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EPIGRAPHE
« Parce que les Nations Unies, en vertu de leur
mandat, ne peuvent être que réactives, elles interviennent
toujours trop tard. Chaque fois qu'une intervention se révèle
nécessaire, la composition de la brigade de « pompiers » doit
être renégociée. La lenteur avec laquelle la coalition ad
hoc est constituée contraste tragiquement avec l'urgence qui serait
nécessaire à la réussite de l'intervention »1(*)
DEDICACE
A vous mes très chers parents ITAKA LOMEKA
José Claude et BAEMBO EFANDJOBILA Brigitte, vous qui m'avez non
seulement engendré et transmis une dose de la capacité
intellectuelle, mais surtout qui m'avez appris le chemin de l'école tout
en me stimulant à la lecture et à la recherche ; vous qui me
soutenez et me supportez même pendant les périodes très
cruciales de ma vie, veuillez trouver alors ici les premières
récoltes de vos semences, témoignage de ma profonde
gratitude.
A tous les congolais victimes des fléaux et
désastres des conflits armés en général, et plus
particulièrement aux femmes des provinces les plus touchées par
les conflits armés, que ce travail soit pour vous un témoignage
de ma profonde compassion et de ma sympathie.
BOYOO ITAKA Claude
REMERCIEMENTS
Rien de grand ne se réalise sans passion, dit-on ;
aussi, le résultat de tout chef d'oeuvre nécessite la
contribution de divers efforts. M'inscrivant pleinement dans une telle logique,
mon travail a connu la participation de bonnes volontés dont je ne
saurais omettre de saluer la sollicitude.
Tout d'abord, à toi l'Etre Suprême, Dieu
Créateur de l'univers, Maitre de la sagesse et source de l'intelligence,
que la gloire et l'honneur te soient rendus pour tous tes bienfaits en ma
faveur.
Ensuite, nous tenons à remercier très
sincèrement le Professeur Léon Bruno LIKOKU BEKODJ'AOLUWA, pour
sa disponibilité constante, son soutien inconditionnel et ses
encouragements, ainsi que pour la façon extrêmement enrichissante
dont il a dirigé ce travail de recherche. C'est ici l'occasion de
remercier le Professeur J.C. TSHILUMBAYI MUSAWU, le Chef de Travaux J.M.
MBUTAMUNTU ainsi que l'Assistant Roland KAYEMBE pour leur contribution au
passage au crible de ce texte.
Notre sentiment de gratitude s'adresse également au
corps académique, scientifique et administratif de l'Université
de Kinshasa en général et celui de la faculté des sciences
sociales politiques et administratives en particulier, dont le
dévouement à notre formation a abouti à un
équipement théorique et solide qui nous a permis
d'appréhender l'étude sous cette dimension.
Il serait ingrat de notre part de garder silence à
la bienveillance et à l'hospitalité du couple Henri Christian
LONGENDJA et Anita Kipoy, Doudou LOKOKA, Henri Fayol Boyoo pour la sympathie et
l'affection qu'ils n'ont cessé de nous témoigner. Nous tenons
également à adresser notre reconnaissance à tous nos
frères et soeurs, neveux et nièces, cousins et cousines, oncles
et tantes : Isabelle BOOKO, Bruno LIKOFATA, Jacques LIKOFATA, Raphis
LIKONGA, Franck BOOKA, Omega ITAKA, Donat EKOLONGO, Julien LOKOKA, Jonathan
ITAKA, Ketsia BONGOLO, Prince KONGOTO, Henriette ILONGA, César EFULAKA,
José ITAKA, Gurvitch BOYOO, André LIKIYO, Christine EYENGA,
Henrikiesse BOTOKWA, Christ KIASUTUKA, pour leur affection.
Enfin, nous adressons nos
remerciements les plus chaleureux à nos chers amis de lutte :
BOLANGI ONDE, Célestin NGINDU, Toussaint BABAKA, Hornella MAKANGILA,
Fiston MAVUNGU, Déborah YEKWE, Carina BUMA, Bibi KITOKO, Fortunat
KABEYA, Jonas TSHIKABA, Fabrice KIMPUKU, Léonard ONYANGONA, Déo
WAPOL, David SOUZA, Diane KONGEYAMI, Félicien MBOYO, Clarin
POSO.
Que tous se sachent des artisans de cette oeuvre.
BOYOO ITAKA Claude
LISTE DES ACRONYMES
AFDL
|
Alliance des Forces Démocratiques pour la
Libération du Congo
|
CIRGL
|
Conférence Internationale sur la Région des
Grands Lacs
|
CNDP
|
Congrès National pour la Défense du Peuple
|
DDR
|
Désarmement, démobilisation et
réintégration
|
FARDC
|
Forces Armées de la République
Démocratique du Congo
|
FDLR
|
Forces Démocratiques de Libération du Rwanda
|
LRA
|
Lord's Resistance Army
|
M23
|
Mouvement du 23 Mars
|
MLC
MONUC
|
Mouvement des Libérations du Congo
Mission de l'ONU en RD. Congo
|
MONUSCO
|
Mission des Nations-Unies pour la stabilisation en RD. Congo
|
MPR
|
Mouvement Populaire de la Révolution
|
OMP
|
Opération de maintien de la paix
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale
|
ONU
|
Organisation des Nations Unies
|
RCD
|
Rassemblement Congolais pour la Démocratie
|
RDC
|
République Démocratique du Congo
|
UA
|
Union Africaine
|
USA
|
United States of America
|
URSS
|
Union des républiques socialistes soviétiques
|
AVANT PROPOS
Plusieurs raisons m'ont incité à publier ce
texte, alors qu'il avait été déjà bien
défendu à l'Université de Kinshasa.
Ecrivant ce mémoire, je n'ai voulu ni faire oeuvre
de polémiste, ni synthèse de techniciens : simplement j'ai
cherché à traduire un malaise et à exprimer certains
espoirs que beaucoup de congolais partagent avec moi.
Il faudrait rappeler ici que ce mémoire a
été rédigé alors que le sujet était
d'actualité, mais juste après sa publication et sa défense
à l'Université, il ya eu de décisions qui expriment un
revirement ou une évolution brutale, ou d'événements
politiques ou sociaux, nationaux ou internationaux inattendus. Raison pour moi
de solliciter votre indulgence.
Je souhaite qu'on n'y cherche rien d'autre que ce que j'ai
voulu exprimer : des critiques parfois un peu rudes mais toujours
inspirées par l'amitié et la solidarité, quelques
suggestions, un profond attachement à mon pays, un désir ardent
de participer à son rayonnement.
INTRODUCTION
1. PROBLEMATIQUE
La République Démocratique du Congo (RDC),
depuis l'indépendance proclamée le 30 juin 1960, se trouve
confrontée à plusieurs crises qui ont ébranlé sa
souveraineté et suscité l'intervention de plusieurs acteurs
internationaux à l'instar de l'Organisation des Nations Unies (ONU), des
Etats-Unis, de la France, de la Belgique, etc. En ce qui concerne
particulièrement les Nations Unies qui ont accéléré
le rythme de la décolonisation en rendant prohibitif pour les puissances
coloniales le coût politique du statu quo2(*), elles sont présentes en RDC
depuis plus de quarante ans. L'indépendance de ce pays étant
très souvent ébranlée par les guerres civiles et les
invasions étrangères surtout en provenance des Etats voisins qui
le dépossèdent de certaines de ses prérogatives de
souveraineté, elles sont engagées maintes fois en RDC dans des
opérations de maintien de la paix. C'est tout d'abord entre 1960-1964 et
puis depuis la première guerre du Congo de 1996 jusqu'à nos
jours.
La Mission des Nations-unies au Congo (MONUC) devenue
Missions des Nations-Unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO) est le
véritable partenaire de la pacification de la RDC. La MONUC fut tout au
long de son histoire un laboratoire de la paix et, à ce titre, une
pourvoyeuse infatigable d'enseignements et d'expériences (lessons
learned) pour le secrétariat des Nations unies3(*) et pour le gouvernement
congolais. Ces réalisations en RDC sont indiscutables et très
probants : la réunification du pays coupé en plusieurs sous
pays : territoire RCD Goma, RCD KML, RCD-N, MLC et le territoire
gouvernemental, en passant par les accords de paix de Lusaka et de Sun City
ayant débouché à la constitution de transition et d'un
gouvernement global et inclusif et les élections présidentielles,
législatives et provinciales de 2006. Les efforts considérables
des Nations unies sont plus que jamais marqués dans les mémoires
des congolais.
Cependant, en dépit de certaines
réalisations communes indiscutables que nous venons de relever,
force est de constater que la crise actuelle en RDC a donné la preuve,
une fois de plus, des limites de l'approche de son action4(*). Pourtant, il suffit d'une
petite crise ailleurs pour que toute la Communauté Internationale se
lève et se mobilise avec souvent moins de drame qu'en République
Démocratique du Congo5(*). La persistance des crises et des conflits dramatiques
qui ont déchiré la République Démocratique du Congo
ont montré l'incapacité de la « Communauté
Internationale » dans la structure actuelle à répondre
de la manière satisfaisante aux défis nouveaux que
génère le monde contemporain. Sous les yeux de cette force, les
rebelles violent, tuent, trafiquent les armes et les minerais en toute
quiétude. Interdits de combat, leur mandat de protection des civils les
cantonne de fait dans leurs casernes6(*).
Depuis que cette force a été
déployée en RDC, elle n'a pas su à imposer
réellement la paix même si la résolution 1493 du 28 juillet
2003, fondée sur le chapitre VII lui autorisait de prendre
« les mesures nécessaires » qui ne sont
restées que des lettres mortes. Même la résolution 2098 du
28 mars autorisant la création et le déploiement d'une brigade
d'intervention rapide en RDC composée de 3000 hommes avec un mandat plus
« robuste et offensif » d'imposition de la paix n'est pas
épargnée des critiques et des défaillances. Cette
situation vient confirmer les idées de DUROSELLE qui confirment qu'entre
les textes et la réalité, une marge peut s'établir de
plusieurs manières7(*). D'abord les textes peuvent ne pas entrer en
application, ce qui présente évidemment l'échec le plus
sérieux de toute tentative de coopération. En second lieu, les
textes peuvent, après un certain temps d'application, se trouver de
caducité et cesser par là de produire des effets ; c'est le
cas du mandat actuel de la MONUSCO. En troisième lieu, les textes
peuvent être dénoncés par l'une des parties. Enfin, le
régime juridique initial peut être révisé d'un
commun accord avec les deux parties.
Aujourd'hui encore, les troupes de l'ONU, bien que
renforcées, tentent de maintenir la paix et de sécuriser les
vastes régions de l'Est du pays, toujours victimes de conflits et en
proie de violences, massacre d'innocents et autres violations des droits
humains, sans y parvenir. La priorité des mandats de ces forces est
consacrée à la protection des civils. Parmi les attributions que
lui confère le Conseil de Sécurité pour assurer la
protection des civils, la MONUSCO a comme tâche notamment d'assurer la
protection effective des civils, y compris le personnel humanitaire et le
personnel chargé de défendre les droits de l'homme se trouvant
sous la menace imminente de violences physiques en particulier de violences qui
seraient le fait de l'une quelconque des parties au conflit; assurer la
protection du personnel et des locaux, des installations et du matériel
des Nations Unies; soutenir l'action que mène le Gouvernement de la
République démocratique du Congo pour protéger les civils
contre les violations du droit international humanitaire et des droits de
l'homme, etc. Mais sur ce plan également, les casques bleus sont
accusés de ne pas faire grand-chose face aux violations massives des
droits de l'homme dans l'est du pays. Plusieurs rapports d'ONG de
défense de droits de l'homme accusent en effet les différents
groupes armés d'exactions de tout genre au nez et à la barbe des
soldats de l'Onu.
Au regard des réalités locales, notre
observation révèle que aussi longtemps que la MONUSCO viendra en
appui à une force armée (FARDC) inefficace sur le terrain, il
semble que la protection des civils sera également inefficace. En
effet, il est vrai que la responsabilité et le devoir de protection de
la population incombe en principe à l'Etat congolais, à son
armée et à sa police. Cependant, compte tenu de l'évidente
incapacité des FARDC et des forces de l'ordre congolaises à
remplir cette mission de façon satisfaisante, le Conseil de
Sécurité devrait au moins, au nom du principe de
responsabilité de protéger, doter cette opération des
possibilités et des moyens nécessaires pour protéger
réellement cette population qui continue à souffrir depuis les
décennies. Conséquence, beaucoup de personnes dont la population
congolaise et l'opinion publique internationale s'interrogent et veulent savoir
que fait réellement la MONUSCO à l'Est du Congo lorsque les
personnes sont tuées, violées et maltraitées au nez et
sous la barbe au de cette Mission qui dispose du plus grand nombre de casque
bleu à travers le monde ? Même s'il est recommandé au
personnel oeuvrant dans une opération de maintien de la paix des Nations
Unies de rester impartial dans ses relations avec les parties au conflit, ceci
ne signifie pas qu'il doit rester neutre dans l'application du mandat de la
mission8(*). Alors dans les
territoires occupés par les rebelles, comment assure-t-elle la
protection des civils ? Dans ces territoires occupés,
coopère-t-elle avec les groupes armés ou travaille-t-elle en
solo ? Ainsi, la MONUSCO est-elle une force réactive ou une force
offensive, une force d'observation ou d'intervention ? Faut-il toujours
continuer à « protéger la population » au lieu et
place de chasser et combattre tout simplement les différents groupes
qui y sont installés et causant beaucoup d'insécurité et
de terreur à cette population supposée
« protégée » ?
Il est vrai que cerner une matière en
évolution rapide est une tâche ingrate puisque l'on s'expose
à n'être jamais à jour et à ne pouvoir donner qu'une
vision incomplète de l'évolution en cours9(*). Mais, dans le cas sous examen,
il nous a paru possible de donner un premier et provisoire bilan du fait de
l'évolution et la continuité de ces opérations en
République. Nous reconnaissons également qu'il n'est pas facile
de prendre le recul et rédiger un mémoire lorsque le sujet
abordé est en pleine mutation. Cependant, rien n'est plus gratifiant
pour l'auteur que de trouver sa voie dans la masse d'informations disponibles
et de faire la synthèse entre sa propre vision des faits et la part
d'objectivité nécessaire à la rédaction d'un
mémoire10(*).
A la lecture des événements récents
dont la l'occupation de la ville de Goma par les rebelles du M23 et les
violations graves et massives des droits humains par ces mutins aux yeux de
cette force et surtout l'ultimatum ainsi que les manifestations de la
société civile de Nord Kivu contre la brigade d'intervention
rapide, nous constatons que la majorité de la population congolaise, en
commençant par les autorités et les élites, ne donnent
plus assez de crédits et de confiance à cette force onusienne.
Ils sont très septiques et critiques quant au rôle et aux
interventions de l'ONU dans la résolution des conflits armés en
RDC. Et pourtant, nous savons très bien que la crédibilité
et la réussite d'une opération de maintien de la paix
dépendent directement du niveau de confiance dont elle jouit au sein de
la communauté internationale, de la population locale ainsi que des
ressources mises à sa disposition, de son efficacité et de sa
capacité de gérer et répondre aux attentes.
Dans ce cas, la présente étude ne consiste
pas à rendre la MONUSCO le responsable de l'insécurité et
de l'instabilité de la RDC pour n'avoir pas su pacifier et stabiliser ce
pays. Mais, elle vise à faire savoir que nonobstant plusieurs
années et initiatives engagées, beaucoup reste à faire
pour atteindre la paix et la stabilisation en RDC, du fait que cela exige une
volonté et un engagement suffisant de tous les acteurs impliqués
dont les principaux sont le gouvernement congolais et le Conseil de
sécurité des Nations-unies. Nous visons, dans ce travail, donner
une analyse réelle de la situation des opérations de maintien de
la paix de l'ONU face aux réalités congolaises afin que puissent
surgir des nouvelles orientations dans la gestion et résolution des
conflits armés en République Démocratique du
Congo.
Ce travail se propose également comme ambitions de
savoir si ses multiples actions menées depuis 1999 ont été
un facteur de préservation de la souveraineté internationale de
notre pays dont les ressources minières très alléchantes
suscitent des convoitises à travers les grandes puissances ou
plutôt le signe de son échec et de son instrumentalisation par ses
membres influents qui ont des intérêts plus ou moins avoués
dans ce pays où le sous-sol aiguise les appétits »11(*). Ce qui ouvrira des pistes
pour de véritables stratégies de préservation de
l'indépendance de la RDC.
Ces analyses ne seront, au moins, bien faites que si et
seulement si on parvient à répondre aux questions
suivantes :
- Est-ce que les différents mandats des forces
onusiennes au Congo répondent-ils au besoin et au contexte
sécuritaire du pays ?
- Qu'est ce qui est à la base de
l'inefficacité des interventions de forces onusiennes en RDC?
Autrement, faut-il imputer l'absence ou l'insuffisance d'action de la MONUSCO
aux Etats dont elle procède ou plutôt à sa propre
responsabilité d'organisation détenant un mandant mais incapable
de le décliner à temps et avec efficacité pour
protéger les populations, le territoire de la RDC contre tous les
différents groupes armés ?
- Face aux nouvelles crises en RDC, quel rôle doit
jouer la MONUSCO ? En d'autres termes au-delà des impasses, quelles
pistes innovatrices pour la pacification, la stabilisation et le
développement harmonieux de RDC ?
C'est autour de toutes ces interrogations que s'articule
l'ossature de la présente étude dont nous alignons des
épouses provisoires à titre d'hypothèses.
2. HYPOTHESES
Les hypothèses englobent une série de
réponses qui permettent de prédire la vérité
scientifique, vraisemblable au regard des questions soulevées par la
problématique et dont la recherche vérifie le bien fondé
ou le mal fondé12(*).
En soi, les hypothèses sont des propositions qui
anticipent une relation entre deux termes (concepts ou
phénomènes). Elles anticipent : c'est dire qu'elles sont
provisoires et nécessitent la vérification13(*).
Ceci étant, répondre d'emblée si les
mandats de forces onusiennes correspondent ou pas aux réalités
congolaises risque de nous conduire à une subjectivité et ne nous
permettra pas de bien comprendre la situation telle qu'elle s'est
présentée au cours de l'histoire. Néanmoins, nous
reconnaissons que c'est grâce à cette force onusienne que la RDC
aurait retrouvé son intégrité territoriale et
instauré l'ordre à travers tout le territoire national. Au cours
de son histoire, la MONUC devenue aujourd'hui la MONUSCO aurait changé
à maintes fois son mandat conformément au changement et à
l'évolution de la situation sur terrain. Au départ force
d'observation, ensuite devenue une force de maintien de la paix avec pour
mission particulière de protéger la population, ses
résultats demeurent jusqu'ici mitigés. C'est-à-dire que
ces forces auraient eu, d'une part, des mandats qui les ont permis à
s'adapter aux réalités et au contexte sécuritaire du pays.
D'autre part, il s'avère cependant qu'au regard des nouvelles crises
qui secouent la partie orientale de la République Démocratique du
Congo, avec déjà des millions de morts et d'autres millions de
vies dévastées, ces mandats deviendraient de plus en plus
caduques, présenteraient beaucoup de limites et seraient
écartés de la réalité locale. Déployer plus
de 17.000 casques bleus et ne pas leur accorder un mandat qui leur permet de
combattre c'est « absurde14(*) », avait déclaré Laurent
FABIOUS, Ministre des Affaires Etrangères de la France après la
chute de la ville de Goma entre les mains des rebelles du M23. Même si la
résolution 2098 du 28 Mars 2013 lui confère un mandat
d'imposition de la paix en créant une brigade d'intervention rapide
composée de 3000 militaires, il s'avère que l'action de cette
force n'aurait pas des résultats escomptés par les congolais. En
fait, le vrai problème ne résiderait pas nécessairement
dans les textes des mandats, mais également dans la volonté de
leur application. Malheureusement, la volonté politique, telle qu'elle
est exprimée dans les instances internationales, ne suffit pas : les
enjeux principaux sont sur le terrain ; c'est là que l'on réussit
ou que l'on échoue, et c'est donc là qu'il faut
s'imposer15(*).
L'inefficacité des interventions de l'ONU en RDC
s'expliquerait en grande partie par le fait que son engagement serait
instrumentalisé par ses membres les plus puissants qui, à
côté de l'objectif global de l'organisation, poursuivent leurs
propres intérêts dans les jeux où ils sont
impliqués16(*). Il
faudrait à cet égard reconnaitre avec P. De SENARCLENS que «
les grandes puissances utilisent l'Organisation en suivant leurs propres
intérêts, et ne concèdent rien aux exigences de la Charte
lorsque cette dernière contrarie leurs ambitions politiques ».
ALBRECHT SCHNABEL explique à ce sujet que « les politiques de
maintien de la paix de ces pays reposent sur « des évaluations au
cas par cas» de chaque conflit, par rapport à leurs
préoccupations particulières, leurs intérêts
géostratégiques et leur statut régional ou global. Les
questions plus générales, comme la défense des valeurs
humanitaires universelles ou la sécurité mondiale, ont peu
d'impact sur les processus réels de décisions concernant les
actions des Casques bleus et le maintien de la paix »17(*). Outre les paralysies
conjoncturelles dues aux enjeux géopolitiques ou économiques, il
n'est pas insensé de postuler que les difficultés
rencontrées par les principaux acteurs des relations internationales,
les Etats et les organisations internationales, sont également dues
à la complexité des enjeux en cause de cette affaire18(*).
Face aux nouvelles crises en RDC, il serait
nécessaire que le mandat de la MONUSCO puisse être redéfini
dans le simple but de lui permettre non seulement de stopper ces crimes et
surtout de stabiliser cette région qui a tant souffert des conflits
armés pendant des décennies. Il suffirait de donner l'ordre aux
dix-sept mille soldats (en mission pour l'ONU en RDC) de faire leur
métier et de remplir leur mandat.19(*) La MONUSCO doit par conséquent devenir une
force d'imposition de la paix au lieu de se limiter uniquement à la
protection de la population. Elle ne doit pas être une force
observatrice, mais au contraire une force combattante et active avec objectif
principal l'imposition de la paix parce qu'on ne maintien la paix que lorsqu'
elle est effective, si c'est le contraire, on la recherche par tous les moyens
y compris par la force. Certes, la brigade d'intervention rapide a un mandat
d'imposition de la paix, mais son effectif par rapport à la
gravité et à la complexité de la situation, par rapport
également à la multiplicité des groupes armés,
nous fait encore retomber dans un scepticisme quant aux résultats
escomptés. Il faudrait une requalification générale du
mandat de la MONUSCO avec comme mandat l'imposition de la paix et la reforme
du secteur de sécurité comme priorité. La MONUSCO devrait
se préoccuper prioritairement de l'éradication de tous les
groupes armés et se dessaisir des activités humanitaires au
profit d'autres organismes de l'ONU ou de l'équipe pays.
3. CHOIX ET INTERET DU SUJET
Il est scientifiquement recommandé à tout
chercheur, dans le cadre de la rédaction d'un travail scientifique, de
présenter les facteurs ayant milité pour l'option d'aborder tel
sujet plutôt que tel autre20(*).
3.1. Choix du sujet
Le choix de ce sujet n'est pas parti du néant. Par
contre il est justifié par plusieurs raisons d'ordres social, et
scientifique.
En effet, passionné par le sentiment patriotique et
interpellé par les effets pervers de la recrudescence des conflits
armés à l'Est de la RDC ayant causé la mort à des
millions des personnes sous les yeux et la barbe de la communauté
internationale, nous avons choisi ce sujet non seulement dans le but de
comprendre la réalité au-delà de ce qui est
universellement codifié et publié par les médias, mais
également dans le souci d'éclairer l'opinion sur les
avancés et les défaillances des interventions des forces de
maintien de la paix de l'ONU opérant en RDC.
3.2. Intérêt du sujet
On optant pour ce sujet, nous visions tout au
départ deux intérêts : l'un est d'ordre social et
l'autre d'ordre scientifique.
D'abord sur le plan scientifique, comme affirme Mc
Dougal, nous ne devons pas nous borner à expliquer la
réalité sociale, nous devons contribuer à la
rénovation et au rajeunissement du droit international en
réexaminant les problèmes anciens et les approches
traditionnelles et en élargissant le domaine du droit à des
problèmes techniques, économiques, sociaux, culturels21(*). Ainsi, le mérite de
ces recherches demeure donc dans sa contribution à la
compréhension du contenu et de l'extension des préalables des
normes traditionnelles qui inspirent la pratique des opérations de
maintien de la paix dans le monde en général et en RDC en
particulier. A la suite de nos prédécesseurs, nous visons, dans
ce travail, donner une analyse réelle de la situation des
opérations de maintien de la paix de l'ONU face aux
réalités congolaises afin que tout celui dont la chose
intéresserait puisse s'y inspirer et y apporter des
éléments nouveaux pour un Congo pacifique, stable et
puissant.
Enfin, sur le plan social, ce travail pourrait aider les
décideurs ayant la charge de maintien de la paix et la
sécurité internationales dans leurs attributions de tenir compte
des certaines exigences juridiques, politiques et techniques devant permettre
à leur organe d'être en mesure d'affronter sur place les
réalités complexes afin de jouer correctement leur rôle et
par ricochet échapper à la paralysie du système juridique
de la sécurité internationale. Par conséquent il constitue
une grande contribution pour mettre définitivement fin aux conflits
armés à répétition en RDC causant des graves
problèmes socio-humanitaires à la population civile.
4. DELIMITATION DU SUJET
Loin de nous la prétention d'aborder le sujet sous
examen dans tous ses aspects, mais il semble plutôt impérieux
qu'il soit circonscrit dans un cadre beaucoup plus précis. Non seulement
la limite imposée par les moyens humains interdit d'en examiner tous les
aspects à la fois mais également le temps ne nous permet pas
de le faire. Dans cette même logique, REZSOHAZY estime que toute
démarche scientifique procède fatalement par un découpage
de la réalité. Il n'est pas possible d'étudier, de
parcourir tous les éléments influents jusqu'aux extrêmes
limites de la terre et jusqu'au début des temps22(*). A cet effet, cette
étude a été délimitée d'une part dans le
temps et d'autre part dans l'espace.
4.1. Dans le temps
Bien que les Operations de Maintien de la paix de l'ONU
aient été déployées en RDC depuis 1960, nos
recherches couvriront uniquement la période allant de 1999 à
2013. L'année 1999 nous renvoie à la création de la MONUC
par le Conseil de Sécurité de l'ONU. Tandis que l'année
2013 coïncide avec l'adoption par le Conseil de Sécurité de
l'ONU de la résolution 2098 (2013) autorisant le déploiement
d'une brigade d'intervention rapide à l'est de la RDC.
4.2. Dans l'espace
Le sujet dont nous avons la tache d'analyser concerne un
espace géographique bien déterminé, la République
Démocratique du Congo. En effet, c'est dans ce pays qu'opèrent
les différentes Opérations de Maintien de Paix de l'ONU ;
l'ensemble de nos analyses ne sera consacré qu'à ce pays. En
d'autres termes, la RDC demeure l'environnement et l'espace propice et
agréable choisi pour nos recherches.
5. METHODES ET TECHNIQUES
Toute réflexion scientifique nécessite le
recours à une démarche scientifique cohérente qui
permettra au chercheur de récolter les données relatives à
son travail.
5.1. Méthodes
La méthode constitue le chemin à suivre,
c'est-à-dire la voie que le chercheur emprunte dans sa démarche
scientifique23(*). La
méthode, comme instrument qui permettra de traiter la
problématique et de vérifier les hypothèses, est choisie
en fonction du sujet retenu, des objectifs de la recherche, voire de la
sensibilité du chercheur. Ainsi, les méthodes qui nous ont
aidé pour la réalisation de ce travail se présentent comme
suit :
Méthode juridique
En effet, de par son intitulé même, le sujet
sous examen nous exige le recours à la méthode juridique dite
aussi exégétique qui consiste, selon les termes du Professeur
LABANA, à l'interprétation des textes conclus entre les acteurs
des relations internationales24(*). Ainsi, dans le cas sous examen, cette
méthode nous a aidé à interpréter les
différents mandats des forces onusiennes déployées en
RDC.
Cependant, la méthode juridique à elle seule
ne nous a pas permis de bien appréhender la situation telle qu'elle se
présente sur terrain. D'ailleurs c'est cette approche juridique qui
peint l'avenir en noir, car ne voyant rien d'autre que les normes et
règles, ses adeptes se plaignent que le développement du droit
international est partout bloqué par les exigences des politiques
nationales. D'où la nécessité d'en compléter par
d'autres approches empruntées aux sciences sociales.
Méthode
systémique
Selon le schéma explicatif estonien, nous
considérons l'ONU comme un système au sein duquel, il y a les
inputs dans notre cas qui sont les multiples crises en RDC. Ces crises qui
entrent dans la boîte de conversion ou boîte noire qui est le
Conseil de sécurité de l'ONU. De la boîte noire, ce sont
les résolutions ou les interventions qui sortent comme les outputs.
