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MÉMOIRE
UNIVERSITÉ DE TOAMASINA
FACULTÉ DE DROIT, DES SCIENCES ÉCONOMIQUES
ET DE GESTION
DÉPARTEMENT D'ÉCONOMIE
??? ? ???
EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLÔME DE MAÎTRISE
ÈS-SCIENCES ÉCONOMIQUES
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RÔLE DE L'ÉTAT DANS LA
RÉDUCTION DE LA
PAUVRETÉ À MADAGASCAR
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Monsieur
Présenté et soutenu par :
Michel Mélodie RAKOTONIRINA
Promotion : 2012 - 2013
Sous la direction de :
Encadreur Enseignant Encadreur Professionnel
Césaire MBIMA Monsieur Hajarilala J. RANDRIAMORA
Enseignant Chercheur Consultant privé des projets de
Université de Toamasina développement à
Toamasina
Octobre 2014
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![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar1.png)
UNIVERSITÉ DE TOAMASINA
FACULTÉ DE DROIT, DES SCIENCES ÉCONOMIQUES
ET
DE GESTION
DÉPARTEMENT D'ÉCONOMIE
??? ? ???
MÉMOIRE EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLÔME DE
MAÎTRISE ÈS-SCIENCES ÉCONOMIQUES
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar2.png)
RÔLE DE L'ÉTAT DANS LA
RÉDUCTION DE LA
PAUVRETÉ À MADAGASCAR
Présenté et soutenu par :
Michel Mélodie RAKOTONIRINA
Promotion : 2012 - 2013
Sous la direction de :
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar3.png)
Octobre 014
2
Encadreur Enseignant
Monsieur
Césaire MBIMA
Enseignant Chercheur
Université de
Toamasina
Encadreur Professionnel
Monsieur Hajarilala
J. RANDRIAMORA
Consultant privé des projets
de
développement à Toamasina
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES GLOSSAIRE
INTRODUCTION 1
PARTIE I : LES GÉNÉRALITÉS SUR LA
PAUVRETÉ ET L'IMPORTANCE DU RÔLE DE L'ETAT
DANS LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ. 9
CHAPITRE I. LE CONCEPT DE PAUVRETÉ 11
SECTION I. La définition et la cause de la pauvreté
11
SECTION II. Les critères de classification de la
pauvreté 16
SECTION III. Les Mesures de la pauvreté 22
CHAPITRE II. L'IMPORTANCE DU RÔLE DE L'ETAT DANS
LA RÉDUCTION DE LA
PAUVRETÉ 31
SECTION I. Fondements théoriques de l'intervention de
l'Etat dans l'économie 31
SECTION II. Expériences vecues à Madagascar et dans
les nouveaux pays industrialisés 40
SECTION III. Étude de la corrélation des
dépenses publiques et la réduction de la pauvreté
à
Madagascar 50
PARTIE II : LES MOYENS UTILISÉS PAR L'ETAT POUR
RÉDUIRE LA PAUVRETÉ. 55
CHAPITRE I. ANALYSE DES POLITIQUES ET DES
STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LA
PAUVRETÉ A MADAGASCAR 57
SECTION I. Politiques économiques appliquées par le
gouvernement malgache 57
SECTION II. Analyse des stratégies nationales de
réduction de la pauvreté 61
SECTION III. Analyse des stratégies internationales de
réduction de la pauvreté 73
CHAPITRE II. EFFETS DE CES POLITIQUES SUR LES PAUVRES 85
SECTION I. Conséquences économiques 85
SECTION II. Conséquences sociales 90
SECTION III. Suggestions pour une efficacité accrue des
actions de l'Etat en faveur de la reduction
de la pauvreté à Madagascar 95
CONCLUSION 100
BIBLIOGRAPHIE 102
ANNEXES 108
LISTE DES ILLUSTRATIONS 111
TABLE DES MATIÈRES 113
REMERCIEMENTS
Le présent ouvrage marque l'achèvement de
notre cursus universitaire. Il n'aurait pas vu le jour, sans la participation
des personnes citées ci-après, à qui nous
témoignons notre profonde reconnaissance.
Notre gratitude va en particulier à l'endroit de
Monsieur Césaire MBIMA, enseignant chercheur à la faculté
de Droit, de Sciences Économiques et de Gestion, au sein du
département d'Économie de l'Université de Toamasina, notre
encadreur pédagogique, qui malgré ses diverses occupations, a
manifesté avec plaisir à nous guider et corriger pendant
l'élaboration de ce travail.
Nous manifestons également notre gratitude à
Monsieur Hajarilala Jacky RANDRIAMORA, notre encadreur professionnel, qui a
bien voulu accepter de nous avoir suivi, dirigé, guidé, de donner
des conseils tout au long de l'élaboration de ce mémoire durant
notre recherche, malgré ses multitudes occupations.
Nos remerciements s'adressent aussi à tous les
enseignants de la Faculté de Droit, de Sciences Économiques et de
Gestion, notamment à ceux du Département Économie qui nous
ont fournis des connaissances si précieuses.
Notre reconnaissance va aussi à l'endroit de nos
parents, nos frères, nos soeurs et nos amis qui nous ont aidés
financièrement, matériellement et moralement durant nos
études.
Enfin, nous témoignons notre gratitude à
l'Association SAVA, notamment à l'Association FITEFA, pour toutes les
opportunités qu'elles nous ont offertes ainsi qu'à tous ceux qui
ont contribué à l'aboutissement du présent ouvrage et
à sa réalisation matérielle, qu'ils trouvent ici
l'expression de nos remerciements les plus sincères.
LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET
ACRONYMES
AGOA : Africa Growth and Opportunity Act
APD : Aide Publique au Développement
BAD : Banque Africaine de Développement
BM : Banque Mondiale
CAD : Comité d'Aide au Développement
CAS : Crédit d'Ajustement Structurel
CDF : Comprehensive Development Framework
CSB : Centre de Santé de Base
CSLP : Cadres Stratégiques de Lutte contre la
Pauvreté
DCPE : Document Cadre de Politique Économique
DSRP : Document Stratégique pour la Réduction de la
Pauvreté
EMSOND : Enquête Nationale sur le Suivi des OMD
EPM : Enquête Permanente auprès des
Ménages
EPT : Education Pour Tous
FID : Fonds international pour le Développement
FMI : Fonds Monétaire International
FPD : Financement Public au Développement
IBW : Institutions de Bretton Woods (le FMI et la Banque
mondiale)
IDE : Investissement Direct Etranger
IDH : Indicateur de Développement Humain
INSTAT : Institut National de la Statistique
IPC : Indice de Prix à la Consommation
IPF : Indicateur de Participation des femmes
IPH : Indicateur de Pauvreté Humaine
IPPTE : Initiative des Pays Pauvres Très
Endettés
ISDH : Indicateur Sexospécifique de Développement
Humain
MAP : Madagascar Action Plan
MFB : Ministère des Finances et du Budget
NAC : Nutrition Assise Communautaire
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Économique
OMD : Objectif du Millénaire pour le
Développement
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONN : Office National de Nutrition
ONU : Organisation des Nations Unies
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PED : Pays en voie de Développement
PIB : Produit Intérieur brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PPA : Parité de Pouvoir d'Achat
PPN : Produit de Première Nécessité
PTF : Partenaires Techniques et Financiers
RSA : Revenu de Solidarité Active
SEECALINE : Surveillance et Éducation des Écoles et
des Communautés en
matière d'Alimentation et de Nutrition Élargie
SMIC : Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'enfant
GLOSSAIRE
Extrême pauvreté : Personne ne disposant pas des
revenus nécessaires pour
satisfaire ses besoins alimentaires essentiels, habituellement
définis sur la base des besoins calorifiques minimaux. L'extrême
pauvreté est souvent appelée pauvreté absolue.
Indice de pauvreté Nombre de population vivant dans la
pauvreté
Multidimensionnelle (IPM) : multidimensionnelle, par rapport au
degré de privation.
Investissement : Emploi de capitaux visant à accroitre la
production d'une
entreprise ou à améliorer son rendement.
Population exposée à la
pauvreté :
Pourcentage de la population exposée au risque de
privations multiples, à savoir les personnes dont le degré de
privation atteint 20 % à 33 %.
PPA (parité du pouvoir d'achat)
:
Taux de conversion monétaire qui permet d'exprimer dans
une unité commune les pouvoirs d'achat des différentes monnaies.
Ce taux exprime le rapport entre la quantité d'unités
monétaires nécessaire dans des pays différents pour se
procurer le même « panier » de biens et des services.
Puissance publique : Ensemble des pouvoirs de l'Etat et des
autres personnes
publiques ; l'Etat lui-même.
Taux de pauvreté : Taux correspondant à la part de
la population vivant en
dessous du seuil de pauvreté.
1
INTRODUCTION
Le monde actuel est marqué par la présence de
divers problèmes de l'humanité. La pauvreté1
figure parmi les problèmes cruciaux qui existent surtout dans les pays
en voie de développement. William Easterly (2011) se demande même
dans son ouvrage : Les pays pauvres sont-ils condamnés à le
rester ? C'est pour autant dire que ce phénomène
gangrène de manière structurelle dans les pays pauvres fortement
endettés comme Madagascar. De plus, Fusco (2007) a intitulé son
oeuvre : La pauvreté : un concept
multidimensionnel2. Cet aspect se caractérise par
l'insuffisance des besoins essentiels; manque d'autonomie, d'où
plusieurs problèmes tels que la faiblesse de l'éducation, la
malnutrition, le problème de santé3.
Bien que ce concept ait été abordé
à plusieurs reprises et continue de l'être encore, les auteurs,
les analystes et mêmes les praticiens de l'économie du
développement, reconnaissent la diversité d'appréhension
de la pauvreté. Elle n'a donc cessé de préoccuper des
personnalités de la scène politique, du milieu universitaire ou
des organisations internationales.
Depuis les années 1980, la réduction de la
pauvreté est devenue une préoccupation majeure pour la plupart
des PED et des agences d'aide4. En effet, plusieurs politiques
économiques ou programmes de développement ont été
adoptés par les PED, pour réduire cette pauvreté. D'un
côté, le secteur public qui est représenté par
l'Etat et de l'autre le secteur privé qui est représenté
par les ONGs et le secteur privé tant marchand que non marchand.
Afin de réduire la pauvreté, l'Etat Malgache a
adopté plusieurs politiques économiques, notamment le PAS, le
DCPE, le DSRP et le MAP. A cela s'ajoutent les actions des autres intervenants
tels que les Nations Unies5, l'Union Européenne, la Banque
Mondiale, le PNUD, l'UNICEF et le PAM par l'intermédiaire des
différents programmes mis en oeuvre dans plusieurs PED et en particulier
à Madagascar. Des projets existent également dans le cadre des
accords bilatéraux (États-Unis, Japon, France, Allemagne, Suisse,
etc.).
Cette littérature des politiques économiques
prouve que la lutte contre la pauvreté apparaît au centre des
préoccupations des dirigeants nationalistes. Par rapport à ce
constat, une question de recherche se pose : l'Etat malgache dispose-t-il des
stratégies claires et des moyens efficaces pour réduire le taux
de pauvreté ? Cette question de départ suscite d'autres
interrogations accessoires.
1 Voir les travaux récents de Banerjee et Duflo
(2012) dans Repenser la pauvreté, Éditions du Seuil,
janvier.
2 A. Fusco (2007), La pauvreté : un concept
multidimensionnel, préface de Jacques Silber. Paris :
L'Harmattan.
3 C.-D. Echaudemaison (1999), Dictionnaires
d'Economie et de Sciences Sociales, 6ème Edition,
Nathan, p. 71.
4 Jean Michel Severino et Jean M. Debrat (2010),
L'Aide au développement, Paris, édition Le Cavalier
Bleu.
5 L'OMD vise à réduire le taux de
pauvreté dans le monde de 15 % entre 1990-2015. A Madagascar et parmi
les grands objectifs du MAP (cf. première section du MAP, p. 8), le taux
de pauvreté diminuera à 50 % en 2012, contre 85,1 % en 2003. Nous
sommes déjà en 2014 et cet objectif ambitieux n'est pas
atteint.
2
L'Etat malgache a-t-il la volonté réelle
de lutter contre ce phénomène ? Pourquoi le taux de
pauvreté a-t-il tendance à s'accentuer ? Quels sont les axes
prioritaires pour développer le pays ? Etc. Il faut lire Belloncle,
(2004), pour voir les Sept priorités pour développer
Madagascar1. Ce domaine de recherche est très large et
il est assez compliqué de répondre à la
problématique évoquée. Elle pourra être liée
à de nombreux paramètres social, économique et culturel.
Mais, afin de bien cerner toutes les séries des questionnements, nous
avons fixé comme thème de notre mémoire : « Le
rôle de l'Etat dans la réduction de la pauvreté à
Madagascar ».
Ce travail aura pour objectif principal d'analyser les
principaux rôles de l'Etat dans la réduction de la
pauvreté. L'objectif auxiliaire sera cadré sur l'analyse de
l'inefficacité de l'intervention publique par l'intermédiaire de
la politique économique. Au vu des questions posées dans notre
problématique, nous soutenons l'hypothèse2 suivante :
l'intervention des pouvoirs publics diminue la pauvreté.
Quant à la méthodologie, nous nous sommes
inspiré de l'ouvrage de Campenhoudt et Quivy3 (2013), de
Boutillier4 et al., (2007) et de Guide de
rédaction d'un mémoire de maîtrise de la
Faculté de Droit, des Sciences Economiques et de Gestion de Toamasina
(mars, 2008). En effet, deux méthodes d'investigation ont
été mises en place. La phase préliminaire a
été consacrée à la revue de la littérature.
Plusieurs centres de documentation5 ont été
visités. Cette démarche a permis d'aboutir à
l'élaboration des références bibliographiques et à
la rédaction.
Nous avons constaté qu'une telle étude appelle
plusieurs angles d'analyse. Il peut s'agir d'une approche globale critique du
phénomène de pauvreté et une redéfinition
fondamentale des objectifs de développement. Nous pouvons utiliser des
variables économétriques pour déterminer les indicateurs
retenus pour expliquer l'effet des actions de l'Etat sur la pauvreté.
Pour les limites de recherche, les données quantitatives disponibles et
à jour ne feront pas l'objet d'exhaustivité.
Cet ouvrage se subdivisera, dans son ensemble, en deux grandes
parties. Nous verrons dans la première, les
généralités sur la pauvreté et l'importance du
rôle de l'Etat. La seconde partie portera sur l'analyse des
différents moyens utilisés par l'Etat dans la réduction de
la pauvreté à Madagascar.
1 G. Belloncle, (2004), Sept priorités
pour développer Madagascar. Ed. Foi et Justice. Antananarivo,
disponible en ligne sur :
http://www.malagasy.org/imprimersans.php3?id_article=1201
consulté le 04 août 2014, à 23h05.
2 Par hypothèses, nous entendons les
réponses anticipatives, mais provisoires aux différentes
questions que nous nous posons dans un travail.
3 Luc Van Campenhoudt et Raymond Quivy (2013,
4ème édition), Manuel de recherche en sciences
sociales, Dunod, 1995, 2006, 2011, Paris, pp. 233-234.
4 Sophie Boutillier, Alban Goguel d'Allondans,
Nelly Labère, Dimitri Uzunidis, (2007), Méthodologie de la
thèse et du mémoire. Principes, imprimé en France,
troisième édition, Studyrama, troisième trimestre.
5 Il s'agit de : l'INSTAT, la bibliothèque de
l'université de Toamasina, l'alliance française et les sites
web.
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar4.png)
PARTIE I
LES
GÉNÉRALITÉS
SUR LA PAUVRETÉ ET
PARTIE I : LES GÉNÉRALITÉS SUR LA
PAUVRETÉ ET LIMPORTANCE D
L'IMPORTANCE DU RÔLE DE L'ETAT DANS
RÔE ET N É É
LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ
Différentes mesures et méthodes ont permis
à de nombreux analystes de tirer une définition de la
pauvreté. Par ailleurs, la réduction de la pauvreté figure
parmi les défis qu'un pays pauvre comme le nôtre doit relever.
Dans cette première partie, nous verrons respectivement le concept
de la pauvreté et l'importance du rôle de l'Etat dans la
réduction de la pauvreté à Madagascar.
11
CHAPITRE I. LE CONCEPT DE PAUVRETÉ
La notion de pauvreté revête plusieurs aspects.
Nous explorerons d'abord la définition et les causes de ce concept,
ensuite les critères de classification, avant de faire une analyse sur
la mesure de celui-ci.
SECTION I. LA DÉFINITION ET LA CAUSE DE LA
PAUVRETÉ
Il existe une multitude de définitions de la
pauvreté, selon les approches adoptées. Elles diffèrent
selon la situation économique du pays considéré (s'agit-il
d'un pays développé ou d'un pays en voie de développement,
ou encore d'un pays à revenu intermédiaire) ; et selon le type de
société dans laquelle nous nous trouvons.
I-1. La définition de la pauvreté
Pour mieux cerner la pauvreté, il est
intéressant de se référer à
l'étymologie1 du terme. En effet la pauvreté tire son
origine du mot latin « pauper » (peu ou petit) qui est
elle-même proche du grec « peina » (la faim). La
traduction grecque du mot « pauvreté » est «
aporia » qui signifie absence de chemin. Nous constatons qu'en
rapprochant les deux origines, nous aboutissons à une double conception
de la pauvreté : c'est une notion à la fois quantitative en ce
sens qu'elle traduit, le manque de nourriture et qualitative en ce sens qu'elle
traduit la condition psychologique de celui ou celle qui ne peut trouver son
chemin.
Le Petit Larousse définit la pauvreté comme un
manque d'argent ou de ressources. Les auteurs se sont mis d'accord sur la
définition globale de la pauvreté : elle «
caractérise la situation d'individus, de groupes, démunis de
ressources jugées essentielles et se trouvant dans une grande
précarité »2.
Bien que les essais de définition de la pauvreté
soient épars, et les indicateurs de mesure variés, beaucoup
d'analystes s'accordent à reconnaître que la pauvreté est
un mal à combattre pour s'asseoir à une société
plus équilibrée ou comportant moins de fractures sociales.
1
http://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=4&ved=0CDYQFjAD&url=http%3
A%2F%
2Fwww.dial.prd.fr%2Fdial_evenements%2Fconf_scientifique%2Fseminaire_pauvrete_mada%2Fpd
f%2Fpapiers%2FZeller_Minten.PDF&ei=fqi7U4QgsIzsBvjfgegJ&usg=AFQjCNEWiZD8kGcPUrLSXIdwH
UgLp9a vu 11/08/014 à 16h.
2 C.-D. Echaudemaison (1999), op. cit., p.
70.
12
Ce mal n'est pas du tout contemporain, il plonge ses racines
dans l'histoire lointaine car déjà au Vème
siècle avant Jésus-Christ, Platon écrivait : « Il
ne faut pas que certains citoyens souffrent de la pauvreté alors que
d'autres sont riches, parce que ces deux états causent de dissensions
»1. Les théories économiques de Adam SMITH
(1776), quant à lui, circonscrit une situation de non pauvreté
qui constitue « une société où tous les membres
jouissent d'un revenu suffisant leur permettant de se montrer sans honte en
public »2.
Par contre, pour George SIMMEL (2007) : « la
pauvreté est un état de choix impossibles à satisfaire par
les individus »3; par conséquent, elle ne peut
être définie comme un état quantitatif, en elle-même,
mais seulement par rapport à une relation sociale qui résulte
d'une situation spécifique. Selon le cours théorique de L 3 :
« la pauvreté est un état de dénuement et
d'insécurité relatif ou absolu qui affecte certains groupes
sociaux de façon chronique ou passagère et ce dénuement
s'exprime à travers plusieurs dimensions sociales
»4.
La pauvreté est donc une situation physique et
psychologique qui permet à un individu de mener une vie adéquate.
Pour l'INSTAT Madagascar, elle est l'état de privation matérielle
caractérisée par une consommation calorique au-dessous de 2 133
calories5 par personne (adulte), par jour (EPM, 2003). C'est
également un état d'asservissement et de frustration dans lequel
se trouve une personne partiellement ou totalement dépourvue de moyens
d'existence durables et qui se voit exclue de la jouissance des fruits de la
croissance (DSRP 2007)6.
Dans le monde entier, la pauvreté est synonyme de
dénuement : les pauvres ne sont pas en bonne santé, ils sont mal
nourris et mal logés, peu instruits, et sont privés d'un minimum
de confort. Elle est souvent qualifiée, dans ce cas, de «
pauvreté de subsistance »7. De ces trois
définitions, nous pouvons conclure qu'il existe deux qualifications de
base de la pauvreté : la pauvreté monétaire et
la pauvreté humaine.
1 Emile CHAMBRY, In La République,
traduction française, Gallimard, 1999, p. 67.
2 Adam SMITH, Recherches sur la nature et les
causes de la richesse des nations, Economica, 2000, p. 137.
3 George SIMMEL, La philosophie de l'argent,
PUF, collection Quadrige, 2007, p. 240.
4 Modongy ROLLAND, (2012-2013), Cours
d'économie de développement de la 3ème
année économie, Université de Toamasina.
5 Jean RAZAFINDRAVONONA, Iarivony RANDRETSA, Jules
RAZAFIMANDIMBY et Tiaray RAZAFIMANANTENA, (1999), Economie de
Madagascar-Le comportement des ménages face à la
pauvreté : consommation, emploi, éducation, santé. Revue
n°4, décembre, pp. 12-15.
6 Rapport du FMI n°07/59 de Madagascar :
Document de stratégie de réduction de la pauvreté-Plan
d'action de Madagascar, février 2007, p. 18.
7
http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=ETRU&ID_NUMPUBLIE=ETRU_159&ID_ARTICLE=ET
RU 159 0035 vu le 16/07/2014 à 8h.
13
Nous verrons dans la partie traitant la situation de la
pauvreté à Madagascar que les Malgaches ressentent un
dénuement total dans leur vie quotidienne et que du fait de la
non-satisfaction des besoins de première nécessité,
Madagascar est classé parmi les pays très pauvres du monde. Dans
les pays développés, par contre, la pauvreté est
qualifiée de pauvreté moderne et le concept porte le nom
d'« exclusion sociale »1. En somme, le concept de
pauvreté est propre à chaque nation et diffère selon le
degré de développement. Par ailleurs, la lutte contre la
pauvreté, voire sa réduction, peut revêtir d'une dimension
soit mondiale, soit régionale ou nationale.
I-2. La cause de la pauvreté à Madagascar
Les facteurs de la pauvreté ne forment pas un ensemble
structuré ; c'est-à-dire, il n'existe pas de théorie
satisfaisante ou des mécanismes conduisant une société,
une communauté ou un individu vers la pauvreté ou vers une
aggravation de leur état de pauvreté. J.-C, Sarrot2 et
al., affirme même que « il y aura toujours des pauvres
(...), on ne peut éviter tous les accidents de la vie. Il y aura
toujours des personnes qui traversent une mauvaise passe et se
rétablissent ensuite ». Evoquer des facteurs naturels pour
expliquer la pauvreté relève donc d'une vision normative. En
effet, pour connaître les causes de la pauvreté, nous devons tenir
compte des dimensions monétaires et humaines du concept.
I-2-1. Les causes de la pauvreté monétaire
Pour analyser la pauvreté monétaire, les
économistes se réfèrent souvent au revenu puisqu'il
détermine les conditions de vie et la perception de difficultés
financières. Pour les malgaches, les raisons de cette pauvreté
sont multiples :
- tout d'abord, le taux d'accroissement démographique de
Madagascar, durant les deux dernières décennies, se situe
toujours au-dessus du taux de croissance économique. Cette faible
croissance s'explique par un contexte socio-politique (crise de 1972, 1991,
2002, 2009) peu favorable à l'élargissement et à la
diversification de la base productive ainsi qu'à la faible
capacité de gestion de l'Etat.
1 G. RODGERS, C. GORE, et J. B. FIGUEIREDO (1995),
"Social Exclusion: Rhetoric, Reality, Responses", International Labour
Office, Genève. Voir également le Centre d'études sur
la Pauvreté et l'Exclusion, (2009), Prendre la mesure de la
pauvreté : proposition d'indicateurs devant servir à mesurer la
pauvreté, les inégalités et l'exclusion sociale afin de
mesurer les progrès réalisés au Québec,
Québec. Disponible sur :
http://www.cepe.gouv.qc.ca/publications/pdf/Avis_CEPE.pdf
vu le 15/08/2014, à 15h.
2 Jean-Christophe Sarrot, Bruno Tardieu, et
Marie-France Zimmer, (2014), En finir avec les idées fausses sur les
pauvres et la pauvreté, édition, ATD Quart Monde ; Les
Editions de l'Atelier, Editions Quart Monde, Paris, p. 123.
14
- l'inflation causée par la monnaie, Ariary, qui est
due essentiellement à la détaxation de produits
électroménagers, voitures utilitaires, machines industrielles.
Celle-ci avait pour but de permettre l'essor économique du pays mais,
n'a fait que l'aggraver.
- Le problème d'accès au crédit pour les
ménages ruraux est considéré comme un problème
crucial dans les zones rurales.
D'après les enquêtes prioritaires
effectuées par l'INSTAT auprès des ménages, en 2010, nous
pouvons tirer que quel que soit leur secteur d'activité : agriculteurs,
pêcheurs, artisans, employés salariés, travailleurs du
secteur informel ou même chômeurs, se plaignent de la
difficulté d'accès au crédit bancaire.
En plus, les capitaux sociaux sous forme de transfert, de don
et de prêt n'existent presque pas dans le monde rural. Ils ne viennent
pas au secours des ménages vulnérables en cas de besoin. Pour
tout cela, la plupart des ménages recourent essentiellement à
l'autofinancement, en utilisant leurs économies pour financer leurs
investissements.
Ensuite, la forme d'épargne comme thésaurisation
peut s'expliquer aussi par l'ignorance des ruraux concernant les
intérêts obtenus par les déposant qui mettent leur argent
dans une mutuelle d'épargne et de crédit, et également
leur manque de confiance en les agents de cette mutuelle d'épargne et de
crédit.
Ils ne sont pas incités à déposer leur
argent parce qu'ils ne comprennent pas pourquoi les gens doivent déposer
leur argent et quels sont leurs intérêts ? Alors, ils mettent leur
argent sous leur oreiller ou bien dans d'autres coins de la maison. Ce qui
n'est pas tout à fait rationnel car cela démonétise
l'activité économique.
Pour conclure, la plupart de la population Malgache ont
beaucoup de mal à accéder aux marchés monétaires et
au système financier institutionnel. La plupart des ménages
recourent à l'autofinancement lorsqu'ils ont besoin de démarrer
ou de renforcer leurs activités.
Pour prévoir l'avenir, la famille rurale fait une
épargne en dépensant presque toute la moitié de son argent
à élever des bétails et en mettant des stocks de
céréales ou de riz dans des greniers au lieu d'investir pour
augmenter sa productivité.
15
II-2-2. Les causes de la pauvreté humaine
Quant à la pauvreté humaine, nous nous
référons souvent aux différentes privations des besoins
humains fondamentaux, entre autres la privation de santé, de
l'éducation, de nutrition et tout autre besoin1 fondamental
et physiologique. Les principales causes de ces privations sont les suivantes.
Tout d'abord, la faiblesse du revenu des ménages malgaches ne permet pas
de faire face aux dépenses d'investissement éducatif.
A cela s'ajoute la médiocrité croissante des
écoles publiques et la mauvaise gestion du secteur de l'enseignement.
Cette situation constitue un frein au développement économique du
pays. Par conséquent, plus d'un malgache sur deux ne sait, ni lire, ni
écrire et certains ruraux pauvres sont quasiment illettrés (EPM,
2010). La subvention par habitant dans les zones urbaines est en moyenne plus
élevée de presque 50 % que dans les zones rurales (EPM en 2002).
Cette différence est nettement accentuée au niveau des
hôpitaux car 80 % des hôpitaux sont concentrés dans les
zones urbaines.
De plus, le budget des médicaments et des fournitures
pharmaceutiques est très limité, c'est la raison pour laquelle le
secteur public souffre d'une pénurie des médicaments, en suite
plusieurs familles continuent à recourir à
l'automédication et aux guérisseurs traditionnels, en partie car
les soins sont moins chers. Dès lors, le taux de mortalité
infantile augmente et d'après les données de l'EPM pour
l'année 2010, 82,0 % des enfants de moins de 18 ans se trouvent dans une
situation de pauvreté contre 74,6 % en 2005.
