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La lutte contre la violence en milieu universitaire ivoirien

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par Gélase Amour DECHI
Centre de Recherche et d'Actions pour la Paix - Diplôme d'Études Supérieures Spécialisées En Gestion des Conflits et Paix  2006
  

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INTRODUCTION

« L'homme est un loup pour l'homme »1(*). Cette assertion est contemporaine et met en exergue la violence de l'être humain à l'égard de son prochain. La véracité de cette affirmation se laisse découvrir notamment dans les universités africaines en général, et ivoiriennes en particulier. Un regard rétrospectif permettra de mieux mesurer l'ampleur de cette violence dans les universités ivoiriennes.

Après son accession à l'indépendance en 1960, la Côte d'Ivoire est gouvernée d'une main de fer par le président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, à travers un parti unique : le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI). Il adopte le libéralisme économique comme modèle de développement, à travers deux stratégies : l'ouverture de l'économie sur l'extérieur et le désengagement de l'Etat des activités de production et de commercialisation.

L'ouverture de l'économie sur l'extérieur s'est exprimée par la volonté des décideurs ivoiriens de confier au secteur privé un rôle important dans le développement économique du pays, contrairement aux autres pays africains qui ont opté, dans leur grande majorité, pour la nationalisation.

Quant au désengagement de l'Etat des activités de production et de commercialisation, elle s'analyse en un repli partiel caractérisé par toutes sortes de distorsions, susceptibles de créer de nombreuses rentes au bénéfice de certains groupes socio-économiques. En fait, et comme le précise le professeur Francis AKINDES, le président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY mène une politique volontaire et centralisée d'ouverture sur l'extérieur avec un mécanisme de patronage politique doublé d'un patrimonialisme et une gestion paternaliste de la diversité sociale2(*).

Les stratégies sus décrites permettent à la Côte d'Ivoire de connaître, jusqu'en 1978, des moments de prospérité économique qualifiés de « périodes économiquement fastes »3(*). Au cours de cette période, le pays enregistre un niveau de croissance économique de l'ordre de 8% par an4(*). Cette performance économique donne à l'Etat ivoirien les moyens de réaliser d'importants projets socio-économiques. En effet, ayant compris que l'éducation tient une place de choix dans le développement, l'Etat va investir dans l'enseignement supérieur dont l'objectif est « l'acquisition de savoirs, savoir-faire et savoirs être... »5(*). Ainsi, l'enseignement supérieur est entièrement pris en charge par l'Etat : fonctionnement de l'administration, construction des salles de cours et autres amphithéâtres, recrutement des enseignants, équipement des laboratoires et bibliothèques, restauration et hébergement des étudiants, bourses,...De prestigieuses grandes écoles et universités sont construites et permettent d'assurer une formation de qualité, dans des conditions d'étude et de vie décentes pour la jeunesse ivoirienne. Elles offrent un environnement de relative stabilité sociale et politique.

Mais, ce moment d'euphorie est interrompu par la crise socio-économique profonde qui survient au début des années 1980. Cette crise contribue à affaiblir le parti unique. Alors, l'Etat ivoirien tend à s'effondrer6(*). L'effritement de l'autorité étatique s'étend à certaines sphères de la vie nationale. Le sort de l'Université étant étroitement dépendant de celui de l'Etat7(*), la déliquescence de celui-ci est fortement perceptible dans celle-là. Elle se traduit par un désengagement de l'Etat vis-à-vis de l'Université. En effet, n'ayant plus les ressources, ni financières ni morales, de faire face aux difficultés de la jeunesse estudiantine, toujours plus nombreuse, l'Etat ivoirien semble s'être subrepticement soustrait à ses obligations vis-à-vis de l'école. Le "vent de la démocratie" qui souffle sur les Etats africains à l'orée des années 1990 n'épargne pas la Côte d'Ivoire et ses Universités. D'ailleurs, se présentant comme un lieu où se cristallise un désir de liberté, de changement inassouvi, les universités jouent un grand rôle dans la démocratisation. En effet, partout en Afrique, les étudiants sont aux avant-postes de la contestation démocratique. L'aspiration à la liberté d'expression et au bien-être économique et social génère le retour de la Côte d'Ivoire au multipartisme8(*) et l'émergence sur les campus des associations syndicales, portes paroles des partis politiques dans le milieu universitaire. La lutte pour la maîtrise du milieu universitaire par les partis politiques engendre la violence. Pour les organisations syndicales d'étudiants, la violence devient une méthode d'action privilégiée au détriment du dialogue, de la non violence et de la tolérance, valeurs cardinales de la culture de la paix et de la gestion des conflits.