Continuant leur cycle de l'environnement à la boîte noire, de la
boîte noire à l'environnement, soit comme des crises, des
demandes, soit comme des interventions, des solutions. C'est le
feedback.
5.2. Les techniques
Pour la réalisation de ce travail, nous avons
recouru à la technique documentaire qui nous a permis de nous mettre en
face de différents documents (ouvrages, articles, Internet...)
publiés et ayant trait à ce sujet.
6. DIFFICULTES RENCONTREES
Le caractère passionnant de cette recherche en
Relations Internationales, ainsi que la portée pratique de ses
résultats sur les interventions des forces onusiennes au Congo ne
doivent pas perdre les difficultés qui lui sont liées. La
réalisation de ce travail a été confrontée par
plusieurs difficultés de natures différentes :
- Scientifiques : le sujet étant
d'actualité et très politique, il n'ya pas assez de publications
scientifiques y relatives. Si quelques recherches ont été
menées sur le sujet, leur approche a été plutôt
juridique. De fait, l'étude de conflits sous l'angle juridique a
l'inconvénient d'être essentiellement descriptive et de laisser
à côté la dynamique des conflits. Par ailleurs, il
s'avère que vue l'actualité et la pertinence de ce thème,
beaucoup d'analyses et de commentaires sont publiés surtout par les
medias et sur l'internet ; d'où la difficulté dans la
critique de la véracité et de l'originalité des
informations collectées.
Cette actualité a été quelque part
imprévue à cause de décisions qui expriment un revirement
ou une évolution brutale, ou d'événements politiques ou
sociaux, nationaux ou internationaux inattendus ; nous a exigé
à tout temps de revoir notre problématique et de retoucher
à mainte reprise le plan du travail.
- Financières : l'analyse de ce thème
nécessite normalement des recherches approfondies : les
déplacements dans les zones de conflit pour découvrir les vraies
réalités, les interviews de certaines autorités nationales
ou régionales voir mêmes internationales, les enquêtes et
les sondages d'opinion de la population locale; mais faute de moyen financier
et matériel certains aspects de recherche n'ont pas été
abordés.
7. PLAN SOMMAIRE
Outre l'introduction et la conclusion
générales, nous structurons ce travail autour de trois principaux
chapitres :
Ø Le premier chapitre est consacré aux
généralités sur les opérations de maintien de la
paix de l'ONU. Il présente à cet effet l'historique, le cadre
normatif, les fonctions, les rôles ainsi que les principes de base des
OMP.
Ø Le deuxième chapitre quant à lui se
focalise sur l'analyse critique des différents mandants des forces de
l'ONU face à l'interminable crise du Congo. Il aborde, par ailleurs, la
problématique de l'inefficacité des interventions des forces
onusiennes tout en dégageant les principaux facteurs de l'inertie.
Ø Enfin, le dernier chapitre présente des
nouvelles orientations adaptées aux réalités
géopolitiques du Congo pour non seulement la restauration et la
stabilisation de la paix en RDC mais également pour la réussite
des OMP en Afrique post guerre froide.
CHAPITRE I. GENERALITES
SUR LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L'ONU25(*)
Consacré aux opérations de maintien de la
paix de l'ONU, ce chapitre pose en quelque sorte le décor. Elle se
révèle incontournable dans la mesure où elle fixe les
bases nécessaires à la compréhension du corps de notre
étude. En effet, pour bien comprendre et bien analyser les mandats des
opérations de la paix de l'ONU, il faudrait remonter aux principes et
aux concepts de base régissant la planification et la conduite de ces
opérations ainsi que leurs fonctions clés et les principaux
facteurs ayant un impact sur leur succès sur le terrain.
SECTION 1. CADRE NORMATIF,
PRINCIPES DIRECTEURS, ROLES ET FONCTIONS DES OMP
Avant que l'on aborde le fondement ainsi que les principes
du maintien de la paix, il faudrait préalablement savoir le
définir. Ainsi, selon la traduction libre de Indar Jit RIKTYE,
praticien du maintien de la paix et ancien président de
l'Académie mondiale pour la paix, le maintien de la paix peut
d'abord se définir par « la prévention, la limitation,
la modération et la cessation des hostilités entre ou au sein des
États grâce à l'intervention d'une tierce partie,
organisée et dirigée à l'échelle internationale,
faisant appel à du personnel militaire, policier et civil pour restaurer
la paix ». Il peut ensuite se définir par « le
déploiement d'effectifs, principalement militaires, de l'ONU, avec le
consentement des parties concernées, en vue de maintenir un
cessez-le-feu et de prévenir la reprise des hostilités [...]
»26(*)
§1. Cadre normatif et
principes de base des OMP
1. Cadre normatif des opérations de
maintien de la paix
Parler du cadre normatif des Opérations de Maintien
de la paix de l'ONU fait allusion à l'analyse des bases juridiques de
ces OMP. Il s'agit de l'analyse de leurs sources de légitimité et
de légalité. Ceci étant, ces opérations sont
déployées et se conduisent sur terrain conformément :
à la Charte des Nations Unies, aux droits de l'homme, au droit
international humanitaire et au mandat du Conseil de Sécurité
de l'ONU.
1.1. La Charte des Nations Unies et les mandats du
Conseil de Sécurité
La Charte des Nations Unies, signée à San
Francisco le 26 juin 1945, est le document fondateur de tout le travail des
Nations Unies. Créée afin de « préserver les
générations futures du fléau de la guerre »,
l'Organisation des Nations Unies compte parmi ses buts principaux la sauvegarde
de la paix et de la sécurité internationales27(*).
Par ailleurs, comme le souligne le Professeur Sunil V.
Ram, il faudrait reconnaitre que « les fondateurs des Nations Unies
n'avaient pas entrevu la possibilité de s'engager au sein
d'opérations de maintien de la paix (OMP); ainsi, les OMP ne font pas
partie du mécanisme de la Charte des Nations Unies. Par
définition, les opérations de maintien de la paix sont
essentiellement un mécanisme pragmatique utilisé par les Nations
Unies pour contenir les conflits internationaux et faciliter leur
règlement par des moyens pacifiques ».
Bien que ne soit pas mentionné de manière
explicite dans la Charte, le maintien de la paix est devenu l'un des outils
majeurs employé par les Nations Unies pour parvenir à cette fin.
La Charte confère au Conseil de sécurité la
responsabilité principale du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. Pour s'acquitter de cette
responsabilité, le Conseil de sécurité peut prendre une
série de mesures, y compris la création d'une opération de
maintien de la paix des Nations Unies. La base juridique d'une telle action se
trouve dans les Chapitres VI, VII et VIII de la Charte des Nations Unies.
Ces opérations se déploient sur la base d'un
mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ce mandat
détaille les tâches précises qu'une opération de
maintien de la paix des Nations Unies doit accomplir. Les mandats du Conseil de
sécurité varient selon la situation, la nature du conflit et les
défis particuliers qu'il présente. Puisque les opérations
de maintien de la paix des Nations Unies sont déployées, en
général, pour appuyer l'application d'un cessez-le-feu ou d'un
accord de paix plus global, les mandats du Conseil de sécurité
sont influencés par la nature et le contenu des accords conclus entre
les parties28(*).
1.2. Les droits de l'homme et le droit
international humanitaire
Le droit international dans le domaine des droits de
l'homme constitue une composante essentielle du cadre normatif global des
opérations de maintien de la paix des Nations Unies29(*). La Déclaration
universelle des droits de l'homme, texte fondateur, stipule que les droits de
l'homme et les libertés fondamentales sont universels et garantis pour
tous.
De même, le droit international humanitaire est
conçu pour protéger ceux qui ne participent pas ou ne participent
plus aux actions hostiles et pour garantir les droits fondamentaux des civils,
les victimes et les non-combattants dans un conflit armé. Il est
pertinent au maintien de la paix des Nations Unies car beaucoup
d'opérations sont déployées dans des contextes
post-conflit où les combats continuent ou risquent de reprendre. De
plus, les contextes de post-conflit sont souvent caractérisés par
l'existence de populations sinistrées, de prisonniers de guerre et
d'autres groupes vulnérables auxquels les Conventions de Genève
s'appliquent même dans le cas d'une reprise des
hostilités.
2. Principes directeurs des OMP
Bien qu'il y ait eu une évolution significative
dans la pratique du maintien de la paix des Nations Unies au cours des soixante
dernières années, trois principes de base ont traditionnellement
été utilisé et continuent à constituer la marque du
maintien de la paix des Nations Unies comme outil spécifique du maintien
de la paix et de la sécurité internationales. Il s'agit des
principes fondamentaux tels que : le consentement des parties,
l'impartialité, et le non recours à la force sauf en cas de
légitime défense ou de défense du mandat.
2.1. Le consentement des parties
Le consentement de l'Etat sur le territoire duquel les
troupes des Nations Unies sont amenées à stationner est un
principe de base qui l'emporte sur toute autre considération. Les
opérations de maintien de la paix des Nations Unies se déploient
avec le consentement des principales parties au conflit. En principe, cela
implique l'adhésion des parties à un processus politique et leur
consentement à la présence de l'opération de maintien de
la paix qui est censée appuyer ce processus. L'accord des principales
parties permet aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies
d'avoir la liberté d'action politique et physique dont elles ont besoin
pour accomplir les fonctions prévues par leur mandat. Faute de
consentement, une opération de maintien de la paix des Nations Unies
court le risque de se voir impliquée dans le conflit et de
s'éloigner de sa vocation première qui est de maintenir la
paix.
Il faudrait cependant reconnaitre que le Conseil de
sécurité peut autoriser une opération sans l'accord
explicite des parties au conflit, s'il croit que le conflit représente
une menace à la paix et à la sécurité
internationales. L'intervention devient alors une opération d'imposition
de la paix. Le Conseil peut également décider d'autoriser une
action d'imposition de la paix pour des raisons humanitaires ou de protection,
dans les cas où il n'y a pas de processus politique et la
possibilité d'obtenir le consentement des principales parties au conflit
sont nuls mais où les populations civiles souffrent.
2.2. L'impartialité et le non usage de la
force sauf en cas de légitime défense ou de défense du
mandat
Les OMP sont avant tout des forces d'interposition entre
deux parties rivales après la conclusion d'une trêve ou d'un
cessez-le-feu afin d'éviter la reprise des hostilités. Une
opération de maintien de la paix des Nations Unies doit s'acquitter de
son mandat sans faveur envers ni préjudice à l'égard de
l'une ou de l'autre des parties. L'impartialité est essentielle pour
préserver le consentement et la coopération des principales
parties.
Pour autant, elle ne doit pas se confondre avec la
neutralité ou l'inaction. L'impartialité et la neutralité
(avec l'humanité et l'indépendance) sont deux des principes
fondamentaux de l'action humanitaire, bien qu'ils aient une signification
différente dans le contexte humanitaire. Il est indispensable de tenir
compte de cette distinction afin d'éviter les malentendus. Pour le
Mouvement international de la Croix rouge et du Croissant rouge en particulier,
l'impartialité signifie qu'on est guidé uniquement par les
nécessités, sans faire de discrimination en fonction de la
nationalité, de la race, du sexe, de la classe sociale ou des croyances
religieuses ou politiques. La neutralité signifie en revanche que l'on
ne peut participer en aucune manière aux hostilités ni s'engager,
à n'importe quel moment, dans des controverses de nature politique,
raciale, religieuse ou idéologique.
Le personnel oeuvrant dans une opération de
maintien de la paix des Nations Unies doit rester impartial dans ses relations
avec les parties au conflit. Toutefois, ceci ne signifie pas qu'il doit rester
neutre dans l'application du mandat de la mission.
S'agissant du non recours à la force, il faudrait
reconnaitre qu'étant donné l'esprit de la Charte, les Casques
bleus ne sont dotés que d'armes défensives légères
(en cas de légitime défense). Ils doivent à tout prix
éviter d'alimenter le recours à la force. Les opérations
de maintien de la paix des Nations Unies ne doivent pas recourir à la
force qu'en dernier ressort, après avoir épuisé toute
autre méthode de persuasion. Une opération de maintien de la paix
des Nations Unies doit faire preuve de retenue dans son usage de la force.
L'usage de la force sert, en fin de compte, à influencer ou à
dissuader ceux qui agissent contre le processus de paix ou qui s'attaquent aux
civils, non à les éliminer physiquement. L'usage de la force par
une opération de maintien de la paix des Nations Unies doit toujours
être calibré, précis, proportionnel et approprié,
conformément au principe de la force minimale nécessaire pour
atteindre l'objectif escompté, tout en maintenant le consentement
à la présence de la mission et à son mandat. Il faut que
l'opération de maintien de la paix reste sensible à la
nécessité d'une réduction rapide du niveau de la violence
et d'un retour à l'usage de moyens de persuasion non violents30(*).
Mais, les contextes dans lesquels les opérations
de maintien de la paix des Nations Unies sont déployées sont
souvent caractérisés par la présence de milices, de bandes
criminelles et d'autres fauteurs de troubles locaux qui essayent de perturber
le processus de paix ou qui constituent une menace à la population
civile. Plusieurs opérations de maintien de la paix des Nations Unies
déployées dans ce type d'environnement ont reçu un mandat
« robuste » du Conseil de sécurité les autorisant
à « employer tous les moyens nécessaires» pour
prévenir toute tentative de troubler le processus de paix, pour
protéger les civils en cas de menace imminente d'atteinte à
l'intégrité physique des personnes ou pour aider les
autorités nationales à maintenir l'ordre public. L'usage proactif
de la force pour défendre le mandat a permis à ces
opérations de maintien de la paix d'améliorer la situation
sécuritaire et à créer un environnement propice à
la consolidation de la paix dans les pays où elles sont
déployées.
Outre ces trois principes fondamentaux qui guident les
OMP, les expériences des quinze dernières années
démontrent que la réussite des opérations de maintien de
la paix dépend également du degré de
crédibilité et de légitimité dont elles jouissent,
notamment aux yeux des populations locales. L'expérience récente
a également mis en relief la nécessité de promouvoir
l'appropriation nationale et locale afin de contribuer à la mise en
place d'une paix durable.
- La légitimité :
Une opération de maintien de la paix des Nations Unies
tire sa légitimité du fait qu'elle est créée sur la
base d'un mandat octroyé par le Conseil de sécurité des
Nations Unies qui détient la responsabilité principale du
maintien de la paix et de la sécurité internationales. La
manière dont une opération de maintien de la paix se conduit sur
le terrain a une influence profonde sur sa légitimité apparente.
La fermeté et l'impartialité dont une opération de
maintien de la paix fait preuve dans l'exécution de son mandat, la
circonspection dont elle fait preuve dans son usage de la force, la discipline
qu'elle impose à son personnel, le respect qu'elle montre envers les us
et coutumes ainsi que les institutions et les lois locaux et la manière
dont elle interagit avec la population locale ont un impact directe sur la
légitimité d'une opération de maintien de la paix des
Nations Unies.
- La Crédibilité :
La crédibilité d'une opération de
maintien de la paix des Nations Unies dépend directement du niveau de
confiance dont elle jouit au sein de la communauté internationale et de
la population locale. La crédibilité d'une mission dépend
des ressources mises à sa disposition, de son efficacité et de sa
capacité de gérer et répondre aux attentes.
- La promotion de l'appropriation nationale et
locale : Lors de la planification et la mise en oeuvre
de ses programmes et activités centrales, une opération de
maintien de la paix des Nations Unies doit s'efforcer de promouvoir
l'appropriation nationale et locale et d'encourager la confiance et la
coopération entre les acteurs nationaux. Faute d'appropriation nationale
et locale, la durabilité des projets et des stratégies risque
d'être remise en cause et les investissements initiaux risquent de ne pas
être rentabilisés.
§2. Rôles et
fonctions des OMP
1. Rôles changeants ou mission des
OMP
Bien que cette partie soit focalisée sur les
opérations de maintien de la paix des Nations Unies, il est toutefois
important de comprendre le lien comme les différences, entre maintien de
la paix et la prévention des conflits, le rétablissement de la
paix, l'imposition de la paix et la consolidation de la paix.
- La prévention des conflits
comprend des mesures diplomatiques ou structurelles visant
à empêcher que les différends intra ou
interétatiques ne deviennent des conflits armés.
Idéalement, la prévention des conflits se base sur la mise en
place de structures d'alerte rapide, la collecte de l'information et l'analyse
soigneuse des moteurs du conflit. Les activités de prévention des
conflits comprennent, entre autres, les « bons offices », le
déploiement préventif ou la mise en oeuvre de mesures de
confiance.
- Le rétablissement de la paix
concerne les conflits en cours et comprend, normalement, des
actions diplomatiques visant à mener les parties en conflit à un
accord négocié. Le Secrétaire général des
Nations Unies peut exercer ses « bons offices » afin de faciliter la
résolution d'un conflit suite à une demande du Conseil de
sécurité et/ou de l'Assemblée générale ou
bien de sa propre initiative. Les envoyés, les gouvernements, les
groupes d'États et/ou les organisations régionales sont
susceptibles de participer aux actions du rétablissement de la paix. Le
rétablissement de la paix peut également être l'oeuvre de
groupes non officiels et non gouvernementaux ou d'une personne agissant de
manière indépendante.
- Le maintien de la paix est une
technique conçue pour préserver la paix, aussi fragile soit-elle,
une fois que les combats ont cessé et pour appuyer la mise en oeuvre des
accords facilités par ceux qui sont chargés du
rétablissement de la paix. Fondées sur un modèle,
essentiellement militaire, d'observation du cessez-le-feu et d'interposition
entre des forces à l'issue d'une guerre entre Etats, les
opérations de maintien de la paix ont intégré au fil des
années un ensemble complexe d'éléments civils, militaires
et policiers, oeuvrant ensemble pour jeter les bases d'une paix
durable.
- L'imposition de la paix
comprend l'application, avec l'autorisation du Conseil de
sécurité, de mesures coercitives, y compris l'usage de la force
militaire, pour maintenir ou rétablir la paix et la
sécurité internationales dans des situations où il a
déterminé l'existence d'une menace à la paix, une
violation de la paix ou un acte d'agression31(*).
- La consolidation de la paix
comprend des mesures ciblées visant à
réduire les risques de reprise d'un conflit et à jeter les bases
d'un développement durable, notamment à travers le renforcement
des capacités nationales en matière de gestion des conflits
à tous les niveaux. La consolidation de la paix est un processus
complexe de longue durée qui vise à créer les conditions
nécessaires pour une paix durable. Les activités de consolidation
de la paix visent les causes structurelles profondes d'un conflit armé
à travers une approche globale. Les mesures de consolidation de la paix
se concentrent sur les enjeux ayant un impact sur le fonctionnement de
l'État et de la société. À cet égard, elles
cherchent à augmenter les capacités de l'État à
accomplir ses fonctions essentielles de façon efficace et
légitime.
2. Les fonctions principales des OMP
Il conviendrait de reconnaitre que les fonctions des
opérations de maintien de la paix évoluent selon le contexte et
les enjeux du système international. En effet, de par les fonctions nous
distinguons deux types d'opérations de maintien de la paix : les
opérations de maintien de la paix traditionnelles et les
opérations de maintien de la paix multidimensionnelle.
Les opérations de maintien de la paix des Nations
Unies traditionnelles sont déployées comme une mesure
intérimaire visant à appuyer les efforts de gestion d'un conflit
et à créer un environnement propice à la
négociation d'un accord de paix durable32(*). Les tâches que le Conseil de
sécurité confie aux opérations de maintien de la paix
traditionnelles sont essentiellement militaires et peuvent comprendre les
activités suivantes :
- Observer, surveiller et établir des rapports
(à travers des positions statiques, des patrouilles, des survols ou
d'autres moyens techniques avec l'accord des parties) ;
- Encadrer un cessez-le-feu et apporter un soutien aux
mécanismes de vérification ; et
- S'interposer dans une zone tampon et comme mesure de
confiance.
Signalons qu'avec la fin de la Guerre froide, le contexte
stratégique des opérations de maintien de la paix des Nations
Unies a changé de manière dramatique et le Conseil de
sécurité s'est engagé de manière plus active dans
la gestion et la résolution pacifique des conflits régionaux.
Bien que la fin de la Guerre froide ait coïncidé avec un
déclin général dans le nombre des conflits
interétatiques à travers le monde, les conflits armés
internes constituent la grande majorité des guerres actuelles.
La transformation du système international a
favorisé l'émergence d'une nouvelle génération
d'opérations de maintien de la paix « multidimensionnelles »
qui se déploient dans un contexte dangereux à la suite d'un
conflit interne violent et emploient un ensemble de capacités
militaires, policières et civiles pour appuyer la mise en oeuvre d'un
accord de paix compréhensif. Elles relèvent d'un mandat plus
large que celles de la première génération. Leur
rôle inclut non seulement le maintien mais aussi le rétablissement
et l'édification de la paix. Elles débordent donc sur le terrain
des conflits internes, de la promotion des pratiques démocratiques et de
l'assistance humanitaire d'où leur développement quantitatif et
leur expansion géographique.
Dans le contexte plus large, les fonctions essentielles
d'une opération de maintien de la paix multidimensionnelle des Nations
Unies sont les suivantes:
- Créer un milieu sûr et stable tout en
cherchant à restaurer la capacité de l'Etat à maintenir la
sécurité dans le respect de l'Etat de droit et des droits de
l'homme;
- Faciliter le processus politique en promouvant le
dialogue et la réconciliation et en appuyant la création
d'institutions de gouvernance légitimes et efficaces ; et
- Servir de cadre pour assurer que les Nations Unies et
d'autres acteurs internationaux mènent leurs activités dans le
pays de façon cohérente et coordonnée.
Les opérations de maintien de la paix de seconde
génération ne visent plus à stabiliser une situation en
attendant que se dégage une solution pacifique mais font partie
intégrante de la solution. Leur finalité est de mettre en oeuvre
un règlement politique global accepté au préalable par les
parties. Elles continuent de fonctionner dans le cadre fictif du «
maintien » de la paix alors que leur mission est précisément
de « construire » voire d'imposer cette paix. Parmi leurs
prérogatives figurent la restauration de l'Etat. En effet, elles ne se
contentent pas seulement de rétablir l'ordre mais interviennent aussi
pour créer un environnement politique, économique et social
permettant ainsi à la population victime d'un conflit interne à
un Etat de retrouver ses structures et son équilibre. Il s'agit de
bâtir de nouvelles structures politiques et administratives, afin de
garantir la viabilité du règlement politique d'ensemble et de
l'inscrire dans la durée.
Toutefois, les mandats accordés par le Conseil de
sécurité leur demandent souvent de jouer un rôle direct
dans le démarrage d'activités de consolidation de la paix dans
les domaines de : la démobilisation, le désarmement et la
réintégration des combattants (DDR) ; la réforme du
secteur de sécurité et d'autres activités dans le domaine
de l'État de droit ; la protection et la promotion des droits de l'homme
; l'assistance électorale ; et l'appui à la restauration et
à l'extension de l'autorité étatique.
SECTION 2. EVOLUTION ET
FINANCEMENT DES OMP
§1. Bref aperçu
historique des OMP de l'ONU de 1947 à 2013
Il est important de disposer d'un fondement conceptuel et
historique sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies
en étudiant les origines historiques, politiques et diplomatiques qui
contribuent à l'évolution des opérations de maintien de la
paix dans un ordre chronologique. Ainsi, l'histoire des Opérations de
maintien de la paix peut être subdivisée en trois grandes
périodes : d'abord de 1947 à 1990 (la période de la
guerre froide) ; puis de 1990 à 2000 (la fin de la guerre froide)
et enfin de 2000 à nos jours.
1. La genèse de
« maintien de paix » : 1947-1990
Les opérations de maintien de la paix de l'ONU sont
nées à une époque où les rivalités de la
guerre froide entraînaient souvent une paralysie du Conseil de
sécurité33(*). Le professeur SUNIL V. RAM soutient à cet
égard que « le maintien de la paix est donc essentiellement le
fruit d'une improvisation dans le but de répondre aux tensions
grandissantes existant entre les deux superpuissances (les USA et
l'URSS) ». A ses origines, renchérit-il, le maintien de la
paix était une réponse au conflit entre États, et fut
originellement pensé comme l'emploi non violent de la force militaire
dans le but de préserver la paix entre deux parties en guerre. Le
maintien de la paix tombait entre les Chapitres VI et VII de la Charte des NU,
et il fut ainsi fait référence aux « opérations du
Chapitre VI ». L'objectif de l'ONU était avant tout de maintenir
les cessez-le-feu et de stabiliser les situations sur le terrain en assurant un
appui crucial aux efforts politiques de règlement des conflits par des
moyens pacifiques.
Les OMP de 1ère génération ne sont
pas perçues comme prenant partie au conflit. Ce sont des missions
d'interposition après un cessez-le-feu ou de surveillance de
frontières. Puisque sa présence est acceptée sur le
terrain, l'ONU peut déployer des missions de taille réduite. Les
tâches sont simples et précises et ne nécessitent pas de
personnel nombreux ou civil. Les superpuissances ne participent pas aux OMP sur
le terrain, ce qui favorise l'image de neutralité de la mission34(*).
En 1948 des opérations d'observation sont mises en
place. Les pouvoirs forts étendus du Conseil de sécurité
sont restés quasi inutilisés du début de la guerre froide
à la crise du Golfe, c'est-à-dire pendant près que 40
ans35(*). Les rares crises
ayant donné lieu à des décisions du Conseil de
sécurité sont la Palestine (Résolutions 50 et 54 en 1948
créant l'ONUST qui a pour but de superviser la trêve entre
Israël, Egypte, Syrie, Jordanie et Liban.), en 1949 une autre mission du
même type sera mise en place entre l'Inde et le Pakistan (UNMOGIP) ;
la Rhodésie du Sud (Résolutions 236 du 16 décembre 1966 et
253 du 29 mai 1968) et l'Afrique du Sud (Résolutions 418 du 4 novembre
1977 et 591 du 28 novembre 1986). Ces missions étaient composées
d'observateurs militaires non armés et de soldats munis d'armes
légères dont le rôle consistait essentiellement à
surveiller la situation sur le terrain, à en faire rapport et à
rétablir la confiance entre les parties en présence. Seule la
crise du Congo, en 1961, avait entrainé l'emploi de la force
(résolution 169)36(*).
Rappelons à cet effet une notion très
importante qui a caractérisé les OMP de cette période. En
fait, face au blocage du Conseil de sécurité lié aux
confrontations Est-Ouest, la fonction de maintien de la paix et de la
sécurité internationales a été confié, dans
des circonstances particulières, à l'Assemblée
Générale grâce à la résolution de l'A.G.
n°377 (V) adoptée le 3 novembre 1950, dite
« Résolution Acheson »37(*). Elle a été mise
en oeuvre en deux occasions : pour la création d'une force de
maintien de la paix dans la crise de Suez, la FUNU, en 1956 et pour la
création de l'ONUC, force de maintien de paix au Congo en 1960. A partir
de cette première expérience se dégage peu à peu
une véritable « doctrine du maintien de la paix »,
théorisée par le secrétaire général de
l'époque, Dag Hammarskjöld.
Après l'avis consultatif de la CIJ de 1962 sur
certaines dépenses des Nations Unies faisant des contributions de l'ONU
volontaires et non obligatoires de ces deux forces, le conseil de
sécurité a dû reprendre en main la situation en
créant des OMP reposant sur le consentement de l'Etat hôte. Depuis
ce moment, les OMP sont créées par le Conseil de
Sécurité.
v Caractéristiques des OMP de 1ère
génération :
· L'OMP est neutre et impartiale.
· Le consentement des belligérants est requis
avant le déploiement.
· La mission est de taille réduite.
· Les contingents sont formés de soldats
légèrement armés.
· Les tâches sont simples et de nature
militaire.
· Les contingents proviennent de petites ou moyennes
puissances.
· L'OMP s'inscrit dans un contexte de guerre
interétatique.
2. De la fin de la guerre froide au
Rapport Brahimi (1990-2000)
Avec la fin de la guerre froide, le contexte
stratégique a radicalement changé et le nombre
d'opérations de maintien de la paix a rapidement
augmenté38(*). La
chute du mur de Berlin a créé le véritable bouleversement
diplomatique en Afrique. Les conflits internes s'étant multipliés
et aggravés et l'évocation d'alibis extérieurs -
(marxistes, impérialistes ) -n'étant plus crédible, il
fallait une nouvelle approche africaine du règlement des guerres
civiles. Dès lors, la situation n'était plus marquée par
les conflits interétatiques, mais par une violence interne.
Cette situation a entraîné une
évolution vers des opérations pluridimensionnelles, souvent
destinées à appuyer la mise en oeuvre d'un accord de paix
général entre parties à une guerre civile. Cette
évolution a elle-même conduit à développer la
composante non militaire des opérations de maintien de la paix, dont le
succès dépend de plus en plus du travail d'experts civils dans
des domaines clés comme l'état de droit, les droits de l'homme,
le genre, la protection de l'enfance et les élections39(*). Les OMP de deuxième
génération tentent de créer des conditions de paix
plutôt que de maintenir la paix.
