UNIVERSITE DE LUBUMBASHI
Ecole de Criminologie
ANALYSE CRIMINOLOGIQUE DE LA PRESENCE
DES ENFANTS DANS LES SITES MINIERS
ARTISANAUX A KOLWEZI
Mémoire présenté et défendu
en vue de l'obtention du grade de Diplômé d'Etudes Approfondies en
Criminologie
Directeur : Prof. Norbert Par Vould KAWELE
MUSEVU
LUPITSHI
Lubumbashi
Mai 2014
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Dédicace
A tous les enfants qui passent plusieurs heures dans les sites
miniers artisanaux de manière consciente ou inconsciente,
Je dédie ce travail!
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Que notre épouse Uzang Kalend Mamy, nos enfants Kawele
Manyonga Roussel, Tshisweka Kawele Shoukrani et Kalend Kawele Jan Frans soient
remerciés par ce travail.
Remerciements
Ce mémoire de Diplôme d'études
approfondies est le résultat d'un travail de longue haleine. Il a
débuté par des discussions sur l'objet de recherche et le lieu de
collecte des données dans le cadre du cours de «
Méthodologie de recherche : Pratique de recueil et d'analyse des
données qualitatives » entre le Professeur Ildefonse Tshinyama, les
collègues de promotion et nous-même. C'est pourquoi nous
remercions en premier lieu l'école de criminologie de
l'Université de Lubumbashi pour avoir organisé les cours de
Diplôme d'études approfondies ainsi que tout le corps professoral
pour nous avoir dispensé les enseignements.
Nous exprimons notre gratitude tout particulièrement au
Professeur Norbert Lupitshi pour avoir accepté de diriger ce travail
scientifique en nous offrant sa disponibilité. Qu'il soit honoré
par ce travail.
Etant Assistant à l'Université de Kolwezi, il
nous fallait une autorisation du Recteur de cette Université pour
séjourner longtemps à Lubumbashi afin de poursuivre les
enseignements. Ainsi, nous le remercions pour tous les soutiens tant
scientifique, matériel, financier et moral qu'il ne cesse de nous
accorder.
Merci infiniment au Professeur Jan Gorus en sa qualité
de promoteur du Centre d'Excellence pour l'Etude de la Démocratie
Locale, pour son soutien financier dans l'achèvement de ce travail et
ses bons conseils qu'il ne cesse de nous donner dans le domaine
scientifique.
Nous témoignons notre marque de gratitude envers le
Professeur Gilbert Malemba, Co-promoteur du Centre d'Excellence pour l'Etude de
la Démocratie Locale pour son soutien scientifique qu'il ne cesse de
nous accorder.
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Que nos parents Ngaza Yinda et Kalend Nkongal ainsi que tous
nos frères et soeurs trouvent par ce travail l'expression de ma
reconnaissance.
Nous témoignons également notre gratitude
à tout le personnel administratif de l'école de criminologie pour
leurs soutiens multiformes.
Que Serge Tshibal, Banze wa Banze, Rado Kakenke, Victor
Tshifutshi, Dhanis Rukan, Giovanni Kaseya ainsi que tous les collègues
de promotion trouvent l'expression de ma reconnaissance pour une bonne
amitié. Etant donné que la récolte des données
s'est effectuée à Kolwezi, nous remercions Jean-Paul Kayeye pour
son encadrement et son hospitalité à notre égard.
Nous ne pouvons pas nous en passer sans pour autant remercier
le pasteur Katshiji Tshauta. Qu'il trouve ma gratitude par ces lignes.
Pour nous, l'intérêt de cette étude
réside premièrement dans le fait qu'elle s'intéresse aux
êtres vulnérables protégés par toutes les
communautés humaines, que sont les enfants.
5
Introduction
La libéralisation du secteur minier par l'Etat
Congolais vers les années 2002 est arrivée avec certaines
situations (ou phénomènes) qu'on n'observait pas avant, telles la
présence des femmes et des enfants dans des sites miniers artisanaux,
l'apparition des campements où résident les artisanaux. La
présence des enfants dans des sites d'exploitation minière
artisanale est une situation qui pose problème dans la
société congolaise. La loi interdit leur présence dans ces
sites parce qu'ils sont des personnes vulnérables en pleine
croissance.
A Kolwezi, deux arrêtés urbains du Maire de la
ville interdisent la présence des enfants et des femmes porteuses des
enfants dans des zones d'exploitation minière artisanale. Malgré
toutes les interdictions faites par l'autorité administrative, les
enfants sont toujours présents dans plusieurs sites d'exploitation
minière artisanale. Cette situation a attiré notre attention.
Ainsi, nous en faisons une étude que nous nommons : Analyse
criminologique de la présence des enfants dans des sites miniers
artisanaux à Kolwezi.
Cette étude se fonde sur les données empiriques,
et consiste en la compréhension du phénomène sous examen
à partir de l'observation et des discours des acteurs concernés
et ce, malgré les arrêtés et autres mesures officielles
d'interdiction de leur présence dans ces sites.
Deux types de publications sur la problématique
«enfant» sont facilement observables dans l'environnement de notre
école de criminologie. Il s'agit premièrement des publications
sur le travail des enfants dans les sites miniers artisanaux » et
deuxièmement sur les enfants dits : « enfants de la rue »,
« enfants dans la rue », soit « enfants en situation de la rue
», ou encore « les jeunes en situation de la rue ». Les
premières se basent principalement sur le travail des enfants dans des
sites miniers artisanaux. Or, il n'y a pas que ça qui explique la
présence des enfants dans des sites miniers artisanaux. Les
deuxièmes détaillent en profondeur la problématique des
enfants dits « de la rue ».
6
Deuxièmement en tant que criminologue, les enfants qui
sont dans les sites miniers artisanaux sont des acteurs appart entier. Ils
remplissent divers rôles dans les sites au même titre que les
adultes. Nous constatons un écart entre les prescrits de la loi et la
réalité sociale. Pour interpréter les faits, les grilles
d'acteur social (Debuyst, 1990, 25-26) et d'interactionnisme symbolique (Le
Breton, 2004, 45-56) ont été mobilisées. La récolte
des données s'est effectuée en deux phases. La première a
été la période allant du 3 septembre au 3 octobre 2012. La
deuxième période va du 15 juillet au 22 août 2013.
Nous nous sommes servi de l'approche ethnographique comme
méthode. Jamoulle (2002, 24) note que réaliser une enquête
ethnographique, c'est localiser une problématique dans un lieu
clé, pour en dégager peu à peu la complexité et les
différentes facettes. Quatre carrières ont servi comme sites de
collecte des données. Il s'agit des carrières ci-après
:
· La carrière de Mutoshi ;
· La carrière 5 ans ;
· Les carrières Kamilombe ;
· La carrière GH du camp Gécamines
Kolwezi.
Ainsi, cette étude se structure en trois chapitres. Le
premier chapitre est consacré au
cadre théorique et au dispositif méthodologique.
Il est composé de points ci-après :
- La construction de l'objet de recherche ;
- Le dispositif méthodologique ;
- Les difficultés rencontrées.
Le deuxième chapitre traite de la problématique
des enfants dans les sites miniers
artisanaux à Kolwezi. Il est subdivisé en trois
parties suivantes :
- La brève historique de l'exploitation minière
à Kolwezi ;
- Les mécanismes de protection de l'enfant ;
- Les typologies des enfants qui se trouvent dans des sites
miniers artisanaux
Enfin, le troisième chapitre porte sur les jeux, les
enjeux et les logiques derrière la
présence des enfants dans les sites miniers artisanaux.
Ce dernier chapitre est subdivisé en
trois points qui sont les jeux et enjeux de la présence
des enfants dans les sites miniers,
l'impact négatif de la présence des enfants dans
les sites et les logiques explicatives la
présence des enfants dans les sites miniers à
Kolwezi.
- l'autorisation aux entreprises publiques minières de
conclure des contrats de partenariats avec les privés ;
7
Chapitre 1: Cadre théorique et dispositif
méthodologique
Ce chapitre est subdivisé en trois parties suivantes : -
La construction de l'objet de recherche ;
- Le dispositif méthodologique ;
- Les difficultés rencontrées.
1.1. Construction de l'objet de recherche
Pendant la période coloniale, le secteur minier fut
l'apanage de l`Union Minière du Sud Katanga, entreprise minière
crée en 1906. Après la colonisation, elle fut transformée
en Générale des Carrières et des Mines (Gécamines)
en 1967. Ainsi, la Gécamines et la Société de
Développement Industriel et Minière du Congo (SODIMICO)
détenaient le monopole de l'exploitation minière au Katanga.
La libéralisation du secteur minier par l'Etat
Congolais vers les années 2002 apporte des grands changements dans ce
secteur. Avant d'énoncer l'objet de recherche, nous
préférons d'abord présenter le contexte qui préside
à l'objet de recherche.
1.1.1. Contexte d'élaboration de l'objet de
recherche
Pendant plusieurs années, la Gécamines a fait
la fierté du Congo par sa grande contribution financière au
budget national à l'ordre de 70% (Ikos Rukal : 2007,159). Les
années 1990 fut la chute de cette entreprise. Soucieux pour sa relance,
le Gouvernement congolais avait pris des mesures pour le redressement du
secteur minier. Ainsi, par la loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002, le pays
s'est doté d'un nouveau code minier comme instrument juridique de base
pour le redressement du secteur minier. La grande innovation de cette loi, est
la libéralisation du secteur minier au Congo. Des innovations ont
été apportées dans le secteur minier industriel tout comme
artisanal. Parmi lesquelles nous citons :
8
- l'autorisation des privés à acquérir des
concessions minières pour l'exploitation ;
- la libéralisation de l'exploitation minière
artisanale qui s'étend à toute substance minière.
Par ailleurs, l'exploitation minière artisanale fut
jadis limitée pour les pierres précieuses, comme prévoyait
l'article 30 de l'ordonnance-loi n° 81-013 du 02 avril 1981 portant
législation générale sur les mines et les hydrocarbures,
telle que modifiée par l'ordonnance-loi n° 82-039 du 5 novembre
1982, (J.O n° 22 du 15/11/1982, p10) : « Aux conditions
indiquées au présent chapitre, certains gisements d'or, de
diamant ou de toute autre matière ou substance concessible
déclarée précieuse, peuvent faire d'objet d'une
exploitation artisanale. Il y a exploitation artisanale, lorsque les facteurs
techniques et économiques qui caractérisent les gisements
ci-dessus décrits ne permettent pas d'en assurer une exploitation
industrielle au sens de la présente législation et de ses mesures
d'exécution ».
Mais, avec l'avènement du code minier de 2002,
l'exploitation minière artisanale ne s'arrête pas uniquement aux
pierres précieuses. Elle s'étend à toutes substances
minières (cuivre, cobalt, zinc, argent,
hétérogénite, malachite, cassitérite, coltan,
etc.). Mais, l'idée d'organiser des zones d'exploitation minière
artisanale remonte en 1981, avec l'ordonnance-loi n°81-013 du 2 avril 1981
susdite.
L'avènement de l'exploitation minière
artisanale arrive avec certaines situations (ou phénomènes) qu'on
n'observait pas avant. Il s'agit : la présence des femmes et des enfants
dans des sites miniers artisanaux et l'apparition des campements où
résident les exploitants miniers artisanaux (les creuseurs). Ce qui nous
intéresse dans la présente étude, c'est la présence
des enfants dans des zones d'exploitation minière artisanale. Cette
présence a suscité notre curiosité, ainsi, nous avons pris
l'initiative d'en faire l'objet d'étude pour ce mémoire.
1.1.2. Objet de recherche
L'objet n'est pas un donné qui existerait en soi,
à l'état naturel. C'est un construit, un produit de l'effort
intellectuel (Lupitshi : 2013, 61). Ce même auteur poursuit qu'à
la base de tout processus de recherche scientifique, on considère qu'il
y a un problème dans la société généralement
pensé en termes d'un malaise. Pour ce faire, le chercheur
intéressé se décide
9
d'amorcer une réflexion sur ce malaise (ce
problème) qui devient ainsi son objet d'étude (Lupitshi : 2013,
87). Luc Albarello (2004, 52) renchérit que « se donner un objectif
de recherche spécifique, c'est en quelque sorte exprimer sa
volonté de mieux connaitre une partie d'un champ préalablement
défini ». La présence des enfants dans des sites
d'exploitation minière artisanale a attiré notre attention.
Ainsi, nous en faisons une étude que nous nommons : Analyse
criminologique de la présence des enfants dans des sites miniers
artisanaux à Kolwezi. Comme le disent Quivy et Campenhoudt (2006, 17),
« si nous choisissons de traiter un sujet donné, c'est
forcément parce qu'il nous intéresse. Nous en avons presque
toujours une connaissance préalable et souvent une expérience
plus ou moins concrète. Peut-être même sommes
désireux de réaliser notre recherche pour mettre au jour un
problème social ».
Cette étude se fonde sur les données
empiriques, et consiste en la compréhension du phénomène
sous examen à partir de l'observation et des discours des acteurs
concernés. Notre grand souci est d'éclairer les jeux, enjeux et
logiques derrière la présence des enfants dans les zones
d'exploitation minière artisanale et ce, malgré les
arrêtés et autres mesures officielles d'interdiction de leur
présence dans ces sites.
La construction de l'objet de recherche consiste dans une
élaboration provisoire des notions ou des concepts qui vont être
au centre de l'enquête afin de circonscrire de façon la plus
judicieuse et la plus possible, de préciser un certain nombre
d'indicateurs pertinents susceptibles, de répondre aux questions qu'un
chercheur se pose (Robert, 2005, 435).
La présence des enfants dans des sites miniers
artisanaux est une situation qui pose problème dans la
société congolaise. La loi interdit leur présence dans ces
sites parce qu'ils sont des personnes vulnérables en pleine croissance.
De ce fait, ils sont protégés par les lois tant nationales
qu'internationales, que la RD Congo a ratifiées. C'est le cas de la
convention internationale des droits de l'enfant, du 20 novembre1989,
ratifiée par la République Démocratique du Congo en date
du 27 Septembre 1990, etc. En 2009, la RDC édicté sa propre loi
pour la protection de l'enfant. Il s'agit de la loi n°09/001 du 10 janvier
2009 portant protection de l'enfant. L'exposé de motif de cette la loi
déclare : la condition de l'enfant dans le monde en raison de sa
vulnérabilité, de sa dépendance par rapport au milieu, de
son manque de maturité physique, intellectuelle et émotionnelle,
nécessitant des soins spéciaux et
L'article 1 de la loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002
portant code minier, donne toute une série des définitions dans
lesquelles nous retenons celles qui nous intéressent :
10
une protection particulière n'a cessé
d'interpeller depuis un certain temps la communauté internationale et
nationale(...).
A Kolwezi, deux arrêtés urbains du Maire de la
ville ont été pris. Il s'agit interdisent la présence des
enfants et des femmes porteuses des enfants dans des zones d'exploitation
minière artisanale. Il s'agit des arrêtés
n°2006/04/VK/B/M du 20 avril 2006 portant interdiction de la
présence des enfants mineurs dans des sites d'exploitation
minière artisanale et de l'arrêté n°007/22/VK/B/M du
15 novembre 2007 portant l'interdiction de la présence des femmes
porteuses des enfants de bas âges dans les carrières sur toute
l'étendue de la ville de Kolwezi (voir l'annexe n°7 à la
page 123 et l'annexe n°8 à la page 124). Les motivations de ces
deux arrêtés indiquent que la manière dont l'environnement
des sites d'exploitation minière artisanale est constitué, n'est
pas propice pour les enfants par rapport à leur santé,
croissance, éducation et instruction. Les enfants sont des personnes
vulnérables et méritent une protection sociale. Etant
vulnérable, les enfants méritent une protection sociale.
Le code minier de 2002 déclare à l'article 26 :
sans préjudice des dispositions de l'article 27 (...), seules les
personnes physiques majeures de nationalité congolaise peuvent
acquérir et détenir les cartes d'exploitant artisanal et les
cartes de négociant.
Malgré toutes les interdictions faites par
l'autorité administrative à travers les deux arrêtés
susmentionnés, le constat fait sur terrain montre que les enfants sont
toujours présents dans plusieurs zones d'exploitation minière
artisanale à Kolwezi.
Il convient de préciser que dans les lignes qui
suivent sont explicitées quelques concepts afin de dissiper toute
équivoque.
1.1.2.1. Quelques concepts mobilisés dans ce
travail
L'article 2 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009
portant protection de l'enfant en RD Congo définit le concept «
enfant » comme étant toute personne âgée de moins
de 18 ans.
11
- Activités Minières : tous services,
fournitures ou travaux de l'art des mines directement liés à la
prospection, à la recherche, à l'exploitation minières et
aux substances minérales, y compris les travaux de développement,
de construction et d'infrastructure.
- Exploitation Artisanale : toute activité par
laquelle une personne physique de nationalité congolaise se livre, dans
une zone d'exploitation artisanale délimitée en surface et en
profondeur jusqu'à trente mètres au maximum, à extraire et
à concentrer des substances minérales en utilisant des outils,
des méthodes et des procédés non industriels.
- Minerai : toute roche contenant un ou plusieurs
minéraux possédant un ou plusieurs éléments
chimiques ayant une valeur économique.
- Opération Minière : toute activité
de recherche et/ou d'exploitation des substances minérales.
- Périmètre : une superficie
délimitée en surface et indéfiniment en profondeur sur
laquelle porte un droit minier ou un droit de carrière.
- Substance minérale : tout corps naturel inerte
ou artificiel contenant un ou plusieurs minéraux sous forme amorphe ou
cristalline, solide, liquide ou gazeuse ayant une valeur
économique.
- Zone d'Exploitation Artisanale : l'aire
géographique, délimitée en surface et en profondeur, par
le Ministre, et contenant un ou plusieurs gisements d'Exploitation
Artisanale.
- Carrière : tout gisement des substances
minérales classées en carrières exploitable à ciel
ouvert et/ou toute usine de traitement de produits de cette exploitation se
trouvant dans le périmètre de carrière pour
réaliser leur transformation en produits marchands, y compris les
installations et les matériels mobiliers et immobiliers affectés
à l'exploitation.
Par ailleurs, la réalité de terrain montre que
l'exploitation minière artisanale ne se fait pas uniquement dans les
zones d'exploitation artisanale créées par l'Etat. Les
exploitants miniers artisanaux (creuseurs) créent spontanément
des sites miniers où ils exploitent les minerais sans l'autorisation
préalable de l'autorité compétente, parfois même
dans les concessions minières appartenant aux entreprises
privées. Plusieurs concessions minières appartenant à ces
entreprises sont envahies par les exploitants miniers artisanaux. Cela est le
cas des sites où nous avons récolté les données
pour cette enquête. Tous ces sites appartiennent à la
Gécamines.
12
Quivy et Campenhoudt trouvent que la meilleure manière
d'entamer un travail de recherche en sciences sociales consiste à
s'efforcer d'énoncer le projet sous la forme d'une question de
départ. Par cette question, le chercheur tente d'exprimer le plus
exactement possible ce qu'il cherche à savoir, à élucider,
à mieux comprendre. La question de départ servira de premier fil
conducteur à la recherche (2006, 35). Lupitshi poursuit : une fois
l'objet d'étude défini et le champ d'étude circonscrit, il
importe qu'un questionnement de recherche pertinemment élaboré
cimente la base de l'étude menée (2013, 87). Il est donc
important pour nous de formuler une question claire et précise qui
oriente notre recherche : Comment expliquer la présence des enfants dans
des sites miniers artisanaux à Kolwezi ?
Une question de départ est tel que les montrent Beaud,
S. et Weber, F. (2008, 34) : basée sur un thème qui vous
parle, à propos duquel vous avez envie d'en savoir plus, de
découvrir des choses, et plus tard de les faire savoir.
La présente recherche est qualitative et s'inscrit
dans une démarche inductive. Delauriers et Kérisit, repris par
Lupitshi (2013, 62) font remarquer que dans la recherche qualitative l'objet de
recherche se construit progressivement, en lieu avec le terrain, à
partir de l'interaction des données recueillies et de l'analyse qui en
est tirée. Lupitshi poursuit que pour ces deux auteurs, il faut lire
ce que les autres chercheurs ont écrit avant nous, il faut en quelques
sorte monter sur leurs épaules de façon à voir plus
loin, et ceci, pensons-nous, quel que soit le tracé de recherche
suivi (inductif ou hypothético-déductif) (2013, 62). Ceci dit, il
importe de passer à l'étape de l'état de la question.
1.1.3. Etat de la question
Lire les travaux déjà effectués sur
l'objet de recherche que l'on veut traiter, cela permet au chercheur de se
fixer sur ce qui a déjà été dit sur l'objet en
question, s'y inspirer et faire une démarcation. Selon Paillé et
Mucchielli (2005, 38) l'homme ne naît pas seul et ne connait pas
seul. Il lui est impossible de faire l'expérience de quoi que ce soit en
l'absence d'un univers de référence, lequel forme le creuset de
son expérience. Dans ce même cadre d'idées, Lupitshi
(2013, 23) poursuit que l'état de la question ou du problème
traité permet de se rendre compte des pistes précédemment
exploitées, des aspects déjà abordés et, de relever
leurs mérites, leurs manques et éventuellement leurs limites, ce
qui aide à préciser comment les nouvelles recherche se
démarquent des précédentes dans la définition et la
construction de
13
leurs objets. Il poursuit que dans le chef des chercheurs,
deux logiques justifient donc le sens de l'état de la question : pour
certains, il faut connaître pour modifier tandis que pour d'autres, il
faut connaître pour mieux connaître. Deux types de publications sur
la problématique «enfant» sont facilement observables dans
l'environnement de notre école de criminologie. La première
catégorie est constituée des publications qui traitent « du
travail des enfants dans des sites miniers artisanaux ». Enfin, la
deuxième catégorie concerne les publications qui parlent des
enfants dits : « enfants de la rue », « enfants dans la rue
», soit « enfants en situation de la rue », ou encore « les
jeunes en situation de la rue ».
1.1.3.1. Publications portant sur le travail des enfants
dans les sites miniers
Artisanaux
Parmi ces travaux, nous relevons à titre prioritaire
:
- Le rapport du Groupe One (2007) sur la problématique
du travail des enfants dans les mines et carrières au Katanga. Ce
rapport fait état du travail des enfants dans les mines et
carrière du Katanga et démontre que les conditions de travail et
d'emploi sont mauvaises et souvent très dangereuses. Certains enfants
travaillent avec leurs parents avec lesquels ils constituent une unité
de production. Ainsi, plusieurs travaux sont exécutés par les
enfants. Il s'agit : le creusage, le ramassage, le tamisage, le lavage le
triage, le transport. Ce rapport conclu que l'exécution de tel ou tel
autre travail est fonction des tranches d'âges.
- le rapport de l'Observatoire du Changement Urbain
(2008)1 sur le travail des enfants dans les mines et
carrières du Katanga, cas du bassin minier de Kipushi, Likasi et Kambove
». Il est clairement démontré que les enfants
exécutent des travaux dans les sites miniers pour leur survie. La
proximité géographique joue un rôle important dans
l'attrait des enfants dans les carrières et les mines, poussant ainsi
les enfants à abandonner les études. L'appartenance à une
famille pauvre et aussi le fait d'avoir les proches (les amis et membres de la
famille) travaillant dans les mines et carrières attirent les enfants
à se rendre dans les carrières. Une typologie de travaux
qu'exécutent les enfants est présentée, ainsi que leurs
revenus.
1 Rapport financé par l'ONG Groupe One (Groupe
de recherche et d'action sur le développement durable et le
développement économique local).
14
- Le rapport BIT (2009) sur les questions de genre, le
travail des enfants et les pires formes du travail des enfants dans les mines
et carrières : le cas du Burkina-Faso, fait remarquer que le travail des
enfants est un fléau mondial. Il établit une typologie entre le
genre et le travail des enfants. Il poursuit que le genre joue un rôle
déterminant dans l'exécution des travaux. Ainsi, les
garçons ont un type de travaux, et les filles en ont également.
Ce rapport conclu que les enfants sont souvent très mal payés
voire pas du tout rémunérés. Les plus souvent leurs
conditions de travail dépendent entièrement de l'employeur, au
mépris de leurs droits. Ils sont privés d'écoles, des
jeux, et d'activités sociales, ainsi que du soutien psychologique de
leurs familles. Ils sont régulièrement confrontés à
la violence physique et aux abus sexuels.
- Seydou Keïta (2001), Etude sur les mines
artisanales et les exploitations minières à petite échelle
au Mali. Il affirme que même si on ne connaît pas leurs
nombres, des enfants (garçons et filles) travaillent dans de nombreux
sites au Mali. Les risques et les conditions de travail sont évidemment
différents, selon que ces activités sont exercées en
galerie, à ciel ouvert ou dans le lit des rivières. Il
établit une typologie de travaux selon les garçons et les filles
: Le travail souterrain est réservé aux hommes. Les
instructions de la police minière traditionnelle interdisent le travail
des filles et des garçons dans les mines souterraines. Par contre,
certains travaux sur les sites sont exclusivement réservés aux
jeunes garçons et aux petites filles. Il s'agit essentiellement du
transport et du traitement du minerai, les corvées d'eau et la
surveillance des bébés sur le site. Le minerai, une fois
remonté du fond des puits est transporté par les enfants sur la
tête ou sur le dos, rarement dans des brouettes ou des poussepousses.
Il poursuit que parmi les autres activités exercées par les
enfants sur les sites miniers, on peut citer :
- La préparation et la vente de repas et de
nourritures ;
- La vente ambulante ou à poste fixe de boisson, de
cigarettes, de beignets ;
- Les opérations de concassage, broyage, pilage et le
tamisage du minerai.
Il termine en disant que la précarité de la
situation alimentaire des enfants constitue un autre facteur de risque sur les
sites miniers. En effet, dans de nombreux cas, les mineurs ne mangent qu'un
léger petit déjeuner le matin avant de partir sur les sites. Le
repas de midi en général insuffisant et de qualité
très médiocre ne suffit pas pour compenser les besoins
énergétiques de la journée.
15
- Mutombo Mwasa (2011), Enjeux de l'application des
mesures interdisant la présence des enfants dans l'exploitation
minière artisanale à Kolwezi. L'auteur étudie
l'efficacité et/ ou l'inefficacité de deux arrêtés
urbains pris par le Maire de la ville de Kolwezi, portant respectivement
interdiction de la présence des mineurs et des femmes porteuses des
enfants de bas âges dans les carrières sur toute l'étendue
de la ville de Kolwezi. Il remarque que malgré toutes les mesures prises
par l'autorité locale, les enfants sont toujours présents dans
les sites miniers en train de travailler. L'étude démontre qu'il
y a des enjeux qui font que les enfants sont toujours bien présents dans
des sites miniers quand bien même que les mesures « draconiennes
» ont été prises pour les empêcher d'y accéder.
Pour ce fait, l'auteur estime même qu'une des démarches
acceptables, serait d'abord la reconnaissance du travail des enfants par le
pouvoir public, l'organisation des enfants en association pour la
défense de leurs droits, l'identification des personnes morales ou
physiques qui profitent du travail des enfants pour une contribution
conséquente aux efforts de réinsertion socioéconomique des
enfants investissant les sites miniers.
- Olivier Kahola (2008), Minings artisanaux : Quel avenir
pour les enfants mineurs à Kolwezi ? L'auteur affirme que les
enfants sont exploités dans les carrières. Leur présence
dans ces sites est une preuve éloquente que les familles n'ont plus la
capacité de contenance. L'auteur déclare : Il y a des enfants
qui ne s'intéressent plus à l'école. Cette dernière
est perçue comme un passetemps, étant donné qu'elle ne
donne aucune garantie financière pour une personne qui s'y investit.
Ainsi, ils préfèrent se lancer dans une activité
génératrice des revenus. Les carrières offrent plus
de chance aux enfants d'abandonner l'école que de continuer. Toutes les
conditions sont réunies pour que l'emprise des carrières attire
plus les enfants. Il conclut que les carrières les plus visitées
par les enfants sont celles qui sont à proximité de leurs
habitations. Ils parcourent moins de 5 Km pour atteindre leur lieu de
travail.
Toutes ces publications que nous venons de passer en revue,
traitent principalement du travail des enfants dans des sites miniers
artisanaux. Or, il n'y a pas que ça qui explique la présence des
enfants dans des sites miniers artisanaux. Ces derniers s'adonnent
également à d'autres activités sur les sites miniers.
C'est ce que ce travail tentera d'élucider.
16
1.1.3.2. Publications portant sur les enfants dits :
« enfants de la rue », « enfants dans la rue », «
enfants en situation de la rue », ou encore « les jeunes en
situation
de la rue »
Dans cette catégorie de publications, nous citons :
- Lupitshi (2013), Sortir de la rue : les trajectoires
des jeunes de Lubumbashi en RD Congo. L'auteur conclut, nous citons :
« Derrière les trajectoires de rue et de sortie de la rue
décrites se lit en filigrane la réalité sociale
congolaise. Les expériences vécues par les jeunes en familles,
dans la rue et dans les structures d'encadrement montrent que le système
social congolais en général accuse de nombreuses faiblesses
organisationnelles et fonctionnelles (...) ». Il poursuit que « la
sortie de la rue des jeunes de Lubumbashi, est un phénomène
processuel, fluide, multiforme et multifactoriel. Il y a des variables qui
entrent en compte, telles que : l'origine du jeune, la raison d'éjection
dans la rue, le genre ou le sexe du jeune, la forme d'utilisation et
d'appartenance au monde de la rue, les ressources développées par
le jeune et la voie de sortie empruntée. Leur avenir n'est pas
voué à la fatalité. Des possibilités de sortie de
jeunes de la rue sont observables ». Etant jeunes et ambitieux, leur
parcourt de vie bougent toujours.
- Malemba (2003), Enfant dans la rue, le sans et hors
famille. L'auteur déclare que le phénomène des
enfants dans la rue constitue un drame que subit sans le vouloir la population
à l'heure actuelle. Il affirme qu'il y a beaucoup d'enfants qui
travaillent mais qui ne sont pas tous visibles à cause de la
présence d'une zone d'ombre. Le phénomène « enfant
dans la rue » constitue un drame social qui interpelle l'Etat, les parents
ainsi que toute la communauté congolaise. Il émet le souhait de
pouvoir créer au Congo un environnement social pour insérer
toutes les filles et garçons qui vivent encore dans la rue. Il
suggère à l'Etat congolais de pouvoir appliquer une politique
sociale susceptible de rendre les familles capables d'encadrer leurs
enfants.
Après le passage en revue sélectif de quelques
littératures locales traitant de la question des « enfants »,
il nous est nécessaire de présenter la problématique
17
1.1.4. La problématique de la
recherche
Lupitshi (2013, 94) montre qu'il y a deux courants de
pensée dans la conceptualisation de la problématique. Le premier
voit dans la problématique l'ensemble de questions que soulève un
sujet de recherche ou plutôt un ensemble de questions justifiant la
raison d'être de la recherche menée. Les tenants de cette approche
considèrent qu'il y a justement un problème qui justifie que l'on
se penche sur tel sujet pour en faire un objet de recherche (...). Une autre
posture conçoit la problématique comme l'angle théorique
adoptée pour approcher un objet d'étude. Quoi qu'il en soit,
Quivy et Campenhoudt (2006, 75) explique que la problématique est
l'approche ou la perspective théorique qu'on décide d'adopter
pour traiter le problème posé par la question de départ.
