CONCLUSION
A travers les différentes parties de ce présent
ouvrage, il a été démontré que les interventions
publiques sont un facteur important pour réduire la
pauvreté1. Au fait, la pauvreté n'est pas une
fatalité. Ainsi, la pertinence de l'intervention du pouvoir public (de
l'Etat et de la collectivité décentralisée) dans
l'économie est donc irréfutable. La participation de l'Etat
serait plus que souhaitable pour améliorer la sécurité des
conditions de vie des ménages (SCVM), notamment dans le monde rural. La
présente étude a été entreprise dans le but de
déterminer les mesures nécessaires qui permettent aux
interventions de l'Etat de réduire la pauvreté. Ce
problème est multidimensionnel. Hernando De SOTO (2005), dans Le
mystère du capital amène à réfléchir
sur le rôle du pouvoir législatif concernant les politiques de
lutte contre la pauvreté.
Le prix Nobel d'économie, Amartya SEN, dans son ouvrage
intitulé « Un nouveau modèle économique :
Développement, justice, liberté » publié en
2003, souligne dans la couverture de ce document que « le monde n'est
pas seulement partagé entre riches et pauvres. Il est aujourd'hui
divisé entre ceux qu'inquiètent les ravages du capitalisme global
et ceux qu'effraie la terreur que font régner les Etats qui brident la
liberté individuelle et l'initiative privée. Comment faire en
sorte que la prospérité économique permette à
chacun de vivre comme il le souhaite ? ». Toujours dans le
résumé de cet ouvrage, Kofi Annan précise que «
les pauvres du monde entier n'ont pas de porte-parole plus inspiré et
plus convaincant. Notre qualité de vie ne se mesure pas à notre
richesse, mais à notre liberté : cette idée a
déjà révolutionné la théorie et la pratique
économique ».
Ce point de vue illustre que la pauvreté est plus que
complexe à aborder à l'état brut. L'étude de
corrélation (cf., pp. 51-54) que nous avons entreprise montre une
moyenne corrélation entre l'intervention publique (par
l'intermédiaire des dépenses publiques) et le bien-être
humain (IDH). Néanmoins, cette intervention de l'Etat
préconisé par Keynes (1936) n'est pas toujours une
réussite, c'est-à-dire, n'aboutit pas à la croissance,
alors ne conduira pas forcément à l'amélioration du
bien-être de la société. Amartya SEN (2000), dans le
Repenser l'inégalité précise également que
la pauvreté n'est pas qu'une question de revenus ; elle tient aussi
à la liberté que donne à l'individu son niveau de
santé, d'éducation, etc.
1 Des idées éclairantes ont
été développées par Banerjee et Duflo (2012) dans
Repenser la pauvreté, Éditions du Seuil, janvier.
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En effet, un partenariat solide entre les divers acteurs
économiques à tous les niveaux macroéconomiques serait
nécessaire. Afin d'élaborer une politique ou stratégie
efficace en vue de réduire la pauvreté, il appartient aux
décideurs politiques et aux organismes tant internationaux que nationaux
de considérer les réels besoins (MASLOW, 1954, op. cit.)
de la population.
Pour y arriver, il faut que l'Etat assure un environnement
légal qui permettra aux entrepreneurs d'avoir des revenus, et aussi un
système d'éducation efficace qui augmente l'efficacité de
technologie et l'innovation et des investissements. Pour réduire la
pauvreté à Madagascar, le rôle de l'Etat serait de
promouvoir la croissance économique très forte et durable. La
redistribution des richesses équitables (bien qu'un objectif ambitieux)
figurerait un objectif primordial. La théorie de Hoover1
publié en 1936 fera l'une des priorités. La crise politique
serait un phénomène inéluctable à éviter car
elle commence à avoir une ampleur cyclique.
Pourtant, malgré les diverses stratégies
déjà appliquées, un grand nombre de la population malgache
vit encore dans un état de dénuement et de
précarité témoignant du fait que le pays n'a pas encore pu
se libérer de l'emprise de la pauvreté. Il est clair que les
stratégies de lutte contre la pauvreté n'ont pas pu atteindre
leurs buts. Elles ont été trop centrées sur les
réformes économiques et administratives. De plus, ces
stratégies ont été dictées par les bailleurs de
fonds. Si nous voulons lutter efficacement contre la pauvreté, il
faudrait que l'Etat sanctionne sévèrement et sans distinction la
prolifération de la corruption qui sévit quasiment dans tous les
secteurs. Jean Michel SEVERINO et Jean Michel DEBRAT (2010), dans le
résumé de leur oeuvre qui s'intitule Aide publique au
développement disent qu'il faut aider les pays corrompus.
La lutte contre la pauvreté n'est pas gagnée car
les politiques appliquées ne représentaient pas les besoins
réels de la population mais elles sont formulées selon les
exigences des bailleurs pour sécuriser leurs intérêts. La
démarche de programmation des activités figure également
parmi les causes de l'échec des stratégies. Les programmes
adoptés ne procédaient pas à une vision globale durable.
En 2014, Madagascar reste toujours parmi les pays les plus pauvres. En tant que
citoyen, nous devons faire beaucoup d'efforts, non seulement en continuant les
programmes qui existaient depuis mais aussi en cherchant de nouvelles
stratégies afin que nous sortions de la pauvreté.
1 L'indice de Hoover est l'indice
la plus simple pour mesurer les inégalités. L'indice de Hoover
est égal à la part de ressource qui devrait être
distribuée pour que la répartition soit équitable.
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