opportunisme des autres agents etc. Ainsi, certaines transactions se déroulant sur le marché peuvent engendrer des coûts de transaction très importants. Dès lors, les agents économiques peuvent être amenés à rechercher des arrangements institutionnels alternatifs permettant de minimiser ces coûts.

Les coûts de transaction, c'est-à-dire le temps et l'argent dépensés pour réaliser les transactions financières, sont un problème majeur pour les gens qui ont de l'argent à prêter. Même si quelqu'un qui connait un entrepreneur qui veut lancer une entreprise, et souhaite lui prêter de l'argent, doit pour se protéger contre toute éventualité payer un juriste pour rédiger le contrat de prêt et préciser les conditions de paiements des intérêts et du remboursement. Si le montant de prêt est peu élevé, le paiement de ce spécialiste risque de lui coûter plus cher que tous les intérêts qu'il ne pourra jamais obtenir, de sorte que le prêt peut ne pas être réalisé.

2.2.1.1.3. La théorie d'agence ou théorie principal-agent

La relation d'agence peut être définie comme une relation au cours de laquelle une ou plusieurs personnes (le principal) engagent une ou plusieurs autres personnes (les agents) pour exécuter en leur nom une tâche qui implique la délégation d'un certain pouvoir de décision de ces derniers (Jensen et Meckling, 1976)19. Partant de cette définition, on retient que toute relation d'agence donne parfois lieu à une asymétrie de l'information entre les individus à travers soit le risque moral ; soit la sélection adverse.

L'asymétrie de l'information peut être à l'origine de comportements conduisant à des rigidités des quantités et des prix, au déséquilibre, voire à la disparition du marché (G. Akerloff, 1970)20. On suppose qu'un des agents, le prêteur ou l'emprunteur, dispose d'une information privée qui n'est pas totalement transmise aux prix des actifs sur le marché et

18 D'après l'encyclopédie libre Wikipédia, lu le 08 Août 2013

19 Cité par Smahi Ahmed, 2010

20 G.Akerloff, 1970, cité par L. Nembot Deffo (2012) ; Cours d' Intermédiation bancaire, niveau 5, banque-monnaie-finance, Université de Dschang.

27

qu'il peut exploiter aux dépens de l'autre.

+ Le risque moral ou aléa moral qui peut être défini de deux manières à savoir : le risque moral ex ante qui regroupe toutes les actions de l'emprunteur qui ne peuvent pas être observables par le prêteur une fois le prêt obtenu, mais avant que le rendement soit réalisé, et le risque moral ex post qui regroupe toutes les actions de l'emprunteur une fois le rendement du prêt obtenu.

+ La sélection adverse ou anti-sélection qui se présente dans la situation où des emprunteurs détiennent des renseignements qui leur permettent d'obtenir des prêts qui leur sont favorables et qui défavorisent la banque ou l'IMF.

2.2.1.1.3. Les débats entre deux approches en microfinance

Morduch (1998) distingue deux principaux approches en microfinance qui sont : l'approche welfariste et l'approche institutionnaliste. Les tenants de ces deux approches s'entendent sur l'objectif général de la microfinance, à savoir la réduction de la pauvreté à travers l'apport des services financiers à une clientèle pauvre, mais s'opposent néanmoins sur un nombre important d'enjeux s'y rattachant.

2.2.1.1.3.1. L'approche institutionnaliste

Cette approche vise la création d'institutions financières vouées à servir des clients qui ne sont pas servis ou qui le sont insuffisamment par le système financier formel. Elle vise la création d'un système parallèle d'intermédiation financière viable qui servirait les pauvres. La thèse des institutionnalistes repose sur l'idée que le microcrédit, aussi efficace soit-il, ne fera jamais de véritable différence sur le niveau général de pauvreté dans le monde si ses opérations dépendent du financement des donneurs. Pour les partisans de cette approche, et afin d'assurer une autonomie financière des IMF, et couvrir les coûts, l'approche commerciale est inévitable. Ils estiment aussi que si une IMF augmente sa clientèle et enregistre des taux de remboursement, elle couvre ses coûts et ne dépend plus de subventions.

Selon les institutionnalistes, d'une part, la priorité doit être l'atteinte du plus grand nombre de pauvres possible et non pas l'atteinte des populations les plus pauvres : les IMF ne pourront aspirer à l'autosuffisance financière que dans la mesure où l'étendue de leurs opérations permettra certaines économies d'échelles. D'autre part, le ciblage des populations très pauvres est coûteux tout comme les opérations de prêts à cette clientèle qui nécessitent l'octroi d'un plus grand nombre de plus petits prêts.

28

2.2.1.1.3.2. L'approche welfariste

C'est vers 1998 que la réplique de ceux qui s'appelleront dorénavant les welfaristes s'organise. Leur position s'articule autour des écrits de Jonathan Morduch (1998; 1999; 2000) et de Gary Woller, Christopher Dunford et Warner Woodworth (1999), plus tard suivi par d'autres tel John Hatch, fondateur de FINCA International ou Anton Simanowitz (2002) directeur de Imp-Act, un consortium visant la promotion de la performance sociale des IMF (Dugas-Iregui.S. S, 2007)21. La démarche entreprise est que ces welfaristes mettent l'accent sur le niveau de pauvreté des populations ciblées et concentrent leurs efforts sur l'amélioration à court terme des conditions de vie de leurs clients si ceux-ci demandent un recours supplémentaire de subventions. Ainsi, les tenants de cette approche se réfèrent à la qualité des donateurs, pour ainsi argumenter leur position, en considérant que ces investisseurs sociaux qui contribuent aux subventions des IMF ne sont pas nécessairement attirés par les profits, mais plutôt sont motivés par l'objectif de réduire la pauvreté.

Dans le même ordre d'idée, la vision de cette approche dite de « bien être » ou en justifiant leur position vis-à-vis des subventions : « moins intéressé par l'activité bancaire en soi que par l'utilisation de services financiers comme moyen d'alléger directement les pires effets de la pauvreté profonde chez les participants et la communauté, même si certains de ces services requièrent des subventions. Leur objectif tend à être l'auto-emploi des plus pauvres économiquement actifs, en particulier les femmes (...) le centre d'attention de la famille ». (Woller et al, 1999)22.

Parmi les spécificités, une microfinance subventionnée est d'aller en profondeur en termes de (budget et de technique) dans le but d'évaluer régulièrement l'impact du microcrédit sur ses clients. De toute évidence, cette évaluation permet d'analyser les contraintes des clients et leurs raisons de succès, éventuellement l'échec ou les cas d'abandons de certains d'entre eux concernés par le programme de microfinance.

En accordant un intérêt à la profondeur et au degré de la portée de la microfinance (depth of outreach), cette approche maximaliste opère d'un point de vue d'équité sociale ayant pour objectif de soulager le fardeau de la pauvreté, et l'efficacité économique n'est pas visée proprement dit, tout en s'interrogeant non pas sur la question du nombre de

21 Dugas-Iregui.S:«Débat entre institutionnalistes et welfaristes en microfinance», collaboration spéciale, Nov. 2007.

22 Dugas-Iregui.S., 2007, op cité.

clients atteints, mais sur le type de clients ciblés et tous les éléments relatifs à l'inadéquation entre les besoins exprimés et les services offerts.

Le défit actuel des programmes de microcrédit, d'où la microfinance au sens élargi, consiste à trouver un juste équilibre ou arbitrage entre une rentabilité financière satisfaisante et le maintien de la mission sociale. Il serait juger souhaitable de relever que l'avenir de la microfinance se situe justement à l'intersection de ces deux approches qu'il est utile de mettre ensemble. Cette combinaison des bénéfices financiers et impact social est projetée du fait que les donateurs sont avant tout soucieux d'un engagement social et les investisseurs privés sont principalement motivés par les avantages financiers issus de leurs placements.

Toutefois, il serait possible de mettre en relief ces deux approches et leurs implications à travers la figure 2 ci-dessous.

Figure 2: Fonctionnement des approches Welfariste et Institutionnaliste

Source : Ayayi et Noel, 2007

29

30

2.2.1.2. Les fondements théoriques liés à la pauvreté

2.2.1.2.1. L'avènement des écoles sur la pauvreté

La pauvreté, abordée suivant différentes approches, fait l'objet de plusieurs tendances issues des trois principales écoles : l'école welfariste, l'école des besoins de base et l'école des capacités.

2.2.1.2.1.1. L'école welfariste

Dans cette approche, le bien être est déterminé par le revenu disponible (composante purement monétaire) permettant à l'individu de consommer.

A partir de cette consommation, il obtiendra une satisfaction, une préférence, et en fonction du classement de ses préférences, l'individu exprimera son utilité. Ainsi, le bien être est défini par le niveau d'utilité qu'atteint un individu, quels que soient ses choix individuels23. En parlant d'utilité, elle est conçue comme un état mental, tel que le bonheur, le plaisir ou la satisfaction du désir procuré à une personne par la consommation de bien et service.

Un exemple de définition donné par cette école est : « La pauvreté existe dans une société donnée lorsqu'une ou plusieurs personnes n'atteignent pas un niveau de bien être économique considéré comme un minimum raisonnable par les normes de cette société »24. Cette approche welfariste est restrictive du fait qu'elle ne tient pas en compte des difficultés d'accès aux besoins de base. Néanmoins, elle est couramment utilisée par les économistes qui mettent généralement l'accent sur la consommation réelle et des services matériels.

2.2.1.2.1.2. L'école des besoins de base

Streeten et al (1981) considèrent que les besoins de base peuvent être interprétés en termes de quantités minimales spécifiques pour la nourriture, abri, eau et assainissement qui sont nécessaires à la prévention de la maladie et la sous alimentation.

23Sylvain Lariviére & al, op.cité, 1997, p

06.

24 Michael Lipton & Martin Ravallion, « Poverty and policy » ,chapter 41 in Handbook of development Economics, volume III. Edited by J. Behrman and T.N. Srinivasan, Elsevier Science, 1995 , P.2553 in Louis- Marie Asselin & Anyck Dauphin , « Poverty Measurement A conceptual Framework » , Canadien Center For International Studies And Cooperation CECI , January 2001 , P.21 .

31

Herrin (1997) met l'accent sur le concept de besoins de base en précisant que « les besoins de base ne sont pas un concept de bien être ». Pour être spécifique, l'approche des besoins de base est caractérisée par une vision sociale plus large et se penche sur les opportunités des personnes en termes d'accès aux ressources et de consommation potentielle.

Cette école privilégie un certain nombre de biens jugés nécessaires, sans toutefois tenir compte des besoins individuels. L'appréhension de la pauvreté se définit par un petit sous ensemble des biens et services spécifiquement identifiés et perçus comme rencontrant les besoins de base de tous les êtres humains. Ils sont dits « de base » car leur satisfaction est considérée comme un préalable à l'atteinte d'une certaine qualité de vie (Asselin L-M. et Anyck D, 2000).

Dans un contexte de commodités de base, l'un des principaux problèmes auquel

se confronte cette approche, est la détermination même des besoins de base.

A noter que cette approche est à l'origine du concept de l'indice de développement humain ( IDH), élaboré, mesuré et publié par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement).

2.2.1.2.1.3. L'école des capacités ou capabilités

Pour cette école, l'appréhension de la pauvreté ne se fait ni à travers l'utilité et la satisfaction de besoins mais à travers des habilités ou capacités humaines, « la valeur de la vie d'une personne dépend en fait d'un ensemble de façons d'être et de faire, qu'elle regroupe sous le terme général de fonctionnement » (Asselin L-M. et Anyck D, 2000).

Le principal maître d'oeuvre de cette école, Amartya Sen(1995) a eu une vision plus vaste : développer une nouvelle conception de ce qui a de la valeur pour l'humain. Sen évoque également l'espace intermédiaire entre celui des ressources ou moyens et celui des accomplissements, à savoir l'espace des libertés. Celui-ci consiste en un ensemble de capacités spécifiques définies en références à des types d'accomplissements appelés « fonctionnements». Cette notion de fonctionnements décrit le type d'effet attendu à partir des capacités25.

Soulignons, ici encore, la confirmation de Sen (1999) que « la capacité

25 Fréquemment, on utilise la traduction de Capabilities par « capabilités », mais on préfère le terme « Capacité »

pour son utilisation dans la majorité des ouvrages bibliographiques.

32

d'une personne définit les différentes combinaisons de fonctionnements qu'il lui est possible de mettre en oeuvre».

Dans ce sens, Bertin (2003) considère que cette approche intègre des composantes sociales, tout en considérant que l'homogénéité des individus et des situations est une limite flagrante quant à l'approche utilitariste.

Ainsi, pour présenter de façon synthétique les liens entre les trois principales écoles suscitées, la figure 3 est élaborée sous forme d'une pyramide avec illustration des éléments qui contribuent au bien être.

Figure 3: Dimensions du bien être et de la pauvreté

Source : Programme des Nations Unies pour le Développement (2007)

Les interactions entre ces trois approches sont déterminées par des flèches et à titre d'exemple, le fait d'avoir les capacités à se nourrir adéquatement est lié à une certaine satisfaction du besoin essentiel en l'occurrence être nourri adéquatement. Dans le même sens, le fait de satisfaire les besoins essentiels et d'avoir les capacités procurent ainsi ce qu'on appelle l'utilité.

33

2.2.2. Revue des travaux empiriques

Depuis le début de son expansion vers les années 70, le secteur de la microfinance a fait l'objet d'une attention particulière de la part de la communauté scientifique. C'est ainsi qu'il faut comprendre les écrits relativement importants qui traitent du sujet, lesquels écrits ont trouvé à travers le contexte d'aggravation de la pauvreté, un terreau fertile pour exploiter les champs en friche du « secteur financier pour les pauvres ».

Des premières études d'impact ont été effectuées par Hulme et Mosley (1996). Ces études rassemblent les études d'impact de treize IMF intervenant dans sept pays (l'Indonésie, le Kenya, la Bolivie, le Malawi, Bangladesh, l'Inde et le Sri Lanka) entre 1989 et 1993. Les deux auteurs ont constaté non seulement que l'octroi de ces crédits avait eu un impact positif sur le revenu des emprunteurs pauvres, mais cet impact était d'autant plus important si les IMF centrent leur action sur les emprunteurs juste au-dessus du seuil de pauvreté qui sollicitent des prêts de promotion. (CGAP, 1997). Cela est dû au fait que les emprunteurs très pauvres cherchent à assurer leur subsistance à travers des prêts de faible montant et non pour investir dans une activité économique, acquérir du capital ou recruter de la main d'oeuvre.

Selon Hulme (1997), les recherches sur les études de l'impact du microcrédit quand à

l'amélioration des conditions de vie des pauvres sont toujours partielles et contestées.

Pitt et Khandker (1998) ont mesuré l'impact de groupe basé sur des programmes de prêts au Bangladesh, en appliquant un modèle quasi-expérimental de 1991-1992 et ont constaté que les programmes avaient un effet positif et statistiquement significatif sur la consommation des ménages. Cette constatation est confirmée par Khandker (1998) selon laquelle « l'impact le plus important du microcrédit est son impact sur les dépenses de consommation en faveur du ménage ».

En poussant davantage l'analyse, les auteurs montrent que les ménages à la fois pauvres et vulnérables ne sont pas touchés par l'intervention des IMF dans le village le plus pauvre.