Elle est l'angle sous lequel les phénomènes vont être
étudiés, la manière dont on va les interroger. Nous
souscrivons à cette deuxième conceptualisation.
La présente recherche est qualitative et s'inscrit
dans une démarche inductive, avec une visée compréhensive,
comme le soutient Ngoie (2008, 66) pour qui « l'émergence ou la
réémergence de nouveaux problèmes sociaux nécessite
une démarche compréhensive pour les configurer à travers
leurs diverses manifestations ou leurs faces cachées ou invisibles
». La démarche qualitative génère une connaissance
fondée sur le vécu des acteurs de terrain ou «
l'étude du quotidien et de l'ordinaire » (Deslauriers et
Kérisit : 1997, 88). Les données recueillies par l'approche
qualitative viennent d'un contexte social dans lequel se sont «
réellement » déroulés les faits étudiés
(Mason : 1996, 4). Le but de ces enquêtes, comme le formulent Deslauriers
et Kérisit (1997, 88), est « de rendre compte des
préoccupations des acteurs sociaux, telles qu'elles sont vécues
dans le quotidien ».
Nous cherchons à comprendre toute la situation
relative à la présence des enfants dans les sites miniers
artisanaux susmentionnés. Cette étude remet en cause
différentes études qui réduisent la présence des
enfants dans des sites miniers à la seule exploitation minière
artisanale. Nos observations du terrain, montrent que tout en étant dans
des sites miniers artisanaux, les enfants vaquent à plusieurs
occupations et non pas seulement à l'exploitation minière. Ainsi
dit, la partie suivante est consacrée à l'intérêt
porté sur l'objet et aux grilles de lecture des faits.
18
1.1.4.1. L'intérêt de l'objet à
l'étude
Pour nous, l'intérêt de cette étude
réside premièrement dans le fait qu'à Kolwezi, les sites
miniers artisanaux sont des endroits interdits aux enfants sur décisions
de deux arrêtés urbains susdits du Maire de la ville. Il s'agit
des arrêtés urbains n°2006/04/VK/B/M du 20 avril 2006 portant
interdiction de la présence des enfants mineurs et des femmes porteuses
des enfants de bas âges dans les carrières sur toute
l'étendue de la ville de Kolwezi. Le deuxième arrêté
urbain est celui n°2007/22/VK/B/M du 15 novembre 2007 portant renforcement
des mesures relatives à l'interdiction de la présence des enfants
mineurs et des femmes dans les carrières sur toute l'étendue de
la ville de Kolwezi. Les articles 1ère et
2ème du premier arrêté énoncent :
· Article 1 : Les travaux d'enfants mineurs et de femmes
porteuses des enfants à bas âges sont interdits dans tous les
sites et carrières d'exploitation artisanale des substances
minérales.
· Article 2 : Les opérateurs miniers qui
utiliseront cette catégorie de personnes seront passibles de peines
prévues par la loi en cette matière.
Tandis que l'article 1ère de
l'arrêté urbain n°2007/22/VK/B/M du 15 novembre 2007,
interdit les travaux des enfants et des femmes dans les sites miniers, en ces
termes : les travaux d'enfants mineurs et des femmes sont interdits dans tous
les sites et carrières d'exploitation artisanale des substances
minérales.
Le code minier congolais de 2002, conditionne l'octroi de la
carte d'exploitation artisanale à la majorité.
C'est-à-dire, pour avoir la carte d'exploitation artisanale, il faut
être majeur. Ces dispositions sont clairement définies dans
l'article 26 qui énonce : Seules les personnes physiques majeures de
nationalité congolaise peuvent acquérir et détenir les
cartes d'exploitant artisanal et les cartes de négociant. L'article 27
énumère les personnes qui ne sont pas éligibles dans
l'exploitation minière artisanale. Il s'agit de toute personne
frappée d'incapacité juridique prévue à l'article
215 de la loi n°87-010 du 01 août 1987 portant Code de la famille.
L'article 215 du code de la famille énumère en ces termes les
incapables : les mineurs, les majeurs aliénés interdits, les
majeurs faibles d'esprit, prodigues, affaiblis par l'âge ou infirmes
placés sous curatelle, etc.
19
Deuxièmement, l'intérêt de cette
étude réside dans la mesure où elle s'intéresse aux
êtres protégés par toutes les communautés humaines,
que sont les enfants. C'est comme le témoigne Malemba (2003, 9 et 50)
que chaque société humaine considère l'enfant comme
espoir de son avenir et de son devenir. L'enfant l'est grâce qu'il permet
à sa société de se régénérer et de se
maintenir en nombre d'une part, et d'autre part de trouver un agent devant
assurer la transmission de ses valeurs propres, celles qui fondent son
identité culturelle. Il poursuit qu'auprès des populations
congolaises, l'enfant représente un investissement humain qui garantit
la postérité des ancêtres. Il est également un
investissement qui potentialise le groupe social, autant qu'il
représente le goulot par lequel passent inévitablement la
prospérité économique, la stabilité morale et
l'harmonie sociale. Ces phrases montrent clairement que l'enfant a une place de
choix dans la communauté congolaise.
Troisièmement, en tant que criminologue, les enfants
qui sont dans les sites miniers artisanaux sont des acteurs appart entier. Ils
remplissent divers rôles dans les sites au même titre que les
adultes. Mutombo (2011, 88-102) définit le rôle comme étant
un comportement individuel attendu de quelqu'un par un groupe dans une
situation sociale donnée et définie par les normes sociales. Il
représente une conduite explicite et peut être
considéré comme une mise en actes du statut. Ainsi, il
présente différents rôles que remplissent les enfants dans
les sites miniers artisanaux : le rôle de sécurité, le
rôle de courroie de transmission, (enfant comme messager, enfant comme
informateur), le rôle de producteur et enfin le rôle de sauvegarde.
Les uns s'adonnent aux activités rémunératrices,
constituant ainsi une main d'oeuvre non négligeable. Les autres par
contre s'adonnent aux activités non rémunératrices dans
lesquelles ils trouvent du plaisir.
Etant vulnérables, l'environnement minier artisanal
tel qu'il se présente, n'est pas propice pour leur bonne croissance. De
ce fait, cela les met en situation dite « enfants en danger ». Jean
Audet et Jean-François Katz (2006, 111-116), expliquent que les «
enfants en dangers» sont les enfants maltraités et les enfants en
risque. Les enfants maltraités sont ceux qui sont victimes de violences
physiques, cruauté mentale, abus sexuels, négligences lourdes
ayant des conséquences graves sur leur développement physique et
psychologique. Les enfants en risque sont ceux qui connaissent des conditions
d'existence menaçant leur santé, leur sécurité,
leur moralité, leur éducation ou sans entretien mais sans qu'ils
soient maltraités. Ces deux notions sont évoquées par
rapport à certaines situations de risque qu'ils traversent et
20
certains comportements de maltraitance qu'ils subissent dans
les sites miniers artisanaux de la part des creuseurs adultes. Ils sont
exposés à plusieurs risques de par leur présence dans les
sites miniers. Certaines situations telles qu'elles se passent dans ces sites,
ne contribuent pas à la bonne éducation des enfants, par contre,
elles les exposent à l'immoralité. Ainsi, face à toutes
ces situations détaillées ci-haut, nous constatons que
l'intérêt visé par les décideurs politiques
d'interdire la présence des enfants dans les sites miniers artisanaux
afin de les protéger contre tous ces risques, ne marche pas de pair avec
l'intérêt des acteurs en question. Ils montent des
stratégies pour échapper au contrôle social et
accèdent aux sites miniers. Face à cette situation, l'idée
nous est arrivée d'en faire une étude criminologique parce que
nous constatons un écart entre les prescrits de la loi et la
réalité sociale. Notre grand souci est de comprendre, de
dégager et d'expliquer les complexités et les différentes
facettes de cette situation.
1.1.4.2. Les grilles de lecture des faits
Quivy et Campenhoudt (2006, 85), soulignent qu'opter pour
une théorie revient donc à dire par quoi l'objet va être
expliqué, c'est-à-dire à déterminer à quoi,
à quel type d'élément, le phénomène
étudié va être relié pour le rendre
intelligible. Dans le même angle d'idée, Lupitshi (2013,
95-96) renchérit qu'un même objet d'étude peut susciter
plusieurs appréhensions théoriques. C'est au chercheur qu'incombe
l'impérieuse charge de préciser, de justifier le
présupposé théorique qu'il entend privilégier dans
l'abord et la lecture des faits.
Pour mieux saisir le phénomène sous
étude afin de mieux le comprendre, les observations faites du terrain
par rapport à la question de recherche nous orientent à opter
deux grilles de lecture suivantes : la théorie d'acteur social et celle
d'interactionnisme symbolique.
1.1.4.2.1. La grille de lecture d'acteur
social
Debuyst (1990, 25-26) explique que l'acteur social est un
sujet non passif et non déterminé, un sujet qui n'est pas non
plus une abstraction mais porteur d'un point de vue qu'il revendique.
Landreville et les autres repris par Ngoie (2009, 73) explique que dans le
déroulement scénique, l'acteur social est un stratège,
doté d'un point de vue ou des
21
rationalités multiples qui justifient ses actions, le
choix des moyens pour atteindre ses objectifs, la défense de ses
intérêts et de ses valeurs.
Digneffe (1990, 360) résume en ce terme le
comportement de l'acteur social : « L'acteur poursuit la plupart du temps
des objectifs peu clairs, ambigus, voire contradictoires (...). Son
comportement est cependant actif ; même la passivité est d'une
certaine manière un choix. Le comportement de l'acteur a toujours un
sens à découvrir. Il est rationnel par rapport à des
opportunités et par rapport au comportement des acteurs. C'est un
comportement qui a toujours deux aspects. Un aspect offensif dans la saisie
d'opportunités en vue d'améliorer sa situation et un aspect
défensif qui vise au maintien et à l'élargissement de sa
capacité d'action. L'individu a les possibilités de choix, entre
plusieurs comportements, conduites ou stratégies. L'individu devient
acteur social quand il peut utiliser ses possibilités dans ses relations
avec d'autres acteurs ».
Ngoie (2009, 50) renchérit que « l'acteur social
s'engage dans une interaction avec des objectifs déclarés ou
implicites. Il est animé par certains mobiles, avoués ou non, par
des intérêts particuliers ou un désir de tirer un petit
plus des interactions (...). Il s'introduit dans un arsenal de relations dans
lesquelles il vise relativement un quelconque intérêt.
Les entretiens recueillis ainsi que les observations faites
dans le cadre de cette étude, traduisent l'importance d'usage de cette
grille de lecture, par le fait que les enfants sont évidemment des
acteurs à part entiers. Ils montent des projets, arrêtent des
stratégies visant à contourner les obstacles auxquels ils sont
confrontés. Ils jouent des rôles divers et importants dans les
sites miniers artisanaux. Ils ont leur manière de se représenter
les sites miniers artisanaux, et leur manière de vivre ces sites.
La deuxième grille de lecture d'interprétations
des faits que nous mobilisons dans cette étude, c'est la grille de
lecture d'interactionnisme symbolique, que nous présentons dans la
partie suivante.
1.1.4.2.2. La grille de lecture d'interactionnisme
symbolique
Pour Le Breton (2004, 45-56) l'individu est un acteur
interagissant avec les éléments sociaux et non un agent passif
subissant de plein fouet les structures sociales à cause de son habitus
ou de la « force » du système ou de sa culture d'appartenance.
L'individu a des
22
raisons d'agir et c'est cela que l'interactionnisme prend
en considération, tant au niveau du sujet lui-même que des
logiques sociales où il est immergé. L'interactionnisme ne prend
pas l'individu comme principe d'analyse, mais raisonne en termes d'actions
réciproques, c'est-à-dire d'actions qui se déterminent les
unes les autres. L'individu attribue du sens à ses actions, à
leurs retentissements, il interprète aussi celle des autres et il agit
en conséquence. L'interaction n'englobe pas seulement les acteurs en
coprésence, mais une multitude d'autres, invisibles, qui
imprègnent leur rapport au monde.
Miles et Huberman (1992, 22) poursuivent que
l'interprétation vient à travers la compréhension
d'actions de groupes et d'interactions. Dans les deux cas, il y a «
interprétation » inévitable des significations
réalisée tant par les acteurs sociaux que par le chercheur. Cette
approche ne conduit pas à des lois universelles mais plutôt
à une « compréhension pratique » des significations et
des actions. On tient compte du sens que les individus donnent à
leurs agissements, du fait des interactions qui naissent dans le contact entre
enfants eux même et aussi entre les enfants et les autres acteurs
évoluant dans le secteur d'exploitation minière artisanale. Il
est démontré que les sites miniers artisanaux sont des milieux
d'influences manifestes et latentes. Les individus interprètent les
réactions d'autrui pour s'y ajuster.
Pour Padioleau et Strauss cité par Ngoie (2009, 50),
« l'interaction est une situation de face à face qui met en
relation (réversible et simultanée) deux sujets qui jouent
inversement le rôle d'émetteur et celui de récepteur et qui
s'influencent directement. La succession de réactions réciproques
fait que l'interaction est toujours traversée par des flux, des vagues
et des tempêtes, des moments de convergence et des temps de divergence
entre les acteurs ».
Les interactions sont des lieux favorables d'affrontements
voire de confrontations des actions et réactions soutenues par des
logiques différentes (Ngoie : 2009, 50). Les interactions entre les
enfants et les autres acteurs dans des sites miniers artisanaux ont une grande
importance et justifient également la mobilisation de cette grille de
lecture. Ce travail s'intéresse également aux interactions entre
les enfants et les autres acteurs présents dans les sites miniers
artisanaux (parents, amis, connaissances, creuseurs, négociants, etc.)
qui sont des acteurs au processus interactif dans le secteur minier artisanaux.
Les enfants, sur les sites
23
miniers, ne sont donc pas des sujets isolés, ils
évoluent dans un faisceau des relations complexes justifiant leur
présence.
Après cette partie consacrée aux grilles de
lecture, nous entamons la partie méthodologique qui nous éclaire
sur la démarche méthodologique utilisée, les techniques
ayant servi à la récolte des données, à
l'échantillonnage et enfin au terrain ayant servi à la
récolte même des données.
1.2. Dispositif méthodologique
1.2.1. Introduction
La recherche scientifique est une praxis de bricolage
utilisant des pièces éparses, des puzzles pour
construire-déconstruire un fait étudié, décrire
et/ou expliquer un phénomène objectivable, rendre compte de la
« manière de faire » ou des résultats. Les impasses
ainsi que les aléas sont ses lots quotidiens dans une pratique
d'aller-retour théorique, épistémologique et empirique.
Généralement, elle mobilise trois moments essentiels : une
démarche exploratoire, une empirie et une analyse de données
(Ngoie : 2009, 65).
Cette partie circonscrit les outils méthodologiques
utilisés dans la recherche tant pour la collecte des données
empiriques que pour leur analyse. Comme le soulignent Miles et Huberman (1992,
49) : les questions de recherche nous disent ce que nous voulons savoir le
plus ou en priorité. Nous allons d'abord canaliser nos énergies
dans cette direction plutôt que dans la direction d'autres variables et
relations. Nous prendrons également des décisions
d'échantillonnage : nous nous intéresserons seulement à
certains acteurs, confrontés à certains problèmes, dans
certains contextes. Les questions nous disent aussi que nous allons avoir
besoins d'outils de recueil de données qui pourraient inclure des modes
spécifiques d'observation, d'entretiens, de recueil de documents, ou de
questionnaires.
Ainsi, cette partie comprend les points suivants : la
démarche méthodologique utilisée, le terrain ayant servi
d'observation, les techniques utilisées pour la collecte des
données, enfin le modèle d'analyse (d'interprétation) des
données en vue d'organiser le savoir qui émerge du terrain. Nous
rappelons de nouveau que cette étude s'inscrit dans la perspective de
l'approche qualitative, définie comme étant « un type de
recherche qui privilégie des données non numériques
recueillies dans le milieu naturel des personnes. Le chercheur tente
d'établir une
24
interaction avec les participants à l'étude
afin de dégager une compréhension riche et crédible du
sens que les participants donnent au phénomène à
l'étude » (Muchielli, 2004 ,183).
Alani et al, cités par Ngoie (2009, 67) explique que
l'approche qualitative s'inscrit dans une démarche inductive, «
c'est-à-dire qu'elle cherche à explorer le réel, sans
hypothèses de départ fortes, avec seulement un thème
d'enquête, mais sans présupposés sur les résultats
». Sous cet angle, le « réel est considéré comme
opaque, les faits ne parlent pas d'eux-mêmes a priori. Il va falloir les
explorer, les analyser, s'imprégner d'eux, puis prendre de la distance,
pour `voir' quelque chose ». Ainsi dit, passons à l'étape
méthodologique.
1.2.2. Choix méthodologique
Il est question ici de présenter l'approche
méthodologique utilisée dans cette étude. D'abord par
méthode, on entend une technique portant non seulement sur le recueil
mais également sur l'analyse de données (Duchesne et Haegel :
2009, 5). Ainsi, comme chemin emprunté pour réaliser cette
étude, nous nous sommes servi de l'approche ethnographique. Nous n'avons
pas utilisé cette approche comme le font les anthropologues dans le but
de décrire les coutumes et les traditions d'un groupe humain, connaitre
l'identité d'une communauté humaine, dans laquelle l'ethnographie
implique l'observation participante du chercheur pendant une longue
période voire même plusieurs années, il se trouve en
contact direct avec le groupe à étudier. Nous nous inspirons de
ce que dit Jamoulle (2002, 24) que réaliser une enquête
ethnographique, c'est localiser une problématique dans un lieu
clé, pour en dégager peu à peu la complexité et les
différentes facettes. Aussi, Miles et Huberman (1992, 23) poursuivent
que l'ethnographie reste proche du profil naturaliste. Permet un contact
approfondi avec une communauté donnée, attention portée
à des événements mondains et de la vie quotidienne et pour
les événements plus rares, participation directe ou indirecte aux
activités locales, avec un soin particulier apporté à la
description des particularités locales ; accent mis sur les perspectives
des individus et leur perception et interprétation de leur environnent
(...). Les méthodes ethnographiques tendent vers le descriptif. La
tâche de l'analyse est de colliger de multiples sources de données
(enregistrements, artefacts, journaux de bord) puis de les condenser avec une
préoccupation légèrement moindre pour la signification
théorique ou conceptuelle de ces observations.
25
Mucchielli (2004, 213), explicite que la méthode
ethnographique est une enquête sur terrain pour l'établissement
des monographies. Staphane Beaud (1996, 230), poursuit que dans la
méthode ethnographique, la technique la plus utilisée est
l'observation participante, l'observation directe et l'entretien (être
avec - faire avec - être immergé dans le milieu
enquêté). Lévi-Strauss repris par Tshinyama (2009, 53)
explique que la démarche ou description ethnographique suppose un
travail de collecte des données, qui exige généralement
une enquête sur le terrain avec observation directe, ce que les
Anglons-Saxons appellent `field work'. Une étude dans un milieu
« naturel », aller `voir sur place', être physiquement
présent dans la situation, la regarder se dérouler en temps
réel pour en rendre compte, voilà le privilège du
sociologue par rapport à l'historien dans l'observation des pratiques
(Arborio et Fournier repris par Tshinyama : 2009, 53). La démarche
ethnographique oblige une descente sur terrain pour la récolte des
données, tout en y restant le plus longtemps possible pour faire parler
les acteurs concernés.
1.2.3. Délimitation du terrain et
échantillonnage
Cette partie est consacrée aux points ci-après
: les formalités administratives, la présentation des sites de
recherche, et l'échantillonnage.
1.2.3.1. Les formalités
administratives
Avant de pouvoir descendre sur terrain, une procédure
administrative était obligatoire, afin d'avoir l'autorisation
d'accéder aux sites de recherche. Les sites que nous avons retenus pour
la collecte des données sont situés à Kolwezi, une ville
qui se trouve à 320 Km de Lubumbashi. La période de collecte des
données avait coïncidé avec celle du stage de recherche que
l'école de Criminologie octroi aux étudiants. Pour nous, le lieu
choisit pour y passer le stage de recherche était le SAESSCAM/Kolwezi
(Service d'assistance et d'encadrement du small scale mining). Pour s'y rendre,
nous avons utilisé notre propre moto de marque « Yamaha 175 ».
La période de recherche était d'un mois, allant du 3 septembre au
3 octobre 2012. La recommandation de stage de l'école de Criminologie
était adressée au chef de bureau SAESSCAM district de Kolwezi.
Pourquoi avoir choisi le SAESSCAM ? Parce que c'est le service étatique
qui gère les sites miniers artisanaux, en assistant et encadrant
techniquement les artisanaux. Comme les acteurs concernés par cette
étude sont les enfants que l'on retrouve dans des sites miniers
artisanaux à Kolwezi, il fallait
26
nécessairement passer le stage de recherche à
ce service. Le bureau du SAESSCAM à Kolwezi est situé sur
l'avenue « msiri » au numéro 293, quartier « biashara
» dans la commune de Dilala.
Le 2 septembre 2012, nous avons présenté la
recommandation au chef de bureau SAESSCAM, et le 3 septembre 2012 tel que
prévu, nous avons commencé le stage. Sur place, nous avons
été affecté au bureau chargé des techniques et
opérations, sous l'encadrement de monsieur Jean-Paul Kayeye, chef de
service chargé des techniques et opérations. Une semaine
après soit le 10 septembre 2012, nous avons amorcé les
décentes sur terrain pour la collecte des données. Les sites dans
lesquels nous avons récolté les données sont au nombre de
quatre et sont largement présentés dans les paragraphes qui
suivent. Le déplacement entre les sites a été facile,
parce que nous utilisions notre propre moto qui nous a même servi comme
moyen de transport de Lubumbashi jusqu'à Kolwezi.
A chaque fois, que nous voulions descendre sur terrain, le
chef de service SAESSCAM chargé des techniques et opérations,
nous mettait en contact téléphonique avec leurs agents commis
dans les sites. Une fois sur terrain, ce sont ces derniers qui nous facilitent
les contacts avec les acteurs concernés. Cette procédure a
été d'application uniquement dans les deux sites où il y a
présence du SAESSCAM. Il s'agit des sites qui sont à «
Mutoshi » et à « Kapata ». Les deux autres sites restant,
ne sont pas gérés par le SAESSCAM. Il s'agit des carrières
« 5 ans » et « GH ». Dans ces deux carrières, il n'y
a aucune réglementation. Chacun y entre et y sort comme et quand il
veut. Nous y sommes rendu sans aucune formalité ni contact.
1.2.3.2. La présentation des sites de
recherche
Avant de pouvoir présenter ce qui a été
pour nous le terrain de recherche, il sied de donner la définition du
mot « terrain de recherche ». Volvey repris par Lavie (2006, 53)
définit le terrain comme étant une entité
spatio-temporelle et une instance épistémique où se
manifeste l'attitude empirique d'un chercheur dans sa tentative
d'établissement de faits scientifiques. Le terrain de recherche exige au
chercheur une entrée et une sortie comme le souligne Cefaï (2006
:34) en ce terme: « l'un des principaux problèmes du terrain
est de l'accès au terrain, puis de l'installation durable dans le
terrain, enfin du retrait du terrain ».
27
Entrer sur le terrain suppose la définition de son
statut, la destinée des informations et parfois le cadrage de sa
recherche auprès des enquêtés.
La ville de Kolwezi a été pour nous le terrain
de recherche. Le choix de cette ville a été motivé
premièrement par le fait que la grande concentration d'entreprises
minières industrielles ainsi que les sites d'exploitation minière
artisanale se trouvent dans le district de Kolwezi. Deuxièmement, par le
fait que plusieurs rapports des Organisations non gouvernementales font mention
de la présence des plusieurs enfants dans des sites miniers artisanaux
à Kolwezi. Ainsi, le paragraphe qui suit décrit brièvement
la ville de Kolwezi, avant de présenter les sites ayant servi à
la récolte des données.
1.2.3.2.1. Brève description de la ville de
Kolwezi
D'après le rapport administratif de la mairie de
Kolwezi exercice 2008, le district de Kolwezi se présente comme suit :
La ville de Kolwezi est chef-lieu du district répondant par le
même nom. Ce district est souvent dénommé, district
urbano-rural, parce qu'il est composé de deux communes et de deux
territoires à savoir : les communes de « Manika » et de «
Dilala » ; Puis les territoires de « Mutshatsha » et de «
Lubudi ». La ville de Kolwezi est située à 320 Km de la
ville de Lubumbashi, capitale provinciale de la province du Katanga. Dans son
ensemble, le district de Kolwezi est limité : au Nord par le district du
Haut-Lomami, au Sud-est par la République de la Zambie et le district du
Haut-Katanga, à l'Est par le district du Haut Katanga et à
l'Ouest par le district du Lualaba.
Le district de Kolwezi est composé de 36.933
Km2 répartie comme suit : Commune de Dilala : 154
Km2, Commune de Manika : 59 Km2, Territoire de Lubudi :
17.861 Km2 et Territoire de Mutshatsha : 18.859 Km2. Le
sol est argilo-sablonneux et le sous-sol est riche en gisements miniers du
cuivre, du cobalt, de l'or, du zinc, de l'uranium et du radium. C'est en 1971
que la ville de Kolwezi avait obtenu son statut de ville, le 23 juillet 1971
par ordonnance n°71-177 (rapport mairie de Kolwezi : 2008, 12). Et en 1976
par ordonnance n°76-299 du 6 octobre 1976, les deux territoires de Lubudi
et de Mutshatsha, qui jadis appartenaient au district de Lualaba, ont
été rattachés à cette ville. Au départ, la
ville de Kolwezi était composée uniquement de deux communes
précitées. Le nom de Kolwezi vient du nom d'une rivière
qui tire sa source au niveau de l'actuel aéroport de Kolwezi. Les
activités économiques importantes restent l'exploitation
minière industrielle, à petite échelle et artisanale.
En
28
seconde position, viennent le commerce et l'agriculture.
C'est dans le district de Kolwezi où il y'a implantation de plusieurs
grandes entreprises minières telles que : Tenke Fungurume Mining (TFM),
Katanga Copper Company (KCC), Mutanda Mining (MUMI), Africa Mineral Barbados
(AMB), Boss Mining (BM), etc. Aussi, c'est dans ce district où il y'a un
grand nombre d'exploitants miniers artisanaux, communément
appelés « creuseurs ». A la tête de la ville, il y a un
maire de la ville, qui est l'autorité administrative. Après cette
brève présentation de la ville de Kolwezi, nous passons à
la présentation des sites ayant servi à la collète des
données.
1.2.3.2.2. Présentation des sites de
récolte des données
Quatre carrières ont servi comme sites de collecte des
données. Il s'agit des carrières ci-après :
· La carrière de Mutoshi ;
· La carrière 5 ans ;
· Les carrières Kamilombe ;
· La carrière GH du camp Gécamines
Kolwezi.
Pour faciliter la prise des coordonnées
géographiques de tous ces sites qui font l'objet de la récolte
des données, nous étions muni d'un appareil GPS de marque «
Garmin GPS 60 ». GPS veut dire «Global Positioning System », que
l'on traduit en français par « système de
géolocalisation par satellite ». Le premier site par où nous
avons commencé à récolter les données, c'est la
carrière Mutoshi.
A. La carrière de Mutoshi
Cette carrière se situe au nord de la ville de
Kolwezi, à plus ou moins 2 Km du camp Gécamines « Mutoshi
». Elle appartient à la société minière Mining
Général and Metal (MMG). Avant, cette carrière appartenait
à la Gécamines. C'est après la conclusion du contrat de
partenariat entre la Gécamines et la société
minière Anvil Mining que la Gécamines a cédé la
gestion de cette carrière à Anvil Mining. Cette dernière a
vendu ses actions à MMG. La carrière de Mutoshi fut une mine
à ciel ouvert et s'appelait « mine de Ruwe ». Actuellement,
cette carrière est envahie par les creuseurs qui y exploitent les
minerais du cuivre sous encadrement du SAESSCAM.
29
Les minerais extraits dans cette carrière sont vendus
dans différents comptoirs d'achat des produits miniers qu'on trouve dans
la ville de Kolwezi. Sur le site, on y remarque la présence des agents
du SAESSCAM et des éléments de la police des mines et des
hydrocarbures. La carrière Mutoshi est subdivisée en quatre
périmètres qui sont : Ruwe Mess, Dima, Kandimba et l'eau verte.
Les trois premiers périmètres sont des sites où l'on
exploite les minerais. Le dernier périmètre (l'eau verte)
constitue le lieu de lavage, de tamisage, de concassage et de triage des
minerais. Tous les quatre périmètres sont séparés
l'un de l'autre de plus ou moins 100 à 800 mètres. Ci-dessous,
les coordonnées géographiques de tous les quatre
périmètres. Signalons que le périmètre
appelé « l'eau verte », c'est ça même l'ancienne
mine à ciel ouvert de « Ruwe Mess » qui est actuellement
inondée des eaux souterraines.
Tableau n° 01 : Coordonnées
géographiques de tous les quatre périmètres de la
carrière Mutoshi.
N°
|
Nom du site
|
Coordonnées géographiques
|
Observation
|
01
|
Ruwe Mess
|
Latitude Sud : 10.40473° Longitude Ouest :
25.32231° Altitude : 1443 mètres
|
Ces coordonnées ont été
prélevées au centre de la carrière
|
02
|
Dima
|
Latitude Sud : 10.68838° Longitude Ouest :
25.54218° Altitude : 1503 mètres
|
Coordonnées prises à l'entrée de ce
périmètre.
|
03
|
Kandimba
|
Latitude Sud : 10.68630° Longitude Ouest :
25.54719° Altitude : 1456 mètres
|
Coordonnées prises au milieu de ce
périmètre.
|
04
|
Lieu de lavage minerais
|
Latitude Sud : 10.68157° Longitude Ouest :
25.54113° Altitude : 1463 mètres
|
Coordonnés prises au bord de la mine
noyée.
|
|
Le tableau ci-dessus présente toutes les
coordonnées géographiques de tous les quatre
périmètres qui constituent la carrière de « Mutoshi
». Les trois premiers périmètres sont les endroits où
l'on creuse le minerai. Le dernier périmètre constitue le lieu de
lavage du minerai. L'image de cette carrière est à page 117,
annexe n°1.
B. La carrière « 5 ans » ou encore
carrière « Kanina »
30
La carrière dite 5ans se trouve entre le centre-ville
commercial de Kolwezi et la cité 5 ans, à côté d'un
grand étang, communément appelé « lac Kabongo ».
La cité 5 ans est aussi appelée, « cité Kanina
». Même chose pour la carrière 5 ans qui est parfois
appelée « carrière Kanina ». La distance entre la
cité 5 ans et la carrière est plus ou moins de 300 mètres.
Ce site se trouve en pleine concession minière de la Gécamines.