A Madagascar, et plus particulièrement en milieu rural,
les moyens de production sont limités et insuffisants pour assurer la
production nécessaire pour subvenir aux besoins ne serait-ce
qu'alimentaires. S'agissant des catastrophes naturelles, même si elles ne
sont pas des causes directes de la pauvreté, il faut envisager le
coût de la reconstruction, l'aide et l'assistance à apporter aux
sinistrés ; les catastrophes entretiennent la pauvreté. Les
inondations, les épidémies, sont révélateurs d'un
système sanitaire grelottant.
Au niveau de la gouvernance, la pauvreté se manifeste
par la médiocrité de la gouvernance des dirigeants. Madagascar
aurait sûrement beaucoup avancé dans cette lutte, s'il
n'était pas dirigé par une certaine catégorie d'hommes
politiques ou des cadres qui ne savent que s'accrocher au pouvoir. Ces derniers
corroborent la mauvaise gouvernance et accentuent la corruption et le
détournement de fonds.
1 La pyramide de Abraham Maslow (1954) est une
classification hiérarchique des besoins humains et se
présente comme suit : (1) les besoins physiologiques ; (2) le besoin de
sécurité ; (3) le besoin d'appartenance ; (4) le besoin d'estime
; (5) le besoin de s'accomplir. Ce dernier est le sommet des aspirations
humaines.
http://semioscope.free.fr/article.php3?id_article=8
vu le 05/08/2014, à 17h.
16
La mauvaise gouvernance s'observe également par la
mauvaise coordination ou l'absence des politiques, ici les ressources ne sont
pas détournées, mais elles sont, tout de même, mal
gérées à travers les gaspillages. Ces principales causes
des privations s'articulent aussi sur les difficultés d'accès aux
institutions juridiques et le manque de transparence dans l'appareil judiciaire
; le non-respect des lois et des règlements accompagné
d'impunités.
En somme, ces causes s'enracinent sur la faible implication de
la société civile dans la mise en oeuvre des réformes
économiques et politiques ; l'insécurité grandissante
comme frein aux investissements.
SECTION II. LES CRITÈRES DE CLASSIFICATION DE LA
PAUVRETÉ
Nous classifions comme pauvre une personne, une famille ou un
groupe qui dispose de faibles ressources. Toutefois, elle n'est pas
réductible au seul indicateur de type monétaire mais concerne
également d'autres aspects du quotidien comme le logement, la
santé, la formation, le travail, la vie familiale. Dans cette section
nous invoquerons les différentes approches de la pauvreté ainsi
que leur classification en précisant le cas de Madagascar.
II-1. L'approche objective et l'approche subjective
Habituellement le concept de pauvreté est abordé
selon deux approches complémentaires afin de mieux circonscrire son
contenu. La première approche fait référence aux
déterminants du bien-être individuel et particulièrement
aux cinq besoins essentiels de l'homme à savoir la nourriture, le
vêtement, l'éducation, sécurité et la santé.
Le non satisfaction de ces besoins à un niveau admissible est
qualifié de « pauvreté objective » (PNUD,
2008). La seconde acception appelée « pauvreté
subjective » peut ne pas être ressentie comme un état de
pénurie par la population dans la mesure où elle n'est pas
nécessairement liée aux besoins fondamentaux, alors qu'elle
limite l'élargissement des capacités des individus.
Nous pouvons citer le cas des handicapés, des veufs et
veuves, des orphelins, des paysans sans terre, des travailleurs sans contrat
formel, des enfants qui ne peuvent pas aller à l'école, faute de
moyen des parents, la limitation de la liberté d'expression.
17
II-2. La pauvreté absolue et la pauvreté
relative
La « pauvreté absolue » est
définie par rapport à ce que nous appelons le « minimum
vital ». En d'autres termes, nous considérons qu'il y a des
exigences minimales pour une vie décente, en deçà
desquelles l'individu tombe dans la catégorie des « pauvres
». En ce qui concerne la notion de « pauvreté
relative », il s'agit de définir et de mesurer la condition
d'un groupe spécifique par rapport à d'autres groupes vivant dans
le même environnement, dans la même collectivité ou le
même pays.
Pour Sen (2000), « la pauvreté est donc une
notion absolue dans l'espace des capabilités mais prendra très
souvent une forme relative dans l'espace des biens ou caractéristiques
»1. Ainsi, quelqu'un considéré comme pauvre
dans les pays développés aura probablement un revenu
supérieur à celui d'une personne considérée comme
« aisée » dans un pays moins
développé2. La satisfaction des besoins sur le plan
quantitatif ne signifie pas la satisfaction sur le plan qualitatif. Un
ménage qui ne peut pas scolariser ses enfants, vit dans la
pauvreté absolue mais celui qui les envoie dans une école de
qualité médiocre, vit dans la pauvreté relative.
A Madagascar l'incidence de la pauvreté absolue est
trois fois plus que celle de la pauvreté non absolue,
c'est-à-dire 78,9 % des pauvres malgaches vivent dans la pauvreté
absolue (EPM 2010).
Tableau n°J. L'incidence de la pauvreté
absolue selon les provinces
Provinces
|
Non pauvre absolue (%)
|
Pauvre absolue (%)
|
Antananarivo
|
40,0
|
60,0
|
Fianarantsoa
|
11,6
|
88,4
|
Toamasina
|
27,6
|
72,4
|
Mahajanga
|
11,8
|
88,2
|
Toliara
|
8,1
|
91,9
|
Antsiranana
|
20,4
|
79,6
|
Madagascar
|
21,1
|
78,9
|
Source : EPM 2010.
Ce tableau nous montre que l'incidence de la pauvreté
absolue est plus intense dans les ex-provinces de Toliara, Fianarantsoa et
Mahajanga dont successivement 91,9 %, 88,4 % et 88,2 % de la population vivent
dans la privation totale de certains articles de première
nécessité. Il faut signaler que la région d'Androy (se
trouvant dans le Sud) est la classée pauvre de Madagascar,
caractérisée par la « kere », signifiant la famine.
1 Amartya SEN, (2000), Repenser
l'inégalité, Editions du Seuil, pour la traduction
française, Paris, p. 23.
2 S. PAUGAM, Les formes élémentaires
de la pauvreté, Lien social, PUF, 2005, p. 87.
18
II-3. La pauvreté conjoncturelle ou la
pauvreté structurelle
Si le facteur temps n'est pas en lui-même un
critère de pauvreté, la durée plus ou moins longue de la
situation détermine si elle est de type conjoncturel ou structurel ; une
catastrophe naturelle crée des situations de pénurie qui
provoquent un état de pauvreté temporaire de la population
sinistrée, alors qu'un dysfonctionnement de la structure de production
d'une économie entretient une pauvreté chronique d'une frange
plus ou moins grande de la population. Enfin la combinaison des trois
critères de classification donne les huit situations de pauvreté
suivantes :
- la pauvreté objective, absolue, temporaire ; - la
pauvreté objective, relative, temporaire ; - la pauvreté
objective, absolue, structurelle ; - la pauvreté objective, relative,
structurelle ; - la pauvreté subjective, absolue, temporaire ; - la
pauvreté subjective, relative, temporaire ; - la pauvreté
subjective, absolue, structurelle ; - la pauvreté subjective, relative,
structurelle.
II-4. La pauvreté monétaire et
pauvreté humaine
La pauvreté monétaire est un état dans
lequel le revenu est insuffisant pour satisfaire les besoins de subsistance.
Par souci de comparaison, la Banque Mondiale fixe ce niveau de revenu à
moins de 2 $ américains par personne et par jour,
généralement mesuré en termes de parité de change
pour pouvoir appréhender le pouvoir d'achat.
II-4-1. La pauvreté monétaire
Une personne est jugée pauvre dès lors que son
revenu donne un niveau de satisfaction inférieure au minimum
nécessaire pour vivre. Le Rapport de la Banque Mondiale en
20071 montre que de 1997 à 2007, la pauvreté
monétaire a été réduite de quart dans le monde
passant de 1,3 milliard à 985 millions de personnes vivant avec moins
d'un dollar par jour, et 2,6 milliards pour ceux vivant avec moins de 2
dollars.
1 Banque Mondiale, Rapport sur le
développement dans le monde : combattre la pauvreté, Ed.
ESKA, 2001, p 20.
19
Malgré la mise en oeuvre des programmes
spécifiques pro-pauvres dans des domaines variés, notamment, de
la stabilité macro-économique, du développement rural, de
la lutte contre la malnutrition et de la promotion de l'emploi, la
pauvreté demeure un phénomène de grande ampleur à
Madagascar où 67,5 % de la population vit en dessous du seuil de
pauvreté en 2008 (EPM, 2010).
La pauvreté monétaire s'est
dégradée entre l'année 2005 et 2010, passant de 68,5 %
à 76,5 % pour l'ensemble de la population, contre 76,6 à 82 %
pour les enfants de moins de 18 ans. Cette tendance est valable aussi bien dans
le milieu urbain (52 % à 54,2 %) que dans le milieu rural (73,5 %
à 82,2%)1. Il en est de même au niveau des
régions sauf pour la région de Sofia où le taux de
pauvreté2 a baissé de 80,7 % en 2005 à 71,5 %
en 2010 pour l'ensemble de la population.
Tableau n°II. L'évolution du ratio de
pauvreté de 1993 à 2010
Milieu
|
1993
|
1997
|
1999
|
2001
|
2002
|
2004
|
2005
|
2010
|
Madagascar
|
70,0
|
73,3
|
71,3
|
69,6
|
80,7
|
72,1
|
68,7
|
76,5
|
Antananarivo
|
68,0
|
66,4
|
61,7
|
48,3
|
66,0
|
59,8
|
57,7
|
66,8
|
Fianarantsoa
|
74,2
|
75,1
|
81,1
|
83,2
|
91,0
|
86,0
|
77,6
|
88,2
|
Toamasina
|
77,9
|
79,8
|
71,3
|
82,3
|
86,3
|
77,1
|
71,9
|
78,3
|
Mahajanga
|
53,2
|
73,8
|
76,0
|
72,4
|
89,1
|
74,1
|
70,2
|
71,6
|
Toliara
|
81,1
|
82,0
|
71,6
|
76,1
|
81,2
|
72,3
|
74,8
|
82,1
|
Antsiranana
|
60,2
|
62,3
|
72,6
|
69,2
|
83,7
|
65,4
|
64,2
|
68,1
|
Urbain
|
50,1
|
63,2
|
52,1
|
44,1
|
61,6
|
53,7
|
52,0
|
54,2
|
Rural
|
74,5
|
76,0
|
76,7
|
77,1
|
86,4
|
77,3
|
73,5
|
82,2
|
Source : INSTAT/DSM/EPM 1993, 1997, 1999, 2001,
2002, 2004, 2005, 2010
(mise à jour le mercredi, 06 avril 2011
13:42).
Pour les différentes ex-Provinces, la tendance de
l'évolution du taux de pauvreté est la même. Les provinces
de Fianarantsoa, Toamasina, Toliara sont les plus touchées et
présentent les taux de pauvreté très élevés
et dépassant toujours le niveau national depuis 1993. Pour le cas de
Fianarantsoa par exemple, le taux enregistré en 1999 est de 81,1 % si le
taux était de 74,2 % en 1993, et en 2010, 88,2 % de la population ont
des difficultés pour satisfaire les besoins fondamentaux. Le cas de
Mahajanga est flagrant, le taux de pauvreté est passé de 53,2 %
pour l'année 1993 à 73,8 % en 1997 et à 76,0 % en 1999.
1 Unicef, Rapport national Madagascar : Analyse de
la pauvreté des enfants à Madagascar, 2012, p. 29.
2 Pourcentage de la population vivant avec moins de 2
USD par jour.
20
Du point de vue macro-économique, nous avons
constaté que la pauvreté monétaire varie
parallèlement avec la croissance économique du pays.
Graphique n°J. La pauvreté
monétaire et la croissance économique
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar5.png)
Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010, FMI (le
taux de croissance pour l'année
2010 est une estimation).
Nous voyons dans ce graphe que la réduction de la
pauvreté dépend de la croissance économique,
c'est-à-dire, « plus de croissance équivaut à moins
de pauvreté et inversement ». Comme le cas de 2001 à 2003
où le taux de croissance est de 6 % avec un taux de pauvreté de
seulement 69,6 %. Mais parfois, il y a croissance sans développement
donc aucun effet sur la pauvreté.
II-4-2. La pauvreté humaine
C'est l'absence des capacités humaines de base telles
que : analphabétisme, malnutrition, longévité
réduite, mauvaise santé maternelle, le fait d'être atteint
de maladie évitable. Pour le PNUD, la pauvreté humaine est le
manque des capacités humaines essentielles comme, savoir lire et
écrire correctement.
La pauvreté humaine touche les aspects
économiques de la pauvreté à travers les conditions de vie
qu'elle mesure par un indicateur composite de l'accès à
l'assainissement, au logement, à l'eau potable, aux soins de
santé et à l'éducation. Tandis que l'aspect relatif
à la longévité est appréhendé par
l'espérance de vie, et celui relatif à la capacité de
s'informer est mesuré par l'alphabétisation.
21
Au cours de ces dernières années, le
Gouvernement, Malagasy a mis l'accent sur plusieurs facteurs autres que
monétaires tels que la démographie, la santé et la
nutrition, l'éducation et la formation, le cadre de vie, la protection
sociale, l'équité et l'égalité de genre, l'emploi
et la culture qui affectent le bien-être des ménages.
En dépit des efforts consentis, le niveau de
développement humain de Madagascar est largement inférieur
à la moyenne des pays de l'Afrique Subsaharienne, malgré les
énormes potentialités de ce pays (0,344 en 2011 contre 0,460 en
2005, d'après les données du PNUD, 2011).
En outre, la progression de cet indicateur a été
plus faible à Madagascar, entre 2005 et 2011, que dans les autres pays
de l'Afrique Subsaharienne. Il est respectivement de l'ordre de 0,9 % et 1,2 %.
Ce qui confère aux secteurs sociaux (éducation et santé
notamment) une priorité absolue.
Graphique n°2. Évolution à court
terme de la pauvreté entre 2001 et 2012 à
Madagascar
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar6.png)
Source : INSTAT/ENSOMD, 2012.
Le taux de pauvreté à Madagascar n'a pas
vraiment eu de changement significatif. Au niveau national, l'incidence est
restée autour de 70 %, ce qui correspond à la pauvreté de
l'année 1993. En 2010, près de 76,5 % des malgaches vivent dans
la pauvreté. En 1997, ce taux est estimé à 73,3 % dont le
milieu rural1 a été le plus concerné : environ
76 % de la population en milieu rural éprouvent des difficultés
pour subvenir à leurs besoins.
1 B. Minten, J.-C. Randrianarisoa, L.
Randrianarison, (2003), "Agriculture, pauvreté rurale et politiques
économiques à Madagascar". Etude financée par USAID,
Cornell, INSTAT, FOFIFA. Voir également Louis Bockel, (2003),
Filière riz et pauvreté rurale à Madagascar :
Déterminants d'une stratégie de réduction de la
pauvreté rurale et politiques publiques de développement,
Thèse pour l'obtention du doctorat en Sciences Économiques,
présentée et soutenue publiquement en octobre,
Université de Metz, Faculté de droit, d'Économie et
d'Administration.
22
II-5. La pauvreté moderne
Les inégalités1 à
l'échelle mondiale n'ont cessé d'augmenter depuis la fin des
années 80. Nous assistons à une redécouverte
périodique de la pauvreté dans les pays développés
qui se manifeste par une insécurité grandissante en
matière d'emploi, une remise en cause de l'Etat providence et des
difficultés d'intégration des minorités ethniques. Le
concept de pauvreté moderne ne se réduit pas aux besoins
matériels mais, exprime en outre une frustration sociale.
D'un autre point de vue, la détention de produit de
consommation durable (voiture, ordinateur, magnétoscope) par des groupes
à faibles revenus signifie que ces groupes ne sont pas pauvres.
L'exclusion sociale2 est une situation dans
laquelle une personne n'arrive pas à atteindre les standards habituels
de la société dans laquelle elle vit et ne parvient pas à
y participer. Cela fait appel à une analyse ayant pour critère le
revenu. Cependant, dans une société post-industrielle, ceux qui
désirent participer à la vie de la communauté ont besoin
d'une éducation adaptée, et doivent également se procurer
des moyens modernes tels que la télévision, le
téléphone et l'ordinateur.
Il est quand même difficile de déterminer quels
types de biens et de services sont réellement nécessaires dans
une société moderne développée. En effet, la notion
de la pauvreté moderne existe rarement dans les pays en voie de
développement, notamment Madagascar, pour ne pas dire qu'il n'existe
pas.
SECTION III. MESURES DE LA PAUVRETÉ
Quelle que soit la définition de la pauvreté
adoptée, Madagascar fait partie des pays les plus pauvres du Monde. Il
existe plusieurs approches pour mesurer la pauvreté dans un pays, d'un
pays à l'autre et dans le temps. Il s'agit principalement de l'approche
utilitariste qui détermine la pauvreté monétaire et de
l'approche non-utilitariste sur laquelle se mesure la pauvreté
humaine.
1 F. Bourguignon, Mondialisation de
l'inégalité (30/08/2012), coédition, Seuil-La
république des idées p, 38.
2 Pierre Lunel l'évoque dans son ouvrage
« Père Pedro, prophète des bidonvilles » paru
en 2013 à Paris. Pierre Lunel, connu à Madagascar sous le nom de
Père Pedro, a été invité dans « Le grand
débat du mercredi 22 mai 2013 », à la Radio Africa
N°1, pour présenter son ouvrage intitulé : «
Père Pedro, prophète des bidonvilles ». Cette
émission est également disponible en ligne sur le site web de la
Radio France Internationale (
www.rfi.fr).
23
III-1. Mesure de la pauvreté monétaire
Dans cette première approche, l'étude se base
sur le concept de classement des préférences pour les biens. Ce
principe de classement des préférences est à la base de la
fonction d'utilité qui sert à exprimer les
préférences des consommateurs. Les utilités traduisent les
préférences sociales et permettent donc de comparer des niveaux
de pauvreté. Le bien-être serait donc fonction des dépenses
de consommation de l'individu. Selon cette perception classique de
l'utilité, un individu est pauvre, s'il ne dispose pas d'un revenu lui
permettant de satisfaire un minimum de consommation.
La principale méthode pour mesurer la pauvreté
monétaire s'appuie sur une comparaison entre les revenus des
ménages et les revenus définissant le seuil de pauvreté.
La Banque mondiale et le PNUD ont fait une classification des revenus pour
mesurer la pauvreté monétaire. Nous avons donc quatre
classifications (PNUD, 2010) :
- L'économie à revenu élevé :
tous les pays dont le revenu supérieur à 9 385 USD.
- L'économie à revenu intermédiaire
tranche supérieur : tous les pays dont le revenu est compris entre
3 035 et 9 385 USD.
- L'économie à revenu intermédiaire
tranche inferieur : tous les pays dont le revenu est compris entre 765 et
3 035 USD.
- L'économie à faible revenu : tous les
pays dont le revenu est inférieur à 765 USD. De ce fait, nous
classifions comme pauvre monétairement tous les pays dont le revenu par
tête est inférieur à 765 USD par an. En se
référant aux mesures internationales comparables de la
pauvreté, Madagascar est aujourd'hui l'un des pays les plus pauvres au
monde, parmi ceux où ces mesures ont été
effectuées. La majorité de la population, 61 %, vivent avec moins
d'un dollar par jour et 85 % avec moins de 2 USD par jour. Dans la capitale,
près de 40 % des ménages gagnent mensuellement moins de $
501.
A partir de ces composantes, sont estimées les
consommations des ménages et le seuil de pauvreté. En 2002, le
seuil de pauvreté est de 1 173 800 Fmg au prix courant (EPM, 2002), soit
179,48 USD. Pour ce dernier, l'individu devrait parvenir à satisfaire
les besoins alimentaires quotidiens de 2 133 calories2
ajoutés d'un seuil non alimentaire. C'est la détermination du
seuil à partir de l'échelle des valeurs des dépenses
moyennes annuelles courantes par tête ou des revenus.
1 Rapport n°78131-de la Banque Mondiale sur
Madagascar : « Visages de la pauvreté à Madagascar :
Evaluation de la pauvreté, du genre et de l'inégalité
», avril 2014, p. 26.
2 Jean RAZAFINDRAVONONA, Iarivony RANDRETSA, Jules
RAZAFIMANDIMBY et Tiaray RAZAFIMANANTENA, (1999), Economie de
Madagascar-Le comportement des ménages face à la
pauvreté : consommation, emploi, éducation, santé. Revue
n°4, décembre, pp. 12-15.
24
Cette approche classe la population selon, d'une part, les
plus pauvres et d'autre part, les non pauvres ou riches. Une autre approche est
basée sur la détermination du nombre de calories
nécessaires à la reproduction de la force de travail
évalué généralement à 2 133 calories par
jour et par individu. En moyenne l'individu ou le ménage dont la
consommation se situe en dessous de ce seuil est considéré comme
pauvre.
III-2. Mesures de la pauvreté humaine
Les approches non monétaires se fondent sur une analyse
des conditions de vie. Elles évaluent le degré de privation par
rapport à certains éléments de bien-être
(alimentation, logement, habillement, santé, éducation, relations
sociales, sentiment de sécurité, etc.). La mesure de la
pauvreté humaine fait par conséquent intervenir l'ensemble des
indicateurs. Un indicateur de pauvreté est un indice permettant de
mesurer le niveau de pauvreté. Parmi ces indicateurs nous pouvons citer
entre autres : Indice de Pauvreté Humaine (IPH), Indice de
Développement Humain (IDH), Indicateur Sexos-pécifique de
développement humain (ISDH) créés par le PNUD.
? L'indice de pauvreté humaine pour les pays en
développement (IPH) est une moyenne de quatre mesures relatives
à des privations subies dans trois domaines (durée de vie,
connaissances et conditions de vie)1.
L'IPH mesure les déficits sur le plan du
développement humain. Alors, si l'IDH exprime les avancées
globales, l'IPH reflète la répartition de ces avancées et
par conséquent les carences à combler qui subsistent.
Pour ce cas, le PNUD2 utilise deux sortes d'IPH
selon les pays à savoir : pour les pays en voie de développement,
nous utilisons l'IPH-1, tandis que pour les pays développés, nous
employons plutôt de l'IPH-2. Les indicateurs pris en compte pour l'IPH-1
sont les suivants :
- la probabilité à la naissance de ne pas vivre
jusqu'à l'âge de 40 ans (P1) ; - le taux d'illettrisme (P2);
1 Les documents de travail du PNUD « La
mesure de la pauvreté et de l'exclusion sociale : quels indicateurs
? Juin 2008, p. 67.
2 PNUD, Rapport sur le
développement humain 2013, « L'essor du Sud : le progrès
humain dans un monde diversifié » p. 28.
25
- le pourcentage de la population en manque de conditions de
vie (P3) décentes. La condition de vie est exprimée par les trois
sous indices suivants :
y' le pourcentage de la population qui n'a pas accès
à une source d'eau potable (P31);
y' le pourcentage de la population privée de
l'accès au service de santé (P32) ; y' le pourcentage d'enfants
de moins de cinq ans en sous poids pour leur âge (P33).
Pour calculer l'IPH-1, nous utiliserons donc ces trois
indicateurs :
IPH-1= v??13+??2 3+??33
3 avec P3= ??31+??32+??33
3
3
Pour Madagascar l'Indice de Pauvreté Humain est de
38,52 % en 2004, contre 33,99 % pour l'année 2010 (INSTAT 2011). De ce
fait, nous pouvons constater que de 2004 en 2010 le taux de pauvreté
à Madagascar n'a pas eu beaucoup de changement, c'est-à-dire
qu'il s'est réduit légèrement de 4,53 %.
? L'Indice de Développement Humain (IDH),
indicateur synthétique compris entre 0 et 1, mesure le niveau moyen
auquel se trouve un pays donné selon trois critères essentiels du
développement humain : la possibilité de vivre longtemps et en
bonne santé, la possibilité de s'instruire et la
possibilité de bénéficier de conditions de vie
décentes. Ces trois aspects sont les suivants :
- l'espérance de vie ; pour Madagascar,
l'espérance de vie est de 56,2 ans en 2008 (INSTAT, 2010), l'indicateur
d'espérance de vie est de 0,520. En effet, les valeurs minimale et
maximale d'espérance de vie ayant été fixées
respectivement à 25 et 85 ans :
Indicateur d'espérance de vie = (56,2 - 25) / (85 -
25) = 0,520.
- le niveau d'éducation ; cet indicateur
combine deux indicateurs : un indicateur d'alphabétisation des adultes
(ici 74,8 %) et un indicateur d'accès à l'enseignement (ici 74,0
%), Une pondération de 2/3 est attribuée au premier indicateur et
d'1/3 au second.
Indicateur d'éducation = 2/3 (0,748) + 1/3 (0,740) =
0,745.
- le PIB par tête Madagascar ayant un PIB par
tête de 1 450,7 dollars, cet indicateur est calculé à
partir de valeurs minimale et maximale fixées respectivement à
100 $/ tête et 40 000$ / tête. En effet, Indicateur PIB = log
(1 450,7) - log (100) / log (40.000) - log (100) =
0,446.
26
Calcul de l'IDH : il s'agit d'une moyenne simple
:
IDH = {1/3 (indicateur d'espérance de vie à
la naissance) + 1/3(indicateur
d'éducation) + 1/3 (indicateur du
PIB)}
IDH = =1/3 (0,520) +1/3 (0,745) + 1/3 (0,446).
IDH = 0,571.
Le graphique qui suit révèle l'évolution
de l'IDH de Madagascar depuis 2002 à 2008. Force est de constater que le
niveau de cet indicateur ne cessent d'augmenter depuis la première
année d'étude qui est respectivement de 0,479 à 0,571. En
général, l'évolution est croissante, à part celle
de 2005 où l'IDH est descendu à 0,460.
Graphique n°3. Évolution de l'IDH de
2002 à 2008
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar7.png)
Indice
0,610
0,590
0,570
0,550
0,530
0,510
0,490
0,470
0,450
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
0,479
L'évolution de l'IDH de Madagascar de 2002 à
2008.
Linéaire (L'évolution de l'IDH de Madagascar de
2002 à 2008.)
0,514
0,505
0,460
0,535
y = 0,0142x - 27,911
0,555
0,571
Année
Source : INSTAT Madagascar «Rapport National
sur le développement
humain2 010 » et graphique de
l'Auteur.
Quelles sont alors les causes de cette courbe de tendance
à la hausse de prévision linéaire
caractérisée par l'équation simple de y = 0,0142x -
27,911 ? Les éléments de réponse sont donnés
par l'évolution des composantes de l'IDH suivantes.
Tableau n°III. Variations des composantes de l'IDH
de 2002 à 2008
Composantes de l'IDH
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Espérance de vie
|
53,4
|
53,8
|
54,2
|
54,7
|
55,2
|
55,7
|
56,2
|
Taux de scolarisation
|
48,3
|
56,3
|
64,7
|
67,0
|
69,9
|
71,7
|
74,0
|
Taux d'alphabétisation
|
68,7
|
73,1
|
73,1
|
59,6
|
74,1
|
74,4
|
74,8
|
Revenu en $.ppa
|
810,3
|
863,1
|
823,5
|
435,0
|
951,7
|
1 225,8
|
1 450,7
|
Indicateur d'espérance de vie
|
0,473
|
0,480
|
0,487
|
0,515
|
0,503
|
0,512
|
0,520
|
Indicateur d'éducation
|
0,619
|
0,675
|
0,703
|
0,621
|
0,727
|
0,735
|
0,745
|
Indicateur de revenu
|
0,349
|
0,360
|
0,352
|
0,245
|
0,376
|
0,418
|
0,446
|
IDH
|
0,479
|
0,505
|
0,514
|
0,460
|
0,535
|
0,555
|
0,571
|
Source : INSTAT Madagascar «Rapport National
sur le développement humain2 010 ».
27
En 2008, l'augmentation de l'indicateur de revenu est plus
accentuée par rapport à l'année précédente
(0,446 en 2008 contre 0,418 en 2007). Elle est soutenue par la croissance des
indicateurs de santé et d'éducation (respectivement de 0,745 et
0,520), confortant le taux de croissance de l'IDH à 2,8% en 2008. La
scolarisation contribue à hauteur de 0,5 points, l'espérance de
vie à 0,56 point, l'alphabétisation à 0,2 point et le
revenu à 1,9 point.
? L'Indicateur Sexos-pécifique de
Développement Humain (ISDH) mesure les mêmes avancées
et se fonde sur les mêmes variables que l'IDH, mais corrige ce dernier
des disparités sociologiques entre hommes et femmes1. Ainsi,
si l'ISDH est inférieur à l'IDH, cela révèle une
inégalité entre les genres2 au détriment de la
femme. En 2008, la région d'Analamanga arrive en tête du
classement avec un ISDH de 0,626.