Duflos et al (2009) estiment que l'impact réel de la microfinance sur les

34

conditions de vie des clients est encore relativement mal évalué puisqu'il s'avère difficile de trouver un juste équilibre entre performances financières (pérennisation) et enjeux sociaux (lutter contre la pauvreté et l'exclusion).

Toutes ces études ont révélé trois problèmes conceptuels :

· La fongibilité du crédit renvoie à la difficulté qui apparaît lorsque l'on veut calculer le taux de rentabilité des investissements réalisés par les micro-entrepreneurs.

· L'attribution de l'impact revient à se poser la question suivante : dans quelle mesure une amélioration de la situation d'un client est-elle réellement imputable au crédit accordé par l'IMF.

· Le biais de la sélection fait référence au fait que l'implantation des programmes de microfinance n'est jamais faite au hasard.

D'après Guérin (2002), cette étude met en évidence une très forte corrélation entre les niveaux de revenus initiaux des emprunteurs et l'augmentation de revenu induite par le crédit, c'est-à-dire que plus les personnes se situent en dessous du seuil de pauvreté, et plus les revenus générés sont faibles, voire négatifs, les personnes ayant été contraintes de s'endetter pour rembourser. Par exemple, Diagne et Zeller (2001), dans une même étude, n'ont pas trouvé d'incidence statistiquement significative du microcrédit sur le revenu des ménages ruraux au Malawi.

Dans un autre document, Khandker (2003) a trouvé que la microfinance apporte des avantages pour les plus pauvres, réduisant ainsi de manière significative la pauvreté au Bangladesh.

Le microcrédit est pour Jean-Michel Servet26 (2006) un outil qui permet d'attirer l'attention sur les exclus des services financiers dans un monde qui se financiarise. Il sert à améliorer le budget des familles ou à stabiliser des activités professionnelles, pas forcément à des investissements productifs. Pour lui, le vrai moteur de la croissance, donc du développement c'est l'emploi salarié, pas l'entrepreneur pauvre.

La médiatisation apportée au succès des taux de remboursement en microfinance fait l'objet de plusieurs travaux empiriques récents qui se sont attachés à isoler l'effet sur le taux de remboursement de certaines caractéristiques des produits de microfinance. Ainsi,

26 Jean-Michel Servet, professeur d'économie à l'Institut du développement de Genève.

35

à travers leur étude Gine et Alii (2006) évaluent l'effet de la garantie solidaire sur les taux de remboursement grâce à une expérience menée en collaboration avec une IMF aux Philippines. L'expérience consistait à proposer un crédit avec garantie individuelle à une partie (sélectionnée de façon aléatoire) d'un groupe de clients anciens faisant une demande de renouvellement, l'autre partie du groupe recevant un crédit en conservant la garantie solidaire. À la fin de l'expérience, les différences de remboursement entre les deux groupes pouvaient être ainsi attribuées au type de garantie proposée. Après trois ans, les taux de remboursement sont similaires entre les deux groupes ; cela tendrait à montrer que la garantie solidaire n'a donc pas l'effet de contrôle « pur » dont on l'a souvent gratifiée.

De la même manière, une étude menée par Pande et Field (2008) en Inde, montre que la périodicité des remboursements n'a pas non plus d'effet sur le taux de remboursement. Dans cette étude, certains clients sélectionnés aléatoirement reçoivent un crédit avec une durée de remboursement mensuelle alors que les autres obtiennent un crédit avec une période de remboursement hebdomadaire. Les clients qui ont des échéances mensuelles remboursent aussi bien que ceux qui ont des échéances hebdomadaires.

Maria Otero27 (2000), soutient que la microfinance contribue à la lutte contre la pauvreté en favorisant l'accès des ménages pauvres ou à faibles revenus aux services financiers, elle crée les conditions d'accès durable au capital productif et renforce la dignité des populations pauvres et leur capacité à participer au développement économique et social.

Pour Jacques Attali28 (2005), la microfinance est un des piliers du développement au côté de trois autres piliers (la démocratie, l'éducation, les infrastructures) et elle est un instrument clé pour la mise en place de stratégies efficaces de lutte contre la pauvreté.

La microfinance est, selon Muhammad Yunus (2006) un outil incontournable dans la lutte contre la pauvreté; notamment contre «l'apartheid bancaire». On ne peut pas envisager la microfinance comme un simple outil de mise des services financiers pour certains segments de la population. Il faut plutôt l'envisager comme un élément de changement social au sens large, que l'on évalue par la participation des femmes dans la

27 Maria Otero vice- présidente d'ACCION International, Lu dans l'encyclopédie libre www.fr.wikipedia.org le 31 Août 2013

28 Jacques Attali, Président de PlaNet Finance, Lu dans encyclopédie libre, op cite

36

société, la qualité de vie des populations marginalisées, ou encore la dynamique de la société civile locale. La pauvreté que la microfinance veut combattre n'est pas celle définie par la vision classique de revenus extrêmement faibles. Il s'agit plutôt d'une pauvreté multidimensionnelle touchant non seulement les revenus et les biens d'une personne, mais également ses capacités à mener la vie qu'elle souhaite mener. En ce sens, la pauvreté représente une capacité limitée d'accès et de prise de décision par rapport aux biens, aux services et aux ressources dans des domaines aussi divers que la production, l'investissement et la santé.

CONCLUSION

Tout au long de ce chapitre, nous avons abordé en large les notions de pauvreté et de microfinance. Après avoir élucidé ces concepts, afin de mieux les appréhender, il a été question pour nous d'exposer sur leurs contenus et montrer la pertinence que rencontrent de nombreux auteurs dans la définition du microcrédit comme un moyen de lutte contre la pauvreté.