Jadis, cette carrière fut une mine à ciel ouvert appelée
« la mine de Kolwezi ». Elle est l'une des premières mines de
la ville de Kolwezi. Elle date de l'époque coloniale, lorsque la
Gécamines s'appelait « Union Minière du Haut Katanga ».
Actuellement la Gécamines compte relancer l'exploitation de cette mine
car, elle a un grand gisement des minerais du cuivre, nous a confirmé le
chargé des techniques et exploitation au bureau SAESSCAM/Kolwezi.
Signalons par ailleurs que nous nous sommes
intéressé également des lieux de lavage des minerais comme
périmètres, parce qu'il y a certaines opérations
minières qui s'y passent telles que : le ramassage, triage, concassage
des minerais. Ainsi, La carrière 5 ans a trois périmètres,
qui sont : le périmètre appelé « 5 ans »,
périmètre appelé « Bob » et le lieu de lavage
des minerais. Tous les minerais extraits dans cette carrière, sont soit
vendus sur place dans la carrière, soit vendus aux comptoirs d'achats
des produits miniers installés à la sortie de la ville en allant
vers Lualaba-gare. Dans cette carrière, il n'y a aucun service
étatique. Ci-dessous, les coordonnées géographiques de
tous les trois périmètres.
Tableau n°02 : Cordonnées de tous
les trois périmètres qui composent la carrière 5 ans.
N°
01
|
Nom de la carrière
|
Coordonnées géographiques
|
Observations
|
|
Latitude Sud : 10.43413° Longitude Ouest :
25.28155° Altitude : 1469 mètres
|
Coordonnées prises au milieu de la
carrière.
|
02
|
Bob
|
Latitude Sud : 10.72888° Longitude Ouest :
25.47130° Altitude : 1472 mètres
|
Coordonnées prise à l'entrée de la
carrière.
|
03
|
Lieu lavage minerais
|
Latitude Sud : 10.71584° Longitude Ouest : 25.47544°
Altitude : 1488 mètres
|
Coordonnées prises au bord de l'étang.
|
|
Tableau n° 03 : Coordonnées des
carrières du camp Gécamines Kapata
31
Dans les deux premiers périmètres, on y
exploite le minerai du cuivre. Le troisième périmètre
constitue le lieu de lavage du minerai. La photo du lieu de lavage des minerais
est sur la page 118, annexe n°2.
Après la carrière « 5ans », la
récolte des données s'est effectuée également dans
les carrières situées tout près du camp Gécamines
de « Kapata ».
C. Les carrières du camp Gécamines de
Kapata
Il s'agit des carrières qui sont tout autour du camp
Gécamines de « Kapata » et aussi du lieu de lavage des
minerais. Parmi ces carrières, il y a : « Terre jaune, Mudjuma,
Kamilombe I, Kamilombe II et Kamilombe III ». Certaines carrières
sont à plus ou moins 1 Km du camp d'habitation, et les autres
au-delà de 1 Km. Toutes ces carrières sont en pleine concession
minière de la Gécamines. On y exploite les minerais du cuivre et
du cobalt.
La distance entre la cité de Kapata (camp
Gécamines Kapata) et le centre-ville Kolwezi est de 15 Km. Sur toutes
ces carrières, on y trouve des agents du SAESSCAM, qui
réglementent et orientent l'exploitation minière artisanale.
L'entrée est libre à toute personne. Les minerais
exploités sont vendus aux comptoirs installés au bord du lieu de
lavage des minerais appelé « laverie ». Ci-dessous, les
coordonnées géographiques des carrières du camp
Gécamines « Kapata ».
32
N°
01
|
Nom du site
|
Coordonnées géographiques
|
Observations
|
|
Latitude Sud : 10.73342° Longitude Ouest :
25.45975° Altitude : 1473 mètres
|
Coordonnées prises au milieu du site.
|
02
|
Kamilombe I
|
Latitude Sud : 10.73906° Longitude Ouest :
25.40641° Altitude : 1475 mètres
|
Coordonnées prises au milieu du site.
|
03
|
Kamilombe II
|
Latitude Sud : 10.74220° Longitude Ouest :
25.40110° Altitude : 1464 mètres
|
Coordonnées prises au milieu du site
|
04
|
Kamilombe III
|
Latitude Sud : 10.74539° Longitude Ouest :
25.39764° Altitude : 1464 mètres
|
Cordonnées prises à l'entrée du
site.
|
05
|
Lieu de lavage des minerais
|
Latitude Sud : 10.75421° Longitude Ouest : 25.39191°
Altitude : 1480 mètres
|
Coordonnées prises au bord du lieu de lavage.
|
|
Les quatre premiers périmètres dans le tableau
ci-haut, sont des lieux de creusage des minerais. Le dernier
périmètre constitue le lieu de lave des minerais. On y pratique
également plusieurs activités telles que le lavage, le tamisage,
le triage, le concassage, la vente des denrées alimentaires, etc. La
photo de la carrière « Kamilombe I » est sur la page 119,
annexe n° 3.
Enfin, le dernier site qui a fait l'objet de la
récolte des données, c'est la carrière GH qui se trouve
tout près du camp Gécamines Kolwezi.
D. La carrière GH.
Cette carrière se trouve sur la route qui mène
vers le camp Gécamines « Musonoï », derrière le
camp Gécamines Kolwezi à moins d'un kilomètre, entre
quelques vallées. A côté de la carrière, il y a une
petite rivière. C'est dans cette rivière où les creuseurs
lavent les minerais. L'accès est libre, car aucun service
étatique n'est présent. Plusieurs sentiers conduisent à ce
site. C'est un site appartenant à la Gécamines comme les autres
précédents. Les coordonnées géographiques de ce
site se présentent dans le tableau ci-dessous :
33
Tableau n° 04 : Coordonnées de la
carrière GH
N°
|
Nom du site
|
Coordonnées géographiques
|
Observations
|
|
|
Latitude Sud : 10.72469°
|
Ces coordonnées ont été prises
|
01
|
GH
|
Longitude Ouest : 25.45072° Altitude : 1433
mètres
|
entre la carrière et le site de lavage des minerais,
parce que ces deux sites sont proches.
|
|
Dans le tableau ci haut, nous ne présentons pas le
lieu de lavage du minerai, parce que la petite rivière où l'on
lave les minerais divise le site en deux et fait partie intégrante de
cette carrière. Il n'est pas éloigné comme dans d'autres
sites.
Ainsi, après la présentation
détaillée des sites ayant servi à la collecte des
données, nous passons à la présentation
l'échantillon.
1.2.3.3. Echantillonnage
L'échantillon de cette étude est qualitatif.
Cela est par rapport à cette recherche qui est qualitative. Lupitshi
explique que dans toute recherche où l'enquêteur ne sait pas
atteindre l'ensemble de la population soumise à l`étude, les
enquêtés sélectionnés et interrogés
constituent un échantillon quelle que soit la manière dont ce
groupe peut être désigné (2013, 130).
Nous optons pour un échantillon qualitatif par cas
multiples en considérant plus la qualité des acteurs que leur
représentativité. L'échantillon par cas multiples permet
de repérer et de sélectionner les acteurs pertinents
impliqués dans le phénomène sous-étude (Depelteau,
2006 : 27). Et comme souligne Mucchieli (2004, 237), l'échantillon
qualitatif ne met pas seulement l'accent sur la diversité des acteurs,
mais aussi sur la saturation.
Blanchet et Gotman (2013, 46) notent que définir la
population, c'est sélectionner les catégories de personnes que
l'on veut interroger, et à quel titre ; déterminer les acteurs
dont on estime qu'ils sont en position de produire des réponses aux
questions que l'on se pose.
34
Toute entreprise scientifique s'efforce de découvrir
quelque chose qui puisse s'appliquer à tous les «
éléments » d'un certain type en étudiant quelques
exemples, le résultat de cette étude étant toutefois
« généralisable » à tous les membres de cette
classe. Nous devons constituer des échantillons pour convaincre les gens
que nous savons quelques chose sur l'ensemble de cette classe
étudiée (Lupitshi : 2013, 130).
La détermination du nombre d'entretiens
nécessaires à une enquête particulière
dépend, en premier lieu, du thème de l'enquête et de la
diversité des attitudes supposées par rapport au thème, du
type d'enquête (...). D'autre part à partir d'un certain nombre
d'entretien les informations recueillies apparaissent redondantes et semblent
n'apporter plus rien de nouveau, on est tenté de ne point aller
au-delà (Blanchet et Gotman, 2013, 50).
Dès notre entrée sur terrain pour la
première fois, et durant toute la période que nous y
étions, la grande préoccupation était : « Comment
identifier les acteurs concernés » pour passer l'entretien, dans un
environnement comme les sites miniers artisanaux, où tout le monde vaque
à ses occupations. Pour ce faire, nous nous sommes appuyé sur
trois critères qui sont : l'âge, la classe et l'enrôlement
pour les élections de novembre 2011. Ces critères ont
été tous combinés afin de bien identifier les enfants sans
toutefois commettre d'erreurs. Ainsi, nous les avons utilisés de la
manière suivante :
- L'âge : A partir des observations faites sur
terrains, certains acteurs semblaient être mineurs au près des nos
yeux. Nous leur posions la question de savoir leur âge, parce que la loi
congolaise fixe l'âge de la majorité à 18 ans. Mais, cela
ne suffisait pas réellement pour confirmer la minorité de
quelqu'un, parce que certains d'entre eux ne savaient même pas leurs
âges. D'où l'importance de combiner avec les autres
critères de sélection.
- La classe : Nous avons jugé important de savoir
également les classes dans laquelle se trouvaient les acteurs. Parce que
d'après la législation congolaise en matière scolaire,
l'école primaire est prévue pour les enfants. Aussi une partie de
l'école secondaire, de la première année secondaire
jusqu'en 5 ème des humanités, soit de 13 à 17
ans. Mais, il y a toujours des personnes qui ont un âge avancé,
mais qui se retrouvent dans des classes plus inférieures que leurs
âges. D'où, il nous fallait nécessairement compléter
ces deux critères (l'âge et l'école) à un autre
critère.
35
- L'enrôlement : La période de récolte
des données pour la réalisation de ce travail scientifique, va du
3 septembre au 3 octobre 2012. Or, 'année 2012 fut l'année
postélectorale en RDC. Les élections présidentielles
accouplées aux législatives ont eu lieu le 28 novembre 2011.
Seules les personnes enrôlées, ne pouvaient participer aux
élections. Or pour s'enrôler, il fallait être adulte. Ainsi
nous avons considéré que le critère d'enrôlement
devait être adjoint aux deux premiers critères pour renforcer
l'identification des enfants dans les sites. Par rapport au critère
d'enrôlement, lorsque nous étions sur terrain, si un acteur nous
répond qu'il ne s'était pas enrôlé, nous lui posions
de nouveau la question suivante : « pourquoi tu ne t'es pas
enrôlé ? » Ceci, pour avoir la raison qui a milité
pour qu'il ne soit pas enrôlé. C'est seulement lorsque la
réponse est « je suis encore enfant », soit « je n'ai pas
l'âge de voter », soit encore « je ne me suis pas
enrôlé parce que je suis enfant » que l'acteur sera
identifié comme enfant et fera partie des acteurs concernés
à s'entretenir avec eux. C'est de cette manière que nous avons
identifié les acteurs concernés par cette recherche.
1.2.4. Dispositif de recueil des
données
Après avoir accompli un mois de récolte des
données tel que prévu sur la recommandation de stage de
recherche, le 6 octobre 2012, nous étions obligé de rentrer
à Lubumbashi pour poursuivre avec les cours au programme de DEA. La
période nous accordée pour la recherche, correspondait à
la période où les élèves sont en pleine
études (mois de septembre). Pour compléter les données,
nous avons changé les périodes d'observation. Ainsi, nous sommes
de nouveau rentré sur terrain, cette fois-ci pendant la saison
sèche, du 15 juillet au 22 août 2013. Cette période
correspond aux vacances scolaires. L'alternance, nous a permis d'observer
d'autres situations qu'on n'aurait pas observées pendant la
période scolaire.
La qualité et la pertinence des savoirs produits,
dépendent donc en grande partie de l'abondance et de la fiabilité
des informations recueillies sur le terrain (Yann : 2006, 24-25). Les
instruments méthodologiques sont sélectionnés
dépendamment « des références théoriques de la
recherche » (Ruquoy : 1995, 60, repris par Ngoie : 2009, 83). Par
ailleurs, les instruments de collectes des données utilisés dans
cette recherche sont l'observation et l'entretien.
36
1.2.4.1. L'observation
L'Ecole de Chicago, dont les études principales
portent sur les faits et gestes de la vie ordinaire, les manières
d'être et les modes de vie, prône l'observation des
phénomènes sociaux dans leur cadre naturel (Blanchet et Gotman :
2013, 13). L'observation directe est celle où le chercheur
procède directement lui-même au recueil des informations, sans
s'adresser aux sujets concernés. Elle fait directement appel à
son sens de l'observation (Quivy et Campenhoudt : 2006, 151). Pour autant,
cette méthode reste l'idéal type de l'enquête de terrain
(Marie : 2006, 61).
Cette technique oblige au chercheur de se déployer sur
terrain, là où il devra être en contact avec les personnes
ou les phénomènes qu'il analyse. L'observation in situ ou encore
de terrain est « un procédé de recherche procédant de
l'observation personnelle et prolongée de situations et comportements,
sans être réduit à ne connaitre ces situations et
comportements par des catégories utilisées par ceux qui les
visent (Kaminski : 2006, 58). Le choix de l'observation n'est pas un fait de
hasard. Cela se justifie par le comportement des acteurs, qui se manifeste
premièrement par plusieurs interactions et langage, lesquels
méritent une observation attentive. Deuxièmement, par la
commission d'actes qui se traduisent par les travaux, les jeux, les services et
les gestes qui obligent une observation, afin d'interpréter les sens que
les acteurs accordent à leurs pratiques.
La posture scientifique n'est nullement celle d'une objection
venant expliquer les données, mais une compréhension des
significations mises en oeuvre par les différentes parties en
présence. La tâche est de fournir une interprétation
plausible des données après la confrontation méticuleuse
au terrain. Il ne s'agit pas de se mettre à la place des autres et de
s'imaginer ce qu'ils ressentent. La sociologie n'est pas un exercice de
projection morale du chercheur, mais une enquête rigoureuse,
honnête, sur les pratiques et les représentations des acteurs. Il
s'agit toujours de saisir les significations telles qu'elles sont vécues
par les acteurs(Le Breton : 2004, 171-172).
L'observation à elle seule ne permet pas de
pénétrer les représentations de différents acteurs.
D'où il est nécessaire de la compléter et de l'enrichir
par l'entretien. Il s'agit des entretiens semi-directifs (Quivy et Campenhoudt:
2006, 174).
37
1.2.4.2. L'entretien
Le recours à l'entretien répond à la
logique de la démarche méthodologique du type ethnographique.
Pour Peretz (2004, 11) « l'entretien vice à restituer les
événements vécus par une personne pendant sa vie, une
même sélection s'opère, même si, parfois la personne
descend au niveau d'un événement particulier ». Un entretien
« est un speech event (événement de parole) dans
lequel une personne A obtient une information d'une personne B, information qui
était contenue dans La biographie de B » (Blanchet et Gotman :2013,
17). L'entretien reste donc cet outil de recherche qui permet d'avoir «
accès au point de vue des personnes, à leur expérience
vécue, au sens qu'elles donnent à leurs actions » (Desanti
et Carpon : 2007, 53).
Le choix de l'enquête par entretien permet
effectivement de faire apparaître les « processus » et les
« comment ». D'une part, grâce à cette méthode
d'enquête nous pouvons recueillir des renseignements sur les pratiques
individuelles et collectives et établir des faits (Marie : 2006, 60).
Dans l'entretien semi-directif, le chercheur dispose d'une
série des questions-guides, relativement ouvertes, à propos
desquelles il est impératif qu'il reçoive une information de la
part de l'interviewé. Mais il ne pose pas forcément toutes les
questions de la part dans l'ordre où il les a notées et sous la
formulation prévue. Autant que possible, il « laissera venir »
l'interviewé afin que celui-ci puisse parler ouvertement, dans les mots
qu'il souhaite et dans l'ordre qui lui convient. Le chercheur s'efforcera
simplement de recentrer l'entretien sur les objectifs chaque fois qu'il s'en
écarte et de poser les questions auxquelles l'interviewé ne vient
pas par lui-même, au moment le plus approprié et de manière
aussi naturelle que possible (Quivy et Campenhoudt : 2006, 174).
Tous les enfants avec qui nous nous sommes entretenus,
étaient toujours en groupes. Que ça soit les enfants en
activités rémunératrices, ou non, tous étaient
toujours en groupes. Le nombre d'enfants par groupe variait entre deux à
sept enfants. Par conséquent, tous les entretiens effectués sont
des « entretiens collectifs ». L'intérêt de l'entretien
collectif paraît alors évident : il est de saisir les prises de
position en interaction les unes avec les autres et non de manière
isolée. Il permet à la fois l'analyse des significations
partagées et du désaccord, grâce à la prise en
compte des interactions sociales qui se manifestent dans la
B. Outils ayant servi au recueil des
données
38
discussion. L'entretien collectif permet d'accéder au
sens commun, aux modèles culturels et aux normes (Sophie et Florence :
2009, 35-36). Lors ces entretiens collectifs, les enfants se
complétaient facilement les paroles et parfois discutaient entre eux de
la manière dont ils subissent certaines injustices et autres
maltraitances sur les sites. Là où un aspect pouvait être
oublié, les autres complétaient facilement. Cette situation
était très intéressante et plus avantageux de notre part.
Les enfants avaient la libre parole. De ce fait, ils parlaient sans
gènes de tout ce qui se passe sur les sites miniers leur concernant.
Mais, nous avons insisté sur les occupations qu'ils font sur les sites,
leurs expériences vécues sur l'exploitation minière
artisanale, les situations mauvaises qui leur arrivent, les aspects
socioéconomiques de leurs familles et la manière dont ils
perçoivent leur avenir. Les noms des enfants que nous présentons
dans ce mémoire ne sont pas leurs vrais noms. Nous avons respecté
l'anonymat pour les protéger leurs identités.
C'est qui fonde l'entretien, c'est la production d'une parole
sociale qui n'est pas simplement description et reproduction de ce qui est,
mais communication sur le devoir-être des choses et moyen
d'échanges entre individus. La spécificité de l'entretien
à savoir, est la production d'un savoir in situ. C'est en cela qu'il est
une situation sociale de rencontre et d'échange et non pas un simple
prélèvement d'information (Blanchet et Gotman : 2013, 15). La
situation d'entretien nécessite une mise en confiance entre
l'interviewer et l'interviewé. Chose qui était faite.
A. Entretiens recueillis
Durant toutes les deux périodes de terrain, nous avons
recueilli 10 entretiens formels avec différents acteurs. Ces entretiens
sont répartis de la manière suivante : 5 entretiens avec les
enfants, 2 entretiens avec les parents des enfants, 1 entretien avec le
chargé des techniques et opérations au bureau SAESSACAM/Kolwezi,
1 entretien avec le Professeur Ndjibu entant qu'expert pour les questions
concernant l'environnement minier et enfin 1 entretien avec une dame
responsable d'une ONG dénommée « Tukinge wa toto », qui
se charge de la protection des enfants contre l'exploitation minière
artisanale à Kolwezi.
39
Lors de la récolte des données, nous nous
sommes servi de quelques instruments. Le premier, c'est le carnet de bord.
Toutes les données de l'observation ont été transcrites
dans ce carnet de bord, afin de ne pas oublier certains aspects
observés. Aussi, quelques grandes lignes des entretiens, ont
été transcrites dans le même carnet de bord. Le
deuxième instrument utilisé, c'est enregistreur de marque «
OLYMPUS VN-3100PC ». Nous nous sommes servi de cet appareil pour
enregistrer tous les entretiens effectués sur terrain. Le
troisième instrument utilisé, c'est l'appareil photo de marque
« Sony ». Ce dernier nous a servi à prendre les photos des
sites miniers et les photos des enfants avec leur accord. Enfin, le
quatrième instrument utilisé, c'est le GPS de marque «
Garmin GPS 60 » (Global Positioning System »), traduit en
français par « système de géolocalisation par
satellite ». Cet appareil nous a servi à prélever les
coordonnées géographiques des sites investigués.
1.2.5. Dispositif d'analyse des
données
Duchesne et Haegel (2009, 5) expliquent que la notion
d'entretien implique au moins l'idée de production des discours à
des fins d'analyse. Ainsi, pour traiter les données du terrain
recueillies par les entretiens et l'observation, nous optons pour l'analyse
thématique. Paille et Mucchielli (2003, 123-124) renchérissent
qu'avec l'analyse thématique, la thématisation constitue
l'opération centrale de la méthode, à savoir la
transposition d'un corpus donné en un certain nombre de thèmes
représentatifs du contenu analysé et ce, en rapport avec
l'orientation de recherche. L'analyse thématique consiste, dans ce sens,
à l'examen discursif des thèmes abordés dans un corpus
(...). Blanchet et Gotman (2013, 96) expliquent que l'analyse thématique
défait en quelque sorte la singularité du discours et
découpe transversalement ce qui, d'un entretien à l'autre, se
réfère au même thème. Elle ignore ainsi la
cohérence singulière de l'entretien et recherche une
cohérence thématique inter entretiens.
Paille et Mucchielli (2003, 124) poursuivent que l'analyse
thématique a deux fonctions : une fonction de repérage et une
fonction de documentation. La première concerne le travail de saisie de
l'ensemble des thèmes d'un corpus. La tâche est de relever tous
les thèmes pertinents, en lien avec les objectifs de la recherche. La
deuxième fonction va plus loin et concerne la capacité de
documenter l'importance de certains thèmes au sein de l'ensemble
thématique, donc de relever des récurrences, des regroupements,
etc.
40
Miles et Huberman (1992, 133-135) notent que les codes
thématiques sont des codes explicatifs ou inférentiels, qui
identifient un thème, un pattern ou une explication émergente
suggérée à l'analyste (...). Leur fonction est de
rassembler une grande quantité de matériels dans des
unités d'analyse plus significatives et économiques. Le codage
thématique est une façon de regrouper ces résumés
en un nombre plus réduit de thèmes ou d'éléments
conceptuels plus synthétiques. Le codage thématique remplit
quatre fonctions importantes:
· Il réduit ces grandes quantités de
données en un petit nombre d'unité analytiques.
· Il amène le chercheur à l'analyse
pendant le recueil de donnée, de sorte que les recueils
ultérieurs peuvent être plus centrés.
· Il aide le chercheur à construire une carte
cognitive, un schéma évolutif lui permettant de comprendre ce qui
se passe sur le site.
· Lorsque plusieurs chercheurs sont engagés dans
une seule étude de cas, il établit les bases d'une analyse
inter-sites en révélant des thèmes communs et des
processus de causalité.
Procéder à une analyse thématique, c'est
donc attribuer des thèmes en lien avec un matériau soumis
à une analyse. Il s'agit de cerner par une série de courtes
expressions (les thèmes) l'essentiel d'un propos ou d'un document. Deux
types de démarches de thématisation sont possibles ; la
thématisation en continue et la thématisation
séquenciée. La première consiste en une démarche
ininterrompue d'attribution de thèmes et, simultanément, de
construction de l'arbre thématique. La thématisation
séquenciée procède d'une logique différente, plus
hypothético-déductive. L'analyse est menée en deux temps.
Dans un premier temps, un échantillon du corpus est tiré au
hasard et analysé dans le but de constituer une fiche thématique.
Celle-ci va prendre la forme d'une liste de thèmes
(hiérarchisés ou non) auxquels correspondent les
définitions permettant de les identifier à la lecture du texte.
Lorsqu'elle a été constituée à la satisfaction du
chercheur, cette fiche est ensuite appliquée dans un deuxième
temps à l'ensemble du corpus, soit de manière stricte soit en
prévoyant la possibilité que des thèmes soient
ajoutés en cours d'analyse. Cet ajout devra cependant être
normalement assez limité, sans quoi on revient à la logique de la
thématique en continue (Paille et Mucchielli : 2003, 126-127).
41
Bien entendu, des choix analytiques sont continuellement
opérés, lorsque l'on choisit ce qu'il faut retenir, mettre en
lumière, rapporter en premier et en dernier lieu, ce qu'il faut
inter-relier, les idées principales à conserver. Par rapport
à ces deux formes de thématisation, nous avons opté pour
la thématisation en continue. Cela se passait au moment même
où nous étions sur terrain en pleine récolte des
données. A l`aide d'un stylo et du papier, le soir à la maison,
après lecture et relecture des entretiens transcrits, nous attribuions
des thèmes aux matériaux récoltés et petit à
petit, nous faisions l'effort de construire l'arbre thématique. Cette
opération a duré toute la période de la récolte des
données. En nous référant à la question de
recherche, nous avons dégagé quatre thèmes qui sont :
- Les catégories des enfants se trouvant dans les sites
miniers ;
- Les jeux et les enjeux de la présence des enfants dans
les sites miniers ; - L'impact négatif de la présence des enfants
dans les sites miniers ; - Les logiques explicatives.
1.3. Difficultés rencontrées et
stratégies de contournement
L'engagement sur terrain n'est pas toujours sans
désagrément ou sans surprise pour le sociologue qui se voit
parfois bousculé ou transformé par lui (Le Breton : 2004, 174).
Durant toute la période de récolte des données, nous
étions confronté à plusieurs difficultés. La
première est la méfiance observée par les acteurs envers
nous. Sur le terrain, certaines personnes (adultes) nous qualifiaient de
journaliste qui fait un reportage sur les enfants dans les mines, et les autres
nous considéraient comme étant un agent de renseignement qui
voulait s'informer davantage sur les enfants pour les arrêter par
après. De ce fait, nous étions obligé de leur expliquer ce
que nous étions en réalité, en leur présentant la
recommandation de stage de recherche. La deuxième difficulté est
la gestion du temps par les acteurs. La majorité d'acteurs vaque
à leurs occupations. Il leur est difficile d'accorder un long temps
à l'entretien. Il considère cela comme du temps à perdre.
Donc, nous nous sommes entretenu uniquement avec ceux qui ont accepté de
nous accorder un peu de leur temps. Par rapport à cette situation,
certains enfants nous demandaient de l'argent après l'entretien. Ils
disaient facilement « grand frère tu veux nous laisser sans quelque
chose ? ». Dans pareil cas, nous étions obligé de leur
remettre un peu d'argent pour acheter quelque chose à grignoter.
42
La troisième difficulté est la mauvaise
interprétation qu'ont certaines personnes du chercheur. Ils disaient
« vous chercheur, vous gagnez beaucoup d'argent avec ce que nous vous
disons. Mais qu'est-ce que nous, nous gagnerons ? ». Par rapport à
cette préoccupation, nous leur répondions que nous étions
un simple étudiant et la recherche que nous menions, c'est pour la
réalisation de notre mémoire dans le cadre de nos
études.
Nous avons connu également certaines facilités
sur terrain dues à notre statut de chercheur au Centre d'Excellence pour
l'Etude de la Démocratie locale (CEDEMOL), un Centre de recherche de
l'Université de Lubumbashi. Dans ce cadre, nous avons effectué
plusieurs recherches de terrain dans le domaine minier, les unes en partenariat
avec le Service SAESSCAM. C'est les cas en 2007, nous avons fait la
cartographie de sites miniers au sud Katanga. En 2010, nous avons fait la mise
à jour de la cartographie de 2007. Ces deux activités, nous ont
mis en contact avec les agents de SAESSCAM. Ce qui a fait que nous soyons bien
accueilli au bureau SAESSCAM/Kolwezi, et bénéficier d'une
facilité pour la descente sur terrain, sans avoir au préalable
les autorisations pour la récolte des données dans les sites
miniers.
Après ce premier chapitre, vient le deuxième
qui est consacré aux enfants dans les sites miniers artisanaux à
Kolwezi. Celui-ci fait une brève présentation de la situation
minière à Kolwezi ; passe en revue tous les mécanismes
juridiques de protection de l'enfant tant internationaux que nationaux et enfin
élabore une typologie des enfants qui se trouvent dans les sites miniers
artisanaux investigués.
Chapitre 2: Les enfants dans les sites miniers
artisanaux à Kolwezi
Ce chapitre est subdivisé en trois parties suivantes :
- La brève historique de l'exploitation minière à Kolwezi
;
43
- Les mécanismes de protection de l'enfant ;
- Les catégories des enfants qui se trouvent dans des
sites miniers artisanaux.
2.1. Brève historique de l'exploitation
minière à Kolwezi
Jadis poumon économique de la République
Démocratique du Congo par sa grande production du cuivre et du Cobalt
à travers la Gécamines, la ville de Kolwezi a traversé des
périodes difficiles après la chute de la Gécamines. Cette
chute a eu des conséquences graves sur toute l'économie du pays.
Etant donné que les sites qui ont servi d'investigation appartiennent
à la Gécamines, nous avons trouvé impérieux de
commencer par une brève historique de cette entreprise minière
afin d'être éclairé sur sa création, son
évolution, ainsi que la phase dans laquelle elle se trouve
aujourd'hui.
2.1.1. Historique de la Gécamines
La Gécamines est une entreprise publique de droit
congolais. Elle appartient à l'Etat congolais. Elle a constitué
pendant longtemps l'épine dorsale de l'économie congolaise
grâce à sa capacité contributive très importante
dont le record s'élève à 368 millions de dollars comme
contribution sous forme d'impôts, taxes et droits divers
réalisés en 1988.2
La Gécamines découle de l'Union Minière
du Haut Katanga, créée le 28 octobre 1906 par la fusion entre une
compagnie créée par Léopold II et Tanganyika Concessions
Ltd, un groupe britannique créé par Cecil Rhodes, qui prospecta
les minerais au Katanga à partir de 1899, et obtint des concessions en
1900, afin d'exploiter les richesses minérales de la région. Elle
fut propriété de la Société Générale
de Belgique, la plus grande société commerciale de Belgique qui
contrôlait environ 70 % de l'économie du Congo et qui
réalisa la première production industrielle de cuivre aux usines
de Lubumbashi dès le 30 juin 1911. La gamme des produits s'est
successivement élargie avec le cobalt en 1924, le zinc en 1936, le
cadmium 1941, et le germanium 1954.
2
http://www.gecamines.cd/detailinfo.php?clef=17
44
L'Union Minière du Haut Katanga fut déjà
à l'époque, une très importante société
minière, car elle exploitait une concession d'une superficie aussi
grande que le Royaume de la Belgique. L'année 1966 fut l'année
où le Président Mobutu avait pris la mesure imposant toute
société commerciale dont le principal siège d'exploitation
se situait au Congo, d'y transférer son siège administratif et
social3. Cette disposition allait à l'encontre de la loi
Belge du 17 juin 1960, qui offrait aux entreprises coloniales d'opter soit pour
la nationalité belge, soit pour la nationalité congolaise. Dans
les faits, plusieurs sociétés optèrent pour la
nationalité belge et les actionnaires transformèrent les
entreprises actives au Congo en des filiales4.
