Conclusion
Dans un contexte de mondialisation accrue -des modes de
pensée, de l'économie- les cultures locales et régionales
vivent simultanément une profonde reconfiguration impulsée par
l'intensification de la communication et l'interaction de ces
communautés avec les autres cultures de chaque pays. Les Mapuches,
présents dans de nombreux pays du monde et de l'Europe surtout, oeuvrent
dans ce sens à la diffusion de leurs cultures et de leurs revendications
politico-identitaires.
Du point de vue des communautés locales, les processus
actuels de communication peuvent être perçus comme des menaces
dans le sens où ils mettent en danger les traditions de la
communauté mais ils cristallisent également tous les espoirs. La
communication, carrefour d'opportunités stratégiques, offre de
nouvelles possibilités grâce tout d'abord à la
numérisation des données qui rend enfin possible l'esperanto
informatique, un langage commun de textes, d'images, de sons et de
vidéos. La seconde transformation, synonyme de perspective nouvelle pour
les communautés indigènes, c'est la recomposition naissante de
l'espace public et de la citoyenneté. En effet grande
variété d'acteurs sociaux, d'organisations et de mouvements
communautaires se mobilisent et semblent mieux adaptés pour prendre en
charge la culture-monde. Alors que les frontières
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de l'Etat-nation volent en éclat dans de nombreuses
parties du globe, un double phénomène émerge :
l'uniformisation et la différenciation culturelles.
Toutefois, la dynamique des communautés
indigènes dépasse largement le cadre des analyses
anthropologiques classiques puisqu'elle va au-delà de la simple
satisfaction nostalgique des pratiques traditionnelles pour
préférer la reconstruction de leur propre avenir.
A l'occasion de la journée internationale des
Populations Indigènes, les participants au Forum des « 141
questions » ont formulé les nouvelles interrogations des
communautés indigènes et indiqué les enjeux inédits
du IIIe millénaire. Ces propositions seront intégrées aux
travaux préliminaires pour l'élaboration des objectifs du
millénaire de l'Organisation des Nations Unies. Les thèmes de
biodiversité, d'ethnocide, la reconnaissance des droits collectifs et
individuels des indigènes ont fait l'objet de fructueux débats
entre les diverses ethnies indigènes du monde.
Les propositions pour les Objectifs Indigènes du
Millénaire élaborés lors de la conférence
indigène de la jeunesse au Forum de Barcelone en 2004 se
déploient sur neuf thèmes : les droits de l'homme,
l'éducation, la santé, la situation des femmes, enfants et
jeunesse, développement et pauvreté, propriété
intellectuelle et terre et environnement. Le souhait de l'ensemble des
participants est que les objectifs formulés lors du forum puissent
être atteints avant 2015, date à laquelle s'achève la
deuxième décennie internationale des peuples indigènes.
Parmi les propositions marquantes, nous pouvons citer
l'adoption par les Nations Unies de la déclaration sur les droits des
peuples indigènes, l'établissement de programmes éducatifs
avec les ressources suffisantes pour développer des formes
d'éducation propres telles que les langues et les cultures
traditionnelles. Le collectif de réflexion suggère
également l'assurance pour les peuples indigènes d'accéder
à une assistance médicale digne, la protection et la
propriété des terres et des ressources naturelles, la protection
de la propriété intellectuelle et de la connaissance des
traditions des peuples indigènes afin d'éviter l'appropriation
illicite. Ces propositions sont exportées à travers le monde
grâce
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aux outils modernes de communication et renferment les
nouveaux espoirs d'une communauté indigène mondiale qui compte
plus de trois cent millions de représentants.
Donner la voix à l'ensemble de ces acteurs silencieux
n'aurait pu être possible sans une révolution technologique
extraordinaire, celle des médias.
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