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~~~~~~~~ 3

~~~~~~~~~ ~~ ~~ q~~1qE~~ cr ~ct

37

38

3.1. La pauvreté dans le monde

Avant d'examiner l'état de la pauvreté à l'heure actuelle, nous aborderons une revue de l'état de pauvreté dans le monde depuis l'année 1820.

La lecture du tableau 1 montre qu'il y'a presque deux siècles, 94.4 % de la population mondiale vivaient dans la pauvreté et 83.9% vivaient dans l'extrême pauvreté au lieu de 23.7% en 1992.

Tableau 1: La pauvreté de 1820 à 1992 avec prévision en 2015

 

1820

1870

1910

1950

1970

1990

1991

1992

2015

pourcentage

 
 
 
 
 
 
 
 
 

- De pauvres

94,4

89,6

82,4

71,9

60,1

58,8

54,7

51,3

43,3

- De très pauvres

83,9

75,4

65,6

54,8

35,6

29

22,7

23.7

12,3

Effectifs(en million)

 
 
 
 
 
 
 
 
 

- De pauvres

997

1134

1416

1805

2200

2718

2777

2800

2230

- De très pauvres

886

954

1127

1376

1304

1276

1151

1293

753

 

Source : Bourguignon et Morrison (2002)

On constate aussi que le nombre de pauvres a presque triplé depuis 1820 et augmenté de moitié depuis 1950, et comme la population mondiale a été multipliée par six depuis 1820, les pauvres sont plus nombreux, par contre leur pourcentage ne cesse de baisser par rapport à l'accroissement de la population. Les seuils pris en compte pour ces calculs sont le seuil d'un dollars et deux dollars par jour. Ce n'est que récemment que la banque mondiale a donné de nouvelles estimations en se basant sur le programme PCI29 qui à été instauré en 2005.

Pour cet organisme onusien, le nombre de personnes pauvres vivant dans les pays en développement a été revu à la hausse pour atteindre 1,4 milliard (25,7 % de la population) en 2005, basé sur le nouveau seuil de 1,25 dollar par jour au prix de 2005 contre environ 1 milliard en 2004, basé sur l'ancien seuil de pauvreté fixé à 1 dollar par jour aux prix de 1993. Le tableau (3.2) suivant nous donne un aperçu général sur la répartition régionale de l'état d'extrême pauvreté et pauvreté dans les pays en développement

29 Programme de comparaison Internationale

39

Tableau 2: Estimations régionales de la pauvreté (Seuil de pauvreté de 1.25 $/ jour)

Nombre : en million

 
 

1981

1984

1987

1990

1993

1996

1999

2002

2005

Asie d'Est et
Pacifique

Nombre

1071

947

822

873

845

622

635

507

316

 

77,7

65,5

54,2

54,7

50,8

36,0

35,5

27,6

16,8

Chine

Nombre

835

720

586

683

633

443

447

363

202

 

84,0

69,4

54,2

60,2

53,7

36,4

35,6

28,4

15,9

Europe et
Asie centrale

Nombre

7

6

5

9

20

22

24

22

17

 

1,7

1,3

1,1

2,0

4,3

4,6

5,1

4,6

3,7

Moyen
Orient et Af
du Nord

Nombre

14

12

12

10

10

11

12

10

11

 

7,9

6,1

5,7

4,3

4,1

4,1

4,2

3,6

3,6

Asie du Sud

Nombre

548

548

559

579

559

594

589

615

596

 

59,4

55,6

54,2

51,7

46,9

47,1

44,1

43,8

40,3

Inde

Nombre

420

416

428

435

444

442

447

460

456

 

59,8

55,5

53,6

51,3

49,4

46,6

44,8

43,9

41,6

Amériq Lat
et Caraïbes

Nombre

47

59

57

50

47

53

55

57

45

 

12,9

15,3

13,7

11,3

10,1

10,9

10,9

10,7

8,2

Af Sub-
Sahariennes

Nombre

212

242

258

298

317

356

383

390

388

 

53,4

55,8

54,5

57,6

56,9

58,8

58,4

55,0

50,9

Total

Nombre

1900

1814

1723

1818

1709

1658

1698

1601

1374

 

51,9

46,7

41,9

41,7

39,2

34,5

33,7

30,5

26,2

 

Source: World Bank* Chen et Ravallion, 2008

La lecture du tableau 2 fait ressortir un premier constat lequel entre 1981 et 2005, la proportion des personnes vivant dans les pays en développement avec moins de 1,25

dollar par jour a diminué de moitié de 51.9 à 26.2 %. Cela équivaut à une réduction globale de la pauvreté de 1% par an environ, qui s'est traduite par une baisse de 526 millions du nombre de personnes pauvres entre 1981 et 2005.

Le tableau fait ressortir aussi que le recul de la pauvreté est très inégal suivant les régions. Le nombre de pauvres a chuté en Asie de l'Est mais a augmenté ailleurs. Cependant, durant les années 1980, l'Asie de l'Est qui avait le taux de pauvreté le plus élevé du monde (77.7 % en 1981), a vu ce taux baissé jusqu'à 16.8 % en 2005. Le même constat se fait pour la chine qui a vu diminuer entre 1981 et 2005, le nombre de personnes pauvres à 633 millions.

Pour le cas de l'Afrique subsaharienne, la proportion de personnes vivant avec moins d'1,25 dollar par jour a stagné autour de 50% entre 1981 et 2005, c'est-à-dire passant seulement de 53.4 % à 50.9 %, et en terme absolu le nombre de personnes pauvres a presque doublé (de 212 à 388millions).

En Asie du Sud, nous pouvons constater que le taux de pauvreté a été ramené de 59.4 % à 40.3 % entre 1981 et 2005, mais du fait de l'augmentation de la population, ce recul ne s'est

40

pas traduit par une baisse du nombre de pauvres dans la région. Ainsi, le taux de pauvreté extrême a également baissé en Amérique latine et dans les Caraïbes, au Proche-Orient et en Afrique du Nord durant la même période, ceci sans qu'il ait d'incidence sur le nombre de personnes pauvres.

En outre, malgré une hausse nette du taux de pauvreté et du nombre de personnes pauvres en Europe de l'Est et en Asie centrale, on observe des signes d'améliorations légères depuis la fin des années 1990.

Pour ce qui est du seuil de pauvreté de 2$ par jour, la proportion de personnes pauvres vivant avec moins de deux dollars par jour (aux prix de 2005) est passée de 69.4 % en 1981 à 47 % en 2005, avec stagnation du nombre de personnes vivant avec moins de deux dollars par jour autour de 2,664 milliards entre 1981 et 2005. D'après les estimations de la Banque Mondiale, le nombre de personnes ayant entre 1,25 et 2 dollars par jour pour vivre a doublé, passant de 742 millions en 1981 à 1,29 milliard en 2005 comme l'illustre le tableau 3 ci-dessous.

Tableau 3: Comparaison mondiale de la pauvreté entre le seuil de 1,25$ par jour et le seuil de 2$ par jour en 2005(effectif en million)

1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005

Seuil de

1,25$

par jour

pourcentage 51,9 46,7 41,9 41,7 39,2 34,5 33,7 30,5 26,2

effectifs 1900 1814 1723 1818 1709 1658 1698 1601 1374

effectifs 2642 2625 2646 2765 2828 2803 2875 2795 2664

pourcentage 69,4 67,7 64,3 63,4 61,6 58,3 57,1 53,3 47,0

Seuil de 2$ par jour

Source : par nos soins d'après Chen et Ravallion, 2008

3.1.1. Stratégies internationales de lutte contre la pauvreté

Depuis les années 90, la marginalisation croissante des pays à faible revenu dans le processus général de la mondialisation et le creusement énorme de l'écart entre riches

et pauvres, ont incité la communauté internationale à rechercher davantage des
schémas de coopération plus appropriés. Ce n'est qu'à partir de 1999, que les institutions de Bretton Woods ont reconsidéré leurs stratégies en se dotant de nouvelles stratégies de financement en vue de réduire la pauvreté dans une optique d'amélioration des conditions de vie des individus.

41

Les stratégies de réduction de la pauvreté jouent aujourd'hui un rôle central dans l'aide financière et l'appui à la réforme des politiques économiques réalisés sous l'égide des pays en développement, notamment ceux considérés comme pauvres.

3.1.1.1. L'IPPTE et sa mise en oeuvre

L'initiative PPTE, née en 1996 à l'occasion du sommet du G730 et renforcée en 1999, repose sur l'idée qu'une réduction globale de la dette est une condition nécessaire au développement des pays les plus pauvres. Cette initiative vise à ramener la charge globale de la dette des pays admissibles à un niveau soutenable. Elle repose sur les principes de la base, dont la nécessité de doter les pays considérés des moyens de s'affranchir définitivement du cycle de rééchelonnement. A cet effet les créanciers n'envisagent de fournir un allègement de la dette que si le pays débiteur fait preuve de sa capacité à faire bon usage de l'allègement concédé. Il faut noter que cet allègement additionnel s'inscrit dans le prolongement des dispositifs classiques de l'allègement de la dette :

· Les rééchelonnements accordés par les membres du Club de Paris31,

· Les annulations de dette au titre de l'aide publique au développement (APD).

A cet effet, conçue pour renforcer le lien entre l'allégement de la dette et la lutte contre la pauvreté, cette initiative s'adressait d'après Massod (2002), aux pays ayant démontré leurs capacités de mener à bonne fin des mesures d'ajustement macroéconomique et structurel en vue de fournir un allégement de la dette plus rapide et plus substantiel.

Le rapport mondial sur le développement humain (RMDH, 2000), énumère sept pays qui ont été admis à bénéficier de l'aide dans le cadre de cette initiative d'une valeur globale d'environ 03 milliards de dollars sur les 127 milliards de dollars dus par l'ensemble des pays pauvres très endettés. En fin juin 2008, 23 des 41 pays pauvres très endettés avaient atteint « le point de décision » visé par l'initiative PPTE « renforcée » pour des engagements d'allègement de la dette qui s'élevait à plus de 34 milliards de dollars.

En 2005, d'autres initiatives sont venues s'ajouter à l'initiative PPTE, à savoir l'initiative d'allégement de la dette multilatérale ( IADM)32, en vue d'accélérer

30 Groupe des nations riches et industrialisées appelé aujourd'hui G8 avec l'entrée de la Russie

31 Etats créanciers les plus riches et membres de l'OCDE

32 L'Initiative ADM prévoit la possibilité d'annuler intégralement la dette restructurable à l'égard du FMI, de l'Association internationale de développement (IDA), de la Banque mondiale et du Fonds africain de développement pour les pays ayant bénéficié de l'Initiative PPTE.

42

les progrès dans la voie des objectifs du millénaire pour le développement.

3.1.1.2. Le DSRP et la FRPC

Soucieux d'améliorer leur contribution aux efforts de lutte contre la pauvreté déployés au plan international, le FMI et la Banque mondiale ont adopté, fin 1999, une nouvelle stratégie d'aide aux pays à faible revenu. Celle-ci s'articulait pour l'essentiel en deux volets : y' les deux institutions devaient fonder les prêts concessionnels et les allègements de dettes accordés aux pays à faible revenu sur des Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) préparés par les pays eux-mêmes, et y' les prêts concessionnels du FMI devaient être apportés dans le cadre d'un mécanisme de prêt révisé, la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) ; axé davantage sur la lutte contre la pauvreté.

De 1987 à 1999, l'essentiel des prêts concessionnels du FMI ont été accordés dans le cadre de la Facilité d'ajustement structurel renforcée (FASR). Les évaluations interne et externe conduites en 1997 et 1998, respectivement, ont montré qu'un certain nombre d'obstacles limitaient l'efficacité des programmes appuyés par ce mécanisme33.

Une nouvelle approche de l'appui aux programmes de réforme et d'ajustement engagés dans les pays à faible revenu a donc été élaborée par les services de la Banque mondiale et du FMI, puis adoptée par leurs conseils d'administration respectifs. Elle devait s'ordonner autour de stratégies de réduction de la pauvreté définies par les pays eux-mêmes et énoncées dans un nouvel instrument, les Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DRSP).

Depuis l'adoption des DSRP et de la FRPC, les premiers résultats obtenus ont fait l'objet de rapports d'étapes et de revues internes par les services du FMI et de la Banque mondiale en 2001 et 200234. Étant donné le peu de temps écoulé et le nombre limité de DSRP définitifs, ces revues ont privilégié le processus suivi et l'expérience des DSRP intérimaires.

3.1.1.3. Le financement du développement durable

Depuis les années 1972, le phénomène de la pauvreté et la dégradation de l'environnement ont été reconnus officiellement par la communauté internationale qui n'a pas hésité de prendre diverses mesures consacrées à la lutte contre la pauvreté et ceci plus

33 Voir FMI, 1998 a; FMI, 1997 et FMI, 1999 a.

34 Voir FMI 2002(a) et 2002(b); FMI et Banque mondiale, 2001, 2002(d) et 2002(d).

43

particulièrement dans les zones rurales. Dans ces zones où vivent plus de 75% des pauvres dans les pays en voie de développement, leurs seuls moyens de subsistance et d'emploi proviennent en grande partie des ressources naturelles. A cet instant, la pollution causée par les pays industrialisés, la dégradation de l'environnement et l'épuisement des ressources naturelles se répercutent de façon négative sur les pauvres. C'est à cet effet que la deuxième conférence des Nations Unies sur l'environnement tenue à Rio de Janeiro au Brésil en 1992 a trouvé juste qu'il était du ressort des pays industrialisés de financer les moyens permettant d'assurer un développement durable puisque les pauvres sont les premières victimes de la détérioration de l'environnement et de l'écosystème sous toutes ses différentes formes.

Après une décennie de stratégies de libéralisation qui visaient la relance des économies des pays sous le Programme d'Ajustement Structurel, l'apparition des

performances mitigés a provoqué de nouvelles réflexions d'interventions à l'échelle mondiale. Cet état de fait a incité la communauté internationale à rechercher davantage les moyens financiers adéquats pour financer le processus du développement durable35, qui est devenu une condition principale parmi d'autres pour atteindre les OMD d'ici 2015.

3.1.1.4. La bonne gouvernance

Le concept de bonne gouvernance a fait apparition à la fin des années 1990. Il a été intégré dans les conditions liées aux accords de financements entre les institutions financières internationales et les bailleurs de fonds d'une part, et les pays en développement d'autre part. À ce titre on retrouve de plus en plus dans les discours de la banque mondiale une liaison entre la pauvreté et la bonne gouvernance. Selon le rapport de la banque mondiale (20002001) sur le développement (« combattre la pauvreté ») ; « l'aide devrait être ciblée vers les pays ayant des niveaux élevés de pauvreté.

Selon le PNUD, « la gouvernance peut être considérée comme l'exercice des pouvoirs économiques, politiques et administratifs pour gérer les affaires des pays à tous les niveaux. Elle comprend les mécanismes, procédés et institutions, et assure que les priorités politiques, sociales et économiques sont fondées sur un large consensus dans la société et que la voix des plus pauvres et des plus vulnérables sont au coeur du processus de décision sur l'allocation des ressources pour le développement».

35 Selon la commission Mondiale pour l'environnement (RIO) : « Le développement durable veut répondre aux besoins des générations actuelles sans compromettre la possibilité de répondre à ceux des générations à venir ». Cité par Ngassam (2008), Economie de développement, Université de Dschang.

44

3.1.2. Caractéristiques et évolution de la pauvreté au Cameroun

La dernière enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM III) réalisée en 2007 estimait à 39,9% le taux de pauvreté de la population contre 40,2% en 2001 (ECAM II) et 53,3% en 1996 (ECAM I), dont 55% de ruraux. On remarque ici qu'entre 1996 et 2001, il y a eu un recul significatif de l'incidence de la pauvreté, mais en 2007 cette incidence de la pauvreté a presque stagné (INS, 2008). Cependant l'enquête (ECAM III) a montré des disparités importantes dans l'évolution de la pauvreté entre 2001 et 2007. En milieu urbain, la pauvreté a nettement reculé (de l'ordre de 5 points) notamment dans les villes de Douala et Yaoundé. Par contre en milieu rural, elle a augmenté de près de 3 points, surtout dans les régions septentrionales. Ainsi au Cameroun, la pauvreté est un phénomène qui affecte davantage le milieu rural.

Les femmes et les enfants sont particulièrement touchés: 52% des membres des ménages pauvres sont des femmes, la moitié ayant moins de 15 ans. Selon l'ECAM III, seulement 18% des femmes rurales ont un niveau d'enseignement secondaire; les régions de l'Extrême Nord et du Nord en particulier sont les zones où l'on rencontre le plus grand nombre de femmes les moins instruites du pays (14% et 12% respectivement). L'emploi des jeunes est également une priorité pour le gouvernement; l'Institut National de la Statistique estime que 7 jeunes sur 10 sont sous-employés (OMD, INS 2010).

ECAM III a identifié comme principaux déterminants de la pauvreté les facteurs suivants: la taille du ménage, le niveau d'instruction, le groupe socioéconomique et l'accès aux actifs de production. Les populations rurales pauvres estiment que les possibilités d'amélioration de leurs conditions de vie proviendraient de la création d'emplois, du désenclavement, de l'accès à l'instruction et à l'information, de la stabilité des prix des denrées alimentaires, et de l'accès aux soins médicaux, à l'eau et au crédit. De même, d'après cette enquête, le seuil de pauvreté est fixé à 269 433F CFA par an ; soit 738FCFA par jour, situé un peu au dessus du seuil de 1,25 dollar par jour fixé par le FMI. La figure 4 ci-dessous nous permet de constater que le pourcentage des pauvres est resté presque constant en zone rurale entre 1996 et 2007.

45

Figure 4: Evolution de l'incidence de la pauvreté au Cameroun

Source : par nos soins d'après résultats préliminaires ECAM III, INS, 2007.

3.1.3. Stratégies nationales de lutte contre la pauvreté

Au Cameroun comme partout ailleurs, la pauvreté est un phénomène qui préoccupe les consciences, et sa lutte un objectif à atteindre. A cet effet, le gouvernement camerounais a mis sur pied de nombreuses mesures visant à réduire, voire même à éradiquer la faim et l'extrême pauvreté.

La croissance économique au Cameroun a connu un ralentissement en 2009 et 2010, enregistrant des taux de 2,1% et 2,4% respectivement en 2009 et 2010, contre 3,7% en 2008. Ce ralentissement serait dû à la détérioration de la balance commerciale, la morosité de l'environnement économique international, et l'aggravation des difficultés budgétaires du pays découlant des effets combinés de la crise économique et financière mondiale, de la crise alimentaire et du déficit énergétique. Nonobstant ce ralentissement, il faut noter que depuis 2011, ce taux oscille autour de 4%, ceci du peut-être à la reprise enregistrée au niveau mondial ainsi que la poussée de l'investissement public et privé et de la consommation finale. Dans sa vision de développement à long terme - «Vision 2035» - le Cameroun s'est fixé comme objectif de devenir un pays émergent, industrialisé et démocratique à l'horizon 2035et ceci grâce à la mise en oeuvre de grands projets structurants tels que le port en eau profonde de Kribi ; le barrage hydroélectrique de Lom-Mpanga ; la construction du deuxième pont sur le Wouri ; et bien d'autres. Cette vision repose sur quatre objectifs généraux, à savoir:

46

> Ramener la pauvreté à un niveau socialement acceptable;

> Devenir un pays à revenu intermédiaire;

> Atteindre le stade de Nouveau pays industrialisé (NPI); et

> Renforcer l'unité nationale et consolider le processus démocratique.

Afin d'exploiter son important potentiel de développement, le gouvernement camerounais a élaboré un Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) dit de deuxième génération en 2009, suite aux manquements et irrégularités constatés sur le premier DSRP de Avril 2003. Ce nouveau document nommé Document de stratégie pour la croissance et l'emploi (DSCE), voit le jour suite aux émeutes de Février 2008 et couvre la période 2010-2020. Centré sur l'accélération de la croissance, la création d'emplois formels et la réduction de la pauvreté, le DSCE réaffirme la volonté du gouvernement de poursuivre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans leur ensemble. Le DSCE porte une attention particulière à l'intégration régionale et à l'amélioration de la gouvernance, notamment la lutte contre la corruption, la transparence dans les marchés publics et à l'amélioration du climat des affaires. Le secteur rural, parce qu'il reste dominant dans l'économie camerounaise tant par sa contribution à la croissance que par son potentiel en matière de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire, occupe une place centrale dans la Stratégie pour la croissance et l'emploi du Cameroun. Afin de promouvoir le secteur rural, le gouvernement entend lancer un vaste programme d'accroissement de la production agricole en vue de satisfaire les besoins alimentaires des populations et des agro-industries. La modernisation de l'appareil de production en est l'objectif principal afin de :

i) Rendre accessibles et disponibles les facteurs de production, notamment la terre, l'eau, et les intrants agricoles;

ii) Promouvoir l'accès aux innovations technologiques à travers le renforcement de la liaison recherche/vulgarisation ; et

iii) Développer la compétitivité des filières de production.

Le gouvernement a tout de même élaboré une Stratégie de développement du secteur rural (SDSR) couvrant la période 2005-2015. Ce document, actualisé en 2011, développe une vision basée sur quatre piliers qui ont pour objectifs:

> Le développement institutionnel et le renforcement des capacités de l'ensemble des acteurs étatiques et privés;

47

> L'amélioration de la productivité et de la compétitivité des filières;

> La modernisation des infrastructures du monde rural et des facteurs de production agricole; et

> La gestion durable des ressources naturelles.

3.2. La Microfinance au Cameroun

La microfinance apparue sous sa forme traditionnelle (tontine) date de plus d'un siècle au Cameroun. En 1963, sous l'influence des missionnaires hollandais dans la zone anglophone du Cameroun, elle a démarré sous sa forme institutionnelle avec la création de la première coopérative de crédit dénommée « Cameroon Cooperative Credit Union League en abrégé CamCCUL » ou caisse populaire (Kalla et Pony, 2012). Mais ce n'est qu'au début des années 90 que la microfinance s'est diversifiée grâce aux lois n° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association et n° 92/006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et aux groupes d'initiative commune. Grâce à ces lois, le paysage de la microfinance va changer et se diversifier. C'est dans ce contexte que nous allons donc voir apparaître de nombreuses institutions telles que : MC2, CVECA, MUFFA, etc.

Le processus d'assainissement engagé par les organes de régulation et de supervision suit son cours. Le secteur de la microfinance se restructure lentement en consolidant les acquis. Néanmoins, il reste exposé principalement à l'exercice illégal de l'activité de microfinance. Certaines structures évoluent sans agrément et d'autres agréées pour l'exercice des activités de microfinance de 1ère catégorie se risquent à la réalisation des opérations dévolues aux EMF de 2ème catégorie (enquêtes CEMAC, 2008). Cette situation est préjudiciable à l'image du secteur et a souvent conduit à la fermeture de nombreux EMF.

3.2.1. Configuration du secteur

Au 31 décembre 2010, le secteur de la microfinance compte 440 EMF repartis en 186 EMF indépendants et 254 EMF affiliés à un réseau, contre 460 EMF en 2008, dont 206 EMF indépendants et 254 affilés à un réseau. Le secteur dispose de cinq (5) réseaux agréés : CAMCCUL (177 EMF), CVECA Centre (33 EMF), CVECA Grand Nord (8 EMF), CMEC Ouest (19 EMF) et CMEC Nord-Ouest (8 EMF). Le secteur est dominé par les EMF de première catégorie qui représente 94 % des établissements agréés au Cameroun. Un réseau CMEC Grand-Nord (9 EMF) ayant eu l'avis conforme de la COBAC n'est pas encore agréé.

48

3.2.2. Couverture géographique de la clientèle

Les EMF déploient leurs activités à travers 998 agences dont 525 sont installées en zone urbaine et 473 en zone rurale. Les implantations urbaines se retrouvent principalement à Douala (169) et à Yaoundé (155 agences). Ces points de vente sont généralement ouverts par les EMF de 1ère catégorie (718 agences), en particulier par ceux évoluant en réseau qui recensent 389 agences dont 230 pour le réseau CAMCCUL. L'extension des activités a été, en partie, freinée par la baisse du nombre de guichets. Celui-ci est passé de 1 111 à fin septembre 2007 à 983 à fin 2008(MINFI-CMR, 2011). L'augmentation de la clientèle constatée lors de la dernière enquête se poursuit en 2008, malgré la réduction du nombre de guichets. En dépit d'un recul passager constaté entre la dernière enquête et le 31 décembre 2007 (- 54 828 clients), la clientèle du secteur enregistre une croissance de 18% en variation annuelle au 31 décembre 2008, pour s'établir à 1 073 621 clients. Le secteur de la microfinance emploie pour le développement de ses activités 6 000 salariés dont 732 cadres.

3.2.3. Les capitaux propres

Les capitaux propres des EMF du Cameroun se sont érodés. Selon l'enquête COBAC, ils ressortent à 14,021 Milliards au 31 décembre 2008 contre 20,136 Milliards un an plus tôt. Ce recul de 30% s'explique par la dégradation de la situation financière de certains EMF. Quatre EMF en situation difficile présentent un montant de fonds propres négatifs de 13,382 Milliards à fin 2008. En particulier, la situation des EMF de 2ème catégorie nécessite une surveillance accrue en raison du risque qu'ils font peser sur le système financier. Leurs capitaux propres agrégés s'établissent à - 63 millions. Outre les déficits dégagés par le secteur en 2007 (7,963 Milliards F CFA) et 2008 (5,567 Milliards F CFA), qui ont obéré les capitaux propres, la part du capital social dans les capitaux propres s'est réduite. Le capital social agrégé se situe à 22,232 Milliards F CFA au 31 décembre 2008 alors qu'il était de 25,000 Milliards au 30 septembre 2007. Le réseau CAMCCUL, avec 4 779 M à fin 2008, est le plus performant dans ce domaine, suivi de Cofinest (1 109 M) et de CCA (1072 M).

Il est à noter en outre que, d'après une étude faite par Fotabong A. L. (2012) entre 2000 et 2011, le secteur de la microfinance au Cameroun a connu un taux de croissance de 56,2% en terme de crédit. Cette industrie a également enregistré un taux de croissance de 86,1% de dépôts et 53,5% en termes de clients. Au vue des résultats obtenus dans le tableau 4

49

ci-après, on constate un peu une contradiction avec les chiffres proposés par la COBAC en fin 2008.

Tableau 4: Perspectives de marché entre 2000 et 2011 (valeurs financières en milliards

de F CFA)

Années

2000

2006

2008

2010

2011

Pourcentage

de variation
entre 2000 et 2011

Clients

219410

849030

1058498

1445235

1509368

53,5%

Dépôts (en milliards de F cfa)

38

162

258

311

342,5

86,5%

Crédits(en milliards de F cfa)

28

104

138

176

201

56,2%

Capitaux propres

3,0

19,9

22,5

23,7

24,5

65,2

Nbre d'agences

700

1052

1189

1348

1389

9,0%

Nbre d'EMF

656

490

531

589

645

-0,2%

Nbre d'emplois

4156

7425

15241

15752

16159

26,3%

Source: Market Insight, market intelligence, trade press, industry survey December 2011 in Fotabong (2012)

Compte tenu du fait que les données de 2011 sont incertaines, le total des dépôts collectés par les EMF au Cameroun à la fin de l'année 2010 est impressionnant et s'élève 311 milliard de francs, et d'après les prévisions, il est probable qu'on se retrouve à près de 500 milliards d'ici 2015. On constate également une hausse exponentielle du montant brut des crédits évalué à 176 milliards. En termes de mobilisation des ressources, CAMCCUL se taille la part belle du marché avec plus de 49% en volume. Nous avons en deuxième position CCA avec 66 milliards (soit 21%), et suivi de MC2 avec près de 28 milliards de ressources mobilisées (soit 9%). C'est ce dernier qui fera l'objet de notre étude au niveau du département de la Menoua.

3.2.4. Organisation du secteur de la microfinance

Au Cameroun, les IMF sont actuellement divisées en trois catégories, avec des normes prudentielles publiées, y compris des restrictions concernant les sources de financement (les

50

fonds externes devraient représentés moins de 10% de l'ensemble des actifs), la constitution d'un capital minimum et de réserves obligatoires pour couvrir les risques.

Tableau 5: Organisation du secteur de la Microfinance au Cameroun

Catégories

Caractéristiques

Capital minimum

Institutions

1ère catégorie

Etablissements qui

procèdent à la collecte de l'épargne de leurs membres

qu'ils emploient en

opération de crédit,
exclusivement au profit de ceux-ci.

Pas de dotation ou capital minimum exigé. Toutefois, le capital constitué doit être représenté et permettre de

respecter l'ensemble des

normes arrêtées par la
COBAC

Banques villageoises,

Coopératives de Crédit du Réseau CamCCUL, M. Environ 65% de l'ensemble

du secteur et 85% du
volume des activités.

2eme catégorie

Etablissements qui

collectent l'épargne et

accordent des crédits aux

tiers.

50 millions de F CFA à détenir dans une banque.

IMF indépendantes. Environ 30% du secteur, 10% du volume des activités

3eme catégorie

Etablissements qui

accordent des crédits aux
tiers, sans exercer l'activité de collecte de l'épargne

25 millions de F CFA à détenir dans une banque.

Projets, institutions de crédit. 5% du secteur

Source : Auteur, d'après Ngassam Njiké V. et al, 2009.

D'après le règlement, il doit y avoir une seule association de microfinance et les IMF doivent faire partie de cette association. C'est ainsi que le 23 mai 2003, L'Association Nationale des Etablissements de Microfinance du Cameroun (ANEM-CAM) a été créée, avec pour rôle :

· :. D'assurer la défense des intérêts collectifs des membres

· :. De représenter la profession auprès des autorités de tutelle, monétaires et des tiers

· :. D'informer ses membres et le public sous réserve du respect des dispositions de la loi du secteur sur le secret bancaire.

3.2.5. Présentation du réseau MC2 au Cameroun

3.2.5.1. Définition des MC2

Les mutuelles communautaires de croissance (MC2) sont des institutions financières mises en place et gérées par des membres de la communauté et dont la mission est principalement de promouvoir le développement rural. Environ 90% des MC2 se trouvent dans des zones rurales reculées de 5000 à 25000 habitants. Leurs services ciblent les populations rurales qui se trouvent à l'intérieur des limites d'un royaume traditionnel. Le concept de MC2 a été développé par le Dr. Paul K. Fokam, co-fondateur et président d'Afriland First Bank. Il affirme: « la victoire contre la pauvreté (VP) est possible si l'on

51

combine les moyens (M) et les compétences (C) de la communauté (C) : (VP=M x C x C=MC2) ». La première MC2 a été créée le 25 Avril 1992 à Baham, une communauté rurale de la région de l'Ouest du Cameroun. Depuis lors, le réseau s'est rapidement développé en termes de nombre d'institutions et de personnes touchées.

Tableau 6: Evolution statistique du réseau MC2 au 30 Novembre 2012 (Les valeurs financières sont en milliers de Francs CFA)

 

31/12/2009

31/12/2010

31/12/2011

30/11/2012

Nombre de MC2

79

84

90

94

Nombre de personnes touchées

697 217

789 502

816 903

843 277

Capital social

2 917 491

3 204 668

3 574 582

3 887 129

Epargne mobilisée

23 699 386

28 486 780

30 901 725

32 310 413

Cumul des crédits accordés

59 593 836

78 618 047

89 657 230

92 285 717

Encours des crédits

10 299 989

12 644 666

14 035 543

15 680 177

Résultat

447 529

309 151

433 480

1 217 616

Total bilan

31 376 167

36 821 476

41 038 576

43 870 192

 

Source : site ADAF

3.2.5.2. Produits et services offerts par les MC2

Les MC2 offrent d'une part une grande variété des services financiers tels que l'épargne, les crédits, la micro assurance, les transferts et autres services financiers des banques ; et d'autre part des services non financiers tels que la formation, l'appui conseil, l'acquisition d'inputs divers. Tous ces services sont offerts à des membres issus de zones rurales, rivalisant ainsi avec les tontines informelles, les prêteurs d'argent, regroupés en réseaux tels que les banques villageoises, les coopératives de crédit, les projets de développement et d'autres IMF. Au cours de leur évolution, les MC2 ont bénéficié de l'assistance technique et financière d'ADAF, une ONG privée nationale qui possède de l'expérience en matière de formation, de suivi et d'étude de faisabilité d'activités de microfinance; et d'Afriland First bank, une banque privée qui a longtemps servi en temps que tutelle pour les MC2. Entre autres divers services offerts, nous pouvons citer :

.. Le compte d'épargne ordinaire ; accessible à tout membre de la mutuelle locale. Le montant moyen minimal à y placer est de l'ordre de 5.000F CFA. L'épargne est rémunérée entre 2,5 et 4% par an, soit moins que dans les banques commerciales (5%). En effet chaque MC2 définit les taux d'intérêts qu'elle pratique.

52

+ Le compte de dépôt associé qui est un compte courant destiné à recevoir des virements, à encaisser des chèques. Il doit présenter en permanence un solde minimum de 10.000FCFA. Grâce à l'affiliation avec Afriland, les titulaires de ce compte peuvent réaliser des opérations dans l'ensemble du Cameroun et même à l'étranger.

+ Le compte flash cash : c'est un certificat de dépôt créé par Afriland. Un apport initial de 25.000F CFA est nécessaire. Le déposant reçoit alors des chèques de voyage "flash cash".

3.2.5.3. Conditions d'adhésion à une MC2

Pour adhérer à une MC2, il faut présenter une photocopie de sa carte d'identité, payer les frais d'adhésion et d'ouverture de compte d'un montant de 5.000F CFA, acheter un minimum de 10 parts sociales d'une valeur totale de 10.000FCFA, signer une déclaration qui vise à respecter tous les engagements moraux et financiers et à conserver secrètes les informations à caractère confidentiel reçues par la mutuelle. Tout adhérent ou mutualiste s'engage à : participer à la constitution du fonds d'établissement de la MC2 ; approvisionner autant que possible son épargne, participer activement aux activités de la mutuelle ; rembourser les prêts contractés. Il est à noter également que pour les plus pauvres ces fonds peuvent être collectés progressivement.

3.2.5.4. Effet de la MC2 sur la réduction de la pauvreté

La MC2 cible les exclus du système bancaire classique en leur proposant des services financiers adaptés tels que l'épargne, le crédit, l'assurance, le transfert d'argent. Elle se distingue des systèmes classiques par le type de crédit qu'elle propose et les formes de garantie exigées.

En ce qui concerne le type de crédit, on peut avoir entre autres le crédit agricole, le crédit commercial, le crédit élevage, le crédit artisanal, le crédit groupe (associations, ONG, ...), le crédit scolaire, le crédit social (mariage, funérailles, sois médicaux, ...). Il est à noter que la plupart de ces crédits se remboursent sur des délais sollicité par le bénéficiaire. Les études que nous avons effectuées nous montrent que les délais de remboursement varient entre six et vingt-quatre mois pour les bénéficiaires de notre échantillon et que la capacité de remboursement était presque similaire. Cela rejoint l'idée de Pande et Field (2008), selon

53

laquelle, après une étude menée en Inde, montre que la périodicité des remboursements n'a pas d'effet sur le taux de remboursement.

Pour ce qui est du type de garantie, on distingue : le titre foncier, les salaires et pension, le compte bloqué, les chèques de banques classiques, caution morale et caution solidaire, terrain bâti, objets précieux (or, ivoires, objets traditionnels de valeurs, ...) et le fonds de commerce. En ce sens, la MC2 peut être un instrument de lutte contre la pauvreté de manière multidimensionnelle (A. Sen, op cité). Les études menées révèlent que les individus ayant reçu du crédit avec caution solidaire remboursent mieux que ceux l'ayant reçu avec garantie individuelle, même si selon une étude faite par Gine et Alii (2006) avec une IMF aux Philippines, la garantie solidaire n'a pas l'effet de contrôle « pur » dont on l'a souvent gratifiée.

En s'inspirant de la définition faite par Lelart (2005), qu'il est souvent demandé pour développer une activité génératrice de revenus, qu'il s'agisse d'une ancienne activité que l'on voudrait étendre ou d'une nouvelle que l'on voudrait créer, le dispositif MC2 élargi son intervention pour toucher à la fois des activités déjà existantes ou des activités nouvelles et en voie de création.

CONCLUSION

Le présent chapitre, nous a permis de faire une brève présentation de l'évolution de la pauvreté et de la microfinance. Ceci nous a permis de comprendre que la pauvreté, bien qu'étant un phénomène actuel, a existé il y a plusieurs décennies. Ceci étant, plusieurs mesures ont été prises en compte pour son éradication, parmi lesquelles l'octroi de crédits aux populations pauvres pour le financement des activités génératrices de revenus. Bien que toutes ces mesures ont été prises, le nombre de personnes pauvres n'a fait que augmenté dans le monde et ceci surtout en Afrique Subsaharienne.

CJ~~I~NE 4