Une autre ordonnance-loi du 7 juin 1966 dite loi Bakajika,
portant régime juridique des cessions et des concessions
foncières faites avant le 30 juin 1960, stipula que l'Etat congolais
était le propriétaire de toutes les concessions foncières
et minières accordées avant le 30 juin 1960.
Après des mois de tensions, les deux parties (les
gouvernements congolais et belge) finirent par conclure un accord le 17
février 1967, accord qui permit aux deux protagonistes de sauver la face
de l'entreprise. Sur le terrain, la Gécamines était fonctionnelle
en n'exploitant les minerais avec l'aide technique de la Société
Générale des Minerais (SGM). Mais, la commercialisation restait
du ressort de la société Belge, moyennant une commission de 4,5%
sur la valeur totale de la production. Et puisque, le cours du cuivre connut
une hausse constante entre 1965 et 1969, la Belgique et le Congo
scellèrent leur réconciliation dans l'euphorie de cette
prospérité5.
La Gécamines a ainsi connu les années de gloire
en 1974 et en 1986, sous la houlette de ses remarquables Dirigeants Congolais
en l'occurrence Umba Kiamitala et Mulenda Mbo. Le chiffre d'affaire
dépassait le Milliard de dollars américains en
production6.
En 1990, la Gécamines atteignit son point culminant.
Minée de l'intérieur par les effets conjugués de la baisse
dramatique du cours du cuivre, du vieillissement de l'outil de
3 Ordonnance-loi n°66-341 portant transfert
siège social et siège administratif des sociétés
dont le principal siège d'exploitation est située au Congo.
4
www.7sur7.be/.../la-belgique-a-spolie-500-entreprises-congolaises.dhtm.
5 www.gecamines.cd/detailinfo.php?clef=17, page
08.
6 www.gecamines.cd/detailinfo.php?clef=17, page
08.
45
production et de la mauvaise gestion, elle entra dans une
zone de turbulence. Depuis cette année, la Gécamines avait connu
une chute dramatique de production consécutive à plusieurs
facteurs dont les principaux sont :
· L'effondrement d'une partie de la mine souterraine de
Kamoto à cause d'une exploitation irresponsable occasionnant
l'affaissement du mur de soutènement de cette mine ;
· L'embargo contre la République
Démocratique du Congo après le massacre des étudiants sur
le campus Universitaire de Lubumbashi ;
· L'exportation incontrôlée et
désordonnée des mitrailles ;
· L'érosion de l'important capital humain de la
Gécamines par l'émigration des plus hauts cadres techniciens vers
d'autres cieux et dont le point culminant fut atteint en 1993 avec l'expulsion
d'une grande partie de travailleurs Gécamines oeuvrant au Groupe Ouest
(Kolwezi) source principale des métaux.
Le secteur minier au Katanga a traditionnellement
été occupé en grande partie par la Gécamines. Sur
le plan national, l'importance de la Gécamines se constatait dans le
fait qu'elle était parmi les plus grands employeurs au Congo. En 1990,
elle comptait 35.000 agents dont 91,8% étaient des agents
d'exécution7.
La Gécamines offrait l'existence à plus de
258.000 personnes (les agents et leurs familles). Parmi les cadres, en 1990, 1%
était expatriés (essentiellement Belges) et le reste était
constitué des Congolais et d'Africains. Vers les années 80,
environ 70% des recettes budgétaires du Congo provenaient de la
Gécamines (Ikos : 2007, 87). Elle jouait un rôle social et
économique important pour beaucoup des Petites et Moyennes Entreprises
qui se trouvaient dans sa périphérie8.
La province du Katanga a connu une transformation
socioéconomique profonde à la suite de la faillite de la
Gécamines qui a été pendant plus de 30 ans le moteur de
l'économie national. Ainsi, la production des minerais se
présentait comme suit :
7www.gecamines.cd/detailinfo.php?clef=17, page 09.
8
http://www.gecamines.cd/detailinfo.php?clef=17.
46
2.1.1.1. La production des minerais au fil des
années
Les chiffres qui suivent dans le tableau ci-dessous
illustrent la dégradation de la production des minerais de la
Gécamines au fil des années (Ikos : 2007, 94-95).
Tableau n°5 : Evolution de la production annuelle
des métaux
Année Cuivre Cobalt Zinc
1954
|
223.791
|
8.609
|
7.800
|
1955
|
234.673
|
8.587
|
8.587
|
1956
|
247.452
|
9.089
|
33.968
|
1957
|
240.280
|
8.115
|
42.084
|
1958
|
235.586
|
6.501
|
53.432
|
1959
|
280.403
|
8.431
|
54.844
|
1960
|
300.675
|
8.222
|
53.358
|
1961
|
293.509
|
8.326
|
56.960
|
1962
|
295.236
|
9.683
|
56.025
|
1963
|
269.924
|
7.376
|
52.724
|
1964
|
275.547
|
7.676
|
55.553
|
1965
|
287.568
|
8.388
|
57.019
|
1966
|
309.239
|
10.945
|
61.500
|
1967
|
318.976
|
9.718
|
61.492
|
1968
|
324.500
|
10.549
|
62.574
|
1969
|
362.216
|
10.596
|
63.690
|
1970
|
385.460
|
13.958
|
63.749
|
1971
|
405.832
|
14.518
|
62.673
|
1972
|
428.703
|
13.043
|
67.170
|
1973
|
460.697
|
15.042
|
66.170
|
1974
|
471.072
|
17.545
|
66.150
|
|
47
1975
|
463.148
|
13.638
|
65.588
|
1976
|
407.704
|
10.686
|
60.622
|
1977
|
450.938
|
10.208
|
51.049
|
1978
|
391.347
|
13.095
|
43.508
|
1979
|
369.796
|
14.029
|
43.693
|
1980
|
425.695
|
14.593
|
43.848
|
1981
|
468.241
|
11.123
|
57.633
|
1982
|
466.404
|
5.475
|
64.425
|
1983
|
465.792
|
5.360
|
62.535
|
1984
|
465.549
|
9.075
|
68.411
|
1985
|
469.950
|
10.571
|
67.911
|
1986
|
476.033
|
14.518
|
63.914
|
1987
|
473.373
|
11.871
|
55.129
|
1988
|
438.451
|
10.026
|
61.091
|
1989
|
422.492
|
9.311
|
54.043
|
1990
|
338.708
|
9.981
|
38.208
|
1991
|
222.097
|
9.662
|
28.321
|
1992
|
134.993
|
6.547
|
18.833
|
1993
|
45.910
|
2.092
|
4.149
|
1994
|
29.300
|
3.274
|
600
|
1995
|
34.000
|
4.200
|
4.500
|
1996
|
60.000
|
5.500
|
9.000
|
1999
|
64.706
|
7.924
|
-
|
2001
|
44.000
|
6.000
|
6.000
|
2002
|
19.000
|
1.800
|
-
|
2003
|
9.105
|
2.140
|
-
|
2004
|
12.150
|
7.762
|
-
|
|
48
La production du cuivre qui est le principal produit de la
Gécamines, est passée de 476.033 tonnes avec un prix de 2.855 USD
la tonne (1986) à 9.000 tonnes avec un prix de 1.800 USD la tonne en
2003.
En novembre 1998, la société est
gérée par des industriels Zimbabwéens, sur ordre
gouvernemental. Cette nouvelle Direction de l'entreprise prend en 1999, la
décision de réduire les effectifs en procédant par la
mesure appelée « dispense de l'obligation de prester » qui
frappe une partie du personnel aux groupes Sud (Lubumbashi), Centre (Likasi) et
quelques cas au groupe Ouest (Kolwezi). Le désastre social est
extrêmement poignant en 2001, où les agents se sont vu
retraités sous l'opération « départ volontaire
», sans recevoir suffisamment d'argent conformément aux
années qu'ils ont travaillés dans la société.
Parlant de la chute de la Gécamines, Dibwe (2003, 46)
note que les travailleurs de la Gécamines, l'ex U.M.H.K., jadis
enviés traversent eux aussi une période difficile. En effet,
depuis 1991, la production minière ne cesse de décroître.
Le cuivre a vu sa production passer de 222.100 tonnes métriques en 1991
à 48.000 en 1993 ; la production du cobalt est passée de 8.600
tonnes à 2.200 tonnes, et, enfin celle du zinc a chuté de 28.900
tonnes à 4.150 au cours de la même période. La baisse a
donc été de 78,4% pour le cuivre, de 74,4% pour le cobalt et de
85,6% pour le zinc.
L'outil de production s'est également
détérioré au fil des années, parce que la politique
de son renouvellement n'était pas d'application. Ceci nous ramène
à pouvoir présenter l'état des installations de la
Gécamines.
2.1.1.2. L'état actuel des installations de la
Gécamines
Toutes les installations de la Gécamines sont
vétustes. Actuellement elles ne sont que ruines ou vestiges. De ce fait,
voici les déclarations d'un ancien Administrateur
Délégué Général de la Gécamines, Paul
Fortin (Moreau et Brion : 2009, 118) :
« La Gécamines, c'est un vaisseau qui a
été perdu dans le temps et qui continue à voguer. C'est
comme arrêté dans le temps. Ça attend une nouvelle vie. On
voit le squelette aujourd'hui. C'est comme un champ de bataille après le
combat. Ce sont de très vielles installations. Elles datent de 1913.
C'était
49
l'essor de l'Union minière. Alors, ces usines, ces
équipements produisaient 600 tonnes de cuivre par jour. 1 million de
dollars par jour à la belle époque. Maintenant ils produisent
zéro. La Gécamines s'est écrasée après 1987.
Raison politique, raison de perte d'espoir, raison de pillage. Je pense que les
causes sont multiples. Et ces multiples causes ont mis complètement
à terre ce géant qu'était l'Union Minière et la
Gécamines ».
Ces propos prouvent la vétusté de toutes les
installations de cette Société. Il lui faut un redressement.
Depuis l'avènement du code minier de 2002, l'Etat
congolais a libéralisé le secteur minier. La Gécamines a
conclu des contrats de partenariats avec des privés pour sa relance.
D'après le rapport des travaux des partenariats conclus par la
Gécamines (2007, 5), plusieurs contrats de partenariat et deux contrats
d'amodiation ont été conclus entre la Gécamines et des
privés pour sa relance. Ces contrats ont abouti à la
création des entreprises ci-après :
· Boss Mining sprl, (BM),
· Compagnie Minière du sud Katanga sprl, (CMSK),
· Compagnie Minière de Tondo sprl, (CMT),
· La Congolaise des Mines et de Développement sprl,
(COMIDE),
· Compagnie Minière de Kambove sprl, (COMIKA),
· Compagnie Minière de Luisha sprl, (COMILU),
· Compagnie Minière de Musonoie sprl, (COMMUS),
· DRC Copper and Cobalt Project sarl, ( DCP),
actuellement Katanga Copper Campany (KCC),
· Kasonta-Lupoto Mines sprl, (KALUMINES),
· Kipushi Company sarl, (KICO),
· Savannah Mining sprl,
· Kingamyambo Musonoie Tailings sarl, (KMT)
· La Minière de Kasombo sprl, (MIKAS), devenue la
Minière de Kambove, (MIKA),
· La Minière de Kalumbwe-Nyunga sprl, (MKM),
· Mukondo Mining sprl, (MM),
· Mutanda Mining sprl, (MUMI)
50
· Ruashi Mining sprl, (RM),
· La Société d'exploitation de Kipoi sprl,
(SEK),
· La Sino-Congolaise des Mines sarl, (SICOMINES),
· Shituru Mining Company sprl, (SMCO),
· La Société de Kabolela et de Kimpese
sprl,(SMKK),
· La Société Minière de Kolwezi sprl,
(SMK),
· La Société Minière de Deziwa et
Ecaille sprl (SOMIDEC),
· Tenke Fungurume Mining sarl, (TFM),
· Anvil Mining, actuellement Mining Metal and General
(MMG),
· Société pour le traitement du Terril de
Lubumbashi sprl, (STL),
· Compagnie Minière du Sud Katanga (CMSK),
· Deux contrats d'amodiation : AMCK et SOMIKA.
Par le même code minier de 2002, l'Etat congolais a
également autorisé l'exploitation minière artisanale, en
autorisant le ministère des mines à créer officiellement
des zones d»exploitation artisanale (ZEA) pour les creuseurs. Le point qui
suit traite de l'exploitation minière artisanale à Kolwezi.
2.1.2. L'exploitation minière artisanale à
Kolwezi
L'exploitation minière artisanale est définie
par le code minier de 2002 comme toute activité par laquelle une
personne physique de nationalité congolaise se livre, dans une zone
d'exploitation artisanale délimitée en surface et en profondeur
jusqu'à trente mètres au maximum, à extraire et à
concentrer des substances minérales en utilisant des outils, des
méthodes et des procédés non industriels. Mais depuis
des longues années, l'exploitation minière artisanale se
pratiquait clandestinement à Kolwezi.
2.1.2.1. Historique et évolution de l'exploitation
minière artisanale à Kolwezi
L'exploitation minière artisanale est une pratique qui
date du 19ème siècle. L'histoire nous renseigne que
les ancêtres fabriquaient les croisettes en cuivre qu'ils se servaient
comme monnaie. Ces croisettes étaient fabriquées sur base du
minerai à partir des procédés qu'on appelait « lwanzo
lwa mikuba ». Pendant la période de l'Etat Indépendant du
Congo (EIC), à travers le décret du 8 juin 1888, les
indigènes étaient autorisés de continuer à
exploiter les
51
mines (qu'ils exploitaient avant le décret) pour
eux-mêmes. Arrivé en 1937 par le décret du 24 septembre
1937, l'exploitation des mines était interdite à toute personne
n'ayant pas le droit. Mais les indigènes pouvaient sans acte de
concession, continuer l'exploitation des mines dans les conditions qu'ils
pratiquaient à la date de l'entrée en vigueur du décret de
1937. Ces droits accordés aux indigènes portaient sur les
gisements de fer et de salines (Mukendi : 2000, 192). L'exploitation des mines
par les indigènes à cette époque se pratiquait à
l'aide des procédés traditionnels non industriel, comme c'est le
cas à ces jours avec l'artisanat minier.
L'exploitation artisanale des substances minérales
précieuses était strictement interdite depuis l'Etat
Indépendant du Congo jusqu'en 1967, année de la promulgation de
la première législation minière du Congo par
l'ordonnance-loi n° 67/231 du 3/05/1967 portant législation
générale sur les mines et les hydrocarbures, à
l'époque où le pays s'appelait République
Démocratique du Congo. Une peine de 15 à 20 ans de servitude
pénale était prévue à quiconque sans titre
légal procéderait à des travaux d'exploitation ayant pour
objet les substances précieuses. Il était aussi clairement
décrit : toute personne qui pouvait découvrir fortuitement des
pierres précieuses brutes ou des métaux précieux non
ouvrés était tenue de les remettre dans le délai de quinze
jours (Mukendi : 2000, 193). D'après ce même auteur, cette
interdiction d'exploiter artisanalement les substances minérales
précieuses ne favorisait pas la participation des nationaux aux
richesses minières du pays et avait débouché à
l'exploitation artisanale clandestine et à la fraude de l'exploitation
des substances minérales précieuses, telles que les diamants au
Kassaï.
L'ordonnance-loi n°67/231 du 3/05/1967 est à la
base de l'institution du permis d'exploitation artisanale et a
édicté les règles et principes devant régir
l'exploitation artisanale des substances minérales. En 1981, cette
ordonnance-loi fut abrogée par l'ordonnance-loi n°81-013 du 2 avril
1981 portant législation générale sur les Mines et les
Hydrocarbures. Une année après, l'ordonnance-loi n°81-013 du
2 avril 1981 fut modifiée par l'ordonnance-loi n° 82-039 du 5
novembre 19829. Celle-ci avait édicté les
règles relatives à l'exploitation artisanale et à la
commercialisation de la production artisanale des substances minérales
précieuses. L'article 30 énonçait : Aux conditions
indiquées au présent chapitre, certains gisements d'or, de
diamant ou de toute autre matière ou substance concessible
déclarée précieuse, peuvent faire d'objet d'une
exploitation artisanale. Il y a exploitation artisanale,
9 Journal Officiel n° 22 du 15/11/1982, p10.
Cette période va des années 1985 à 1990.
Les creuseurs exploitaient du minerai qu'ils appelaient « roche » et
qui se vendait par kilos. En soit, il s'agissait de
l'hétérogénite. Les
52
lorsque les facteurs techniques et économiques qui
caractérisent les gisements ci-dessus décrits ne permettent pas
d'en assurer une exploitation industrielle au sens de la présente
législation et de ses mesures d'exécution. Dans ce cas, de tels
gisements seront érigés, dans les limites d'une aire
géographique déterminée, en zone d'exploitation
artisanale, par voie d'arrêté du Commissaire d'Etat ayant les
mines dans ses attributions, après avis du Service des Mines, du
Gouverneur de Région concerné et, le cas échéant,
des entreprises chargées de l'exploitation et, ou de la
commercialisation de telles substances.
L'exploitation artisanale ne concernait pas les minerais du
cuivre, cobalt, cassitérite, coltan, principaux minerais extraits au
Katanga. C'est seulement les substances (pierres) précieuses qui sont
l'or, le diamant, etc. Ngoie (2009, 141) précise que lors du
régime de Mobutu, l'artisanat minier était accepté partout
ailleurs (au Kasaï, par exemple, dans l'exploitation artisanale du
diamant) mais interdit exceptionnellement au Katanga pour des raisons
politiques et techniques. Politiquement, les Katangais étaient
considérés par le régime de Mobutu comme des rebelles
depuis la guerre de sécession tenue en échec en 1963 et le
Katanga comme un grenier ou une banque où devaient se servir
financièrement les autorités politico-administratives et les
« dignitaires » de la deuxième république.
Techniquement, le cuivre et le cobalt qui constituent les minerais
répandus au Katanga ne pouvaient être exploités
qu'industriellement au regard de la profondeur de la couche
minéralisée de différents gisements. Les populations
Katangaises en ont éprouvé un sentiment de marginalisation par
l'Etat lui-même.
A Kolwezi, la population se livrait à l'exploitation
frauduleuse des minerais du cuivre, du cobalt et même de l'or dans les
concessions minières de la Gécamines. Par rapport à cette
situation, cinq grandes périodes ont été observées.
Il s'agit : la période du minerai appelé « roche », la
période de l'opération « mitraille », la période
du minerai dit « ndandashe », la période de « l'or »
et enfin, l'actuelle période du minerai dit «
l'hétérogénite ».
A. La période du minerai dénommé «
Roche »
53
principaux acheteurs étaient des libanais. A cette
période, peu des gens s'adonnaient à cette activité. Il
n'y avait pas d'engouement comme à ces jours.
B. La période de l'opération dite «
mitrailles »
L'opération dite « mitrailles »
s'était passé entre les années 1990 à 1994. Elle
consistait à ramasser toute la ferraille de la Gécamines en
cuivre ou en cobalt. Cette période avait coïncidé à
la période des conflits tribaux au Katanga qui avaient opposé les
populations d'origine Katangaise contre celles d'origine Kassaïnne.
L'opération « mitrailles » fut autorisée par le
Gouverneur de la province du Katanga à l'époque, qui
déclara : l'heure avait sonné où les fils du Katanga
devaient profiter de ses richesses. Il autorisa que les Katangais
descendent dans les sites de la Gécamines, qu'ils y ramassent tout ce
qu'il y avait comme déchets de cuivre, cobalt et qu'ils les
vendent10. Tout ce qui était en cuivre et en cobalt (fils
électriques, barres-de-fer, robinets, etc.) était emporté
par la population. Les installations de la Gécamines furent envahies par
la population à la récupération des mitrailles.
Mais, quand il n'y eut plus rien à ramasser, les gens
se mirent à creuser dans les installations de la Gécamines
à la recherche des mitrailles.
Ikos (2007, 79) poursuit que l'opération mitraille,
autorisée par les responsables politico administratifs de la province du
Katanga à l'époque, avait privé l'entreprise de son
matériel technique qui s'était vu dépouillé de
toutes ses pièces en cuivre, pour des raisons pseudo
économiques.
C. La période du minerai dit «ndandashe
»
Cette période avait fait presque deux ans, allant de
1994 à 1996. L'exploitation du minerai dit « ndandashe » se
passait à Kolwezi, précisément à « Luilu
», une cité périphérique de la ville de Kolwezi,
située à plus ou moins 18 Km du centre-ville. Cette exploitation
consistait à récupérer les déchets du minerai de
cobalt jetés par la Gécamines dans ses bassins de réserve
sous forme de la boue de couleur noir. La population a nommé ces
minerais « ndandashe ». Pour la Gécamines, c'est fut une forme
de stockage pour une
10
www.broederlijkdelen.be/.../doc../9289-mijnbouw-katanga-fr-lr-pdf?
54
réutilisation pour les années à venir.
Malheureusement que la population avait tout pris. Ce minerai était
exporté en Afrique Australe (Zambie et Afrique du Sud). A cette
période, les cités de « Luilu » et celle de
Tshamundenda avaient connu un afflux considérable de la population
venant de différents milieux pour ramasser ce minerai. Après
avoir vidé tous les bassins, fut la découverte de l'or en
1997.
D. La période de l'or
Dès 1997 à l'arrivée de l'AFDL, jusqu'en
1998, les creuseurs exploitaient de l'or dans les installations de la
Gécamines à Kolwezi. L'opération consistait à
tamiser du sable ramassé dans toutes les canalisations des eaux des
usines de la Gécamines et du sable ramassé dans les
différents remblais se trouvant dans les installations de la
Gécamines. Plusieurs creuseurs s'étaient lancés dans cette
opération. Les uns furent de Kolwezi, et les autres provinrent des
différents districts du Katanga. Les sites réputés en or
furent : le remblai du sable de la cité Gécamines Mutoshi, les
installations de la Gécamines KTC (Kamoto Concentrateur), le remblai de
la terre de la cité Gécamines UZK (usine de zinc de Kolwezi), le
sable de la petite rivière artificielle (communément
appelée Katapula) qui draine toutes les eaux des différentes
installations de la Gécamines Kolwezi. Les adultes tout comme les
enfants tous âges confondus, exploitaient de l'or qui presque se
ramassait. Exception faite aux femmes et filles. A cette époque, nous
avons également exploité le « ndandashe » et l'or
à Kolwezi. Après cette période, vient maintenait,
l'actuelle période d'exploitation de
l'hétérogénite.
E. La période de
l'hétérogénite
Ladite période commence à partir de
l'année 1998 jusqu'à ce jour. Après l'épuisement de
l'or, les creuseurs exploitaient l'hétérogénite dans les
concessions minières de la Gécamines. Comme le témoigne
Ngoie (2009, 142) que (...) les populations katangaises autour de trois
principales villes (Lubumbashi, Likasi et Kolwezi) se lancent dans
l'exploitation minière artisanale du cuivre et du cobalt, sous forme
d'hétérogénite ; mais le marché de ces produits est
limité à la Gécamines ou à une compagnie
minière de Chambeshi, en Zambie. Cette activité démarre
donc avant la libéralisation du secteur minier en RDC mais elle prend
une ampleur considérable après la promulgation du Code minier
de
55
2002. Autrement dit, l'afflux des investisseurs
étrangers, venus après cette libéralisation,
intéresse également les populations autochtones. Une frange de la
population katangaise constituée majoritairement des chômeurs
s'adonnait déjà, depuis 1998, à l'artisanat minier. Pour
elle, la loi de 2002 est venue légaliser les pratiques en cours. Mais
après cette loi, ce secteur a intéressé de nombreuses
autres couches sociales, notamment les travailleurs du secteur public.
Après que le législateur congolais ait mis sur
pied la loi n°007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier qui autorise
l'exploitation minière artisanale, le ministère national des
mines avait par le décret n°47-C/2003 du 28 mars 2003, crée
un service public dénommé Service d'Assistance et d'Encadrement
du Small Scale Mining ou production à petite échelle, en sigle
SESSCAM. Ce service a pour rôle d'encadrer et d'apporter une assistance
technique aux creuseurs. Les activités minières artisanales
constituent l'unique débouché pour les nombreux jeunes sans
emploi (Jan et Kawele: 2010, 1). De ce fait, des zones d'exploitation
minière artisanale ont été créées par le
Ministère national des mines. A Kolwezi, sur arrêté
ministériel n° 0639/CAB.MIN/MINES/01/2009 du 22 septembre 2009, six
zones d'exploitation minière artisanale ont été
créées et une zone a été affectée à
l'artisanat par simple lettre n°CAB.MIN/MINES/01/0090/2010 du 26 janvier
2010, du Ministre des mines Martin Kabwelulu à
l'Administrateur-Directeur Général de la Gécamines. Il
s'agit de zones d'exploitation minière artisanales ci-après :
· ZEA 076, S11/25, 13 carrés miniers, dans le
territoire de Lubudi ;
· ZEA 077, S11/25, 20 carrés miniers, dans le
territoire de Mutshatsha ;
· ZEA 078, S11/25, 170 carrés miniers, dans le
territoire de Mutshatsha ;
· ZEA 079, S11/25, 59 carrés miniers, dans le
territoire de Mutshatsha ;
· ZEA 080, S11/25, 6 carrés miniers, dans le
territoire de Mutshatsha ;
· ZEA 081, S11/25, 18 carrés miniers, dans le
territoire de Lubudi ;
· ZEA de Kawama sur la route Kolwezi-Lubumbashi
après la rivière Lualaba dans le territoire de Lubudi.
Pour mieux organiser l'exploitation minière artisanale,
le décret n° 038/2003, du 26 mars 2003 portant règlement
minier oblige les creuseurs à se regrouper dans des coopératives
minières. L'article 234 du règlement minier déclare :
Les groupements d'exploitants artisanaux qui désirent
procéder à la recherche de substances minérales
classées en mines à
56
l'intérieur de la zone d'exploitation artisanale
à l'aide de procédés industriels ou semi-industriels sont
tenus de se constituer en coopérative et solliciter auprès du
Ministre ayant les mines dans ses attributions l'agrément au titre de
coopérative minière. Pour être agréée, la
coopérative doit être composée de personnes
détentrices de cartes d'exploitant artisanal valables pour la zone
d'exploitation artisanale à l'intérieur de laquelle se trouve le
périmètre sur lequel la coopérative souhaite obtenir un
permis de recherches.
Plusieurs coopératives minières ont
été créées sur toute l'étendue de la
République Démocratique du Congo. Ainsi au Katanga, 25
coopératives minières ont été agréées
par le Ministre national des mine, d'après l'annexe de
l'arrêté ministériel n°0641/CAB,MIN/MINES/01/2009 du
22 septembre 2009 portant institution d'une zone d'exploitation artisanale dans
la province du Katanga. La liste détaillée de toutes les
coopératives minières agréées au Katanga est
présentée dans le tableau ci-dessous:
Tableau n°6 : Liste des
coopératives
N°
|
Dénomination de la coopérative
|
Sigle
|
N° Arrêté
d'agrément
|
01
|
Coopérative Minière Maadiniu Kwa Kilimo
|
CMKK
|
0726 du 14/10/2010
|
02
03
04
05
06
07
08
09
10
11
12
13
Coopérative Minière Kisamamaba
|
CMK
|
0664 du 07/10/2009
|
Coopérative Minière Miambo
|
CMM
|
0727 du 14/10/2010
|
Coopérative Minière du Katanga
|
COMIKA
|
0037 du 01/03/2011
|
Coopératives des Exploitants Miniers du Congo
|
CEMICO
|
0721 du 13/10/2010
|
Coopérative Minière de Développent
Dikuluwe
|
CMDD
|
0431 du 21/06/2010
|
Coopérative Minière et Artisanale du Katanga
|
COMAKAT
|
0355 du 05/06/2009
|
Coopérative Minière du Lualaba
|
COMIL
|
0127 du 06/04/2011
|
Coopérative Minière pour le
Développement Communautaire
|
CMDC
|
0714 du 04/10/2010
|
Coopérative des Artisanaux Miniers du Congo
|
CDMC
|
0717 du 09/10/2010
|
Denis Coopérative Mining
|
DCM
|
0728 du 14/10/2010
|
Coopérative Minière d'Encadrement des
Démobilisés des Ex-combattants maï-maï
|
COMEDECOM
|
0336 du 10/07/2008
|
Exploitants Miniers du Katanga en Coopérative
|
EMAK-C
|
0725 du 14/10/2010
|
57
14
|
Coopérative Minière Nguvu
|
CMN
|
0085 du 25/03/2010
|
15
|
Coopérative d'Exploitation Minière Artisanale
|
COKEMA
|
0672 du 14/10/2009
|
16
|
Coopérative Minière Mima
|
MIMA
|
0663 du 07/10/2009
|
17
|
Coopérative Minière la joie de vivre
|
JOIE DE VIVRE
|
0627 du 16/06/2009
|
18
|
Coopérative Minière Mukuba
|
CMM
|
0071 du 20/03/2010
|
19
|
Coopérative Minière du Peuple en action pour le
Développement
|
COMIPAD
|
0671 du 07/10/2009
|
20
|
Coopérative Minière Bana Kolwezi
|
Bana Kolwezi
|
0665 du 07/10/2009
|
21
|
Fondation Monseigneur Kapya
|
FOMKA
|
0428 du 14/10/2010
|
22
|
Mining Development System
|
MDS
|
0002 du 09/01/2009
|
23
|
Coopérative Minière Bahati
|
COOMIBA
|
0072 du 20/03/2010
|
24
|
Coopérative Minière et de Développement
du
Katanga
|
COMIDEK
|
0723 du 14/10/2010
|
25
|
Coopérative Minière pour le Développement
du
Congo
|
CMDCO
|
0141 du 05/05/2011
|
Le constat fait sur terrain, montre que l'exploitation
minière artisanale ne se pratique pas uniquement dans des zones
créées officiellement par l'Etat (ZEA). Elle se pratique aussi
sur les sites miniers (concessions minières) appartenant à des
entreprises publiques et privées. Ces dernières se plaignent
souvent de l'envahissement de leurs concessions par les artisanaux. Cela est le
cas de tous les quatre sites où nos investigations se sont
menées. Tous sont des concessions privées appartenant à la
Gécamines. L'exploitation minière artisanale s'accompagne parfois
avec certains phénomènes, tels que la présence des femmes
et des enfants dans des sites artisanaux. Etant intéressé par la
présence des enfants dans des sites miniers artisanaux, le point qui
suit traite du mécanisme de protection de l'enfant.
2.2. Les mécanismes de protection de
l'enfant
Cette section est constituée de deux parties. La
première partie étale les mécanismes internationaux de
protection de l'enfant. Enfin, la deuxième partie présente les
mécanismes mis en place par l'Etat congolais pour protéger
l'enfant.
58
2.2.1. La législation pour enfant d'après
la communauté internationale
La communauté internationale fut consciente de
l'importance accrue de l'image, du respect et de la considération qu'il
faut accorder à l'enfant. Le 24 septembre 1924, la Société
des Nations (SDN) avait adopté la Déclaration des droits de
l'enfant, dite déclaration de Genève. Le préambule de
cette déclaration indiquait : « par la présente
Déclaration des droits de l'enfant, dite déclaration de
Genève, les hommes et les femmes de toutes les nations reconnaissent que
l'humanité doit donner à l'enfant ce qu'elle a de meilleur,
affirmant leurs devoirs, en dehors de toute considération de race, de
nationalité, de croyance ».