A cet effet, elles présentent des
caractéristiques très différentes de celles de la
génération précédente. L'importance de l'usage de
la force met en cause les notions de neutralité et
d'impartialité. L'environnement hostile requiert un contingent plus
imposant et mieux armé. Enfin, toutes ces transformations font en sorte
que le maintien de la paix subit une expansion géographique, une
explosion financière sans précédent et une surexploitation
des ressources humaines disponibles.
Par conséquent, le nombre de missions de maintien
de la paix a rapidement augmenté. Ces missions ont notamment
été déployées en Angola (
UNAVEM
I,
UNAVEM
II), au Cambodge (
APRONUC),
au Salvador (
ONUSAL),
au Mozambique (
ONUMOZ),
et en Namibie (
GANUPT)
pour: mettre en oeuvre des accords de paix complexes, stabiliser la
sécurité, réorganiser l'armée et la police,
appuyer l'élection de nouveaux gouvernements et mettre sur pied des
institutions démocratiques.
Des missions ont été également
établies dans des situations où les armes ne s'étaient pas
encore tues et où il n'y avait pas de paix à maintenir, dans des
régions comme l'ex-Yougoslavie (FORPRONU), le Rwanda (MINUAR) et la
Somalie (ONUSOM II).
C'est une période noire pour le maintien de la paix
marquée de nombreux échecs, dont le Rwanda, la Somalie et
l'ex-Yougoslavie caractérisée par :
· Environnement hostile ou semi-hostile.
· déroulement dans un contexte de conflit
intra-étatique et sans nécessairement le consentement du
gouvernement.
· Mission de taille imposante.
· Contingents formés de personnel civil et
militaire.
· Tâches complexes et variées.
· participation des grandes puissances aux OMP sur le
terrain.
· Caractère multidimensionnel des missions
puisqu'elles incluent en même temps des dimensions de maintien, de
rétablissement,
d'
imposition
et de
consolidation
de la paix.
Ces expériences douloureuses du milieu des
années 1990, notamment en Bosnie -Herzégovine et au Rwanda, ont
amené l'ONU à modifier sa conception du maintien de la paix. Il
s'agit d'une part de renforcer ses propres capacités et de collaborer
avec des organisations régionales dans l'éventualité
où celles-ci ont les moyens de pratiquer le maintien de la paix.
D'où l'émergence de maintien de la paix
« robuste ».
3. De 2000 à nos jours :
l'émergence de maintien de la paix
« robuste »
En mars 2000, un Groupe d'étude sur les
opérations de paix de l'ONU a publié un rapport aujourd'hui connu
comme le «Rapport Brahimi» (A/55/305-S/2000/809), qui
faisait une critique approfondie de la conduite des opérations de
maintien de la paix de l'ONU, en émettant des recommandations
précises sur les changements à adopter. Le rapport indiquait
aussi que le consentement des parties belligérantes, la
définition d'un mandat clair et précis et la mise à
disposition de ressources adéquates sont les clés du
succès des missions de l'ONU. En conséquence, l'ONU et les Etats
membres ont engagé un certain nombre de réformes visant à
améliorer le maintien de la paix, en établissant notamment un
mécanisme de financement assurant la disponibilité de ressources
adéquates pour le déploiement de nouvelles missions.
Ainsi donc, l'expansion des troupes onusiennes pour le
maintien de la paix va s'associer à un nouveau profil de fond qui se
manifeste par un éventail de tâches plus large. Outre les missions
de soutien, de contrôle et d'observation, de nouvelles tâches
apparaissent dans le cadre de la consolidation de la paix
(peacebuilding). Citons, entre autres, le désarmement, la
démobilisation et la réintégration des soldats, l'aide
humanitaire, le rapatriement de réfugiés, les tâches
administratives et la reconstruction des (infra) structures publiques ou la
réforme du secteur de la sécurité. L'association du
maintien traditionnel de la paix à des composantes de peacebuilding
s'impose comme la caractéristique centrale de missions
intégrées et multidimensionnelles.
§2. Financement des
OMP
1. Contributions financières
Tous les États Membres de l'Organisation sont
juridiquement tenus de s'acquitter de leur part des dépenses des
opérations de maintien de la paix, conformément aux dispositions
de l'
Article
17 de la Charte des Nations Unies. Le barème impose une
contribution plus élevée aux cinq membres permanents du
Conseil : ils disposent du droit de veto aux décisions du Conseil
et, comme l'a souligné l'Assemblée, ils ont des
« responsabilités spéciales » envers les
opérations de maintien de la paix.
Les opérations de maintien de la paix ont leurs
propres budgets. Ils sont fixés séparément par
l'Assemblée générale en fonction d'un barème
spécial inspiré du barème de quotes-parts au budget
ordinaire40(*). Le
principal critère utilisé est la capacité des pays
à payer. Celle-ci est fondée sur une estimation de leur produit
national brut (PNB) par habitant, corrigée pour tenir compte de divers
facteurs tels que la dette extérieure et la faiblesse du revenu par
habitant. La quote-part de chaque État Membre est décidée
par l'Assemblée générale (à travers son
comité des contributions créé dès 1946) selon cette
méthodologie et va d'un minium de 0,001% à un maximum de 22%, la
quote-part maximale pour les pays les moins avancés étant de
0,01%.
Il faudrait aussi signaler que beaucoup de pays versent
également et volontairement des contributions supplémentaires
pour appuyer les efforts de l'ONU, sur une base non remboursable, sous forme de
services de transport, de fournitures, de personnel et de ressources
financières en plus d'assumer leur part des dépenses de maintien
de la paix.
Ainsi, chaque budget d'une OMP est réparti comme
suit, et comprend les postes suivants :
· Personnel militaire et de police (environ 40% du
budget)
· Personnel civil (environ 24% du budget)
· Dépenses opérationnelles :
personnels temporaires, personnels fournis par des gouvernements, observateurs
électoraux civils, consultants, frais de voyages, installations et
infrastructures, transports terrestres, transports aériens, transports
maritimes, transmissions, informatique, services médicaux,
matériel spécial, fournitures et matériels divers, projets
à effet rapide (environ 36% du budget).
Le budget total des opérations de maintien de la
paix pour l'exercice 2012-2013 est de 7,23 milliards de dollars pour plus de
120 000 personnes déployées dans 15 opérations sur quatre
continents différents. Pour 2013-2015, les 10 principaux pays
contribuant aux opérations de maintien de la paix de l'ONU sont41(*) :
État Membre
|
Quote-part
|
États-Unis d'Amérique
|
28.39 %
|
Japon
|
10.83 %
|
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du
Nord
|
6.68 %
|
Allemagne
|
7.14 %
|
France
|
7,21%
|
Chine
|
6.64 %
|
Italie
|
4.44 %
|
Canada
|
2.98 %
|
Espagne
|
2.97 %
|
Australie
|
2.07 %
|
2. Contribution des troupes
Tous les Casques bleus en poste sur le terrain sont avant
tout membres de leurs propres forces armées nationales et ne sont que
détachés pour travailler avec l'ONU.
Contrairement aux contributions financières qui
sont obligatoires pour tous les Etats, la contribution des troupes de casques
bleus par les Etats est volontaire et cela se fait selon un certain nombre de
critères et des conditions préétablies.
Actuellement, l'ONU dispose plus de 95.000 militaires et
policiers en mission sur le terrain, issus de plus de 110 pays - grandes et
plus petites nations, pays riches et pauvres42(*).
10 principaux contributeurs de troupes au maintien
de la paix de l'ONU (janvier 2013)
|
Pays
|
Troupes & Policiers
|
Pakistan
|
8 967
|
Bangladesh
|
8 828
|
Inde
|
7 839
|
Ethiopie
|
5 857
|
Nigeria
|
5 441
|
Rwanda
|
4 697
|
Népal
|
4 429
|
Egypte
|
3 577
|
Jordanie
|
3 505
|
Ghana
|
2 814
|
|
55 954
|
CHAPITRE II. ANALYSE
CRITIQUE DES DIFFERENTS MANDATS DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L'ONU
FACE A L'INTERMINABLE CRISE DU CONGO
Depuis la conclusion de l'Accord de Lusaka, plus de
trente-deux résolutions ont été adoptées
concernant la RDC par le Conseil de sécurité. L'une des
leçons à tirer de ce constat c'est l'attention
particulière qu'accorde cet organe important des Nations unies au
processus de paix dans ce pays. L'autre leçon c'est que la plupart de
ces résolutions sont des recommandations ; parfois, ce sont des
recommandations- décisions. Autrement dit, la politique du Conseil n'est
pas d'imposer un processus de paix aux principales parties au conflit, mais de
les laisser maîtresses de celui- ci en se contentant de les aider
seulement à faire aboutir leurs efforts collectifs de paix43(*). A ce sujet, la question
principale consiste à comprendre le paradoxe autour de la paix
recherchée et parfois maintenue par l'ONU en RDC depuis 1999 et la
persistance de l'insécurité dans le même pays.
Cela dit, comme énoncé, ce chapitre fait une
analyse critique des différentes interventions des forces onusiennes en
RDC. Il a comme objectif principal de diagnostiquer, à partir des
réalités du terrain, les avancés et les limites de ces
interventions dans la prévention, la gestion et la résolution des
récurrents conflits armés en RDC. Ce qui ouvrira des pistes
innovatrices et perspectives pour de véritables stratégies de
préservation de l'indépendance de la RDC et pour la
réussite de ces opérations. Sur ce, il présente et analyse
d'une manière globale les différents mandats des forces
onusiennes en RDC depuis 1999 à nos jours ainsi que des facteurs de
l'inertie et de l'inefficacité de ces interventions. Ces analyses
couvrent la période allant de 1999 à 2013 : depuis la
création de la MONUC jusqu'à nos jours.
Section 1.
Présentation et analyse globale des différents mandats des OMP de
l'ONU en RDC de 1999 à 2013
Cette section se consacre à une description
sommaire des différents mandats des forces onusiennes en RDC depuis 1999
jusqu'en 2013. Elle répertorie les avancées et les limites des
interventions de la mission des Nations Unies dans l'exécution de son
mandat et surtout dans la stabilisation du pays. De ce fait, elle part de la
MONUC à la MONUSCO pour révéler les raisons profondes de
réussite ainsi que les facteurs d'échec de cette mission.
§1. De la Mission de
l'organisation des Nations Unies en République démocratique du
Congo (MONUC)
1. Historique et description sommaire
des mandats de la MONUC
1.1. De la
création
Après le génocide perpétré au
Rwanda en 1994 et la formation dans ce pays d'un nouveau Gouvernement,
près de 1,2 million des Hutus rwandais, dont certains avaient pris part
aux massacres, ont fui vers le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, deux provinces
limitrophes situées à l'est de l'actuelle République
démocratique du Congo (RDC) (ex-Zaïre) et peuplées par
d'autres ethnies, notamment des Tutsis44(*). En 1996, une insurrection dans cette région a
conduit à des affrontements entre les forces dirigées par
Laurent-Désiré Kabila et l'armée du Président
zaïrois Mobutu Sese Seko. Les forces de Kabila, appuyées par le
Rwanda et l'Ouganda, se sont emparées en 1997 de la capitale,
Kinshasa.
En 1998, un soulèvement contre le gouvernement
Kabila a éclaté dans les deux provinces du Kivu. Quelques
semaines plus tard, les rebelles avaient occupé une importante partie du
pays. L'Angola, la Namibie, le Tchad et le Zimbabwe ont proposé un
soutien militaire au Président Kabila, mais les rebelles
conservèrent leur emprise sur les provinces orientales. Le Rwanda et
l'Ouganda soutenaient le mouvement rebelle, le Rassemblement Congolais pour la
Démocratie (RCD). Le Conseil de sécurité a demandé
un
cessez-le-feu
, exigé le retrait des forces étrangères, et
exhorté les États à ne pas intervenir dans les affaires
intérieures du pays45(*).
Ainsi, pour mettre fin au conflit débuté le
02 août 1998, les efforts de médiation de la communauté
internationale aboutirent à la signature d'un accord de cessez-le-feu
dit de Lusaka le 10 juillet 1998. Après la signature, en juillet 1999,
de l'accord de cessez-le-feu de Lusaka entre la République
démocratique du Congo (RDC) et cinq États de la région
(Angola, Namibie, Ouganda, Rwanda et Zimbabwe), le Conseil de
sécurité a créé, par sa
résolution
1279 du 30 novembre 1999, la
Mission de
l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du
Congo (MONUC).
1.2. Description
sommaire du mandat de la MONUC
Elle a connu plusieurs missions qui découlent de
l'économie générale des résolutions pertinentes du
Conseil de Sécurité, lesquelles déterminent leur nature.
Elles ont ainsi changé à chaque étape du conflit. Il nous
a été évidemment difficile de détailler ici toutes
les résolutions du Conseil de Sécurité depuis la
création de la MONUC jusqu'en 2010. Le contenu et la synthèse de
toutes ces résolutions étant repris en annexe au tableau sur
l'évolution du mandat de la MONUC, nous nous attarderons ici à
l'analyse de trois principales phases des mandats de la MONUC.
La MONUC fut placée, dès sa création,
sous le chapitre VI de la Charte, ce qui suppose le non - usage de la force.
C'est pourquoi on l'a qualifiée de Mission d'observation des Nations
unies qui, correspondant à une « OMP de première
génération»46(*), avec comme tâche principale de surveiller le
respect du cessez - le - feu convenue dans l'Accord de Lusaka. Aux
premières heures de sa création, la MONUC, dirigée par le
Représentant Spécial du Secrétaire Général,
agissant en coopération avec la commission militaire, avait pour mandat
initial de (d')47(*) :
- Etablir des contacts avec les signataires de l'Accord de
cessez-le-feu, au niveau des quartiers généraux et dans les
capitales des Etats signataires ;
- Etablir une liaison avec la commission militaire mixte/
OUA et lui fournir une assistance technique dans l'exercice de ses fonctions
découlant de l'accord de cessez-le-feu, y compris les enquêtes sur
les violations du cessez-le-feu ;
- Fournir des informations sur les conditions de
sécurité dans tous les secteurs d'opérations, notamment
sur les conditions locales affectant les décisions futures concernant
l'introduction du personnel des Nations Unies ;
- Elaborer des plans en vue de l'observation du
cessez-le-feu et du dégagement des forces ;
- Maintenir la liaison avec toutes les parties à
l'accord de cessez-le-feu afin de faciliter l'acheminement de l'aide
humanitaire aux personnes déplacées, aux réfugiés,
aux enfants et autres personnes touchées et d'aider la défense
des droits de l'homme y compris ceux de l'enfant.
Bien que le calendrier d'action voté par les
signataires de Lusaka n'ait pas été scrupuleusement
respecté, la MONUC a accompli de ce premier mandat, l'essentiel de sa
mission.
Au fur et à mesure que la situation
évoluait, le Conseil de sécurité envisagea l'étude
des mesures permettant d'élargir ce mandat et autoriser le passage
à la phase suivante. C'est la phase du lancement proprement dit de la
Mission Onusienne avec la résolution 1291 du 24 février 2000,
l'envoi de 5.537 militaires, plus le personnel d'appui nécessaire. Au
paragraphe 7 de cette résolution, l'on peut relever de nouveaux
éléments quant audit mandat :
- De surveiller l'application du cessez-le-feu et
d'enquêter sur les violations du cessez-le-feu ;
- D'établir et de maintenir en permanence une
liaison sur le terrain avec les quartiers généraux des forces
militaires de toutes les parties ;
- De superviser et de vérifier le
désengagement et le redéploiement des forces des parties ;
- Dans les limites de ses capacités et de ses
zones de déploiement, de surveiller l'application des dispositions de
l'Accord de cessez-le-feu concernant l'acheminement de minutions, d'armes et
d'autres matériels de guerre à destination du
théâtre des opérations (...) ;
- De faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire et
de veiller au respect des droits de l'homme (...) ;
- De coopérer étroitement avec le
Facilitateur du dialogue national, de lui apporter appui et assistance
technique et de coordonner les autres activités menées par les
organismes des Nations Unies à cet effet ;
- De déployer des experts de l'action
anti-mines pour mesurer l'ampleur du problème posé par les mines
et les engins non explosifs, de coordonner l'action anti-mines
».
Malheureusement, sur le terrain les belligérants
n'ont pas désarmé malgré la présence des casques
bleus. Au contraire, ils ont intensifié les combats et violé
systématiquement les accords sur près que tous les points. Il a
fallu pratiquement deux ans, de novembre 1999 à juin 2001 pour obtenir
un cessez-le-feu effectif alors qu'en termes de l'Accord de Lusaka, le
cessez-le-feu devrait entrer en vigueur au plus tard le 2 septembre 1999.
C'est la première défaillance de la MONUC qui n'a pas su
s'imposer pour faire respecter le cessez-le-feu. Cette situation s'explique en
grande partie par l'utopisme de ce mandat qui, après la signature des
accords de Lusaka en 1999, a demandé aux Nations unies de
déployer quelques centaines d'observateurs militaires dans un pays aussi
vaste que l'Europe occidentale pour contrôler le respect d'un
cessez-le-feu précaire et le désengagement des forces en
présence sur une ligne de 2 000 kilomètres48(*).
Plus tard la MONUC fut élevée au rang d'une
« OMP de deuxième
génération»49(*). Non seulement que son mandat
a été élargi à des tâches de nature interne
visant la consolidation de la paix, mais encore le Conseil de
sécurité a décidé, comme pour renforcer les moyens
d'action de la Mission, de le placer sous le chapitre VII de la Charte. La
décision du Conseil se justifiait par la dégradation de la
situation sécuritaire dans l'Ituri et les menaces persistantes et les
tensions dans ce domaine dans le Nord - Kivu et le Sud - Kivu, ainsi que par
les graves violations des droits de l'homme et du droit international
humanitaire qui les accompagnent. Ainsi a - t - il autorisé la MONUC,
dans sa résolution 1493 du 28 juillet 2003 et surtout dans sa
résolution 1565 du 1èr octobre 2004,
d'utiliser tous les moyens nécessaires, y compris donc la force, dans la
limite de ses capacités et dans les zones de déploiement de ses
unités, pour s'acquitter de ses missions. L'insécurité n'a
pas pour autant été résorbée et la MONUC s'est
trouvée plusieurs fois dans une crise de confiance avec la population
locale.
La troisième phase dudit mandat a porté sur
le désengagement des forces dont la question du passage avait
été préludée par les résolutions 1291
§11 ; 1392 § 6 où le Conseil « Prie le
Secrétaire général de lui présenter (...) des plans
de désengagement ainsi que des éléments d'actualisation du
concept d'opérations » ; et 1341, §20 où le
Conseil souligne « qu'il est prêt à envisager de
réexaminer une nouvelle fois le concept d'opération pour la
MONUC, le moment venu et en fonction de l'évolution de la situation,
afin de surveiller et de vérifier le retrait des troupes
étrangères (...) ».
En bref, les grands axes de l'action de la MONUC ont
été centrés entre autres, depuis sa création, sur
l'observation du cessez - le - feu, la vérification du retrait des
troupes étrangères, le programme de désarmement,
démobilisation, rapatriement, réinstallation et
réinsertion (DDRRR) des membres des groupes armés
étrangers, l'appui à la réforme du secteur de la
sécurité notamment l'unification de l'armée, la formation
de la police, la normalisation des relations entre la RDC et les Etats voisins
et la préparation des élections. La Mission a également
joué un rôle dans la mise en oeuvre de l'Accord global et inclusif
sur la transition en RDC, notamment, en apportant son soutien logistique
à la transition et en assurant la sécurité des acteurs
politiques à travers le déploiement de sa force neutre à
Kinshasa50(*). La mission
d'assurer la sécurité du territoire de la RDC a impliqué
pour la MONUC, l'obligation d'observer et rendre compte, dans les plus brefs
délais, de la position des mouvements et groupes armés et de la
présence militaire étrangère dans les principales zones
d'insécurité ; surveiller le respect de l'embargo sur les armes ;
saisir ou recueillir les armes et tout matériel connexe qui entreraient
dans le territoire congolais en violation des dispositions pertinentes
relatives à l'embargo sur les armes ; aider les autorités
douanières congolaises à empêcher les mouvements
transfrontaliers d'armes ; aider le Gouvernement à améliorer sa
capacité de déminage. Ces tâches ont certes tenu à
la vie, mais aussi à la survie de la République
démocratique du Congo.
2. Bilan succinct de la MONUC
Il est vrai que cerner une matière en
évolution rapide est une tâche ingrate puisque l'on s'expose
à n'être jamais à jour et à ne pouvoir donner qu'une
vision incomplète de l'évolution en cours51(*). Mais, dans le cas sous
examen, il nous a paru possible de donner un premier et provisoire bilan du
fait de l'évolution et la continuité de cette mission.
2.1. Les
mérites indéniables de la MONUC
Depuis le déploiement de casques bleus de la MONUC
le 30 novembre 1999, le bilan de la présence militaire et politique de
la mission reste encore mitigé. D'une manière
générale, parmi les faits que nous reconnaissons le mérite
de cette mission c'est qu'elle a contribué de façon significative
au progrès vers la paix et la stabilité52(*). Depuis le mois de novembre
1999, la MONUC a contribué à la restauration de la paix dans une
plus grande partie de la République démocratique du
Congo53(*) :
- Elle a assuré la surveillance de la mise en
application de l'Accord de Lusaka (1999) ;
- Elle a assuré le monitoring des cessez-le feu
entre les forces armées étrangères et les forces
congolaises ;
- Elle a négocié les trêves sur le
plan local ;
- Elle a assuré le désarmement et le
rapatriement des milliers de combattants des groupes armés
étrangers ;
- Elle a créé un environnement favorable
pour le dialogue national à Sun city ;
- Elle a accordé son appui à la transition
vers l'avènement démocratique ;
- Elle a facilité la tenue des élections
démocratiques en 2006 ;
- Elle a appuyé le gouvernement dans le
démantèlement des groupes armés résiduels dans les
provinces de Kivu et en Ituri ;
- Elle a appuyé la réconciliation
régionale.
2.2. Quelques
faiblesses et défaillances de la MONUC
Outre les aspects indéniablement positifs des
résultats engrangés par cette mission, elle se caractérise
également par une extrême faiblesse de l'action militaire des
Casques bleus qui n'arrivent pas à s'interposer valablement entre
belligérants ou à protéger les civils. Souvent
cantonnés dans leurs casernes, ils sont mal répartis sur le
territoire, en nombre insuffisant et ont une réactivité
inadaptée54(*).
Bien qu'elle se soit investie totalement dans la
restauration de la paix en RDC, la MONUC s'est, cependant, butée
à quelques défis majeurs qui ont en quelques sortes entamé
sa crédibilité :
- La persistance des rébellions dans la partie
orientale du pays ;
- La lenteur dans la réforme des services de
sécurité à travers le pays ;
- L'exploitation illicite des ressources naturelles qui
continuent d'alimenter les conflits internes ;
- Les graves violations des droits de l'homme,
etc.
Malgré la présence onusienne, les forces
rebelles avec l'appui des troupes étrangères se sont
livrées à un nouveau cycle infernal des massacres, de viol, de
pillages et de destruction systématique et gratuite du tissu
économique du pays55(*). Nous nous souviendrons par exemple de la date de 14
et 17 août 1999 où les militaires rwandais et ougandais se sont
affrontés dans l'intense combat pour le contrôle de la ville de
Kisangani. Les hostilités avaient fait plus de 300 morts, l'ONU a
refusé de reconnaitre l'agression et de punir les agresseurs, elle a,
selon le Professeur MWAYILA TSHIYEMBE, parrainé un accord boiteux dont
les ambiguïtés ont permis aux protecteurs et aux
protégés de se dérober de leurs
responsabilités.
Par ailleurs, la MONUC déployée en RDC en
2000 a très vite montré son impuissance à faire respecter
le cessez-le-feu et l'arrêt des combats. En mai 2003, les 700 casques
bleus dépêchés à Bunia dans l'Ituri ont
été incapables de protéger les populations civiles des
combats et règlements de compte entre milices hema et lendu56(*). Il a fallu l'intervention
d'une force multinationale intérimaire de l'Union européenne,
dénommée Artémis, composée de 1.800 hommes et
opérationnelle du 12 juin au 1er septembre 2003 pour calmer la
situation. Même l'opération Artémis a montré
d'autres limites inhérentes à son mandat57(*) :
- la durée et la localisation de la mission ont
seulement permis de stabiliser Bunia et ses environs, alors que les conflits et
la violence à l'encontre des civiles se poursuivaient en dehors de la
ville ;
- bien que par son action et sa détermination,
l'opération ait affaibli l'Union des Patriotes Congolais (UPC), elle n'a
pas neutralisé ses milices Lendu, ce qui a entraîné un
nouveau cycle de violence et des représailles;
- en raison de la durée limitée de
l'opération, une véritable démilitarisation de Bunia n'a
pas été menée à terme.
La passivité des forces onusiennes a
été également décriée en Avril 2004 lorsque
le général dissident Laurent Nkunda (CNDP) et le colonel
Mutebutsi, deux leaders de la communauté tutsie de RDC, prirent la ville
de Bukavu pendant plus d'une semaine et soumirent la population aux pires
exactions sans que les Casques bleus ne sortent de leurs casernes.
§2. La Mission de
l'organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République
démocratique du Congo (MONUSCO)
1. De la MONUC
à la MONUSCO : utopisme ou réalisme en rupture ?
Dans la pratique des Nations Unies, parmi les
repères pouvant aider à déterminer à quel moment le
processus de consolidation de la paix est suffisamment avancé pour
permettre le transfert de certaines responsabilités, on peut
citer58(*) :
- L'absence de combats violents et de violations des
droits de l'homme à grande échelle et le respect des droits des
femmes et des minorités ;
- La mise en oeuvre effective du DDR d'anciens combattants
(hommes et femmes, adultes et enfante) et le progrès vers le
rétablissement ou la création d'institutions de
sécurité responsables ;
- La capacité des forces armées nationales
et de la police nationale d'assurer la sécurité et de maintenir
l'ordre public sous le contrôle civil et dans le respect des droits de
l'homme ;
- Le progrès vers un système judiciaire et
pénal indépendant et efficace ;
- La restauration de l'autorité de l'Etat et le
retour de services de bases à travers le pays ;
- Le retour et la réimplantation des personnes
déplacées avec un minimum de perturbations ou de conflits dans
les zones de retour ou de réinsertion ; et
- La mise en place effective d'institutions politiques
légitimes à la suite des élections libres, justes et
transparentes om les femmes et les hommes jouissent d'un doit égal pour
voter et présenter leur candidature.
Ceci étant, après les élections,
conformément aux résolutions du Conseil de
sécurité, la MONUC est restée sur le terrain et a
continué à s'acquitter de multiples tâches d'ordre
politique, militaire, ou relatives à l'état de droit et au
renforcement des capacités, notamment le règlement des conflits
en cours dans un certain nombre de provinces de la RDC. Ce changement de
situation à conduit à une autre conception de l'organisation et
de fonctionnement de ces opérations de maintien de la paix au niveau
normatif et institutionnel.
Ainsi le 1er juillet 2010, à travers la
résolution 1925, le Conseil de sécurité, tout en
prenant acte des progrès réalisés en République
démocratique du Congo, estime qu'il est temps que la Mission s'adapte
à des nouvelles réalités compte tenu des défis que
le pays a eu à surmonter ces 15 dernières années ;
souligne qu'il est urgent pour la stabilisation à long terme du
pays, de mettre en oeuvre une réforme globale du secteur de
sécurité et de parvenir, selon le cas au désarmement,
à la démobilisation et à la réintégration
(DDR) des membres des groupes armés congolais et au désarmement,
à la démobilisation, au rapatriement, à la
réinstallation et à la réintégration (DDRRR) des
groupes armés étrangers (...)59(*). Le Conseil souligne en outre que les graves
problèmes de sécurité que soulèvent, en
République démocratique du Congo, plus particulièrement
dans les Kivus et la Province Orientale, la présence continue de groupes
armés, la nécessité d'assurer l'autorité de l'Etat,
le risque d'une résurgence des conflits avec le retour des
réfugiés et des personnes déplacées et la poursuite
illicite des ressources naturelles et résolu à éviter
qu'un vide sécuritaire n'entraîne le retour de
l'instabilité dans le pays.
Puisque la RDC est entrée dans une nouvelle phase,
le Conseil de sécurité décide par conséquent que la
Mission s'appellera à partir du 1er juillet 2010 Mission de
l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République
Démocratique du Congo (MONUSCO). Son appui à la RDC est
axé sur la protection des civils, l'établissement de la
présence de la légitimité de l'Etat et la stabilisation
des zones clés afin de permettre le redressement économique.
Par ailleurs, le Secrétaire général
de l'ONU dans son rapport au Conseil de sécurité du 12 mai 2011
sur la MONUSCO reconnait que si des progrès ont été
réalisés une fois le processus de transition achevée en
2006, la situation reste néanmoins précaire dans l'est de la RDC.