~~~~ocDoLogI i i ~ ~~~~~~~~

54

Dans ce chapitre, il sera question pour nous de présenter la méthodologie efficace qui nous permettra de vérifier l'hypothèse émise au premier chapitre. A cet effet, nous commencerons par une présentation de la zone d'étude, suivie par la nature et source de données, ensuite nous spécifierons le modèle et présenterons les variables retenues, enfin nous présenterons la méthode d'estimation.

55

4.1. Présentation de la zone d'étude

Notre étude porte sur les populations bénéficiaires de microcrédits dans le département de la Menoua. Ce département, d'une superficie de près de 1380 Km2, compte six arrondissements à savoir : Dschang, Fongo-Tongo, Penka Michel, Nkongni, Fokoué et Santchou. On y trouve d'une part des populations provenant de toutes les régions du Cameroun parmi lesquelles : les Bamilékés en majorité, les Bamouns, les Haoussa, les Mbo'o, les Ewondo et bien d'autres multitudes d'ethnies, et d'autre part, celles provenant des pays voisins surtout prisées par la Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de l'Université de Dschang. Les populations de ce département pratiquent plus l'agriculture et l'élevage (surtout dans les zones rurales), le petit commerce, l'artisanat et bien plus. Ici, on y trouve plusieurs établissements qui offrent des services microfinanciers parmi lesquels les MC2 surtout concentrées en zones rurales et semi-urbaines.

4.2. Nature et source de données

Pour évaluer l'impact du microcrédit sur la pauvreté, nous avons utilisé des données de source primaire. L'enquête porte sur un échantillon de 55 individus tirés de la population bénéficiaire de microcrédits. Il est à noter qu'au départ nous avons prévu près de 100 questionnaires, mais compte tenu d'une part de la difficulté à rencontrer certains bénéficiaires et d'autre part du fait que certains bénéficiaires enquêtés n'ont pas répondu à toutes les questions, nous nous sommes trouvés obliger d'annuler leurs questionnaires et reporter ainsi notre échantillon à 55 individus. La technique d'échantillonnage repose tout d'abord sur la méthode d'échantillonnage par choix raisonné, c'est-à-dire que nous choisissons les individus ayant reçu des crédits pour financer des activités génératrices de revenu (AGR), et pour ces individus, nous appliquons la méthode aléatoire simple. Ceci se fait à travers un questionnaire que nous adressons à ces différents bénéficiaires de microcrédits que nous trouvons aux guichets aux jours de l'enquête. Le sondage aléatoire simple permet de s'assurer que chaque bénéficiaire a une probabilité connue et non nulle d'appartenir à l'échantillon36.

Nous avons débuté notre enquête le 23 Août 2013, pour une durée de trois semaines. Le questionnaire mis à la disposition des bénéficiaires est structuré en trois parties : Identification du bénéficiaire, Conditions d'accès au microcrédit et Impact socio-économique du microcrédit.

36 François KAMAJOU (2010), Cours de Méthodologie de la recherche, FSEG, Université de Dschang.

56

La mesure de la pauvreté dans cette étude est un choix presque objectif, puisque le bénéficiaire enquêté est invité à indiquer son revenu moyen mensuel après obtention du microcrédit et le nombre de personnes à sa charge. Ces deux questions nous ont permis de déterminer le revenu moyen mensuel par personne, et c'est ce dernier qui sera utilisé comme indicateur de pauvreté.