Ce résultat indique que cette région est
parvenue à donner aux femmes comme aux hommes la possibilité
d'accéder aux ressources essentielles à leur développement
sans créer d'importants écarts entre les sexes. Plusieurs
ouvrages (cités dans le bas de page) ont travaillé sur la
relation entre inégalité et genre tant à Madagascar qu'au
niveau international.
Tableau n°IV. Évolution des IDH, ISDH,
et IPH de Madagascar
Année
|
IPH
|
IDH
|
ISDH
|
2010
|
33,99
|
0,435
|
|
2008
|
|
0,571
|
0,569
|
2007
|
|
0,555
|
0,553
|
2006
|
|
0,535
|
0,533
|
2005
|
|
0,460
|
0,525
|
2004
|
38,52
|
0,514
|
0,513
|
2003
|
|
0,505
|
0,503
|
2002
|
|
0,479
|
0,477
|
2001
|
|
0,484
|
0,481
|
2000
|
|
0,470
|
-
|
Source : INSTAT, « Rapport National sur le
Développement Humain 2010 ».
1 P. RATOVONDRAHONA, J. R. RATSIMANDRESY, Une
approche régionale de la pauvreté à travers des analyses
des indicateurs de développement humain et de privation des
capacités (IPC), nov. 1996, p. 17.
2 I. DROY, J.-L., DUBOIS, P. RASOLOFO, N. H.
ANDRIANJAKA, (2001), Femmes et pauvreté en milieu rural : analyse
des inégalités sexuées à partir des observatoires
ruraux de Madagascar. Antananarivo. Voir également A.
VARAGNAC, (1948), Civilisation traditionnelle et genres de vie, Paris
: Albin Michel, p.40.
- DANG, A.-T., (2006), Les inégalités de genre
en économie contemporaine : un éclairage par l'approche
des "capabilités" d'Amartya Sen. Économie
Appliquée. Tome LIX, n°4, pp. 143-165.
- LACHAUD, J.-P., (1999), "Pauvreté, ménages et
genre en Afrique subsaharienne. Nouvelles dimensions analytiques",
Bordeaux, Centre d'Economie du Développement, Série
de recherche n°3, Université Montesquieu-Bordeaux IV.
- PNUD, (2003), Genre, développement humain et
pauvreté. Madagascar-RNDH, 73 p.
28
III-3. Incidence de la pauvreté et intensité
de la pauvreté
Ce sont les deux indices les plus couramment utilisés
pour décrire le phénomène de pauvreté.
L'incidence de la pauvreté donne le nombre ou le pourcentage
d'individus en dessous du seuil de pauvreté et l'intensité de
pauvreté donne le déficit à combler pour se hisser
au-dessus du seuil de pauvreté. Nous pouvons résumer ainsi les
indicateurs de pauvreté :
- santé : espérance de vie trop courte; taux de
mortalité très élevé ;
- éducation et acquisition des connaissances : taux de
scolarité; taux d'alphabétisation ;
- emploi et qualité de vie au travail : temps du trajet ;
accident mortel du travail ; - temps et loisirs : activités durant le
temps libre ;
- environnement physique : logement; espace urbain; exposition
aux polluants atmosphériques; expositions au bruit;
- capacité acquisitive en biens et services: bas revenus;
dénuement matériel.
Le graphique 2 relate l'évolution de l'incidence de la
pauvreté à Madagascar pour la période de 1993 à
2010. Notons que certaines informations ne sont pas disponibles dans cette
analyse.
Graphique n°4. Évolution de l'incidence
de la pauvreté à Madagascar
Incidence (%)
78
76,5
1993 1998 2003 2008 2013
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar8.png)
73,3
71,3
70
68,7
Année
76
74
72
70
68
Evolution de l'incidence de la pauvreté à
Madagascar de 1993 à 2010.
Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010 avec
graphique de l'Auteur.
À partir de ce graphe, nous pouvons conclure que le
nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté ont
augmenté de 70 % à 76,5 % de 1993 en 2010 ; c'est-à-dire
qu'entre ces deux dates, les ménages pauvres ont augmenté de 6 %.
Cet accroissement est visible au niveau de toutes les ex-provinces.
29
Tableau n°V. Évolution de l'incidence de
la pauvreté par faritany (ex-province)
Année
|
1993
|
1997
|
1999
|
2005
|
2010
|
Ex-Province
|
Antananarivo
|
68,0
|
66,4
|
61,7
|
57,7
|
66,8
|
Fianarantsoa
|
74,2
|
75,1
|
81,1
|
77,6
|
88,2
|
Toamasina
|
77,9
|
79,8
|
71,3
|
71,9
|
78,3
|
Mahajanga
|
53,2
|
73,8
|
76,0
|
70,2
|
71,6
|
Toliara
|
81,1
|
82,0
|
71,6
|
74,8
|
82,1
|
Antsiranana
|
60,2
|
62,3
|
72,6
|
64,2
|
68,1
|
Milieu de résidence
|
Urbain
|
50,1
|
63,2
|
52,1
|
52,0
|
54,2
|
Rural
|
74,5
|
76,0
|
76,7
|
73,5
|
82,2
|
Madagascar
|
70,0
|
73,3
|
71,3
|
68,7
|
76,5
|
Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010.
Si l'incidence de la pauvreté urbaine s'est
relativement stabilisée entre 1993 et 1999, respectivement de 50,1 % et
de 52,1 %, celle du milieu rural demeure plus élevée : 74,5 % en
1993 et 76,7 % en 1999. En 2010, près de 54,2 % de la population urbaine
consomment moins de 468 800 Ariary par individu par an. Le niveau de
consommation de la population n'a pas vraiment changé et correspond au
niveau de l'année 1993.
La qualité de vie étant subjective, le revenu et
la consommation s'avèrent insuffisants pour apprécier les aspects
économiques de la pauvreté. Ils rendent plutôt compte des
aspects objectifs du phénomène. Le graphique 3 illustre
l'évolution de l'intensité de la pauvreté à
Madagascar pour la période de 1993 à 2010. Certaines
périodes ne figurent pas dans cette analyse, faute des
données.
Graphique n°5. Évolution de
l'intensité de la pauvreté à Madagascar
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar9.png)
70
65
55
45
35
25
Année
Intensité (%) 75
30,3 33,6 32,8 34,9
1993 1998 2003 2008 2013
Evolution de l'intensité de la pauvreté à
Madagascar de 1993 à 2010.
Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010 avec
graphique de l'Auteur.
30
Le déficit à combler pour atteindre le seuil de
pauvreté a diminué de 40 % entre 1993 et 1997, et ce, grâce
à la relance économique de cette époque ; mais ce constat
se stabilise jusqu'en 2010. Nous constatons aussi que l'intensité de la
pauvreté est plus criante en milieu rural qu'en milieu urbain.
Tableau n°VI. Évolution de
l'intensité de la pauvreté par faritany
(ex-province)
Année
|
1993
|
1997
|
1999
|
2005
|
2010
|
Ex-Province
|
Antananarivo
|
27,8
|
29,1
|
26,0
|
19,4
|
24,6
|
Fianarantsoa
|
33,7
|
32,0
|
40,2
|
30,6
|
44,7
|
Toamasina
|
33,7
|
39,3
|
32,6
|
30,9
|
36,5
|
Mahajanga
|
18,6
|
29,1
|
36,5
|
26,2
|
27,9
|
Toliara
|
42,8
|
46,4
|
33,7
|
32,9
|
44,2
|
Antsiranana
|
22,0
|
23,9
|
32,0
|
25,2
|
29,0
|
Milieu de résidence
|
Urbain
|
17,5
|
29,6
|
21,4
|
19,3
|
21,3
|
Rural
|
33,1
|
34,7
|
36,1
|
28,9
|
38,3
|
Madagascar
|
70,0
|
30,3
|
33,6
|
32,8
|
34,9
|
Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010, Le seuil de
pauvreté est de 468 800 Ar (71,68$ USD) par personne par an qui a
été calculé en 2001 et mis à jour par le changement
des prix entre 2001 et 2010.
En ce qui concerne l'intensité de la pauvreté en
2010, elle est de 35 % au niveau national. Cela veut dire qu'en moyenne, si
nous ramenons la consommation des non pauvres au niveau du seuil de
pauvreté, alors la population aurait une consommation moyenne
inférieure à 35 % du seuil de pauvreté.
En d'autres termes, il faudrait une hausse moyenne des
consommations de 35 % pour qu'il n'y ait plus de pauvres. Cette hausse est de
21 % en milieu urbain, contre 38 % en milieu rural. En regroupant les
ménages par milieu de résidence, nous obtenons le même
constat que celui de la variation des ratios de pauvreté dont la hausse
est plus importante en milieu rural.
31
CHAPITRE II. IMPORTANCE DU RÔLE DE L'ETAT DANS
LA
RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ
Le rôle de l'Etat dans l'économie est au centre
de la plupart des débats contemporains. Depuis la fin du XIXe
siècle, la place de l'Etat dans l'économie des pays
développés s'est considérablement accrue. De ce fait,
nombreux sont les économistes qui s'interrogent sur l'importance de
l'Etat dans l'économie.
Dans ce chapitre, il sera essentiellement question d'analyser
les fondements théoriques de l'intervention de l'Etat dans
l'économie. Les expériences des pouvoirs publics dans le
processus de réduction de la pauvreté à Madagascar et
aussi dans les pays nouvellement industrialisés, y seront
développées, et ce, afin de connaître l'interaction entre
Etat et lutte contre la pauvreté.
SECTION I. FONDEMENTS THÉORIQUES DE
L'INTERVENTION DE L'ETAT
DANS L'ÉCONOMIE
Tous les économistes ne raisonnent pas de la même
façon sur ce qui est souhaitable en matière d'intervention de
l'Etat. À ce propos, ils sont divisés en deux blocs, d'un
côté les libéraux qui soutiennent l'Etat minimal et de
l'autre les interventionnistes. L'intervention de l'Etat dans la vie
économique est donc l'un des sujets qui font couler beaucoup d'encre,
entre détracteurs, qui arguent qu'une telle intervention fausse le libre
jeu de la concurrence et déstabilise les mécanismes du
marché et les protecteurs, qui font de l'intervention Etatique une
nécessité pour venir à bout des insuffisances de
l'allocation marchande et sa vulnérabilité dans certaines
situations.
Dans ce qui va suivre, nous allons mettre en relief, la
définition du concept, en précisant la justification
théorique de son intervention, afin d'analyser son rôle.
I-1. Définition et justification théorique de
l'intervention de l'Etat dans l'économie
Dans la conception juridique, l'Etat désigne la
personne morale du droit public qui, sur le plan juridique, représente
une collectivité, un peuple ou une nation, à l'intérieur
ou à l'extérieur d'un territoire déterminé sur
lequel il exerce le pouvoir suprême, la
souveraineté1.
1
https://www.google.mg/search?q=DEFINITION+DE+L%27ETAT&ie=utf-8&oe=utf
vu le 08/08/14 à 15.
32
I-1-1. Etymologie et définition de l'Etat.
Etymologiquement, le mot « Etat » vient du latin
« status », qui signifie la forme du gouvernement, ou bien
du régime. Dans la conception économique, l'Etat est
défini comme l'ensemble des administrations publiques centrales et
locales ainsi que des organismes de sécurité sociale (tout
organisme qui a une certaine autorité pour agir au nom d'une
collectivité)1.
L'Etat est donc la forme la plus élaborée de la
vie commune d'une société humaine. Il exerce son pouvoir par le
biais du gouvernement. L'Etat dispose d'un certain nombre de monopoles comme
l'utilisation légitimée de la contrainte physique (pour faire
respecter la loi), la collecte des impôts. Par extension, l'Etat
désigne l'ensemble des institutions et des services qui permettent de
gouverner et d'administrer un pays: ministères, directions,
préfectures, délégations, administrations
déconcentrées ou décentralisées. Au sens large,
l'Etat peut être considéré comme l'institution qui a le
monopole de force armée et qui a la faculté de
légiférer. Cette institution a des pouvoirs qui s'exercent dans
les limites d'un territoire (souveraineté) et la population de ce
dernier correspond le plus souvent à une nation.
I-1-2. Justification théorique de l'intervention de
l'Etat
Bien que le débat sur le rôle de l'État ne
soit pas encore épuisé, le constat est que l'Etat intervient
très souvent dans la vie économique et sociale, ceci avec pour
objectif d'assurer l'efficacité et la stabilité.
Les économistes néoclassiques (fin du
XIXe siècle) raisonnent avec l'idée que les individus
agissent rationnellement en recherchant le meilleur de leur
intérêt. La contestation de l'intervention de l'Etat a vu ses
prémices avec les apports de certains auteurs tels que : Adams Smith
(1776), Thomas Malthus (1798), Jean Baptiste Say (1803), J. Stuart Mill (1869)
et David Ricardo (1817). Selon ces derniers, l'intervention de l'Etat
empêche l'allocation optimale des ressources et l'intervention de l'Etat
est justifiée seulement dans le domaine où le secteur
privé fait défaut. Pour ces économistes, dont F. Von Hayek
(1990), l'Etat doit intervenir le moins possible dans le fonctionnement des
marchés pour les laisser fonctionner de manière efficace : ils
reconnaissent néanmoins certaines défaillances du
marché.
1 Angelina VAVISOA, Cours d'Economie
Financière en 4emAnnée économie 2012-2013,
Université de Toamasina.
33
Pour la conception de l'école du « public
choice », l'Etat doit intervenir quand le bien est de par sa nature
indivisible (la défense nationale, la radio, la
télévision...) et que son utilisation par une personne de plus
engendre un coût nul. L'indivisibilité engendre une
véritable rationalité de la prise en charge collective.
L'existence d'effets externes est une deuxième cause
d'intervention publique car en créant par exemple une route
entraîne automatiquement des effets externes : pour les uns cela peut
être négatif (bruit de l'autoroute...) et positif pour d'autres
(transport moins cher pour les entreprises près de la route).
Individuellement, il est donc difficile de se mettre d'accord
pour financer des biens qui apportent une utilité difficilement
quantifiable pour les uns et les autres. Selon Musgrave (1959), l'intervention
de l'Etat dans l'économie consiste en l'utilisation de la politique
budgétaire comme instrument de la politique économique et
sociale. Au cours des années 1930, l'opinion publique et la classe
politique se sont progressivement ralliées à cette conception.
Les théories développées par John Maynard
Keynes1 définissent la première justification de
l'intervention de l'Etat. Celui-ci passe par les différents canaux des
finances publiques :
? augmentation des dépenses publiques et extension de
leurs domaines d'intervention (exemples : sécurité sociale,
assurance chômage) ;
? rôle redistributif et incitatif de la politique
fiscale (exemple : impôts progressifs) ;
? intervention directe de l'Etat dans l'économie, par
la détention d'entreprises, la mise en place de monopoles publics et la
planification indicative ;
? conséquences favorables du déficit et de
l'emprunt public sur la croissance économique et le système
financier : en période de crise, une hausse des dépenses
publiques, même non financées par les ressources courantes, permet
de soutenir le pouvoir d'achat des consommateurs et la demande s'adressant aux
entreprises.
1 J.-M. KEYNES (1936), Théorie
générale de l'emploi, de l'intérêt et de la
monnaie. Paris, Edition Payot, 1942.
34
Après la Seconde Guerre Mondiale, l'intervention de
l'Etat dans l'économie augmente sensiblement, notamment par son
financement (nationalisations, grands projets industriels). L'Etat s'attache
à reconstruire le pays, puis à contrôler le rythme de la
croissance économique. Il cherche aussi à résoudre la
crise des années 1970 et à développer une couverture
sociale et un équilibre budgétaire.
D'autres économistes ont construit, à la suite
de J.-M Keynes (1936), un modèle explicatif sur le fait que les
marchés ne fonctionnent pas toujours efficacement et que l'Etat doit
davantage intervenir, à la fois pour réguler le fonctionnement
des marchés et relancer les investissements des entreprises. Confirmant
cette théorie Wagner (1934) annonce une loi de l'intervention publique :
plus la société se développe, plus l'Etat se doit
d'intervenir dans l'économie, autrement dit d'organiser des
dépenses publiques pour l'accroissement économique
national.
L'Etat est donc conduit à intervenir et à
dépenser davantage. Pour Stiglitz (1993), l'intervention de l'Etat se
justifie par la mise en place d'un cadre au sein duquel les entreprises
pourront se livrer à une concurrence loyale, ceux pour qui l'Etat doit
stimuler l'activité économique en agissant sur ses composantes
(création d'emploi public, baisse des taux d'intérêt,
investissements publics).
En matière de développement économique,
la théorie économique, comme nous avons pu le constater sur les
décennies 1990-2000 a été dominée par les partisans
de l'interventionnisme qui sont dominés par le concept d'Etat
développeur (cas notamment de la chine en 1990). En ce sens où
l'Etat joue un rôle important dans la production des biens et services.
L'Etat a une influence considérable sur l'orientation de
l'activité économique et sociale. Au niveau de la formation, de
la santé, de la protection sociale des populations, l'Etat joue un
rôle prépondérant. Nous nous situons dans un système
de planification indicative ou dirigiste qui constitue des moyens pour les
gouvernements de pallier aux insuffisances du marché et d'orienter
l'économie vers des objectifs précis.
Cependant, dans les PED, les théoriciens vont encore
plus loin en stipulant que l'Etat est le seul acteur susceptible d'agir pour
l'intérêt général tandis que le secteur privé
n'a pour unique objectif que la maximisation du profit. Par conséquent,
il ne peut agir dans l'intérêt général d'où
sa marginalisation dans le processus de développement. De fait, l'Etat
devient l'unique entrepreneur susceptible de parvenir au développement
des PED. Avec pour mission d'être les canaux de développement via
les entreprises publiques.
35
En somme, depuis fort longtemps, l'intervention de l'Etat est
justifiée seulement à en ce qui concerne la défense, la
justice et l'ordre interne, d'où la notion de l'Etat gendarme
ou Etat protecteur. Cependant après la crise de 1929, ce
rôle circonscrit a été remis en cause et nous assistons
à une intervention de plus en plus accrue, d'abord dans le domaine
économique, puis dans le domaine social notamment avec l'apparition du
système de sécurité sociale. Cette reconnaissance du
rôle de l'Etat s'est renforcée d'autant plus que les
mécanismes du marché étaient incapables devant plusieurs
situations telles que : la production des biens collectifs (ou bien publics),
la redistribution et l'élimination des externalités
négatives.
I-2. Rôles économiques de l'Etat
Le rôle de l'Etat dans l'économie a toujours fait
l'objet des débats entre les courants de pensées. Les
libéraux pensent que les interventions de l'Etat sont nuisibles (le
marché est autorégulateur). Les keynésiens pensent que ses
interventions sont parfois souhaitables.
Afin de faire face aux défaillances du marché,
les Etats ont dû organiser leurs interventions au niveau du
système économique. Les budgets publics constituent l'un des
moyens les plus efficaces pour orienter l'activité économique
dans le sens de l'intérêt collectif (améliorer le
réseau routier, soutenir la consommation par la relance
économique, etc.)1. Les Finances Publiques s'occupent du
volet financier de l'action de l'Etat. En fait, « elles sont un point
de passage obligé de presque toute politique économique et
sociale ».2
Dans la théorie des finances publiques, Richard
Musgrave synthétise les apports de ses prédécesseurs et
proposes une typologie des trois fonctions principales de l'Etat : fonction de
stabilisation de l'économie, fonction d'allocation ou d'affectation des
ressources et fonction de redistribution.
I-2-1. Fonction d'allocation ou d'affectation des
ressources
Par l'allocation des ressources, l'Etat facilite le jeu du
marché (concurrence), modifie les règles du jeu lorsque celles du
marché ne s'appliquent pas; il remplace l'entreprise lorsque le
marché ne peut exister, c'est-à-dire pour la satisfaction des
besoins collectifs. La fonction d'affectation des ressources consiste donc
à rétablir un usage optimal des ressources à chaque fois
que le jeu du marché s'écarte de l'optimum.
1 J. Yves CAPUL & Olivier Garnier, (2008),
Dictionnaire économique et sociales, éd. Hater, Paris,
p. 27.
2 Paul LOWENTHAL, Economie et Finances
Publiques, éd. 2ème, Bruxelles, de Boek, 1996, p.
13.
36
En dehors des missions régaliennes
(sécurité des populations) de l'Etat (justice, police,
défense nationale), la fonction d'affectation des ressources prend
également en compte le financement des biens collectifs comme
l'éducation et la santé publique. Il s'agit essentiellement de
remédier à des défaillances de marchés.
I-2-2. Fonction de redistribution ou fonction de
répartition
L'intervention de l'Etat dans la répartition de revenu
et des richesses répond aux raisons d'équité et de justice
sociale. Les pouvoirs publics viennent s'ajouter à la répartition
primaire des revenus sous forme d'une répartition secondaire (ou
redistribution) plus favorable à l'activité économique et
porteuse d'une stratégie de réduction des
inégalités.
La raison en est que l'économie de marché
génère par nature des inégalités de revenu, la
redistribution partage les ressources et les revenus dans une optique de
réduction des inégalités (Amartya Sen, 2012, dans son
ouvrage qui s'intitule : Repenser l'inégalité). L'Etat
s'efforce d'obtenir une plus grande justice sociale (John Rawls, 1971, dans son
oeuvre intitulée : Justice sociale).
Pour ce faire, l'Etat utilise des prélèvements
et des transferts. Cela permet d'assurer le bon fonctionnement de
l'Etat-providence et d'instaurer une démocratie économique en
permettant au plus grand nombre l'accès aux biens essentiels afin
d'éviter l'exclusion sociale1, en prélevant
des impôts et en les redistribuant sous formes de revenus sociaux :
revenu de solidarité active (RSA), allocations chômage,
allocations familiales dans le but de réduire les
inégalités de revenus et lutter contre la pauvreté.
I-2-3. Fonction de régulation ou fonction de
stabilisation
Dans le domaine économique, la régulation
désigne l'ensemble des mécanismes et des moyens d'action dont
dispose un Etat ou une instance internationale ayant pour objectif, soit la
stabilité de l'économie dans sa globalité (ce sont les
moyens utilisés par les politiques économiques), soit le maintien
de l'équilibre d'un marché de biens ou de services
(régulation sectorielle)2.
1 Pierre LUNEL ou Père Pedro (2013), op.
cit.
2 Mubake MUMEME, Notes du cours d'Economie
Financière, L 2. Sciences Economiques et de gestion,
4ème édition, FASEG, UNIKIN, 2007, p. 29.
37
La régulation peut être obtenue par la
réglementation, c'est-à-dire un ensemble de lois, de
prescriptions, de règles, régissant une activité sociale.
La réglementation peut avoir pour but la régulation, mais peut
aussi avoir plusieurs autres buts. De même, la régulation peut se
faire à travers des règlements, mais peut aussi se faire par
d'autres façons.
L'Etat lutte contre les déséquilibres
économiques comme le chômage, en stabilisant l'activité
économique. En effet, augmenter certains revenus de transfert en
période de crise permet de maintenir la croissance économique et
de permettre aux ménages à faibles revenus de consommer.
Par la fonction de stabilisation, l'Etat intervient pour
assurer le plein-emploi, la stabilité de prix grâce à la
promotion et à l'expansion de la demande et le maintien de
l'équilibre extérieur en vue d'une croissance
équilibrée et continue du bien-être (conception
keynésienne).
Face aux limites du marché comme mode de
régulation, l'Etat intervient par des politiques économiques.
Leur objectif est d'atteindre le taux de croissance le plus élevé
possible tout en s'efforçant de respecter les grands équilibres
de plein emploi, la stabilité des prix (le moins d'inflation possible),
et l'équilibre des échanges avec l'extérieur. Au fait,
l'intervention pourra être expliquée par le carré magique
de Nicolas Kaldor.
? Le carré magique de Nicolas Kaldor
(1939)
Pour les économistes, les principaux objectifs de la
politique économique sont liés au « carré magique
» de N. Kaldor (1939). Ce principe repose sur quatre indicateurs :
- la croissance économique, qui est mesurée par
le taux de croissance du PIB. Dans ce domaine, l'objectif de l'Etat est de
favoriser une croissance élevée et inscrite dans la
durée.
- le plein emploi évalué par le taux de
chômage. L'Etat va aider, directement ou indirectement, à
créer des emplois.
- la stabilité des prix, traduite par le taux
d'inflation. Il s'agit pour l'Etat de garantir le maintien du pouvoir d'achat
des agents économiques en luttant contre l'inflation qui
l'érode.
- l'équilibre des comptes extérieurs,
indiqué par le solde de la balance de paiement.
38
Figure n°1. Le carré magique de Nicolas
Kaldor
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar10.png)
Source : Césaire MBIMA, Cours de croissance
et fluctuations économiques
de la 3ème année
d'Economie, 2011-2012, Université de Toamasina.
Les quatre objectifs du carré magique de Nicolas Kaldor
sont loin d'être atteints à Madagascar. La croissance
économique reste toujours sur le « fil du rasoir » (Harrod,
1948), à cause de la faible performance économique et de
l'instabilité politique. Par exemple, en termes de commerce
international, le solde de la balance commerciale est constamment
déficitaire. Il y a plus d'importations que d'exportations. Les produits
asiatiques pénètrent en masse sur le territoire malgache et
inondent quasiment tous les secteurs commerciaux.
Le passage qui suit est un extrait des travaux de
Raveloson1 (2014). Il a dit qu'au niveau de l'emploi, le pays compte
beaucoup de des chômeurs. Les universités et les grandes
écoles privées de Madagascar deviennent des centres de formations
des « chômeurs luxes, hautement diplômés ». Les
statistiques relatives au taux de chômage de Madagascar et fournies
annuellement par l'INSTAT ne sont pas réellement fiables et ne
reflètent en aucun cas la réalité sur le terrain.
Madagascar se trouve à 3,8 % du taux de chômage, alors que le pays
abrite en fait une « armée de chômeurs » ! A ce
chiffre-là, notre pays serait quasiment en situation de plein emploi car
dans la vie, il y a toujours des personnes qui ne veulent pas travailler.
1 Eddy Christiano RAVELOSON (2014), «
Politiques économique et publique : effets sur la croissance
économique, cas de Madagascar depuis 1980 », Mémoire de
Maîtrise ès-sciences économiques, Université de
Toamasina, septembre, notamment à la page 32.
39
La situation inflationniste à Madagascar avec un taux
de 9,5 % en 2011, n'est pas une bonne chose pour l'économie, notamment
pour les ménages consommateurs. La crise politique depuis 2009 n'a fait
qu'augmenter l'indice des prix à la consommation. En somme, dans la
réalité des politiques publiques, les trois fonctions
(affectation, redistribution, régulation) sont le plus souvent
confondues. Nous allons donc synthétisé ces trois fonctions par
le schéma suivant.
Figure n°2. La synthèse des rôles
de l'Etat
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar11.png)
Inégalités inefficaces
REDISTRIBUTION
nécessitent
Existence d'inégalités
Inégalités injustes
nécessitent
nécessitent
Défaillance du marché
ALLOCATION DES RESSOURCES
INTERVENTION
DES POUVOIRS
PUBLICS
Déséquilibres
Inflation
extérieurs
nécessitent
DESEQUILIBRE
MACROECONOMIQUE
STABILISATION
Chômage
Information
imparfaite
|
|
|
|
|
|
|
Présence d'externalité
|
|
|
|
|
|
Concurrence imparfaite
|
Existence de biens publics purs
|
Source : Auteur, septembre 2014.
40
SECTION II. EXPÉRIENCES VECUES À
MADAGASCAR ET DANS LES
NOUVEAUX PAYS INDUSTRIALISÉS
Au cours de ces dix dernières années, un certain
nombre d'actions et de mesures visant à limiter les effets de la
dégradation de la situation économique et sociale, ont
été mises en oeuvre par les Gouvernements avec l'appui de ses
partenaires au développement.
Dans cette seconde section, nous tenons à expliquer
l'expérience de l'intervention publique à Madagascar et dans les
pays nouvellement industrialisés.
II-1. Expérience vécue à
Madagascar
Les contributions directes de l'Etat à l'endroit des
couches vulnérables se manifestent depuis l'indépendance. Le
développement n'étant pas exclusif à la croissance voire
à la pauvreté, les engagements sectoriels et catégoriels
ont un impact certain sur la réduction de la pauvreté.
En effet, en appuyant par exemple les institutions
financières, le milieu rural, le secteur de l'enseignement, et de la
santé, l'Etat renforce et augmente leur capacité de gestion de la
réduction de la pauvreté. Le volume des aides ou des
interventions accordées par celui-ci permettra aux ménages
bénéficiaires de se développer.
Ainsi, toute action de développement agit sur la
pauvreté. Madagascar a été un champ d'application de
différents programmes de développement durant la période
post coloniale, le début des années 80 et même
actuellement.
