II-LA DEMARCHE CONCEPTUELLE DE L'AUDIT
Le principe général de l'audit repose sur une
approche hiérarchisée (souvent appelée approche top-down),
rendue nécessaire par la taille des entités
contrôlées et facilitée par leur décomposition en
cycles. La démarche d'audit pour valider les états financiers de
l'entreprise est la suivante:
On procède tout d'abord à une revue globale des
états financiers pour s'assurer de leur cohérence
générale ;
on procède à l'identification des cycles
significatifs de l'entreprise et à l'analyse de leur fonctionnement ;
On effectue ensuite le contrôle de ces cycles
significatifs, ce qui va permettre de valider
les postes du bilan et du compte de résultat qui leur
sont associés ;
enfin, on passe en revue les postes du bilan et du compte de
résultat qui ne font pas partie des cycles principaux en fonction de
leur importance éventuelle dans les comptes.
Concrètement, le contrôle de chaque cycle de
l'entreprise se fait par l'intermédiaire de « procédures
d'audit », c'est-à-dire de tests ou contrôles qui doivent
permettre de valider les montants dans les comptes. L'objectif de ces
procédures est de s'assurer que les montants figurant dans les comptes
sont justifiés, c'est-à-dire qu'ils vérifient les «
assertions » suivantes:
· La réalité
Il est question ici pour l'auditeur de s'assurer que tous les
actifs et toutes les dettes ainsi que les transactions enregistrées en
comptabilité sont réels et non fictifs.
Exemples :
Les stocks inscrits à l'actif sont-ils bien
réels ?
Les créances inscrites à l'actif existent-elles
réellement ?
Les dettes au passif sont-elles effectivement dues ?
Les ventes comptabilisées correspondent-elles à
des marchandises effectivement livrées ?
· L'exhaustivité
Il s'agit ici de savoir si toutes les opérations de
l'entreprise sont enregistrées.
Exemples :
A-t-on inscrit à l'actif tous les stocks de
l'entreprise ?
A-t-on comptabilisé toutes les provisions pour risques
et charges ?
Toutes les réceptions de marchandises ont-elles
été traduites en comptabilité par l'enregistrement de la
facture d'achat correspondante ?
3. Le rattachement
Il est question ici de s'assurer que toutes les transactions
de l'entreprise sont comptabilisées dans la bonne période.
· L'évaluation
Il s'agit de vérifier si la valeur des actifs et des
passifs ainsi que les charges et produits sont correctement
évalués. Pour ce faire, l'auditeur doit s'assurer par exemple que
:
Les provisions constituées sont suffisantes ;
Les stocks et les immobilisations inscrits à l'actif
sont correctement évalués.
· La mesure
Il s'agit de vérifier que les charges et les produits
sont correctement évalués. A cet effet, l'auditeur doit par
exemple s'assurer que les ventes de marchandises résultent de
l'exactitude des prix facturés, de l'exactitude arithmétique de
la facture, de l'exactitude du montant comptabilisé par rapport à
celui de la facture.
· Droits et obligations
Cette assertion vise à s'assurer que :
- les actifs enregistrés en comptabilité sont la
propriété de l'entreprise ;
- les passifs lui sont attribuables ;
- l'entreprise est réellement partie aux transactions
et que celles-ci sont effectivement réalisées pour ses
besoins.
· La présentation et la publication de
l'information
Ce critère a pour objectif de s'assurer que toutes les
opérations de l'entreprise sont correctement enregistrées,
présentées et publiées à bonne date. En d'autres
termes, il est question ici de savoir si :
Les opérations de l'entreprise sont enregistrées
dans un compte approprié ;
Les opérations de l'entreprise sont correctement
présentées dans les comptes annuels ;
L'information financière est conforme aux règles
en vigueur.
Pour s'assurer que les comptes annuels répondent aux
assertions sus-évoquées, l'auditeur doit choisir une approche
d'audit appropriée.
Dans la vision scientifique de l'audit moderne, les assertions
représentent les hypothèses à tester par les
procédures d'audit. Justifier un montant présent dans les comptes
revient à effectuer des contrôles qui - vérifiant chacun
une ou plusieurs assertions - permettent par leur combinaison de couvrir
l'ensemble des assertions (Francis 1994). Les procédures d'audit doivent
alors, à l'instar d'une expérience scientifique, réunir
des « preuves d'audit », c'est-à-dire des contrôles et
tests réussis pour démontrer la validité des assertions8.
Par exemple, un inventaire physique permettra de vérifier l'assertion
« réalité » l'un compte d'approvisionnements par
rapprochement des listings de stocks avec les pièces présentes en
magasin. L'assertion « évaluation », plus complexe,
nécessitera à la fois des contrôles de factures d'achat
pour vérifier les valeurs brutes et des tests de délais de
rotation pour détecter des dépréciations
éventuelles.
On peut donc synthétiser l'approche conceptuelle de
l'audit financier contemporain de la manière suivante :
Pour chaque poste des états financiers, il y a un
risque que le montant enregistré soit non correct. L'auditeur va donc
appliquer des procédures d'audit aux cycles de l'entreprise pour
accumuler des preuves d'audit qui permettent de considérer que le risque
est maîtrisé, c'est-à-dire que les assertions liées
aux montants dans les comptes sont vérifiées. Le choix et
l'interprétation des procédures d'audit utilisées lors du
contrôle d'un cycle donné se font en fonction du seuil de
matérialité retenu. Sur la base des preuves d'audit
accumulées sur chaque cycle, ainsi que d'une analyse de cohérence
générale, l'auditeur pourra alors émettre son opinion
Selon les fondateurs de cette vision de l'audit, il existe
certes des différences essentielles entre preuve expérimentale et
preuve d'audit (concernant en particulier leur disponibilité et leur
fiabilité), mais ce sont des différences de degré et non
de nature.
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