Le changement de régime qui intervient au moyen d'un coup d'état, en décembre 1999, avait au départ suscité beaucoup d'espoir chez les populations et partant, au sein des étudiants, avec une stabilité relative sur les campus. Mais, le phénomène d'instrumentalisation des organisations syndicales par les partis politiques, avec l'impunité de certaines organisations syndicales, ainsi que l'émiettement de l'autorité de l'Etat dans le milieu universitaire, conduisent à l'exacerbation de la violence sur les campus. L'Université, lieu par excellence de la conquête du savoir dans toutes ses dimensions, lieu où l'on laisse libre court aux idées, aux théories et autres utopies génératrices de nouveautés intellectuelles, offre dès lors de tristes spectacles. Les stylos sont remplacés par des armes. Les groupes d'études sont, quant à eux, remplacés par des bandes d'étudiants ou non, ayant des missions négatives. Ainsi, de façon récurrente, les universités de Côte d'Ivoire sont le théâtre de violences. Ces violences s'exportent aussi hors des campus universitaires. Elles s'expriment en termes de violations constantes des droits de l'Homme, régulièrement dénoncées par la Ligue Ivoirienne des Droits de l'Homme (LIDHO) et par d'autres organisations de défense des droits de l'Homme : manifestations violentes, destructions de biens publics et privés, atteintes aux libertés d'expressions, d'associations, de circulation, séquestration de personnes, coups et blessures volontaires, racket, viol, meurtre... Mais en réalité, que renferme le concept de violence? Il est important d'en dégager le contenu car, si, selon le mot de Stéphane MALLARME, la mission du poète est de « donner un sens plus pur aux mots de la tribu »9(*), cette mission peut aussi être assignée au gestionnaire de conflits et vaut aussi pour le mot «Université » et l'expression « milieu universitaire ».

La violence désigne une action brutale, physique ou morale envers quelqu'un. Elle consiste à agir sur quelqu'un ou à le forcer, contre sa volonté, en utilisant la force physique ou psychique. L'usage de force se fait en frappant ou en intimidant, en infligeant des blessures physiques ou morales. Pour progresser dans la connaissance de la notion de violence, il est utile de la distinguer d'autres notions qui lui sont proches telles l'agression et la force.

La violence ne doit pas être identifiée à l'agression qui, étymologiquement, signifie que l'on va vers autrui, avec une attitude plus ou moins exigeante ou menaçante, mais non nécessairement violente. Elle doit aussi être distinguée de la force, la violence étant l'usage illégitime de la force. La notion de violence est bien liée à celle de force. La force n'est pas la violence, mais elle peut le devenir et la violence n'est d'ailleurs pas nécessairement matérielle ou physique. Elle peut n'être que morale ou psychologique tout en étant durement ressentie. Ainsi, selon DEBARBIEUX, la violence est la désorganisation brutale ou continue d'un système personnel, collectif ou social se traduisant par une perte d'intégrité qui peut être physique, psychique ou matérielle. Elle est dépendante des valeurs, des codes sociaux et des fragilités personnelles des victimes10(*). Cette violence trouve en Côte d'Ivoire l'Université comme l'un des lieux privilégié de manifestation.

L'Université a une double dimension.

Sur le plan interne, elle est la communauté d'enseignants, de gestionnaires ou d'administrateurs et d'étudiants occupant un espace régi par des règles de fonctionnement.

Sur le plan externe, l'Université est partie intégrante de la société. En ce sens, elle a une fonction de transmission de savoir dans le système national plus vaste de la société qui lui confie la charge à la fois pédagogique et éthique d'une intégration sociale.