II-1-1. Pendant la période poste coloniale
Durant la première période, des programmes
d'inspiration marxiste ont été effectués. Avec un
renouveau des controverses doctrinales après les années 60 ; les
pays socialistes comme Madagascar sont entrés dans une économie
sociale avec la planification considérée comme un remède
pour le développement des pays sous-développés et
destinés à lutter contre la pauvreté. Ceux-ci sont
basés sur la satisfaction des besoins1 essentiels des
communautés. Pour y arriver, l'Etat prend différentes initiatives
politiques :
1 Abraham H. MASLOW, (1954), motivation and
personality (Motivation et personnalité); New-York, Harper
& amp; Brothers, ~- In-8.
41
- La nationalisation durant la période
postcoloniale, c'est-à-dire toutes les sociétés
d'Etat donc ont été nationalisées.
- L'Etat a instauré un contrôle direct des prix
surtout les prix des produits de première nécessité. Il a
également mis en place des caisses de stabilisation et les prix minimum
aux producteurs. L'équilibre macroéconomique est assuré
par l'Etat : équilibre du budget, inflation maîtrisée,
contingentement des importations pour éviter une balance commerciale
déficitaire.
- L'investissement à outrance.
Comme beaucoup de PED, Madagascar a investi dans l'industrie
pour stimuler la croissance de la demande de produits, afin d'étendre
leurs capacités de production. Ils y sont encouragés par des taux
d'intérêts réels très faibles, voire
négatifs, pendant cette période à cause de l'abondance des
pétrodollars à recycler et la faible demande de crédit
dans les régions riches.
II-1-2. Pendant la période libérale
Pendant les années 80, le cadre de définition et
de mise en oeuvre des politiques de développement a été
profondément marqué par la transition entre les stratégies
d'ajustement structurel, caractéristiques des années 1980 et
1990, et les stratégies de réduction de la pauvreté, dont
l'élaboration date du début des années 2000.
Dans le cas de Madagascar, les politiques de
libéralisation ont principalement touché le commerce
extérieur et le secteur des services. D'après les données
des Enquêtes périodiques auprès des ménages
réalisées en 1997, 1999 et 2002, l'épisode de croissance
enregistré par Madagascar sur la période 1997-2001 a
contribué à réduire la pauvreté. En effet
diminution de la part de la population pauvre a été
modérée, cette dernière passant de 73,3 % en 1997 à
69,6 % en 2001.
En outre, la répartition des fruits de la croissance a
surtout profité aux urbains, au détriment des ruraux, si bien que
l'incidence de la pauvreté en milieu rural est restée
inchangée, à 77 %.
La pauvreté a en fait essentiellement diminué
pour les individus travaillant dans le secteur manufacturier (de 54,3 %
à 42 %) ou dans les services (de 44 % à 36,5 %), tandis qu'elle
s'est maintenue pour les agriculteurs.
42
II-1-3. Expérience vécue durant les dix
dernières années
Entre 2002 et 2010, les répercussions
économiques et sociales des crises politiques de 2002 et de 2009 ont
été extrêmement lourdes au niveau national. Une forte
hausse du ratio de pauvreté entre 2001 et 2002, puis une baisse
importante entre 2002 et 2005, une nouvelle forte hausse entre 2005 et 2010,
et, finalement, une légère baisse entre 2010 et 2012. Les
ménages pauvres ont pu bénéficier en partie des fruits de
la croissance soutenue du PIB réel, entre 2002 et 2008.
Tableau n°VII. Évolution récente
des indicateurs macroéconomiques de Madagascar
Agrégats
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Variation du PIB en%
|
4,8
|
6,0
|
-12,7
|
9,8
|
5,3
|
4,6
|
5,0
|
6,2
|
7,1
|
-3,7
|
Variation du PIB en% Afrique subsaharienne)
|
3,6
|
4,9
|
7,2
|
4,9
|
7,1
|
6,2
|
6,4
|
7,2
|
5,6
|
2,8
|
Taux de croissance par secteur
|
Primaire
|
1,0
|
4,0
|
-1,3
|
1,3
|
3,1
|
2,5
|
2,2
|
2,2
|
3,1
|
8,5
|
Secondaire
|
6,1
|
4,8
|
-18,6
|
9,4
|
4,0
|
3,0
|
3,5
|
9,8
|
8,8
|
-7,4
|
Tertiaire
|
5,0
|
6,1
|
-15,0
|
10,6
|
6,0
|
6,1
|
7,4
|
7,8
|
9,0
|
-7,1
|
PIB par tête (en U.S. dollars)
|
261,1
|
307,8
|
280,2
|
339,3
|
266,1
|
295,2
|
309,2
|
398,1
|
471,3
|
478
|
Indice des prix à la consommation (moyenne annuelle) en
%
|
10,6
|
7,4
|
16,5
|
-1,7
|
14,0
|
18,4
|
10,8
|
10,3
|
9,2
|
9,0
|
Source : Institut National de la Statistique (site
web) et FMI, 2010.
Le taux de croissance économique nominal ou en termes
réels se situe en deçà du niveau requis pour
entraîner une réduction de la pauvreté. Cette situation
peut être caractérisée comme une économie en
état de stagnation de longue durée. L'économie malgache
est essentiellement agricole. Le secteur primaire (agriculture, pêche,
etc.) représente 30,2 % du PIB, soit plus de 60 % des revenus
d'exportation en 2008.
Le solde des comptes courants reste structurellement
négatif avec un déficit de 14,5 % du PIB en 2007 (hors dons),
attendu à 23,8 % en 2008. Toutefois, le financement de l'Etat est plus
vertueux que les années précédentes grâce à
un net accroissement de l'investissement direct étranger (IDE) depuis
2005. D'autre part, l'afflux de capitaux liés aux projets miniers plus
de quatre Millions de dollars dans l'investissement cumulés sur la
période 2005-2009 dont un Million de flux entrant en 2007,
entraîne un déséquilibre d'environ 50 millions par mois sur
le marché interbancaire des devises, dont le volume quotidien est
habituellement compris entre 5 et 10 millions d'Euros.
43
Les tensions qui pèsent ainsi sur la monnaie locale ont
conduit à un renforcement tendanciel de l'Ariary face à l'Euro,
l'Etat a donc eu des difficultés pour intervenir dans la stabilisation
du taux de change par l'intermédiaire de la Banque Centrale. Enfin,
l'Etat Malgache n'est pas parvenu à réduire le nombre de
personnes vivant dans la pauvreté et l'extrême pauvreté
entre 2001 et 2011, mais le pays devrait profiter de cet environnement propice
pour relancer sa croissance en 2014, prévue à 3 %. Ce taux reste
cependant trop faible pour avoir un impact sur le plan de la réduction
de la pauvreté.
II-2. Expériences vécues dans les pays
nouvellement développés
Les pays de l'Asie de l'Est tiennent une place spéciale
dans l'économie mondiale en matière de développement
économique dans la mesure où leurs économies se sont
rapidement développées et qu'ils ont pu soutenir à long
terme un très fort taux de croissance économique avec une
distribution plus égalitaire de revenu. Une situation inhabituelle que
la Banque Mondiale n'hésite pas de qualifier de « miracle asiatique
». Nous prendrons ici le cas de la Corée.
II-2-1. Politiques de lutte contre la pauvreté au
Corée
Pour réduire la pauvreté, l'Etat coréen
avait axé sa politique sur une distribution initiale de revenu plus
équitable.
Graphique n°6. La distribution du revenu par
niveau de développement et par région en 1976
1976
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar13.png)
44
Comme bon nombre d'observateurs l'assurent, et aussi comme le
graphique ci-dessous le montre, la Corée avait exceptionnellement un
faible niveau d'inégalité pour un pays à bas revenu avant
son décollage économique ou « take off1 ».
Cette situation a été le résultat des réformes de
l'après-guerre notamment des réformes agraires.
En effet, à la libération, 75,5 % de la
population active vivait dans le monde rural où un petit nombre de
propriétaires possédait la majorité des terrains
agricoles, rendant plus de 80 % des ménages ruraux liés au
système de métayage dont les taux de rente variaient entre 50 %
et 90 % de la récolte annuelle (Looney, 1975). A cause de cette
situation d'inégalité sociale très marquée des
troubles politiques graves étaient à craindre.
Le premier gouvernement indépendant de 1945, par l'acte
d'amendement des réformes agraires, procédait à la seconde
étape des réformes (Jeon and Kim, 2000). En
référence à cette loi, le gouvernement achète
toutes les surfaces cultivées au-delà de 3 ha à leurs
propriétaires, avec des bons de trésor où sont
indiqués la période des compensations (souvent cinq ans) et les
prix de la terre en pourcentage de la récolte annuelle. Puis, la terre
est vendue aux paysans au prix équivalent à 1,5 fois de sa
récolte annuelle, payable au bout de quatre ans.
En plus, diverses politiques accompagnatives ont
été instaurées, telles que les programmes de soutien aux
prix des produits agricoles, les programmes de marketing, le contrôle de
la distribution des engrais, l'accessibilité au crédit par
l'intermédiaire des coopératives rurales, le règlement des
prêts à taux usuraire dans le milieu rural ont aussi exercé
un effet égalisateur (LOONEY, 1975). C'est la quatrième voie de
redistribution du revenu.
Enfin, l'appropriation par les gouvernements des
activées industrielles abandonnées par le japonais (soit 90 % du
total) pendant plus de 10 ans, la guerre de Corée causant des
dégâts et des pertes énormes qui ont touché surtout
le plus riche. L'important processus de formation entreprit après la
libération, avec une opportunité d'éducation ouverte
à tous, ont eu aussi à différents degrés des
impacts positifs sur la distribution du revenu (Choo, 1980).
1 Walt Whitman Rostow, dans son ouvrage "Les
étapes de la croissance économique", publié en 1960,
a tenté de "dégager les caractéristiques uniformes de la
modernisation des sociétés". Selon cet auteur, les
sociétés parcourent au cours de leur développement cinq
différentes étapes : la société traditionnelle, les
conditions préalables au décollage, le décollage (take
off), le progrès vers la maturité et l'ère de la
consommation de masse.
45
Tableau n°VIII. Total de recettes et la
distribution (unité=1000suk)
Recettes en riz
|
Recettes en liquide
|
Recettes en garantie foncière
|
Total
|
Compensation des propriétaires
|
Investissement agricoles administratifs
|
Reste
|
9022
(77,9%)
|
2291
(19,8%)
|
165
(1,4%)
|
11578
|
3048
(26,3%)
|
1680
(14,5%)
|
6850
(59,2%)
|
Source : A partir des statistiques de Jeon et Kim
(2000) /Suk=180,4 won.
Lors de paiement en liquide, l'Etat a appliqué des prix
réglementés beaucoup plus bas que les prix du marché. Avec
les investissements agricoles réalisés pour la mise en valeur des
terres arables, ceux-là constituent la troisième voie de
redistribution du revenu. Il est à remarquer qu'une telle situation a
laissé aux anciens propriétaires et aux métayers une marge
de manoeuvre certaine leur permettant de conclure des contrats de vente dont
les termes ont été plus avantageux pour les deux parties. Ainsi,
les cessions volontiers de terre ont représenté à peu
près la moitié du total des terres redistribuées (Mason et
al., 1980).
II-2-2. Effets de la distribution initiale équitable
de revenu
La bonne redistribution de revenu entraîne chez les
ménages plus défavorisés une meilleure allocation des
ressources et augmente le revenu par tête. Ce dernier incite les
ménages dans l'investissement en capital humain.
Au moment de son décollage économique, la
Corée se distingue par son niveau exceptionnel de capital humain,
relativement à son faible PNB par capital. Une telle situation a
sûrement joué un rôle déterminant dans le
développement économique de pays.
Ce niveau élevé de capital humain de la
Corée prend son origine dans l'expansion de l'éducation qui date
de l'époque coloniale japonaise utilisât l'éducation
essentiellement comme moyen de socialisation politique. Elle a
été aussi développée pour faire face aux besoins
d'une agriculture moderne et de l'industrialisation.
Pour commencer, 306 écoles primaires, relativement de
haut niveau et gratuites, ont été créées en 1911 et
l'administration coloniale a interdit l'enseignement privé en 1919
(Mason et al., 1980). En 1937, nous dénombrions 2 600
écoles primaires pour 2 493 communes (Mason et al., 1980).
46
Comme l'éducation primaire est devenue et obligatoire
dans les dernières années de l'époque coloniale, à
peu près 50 % des enfants en âge de scolarisation recevait une
éducation primaire en 1944. Une situation beaucoup plus favorable que
ceux des autres pays colonisés (Adelman and Robison, 1978).
Il importe aussi de noter que le taux d'alphabétisation
était déjà de 22 % en 1944 (McGinn et al., 1980),
et le nombre des étudiants inscrits dans les universités pour la
même année est de 83 514 (Mason et al., 1980). De plus,
ces universités étaient équipées d'infrastructures
modernes, ce qui a permis leur développement rapide après la
libération.
Dans le cadre de la promotion d'une agriculture moderne, le
japonais avaient établi beaucoup d'écoles rurales qui
enseignaient les techniques les plus avancées de production et
d'évaluation, offraient des moyens de production plus modernes, des
semences, des oeufs et des poussins sélectionnés (McGinn et
al., 1980). L'utilisation des techniques modernes et leurs promotions
ont joué un rôle important dans le développement de
l'agriculture en Corée.
Une telle situation fait dire qu'aucun pays, ni en Asie, ni en
Afrique ne peut être égal à la Corée en terme
d'avantages de la colonisation. Les conséquences directes de toute cette
action ont d'abord été l'accroissement des effectifs dans
l'éducation primaire de 1,3 millions en 1945 (soit 93 % du total des
inscrits dans le système scolaire) à 2,3 millions en 1948 (McGinn
et al., 980). Les chiffres sont respectivement de 114 000 ; 90 000 et
19 000 pour les éducations secondaires, professionnelles et
universitaires.
Grâce à la création de 15 000
écoles publiques depuis 1946 afin d'offrir une éducation de base
aux adultes et aux enfants qui ne pouvaient pas aller à l'école,
le taux d'alphabétisation a plus que doublé en moins de trois ans
pour atteindre 59 % en 1948 (McGinn et al., 1980).
En 1949, 34 000 élèves étaient inscrits
dans des écoles publiques offrant une éducation secondaire. Les
contributions financières faites par les Américains ont
consisté essentiellement en la prise en charge à 100 % des
coûts d'imprimerie des 15 millions de manuels, des taux tirés de
frais de fonctionnement des écoles primaires et à une substance
à peu près deux dollars par élève chaque
année (McGinn et al., 1980).
47
Tableau n°IX. Accroissement des inscriptions
scolaires au Corée depuis 1945
En type d'écoles
|
1945
|
1952
|
1955
|
1960
|
1965
|
1970
|
1975
|
Élémentaires
|
1 366 024
|
2 369 861
|
2 947 436
|
3 622 345
|
4 941 345
|
5 749 301
|
5 599 074
|
|
(100)
|
(173)
|
(216)
|
(265)
|
(362)
|
(421
|
(410)
|
Secondaire de base
|
|
291 648
|
475 342
|
528 614
|
751 341
|
1318 808
|
2 066 823
|
|
|
(100)
|
(164)
|
(181)
|
(258)
|
(452)
|
(709)
|
Secondaire 2ème
|
50 343
|
59 421
|
141 702
|
164 492
|
254 095
|
305 367
|
648 149
|
cycle
|
(100)
|
(118)
|
(281)
|
(327)
|
(505)
|
(626)
|
(1 287)
|
Lycée
|
33 171
|
74 463
|
118 911
|
99 071
|
172 436
|
275 015
|
474 868
|
Professionnel
|
(100)
|
(224)
|
(358)
|
(299)
|
(520)
|
(829)
|
(1432)
|
Enseignement
|
7 819
|
34 089
|
80 391
|
101 045
|
141 626
|
193 591
|
296 640
|
supérieur
|
(100)
|
(436)
|
(1028)
|
(1 292)
|
(1811)
|
(2476)
|
(3794)
|
Source .
· A partir de statistiques de McGinn
et al.1980, (Enseignement général .
·
incluant l'enseignement technique .
· indice base 100
entre parenthèse).
Nous voyons dans ce tableau que le taux de croissance global
de l'inscription scolaire au niveau élémentaire de 1945 en 1975
est de l'ordre de 310 %. L'enseignement supérieur affiche un
résultat exceptionnel de l'ordre de 3 694 %. Nous pouvons dire que le
développement de l'éducation en Corée a été
unique si nous le comparons aux autres pays.
En général, les pays avec 90 US$ de revenu par
capital (comme la Corée) en 1960
pouvaient faire inscrire en moyenne 22 % des enfants
âgés de 5 à 14 ans dans l'école primaire. En
Corée, ce taux était de 59 % (McGinn et al., 1980).
Le taux d'inscription dans l'enseignement secondaire
était aussi plus élevé que la moyenne de celui des pays
dont le revenu par tête avoisinait 380 US$. De plus aucun pays ayant le
même revenu par tête que la Corée n'a réussi à
développer simultanément l'enseignement primaire, secondaire et
supérieur.
Les facteurs tels que l'aide américaine, la bonne
volonté des enseignants de travailler contre un salaire moindre et les
effectifs, très nombreux par classe, font que les coûts de
l'éducation en Corée, comparés à ceux des autres
pays en développement, étaient très bas.
Par exemple, en 1965, les coûts d'une éducation
primaire en Corée étaient de
7 US$ par élève, tandis que pour le Maroc,
l'Irak et le Pérou, ils étaient respectivement de 50 US$, et
24US$ (McInnes et al., 1980).
48
II-2-3. Effets sur la croissance
En Corée, il y eu une surproduction de
diplômés des lycées et des universités qui sont
incapables de trouver des emplois correspondant à leurs diplômes,
ont été alors obligés de se disputer des emplois demandant
moins de qualification (Sharpe M.E, 1998 ; Mason et al., 1980).
A priori dans ce cas, le développement de
l'éducation contribue mal au développement économique du
pays et vérifie la théorie de la socialisation de
l'éducation, présentée antérieurement.
Cependant, cette situation signifie également que,
déjà en 1960, la Corée avait un énorme
réservoir de main d'oeuvre à bon marché possédant
les éléments à la base de l'affirmation qu'une personne
plus éduquée est plus productive et reçoit un salaire plus
élevé.
La part importante occupée par le travail dans la
valeur ajoutée nationale, estimé à 60 % en 1970 (McGinn et
al., 1980), peut être considérée comme l'effet
direct et indirect du niveau initial élevé d'accumulation du
capital humain.
La contribution de l'éducation à la croissance
économique à partir 1960 en Corée a été
estimée par McGinn et al. (1980), moyennant la méthode
d'évaluation de Denison (1966).
Selon cette méthode, la contribution directe de
l'éducation à la croissance est obtenue en multiplient le taux de
croissance annuel moyen de l'indice de qualité de l'éducation par
la part des rémunérations du travail dans la valeur
ajoutée national. Le tableau 10 montre les résultats de cette
méthode.
Un enseignant coréen recevait en moyenne un salaire
inférieur à celui d'une personne à qualification
égale dans d'autres pays en développement à la même
époque.
49
Tableau n°X. Taux de croissance des facteurs de
production et leur contribution à la
Croissance
économique
|
1960-74
|
1960-66
|
1966-70
|
1970-74
|
Taux de croissance annuel du PNB et des facteurs en(%)
|
PNB
|
9,07
|
7,25
|
10,78
|
10,41
|
Capital
|
7,19
|
3,75
|
10,43
|
9,27
|
Travail
|
3,55
|
2,11
|
6,26
|
3,06
|
Éducation
|
1,18
|
1,72
|
0,82
|
0,73
|
Répartition de croissance du PNB par facteur (%)
|
Capital
|
2,88
|
1,5
|
4,17
|
3,71
|
Travail
|
2,13
|
1,27
|
3,76
|
1,84
|
Éducation
|
0,71
|
1,03
|
0,49
|
0,44
|
Résidu
|
3,35
|
3,45
|
2,36
|
4,15
|
Contribution des facteurs dans la croissance du PNB (%)
|
Capital
|
31,8
|
20,7
|
38,7
|
36,6
|
Travail
|
23,5
|
17,5
|
34,9
|
18,1
|
Éducation
|
7,8
|
14,2
|
4,5
|
4,3
|
Résidu
|
36,9
|
47,6
|
21,9
|
40,9
|
Source : A partir des statistiques de McGinn et al.
(1980).
Nous en déduisons que cette contribution de
l'éducation est de 7,8 % du PNB entre 1960 et 1974, (14,2 % pour les six
premières années, indiquant ainsi le rôle
déterminant de l'accumulation initiale du capital humain dans le
développement économique rapide après 1960 en
Corée). De plus, si nous tenons compte des contributions de
l'éducation aux autres facteurs de la croissance économique tels
que la stabilité politique, l'efficacité administrative,
l'entreprenariat, la modalité de la population, son impact est plus
élevé.
Le taux élevé d'alphabétisation en
Corée a permis l'introduction rapide des nouvelles pratiques dans
l'agriculture à l'aide des manuels, un apprentissage rapide dans les
usines, et une plus grande prise de conscience de la population sur les
évènements et les changements ayants eu lieu dans le pays
(Looney, 1945).
Enfin, le processus d'accumulation du capital humain en
Corée depuis 1945 s'est fait de 15 manières uniformes, avec par
conséquent un impact favorable sur la distribution des revenus qui,
à son tour, a agi positivement sur la croissance.
50
SECTION III. ÉTUDE DE LA CORRÉLATION DES
DÉPENSES PUBLIQUES ET LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ À
MADAGASCAR
Compte tenu de la place importante qu'occupe l'objectif de
réduction de pauvreté dans les justifications de l'intervention
publique, il existe un choix à opérer en fonction des avantages
plus ou moins grands associés à la dépense publique.
Plusieurs sont les modèles peuvent cerner les
différents impacts de nos variables exogènes (dépenses
publique) sur les variables endogènes (PIB ou l'IDH). Ainsi Kemal
Dervis(2013), Administrateur du PNUD, disait : « une analyse
statistique rigoureuse nous permet d'identifier les besoins locaux du
développement et d'y répondre, de prôner des changements et
de suivre les avancées de nos actions qui aident les populations
à construire un monde meilleur ».
III-1. Évaluation comparative de la situation
économique et dépenses publiques
En 2002, nos dépenses publiques sont de 15,7 % du PIB
et notre IDH est 0,469. L'année suivante, il y a une augmentation des
dépenses de l'ordre de 2,4 % par rapport à l'année
précédente.
La croissance a augmenté également à 9,8
% (l'IDH est à 0,499, en 2003) parce que cette année a
été marquée par le début de la relance
économique pour sortir de la crise et des investissements (INSTAT,
2010).
Graphique n°7. Les dépenses publiques en
% FIB et les taux de croissance économique
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar14.png)
Source : Données statistiques de Madagascar et
tome 1 (2002-2012), avec graphique conçu par Marthe RAZANAMANANA,
mémoire de maîtrise ès-sciences économiques,
Université de Toamasina, 2013, p. 89.
51
En 2004 et toujours selon l'INSTAT (2010), les dépenses
atteignaient 26 % du PIB. La croissance économique s'est reculée
à 4,9 % à cause de passages des cyclones, et de l'augmentation
des prix des besoins élémentaires.
L'année 2007 est marquée par le début du
MAP. Plusieurs engagements ont été signés pour la
réduction de la pauvreté et la croissance durable. C'est pour
cela que le taux des dépenses publiques s'élevait à 18,6 %
avec une augmentation de l'IDH à 0,555.
En 2008, l'année de la première application du
MAP, le taux de croissance économique s'est haussé à 7,1 %
et les dépenses se sont corrélativement augmentées
à 21,7% du PIB.
III-2. Méthodologie économétrique
Etymologiquement, l'économétrie est la mesure
des grandeurs et des phénomènes économiques. Plus
précisément, c'est une application mathématique des
théories économiques à partir des données
statistiques et mathématiques1. Elle a pour objectif de
tester des hypothèses sur les phénomènes
économiques, d'estimer les coefficients des relations économiques
et d'anticiper les valeurs futures des variables économiques.
III-2-1. Contexte d'élaboration du modèle
Le modèle porte sur l'étude de la
corrélation des dépenses publiques sur la pauvreté
à Madagascar. Au-delà, l'analyse de l'estimation du modèle
sera menée en vue de mieux appréhender et approfondir les
interrelations entre les variables étudiées.
III-2-2. Spécification empirique
La discussion précédente suggère une
formulation empirique utilisée au cours des études
effectuées depuis celles de Barro (1990), relatives à l'impact
des dépenses publiques sur la croissance. En particulier,
l'équation de base retenue pour la corrélation
économétrique s'inspire des travaux de Ghura et Hadjimichael
(1996) sur la pauvreté humaine dans les pays africains. Soit y
la variable expliquée ou endogène (qui est ici l'indice de
pauvreté humain) et á la variable explicative ou
exogène (qui représente par la dépense publique).
1 Marco RAKOTONANDRASANA, (2012-2013), Cours de
l'Econométrie, en 4ème année d'Economie de
l'université de Toamasina.
- a0 et a1 sont les paramètres du
modèle. Il s'agit des constantes.
- Ut : représente l'erreur de
spécification du modèle, c'est-à-dire l'ensemble des
phénomènes d'explication de la dépense en rapport au
bien-être, il mesure aussi la différence entre la valeur
réellement observée et la valeur qui aurait été
observée si la relation spécifique avait été
rigoureusement exacte.
Pour lire le tableau qui suit relatif aux résultats de
calculs économétriques, la première colonne
représente l'intervalle de l'année d'étude et la
deuxième colonne celle valeur de l'IDH. La troisième colonne
représente la part des dépenses publiques en pourcentage du PIB.
Puis, la quatrième colonne et la cinquième colonne sont des
variables centrés. La sixième colonne est le produit des
variables centrées. La septième colonne et la huitième
colonne sont les carrées des variables centrées. La
méthode utilisée est de moindres carrés
ordinaires1, d'où l'équation s'écrit :
°yt°=°a1át°+°a0+°Ut
Tableau n°XI. Les résultats de calculs
économétriques
Année
|
y
|
á
|
(á-?)
|
(y-?)
|
(á-?) (y-?)
|
(á-?)2
|
(y-?)2
|
2002
|
0,479
|
16,4
|
-2,5
|
-0,019
|
0,048
|
6,25
|
0,361.10-3
|
2003
|
0,505
|
20,3
|
1,4
|
0,007
|
0,010
|
1,96
|
0,049.10-3
|
2004
|
0,514
|
25,1
|
6,2
|
0,016
|
0,992
|
38,44
|
0,256.10-3
|
2005
|
0,460
|
21,2
|
2,3
|
-0,038
|
-0,038
|
5,29
|
1,444.10-3
|
2006
|
0,535
|
20,5
|
1,6,
|
0,037
|
0,059
|
2,56
|
1,369.10-3
|
2007
|
0,555
|
20,7
|
1,9
|
0,057
|
0,108
|
3,61
|
3,249.10-3
|
2008
|
0,571
|
20,8
|
1,8
|
0,073
|
0,131
|
3,24
|
5,329.10-3
|
2009
|
0,466
|
21,1
|
2,2
|
-0,032
|
-0,070
|
4,84
|
1,024.10-3
|
2010
|
0,435
|
14,1
|
-4,8
|
-0,063
|
0,302
|
23,04
|
3,969.10-3
|
2011
|
0,480
|
13,8
|
-5,1
|
-0,018
|
0,092
|
26,01
|
0,324.10-3
|
2012
|
0,483
|
13,9
|
-5,4
|
-0,015
|
0,081
|
29,16
|
0,225.10-3
|
?
|
5,483
|
207,9
|
-0,4
|
0,005
|
1,715
|
144,43
|
0,018
|
Source : Auteur, septembre 2014.
? yi
Calculons ? =
n
= 0,498 et a = ??i = 18,9
??
52
1 C'est une méthode permettant d'estimer le
paramètre ai du modèle, en minimisant la somme de
carrés des erreurs.
53
Forme générale : _ E(?-?)(y-?)
â et â0 = ? - â1?t
1 E(?-?)2
??2 = 1- ?1?(??- ?)(??- ?)
?(y - ?)2
Application numérique :
1,15
â1 = et â1=0,008
144,43
d0 = 0,498°-°(18,9) (0,008)
d0° = 0,498°-°0,151
d0°=°0,347.
D'où l'équation de régression s'écrit
: ÿ° = 0,0080át + 0,347
avec :
0,008 (1,15)
??2 = 1-
0,018
= 0,51
R2= 0,51
III-3. Interprétation
La valeur de R2 est de 0,51. Elle est
supérieure à 0,5 et varie de 0 à 1. Donc, nous avons une
forte corrélation entre les dépenses publiques et l'indice de
développement humain. L'équation de régression ÿ
°= (0,008) (Zt + 0,347 nous sert de base. Comme â1 est
une constante, qui est égale à 0,008, alors la
dérivée première de l'équation de ÿ
s'écrit :
??y ??(0,008???+0,347)
= = 0,008.