Plusieurs problèmes continuent de faire obstacles aux efforts visant
à instaurer une stabilité durable dans le pays, notamment la
présence des groupes armés qui demeurent dans le Nord et Sud Kivu
et dans la province orientale ; la commission d'actes de violence grave
à l'encontre des civils, la lenteur des progrès
enregistrés dans la mise en place d'institutions nationales
professionnelles et efficaces chargées d'assurer la
sécurité et l'état de droit ainsi que la concurrence que
suscite l'exploitation illicite des ressources naturelles convoitées, et
qui exacerbe le conflit et l'instabilité en l'absence d'une forte
présence de l'Etat60(*). Face à cette situation, les
évaluations concluent que les objectifs de stabilisation sont loin
d'être atteints. Les précédentes analyses ont mis en
évidence l'échec de l'intégration politique, la
dégradation de la sécurité et l'imbroglio qu'est le retour
des réfugiés. Mais l'échec est aussi patent en
matière de restauration de l'autorité de l'Etat61(*).
A cet effet, nous estimons que le changement de cette
mission révèle un contraste sur la position du Conseil de
Sécurité qui, d'un côté entame le processus de
consolidation de la paix alors que de l'autre reconnait les graves
problèmes de sécurité que soulèvent la
présence continue de groupes armés, la nécessité
d'assurer l'autorité de l'Etat, le risque d'une résurgence des
conflits avec le retour des réfugiés et des personnes
déplacées et la poursuite illicite des ressources naturelles et
résolu à éviter qu'un vide sécuritaire
n'entraîne le retour de l'instabilité dans le pays.
Reconnaissant que tous les repères n'étaient pas réunis
pour que la mission change ou passe à la phase de consolidation de la
paix en RDC, le Conseil de sécurité s'est vite
précipité à entamer le processus de consolidation de la
paix tout en laissant de côté la question de
l'insécurité dans les Kivus. A cause de pressions du gouvernement
congolais qui, par précipitation ou par calcul politicien, exigeait le
désengagement de la MONUC, le Conseil de sécurité n'a pas
tenu compte de certains paramètres avant de changer les fonctions de
cette mission alors que dans son rapport intitulé 'Un avenir fragile',
Oxfam avait déjà déclaré que « sans une
forte présence des Nations unies, le Congo risquait de faire face
à une reprise généralisée des combats,
réduisant à néant les acquis des élections
historiques de 200662(*).
Tous les observateurs se disaient surpris de la demande de
retrait progressif des forces de la MONUC par le Gouvernement de la RDC et du
calendrier présenté, sans tenir compte de la gravité de la
crise humanitaire créée par l'insécurité, les abus
, violences des groupes armés congolais et étrangers,
l'incapacité de rétablissement de l'autorité de l'Etat et
de consolidation de l'Etat de droit, l'incapacité de protéger les
civils face aux violations continuelles des droits humains. Le Conseil de
sécurité s'est malheureusement emballé lui aussi dans des
illusions du gouvernement congolais qui s'estimait capable de contrôler
la situation, d'assurer la sécurité, de maintenir l'ordre public
et de restaurer l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire
national.
Oui, il est vrai qu'il a fallu une certaine
redéfinition des rôles de cette mission, mais c'était trop
prématuré d'arriver à la phase de consolidation de la paix
du fait de la persistance de l'insécurité dans la partie
orientale du pays et surtout du non atteinte de tous les repères que
nous avons évoqués ci-haut. Avec ce changement de langage, on
crée artificiellement l'idée qu'on progresse. Mais c'est faux,
cela n'a rien à voir avec la situation sur le terrain. Voilà
pourquoi nous qualifions ce changement d'un réalisme en rupture.
Qu'à cela ne tienne, analysons d'abord le mandat de cette nouvelle
mission.
2. Présentation et analyse
globale des mandats de la MONUSCO face aux réalités locales
De 2010 à 2013, sur décision du Conseil de
sécurité des Nations Unies, après concertation avec le
Gouvernement de la RDC, le mandat de la MONUSCO a été
renouvelé à quatre reprises. Ainsi, pour bien comprendre le
mandat de cette mission, la présentation et l'analyse des ces
différentes Résolutions du Conseil de sécurité nous
paraissent nécessaire. Les quatre Résolutions qui font l'objet de
la présente étude sont :
v Résolution 1925 du Conseil de
sécurité adoptée le 28 mai 2010
v Résolution 1991 du Conseil de
sécurité adoptée le 28 juin 2011
v Résolution 2053 du Conseil de
sécurité adoptée le 27 juin 2012
v Résolution 2098 du Conseil de
sécurité adoptée le 28 mars 2013
2.1. Le mandat de la MONUSCO sous la
Résolution 1925(2010)
A en croire la résolution 1925 adoptée par
le Conseil de sécurité à sa 6324e séance, le 28 mai
2010 dans son article 12 la MONUSCO a le mandat suivant, dans cet ordre de
priorité : la protection des civils, stabilisation et consolidation de
la paix.
2.1.1. Protection des civils
Elle demeure la priorité de la MONUSCO lorsqu'il
s'agit de décider de l'usage des capacités et ressources
disponibles en appliquant les mesures novatrices qu'elle a mises en oeuvre pour
la protection des civils. Elle a le même contenu que dans les
précédentes résolutions. Elle se fait toujours en appui
avec les Forces Armées de la RDC.
Selon la Résolution sous examen, la tâche de
protection des civils consiste, notamment, à :
· Assurer la protection effective des civils, y
compris le personnel humanitaire et le personnel chargé de
défendre les droits de l'homme, se trouvant sous la menace imminente de
violences physiques, en particulier de violences qui seraient le fait de l'une
quelconque des parties au conflit;
· Assurer la protection du personnel et des locaux,
des installations et du matériel des Nations Unies;
· Soutenir l'action que mène le Gouvernement
de la République démocratique du Congo pour protéger les
civils contre les violations du droit international humanitaire et des droits
de l'homme, y compris toutes les formes de violence sexuelle et sexiste, pour
promouvoir et protéger les droits de l'homme et pour lutter contre
l'impunité, y compris en appliquant sa politique de «
tolérance zéro » en ce qui concerne les manquements à
la discipline et les violations des droits de l'homme et du droit humanitaire
commis par des éléments des forces de sécurité, en
particulier les éléments qui y sont nouvellement
intégrés;
· Appuyer l'action menée aux niveaux national
et international pour que les auteurs de ces violations soient traduits en
justice, notamment en mettant en place des cellules d'appui aux poursuites
judiciaires pour aider les autorités des Forces armées de la
République démocratique du Congo (FARDC) chargées de la
justice militaire à poursuivre les personnes arrêtées par
les FARDC;
· Collaborer étroitement avec le Gouvernement
pour s'assurer de la réalisation de ses engagements pour empêcher
que des sévices graves ne soient infligés à des enfants,
et en particulier de la finalisation du Plan d'action visant à ce que
les enfants qui se trouvent dans les rangs des FARDC soient
libérés et qu'il n'y ait pas de nouveaux recrutements, avec
l'appui du Mécanisme de surveillance et de communication de
l'information;
· Appuyer, notamment par la médiation
politique, l'achèvement des activités de DDR des groupes
armés congolais, ou leur intégration effective dans
l'armée, dès lors qu'ils auront été formés
et équipés de façon appropriée; etc.
Acquis et défis en matière de
protection des civiles :
Sur base des recommandations et des résolutions du
Conseil de sécurité, la MONUSCO s'est beaucoup investie pour la
protection des civils. Plusieurs initiatives ont été
menées quant à ce. A travers les opérations conjointes
avec les forces gouvernementales, la MONUSCO s'efforce tant bien que mal
à protéger les populations civiles en détresse surtout
dans la partie orientale de la RDC.
Cependant, par rapport au nombre de victimes depuis le
début de la guerre civile, établi notamment à partir
d'enquêtes de Rescue Commitee, s'élèverait à plus de
4 millions de morts, par rapport également aux différentes
exactions aux quelles sont victimes la population civile pendant les
affrontements entre les milices et les forces gouvernementales, il
s'avère que l'action de la MONUSCO pour la protection des civils suscite
encore beaucoup de suspicions. Plusieurs rapports (même ceux provenant de
la MONUSCO) dénoncent la dégradation des conditions humanitaires
et sécuritaires de la population civile et les violations massives des
droits humains par les groupes armés et même à moindre
mesure par les FARDC.
Tout au long de cette crise, la MONUSCO se refuse à
recourir à l'usage de la force contre les groupes armés pour
protéger les populations civiles conformément au chapitre VII de
la Charte des Nations unies, alors même qu'elle est informée des
violences commises par les différents groupes rebelles.
Certes, il est vrai que la responsabilité et le
devoir de protection de la population incombe en principe à l'Etat
congolais, à son armée et à sa police. Mais au regard des
réalités locales, notre observation révèle que
aussi longtemps que la MONUSCO viendra en appui à une force armée
(FARDC) inefficace sur le terrain, il semble que la protection des civils sera
également inefficace. Le principe de responsabilité de
protéger (R2P) estime à cet effet que si l'Etat
concerné n'est pas en position ou est réticent a faire cesser ces
crimes, la communauté internationale dans son ensemble a la
responsabilité collective et subsidiaire de prendre les mesures
appropriées pour « protéger la population civile »,
victime de crimes de guerre, crimes contre l'humanité, crimes de
génocide ou de nettoyage ethnique63(*). Plus précisément, la R2P repose sur
trois piliers : premièrement la responsabilité de chaque Etat ;
deuxièmement la responsabilité de la communauté
internationale à soutenir un Etat particulier dans l'exercice de sa
responsabilité de protection de sa population ; et enfin la
responsabilité de la communauté internationale, dans le cas ou un
Etat faillit a sa responsabilité, à prendre des mesures
diplomatiques, humanitaires et autres moyens pour faire cesser les
violations.
Dans le cas d'espèce, compte tenu de
l'évidente incapacité des FARDC et des forces de l'ordre
congolaises à remplir cette mission de façon satisfaisante, le
Conseil de Sécurité devrait au moins doter cette opération
des possibilités et un mandat offensif pour protéger
réellement cette population qui continue à souffrir depuis les
décennies.
2.1.2. Stabilisation et consolidation de la
paix
Si la protection des civils demeure la priorité de
la MONUSCO, la réforme du secteur de la sécurité est au
centre du mandat de stabilisation et de consolidation de la paix de la mission.
Pour ce faire, le Conseil de sécurité, par cette
résolution, demande à la MONUSCO d'entreprendre un examen
stratégique de la mise en oeuvre de la stratégie internationale
d'appui en matière de sécurité et de stabilisation, de
définir clairement les objectifs de stabilisation en ce qui concerne
l'est de la RDC et d'établir une stratégie et un calendrier pour
atteindre ces objectifs.
En outre, le Conseil de sécurité demande
à la MONUSCO notamment de soutenir, en étroite coopération
avec les autres partenaires internationaux, l'action que
mènent les autorités congolaises pour renforcer
et réformer les institutions de sécurité et l'appareil
judiciaire; d'aider le Gouvernement de la République démocratique
du Congo, de concert avec les partenaires internationaux et bilatéraux,
à renforcer ses capacités militaires, y compris la justice
militaire et la police militaire, notamment en harmonisant les activités
menées et en facilitant l'échange d'informations et de
données d'expérience et, si le Gouvernement en fait la demande,
aider à former les bataillons des FARDC et de la police militaire,
soutenir les institutions de justice militaire et mobiliser les donateurs afin
qu'ils fournissent le matériel et les autres ressources
nécessaires conformément à la législation
pertinente sur la réforme des FARDC et au plan de réforme de
l'armée présenté en janvier 2010 ; d'appuyer la
réforme de la police engagée par le Gouvernement de la
République démocratique du Congo, notamment en dispensant une
formation aux bataillons de la Police nationale congolaise (PNC) et en
mobilisant les donateurs afin qu'ils apportent des fournitures de base, en
rappelant que les autorités congolaises doivent d'urgence adopter un
cadre juridique approprié; etc.
Quelques réalisations et défis en
matière de réforme des services de
sécurité :
Depuis 2004, la MONUC puis la MONUSCO ont
déployé beaucoup d'efforts pour la réforme des services de
sécurité. Ces activités se présentent comme
suit :
- 2004 Mise en place d'un cadre
juridique et des structures de mise en oeuvre.
- 2005 : 6 brigades
brassées et formées
- 2006 : 8 brigades
brassées et formées
- 2007- 2008 : 4
brigades brassées et formées ; Formation de
base de 10 bataillons intégrés ;
Présentation du Plan directeur de réforme de
l'armée ; 11 brigades (soit 23.100 soldats)
formées.
- 2009 : Approbation du
Plan de réforme de l'armée ; Intégration
accélérée de 12.074 éléments
du CNDP et autres groupes dans les FARDC ; 891 officiers
FARDC formés par la MONUC sur les procédures judiciaires
relatives à la violence sexuelle ; Formation de 600 agents
de la police militaire et des commandants des FARDC en matière
d'état de droit ; 400 officiers FARDC
formés sur l'Etat de droit et la justice militaire ; Mission de
l'UE (EUSEC - RDC) d'appui à la RSS ; Signature d'un accord entre
AFRICOM et la RDC (juin 2009) pour un appui à la mise en place d'une
Force de réaction rapide.
Depuis la mise en oeuvre du processus de brassage
après l'installation du gouvernement de la transition 1+4, le
gouvernement congolais a élaboré au total trois principaux plans
stratégiques de réforme des FARDC64(*). Il est ainsi impératif de récapituler
les différentes phases de reforme du service de sécurité
afin de desceller les problèmes et proposer des nouvelles
approches.
v Le Plan stratégique de la réforme
de l'armée de 2005 visait trois objectifs dans le
processus de brassage. Le premier concernait la formation de brigades
d'infanterie pour le maintien de la sécurité pendant les
élections de 2006. Le deuxième objectif consistait en la
formation d'une force de réaction rapide de deux à trois
brigades. Enfin, le troisième objectif visait la création d'une
force de défense principale forte de trois divisions à l'horizon
de 2010 dans l'hypothèse de retrait de la MONUC.
v En 2007, l'EUSEC, le Chef d'état-major
général des FARDC et la MONUC proposent un plan ambitieux de
réforme de l'armée basée sur le renforcement des
capacités managériales et opérationnelles des FARDC. Mais
ce plan sera rejeté par le chef de l'Etat au profit d'un plan
développemental d'une armée au service du développement,
calquée sur le modèle de l'armée populaire de
libération chinoise. Ce plan s'appuie sur quatre axes : une
capacité de réaction rapide par la formation de bataillons
opérationnels ; un idéal d'excellence par la lutte contre les
crimes commis par les militaires ; une réconciliation de l'armée
avec la population par sa participation à la reconstruction du pays ; et
une armée de développement par la promotion en son sein de
l'agriculture et de l'élevage.
A partir de 2007, la réforme des FARDC va se
dévoyer de la logique du brassage vers le processus de « mixage
». Le mixage consiste à les intégrer tout en les gardant
dans leur milieu d'origine. Le 18 février 2008, Laurent Nkunda
déclare que l'intégration des « Banyamulenge » (et
autres Tutsi) dans les FARDC devrait se faire désormais par un mixage
plutôt qu'un brassage puisqu'ils sont en insécurité en
dehors de leur environnement ethnique.
v Ce coup de frein au processus de brassage va amener le
ministre de la Défense (Mwando Nsimba) et le chef d'état-major
général des FARDC (Didier Etumba) à proposer en 2009 un
nouveau plan de réforme (`Plan Mwando-Etumba':
2009-2025) à trois phases. Ce plan, très pragmatique et
bien élaboré, étalé sur dix-sept ans (2009-2025),
intègre les impératifs du terrain ainsi que les contraintes
structurelles et budgétaires du pays. Le `Plan Mwando-Etumba' apporte la
valeur ajoutée de placer l'homme - le soldat congolais - au centre de la
réforme de l'armée65(*).
ü La phase à court terme allant de 2009
à 2011 était censée revigorer la réforme de
l'armée et permettre la transition vers la deuxième
législature post-conflit (2011-2016) avec une armée rajeunie,
même si elle n'est pas encore professionnelle.
ü La phase à moyen terme allant de 2012
à 2016 doit être réalisée après
évaluation de la première phase mais cela n'a pas
été fait. Cette phase vise principalement à finaliser le
plan d'implantation des unités conformément à la doctrine
adoptée ; réorganiser les systèmes de Commandement et de
Soutien ; et optimiser les dispositifs préexistants de défense du
territoire (UTer) ainsi que finaliser la constitution des unités de
réaction rapide (URR). Sur le plan de la gestion des ressources
humaines, il est prévu durant cette phase de programmer le recrutement
annuel de 10.000 jeunes pour assurer la relève et maintenir le volume de
force retenue à 145.000 militaires actifs, professionnels et
projetables. Mais la guerre contre le M23 et le manque de volonté
politique vont tout remettre en cause.
ü La phase à long terme s'étalera quant
à elle de 2017 à 2025. Elle vise notamment à consolider
les acquis de deux premières phases ; achever la refondation des FARDC
en poursuivant leur modernisation et mettre sur pied les unités de
Défense principales (UDP). Mais à l'allure où
évolue la situation sur le terrain, où l'espoir gouvernement
congolais repose principalement sur la Brigade d'intervention africaine pour
faire le travail à la place des FARDC, il y a de fortes chances que ce
plan, pragmatique et bien conçu au demeurant, ne rencontre pas une
volonté politique suffisante, comme souvent le cas d'ailleurs, pour
être remise sur les rails.
Cependant, sur terrain ces reformes ne sont que dans une
phase embryonnaire. Aucune avancée significative et dans ce cas,
même la MONUC et la MONUSCO n'ont pas su jouer leur rôle.
L'armée et la police congolaises d'une manière
générale, ne sont pas arrivées au niveau et au voeu de
toutes les résolutions. L'impact de ces reformes au niveau de la
sécurité nationale n'est pas encore ressenti ni par la
population, ni par les services concernés. Ceci est justifié par
l'inefficacité des forces de sécurité face aux
différents groupes qui y sévissent. Cette inefficacité
structurelle des FARDC met en évidence que, malgré les nombreux
engagements des autorités congolaises (y compris au plus haut niveau),
une nouvelle loi d'organisation66(*) et l'appui de nombreux pays depuis plusieurs
années, la réforme des FARDC est sans impact sur les
problèmes structurels de l'armée, à savoir la discipline
et les conditions de vie des soldats.
Les faiblesses et le manque de volonté politique du
gouvernement congolais pour la reforme du service de sécurité
sont reconnus, mais la MONUSCO devrait au moins motiver et exercer quelques
pressions au gouvernement congolais pour que cela se fasse plus vite que
possible. La reforme de l'armée demeure le seul moyen de restaurer et de
stabiliser la région. Toutes les mesures prises pour la pacification du
pays ne visant pas à restructurer et à réformer
l'armée nationale, ne seront que des solutions à court terme. La
MONUSCO peut tout faire, mais elle doit plutôt former et reformer une
véritable et professionnelle armée qui va assumer sa
relève au moment du retrait de ses effectifs. Pour nous, la reforme du
secteur de sécurité, devrait normalement être la
priorité de la MONUSCO plutôt que la protection des civils car une
fois réformée, l'armée nationale assurera normalement et
effectivement la protection non seulement des civiles mais également du
territoire national sans l'appui de la communauté internationale.
2.2. Le mandat de la MONUSCO selon la
Résolution 1991(2011)
Le mandat de la MONUSCO sous la Résolution 1991 est
essentiellement le même que celui précédemment
défini par le Conseil de Sécurité dans sa
Résolution 1925 (2010). De manière générale, la
MONUSCO a pour mandat d'appuyer le Gouvernement de la RDC, la Commission
électorale nationale indépendante et d'autres acteurs clés
dans la protection des civils, et ainsi que dans l'organisation et la tenue
d'élections nationales, provinciales et locales, le développement
et la mise en oeuvre d'une stratégie globale de sécurité
nationale, la réduction de la menace que posent la LRA et d'autres
groupés armés, et la mise en oeuvre des programmes nationaux de
stabilisation et de consolidation de la paix67(*).
S'agissant de la protection des civils, la Rés 1991
(2011) comporte quelques innovations lorsqu'elle demande à la MONUSCO
et à l'Equipe-pays des Nations Unies de collecter des informations, et
d'identifier les menaces qui pourraient peser sur la population civile, ainsi
que de réunir des données fiables sur toutes violations des
droits de l'homme et du droit international humanitaire.
Ici, les critiques et les défis sont les
mêmes que dans le cas précédent.
2.3. Le mandat de la MONUSCO sous la
Résolution 2053 (2012)
Selon cette Résolution, les principaux axes du
mandat de la MONUSCO concernent notamment la protection des civils, la
stabilisation et la consolidation de la paix, l'organisation des
élections, la lutte contre l'exploitation et le commerce illicite des
ressources naturelles ainsi que la protection de l'enfance.
A la lecture des événements qui ont
secoué le pays pendant cette période notamment l'occupation de la
ville de Goma par les rebelles du M23 et les violations graves et massives des
droits humains par ces mutins aux yeux de cette force, force est de reconnaitre
que ce mandat a fait perdre à la MONUSCO toute sa
crédibilité et sa confiance envers la population locale.
L'intensification de l'insécurité à cause de la
création du M23 a rendu ce mandat incapable de bien gérer la
situation. Ce qui a créé beaucoup de regrets et de
méfiance de la part de la population envers cette force. Beaucoup de
congolais se sont demandés à ce stade que fait réellement
la MONUSCO à l'est du Congo lorsque les personnes sont tuées,
violées et maltraitées à la barbe et au nez de cette
Mission qui dispose du plus grand nombre de casque bleu dans le
monde ?
Si en théorie, les opérations militaires des
FARDC, avec le soutien logistique de la MONUSCO devaient permettre
d'éliminer les menaces FDLR et Maï-Maï ; en pratique
cependant, elles n'ont exercé qu'une pression temporaire contre un
ennemi dont le temps et l'espace jouent en la faveur68(*).
En bref, dans le domaine de la protection de la
population, l'évaluation des activités de la MONUSCO nous donne
des résultats plus que décevant à bien des égards.
Certains analystes sont allés encore plus loin pour affirmer que
« faute d'application réelle de son mandat pour intervenir",
les 17.000 soldats de la Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC
(MONUSCO), "regardent et constatent"69(*) pendant que les différents groupes
armés opérant à l'est de la RDC ravagent, violent et tuent
la population. Plusieurs réactions à travers le monde ont
décrié l'absurdité du mandat de la MONUSCO par rapport
à la situation du terrain. Parmi les quelles nous avons celles de
Monsieur Laurent Fabious (Ministre des Affaires Etrangères de la France)
ainsi que la pétition signée par plusieurs personnalités
politiques françaises et internationales (Jacques CHIRAC, ABDOU DIOUF,
Valérie Trierwieller, etc) appelant l'ONU à « remplir
son mandat ».
2.4. Le mandat de la MONUSCO sous la
résolution 2098
Adoptée le 28 Mars 2013, cette résolution
autorise à la MONUSCO, à travers sa composante militaire à
s'acquitter des taches suivantes : la protection des civils, la
neutralisation des groupes armés par la brigade d'intervention, la
surveillance de la mise en oeuvre de l'embargo sur les armes et l'appui aux
procédures judiciaires nationales et internationales.
En outre, le Conseil de sécurité autorise la
MONUSCO, à travers sa composante civile, à contribuer, en
coordination avec l'équipe de pays des Nations Unies et en appui aux
mécanismes nationaux chargés d'appliquer l'accord-cadre.
Ø Consolidation et Imposition de la
paix : double mandat de la MONUSCO
Après une analyse approfondie, nous constatons que
la Résolution 2098 confie un double mandat à la MONUSCO.
D'une part cette résolution lui confie le mandat de la consolidation de
la paix et d'autre part celui de l'imposition de la paix avec la
création de la brigade d'intervention rapide.
v Consolidation de la paix selon la
Résolution 2098
En réaffirmant les principes fondamentaux du
maintien de la paix, y compris le consentement des parties,
l'impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de
légitime défense ou pour la défense du mandat, et en
demandant à la MONUSCO de "tenir pleinement compte de la
nécessité de protéger les civils et de limiter les
risques", le Conseil de Sécurité fait de cette mission une
opération de maintien de la paix qui n'a pas droit de recourir à
la force sauf en cas de légitime défense ou pour la
défense de son mandat.
De même, lorsque le Conseil de
Sécurité invite l'Envoyée spéciale du
Secrétaire Général de l'ONU dans la Région des
Grands Lacs à conduire un processus politique global ouvert à
toutes les parties prenantes en vue de remédier aux causes profondes du
conflit; de soutenir, coordonner et évaluer l'application en
République démocratique du Congo, des engagements nationaux pris
dans l'Accord-cadre, il s'avère que cette résolution vise une
résolution de conflits par des procédés politiques et
diplomatiques.
Lorsque le Conseil estime que cette brigade a
été créé à titre exceptionnel et sans
créer de précédents, il veut tout simplement
démontrer que l'effectif initial des casques bleus déjà
sur terrain (19 815 hommes) n'est pas concerné par les
opérations d'imposition de la paix. Ces casques bleus ne sont pas
autorisés à ouvrir le feu contre une quelconque partie au conflit
sauf en cas de légitime défense. Ils ont pour mandat principal la
protection des personnes civiles ainsi que d'autres activités de
consolidations de la paix.
v L'imposition de la paix : « brigade
d'intervention »
Par la résolution 2098 (2013) le Conseil de
sécurité des Nations Unies a approuvé la création
d'une force d'intervention rapide en République démocratique du
Congo afin de combattre les groupes armés opérant dans l'Est du
pays. Selon le Secrétaire Général Adjoint de l'ONU
chargé des opérations de maintien de la paix de l'ONU,
Hervé Ladsous, elle comptera 3.069 hommes, venus d'Afrique du Sud, de
Tanzanie et du Malawi, et sera opérationnelle d'ici juillet70(*).
Ainsi renforcée, la MONUSCO se voit
désormais confier la tâche supplémentaire de "mener des
opérations offensives et ciblées", seule ou aux
côtés de l'armée congolaise, pour "stopper le
développement de tous les groupes armés, (les) neutraliser et les
désarmer".
Cette force sera formée de trois bataillons
d'infanterie, assistés d'une compagnie d'artillerie et d'une compagnie
de reconnaissance et de forces spéciales. Elle aura son quartier
général à Goma et sera placée sous le commandement
direct du Commandant de la Force de la MONUSCO, laquelle est en
conséquence, autorisée, à prendre les mesures
nécessaires en matière de protection des civils, neutralisation
des groupes armés, surveillance de l'application de l'embargo sur les
armes ou d'appui aux procédures judiciaires nationales et
internationales.
En bref, c'est cette brigade qui aura exceptionnellement
un mandat offensif avec comme mission principale la neutralisation de tous les
groupes armés. Cette capacité opérationnelle, qui avait
été demandée par les parties prenantes régionales,
est nécessaire pour répondre de la manière la plus
appropriée à l'environnement conflictuel dans lequel opère
la MONUSCO depuis plusieurs années », a expliqué M. Ban dans
son rapport du 5 Mars au Conseil de Sécurité. «
Chargée de contenir, de neutraliser et de désarmer les groupes
armés congolais et étrangers, la brigade d'intervention permettra
à la MONUSCO de se concentrer davantage sur les tâches relatives
au maintien de la paix », renchérit-il.
De notre part, nous estimons également que la
création de cette brigade constitue un tournant décisif et un
grand pas dans la pacification de cette région. Mais qu'à cela ne
tienne, quelques critiques persistent encore quant à la création
et aux résultats escomptés par cette brigade
d'intervention.
Ø Quelques observations sur la
« brigade d'intervention »
La création par le Conseil de
Sécurité de l'ONU de la brigade d'intervention a
révélé quelques critiques. Pour Thierry Vircoulon, le
directeur pour l'Afrique centrale d'International Crisis Group (ICG), le mandat
de cette brigade est "beaucoup trop large". "Le mandat de l'ONU
prévoit que cette brigade s'occupe de tous les groupes
armés", explique le chercheur, "ce qui ne sera pas possible vu
leur grand nombre". "De plus, dans les résolutions de l'ONU, on
fait des différents groupes armés, un seul groupe
homogène, ce qui n'est pas le cas", note Thierry Vircoulon. Selon
lui, l'ONU va devoir "séquencer ses actions". Et de poser cette
question : "quelle sera la première cible de la brigade ?".
Dans ce cas, la marge de manoeuvre de cette brigade sera un peu très
compliquée et même son mandat d'une année reste très
insignifiant pour l'atteinte de ses objectifs.
Le doute existe également sur l'efficacité
sur terrain d'une brigade composée de 3.000 hommes face à plus de
30 groupes armés installés et éparpillés à
l'Est de la RDC. En déployant des forces insuffisantes et donc
incapables d'affermir une paix fragile, on suscite des espoirs
voués à être déçus dans des
populations qui viennent de sortir de la guerre ou sont encore aux
prises avec un conflit, et on risque de jeter le discrédit sur
le système des Nations Unies tout entier71(*). Thierry Vircoulon estime
à ce stade que "Autant cette brigade de 3.000 homme pourrait montrer
son efficacité face à une autre armée
constituée", souligne-t-il, "autant on imagine mal cette
brigade efficace en situation de guérilla face à des groupes peu
structurés, comme les Maï-Maï". En conséquence, la
taille réduite de cette Brigade internationale ne lui permettra pas
d'étendre son rayon d'action de peur d'élargir ses lignes de
combat et les rendre poreuses. Ce qui favoriserait les contre-infiltrations de
ses adversaires mieux aguerris dans les combats de type asymétrique et
non classique. Il faudrait encore se demander, pourquoi le Conseil de
Sécurité n'a pas choisi les contingents de cette brigade parmi
l'effectif qui était déjà sur terrain, avec une
présomption de maitrise des réalités du terrain, mais a
préféré les rechercher ailleurs ? Des contingents qui
ne maitrisent pas le terrain et provenant de certains pays
« problématiques » pour la sécurité du
Congo.
