1.2.1 Potentiel méthanogène
Le potentiel méthanogène est le volume de
méthane biogaz produit lors de la dégradation anaérobie en
présence de bactéries d'un échantillon initialement
introduit, exprimé dans les Conditions Normales de Température et
de Pression (CNTP* : 0°, 1013 hPa) (Biogaz-énergie-renouvelable
[72]).
Graphique 1 - Potentiel méthanogène de
différents substrats et co-substrats
(AILE, ADEME, TRAME, Solagro [5])
Le pouvoir méthanogène d'un substrat peut
être plus ou moins important, sa dégradation produira alors plus
ou moins de méthane et donc d'énergie. La teneur en sucre, en
protéine et lipide d'un substrat détermine notamment son
potentiel méthane ; les plus gras représentent une source notable
de méthane, mais l'introduction d'une quantité trop importante
peut perturber l'équilibre biologique du mélange dans le
digesteur.
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- 2013 Université Rennes II
Les données relatives au potentiel
méthanogène de cetains substrats comprises dans le graphique 1
sont cependant à relativiser : ces dernières peuvent plus ou
moins varier d'une source à l'autre, il est donc
préférable d'analyser précisément les substrats
d'un projet de méthanisation, afin de connaitre leur réel pouvoir
méthanogène. Cette incertitude est dûe au fait qu'un
substrat est souvent défini à l'aide d'un terme
générique, celui-ci regroupant différentes
sous-catégories de produits.
À noter que la lignine et les composés
ligno-cellulosiques ne sont que très peu réceptifs aux attaques
anaérobies, ils ne représentent donc pas un intérêt
particulier pour la production de biogaz par voie de méthanisation. En
outre, les substrats doivent être propres, sans indésirables
(plastiques, métaux et autres produits non méthanisables), sans
antibiotiques, détergents... sous peine de perturber voire d'annuler le
processus de méthanisation.
Ainsi, lors du développement d'une unité, le
mélange de substrats ayant le potentiel méthanogène le
plus élevé possible sera recherché à l'aide d'une
modélisation, même si les interactions entre les différents
intrants au sein du méthaniseur sont parfois mal connues (CEMAGREF,
[29]).
1.2.2 Différents types de substrats
Trois filières dominent dans la production de
déchets méthanogènes : l'agriculture, l'industrie
agro-alimentaire et les collectivités. Chaque grande famille de
déchets peut se voir attribuer un potentiel méthane
théorique.
? Substrats d'origine agricole
Actuellement en plein essor en France, la méthanisation
« à la ferme » mise en grande partie sur le gisement d'origine
agricole. Les effluents d'élevage, considérés comme des
biodéchets, ainsi que les matières végétales issues
des cultures sont des substrats qui peuvent être utilisés pour la
production de biogaz.
- Déjections animales : elles
contiennent des bactéries fraiches, ont un pouvoir tampon important
(stabilisation du pH), ce qui stabilise le milieu. Cependant, leur potentiel
méthanogène est globalement très faible. On distingue les
lisiers, produits toute l'année en quantité importante avec une
teneur en matière organique faible, et le fumier, produit de
manière saisonnière, mais avec un pouvoir
méthanogène plus intéressant. Ils sont souvent
utilisés conjointement.
- Matières végétales :
facilement assimilables par les bactéries, avec un potentiel
énergétique élevé, les résidus de
récoltes, les déchets de silos et de céréales, les
restes de fruits et légumes sont particulièrement utiles au sein
d'une unité de méthanisation. Si les cultures
énergétiques sont évitées en France, l'utilisation
de cultures dérobées (culture s'interposant entre deux cultures
principales, récoltée pour être valorisée) permet de
ne pas entrer en concurrence avec l'agriculture destinée à
l'alimentation animale ou humaine.