?????
?????
C'est-à-dire une dépense supplémentaire
effectuée par l'Etat permettra d'augmenter l'IDH de Madagascar de 0,008.
Considérons par la suite á°=°0,
c'est-à-dire, l'État ne fait aucune dépense, alors l'IDH
de la grande Île est resté à 0,347, ce qui est largement
inferieur a la moyenne. Reprenons l'exemple dans le tableau XI
ci-dessus, pour la période de 2003 à 2008. Force a
été de remarquer qu'il y avait une augmentation des
dépenses publiques en pourcentage du PIB successivement de 20,3 à
20,8. Parallèlement, l'indice de développement humain s'est
nettement amélioré (0,505 et 0,571).
Nous avons vu dans cette première partie les
différents concepts de la pauvreté et l'importance du rôle
de l'Etat dans la réduction de la pauvreté à Madagascar
sur laquelle nous avons mis en évidence la définition et les
causes de la pauvreté, leurs différentes formes ainsi que les
indicateurs de mesure de la pauvreté. Notre étude nous a permis
d'analyser le concept de l'Etat et les expériences vécues en
matière de l'intervention publique à Madagascar ainsi que dans
les pays nouvellement développés.
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar15.png)
PARTIE II
MOYENS UTILISÉS PAR L'ETAT
POUR RÉDUIRE LA PAUVRETÉ
Nous avons vu dans la première partie de ce
mémoire les approches théoriques concernant la pauvreté et
l'importance du rôle de l'Etat dans la réduction de la
pauvreté. Dans cette seconde partie, nous nous focaliserons à
l'analyse des politiques nationales et des stratégies internationales
appliquées à Madagascar en vue de réduire la
pauvreté.
Depuis son indépendance, nous constatons que le pays se
place toujours dans les catégories des pays pauvres. Cela nous pousse
à interroger sur les échecs des politiques et des programmes de
lutte contre la pauvreté appliquée à Madagascar.
Pour mener à bien cette seconde partie, nous allons
voir dans le premier chapitre, les politiques économiques
appliquées par le gouvernement malgache et les stratégies
nationales et internationales de la lutte contre la pauvreté.
Dans le deuxième chapitre, nous analyserons les effets
de ces politiques sur les ménages pauvres afin d'en tirer nos
suggestions pour réduire la pauvreté à Madagascar.
57
CHAPITRE I. ANALYSE DES POLITIQUES ET DES
STRATÉGIES DE LUTTE
CONTRE LA PAUVRETÉ A
MADAGASCAR
Depuis son indépendance, Madagascar n'a cessé de
combattre la pauvreté par tous les moyens. Plusieurs politiques
économiques ont été mises en oeuvre par les gouvernements
en place et avec le partenariat des bailleurs de fonds.
Malgré les efforts effectués par les
différents acteurs économiques, la situation de pauvreté
semble persister pour la grande île. Cela nous pousse à
s'interroger sur les véritables contenus de ces politiques et
stratégies de lutte contre la pauvreté. Dans ce chapitre nous
allons voir les politiques économiques appliquées à
Madagascar, les différentes stratégies nationale et
internationale de lutte contre la pauvreté.
SECTION I. POLITIQUES ÉCONOMIQUES
APPLIQUÉES PAR LE
GOUVERNEMENT MALGACHE
La politique économique est l'ensemble des
interventions des administrations publiques (dont l'Etat, la banque centrale,
et les collectivités territoriales) sur l'activité
économique.
I-1. Définitions et outils de la politique
économique
Par définition, la politique économique c'est
pour l'Etat la recherche de ce qu'il considère comme l'optimum
économique de la Nation et la mise en oeuvre des moyens
nécessaires pour y parvenir (Jan Tinbergen)1. L'étude
des conséquences économiques de ces interventions est
généralement dénommée l'économie politique.
Elle représente une vaste branche de la science économique, en
particulier dans les domaines de macroéconomie, de l'économie de
développement et de la taxation optimale2. Yves Meny et J.
Claude Thoenig ont proposé dans leur ouvrage « Politiques
Publiques, 1989 » qu'« une politique publique se
présente sous la forme d'un programme d'action gouvernementale dans un
secteur de la société ou un espace géographique
»3.
1 Jan TINBERGEN (1903-1994), Prix Nobel
d'économie en 1969
2 Gatien HORACE et Césaire MBIMA
(2012-2013), Cours de Politique économique de 4eme
année économie à l'Université de Toamasina.
3 Y. MENY, J-C. THOENIG, Politiques Publiques,
Paris, PUF, 1989 cité in : P. MULLER, « Les politiques
publiques », PUF, mai 2006 [1990], p. 22.
58
D'une façon plus générale, nous
distinguons les politiques conjoncturelles des politiques structurelles. Les
politiques conjoncturelles est une politique à court-terme, qui ont pour
objectif de favoriser la stabilité de l'économie afin d'assurer
une croissance régulière. Les politiques structurelles ont une
action à long terme. Elles modifient en profondeur les structures de
l'économie. Les différents instruments à utiliser par
l'Etat sont :
- politique monétaire : taux
d'intérêts (pour la relance, baisse des taux, pour la rigueur,
hausse des taux)
- politique budgétaire : dépenses
publiques, investissements publics, grands travaux.
- politique fiscale : nous utiliserons les
impôts.
- politique sociale : nous utiliserons les revenus de
transferts.
- politique de revenus : SMIC (salaire minimum
interprofessionnel de croissance), indexation des salaires sur les prix.
Nous allons voir alors succinctement ces différentes
politiques et les contextes dans lesquelles elles étaient
appliquées afin d'en déceler les raisons de leurs
échecs.
I-2. Manifestations des politiques économiques
appliquées à Madagascar
Après l'indépendance du pays en 1960, la
tendance économique est tournée vers le néocolonialisme.
La majorité des secteurs clés de l'économie est encore
sous le contrôle de la France. Le soulèvement populaire de 1972 a
permis aux dirigeants malgaches de prendre en main tous les secteurs
clés de l'économie.
De 1975 à 1991, le régime en place a
élaboré une politique d'investissement à outrance en vue
d'accélérer le processus de développement et de
réduire la pauvreté. Cependant, cette politique d'investissement
n'a pas donné les résultats attendus. Au contraire, cette
politique a occasionné d'énormes dettes pour le pays.
La période 1997-2001 a été marquée
par une certaine stabilité et l'économie commence à
redémarrer mais avec des retombées sociales faibles. Les mesures
prises comprennent : l'abaissement des barrières douanières; la
suppression des exonérations fiscales; la mise en place de nombreuses
restrictions budgétaires et de contrôle des dépenses
budgétaires; la privatisation; l'élimination des activités
quasi-budgétaires de la Banque Centrale, etc.
59
Ces mesures ont permis de rétablir les grands
équilibres économiques, tant au niveau des finances publiques
qu'au niveau des échanges extérieurs et de la monnaie. Le taux
d'inflation est passé de 14 % en 1999 à 8 % en 2001, le taux
d'intérêt de 17 % à 12 %, (EPM, 2002) les taux de change se
sont stabilisés. L'investissement direct étranger est
passé de 10 millions de dollars US en 1996 à 120 millions en
2001. Le taux d'investissement privé passe à 7 % du PIB en 2001,
contre 4 % en 1997. Le taux de croissance moyen de l'économie est de 4,5
%.
En termes réels, le poids de l'agriculture dans le PIB
était de 17,5 % (48,5 % du secteur primaire) en 1990 contre 15,3 % (44,5
% du secteur primaire) en 2001. Cette situation est due à la combinaison
de deux facteurs : un faible taux de croissance de l'agriculture (2 % de
croissance en moyenne par an de 1997 à 2000, à prix constants,
EPM, 2002), contre une croissance beaucoup plus soutenue des autres branches
telles que la sylviculture (9,8 % en moyenne).
La politique de relance effectuer en 2002 nous a permis
d'avoir une taux de croissance du PIB de 9,8% en 2003. La Politique de
Population, la politique sanitaire, et la politique éducative, a
été adoptée par l'Assemblée Nationale en
collaboration du Ministère de la Population.
En 2006, toute cette politique avait été reprise
par le MAP. Cette nouvelle relance consiste à réduire le taux de
l'accroissement démographique tout en augmentant la capacité
productive de la population. Cela soit en augmentant la mortalité soit
en diminuant la naissance. Alors que la politique sanitaire est basée
sur la stratégie des soins de santé primaire. Enfin la politique
éducative se manifeste par exemple par une incitation d'accès
à l'éducation (le quitte scolaire, le coût de
l'éducation...).
Toute cette politique nous a permis d'avoir un taux de
croissances fortes entre 2006 et 2010 (de 5% en 2006 à 7,1% en 2008).
Dès lors la réduction de la pauvreté à travers le
développement humain (en 2006 l'IDH est 0,535 alors qu'en 2008, elle est
0,571). Mais, cet effort a été freiné par la crise
socioéconomique du pays en 2009 ; sur laquelle le partenariat avec le
bailleur de fond pour le financement du politique économique semble
disparu. De ce fait le déficit persiste et l'Etat n'arrive plus à
financer leur politique économique.
60
Graphique n°8. Evolution des recettes, des
dépenses publiques et du solde global
(en pourcentage du FIB) de 2005 à
2012
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar16.png)
Source : Ministère des Finances et du Budget
(MFB) / Direction Générale du Trésor, 2010.
L'ampleur du déficit a été réduite
de 2005 à 2008 en raison de la hausse constante du total des recettes.
Depuis 2009, la même tendance a été observée mais,
au prix d'une forte réduction des dépenses d'investissement due
à la suspension des aides financières internationales.
Actuellement une croissance économique de 3,0
%1 est prévue pour l'année 2014. Cette croissance sera
tirée par la politique de redynamisation des activités de
production, et sera soutenue principalement par la bonne tenue des branches
agriculture, élevage et pêche, l'amélioration des
exportations de produits miniers, ainsi que la performance des secteurs
télécommunications, banque, tourisme et transports.
Nous constatons que cette croissance peut être
réalisable, vu les décollages que le pays reprenne
récemment. Mais, nous nous intéressons de plus sur la
répartition du fruit de cette croissance au niveau des ménages
pauvres car, actuellement, la pauvreté s'enflamme davantage. Notre
prévision tend à affirmer que cette légère
augmentation du taux de croissance économique n'aura pas une influence
sur l'incidence de la pauvreté des malgaches. C'est ce que nous appelons
: « croissance sans développement ».
Depuis fort longtemps, Madagascar a déployé des
efforts considérables pour redresser l'économie. Mais, les
résultats sont « remis quasiment à zéro » en
raison des crises postélectorales. Donc, les bonnes performances
économiques nécessitent une stabilité politique. Puisque
les crises cachaient en vérité un malaise (fluctuation) et une
tension sociale profonde car elles reposaient sur la pauvreté de la
majorité des malgaches.
1 Projet de lois portant la loi de finances 2014, p.
5.
61
SECTION II. ANALYSE DES STRATÉGIES NATIONALES DE
RÉDUCTION DE
LA PAUVRETÉ
Devant le défi de combattre la pauvreté,
Madagascar a adopté plusieurs programmes de lutte contre la
pauvreté préconisés par les organismes internationaux, et
dans une série de documents. Les grandes orientations des politiques
appliquées ont leurs origines dans les programmes de stabilisation et
d'ajustement structurel entrepris par le Gouvernement malgache depuis le
début des années 1980.
Deux DCPE ont été rédigés pour
Madagascar. Le premier avait eu cours de 19961999 et le second de 1997-2001. En
fait, le second est un remaniement du premier. Le DCPE est un outil qui
détaille les politiques que les Gouvernants voulaient mettre en oeuvre
pour accélérer la sortie de crise de Madagascar. Vers le
début de l'année 2000, le gouvernement malgache s'est
décidé de mettre en place le DSRP. Le dernier1
document stratégique du pays est le MAP, entrepris depuis 2007.
II-1. Ajustement structurel
Dans les années 80, le problème de l'endettement
de nombreux PED a conduit la banque mondiale et le FMI à formuler une
politique d'ajustement pour résoudre le problème et
rééquilibrer la balance des paiements de ces pays.
II-1-1. Définition de l'ajustement structurel
L'Ajustement Structurel signifie une adaptation de la
politique et des structures économiques pour rendre un pays plus
productifs, en augmentant ainsi les emplois et les revenus et en
améliorant le niveau de vie1. Il est à noter qu'elles
doivent s'adapter au contexte et à la situation du pays
concerné.
Par ailleurs, l'ajustement structurel préconise une
utilisation meilleure et efficace des ressources du pays. Le gaspillage des
fonds est à éviter ; il implique aussi que le pays sous
ajustement ne doit pas vivre au-dessous de ses moyens. Autrement dit, la
création monétaire sans contrepartie surtout à des fins de
consommation est déconseillée. Comme il s'agit d'un ajustement
structurel, des reformes ou réorientation des divers secteurs sont
à effectuer pour rendre les pays plus productifs.
1 La feuille de route de 2009 à 2013, durant
la période de transition, n'est pas mentionnée dans cet ouvrage
car ce document a été rédigé, en grande partie par
les politiciens, pour résoudre les discordes politiques pendant cette
période.
1 M. Jean ROBIARIVONY, rapport sur l'achèvement
du PAS à Madagascar en 1994, p. 25.
II-1-2. Modèle de stabilisation utilisé dans
le cadre du PAS
En fait, les institutions de Bretton Woods ont
élaborés ensemble des modèles de stabilisation
structurelle. Ces modèles permettent de mettre en évidence le
fondement des deux catégories de mesures : celles de stabilisation
à court-terme et celles à caractère structurel.
? Présentation du
modèle
L'hypothèse retenue est « la stabilisation de
petite économie ouverte »1. Compte tenu de ces
hypothèses, l'équilibre macroéconomique dépend de
trois équations indépendantes :
- la demande de monnaie (Md), qui est fonction de la
proportion fixe (K), du niveau général des prix (P) et du revenu
réel (Y) (équation de Pigou) ; Ou bien
Md = K*P*Y (1).
- l'offre de monnaie (Ms) dépend, d'une part, du volume
du crédit (C) accordé par le système bancaire au secteur
privé et à l'Etat pour financer son budget, d'autre part, de la
variation des réserves de change avec l'extérieur (R). Soit :
Ms = C + R (2).
- le niveau général des prix domestiques (P),
est égal au niveau des prix extérieurs (Pw) multiplie
par le taux de change (e). Soit :
P = e*Pw (3).
La condition d'équilibre dans ce modèle, en
situation de change fixe, est :
Ms = Md (4).
? De quoi dépend l'équilibre
extérieur ?
En introduisant (2) dans (4), et les
expressions par leur valeur, la variation de R
s'écrit :
|
R= K*e*Pw*Y - C
|
(5)
|
62
1 Elle est ouverte car aucune réglementation
n'entrave les échanges avec l'extérieur ; elle est petite car le
niveau des prix extérieurs s'impose à elle [J. J. Polak,
1987].
63
R dépend donc du crédit
intérieur, et du revenu (ou de la production). De ce fait l'Etat peut
rétablir l'équilibre extérieur : i) en restreignant le
crédit ,
· ii) en dévaluant ,
· iii) en
accroissant l'offre de biens. Les deux premières mesures sont des
mesures de stabilisation à court terme.
Toutefois, la dévaluation doit contribuer à
relancer l'offre (Y) à moyen terme, en redonnant à
l'économie une compétitivité qu'elle avait perdue.
Dès lors, la stabilisation de ce paramètre est surveillée
de près par le FMI et la Banque Mondiale.
D'une manière générale, le PAS
étant l'application d'un ensemble de mesures élaborées
conjointement par le gouvernement du pays en concertation avec les institutions
de Bretton Woods. Ces deux derniers sont les partenaires potentiels dans le
processus.
Nous pouvons dire que les mesures indiquées par le PAS
sont des mesures structurelles, qui concernent les fonctions publiques, les
secteurs extérieurs, le système financier et les prix.
II-1-3. Ajustement structurel pour Madagascar
La mise en place d'un programme de stabilisation et
d'ajustement structurel à Madagascar1 vers le début
des années 1980, a permis d'atteindre une croissance économique
positive en termes réels à la fin de la décennie.
Même si l'inflation est restée à un taux moyen relativement
élevé de 16 % par an (EPM, 1996). Ce programme a
été appuyé par la communauté des bailleurs de
fonds.
Cependant, même si les statistiques montrent un taux de
croissance positif, la situation de la pauvreté persiste.
L'amélioration de la situation économique a été
perturbée par les événements de 1991.
Le taux de croissance moyen par habitant est tombé
à 2,7% entre 1991 et 1996. Le PIB par habitant a atteint son niveau le
plus bas en 1996 (198 dollars constants de 1987), soit 60% de son niveau de
1971 (338 dollars constants de 1987), l'inflation a atteint plus de 30% en 1996
contre 12,6% en 1993 (EPM, 1996).
1 Libéralisation du taux de change,
libéralisation du commerce intérieur,
déréglementation des prix, désengagement de l'Etat des
activités de production et de commerce, et libéralisation des
importations.
64
Tableau n°XII. Indicateurs économiques et
financiers de 1988 à 1993
Indicateurs économiques et financiers
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
Taux de croissance réelle (variation annuelle)
|
3,4
|
4,1
|
3,11
|
-6,8
|
1,0
|
2,1
|
Taux d'inflation (%)
|
21,2
|
12
|
11,4
|
14,4
|
12,6
|
12,6
|
Déficit budgétaire % PIB
|
10,3
|
12,6
|
7,8
|
10,6
|
12,4
|
11
|
Taux de croissance des Exportations (variation annuelle)
|
-8,2
|
16,9
|
12,0
|
4,8
|
2,0
|
-6,1
|
Taux de croissance des Importations (variation annuelle)
|
-9,6
|
0,9
|
33,0
|
-14,9
|
0,6
|
3
|
Déficit compte courant de la B.P. (% PIB)
|
10,8
|
8,7
|
13,4
|
9,9
|
8,8
|
8,8
|
Réserves (en mois d'importation)
|
3,6
|
3,9
|
1,0
|
1,2
|
1,2
|
1,3
|
Avoirs extérieurs nets (milliards de FMG)
|
297
|
381
|
178
|
27
|
274
|
349
|
Avoirs intérieurs nets (milliards de FMG)
|
889
|
919
|
1 030
|
1 268
|
1 621
|
1 905
|
Source : Banque Mondiale et Banque Centrale de
Madagascar, 1994.
La brève reprise de la croissance avec un taux de 4,1%
qui en a résulté en 1989, a été suivie, en 1991,
d'une récession avec une chute du taux de croissance a -6,8 %.
Malgré l'amélioration de quelques chiffres de certains
indicateurs macroéconomiques, la politique d'ajustement structurel a
entraîné d'autres problèmes économiques aux PED.
Elle a occasionné de chômages massifs et de sous-emploi dans les
pays hôtes. Nombreux sont les critiques concernant l'ajustement
structurel, mais nous nous contenterons de voir ses impacts concernant la
pauvreté. Les conditionnalités qui s'accompagnent de l'ajustement
structurel imposent à l'Etat de réduire les subventions. Cette
situation renforce la vulnérabilité des ménages face aux
différents chocs.
L'absence des allocations sociales porte atteinte au niveau de
vie de la population. La restriction budgétaire conduit à
réduire le nombre des fonctionnaires de l'Etat. De nombreux
licenciements sont occasionnés par l'ajustement structurel. En outre, le
budget d'investissement de l'Etat est réduit au strict minimum.
De ce fait, il n'y a jamais eu de politique d'investissement
de la part de l'Etat, ni de création d'emploi. L'objectif était
de réduire les dépenses et de rembourser les dettes. Cette
absence d'investissements publics a renforcé le chômage, surtout
dans le milieu urbain. Le secteur informel a pris un développement
impressionnant. Concernant le milieu rural, la politique d'ajustement
structurel n'a pas mentionné de mesures spécifiques. Mais,
l'absence d'investissements publics dans le secteur agricole a renforcé
la pauvreté rurale.
65
De plus, la dévaluation de la monnaie nationale a
réduit considérablement les recettes d'exportation du pays. Cette
dévaluation a aussi occasionné une sortie massive de devise en
cas d'importation.
Devant cette situation, l'État malgache a réduit au
strict minimum l'importation. Cette situation pénalise les consommateurs
par l'absence de choix sur les produits sur le marché.
En somme, l'ajustement structurel a renforcé la situation
de la pauvreté non seulement à Madagascar mais dans tous les pays
où il a été appliqué. Les bailleurs de fonds eux
même ont accepté l'échec de cette politique.
II-2. DSRP
Conscient de l'échec de la politique d'ajustement
structurel, les institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et FMI) ont
élaboré une nouvelle approche concernant la lutte contre la
pauvreté. Ils ont préconisé le DSRP ou Document
Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté pour faire
face aux problèmes de la pauvreté.
II-2-1. Rappel du contexte
Les DSRP ou encore dénommés Cadres
Stratégiques de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) dans les pays
à faible revenu sont des programmes axés sur les résultats
et préparés par les pays concernés sur la base de
partenariats intérieurs et extérieurs.
Ils servent de cadre de référence aux politiques
et programmes nationaux de réduction de la pauvreté, ainsi
qu'à l'aide au développement. Ils constituent des plans cadres de
lutte contre la pauvreté élaborés et proposés par
les pays.
Depuis juillet 2002, la Banque Mondiale se base sur les DSRP
pour accorder des plans d'aide aux pays à faible revenu. Les autres
institutions financières internationales, telles que le Fonds
Monétaire International (FMI) et la Banque Africaine de
Développement (BAD), les agences de développement (Organisations
des Nations Unies, Organismes de coopération, etc.) ainsi que les
partenaires bilatéraux et multilatéraux (France,
États-Unis, Union Européenne, etc.), ont adopté cet
instrument pour définir leurs politiques et programmes d'aide au
développement.
66
II-2-2. Principes à la base des DRSP
Conçu comme un outil au profit des populations,
particulièrement des populations pauvres, les DSRP doivent traiter les
questions du citoyen pauvre mal gouverné et de la recherche de
l'efficacité de l'aide. Par ailleurs, les promoteurs de cet instrument
ont pris une décision à la fois sage et originale, plutôt
que d'imposer un modèle universel, ils ont préféré
mettre l'accent sur des grandes lignes définies par la Banque Mondiale
dans son document de référence.
Selon ce document (Klugman, 2002, p.10)1, «
Les principes qui sous-tendent les DRSP suggèrent que ces
stratégies devraient être : impulsées et appropriées
par le pays, à travers des larges processus participatifs pour la
formulation, la mise en oeuvre et le suivi de l'avancement basé sur les
résultats ». Le tableau suivant résume l'innovation
apportée.
Tableau n°XIII. Principales innovations
apportées par le DSRP
Objectif principal
|
Ajustement structurel
|
Lutte contre la pauvreté
|
Intitulé des instruments
|
DCPE
CAS : crédit d'ajustement structurel (BM)
Facilité d'ajustement structurel renforcée
(FMI)
|
DSRP
Crédit de soutien à la réduction de la
pauvreté (BM)
Facilité pour la réduction de la pauvreté
et de la croissance (FMI)
|
Traitement de la dette
|
Indirect (club de Paris)
|
Allégement de la dette PPTE
|
Elaboration
|
- politique imposée de l'extérieur -
décidée d'en « haut »
- secret
|
- politique élaborée par le pays - approche par le
« bas »
- transparence
|
Prise en compte des spécificités du pays
|
Faible
|
Forte
|
Financement
|
Priorité aide projet
|
Priorité aide budgétaire
|
Indicateur de suivi /
conditionnalité
|
Indicateurs de moyens
|
Indicateurs de résultats
|
Source: Jean-Pierre Cling, et al,. «Les
documents stratégiques de réduction de la pauvreté un
renouveau de l'aide au développement » in Cahier du GEMDEV,
n°30, 2005, p. 29.
En termes d'élaboration des politiques, de leur contenu,
de financement et des
indicateurs, l'échec des stratégies
antérieures a imposé aux IBW de formuler des politiques
basées sur des principes opposés qui sont été
proprement discutés.
1 Cité par J. P. CLING, M. RAZAFINDRAKOTO et F.
ROUBAUD, dans La Banque Mondiale et la lutte contre la pauvreté :
tout changé pour que tout reste pareil, DIAL, Document de Travail
DT/2002/09, p. 10.
67
II-2-3. Apports du DSRP dans le processus de
développement
Le DSRP complet n'a été établi qu'en moi
de mai 2003, suite aux évènements politiques de 2002, le suivi de
sa mise en oeuvre n'a commencé qu'au mois de juillet 2003 jusqu'à
la fin de l'année 2006. Le plus important des objectifs du DSRP est la
réduction de taux de pauvreté de moitié (50 %) en 2015.
Pour cela, il faudra en premier lieu atteindre un taux de
croissance annuel positif de l'ordre de 8 % à 10 %. En deuxième
lieu, le taux d'investissement devra être multiplié à 20 %
et que le secteur privé contribuera pour 12 % à 14 %.
Enfin, l'ouverture de plus en plus de l'économie vers
le marché internationale sera un atout pour Madagascar en
améliorant les qualités de la production.
A long terme cette réduction du taux de pauvreté
aura manifestée par l'amélioration de la qualité de vie de
la population en référant au niveau d'instruction, à
l'accès de crédit, à l'accès au soin de
qualité et à l'eau potable, etc. Ces améliorations devront
être visibles c'est à dire mesurable par des indicateurs tels que
: l'IDH, l'IPH, l'ISDH.
La croissance de 8 % à 10 % devrait se traduire sur le
plan social par une augmentation des élèves inscrites dans le
primaire, en plus, le taux d'achèvement devrait être 100 % en
2006, et une diminution de taux de mortalité infantile ainsi que le taux
de mortalité maternelle.
Compte tenu des expériences acquises des politiques
antérieures, et des exigences d'un développement rapide et
durable en vue de réduire le taux de pauvreté de moitié en
10 ans, le DSRP se propose de retenir trois axes stratégiques autour
desquels allaient s'articuler les actions à mettre en oeuvre au cours de
la période 2003-2006.
Le tableau suivant récapitule les programmes ainsi que
les sous-programmes qui conviennent à chaque axe stratégique.
68
Tableau n°XIV. Programmes et sous-programmes
de réduction de la pauvreté dans le
DSRP
Axes stratégiques
|
Programmes
|
Sous-programmes
|
Restaurer un Etat de droit et une société avec une
bonne gouvernance
|
-Gouvernance et lutte contre la pauvreté
|
-Réforme de la fonction publique -Réforme
administrative
|
-Gouvernance et respect de la démocratie
|
-Transparence et respect du choix du peuple
|
-Gouvernance et Etat de droit
|
-Justice -Sécurité
-Protection civile
|
-Gouvernance de proximité
|
-Décentralisation et renforcement des communes
-Déconcentration effective de l'Administration
|
Susciter et promouvoir la croissance économique à
base sociale très élargie
|
-Stabilité macroéconomique et croissance
|
-Stratégie de développement -Politique
d'investissements publics -Programme de privatisation
|
-Développement des secteurs porteurs
|
-Tourisme et Mines -Pêche et aquaculture -Industries
manufacturières, les petites et moyennes entreprises
|
-Développement rural
|
-Agriculture et environnement
|
-Développement et densification des infrastructures
|
-Route, transport, aménagement du territoire et
énergie ;
-Poste, télécommunication et communication
|
Développement et dynamisation du secteur privé
|
-Promotion des investissements privés et étrangers
-Renforcement de la compétitivité -Redynamisation des zones
franches
|
Ouverture à la concurrence mondiale
|
-Intégration régionale -Marchés
internationaux
|
Susciter et promouvoir des systèmes de sécurisation
humaine et matérielle et de protection sociale
|
-Education
|
-Education fondamentale
-Qualité de l'enseignement à tous les niveaux
|
-Santé
|
-Santé de la mère et de l'enfant -Malnutrition
-Maladies transmissibles et VIH/SIDA
|
-Eau et assainissement
|
-Eau
-Assainissement
|
-Réduction de l'exclusion sociale et protection sociale
|
-Filet de sécurité et protection sociale
-Alphabétisation -Planning familial -Population genre
|
-Diversité culturelle
|
-Jeunesse et sport -Culture
|
Source : DSRP complet, 2003.
Les défis et enjeux du D.S.R.P sont :
éradication de la pauvreté, développement rapide et
durable, ouverture de l'économie malgache à l'économie
mondiale, renouvellement de la différence ville campagne, et
accroissement des ressources internes.