4.3. Spécification du modèle

Pour analyser la relation de la pauvreté avec le microcrédit, nous nous sommes basés sur le modèle non récursif ou modèle de cause à effet. Plus précisément, dans ce modèle, une variable expliquée dans une première équation est variable explicative dans la seconde et vice-versa. Ce modèle, basé sur le modèle de Pitt et Khandker (1998), a été proposé par SMAHI Ahmed (2010) dans une étude faite en Algérie sur la quantification de la relation pauvreté-microfinance sur la population de Tlemcen. A travers cette étude, il arrive à la conclusion que le niveau de pauvreté est influencé par le niveau d'instruction et le type de logement, et que le montant du crédit n'est pas un déterminant de la pauvreté en Algérie.

Le modèle non récursif se définit de la manière suivante :

Y1 = a0 + a1Y2 + a2X1.1 + a3X1.2 + + anX1.n-1 + e1 (1)

Y2 = b0 + b1Y1 + b2X2.1 + b3X2.2 + + bkX2.k-1 + e2 . (2)

Dans l'équation (1), Y1 représente la variable dépendante, Y2 représente la variable

endogène, et X1.1, X1.2, , X1.n-1 représentent les variables indépendantes. Dans
l'équation (2), Y1 représente la variable endogène, Y2 représente la variable dépendante, et X2.1, X2.2, .... X2.k-1 représentent les variables indépendantes.

Par la suite, compte tenu du fait qu'il existe des variables quantitatives et qualitatives, nous ferons appel au modèle d'analyse des covariances (ANCOVA). Dans ce modèle, une variable qualitative pouvant avoir deux ou plusieurs modalités, est encore appelée variable Dummy. Dans notre étude, nous ferons face à des variables qualitatives telles que le sexe, le niveau d'instruction, le type de logement, l'impact du microcrédit et bien d'autres, d'où l'application du modèle ANCOVA pour chacune de nos équations. Ce modèle est défini de la manière suivante :

Yi = a0 + a1D1.i + a2D2.i + a3D3.i + a4D4.i + ... + anDn.i + an+1Xi + ei (3)

Ici, Yi est la variable à expliquer qui peut être qualitative ou quantitative, Xi est une variable explicative et les Dn.i représentent les variables muettes encore appelées « dummies ». Mais

57

il est important de rappeler que ces variables qualitatives peuvent également être représentées par une seule variable catégorielle ayant 2 ; 3 ; ou n modalités. Nous avons par exemple la variable nationalité qui peut avoir trois modalités (1 si français ; 2 si anglais ; et 3 si camerounais).

Variables du modèle et Codage

Notre modèle sera ainsi constitué de deux équations dont les variables sont contenues dans le tableau ci-dessous.

Tableau 7: variables et leurs modalités dans le modèle

 

Signification

Modalités

LogPauvreté

Revenu moyen après

obtention du microcrédit

divisé par le nombre de
personnes dans le ménage

Logarithme népérien du revenu moyen divisé par le nombre de personnes dans le ménage

LogMntCrédit

Montant de crédit obtenu par le bénéficiaire

Logarithme népérien du montant de crédit

NivInst

Niveau d'instruction

1 : si primaire

2 : si secondaire

3 : si supérieur

Genre

 

1 : si femme

2 : si homme

TypLoge

Type de logement du

bénéficiaire

1 : si habitat précaire

2 : si locataire

3 : si maison familiale

4 : si maison bien aménagée

ImpMicro

Impact du microcrédit sur les conditions de vie

1 : si non ou négatif

2 : si oui ou positif

LogDepMens

Dépense mensuelle du

bénéficiaire

Logarithme népérien des dépenses

mensuelles de chaque bénéficiaire

Log Age

Age du bénéficiaire

Logarithme népérien de l'âge du

bénéficiaire

 

58

Equation I :

LogPauvretéi = á0 + á1Genrei + á2NivInsti + á3TypLogei + á4LogMntCréditi +åi

(4)

LogPauvretéi est la variable expliquée du modèle et représente le logarithme népérien du revenu moyen du bénéficiaire après obtention du microcrédit, et ceci divisé par le nombre de personnes dans le ménage. C'est donc une variable quantitative. Nous avons fait cette représentation de la pauvreté afin de, d'une part, rejoindre l'idée de Henry et al (2003, pp.25) selon laquelle la plus grande partie de la richesse d'un individu est partagée et influencée par le ménage dans lequel il vit, et d'autre part, mieux nous rapprocher du seuil de pauvreté qui est de 22 454FCFA/mois par personne adulte (ECAM III).

LogMntCréditi est une variable endogène qui représente le montant du crédit, åi le terme d'erreur. Les variables Genre, NivInst, TypLoge sont des variables indépendantes telles que définies dans le tableau (4.1) ci-dessus.

Equation II :

Cette équation va nous permettre juste de voir la relation inverse qui existe entre le montant du crédit obtenu et la pauvreté (revenu moyen divisé par le nombre de personnes dans le ménage). Nous avons :

LogMntCréditi = 30 + 31ImpMicroi + 32CapEpari + 33LogDepMensi + 34LogAgei +

35LogPauvretéi + ui (5)

LogMntCréditi est la variable expliquée et représente le logarithme népérien du montant du crédit. LogPauvretéi est le niveau de pauvreté comme défini à l'équation (4) et ui le terme d'erreur. Les variables ImpMicro et CapEpar représentent les variables indépendantes qualitatives à deux modalités comme défini dans le tableau (4.1) ci-dessus.

Nous avons également les variables indépendantes quantitatives à savoir : LogDepMens et Log Age.

L'association des équations (4) et (5) nous permet d'établir le système suivant :

59

LogPauvretéi = á0 + á1Genrei + á2NivInsti + á3TypLogei + á4LogMntCréditi +åi

.......................................................................................................... (6)

LogMntCréditi = â0 + â1ImpMicroi + â2CapEpari + â3LogDepMensi + â4LogAgei +

â5LogPauvretéi + ui (7)

Remplaçons (6) dans (7) on obtient :

LogPauvretéi = á0 + á1Genrei + á2NivInsti + á3TypLogei + á4 (â0 + â1ImpMicroi + â2CapEpari + â3LogDepMensi + â4LogAgei + â5LogPauvretéi + ui )+ åi

LogPauvretéi = á0 + á1Genrei + á2NivInsti + á3TypLogei + á4 â0 + á4â1ImpMicroi + á4â2CapEpari + á4â3LogDepMensi + á4â4LogAgei + á4â5LogPauvretéi + á4ui + åi

(1- á4â5) LogPauvretéi = á0 + á1Genrei + á2NivInsti + á3TypLogei + á4 â0 + á4â1ImpMicroi + á4â2CapEpari + á4â3LogDepMensi + á4â4LogAgei + á4ui + åi, d'où on obtient l'équation de la forme réduite suivante

LogPauvretéi = (á0 + á4 â0 ++ á1Genrei + á2NivInsti + á3TypLogei + á4â1ImpMicroi

+ á4â2CapEpari + á4â3LogDepMensi + á4â4LogAgei + á4ui + åi ). (8)

4.4. Tests économétriques et méthode d'estimation 4.4.1. Tests économétriques

D'une manière générale, les tests économétriques permettent de voir si les différences observées lors d'une observation sont dues au hasard ou si elles trouvent leur origine dans la population générale. Pour cela, nous allons retenir le test d'homogénéité par la statistique Fcal de Fisher, le test d'auto corrélation de Durbin-Watson, le test de normalité de Jarque-Bera, le test d'hétéroscédasticité, puis le coefficient de détermination R2 et le coefficient de corrélation de Pearson.

4.4.1.1. Le test d'homogénéité

Il permet de détecter une certaine uniformité des comportements des individus. Le test de significativité se fera à l'aide du test de Fisher. Ce test permet de voir si les variables

60

retenues représentent fidèlement le phénomène étudié. Il est effectué sur la base du coefficient de détermination R2 et est défini par :

Fcal = , le principe étant de tester l'hypothèse nulle H0 contre l'hypothèse

alternative H1 défini tel que :

H0 : tous les paramètres du modèle sont nuls,

H1 : il existe au moins un paramètre non nul.

Règle de décision : si Fcal > Flu (k - 1 ; n - k) pour un niveau de signification á donné, alors

on rejette H0 ; c'est-à-dire que les paramètres du modèle sont significatifs37.

4.4.1.2. Les tests de normalité

En statistique, les tests de normalité permettent de savoir si les observations suivent une loi normale ou pas. Ces tests occupent une place importante. En effet, de nombreux tests supposent la normalité de la distribution pour être applicable. Pour notre travail nous allons effectuer les tests de Jarque-Bera, de Skewness et de Kurtosis.

Le test de normalité de Jarque-Bera : c'est un test qui cherche à déterminer si les variables suivent une loi normale. Pour cela, on a les hypothèses suivantes :

H0 : le modèle suit une loi normale ;

H1 : le modèle ne suit pas une loi normale.

La formule est la suivante : JB = ) ; avec n le nombre d'observation, k le

nombre de variables explicatives et s le coefficient d'asymétrie. Si JB est inférieur à 5,99 alors le modèle suit une loi normale.

Le test de Kurtosis : En statistique, le Kurtosis se traduit le plus souvent par le coefficient d'aplatissement. Etant donné une variable réelle X d'espérance mathématique u et d'écart type ó, on définit le kurtosis comme le moment d'ordre quatre de la variable centrée réduite. On distingue entre autres :

Kurtosis non normalisé â2 donné par la relation â2 = E [ ( (x-u) / ó)4 ], et lorsque E existe, on a donc ; â2 = u4 / u2 ; les ui étant les moments centrés d'ordre i.

Kurtosis normalisé ã2, défini par ã2 = â2 - 3.

- Si ã2 = 0, la distribution est normale. On dit qu'elle est Mésokurtique.

37 JUMBO (2009), cours d'Econométrie I, niveau III, FSEG, Université de Dschang.

61

- Si ã2 > 0, la distribution est moins aplatie que la distribution normale ; on dit qu'elle est Leptokurtique.

- Si ã2 < 0, la distribution est plus aplatie que la distribution normale ; on dit qu'elle est platipkurtique.

Le test de skewness : Le coefficient de dissymétrie (Skewness en anglais) correspond à une mesure de l'asymétrie de la distribution d'une variable réelle X. Soit u l'espérance mathématique et ó l'écart type, on définit le Skewness comme le moment d'ordre trois de la variable centée réduite par :

1 = E [ ( (x-u)/ó )3].

- 1 > 0 indique que la distribution est dissymétrique et étalée à droite ;

- 1 < 0 indique une distribution dissymétrique et étalée vers la gauche ;

- 1 = 0 indique une distribution symétrique ; c'est le cas de la loi normale.

4.4.1.3. Le test d'auto corrélation de Durbin-watson

L'auto corrélation peut être définie comme une corrélation entre les éléments de séries d'observations ordonnées dans le temps ou dans l'espace. Le test développé par Durbin et Watson permet de détecter une éventuelle auto corrélation des résidus. La statistique est

donnée par la relation suivante : d = . On a ceci : si d=2, pas d'auto

corrélation de premier ordre ; si d=0, existence d'une corrélation positive parfaite dans les résidus, et si d=4, existence d'une corrélation négative parfaite dans les résidus.

4.4.1.4. Le test d'hétéroscédasticité

On parle d'hétéroscédasticité lorsque les termes d'erreur n'ont pas une variance constante, et dans ce cas on utilise les MCG pour estimer les paramètres du modèle au lieu des MCO comme c'est le cas avec l' homoscédasticité.

H0 : absence d'hétéroscédasticité ;

H1 : présence d'hétéroscédasticité. Pour un seuil de signification fixé à priori à 5%, si probabilité du test est supérieure à ce seuil, on accepte H0.

62

4.4.1.5. Le coefficient de détermination R2

Il permet de mesurer le degré d'association entre la variable expliquée et les variables explicatives. Il s'agit en d'autres termes de déterminer la contribution des variables explicatives dans la variation de la variable expliquée38. On démontre et on admet ensuite que :

; Avec 0 < R2 < 1. De cette relation on peut retenir les interprétations

suivantes :

· Si R2 = 1, tous les points sont situés sur la droite de régression ;

· Si R2 = 0, la variation de la variable expliquée est due à la variation dans le terme d'erreur.

Dans la mesure où le R2 présente quelques limites ou défauts, on déterminera donc

le coefficient de détermination ajusté défini par : 1k2 = 1- (1-R2) et on

interprètera de la même manière que R2.

4.4.1.6. Le coefficient de corrélation

Etudier la corrélation entre deux ou plusieurs variables aléatoires c'est étudier l'intensité de la liaison qui existe entre ces variables. Le coefficient de corrélation le plus utilisé est le coefficient de corrélation linéaire de Pearson. Ce coefficient est défini par : Pxy =

rxy = ; avec -1 < Pxy < 1. Il mesure aussi bien l'intensité de la liaison entre Y et X

que celle entre X et Y et n'est significatif d'une réelle valeur de dépendance que si : |rxy| 2 0,87.

· Si |rxy| < 0,87, il n'existe pas une liaison linéaire entre X et Y39.

· Si rxy = 0, il n'existe pas une liaison linéaire entre X et Y, les droites de régression sont parallèles aux axes de coordonnées, mais cela ne signifie pas absolument une dépendance entre X et Y, parce qu'il peut exister une liaison qui ne soit pas linéaire.

· Si rxy > 0, les variables X et Y évoluent dans le même sens ;

· Si rxy < 0, les variables X et Y évoluent dans le sens inverse ;

· Si rxy = -1, les variables X et Y évoluent en sens contraire, les deux droites de régression sont confondues et la dépendance est totale ;

38 JUMBO (2009), op cité.

39 M. Djom Djom (2007), cours de statistiques I, niveau I, FSEG, Université de Dschang.

·

63

Si rxy = 1, les variables X et Y évoluent dans le même sens, les deux droites de régression sont confondues et la dépendance est totale.

Le coefficient de corrélation simple présente un inconvénient. Par exemple, r12 ne reflète pas réellement le vrai degré d'association entre Y et X2 en présence de X3. Il est donc nécessaire de définir des coefficients de corrélation qui soient indépendants de l'influence de X3 sur X2 et Y. De tels coefficients sont appelés coefficients de corrélation partielle. De ce fait, on peut avoir la notation suivante :

r12. 3 = ; qui représente le coefficient de corrélation partielle entre

Y et X2 en maintenant X3 constant.

4.4.2. Méthode d'estimation

L'estimation des paramètres des deux modèles est basée sur la réciprocité causale entre le niveau de la pauvreté et le montant du crédit. L'application de la méthode des moindres carres ordinaires donne des estimateurs biaisés et non convergents (la variables explicative endogène est corrélée avec le terme d'erreur ; violation d'une des hypothèses de la méthode des MCO).

La résolution de ce problème exige d'autres formes avec de nouvelles méthodes d'estimation plus élaborées telles que : les doubles moindres carrés, les triples moindres carrés, les moindres carrés indirects, la variance instrumentale, le maximum de vraisemblance à information limitée.... Dès lors il se pose un problème d'identification des valeurs des paramètres de la forme structurelle à partir de celles de la forme réduite. Ce problème majeur fut analysé par T.C. KOOPMANS et se résume en pratique par : la tout-juste identification, la sur-identification et la sous-identification40 .