Malemba (2003, 58) confirme que la communauté
internationale reconnaît que l'enfant est un être pourvu de peu ou
pas de discernement, sa personnalité est encore en train de se former et
son état tant physique que mental est en pleine croissance.
Pour lui assurer une bonne protection et respecter sa
dignité pour son bon épanouissement, l'article 1 de la
déclaration de Genève énonce ce qui suit : L'enfant
doit être mis en mesure de se développer d'une façon
normale, matériellement et spirituellement.
L'article 2 déclare que l'enfant qui a faim doit
être nourri ; l'enfant malade doit être soigné ; l'enfant
arriéré doit être encouragé ; l'enfant
dévoyé doit être ramené ; l'enfant orphelin et
l'abandonné doivent être recueillis et secourus. L'article 3
poursuit que l'enfant doit être le premier à recevoir des secours
en cas de détresse. L'article 4 renchérit que l'enfant doit
être mis en mesure de gagner sa vie et doit être
protégé contre toute exploitation. Enfin, l'article 5 conclut que
l'enfant doit être élevé dans le sentiment que ses
meilleures qualités devront être mises au service de ses
frères.
Ces articles montrent comment est-ce que dès les
années 1924, la Société des Nations avait accordé
une attention particulière à l'endroit de l'enfant pour son plein
épanouissement et amorcer la lutte pour l'avancée de
l'affirmation de la personnalité de l'enfant. Ce même souci anima
les Nations-Unies (ONU), qui succédèrent à la SDN,
à prévoir les droits de l'enfant dans la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948. L'article 1
stipule que tous les êtres humains naissent libres et égaux en
dignité et en droits.
59
Ils sont doués de raison et de conscience et doivent
agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Les Etats Africains ne sont pas restés muets par
rapport à la question de la protection de l'enfant. En juillet 1990
à Addis-Abeba (Ethiopie), les Etats Africains membres de l'Organisation
de l'Unité Africaine à l'époque, actuellement Union
Africaine, avaient voté la charte africaine des droits et du
bien-être de l'enfant. Le 2eme article de
cette charte donne la définition du mot « enfant » en ce terme
: « Aux termes de la présente Charte, on entend par "Enfant"
tout être humain âgé de moins de 18 ans ».
L'article 3 énonce la non-discrimination de l'enfant
sous toutes ses formes : Tout enfant a droit de jouir de tous les droits et
libertés reconnus et garantis par la présente Charte, sans
distinction de race, de groupe ethnique, de couleur, de sexe, de langue, de
religion, d'appartenance politique ou autre opinion, d'origine nationale et
sociale, de fortune, de naissance ou autre statut, et sans distinction du
même ordre pour ses parents ou son tuteur légal. »
L'article 4, alinéa 1 consacre même un
intérêt supérieur de l'enfant comme suit : dans toute
action concernant un enfant entrepris par une quelconque personne ou
autorité, l'intérêt de supérieur de l'enfant sera la
considération primordiale.
Par ailleurs, l'Assemblée générale des
Nations Unies a adopté le 25 mai 2000, le Protocole facultatif à
la Convention relative aux droits de l'enfant. Le contenu de cette Convention
tourne autour de quatre grands thèmes tels relevés par Malemba
(2003, 59) à savoir :
- Les droits à la survie qui concernent la vie de
l'enfant, son nom, sa nationalité, son identité, sa
sécurité sociale, son logement, sa nourriture et les soins pour
sa santé. Bref, ces droits visent la satisfaction des besoins vitaux
essentiels de l'enfant.
- Les droits au développement qui recouvrent la
guidance, l'éducation, le jeu, le repos, les activités
culturelles, la liberté de pensée, de conscience, de religion, le
droit à l'information, à la réadaptation et à la
réintégration.
60
- Les droits à la protection qui portent sur la vie
privée, sur l'enfant handicapé et le réfugié et
contre les mauvais traitements, la drogue, la vente, l'exploitation sexuelle et
économique dont l'enfant doit être épargné.
- Les droits à la participation qui visent les droits
d'être consulté et de donner son opinion, de la liberté
d'expression, de pensée, d'association, d'organiser, des
réunions, pacifiques et le droit de réunir les moyens pour mettre
en oeuvre la Convention relative aux droits de l'enfant et d'en assurer le
respect de ses droits. Il s'agit ici de préparer l'enfant de jouer un
rôle actif dans son groupe social.
La République Démocratique du Congo n'est pas
restée insensible à cette préoccupation internationale.
Ainsi, elle a ratifié plusieurs Conventions relatives aux droits de
l'enfant. Il s'agit :
1. La Convention relative aux droits de l'enfant,
ratifiée par l'Ordonnance-loi n° 90-048 du 21 août 1990
portant autorisation de la ratification de la convention relative aux droits de
l'enfant.
2. Protocole facultatif à la Convention relative aux
droits de l'enfant, concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants
et la pornographie mettant en scène des enfants, entré en vigueur
le 18 janvier 2002, ratifié par la République Démocratique
du Congo par décret-loi n° 003/01 du 28 mars 2001.
3. Protocole facultatif se rapportant à la Convention
relative aux droits de l'enfant, concernant l'implication d'enfants dans les
conflits armés, entré en vigueur le 12 février 2002,
ratifié par la République Démocratique du Congo par
décret-loi n° 002/01 du 28 mars 2001.
4. Convention concernant le travail forcé ou
obligatoire (Convention 9 : Genève, 1930) entrée en vigueur le 01
mai 1932, ratifiée par la République Démocratique du Congo
le 20 septembre 1960.
3. Le décret du 30 janvier 1940 portant code
pénal congolais tel que modifié et complété
à ce jour. L'article 155 stipule que seront punies d'une servitude
pénale d'un à cinq
61
5. Convention concernant l'âge minimum d'admission
à l'emploi (Convention C138 : Genève, 1973), entrée en
vigueur le 19 juin 1976. La République Démocratique du Congo y a
adhéré par décret-loi n° 013/01 du 28 mars 2001.
6. Convention sur les pires formes du travail des enfants du
17 juin 1999, ratifiée par la République Démocratique du
Congo par décret-loi n°015/01 du 28 mars 2001.
7. Charte africaine des droits et du bien-être de
l'enfant, ratifiée par la République Démocratique du Congo
par décret-loi n°007/01 du 28 mars 2001.
Hormis les Conventions internationales, la République
Démocratique du Congo a mis sur pied ses propres mécanismes de
protéger de l'enfant.
2.2.2. La législation congolaise relative aux
droits de l'enfant
La République Démocratique du Congo n'est pas
restée muette par rapport à cette préoccupation
internationale qui concerne la protection de l'enfant. Ainsi, plusieurs
instruments légaux ont été mis sur pieds afin de
protéger l'enfant sous toutes les formes. Parmi ces instruments nous
citons :
1. Le décret du 30 juillet 1888 modifié et
complété par le décret du 10 septembre 1916, décret
du 16 juin 1947, le décret du 26 août 1959, le décret du 23
juin 1960 et la loi n° 73-21 du 20 juillet 1973 portant régime
général des biens. L'article 260 explique qu'on est responsable
non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de
celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit
répondre, ou des choses que l'on a sous sa garde. Le père, et la
mère après le décès du mari, sont responsables du
dommage causé par les enfants, habitant avec eux.
2. l'ordonnance-loi n° 42 du 7 avril 1937 relative
à la circulation nocturne des mineurs.
62
ans, les personnes qui se rendront coupables de supposition
d'enfant. La même peine sera appliquée à ceux qui auront
donné la mission de commettre l'infraction, si cette mission a
reçu son exécution. Cela constitue l'infraction contre l'ordre
des familles.
4. Le décret du 6 décembre 1950 sur l'enfance
délinquante tel que modifié par l'ordonnance loi n°78/016 du
04 juillet 1978, définit le mineur en termes de « (...) l'enfant
âgé de moins de 16 ans accomplis (...).
5. Le décret du 4 décembre 1952 modifiant le
décret du 6 décembre 1950 prévoyant des mesures
spéciales à l'égard des mineurs (enfants orphelins ou
abandonnés).
6. L'ordonnance-loi n°13/398 du 3 août 1959 sur
l'enfance délinquante.
7. Le décret du 6 août 1959 portant Code de
procédure pénale.
8. Le décret du 7 mars 1960 portant Code de
procédure civile, l'article 56 énonce que le juge peut ordonner
la comparution personnelle des incapables (les enfants), de ceux qui les
assistent ou de leurs représentants légaux.
9. La constitution du 24 juin 1967. Les articles 12 et 13
obligent les parents à protéger leurs enfants et à leur
garantir l'éducation.
10. L'ordonnance-loi n°78-016 du 4 juillet 1978 portant
sur l'enfance délinquante.
11. La loi n° 87-010 du 01 août 1987 portant Code
de la famille. L'article 5 définit le « mineur » : comme
étant l'individu n'ayant pas encore atteint l'âge de la
majorité civile tel que fixé par la loi.
12. L'acte Constitutionnel de la transition du 9 avril 1994
disposant sur la santé et l'éducation.
13. Le décret Constitutionnel n°003 du 27 mai
1997, contenant des dispositions sur les droits de l'enfant.
63
14. Le décret n°006/2000 du 9 juin 2000 portant
démobilisation des groupes armés vulnérables au sein des
forces armées y compris les enfants soldats.
15. La loi n° 015/2002 du 16 octobre 2002 portant Code
du travail. L'article 3 aboli toutes les pires formes de travail des enfants en
ces termes : l'expression « les pires formes de travail des enfants »
comprend notamment : a) toutes les formes d'esclavage ou pratiques analogues,
telles que la vente et la traite des enfants, la servitude pour dettes et le
servage ainsi que le travail forcé ou obligatoire, y compris le
recrutement forcé ou obligatoire des enfants en vue de leur utilisation
dans des conflits armés ; b) l'utilisation, le recrutement ou l'offre
d'un enfant à des fins de prostitution, de production de matériel
pornographique de spectacles pornographiques ou des danses obscènes ; c)
l'utilisation, le recrutement ou l'offre d'un enfant aux fins
d'activités illicites, notamment pour la production et le trafic de
stupéfiants ; d) les travaux qui, par leur nature ou les conditions dans
lesquelles ils s'exercent, sont susceptibles de nuire à la santé,
à la sécurité, à la dignité ou à la
moralité de l'enfant.
16. La constitution de transition du 4 avril 2003 dans ses
articles 43 et 44 parle des soins, de l'éducation, de l'identité,
de la protection et de la participation de l'enfant.
17. La loi n° 04/024 du 12 novembre 2004 relative
à la nationalité congolaise. L'article 5 énonce qu'au sens
de la présente loi, on entend par « mineur » l'individu
n'ayant pas encore atteint l'âge de la majorité civile tel que
fixé par la loi.
18. La constitution du 18 février 2006 stipule en son
article 40 que tout individu a le droit de se marier avec la personne de
son choix, de sexe opposé, et de fonder une famille. La famille, cellule
de base de la communauté humaine, est organisée de manière
à assurer son unité, sa stabilité et sa protection. Elle
est placée sous la protection des pouvoirs publics. Les soins et
l'éducation à donner aux enfants constituent, pour les parents,
un droit naturel et un devoir qu'ils exercent sous la surveillance et avec
l'aide des pouvoirs publics. Les enfants ont le devoir d'assister leurs
parents. La loi fixe les règles sur le mariage et l'organisation de la
famille. L'article 41 poursuit que l'enfant mineur est toute personne,
sans distinction de sexe, qui n'a pas encore atteint 18 ans
révolus.
L'article 13 poursuit que tout enfant a droit à la vie.
Le père et la mère ou l'un d'eux ou la personne exerçant
l'autorité parentale, ainsi que l'Etat, ont l'obligation d'assurer sa
64
19. La loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l'enfant en République Démocratique du Congo. C'est
la première loi mise sur pied par la RDC, qui protège l'enfant.
Elle est également la première loi qui définit le mot
« enfant ». Les textes juridiques précédents ne donner
que la définition du mot « mineur ». L'article 2 de cette loi
définit l'enfant comme étant toute personne âgée de
moins de dix-huit ans. Ce même article donne une série de
catégories d'enfant à protéger :
- Enfant en situation difficile : l'enfant qui ne jouit pas de
ses droits fondamentaux et qui n'a pas accès aux services sociaux de
base tels que la santé, le logement, l'alimentation et
l'éducation ;
- Enfant déplacé : l'enfant non
accompagné de ses parents ou tuteur qui a été contraint de
quitter son milieu de vie par suite de la guerre, de catastrophes naturelles ou
d'autres événements graves et s'est installé dans un autre
endroit à l'intérieur du pays où il réside ;
- Enfant refugié : l'enfant qui a été
contraint de fuir son pays en franchissant une frontière internationale
et qui demande le statut de réfugié ou toute autre forme de
protection internationale ;
- Enfant en situation exceptionnelle : l'enfant en situation
de conflits armés, de tensions ou de troubles civils, de catastrophes
naturelles ou de dégradation sensible et prolongée des conditions
socioéconomiques ;
- Enfant avec handicap physique ou mentale : l'enfant se
trouvant dans une situation qui peut constituer un obstacle ou une
difficulté à l'expression normale de toutes ses facultés
physiques ou mentales, notamment les fonctions intellectuelles et cognitives,
le langage, la motricité et les performances sociales ;
- Enfant séparé : l'enfant séparé
de ses père et mère ou de la personne qui exerçait sur lui
l'autorité parentale.
65
survie, son éducation, sa protection et son
épanouissement. Le père et la mère ou l'un d'eux ainsi que
celui qui exerce l'autorité parentale ont le devoir d'élever leur
enfant.
L'article 24 déclare que tout enfant a droit à
l'éducation à la vie dans le respect de l'ordre public et de
bonnes moeurs. Enfin, l'article 50 poursuit que l'enfant ne peut être
employé avant l'âge de seize ans révolus. L'enfant
âgé de quinze ans ne peut être engagé ou maintenu en
service, même comme apprenti, que moyennant dérogation expresse du
juge pour enfants, après avis psycho-médical d'un expert et de
l'inspecteur du travail.
En bref, la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l'enfant, est l'instrument juridique de base pour la protection
de l'enfant en République Démocratique du Congo. A travers elle,
des tribunaux pour enfant ont été créées dans
quelques grandes villes du pays, en raison d'un tribunal par ville. Ces
juridictions sont animées par les juges pour enfant, ce qui est une
innovation qui n'a jamais existé auparavant en République
Démocratique du Congo. Les articles 87 à 112 expliquent le
fonctionnement du tribunal pour enfants en ces termes : « Le Tribunal pour
enfants est composé de la chambre de première instance et de la
chambre d'appel. Les deux chambres sont indépendantes l'une de l'autre
quant à leur fonctionnement. La chambre de première instance
siège à juge unique. La chambre d'appel siège à
trois juges. Le tribunal pour enfants est doté d'au moins un assistant
social affecté par les services provinciaux ayant les affaires sociales
dans leurs attributions. Le tribunal pour enfants siège avec le concours
du ministère public du ressort et l'assistance d'un greffier. Le
tribunal pour enfants n'est compétent qu'à l'égard des
personnes âgées de moins de 18 ans. Le tribunal pour enfants est
seul compétent pour connaître des matières dans lesquelles
se trouve impliquer l'enfant en conflit avec la loi. Lorsque le fait commis par
l'enfant est connexe à celui qui peut donner lieu à une poursuite
contre un adulte, les poursuites sont disjointes et l'enfant est poursuivi
devant le juge pour enfants. Il connaît également des
matières se rapportant à l'identité, la capacité,
la filiation, l'adoption et la parenté telles que prévues par la
loi ». Dans le but de consolider la législation sur la protection
de l'enfant et a rendre applicable, deux arrêtés du maire de la
ville de Kolwezi ont été signés en 2006 et 2007.
La partie qui suit établit des typologies des tous les
enfants se trouvant dans les sites miniers artisanaux.
66
2.3. Les catégories des enfants se trouvant dans
les sites miniers artisanaux
Les observations faites lors de la récolte des
données empiriques, font état de la présence de plusieurs
catégories d'enfants dans les sites miniers artisanaux. Les uns y
exercent différentes activités et les autres non. Pour ce faire,
nous les regroupons en trois groupes que nous présentons de la
manière suivante : Le premier est constitué des enfants qui
exercent des métiers rémunérateurs. Cette catégorie
d'enfants, nous l'identifions par les concepts « enfants en
activités rémunératrices ». Le deuxième groupe
est constitué des enfants qui n'exercent pas des métiers
rémunérateurs. Cette catégorie d'enfants, nous
l'identifions par les concepts « enfants en activités non
rémunératrices ». Enfin le troisième groupe, qui est
le dernier, est composé des enfants que nous désignons par les
concepts « les sans voix ». Il est composé des
bébés et autres petits enfants. Signalons que ces trois groupes
d'enfants ont été établis sur base des mobiles qui
justifient leur présence sur les sites miniers artisanaux. Chaque groupe
est constitué des plusieurs catégories. Ainsi, les trois groupes
se présentent de la manière suivante :
2.3.1. Les enfants en activités
rémunératrices
Cette catégorie est constituée des enfants qui
exercent différentes activités rémunératrices dans
des sites miniers artisanaux. Les uns le font pour gagner de l'argent
eux-mêmes et les autres aident leurs parents en exécutant quelques
métiers rémunérateurs. Les uns exploitent les minerais en
équipe composée uniquement d'enfants et les autres sont
accompagnés de leurs parents ou encore de membres de familles. Tous sont
des enfants dits « Enfants travailleurs ». La présence de ces
enfants dans des sites dépend d'un site à un autre. Ils sont plus
nombreux dans les anciennes carrières abandonnées de la
Gécamines et dans les sites de lavage des minerais. Le rapport de Groupe
One (2007, 9) explique que certains enfants travaillent avec leur famille avec
laquelle ils constituent une unité de production. Cela a
été le cas du groupe de Gaël avec son jeune frère
Patient. Ils travaillent accompagnés de leur mère qui les aide
à remonter les minerais et à les laver. D'autres sont
employés par une équipe de creuseurs ou par des négociants
et sont payés chaque jour en fonction du travail effectué. Cette
typologie est constituée de plusieurs catégories d'enfants
suivantes :
67
2.3.1.1. Les enfants dits «
creuseurs »
Ces deniers exploitent artisanalement le cuivre soit le cobalt
comme le font les adultes à l'aide des outils tels que bêches,
pioches, houes, barres de mine ainsi que les sacs où l'on met les
minerais. Ils forent des puits, soit ils grattent dans les anciens remblais
à la recherche des minerais. A la différence avec des adultes,
les puits forés par les enfants ne sont pas si profonds. L'alinéa
21 de l'article1ère du code minier de 2002, délimite
la profondeur des puits jusqu'à trente mètres au maximum. Les
enfants ne peuvent pas atteindre cette profondeur. L'exploitation des minerais
par les enfants diffèrent d'un site à un autre. A « Mutoshi
», dans les périmètres de « Ruwe Mess, Dima et Kandimba
» les enfants grattent dans les anciens remblais de la Gécamines
pour ramasser les petits minerais de cuivre soit cobalt. Dans la
carrière « 5 ans » tout comme « GH », les enfants
forent des puits de plus ou moins un mètre dans les anciens remblais de
la Gécamines. A la laverie des minerais des carrières «
Kamilombe I, II et III », les enfants forent des petits puits de quelques
centimètres de profondeur dans les sables qui se trouvent juste à
côté de la laverie. Les enfants creuseurs travaillent toujours en
équipe dont le nombre de membre par équipe varie entre deux
personnes et plus. La composition du nombre d'enfants par équipe
dépend des relations entre eux mais aussi des intérêts en
place. Ils commencent le boulot le matin, pour terminer l'après-midi
voire le soir. Cela dépend de leur volonté.
Pendant la période de forage du puits, une
équipe peut faire trois jours soit plus pour arriver à la couche
minéralogique. Seuls les garçons dont l'âge minimum varie
ente 12 ans et plus s'adonnent à ce type d'exploitation. Les tout petits
garçons dont l'âge varie entre 7 ans à plus ou moins 11
ans, ainsi que les filles grattent dans les remblais abandonnés de la
Gécamines soit creusent dans les sables au bord des laveries à la
recherche des minerais. Les autres creusent dans l'eau où l'on lave les
minerais à la recherche des débris de minerais tombés lors
des opérations de lavage.
2.3.1.2. Les enfants dénommés
« Bakapandisha » ou les Remonteurs
Après la catégorie d'enfants « creuseurs
», vient celle d'enfants « remonteurs ».
68
En swahili, le mot « kupandisha » veut dire «
remonter ». Alors, « Bakapandisha », signifie « les
remonteurs ». Cette catégorie est constituée des enfants
dont l'âge varie entre 12 et 17 ans. Ces derniers remontent les minerais
mis dans des sacs qui pèsent plus ou moins 10 à 25 Kg, du puits
à la surface, moyennant un paiement. Ils sont journaliers,
utilisés par les creuseurs adultes. Ils ne font pas partie de
l'équipe régulière de creuseurs adultes. Mais, Ils sont
recrutés par les adultes selon que le besoin se manifeste pour les aider
à effectuer une tâche qui nécessite une main d'oeuvre
nombreuse. Comme l'explique Ilunga (2008, 53-56) que les enfants interviennent
en cas de besoin. Ils sont parfois appelés « saliseurs ». Ce
sont les jeunes qui aident les creuseurs dans l'exploitation de
l'hétérogénite. On les observe dans les carrières
« Kamilombe » et « terre jaune » qui se trouvent à
quelques kilomètres du camp Gécamines Kapata et aussi dans la
carrière « Bob » tout près de la cité «
Kanina » à Kolwezi.
Seuls les garçons s'adonnent à ce type
d'activité. Les filles y sont exclues parce que d'après la
tradition locale, les filles et les femmes n'accèdent pas dans les
puits. Le choix des enfants par les creuseurs s'explique également par
le fait de l'étroitesse des galléries dans des puits, où
seuls les enfants peuvent y accéder facilement afin de remonter les
minerais à la surface. Après les remonteurs viennent les enfants
dit « Bakapapa » soit les chargeurs.
2.3.1.3. Les enfants dénommés «
Bakapapa » ou les chargeurs
Le mot swahili « kupapa » veut dire « mettre
quelques chose au dos » soit, transporter quelque chose par le dos. Dans
le langage des creuseurs « Bakapapa » veut dire les chargeurs.
Contrairement à la catégorie précédente qui remonte
les minerais du puits vers la surface, cette catégorie d'enfants charge
les minerais exposés sur la surface dans des camions, sur les motos et
sur les vélos pour aller les laver. Le prix à gagner
dépend du nombre de camions à charger. Si pour la
précédente catégorie ce sont les creuseurs adultes qui
recourent aux enfants pour les aider à évacuer les minerais du
puits vers la surface, pour cette catégorie d'enfants dits «
Bakapata », ce sont les négociants qui font appel aux enfants pour
charger rapidement les minerais dans les camions. Après le chargement,
les minerais sont amenés aux différents sites pour les laver. Les
enfants sont nombreux dans les sites en train d'attendre les camions à
charger. Soit encorne, ils transportent les minerais sur le dos soit encore sur
la tête et ce, de la carrière jusqu'au lieu de lavage. Le rapport
de groupe One (2007, 14) confirme que le transport des minerais est plus
réservé aux enfants qui ont plus ou moins 16 ans. La
69
partie qui suit parle d'une autre catégorie d'enfants
qui sont dans des sites d'exploitation minière artisanale. Il s'agit des
enfants dits « Bakalokota » soit les ramasseurs.
2.3.1.4. Les enfants dénommés «
Bakalokota » ou les ramasseurs
Le mot « Kulokota » signifie « ramasser ».
Alors, « bakalokota » signifie « les ramasseurs ». Il
s'agit de tout petits enfants dont l'âge varie entre 5 et 11 ans. Ces
derniers ramassent les minerais soit dans les sites où l'on extrait les
minerais, soit dans les sites où l'on lave les minerais. Tous sont munis
des sacs dans lesquels ils mettent des minerais ramassés. Ces enfants se
déplacent toujours en équipe de deux voire plus. Durant la
journée, on les voit sillonner autour des puits, de lieux de lavage des
minerais, des lieux de triage des minerais soit encore dans l'eau où
l'on lave les minerais, afin de ramasser quelques minerais tombés. Pour
accomplir une quantité nécessaire pour la vente, il leur faut
plusieurs jours. A défaut, ils sont obligés de mettre ensemble
tous leurs minerais, les garder jusqu'à ce qu'ils réalisent une
quantité considérable pour la vente. Le récit du groupe de
Mbuyi édifie :
« Nous ramassons de petits minerais tombés par
terre soit dans la carrière, soit aux lieux de lavage des minerais. Par
jour, nous ramassons 5 à 7 Kg des minerais ».
Les enfants qui ramassent des minerais sont parfois
identifiés au nom de « salakateur». Ilunga (2008, 53-56)
explique que les « salakateur » sont des enfants qui ne font que
ramasser dans les carrières les produits miniers qui sont tombés
soit lors de la mise en sacs ou soit lors du chargement dans des camions. Ils
les ramassent et les vendent là où ils peuvent (...). Ce sont
plus les garçons qui s'adonnent à cette activité sur les
sites artisanaux. Les filles le font mais uniquement sur les lieux où
l'on lave les minerais. Elles n'arrivent pas dans les carrières
d'exploitation. Olivier Kahola (2008, 92) écrit que les garçons
sont plus habiles à sillonner d'un puits d'extraction à un autre
pour fouiller sur les épandages ou pour se rabattre sur les
déchets des minerais abandonnés par les creuseurs. Ces phrases
montrent comment les enfants se déplacent d'un site à un autre
à la recherche des minerais à ramasser. Les photos des enfants
qui ramassent les minerais sont à la page 120, annexe n°4 et
à la page 121, annexe n°5.
70
Une autre catégorie d'enfants présente sur les
sites, ce sont les enfants dits « Bakasampisha », c'est-à-dire
les laveurs.
2.3.1.5. Les enfants dénommés «
Bakasampisha ou Bakutata » c'est-à-dire les
laveuses ou laveurs
Le mot « kusampisha » signifie « laver ».
Alors, « Bakasampisha » signifie les laveurs. Il s'agit de la
catégorie d'enfants qui lavent les minerais dans des rivières ou
dans des eaux stagnantes des anciennes carrières de la Gécamines.
A l'aide des tamis et des sacs vides, ils lavent les minerais pour enlever les
gangues et de la terre afin que les minerais soient propres pour le triage. En
géologie, les gangues sont des substances qui enveloppent des minerais
ou une pierre précieuse (Dictionnaire Encarta, 2009). Ce sont les femmes
et les filles qui s'adonnent plus à cette activité. Mais, on
observe parfois quelques petits garçons en train de laver aussi des
minerais.
Le paiement se fait à la fin du lavage. Le lavage des
minerais pour un sac de 100 Kg coûte 2500Fc. Pour effectuer ce boulot
rapidement, les laveurs se mettent en équipe de deux à quatre
personnes. Cette façon de faire, leur permet de laver plus ou moins 5
à 8 sacs des minerais par jour. A la fin de la journée, ils se
partagent le butin. Il y a certains jours où les laveuses gagnent moins
d'argent. Cela s'observe le jour où il y a carence des minerais à
laver dans les sites. La somme reçue par personne varie entre 2500
à 5000 franc. Cela dépend des journées.
Notons qu'il y a plusieurs enfants (filles) et femmes qui sont
chaque jour dans des sites de lavage des minerais en train d'attendre le
boulot. Une fois qu'un négociant arrive, il choisit de sa volonté
selon ses connaissances celles qui vont laver ses minerais. Après cette
typologie, nous abordons la catégorie des enfants dits «
Bakatshakula » ou les trieurs.
2.3.1.6. Les enfants dits « Bakatshakula »
c'est-à-dire les trieurs
Le mot « kutshakula » veut dire « trier ».
Bakatshakula dans le langage des creuseurs veut dire « les trieurs ».
On trouve cette catégorie d'enfants dans les sites de lavage des
minerais car, le tri se fait après lavage. Plusieurs enfants s'adonnent
à cette activité. On les voit assis autour des minerais
versés par terre ou sur un sac, en train de trier du vrai minerai et
jeter les pierres qui accompagnent les minerais. Cet exercice nécessite
de l'expérience pour
71
savoir du vrai à récupérer et du faux
à jeter. Souvent, lors de cet exercice, le négociant ou
propriétaire du minerai est sur place pour se rendre compte de la
qualité du travail effectué. Sinon, on risque de le tromper. Lors
de la vente des minerais au comptoir, la teneur dépend
premièrement de la manière dont on a lavé les minerais et
deuxièmement de la manière dont on les a triés. Les
minerais bien lavés et bien triés valent plus lors de la
vente.
Durant toute la journée, les enfants trieurs sont assis
sous le soleil sans aucune protection contre le vent ni la chaleur du soleil.
Et le soir, une rémunération qui varie entre 1500 à 3500
Franc leur est donnée par le négociant sur base de la
quantité des minerais triés. Un négociant trouvé
dans la carrière « Kamilombe », nous a déclaré :
je préfère faire trier mes minerais par les enfants
plutôt que par les grandes personnes, parce que d'après mon
expérience, les enfants exécutent honnêtement les
tâches qu'on leur confie, par rapport aux adultes qui veulent souvent
tromper. Derrière une telle déclaration se cache la
problématique du travail des enfants qui est une main d'oeuvre moins
couteuse mais parfois aussi efficace. Cette notion nous la développons
davantage dans le troisième chapitre. Le triage des minerais se fait par
les garçons et par les filles à l'aide des mains. Certaines
femmes s'adonnent également à cette pratique.
Le tri de 100 Kg de minerais coûte 2500Fc. Pour gagner
le temps, les trieurs exercent cette activité en équipe de 2
à 4 personnes. Selon les propos des acteurs concernés
trouvés sur terrain, par jour, ils trient au moins 3 à 5 sacs.
Pour 00 Kg du minerai, les négociants dépensent 5000FC pour les
opérations de lavage et triage. Les enfants trieurs se retrouvent
uniquement sur les sites de lavage des minerais. Car, on ne trie pas les
minerais dans les sites d'exploitation des minerais. Là les creuseurs ne
font que les mises en sacs. Le triage se fait après lavage. Une autre
catégorie qui suit après celle-ci, c'est celle des enfants dits
« Bakanyungulula », ou les tamiseurs.
2.3.1.7. Les enfants dits «
Bakanyungulula » c'est-à-dire les
tamiseurs
En swahilu « kunyungulula » veut dire « tamiser
». Bakanyungulula signifie « les tamisseur » dans le langage des
creuseurs. Cette catégorie d'enfants s'occupe à tamiser les
minerais dans des sites miniers artisanaux. L'opération se fait avant de
laver les minerais afin de réduire la quantité de la terre. Elle
consiste à tamiser les minerais à l'aide d'un grand tamis fait
pour cette cause. Le tamisage se fait toujours en équipe de deux
personnes, l'un en face de
72
l'autre en train de balancer le tamis pour faire tomber la
terre. Par rapport à la forme, on distingue deux types de minerais. Il y
a les minerais en forme des graviers et les minerais en forme des blocs. C'est
uniquement les minerais en forme des graviers que l'on tamise, s'ils sont
accompagnés de la terre.