69
II-2-4. Résultats obtenus
Le DSRP a retenu 31 indicateurs pour le suivi et
évaluation de la mise en oeuvre de la stratégie, dont nous ne
pouvons pas ici prétendre d'analyser leur évolution dans la
totalité. Mais, pour avoir des idées claires dans
l'évaluation, nous allons utiliser trois indicateurs de
référence dans ce document (développement humain, la
croissance économique et la pauvreté elle-même).
II-2-4-1. Développement humain
De 2003 à 2006, période de mise en oeuvre du
DSRP, l'IDH de Madagascar a connu une nette amélioration, passant de
0,505 en 2003 à 0,535 en 2006, sauf en 2005 où la valeur de l'IDH
a été de 0,467. Selon INSTAT (2010), cette baisse a
été liée, notamment à la chute du taux
d'alphabétisation (de 73,1 en 2004 à 59,6 en 2005) et du recul du
niveau de revenu (de 823,5 $ en 2004 à 435,0 $ en 2005).
Graphique n°9. Evolution de l'IDH de 2002
à 2006
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar17.png)
0,56
0,54
0,52
IDH
0,5
0,48
0,46
0,44
0,42
0,535
0,505
0,514
0,479
IDH
0,467
2002 2003 2004 2005 2006
Source : INSTAT 2010 et graphique de
l'Auteur.
En effet, sur la période de 2002 à 2006, l'IDH
de Madagascar a crû en moyenne de 2,8 %, suite à
l'amélioration de toutes les composantes : l'espérance de vie, la
scolarisation et le revenu. De plus, le taux de croissance global de l'IDH
entre ces deux périodes est de l'ordre 24,4 % (notre propre calcul).
Pour que ce développement soit visible, le gouvernement de
l'époque a mis en place une décentralisation1, dans le
cadre du DSRP. Au niveau de l'éducation, le taux de redoublement a
été 20 % en 2006, le taux d'achèvement du second cycle est
: 19 % pour le CEG et 7 % pour le lycée.
1 Les 22 Régions créées
à Madagascar (en 2004) sont : DIANA, SAVA, Analanjirofo, Boeny, Sofia,
Antsinanana, Itasy, Analamanga, Vakinankaratra, Bongolava, Betsiboka, Melaky,
Alaotra-Mangoro, Amorin'i Mania, Haute Matsiatra,
Vatovavy-Fitovinany, Atsimo-Atsinanana, Ihorombe, Menabe, Atsimo-Andrefana,
Androy, Anosy).
70
Le taux d'alphabétisation est de 63 %, ce qui revient
à dire que le taux d'analphabète est de 37 %. En matière
de santé, l'espérance de vie est de 55,5 ans. Elle a permis un
système de décentralisation qui permet d'identifier les besoins
réels en matière de santé de la population (EPM, 2010).
II-2-4-2. Impacts économiques
Le Rapport de l'INSTAT (2010) précise que sur la
période de 2003-2006, même si les objectifs fixés dans le
DSRP ne sont pas atteints, Madagascar a affiché une croissance positive
avec un accroissement annuel moyen du PIB de 5 %, supérieur à
l'accroissement de la population sur la même période (2,8 %).
Cette performance a été le résultat des
efforts consentis dans le développement des infrastructures,
l'intensification des activités productrices, la promotion des
investissements privés, le développement des secteurs porteurs
notamment le tourisme, l'amélioration de l'environnement favorable au
développement économique et dans les politiques de
désenclavement entamées par la réhabilitation ou
l'amélioration des nouveaux axes routiers. Le graphique qui suit
fournira plus d'informations concernant les améliorations
enregistrées.
Graphique n°10. Evolution des variables
macroéconomiques de 2003-2006
12 10 8 6 4 2 0
|
|
|
|
|
Taux de croissance économique
taux de croissance démographique
|
2003 2004 2005 2006
Source : INSTAT (2010) et graphique de
l'Auteur.
La croissance économique de la période est
passée de 9,8 % en 2003 à 5,0 % en 2006. Malgré cette
diminution, le taux de croissance est toujours supérieur au taux de
croissance démographique. Cependant, en dépit de cette
amélioration, l'économie malgache reste très fragile face
aux chocs tant exogènes qu'endogènes qui vont entraver la
performance enregistrée. De plus, la croissance annuelle n'a jamais
atteint les prévisions fixées.
71
II-2-4-3. Les indicateurs de la pauvreté
Grace à l'amélioration des différents
indicateurs présentés plus haut, la situation de la
pauvreté s'est améliorée dans la période du DSRP.
En effet, la croissance survenue entre la période 2003-2006 a
profité aussi bien aux ruraux qu'aux urbains. L'incidence de la
pauvreté dans l'ensemble a reculé de 73,6 % à 67,5 %
durant ces deux intervalles, ce qui entraîne un taux de réduction
globale de 8,29 %. Pour la même période, l'intensité de la
pauvreté a diminué sensiblement dans toute l'Île, en
passant de 47,6 % à 26,8 %, ce qui fait un taux de réduction
globale de 43,7 % (INSTAT 2010 et notre propre calcul).
Malgré la multiple ambition apportée par le DSRP
dans le processus de la réduction de la pauvreté, les
résultats n'ont pas si satisfaisantes. La plupart des programmes ou sous
programmes adoptés n'ont même pas atteint la moitié des
objectifs fixés. Pourtant des améliorations ont été
constatées ; notre pays est classé au 146ème
rang en termes de l'IDH sur 177 pays membre de l'ONU en 2006 alors qu'en 2002
nous sommes en 157ème rang. Cette situation témoigne
que l'initiative de l'Etat dans la mise en oeuvre des stratégies de
lutte contre la pauvreté donne parfois des résultats.
II-3. MAP
Le Madagascar Action Plan, est un programme
élaboré par le gouvernement
malgache en vue d'enclencher un « développement
rapide et durable ». La vision du
programme était : « Madagascar naturellement
». Le MAP a été engagé en 2007 et
censé
s'achevé en 2012. Le MAP présente huit (8)
engagements qui se présent comme suit :
- Engagement n° 1 : gouvernance responsable.
- Engagement n° 2 : infrastructure
reliée.
- Engagement n° 3 : transformation de
l'éducation.
- Engagement n° 4 : développement rural.
- Engagement n° 5 : santé, planning familial et
lutte contre le VIH/SIDA.
- Engagement n° 6 : économie à forte
croissance.
- Engagement n° 7 : prendre soin de
l'environnement.
- Engagement n° 8 : solidarité nationale.
Les stratégies et les projets dans le MAP visent une
réduction effective de la
pauvreté et une amélioration tangible de la
qualité de vie des malgaches. Les grands
objectifs du MAP sont : le développement humain, la
réduction du taux de pauvreté, et la
croissance économique rapide et durable.
72
Pour cela, il utilise huit indicateurs mesurant la mise en
oeuvre, le suivi, et leur évaluation. Nous allons résumer dans le
tableau suivant les différents indicateurs de l'objectif du MAP.
Tableau n°XV. Les grands objectifs du
MAP
Indicateurs
|
2006
|
Cible 2012
|
Indice de Développement Humain des Nations Unies
|
146 parmi 177 pays
|
100
|
Taux de pauvreté (Pourcentage de la population vivant
avec moins de 2USD par jour)
|
85,1 % (en 2003)
|
50 %
|
Taille de la famille (Indice de fécondité)
|
5,4
|
3 à 4
|
Espérance de vie
|
55,5
|
58 à 61
|
Taux d'alphabétisation
|
63%
|
80%
|
Pourcentage des élèves ayant terminé
l'école secondaire
|
CEG: 19 % Lycée: 7 %
|
CEG: 56 % Lycée: 14 %
|
Croissance économique
|
4,6 %
|
8 à 10 %
|
PIB (USD)
|
5 Milliards
|
12 Milliards
|
PIB par tête (USD)
|
309
|
476
|
Investissement Direct Etranger(USD)
|
84 Millions
|
500 Millions
|
Classification Environnement des Affaires (Banque Mondiale)
|
131
|
80
|
Indice de perception de la corruption
|
2,8
|
5,2
|
Pourcentage des ménages en possession de titres ou
certificats fonciers
|
10 %
|
75 %
|
Source : Rapport du FMI no 07/59 « Document de
stratégie de réduction de la pauvreté-
Plan
d'action de Madagascar » février 2007 p. 11.
Cependant, malgré la richesse de ce document, le MAP
n'a pas pu faire ses preuves en matière de résultat car le
programme s'est brusquement arrêté à cause de la crise
politique de 2009. En outre, nous constatons que le projet semble avoir une
grande ressemblance avec les OMD.
De plus, le programme se concentre beaucoup plus sur le
développement du monde rural, laissant le monde urbain dans une
situation critique. En effet, une des causes des manifestations de 2009
était le problème lié au milieu urbain. De ce fait, le MAP
a oublié de proposer des solutions concernant la pauvreté
urbaine.
73
SECTION III. ANALYSE DES STRATÉGIES
INTERNATIONALES DE
RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ
Madagascar traverse actuellement un tournant important de son
histoire. La sortie de crise est un début pour instaurer la
stabilité en vue d'inciter les investissements privés. Le retour
à l'ordre constitutionnel permettrait au pays de renouer les liens avec
la communauté internationale. En effet, la reconnaissance internationale
permettrait de nouveau, la réalisation de programmes et de projets
visant à atteindre le développement à travers l'objectif
du millénaire pour le développement. L'octroi des aides de la
part de la communauté internationale est non seulement nécessaire
mais aussi louables.
Cependant, le pays ne doit pas attendre les interventions des
bailleurs de fond pour pouvoir agir contre la pauvreté. Le
développement de la grande île nécessite une
stratégie issue de l'initiative même des dirigeants
d'exprimé les réels besoins de la population. Dans cette section,
nous allons traiter successivement la lutte contre la pauvreté à
travers l'objectif du millénaire pour le développement, et les
aides publiques pour le développement.
III-1. Objectifs du millénaire pour le
développement
Madagascar s'est engagé à atteindre, d'ici
à 2015, avec l'appui technique et financier de ses partenaires, les
OMD1, dont le but est de créer un cadre programmatique des
actions de développement du pays dans différents domaines.
La Charte des Nations Unies affirme primordial l'objectif
d'une lutte contre les inégalités sociales, et s'est donc
focalisée dans la lutte contre la pauvreté1. L'ONU a
cependant des difficultés à aller au-delà de l'approche
macro-économique sans pouvoir toujours intervenir dans des domaines du
ressort des politiques nationales. Pour l'ONU donc la croissance n'est plus un
objectif en soi, mais plutôt le résultat d'une bonne gouvernance.
La pauvreté diminue dans les pays où la croissance est
soutenue.
En 2000, la Déclaration du Millénaire est
adoptée aux Nations Unies avec l'objectif de réduire en
moitié la pauvreté d'ici 2015. Les objectifs qui en
découlent sont au nombre de huit :
1 Malheureusement, les OMD fixés par Madagascar
sont loin d'être atteints.
1 M. Xavier ALPHAIZE cours « Politiques de
développement et régulations internationales »
4eme année économie Université de Toamasina
2012-2013, p. 3.
1.
74
Faire disparaître l'extrême pauvreté et la
faim (réduire de moitié la proportion de la population dont le
revenu est inférieur à 1$ par jour, et réduire de
moitié la population souffrant de la faim).
2. Garantir à tous une éducation primaire.
3. Promouvoir l'égalité des sexes et
l'autonomisation des femmes.
4. Réduire la mortalité infantile.
5. Améliorer la santé maternelle.
6. Combattre le VIH/Sida le paludisme.
7. Assurer la durabilité des ressources
environnementales (dont accès à l'eau potable).
8. Mettre en place un partenariat mondial pour le
développement (mise en place d'un système commercial et financier
plus ouvert, impliquant la bonne gouvernance, gérer la dette, faciliter
les exportations...).
Nous allons analyser succinctement les différents
indicateurs utilisés dans chaque objectifs et leurs applications
à Madagascar.
III-1-1. OMD et la réduction de l'extrême
pauvreté et la faim
Une des caractéristiques de Madagascar est le niveau
très élevé de la pauvreté, quel que soit le seuil
adopté. En 2015, aucune des cibles fixées ne sera atteinte. Pire,
la situation a eu tendance à se dégrader, comme la montre
l'analyse sur une longue période plus bas.
Tableau n°XVI. Indicateurs OMD sur la
pauvreté et la faim
NOM DE L'INDICATEUR
|
2012-2013
|
Cible 2015
|
Proportion de la population vivant en dessous du seuil
national de Pauvreté, (seuil : 535 603 Ar.)
|
71,5%
|
35%
|
Extrême pauvreté, nationale (seuil : 374 941 Ar.)
|
52,7%
|
14%
|
Proportion de la population disposant de moins de 2 $ PPA par
jour (Pauvreté, seuil international; 2 $US PPA : 976,794 Ar.)
|
91,0%
|
|
Indice d'écart de la pauvreté (Ecart moyen par
rapport au seuil de pauvreté de 535603 Ar.)
|
32,8%
|
|
Part du quintile le plus pauvre de la population dans la
consommation nationale
|
6,1%
|
|
Proportion de la population n'atteignant pas le niveau minimum
d'apport calorique (2133Kcal par jour)
|
76%
|
|
Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.
75
Les ménages pauvres ont pu bénéficier en
partie des fruits de croissance soutenue du PIB réel entre 2002 et 2008.
L'amélioration est visible surtout en milieu urbain. En milieu rural,
les conditions de vie des ménages sont surtout liées aux
activités agricoles, elles-mêmes dépendantes des conditions
climatiques et de la qualité de la campagne agricole, plutôt
qu'aux chocs sur les revenus hors exploitation.
Entre 2010 et 2012, après le choc brutal de 2009, un
phénomène d'ajustement ou d'adaptation stabilise la situation des
ménages. La baisse significative du niveau de l'inflation au cours de
cette période surtout en 2012 (5,8 %) a profité certainement aux
salariés pauvres qui ont vu leur salaire nominal augmenté de plus
de 10 % par an.
L'essor spectaculaire des activités fortement
concentrées dans des régions spécifiques aurait fait
sortir une part non négligeable des ménages de ces régions
dans la situation de pauvreté et a provoqué l'apparition des
« nouveaux riches ». Toutefois, comme nous l'avons déjà
souligné plus haut, la plupart des objectifs fixés à l'OMD
ne seront pas atteints d'ici 2015.
III-1-2. OMD et l'éducation primaire pour tous
L'Etat malgache s'est engagé en 2003 à
réaliser la scolarisation primaire universelle en instaurant la
gratuité de l'enseignement primaire. Ensuite en 2005, l'engagement
portait sur l'atteinte des objectifs de l'Éducation Pour Tous (EPT)
à l'horizon 2015. Les effectifs scolarisés dans le primaire ont
dès lors beaucoup progressé, passant de 3,4 millions en 2003-2004
à 4,3 millions en 2009- 2010.
Tableau n°XVII. Indicateurs OMD sur
l'éducation
Nom de l'indicateur
|
2012-2013
|
CIBLE 2015
|
Taux net de scolarisation dans le primaire
|
69,4%
|
100%
|
Taux d'achèvement du primaire
|
68,8%
|
100%
|
Taux d'alphabétisation des 15 ans et plus
|
71,6%
|
100%
|
Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.
Au-delà de non réalisation des OMD en
matière d'éducation, la dégradation des indicateurs
d'éducation est particulièrement préoccupante. Ainsi, les
taux de fréquentation du primaire accusent une baisse significative
entre 2010 et 2012 (108% en 2012, contre 118% en 2010 pour le taux brut de
fréquentation et 69,4 % en 2012 contre 73,4% en 2010 pour le taux net de
fréquentation). Pour Madagascar donc le garanti de l'éducation
pour tous d'ici 2015, ce n'est plus que d'espérance que des garantis.
76
III-1-3. OMD et la promotion de l'égalité des
sexes et l'autonomisation des femmes
Madagascar s'est engagé à Promouvoir
l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes afin
d'éliminer les disparités dans les enseignements primaire et
secondaire d'ici 2015 au plus tard. Mais il convient de souligner que la
problématique de l'égalité des sexes et du statut des
femmes va au-delà de l'éducation et englobe
l'égalité dans l'insertion sur le marché du travail,
l'équilibre des rôles au sein du couple et l'absence de violence
envers les femmes.
L'analyse de la situation a permis de mettre à jour une
image complexe et tissée de contrastes ; reflétant la
diversité des réalités vécues par les femmes
Malagasy dans leur famille et dans la société.
Tableau n°XVIII. Indicateurs OMD dans le domaine
de la parité hommes/femmes
Nom de l'indicateur
|
2012-
2013
|
CIBLE
2015
|
Rapport filles/garçons dans l'enseignement primaire
|
1,05
|
1
|
Rapport filles/garçons dans l'enseignement secondaire
|
0,93
|
1
|
Rapport filles/garçons dans l'enseignement secondaire
(Lycée)
|
0,86
|
1
|
Rapport filles/garçons dans l'enseignement
supérieur
|
0,73
|
1
|
Indice de parité relatif au taux d'alphabétisation
des 15-24 ans.
|
0,95
|
1
|
Indice de parité relatif au taux d'alphabétisation
des adultes (plus de 24 ans).
|
0,91
|
1
|
Proportion des femmes salariées dans le secteur non
agricole
|
38%
|
50%
|
Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.
En ce qui concerne l'éducation, la parité
filles/garçons au niveau primaire est atteinte, puisque le ratio de
filles-garçons est de 1,05 au profit des filles (Rapport des Taux brut
de fréquentation des filles sur ceux des garçons).
Mais au-delà de ce cycle, les filles sont
défavorisées par rapport aux garçons et ce de
manière croissante avec le niveau d'étude. Pour ce qui est de la
situation des femmes sur le marché du travail, les femmes sont moins
nombreuses dans le secteur salarié non agricole que les hommes (38 %
contre 62 %). Pour ce qui est de la promotion des femmes donc l'objectif peut
être réalisable d'ici 2015 mais reste à savoir sur
l'égalité de sexe.
77
III-1-4. OMD et la réduction de la mortalité
infantile
L'objectif des OMD en matière de réduction de la
mortalité infantile est de la réduire de 2/3 à l'horizon
de 2015. L'enquête ENSOMD permet d'avoir un aperçu sur les efforts
accomplis dans ce domaine, mais aussi en matière de protection de
l'enfance de manière générale.
Tableau n°XIX. Indicateur OMD en
mortalité et santé des enfants
NOM DE L'INDICATEUR
|
2012-2013
|
Cible 2015
|
Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans (%o)
|
62
|
53
|
Taux de mortalité des enfants de moins d'un an (%o)
|
42
|
31
|
Taux de mortalité des enfants de moins d'un mois (%o)
|
26
|
21
|
Proportion d'enfants de 12 à 23 mois vaccinés
contre la rougeole (%)
|
61,7
|
100
|
Proportion d'enfants de 12 à 23 mois complètement
vaccinés (%)
|
51,1
|
100
|
Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.
Après avoir connu une diminution depuis une dizaine
d'années la mortalité infanto-juvénile a subi une nette
réduction de près de 55 % en passant de 159 %o en 1997 à
72 %o en 2009.
La mortalité des enfants de moins de un an a connu
également une diminution entre 1997 et 2009 passant respectivement de 93
%o à 48 %o. En ce qui concerne la nutrition, 8,6 % des enfants souffrent
de malnutrition aigüe et donc à forte risque de
mortalité.
En somme, pour atteindre l'OMD, une meilleure
accessibilité des services sanitaires de base par toute la population se
pose comme une alternative incontournable. La réalisation de l'objectif
visant à la survie des enfants dépend d'efforts concentrés
sur les causes principales de décès. Enfin, il faut savoir
prioriser les « groupes cibles ».
III-1-5. OMD et l'amélioration de la santé
maternelle
Pour cet objectif deux cibles ont été alors
définies : réduire de trois quart, entre 1990 et 2015, le taux de
mortalité maternelle et rendre l'accès à la
médecine procréative universelle.
78
Ces cibles sont soutenues par plusieurs indicateurs dont le
taux de mortalité maternelle et la proportion d'accouchement
assistée par un personnel qualifié pour la première et la
prévalence contraceptive, le taux de fécondité des
adolescentes, la couverture de soins prénatals (au moins quatre visites
prénatales), ainsi que les besoins non satisfaits en matière de
planification familiale pour la seconde.
Sur l'ensemble de ces indicateurs, la situation est loin
d'être reluisante, comme le montre le tableau suivant :
Tableau n°XX. Indicateurs OMD de la
santé maternelle
Nom de l'indicateur
|
2012-
2013
|
CIBLE
2015
|
Ratio de mortalité maternelle pour 100 000 naissances
(avec IC = [402 ; 594])
|
478
|
122
|
Proportion d'accouchements assistés par du personnel de
santé qualifié
|
44,3%
|
|
Taux d'utilisation de la contraception (moderne chez les femmes
en union)
|
33,3%
|
|
Taux de natalité parmi les adolescentes (Taux
spécifique de fécondité de 15- 19 ans)
|
163%
|
|
Couverture des soins prénatals (consultation personnel
qualifié)
|
82,1%
|
|
au moins une visite
|
86,7%
|
|
au moins quatre visites
|
51,1%
|
|
Besoins non satisfaits en matière de planification
familiale
|
17,8%
|
|
Connaissance fistule (En a entendu parler) : Homme & Femme
|
13%, 12%
|
|
Parmi les femmes enquêtées, pourcentage des
femmes de 15-49 ans présentant des pertes urinaires et ou fécales
par les voies génitales
|
5,3%
|
|
Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.
Les résultats de l'enquête 2012-2013 montrent que
le taux de mortalité maternelle est resté quasi stationnaire
depuis des dizaines d'années. Il est estimé à 478
décès maternels pour 100 000 naissances vivantes pour la
période 2006-2013 (contre 498 pour 100 000 naissances vivantes).
En matière d'accès aux soins, il est noté
une baisse d'environ 3 points entre 20082009 et 2012-2013. En effet, la
proportion d'accouchements assistés par un personnel qualifié est
passée de 43,9 en 2008-2009 à 44,3 actuellement. En somme, en se
référant aux résultats présentés, l'atteinte
des objectifs de l'OMD constitue un challenge pour Madagascar.
79
III-1-6. OMD et la lutte contre du VIH/SIDA, le paludisme
et les autres maladies
Cet objectif peut être cerné à travers
deux cibles : enrayer la propagation du VIII/Sida et maîtriser le
paludisme ainsi que d'autres grandes maladies et commencer à inverser la
tendance actuelle. Résumons ci-après les différents
indicateurs concernant cet objectif.
Tableau n°XXI. Indicateurs de l'OMD en VIH/Sida,
le paludisme et la
tuberculose
Nom de l'indicateur
|
Hommes
|
Femmes
|
Ensemble
|
Taux d'utilisation d'un préservatif lors du dernier
rapport sexuel à haut risque (15-24 ans)
|
7,3%
|
8,5%
|
7,9%
|
Proportion de la population âgée de 15 à
24 ans ayant des connaissances exactes au sujet du VIII/Sida
|
25,5%
|
22,9%
|
24,2%
|
Proportion d'enfants de moins de 5 ans dormant sous des
moustiquaires imprégnées d'insecticide
|
48,6%
|
50,8%
|
49,7%
|
Proportion d'enfants de moins de 5 ans atteints de
fièvre
traités aux moyens de médicaments
antipaludéens appropriés
|
12,3%
|
12,8%
|
12,5%
|
Connaissance de la tuberculose
|
84%
|
80%
|
82%
|
Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.
Selon les résultats, la grande majorité des
femmes et des hommes de 15-49 ans ont entendu parler du VIII/SIDA. Cependant,
une baisse notable a été enregistrée entre 2009 et 2012
concernant cette maladie. Par ailleurs un peu moins de la moitié des
femmes (47 %) connaissent la possibilité de transmission par
l'allaitement, mais peu d'entre elles (13 %) savent que ce risque de
transmission maternelle du VIII peut être réduit par la prise de
médicaments spécifiques par la mère durant la
grossesse.
De plus, en moyenne, 82,5 % de la population ont
déclaré avoir entendu parler de la tuberculose (plus
élevé chez les hommes). Plus de 9 personnes sur 10 d'entre eux
ont déclaré que cette maladie peut être guérie (94
%). En ce qui concerne le paludisme, il ressort que près de deux tiers
des ménages possèdent des moustiquaires (64 %) et le nombre moyen
de moustiquaires par ménage s'élève à 1,15. En
somme, la lutte contre les maladies transmissibles s'avèrent encore un
défi du prochain millénaire.
80
III-1-7. OMD et préservation de l'environnement
Le septième objectif s'est donné comme objectif
principal d'assurer un environnement durable. Par ailleurs, les cibles pour
2015 en ce qui concerne l'accès à l'Eau Potable et aux
infrastructures d'assainissement sont respectivement de 68% et 54 %
d'après l'OMD.
Pour le secteur eau, cet objectif est loin d'être
atteint que ce soit 27,7% ou 38,9% de la population seulement ont accès
à l'Eau Potable améliorée, bien que des efforts de la part
du gouvernement aient été déployés durant les
périodes antérieures.
Pour le secteur assainissement de base, l'atteinte de
l'objectif est envisageable avec le taux à 50,1% en collaboration avec
les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) sur la mise en oeuvre du
processus de l'échelle de l'assainissement à travers la
l'opérationnalisation du Marketing de l'assainissement.
En matière de gestion des ressources environnementales,
les progrès sont peu palpables à Madagascar. En effet, le bois
avec un taux de 69,9 % et le charbon de bois avec 26,2% sont les plus
utilisés en tant que premier type de combustible pour la cuisson.
Pour ce qui est de la sécurité d'occupation des
logements des citadins, l'objectif consistait à atteindre d'ici 2020
environ 100 millions d'habitants dans le monde. Or la part de Madagascar y est
relativement négligeable car elle ne représente qu'environ 408
097 habitants avec des occupations sécurisées sur les
ciblés.
III-1-8. OMD et le partenariat mondial pour le
développement
Les enjeux du développement mondial exigent une
gouvernance mondiale organisée et plus cohérente. Ces
mécanismes de la gouvernance mondiale reposent désormais sur un
certain nombre de modalités et de procédures précises :
- Instauration d'un dialogue multilatéral global sur
l'aide au développement et son efficacité.
81
- Participation massive de délégués (3000
à 4000) représentants tous les gouvernements du monde, y compris
le secteur privé, les organisations de la société civile,
désormais parties prenantes, et membres officiels du dialogue
Nord-Sud.
- Définition des rôles et responsabilités
de chacun des acteurs du mécanisme de gestion internationale de
l'efficacité de l'aide. Notamment tous les acteurs publics et
privés finançant le développement, y compris les bailleurs
de fonds privés, et ONG.
- Énonciation de règles et des lignes
directrices gouvernant les diverses modalités d'aide, en tenant compte
des rôles respectifs de ses différents acteurs.
- Mise en place d'un accord-cadre de coopération pour
le développement qui, pour la première fois, inclut les donateurs
traditionnels (CAD), les donateurs Sud-Sud, les pays en développement et
plusieurs organismes de la société civile et des organismes
financiers du secteur privé.
III-2. Aide publique au développement (APD)
L'aide publique au développement (abréviation
française : APD, et abréviation anglaise : ODA - Official
Development Assistance) est constituée des ressources attribuées
sous forme de dons, de prêts à conditions financières
libérales, ou d'allègements de dettes, prévues au budget
public d'un pays développé et destinées à faciliter
le développement économique et à améliorer les
conditions de vie des PED figurant sur la liste des pays éligibles
à l'APD.
Les Aides Publiques au Développement contribuent au
bien-être de la population à travers le financement de projets ou
programmes qui soutiennent les actions de lutte contre la
pauvreté1.
Le graphique ci-dessous met en évidence les principales
interrelations que la notion d'Aide Publique au Développement (APD)
entretient avec les questions relatives aux relations internationales, à
l'économie du développement, aux politiques publiques, et aux
questions de finances publiques.
1 Easterly WILLIAM (2006), Les pays pauvres
sont-ils condamnés à le rester ? Paris, Éditions
d'Organisation.
82
Figure n°3. L'APD est un concept aux
ramifications multidisciplinaires
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar19.png)
Source : Justin PARAISO, cours de l'aide publique au
développement 2012-1013
universités de Toamasina.
En 1964, Jan Tinbergen (Prix Nobel d'économie 1969) fut
chargé par les Nations Unies d'évaluer les besoins minima de
capitaux internationaux qui permettraient aux pays en développement
d'atteindre des taux de croissance économique souhaitables. Tinbergen en
a conclu que l'aide publique internationale nécessaire à ces pays
était de l'ordre de 0,75 % du PNB des donateurs en 1972.