De même, le choix des sites de déploiement de
la Brigade, notamment Goma (état-major), Rushuru, Walikale, Masisi,
Béni qui ne se trouvent pas à la frontière
rwando-congolaise mais bien à l'intérieur du Congo peut faciliter
certains renforts et ravitaillement du M23 au départ du Rwanda,
malgré la présence des drones72(*).
Par ailleurs, certaines sources (notamment le
Secrétaire Exécutif de la CIRGL) estiment que cette force ne sera
qu'une force de dissuasion. Là encore, il ya quelques risques. En
mettant la pression sur les groupes armés, certains risquent fort
d'être tentés de déposer les armes en demandant
à être réintégrés dans l'armée, ce qui
relance les éternelles questions : à quels grades, le risque de
l'infiltration de l'armée nationale ainsi que la promotion de
l'impunité de certains groupes rebelles. Et de redouter que l'on entre
dans un scénario que la République démocratique du Congo a
déjà connu avec l'intégration ratée des rebelles du
CNDP en 2009.
Dernier risque qu'on peut soulever à ce stade est
"les dommages collatéraux sur les populations civiles". Si
l'ONU ne prévoit pas des bons mécanismes pour la prise en charge
et la protection de la population civile, celle-ci serait la
première victime de la reprise des combats, qui seraient plus
violents. Les déclarations du M23 après la création
de cette brigade peuvent nous aider à projeter les potentielles
conséquences de ces interventions sans une bonne prise en compte de la
sécurité des civiles.
A cet effet, nous estimons avec le Rapport BRAHIMI
qu'il faudrait donc spécifier, dans le mandat de cette
opération, si elle est autorisée à employer la force,
auquel cas elle devrait être dotée d'effectifs plus nombreux et
mieux équipés. Elle serait certes plus coûteuse mais
constituerait une menace plus crédible, et donc plus dissuasive, que la
présence symbolique et non menaçante qui caractérise les
opérations de maintien de la paix classiques. Dans le cas des
opérations complexes, comme le cas de la MONUSCO, la taille de
la force et sa configuration ne devraient laisser aucun doute dans l'esprit des
fauteurs de troubles quant aux intentions de l'Organisation. En outre, ces
opérations devraient être dotées de services de
renseignements et d'autres moyens qui leur permettraient d'organiser leur
défense face à des adversaires violents. »73(*)
Pour plus de précision sur l'évolution du
mandat de la MONUC depuis son déploiement jusqu'à nos jours, le
tableau en annexe proposé par le rapport GRIP reprend l'évolution
chronologique des mandats de cette force onusienne avec les différentes
réalisations face aux grands événements politiques du
pays.
Section 2. Les facteurs de
l'inefficacité des forces onusiennes en RDC
Après une analyse critique des différentes
interventions des forces onusiennes en République Démocratique du
Congo, il s'avère que dans l'ensemble, l'ONU n'est pas sortie grandie
de ses opérations en RDC menées depuis 1960. Celles-ci ont
souligné les limites de sa volonté et de sa capacité
d'action et laissent percevoir que son engagement en vue de la
préservation de l'indépendance de ce pays est mitigé. Ces
différentes défaillances semblent confirmer aujourd'hui
l'écart colossal qui persiste entre les ambitions
déclarées et les réalités de la géopolitique
de la Région des Grands Lacs africains.
Cette vision nous amène à nous demander si
l'impact des interventions extérieures dans les conflits n'est pas
paradoxalement leur prolongation. Il y a davantage d'exemples d'impuissance
face aux violences que le contraire. Cela ne signifie pas pour autant que les
opérations de maintien de la paix sont inutiles. Cependant, les
interventions systématiques dans les conflits qui sont justifiées
par des impératifs humanitaires passent sous silence leurs
conséquences politiques.
Cette situation s'explique en grande partie par le fait
que son engagement est instrumentalisé par ses membres les plus
puissants qui, à côté de l'objectif global de
l'organisation, poursuivent leurs propres intérêts dans les jeux
où ils sont impliqués74(*). Au de-là de tous ces enjeux, il faudrait
reconnaitre que la MONUSCO connait également quelques
incapacités techniques et diplomatiques.
§1. Les interventions
instrumentalisées par les grandes puissances et la réticence des
pays fournisseurs des troupes
1. L'instrumentalisation par les grandes
puissances
Même si la charte des Nations Unies reconnait
l'égalité souveraine de ses membres75(*), personne n'ignore
l'inégalité des acteurs au sein des Nations Unies. Certains Etats
y occupent des positions d'influence, étant membres permanents du
Conseil de Sécurité. Ils sont par conséquent les
principaux bailleurs de fonds et sont amenés à se prononcer sur
les dossiers relatifs aux opérations de maintien de la paix et de la
sécurité internationales, charge principale du Conseil de
Sécurité. C'est le cas des conflits en RDC dans lesquels les
Etats-Unis et la France, placés dans un contexte
d'interdépendance stratégique instrumentalisent l'ONU et sont
parfois en contradiction avec ses objectifs76(*). L'implication directe ou sournoise de certains pays
membres dans l'émergence et/ou l'exacerbation des conflits ainsi que les
interférences des puissances extra-africaines compliquaient
considérablement la recherche de solutions aux conflits. Ainsi, la
définition de chaque mission par les grandes puissances est faite
d'après un calcul rationnel de coûts avantages.
1.1. Les enjeux des Etats-Unis dans leur processus
de domination ou de contrôle de l'ONU en RDC
Par leur position au sein de l'ONU, les Etats-Unis se
comportent comme le plus puissant dans toute organisation, en amenant ainsi le
Secrétaire général dans son jeu : « le plus puissant
joue sur plusieurs relations de pouvoir cumulables mais tous ont des
stratégies», affirmait ROJOT.
Selon certains analystes, les Etats-Unis utilisent depuis
la crise de 1960, les Nations Unies comme un instrument occasionnel de leur
politique étrangère en RDC. A cet effet, le soutien
américain à l'intervention onusienne au Congo en 1960
était uniquement dans le but d'empêcher l'expansion du communisme
en Afrique dans le contexte de la guerre froide.
De même, depuis 1999, les différentes
missions de maintien de la paix de l'ONU au Congo (MONUC ou MONUSCO)
participent souvent dans une violence structurelle dont Washington a fait
toujours usage pour dominer d'autres puissances dans cette région. Ainsi
verrouillées, ces missions ont été et demeurent un
instrument de domination américaine par excellence. Le choix des
responsables ces missions est souvent stratégique. Ce qui fait que
depuis son déploiement, la mission onusienne au Congo n'est
commandée généralement que par les anglo-saxonnes en
général et plus particulièrement par les
américains.
En bref, nous pouvons admettre à partir du cas de
la RDC que : « les Etats-Unis veulent dominer l'ONU, utiliser
l'organisation à leurs propres fins, présenter ces fins comme
étant le bien universel et attendre qu'on les en remercie. Les
Etats-Unis conçoivent l'ONU comme une feuille de vigne servant à
camoufler leurs objectifs politiques pour obtenir l'adhésion des
alliés et faciliter celle de l'opinion américaine, en
présentant les interventions militaires comme des opérations
humanitaires et multilatérales»77(*). On peut dès lors comprendre l'impuissance des
Nations Unies en Afrique (Somalie, Rwanda et République
démocratique du Congo), impuissance qui n'est que le reflet d'une
paralysie générale imposée par les Etats-Unis78(*).
1.2. Les initiatives françaises face
à l'hégémonie américaine en RDC
La France ne peut plus prétendre à la place
de grande puissance occupée solidement par les États-Unis.
Même au plan économique, elle est largement distancée par
d'autres pays, notamment le Japon et l'Allemagne. Pour Paris, l'Afrique
(notamment francophone) constitue, comme l'explique bien Pascal Chaigneau, le
prolongement géopolitique79(*) de la France en termes de clientélisme au sein
de l'ONU aujourd'hui, et demain au sein de l'OMC.
Avant d'aborder la question de l'activisme français
dans les conflits armés en RDC, il est préalablement
nécessaire d'avoir au moins l'idée générale sur la
politique étrangère française. En fait, les principaux
objectifs de la politique étrangère de la France établis
par le général Charles de Gaulle furent entre autre le maintien
de son statut de grande puissance, la défense de son indépendance
nationale ainsi que la préservation d'une zone d'influence en Afrique
subsaharienne. A cet effet, les grandes lignes de sa politique ont
été maintenues par ses successeurs, car ils ont voulu et veulent
jusque là préserver l'indépendance de la France en
refusant l'hégémonie des superpuissances et en renforçant
les liens avec ses anciennes colonies, ceci afin de disposer d'une zone
d'influence lui permettant de maintenir son statut de grande puissance80(*).
Par rapport aux conflits armés en République
démocratique du Congo, il faudrait reconnaitre qu'en dehors de la crise
de 1960, la France adopte dans les autres conflits congolais, une
stratégie consistant à rationaliser ses objectifs latents en
sollicitant constamment l'action de l'ONU comme rempart face aux convoitises
américaines81(*).
Ce changement de comportement se caractérise par le renoncement aux
interventions armées décidées sur une base
bilatérale, sans un appui diplomatique et même militaire
négocié dans une arène multilatérale,
principalement le Conseil de Sécurité de l'ONU.
Ainsi, lors du premier conflit de 1996, la France apporta
un soutien divers à Mobutu. Elle était l'Etat le plus
engagé en faveur d'une intervention militaire en RDC. La France sera
encore plus active lors du conflit de 1998. Car, elle a fortement
encouragé l'implication progressive des Nations Unies, de l'Union
Européenne et des acteurs africains dans les Grands Lacs et en
particulier en RDC. Elle adopte ainsi une stratégie consistant à
déplacer les frontières de l'organisation et à constituer,
selon FRIEDBERG, un « environnement
négocié ».
La France devient en quelque sorte une puissance
protectrice défendant les intérêts de la RDC aux Nations
Unies. Elle a initié au Conseil de Sécurité plusieurs
résolutions demandant le retrait des troupes étrangères et
commandite les enquêtes sur le pillage des ressources naturelles. Elle a
pesé au Conseil de sécurité, surtout au Comité des
sanctions des Nations Unies pour condamner l'attitude complice du Rwanda et de
l'Ouganda qui s'étaient illustrés dans le soutien des rebelles
qui violent, pillent et sèment la mort à l'Est de la RDC82(*). La dernière
résolution initiée par la France en faveur de la RDC est celle
qui demande la création d'une brigade d'intervention au sein de la
MONUSCO pour combattre toutes les forces négatives à l'est de la
RDC.
La France a également soutenu les deux
opérations européennes menées en RDC en appui à la
MONUC à des moments critiques du processus de transition mené de
2003 à 200683(*) :
- l'opération ARTEMIS autorisée par la
résolution
1484 (2003). L'Opération Artémis, menée en
Ituri entre juin et août 2003 qui fut la première opération
militaire de l'UE en Afrique, dont la France a été la
nation-cadre.
- l'opération EUFOR RDC autorisée par la
résolution
1671 (2006). L'UE a décidé, à la demande des
Nations unies, de déployer de juillet à décembre 2006 une
mission de sécurisation des élections (EUFOR) en soutien de la
MONUC. La France a été avec l'Allemagne le principal contributeur
de cette force.
Par leurs discours et leurs prises de position pour la
situation en République Démocratique du Congo, les
autorités françaises font preuve d'une certaine solidarité
et sont en fait favorables à l'éradication des différentes
rébellions dans la partie orientale du Congo. Le discours de Nicolas
SARKOZY lors de sa visite dans la région des Grands Lacs en 2009 ;
le discours de François Hollande lors du XIVè sommet de la
francophonie à Kinshasa en 2012 concernant les guerres en RDC, la
position de Laurent Fabious (Ministre des Affaires Etrangères de la
France) lorsque la ville de Goma était tombée entre les mains du
M23 sont autant d'éléments qui prouvent la position de Paris dans
la résolution de ces conflits.
Cependant, il faudrait reconnaitre que ces diverses
actions louables de la France en vue d'éviter la violation de
l'intégrité et de la souveraineté de la RDC, ne sont pas
exemptes d'enjeux latents même s'ils sont presque nuls d'autant plus que
dans la conception réaliste des relations internationales, seuls les
intérêts motivent toute action politique. Suivant cette même
conception, ALBRECHT SCHNABEL mentionne que la théorie réaliste
soutient l'idée que la participation d'un pays à une
opération de maintien de la paix s'effectue en fonction de ses
intérêts géostratégiques et de ses
préoccupations particulières en matière de politique
étrangère. Les calculs des coûts et des avantages
liés aux missions de paix s'effectuent par rapport à l'impact
qu'elles ont sur les opinions publiques, sur le positionnement de l'État
sur la scène internationale et ainsi qu'au prestige qu'elles
rapportent84(*).
Par conséquent, plusieurs enjeux doivent être
pris en compte pour comprendre l'attitude de la France face à la
situation en République Démocratique du Congo. D'abord sur le
plan géopolitique, la RDC est importante pour la construction d'un
espace régional africain. La France s'articule dans un contexte
régional, car cela lui offre l'opportunité de continuer d'exercer
son emprise sur une région du monde qu'elle considère toujours
comme sa sphère d'influence85(*).
Ensuite, l'enjeu économique n'est pas non plus
à négliger. La France, à travers ces actions, visent
également à élargir son marché et surtout avec ses
entreprises minières. Les actions françaises ont
également un enjeu symbolique en tant que grande puissance qui vise,
à travers sa participation aux OMP, obtenir une grande
crédibilité dans le système international, mais aussi
acquérir davantage d'influence au sein de l'ONU86(*).
Le dernier enjeu est culturel à travers la
promotion de la langue française. La RDC étant membre de la
Francophonie et deuxième pays mondial en terme de locution, la France
vise aussi à sécuriser cet Etat qui est souvent combattu par les
anglo-saxons pour éviter tout basculement. Ainsi, les interventions
militaires ougandaises et rwandaises lors de ces deux conflits armés en
RDC sont carrément considérées par Paris comme une autre
conquête du territoire francophone par les Anglo-saxons87(*).
Ce comportement des grandes puissances au sein de l'ONU
nous place au coeur de la théorie réaliste des relations
internationales selon laquelle « la poursuite de l'intérêt
national détermine l'action des Etats dans les organisations
internationales »88(*). C'est dans ce sens que P. De Senarclens affirme que
: « les grandes puissances utilisent l'Organisation en suivant leurs
propres intérêts, et ne concèdent rien aux exigences de la
Charte lorsque cette dernière contrarie leurs ambitions politiques
». Cette confrontation des grandes puissances bloque le bon fonctionnement
du système de sécurité collective même dans la
période post-guerre froide. En dehors des grandes puissances, il ya
également d'autres puissances moyennes (notamment le Canada et l'Afrique
du Sud) qui cherchent également, dans leurs participations aux OMP en
RDC, obtenir une certaine influence et une crédibilité
internationale.
1.3. Les enjeux de l'Afrique du Sud aux conflits
congolais
Comme pour d'autres puissances moyennes, l'engagement de
l'Afrique du Sud dans la région des Grands Lacs africains vise à
obtenir une certaine influence dans une région où sa
présence est généralement réduite en jouant un
rôle actif dans la gestion d'un conflit régional en travaillant
dans un cadre multilatéral. La participation de ce pays aux OMP
déployées en RDC n'est pas un acte de la
générosité ou de souci de mettre fin à ces
conflits. Sa participation est justifiée par beaucoup
d'intérêts d'ordre géostratégiques,
économiques, etc.
D'abord, soucieuse de confirmer sa suprématie ou sa
puissance en Afrique, de se redonner une légitimé
régionale et internationale l'Afrique du Sud prône
l'interventionnisme, en participant à tous les mécanismes de
résolution ou de gestion des conflits armés en Afrique.
Ensuite, pour sauvegarder ses intérêts
économiques notamment ses multinationales implantées dans les
zones minières, l'Afrique du Sud profite de sa participation dans ces
OMP pour renforcer sa présence dans l'exploitation des ressources
minières de la RDC. C'est l'affairisme qui est au centre de sa politique
de maintien de la paix.
En somme, par leurs interventions aux conflits
armés dans le monde et plus particulièrement en RDC, les grandes
puissances ne cherchent pas à trouver des solutions aux vrais
problèmes ; mais visent particulièrement leurs
intérêts respectifs. Cette quête de repositionnement et des
intérêts des grandes puissances plonge l'ONU, malheureusement,
dans une inertie due à la double contrainte. L'ONU se trouve en face
d'une injonction paradoxale qui la contraint en même temps à
atteindre ses objectifs assignés dans la Charte de San Francisco et
d'autre part à satisfaire aux intérêts des grandes
puissances qui assurent son fonctionnement et donc la dirigent. Devant cette
difficulté, elle se laisse conduire, malgré lui, aux injonctions
et aux volontés de ces grandes puissances au détriment des
valeurs universelles qu'elle prône. C'est la même situation pour
les OMP de l'ONU au Congo. Comme nous l'avons su présenter
précédemment, le déploiement et le fonctionnement des
forces onusiennes au Congo sont en tout cas instrumentalisés par ces
grandes puissances qui, au lieu de chercher des voies et moyens pour instaurer
la paix dans cette région, cherchent à défendre davantage
leurs intérêts que des valeurs universelles comme la paix, la
justice ou la sécurité internationale. Poursuivant des objectifs
et des ambitions différents et contraires ; ces grandes puissances
sont à la base de la paralysie et l'inefficacité de l'ONU et
surtout des OMP. Albrecht Schnabel explique à ce sujet que « les
politiques de maintien de la paix de ces pays reposent sur « des
évaluations au cas par cas» de chaque conflit, par rapport à
leurs préoccupations particulières, leurs intérêts
géostratégiques et leur statut régional ou global. Les
questions plus générales, comme la défense des valeurs
humanitaires universelles ou la sécurité mondiale, ont peu
d'impact sur les processus réels de décisions concernant les
actions des Casques bleus et le maintien de la paix »89(*).
2. La complicité et la
réticence des pays fournisseurs des troupes
La politique de maintien de la paix de ces pays est
définie par rapport à leurs intérêts
stratégiques et leur statut dans l'ordre international. Aussi, la
participation aux missions de paix s'effectue en fonction des coûts
avantages qu'elles engendrent pour l'État concerné. Au titre des
faiblesses reprochées à la MONUC, on dénombre notamment l'
« implication quasi permanente des Etats fournisseurs de troupes
»90(*). L'implication
de ces Etats s'est manifestée sous trois aspects91(*) :
- D'abord, le refus des pertes qui entraine le
désengagement des troupes face à une attaque
rebelle : en prenant la précaution de ne pas perdre des
troupes au Congo, les Etats fournisseurs demandaient à leurs militaires
de ne pas intervenir, même lorsqu'il s'agirait de protéger les
populations civiles.
- Ensuite, la réticence des Etats à
placer leurs troupes sous le commandement onusien : cette
hypothèse peut s'affirmer par la position ou réticence des
certains pays fournisseurs des troupes aux opérations de maintien de la
paix de l'Onu (Guatemala, Pakistan notamment) pendant les discussions au
Conseil de Sécurité de la résolution 2098 pour le
déploiement de la brigade d'intervention rapide en République
démocratique du Congo en évoquant les risques de
représailles contre les Casques bleus. D'autres pays contributeurs de
troupes, comme le Pakistan, le Bangladesh, l'Inde, la Jordanie,
l'Équateur et l'Uruguay ont également exprimé
l'inquiétude qu'ils éprouvent à ce sujet. Ils ont
aussi rappelé qu'ils voulaient être consultés à
toutes les étapes du processus de prise de décisions concernant
le déploiement et le déroulement des OMP92(*).
- Enfin, l'engagement à but mercantile de
certains pays du tiers monde : l'engagement
intéressé et mercantiliste a engendré un goût
affairiste dans le chef des Casques bleus qui n'ont pas pour certains
hésité à s'adonner à l'extraction minière.
Cet affairisme a engendré une solidarité avec les groupes
armés. Pris dans cet angle, l'embrassade chaleureuse de Laurent Nkunda
par le colonel indien Sahora Chand en fin de mission ne pouvait pas
constituée une surprise scandaleuse. Beaucoup d'autres
allégations sont mises à charge de la MONUC allant de la
complicité dans le pillage illégal de ressources naturelles au
trafic des armes avec les milices congolaises ; ce n'est qu'un cas de
figure par ailleurs aberrant.
Outre l'instrumentalisation des OMP par les grandes
puissances et la réticence des pays contributeurs des troupes, il
faudrait également reconnaitre que l'échec des forces onusiennes
au Congo est également dû à l'implication quasi permanente
des pays fournisseurs des troupes.
§2. Incapacité
technique et diplomatique de la MONUSCO
Parmi les faits qui limitent la flexibilité de
cette force onusienne en RDC, il faudrait reconnaitre entre autre les
incapacités techniques et diplomatiques aux quelles elle est
frappée.
1. De l'incapacité
diplomatico-juridique de la MONUSCO
Il est nécessaire de souligner que le recours aux
moyens de l'ONU est toujours soumis à une contrainte, qui est en
même temps une force : le consensus entre les membres du Conseil de
sécurité et, en particulier, ses cinq membres permanents93(*). Les Etats se
déterminent en fonction de leurs conceptions, de leurs objectifs et de
leurs priorités ; mais, s'ils n'apportent pas une réponse commune
à une crise, les Nations unies seront dans l'incapacité d'agir.
Deux écueils peuvent surgir : d'une part, le temps passé à
la recherche d'un compromis incertain implique le risque de réagir trop
tard pour empêcher une tragédie ; d'autre part, la conclusion d'un
arrangement de façade peut ne pas donner à l'ONU les moyens de
remplir son mandat ou lui fixer des objectifs irréalistes94(*). C'est le vrai
problème de la MONUSCO qui, dès sa création voir
même son évolution, fait toujours l'objet de controverse entre les
grandes puissances ou les pays contributeurs des troupes. Elle a au
départ fait l'objet de controverses entre les membres permanents du
Conseil de Sécurité en concurrence les uns avec les autres tant
pour la définition du problème que pour l'élaboration des
solutions à apporter. Il ya dans ce débat antagonique deux
groupes : d'une part ceux qui sont pour un mandat offensif,
réaliste et adapté au contexte sécuritaire du terrain et
d'autre part ceux, pour leurs intérêts respectifs,
préfèrent doter cette force d'un mandat symbolique,
irréaliste et donc inefficace sur le terrain. La recherche de compromis
entre les antagonistes plonge malheureusement cette force dans une inertie et
ne lui permet pas de s'adapter facilement aux réalités du
terrain. Face à ce retard de l'ONU, D. Moïsi estime que : «
parce que les Nations Unies, en vertu de leur mandat, ne peuvent être que
réactives, elles interviennent toujours trop tard. Chaque fois qu'une
intervention se révèle nécessaire, la composition de la
brigade de « pompiers » doit être renégociée. La
lenteur avec laquelle la coalition ad hoc est constituée contraste
tragiquement avec l'urgence qui serait nécessaire à la
réussite de l'intervention »95(*).
2. De l'incapacité technique de
la MONUSCO
La principale caractéristique des opérations
en Afrique est d'avoir été établies dans des « Etats
faillis » ou affaiblis par de longs conflits, des Etats dans lesquels la
police, la justice, la sécurité ne sont plus que l'ombre
d'elles-mêmes. Les cessez-le-feu qui ont pu y être conclus avec des
groupes armés n'ont pas la même autorité que des accords
signés avec des Etats souverains. Ils sont en eux-mêmes plus
fragiles parce que des bandes de brigands ne s'exposent pas aux mêmes
conséquences qu'un Etat si elles n'honorent pas leur signature. Ces
groupes peuvent aussi se fragmenter sous l'effet de dissidences multiples,
fluctuer au gré d'intérêts contradictoires et changeants.
Au coeur de ces territoires morcelés où peut se rallumer à
tout moment la guerre de tous contre tous, le rôle des « acteurs du
maintien de la paix », ONU ou autres, est de stabiliser la situation, de
bâtir l'Etat de droit, de protéger la paix. Ce sont des
tâches immenses, d'où leur appellation d'« opérations
complexes ». Le succès des telles opérations repose
principalement sur la mobilisation de troupes bien formées et
dotées de l'équipement et de l'appui logistique qui leur
permettront d'assurer les tâches complexes et souvent dangereuses qui
caractérisent le maintien de la paix. Mais ces moyens, d'où
proviennent-ils, actuellement, sur le plan militaire? Pour l'essentiel, des
pays du Sud.
Comme nous avons eu à démontrer
précédemment que la grande partie des troupes de maintien de la
paix de l'ONU proviennent des pays en voie de développement.
Néanmoins, ces soldats sont souvent insuffisamment qualifiés et
un équipement adéquat doit être financé par des
Etats tiers. Et il est encore plus difficile de trouver du personnel militaire
spécialisé pour des tâches complexes, comme par exemple
dans le domaine de la reconnaissance ou de la logistique96(*).
Face à toutes ces difficultés, il ya
nécessité d'une nouvelle doctrine et des nouvelles orientations
spécifiques adaptées à la situation géopolitique
et socio-économique du Congo. Le chapitre suivant décrit la
situation réelle et juridique des conflits armés en RDC et
présente quelques orientations pouvant amener la Mission à
maximiser les chances de réussite et la stabilisation du pays.
CHAPITRE III. LA
NECESSITE DES NOUVELLES ORIENTATIONS ADAPTEES AUX REALITES GEOPOLITIQUES ET
SECURITAIRES DU CONGO
Depuis qu'elle a été déployée
en RDC, la MONUSCO en partenariat avec les FARDC ont mené plusieurs
opérations militaires qui ont permis de neutraliser certains groupes
armés dans certains territoires de la partie orientale du Congo.
Toutefois, ce succès initial est de courte durée : d'une part,
loin d'être défaits, les groupes armés se sont simplement
délocalisés : ils s'enfoncent un peu plus dans la profondeur du
territoire congolais à chaque opération militaire ; d'autre part,
les FARDC s'avèrent incapables de rendre leur « victoire »
durable, c'est-à-dire de conserver le terrain gagné97(*).
Cette nouvelle crise au Kivu révèle
l'enlisement du plan de résolution de ce conflit et met en
lumière les paramètres du problème de cette région
: la mauvaise gouvernance de Kinshasa, l'ingérence du voisin rwandais et
l'inefficacité des outils internationaux de réponse à la
crise (MONUSCO et CIRGL). D'où la nécessité des nouvelles
approches de sortie de crise et de pérennisation de la paix dans la
région des Grands Lacs.
Le chapitre précédent a
présenté une brève recension des crises que la RDC a
connues depuis 1998 ainsi que des politiques qui ont été mises en
place pour les résorber. Quel état des lieux peut-on en
dégager afin de mieux appréhender les opportunités de
pacification? Quelles pistes de solution pouvons-nous recommander pour en
assurer des meilleures chances de succès?
Avec des orientations réalistes, pragmatiques et
optimistes, ce chapitre propose un certain nombre de recommandations pour la
réussite de cette opération et la pérennisation de la paix
en RDC. Avant tout, il présente d'abord les particularités des
conflits armés en RDC leur qualification juridique ainsi que les
principaux mécanismes de leur résolution.
La meilleure façon de résoudre ces conflits
étant l'attaque à ses causes profondes, la maitrise des
principales causes et enjeux parait à cet effet incontournable. Pour
déterminer les causes immédiates et lointaines de
l'instabilité de la RDC, il faut procéder à un examen
critique de l'origine et de la nature des rébellions et des autres
organisations putschistes dans la région, de leurs liens, de leurs
principaux sponsors, de leurs buts, de leurs stratégies, des
régimes qu'elles ont combattus et de ceux qu'elles ont instaurés.
Ainsi donc, l'instabilité actuelle de la région des Grands-Lacs
en général et de la RDC en particulier résulte d'une
combinaison de plusieurs facteurs dont les principaux sont décrits
ci-après :
- L'exploitation et le commerce illicites des ressources
naturelles ainsi que la prolifération et le trafic des armes,
- La mauvaise gouvernance politique : Autoritarisme,
ethnicisme et violation de droits humains ;
- Les velléités expansionnistes de certains
pays voisins de la RDC,
- La discrimination et la marginalisation de certains
groupes de la population,
- Le problème de nationalité des
Banyarwanda,
- L'impunité des rebelles criminels,
- La recherche du leadership régional, etc.