Règles d'identification

Soient n le nombre de variables endogènes du système complet et m le nombre de variables exogènes du système complet. Pour une équation donnée i, la nature de cette équation dépendra de la comparaison entre n2i + m2i et n-1. Toutefois, il faudra tenir compte du nombre de restriction linéaire (r). Ainsi, n2i sera le nombre de variables endogènes absentes et m2i le nombre de variables exogènes absentes.

40 Cité par Noulah (2010), cours d'Econométrie II, niveau 4, FSEG, Université de Dschang.

> Si n2i + m2i + r = n-1, alors cette équation est tout-juste identifiée et la méthode permettant d'estimer les valeurs des paramètres de cette équation est la méthode des moindres carrés indirects.

> Si n2i + m2i + r > n-1, alors cette équation est dite sur-identifiée et la méthode d'estimation des paramètres est celle des doubles moindres carrés.

> Si n2i + m2i + r < n-1, alors cette équation est dite sous-identifiée et par conséquent, aucune méthode ne permet d'estimer les paramètres de l'équation i.

Pour notre cas, chacune des deux équations est sur-identifiée, nous allons alors nous focaliser sur la méthode des doubles moindres carrés (DMC) ou (2 SLS) proposée par H. Theil (1961)41. Cette méthode a un domaine d'application beaucoup plus vaste, mais limité par ses conditions sur l'identification du modèle. Les DMC permettent d'éviter le biais causé dans les estimateurs par la dépendance entre une variable endogène qui figure aussi bien comme variable explicative dans une autre équation et un terme stockastique. Concrètement en deux étapes, nous effectuons dans la première une simple régression par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO) entre l'une des variables endogènes et toutes les variables exogènes du modèle. Dans le cas de notre système à deux équations, il s'agira de faire la régression entre LogPauvreté et toutes les autres variables exogènes du système à savoir : TypLoge, NivInst, Genre, ImpMicro, CapEpar, Log âge et LogDepMens (voir équation (8) ci-dessus.

Dans la deuxième étape on substitue cette variable endogène explicative par sa valeur estimée en terme de la exogène dans l'autre équation. Notre système devient LogMntCrédit en fonction de LogPauvreté estimé. Après cette substitution, on applique à nouveau les MCO. Notons également qu'une autre méthode consistait à appliquer directement les doubles moindres carrés à chaque équation afin d'estimer ses paramètres.

64

41 Cité par NOULAH (2010), op cité.

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65

Cette partie sera consacrée dans un premier temps à une analyse descriptive des différents éléments de réponses contenues dans le questionnaire, et dans un second à une analyse empirique de la relation entre le microcrédit et la pauvreté.

66

5.1. Statistiques descriptives

5.1.1. Caractéristiques des bénéficiaires enquêtés > Lieu de résidence :

La répartition des bénéficiaires selon le lieu de résidence nous a permis de constater que dans notre échantillon de 55 bénéficiaires, 38 sont en zone rurale (soit 69,09%) et 17 seulement sont en zone urbaine (soit 30,91%). Cette répartition confirme bien la règle selon laquelle les MC2 se trouvent en grande partie dans les zones rurales où l'on trouve véritablement des personnes pauvres.

Figure 5: Répartition des bénéficiaires selon le lieu de résidence

> Genre :

L'analyse de la figure 6 nous permet de constater que la participation des femmes se situe seulement à 32,73%, contre celle des hommes qui se situe à 67,27%. Cela nous permet de comprendre que les femmes sont encore très réticentes en ce qui concerne les services financiers. Pour cette raison, les EMF et plus précisément les MC2 doivent développer des services financiers donnant plus de visibilité aux femmes afin d'atteindre les objectifs qu'elles se sont assignés, qui est d'atteindre les couches les plus vulnérables à savoir les femmes et les plus jeunes.

67

Figure 6: Répartition des bénéficiaires selon le genre

> Age :

Tableau 8: répartition des bénéficiaires par âge

 

Nombre
d'enquêtés

Age
minimal

Age

maximal

Moyenne

Ecart-type

Coef de
variation

Statistiques 55 30

66

45,11

8,073

17,89%

De ce tableau, il ressort que l'âge moyen des bénéficiaires enquêtés est de 45,11 ans. On constate ainsi que les jeunes ne sont pas trop représentés dans cet échantillon. Ceci serait peut être du au fait qu'ils ne sont pas assez informés des services qui leurs sont offerts, compte tenu du fait que les établissements financiers ont toujours été perçu comme des services réservés à une certaine catégorie de personnes appartenant à une certaine classe sociale. Le coefficient de variation, établi à 17,89% est sensiblement faible. Cela nous permet de soupçonner une certaine homogénéité de la distribution, c'est-à-dire une distribution dans laquelle les âges sont plus proches de l'âge moyen.

> Niveau d'instruction :

La lecture de la figure 7 ci-dessous nous permet de constater que les bénéficiaires de notre échantillon ont en majorité un niveau d'instruction secondaire que ce soit du premier ou du second cycle, soit 60%. Ensuite viennent les niveaux primaire (21,82%) et supérieur (18,18%).

68

Figure 7 : Répartition selon le niveau d'instruction

> Type de logement :

On constate à travers la figure ci-dessous que la majoritaire des bénéficiaires de notre échantillon sont logés dans une maison familiale (soit 38,18% de la population étudiée). Les locataires à ce niveau sont peu nombreux, et cela témoigne bien le fait que la plupart des bénéficiaires se trouve en zone rurale où les gens sont soit propriétaires, soit habitent dans des concessions familiales.

Figure 8 : Répartition selon le type de logement.

69

> Activité du bénéficiaire au moment de la demande du microcrédit :

La figure 9 ci-dessous nous fait remarquer qu'au moment de la demande du microcrédit, la plupart des populations de notre échantillon s'organise autour du petit commerce et de l'agriculture avec des proportions de 32,73% et 29,09% respectivement. Les chômeurs sont peu nombreux et représentent seulement 3,64%. Nous pourrons expliquer cela par le fait que ces derniers n'ont peut être pas de garantie ou manquent même parfois d'apport personnel, d'où leur réticence envers les microcrédits.

Figure 9 : Répartition selon l'activité du bénéficiaire

> Niveau de pauvreté des bénéficiaires :

D'après les résultats des enquêtes, il ressort de la figure 10 ci-dessous que les populations dont le revenu moyen par personne est inférieur au seuil de pauvreté sont évaluées à 45, soit 81,82% de l'échantillon, contre 18,18% seulement représentant celles dont ce revenu est supérieur au seuil de 22 454FCFA/mois.

70

Figure 10: Répartition selon le niveau de pauvreté

> Niveau d'instruction et genre

Tableau 9: Relation entre genre et niveau d'instruction

 

Primaire

Secondaire

Supérieur

Total

Homme

7

21

9

37

Femme

5

12

1

18

55

Total

12

33

10

L'analyse du tableau 9 nous fait remarquer que des 32,73% que la population féminine de notre échantillon, 5,56% seulement ont un niveau supérieur, contre 66,67% et 27,77% pour les niveaux primaire et secondaire respectivement. On peut également noter que la majorité de ces femmes enquêtées ont arrêté leurs études avant la classe de seconde. Au regard de l'âge moyen qui est de 45 ans, on peut affirmer sans risque de se tromper qu'à une certaine époque, l'école n'était pas trop la chose des femmes, elles étaient juste « femme au foyer » et participaient très peu à la prise de certaines décisions.

> Niveau de revenu mensuel :

Tableau 10: Niveau de revenu mensuel du répondeur

 

Nombre d'enquêtés

Revenu minimal

Revenu maximal

Revenu moyen

Ecart-type

Coef de

variation

statistiques 55 18 000

350 000

100 072,73

86 398,409

86,34%

En observant le tableau ci-dessus, et vu le revenu moyen évalué à près de 100 073FCFA, d'aucuns pourront être tentés à dire qu'il n'est pas aussi faible que ça pour la

71

population étudiée, et ceci compte tenu d'une appartenance dominante à la zone rurale. Mais en allant plus loin analyser le coefficient de variation, établi à plus de 86%, on constate dès lors qu'il est trop élevé et dénote dans ce sens une forte dispersion de la distribution. Ceci se traduit par le fait qu'il existe pour cet échantillon des individus avec des revenus très élevés et d'autres avec des revenus très faibles ; d'où des revenus très éloignés du revenu moyen.

> Niveau de pauvreté et niveau d'instruction :

Tableau 11: Relation entre niveau d'instruction et niveau de pauvreté

 

Très pauvre

Pauvre

Moyen

Total

Primaire

11

0

1

12

Secondaire

17

9

7

33

Supérieur

0

4

6

10

55

Total

28

13

14

Le tableau 11 nous montre que des 18,18% des individus ayant un niveau d'étude supérieur, 60% ont un niveau de vie moyen et 40% sont pauvres. Il n'existe donc pas d'individus très pauvres pour ce niveau d'étude, et ceci nous amène à dire qu'il existe une relation positive entre le niveau d'instruction et le niveau de pauvreté. De même, on remarque que des 12 individus du niveau primaire, 91,67% sont très pauvres, contre 8,33% seulement pour autre.

5.1.2. Caractéristiques des microcrédits

> Type microcrédit :

Etant donné que nous avons opté pour les crédits permettant de financer une activité génératrice de revenu, la figure 11 ci-dessous nous donne les statistiques suivantes :

72

Figure 11: Type de microcrédit obtenu

On constate à travers ce tableau que de toutes les AGR, les bénéficiaires de notre échantillon ont sollicité des microcrédits pour financer le petit commerce, l'agriculture et l'élevage. Cependant, le petit commerce et l'élevage se taille la part belle avec 40% et 38,18% respectivement.

> Montant du microcrédit :

Les microcrédits obtenus par les bénéficiaires de cet échantillon varient entre 20 000FCFA et 2 000 000FCFA. Ces crédits sont répartis ainsi qu'il suit :

Tableau 12: Répartition des microcrédits

 

[0 ; 500 000[

[500 ; 1000

[1000 000 ;

[3000 000 et

Total

 
 

000[

3000 000[

plus

 

Effectifs

19

17

13

06

55

Fréquences

0,3454

0,3091

0,2364

0,1091

1

On remarque à ce niveau que les crédits de moins de 1000 000 FCFA sont les plus nombreux et représentent près de 65,45% du total de crédits obtenus. Ceci traduit bel et bien le fait que les crédits sont obtenus par des populations pauvres pour financer de petits projets.

> Opinion sur le microcrédit :

Les enquêtes menées auprès de 55 bénéficiaires de microcrédits nous révèlent que : 20 bénéficiaires (soit 36,36%) affirment que le microcrédit pourrait être intéressant à moyen ou

73

long terme et 18 autres (soit 32,73%) pensent qu'il doit être encore bien organisé. Seulement 16 bénéficiaires (soit 29,09%) affirment qu'il améliore les conditions de vie à court terme et 1 (soit 1,82%), qui dit que le microcrédit est une activité d'appauvrissement.

Figure 12: Opinion du bénéficiaire sur le microcrédit

5.2. Analyses descriptives

Les tableaux 15 et 16 en annexes font ressortir les statistiques des différentes variables liées au modèle à l'instar de la moyenne, la médiane, l'écart-type, le nombre d'observations, les statistiques de Kewness, de Kurtosis et de Jarque-Bera, ainsi que les maximum, minimum et probabilité pour chaque observation.

En ce qui concerne la corrélation entre les variables, les tableaux 17.a et 17.b en annexes nous font part du type de relation qui existe entre les variables. On constate dès lors une corrélation forte et positive entre la pauvreté et le niveau d'instruction de l'ordre de 52,47%. Entre le genre et le niveau de pauvreté, cette corrélation est certes positive, mais très faible et cela pourrait suggérer le fait que les femmes sont autant pauvres que les hommes. Notons cependant que le type de logement et le montant de crédit évolue en sens inverse avec le genre et on peut donc croire dans un premier temps que les femmes bénéficiaires ont des logements mieux que ceux des hommes, et dans un second temps que le montant de crédit est plus favorable aux hommes qu'aux femmes. Le tableau 17.b quant à lui nous fait remarquer à première vue que l'âge a une corrélation négative avec toutes les autres variables. Dans cette condition, à notre niveau on serait tenter de penser que plus l'âge augmente, moins la demande de crédit augmente, moins les dépenses mensuelles augmentent, moins le

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microcrédit a un impact significatif, moins la capacité à épargner est importante et moins sera la réduction du niveau de pauvreté. Par ailleurs, le niveau de pauvreté a des coefficients de corrélation forts et positifs avec les variables dépense mensuelle et impact du microcrédit ; donc on peut conclure la dépense mensuelle et l'impact du microcrédit seront plus significatifs avec une amélioration du niveau de pauvreté.

5.3. Tests

> Test d'homogénéité :

La détermination des paramètres du modèle nous donne les résultats suivants : à la première étape nous avons Prob>F = 0,00000 qui est inférieur au seuil de 1%. Par ailleurs la statistique de Fisher F (4 ; 50) = 12,6593 supérieur à Flu à ce seuil. Ceci nous permet de conclure que ce modèle est globalement significatif à 1%. Toutefois, nous avons un R2 de l'ordre de 0,6534 et un R2 ajusté de 0,6018, ceci suggère que les variables retenues expliquent à 65 ,34% les variations de la pauvreté. La variable estimée à la première équation viendra ainsi remplacer la variable pauvreté à la deuxième étape. A cette étape le modèle est globalement significatif au seuil de 5% pour un R2 de l'ordre de 0.2573 (voir tableau 14).

> Test de Normalité de Jarque-Bera :

D'après les résultats des tableaux 15 et 16 en annexes, on constate que les variables TypLoge, NivInst, LogPauvreté, LogAge et LogMntCrédit suivent une loi normale car la valeur calculée de JB est inférieure à 5,99 pour chacune d'elles à l'exception de Genre, LogDepMens, ImpMicro et CapEpar dont la valeur de JB est supérieur à 5,99. De façon globale les valeurs calculées de Jarque-Bera au niveau de chaque étape sont inférieures à 5.99 (voir figures 13 et 15 en annexes), et dans ce cas on peut conclure que ces équations suivent une loi normale.

> Test d'hétéroscédasticité de White :

En générale, les données en coupe instantanée ou transversale ne soufrent pas tellement d'hétéroscédasticité comme c'est le cas avec les données en coupe chronologique ou temporelle. D'après ce test dont les résultats sont concentrés dans les tableaux 18 et 20 en annexes, on a : étape 1 ; Prob>F = 0,8553 supérieur à 5% ; étape 2 on a Prob>F =0,9809 > également au seuil de 5%. On accepte ainsi H0 et on conclut qu'il y a absence d'hétéroscédasticité.

75

> Test d'auto corrélation de Durbin-Watson :

Les tableaux 13 et 14 nous montrent que nous avons des Durbin-Watson de l'ordre de 2,06 et 1,96 qui sont sensiblement égales à 2 pour chacune des deux étapes respectivement. Cela nous amène à rejeter H1 c'est-à-dire qu'il y a absence d'auto corrélation des résidus.

5.4. Evaluation de l'impact du microcrédit sur le niveau de pauvreté à partir du réseau mc2 de la Menoua

Première étape :

Le tableau 13 ci-dessous nous permet de faire une analyse sur le comportement de nos variables.

Tableau 13: Estimation de la première équation LogRédPauvreté =f( toutes les variables exogènes du système) et détermination niveau de pauvreté estimé.