Publié en octobre 1969, le rapport de la Commission
Pearson pour l'Étude du Développement international, qui fut
salué comme un ouvrage de référence sur l'aide au
développement international, propose donc que l'APD soit portée
à 0.70 % du PNB des donateurs d'ici à 1975, et en tout cas avant
1980.
L'APD ne représente qu'une partie de l'ensemble plus
vaste appelé « Financement public du développement (FPD)
». De même, le Financement public du développement (FPD) ne
représente lui aussi qu'une partie (48 %) du financement international
du développement (FID). Pour se donner une idée des ordres de
grandeur, posons-nous la question de savoir ce que représentent les
moyens financiers de l'APD.
83
L'aide publique nette au développement se chiffre
à 129 milliards de dollars US en 2009, à 128 milliards de $ en
20101 (légère baisse due aux effets de la crise de
2008), et à 134 milliards de $ en 2011, au titre du financement
provenant des seuls pays du Comité d'aide au Développement de
l'OCDE (CAD) qui représentent environ 90% de l'APD totale mondiale.
Madagascar est dans la liste des pays éligible à
l'APD depuis 25 octobre 19672 le maintien et le développement
des intérêts commerciaux est la forme d'aide le plus
fréquent a cet époque.
Actuellement, le décaissement a affiché une
baisse considérable de l'ordre de 46,7% en 2009 comparé en 2008,
soit une valeur de 372,1 millions d'USD en 2009 contre 700 millions d'USD en
2008. Cette contraction des APD s'est confirmée en 2010 mais à un
rythme inférieur à ceux de 2009.
Graphique n°11. Evolution du volume des Aides
Publiques au Développement de
2005 à 2012 (en millions de $) à
Madagascar
900 800 700 600 500 400 300 200 100
0
|
|
|
|
|
Aides Publiques au Développement
|
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Source : Primature, Rapport sur la
Coopération au Développement, 2012.
Le volume des aides octroyées pour Madagascar n'a
cessé de diminuer après la crise politique de 2009.
1 David COHEN, Sylvie GUILLAUMONT, Jeanneney et
Pierre JACQUET, La politique d'aide au développement de la
France, page 15-16.
2 Philippe Hugon, L'impact de l'aide sur le
développement. Le cas de Madagascar. In: Tiers-Monde. 1973, Tome 14
n°56. pp. 793-824.
84
En effet, la suspension des financements extérieurs, en
particulier ceux de l'union européenne, a freiné la
réalisation des grands projets d'investissements pour la construction
des infrastructures de base (routes, écoles, hôpitaux et centres
de santé de base, petits périmètres d'irrigation
agricole...) indispensable au développement économique et social
de Madagascar.
En outre, suite à la suspension de
l'éligibilité de Madagascar à l'AGOA, plusieurs
entreprises notamment les entreprises de textiles et les Zones Franches
Industrielles (ZFI) se sont trouvées en difficulté face à
la rupture des commandes ou à la baisse sensible d'activités
conduisant à la mise en chômage de la majorité du
personnel. Cette situation témoigne la nécessité de l'APD
pour l'appui et encouragement des efforts des pays démunis en
matière de réduction de la pauvreté et de
développement économique.
En somme l'expérience acquise démontre que
l'aide économique aux pays appliquant une saine gestion permet
d'intensifier la croissance et d'améliorer la situation
économique et sociale.
Les donateurs peuvent intervenir en dirigeant l'aide de
façon plus efficace vers les pays démunis qui font la preuve
d'efforts sérieux en vue d'apporter des réformes
économiques et de réduire la pauvreté ; il est
également nécessaire que l'Etat bénéficiaire
respecte leur engagement pour que les fonds octroyer soit productives. Ce qui
témoigne encore le rôle primordial de l'Etat dans la sphère
économique.
Le PAS, le DSRP et le MAP sont les politiques publiques
choisies dans notre étude, la connaissance des contenus de ces
politiques publiques s'avère nécessaire pour faciliter la
comparaison des résultats de ces politiques. C'est à partir des
résultats que nous déterminerons l'efficacité de
l'intervention de l'Etat, c'est-à-dire l'effet des politiques publiques
sur la croissance économique.
85
CHAPITRE II. EFFETS DE CES POLITIQUES SUR LES
PAUVRES
Les politiques publiques ont réussi, si elles ont des
impacts positifs sur la vie de la population, l'économie et les autres
domaines où elles ont été conçues. Il est certain
que tous ces moyens déployés par l'Etat pour réduire la
pauvreté à Madagascar a un impact sur la vie quotidienne des
ménages Malgache. Comme notre étude a pour objectif de
déterminer l'intervention efficace de l'Etat, il serait
intéressant de voir l'effet de ses actions sur la pauvreté. Dans
ce chapitre, nous allons parler des effets de cette différente politique
dans les domaines économiques et sociaux (nutritions, éducation,
santé).
SECTION I. CONSEQUENCES ECONOMIQUES
Après l'indépendance, l'Etat Malgache a mis en
oeuvre des politiques axées sur le développement durable et
solidaire. Il s'est engagé dès la première moitié
des années 80 sur la voie de l'ajustement structurel. Le redressement de
l'économie ne cesse de s'intensifier via le DSRP (vers le début
des années 2000) et le MAP (jusqu'en 2008).
Dans cette section, nous allons voir les impacts
économiques de ces différentes politiques et programmes, pour
cela, nous nous intéressons, d'une part, sur la croissance
économique et le revenu par habitant et d'autre part, sur l'inflation et
l'investissement direct étranger et pour terminer sur les effets au
niveau du développement humain.
I-1. Effet de ces différentes politiques publiques
sur la croissance et le revenu par habitant
Madagascar est un pays où l'économie est en
fluctuation permanente. La croissance économique dans ce pays n'est pas
soutenue. Les efforts ne sont pas poursuivis. Sur la période de
2003-2006, même si les objectifs fixés dans le DSRP ne sont pas du
tout atteints, Madagascar a affiché une croissance importante avec un
accroissement annuel moyen du PIB de 5 %, supérieur à
l'accroissement de la population sur la même période (2,8 %). Le
taux de croissance économique réel est à peu près
de 10 % en 2003. Madagascar a connu une croissance économique soutenue
de 5,7 % pour la période de 2005 à 2008 (INSTAT, 2010).
Il faut souligner que la performance des réformes
économiques réalisées durant cette période a
été appréciée et soutenue par la Communauté
internationale, notamment l'atteinte du point d'achèvement en novembre
2004 au titre de l'IPPTE et l'éligibilité au titre de
l'Initiative d'Allégement de la Dette Multilatérale.
86
Cette performance a été le résultat des
efforts consentis dans le développement des infrastructures,
l'intensification des activités productrices, la promotion des
investissements privés, le développement des secteurs porteurs
notamment le tourisme, l'amélioration de l'environnement favorable au
développement économique et dans les politiques de
désenclavement entamées par la réhabilitation ou
l'amélioration des nouveaux axes routiers. Cet effort avait consenti une
amélioration tangible du revenu par tête des ménages
malgaches.
Graphique n°12. Variation du niveau de revenu
moyen (par habitant) de 2005 à 2012
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar21.png)
250
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
550
510
492 477
niveau de revenu moyen
296
316
409
451 448
500
450
400
350
300
Source : Institut National de la Statistique
(INSTAT).
Le revenu moyen par habitant a une légère
augmentation depuis 2004 jusqu'en 2008 (296 en 2004 et 510 en 2008). En somme,
le DSRP et le MAP ont un effet positif sur la croissance économique,
mais cette croissance économique n'était pas stable. Si l'accent
est mis sur le développement, il est observé qu'il n'y avait pas
de développement à cause de la non-répartition
équitable des richesses créées.
Les richesses de la nation sont entre les mains d'une
minorité des malgaches à cause de l'inégalité
sociale et économique très élevée. En
matière d'inégalité, le coefficient de concentration de
Gini est de 0,475 pour Madagascar1.
I-2. Effet des politiques publiques sur l'inflation et
l'investissement direct étranger
L'inflation traduit une hausse
généralisée des prix résultant d'une rupture
d'équilibre. Elle doit être distinguée de l'augmentation du
coût de la vie qui mesure la variation des dépenses (donc du
revenu) requises pour procurer une satisfaction équivalente à
celle de la période passée. Le panier de biens servant à
l'estimation de l'IPC est fixe ; ce qui n'est pas le cas pour l'indice du
coût de la vie.
1 Dwight H. PERKINS., Steven RADELET et David L.
LINDAUER (2ème tirage 2011), Economie du
développement, traduction de la 6ème
édition américaine par Bruno Baron-Renault,
3ème édition, Ouvertures Economiques, de boeck, p.
235.
87
Pour évaluer le taux d'inflation, nous utiliserons
l'indice des prix à la consommation. Cette mesure n'est pas
complète, le phénomène inflationniste couvrant un champ
plus large que celui de la consommation des ménages.
L'inflation du pays connaît une baisse
régulière passant de 18,3 % en 2005 à 10,6 % en 2006 et
10,3 % en 2007, selon les estimations du FMI. Cette performance est due
à la politique monétaire et à l'appui budgétaire du
FMI et de la Banque mondiale à cette époque.
Graphique n°13. Evolution du taux d'inflation
2005-2012 (en pourcentage)
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar22.png)
20
18,4
15
10,8 10,3
9,2 9 9,3 9,5
10
5,8
5
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Evolution du taux d'inflation
Source : Institut National de la Statistique
(INSTAT), 2013.
L'inflation est maîtrisée grâce à la
pratique des prix subventionnés pour le carburant et quelques produits
de première nécessité (PPN), notamment le riz1.
La diminution de prix en 2012 est consécutive à la faiblesse de
la demande engendrée par la réduction des revenus des
ménages et l'aggravation de la pauvreté.
Après un premier triplement en 2006, le flux d'IDE
entrant à Madagascar a triplé à nouveau en 2007 pour
atteindre 13,6 % du PIB, une performance presque exclusivement imputable aux
activités extractives, devenues le principal moteur de la croissance. En
deux années, Madagascar s'est hissé au 10ème
rang des pays récipiendaires de l'IDE sur le continent africain, et au
4ème rang pour la partie sub-saharienne.
1 Voir les travaux de :
- H. David-Benz, A. Diallo, F. Lançon, V. Meuriot, P.
Rasolofo, L. Temple, A. Wane, (2010). L'imparfaite transmission des prix
mondiaux aux marchés agricoles d'Afrique subsaharienne, CIRAD,
FARM.
- J.-E. Bidou, I. Droy, P. Rasolofo, (2007), Origine et
développement de la crise du riz de 2004 à Madagascar : la
gouvernance en question. In : Brot J., Callens S., Gerardin H. Catastrophe
et gouvernance. Fernelmont : EME, pp. 47-66. (Proximités -
Sociologie).
- H. David-Benz, P. Rasolofo, L. Tsisalovanina, (2009),
Les prix du riz à Madagascar : crise et résilience du
marché. Actes de l'atelier national sur la recherche et le
développement du riz pluvial à Madagascar, FOFIFA, CIRAD,
Université d'Antananarivo, URP SCRiD, 14-15 oct. 2009.
- I. Droy, P. Rasolofo, (2001), Entre cyclone et
marchés mondiaux, la vulnérabilité des ménages de
la côté Est de Madagascar, Séminaire La
pauvreté à Madagascar : Etat des lieux, facteurs explicatifs et
politiques de réduction, Antananarivo, 4-7 février.
88
Ces performances ne doivent pas masquer la faiblesse du stock
qui rappelle l'amplitude du retard à combler pour se repositionner dans
le jeu mondial. Cette performance est due au politique de libéralisation
du marché extérieur déclarer dans le cadre du DSRP et du
MAP.
Le pays figure encore très loin au classement avec 0,46
% du stock de l'Afrique, sachant que ce continent abrite seulement 2,6 % du
stock mondial. L'analyse qualitative du flux soulève plusieurs
interrogations liées à une baisse du flux d'IDE hors secteur
minier, et à l'absence de grands groupes transnationaux dans certaines
infrastructures (énergie, eau, santé). Nous supposons que ce
constat est dû par le conditionnement des bailleurs de fond dans
l'ajustement structurel et surtout dans l'élaboration du DSRP et du
MAP.
Graphique n°14. Evolution des (IDE) de 2005-2012
(en millions de DTS)
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar23.png)
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
|
|
881
|
823
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
499
|
508
|
|
|
488
|
487
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
150
|
|
|
|
|
58
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Evolution des Investissement Directs Etrangers
1000
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
Source : Banque Centrale de Madagascar, 2013.
La valeur des importations est liée à
l'évolution des Investissements Directs Etrangers (IDE). Depuis 2009,
les IDE diminuent mais une reprise se constate en 2010. La suspension des
privilèges commerciaux de l'African Growth And Opportunity Act (AGOA) a
handicapé les exportations de textiles vers le marché
américain. En 2012, la valeur des exportations des biens et services
connaît une augmentation due à la réorganisation de
quelques filières de production de rente (girofle, café, litchi,
vanille) et de l'exploitation minière.
Les nouveaux investissements miniers (Soalala, Mainland, etc.)
expliquent la stabilité des IDE au cours des années suivantes. En
matière de développement macroéconomique, les effets du
PAS sont désastreux, ceux du DSRP et du MAP ont des effets plus
satisfaisants mais la crise politique a rendu le pays dans une situation de
dépression.
89
I-3. Effet des politiques publiques sur le
développement humain
Après la crise post-électorale de 2002, qui a
fait reculer le niveau de l'IDH à 0,479, le pays a fait, en
général des progrès tangibles en matière
d'amélioration de développement humain.
De 2003 à 2006, période de mise en oeuvre du
DSRP, l'IDH de Madagascar a connu une nette amélioration, passant de
0,505 en 2003 à 0,535 en 2006, sauf en 2005 où la valeur de l'IDH
a été de 0,467.
Cette baisse a été liée notamment
à la chute du taux d'alphabétisation et du recul du niveau de
revenu. En effet, au cours de la période 2003-2006, le pays a plus ou
moins enregistré des progrès significatifs en termes de
développement humain, et l'IDH a été respectivement de
0,505 en 2003, de 0,514 en 2004 et de 0,535 en 2006, classant ainsi le pays
parmi les pays à développement humain moyen.
Le niveau de développement humain a enregistré
une nette amélioration tant sur le plan national que régional
pendant la période de mise en oeuvre de la stratégie. Cette
amélioration témoigne de la pertinence et des impacts positifs
des stratégies de lutte contre la pauvreté
développées par le Gouvernement malgache à
l'époque.
L'accent a été mis sur l'importance
particulière des retombées positives des efforts consentis dans
le développement des politiques sociales en les alignant aux OMD,
notamment pour l'universalisation de l'éducation, l'intensification de
l'alphabétisation, l'amélioration des conditions sanitaires de la
population.
L'intensification des investissements publics, l'extension
régionale de la construction des infrastructures sociales et
économiques ont aussi contribué au développement des
activités de production et donc à l'accroissement des revenus
dans les différents secteurs.
90
SECTION II. CONSEQUENCES SOCIALES
Les allocations budgétaires pour les secteurs sociaux
sur la période 2000-2008 sont globalement alignées sur les
priorités sectorielles stratégiques (nutrition, santé, et
éducation) définies dans le DSRP puis le MAP. L'éducation
représente ainsi en moyenne 18 % du budget, et la santé 9 % pour
la période 2005-2006. Ces allocations sont en augmentation dans le
budget 2008, avec 19 % pour l'éducation et 9,5 % pour la santé.
Dans cette section, nous allons analyser successivement les effets de la
politique publique sur ces trois privations considérées dans le
cadre du DSRP et du MAP comme essentiel dans le bien être sociale des
ménages.
II-1. Nutrition
Bien que Madagascar dispose de potentialités
agro-pastorales et halieutiques importantes, le régime alimentaire
malgache reste monotone, peu diversifié et
déséquilibré. Il faut aussi relever que même si
l'approche est plutôt préventive dans la majorité des
interventions de nutrition, le manque d'efficacité et ainsi que la
faible couverture de ces interventions n'ont pas permis une réduction
tangible de la malnutrition au niveau national.
Par ailleurs, Madagascar possède une bonne
expérience des interventions de nutrition communautaire
démarrées dans les années 1990 et qui a
démontré l'efficacité à réduire le taux de
la malnutrition surtout chez les enfants. Les principales interventions ont
été mises en oeuvre dans une centaine de districts dans le cadre
des projets SEECALINE, NAC, PCIME, AEN et d'autres projets.
La principale traduction de cette volonté politique est
la création en 2004 bien avant la naissance du mouvement global de
renforcement de la nutrition (SUN), de l'Office National de Nutrition (ONN),
sous la tutelle de la primature, et qui est chargé de définir, de
coordonner et de suivre la mise en oeuvre des programmes touchant la nutrition.
Le Gouvernement Malagasy a placé la nutrition parmi ses priorités
depuis plusieurs décennies.
Malgré tous ces efforts, les résultats sont
moins encourageant car la malnutrition, quel que soit sa forme, demeure encore
un important problème social et de santé publique, qui touche une
grande partie de la population, notamment dans la zone Sud de Madagascar. Pour
ce qui est de la quantité, 76 % de la population souffrent d'une carence
alimentaire. Il existe de fortes variations régionales, avec des taux
allant de 89,7 % (Atsimo Antsinanana) à 63,4 % (Atsimo Andrefana).
91
Du point de vue de la qualité, plus de quatre Malagasy
sur cinq consomment des aliments de faible qualité (riz,
féculents, etc.). C'est surtout le milieu rural (86 %) qui est
relativement plus touché par la carence qualitative des aliments, que le
Grand centre urbain (73 %) et la capitale (70 %).
Cependant, la situation reste préoccupante car un peu
moins de la moitié des enfants de moins de 5 ans (47,3 %) souffre d`une
malnutrition chronique dont 18,1 % sous forme sévère (INSTAT,
2012)
Parmi les enfants souffrant de malnutrition chronique, les
régions les plus affectées sont les régions des Hautes
Terres : Haute Matsiatra et Vakinankaratra (65,2 %), Amoron'i Mania (64,0 %).
En tenant compte du milieu de résidence, le milieu rural est le plus
touché avec un taux de 48,6 %, contre 39,1 % pour l'ensemble urbain.
Toutefois, la capitale présente une prévalence assez importante
à 46,2 % (INSTAT, 2012).
Graphique n°15. Tendance de la malnutrition
chronique, de 1992 à 2012 (standard
OMS)
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar24.png)
Source : INSTAT/ENSOMD 2012-2013.
A Madagascar, le retard de croissance s'installe tôt,
puisque presque un quart (24,5 %) des enfants de moins de 6 mois accusent
déjà un retard de croissance. Durant les deux premières
années de l'enfant, les prévalences de la malnutrition augmentent
avec l'âge, avec un pic de 57,6 % pour les enfants de 18 à 23
mois.
Les garçons (50,2 %) sont plus exposés à
la malnutrition que les filles (44,5 %), du fait que les filles sont
considérées comme plus vulnérables que les garçons.
Le caractère multisectoriel de la lutte contre la malnutrition demande
des actions encore plus harmonieuses et une implication plus grande de
l'Administration Publique.
II-2. Éducation
Le gouvernement a mis en place l'approche participative, le
développement des outils de gestion du secteur éducatif (suivi ;
planification ; gestion financière ; guides pour les enseignants, chef
ZAP, directeurs d'établissement dans le cadre de son du politique
éducative), et le Programme Education pour Tous ; cet effort
mérite une attention particulière et peuvent servir du
modèle tant sur la conception que sur l'exécution.
L'impact des efforts et des mesures prises commence
actuellement à être ressenti au niveau du système
éducatif malgache. Les résultats de l'Enquête Prioritaire
auprès des Ménages de 1999 (EPM, 1999), réalisée
par 1'INSTAT ont montré la diminution de pourcentage des populations
analphabètes avec 48,7 % de population sans instruction en 1999 contre
49,7 % en 1997.
Le niveau d'instruction des enfants a relativement augmente
car 39,7 % des élèves ont achevé le cycle primaire en
1999, contre 38,6°% en 1997, et 18,8 % ont acquis le cycle secondaire en
1999, contre 10,7 % en 1997. Au niveau de l'universalisation de l'enseignement
primaire, l'effectif des élèves a augmenté de 9,4 % en
moyenne par année entre les années scolaires de 2000 et 2012.
Cependant, malgré les efforts consentis avec les
partenaires, le taux brut de scolarisation dans le cycle primaire a
affiché une tendance à la baisse depuis 2009, à cause des
charges qui pèsent sur les parents d'élèves. En revanche,
ceux dans les autres cycles ont évolué à la hausse.
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar25.png)
Graphique n°16. Evolution des Taux Bruts de
Scolarisation de 2006 à 2012 (en
pourcentage)
92
Source : Ministère de l'Education Nationale
et Ministère de l'Enseignement Supérieur et
de la Recherche
Scientifique, 2013.
93
Depuis 2009, le taux d'achèvement au niveau primaire
diminue tout comme dans les collèges depuis 2011, après avoir
augmenté depuis 2007. En revanche, le taux d'achèvement au niveau
lycée s'améliore depuis 2007.
Grace à la poursuite des aides extérieures en
faveur du secteur de l'éduction, le taux d'achèvement a
augmenté au niveau des lycées. Le taux d'achèvement
s'améliore au fur et à mesure que nous accédions au cycle
suivant. Les grèves à répétition dans les
universités ont entretenu des taux d'achèvement excessivement
faibles.
Malgré tous les efforts consentis, les conditions de
travail (les infrastructures) ont continué de se
détériorer et la qualité de l'enseignement a baissé
surtout en milieu rural. Celles-ci viennent du fait que les infrastructures
détruites par les cyclones ne sont pas remplacées. Ainsi, le taux
global de redoublement est passé à 36 % et le taux d'abandon a
atteint 30 % en 2012 (INSTAT, 2012).
II-3. Santé
En 2004, le Ministère de la santé a
élaboré sa politique nationale de santé (PNS) selon
laquelle la santé maternelle figure parmi les priorités. Afin
d'atteindre les objectifs du millénaire pour le développement
relatifs à la santé, le ministère en question a
élaboré une série de documents visant à
réduire la mortalité, et les risques contre les maladies
infectieuse.
Par ailleurs, le taux de mortalité constitue
actuellement une mesure importante du développement humain et social.
Dans ce cas, l'Etat a pris deux grandes orientations, à savoir : la
décentralisation progressive des services de santé et de la
politique du recouvrement des coûts ou la politique de participation
financière des usagers à travers les frais d'utilisateurs.
Cette politique a favorisé une légère
amélioration de la disponibilité des médicaments dans les
centres de santé de base ainsi que la prise en charge des frais
d'hospitalisation des groupes plus défavorisés. Depuis 2009, les
ménages se rendent de moins en moins dans les CSB. La baisse des
consultations s'explique par la diminution des revenus des ménages
engendrée par la crise. La poursuite des projets humanitaires ont permis
de maintenir la couverture vaccinale et de réduire la malnutrition.
Donc, Madagascar se place en bonne position parmi les pays Africains en termes
de vaccination.
94
Graphique n°17. Evolution des principaux
indicateurs de la santé de 2007 à 2012 (en %)
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar26.png)
Source : Ministère de la Santé Publique,
2013.
Les efforts entrepris ont un impact sur l'amélioration
de taux de consultation externe des CSB et le taux de mortalité
maternelle, ainsi que sur la fréquentation des Centres de Santé
par la population bénéficiaire. Le niveau de mortalité
global des adultes de 15-49 ans pour la période la plus récente a
peu changé : 4,1 %o pour l'ensemble des femmes et 4,9 %o pour l'ensemble
des hommes, soit une surmortalité masculine de 0,8 %o en 2012.
Il est observé chez les hommes ainsi que chez les
femmes, une tendance à l'augmentation assez régulière des
taux par âge. Chez les femmes, les taux varient d'un minimum de 2,4 %o,
à 20-24 ans, à un maximum de 9,1 %o à 45-49 ans. Chez les
hommes, les taux passent d'un minimum de 3,1 %o, à 15-19 ans et 20-24
ans, à un maximum de 13,6 %o à 45-49 ans. Les résultats
affichent une surmortalité des hommes presque dans toutes les classes
d'âges.
En résumé, les différentes politiques
publiques pour réduire la pauvreté ont un impact sur la vie
socioéconomique des ménages pauvres mais ses influences restent
minimes. C'est pour cette raison qu'il est difficile de ressentir ses effets au
niveau de la pauvreté.
L'effort consenti reste alors insuffisant car les politiques
appliquées ne sont pas corrélées entre elles, (une
population mal nourrie est vulnérable au phénomène de la
santé et cette dernière n'arrive pas à s'instruire
correctement). Donc, il faudrait avoir des politiques favorables à
l'ensemble des problèmes pour que les effets soient ressentis.
95
SECTION III. SUGGESTIONS POUR UNE EFFICACITE ACCRUE DES
ACTIONS DE L'ETAT EN FAVEUR DE LA REDUCTION DE LA PAUVRETE A
MADAGASCAR
Il s'agira dans cette section de faire des propositions et
d'envisager des perspectives dans le sens d'une plus grande efficacité
de l'Etat dans la réduction de la pauvreté à Madagascar.
Nous reprenons encore le titre de l'ouvrage de William Easterly1
(2011) : Les pays pauvres sont-ils condamnés à le rester
?
Dans la politique de lutte contre la pauvreté, nous
devrions accorder la priorité au développement humain et aux
améliorations de la production. En l'absence de données
empiriquement fondées, nous voudrions, dans les lignes à suivre,
faire quelques propositions dans le sens de la correction des faiblesses de
l'Etat en matière de lutte contre la pauvreté.
III-1. Promotion d'une croissance pro-pauvre
Depuis toujours, les conceptions économiques tournent
autour de la croissance économique comme moyen de lutte contre la
pauvreté. Cependant, la croissance économique peut aussi
être une source d'inégalité. De ce fait, il est donc
nécessaire de promouvoir une croissance pro-pauvre. Actuellement,
Madagascar traverse une période cruciale pour son avenir
économique.
La « sortie de crise » est la seule voie pour le
pays de redémarrer la croissance et de réduire la
pauvreté. Le choix des politiques économiques et des secteurs
clés est primordial pour amorcer la reprise économique.
La promotion de la croissance doit se concentrer autour des
secteurs clés qui puissent réduire la vulnérabilité
des ménages face aux différents chocs. Il faut chercher des
moteurs économiques qui faciliteront une participation significative des
couches défavorisées de la population. Le taux
élevé de pauvreté, surtout en milieu rural,
nécessite une véritable politique économique
tournée vers l'agriculture. Il s'agit de promouvoir une croissance
pro-pauvre, une croissance économique favorable aux ménages
pauvres.
1 Cet ouvrage est déjà signalé
dans la partie introductive de ce Mémoire. Mais, nous l'avons repris
exceptionnellement dans cette dernière section pour mettre en exergue :
est-ce les pays pauvres sont-ils vraiment condamnés à rester
pauvres.
96
III-2. Rôle primordial de la puissance publique
L'intervention de l'Etat dans l'économie est non
seulement nécessaire mais aussi primordiale pour la réduction de
la pauvreté et le démarrage du développement. L'Etat ne
doit pas laisser le marché prendre un grand rôle dans la promotion
des biens et services.
Par ailleurs les expériences vécus nous ont
montré que la plupart des pays nouvellement développé
aujourd'hui, montre une intervention plus que nécessaire sur leur
économie. C'est-à-dire, si l'Etat veut vraiment sortir du cercle
vicieux de la pauvreté1 (cf., Annexe III, p. 111), il ne
devrait pas seulement intervenir pour stabiliser ou réguler les
marchés mais, il devrait aller plus loin dans leur politique de
développement.
Exemple : Le prix du
carburant.
Chaque mois de juin2 le prix du carburant augmente.
Face à cette situation, l'Etat intervient en subventionnant les
compagnies pour stabiliser le prix. Cette solution est considérée
comme une « politique de pansement » qui ne résout
pas totalement la tension inflationniste, mais la calme. Nous suggérons
à l'Etat d'arrêter ce « comportement d'intervention de
pompier », en instaurant une véritable politique de prix.
III-2-1. Réduction des inégalités
La réduction de l'inégalité est
très importante dans la lutte contre la pauvreté. Il existe
plusieurs moyens pour atteindre cet objectif. La répartition
équitable du revenu en est un début. Il faudrait mettre en place
des législations fiscales concernant la fortune, c'est-à-dire
instaurer des impôts qui servent à corriger les énormes
inégalités constatées sur la situation financière
de chaque ménage.
Pour résoudre le problème de
l'inégalité et pauvreté, l'Etat devrait faire beaucoup
d'efforts pour éliminer la différence entre ville et campagne.