Ceci étant, la meilleure solution consistera
à la prise en compte de tous ces facteurs. Pour cette raison, la MONUSCO
doit d'abord s'attaquer aux principales causes à fin de parvenir
à la stabilisation de la région. Pour y parvenir, nous proposons
une reconfiguration générale du mandat de la MONUSCO comme
alternative.
Section 1. La
reconfiguration générale du mandat de la MONUSCO comme condition
de restauration de la paix en RDC
§1. Exposé des
faits
Il est scientifiquement démontrable, en effet, que
dans le processus de prise de décision dans les affaires
internationales, les règles juridiques sont sans cesse définies
et redéfinies afin que la politique poursuivie soit adaptée
à des faits et des contextes nouveaux car ce qui est essentiel dans la
recherche de la légalité d'un acte, c'est le degré de
conformité de cet acte avec l'espoir qu'une communauté
donnée place en lui.
Au chapitre précédent, nous avons fait une
analyse critique du mandat de la MONUSCO qui nous a permis de relever quelques
avancées et faiblesses de Mission onusienne en RDC. Mais, il semble
qu'avec l'intensification des hostilités dues à la
création du Mouvement du 23 Mars et la prolifération des groupes
armés dans la partie orientale du Congo, le mandat de la MONUSCO ne le
permet pas à bien gérer cette situation. Devant cette impasse, il
s'avère nécessaire qu'il soit redéfini dans le simple but
de lui permettre non seulement de stopper ces crimes et ensuite de stabiliser
cette région qui a tant souffert des conflits armés pendant des
décennies.
Parmi les faits qui nécessitent la
redéfinition du mandat de la MONUSCO nous pouvons citer entre
autre : la recrudescence et l'intensification des conflits armés
dans la région de Kivu, la dégradation des conditions
humanitaires de la part des populations, l'agression dont la RDC est victime,
la menace contre la paix et la sécurité internationales, la
nécessité d'un mécanisme régional de
résolution des conflits, etc.
1. Des actes d'agression de la RDC et
de menace contre la paix dans la région de Grands Lacs
Dans l'ordre international contemporain, l'agression
apparaît comme le crime le plus grave qui puisse être commis dans
les relations entre Etats. C'est peut-être même le plus grave des
crimes internationaux : non seulement il porte atteinte à
l'existence-même de l'Etat victime et, ce faisant, aux principes
essentiels du droit international, mais encore il est
généralement à l'origine des autres crimes
considérés comme les plus graves par la communauté
internationale, en particulier le crime de guerre et le crime contre
l'humanité. En ce sens, l'agression peut être
considérée comme la mère de la plupart des crimes
internationaux résultant de la violence de l'Etat98(*).
Depuis la fin des années 1940, l'Assemblée
Générale des Nations Unies a déclaré à
plusieurs reprises qu'il était possible et souhaitable, en vue d'assurer
la paix et la sécurité internationales de définir
l'agression. Après des travaux de longue haleine, une définition
de l'agression sera finalement adoptée par l'Assemblée
Générale le 14 décembre 1974. D'après celle-ci, il
y a agression lorsqu'un Etat use de la force militaire contre la
souveraineté, l'intégrité territoriale ou
l'indépendance politique d'un autre Etat ou de toute autre
manière incompatible avec la Charte des Nations unies99(*). Ainsi, est également
une agression une invasion, mais aussi un blocus ou un bombardement.
L'arrêt Activités militaires et paramilitaires au
Nicaragua de la
Cour
internationale de justice (27 juin 1986) y ajoute
« l'envoi par un État ou en son nom de bandes et de groupes
armés (...) contre un autre État d'une gravité telle qu'il
équivaut à une véritable agression accomplie par des
forces régulières. »
Arrêtons-nous un moment sur ce point pour montrer
aux acteurs étatiques de la vie internationale de la sous-région
qu'ils connaissent bien le contenu de cette règle et que, par
conséquent, ils ne pêchent pas par manque de connaissance, mais
par volonté délibérée100(*). En effet, étant tous
membres des Nations Unies, les Etats de la sous-région des grands lacs
sont censés savoir que l'obligation du règlement pacifique est
inscrite à l'article 2, paragraphes 3 et 33 de la Charte des Nations
Unies et qu'elle est réaffirmée «avec plus de force»,
comme le dit Nguyen Quoc Dinh101(*), par la «Déclaration relative aux
principes du droit international touchant les relations amicales et la
coopération entre les Etats» votée par l'Assemblée
générale des Nations Unies le 24 octobre 1970. Le passage
pertinent de ce texte déclare: «Tous les Etats doivent
régler leurs différends internationaux avec d'autres Etats
par des moyens pacifiques, de telle manière que la paix et la
sécurité internationales ainsi que la justice ne soient mises en
danger». En plus, la guerre est prohibée, et d'une manière
générale l'emploi de la force dans les relations internationales.
Les deux prescriptions - l'interdiction du recours à la force et
l'obligation du règlement pacifique - sont du jus cogens102(*). L'ensemble de ce droit
n'est pas ignoré des Etats de l'Afrique des grands lacs, mais ils l'ont
violé consciemment103(*).
Dans le cas sous examen, l'agression de RDC par ses
voisins ne date pas d'aujourd'hui. Elle commence depuis 1998 où le
Rwanda et l'Ouganda ont officiellement soutenu la rébellion de l'AFDL
pour renverser le régime de MOBUTU. De même, lors de la
deuxième guerre du Congo, les deux Etats n'ont pas hésité
pour armer et soutenir plusieurs groupes armés congolais et/ ou
étrangers dans le simple but de renverser L.D. KABILA et bien
contrôler les territoires de la partie orientale du Congo. Même si
le Conseil de sécurité n'a pas voulu reconnaitre, il ya lieu de
confirmer sans peur d'être contredit que ce sont des actes d'agression en
vertu des principes du droit international.
Alors que la Résolution 1807 du Conseil de
Sécurité des Nations Unies recommande à tous les
États de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la
fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects, depuis leur
territoire ou par leurs nationaux, ou au moyen d'aéronefs
immatriculés sur leur territoire ou de navires battant leur pavillon,
d'armes et de tout matériel connexe, ainsi que la fourniture de toute
assistance et de tout service de conseil ou de formation se rapportant à
des activités militaires, y compris tout financement et toute aide
financière, à toutes les personnes et entités non
gouvernementales menant des activités sur le territoire de la
République démocratique du Congo. » ; Le Rwanda
et l'Ouganda continuent à violer non seulement cette résolution
mais également les grands principes du droit international notamment le
pacte sur la sécurité, la stabilité et le
développement dans la Région des Grands Lacs qui consacre dans
son préambule « la nécessité de respecter
la démocratie et la bonne gouvernance ainsi que les principes
fondamentaux consacrés par la charte des Nations Unies et par l'acte de
l'Union africaine, notamment l'intégrité territoriale, la
souveraineté nationale, la non-ingérence et la non-agression,
l'interdiction pour tout Etat membre de permettre l'utilisation de son
territoire comme base pour l'agression ou la subversion contre un autre Etat
membre104(*) ». De même, le protocole sur la
non-agression et la défense mutuelle dans la Région des Grands
Lacs invite les Etats membres à s'abstenir d'envoyer ou de soutenir des
oppositions armées ou des groupes armés ou rebelles sur le
territoire d'un autre Etat membre ou de tolérer sur le territoire des
groupes armés ou rebelles engagés dans des conflits armés
ou impliqués dans des conflits armés ou impliqués dans des
actes de violence ou de subversion contre le gouvernement d'un autre
Etat105(*).
Dans le cas de la rébellion du M23 le doute n'est
plus permis. L'implication rwandaise et ougandaise pour la
déstabilisation de la RDC était encore, il y a encore quelques
années, un secret de polichinelle. Même si le Conseil de
sécurité n'a pas reconnu ou ne veut pas le reconnaitre,
aujourd'hui les preuves sont couchées noir sur blanc et signées
des experts des Nations unies. Plusieurs rapports des experts de l'ONU
révèlent le soutien matériel, financier et humain du
Rwanda et Ouganda aux rebelles du M23 qui affrontent l'armée
régulière congolaise (FARDC) au Nord-Kivu depuis mai 2012.
Depuis le début de son mandat en 2011, le Groupe
d'experts des Nations Unies a trouvé des preuves substantielles
attestant l'appui par des responsables rwandais à des groupes
armés opérant à l'Est de la RDC106(*). Le Groupe a recueilli
également des preuves sur des violations de l'embargo sur les armes et
du régime des sanctions, commises par le Gouvernement rwandais. Les
violations de l'embargo sur les armes et du régime des sanctions
comprennent:
- L'assistance directe à la création du M23
en facilitant le transport des armes et des troupes à travers le
territoire rwandais ;
- Le recrutement de jeunes rwandais et d'anciens
combattants démobilisés, ainsi que des réfugiés
congolais pour le M23;
- La fourniture d'armes et de munitions au M23;
- La mobilisation et lobbying auprès des leaders
politiques et financiers congolais en faveur du M23;
- Les interventions directes des Forces rwandaises de
défense (FRD) sur le territoire congolais afin de renforcer le M23 ;
- L'appui à plusieurs autres groupes armés,
ainsi qu'à des mutineries des FARDC à l'Est du Congo;
- Le soutien à des personnes sanctionnées,
soumises au gel des avoirs et à l'interdiction de voyager.
Depuis que le M23 s'est établi dans des positions
stratégiques le long de la frontière rwandaise en mai 2012, le
Groupe a recueilli des preuves accablantes démontrant le soutien des
hauts officiers des FDR, en leur qualité officielle, aux rebelles en
leur fournissant des armes, de l'équipement militaire et de nouvelles
recrues. En plus, le Conseil de Sécurité est conscient de la
gravité des faits en RDC lorsqu'il Considère dans sa
Résolution 2053 que la situation en République
démocratique du Congo continue de menacer la paix et la
sécurité internationales dans la région.
Cependant, un paradoxe surgit dans cette affaire. Lorsque
plusieurs sources de dignes foi continuent à publier des telles
révélations, notre regret réside dans le fait de
l'hésitation si pas du refus de la part de la communauté
internationale de prendre des mesures appropriées pour sanctionner et
réprimer des tels actes portant atteintes à la paix et à
la sécurité internationales. L'indifférence de la
communauté internationale à l'égard de la crise congolaise
fait ainsi asseoir dans le chef de l'opinion congolaise l'inquiétude de
voir en ces opérations de maintien de la paix non pas un ange gardien de
la paix, mais une couverture de distribution de la mort aux Congolais par les
Rwandais107(*).
Déployer 17.000 hommes et fixer un mandat qui ne permet pas
d'intervenir, c'est absurde, disait Laurent Fabius, Ministre des Affaires
Etrangères de la France.
Depuis que la crise a commencé au Nord-Kivu, on
entend des discours du genre "nous sommes préoccupés, nous
suivons attentivement ce qui se passe à l'Est de la RDC, nous demandons
que tout appui extérieur au M23 cesse, nous mettons en garde contre
toute attaque aux forces de Nations Unies, nous allons traduire en justice tel
ou tel autre...108(*)".
La communauté internationale se contente seulement
à des simples discours de condamnation du soutien extérieur du
M23, des soit disant suspensions des aides aux pays agresseurs, l'interdiction
de voyage aux responsables du M23, etc. Juridiquement, de par leurs
formulations, les différents termes utilisés dans les
résolutions et les déclarations de la communauté
internationale face aux conflits armés en RDC témoignent le
caractère déclaratoire et non obligatoire des textes.
La communauté internationale applique des mesures
qui ne peuvent jamais aboutir à la résolution des conflits et
à la stabilisation de la région alors que tous les
éléments sont réunis pour que la force soit
utilisée comme moyen de pression contre les agresseurs et leurs
complices. La négligence de cette situation par la communauté
internationale à cause de ses divisions quant à la qualification
des faits la plonge malheureusement dans une incapacité de trouver des
bonnes mesures et des sanctions dissuasives à tous les fauteurs de
troubles.
Bref, la communauté internationale peut et sait
comment arrêter l'hémorragie à l'instant, par une simple
résolution du Conseil de sécurité, il suffit que l'ordre
soit donné aux 17. 000 soldats de la mission onusienne de remplir leur
mission de garantir la paix et la dignité des Congolais, en utilisant la
force. Il faudrait en outre analyser et comprendre les vraies raisons des
différentes incursions de ces pays voisins en RDC afin de trouver des
mesures efficaces et réalistes de résolution de conflits
armés au niveau régional.
2. Le génocide méconnu
congolais
Depuis qu'elle a débuté en RDC en 1998, la
guerre a causé la mort de plus de 5 millions de personnes (nombre de
victimes trois fois plus que le génocide rwandais). La majorité
de ces morts (80-90%) résulte de maladies de malnutrition, dont la cause
est imputée aux carences des services de santé et de
l'agriculture, et au déplacement des réfugiés. Le Rapport
2004 de l'IRC109(*)
estime en fait ce nombre des morts entre 4,4 millions et 5 millions, un
écart des imprécisions du modèle de simulation
utilisé.
Outre cela, la situation humanitaire et le niveau
constamment élevé des violences et des violations des droits de
l'homme commises à l'encontre des civils, en particulier les
attaques dirigées contre la population civile, les violences sexuelles
et sexistes généralisées, le recrutement et l'emploi
d'enfants par les parties au conflit, les déplacements forcés de
nombreux civils, les exécutions extrajudiciaires et les arrestations
arbitraires, sont autant de raisons qui nécessitent des nouvelles
orientations afin de mettre fin à ce génocide
négligé et méconnu.
Face à ce drame, la communauté
internationale est pour l'instant bien silencieuse. Ça va bientôt
faire vingt ans... Nous nous demandons à cet effet, combien de nombre de
morts avons-nous besoin pour pouvoir agir ? Les seules actions
concrètes sont l'envoi d'humanitaires (Médecins sans
frontières, La Croix-Rouge, Handicap International...) dès les
premières années de conflit dans l'est du Congo. Goma est devenue
un nid d'organisations humanitaires et est peut-être le deuxième
employeur de la ville après l'Etat. Néanmoins, leur action
concrètement constatable sur le terrain semble limitée.
Sur ce, bien qu'elle ne l'a pas reconnu et ne veut
toujours pas le reconnaitre, la communauté internationale doit du moins
prendre des mesures appropriées pour stopper ce génocide qui est
encours et qui a déjà causé la mort à plus de 5
millions des congolais. Ainsi, dans la redéfinition du mandat de la
MONUSCO, il faudrait prendre en compte la question de la population civile
victime des atrocités. La nécessité des mesures efficaces
et répressives dans la protection des civils parait, de ce fait, une
urgence conformément aux prescrits des principes de
responsabilité de protéger.
§2. La MONUSCO comme une
véritable force d'imposition de la paix en RDC
Avant tout force est de reconnaitre que l'ONU n'a pas les
capacités d'imposer la paix par la force. Ce n'est pas un gouvernement
mondial. Elle ne dispose ni d'une armée permanente ni de matériel
militaire. Ce n'est pas non plus une force internationale de police.
L'efficacité de l'ONU dépend de la volonté politique de
ses Etats membres110(*).
Elle est forte lorsque ses Etats membres ayant les capacités requises
lui donnent les moyens dont elle a besoin.
Toutefois, cela est plus facile à dire qu'à
faire, car les Etats membres qui disposent de troupes aussi compétentes
sont souvent peu désireux ou dans l'impossibilité de les mettre
au service du maintien de la paix. La volonté politique, telle qu'elle
est exprimée dans les instances internationales, ne suffit pas : les
enjeux principaux sont sur le terrain ; c'est là que l'on réussit
ou que l'on échoue, et c'est donc là qu'il faut
s'imposer111(*). Dans ce
cas, quelques orientations sont proposées afin de faire de cette mission
un véritable pourvoyeur de la paix en RDC.
1. Le mandat d'imposition de la
paix : priorité et opportunité
Nous reconnaissons qu'au cours de leurs évolutions,
les mandats de la MONUC puis de la MONUSCO ont été fondés
sur le chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Comme on l'a
souligné, il ressort de la pratique de ces dix dernières
années que, parfois, cette référence au chapitre VII n'est
pas suffisante, car elle ne concerne que quelques tâches confiées
aux opérations. D'où la nécessité de le
reconfigurer globalement.
L'imposition de la paix comprend l'application, avec
l'autorisation du Conseil de sécurité, de mesures coercitives, y
compris l'usage de la force militaire, pour maintenir ou rétablir la
paix dans des situations où il a déterminé l'existence
d'une menace contre la paix, une rupture de la paix ou un acte
d'agression112(*).
Dans le cas d'espèce, au regard de tous les faits
que nous venons de relever précédemment notamment le
caractère récurrent de l'insécurité dans l'est de
la RDC, l'implication des autres Etats dans ces conflits ainsi que l'attitude
passive de la MONUSCO vis-à-vis de cette situation, il s'avère
nécessaire que le mandat actuel de la MONUSCO soit complètement
modifié et adapté aux réalités du terrain. La
situation sécuritaire actuelle en République Démocratique
du Congo nécessite une réforme globale et urgente de politiques
et de mandat de cette force. Pour sauver sa crédibilité et se
racheter face aux différentes critiques qui lui sont adressées,
la MONUSCO ne doit pas continuer à demeurer une force de maintien de la
paix. Le Conseil de Sécurité devrait par conséquent revoir
le mandat de cette force pour qu'elle devienne une véritable force
d'imposition de la paix dotée de tous les moyens possibles pour mettre
finalement en terme ces conflits armés.
Seule une démarche offensive de la MONUSCO contre
les groupes armés et particulièrement le M23 et le FDLR peut
permettre, à court terme, au gouvernement congolais de contrôler
l'Est de son territoire et de protéger efficacement la
population.
On ne maintien la paix que lorsqu' elle est effective ou
précaire, mais si c'est le contraire, on la recherche par tous les
moyens y compris par la force. Il ne servira à rien que la MONUSCO ne
soit qu'une opération de maintien de la paix alors que cette paix, en
réalité, n'est que fictive au Congo. Tous les rapports des
experts ainsi que d'autres sources crédibles reconnaissent que la
situation sécuritaire dans la partie orientale de la RDC est
catastrophique. Non seulement l'intégrité territoriale de la RDC
est menacée, mais également la stabilité de toute la
Région des Grands Lacs. Dans ce cas, laisser le mandat de la MONUSCO tel
qu'il est aujourd'hui, prouvera alors l'implication et la complicité de
la communauté internationale dans la déstabilisation de la RDC.
Cette situation va également confirmer certaines analyses qui
soutiennent que les modes de gestion des conflits tels qu'exercés par
l'ONU semblent être dépassés par des nouvelles formes de
conflit échappant aux modes de gestion classiques. D'où, il faut
une certaine adaptation par rapport au contexte sécuritaire,
géopolitique et spécifique de chaque pays.
Ce mandat doit donner à la mission le pouvoir et
les moyens nécessaires de s'attaquer militairement à tous les
différents groupes armés éparpillés dans la
région. Quoi qu'on fasse, la présence de ces groupes armés
va toujours continuer à saper toutes les initiatives de pacification
engagées. Continuer à maintenir la paix entre les groupes
armés et les forces gouvernementales ne suffit pas et surtout
crée toujours le statu quo.
Par ailleurs, pour résoudre cette crise, la
communauté internationale à travers l'Accord-cadre du 24
février 2013 et la Résolution 2098 demande au gouvernement entre
autre de dialoguer avec les rebelles du M23. De notre part nous
considérons que ceci ne constitue pas la vraie solution car elle ne
touche pas le fond du problème. Premièrement, cela parait
insuffisant car le M23 n'est pas le seul groupe qui opère à l'Est
de la RDC. S'il faut organiser les pourparlers, il fallait alors le faire comme
le fut dans les négociations de Sun City où tous les groupes
armés étaient invités sur la table de négociation.
Là encore, une question cruciale n'est pas traitée, la question
des groupes armés étrangers. Il faudrait alors exiger à
tous les Etats de la région de négocier individuellement avec les
différents groupes armés qui les attaquent. Il faudrait par
exemple demander au Rwanda de dialoguer avec les FDLR ou l'Ouganda avec la LRA,
ce qui apparait impossible pour le moment et donc irréaliste.
Cela n'est pas également une mesure efficace car
elle est à la base de l'impunité des rebelles criminels qui,
après les négociations, sont souvent amnistiés et promis
dans des postes clés du gouvernement ou de l'armée au nom de la
réconciliation nationale. Cette politique est à la base de la
prolifération de plusieurs rébellions à travers la
région. Faute de sanctions dissuasives, les rebelles trouvent, à
travers leurs crimes et leur lutte armée, un moyen facile et rapide pour
accéder au pouvoir ou pour détenir des postes clés dans
l'armée. Dans son rapport spécial au Conseil de
Sécurité du 27 février 2013, le Secrétaire
général de l'ONU reconnait à cet effet que (...) la
crise provoquée dans l'est du pays par le Mouvement du 23 mars
met en évidence la fragilité persistante de la situation qui
règne dans l'Est du pays et les similitudes qui existent entre cette
crise et celles qui l'ont précédée, elles aussi
déclenchées par des rébellions, et montre que les causes
profondes de l'instabilité qui persiste dans l'est n'ont pas encore
été correctement traitées.
Après la détermination d'options, il nous a
semblé essentiel d'en faire une analyse appropriée afin de savoir
la teneur du risque pour chacune des options choisies. Une approche couramment
utilisée consiste à évaluer la probabilité de
chaque option de basculer la crise vers une pire situation et l'impact que cela
pourrait avoir sur la société113(*).
Certes, pour éviter les effets collatéraux
dus au recours à la force comme mode de gestion de conflits, il est
toujours envisagé qu'on recourt à des voies politiques. Mais,
dans le cadre des conflits armés de la RDC, la voie politique ne suffit
pas et dévient inefficace. Ces groupes armés qui opèrent
à l'est ne sont motivés que par l'exploitation et la
commercialisation des matières premières. Ils n'ont pas des
objectifs et des ambitions politiques claires et leurs luttes armées ne
sont fondées sur aucune idéologie. Ainsi, comme le dit le
Professeur BIYOYA114(*),
ils font des « guerres qui ne finissent pas mais qui se fatiguent,
des guerres qui s'autofinancent ». La seule voie d'en finir avec
cette situation est la force. Cette force doit être
dissuasive et permanente afin d'éviter toute éventualité.
Après la déstabilisation de ces groupes armés et la mise
en place des bons mécanismes de contrôle de production et de
commercialisation des substances minérales exploitées au Congo,
on peut ainsi procéder au processus de DDR de quelques groupes
ciblés. En neutralisant des forces négatives, l'ONU doit
nécessairement préparer sa relève en réformant et
en professionnalisant l'armée nationale de la RDC.
2. La réforme du secteur de
sécurité comme condition nécessaire et urgente pour la
stabilisation de la RDC
Dans leurs discours et déclarations, les
autorités de la RDC n'ont cessé de reconnaitre et souligner que
la réforme de l'armée est une des priorités du
Gouvernement. Ce n'est pas pour la première fois que cette
recommandation soit faite au gouvernement congolais et à la
Communauté internationale. Les autorités congolaises ainsi que
d'autres partenaires internationaux en ont compris et se sont impliqués,
seul le manque de volonté d'accélérer et de conduire
jusqu'au bout ces reformes empêche malheureusement l'accomplissement de
ces reformes.
Ceci étant, notre constat par rapport à tous
ces plans de réforme prouve une certaine ambigüité de la
volonté des autorités congolaises. La situation sociale et
professionnelle actuelle des FARDC reste très alarmante et n'incite pas
la jeunesse congolaise à aller s'enrôler pour défendre la
patrie.
L'échec de la mise en oeuvre de la réforme
du secteur de la sécurité (RSS) est imputable à un manque
de volonté politique aux échelons les plus élevés
du gouvernement congolais. Au lieu de présenter une vision de la
sécurité congolaise et de mobiliser les ressources
nécessaires pour la concrétiser, le gouvernement a
encouragé l'établissement de divisions au sein de la
communauté internationale et permis à des réseaux
corrompus actifs, présents au coeur même des services de
sécurité, de prospérer en dérobant les ressources
censées couvrir les salaires de base ou en profitant de l'exploitation
des ressources naturelles115(*).
Nous estimons à cet effet que la restauration des
services publics, l'intégration politique et la réforme de
l'armée ne nécessitent ni un nouveau plan ni un nouvel engagement
rhétorique des autorités congolaises, seule la volonté
ferme de mise en oeuvre de tous ces plans suffit pour la consolidation de la
paix en RDC.
En dépit de tout cela, il convient de rappeler aux
autorités congolaises que l'armée reste le domaine très
sensible dans la préservation de la souveraineté de l'Etat. Un
accent particulier doit être mis sur ce domaine. La situation des FARDC
ne correspond pas aux enjeux et à la place du Congo en Afrique du
XXIème siècle. La reforme de l'armée doit effectivement
être une priorité du gouvernement.
Au lieu de multinationaliser le domaine appartenant
à la souveraineté exclusive de l'Etat, les autorités
congolaises doivent être interpellées pour reprendre en main la
gestion de la sécurité nationale. Souvent infiltrée par
des alliances régionales ou internationales, également par le
processus de mixage et de brassage, l'armée congolaise continue toujours
à s'affaiblir et subir des déceptions tant que les bonnes
politiques ne sont pas initiées. Partisan de la théorie de la
déconnection de SAMIR AMIN, nous prônons la nationalisation des
questions sécuritaires du Congo. Rendre la question de la
sécurité nationale à la portée de toute la
communauté internationale (y compris des ennemis de la
République) constitue un facteur de l'affaiblissement de notre
armée et par ricochet de notre pays. Nous considérons l'aide
internationale comme un appui, mais non comme une condition sine qua non de la
pacification de la RDC. Avec un optimisme pur, nous estimons que les FARDC
sont capables de sécuriser seules le territoire national, il suffit que
les moyens leur soient donnés et leurs conditions sociales soient
améliorées. Cela signifie :
- payer normalement les militaires, les déployer
là où cela est possible,
- contrôler leurs pratiques et les sanctionner si
nécessaire en appliquant au plus vite la loi organique votée en
2011,
- rajeunir et bien équiper l'armée,
- rendre l'armée un domaine des intellectuels.
C'est-à-dire redéfinir les critères de recrutement et de
la promotion en grade dans l'armée qui doivent faire de l'armée
congolaise une armée professionnelle et qualitative. Actuellement,
l'effectif ou la supériorité numérique de l'armée
face aux ennemis ne suffit pas et prouve ses faiblesses116(*). Il faut à cet effet
faire des FARDC une armée composée des hommes et des femmes
intellectuels (pas des anciens criminels ou délinquants), responsables,
patriotes, apolitiques et soucieux de défendre l'intégrité
du territoire partout elle est menacée.
Section 2. Les principales
recommandations pour la relance de l'activisme de la Mission de l'ONU et pour
la stabilisation de la RDC
Nous admettons avec Clausewitz que l'issue de toute guerre
est imprévisible, car aucune planification rationnelle des
opérations militaires ne peut prévoir tous les obstacles qui sont
susceptibles d'entraver ou de faire échouer le déroulement de ces
opérations. Néanmoins, nous comptons, à travers nos
analyses prospectives et au regard des données historiques, politiques,
sécuritaires, économiques et diplomatiques en notre possession,
donner un certain nombre d'orientations pouvant mettre définitivement
fin à ce conflit.
La section précédente a proposé
quelques mesures de pacification adaptées au contexte
géopolitique de la région des Grands Lacs. Celle-ci propose
également un certain nombre de préalables pour finir
définitivement avec la guerre en RDC. Elle constitue en quelque sorte
une voie de sortie des crises récurrentes en RDC. Force est de
reconnaitre que les conclusions qui découlent des éléments
ci-dessous pour la pacification de la RDC ne sont pas novatrices117(*), mais elles rappellent
quelques principes que le gouvernement congolais qui a la
responsabilité principale de la sécurité du territoire
national, puis la communauté internationale particulièrement au
Conseil de sécurité ainsi qu'à d'autres partenaires
internationaux ont parfois tendance à oublier.
§1. Au gouvernement
congolais
Dans toutes ses résolutions concernant la situation
en République Démocratique du Congo, le Conseil de
Sécurité de l'ONU n'a cessé de rappeler et de
souligner que le Gouvernement de la République
démocratique du Congo est responsable au premier chef de la
sécurité, de la protection des civils, de la
réconciliation nationale, de la consolidation de la paix et du
développement dans le pays. En sa qualité de
régulateur des tensions sociales, l'Etat doit veiller à la
sécurité des institutions politiques, administratives,
économiques et socioculturelles, des biens, et de tous les piliers de la
société, ce qui fait partie de ses missions régaliennes.
Pour nous c'est une interpellation et une responsabilisation du gouvernement.
La matérialisation de cette interpellation ne peut se faire que, selon
nous, par deux moyens : d'abord par la force avec une armée
professionnelle et ensuite par les procédés politiques notamment
la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance.