Quant au milieu universitaire, il désigne les salles de cours, les résidences, le campus de manière générale et les voisinages de ces espaces. Il renvoie aussi à des notions moins spatiales ayant trait à la mentalité des étudiants qui influe nécessairement sur leur manière d'agir, de réagir et de se comporter.

La violence en milieu universitaire, véritable gangrène sociale, a atteint son paroxysme, de sorte qu'elle ne saurait laisser personne indifférent. Trop souvent, plutôt que de se pencher sérieusement sur la question, cette situation suscite des réactions en termes de dénonciations de ses effets. D'ailleurs, elle a toujours été au centre de grands débats, de grandes promesses et également de quelques propositions de reformes.

L'ampleur de ce phénomène mérite que l'on y prête une attention soutenue. Il apparaît donc impérieux de rechercher et de trouver des solutions à ce mal qui ronge et détruit les universités, la jeunesse et partant, compromet l'avenir du pays. C'est justement dans cette voie que s'oriente notre réflexion. Nous ambitionnons, en effet, de participer à la réduction de la violence à l'Université. L'objectif est de contribuer à mettre cette institution à l'abri des tumultes quotidiens, à l'exemple des temples des prêtres de l'Egypte pharaonique, ce qui leur permit d'être à la pointe du savoir en faisant des sciences, une des richesses et l'une des caractéristiques majeures de cette brillante civilisation.

Pour y parvenir, l'étude présente sera guidée par les préoccupations suivantes: comment résoudre le problème de la violence dans les universités ivoiriennes ? Autrement dit, quelles solutions pourraient aider à réduire la violence en milieu universitaire? Les solutions à envisager doivent être en mesure de remédier aux causes profondes et aux manifestations de cette situation de violence. Ce qui implique un diagnostic préalable de cette violence pour la découvrir dans son entièreté. En effet, de l'identification des sources du malaise dépendent des solutions idoines et efficaces pour le juguler. D'ailleurs, Thomas HOBBES ne dit-il pas: « c'est en partant des choses à partir desquelles chaque chose est constituée que l'on connaît le mieux cette chose »11(*). ?

Toutes ces préoccupations seront examinées grâce à la méthode analytique. Cette méthode permettra de mettre en lumière l'origine et les manifestations de la violence en milieu universitaire (Partie I) et de proposer des solutions en vue de la juguler (Partie II).

PARTIE I: LE DIAGNOSTIC DE LA VIOLENCE EN MILIEU

UNIVERSITAIRE

L'analyse de la violence est un processus pratique d'examen, d'appréhension et de compréhension de la réalité de la violence à l'Université. Cet examen permettra de mieux comprendre ce phénomène et de le combattre par la mise en oeuvre de solutions appropriées.

Pour mieux cerner le phénomène de la violence en milieu universitaire, il importe de tenter de dégager ses causes (Chapitre I) ainsi que ses manifestations (Chapitre II).

CHAPITRE I : LES CAUSES DE LA VIOLENCE

L'examen des sources de la violence revient à identifier les facteurs qui conduisent les acteurs à être violents. Ces causes sont nombreuses et variées. Pour l'essentiel, elles peuvent être classées en deux grandes catégories : le dysfonctionnement de l'Université (Section I) et la conjoncture étatique (Section II).

Section I : Les causes liées au fonctionnement de l'Université

L'autorité est la puissance que devrait exercer l'université sur tous les acteurs du monde universitaire. C'est la capacité d'obtenir d'eux l'obéissance et le respect. Malheureusement, dans son fonctionnement, l'on assiste à l'effritement de l'autorité de notre institution. A celle-ci s'est substitué le pouvoir des étudiants qui l'exercent avec violence sur l'espace universitaire.

Une telle situation prend sa source dans deux facteurs : une capacité d'accueil restreinte de l'Université (Paragraphe I) et les mauvaises conditions de vie et de travail des acteurs du monde universitaire (Paragraphe II).

