§.2. L'Amitié sino
russe
Pour Pékin le soutien à la Syrie est sur tout
idéologique « il est impératif de mettre fin à
la violence en Syrie, aurait déclaré le représentant de la
Chine à l'ONU. Le processus doit inclure toutes les parties pour
résoudre le conflit dans la paix ». A la différence de
Moscou qui a des intérêts économiques à
défendre en Syrie, Pékin n'a aucun intérêt à
défendre en Syrie. De cette affirmation, comment allons-nous comprendre,
voir justifié le véto chinois au conseil de
sécurité des Nations Unies sur le dossier syrien ?
Le soutien apporté par Pékin à une
dictature engagée dans un massacre bien plus grave que celui qui a eu
lieu en Libye ne va pas améliorer l'image de marque de la Chine en
occident alors que Pékin redouble d'efforts pour rassurer des opinions
très méfiantes à son égard. Cela ne va pas
favoriser non plus les relations du géant asiatique avec les pays de la
ligue arabe et les monarchies pétrolières dont elle dépend
pour ses approvisionnements.
Une première explication qui tient à la crainte
partagée par Pékin, comme par Moscou de faire les frais d'un
soulèvement populaire similaire à ceux du printemps arable.
Certes, il y a une raison plus profonde, la Chine a voulu avant tout
préserver ses relations avec la Russie. Pékin n'a pas
d'intérêt majeur à soutenir le régime de Damas. Mais
en votant contre la résolution des Nations Unies, Pékin s'est
déjugé. Car jusqu'à présent les chinois avaient
toujours justifié leur veto, comme ce fut le cas sur le dossier
Zimbabwéen ou encore le dossier birman par l'absence d'engagement des
organisations régionales contre ces régimes. Et c'est le soutien
de la ligue arabe à une intervention en Libye qui les avait en quelques
sortes forcés à ne pas s'opposer à la résolution
1973. Or dans le cas Syrien, le chinois ont bel et bien rompu leur engagement
puisque la ligue arabe s'est trouvée en première ligne pour faire
voter cette résolution. Derrière le blocage de la chine et de la
Russie, il y a à l'évidence la solidarité de
régimes autoritaires qui ne souhaitent pas se voir un jour
condamnés par le conseil de sécurité s'il était
amené à conduire des politiques profondément
répressives.
En solidifiant un front du refus russo-chinois au conseil de
sécurité, Pékin et Moscou auraient passé un accord
stratégique.Chaque capitale venant au secours de l'autre pour
résister aux pressions occidentales sur les sujets qui lui tiennent
à coeur. Après avoir volé au secours du Kremlin pour lui
éviter être totalement isolé sur la question syrienne,
Pékin peut compter sur la solidarité russe lorsque ses
intérêts seront menacés. Il y aurait là une nouvelle
façon pour Pékin d'instrumentaliser son pouvoir de veto et
l'esquisse d'une nouvelle polarisation mondiale de type de guerre froide.
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