1. La primauté de la voie
militaire dans la résolution des conflits armés comme moyen de
prévention et de dissuasion de toute éventualité en
RDC
« Qui veut la paix, prépare la
guerre ». Ce dit-on doit en tout cas demeurer inoubliable dans la
mémoire et dans toutes les politiques de nos dirigeants. D'autant plus
que dans la conception réaliste des relations internationales, il est
reconnu que les rapports entre les Etats sont nécessairement
caractérisés par la rivalité ou la compétition,
d'une part, parce que chaque Etat vise naturellement et constamment à
défendre et à accroître sa puissance politique et
militaire; d'autre part, parce que la puissance est inégalement
répartie au sein de la société internationale; enfin parce
qu' il est impensable que les Etats acceptent de se soumettre à une
autorité centrale qui les obligeraient à coopérer entre
eux.
Les Etats sont animés d'une volonté de
puissance ou de conquête qui les incite à rivaliser constamment
entre eux. Dans la mesure où les Etats sont inégaux, certains
étant avantagés par la distribution naturelle inégale des
ressources géographiques, économiques, démographiques et
autres et/ou plus aptes à utiliser efficacement la force (militaire) et
la ruse (diplomatique), cette rivalité conduit à la domination
des plus faibles par les plus forts.
Selon cette approche, la guerre a pour principale
cause une rupture de l'équilibre entre puissances ou une mauvaise
appréhension des forces en présence118(*). Pour y parvenir, le Congo
doit disposer d'une armée forte, compétente et dissuasive qui
doit faire face à toute menace ou attaque venant de l'intérieur
ou de l'extérieur du pays. La présence d'un secteur de la
sécurité efficace, organisé, doté de ressources
adéquates, formé et soumis à des contrôles
réduira toutes les incursions et les invasions étrangères
en RDC mais aussi la prolifération des groupes armés à
travers le territoire national. La seule voie de la rendre performante est de
la réformer selon les enjeux géostratégiques de la
région et conformément aux intérêts de la
République. Les autorités congolaises doivent enfin savoir que la
solution de la crise qui frappe leur pays se trouve avant tout et
principalement entre leurs mains. C'est à eux de prendre leurs
responsabilités, car si elles ne sont pas capables de s'assumer, de
diriger leur destin, personne d'autre ne fera à leur place. Nous
prônons à cet effet la « congolisation119(*) » de la
sécurité et de la paix de la RDC. La paix du Congo ne s'obtiendra
ni à Kampala120(*), ni à Addis-Abeba121(*), non plus à New
York122(*), mais
à Kinshasa. Nous admettons que toutes les initiatives régionales
et/ ou internationales pour résolution de la crise du Congo sont des
contributions substantielles, mais la vraie solution est et doit être
congolaise.
2. Autres préalables pour la
pacification et la stabilisation de la RDC
Au cours de deux dernières décennies, la RDC
est le théâtre de deux types des conflits : politiques et
armés. Commençons d'abord par les conflits politiques qui, selon
Canivez, ont trois caractéristiques: ils opposent des groupes au sens le
plus large mais pas des individus, impliquent les institutions étatiques
et demandent une solution « politique », c'est-à-dire une
solution obtenue par la discussion par opposition à l'usage de la
force123(*). Quant aux
conflits armés, on distingue plusieurs formes en droit international
humanitaire. Il y distingue le conflit armé international qui oppose
deux États ou plus et le conflit armé non international qui
oppose les forces gouvernementales à des groupes armés non
gouvernementaux ou des groupes armés entre eux.
Ainsi, si la voie militaire nous a paru nécessaire
pour résoudre et éviter tous les conflits armés, il semble
que cela nécessite également la combinaison de plusieurs autres
facteurs pour aboutir à la pérennisation de la paix en RDC. Au
nombre d'actions à entreprendre pour mettre définitivement fin
à ces conflits armés qui perdurent depuis les décennies,
il faudrait que les autorités de Kinshasa puissent :
v Encourager l'arrêt de l'exploitation illicite des
ressources du Congo. Il faudra donc mettre tout en oeuvre pour fermer cette
source de revenus qui permet aux uns et aux autres de financer leurs
opérations de conquête de pouvoir ou d'entretenir un conflit
générateur d'une anarchie qui leur permet de mieux se servir en
assurant la traçabilité au sein de la chaîne
d'approvisionnement. Nous suggérons à cet égard
l'appropriation et l'application des mécanismes de suivi et de
certification des substances minérales initiés par la CIRGL.
v instaurer un État de droit, encadrer toute
tentative de dérive dictatoriale, garantir la bonne gouvernance, lutter
contre l'impunité, assurer l'alternance démocratique; et assurer
le fonctionnement harmonieux des institutions de l'État124(*). Il est de
notoriété publique que la plupart de ces conflits ont un
soubassement commun, le mécontentement, la discrimination de certains
groupes sociaux qui trouvent la lutte armée comme le moyen d'expression
de leurs revendications qui n'ont jamais été
écoutées par des voies démocratiques. Il faudrait de ce
fait éviter toutes les pratiques et politiques autoritaires qui
déçoivent et discriminent certains groupes sociaux (partis
politiques surtout de l'opposition) ainsi que certains groupes ethniques en
raison de leur appartenance politique. Il convient également de
poursuivre les auteurs de crimes de guerre, d'appliquer les réformes de
gouvernance définies depuis longtemps, d'ouvrir l'espace politique aux
acteurs légitimes. Le gouvernement congolais est par conséquent
invité à respecter tous les engagements pris au titre de
l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération
en République démocratique du Congo et dans la
région.
v Lutter contre toutes les antivaleurs qui minent le
développement du Congo notamment la corruption, le détournement
des derniers publics, l'impunité, le tribalisme qui tue le patriotisme,
le favoritisme, la politisation de l'armée et de l'administration
publique, les injustices, etc.
v Développer une politique étrangère
intelligente qui va régir les relations de la RDC avec ses voisins
(surtout ceux de l'Est). Ici nous suggérons une coopération
mutuellement avantageuse et nous sommes hostile à toute hypothèse
soutenant la gestion commune des ressources transfrontalières.
L'intégration économique est la bonne voie pour éviter
toutes les confrontations, mais elle doit être étudiée pour
éviter qu'elle ne soit pas en défaveur du Congo.
§2. A l'ONU plus
particulièrement au Conseil de Sécurité
La situation actuelle des conflits armés en RDC
présente une certaine particularité et une gravité qui, si
les bonnes mesures ne sont pas prises, risque de dégénérer
à un chaos. Certes, nous prônons la
« congolisation » de la sécurité et de la
paix du Congo, mais il est reconnu qu'un seul pays ne peut évidemment
pas supporter le coût de la guerre de façon significative, et cet
effort doit donc être internationalement concerté. Ainsi, les
Etats qui siègent au Conseil de sécurité ont donc la
responsabilité de prendre ces dangers au sérieux,
d'empêcher toute paralysie et de ne pas concocter la recette d'un
échec connu d'avance. La réponse est entre leurs mains et
relève de la volonté politique. L'ONU est forte lorsque ses Etats
membres ayant les capacités requises lui donnent les moyens dont elle a
besoin. Quand le Conseil de sécurité se rassemble, quand la
communauté internationale surmonte ses divisions, et aussi parfois son
indifférence, l'ONU est bien placée pour faire respecter la
volonté commune sur la base d'un mandat clair et réaliste et avec
les ressources adéquates125(*).
Tout au long de ce travail, par nos critiques, nous avons
déjà suggéré quelques actions à mener par la
communauté internationale pour bien gérer cette situation et
enfin trouver une solution définitive du conflit. Ici, nous ne cesserons
toujours pas à leur demander de prendre toutes les mesures pour
renforcer le mandat ainsi que le moyen de la MONUSCO, d'accompagner et de
suivre l'exécution de l'Accord-cadre pour la paix, la
sécurité et la coopération en République
démocratique du Congo et dans la région.
1. Nécessité d'un mandat
clair, efficace et réaliste de la MONUSCO
Comme il a été noté dans le rapport
BRAHIMI, le Conseil de sécurité devrait, dans ses
résolutions, doter des moyens nécessaires les opérations
qui sont déployées dans des situations potentiellement
dangereuses telles que celles de la RDC, et prévoir notamment
une chaîne de commandement bien définie et présentant un
front uni.
La situation humanitaire et sécuritaire actuelle du
Congo démontre l'incohérence du mandat de la MONUSCO à la
situation locale qui, dans certaines zones de conflit des centaines de
milliers de civils exposés aux risques de violences et les forces
déployées ne suffisent pas à protéger ne serait-ce
qu'une petite partie d'entre eux, même si elle en recevait l'ordre. A
titre d'exemple, il faut 20 à 25 soldats pour protéger 1000
personnes, alors que les deux provinces du Kivu comptent à elles seules
plus de 10 millions d'habitants. En promettant d'assurer une telle protection,
les Nations Unies suscitent de grands espoirs, qui risquent d'être
invariablement déçus étant donné le grand
décalage qui peut exister entre l'objectif poursuivi et les ressources
disponibles pour l'atteindre. Si une opération a pour mandat de
protéger des civils, elle doit nécessairement être
dotée des ressources dont elle a besoin pour s'acquitter de cette partie
de sa mission126(*).
Ceci étant, il faudrait que le mandat de la MONUSCO
soit réaliste. Comme nous l'avons dit et nous l'insistons encore, le
Conseil de Sécurité doit d'abord doter à la MONUSCO d'un
mandat offensif c'est-à-dire un mandat qui fait de cette mission une
opération d'imposition de la paix avec comme mission principale la
neutralisation de toutes les forces négatives installées à
l'Est de la RDC y compris le M23 et la reforme du service de
sécurité. Ensuite viendra la phase de stabilisation avec tous les
autres programmes y relatifs. Pour le moment, d'autres activités de
consolidation de la paix (assistance électorale, etc.) peuvent
être confiées aux agences du système des Nations Unies ou
à l'équipe pays des Nations Unies en RDC.
2. Accompagnement et suivi de
l'exécution de l'Accord-cadre du 24. Février 2013 comme facteur
de préservation de la paix dans la région
Bien que la solution aux conflits armés en RDC est
d'abord endogène, il est toute fois important de reconnaitre les
implications des autres pays de la région dans ces conflits. D'où
l'idée de la régionalisation de résolution.
Consciente de cette situation, la Communauté
internationale a entre autre facilité la signature de l'Accord-cadre
pour la paix, la sécurité et la coopération en
République démocratique du Congo et dans la région ;
accord signé à Addis-Abeba le 24 février 2013. Au terme de
cet accord, les Etats de la région ont pris l'engagement
de :
Ø Ne pas s'ingérer dans les affaires
intérieures des autres Etats voisins ;
Ø Ne pas tolérer, ni fournir une assistance
ou un soutien quelconque à des groupes armés ;
Ø Respecter la souveraineté et
l'intégrité territoriale des Etats voisins ;
Ø Renforcer la coopération régionale,
y compris à travers l'approfondissement de l'intégrité
économique avec une attention particulière accordée
à la question de l'exploitation des ressources naturelles ;
Ø Respecter les préoccupations et
intérêts légitimes des Etats voisins, en particulier au
sujet des sujets de sécurité ;
Ø Ne pas héberger ni fournir une protection
de quelque nature que ce soit aux personnes accusées de crimes de
guerre, de crimes contre l'humanité, d'actes de génocide ou de
crimes d'agression, ou aux personnes sous le régime de sanctions des
Nations unies ;
Ø Faciliter l'administration de la justice,
grâce la coopération judiciaire dans la région.
Sur ce, la communauté internationale notamment le
Conseil de sécurité a été chargé d'assurer
l'accompagnement et le suivi d'application de cet accord. Nous lui demandons
ainsi de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter tout
dérapage. Connaissant l'attitude et les velléités de
chaque Etat de la région, le Conseil de sécurité doit
éviter de parrainer certains régimes qui sont à la base
de la déstabilisation de la région.
En cas de violation de ces accords par un des Etats
signataires, nous recommandons l'utilisation du chapitre VII de la Charte en
vue de remédier à la situation. Il faudrait à cet effet
rendre les décisions du Conseil très contraignantes et
très dissuasives à l'encontre des Etats allant à
l'encontre des dispositions de la charte. Nous demandons enfin que l'agression
de la RDC ainsi que le génocide congolais soient juridiquement reconnus
afin que les coupables et leurs complices répondent de leurs actes et
soient sanctionnés conformément au droit international.
CONCLUSION
Loin de nous la prétention de conclure une
thématique comme celle de la paix dans le monde et plus
particulièrement en Afrique post-guerre froide. Dans cet exercice
scientifique, à la suite de nos prédécesseurs, nous
n'avons que fait notre observation et ouvert cette question aux débats,
aux critiques et aux apports d'autres chercheurs.
Ce mémoire a analysé les différents
mandats des forces onusiennes en RDC face à la réalité
locale afin de déterminer les avancées et les limites de l'ONU
dans la gestion des conflits armés en Afrique post-guerre froide. Tout
au long de nos investigations, nous avons été animé par le
souci de démontrer à travers les faits concrets les
mérites et les failles de cette mission par rapport aux
réalités du Congo.
Pour y parvenir, nous avons recouru à deux
méthodes. Premièrement nous avons fait recours à la
méthode juridique ou exégétique pour l'analyse de tous les
textes internationaux relatifs à notre thème de recherche. Outre
cette méthode, la méthode dialectique a été
également utile pour comprendre la nature changeante des conflits
armés en RDC et ainsi que des acteurs qui y interviennent. La
méthode systémique nous a également aidé à
comprendre les interactions entre l'ONU (considérée comme
système), les conflits armés en RDC (les inputs) qui entrent dans
la boite de conversion (Conseil de sécurité) qui produit à
son tour les résolutions (les outputs) et celles-ci influencent la boite
de conversion ou les inputs ; c'est le feedback.
Outre l'introduction et la conclusion
générales, ce travail était structuré autour de
trois principaux chapitres. Au premier chapitre, il était question de
la présentation de toutes les généralités sur les
opérations de maintien de la paix de l'ONU. Ce chapitre a
présenté l'historique, le cadre normatif, les fonctions, les
sources de financement, les rôles ainsi que les principes de base des
OMP.
Au deuxième chapitre nous avons fait une analyse
critique des différents mandants des forces de l'ONU face à
l'interminable crise du Congo. Nous avons également
présenté quelques facteurs de l'inefficacité des
interventions des forces onusiennes en RDC.
Au dernier chapitre, nous avons présenté
des nouvelles orientations adaptées aux réalités
géopolitiques du Congo pour non seulement la restauration et la
stabilisation de la paix en RDC mais également pour la réussite
des OMP en Afrique post guerre froide.
Que pouvons-nous finalement conclure pour les mandats des
forces onusiennes face aux réalités congolaises et quel
rôle doit jouer l'ONU dans la résolution de la crise
actuelle ?
En effet, depuis la conclusion de l'Accord de Lusaka, plus
de trente-deux résolutions ont été adoptées
concernant la RDC par le Conseil de sécurité. L'une des
leçons à tirer de ce constat c'est l'attention
particulière qu'accorde cet organe important des Nations unies au
processus de paix dans ce pays. L'autre leçon c'est que la plupart de
ces résolutions sont des recommandations ; parfois, ce sont des
recommandations- décisions. Autrement dit, la politique du Conseil n'est
pas d'imposer un processus de paix aux principales parties au conflit, mais de
les laisser maîtresses de celui- ci en se contentant de les aider
seulement à faire aboutir leurs efforts collectifs de paix. La
persistance et l'intensification des conflits dans la partie orientale du Congo
fait, malheureusement, perdre à l'ONU toute sa
crédibilité. D'où la nécessité de
redéfinition des stratégies et des orientations.
Le plus grand problème des mandats de cette mission
est que de fois, ils sont écartés des réalités
locales du Congo. Or, en réalité la sécurité n'est
pas une notion abstraite : elle n'est pas réductible à des
simples déclarations, elle se construit. Elle est fondée sur la
confiance et se redéfinit tout le temps, en fonction des exigences
sociales, institutionnelles ou diplomatiques. La conception onusienne de cette
notion doit évoluer. Comme il a été noté dans le
rapport BRAHIMI, le Conseil de sécurité doit donc
spécifier, dans le mandat de cette opération, si elle est
autorisée à employer la force, auquel cas elle devrait être
dotée d'effectifs plus nombreux et mieux équipés. Elle
serait certes plus coûteuse mais constituerait une menace plus
crédible, et donc plus dissuasive, que la présence symbolique et
non menaçante qui caractérise les opérations de maintien
de la paix classiques. Dans le cas des opérations complexes, comme
le cas de la MONUSCO, la taille de la force et sa configuration ne
devraient laisser aucun doute dans l'esprit des fauteurs de troubles quant aux
intentions de l'Organisation. En outre, ces opérations devraient
être dotées de services de renseignements et d'autres moyens qui
leur permettraient d'organiser leur défense face à des
adversaires violents. »127(*)
Par ailleurs, l'inefficacité des interventions de
l'ONU en RDC s'est justifiée en grande partie par le fait que son
engagement est instrumentalisé par ses membres les plus puissants et la
complicité des Etats contributeurs des troupes qui, à
côté de l'objectif global de l'organisation, poursuivent leurs
propres intérêts dans les jeux où ils sont
impliqués. Face à cette situation nous disons avec GUERENO que
quand le Conseil de sécurité se rassemble, quand la
communauté internationale surmonte ses divisions, et aussi parfois son
indifférence, l'ONU est bien placée pour faire respecter la
volonté commune sur la base d'un mandat clair et réaliste et avec
les ressources adéquates. Les grandes puissances doivent par
conséquent prendre au sérieux la situation de la
République démocratique. Nous avons proposé à cet
effet la requalification totale du mandat actuel de la MONUSCO dans le seul but
de lui permettre de combattre et neutraliser tous les groupes armés
installés à l'Est de la RDC. Un mandat offensif, avec des moyens
adéquats, objectifs réalistes et avec comme priorité la
réforme du secteur de sécurité est à cet effet
nécessaire.
Autrefois considéré comme un espace
paisible, géant aux pieds d'argiles, le Congo, avec ses immenses
ressources, continuera de susciter la convoitise de ses voisins tant qu'il ne
sera pas en droit de défendre l'intégrité de son
territoire. Par conséquent, les autorités congolaises doivent
enfin savoir que la solution de la crise qui frappe leur pays se trouve avant
tout et principalement entre leurs mains. C'est à eux de prendre leurs
responsabilités, car si elles ne sont pas capables de s'assumer, de
diriger leur destin, personne d'autre ne fera à leur place. Nous avons
à cet effet proposé la « congolisation128(*) » de la
sécurité et de la paix de la RDC. La paix du Congo ne s'obtiendra
ni à Kampala, ni à Addis-Abeba, non plus à New York, mais
à Kinshasa. Nous admettons que toutes les initiatives régionales
et/ ou internationales pour résolution de la crise du Congo sont des
contributions substantielles, mais la vraie solution est et doit être
congolaise.
En dépit de ces problèmes, j'ai un
rêve, un rêve optimiste d'être acteur et témoin
oculaire de la pacification et de l'émergence de ce grand pays au coeur
de l'Afrique et au centre des grands enjeux internationaux.
BIBLIOGRAPHIE
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http://www.ingeta.com/quand-le-manque-de-volonte-politique-rend-la-reforme-de-larmee-congolaise-quasi-impossible/
4.
http://www.jeanmarcmorandini.com/article-297918-republique-democratique-du-congo-jacques-chirac-et-valerie-trierweiler-appellent-l-onu-a-remplir-son-mandat.html
5.
http://www.onewovision.com/actu-rdc/Une-premiere-mondiale-Enfin-une-brigade-d-intervention-voit-le-jour,006b1471125594596113241
6.
http://www.un.org/fr/peacekeeping/operations/early.shtml
7.
www.politiqueafricaine. com/numeros/pdf/068032.pdf
ANNEXE:
TABLEAU DE L'EVOLUTION CHRONOLOGIQUE DES MANDATS DE
LA MONUC/ MONUSCO DE 1999 à 2013
129(*)
Date
|
Résolution
|
Effectif autorisé
|
Evénements importants
|
Sécurité et protection des
civils
|
Appui à la gouvernance Consolidation des
institutions
|
Appui au développement
économique
|
6 août 1999
5 nov. 1999
|
1258
1273
|
90 militaires
|
Accord de Lusaka (10/7/99).
|
Préparation de la mission
|
|
|
30 nov. 1999
|
1279
|
500 observateurs militaires
|
Création de la MONUC.
|
Observation du cessez-le-feu et du désengagement des
forces.
|
|
|
24 fév. 2000
|
1291
|
5.537 militaires dont 500 observateurs militaires
|
Bataille de Kisangani (mai-juin 2000, la MONUC n'intervient
pas).
|
Observation du cessez-le feu et du retrait des forces
étrangères.
Faciliter l'aide humanitaire.
Protéger les civils se trouvant sous la menace
imminente de violences (Chapitre VII).
Appui au respect des droits de l'homme et protection des
enfants.
|
Plan d'action DDRR.
|
|
15 juin 2001
|
1355
|
Inchangé
|
Assassinat de L-D Kabila (16/1/01)
Retrait contingent namibien.
|
Création de composantes Civ. Pol.
Création capacité observation DH.
|
Assistance au DDRR volontaire.
Création de Radio Okapi.
|
Premier rapport du Groupe d'experts sur l'exploitation
illégale des ressources naturelles(12/4/2001).
|
9 nov. 2001
|
1376
|
Inchangé
|
Dialogue intercongolais.
|
Plan de retrait des forces ougandaises et
zimbabwéennes.
Déploiement Casques bleus à l'est.
Démilitarisation de Kisangani.
|
Assistance au DDRRR volontaire.
|
Appel à la tenue d'une conférence de paix dans
les pays des Grands Lacs
|
4 déc. 2002
|
1445
|
8.700 personnes
|
Accord de Luanda (6/9/02). Interdiction du FDLR
(24/9/02).
Accord de Pretoria (17/12/02).
Massacres de civils à Bunia par des milices
armées. Une nouvelle fois dans la région les forces de l'ONU ont
assisté sans réaction aux massacres, les 700 militaires
uruguayens de la mission restant cantonnés dans leur base. Il a fallu
l'envoi des forces spéciales françaises de l'opération
Artémis début juin pour rétablir le calme à
Bunia.
|
Retrait de 23.400 soldats rwandais.
Démarche sexospécifique.
|
Evaluation des besoins en formation de la police
nationale.
Renforcement du programme DDRRR
|
|
30 mai 2003
|
1484
|
Inchangé
|
|
Création d'une Force multinationale d'urgence en Ituri
(Artémis, 1850 h, 6/6-1/9/03).
|
|
|
28 juil. 2003
|
1493
|
10.800 personnes
|
Accord de Sun City (2/4/03).
Constitution de transition (4/4/03). Gouvernement
de transition (30/6/03).
Opération Artémis à Bunia (12/6 au
1/9/03).
|
Embargo sur les armes à destination de l'Est de la
RDC.
Autorisation d'utiliser tous les moyens nécessaires en
Ituri et au Kivu.
Retrait forces ougandaises (7/5/03).
4.700 Casques bleus forment désormais la brigade de
l'Ituri (1/9/03).
|
Assistance au rétablissement de l'Etat
de droit.
Appui à la préparation des
élections.
Assistance à la RSS.
Appui au DDR volontaire.
Appui à la formation de la police nationale
|
|
12 mars 2004
|
1533
|
Inchangé
|
Prise de Bukavu par le général Nkundabatware
(6/04, la MONUC n'intervient pas).
|
Acte d'engagement de Kinshasa (reddition de 6 groupes
armés d'Ituri, 14/5/04).
Création d'un Groupe d'experts sur les armes en
RDC.
Autorisation de saisir les armes et matériel connexe
en violation de l'embargo.
|
|
|
1er oct. 2004
|
1565
|
16.700 personnes dont 730 MilObs 341 CivPol
|
Création du Mécanisme conjoint de
vérification (MCV, 22/9/04). Accord de Kigali entre RDC, Rwanda et
Ouganda (26/10/2004)
|
Déploiement supplémentaire au Kivu.
Dissuader la violence.
Rappel du mandat de protéger les civils.
Contribuer à la sécurité des
personnalités de la Transition.
Améliorer la sécurité
humanitaire.
Appuyer la FARDC pour désarmer les combattants
étrangers.
|
Faciliter la lutte contre l'impunité.
Assister élaboration de la constitution et lois
essentielles.
Le RSSG coordonne l'ensemble du système des Nations
unies en RDC.
Assister RSS et DDR.
Formation et supervision de la police nationale
|
Premier Sommet de la Conférence internationale des
Grands Lacs (CIRGL, 19-20/11/04).
|
30 mars 2005
|
1592
|
Inchangé
|
12.000 miliciens désarmés en Ituri par des
actions « search and cordon ».
Scandale d'abus sexuels au sein de la MONUC
|
Elaboration concept conjoint d'opérations avec FARDC
pour désarmer les combattants
étrangers.
Utilisation de tactiques d'encerclement et de recherche pour
prévenir des attaques contre les civils.
|
|
|
18 avril 2005
|
1596
|
Inchangé
|
Création de l'EUSEC-RDC (8/6/05).
Création de EUPOL-Kinshasa (avr. 05-
juin 07).
|
Élargissement de l'embargo sur les armes à
l'ensemble de la RDC (sauf les FARDC).
Premier rapport du Groupe d'experts ONU sur les
armes.
Sanctions individuelles.
|
Assistance aux douanes de RDC.
|
|
6 sept. 2005
28 oct. 2005
7 avril 2006
22 déc. 2006
|
1621
1635
1669
1736
|
+ 841 militaires
+ 625 policiers
+300 militaires
+ 300 militaires
+ 50 MilObs
+ 1 hôpital mil.
+ 916 personnes
|
Deux prolongations successives de la
transition politique (jusqu'en déc. 05, puis juin
06).
|
Suite d'augmentations temporaires des effectifs militaires et
policiers jusqu'au 15 mai 2007.
Un bataillon d'infanterie supplémentaire au
Katanga.
Effectifs en provenance de l'ONUB.
|
|
|
21 déc. 2005
|
1649
|
Inchangé
|
Référendum sur la nouvelle Constitution
(18-19/12/05).
|
Dissuader toute tentative de recours à la force de la
part de tout groupe armé étranger ou congolais.
Extension des sanctions individuelles aux responsables des
groupes armés congolais et étrangers (avec
résol.1698).
|
Assister le gouvernement de transition à
rédiger une stratégie DDRRR.
|
|
25 avril 2006
|
1671
|
Inchangé
|
Elections présidentielles à 2 tours
(30/7
et 24/10/06).
Attaque du CNDP sur Saké et Bukavu
(nov. 2006).
Joseph Kabila investi président de la
République (6/12/06).
Pacte régional de sécurité et de
stabilité (CIRGL, Nairobi, 15/12/06).
Dissolution de la CONADER (14/7/06) et création de
l'Unité de gestion du PNDDR.
|
Autorisation de déploiement de l'EUFOR RD Congo (2000
hommes, avr.-nov. 2006).
|
|
Deuxième Sommet de la Conférence internationale
des Grands Lacs (CIRGL, 14-15/12/06).
|
15 mai 2007
|
1756
|
17.030 mil.
760 MilObs
750 CivPol
391 Formateurs
|
Antoine Gizenga nommé Premier ministre (5 fév
07-25 sept 08).
Affrontements violents à Kinshasa entre
miliciens de Bemba et garde présidentielle
(22-23/3/07).
Evacuation de J-P Bemba vers Lisbonne (11/4/07).
Création de EUPOL-RDC (juillet 2007).
Accord de Nairobi entre RDC et Rwanda (9/11/07).
|
Nouvel exposé complet du mandat.
Patrouilles conjointes avec unités anti-émeute
de la police nationale.
Augmentation de la capacité de
déminage.
Assurer formation de base au DIH pour FARDC.
|
Renforcement des institutions nationales, provinciales,
régionales et locales.
Favoriser la réconciliation nationale et le dialogue
politique.
Renforcer la capacité du système judiciaire et
pénitentiaire.
Promouvoir les enquêtes DH.
Appui à élaboration d'une stratégie
de
justice transitionnelle.
Assistance aux élections locales.
Contribuer au PNDDR.
Développer capacités de la police.
Aider à la planification de la RSS : Table ronde de
Kinshasa (25-26/2/08).
Environnement sûr et pacifié pour
élections locales.
|
|
31 mars 2008
|
1807
|
Inchangé
|
Acte d'engagement de Goma sur la cessation des
hostilités au Kivu (23/1/08).Lancement du programme Amani au Kivu
(3/4/08).
Révolte Bundu dia Kongo au Bas Congo (fév.
08).
Arrestation de J-P Bemba à la demande de la CPI
(24/5/08).
|
Nouvel exposé détaillé des mesures
d'embargo.
Mandat du Groupe d'expert sur les armes.
|
|
|
20 nov. 2008
|
1843
|
+ 2.785 mil.
+ 300 CivPol
|
Offensive FARDC contre CNDP (juil. 08).
Contre-offensive victorieuse du CNDP au Kivu
(oct.-déc. 08).
Adolphe Muzito nommé Premier ministre
(10/10/08).
|
Demande de reconfiguration de la structure de la
MONUC.
Demande de redéploiement des casques bleus.
|
|
|
22 déc. 2008
|
1856
|
19.815 pers.