Paragraphe I : Une capacité d'accueil restreinte

L'université offre un visage peu reluisant. Elle est dépassée par la profusion d'étudiants qu'elle reçoit en son sein. Il existe alors un déséquilibre criard entre le nombre d'étudiants (A) et les infrastructures disponibles (B).

A- Une démographie universitaire galopante

L'Université Nationale de Côte d'Ivoire (UNCI), basée à Cocody, a été créé par la loi du 1er juin 1977. Initialement prévue pour accueillir 6 000 étudiants, l'UNCI s'est retrouvée en 1992 avec près de 60 000 inscrits12(*). Ainsi, le 02 septembre 1992, trois centres universitaires sont créés au sein de l'Université Nationale de Côte d'Ivoire : le Centre Universitaire de Cocody ; le Centre Universitaire d'Abobo-Adjamé ; le Centre Universitaire de Bouaké.

En 1995, en lieu et place de l'Université Nationale de Côte d'Ivoire, ces trois centres sont transformés en trois universités autonomes: université de Cocody ; université d'Abobo-Adjamé ; université de Bouaké.

Cet aménagement devrait avoir pour objectif de désengorger l'Université-mère de Cocody. Finalement, les résultats escomptés ont été très vite dépassés, en l'espace de 10 ans. Pour l'année universitaire 1992-1993, on a enregistré 30 000, 2 800 et 3 000 étudiants pour, respectivement, les universités de Cocody, d'Abobo-Adjamé et de Bouaké. Sur la période de 1994 à 1999, les universités renfermaient en moyenne 67% des effectifs d'étudiants de l'enseignement supérieur sous tutelle du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique13(*). Concernant l'année universitaire 2002-2003, les effectifs étaient de 50 000, 6 500 et 16 00014(*). Encore que, avec la crise militaro-politique, les étudiants déplacés internes ont surpeuplé le monde universitaire abidjanais.

L'effectif pléthorique enregistré crée deux phénomènes qui s'emboîtent pour être à l'origine de la violence : l'anonymat et la foule. Pour mieux comprendre ces phénomènes, il importe de faire appel à la théorie de la " Psychologie des foules" du Docteur Gustave LE BON. Il énonce l'idée qu'il existe une âme collective. Dans l'âme collective, les aptitudes intellectuelles des individus, et par conséquent leur individualité, s'effacent. L'hétérogène se noie dans l'homogène, et les qualités inconscientes dominent. L'individu en foule acquiert, par le fait seul du nombre, un sentiment de puissance invincible qui lui permet de céder à des instincts auxquels, seul, il n'aurait pas laissé libre court. Il sera d'autant moins porté à les refréner que, la foule étant anonyme, et par conséquent irresponsable, le sentiment de la responsabilité, qui retient toujours les individus, disparaît entièrement. Ainsi, dans un groupe la conscience personnelle s'efface pour une conscience collective. C'est ce qui rend les foules hautement suggestives aux influences d'un meneur et c'est ce qui rend des comportements extrêmes (violence, héroïsme, imbécillité). L'âme collective par contagion émotionnelle fait perdre aux individus leur sens critique et les fait régresser à un état strictement affectif15(*).

Ainsi, le nombre exorbitant d'étudiants met en exergue l'insuffisance des infrastructures universitaires.

B- L'insuffisance des infrastructures universitaires

Si l'effectif est qualifié de surabondant, c'est parce qu'il évolue constamment, alors que, « les équipements ont vieilli, voire disparu sans être remplacés, les bibliothèques s'appauvrissent sans se renouveler ni s'enrichir d'acquisitions » 16(*). Par exemple, l'université de Cocody a acquis un patrimoine immobilier de 39000 places en 20 ans, tandis que le nombre des étudiants est passé de 28352 à 4900017(*). En plus, il faut noter le manque et la dégradation avancée des salles de travaux dirigés et des amphithéâtres (climatiseurs en panne, plafonds enlevés, fissurations des murs,...). Il en va de même pour les cités universitaires (chambres délabrées, W.C non fonctionnels,...).