Pour cela, il devrait instaurer une politique de désenclavement rural
comme ce qui est mentionné dans le MAP (engagement 2, défi
1)3. L'Etat malgache devrait s'orienter davantage vers la politique
d'électrification rurale, et instaurer un système de
télécommunication efficace (engagement 4 du MAP)4.
1 Voir les travaux de Jean-Christophe
SARROT., et al., (2014) op.cit.
2 Le mois de juin coïncide au début de
vacances d'été où bon nombre des gens sont en voyage. De
ce fait, la demande de carburant augmente alors que l'offre est rigide.
L'augmentation de prix est irréfutable.
3 Construire un nouveau réseau de transport
avec les infrastructures adéquates connectant toutes les régions
à forte potentialité de croissance économique.
4 Pour promouvoir davantage le développement
rural rapide, des meilleurs routes et réseaux de communication seront
établis et le Gouvernement se chargera de créer les conditions
pour encourager les activités d'entreprenariat et de permettre aux
initiatives du secteur privé de s'épanouir.
97
L'Etat pourrait aussi corriger les inégalités en
favorisant l'accumulation du capital humain1 par le biais de
l'éducation. L'amélioration du niveau d'instruction conduira plus
tard à l'amélioration de salaire revenu beaucoup plus important.
Il devrait veiller à l'amélioration des infrastructures scolaires
qui sont largement insuffisantes par rapport au nombre des écoliers.
III-2-2. Promotion de l'emploi pour le jeune
Il faudrait instaurer un environnement financier favorable aux
ménages de la classe moyenne. L'accès au financement en est
primordial pour créer des emplois. Nous suggérons, à cet
effet, un service de « micro finance de proximité » ;
c'est-à-dire l'Etat doit instaurer des fonds de garanti en faveur des
ménages pauvres.
L'Etat devrait augmenter les travaux d'aménagement ou
de construction à haute intensité de mains d'oeuvre pour
créer plus d'emploi pour les jeunes non diplômés. Nous
suggérons comme solution au secteur informel, la protection des
entreprises naissantes. Pour les jeunes diplômés il devrait
encourager et créer un système qui facilite les recrutements, de
stages, pour les nouveaux diplômés, afin de faciliter leur
insertion sur le marché du travail.
III-3. Contribution de la décentralisation et la
participation citoyenne à la réduction de la
pauvreté
La contribution de la décentralisation à la
réduction de la pauvreté vient du fait que les
collectivités territoriales, étant plus sensibles aux besoins
locaux, font meilleur usage des ressources mises à leur disposition.
C'est-à-dire, l'Etat devrait mettre des règles
strictes sur le suivi des budgets communaux, et bonifier celles qui ont
réalisé des performances. Les entités locales
dotées d'une plus grande autonomie financière devraient ainsi
tendre à réserver une plus grande part de leurs recettes à
la satisfaction des besoins de base.
1 Christophe DEJOURS (2014), Le facteur
humain, Que sais-je ? Presses Universitaires De France - PUF; Collection :
Édition : 6ème édition (19 février).
98
Les pauvres pourront améliorer leurs conditions
d'existence, s'ils participaient à la croissance économique
à travers la production. Mais pour inciter leurs participations, l'Etat
doit favoriser les producteurs par le biais d'un concours1 national
de meilleur producteur.
Cependant, les pauvres ne peuvent trouver des
conditions2 susceptibles de favoriser leur participation à la
création de richesse que s'ils sont eux-mêmes impliqués
dans la formulation de politique économique ou qu'ils trouvent des
moyens leurs permettant de transmettre leurs préférences aux
pouvoirs publics.
Par ailleurs, la participation des pauvres à la
création de richesses repose sur la capacité de l'Etat à
créer un environnement macroéconomique stable3. Dans
ce domaine, la bonne gouvernance4 est précisément
associée à la capacité de l'Etat à mettre en place
des institutions et réglementations aptes à assurer la
sécurité économique.
III-4. La promotion de l'économie sociale et
solidaire
Nous suggérons une promotion de l'économie
sociale et solidaire du faite que cette nouvelle forme d'économie
propose une meilleur voix pour sortir de l'emprise de la pauvreté. De
plus la promotion de l'économie sociale (solution pour les
inégalités) et de l'économie solidaire (solution pour
l'emploi) est favorable à notre pays.
Par ailleurs la coopération, l'association, et tout
forme de solidarité permet à l'Etat d'entretenir une meilleure
protection sociale. Pour éradiquer la pauvreté
l'économiste sociale et solidaire suggère la politique de «
commerce équitable » et « la finance solidaire ».
1 Cf. MAP Engagement 4, défi 5. La politique
rizicole a été axée sur le concours de « voly vary
maro anaka », signifiant culture rizicole à semence
améliorée.
2 L'Etat instaure la « dinam-pokonolona »
pour la sécurité mais, nous nous suggérons une « dina
ekônomika » pour réduire la pauvreté.
3 Comment développer un pays, pour
réduire la pauvreté, avec un délestage de 12h par jour et
une insécurité grandissante ?
4 J. M., SEVERINO et J. M., DEBRAT (2010), op.
cit.
Pour réduire la pauvreté, l'Etat Malgache avait
utilisé plusieurs moyens, entre autres la politique économique
mettant en valeur le développement rural (comme le PAS, le DCPE, le
DSRP, le MAP, etc.) en partenariat avec les bailleurs de fonds. La plupart de
ces instruments ont eu un effet immédiat sur le bien-être des
ménages (cas du DSRP). Mais, d'autres n'ont fait qu'empirer la situation
(cas de l'ajustement structurel). C'est pour cette raison que la
pauvreté persiste dans la grande île.
Pour approfondir ce domaine de recherche, bon nombre
d'ouvrages mettent en exergue les causes de la pauvreté structurelle.
Andriananarina, Ballet, Rabevohitra, Rasolofo, (2010), ont
développé : Madagascar dans la tourmente : Analyses
socioéconomiques de la crise en zones rurales. Ensuite,
L'imparfaite transmission des prix mondiaux aux marchés agricoles
d'Afrique subsaharienne a été étudiée par
David-Benz, Diallo, Lançon, Meuriot, Rasolofo, Temple, Wane, (2010). Les
femmes ne sont pas en reste. Droy, Dubois, Rasolofo, Andrianjaka, (2001), ont
travaillé sur le sujet de Femmes et pauvreté en milieu rural
: analyse des inégalités sexuées à partir des
observatoires ruraux de Madagascar. Antananarivo. En tant
qu'apprenti chercheur, nous avons proposé quelques suggestions dans ce
document pour une meilleure intervention publique, et ce, afin de
réduire efficacement ce phénomène de pauvreté
structurelle.
100
CONCLUSION
A travers les différentes parties de ce présent
ouvrage, il a été démontré que les interventions
publiques sont un facteur important pour réduire la
pauvreté1. Au fait, la pauvreté n'est pas une
fatalité. Ainsi, la pertinence de l'intervention du pouvoir public (de
l'Etat et de la collectivité décentralisée) dans
l'économie est donc irréfutable. La participation de l'Etat
serait plus que souhaitable pour améliorer la sécurité des
conditions de vie des ménages (SCVM), notamment dans le monde rural. La
présente étude a été entreprise dans le but de
déterminer les mesures nécessaires qui permettent aux
interventions de l'Etat de réduire la pauvreté. Ce
problème est multidimensionnel. Hernando De SOTO (2005), dans Le
mystère du capital amène à réfléchir
sur le rôle du pouvoir législatif concernant les politiques de
lutte contre la pauvreté.
Le prix Nobel d'économie, Amartya SEN, dans son ouvrage
intitulé « Un nouveau modèle économique :
Développement, justice, liberté » publié en
2003, souligne dans la couverture de ce document que « le monde n'est
pas seulement partagé entre riches et pauvres. Il est aujourd'hui
divisé entre ceux qu'inquiètent les ravages du capitalisme global
et ceux qu'effraie la terreur que font régner les Etats qui brident la
liberté individuelle et l'initiative privée. Comment faire en
sorte que la prospérité économique permette à
chacun de vivre comme il le souhaite ? ». Toujours dans le
résumé de cet ouvrage, Kofi Annan précise que «
les pauvres du monde entier n'ont pas de porte-parole plus inspiré et
plus convaincant. Notre qualité de vie ne se mesure pas à notre
richesse, mais à notre liberté : cette idée a
déjà révolutionné la théorie et la pratique
économique ».
Ce point de vue illustre que la pauvreté est plus que
complexe à aborder à l'état brut. L'étude de
corrélation (cf., pp. 51-54) que nous avons entreprise montre une
moyenne corrélation entre l'intervention publique (par
l'intermédiaire des dépenses publiques) et le bien-être
humain (IDH). Néanmoins, cette intervention de l'Etat
préconisé par Keynes (1936) n'est pas toujours une
réussite, c'est-à-dire, n'aboutit pas à la croissance,
alors ne conduira pas forcément à l'amélioration du
bien-être de la société. Amartya SEN (2000), dans le
Repenser l'inégalité précise également que
la pauvreté n'est pas qu'une question de revenus ; elle tient aussi
à la liberté que donne à l'individu son niveau de
santé, d'éducation, etc.
1 Des idées éclairantes ont
été développées par Banerjee et Duflo (2012) dans
Repenser la pauvreté, Éditions du Seuil, janvier.
101
En effet, un partenariat solide entre les divers acteurs
économiques à tous les niveaux macroéconomiques serait
nécessaire. Afin d'élaborer une politique ou stratégie
efficace en vue de réduire la pauvreté, il appartient aux
décideurs politiques et aux organismes tant internationaux que nationaux
de considérer les réels besoins (MASLOW, 1954, op. cit.)
de la population.
Pour y arriver, il faut que l'Etat assure un environnement
légal qui permettra aux entrepreneurs d'avoir des revenus, et aussi un
système d'éducation efficace qui augmente l'efficacité de
technologie et l'innovation et des investissements. Pour réduire la
pauvreté à Madagascar, le rôle de l'Etat serait de
promouvoir la croissance économique très forte et durable. La
redistribution des richesses équitables (bien qu'un objectif ambitieux)
figurerait un objectif primordial. La théorie de Hoover1
publié en 1936 fera l'une des priorités. La crise politique
serait un phénomène inéluctable à éviter car
elle commence à avoir une ampleur cyclique.
Pourtant, malgré les diverses stratégies
déjà appliquées, un grand nombre de la population malgache
vit encore dans un état de dénuement et de
précarité témoignant du fait que le pays n'a pas encore pu
se libérer de l'emprise de la pauvreté. Il est clair que les
stratégies de lutte contre la pauvreté n'ont pas pu atteindre
leurs buts. Elles ont été trop centrées sur les
réformes économiques et administratives. De plus, ces
stratégies ont été dictées par les bailleurs de
fonds. Si nous voulons lutter efficacement contre la pauvreté, il
faudrait que l'Etat sanctionne sévèrement et sans distinction la
prolifération de la corruption qui sévit quasiment dans tous les
secteurs. Jean Michel SEVERINO et Jean Michel DEBRAT (2010), dans le
résumé de leur oeuvre qui s'intitule Aide publique au
développement disent qu'il faut aider les pays corrompus.
La lutte contre la pauvreté n'est pas gagnée car
les politiques appliquées ne représentaient pas les besoins
réels de la population mais elles sont formulées selon les
exigences des bailleurs pour sécuriser leurs intérêts. La
démarche de programmation des activités figure également
parmi les causes de l'échec des stratégies. Les programmes
adoptés ne procédaient pas à une vision globale durable.
En 2014, Madagascar reste toujours parmi les pays les plus pauvres. En tant que
citoyen, nous devons faire beaucoup d'efforts, non seulement en continuant les
programmes qui existaient depuis mais aussi en cherchant de nouvelles
stratégies afin que nous sortions de la pauvreté.
1 L'indice de Hoover est l'indice
la plus simple pour mesurer les inégalités. L'indice de Hoover
est égal à la part de ressource qui devrait être
distribuée pour que la répartition soit équitable.
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES GENERAUX
102
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Toamasina, 118 p.
V. SUPPORTS PEDAGOGIQUES
ALPHAISE, X., (2012-2013), Cours de
politiques de développement et régulations internationales
», 4eme année d'économie, Université
de Toamasina.
MBIMA, C., (2010-2011), Cours de
politique économique de la 4ème année
d'économie, Université de Toamasina.
MUBAKE, M., (2007), Notes du cours
d'Economie Financière, L2 Sciences Economiques et de gestion,
4ème édition, FASEG, UNIKIN, , 92 p.
RAKOTONANDRASANA, M., (2012-2013), Cours
de l'économétrie en 4eme année
d'économie de l'université de Toamasina.
ROLAND, M., (2012-2013), Cours
d'économie de développement de la 3ème
année d'économie, Université de Toamasina.
VAVISOA, A., (2010-2011), Cours
d'économie Financière de la 4ème
année d'économie, Université de Toamasina.
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http://semioscope.free.fr/article.php3?id_article=8
vu le 05/08/2014, à 17h.
https://www.google.mg/search?q=DEFINITION+DE+L%27ETAT&ie=utf-8&oe=utf
vu le 08/08/2014, à 15h.
http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=ETRU&ID_NUMPUBLIE=ETRU_159&I
D_ARTICLE=ETRU_159_0035 vu le 16/07/2014 à 8h.
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D_ARTICLE=ETRU_159_0035 vu le 16/07/2014 à 8h.
105
106
INDEX DE NOM DES AUTEURS
BANERJEE, A.V., 7, 101.
BELLONCLE, G., 8.
BIDOU, J.-E., 88
BOUTILLIER, S., 8.
CAMPENHOUDT, L.-V., 8.
CAPUL, Y., 36.
CHAMBRY, E., 12.
DAVID-BENZ, H., 88,100
DEBRAT, J.-M., 7, 99, 102.
DIALLO, A., 88, 100
DROY, I., 27, 71, 88, 100
DUFLO, E., 7, 101.
EASTERLY, W., 7, 82, 96.
FIGUEIREDO., 13.
FUSCO, A., 7.
GOGUEL, A., 8.
KEYNES, J.-M., 34, 35, 101
LANÇON, F., 88, 100
LOWENTHAL, P., 36
MASLOW, A., 15, 41, 102
MENY, Y., 58
MEURIOT, V., 88, 100
MILL, J.-S., 33
MUBAKE, M., 37
PAUGAM, S., 17
RANDRETSA, I., 12, 24
RASOLOFO, P., 27, 88, 100
RATOVONDRAHONA, J., 28
RATSIMANDRESY J., 27
RAZAFIMANANTENA, T., 12, 24
RAZAFIMANDIMBY, J., 12, 24
RAZAFINDRAVONONA, J., 12, 24
RICARDO, D., 33
ROBERT, T.-M., 33
RODGERS, 13
SAY, J.-B., 33
SEN, A., 17, 37, 101
SEVERINO, J.-M., 7, 99, 102
SIMMEL, G., 12
SMITH, A., 12, 33
TEMPLE, L., 88, 100
THOENIG, J.-C., 58,
TINBERGEN, J., 58, 83
UZUNIDIS, D., 8
WANE, A, 88, 100
INDEX DES NOTIONS
Agences d'aide, 7.
Ajustement Structurel, 5, 42, 62, 64, 65, 66, 67, 86, 89, 100
et passim.
Bailleurs de fonds, 58, 64, 66, 82, 102.
Banque Mondiale, 5, 7, 18, 19, 23, 44, 62, 64, 65, 66, 67 et
passim.
Corruption, 16, 73, 102.
Déclaration du Millénaire, 75.
Econométrie, 52.
Économie du développement, 7, 82.
Économie sociale, 41, 99.
État de dénuement, 12, 102.
Exclusion sociale 13, 22, 24, 37, 69.
Extrême pauvreté, 44, 75, 76.
Finances publiques, 34, 36, 60, 69, 82.
Fonction d'allocation, 36.
Fonction de redistribution, 36, 37.
Gouvernance, 16, 69, 72, 75, 82, 99.
Incidence de la pauvreté, 17, 18, 28, 29, 42, 61,
72.
Inflation, 13, 38, 40, 42, 60, 64, 65, 76, 86, 87, et
passim.
Intensité de la pauvreté, 28, 30, 72.
Intervention publique, 8, 34, 35, 41, 51, 55, 100.
Investissement à outrance, 42, 59.
Nationalisme, 42.
Objectifs du millénaire, 74, 94.
Pauvreté absolue, 17, 18.
Pauvreté humaine, 12, 15, 18, 20, 21, 23, 24, 52.
Pauvreté moderne, 13, 22.
Pauvreté monétaire, 12, 13, 18, 19, 20, 23.
Pauvreté relative, 17.
Politique budgétaire, 34, 59.
Politique de revenus, 59.
Politique économique, 8, 24, 36, 38, 58, 60, 96, 99,
100.
Politique fiscale, 34, 59.
Politique monétaire, 59, 88.
Politique sociale, 59.
Privation matérielle, 12.
Programmes de développement, 7, 41.
Secteur informel, 14, 65, 98.
Secteur privé. 7, 33, 35, 63, 68, 69, 82, 98.
Seuil de pauvreté, 19, 23, 24, 28, 29, 30, 31, 76.
Société civile 16, 82.
107
ANNEXES
ANNEXE I. Les principaux indicateurs de suivi du
DSRP
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar27.png)
Source : DSRP complet (2007).
108
ANNEXE II. Situation de la pauvreté selon le
genre et la situation matrimoniale du chef de ménage
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar28.png)
109
Source : INSTAT, EPM 1993, 1997,1999 et 2001.
ANNEXE III. Le cercle vicieux de la pauvreté
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar29.png)
110
Source : Bernard conte (2003), les cercles vicieux de
la pauvreté, p. 102.
111
LISTE DES ILLUSTRATIONS
LISTE DES FIGURES
Figure n°1. Le carré magique de Nicolas Kaldor 38
Figure n°2. La synthèse des rôles de l'Etat
39
Figure n°3. L'APD est un concept aux ramifications
multidisciplinaires 82
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique n°1. La pauvreté monétaire et la
croissance économique 20
Graphique n°2. Évolution à court terme de la
pauvreté entre 2001 et 2012 à Madagascar 21
Graphique n°3. Évolution de l'IDH de 2002 à
2008 26
Graphique n°4. Évolution de l'incidence de la
pauvreté à Madagascar 28
Graphique n°5. Évolution de l'intensité de la
pauvreté à Madagascar 29
Graphique n°6. La distribution du revenu par niveau de
développement et par région en1976 43
Graphique n°7. Les dépenses publiques en % PIB et les
taux de croissance économique 50
Graphique n°8. Evolution des recettes, des dépenses
publiques et du solde global de 2005 à 2012 60
Graphique n°9. Evolution de l'IDH de 2002 à 2006
69
Graphique n°10. Evolution des variables
macroéconomiques de 2003-2006 70
Graphique n°11. Evolution du volume des Aides Publiques au
Développement de 2005 à 2012 83
Graphique n°12. Variation du niveau de revenu moyen (en $
par habitant) de 2005 à 2012 86
Graphique n°13. Evolution du taux d'inflation 2005-2012 (en
pourcentage) 87
Graphique n°14. Evolution des Investissement Directs
Etrangers (IDE) de 2005-2012 (en millions de DTS) 88
Graphique n°15. Tendance de la malnutrition chronique, de
1992 à 2012 (standard OMS) 91
Graphique n°16. Evolution des Taux Bruts de Scolarisation de
2006 à 2012 (en pourcentage) 92
Graphique n°17. Evolution des principaux indicateurs de la
santé de 2007 à 2012 (en %) 94
112
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°I. L'incidence de la pauvreté absolue
selon les provinces 17
Tableau n°II. L'évolution du ratio de
pauvreté de 1993 à 2010 19
Tableau n°III. Variations des composantes de l'IDH de
2002 à 2008 26
Tableau n°IV. Évolution des IDH, ISDH, et IPH de
Madagascar 27
Tableau n°V. Évolution de l'incidence de la
pauvreté par faritany (ex-province) 29
Tableau n°VI. Évolution de l'intensité de
la pauvreté par faritany (ex-province) 30
Tableau n°VII. Évolution récente des
indicateurs macroéconomiques de Madagascar 42
Tableau n°VIII. Total de recettes et la distribution
(unité=1000suk) 45
Tableau n°IX. Accroissement des inscriptions scolaires au
Corée depuis 1945 47
Tableau n°X. Taux de croissance des facteurs de
production et leur contribution à la Croissance économique 49
Tableau n°XI. Les résultats de calculs
économétriques 52
Tableau n°XII. Indicateurs économiques et
financiers de 1988 à 1993 64
Tableau n°XIII. Principales innovations apportées
par le DSRP 66
Tableau n°XIV. Programmes et sous-programmes de
réduction de la pauvreté dans le DSRP 68
Tableau n°XV. Les grands objectifs du MAP 72
Tableau n°XVI. Indicateurs OMD sur la pauvreté et
la faim 74
Tableau n°XVII. Indicateurs OMD sur l'éducation
75
Tableau n°XVIII. Indicateurs OMD dans le domaine de la
parité hommes/femmes 76
Tableau n°XIX. Indicateur OMD en mortalité et
santé des enfants 77
Tableau n°XX. Indicateurs OMD de la santé
maternelle 78
Tableau n°XXI. Indicateurs de l'OMD en VIH/Sida, le
paludisme et la tuberculose 79
113
TABLE DES MATIÈRES
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES
GLOSSAIRE
INTRODUCTION 1
PARTIE I : LES GÉNÉRALITÉS
SUR LA PAUVRETÉ ET L'IMPORTANCE DU RÔLE DE L'ETAT
DANS LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ. 9
CHAPITRE I. LE CONCEPT DE PAUVRETÉ 11
SECTION I. LA DÉFINITION ET LA CAUSE DE LA PAUVRETÉ
11
I-1. La définition de la pauvreté 11
I-2. La cause de la pauvreté à Madagascar 13
I-2-1. La cause de la pauvreté monétaire 13
II-2-2. La cause de la pauvreté humaine 15
SECTION II. LES CRITÈRES DE CLASSIFICATION DE LA
PAUVRETÉ 16
II-1. L'approche objective et l'approche subjective 16
II-2. La pauvreté absolue et la pauvreté relative
17
II-3. La pauvreté conjoncturelle ou la pauvreté
structurelle 18
II-4. La pauvreté monétaire et pauvreté
humaine 18
II-4-1. La pauvreté monétaire 18
II-4-2. La pauvreté humaine 20
II-5. La pauvreté moderne 22
SECTION III. MESURES DE LA PAUVRETÉ 22
III-1. Mesure de la pauvreté monétaire 23
III-2. Mesures de la pauvreté humaine 24
III-3. Incidence de la pauvreté et l'intensité de
la pauvreté 28
CHAPITRE II. IMPORTANCE DU RÔLE DE L'ETAT DANS LA
RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 31
SECTION I. FONDEMENTS THÉORIQUES DE
L'INTERVENTION DE L'ETAT DANS
L'ÉCONOMIE 31
I-1. Définition et justification théorique de
l'intervention de l'Etat dans l'économie 31
I-1-1. Etymologie et définition de l'Etat 32
I-1-2. Justification théorique de l'intervention de
l'Etat 32
I-2. Rôles économiques de l'Etat 35
I-2-1. Fonction d'allocation ou d'affectation des ressources
35
I-2-2. Fonction de redistribution ou fonction de
répartition 36
114
I-2-3. Fonction de régulation ou fonction de stabilisation
36
SECTION II. EXPÉRIENCES VECUES À
MADAGASCAR ET DANS LES NOUVEAUX PAYS
INDUSTRIALISÉS 40
II-1. Expérience vécue à Madagascar 40
II-1-1. Pendant la période poste coloniale 40
II-1-2. Pendant la période libérale 41
II-1-3. Expérience vécue durant les dix
dernières années 42
II-2. Expériences vécues dans les pays
nouvellement développés 43
II-2-1. Politiques de lutte contre la pauvreté au
Corée 43
II-2-2. Effets de la distribution initiale équitable de
revenu 45
II-2-3. Effets sur la croissance 48
SECTION III. ÉTUDE DE LA CORRÉLATION DES
DÉPENSES PUBLIQUES ET LA RÉDUCTION
DE LA PAUVRETÉ À MADAGASCAR 50
III-1. Évaluation comparative de la situation
économique et dépenses publiques 50
III-2. Méthodologie économétrique 51
III-2-1. Contexte d'élaboration du modèle 51
III-2-2. Spécification empirique 51
III-3. Interprétation 53
PARTIE II LES MOYENS UTILISÉS PAR L'ETAT POUR
RÉDUIRE LA PAUVRETÉ. 55
CHAPITRE I. ANALYSE DES POLITIQUES ET DES
STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LA
PAUVRETÉ A MADAGASCAR 57
SECTION I. POLITIQUES ÉCONOMIQUES
APPLIQUÉES PAR LE GOUVERNEMENT
MALGACHE 57
I-1. Définitions et outils de la politique
économique 57
I-2. Manifestations des politiques économiques
appliquées à Madagascar 58
SECTION II. ANALYSE DES STRATÉGIES NATIONALES DE
RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 61
II-1. Ajustement structurel 61
II-1-1. Définition de l'ajustement structurel 61
II-1-2. Modèle de stabilisation utilisé dans le
cadre du PAS 62
II-1-3. Ajustement structurel pour Madagascar 63
II-2. DSRP 65
II-2-1. Rappel du contexte 65
II-2-2. Principes à la base des DRSP 66
II-2-3. Apports du DSRP dans le processus de développement
67
II-2-4. Résultats obtenus 69
115
II-2-4-1. Développement humain 69
II-2-4-2. Impacts économiques 70
II-2-4-3. Les indicateurs de la pauvreté 71
II-3. MAP 71
SECTION III. ANALYSE DES STRATÉGIES
INTERNATIONALES DE RÉDUCTION DE LA
PAUVRETÉ 73
III-1. Objectifs du millénaire pour le
développement 73
III-1-1. OMD et la réduction de l'extrême
pauvreté et la faim 74
III-1-2. OMD et l'éducation primaire pour tous 75
III-1-3. OMD et la promotion de l'égalité des sexes
et l'autonomisation des femmes 76
III-1-4. OMD et la réduction de la mortalité
infantile 77
III-1-5. OMD et l'amélioration de la santé
maternelle 77
III-1-6. OMD et la lutte contre du VIH/SIDA, le paludisme et les
autres maladies 79
III-1-7. OMD et préservation de l'environnement 80
III-1-8. OMD et le partenariat mondial pour le
développement 80
III-2. Aide publique au développement (APD) 81
CHAPITRE II. EFFETS DE CES POLITIQUES SUR LES PAUVRES 85
SECTION I. CONSEQUENCES ECONOMIQUES 85
I-1. Effet de ces différentes politiques publiques sur la
croissance et le revenu par habitant 85
I-2. Effet des politiques publiques sur l'inflation et
l'investissement direct étranger 86
I-3. Effet des politiques publiques sur le développement
humain 89
SECTION II. CONSEQUENCES SOCIALES 90
II-1. Nutrition 90
II-2. Éducation 92
II-3. Santé 93
SECTION III. SUGGESTIONS POUR UNE
EFFICACITE ACCRUE DES ACTIONS DE L'ETAT EN
FAVEUR DE LA REDUCTION DE LA PAUVRETE A MADAGASCAR 95
III-1. Promotion d'une croissance pro-pauvre 95
III-2. Rôle primordial de la puissance publique 96
III-2-1. Réduction des inégalités 96
III-2-2. Promotion de l'emploi pour le jeune 97
III-3. Contribution de la décentralisation et la
participation citoyenne à la réduction de la pauvreté
97
III-4. La promotion de l'économie sociale et solidaire
98
CONCLUSION 100
BIBLIOGRAPHIE 102
ANNEXES 108
LISTE DES ILLUSTRATIONS 111
RÔLE DE L'ÉTAT DANS LA
RÉDUCTION
DE LA
PAUVRETÉ À MADAGASCAR
Madagascar est reconnu internationalement de sa grande
richesse naturelle. Pourtant, la pauvreté continue à frapper la
majeure partie de la population et que le pouvoir d'achat, le niveau de vie des
Malgaches diminuent de jour en jour. Nombreux sont les politiques et les
programmes lancés pour l'éradication de la pauvreté et la
lutte contre ce fléau mais avec des résultats mitigés.
L'étude de cas pour Madagascar par la méthode
des moindres carrés ordinaires, concernant le rôle de l'Etat dans
la réduction de la pauvreté a mis en exergue une
corrélation moyenne de R2 = 0,51 entre les dépenses
publiques malgaches et l'IDH. Ce qui signifie que l'intervention publique
effective pourrait figurer parmi les moyens efficaces pour réduire la
pauvreté.
Mots clés :
Bailleur de fonds, intervention publique, politique de
pansement, Politique économique de Madagascar, Réduction de la
pauvreté, Privation matérielle, Programme de
développement.