Le prix de tamisage est de 1000Fc pour les minerais qui
pèsent 100 Kg. Le tamisage précède le lavage des minerais.
Certains négociants préfèrent faire tamiser les minerais
dans les sites d'exploitation des minerais afin d'enlever la terre, avant de
les transporter vers les lieux de lavage. Dans ce cas, seuls les garçons
tamisent les minerais, parce que les filles n'accèdent pas dans les
carrières. Mutombo (2011, 33) explique que cette situation tient aux
croyances selon lesquelles la présence de la femme dans la
carrière fait baisser le teneur des minerais exploités ou fait
perdre le filon. Les autres négociants préfèrent faire
tamiser les minerais sur les lieux de lavage. Pour ce cas la chance est
accordée à tous, filles et garçons présents dans
les sites de lavage. Signalons que même certains hommes et certaines
femmes font également cette activité. Après les tamiseurs,
viennent les enfants dits « bakavinya », soit les concasseurs.
2.3.1.8. Les enfants dénommés «
Bakavinya » c'est-à-dire les concasseurs
En swahili « Kuvinya » veut dire « concasser
». Bakavinya signifie « les concasseurs ». Le concassage est
appliqué sur les minerais formés en blocs. Les enfants dits
« Bakavinya » écrasent les minerais en blocs à l'aide
des marteaux et autres matériel en métal afin de réduire
leurs volumes. Aussi, le concassage permet à récupérer les
minerais et jeter les mauvaises pierres. Peu d'enfants pratiquent cette
activité. Car, rares sont les négociants qui amènent les
minerais en blocs qui nécessitent le concassage. Mais certains enfants,
de par leur propre initiative ramassent les pierres dans les remblais
abandonnés de la Gécamines et les concassent pour y retirer
quelques petites particules des minerais en couleur verte. Les restes des blocs
constitués des pierres sont jetés. Ce sont plus les
garçons qui exercent cette activité que les filles. Après
avoir réalisé une importante quantité des minerais, les
enfants les vendent aux négociants qui circulent dans les sites. Si la
quantité est trop petite, les enfants gardent leurs minerais jusque le
jour où ils réaliseront la quantité voulue pour la
vente.
73
Après la catégorie des enfants dits «
Bakavinya » ou les concasseurs, vient la catégorie des enfants dits
« Bakauzisha », soit les vendeurs.
2.3.1.9. Les enfants dénommés «
Bakauzisha » ou les vendeurs
En swahili « ku uzisha » signifie « vendre
». Bakauzisha veut dire « les vendeurs ». Il s'agit des enfants
qui vendent plusieurs articles dans de sites miniers. Les uns vendent les
denrées alimentaires telles que : des beignets, des gâteaux,
d'arachides (cacahouètes), des biscuits, des bonbons, de l'eau potable,
du jus, des morceaux de manioc grillés, de la boisson locale
communément appelée « Munkoyo11 », des
pains, des bananes, etc. Les autres vendent d'autres articles consommables et
quelques produits manufacturiers tels que les unités ou recharge pour la
téléphonie mobile, les cigarettes, les allumettes, les mouchoirs,
les cartes mémoires pour les téléphones portables, etc.
Cette catégorie est observable dans tous les sites miniers artisanaux
investigués. Elle est composée de plusieurs enfants filles et
garçons. Une fois qu'on est sur les sites miniers, c'est la
catégorie qui saute directement aux yeux en première position.
Beaucoup arrivent sur les sites le matin et les autres au
milieu de l'avant-midi. Certains exposent leurs marchandises dans des bols,
surtout pour les denrées alimentaires, soit par terre sur des sacs. Les
autres circulent dans différentes carrières en proposant aux
creuseurs leurs marchandises. Ils restent dans des sites miniers toute la
journée et rentrent à la maison le soir. A ce propos, Seydou
Keita (2001, 18) montre que parmi les activités exercées par les
enfants sur les sites miniers, on peut citer : la préparation et la
vente de repas et de nourritures, la vente ambulante ou à poste fixe de
boissons, de cigarettes, de beignets, (...). Tandis que Kahola (2008, 91)
poursuit que les filles dans les carrières sont orientées vers
les activités commerciales. Le plus souvent, elles sont sous la
supervision d'un adulte. Les propos des filles trouvées sur les sites en
train de vendre témoignent cela :
« Nous toutes telles que nous sommes ici, nous
étudions. Raison pour laquelle nous ne vendons que pendant les vacances.
Nous épargnons petit à petit ce que nous gagnons, jusqu'à
ce que chacune réalise le montant voulu qui lui servira de se procurer
ce dont elle a besoin.».
11 Munkoyo est une boisson locale fait sur base des
racines d'une plante.
74
Signalons que les enfants qui vendent dans des sites miniers,
peuvent facilement basculer vers à d'autres activités telles que
le lavage, le triage, le concassage, le ramassage des minerais, une fois que
leurs marchandises se terminent. Dans les témoignages recueillis sur les
sites, les filles avouent :
« Parfois, lorsque nos marchandises se terminent, nous
lavons, tamisons soit trions les minerais moyennant un paiement qui varie selon
le travail
effectué (...) ».
Une telle situation prouve les possibilités qu'ont les
enfants de basculer d'une activité à une autre une fois dans les
sites miniers artisanaux. Une photo des enfants qui vendent les denrées
alimentaires sur le site est sur la page 122, annexe n° 6. Après la
catégorie des enfants dits « vendeurs », vient la
dernière catégorie des enfants en activités
rémunératrices, qui est celle des enfants dits « Bakatsheza
ma carte ».
2.3.1.10. Les enfants dits « Batsheza ma carte
» ou les enfants qui jouent au jeu de
cartes
« Kutsheza » veut dire « jouer ». «
Batsheza ma carte » veut dire « les joueurs aux cartes ». Cette
catégorie est constituée uniquement des garçons. Les uns,
après avoir gagné de l'argent en exerçant
différentes activités sur les sites miniers artisanaux,
s'adonnent aux jeux de hasard en jouant aux cartes soit entre les enfants, soit
avec les adultes pour gagner de l'argent. Les autres proviennent de la
cité où ils fuient le contrôle parental et vont dans les
carrières pour jouer aux cartes avec les autres enfants. Dans
l'entretien effectué avec le groupe de Kahenga, les enfants
déclarent :
« Il y a les enfants qui creusent les minerais, certains
lavent, d'autres
ramassent, d'autres encore chargent les minerais dans des
camionnettes pour
aller les laver. Il y a aussi les enfants qui jouent aux
cartes pour gagner de
l'argent. Malgré l'interdiction de ce jeu par les
agents de l'ordre, il y a
toujours certains enfants et même certains adultes qui
s'adonnent à ce jeu ».
75
Cette situation fait que certains enfants soient
accompagnés de leurs parents soit d'autres membres de familles pour les
empêcher de dilapider l'argent obtenu. La maman de Gaël et
d'Emmanuel trouvée dans la carrière 5 ans, a
déclaré :
« Je travaille avec eux pour mieux les contrôler
afin qu'ils ne gaspillent pas de l'argent. Comme je suis là, je
récupère l'argent et je le garde dans la petite caisse à
la maison ».
Les enfants en activités rémunératrices,
sont en situation de risque de dilapidation de l'argent qu'ils obtiennent. Ils
peuvent facilement être attirés par les jeux de hasard, et perdre
ainsi tout leur argent. Pour certains enfants le fait d'exercer quelques
travaux dans les sites miniers est un signe de bravoure. Cela se fait sentir
dans les propos de Yanick présenté par Mutombo (2011, 83) en ces
termes : Mina kuya kutafuta na miye yangu maïsha, mwanaume ni kudji
tafutiya. Il explique que cette catégorie brave la peur et les
interdictions. Elle veut que la société la considère par
son travail. Ces enfants se disent capables de mieux faire. Ils reconnaissent
que la société congolaise accorde plus de la considération
aux personnes qui ont des moyens.
Après la partie consacrée aux enfants en
activités rémunératrices, vient celle qui présente
le groupe des enfants en activités non rémunératrices.
2.3.2. Les enfants en activités non
rémunératrices
Cette catégorie d'enfants est constituée de
ceux-là qui n'exercent aucune activité
rémunératrice. Certains rendent des services à leurs
mères, d'autres se livrent aux activités
récréatives et d'autres encore observent les différentes
activités telles qu'elles se déroulent dans des sites miniers,
sans toutefois y participer. Toutes les catégories d'enfants faisant
partie de ce groupe, nous les avons désignées par
différentes appellations conformément aux activités
auxquelles ils se livrent sur les sites. Ainsi, cinq catégories
d'enfants ont été identifiées dans ce groupe. Il s'agit
des gardiens, des crèches, des relais, des joueurs et des spectateurs.
Nous avons misé plus sur les occupations auxquelles ils s'adonnent dans
les sites miniers artisanaux pour les discerner. Raison pour laquelle, les tout
petits enfants et les bébés forment un autre groupe qui est le
troisième et le dernier. Il n'est pas inclus dans celui consacré
aux enfants en activités non rémunératrices. Pour
identifier le groupe d'enfants en
76
activités non rémunératrices, il a fallu
une observation attentive. Ainsi, la première catégorie est celle
des enfants dénommés « crèches ».
2.3.2.1. Les crèches ou les gardiens
D'après le dictionnaire encarta (2009), la
crèche est un établissement qui accueille dans la journée
les enfants de moins de trois ans dont les parents travaillent. Dans les sites
miniers, nous y avons remarqués la présence des enfants qui
jouent le rôle de crèche. Ainsi, nous les avons
dénommés « enfants crèches ».
Les crèches sont les enfants qui assurent la garde sur
les sites miniers, des autres enfants qui sont plus petits qu'eux (les
bébés et les autres petits enfants) dont l'âge varie entre
une année à deux ans. Ils assurent la garde et la
sécurité des bébés et autres petits enfants pendant
que leurs mères travaillent. Ils le font pendant les heures que durent
les occupations de leurs mères. Une fois que les bébés
pleurent, les mamans les allaitent. Après, elles les remettent de
nouveau auprès des « crèches ». Même lorsque les
bébés sont endormis, ils sont soit sur les jambes des
crèches, soit on les fait dormir sur un pagne étalé par
terre sous un arbre et sous la surveillance des « crèches ».
Ces derniers sont toujours membres de familles des bébés pour
lesquels ils rendent services.
Une maman trouvée au lieu de lavage des minerais au
camp Gécamines « Kapata », nous a déclaré que
c'est par manque d'une grande personne qui peut garder l'enfant à la
maison, qu'elle fait garder le bébé sur le site minier par son
grand frère âgé de 6 ans. Elle poursuit qu'elle
préfère le faire sur le site, parce qu'elle-même est
présente. Ainsi, elle peut intervenir rapidement sans tarder en cas d'un
besoin qui se manifeste. Après les enfants dits « crèches
», viennent les enfants dits « relais ».
2.3.2.2. Les relais
Pour le dictionnaire encarta, le mot « relais »
signifie médiateur ou continuateur d'une tache. Certains enfants jouent
le rôle de relais dans les sites miniers. Contrairement aux «
enfants crèches » qui gardent les bébés sur les sites
miniers en présence de leurs mères qui exécutent quelques
tâches pour être rémunérées à la fin de
la journée, les enfants que nous qualifions de « relais »,
gardent les bébés à la maison. Ils assurent le contact
entre les bébés restés à la maison et leurs
mères qui travaillent dans des sites miniers. Les mères laissent
les
77
bébés à la maison. Une fois que ces
derniers pleurent, les enfants « relais » les amènent dans les
sites miniers auprès de leurs mères pour les allaiter.
Après l'allaitement, les enfants « relais » les retournent
à la maison. Le rôle que jouent les « enfants relais »
est important, celui de faciliter le contact entre les bébés et
leurs mères durant toute la journée. Raison pour laquelle, nous
les désignons des « enfants relais ». La catégorie
d'enfants relais est composée plus des filles.
Après cette catégorie, vient celle des enfants dits
« messagers ». 2.3.2.3. Les messagers
Les enfants que nous qualifions de messagers servent de
transmetteurs des messages et autres informations auprès de leurs
parents et autres membres de famille qui exercent des activités sur les
sites d'exploitation minière artisanale. Les messagers restent à
la maison. En cas d'une situation qui advient, ils apportent l'information
auprès de celui que la chose concerne. A ce propos, Malemba (2003, 113)
souligne que l'enfant est utilisé comme messager ou agent de liaison
entre partenaires d'affaires. Pour le cas sous examen, ce sont soit les membres
de la famille, soit les voisins qui envoient l'enfant dans les sites miniers
afin qu'il transmette un message à la personne concernée.
Après avoir transmis le message, il rentre à la maison. Mutombo
(2011, 92-94) désigne ce rôle par « courroie de transmission
». Il distingue deux catégories d'enfants comme « courroie de
transmission ». La première catégorie est celle où
l'enfant joue le rôle de « messager ». Il explique que l'enfant
est un canal par lequel passent plusieurs messages. Il est le porte-message qui
part d'un émetteur personne X vers un récepteur personne Y. Le
rôle des enfants dans la circulation de l'information de toute sorte est
très déterminant dans les carrières d'exploitation
artisanale des minerais. La deuxième catégorie est celle
où l'enfant joue le rôle d'« informateur ». Mutombo
poursuit que contrairement à l'enfant messager qui est simplement un
canal par lequel l'information ou message venant d'un émetteur passe
pour atteindre le récepteur, l'enfant « informateur » est
auteur de l'information qu'il transporte. Il la recueille par et à
travers ses organes des sens et l'oriente vers les acteurs susceptibles de
l'utiliser. L'enfant informateur agit en espion souvent pour le compte des
personnes adultes ou d'autres enfants qu'ils soient creuseurs,
négociants, policiers, ou autre agent de l'Etat présent dans la
carrière, qui tirent intérêt des informations qu'il
fournit.
2.3.2.5. Les spectateurs
78
Le quatrième groupe d'enfants qui n'exercent pas des
activités rémunératrices sur les sites miniers artisanaux
sont les enfants dits « joueurs ».
2.3.2.4. Les joueurs
Certains enfants s'adonnent à des jeux dans les sites
miniers artisanaux. Cette catégorie est plus retrouvée dans les
sites de lavage des minerais. Notons que selon le langage des enfants
trouvés dans les sites miniers, ils appellent les lieux de lavage des
minerais « Pa ma l'eau ». Ceci est un mélange du swahili et du
français qui veut dire « sur l'eau ». A côté des
tous les sites de lavage des minerais (pa ma l'eau) investigués, il y a
des remblais abandonnés par la Gécamines qui sont
constitués des sables. Les uns s'amusent dans les sables en y pratiquant
divers jeux, les autres jouent dans l'eau même où l'on lave les
minerais. Ainsi, les sites de lavage des minerais constituent pour cette
catégorie d'enfants des espaces ludiques ou récréatifs
pour y pratiquer toutes sortes des jeux. Les types de jeux auxquels se livrent
les enfants, varient selon que les enfants jouent dans les sables ou dans
l'eau. Dans les sables, les enfants pratiquent : le jeu de cache-cache, le jeu
de football, le jeu de course, le jeu de catch, etc. Et dans l'eau, les enfants
y pratiquent les jeux ci-après : le concours de nage, le jeu de guerre,
le jeu de catch, le jeu de course et plusieurs autres jeux que les enfants
créent spontanément, tout en étant dans l'eau. Bref,
certains enfants se livrent à plusieurs jeux qui leur procurent du
plaisir.
Cette catégorie est plus constituée des
garçons que des filles. Pendant la période scolaire, il y a moins
d'enfants dans les sites de lavage des minerais. Ceux qu'on trouve dans les
sites sont eux qui n'étudient pas ou ceux qui ont fait l'école
buissonnière. Certains de ceux qui étudient arrivent dans des
sites miniers, juste après la sortie des cours et ils y restent jusque
tard à 18 heures. Mais pendant les vacances scolaires, le nombre
d'enfants dans des sites miniers augmente. Plusieurs enfants se livrent aux
différents jeux.
Après les enfants dits « joueurs », il y a
une autre catégorie qui est la dernière dans ce groupe d'enfants
en activités rémunératrices. Il s'agit des enfants dits
« spectateurs ».
79
Cette catégorie est constituée des enfants qui
n'exercent pas des activités manuelles dans les sites miniers. Les uns
après les avoir envoyés, au lieu de se rendre directement
à la maison, ils restent dans les sites miniers artisanaux en train
d'observer la manière dont les autres exploitent, ramassent, lavent,
concassent, trient les minerais. Et les autres en se déplaçant
d'un camp Gécamines vers un autre, ils s'arrêtent dans un site
minier artisanal pour un petit temps pour contempler comment les
activités s'y déroulent. Par après, ils poursuivent leur
route. Ces derniers remplissent la fonction touristique des sites miniers.
Cette catégorie a été observée à la laverie
des minerais des carrières « Kamilombe I, II et III » qui se
trouve juste sur la route qui mène vers la cité Gécamines
« Musonoi ». Certains enfants qui quittent la cité
Gécamines « Kapata » et qui se rendent à la cité
Gécamines « Musonoi », s'arrêtent parfois à la
laverie et contemplent le déroulement des activités sur ce site,
sans toutefois s'adonner à une activité quelconque. Par
après, ils poursuivent leur chemin.
Certains acteurs qui font partie du groupe des enfants en
activités non rémunératrices, peuvent facilement changer
d'une catégorie à une autre, selon les circonstances dans
lesquelles ils se trouvent. Ainsi, un enfant peut faire partie de la
catégorie des enfants « joueurs » aujourd'hui et demain, on le
retrouve dans la catégorie des enfants « spectateurs », le
lendemain, dans celle des enfants « crèches » soit les «
messagers », ainsi de suite.
D'autres acteurs du groupe des enfants en activités non
rémunératrices, basculent parfois dans la typologie des enfants
en activités rémunératrices, selon les circonstances dans
lesquelles ils se trouvent. C'est par exemple, les enfants «
crèches », ou « messagers », ils peuvent un jour ramasser
soit trier les minerais. Le fait qu'ils soient souvent dans les sites miniers,
cela constitue une situation de risque.
Le dernier groupe des enfants qui sont dans les sites miniers,
sont les tout petits bébés qui sont portés par leurs
mères, soit par les enfants « crèches ».
2.3.3. Les sans voix
Il s'agit de tout petits bébés dont l'âge
varie entre 4 mois à plus ou moins 3 ans. Nous les désignons des
« sans voix » parce qu'ils ne peuvent pas décider
d'eux-mêmes de leur présence ou pas dans des sites miniers
artisanaux. Ils y sont par le fait de la présence de leurs
Le nombre des enfants dans les quatre sites miniers
investigués nous l'évaluons à plus ou moins 350 enfants.
Ils y sont nombreux en train de s'adonner aux différentes
activités. La
80
mères. Ils n'ont pas la capacité de se prononcer
parce qu'ils sont tellement petits et dépendent directement de
l'encadrement et de la protection de leurs mères. La capacité de
pouvoir émettre leur consentement est pratiquement impossible, car ce
sont des bébés. Le qualificatif « sans voix » n'est pas
à prendre d'une manière littérale. Les « sans vois
» sont facilement visibles dans les sites de lavage des minerais, car,
c'est dans lesdits sites où la présence des femmes est plus
remarquable. Certains « sans voix » sont soit sur le dos de leurs
mères qui lavent, trient, concassent les minerais, soit sur le dos ou
jambes des autres enfants dénommées « enfants crèches
», qui les bercent et leur assurent la surveillance et protection. Les
enfants « crèches » gardent les « sans voix »
pendant toute la durée que leurs mères travaillent sur les sites
miniers. C'est lorsque les « sans voix » (bébés)
pleurent que leurs mères les allaitent. Après, ils sont de
nouveau retournés aux enfants « crèches », parce que
les mères doivent continuer à travailler.
Nous pouvons retenir que certains enfants qui sont dans les
sites miniers artisanaux, s'adonnent soit à des activités
rémunératrices, soit encore à des activités non
rémunératrices. Les autres y sont par le fait de la
présence de leurs mères sur les sites miniers artisanaux.
Après avoir passé en revue d'une manière
détaillée tous les trois groupes d'enfants qui se trouvent dans
les sites miniers artisanaux investigués, nous pouvons à
présent tenter de dévoiler les jeux, les enjeux et les logiques
derrière la présence des enfants dans les zones d'exploitation
minière artisanale. C'est le troisième chapitre qui répond
à cette préoccupation.
Chapitre 3: Les jeux, les enjeux et les logiques
derrière la présence des
enfants dans les sites miniers
artisanaux
3.1. Les jeux et les enjeux de la présence des
enfants dans les sites miniers
Ces trois premières procédures d'entrée
des enfants dans les sites miniers artisanaux se rattachent au réseau
relationnel. Lupitshi (2013, 224) montre que le réseau des relations
81
bonne saisie de ces « jeux » et « enjeux »
passe estimons-nous par l'examen de l'entrée dans les sites miniers et
par l'analyse des conséquences subies.
3.1.1. La procédure d'entrée des enfants
dans des sites miniers artisanaux
Plusieurs possibilités expliquent la manière
dont les enfants parviennent à entrer dans les sites miniers artisanaux.
Il s'agit des possibilités suivantes :
3.1.1.1. Par effet d'entrainement des parents et autres
membres de famille
Certains enfants que l'on retrouve dans les sites miniers
artisanaux, parviennent à y accéder parce qu'ils accompagnent
leurs parents pour y travailler. Il arrive parfois que les enfants forment une
équipe de travail avec leurs parents. Les enfants accompagnent aussi
certains membres de familles (cousins, oncles, frères, soeurs, etc.)
dans l'exécution des activités dans les carrières.
3.1.1.2. Par effet d'entrainement des amis
L'amitié joue également un rôle dans la
conduction des enfants dans les sites miniers. Par influence des amis, certains
enfants se retrouvent dans les sites miniers pour y exercer
différentes activités. Un processus de
socialisation par les pairs s'y déroule par
l'apprentissage des
techniques d'exercice d'activités.
3.1.1.3. Par contrainte des parents et autres membres
proches de la famille
Certains parents poussent leurs enfants à aller se
débrouiller dans les carrières. Soit encore c'est un membre de
famille qui le fait. Les enfants nous ont témoigné que certains
parents poussent leurs propres enfants à se débrouiller dans les
carrières comme le font les autres enfants.
82
développées par un individu lui permet de
gérer certaines situations qui se présentent à lui. Il
distingue ainsi trois sortes de ressources relationnelles : le repère
familial, le capital social et les conseils. Par rapport à notre champ
d'investigation, les enfants que l'on rencontre dans les sites miniers,
nombreux ont utilisé « le repère familial et le capital
social » pour accéder dans les sites miniers. Lorsqu'on analyse
leur manière d'entrée pour la première fois dans les sites
miniers, ils ont répondu avoir été influencés soit
par les parents, soit par les membres proches de familles, soit encore par les
amis.
La composition de membres d'une équipe afin
d'exécuter une activité rémunératrice ou pour jouer
se fait par amitié et fraternité. Cela renvoie au «
réseau familial » et au « capital social ». Ainsi,
l'équipe de Mbuyi qui ramasse les minerais dans la carrière 5 ans
est composée de 5 personnes parmi lesquelles il y a : Mbuyi et son jeune
frère, Eric et son jeune frère enfin Patient qui est seul. Les
parents de Mbuyi et Monga sont aussi des amis et forment une seule
équipe dans l'exploitation minière artisanale dans la même
carrière. Kahenga et Patrice, tous deux exécutent
différentes activités rémunératrices dans les
carrières Kamilombe I, II et III. Ils sont fils d'un même
père mais de mères différentes. Gaël et Monga sont
tous deux frères d'un même père er d'une même
mère. Ils travaillent dans la carrière 5 ans accompagnés
de leur mère. Les conseils interviennent aussi. Certains parents
prodiguent des conseils à leurs enfants pour mieux se comporter dans les
sites. Ils leur disent de ne pas se fier aux mauvais amis qui ont des mauvais
comportements. Gaël explique :
« Nous craignons de travailler en équipe de
plusieurs personnes, parce que pendant que
nous, nous forons de puits non profonds, certains enfants
veulent entrer dans les galléries. Dès qu'il y a
éboulement, ils vont mourir et nous aurons des problèmes. Raison
pour laquelle la maman nous interdit de travailler avec les autres enfants
».
Hormis les trois premières procédures
d'accès des enfants dans les sites, il y a également une autre
possibilité.
3.1.1.4. Par initiative propre de l'enfant
La dernière possibilité d'accès des
enfants dans les sites miniers artisanaux est l'initiative propre des enfants.
Ces derniers suivent facilement les routes et se retrouvent dans les
carrières. Tous les sites investigués sont proches des lieux
d'habitation. De ce fait, les enfants y accèdent facilement.
83
3.1.2. Présence des enfants dans les sites miniers
artisanaux
La présence des enfants dans les sites miniers varie
selon les situations familiales et aussi selon les périodes. Il y a des
parents qui interdisent leurs enfants à accéder dans les sites
miniers et d'autres non. La période scolaire et celle de vacances jouent
également un rôle déterminant quant à la
présence des enfants dans les carrières. Pour les enfants qui
sont accompagnés de leurs parents ou tuteurs, ils accèdent
aisément dans les sites. Les parents trouvent cela normal. Même
chose pour les enfants qui ne subissent pas de contrôle social ou qui
sont sous un faible contrôle social. Ils accèdent aussi facilement
dans les sites miniers. Nombreux de ces enfants n'étudient plus.
Ceux qui sont sous un contrôle rigoureux trouvent des
astuces pour tromper la vigilance des parents ou des enseignants pour pouvoir
accéder aux sites miniers. Les uns en allant à l'école le
matin, ils portent en dessous de l'uniforme scolaire une autre tenue qui
servira de tenue dans la carrière afin de ne pas salir l'uniforme. En
cours de route vers l'école, ils échappent au contrôle des
autres camarades et ils vont dans la carrière. Une fois sur le site
minier, ils enlèvent l'uniforme scolaire, la mettent de
côté. Ils restent en tenue de la cité pour exercer quelques
activités. A 12 heures, ils se lavent, portent l'uniforme scolaire et
rentrent à la maison, comme s'ils viennent de l'école. Les autres
arrivent même à l'école. Pendant la
récréation, ils fuient l'école en cachant les objets
classiques dans les culottes et se rendent dans la carrière. Pendant les
heures de la sortie de l'école, ils se lavent et rentrent à la
maison, sans que les parents ne sachent qu'ils étaient dans les
carrières. Il y a également ceux qui trompent l'enseignant disant
qu'ils vont se soulager. Après qu'ils aient l'autorisation d'aller se
soulager, ils fuient et vont dans la carrière. Les autres encore
trompent l'enseignant qu'ils sont malades. Après les avoir
autorisés de rentrer à la maison pour se faire soigner, ils se
rendent dans la carrière. D'autres encore se rendent dans les
carrières selon l'horaire des cours. C'est-à-dire, s'ils
étudient avant midi, ils se rendent dans les carrières
après les cours. S'ils vont étudier après-midi, ils se
rendent d'abord avant midi dans les carrières et après ils vont
aux cours. Ceux qui fuient les cours travaillent d'une manière
cachée, échappant à toute visibilité par ceux qui
les connaissent. A défaut, ils seront dénoncés et subiront
des blâmes à la maison.
Par contre, pendant la période de vacances scolaires,
ils y a une forte présence des enfants dans les sites miniers
artisanaux. Les parents qui interdisaient leurs enfants de ne pas
84
Les déclarations de Kahenga et Patrice
témoignent la fuite des enfants à l'école pour exploiter
les minerais :
« (...) nous étudions tous deux. Moi je suis en
deuxième secondaire et Patrice est en 6ème à
l'école primaire Nyota. Il est en retard parce qu'il a abandonné
les études durant deux ans. Il fouillait aux cours pour exploiter les
minerais dans la carrière (...).
En tant qu'analyste, nous trouvons qu'il y a
intérêt dans la gestion de la cité à bien examiner
l'emplacement des écoles par rapport aux sites miniers.
3.1.2.1. La fréquence des enfants dans les
sites
La fréquence des enfants dans les sites miniers varie
selon la période scolaire et la période des vacances. La
période scolaire part du mois de septembre au mois de juillet. Et la
période de vacances va du mois de juillet au mois de septembre. Pendant
la période scolaire, il y a diminution des enfants dans des
carrières. Cela se justifie par le fait qu'à cette
période, beaucoup d'enfants vont à l'école. Par ailleurs,
certains parents interdisent leurs enfants à se rendre dans les
carrières, faute de subir une sanction. Ceux qui s'y rendent se sont
soit ceux-là qui n'étudient plus, soit encore ceux qui
étudient mais qui s'y rendent d'une manière cachée, ou
ceux qui y vont pendant qu'ils n'ont pas cours, ou encore pendant le week-end
(le samedi et dimanche). Les témoignages de Mbuyi avec les autres
enfants trouvés dans la carrière 5 ans en sont une illustration
:
« Pendant la période scolaire, nous ne
fréquentons pas les carrières. Comme nos papas exploitent
également les minerais dans cette carrière, il nous est difficile
d'y accéder. Une fois que nos papa nous voient, nous subiront une
sanction à la maison, qui consistera à nous priver à
manger, soit nous fouetter. C'est seulement pendant la période de
vacances que nous accédons dans la carrière pour y travailler
».
85
s'y rendre pendant la période scolaire, les autorisent
pour chercher de l'argent. Gaël et Patient expliquent :
« Pendant les vacances, nous travaillons les jours
ouvrables, du lundi au samedi. Nous nous reposons le dimanche. Pendant la
période scolaire, nous travaillons uniquement le samedi et le dimanche.
Les autres jours, nous allons à l'école ».
Pendant cette période, les enfants vaquent à
plusieurs occupations sur les sites miniers à la recherche de l'argent
soit pour se payer les habits, les souliers et même les fournitures
scolaires. Soit encore, pour contribuer à la survie de la famille. Les
propos de Gaël et Monga en témoignent :
« L'argent que nous gagnons dans l'exploitation des
minerais, nous achetons les habits, les souliers. Souvent, nous donnons
à la maman qui utilise une partie pour acheter à manger, et une
autre elle garde pour nous payer les frais scolaires ».
3.1.2.2. Le travail rémunérateur des
enfants dans les sites miniers artisanaux
Le rapport n° 194 (2001, 1) de la Banque Mondiale
présente le travail des enfants comme un travail
exécuté par des enfants qui sont trop jeunes au sens qu'en le
faisant, ils réduisent indûment leur bien-être
économique présent ou leurs capacités futures à se
faire un revenu, soit par le rétrécissement de leur horizon en
matière de choix ou à travers la réduction de leurs
propres capacités individuelles de production dans le
futur.12
Comme expliqué dans le deuxième chapitre, les
enfants s'adonnent à plusieurs activités
rémunératrices dans les sites miniers artisanaux et ce, pendant
plusieurs heures, afin de gagner l'argent. Les uns travaillent seuls entre
enfants et les autres accompagnés de leurs parents avec qu'ils
constituent une unité de production. Depuis la fin de la décennie
19801990, on assiste progressivement à un relâchement des
structures économiques classiques à
info.worldbank.org/etools/docs/library/237384/toolkitfr/.../andvig.pdf
.