Dependent Variable : LogRédPauvreté Method : Least Squares Sample: 1 55

Included observations: 55

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

TYPLOGE

-0.075550

0.082997 -0.910263

0.3673

 
 
 
 

NIVINST

0.444224

0.139664 3.180658

***

0.0026

LOGDEPMENS

0.449615

0.088678 5.070212

0.0000***

LOGAGE

-0.560099

0.425081 -1.317628

0.1940

IMPMICRO

0.694518

0.201678 3.443695

0.0012***

GENRE

-0.280448

0.197690 -1.418623

0.1626

CAPEPAR

-0.010123

0.171452 -0.059040

0.9532

C

4.855632

1.886141 2.574374

0.0133

R-squared

0.653433

Mean dependent var

9.211027

Adjusted R-squared

0.601816

S.D. dependent var

0.873815

S.E. of regression

0.551393

Akaike info criterion

1.780985

Sum squared resid

14.28960

Schwarz criterion

2.072961

Log likelihood

-40.97709

F-statistic

12.65939

Durbin-Watson stat

2.061261

Prob (F-statistic)

0.000000

*** : significatif à 1%

Source : Par nos soins à partir d'Eviews.5.

Les résultats du tableau ci-dessus nous font remarquer que le R2 est de l'ordre de 0,6534, ce qui signifie qu'il existe une forte relation entre la variable endogène et les variables exogènes. Parmi ces variables exogènes, seuls le niveau d'instruction, les dépenses

76

mensuelles et l'impact du microcrédit ont une relation positive et significative (au seuil de 1%) avec la pauvreté. Ceci nous amène à conclure que toue variation positive d'une de ces variables entrainera une variation positive du revenu moyen, d'où une amélioration des conditions de vie et d'où une réduction de la pauvreté. Ce résultat rejoint les résultats de Smahi (2010), qui a montré sur une étude faite en Algérie que le niveau d'instruction influençait positivement la pauvreté subjective. Par ailleurs, les variables type de logement, âge, genre et capacité à épargner ont des coefficients négatifs, et influencent par là négativement le bien être, mais avec une significativité moindre.

Deuxième étape :

Tableau 14: Estimation de la deuxième équation LogMntCrédit en remplaçant LogRédPauvreté par LogRédPauvreté estimé.

Dependent Variable: LogMntCrédit Method: Least Squares Sample: 1 55

Included observations: 55

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

LOGREDPAUV_ESTI

 
 
 

ME

0.767578

0.311011 2.468011

0.0171**

LOGDEPMENS

0.098980

0.138618 0.714054

0.4786

LOGAGE

0.262042

0.672120 0.389874

0.6983

IMPMICRO

0.222297

0.338672 0.656378

0.5147

CAPEPAR

0.250130

0.283484 0.882342

0.3819

C

3.417936

4.047521 0.844452

0.4025

R-squared

0.257299

Mean dependent var

13.39022

Adjusted R-squared

0.181513

S.D. dependent var

1.025164

S.E. of regression

0.927468

Akaike info criterion

2.789953

Sum squared resid

42.14968

Schwarz criterion

3.008935

Log likelihood

-70.72370

F-statistic

3.395074

Durbin-Watson stat

1.960201

Prob(F-statistic)

0.010338

** : significatif à 5%

Source : Par nos soins à partir d'Eviews.5.

Dans cette équation, le coefficient de détermination R2 est de l'ordre de 25,73%. Seul le niveau de pauvreté estimé est significatif au seuil de 5% et influence positivement le montant du microcrédit comme la plus déterminante variable (coefficient 0,7675). Ceci traduit le fait qu'une variation d'un point du niveau de revenu entrainerait une variation positive de

77

0,76 point du montant du microcrédit. Les autres variables explicatives telles que la dépense mensuelle, l'âge, l'impact du microcrédit et la capacité à épargner influencent elles aussi positivement le montant du crédit, mais avec une significativité moindre. Au regard des résultats de ce tableau, nous pouvons sans doute de nous tromper affirmer notre hypothèse selon laquelle les microcrédits octroyés permettent aux populations bénéficiaires d'améliorer leurs conditions de vie, ceci à travers l'amélioration de l'alimentation, de l'accès à l'eau, à l'électricité et la scolarisation des enfants.

C5~~I~~~ 6

~ogr~jt)SIOW ET

qqcogvig~wi~~iows

78

79

6.1. Conclusion

La pauvreté, plus qu'un état de privation observé à un moment donné, est un phénomène de nature profondément dynamique, qu'il convient d'étudier dans le temps pour identifier et comprendre les mécanismes socio-économiques sous-jacents. Actuellement, il est essentiel de remédier au dysfonctionnement dans les méthodes de ciblage des ménages pauvres, et de revoir les mécanismes de fonctionnement des institutions de l'état, et de les rendre plus démocratiques et transparentes afin de maîtriser les politiques de lutte contre la pauvreté et rendre les résultats y afférent plus tangibles et fiables.

Notre étude consistait à analyser l'impact du microcrédit sur les conditions de vie des populations bénéficiaires. Pour y parvenir, nous avons opté pour une étude plus simple en choisissant les bénéficiaires de microcrédits destinés aux activités génératrices de revenus auprès de certaines MC2 de la Menoua. De ce fait, nous nous sommes fixés comme hypothèse que le microcrédit contribue à l'amélioration des conditions de vie des populations bénéficiaires. Compte tenu de la non disponibilité des données, du temps imparti à cette étude et par souci de moyens financiers, nous avons fait recours à un questionnaire qui nous a permis d'atteindre seulement 55 bénéficiaires de microcrédits auprès de 09 MC2. A partir d'une revue des travaux théoriques et empiriques, nous avons retenu le modèle à équations simultanées (ou modèle non récursif) inspiré des travaux de Smahi Ahmed (2010), qui nous a permis de réaliser notre hypothèse.

L'analyse descriptive des résultats de notre échantillon nous renseigne que la plupart des bénéficiaires sont des hommes dont l'âge moyen oscille autour de 45 ans, pour un niveau d'étude de 60% pour le secondaire. Cette population en majorité rurale, vit du petit commerce et de l'agriculture. Notre étude nous a permis de constater que 40 bénéficiaires (soit 72,73%) parmi les 55 nous ont affirmé que l'accès aux microcrédits leur a permis d'améliorer leurs conditions de vie et ceci à travers l'amélioration de la scolarisation des enfants, l'accès aux soins de santé, l'amélioration de l'alimentation, le renforcement du statut au sein de l'entourage et la création d'autres activités génératrices de revenus.

L'estimation des paramètres du modèle par les Doubles moindres carrés nous a amené à la conclusion que le montant du microcrédit a une influence positive et significative sur le niveau de pauvreté des populations bénéficiaires, ce qui vérifie l'hypothèse de départ et les résultats de l'analyse descriptive faite au chapitre 5. Mais il est à noter qu'en ce qui concerne l'impact du microcrédit sur les conditions de vie, les résultats de la régression nous montrent

80

qu'il a un coefficient certes positif, mais pas du tout significatif. Ceci vient en contradiction avec les résultats de l'analyse descriptive qui nous renseignent que 72,73% des bénéficiaires affirment que le revenu généré par le microcrédit a amélioré leurs conditions de vie. Dans ce cas nous pourrons soupçonner d'autres revenus informels qui viennent en augmentation du revenu du bénéficiaire.

6.2. Limites et perspectives

Comme tout oeuvre humaine, nous avons rencontré d'énormes difficultés dans l'élaboration de ce travail de recherche. La première difficulté rencontrée et considérée comme majeure est celle de l'indisponibilité des données au plan national, ce qui nous a amené à circonscrire notre cadre d'étude au niveau de la Menoua. D'autre part, la non-collaboration de certains bénéficiaires et les difficultés à rencontrer d'autres n'ont fait que réduire la taille de notre échantillon. Il serait également utile de préciser que l'absence de certaines informations sur certaines variables telles que l'apport personnel, la variation du revenu après le microcrédit..., a eu un impact significatif dans l'élaboration de notre modèle.

Ainsi, pour un futur proche, nous recommandons à tout chercheur à faire une étude au niveau national en y introduisant dans le modèle d'autres variables importantes que nous n'avons pas pu avoir, ceci permettra de mieux évaluer l'impact du microcrédit sur les conditions de vie au Cameroun, voire dans la sous-région Afrique Centrale.

6.3. Recommandations

Afin de mieux toucher les couches les plus vulnérables dans le but d'atteindre les objectifs du millénaire pour le développement, les MC2 en particulier et les EMF en générale devraient :

> Faire une cartographie des zones de pauvreté et leurs degrés de priorité d'intervention afin de lutter véritablement contre la pauvreté. De ce fait, l'accent devrait être mis sur la sensibilisation des plus pauvres pour éviter que les bénéficiaires des services de microcrédit ne soient pas ceux ayant déjà une situation financière aisée.

> Mettre sur pied un service adapté pour atteindre la population des plus âgés et des malades. Cette population aurait plutôt besoin des subventions et des transferts sociaux car elle ne dispose pas de certains pré-requis pour bien utiliser les services de

81

la microfinance, comme un minimum de scolarité, une bonne santé et les moyens et capacités pour travailler.

> Mettre sur pied des dispositions règlementaires pour encadrer la mise en place des microcrédits et éviter tout dépassement en matière de destination finale des crédits octroyés afin qu'ils puissent être consacrés réellement à la mise en oeuvre de l'activité prévue au départ.

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ANNEXES :

87

Tableau 15: Statistiques descriptives première équation

 

TYPLOGE

NIVINST

LOGPAUVRETE

LOGMNTCREDIT

GENRE

Mean

2.67272

1.963636

9.211027

13.39022

1.69090

Median

3.00000

2.000000

9.159000

13.30460

2.00000

Maximum

4.00000

3.000000

10.85890

15.89490

2.00000

Minimum

1.00000

1.000000

7.418700

9.903400

1.00000

Std. Dev.

1.08959

0.637229

0.873815

1.025164

0.46637

Skewness

-0.36305

0.028509

-0.101511

-0.222211

-0.82623

Kurtosis

1.863776

2.503267

2.495309

4.299002

1.682663

Jarque-Bera

4.16678

0.572904

0.678175

4.319599

10.2346

Probability

0.124507

0.750923

0.712420

0.115348

93.00000

Sum

147.0000

108.0000

506.6065

736.4621

11.7454

Sum Sq. Dev.

64.10909

21.92727

41.23181

56.75185

55

Observations

55

55

55

55

 

Source : par nos soins

Tableau 16: Statistiques descriptives deuxième équation

 

LOGPA UVRET E

LOGMNT CREDIT

LOGDEP MENS

LOGAGE

IMPMICR O

CAPEPAR

Mean

9.21102

13.39022

11.33193

3.783282

1.727273

1.61818

Median

9.15900

13.30460

11.28970

3.761200

2.000000

2.00000

Maximum

10.858

15.89490

15.51290

4.189600

2.000000

2.00000

Minimum

7.41870

9.903400

9.798100

3.286400

1.000000

1.00000

Stad. Dev.

0.8738

1.025164

0.944548

0.192446

0.449467

0.4903

Skweness

-0.1015

-0.222211

1.460491

-0.176681

-1.02062

-0.4865

Kurtosis

2.4953

4.299002

8.228896

2.762860

2.041667

1.2366

Jarque-Bera

0.6781

4.319599

82.21008

0.415022

11.65328

9.2950

Probability

0.7124

0.115348

0.000000

0.812604

0.002948

0.0095

Sum

506.605

736.4621

623.2560

208.0805

95.00000

89.000

Sum Sq. Dev

41.2311

56.75185

48.17719

1.999916

10.90909

12.981

Observations

55

55

55

55

55

55

Source : par nos soins

20

16

12

8

4

0

Tableau 17: Corrélation entre les variables

a)

 

LogNivPauvreté

Genre

NivInstruction

Type Logement

LogMntCrédit

LogNivPauvreté

1

 
 
 
 

Genre

0,0328

1

 
 
 

NivInstruction

0,5247

0,2107

1

 
 

Type Logement

0,2512

-0,2392

0,2228

1

 

LogMntCrédit

0,2621

-0,0715

0,1755

0,3440

1

 

b)

 

LogMntCrédit

Log Age

LogDepMens

ImpMicro

CapEpar

LogNivPauvre

LogMntCrédit

1

 
 
 
 
 

Log Age

-0,0444

1

 
 
 
 

LogDepMens

0,2120

-0,0148

1

 
 
 

ImpMicro

0,3394

-0,1662

0,2107

1

 
 

CapEpar

0,2969

-0,0360

0,1926

0,3590

1

 

LogNivPauvre

0,2621

-0,2858

0,5534

0,5858

0,2627

1

Source : Par nos soins

Figure 13: Test de normalité de Jarque-Bera (étape 1)

Series: Residuals Sample 1 55 Observations 55

Mean

-1.23e-16

Median

0.089240

Maximum

1.293580

Minimum

-1.340212

Std. Dev.

0.514414

Skewness

-0.385143

Kurtosis

3.485646

Jarque-Bera

1.900234

Probability

0.386696

-1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5

88

Source : Par nos soins à partir d'Eviews.5.

89

Tableau 18 : White Heteroskedasticity Test (étape1)

Source: Par nos soins

Tableau 18: White Heteroskedasticity Test (étape 1)

F-statistic 0.502216 Probability 0.891179

Obs*R-squared 6.261606 Probability 0.855351

Test Equation:

Dependent Variable: RESID^2 Method: Least Squares

Date: 10/26/13 Time: 07:39 Sample: 1 55

Included observations: 55

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

C

-1.557668

19.81238 -0.078621

0.9377

TYPLOGE

0.068268

0.343224 0.198903

0.8433

TYPLOGE^2

-3.73E-05

0.070384 -0.000530

0.9996

NIVINST

0.081075

0.509907 0.158999

0.8744

NIVINST^2

-0.044001

0.124158 -0.354398

0.7248

LOGDEPMENS

0.552727

0.813295 0.679614

0.5004

LOGDEPMENS^2

-0.022268

0.033705 -0.660668

0.5123

LOGAGE

-1.017961

10.11623 -0.100627

0.9203

LOGAGE^2

0.164755

1.341463 0.122818

0.9028

IMPMICRO

-0.050412

0.164076 -0.307248

0.7601

GENRE

-0.168070

0.175691 -0.956622

0.3441

CAPEPAR

0.084795

0.136876 0.619503

0.5389

R-squared

0.113847

Mean dependent var

0.259811

Adjusted R-squared

-0.112843

S.D. dependent var

0.413392

S.E. of regression

0.436092

Akaike info criterion

1.368305

Sum squared resid

8.177592

Schwarz criterion

1.806269

Log likelihood

-25.62839

F-statistic

0.502216

Durbin-Watson stat

2.101188

Prob(F-statistic)

0.891179

90

Tableau 19 : Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test

F-statistic 0.072685 Probability 0.788673

Obs*R-squared 0.086768 Probability 0.768326

Test Equation:

Dependent Variable: RESID

Method: Least Squares

Date: 10/26/13 Time: 07:39

Presample missing value lagged residuals set to zero.