Dont 760 MilObs
391 Formateurs
1050 CivPol
|
Operation conjointe FARDC-UPDF « Lightning Thunder
» (14/12/08).
Opération conjointe FARDC-RDF « Umoja Wetu »
(jan.-fév. 09).
Arrestation du général Laurent Nkunda.
Accord de paix CNDP-PARECO-MAI MAIGoRDC (23/3/09).
|
Priorité absolue à la protection des civils
contre les violences de toutes les parties au conflit.
Intégration accélérée CNDP dans
FARDC (jan.-avril 09).
Désarmement des groupes armés étrangers
et congolais.
Etablir des règles d'engagement robustes.
Rapports plus étroits avec la population
civile.
|
Appui aux processus de Goma et de
Nairobi.
Aide planification RSS.
Evaluation de l'appui au DDR et au
DDRRR.
Formation des FARDC.
Priorité au DDRRR du FDLR.
|
|
7 déc. 2009
|
1896
|
Inchangé
|
Kabila demande un plan de retrait progressif de la MONUC (fin
2009).
|
Opération FARDC-MONUC « Kimia II » contre
FDLR (juin 09).
Opération FARDC-MONUC « Rudia II » contre la
LRA (mai 09).
Extension de l'embargo sur les armes.
|
|
Demande au Groupe d'experts de fixer des directives sur
l'acquisition des minerais en RDC.
Demande aux pays de la région
des statistiques d'import-export de minerais.
|
23 déc. 2009
|
1906
|
Inchangé
|
Présentation plan de réforme de l'armée
(jan. 2010).
|
Annonce reconfiguration du mandat.
Annonce retrait progressif MONUC.
Conditionnalité appui MONUC aux unités
FARDC.
Opération FARDC-MONUC « Amani Leo » contre
FDLR (jan.10).
|
|
Lancement de 5 comptoirs régionaux assurant la
traçabilité des minerais.
|
28 Mai 2010
|
1925
|
-2000 militaires
|
Fête des 50 ans d'indépendance de la RD Congo
devant de nombreux chefs d'Etat (30/6/10).
Viols de 303 femmes dans 13 villages du Kivu
(30/7-2/8/10).
Viols de 260 autres femmes au Kivu (août 2010).
Adoption loi sur l'organisation des FARDC
|
Création MONUSCO (jusque 30/6/11).
Retrait de 2000 soldats au 30/6/10.
Développement d'opérations unilatérales
des casques bleus (« Shop Window » au Nord Kivu et « Protection
Shield » au Sud Kivu,
sept.-nov. 2010).
|
Assistance à la mise en place d'une administration
civile dans l'est de la RDC.
Assistance au plan de réforme de
l'armée.
Elaboration d'un plan stratégique de
réforme de la justice.
Appuyer le plan de stabilisation STAREC (UNSSSS).
Appui aux élections présidentielles et
législatives prévues le 27/11/2011.
|
Sommet spécial de la Conférence internationale
sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) consacrée à
la gestion et à la certification des ressources
naturelles (15/12/2010).
Adoption de six outils de gestion des ressources
naturelles.
|
28 Juin 2011
|
1991
|
19.815 soldats, 760 Observateurs militaires, 390
fonctionnaires de police, 1.050 membres d'unités polices
|
Les élections présidentielles et
législatives (28/11).
Réélection de J. Kabila.
Création du M23 (avril 2012)
|
|
|
|
27 juin 2012
|
2053
|
19 154 membres du personnels en uniforme dont :
17049 soldats, 693 observateurs militaires et 1412 policiers
|
Prise de la ville de Goma par le M23 et l'ONU n'intervient
pas (20 Nov. 2012.
|
|
La tenue des pourparlers à Kampala entre la RDC et le
M23
|
|
28 mars 2013
|
2098
|
Le même effectif plus 3069 de la brigade
d'intervention rapide
|
La signature de l'accord-cadre (24/02/2013) à
Addis-Abeba
|
la création de la brigade d'intervention rapide
à l'est pour neutraliser les groupes armés
|
|
|
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE.........................................................................................................I
DEDICACE.........................................................................................................II
REMERCIEMENT...............................................................................................III
LISTE DES
ACRONYMES.........................................................................................IV
AVANT-PROPOS.................................................................................................V
1.
PROBLEMATIQUE
1
2.
HYPOTHESES
11
3.
CHOIX ET INTERET DU SUJET
14
3.1. CHOIX DU SUJET
14
3.2. INTÉRÊT DU
SUJET
14
4.
DELIMITATION DU SUJET
15
4.1. DANS LE TEMPS
15
4.2. DANS L'ESPACE
16
5.
METHODES ET TECHNIQUES
16
5.1. MÉTHODES
16
Méthode
juridique
16
Méthode
systémique
17
5.2. LES TECHNIQUES
17
6.
DIFFICULTES RENCONTREES
17
7.
PLAN SOMMAIRE
18
CHAPITRE I. GENERALITES SUR LES
OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L'ONU
19
SECTION 1. CADRE NORMATIF, PRINCIPES
DIRECTEURS, ROLES ET FONCTIONS DES OMP
19
§1. Cadre normatif et
principes de base des OMP
19
1. Cadre normatif des
opérations de maintien de la paix
19
2. Principes directeurs des
OMP
21
§2. Rôles et fonctions
des OMP
24
1. Rôles changeants ou
mission des OMP
24
2. Les fonctions principales
des OMP
26
SECTION 2. EVOLUTION ET FINANCEMENT DES
OMP
28
§1. Bref aperçu
historique des OMP de l'ONU de 1947 à 2013
28
1. LA GENÈSE DE
« MAINTIEN DE PAIX » : 1947-1990
28
2. DE LA FIN DE LA GUERRE
FROIDE AU RAPPORT BRAHIMI (1990-2000)
30
§2. Financement des
OMP
32
1. Contributions
financières
32
2. Contribution des troupes
34
CHAPITRE II. ANALYSE CRITIQUE DES
DIFFERENTS MANDATS DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L'ONU FACE A
L'INTERMINABLE CRISE DU CONGO
35
SECTION 1. PRÉSENTATION ET ANALYSE
GLOBALE DES DIFFÉRENTS MANDATS DES OMP DE L'ONU EN RDC DE 1999 À
2013
36
§1. De la Mission de
l'organisation des Nations Unies en République démocratique du
Congo (MONUC)
36
1. Historique et description
sommaire des mandats de la MONUC
36
2. Bilan succinct de la
MONUC
41
§2. De la Mission de
l'organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République
démocratique du Congo (MONUSCO)
43
1. De la MONUC à la
MONUSCO : utopisme ou réalisme en rupture
43
2. Présentation et
analyse globale des mandats de la MONUSCO face aux réalités
locales
46
SECTION 2. LES FACTEURS DE
L'INEFFICACITÉ DES FORCES ONUSIENNES EN RDC
59
§1. Les interventions
instrumentalisées par les grandes puissances et la réticence des
pays fournisseurs des troupes
60
1. L'instrumentalisation par
les grandes puissances
60
2. La complicité et la
réticence des pays fournisseurs des troupes
66
§2. Incapacité
technique et diplomatique de la MONUSCO
68
1. De l'incapacité
diplomatico-juridique de la MONUSCO
68
2. De l'incapacité
technique de la MONUSCO
69
CHAPITRE III. LA NECESSITE DES
NOUVELLES ORIENTATIONS ADAPTEES AUX REALITES GEOPOLITIQUES ET SECURITAIRES DU
CONGO
70
SECTION 1. LA RECONFIGURATION
GÉNÉRALE DU MANDAT DE LA MONUSCO COMME CONDITION DE RESTAURATION
DE LA PAIX EN RDC
71
§1. Exposé des
faits
71
1. Des actes d'agression de la
RDC et de menace contre la paix dans la région de Grands Lacs
72
2. Le génocide
méconnu congolais
77
§2. La MONUSCO comme une
véritable force d'imposition de la paix en RDC
78
1. Le mandat d'imposition de la
paix : priorité et opportunité
78
2. La réforme du secteur
de sécurité comme condition nécessaire et urgente pour la
stabilisation de la RDC
81
SECTION 2. LES PRINCIPALES RECOMMANDATIONS
POUR LA RELANCE DE L'ACTIVISME DE LA MISSION DE L'ONU ET POUR LA STABILISATION
DE LA RDC
83
§1. Au gouvernement
congolais
84
1. La primauté de la
voie militaire dans la résolution des conflits armés comme moyen
de prévention et de dissuasion de toute éventualité en
RDC
84
2. Autres préalables
pour la pacification et la stabilisation de la RDC
85
§2. A l'ONU plus
particulièrement au Conseil de Sécurité
87
1. Nécessité d'un
mandat clair, efficace et réaliste de la MONUSCO
87
2. Accompagnement et suivi de
l'exécution de l'Accord-cadre du 24. Février 2013 comme facteur
de préservation de la paix dans la région
88
CONCLUSION
90
BIBLIOGRAPHIE
93
ANNEXE............................................................................................................................................................96
TABLE DES MATIERES
106
* 1 MOISI
Dominique, «Les Nations Unies entre paix incertaine et justice
sélective », dans Ramses 2002, p. 62.
* 2 SMOUTS
Marie-Claude et Ali, Dictionnaire des relations internationales, A.
Colin, Paris, 2006, p. 369.
* 3 XAVIER
ZEEBROEK et Ali, la Mission des Nations Unies en RD Congo : bilan
d'une décennie de maintien de la paix et perspectives, Groupe de
recherche et d'information sur la paix et la sécurité (GRIP),
Bruxelles, 2012, p. 5.
* 4 Extrait du
discours de Joseph KABILA sur l'état de la Nation prononcé devant
le parlement le 15 décembre 2012.
* 5 Extrait du
message de Julien PALUKU KAHONGYA, gouverneur de la province du Nord-Kivu,
à l' occasion de la fin de l'année 2012 et du nouvel an
2013.
* 6 Le
Potentiel, N° 5697 du 05 décembre 2012, Kinshasa, p.2.
* 7 DUROSELLE
J.B. et Jean MEYRIAT, Les nouveaux Etats dans les relations
internationales, Armand colin, Paris, 1962, p.88.
* 8 Nations
Unies, Opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Principes
et Orientations, New York, 2008, p.36.
* 9NTUAREMBA
ONFRE L., Droit international du développement, Notes de cours
destinées aux étudiants de deuxième licence en Relations
Internationales (Inédit), UNIKIN, FSSAP, 2013, p.6.
* 10 VIRGINIE
DOR, De l'ingérence humanitaire à l'intervention
préventive : vers une remise en cause des principes du droit
international, Mémoire présenté à l'Institut
Européen des Hautes Etudes Internationales, 2002-2003, p.6.
* 11 BRAECKMAN
Colette, Les nouveaux prédateurs. Politique des puissances en Afrique
centrale, Paris, Fayard, 2003, p. 7.
* 12 SHOMBA
KINYAMBA S., Méthodes de recherche en sciences sociales,
Kinshasa, CEDESURK, 2010, p. 34.
* 13
André Cabanis et Ali, Méthodologie de la recherche en droit
international, géopolitique et relations internationales, Agence
universitaire de la Francophonie (AUF), Paris, 2010, p.84.
* 14 Propos de
Laurent FABIOUS sur la Radio France Internationale (RFI) le 21 novembre
2012.
* 15
Guéhenno. J.M., « Maintien de la paix : les nouveaux
défis pour l'ONU et le Conseil de sécurité. » In
Politique étrangère N°3-4 - 2003 - 68e année,
p. 697.
* 16 Pole
Institute, « Repenser l'Indépendance : la RD Congo 50 ans
plus tard », In Actes du Colloque du cinquantenaire
organisé à Goma, Juillet 2010, p.86.
* 17 SCHNABEL,
Albrech, « L'avenir du maintien de la paix et la viabilité de la
sécurité collective: une interprétation réaliste
», in Tous pour un ou chacun pour soi, Québec,
Institut des Hautes études internationales, 1996, p.199.
* 18 BERTRAND
BADIE et Ali, Ce que nous apprenons de la guerre, Paris, L'arroseur
arosé, 1997, p.47.
* 19
http://www.jeanmarcmorandini.com/article-297918-republique-democratique-du-congo-jacques-chirac-et-valerie-trierweiler-appellent-l-onu-a-remplir-son-mandat.html
consulté le 20 Mars 2013 à 12h31.
* 20 LABANA,
L.A. et LOFEMBE, B., La recherche scientifique, éléments de
base, Kinshasa, CEDESURK, 2008, p.55
* 21 MYRES.-S
Mc DOUGAL, « International Law, Power and Policy: A contemporary
conception>, In Recueil des cours de l'Académie de droit
international, Laye, 1953, vol. 1.
* 22 REZSOHAZY,
R., Théorie et critique des faits sociaux,
La renaissance du livre, Bruxelles, 1971, p.68.
* 23 SHOMBA
KINYAMBA S., Op.cit, p.68.
* 24 LABANA,
L.A. et LOFEMBE B., Op.cit., p.115.
* 25 Nations
Unies, Opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Principes
et Orientations, New York, 2008, pp. 5-46.
* 26
Charles-Philippe DAVID, La guerre et la paix : Approches contemporaines de
la sécurité et de la stratégie, Paris,
Presses de Sciences Po, 2006, p. 306.
* 27Nations
Unies, Op.cit, p.14.
* 28
Idem.
* 29 Nations
Unies, Opérations de maintien de la paix (...), Op.cit,
p.13.
* 30 Nations
Unies, Op.cit, p.39
* 31 Nations Unies,
Op.cit, p.39
* 32 Nations
Unies, Opérations de maintien de la paix (...), Op.cit, p.
28.
* 33
http://www.un.org/fr/peacekeeping/operations/early.shtml
consulté le15 mai 2013 à 7h38'.
* 34
Charles-Philippe DAVID, Op.cit, p. 311.
* 35 MARCIN
PERRIN DE BRICHAMBAUT et Ali, Leçons du droit international
public, Presses des Sciences pô et Dalloz, Paris, 2002,
p.248.
* 36
Idem.
*
37La résolution 377 (V) «
Union pour le maintien de la paix », plus connue sous le nom de «
résolution Dean Acheson », précise que lorsque certaines
conditions sont réunies (impuissance du Conseil de
sécurité, décision de réunir l'Assemblée
générale, etc.), l'Assemblée générale «
examinera immédiatement la question afin de faire aux membres les
recommandations appropriées sur les mesures collectives à
adopter... »
* 38
http://www.un.org/fr/peacekeeping/operations/early.shtml
Consulté le 15 mai 2013 à 7h38'.
*
39 Note d'information établie
par le Département des opérations de maintien de la paix des
Nations Unies, Les défis du maintien de la paix au 21ème
siècle, NEW YORK, 19-20 OCTOBRE 2004, p.26.
* 40 Nations
Unies, Questions et réponses sur les Nations unies. Image et
réalité, Département de l'information des Nations
Unies, New York, 1998, p.44.
* 41
http://www.un.org/fr/peacekeeping/operations/french/document/view.doc.asp?simbol=A/67/224
Consulté le 15 mai 2013 à 7h38'.
*
42http://www.un.org/fr/peacekeeping/issues/military.shtml
Consulté le 15 mai 2013 à 7h56'.
* 43 BALINGENE
KAHOMBO, Le règlement pacifique du conflit en RDC: étude
juridique pour une paix durable dans la Région des Grands Lacs,
Mémoire de licence (inédit) Université de GOMA, 2004-2005,
p.35.
* 44
http :
www.un.org/french/document/view-doc.asp?simbol=s/RES/1234(1999)
Consulté le 18 mai 2013 à 8h48'.
* 45
http :
www.un.org/french/document/view-doc.asp?simbol=s/RES/1234(1999)
Consulté le 18 mai 2013 à 10h02'.
* 46 MONUC
Magazine n°23, mai - juin 2005, PP. 19 - 20.
* 47 Article 5
de la Résolution 1279 du conseil de Sécurité de l'ONU
adopté le 30 Novembre 1999
* 48
Guéhenno. J.M., « Maintien de la paix : les nouveaux
défis pour l'ONU et le Conseil de sécurité. »
In: Politique étrangère N°3-4 - 2003 - 68e
année p. 691.
* 49 REYNTJENS,
F., «La deuxième guerre du Congo : plus qu'une
réédition», in L'Afrique des grands lacs,
Annuaire 1998 - 1999, L'Harmattan, Paris, P. 275.
* 50 BALINGENE
KAHOMBO, Op.cit, p.35.
* 51NTUAREMBA
ONFRE L., Op.cit, p.6.
* 52 NGANGOUE
NANA R., « Unis dans l'action. Les nations unies partenaires de la
RDC », In Groupe de communication des Nations Unies en
République Démocratique du Congo, Kinshasa, 2011,
p.13.
* 53 MONUC-
Division de l'information publique, Kit d'informations, Kinshasa,
août 2009, p.3.
* 54 XAVIER
ZEEBROEK, Op.cit, p.7.
* 55 WEDJA
OSONGO J., L'apport de l'ONU dans la résolution des conflits en
République Démocratique du Congo, Travail de Fin de
Cycle (Inédit), Kinshasa, UNIKIN, FSSAP, RI, 2011, p. 28.
* 56 CLAIRE
TESSIER, « la régionalisation des conflits et de la paix : le
cas des Grands Lacs », 4ème année Coopération
internationale et développement Séminaire "Régionalisme
et Régionalisation" Daniel Bach mai 2005, p.11.
* 57Lire
à ce propos le rapport de E. Rogier sur l'atelier international
d'experts organisé par l'Institute for Security Studies (ISS)
tenu à Prétoria du 17 au 19 Septembre 2003 (point 35)
intitulé « MONUC and the Challenges of Peace
implementation in the DRC » disponible sur :
http://www.iss.co.za/seminars/031008monuc.pdf et le rapport de la CIG sur
l'intervention militaire en l'Ituri.
* 58 Nations
Unies, Opérations de maintien de la paix (...), Op.cit,
p.98.
* 59
Résolution 1925 adoptée par le Conseil de sécurité
à sa 6324e séance, le 28 mai 2010.
* 60 Rapport du
Secrétaire général sur la Mission de l'Organisation des
Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du
Congo, du 12 mai 2011. S/2011/298.
* 61 Rapport de
Crisis Group, L'Est du Congo : pourquoi la stabilisation a
échoué, Briefing Afrique N°91, 4 octobre 2012,
P.6.
* 62 Bangos R.,
« Suivant Oxfam, un retrait prématuré de la MONUC serait un
désastre humanitaire pour le Congo »,
http://www.grioo.com/blogs/Hobbysnews/index.php (consulté 18
février 2009).
* 63 BRUNO
POMMIER, « Le recours à la force pour protéger les
civils et l'action humanitaire : le cas libyen et au-delà »,
in Revue internationale de la Croix-Rouge, Volume 93
Sélection française 2011 / 3, p.172.
* 64
http://www.ingeta.com/quand-le-manque-de-volonte-politique-rend-la-reforme-de-larmee-congolaise-quasi-impossible/
consulté le 10 juin 2013.
* 65
http://www.ingeta.com/quand-le-manque-de-volonte-politique-rend-la-reforme-de-larmee-congolaise-quasi-impossible/
consulté le 10 juin 2013.
* 66 Loi
organique no. 11/012 portant organisation et fonctionnement des forces
armées, cabinet du chef de l'Etat, 20 août 2011.
* 67 MONUSCO
(Division de l'information publique), Comprendre le Mandat de la
MONUSCO, Résolution 1991 du Conseil de sécurité,
Kinshasa, Octobre 2011, p.6.
* 68 L'Est
du Congo : pourquoi la stabilisation a échoué, Crisis Group
Briefing Afrique N°91, 4 octobre 2012, P.6
* 69
http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/Chirac-et-Trierweiler-se-mobilisent-pour-le-Kivu-582809
* 70
http://www.onewovision.com/actu-rdc/Une-premiere-mondiale-Enfin-une-brigade-d-intervention-voit-le-jour,006b1471125594596113241
consulté le 07 avril 2013 à 15h36.
* 71 Paragraphe
60 du Rapport Brahimi, op. cit.
* 72
http://www.ingeta.com/la-resolution-2098-ou-leffondrement-du-monopole-de-letat-congolais-suite/
consulté le 10 juin 2013.
* 73 Rapport du
Groupe d'étude sur les opérations de paix de l'Organisations des
Nations Unies, cité sous le nom de « Rapport Brahimi »,
A/55/305, S/2000/809, 21 août 2000.
* 74 Pole
Institute, « Repenser l'Indépendance : la RD Congo 50 ans
plus tard », in Actes du Colloque du cinquantenaire
organisé à Goma, Juillet 2010, p.86.
* 75 Charte des
Nations Unies, article 2, §1.
* 76 HILAIRE DE
PRINCE POKAM, « l'ONU dans le processus de
préservation de l'indépendance de la République
Démocratique du Congo » in Pole Institute, Repenser
l'Indépendance : la RD Congo 50 ans plus tard , Actes du
Colloque du cinquantenaire organisé à Institute Goma, Juillet
2010, p.87.
* 77 Courrier
International n°316 du 21 au 27 novembre 1996, p. 7.
* 78DECAUX
EMMANUEL, «Les Nations Unies et la région des Grands Lacs», p.
39, site internet :
www.politiqueafricaine.
com/numeros/pdf/068032.pdf, date de recherche, 26-O5-2010.
* 79 PASCAL
CHAIGNEAU, « La France et l'Afrique », in Défense
nationale, janvier 2005, p. 120.
* 80
DÉSILETS LOUIS-PHILIPPE, la gestion des conflits armés en
Afrique depuis la Somalie(l9932003)jusqu'à l'opération
Artémis: étude comparative des politiques canadiennes et
françaises de renforcement des capacités africaines de maintien
de la paix, Mémoire présenté à
l'université du Québec (MONTRÉAL), AVRIL 2006, p.
88.
* 81 Hilaire De
Prince POKAM, Loc.cit, p.92.
* 82
http://www.onewovision.com/actu-rdc/Une-premiere-mondiale-Enfin-une-brigade-d-intervention-voit-le-jour,006b1471125594596113241
* 83
http://daccess-ods.un.org/access.nsf/Get?Open&jn=N0937054 consulté
le 23 juin 2013.
* 84 SCHNABEL
AlBRECH, art.cit, p. 207.
* 85
LOUIS-PHILIPPE DÉSILETS, Op.cit, p. 28.
* 86 BADIE
BERTRAND, Quand le multilatéralisme s'impose, Paris, L'arroseur
arosé, 1997, p. 212.
* 87 RUSAMIRA
ETIENNE, « Géopolitique des grands lacs africains et syndrome
de Fachoda. Le rôle de l'état français dans le
génocide rwandais et la déstabilisation politique de la
région », Montréal, 2003, p.47.
* 88 SMOUTS
Marie-Claude, Les organisations internationales, Paris, A Colin, 1995,
p. 23.
* 89 SCHNABEL,
Albrech, art.cit, , p.199.
* 90 VIRCOULON,
T., « Ambiguïté de l'intervention internationale en
République Démocratique du Congo » in Politique
africaine, n° 98, 2005, p. 82.
* 91 MUKIRAMFI
SAMBA, le mandat de la MONUSCO : le consensualisme à
l'épreuve de l'unilatéralisme, Université de Kinshasa,
Faculté de Droit, 2011, p.4.
* 92
http://www.un.org/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/67/632/Add.1&Lang=F
consulté le 10 juin 2013.
* 93
Guéhenno, Art.cit, p. 691.
* 94
Guéhenno, Art.cit, p. 689.
* 95 MOISI
Dominique, «Les Nations Unies entre paix incertaine et justice
sélective », dans Ramses 2002, p. 62.
* 96 Center for
Security Studies (CSS), « Le maintien de la paix A l'ONU: des
missions en évolution »,in Politique de
sécurité: analyses du CSS N° 7
· février
2007
· 2ème année
* 97 Rapport de
Crisis Group, L'Est du Congo : pourquoi la stabilisation a
échoué, Briefing Afrique N°91, 4 octobre 2012,
P.6.
* 98 Maurice
Kamto, l'agression en droit international, Editions A.Pedone, Paris,
2008, p.12.
* 99 Lire
à ce propos l'article 1er de la Résolution 3314 de
l'Assemblée Générale de l'ONU.
* 100
NTIRUMENYERWA M. KIMONYO, G., « La crise dans la sous - région des
Grands Lacs : quand les protagonistes tournent le dos au droit», in
L'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2003 - 2004, l'Harmattan,
paris, 2004, p. 12.
* 101 NGUYEN,
Q.-D., P. DAILLIER et A. PELLET, Droit international public,
7eédition, Paris, LGDJ, 2002, p.822.
* 102 SALMON,
J., (s/d), Dictionnaire de droit international public, Bruxelles,
Bruylant, 2001, p .631.
* 103
NTIRUMENYERWA M. KIMONYO Gervais, Op.cit, p.12.
* 104
Préambule du Pacte sur la sécurité, la stabilité et
le développement dans la Région des Grands Lacs adopté
à Nairobi le 15 décembre 2006.
* 105 Article
5 du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le
développement dans la Région des Grands Lacs
* 106
Addendum au rapport intérimaire du Groupe d'Experts sur la RDC
(S/2012/348) concernant: Violations par le Gouvernement rwandais de l'embargo
sur les armes et du régime de sanctions
* 107 OSSEMBE
LUKADI KALEMA J., ''Rôle du Commissariat Général du
Gouvernement chargé des affaires de la Mission de l'Organisation des
Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUC) face
à l'Accord de siège (SOFA) signé entre la
République Démocratique du Congo et l'Organisation des Nations
Unies'', in Cahiers Africains des Droits de l'Homme et de la
Démocratie, n° 030, Vol. I, Octobre-Décembre
2010, p. 390.
* 108 EXTRAIT
DU MESSAGE DE JULIEN PALUKU KAHONGYA, GOUVERNEUR DE LA PROVINCE DU NORD-KIVU, A
L'OCCASION DE LA FIN DE L'ANNEE 2012 ET DU NOUVEL AN 2013.
* 109
IRC : International Rescue Committee
* 110 Nations
Unies, Questions et réponses sur (...), Op.cit,
p.33.
* 111
Guéhenno, Loc.cit, p.697.
* 112 Nations
Unies, Opérations de maintien de la paix des Nations Unies,
Op.cit, p. 19.
* 113 Bureau
International d'Etudes pour la Paix et le Développement (BIEPD),
Dialogue intra-congolais: voie de sortie des crises récurrentes en
RDC. Analyse et propositions, Ottawa, février 2013, p.20.
* 114 Extrait
de l'exposé du Professeur BIYOYA à la
conférence-débat organisée le 06 Avril 2013 par le groupe
Le Potentiel et la Faculté des sciences sociales, Administratives et
Politique de l'Université de Kinshasa sous le thème
« Fondements économiques de la balkanisation de la
RDC ».
* 115 Voir le
Rapport des ONG locales et internationales sur la situation des RSS en RDC
intitulé : « République démocratique du
Congo : Prendre position sur la réforme du secteur de la
sécurité », Kinshasa, 2011
* 116 Nous
faisons ici référence au différentes défaites des
FARDC face aux groupés armés composés de quelques
centaines de rebelles, parfois moins équipés que les FARDC. Par
exemple le débâcle des FARDC à Goma face aux militaires du
M23.
* 117
BOYOO ITAKA C., L'application de la Résolution 1325
du Conseil de sécurité de l'ONU sur les violences sexuelles
contre les femmes en RDC, Travail de Fin de Cycle (Inédit),
Kinshasa, UNIKIN, FSSAP, RI, 2011, p.42.
* 118
Relations internationales." Microsoft® Encarta® 2009 [DVD]. Microsoft
Corporation, 2008.
* 119
« Congolisation » : la sécurité et la
paix du Congo par les congolais.
* 120 Kampala,
siège de négociation entre le gouvernement congolais et les
rebelles du M23 sous l'auspice de la CIRGL.
* 121
Addis-Abeba, siège de l'Union Africaine.
* 122 New
York, siège de l'ONU
* 123 CANIVEZ
PATRICE. « Qu'est ce qu'un conflit politique?». In Revue de
Métaphysique et de Morale, no 2, 2008, p. 163.
* 124
Makengo-Nkutu, Alphonse. Les institutions politiques de la RDC : De la
République du Zaïre à la République
démocratique du Congo (1990 - à nos jours. L'Harmattan,
Paris, 2010, p.76.
* 125
Guéhenno. J.M., Art.cit, p. 697.
* 126 Rapport
du Groupe d'étude sur les opérations de paix de l'Organisations
des Nations Unies, cité sous le nom de « Rapport Brahimi »,
A/55/305, S/2000/809, 21 août 2000.
* 127 Rapport
Brahimi », A/55/305, S/2000/809, 21 août 2000.
* 128
« Congolisation » : la sécurité et la
paix du Congo par les congolais.
* 129
Source : XAVIER ZEEBROEK et Ali, la Mission des Nations Unies en RD
Congo : bilan d'une décennie de maintien de la paix et
perspectives, Groupe de recherche et d'information sur la paix et la
sécurité (GRIP), Bruxelles, 2012, Annexe I.