86
cause de l'arrêt des activités industrielles
à la Gécamines. Les anciennes structures socio-économiques
ont laissé la place à une autre organisation de la vie
professionnelle, création de la population elle-même (Nkuku :
2002, 46). Les adultes tout comme les enfants s'adonnent à plusieurs
activités dans les carrières. Le travail peut favoriser la
maturation psychologique de l'enfant, s'il est effectué dans les
conditions dignes et protégées.
La chute des activités minières de la
Gécamines a eu des conséquences néfastes sur toute
l'économie de la ville de Kolwezi. La majorité des populations
environnant les sites miniers investigués sont des populations aux
conditions socioéconomiques précaires. Certains habitants sont
des agents de la Gécamines, des anciens agents de la Gécamines
retraités lors de l'opération dite « départ
volontaire » en 2002 et des habitants non Gécamines. Les autres
sont des immigrés venant des autres territoires du pays à cause
du boom minier qui a eu à Kolwezi à partir des années
2004, période d'installation des nouvelles entreprises minières.
Les enfants qui fréquentent les sites miniers sont tous issus de ces
familles qui sont en bas de la stratification sociale, de familles à
faibles revenus, de familles vulnérables (Mary : 1998, 473). Mutombo
(2011, 83) affirme qu'en tout état de cause, le fait que la plupart des
enfants travaillent est un signe majeur que les familles dont ils sont issus
ont été profondément ébranlées par la crise
il y a plusieurs années et le travail dans les carrières et mines
auquel ces enfants s'adonnent semble être pour eux l'ultime étape
dans leur recherche des stratégies de survie.
3.1.2.3. Les Enfants : une main d'oeuvre moins couteuse
et efficace
Plusieurs creuseurs et négociants font exécuter
certains travaux sur les sites miniers par les enfants. Un négociant
trouvé à une laverie de minerais, nous a déclaré
qu'il préfère faire trier ses minerais par les enfants
plutôt que par les adultes. Il se justifie que d'après son
expérience, les enfants exécutent honnêtement les
tâches qu'on leur confie par rapport aux adultes qui, parfois
n'exécutent pas honnêtement les tâches leur
confiées.
Une telle déclaration cache une autre explication non
exprimée. Cela veut dire que les enfants constituent une main d'oeuvre
moins coûteuse par rapport aux adultes. Tout en étant
vulnérables, les enfants reçoivent des
rémunérations qui parfois ne correspondent pas aux
87
travaux exécutés, parce qu'ils n'ont pas la
capacité de bien apprécier le travail qu'on leur demande
d'exécuter et le prix qu'ils doivent gagner. Etant dans une position de
faiblesse, les négociants leur imposent les prix. Impuissants devant les
négociants, les enfants n'ont nulle part où se
référer pour pouvoir les aider à apprécier le
travail à effectuer et le prix leur proposé par les
négociants. Dans pareil cas, les enfants acceptent le prix faute de ne
pas perdre le marché. La présence de plusieurs enfants dans les
sites miniers artisanaux, fait donc que les activités
rémunératrices deviennent concurrentielles.
Parfois ce sont les négociants qui intimident les
enfants en leur disant qu'une fois vous refuser, les autres enfants viendront
exécuter cette tâche. Devant une telle situation, les enfants
n'ont pas de choix à opérer. Mais, il arrive aussi que les
enfants eux-mêmes enveniment la situation en se mettant dans une position
de faiblesse devant un négociant, lorsqu'ils se cafouillent le travail
à exécuter. Le négociant leur impose son prix. Devant une
multitude d'enfants, ceux à qui la chance a souri, sont contraints
d'accepter pour ne pas perdre le marché. Muzigwa (2008, 140) explique
que les enfants constituent une part non négligeable d`une main-d`oeuvre
plutôt captive.
3.1.2.4. Vente des minerais exploités par les
enfants
Les enfants vendent eux-mêmes aux négociants les
minerais qu'ils exploitent. La vente se passe dans la carrière. Les
négociants circulent dans différentes carrières à
la recherche des minerais. Ces derniers à leur tour les vendent aux
différents comptoirs implantés à l'entrée de la
ville de Kolwezi au village « Musompo ». Avant, tous les comptoirs
d'achat des minerais étaient implantés sur l'avenue salongo au
quartier industriel, regroupé en centres de négoces. Depuis
l'année 2013, sur décision du Maire de la ville tous les
comptoirs ont été délocalisés de l'avenue salongo
à l'emplacement actuel. La raison de la délocalisation
était d'ordre environnemental. Il fallait déplacer tous les
comptoirs du centre-ville et les implanter loin de la population afin de
protéger l'environnement contre la pollution des rivières.
Lorsque la quantité des minerais ne convient pas pour
la vente, certains préfèrent les garder à la maison
jusqu'à ce qu'ils réaliseront une importante quantité pour
une bonne vente. Tandis que les autres enfants préfèrent les
vendent tels quels même à un prix dérisoire.
88
3.1.2.5. La gestion des revenus des enfants
Par rapport à cette préoccupation, la gestion
des revenus des enfants dépend de la situation familiale de tout un
chacun. Certains enfants gèrent eux-mêmes leur argent. Ainsi ils
achètent facilement ce qu'ils veulent tels que les habits, les
téléphones portables, la nourriture sur le site, les objets
scolaires, se paient le billet pour le cinéma, etc. Bref, ils
décident eux-mêmes de l'affectation de leur argent. Les autres
enfants n'ont pas de pouvoir sur leurs revenus. Tout est gardé par les
parents. Ces derniers décident à leur place. Dans pareil cas, les
revenus des enfants servent à acheter la nourriture pour toute la
famille.
Le rapport de la Confédération Syndicale
Internationale (2010, 6), affirme que les enfants travaillent afin
d'améliorer les revenus de leur famille ou de couvrir les frais de leur
éducation ou pour l'éducation des autres membres de la famille.
Roland d'Hoop (2001, 20) renchérit que certaines familles
dépendent de l`argent apporté par leurs enfants pour satisfaire
leurs besoins les plus élémentaires. Kahola (2008, 62)
relève que le salaire perçu par les parents est modique et ne
leur permet pas de nouer les deux bouts du mois. De ce fait, les enfants sont
mis à contribution par leurs activités dans les carrières
pour la stabilité du ménage. Ainsi, les enfants contribuent au
budget familial et se prennent en charge eux-mêmes pour ce qui concernent
leur besoins vitaux.
La présence des enfants dans les carrières est
une preuve éloquente que les familles n'ont plus la capacité de
contenance. La crise socio-économique a bouleversé toute la base
familiale. L'inversion des rôles au sein du ménage, l'implication
directe des enfants dans l'équilibre du ménage, la faillite de
l'autorité parentale face à des enfants qui se parentalisent
pendant que les parents s'infantilisent. Aussi, leur présence dans
les carrières est l'expression d'une logique spatiale qui se fonde
à la fois sur les innombrables besoins quotidiens qu'ils
éprouvent dans leur lutte pour la survie et l'intérêt que
chacun d'eux porte sur une activité pouvant lui procurer de la
satisfaction (Kahola : 208, 92). La plupart des chefs de famille ne parviennent
plus à remplir leur rôle de pourvoyeur du foyer. De ce fait, ils
associent leurs enfants au budget du ménager.
89
Carla et Andrea (2007 : 100-101) font remarquer que la famille
n'est pas un espace privé où se joue la conjugalité et la
filiation, elle constitue aussi une unité sociale et économique
fondamentale. Sur ce point, le chômage et la précarisation
transforment aussi les relations familiales entre conjoints et entre parents et
enfants. A la culture ouvrière des parents succède la culture de
la précarité des jeunes. Ce changement est considérable et
inscrit une rupture brutale dans l'ordre de succession des
générations. Les modalités d'entrée dans la vie
adulte se sont métamorphosées en l'espace d'une
génération. L'inscription précoce dans le monde adulte,
l'obligation de se confronter jeune aux difficultés de la vie. Les
enfants se prennent en charge et prennent en charge leurs parents.
3.1.2.6. Point de vue des enfants par rapport à
l'exécution des activités
rémunératrices dans
les sites miniers artisanaux.
Les avis des enfants sont partagés par rapport à
l'exécution des activités rémunératrices dans les
sites miniers. Les uns reconnaissent que les carrières ne sont pas des
lieux favorables pour leur épanouissement et leur éducation. Ils
sont conscients des dures conditions dans lesquelles ils travaillent. Ils se
justifient que c'est pour chercher de l'argent qu'ils sont là. Ils
émettent le souhait de quitter la carrière et poursuivre les
études afin de devenir une autorité. Par rapport à la
vision sur leur avenir, Gaël et Monga déclarent :
« Nous voulons que nous soyons comme madame le maire de
la ville, le Gouverneur de province. C'est pourquoi nous voulons étudier
pour devenir comme eux ».
Ils condamnent leurs amis qui dilapident leurs revenus, et
condamnent également l'argent disant que c'est un mauvais conducteur.
Car, certains de leurs amis s'adonnent à des mauvais comportements
à cause de l'argent.
Les autres par contre ne voient aucun danger dans
l'exécution des tâches dans les carrières. Ils jurent
même de ne pas abandonner l'exécution des activités dans la
carrière, sauf si les minerais s'épuisent. Ils considèrent
les travaux qu'ils exécutent comme solution pour résoudre les
difficultés qu'ils connaissent. Nous comprenons que la grande
préoccupation de ses enfants est la question de savoir : quitter les
carrières pour s'adonner à quelle autre activité ?
Lorsqu'il n'y a pas des structures pour prendre en charge ces enfants, ils
sont
90
contraints d'exercer les activités dans ces lieux afin
d'avoir de l'argent. Les déclarations de Kahenga et son frère
Patrice en témoignent :
Kahenga et Patrice en témoignent :
« L'exploitation minière artisanale peut prendre
fin un jour car, les mineras s'épuisent. Mais, nous avons du mal
à pouvoir abandonner ce métier, parce que nous ne savons pas
qu'est-ce que nous allons de nouveau faire pour avoir de l'argent. Si cette
activité prenait fin, les gens vont mourir de faim. Tout le camp GCM
Kapata sera vidé de sa population. L'exploitation minière
artisanale est l'unique activité qui facilite un grand nombre de gens
à avoir de l'argent. Beaucoup de creuseurs ne savent pas cultiver. Nous
avons du mal à pouvoir abandonner ce boulot. A condition que nous ayons
un autre boulot rémunérateur comme celui-ci ».
Ainsi, ces acteurs justifient leur présence sur les
sites miniers et considèrent l'exécution des activités
rémunératrices comme la solution permettant de résoudre
les difficultés qu'ils connaissent (Debuyst et Joos : 1971, 146).
3.1.2.7. Point de vue des parents par rapport aux
activités rémunératrices
qu'exercent les enfants dans
les sites miniers artisanaux
Les parents avec qui nous nous sommes entretenu lors de la
récolte des données de terrain, ont répondu que les
activités auxquelles se livrent les enfants dans les carrières
est une façon de se débrouiller. Au lieu de croiser les bras,
vaut mieux qu'ils apprennent à se débrouiller. Pascal (2002, 16)
note que sous la pression des crises qui les traversent, beaucoup de familles
se débrouillent, font preuve d'ingéniosité, tentent de
trouver des ressources et des appuis dans la communauté. Elles entrent
dans un lent processus de métamorphose en tissant des relations
diversifiées avec leur environnement. D'après les dires des
parents, les enfants qui les accompagnent dans l'exécution des
différentes activités dans les sites miniers sont initiés
à la débrouille de la même manière qu'ils les
initient aux travaux champêtres. Ils déclarent qu'ils n'ont pas
d'emploi. Alors, ils se demandent ce que deviendront leurs enfants s'ils ne
savent pas se débrouiller. Ils ne trouvent aucun danger lorsqu'ils se
font accompagner
91
de leurs enfants dans les sites miniers. Un parent nous a
déclaré « tuta fanya nini ? Makazi ainako ». Qui veut
dire qu'allons faire, il n'y a pas d'emploi.
3.1.2.8. Les sites miniers artisanaux : lieux de
divertissement pour les enfants
Les enfants ne sont pas toujours dans les sites miniers
artisanaux pour chercher de l'argent. Il y en a ceux qui s'adonnent aux
activités ludiques. Ils trouvent les sites miniers comme un lieu de
plaisir. Ainsi, ils s'adonnent à plusieurs jeux dans les eaux où
l'on lave les minerais et dans les sables qui entourent les carrières.
Parmi ces jeux nous citons : le foot, le catch, la boxe, le Karaté, la
nage, la course, etc. Bref, pour une certaine catégorie d'enfants, les
carrières sont des espaces de rencontre pour les jeux. Les propos de
Kahenga et Patrice témoignent :
« Il y a les enfants qui creusent les minerais, certains
lavent, d'autres ramassent, d'autres encore chargent les minerais dans des
camionnettes pour aller les laver. Il y a aussi d'autres qui jouent au jeu de
cartes ».
3.2. Impacts négatifs de la présence des
enfants dans les sites miniers
artisanaux
L'environnement minier artisanal tel qu'il se présente,
n'est pas propice pour l'épanouissement des enfants. Les conditions de
travail laissent à désirer. Le rapport de Groupe One (2007, 8)
précise que les conditions de travail et d'emploi sont mauvaises et
souvent très dangereuses. Les creuseurs travaillent pieds nus, sans
équipement de production. Les enfants au même titre que les
autres, travaillent dans les conditions dangereuses sans mesures de protection
ou de sécurité. D'après le rapport du BIT (2009, 9), le
travail devient un problème quand il entraine des conséquences
sur le développement de l'enfant. Ces conséquences peuvent
être physiques (notamment par une dégradation de l'état
général) ;
92
psychologique (attachement à la famille, sentiment
d'amour et d'acceptation) ; sociales et morales ou encore cognitives. 13
Les mauvaises conditions de travail exposent les enfants
à plusieurs dangers. Les outils et les équipements de
sécurité, lorsqu'ils existent, ont été
conçus pour des adultes et ne correspondent pas à la taille des
enfants. Ces derniers manipulent les minerais sans aucune protection. Tous les
enfants qui se trouvent dans les sites miniers artisanaux sont en situation de
danger.
3.2.1. Enfants en danger
Comme nous l'avons expliqué dans le chapitre premier,
Jean Audet et Jean François Katz (2006, 111-116) expliquent la notion
des enfants dits « en danger » que ce sont les enfants
maltraités et les enfants en risque.
3.2.1.1. Les enfants maltraités
Les enfants maltraités sont ceux qui sont victimes de
violences physiques, cruautés mentales, abus sexuels, négligences
lourdes ayant des conséquences graves sur leur développement
physique et psychologique (Idem: 2006, 111). La loi n° 09/001 du 10
janvier 2009 portant protection de l'enfant en RD Congo, ne définit pas
le mot « enfant maltraité ». Par contre, elle précise
seulement en son article 62 alinéa 5, ce qui suit : est
considéré comme en situation difficile et bénéficie
d'une protection spéciale, l'enfant habituellement
maltraité. L'article 2 alinéa 4 précise que l'enfant
en situation difficile est celui qui ne jouit pas de ses droits fondamentaux et
qui n'a pas accès aux services sociaux de base tels que la santé,
le logement, l'alimentation et l'éducation. Les enfants qui sont dans
les sites miniers artisanaux subissent parfois quelques maltraitances, que nous
étayons dans la partie ci-dessous.
A. Les maltraitances subies par les enfants de la part des
creuseurs adultes
Certains enfants subissent des maltraitances de la part soit
des creuseurs adultes, soit des autres acteurs oeuvrant dans les sites miniers
artisanaux. Les témoignages des enfants prouvent qu'ils sont victimes
parfois des pratiques dégradantes de la part des creuseurs
13
www.ilo.org/ipecinfo/product/downkoad.do.jsessionid...?type...id.
93
adultes. Ces derniers les giflent, les injurient, leur jettent
des cailloux, les tirent les oreilles ou les cheveux, les chassent une fois
qu'ils passent tout près de leurs minerais. Ils les considèrent
comme des petits voleurs des minerais. A ce sujet, Jean Audet et Jean
François Katz (2006, 113- 114) précise que les violences
physiques sont les plus facilement diagnostiquées. Il s'agit
essentiellement de coups parfois très violents, mais aussi de gifles,
oreilles et cheveux tirés, secousses brutales. Il en résulte des
lésions cutanées, plaies, hématomes, ecchymoses. Monga
avec ses coéquipiers trouvés dans la carrière 5 ans,
dénoncent les maltraitances qu'ils subissent de la part de creuseurs
adultes :
« Nous subissons parfois de mauvais traitements de la
part des creuseurs. Ils nous giflent, nous tabassent si nous passons juste
à côté du remblai de leurs minerais. Ils nous
considèrent comme étant de voleurs de leurs minerais. Comme nous
sommes enfants, nous n'avons pas la force de faire face à leur violence.
L'unique moyen de se sauver est de fuir ».
Mbuyi et ses 5 amis ont aussi relevé quelques
maltraitances subies en ces termes :
« Les creuseurs nous envoient pour leur acheter les
cigarettes, les boissons alcooliques (Kabondo, Bols et Munkoyo)14,
etc. Si seulement nous osons refuser, ils nous chassent même de la
carrière. Pour ne pas être chassés, nous sommes
obligés de leur obéir. Il arrive même que certains
creuseurs nous ravissent tous les minerais ramassés, sous
prétexte que nous les ramassons sur leurs remblais. Etant enfants, nous
n'avons pas la force de les battre. Nous restons sans rien faire ».
Ces déclarations sont répétées
également par Kahenga et Patrice, ils rassurent être victime de
maltraitances de la part des creuseurs adultes.
Les filles qui vendent des denrées alimentaires ne sont
pas épargnées aux maltraitances des creuseurs. Elles
déclarent subir des mauvais traitements. Cela est le cas du
témoignage de Dorcas et ses cinq amies, toutes vendeuses des
denrées alimentaires dans la
14 Les termes Kabondo et Bols désignent les
boissons alcooliques à forte dose. Il s'agit du whisky qui a 40 à
45% de vol. Tandis que Mukonyo est une boisson locale non alcoolique faite sur
base de la farine de maïs ou de la farine de manioc mélangée
aux tisanes avec de l'eau qui se fermente au bout de quelques jours.
94
carrière dite « 5 ans ». Dans leur
témoignage éloquent, les filles dénoncent les mauvaises
pratiques qu'elles subissent de la part de creuseurs :
« Nous sommes sujets de mauvais traitements de la part
des creuseurs. Ils nous injurient et touchent nos seins avant de payer nos
dettes. Surtout lorsque qu'un creuseur vous drague et que vous refusez, il va
beaucoup vous injurier. Même pour payer les dettes, ils payent
difficilement. Parfois, ils nous font attendre jusque le soir, pour nous payer.
D'autres fuient carrément avec nos dettes ».
Tous ces propos témoignent les différentes
maltraitances que subissent les enfants dans les sites miniers. Jean Audet et
Jean François Katz (2006, 114) explicitent que le terme de «
maltraitance physique » est souvent employé pour toutes formes de
traumatismes non accidentelles infligés aux enfants par les adultes, les
parents ou ceux qui ont la garde ou la responsabilité des enfants.
Un autre groupe d'enfants nous a déclaré :
B. Les maltraitances subies par les enfants de la part
des négociants
Les enfants subissent aussi des mauvais traitements de la part
des négociants. Ces deniers les trompent quant aux prix à leur
payer après avoir leur rendu des services. Ils sont également mal
payés lors de la vente des minerais aux négociants. Ces derniers
leurs donnent de l'argent qui n'équivaut pas à la vraie valeur
des minerais achetés. Ainsi quelques enfants ont déclaré
:
« Certains acheteurs nous volent les minerais, en nous
trompant le poids. Les balances qu'ils utilisent sont réglées de
manière à afficher un poids inférieur par rapport au poids
réel ».
95
« Nous cassons les pierres à la recherche du vrai
minerai de malachite que nous vendons aux négociants à 350 et 400
Francs par Kilos. Le prix varie selon la qualité du minerai. Il arrive
parfois nous amenons du bon minerai, mais le négociant nous donne
l'argent pour le minerai de moindre qualité. Cela nous arrive parce que
nous sommes des enfants ».
Cette manière de se comporter des négociants est
une exploitation des enfants. Le
rapport de la BIT (2009, 9) sur les questions de genre, le
travail des enfants et les pires formes du travail des enfants dans les mines
et carrières au Burkina-Faso, éclaire que l'Unicef a
élaboré il y a environ dix ans, une série de
critères pour désigner un travail qui relève de
l'exploitation de l'enfant. Ces critères sont :
· Un travail à temps plein à un âge
trop précoce ;
· Trop d'heures consacrées au travail ;
· Des travaux qui exercent des contraintes physiques,
sociales et psychologiques excessives ;
· Une rémunération insuffisante ;
· L'imposition d'une responsabilité excessive
;
· Un emploi qui entrave l'accès à
l'éducation ;
· Des atteintes à la dignité et au respect
de soi des enfants ;
· Un travail qui ne facilite pas l'épanouissement
social et psychologique complet de l'enfant.
Ce rapport poursuit que les enfants sont souvent très
mal payés voire pas du tout rémunérés, les plus
souvent, leurs conditions de travail dépendent entièrement de
l'employeur15. Dans le même ordre d'idées, Luc
Claessens (2008, 14) renchérit que dans le secteur minier, la
maximalisation du bénéfice passe bien avant le bien-être
des enfants. Après avoir reçus une rémunération qui
ne correspond pas à la tâche exécutée, les enfants
ne savent pas à qui se plaindre pour avoir gain de cause.
A cause de l'exploitation minière artisanale, les
enfants subissent également des contraintes de la part de leurs parents
à la maison.
15
www.ilo.org/ipecinfo/product/download.do;jsessionid...?type...id.
96
C. Les contraintes parentales
Les enfants subissent des contraintes de la part de leurs
parents. Ces derniers les obligent de se rendre dans les carrières pour
se débrouiller disent-ils. Ainsi, les enfants s'y rendent pour y exercer
les travaux faute de quoi, ils se verront priver la nourriture. Ainsi,
Falangani Mvondo (2002, 133) explique que de nombreux parents poussent
d'ailleurs eux-mêmes leurs gosses à la rue, parce qu'ils sont
acculés, incapables d'assumer leurs responsabilités. « Voyez
les enfants du voisin, ils se débrouillent seuls. Vous avez grandi, vous
ne pouvez pas en faire autant. ? Avec les parents incapables de les
nourrir, expulsés de l'école pour n'avoir pas payé les
frais scolaires, oisifs, inoccupés, mais soucieux d'étudier
malgré tout, que peuvent faire ces enfants ? Ils les poussent à
pouvoir exploiter les minerais ou encore à exercer d'autres
activités rémunératrices dans les carrières afin de
se prendre en charge. Cela transparait dans cet extrait de Kahenga :
« Si vous demandez quelque chose aux parents, ils vous
disent que vos amis sont en train de chercher l'argent dans la carrière
et vous, vous ne faites rien. De tels propos, nous obligent à nous
prendre en charge en allant chercher l'argent dans les carrières. Si
nous n'amenons rien, les parents nous traitent de gourmant, comme quoi, nous
avons dilapidé tout l'argent dans la carrière ».
Une fois que les enfants n'ont rien trouvé en termes
d'argent, ils sont mal alaise de pouvoir rentrer à la maison, parce
qu'ils seront traités de gourmands.
Les enfants doivent être entendus. Leurs opinions au
sujet des questions qui les concernent doivent être prises en compte, eu
égard à leur âge et à leur degré de
maturité (Hoop Roland : 2001, 18). Contraindre l'enfant afin qu'il
exécute une tâche rémunératrice dans la
carrière, est un comportement réprimé par la loi.
Il convient de réaffirmer avec Malemba (2003, 51-55)
que la place qu'occupe l'enfant dans les milieux congolais est définie
par la considération de la valeur culturelle allouée à
l'enfant. L'enfant apparait comme étant un germe du groupe et une
ressource assurant l'humanité de ses parents. Du point de vue physique
et psychologique, l'enfant est un être immature dont le
développement requiert soutien et entretien de la part de ses parents
fussent-
97
ils biologiques ou sociaux. C'est pourquoi la
procréation et l'amélioration du sort de l'enfant qui nait sont
des préoccupations légitimes dans toutes les coutumes du Congo et
de la part du monde entier. Mais les besoins de base de l'enfant ne se sont
toujours pas satisfaits, et ses droits fondamentaux non quotidiennement
respectés. Ce qui met en péril le devenir responsable et
productif de l'enfant d'aujourd'hui et adulte de demain. Au lieu d'assurer la
sécurité de leurs enfants, certains parents les
insécurisent en les contraignant d'exécuter quelques tâches
dans les carrières.
Face à toutes ces maltraitances, nous notons avec
Hamuli (2007, 25) que le travail des enfants dans les zones d'exploitation
minière artisanale comme une main d'oeuvre bon marché, entretient
des violations des droits de l'enfant. Raison pour laquelle la loi Congolaise
protège l'enfant contre toutes formes d'exploitation économique
de l'enfant par l'article 58 de la loi portant protection de l'enfant :
L'enfant est protégé contre toutes les formes d'exploitation
économique. L'exploitation économique s'entend de toute forme
d'utilisation abusive de l'enfant à des fins économiques. L'abus
concerne notamment le poids du travail par rapport à l'âge de
l'enfant, le temps et la durée du travail, l'insuffisance ou l'absence
de la rémunération, l'entrave du travail par rapport à
l'accès à l'éducation, au développement physique,
mental, moral, spirituel et social de l'enfant.
L'article 147 stipule : Les coups et blessures
volontaires portés sur l'enfant sont punis de trois à six mois de
servitude pénale principale et d'une amende de cent mille à deux
cent cinquante mille francs congolais. En cas de préméditation,
l'auteur est passible de six à douze mois de servitude pénale
principale et d'une amende de cent cinquante mille à trois cent mille
francs congolais.
3.2.1.2. Les Enfants en risque
Pour Jean Audet et Jean François Katz (2006, 116),
l'enfant en risque est celui qui connaît des conditions d'existence
menaçant sa santé, sa sécurité, sa moralité,
son éducation ou son entretien, mais sans qu'il soit maltraité.
Le risque provient de l'environnement socioéconomique et culturel. Le
rapport de l'ONU (2011, 13) sur les formes contemporaines d'esclave, fait
état de l'exposition des enfants aux mêmes risques que les adulte,
mais les enfants n'ont pas la même force et le même jugement pour
se protéger des dangers. Le travail
98
a sur eux des effets beaucoup plus graves que sur les adultes
en raison de leur stade de développement anatomique, physique et
psychologique, ce qui les place dans une situation de
vulnérabilité accrue.16
Tous les enfants qui sont dans les sites miniers artisanaux
sont en situation de risque. Ainsi, il y a le risque sanitaire, le risque par
rapport à la scolarité, etc.
A. Risque par rapport à la santé
Les enfants sont en situation de risque sanitaire par effet
d'être dans les sites miniers artisanaux. Seydou (2001, 22), note que les
risques sanitaires sont grandes pour les enfants qui sont affectés
pendant plusieurs heures par jour au creusage, lavage, triage, concassage,
tamisage et au transport des minerais. Le risque ne s'arrête pas
uniquement à cette catégorie. Même ceux qui vendent des
denrées alimentaires sont concernés par le risque, y compris les
bébés. De par la présence de leurs mères sur les
sites, les bébés sont exposés dès leur plus jeune
âge à la poussière et à la chaleur des rayons
solaires.
Ceux qui exploitent les minerais du cuivre et du cobalt, le
font sans aucune protection.
Ils sont pieds nus et mains non protégées. Les
autres qui lavent, concassent, trient, tamisent les minerais le font
également sans aucun équipement approprié. Or ces minerais
sont parfois accompagnés des matières chimiques, et qui
nécessitent une protection pour leur manipulation. De telles conditions
de travail, affectent la santé et la sécurité des enfants.
Ces conditions provoquent des maladies telles que :
· Les infections pulmonaires et la silicose dues aux fines
poussières ;
· Les infections oculaires ;
· Les infections dermatologiques diverses ;
· Les risques de surdité pour ceux qui concassent
les minerais ;
· Les maladies hydriques ;
· L'hémorragie nasale ;
· La malaria ;
· La verminose ;
16
www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/.../A_HRC_24_43_Add.2_FRE.doc
99
· La fièvre ;
· L'anémie ;
· La lombalgie ;
· La fatigue ;
· Les céphalées ;
· La grippe ;
· Les coliques.
La précarité de la situation alimentaire des
enfants constitue un autre facteur de risque sur les sites miniers. Les enfants
mangent sans tout fois se laver les mains. A ce propos, le rapport de l'Unicef
(2006, 24) sur le travail des enfants dans les mines et carrières du
Kasaï oriental, soutient que l'utilisation du savon assez
systématique quand il s'agit de se laver, n'est pas à l'honneur
au moment du repas. Par ignorance autant que faute de moyens, les enfants
travaillant dans les carrières ne font guère usage du savon avant
la prise d'aliments, ce qui les expose aux maladies dites des mains sales.
Gaël et son frère Monga explique la situation des maladies dans les
sites miniers artisanaux en ces termes :
« Nous souffrons des maladies telles que la toux, le
rhume, la tuberculose qui sont causées par la poussière que nous
inhalons ».
Par rapport aux maladies, Kahenga et ses 5 autres amis
expliquent que l'eau dans laquelle on lave les minerais n'est pas propre. Elle
est pleine d'acide. Les propos de Kahenga et ses 5 amis se traduisent en ces
termes :
« Oui parfois, nous tombons malade. D'abord l'eau dans
laquelle nous lavons les minerais est très sale. Cela cause des
maladies. Si vous n'êtes pas habitué à cette eau, vous
risquez de tomber malade. Car, il y a de l'acide dans cette eau. Après
avoir terminé à laver les minerais, le soir nous avons des
chatouillements dans tout le corps à cause de la mauvaise qualité
de l'eau. Et même la peau de nos paumes de mains est détruite
à cause de l'acide qui se trouve dans les minerais ».
100
Tous les lieux de lavage des minerais visités, sont
constitués des eaux stagnantes. Les minerais sont ainsi lavés
dans ces mêmes eaux toutes les années. L'opération de
lavage des minerais consiste à enlever la terre et les gangues qui
accompagnent les minerais. Or, les gangues sont des compositions chimiques qui
accompagnent les minerais. Kayeye17 relate comme suit la situation
de la pollution des eaux dans la ville de Kolwezi :
« Les rivières de la ville de Kolwezi sont toutes
polluées. Il y a quelques années, on avait prélevé
l'eau de la rivière Kalongo pour tester sa qualité. Le
résultat était que l'eau de cette rivière était
totalement polluée. Surtout, ce sont
les gangues qui accompagnent les minerais qui
dénaturent la bonne qualité d'eau. Les gangues sont des
compositions chimiques ».