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

TYPLOGE

-0.000450

0.083845 -0.005371

0.9957

NIVINST

-0.004474

0.142036 -0.031499

0.9750

LOGDEPMENS

0.002829

0.090178 0.031370

0.9751

LOGAGE

-0.007611

0.430265 -0.017689

0.9860

IMPMICRO

-0.004111

0.204268 -0.020125

0.9840

GENRE

-0.016873

0.209248 -0.080634

0.9361

CAPEPAR

-0.003512

0.173658 -0.020224

0.9840

C

0.047753

1.913245 0.024959

0.9802

RESID(-1)

-0.043916

0.162894 -0.269601

0.7887

R-squared

0.001578

Mean dependent var

-1.23E-16

Adjusted R-squared

-0.172061

S.D. dependent var

0.514414

S.E. of regression

0.556914

Akaike info criterion

1.815770

Sum squared resid

14.26706

Schwarz criterion

2.144243

Log likelihood

-40.93367

F-statistic

0.009086

Durbin-Watson stat

1.982803

Prob(F-statistic)

1.000000

Source : Par nos soins à partir d'Eviews.5.

Figure 14: Evolution des résidus LogNivPauvreté (étape 1)

1.5 1.0 0.5 0.0 -0.5 -1.0 -1.5

 

5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55

LOGPAUVRETE Residuals

Source : par nos soins à partir d'Eviews.5.

Figure 15: test de normalité de Jarque-Bera (étape 2)

Series: Residuals Sample 1 55 Observations 55

Mean

5.33e-16

Median

-0.142968

Maximum

2.045577

Minimum

-2.872015

Std. Dev.

0.883487

Skewness

-0.334053

Kurtosis

4.140883

Jarque-Bera

4.005783

Probability

0.134945

16 14 12 10 8 6 4 2 0

 

-3 -2 -1 0 1 2

91

Source : Par nos soins

92

Tableau 20: White Heteroskedasticity Test (étape 2)

F-statistic 0.217321 Probability 0.986153

Obs*R-squared 2.003015 Probability 0.980919

Test Equation:

Dependent Variable: RESID^2 Method: Least Squares

Date: 10/26/13 Time: 07:48 Sample: 1 55

Included observations: 55

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

C

4.677965

79.28498 0.059002

0.9532

NIVPAUV_ESTIME

1.731162

13.44075 0.128800

0.8981

NIVPAUV_ESTIME^2

-0.096794

0.723675 -0.133753

0.8942

LOGDEPMENS

2.213090

2.694688 0.821279

0.4157

LOGDEPMENS^2

-0.090960

0.111252 -0.817604

0.4178

LOGAGE

-13.84983

31.68512 -0.437108

0.6641

LOGAGE^2

1.935502

4.211207 0.459607

0.6480

IMPMICRO

-0.031381

0.543384 -0.057750

0.9542

CAPEPAR

-0.162183

0.451005 -0.359604

0.7208

R-squared

0.036418

Mean dependent var

0.766358

Adjusted R-squared

-0.131161

S.D. dependent var

1.370698

S.E. of regression

1.457821

Akaike info criterion

3.740343

Sum squared resid

97.76110

Schwarz criterion

4.068816

Log likelihood

-93.85944

F-statistic

0.217321

Durbin-Watson stat

1.737750

Prob(F-statistic)

0.986153

Source : Par nos soins

 
 
 

93

Tableau 21 :Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test (étape 2)

F-statistic 5.16E-05 Probability 0.994300

Obs*R-squared 5.91E-05 Probability 0.993867

Test Equation:

Dependent Variable: RESID

Method: Least Squares

Date: 10/26/13 Time: 07:49

Presample missing value lagged residuals set to zero.

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

NIVPAUV_ESTIME

0.000312

0.317231 0.000985

0.9992

LOGDEPMENS

3.21E-05

0.140125 0.000229

0.9998

LOGAGE

0.000905

0.690675 0.001310

0.9990

IMPMICRO

-0.000171

0.343013 -0.000500

0.9996

CAPEPAR

-0.000495

0.294592 -0.001679

0.9987

C

-0.005591

4.162911 -0.001343

0.9989

RESID(-1)

-0.001108

0.154237 -0.007181

0.9943

R-squared

0.000001

Mean dependent var

5.33E-16

Adjusted R-squared

-0.124999

S.D. dependent var

0.883487

S.E. of regression

0.937079

Akaike info criterion

2.826315

Sum squared resid

42.14963

Schwarz criterion

3.081794

Log likelihood

-70.72367

F-statistic

8.59E-06

Durbin-Watson stat

1.958609

Prob(F-statistic)

1.000000

Source : Par nos soins

 
 
 

94

Figure 16: Evolution des résidus (étape 2)

3 2 1 0

-1

-2

-3

 

5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55

LOGMNTCREDIT Residuals

Source : Par nos soins

95

Questionnaire adressé aux bénéficiaires de Microcrédits octroyés par le
réseau MC2 de la Menoua

Madame, Monsieur, le présent questionnaire entre dans le cadre d'une recherche. Il vise à
recueillir des informations nécessaires sur la contribution des MC2 à la lutte contre la pauvreté
dans le département de la Menoua. Les informations obtenues sont strictement confidentielles,
et le questionnaire est anonyme.

Instruction : répondez en cochant uniquement la bonne réponse

1. Identification du bénéficiaire

Q1. Lieu de résidence : zone rurale zone urbaine

Q2. Sexe : homme femme

Q3. Age du bénéficiaire : ans

Q4. Situation matrimoniale : marié célibataire divorcé(e) veuf (ve)

Q5. Niveau d'instruction : primaire secondaire supérieur

Q6. Nombre de personnes en charge ............

Q7. Dans quel type de logement habitez-vous ? Habitat précaire locataire

q maison familiale maison bien aménagée

Q8. Quelle activité exercez-vous au moment de la demande du microcrédit ? au chômage

q Agriculture artisanat petit commerce salarié du privé fonctionnaire

q call box elevage autres

Q9. Quel est votre niveau de revenu mensuel après le microcrédit ? FCFA

2. Conditions d'accès au microcrédit

Q10. Comment avez-vous appris l'existence de MC2 ? MC2 elle-même télévision

q Journaux radio ancien bénéficiaire parent ou ami association

Q11. Depuis combien de temps aviez-vous adhéré à cette institution ? ..ans

Q12. Quel type de microcrédit avez-vous obtenu ? : agricole commercial artisanal

q groupe elevage

Q13. Quel était le montant du microcrédit (le premier plus précisément) obtenu ? FCFA

Q14. Le volume du microcrédit est-il satisfaisant ? oui non

Q15. Comment trouvez-vous le temps qui sépare la demande et l'octroi du microcrédit ?

q Raisonnable court trop court long trop long

Q16. Croyez vous que la garantie représente une contrainte pour vous ? oui non

Q17. Quelle est la durée de remboursement du microcrédit ? mois

Q18. Comment jugez-vous le niveau du taux d'intérêt ? acceptable faible élevé

Q19. Respectez-vous les délais de remboursement ? oui non

Q20. Que pensez-vous du délai de remboursement ? trop long long court

q Trop court satisfaisant.

3. Impact socio-économique du Microcrédit

Q21. Le microcrédit est destiné à : acheter la matière première développer une activité déjà existante acheter un équipement

Q22. Le revenu généré par le microcrédit a-t-il amélioré vos conditions de vie ? oui non

Q23. Quel est le montant total consacré à vos dépenses mensuelles? FCFA

Q24. Le revenu de vos activités après le microcrédit vous a-t-il permis d'épargner? Oui non

Q25. Le revenu généré par cette activité vous a-t-il permis de renforcer votre statut au sein de votre

ménage et de votre entourage ? oui non

Q26. Pensez-vous que le microcrédit vous a permis de : travailler investir Subvenir à

vos besoins créer une autre activité autres

Q27. Quelle est votre opinion sur le microcrédit ? aide à améliorer les conditions de vie à court

terme peut être intéressant à moyen ou long terme Doit être encore bien organisé

q est une activité d'appauvrissement

Q28. Pensez vous que la présence d'un accompagnateur pour votre projet est-elle nécessaire?

q Oui non

Q29. Comment vous semblent les explications données par MC2 avant le prêt? Très claires

q claires insuffisantes très insuffisantes.

96

Je vous remercie.

97

LISTE DES MC2 AU 30 NOVEMBRE 2012

 
 

Raison sociale

Date création

Siège

Province

Département

MC2 de Baham

9/9/1992

Baham

Ouest

Haut-plateaux

MC2 de Manjo

8/18/1993

Manjo

Littoral

 

MC2 de Melong

8/25/1993

Melong

littoral

 

MC2 de Penka-Michel

12/4/1993

Penka-Michel

Ouest

 

MC2 de Bandjoun

1/8/1994

Bandjoun

Ouest

 

MC2 de Badjouma

5/11/1994

Badjouma

Ouest

 

MC2 de Bafia

5/20/1994

Bafia

Centre

 

MC2 de Bamendjou

1/11/1995

Bamendjou

Ouest

 

MC2 de Bangou

5/27/1995

Bangou

Ouest

 

MC2 de TPD

10/6/1995

TPD

Ouest

 

MC2 de Babouantou

11/11/1995

Babouantou

Ouest

 

MC2 de Muyuka

12/1/1995

Muyuka

Sud-Ouest

 

MC2 of Bayangam

12/16/1995

Bayangam

Ouest

 

MC2 de Doumbouo

3/30/1996

Doumbouo

Ouest

 

MC2 de Bafou

7/13/1996

Bafou

Ouest

 

MC2 de Bandja

1/18/1997

Bandja

Ouest

 

MC2 de Batoufam

2/8/1997

Batoufam

Ouest

 

MC2 de Ngaoundal

8/16/1997

Ngaoundal

Adamaoua

 

MC2 de Bangangté

8/19/1997

Bangangté

Ouest

 

MC2 de Bambalang

10/31/1997

Bambalang

Nord-Ouest

 

MC2 de Esse - Awae

3/6/1998

Esse - Awae

Centre

 

MC2 de Bafoussam Rurale

9/1/1998

Bafoussam Rurale

Ouest

 

MC2 de Zamengoe

11/1/1998

Zamengoe

Centre

 

MC2 de Bali

10/2/1999

Bali

Nord-Ouest

 

MC2 de Fongo Tongo

10/16/1999

Fongo Tongo

Ouest

 

MC2 de Njombe

10/16/1999

Njombe

Littoral

 

MC2 de Mbankomo

10/27/1999

Mbankomo

Centre

 

MC2 de Kribi Campo

10/29/1999

Kribi Campo

Sud

 

MC2 de Loum

11/2/1999

Loum

Littoral

 

MC2 de Ekondo Titi

5/8/2000

Ekondo Titi

Sud-Ouest

 

MC2 de Batouri

12/20/1999

Batouri

Est

 

MC2 de Kekem

4/8/2000

Kekem

Ouest

 

MC2 de Mamfe

9/29/2000

Mamfe

Sud-Ouest

 

MC2 de Baleveng

9/30/2000

Baleveng

Ouest

 

MC2 de Bafang Rural

10/28/2000

Bafang Rural

Ouest

 

MC2 de Makenene

5/19/2001

Makenene

Centre

 

MC2 de Foreke Dschang

7/7/2001

Foreke Dschang

Ouest

 

MC2 de Baleng

11/10/2001

Baleng

Ouest

 

MC2 de Babadjou

11/1/2001

Babadjou

Ouest

 

MC2 de baleng

01/11/2001

Beleng

Ouest

 

MC2 de Banka

11/11/2002

banka

Ouest

 

MC2 de Mbalmayo

22/01/2003

Mbalmayo

centre

 

MC2 de Balengou

10/02/2003

Balengou

Ouest

 

MC2 de Bamendou

08/03/2003

Bamendou

Ouest

 

MC2 de Foto

22/03/2003

Foto

Ouest

 

MC2 de Njinikom

05/05/2003

Njinikom

Nord-Ouest

Boyo

MC2 de Nieté

12/08/2003

Nieté

Sud

Océan

MC2 de Batcham

16/08/2003

Batcham

Ouest

Bamboutos

MC2 de Baré Bakem

15/12/2003

Baré

Littoral

Mungo

98

MC2 de Bertoua

29/12/2003

Bertoua

Est

Lom et Djerem

MC2 de Banyo

07/02/2004

Banyo

Adamaoua

 

MC2 de Mokolo

25/08/2004

Mokolo

Extrême-Nord

 

MC2 de Makak

28/08/2004

Makak

Centre

 

MC2 de Bangang

05/09/2004

Bangang

Ouest

Bamboutos

MC2 de Santa

28/08/2004

Santa

Nord-Ouest

 

MC2 de Bamena

26/03/2005

Bamena

Ouest

 

MC2 de Lolodorf

09/04/2005

Lolodorf

Sud

 

MC2 de Bahouan

14/04/2005

Bahouan

Ouest

Haut-plateaux

MC2 de Ngaoundéré

09/04/2005

Ngaoundéré

Adamaoua

 

MC2 de Nkongsamba

21/12/2005

Nkongsamba

Littoral

Mungo

MC2 de Bamunka-Ndop

18/01/2006

Bamunka

Nord-Ouest

 

MC2 de Ngélémendouka

21/12/2005

Nguélémendouka

Est

 

MC2 de Fokoué

01/04/2007

Fokoué

Ouest

 

MC2 de Demdeng

01/04/2007

demdeng

Ouest

 

MC2 de Widikum

22/09/2007

Widikum

Nord-Ouest

 

MC2 de Bélabo

13/03/2007

Bélabo

Est

 

CRD de Dokayo

29/06/2007

Widikum

Est

 

MC2 de Bandenkop

15/12/2007

Bélabo

Ouest

 

MC2 d'Eséka

07/04/2007

Widikum

Centre

 

MC2 de Mbouroukou

01/06/2008

Mbouroukou

Littoral

 

MC2 de Bamougoum

01/07/2008

Bamoungoum

Ouest

 

MUFFA Nkomkana

02/03/1998

Yaoundé

Centre

Mfoundi

MUFFA Bafoussam

19/07/2001

Bafoussam

Ouest

Mifi

MUFFA Bali

15/03/1999

Bali

Littoral

Wouri

MUFFA Biyem-Assi

12/02/2002

Biyem-Assi

Centre

Mfoundi

MUFFA Buea

28/04/2008

Buea

Sud-Ouest

Fako

MUFFA Emombo

02/05/2010

Emombo

Centre

Mfoundi

MUFFA Bonaberi

20/04/2010

Bonaberi

Littoral

 

MC2 de Tibati

16/04/2009

Tibati

Adamaoua

 

MC2 de Fundong

01/12/2008

Fundong

Nord-Ouest

Boyo

MC2 de Mbang

29/08/2010

Mbang

est

 

MC2 de Mbanga

01/09/2008

Mbanga

Littoral

 

MC2 d'Okola

11/09/2010

Okola

Centre

 

CRD de Tongo Gandima

11/09/2010

Tongo Gandima

Est

 

MC2 de Guidiguis

30/07/2011

Guidiguis

Extrême-Nord

 

MC2 de Belo

15/05/2011

Tongo Gandima

Est

 

MC2 d'Abong-Mbang

01/05/2011

Abong-Mbang

Est

 

MC2 de Bansoa

30/04/2011

Bansoa

Ouest

 

MC2 de Yabassi

30/07/2011

Yabassi

Littoral

 

MC2 d'Obala

01/01/2012

Obala

Centre

Lékié

MC2 de Santchou

01/01/2012

Yabassi

Littoral

 

MC2 de F4

 
 

Ouest

Menoua

MC2 de Bazou

 

Bazou

Oues

 

Source : ADAF-Siège






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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci