L'impact de la coopération sino-russe sur la crise syrienne( Télécharger le fichier original )par Nixon Mbale Epambilo Université de Lubumbashi - Licence 2013 |
§.3. Le danger de l'internationalisation du conflitVerrouillée sur le plan politique et médiatique, la Syrie reste méconnue. Pourtant la révolte qui y gronde représente un enjeu majeur pour le Proche-Orient.Le pays étant le principal allié de l'Iran, coincé entre le Liban et l'Irak, le Palestine et l'Israël, un changement de régime aurait des conséquences bien au-delà des frontières de l'Etat. La Syrie était déjà célèbre pour son système répressif en écrasant depuis des jours passés la contestation grandissante à son régime, Bachar Al-Assad ne dément pas cette réputation. L'annonce le 29 Mars 2011 de réformes et de la dissolution du gouvernement n'était pas suffisante pour faire oublier la mort de plusieurs syriens depuis le début de la contestation. Les conséquences de cette crise dans la région est à prendre avec considération.Au départ, signalons que du côté de l'Iran considéré comme l'allié numéro un de la Syrie dans la région du Proche-Orient le danger est permanent. Les relations entre les deux sont scellées depuis 1979, solidifiées de temps en temps au cours des trente dernières années. Les deux pays se rapprochent à l'époque lors de la signature des accords de camp David, qui réconciliaient l'Egypte et l'Israël, priva ainsi la Syrie de son allié majeur au Proche-Orient. Ce qui va occasionner un rapprochement entre les deux pays (Syrie et Iran). Unis dans un front occidental, les deux pays vont réserver leurs rangs après l'invasion américaine en Irak. Dans son ouvrage « L'exception syrienne ». Caroline Donati explique : que les deux pays ont au départ intérêt à soutenir une résistance irakienne active afin de détourner l'attention des américains. Le combat contre l'hégémonie américaine ainsi que la question Kurde rassemblent aussi Téhéran et Damas87(*). Damas soutient alors le droit au nucléaire de l'Iran quand la République islamique supporte la position anti-israélienne de la Syrie. Ainsi donc, privé de son allié dans la région, l'Iran aurait certainement une position plus accommodante sur le nucléaire, même si ce n'est pas exclu qu'il effectue une fuite en avant88(*) Un autre point à ne pas négliger est le soutien au Hezbollah qui est un parti chiite libanais intrinsèquement anti-israélien. L'organisation de ce mouvement dépend en partie de l'aide que lui apporte la Syrie. Crée en 1982 en pleine guerre civile, elle est dévoué à la révolution islamiste ce qui est très utile à l'Iran dans sa quête d'influence régionale. La Syrie a une grande part d'intérêt à soutenir le Hezbollah, devenu un parti politique à l'influence croissante en 1992. Soutenir le parti permet à la Syrie de contrer l'influence pro-occidentale au Liban, un pays où elle a de nombreux intérêts politiques et économiques. Le coup de main de Damas au Hezbollah est nécessairement logistique ; des camps d'entrainement ont été créés en Syrie pour ses combattants, le pays lui a ouvert ses portes pour le test de missiles, les armes en provenance d'Iran transitent par son territoire. Ceci étant, le leader du Hezbollah sait qu'en cas de la chute du régime syrien, l'influence iranienne diminuera dans la région, et entraînera son affaiblissement. Quant au Liban, il faut noter que, quelle que soit l'issue de la révolution syrienne, cela aura des conséquences sur son équilibre politique. Avec l'ouverture d'une ambassade à Beyrouth, la Syrie a franchi en 2009 une étape symbolique; elle a officiellement reconnu la souveraineté de son petit voisin libanais. Il n'en a pas toujours été ainsi.Composants d'une même entité territoriales, le « Bilad el Cham », les deux pays ont été créés de toute pièce par la France lors de sa conquête du territoire, en 192089(*). La Syrie n'a jamais digéré cette division qui a donné naissance à un Etat libanais indépendant. Elle a gardé de nombreux alliés pour qui, elle a une légitimité historique au Liban.Les 29 ans de présence syrienne au pays du cèdre (1976 - 2005) ont également renforcé sa position d'acteur incontournable de sa scène politique et économique raison pour laquelle Damas considéré le Liban comme une scène indispensable d'affrontement indirect avec l'Israël. Ce coup de force et la nomination d'un nouveau premier ministre proche de Bachar Al-Assad prouve que l'influence syrienne est toujours importante au Liban. De ce qui précède, il importe de signaler que, la chute du régime syrien aura des conséquences sur la région du Proche-Orient avec beaucoup de risques d'éclatement de tensions communautaires. * 87 Caroline Donati, l'exception syrienne, Paris édition, la découverte, 2010, p. 42. * 88 Pierre Berthelot, « la chute du régime syrien et son impact au proche orient » in http://www.strato-analyse.org/fr/spip. consulté le 27/05/2013. * 89 http://fr.wikipédia.org/wiki/bilad-el-cham consulté le 27/05/2013. |
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