Willy Kitobo (2009, 25-47) fait remarquer que dans une
étude menée au mois de juin 2005 sur un échantillon
d'environ 40 enfants de moins de 3 ans de la population voisine des digues
à rejets de Kipushi, a montré que 50 % d'entre eux
présentaient des teneurs en plomb dans le sang dépassant la
limite admise. Du fait que la teneur en plomb dans les tailings est plus grande
que celle en cadmium, le risque du saturnisme (intoxication aigüe au
plomb) chez les enfants est plus grand. Certes, les risques sanitaires sont
grands pour les enfants qui fréquentent les sites d'exploitation
minière.
Les enfants qui manipulent les minerais peuvent facilement
être irradiés, parce que dans certains sites, il y a des minerais
radioactifs. A ce propos, les témoignages de Kayeye et Djibu corroborent
: Il y a certains sites qui sont radioactive à Kolwezi,
malheureusement, on y trouve beaucoup d'enfants. Lors des entretiens avec
les enfants, nous avons constaté qu'ils étaient informés
de la radioactivité. Cela ressort dans la déclaration de
Gaël :
« Il y a présence de l'uranium dans certains
minerais. L'uranium est très dangereux, car il détruit le corps
humain, en brulant les entrailles et conduit à la mort. A cause de
l'uranium, les femmes enceintes mettent au monde des enfants
déformés. Mais les minerais que nous extrayons dans cette
carrière n'a pas de l'uranium. Car un test de radioactivité a
déjà été fait, le résultat avait
indiqué qu'il n'y avait pas d'uranium dans les minerais extraits de
cette carrière ».
17 Kayeye est le chargé des techniques et
opérations au bureau SAESSCAM/Kolwezi. Il est Géologue de
l'Université de Lubumbashi.
101
Malgré la sensibilisation, aucune mesure n'est prise
afin de les empêcher à accéder dans les sites. A part les
maladies, il y a également les accidents qui menacent la santé
des enfants. Le travail de concassage et de grattage expose les enfants
à des risques des blessures. Kahola (2008, 122) précise que les
accidents sont fréquents dans l'univers des exploitants artisanaux.
Parmi les garçons qui ont affirmé avoir été
victimes d'accidents dans la carrière, ils font mention aux blessures,
à l'éboulement et à la tombée dans les puits
d'extraction des minerais. Les éboulements, les blessures, les fractures
sont fréquentes dans les carrières. Dans ces conditions, les
carrières deviennent dangereuses pour les exploitants artisanaux et plus
particulièrement les enfants. Face à cette situation, Patient
s'exprime :
« Le mal de ce boulot, ce sont les maladies, les
éboulements et les accidents ».
Ce témoignage montre que les enfants savent tous les
risques qui peuvent leur surgir. Ils en sont conscient, raison pour laquelle
certains prennent de dispositions pour les échapper.
Enfin, un autre risque sanitaire auquel font face les
enfants, c'est la consommation d'alcool, de la drogue et de la cigarette.
Quelques enfants s'adonnent à ce comportement. La déclaration de
Gaël est éloquente par rapport à la consommation de la
bière, de l'alcool et de la cigarette :
« Une chose est que l'argent est un mauvais conducteur,
car il détruit les enfants. Certains vont au cinéma en lieu et
place de l'école. D'autres fument les cigarettes et boivent des boissons
alcooliques. Tout cela, parce qu'ils gagnent facilement de l'argent ».
La consommation des boissons alcooliques et de la cigarette
par les enfants a été également relevée par Kahenga
et Patrice en ces termes :
« Certains de nos amis se comportent mal dès qu'ils
ont de l'argent. Soit ils
fument et boivent de boissons alcooliques. Soit encore ils vont
aux cinémas ».
102
Face à cette situation, Kahola (2008, 143-145)
souligne que la consommation des cigarettes, des boissons alcooliques et de la
drogue est liée à la vie des exploitants miniers. Les uns fument
ou se droguent afin de se revigorer dans le travail lorsqu'ils se sentent
épuiser. Les autres, après une longue journée de travail
ne se privent pas de boire pour oublier les rudes conditions de travail dans
les carrières. Ils trouvent que les carrières leur prennent
beaucoup de temps. Quand ils ont gagné assez d'argent, ils vont se
distraire avec les amis, question de briser la monotonie de leur vie. Certains
enfants qui exercent les activités
rémunératrices dans les sites miniers
grandissent avant l'âge, en acquérant des
comportements qui ne
correspondent pas à leur âge, tels fumer du chanvre, boire des
boissons alcooliques à forte dose, etc.
B. Le Risque par rapport à la
scolarité
Certains enfants fuient l'école et vont dans les
carrières pour s'adonner aux différentes activités soit
rémunératrices, soit ludiques. A ce propos, Kahola (2008, 77)
soutient que les études primaires ne sont pas gratuites pour autant. Cet
enseignement de base n'est malheureusement pas donné à tous les
enfants. Les uns sont obligés de travailler dans les carrières
pour supporter les frais scolaires, les autres, parce qu'ils n'y trouvent pas
de l'intérêt. A ce sujet, Kahenga et Patrice déclarent :
« Nous étudions tous. Moi, je suis en
deuxième secondaire et Patrice est en 6ème à
l'école primaire Nyota. Il est en retard parce qu'il a abandonné
les études pendant deux ans. Il fouillait les cours pour exploiter les
minerais dans la carrière. Parfois, il nous arrive à penser de la
carrière, lorsque nous sommes dans la classe. C'est pourquoi certains
d'entre nous, fuient l'école pour se rendre dans la carrière, en
cachant les objets classiques sous la culotte pour échapper à la
vigilance de l'enseignant. Ils feignent comme s'ils vont à la toilette,
puis ils fuient et se rendent dans la carrière ».
Le rapport de l'Observatoire du Changement urbain (2006, 7)
précise qu'il a été constaté que la
proximité géographique joue un rôle important dans
l'attrait des enfants dans les carrières et les mines. Il en est de
même en ce qui concerne l'abandon scolaire, l'appartenance à une
famille pauvre et le fait d'avoir les proches, amis et membres de famille
3.3.1. La logique de rendre service
103
travaillant dans les mines et carrières. Le rapport de
Global Witness (2006, 32) renchérit qu'en général,
beaucoup d'enfants commencent à travailler dans les mines pendant les
vacances scolaires. Certains cessent ensuite complètement d'aller
à l'école car leurs familles n'ont pas les moyens de payer leurs
frais de scolarité. Mais aussi, il y a ceux qui fuient d'eux même
l'école pour se rendre dans la carrière. Gaël explique :
« Il y a ceux qui abandonnent eux-mêmes
l'école. Ils considèrent les heures de s'assoir dans une classe
en train de suivre les enseignements comme du temps perdu. Les autres trompent
la vigilance de leurs parents. Le matin, ils s'habillent en uniforme scolaire,
mais ils n'arrivent pas à l'école. Ils cachent dans les sacs la
tenue de la carrière. Après avoir travaillé, à
12H30, heure de la sortie de l'école, ils se lavent, mettent de nouveau
l'uniforme et rentrent à la maison. Vers 14 heures, ils reviennent de
nouveau exploiter les minerais dans la carrière jusqu'à 18
heures. Nous condamnons ce type de comportement. Mais aussi, il y a d'autres
enfants qui se comportent bien tout en apportant un secours financier à
leurs parents ».
Le risque d'abandon scolaire est grand pour ces enfants qui
étudient et qui fréquentent en même temps les sites
miniers, en y exerçant quelques activités
rémunératrices.
3.3. Les logiques explicatives de la présence
des enfants dans les sites miniers à
Kolwezi
L'explication des préoccupations auxquelles s'adonnent
les enfants dans les sites miniers artisanaux à Kolwezi passe par 5
logiques qui sont :
· La logique de rendre service ;
· La logique Lucrative ;
· La logique de divertissement ;
· La logique touristique ;
· La logique de dépendance maternelle.
104
Cette logique signifie que les enfants qui exécutent
différentes activités rémunératrices dans les sites
miniers, ne le font pas pour leur propre compte. Ils rendent services soit
à leurs parents avec qu'ils constituent une unité de travail,
soit encore à leurs amis ou autres personnes, sans toutefois s'attendre
à une contrepartie. C'est la personne à qu'ils rendent service
qui sera rémunérée. Eux le font par souci de rendre
service. C'est le cas des enfants qui aident leurs parents dans
l'exécution des tâches dans les sites.
3.3.2. 1a logique lucrative
C'est comme on dit : tout travail mérite un salaire.
Pour cette logique, les enfants visent un gain lucratif pour toutes
activités qu'ils exercent sur les sites miniers. Ils sont à la
recherche de l'argent afin de subvenir soit à leurs besoins propres,
soit encore aux besoins familiaux. Le rapport de l'ONU (2011, 9) sur les formes
contemporaines d'esclave, y compris leurs causes et leurs conséquences,
note : dès lors que les parents sont incapables de pourvoir à
leurs besoins fondamentaux, les enfants travaillent pour compléter le
revenu de la famille. Cette logique correspond au registre « self-service
» qui reprend toutes les pratiques et stratégies dont l'objectif
est l'accumulation, la survie et la débrouille (Tshinyama : 2009,
327).
3.3.3. 1a logique de divertissement
Les sites miniers ne sont pas toujours des lieux où
l'on exécute différentes activités afin de gagner de
l'argent. Ces lieux servent également des terrains où les enfants
s'adonnent aux différents jeux. Tous les sites investigués ne
sont pas très loin des habitations. Les enfants y accèdent
facilement. Les uns s'donnent aux activités ludiques pour se divertir.
Nous reconnaissons avec Mutombo (2011, 79) que chez les tout petits enfants la
carrière, n'est plus un lieu à leur interdiction, mais
plutôt c'est un parc d'attraction ludique. Ils n'y vont pas pour
exploiter les minerais, mais plutôt pour jouer, car ils n'ont pas autre
espace pour organiser librement leurs jeux.
3.3.4. 1a logique touristique
Certains enfants se retrouvent dans les sites miniers pour
observer la manière dont les différentes activités s'y
déroulent, sans toutefois participer à l'accomplissement de ces
activités. Ils font le tourisme des carrières. Cela se passe
souvent lorsqu'un enfant est envoyé par ses parents d'une cité
à une autre. Au lieu que l'enfant se rende directement là
où il est
105
envoyé, ce dernier peut s'arrêter dans une
carrière observant ce que font les autres comme activité. Et
après, il poursuit son chemin.
3.3.5. La logique dite : effet
d'entrainement
Cette logique concerne les « sans voix » « les
bébés » qui sont dans des sites miniers par le fait de la
présence de leurs mères. Les uns sont portés par leurs
mères ou par leurs frères et soeurs qui les bercent, ou endormis.
Ces enfants n'ont pas de choix. Leur présence dans les sites miniers
artisanaux est justifiée par la présence de leurs mères.
C'est comme l'on dit : l'accessoire suit le principal. L'accessoire ce sont les
bébés et le principal ce sont les mères. Les
bébés dépendent directement de leurs mères. Ils
sont là ou se trouvent leurs mères.
Pour terminer, voici ci-dessous de manière
synthétique, le tableau explicatif de la présence des enfants
dans les sites miniers artisanaux. Ce tableau synthétise toutes ces 5
logiques que nous venons d'énumérer ci-haut.
106
Tableau n°7 : Les logiques explicatives de la
présence des enfants dans les sites miniers
N°
|
Groupes d'enfants
|
Les logiques explicatives
|
|
Lucrative
|
Divertissement
|
Touristique
|
Dépendance maternelle (Effet d'entrainement)
|
01
|
Enfants
en activités rémunératrices
|
+
|
+
|
-
|
-
|
-
|
02
|
Enfants en activités
non rémunératrices
|
+
|
-
|
+
|
+
|
-
|
03
|
Les sans voix
|
-
|
-
|
-
|
-
|
+
|
|
Il ressort du tableau ci-dessus les explications ci-après
:
· Les enfants en activités
rémunératrices travaillent soit pour le compte d'autres personnes
à qu'ils rendent service (les parents ou autres personnes). Soit ils
travaillent pour leur propre compte. Pendants qu'ils exécutent quelques
activités rémunératrices, ils ne peuvent pas faire le
tourisme ou encore s'adonner aux jeux. Ces enfants ne sont pas
dépendants de leurs mères.
· Les enfants en activités non
rémunératrices rendent aussi services sur les sites miniers soit
à leurs parents soit à d'autres personnes. Ils ne visent pas le
lucre. Les uns s'adonnent aux divertissements et d'autres font le tourisme dans
les sites. Leur présence dans les sites n'est pas liée à
leurs mères.
· Enfin, les enfants dits « sans voix » leur
présence dans les sites est liée à la présence de
leurs mères. Ils sont tout petits et incapables de faire quoi que ce
soit. Ils dépendent totalement de leurs mères. L'accessoire suit
le principal.
107
Conclusion
Les enfants sont des êtres protégés par
plusieurs textes légaux. En 2001, le Congo a approuvé une
convention de l'OIT (Organisation Internationale du Travail) qui mentionne
clairement que les formes les plus lourdes de travail des enfants sont
interdites et oblige l'État à entreprendre des actions pour les
bannir. Ainsi, la RD Congo a mis sur pied la loi n° 09/001 du 10 janvier
2009 portant protection de l'enfant. L'exposé de motif de cette loi
déclare : La condition de l'enfant dans le monde en raison de sa
vulnérabilité, de sa dépendance par rapport au milieu, de
son manque de maturité physique, intellectuelle et émotionnelle,
nécessitant de soins spéciaux et une protection
particulière n'a cessé d'interpeller depuis un certain temps la
communauté internationale et nationale.
L'article 6 de cette loi stipule : L'intérêt
supérieur de l'enfant doit être une préoccupation
primordiale dans toutes les décisions et mesures prises à son
égard. Par intérêt supérieur de l'enfant, il faut
entendre le souci de sauvegarder et de privilégier à tout prix
ses droits. Sont pris en considération, avec les besoins moraux,
affectifs et physiques de l'enfant, son âge, son état de
santé, son milieu familial et les différents aspects relatifs
à sa situation.
A partir du code minier de 2002, la présence des
enfants dans des sites miniers artisanaux n'est pas autorisée. L'article
26 stipule que seules les personnes physiques majeures de nationalité
congolaise peuvent acquérir et détenir les cartes d'exploitant
artisanal (...). L'article 111 poursuit que seuls les détenteurs des
cartes d'exploitant artisanal en cours de validité pour la zone
concernée sont autorisés à exploiter l'or, le diamant ou
toute autre substance minérale qui est exploitable artisanalement.
Enfin, l'article 27 énumère les personnes non éligibles
pour solliciter une carte d'exploitant artisanal, dont les enfants. Ces
derniers sont frappés d'incapacité juridique prévue
à l'article 215 de la loi n°87-010 du 01 août 1987 portant
Code de la Famille.
Pour sécuriser les enfants à Kolwezi, deux
arrêtés urbains ont été signés par le Maire
de cette ville afin de protéger les enfants contre tout danger pouvant
leur survenir par le fait de leur présence dans les carrières et
mines. Le premier est l'arrêté urbain n°2006/04/VK/B/M du
108
20 avril 2006 portant interdiction de la présence des
enfants mineurs et des femmes porteuses des enfants de bas âges dans les
carrières sur toute l'étendue de la ville de Kolwezi. Le
deuxième est l'arrêté urbain n°2007/22/VK/B/M du 15
novembre 2007 portant renforcement des mesures relatives à
l'interdiction de la présence des enfants mineurs et des femmes dans les
carrières sur toute l'étendue de la ville de Kolwezi. La police
des mines et des hydrocarbures, service compétant dans la
sécurisation des sites miniers, a été instruite pour faire
respecter cette mesure, ainsi que le SAESSCAM qui est le service chargé
d'assistance et d'encadrement des creuseurs.
Prendre une décision est une chose, la faire
exécuter en est une autre. Les efforts fournis jusqu'à ce jour
par les autorités ont donné cependant très peu de
résultats. Ces efforts ne sont pas allés plus loin si ce n'est
que des campagnes de sensibilisation. La Police des mines et des Hydrocarbures
ainsi que le Service d'assistance et d'encadrement du small scale mining
sensés d'interdire l'accès des enfants dans les sites miniers
font partie de la catégorie des personnes à faibles revenus. Nous
sommes d'accord avec Mutombo (2001,76) lorsqu'il écrit qu'en
dépit des arrêtés interdisant la présence des
enfants dans les carrières et mines de Kolwezi, les filles et
garçons âgés de moins de 18 ans, y sont toujours nombreux.
A en croire leur discours, ils proviennent pour la plupart des familles
à faible revenu, des familles précarisées comme celles des
agents de l'Etat, des éléments de la Police Nationale, de
l'Armée, des travailleurs manoeuvres, des déplacés de
guerres, des déplacés internes, des parents sans emplois et enfin
des anciens agents de la Gécamines retraités lors de
l'opération dite « départ volontaire ».
Face à cette situation, nous avons initié cette
étude avec deux objectifs. Le premier était la
compréhension même du phénomène et le
deuxième était d'éclairer les jeux, les enjeux et les
logiques derrière la présence des enfants dans les sites miniers.
Pour arriver à répondre à ces objectifs, nous nous sommes
posé la question suivante : Que font les enfants dans les sites miniers
artisanaux ?
La compréhension du phénomène à
l'étude a nécessité deux grilles de lecture des faits. Il
s'agit de l'acteur social qui montre que le comportement de l'acteur a toujours
un sens caché. La deuxième grille de lecture des faits
mobilisée est l'interactionnisme symbolique.
Les enfants constituent une main d'oeuvre non
négligeable car, ils sont moins couteux mais efficaces. Carla et Andrea
(2007, 100-101) font remarquer que la famille n'est pas un
109
Cette grille explique que l'individu est en interaction avec
les autres acteurs. Les interactions naissent dans le contact avec les autres
acteurs. Ainsi l'individu attribue du sens à ses actions.
Trois groupes d'enfants ont été
identifiés. Le premier est celui des acteurs que nous désignons
par « enfants en activités rémunératrices ». Ce
groupe est composé de 10 catégories d'enfants qui sont : les
creuseurs, les remonteurs, les chargeurs, les ramasseurs, les laveurs, les
trieurs, les tamiseurs, les concasseurs, les vendeurs et enfin les joueurs.
Tous ces acteurs exercent différentes activités afin de gagner
l'argent. Les uns accompagnent leurs parents dans l'exécution des
travaux et forment avec eux une unité de production. Les autres
s'adonnent aux seules activités rémunératrices. Le
deuxième groupe est celui des enfants que nous désignons par
« enfants en activités non rémunératrices ». Ce
groupe est constitué de 5 catégories d'enfants qui sont : les
crèches, les relais, les messagers, les joueurs et les spectateurs. Les
acteurs faisant partie de ce groupe n'exercent pas des activités
rémunératrices comme les précédents. Enfin, le
dernier groupe est celui des enfants désignés comme « les
sans voix ». Ces derniers sont les tout petits bébés qui
sont sur les sites miniers par la présence de leurs mamans. Ils ne
peuvent pas décider d'eux-mêmes s'ils peuvent y accéder ou
pas. Ils subissent l'action de leurs mères.
Les enfants qui sont dans les quatre sites investigués
sont évalués à plus ou moins 350 enfants. Pour ceux qui
exécutent les activités rémunératrices, les
conditions de travail sont pénibles. Les enfants travaillent pieds et
mains nus. Ces mauvaises conditions de travail affectent leur santé et
leur sécurité. De par toutes ces conditions insalubres, les
enfants tombent parfois malades. Même ceux en activités non
rémunératrices courent les risques des maladies parce que tout
l'environnement minier n'est pas propice pour la santé des enfants.
L'exposition aux rayons solaires et à la poussière, la baignade
dans les eaux où l'on lave les minerais, le fait de manger sans
toutefois se laver les mains avec de l'eau propre, le fait de boire de l'eau
non potable constituent un grand danger par rapport à la santé
des enfants. Dans nombreux cas, les enfants grignotent quelque chose sur les
sites lorsqu'ils obtiennent un peu d'argent. Mais cela n'est pas suffisant pour
compenser les besoins énergétiques de la journée.
110
espace privé où se joue la conjugalité et
la filiation, elle constitue aussi une unité sociale et
économique fondamentale. Sur ce point, le chômage et la
précarisation transforment aussi les relations familiales entre
conjoints et entre parents et enfants. A la culture ouvrière des parents
succède la culture de la précarité des jeunes. Ce
changement est considérable et inscrit une rupture brutale dans l'ordre
de succession des générations. Les modalités
d'entrée dans la vie adulte se sont métamorphosées en
l'espace d'une génération. L'inscription précoce dans le
monde adulte, l'obligation de se confronter jeune aux difficultés de la
vie. Les enfants prennent en charge leurs parents. Le rapport de Global Witness
(2006, 32) annonce qu'en raison d'un taux de pauvreté et de
chômage élevé, des ménages entiers finissent parfois
par vivre de l'argent gagné par leurs enfants18.
Malemba (2003, 49) explique que dans le contexte coutumier et
traditionnel congolais, l'enfant est tout individu quel que soit son âge
chronologique ou de naissance, dépend encore de ses parents
(géniteurs ou sociaux) et, à cet titre, il est dépourvu de
responsabilité spirituelle, morale, et sociale. L'enfant est pris en
charge et placé sous l'autorité ou la protection d'un parent.
Avec les enfants qui exécutent les activités
rémunératrices dans les sites miniers, nous assistons à un
changement des rôles. Les enfants prennent la place des parents. Cette
situation, Kahola (2008, 91) l'a nommée : la parentalisation
des enfants et l'infantilisation des parents.
Vu sous d'autres aspects, les sites miniers artisanaux sont
des lieux de socialisation. La socialisation est un processus par lequel sont
transmises des valeurs et des normes dans le but de construire une
identité sociale et d'intégrer l'individu à la
société19. Les enfants apprennent à identifier
du minerai qu'ils récupèrent et du non minerai qu'ils jettent.
Ils apprennent également toutes les techniques pour laver, concasser et
trier du minerai, ce qui les rend expérimentés.
En bref, ce que font les enfants dans les sites miniers
artisanaux s'explique par cinq logiques qui sont : la logique de rendre
service, la logique lucrative, la logique de divertissement, la logique
touristique et enfin la logique de dépendance maternelle.
Voilà
18
www.globalwitness.org/sites/default/files/import/kat-doc-fr-lowres.pdf
. Consulté le 5 décembre 2013
19
http://www.ac-grenoble.fr/webcurie/pedagogie/webses/premiere/culture/socialisation.htm
111
expliqués les jeux et les enjeux de la présence
des enfants dans les sites miniers artisanaux à Kolwezi.
Nous ne prétendons pas avoir tout dit à propos
de la présence des enfants dans les sites miniers artisanaux. Le terrain
reste encore plus vaste pour d'autres recherches, notamment sur l'impact de
l'exploitation minière artisanale sur la santé des enfants qui
sont dans et autour des sites miniers, et autres recherches.
112
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Le travail des enfants dans les mines et carrières du Katanga.
Université de Lubumbashi, Lubumbashi, RD Congo.
66. Rapport de la Confédération Syndicale
Internationale (2010), sur la République Démocratique du Congo et
les normes fondamentales du travail reconnues internationalement.
67. Rapport Groupe One (2008)
68. Rapport n°194 (2001) de la Banque mondiale sur le
travail des enfants en Afrique : Problématique et
défis.
info.worldbank.org/etools/docs/library/237384/toolkitfr/.../andvig.pdf
Consulté le 4 septembre 2013.
69. Rapport administratif annule mairie de Kolwezi, exercice
2008.
70. Rapport de l'Observatoire du Changement Urbain (2008) sur le
travail des enfants dans les mines et carrières du Katanga. Cas du
bassin minier de Kipushi, Likasi et
Kambove.
www.congomines.org/wp-content/.../OCU-2008-TravailEnfantsMines.pd...
Consulté le 6 septembre 20013.
71. Rapport Gécamines (2007) travaux des partenariats
conclus par la Gécamines avec les entreprises privées.
72. RUKAL IKOS (2007), la Générales des
carrières et des mines (GCM) : une culture et une civilisation,
Lubumbashi Baobab
73. Rapport Global Witness (2006), une corruption profonde :
fraude, abus et exploitation dans les mines de cuivre et de cobalt du
Katanga.
www.globalwitness.org/sites/default/files/import/kat-doc-fr-lowres.pdf
. Consulté le 5 décembre 2013.
74. Rapport BIT (2009), étude sur les questions de genre,
le travail des enfants et les pires formes du travail des enfants dans les
mines et carrières : le cas du
Burkina-Faso.
www.ilo.org/ipecinfo/product/download.do;jsessionid...?type...id....
Lu le 21 janvier 2014.
75. Rapport administratif de la mairie de Kolwezi, exercice
2008.
76. Rapport ONU (2011) sur les formes contemporaines d'esclave,
y compris leurs causes et leurs conséquences.
www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/.../A_HRC_24_43_Add.2_FRE.doc
.
Consulté le 12 janvier 2014.
117
77. SANGARE, N. (2009), Etude sur les questions de genre,
le travail des enfants et les pires formes du travail des enfants dans les
mines et carrières : Cas du Burkina Faso. Burkina Faso.
Inédit.
78. TSHINYAMA, K. (2009), L'observation ethnographique
d'un commissariat de police à Lubumbashi. Une compréhension des
pratiques policières en contexte congolais, thèse de
doctorat en criminologie, Ecole de criminologie, Université de
Lubumbashi, Lubumbashi, République démocratique du Congo.
79.
http://www.gecamines.cd/detailinfo.php?clef=17.
Consulté le 14 juin 2012.
80.
http://www.congomines.org(fr)ressources-naturelles-gouvernance-et-defis-unecroissance-soutenue.
Consulté le 19 juin 2012.
81.
http://www.steunpuntgelijkekansen.be/objs/iob/gralac/.../13COEKmines.pdf.
Consulté le juillet 2012.
82.
www.broederlijkdelen.be/.../doc.../9289-mijnbouw-katanga-fr-lr-pdf?...
Consulté le 2 février 2014.
83.
www.7sur7.be/.../la-belgique-a-spolie-500-entreprises-congolaises.dhtm...
Consulté le 02 février 2014.
118
Les annexes
Annexes 1 : Photo de la mine à ciel ouvert de
« Ruwe Mess » à Mutoshi
Photo prise par Kawele, le 15/09/2013
Il s'agit de la mine à ciel ouvert de « Ruwe mess
», abandonnée par la Gécamines depuis de très longues
années. Actuellement, cette mine est devenue une laverie des minerais
extraits de la carrière Mutoshi. Les artisanaux l'appellent « eau
verte » à cause de l'eau teintée de la couleur verte.
119
Annexe 2 : Photo laverie de la carrière 5
ans
Photo prise par Kawele, le 17/09/2012
Il s'agit de la laverie de la carrière dite « 5 ans
». Cette laverie se trouve à moins d'un kilomètre de la
cité Kanina à Kolwezi. Il s'agit des eaux stagnantes,
communément appelées « lac Kabongo ».
120
Annexe 3 : Photo de la carrière « Kamilombe
I »
Photo prise par Kawele, le 22/10/2012
Cette carrière se trouve à plus ou moins 1 Km de
la cité Gécamines Kapata. Sur cette photo, on y voit la
présence d'une fille.
121
Annexe 04 : Photo des enfants ramassant du minerai
Photo prise par Victor, le 21/01/2014
A l'aide des petites barres de fer, les enfants grattent dans le
remblai afin de ramasser les débris du minerai.
122
Photo prise par Victor, le 21/01/2014
Ils sont en pleine colline en train de ramasser du minerai.
Annexe 05 : Photo deux tout petits enfants ramassant du
minerai
123
Annexe 06 : Petit marché spontané
Photo prise par Kawele, le 18/09/2013
On voit des enfants en train de vendre quelques denrées
alimentaires dans un petit marché spontané qui se situe à
côté de la colline où les creuseurs exploitent du
minerai.
124
Annexe n°6 : 1ère arrêté
urbaine de la marie de Kolwezi
125
Annexe 07 : 2ème arrêté urbain de
la mairie de Kolwezi
126
Annexe 08 : Tracé des sites
investigués
Les lignes en couleur brune montrent les tracées par
où nous sommes passé lors de la collecte des données de
terrain. Cette carte a été effectuée à l'aide d'un
GPS.
127
Tables des matières
Dédicace 1
Remerciements 3
Introduction 5
Chapitre 1: Cadre théorique et dispositif
méthodologique 7
1.1. Construction de l'objet de recherche 7
1.1.1. Contexte d'élaboration de l'objet de recherche 7
1.1.2. Objet de recherche 8
1.1.3. Etat de la question- 12
1.1.4. La problématique de la recherche 17
1.2. Dispositif méthodologique 23
1.2.1. Introduction 23
1.2.2. Choix méthodologique 24
1.2.3. Délimitation du terrain et échantillonnage
25
1.2.4. Dispositif de recueil des données 35
1.2.5. Dispositif d'analyse des données 39
1.3. Difficultés rencontrées et stratégies
de contournement 41
Chapitre 2: Les enfants dans les sites miniers artisanaux
à Kolwezi 42
2.1. Brève historique de l'exploitation minière
à Kolwezi 43
2.1.1. Historique de la Gécamines 43
2.1.2. L'exploitation minière artisanale à Kolwezi
50
2.2. Les mécanismes de protection de l'enfant 57
2.1.1. La législation pour enfant d'après la
communauté internationale 58
2.1.2. La législation congolaise relative aux droits de
l'enfant 61
2.3. Les catégories des enfants se trouvant dans les sites
miniers artisanaux 66
2.3.1. Les enfants en activités
rémunératrices 66
2.3.2. Les enfants en activités non
rémunératrices 75
2.3.3. Les sans voix 79
Chapitre 3 : Les jeux, les enjeux et les logiques derrière
la présence des 80
3.1. Les jeux et les enjeux de la présence des enfants
dans les sites miniers 80
3.1.1. La procédure d'entrée des enfants dans des
sites miniers artisanaux 81
3.1.2. Présence des enfants dans les sites miniers
artisanaux 83
128
3.2. Impacts négatifs de la présence des enfants
dans les sites miniers 91
3.2.1. Enfants en danger 92
3.3. Les logiques explicatives la présence des enfants
dans les sites miniers à Kolwezi . 103
3.3.1. La logique de rendre service 103
3.3.2. La logique lucrative 104
3.3.3. La logique de divertissement 104
3.3.4. La logique touristique 104
3.3.5. La logique dite : effet d'entrainement 105
Conclusion 107
Bibliographie 112
Les annexes 118
Annexes 1 : Photo de la mine à ciel ouvert de « Ruwe
Mess » à Mutoshi 118
Annexe 2 : Photo laverie de la carrière 5 ans 119
Annexe 3 : Photo de la carrière « Kamilombe I »
120
Annexe 04 : Photo des enfants ramassant du minerai 121
Annexe 06 : Petit marché spontané 123
Annexe n°6 : 1ère arrêté
urbaine de la marie de Kolwezi 124
Annexe 07 : 2ème arrêté urbain de la mairie
de Kolwezi 125
Annexe 08 : Tracé des sites investigués 126
Tables des matières 127