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? Substrats issus de l'industrie
agro-alimentaire
L'industrie agro-alimentaire produit d'importantes
quantités de déchets fermentescibles. Aujourd'hui, les
entreprises tentent du mieux possible de valoriser ces déchets in-situ,
mais certains produits résiduels sont nécessairement mis à
l'écart. Substrats à fort potentiel méthanogène,
ils sont particulièrement recherchés dans le cadre de la
méthanisation. Idéalement, leur localisation doit se trouver
à moins d'une quarantaine de kilomètres de l'unité de
méthanisation (AILE, 2011, [12]).
- Eaux grasses ou déchets
alimentaires : déchets organiques solides,
biodégradables, ce sont des déchets issus de la
préparation des repas préparés. Ce peut également
être des produits périmés ou invendus (exemple : biscuit,
chocolat, pulpe de fruits...).
- Huiles alimentaires usagées et
autres corps gras : ce sont essentiellement les huiles
alimentaires utilisées pour la friture, la cuisson ainsi que les
résidus de bacs dégraisseurs visant à
récupérer les graisses des cuisines professionnelles.
- Déchets d'abattoirs et
sous-produits animaux : issus de la filière animale
(abattoirs, boucheries, charcuteries...), ce sont les produits résiduels
non comestibles (matières stercoraires, fumiers, lisiers et cadavres
d'animaux). Certains de ces sous-produits animaux ne sont pas autorisés
en méthanisation (catégorie 1) et d'autres sont soumis à
une réglementation de prétraitement (catégorie 2 ou 3),
comme l'hygiénisation (70°C, 1h) ou la stérilisation
(133°C, 20 mn, 3 bars), pour élimination des pathogènes
(APESA, 2012, [20]).
? Gros Producteurs de biodéchets (DGPR*, 2012,
[33])
La loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour
l'environnement, dite loi Grenelle 2, a instauré une obligation de tri
à la source et de valorisation des biodéchets pour les personnes
qui en produisent des quantités importantes. Un arrêté du
12 juillet 2011 fixe les quantités de biodéchets ou de
déchets d'huiles alimentaires produites annuellement au-dessus
desquelles leur producteur est soumis à l'obligation d'en assurer le tri
à la source en vue de leur valorisation.
Les secteurs économiques les plus directement
concernés par l'entrée en vigueur de cette obligation sont la
restauration collective et le commerce alimentaire (hypermarchés).
D'autres secteurs, tels l'entretien des espaces verts et les industries
agroalimentaires, sont également concernés, mais dans une mesure
moindre, car le tri à la source des biodéchets y est d'ores et
déjà pratiqué de façon assez
générale.
Les seuils fixés par l'arrêté sont
rapidement dégressifs depuis le 1er janvier 2012
jusqu'à l'année 2016, afin de donner aux producteurs
concernés le temps nécessaire pour assurer à leurs
biodéchets la valorisation exigée. L'impact sur les
hypermarchés, mais surtout sur les commerces de taille inférieure
et sur la restauration collective sera effectif dès 2014. La valeur de
ces seuils en 2016 (10 t/an de biodéchets et 60 t/an de déchets
d'huiles alimentaires) correspond à cette date à une
activité telle que l'obligation de tri des biodéchets concernera
alors un nombre élevé d'entreprises : on estime, en effet, que
les commerces alimentaires de moyenne surface seront alors tenus de trier et de
valoriser leurs biodéchets, de même que les restaurants servant
plus de 70000 repas dans l'année. La circulaire du 10 janvier 2012
apporte des précisions sur les modalités d'application de cette
obligation.
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140 120 100 80 60 40 20
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Tonnes/an
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2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Graphique 2 - Définition d'un gros producteur de
biodéchets (DGPR, 2012, [33])
? Substrats issus des collectivités
Les collectivités sont en mesure de fournir
différents types de déchets fermentescibles, en provenance
notamment de certains services publics. Ainsi, les boues urbaines, les tontes
de pelouses, l'entretien paysager mais également les cantines des
écoles et des universités peuvent être des sources
d'intrants pour un projet de méthanisation.
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