Quant aux universités d'Abobo-Adjamé et de Bouaké, elles sont installées dans des locaux reformés, rénovés, inadaptés et, ici encore, déjà dépassés.

Ce manque d'infrastructures conduit des étudiants, lorsqu'ils ont cours, à se précipiter dans les amphithéâtres en se bousculant violemment afin de s'avoir une place. Dans le cas contraire, d'autres sont obligés de prendre les cours debout.

Ainsi, la première cause de la violence en milieu universitaire liée au fonctionnement de l'Université s'exprime en termes de démographie universitaire galopante et d'insuffisance d'infrastructures. Une telle situation laisse présager les mauvaises conditions de vie et de travail des acteurs du monde universitaire.

Paragraphe II: Les mauvaises conditions de vie et de travail des acteurs

du monde universitaire

La violence en milieu universitaire s'analyse aussi en une réaction de ce milieu contre la détérioration de la qualité de vie et de travail.

Cette dégradation touche tous les acteurs de l'Université, notamment les enseignants (A) et les étudiants (B).

A- Concernant les enseignants

La crise économique s'est traduite par une réduction des salaires, aggravée par la dévaluation du FCFA. Cette situation a conduit à la dévalorisation de la profession des enseignants et les a poussé à une protestation politique permanente. Ils critiquent les bureaux exigus, insuffisants et mal éclairés, la pénurie de salles de cours, les salaires peu compétitifs. Du fait de la frustration et de la démotivation qui en résultent, des enseignants transforment certains de leurs cours en tribunes politiques, procèdent à l'endoctrinement des étudiants et à leur enrôlement dans les divers partis où ils militent.

Des enseignants sont contraints, par les difficultés sociales nées de l'inconfort matériel et du caractère peu attrayant de l'Enseignement Supérieur, de consacrer une part importante de leur temps à des activités parallèles et de mettre en place des stratégies de survie dépendant, pour une grande partie, des coopérations étrangères et des ONG, s'ils n'émigrent pas vers les pays riches. D'autres deviennent le personnel des cabinets ministériels et abandonnent les étudiants à eux-mêmes, cessant par conséquent d'être un modèle pour eux. Ainsi, on assiste à un mauvais ratio enseignants / étudiants: en 2001, ce ratio était de 1 enseignant pour 60 étudiants, alors que la norme internationale est de 1 enseignant pour 25 étudiants.

Les enseignants ne sont pas les seuls acteurs du monde universitaire à avoir de mauvaises conditions de vie et de travail. C'est aussi le cas des étudiants.

B- Relativement aux étudiants

Les étudiants, généralement issus de parents pauvres, ne jouissent pas non plus des meilleures conditions de vie et de travail. Ces conditions sont devenues difficiles à la suite de l'abandon brutal par l'Etat de la politique sociale. On assiste à la réduction des prestations sociales. La gratuité des cars de transport est supprimée; les résidences universitaires sont exiguës et délabrées; des toilettes sont hors service ; la bourse et le nombre de boursiers sont considérablement réduits.

Dans ces conditions, la quête du savoir est reléguée au second plan. Les étudiants mettent leur espoir davantage dans le fait d'avoir que dans celui d'être. Leur objectif premier est la satisfaction des besoins physiologiques. L'on comprend mieux le choix de ces étudiants grâce à la théorie des besoins de MASLOW18(*). Ce dernier distingue cinq grandes catégories de besoins : les besoins physiologiques, les besoins de protection et de sécurité, les besoins d'amour et d'appartenance, les besoins d'estime de soi et de considération et les besoins d'actualisation de soi (besoin de s'accomplir et de se réaliser).

Les besoins physiologiques sont des besoins dont la satisfaction est importante ou nécessaire pour la survie. Ils sont donc prioritaires. C'est pourquoi, généralement, une personne cherche à satisfaire ces besoins avant tous les autres. Il s'agit des besoins d'oxygène, de liquides, de nourriture, de maintien de la température corporelle, d'élimination, de logement, de repos et de rapports sexuels.

Au regard de cette théorie, plusieurs besoins physiologiques de l'étudiant, notamment les besoins de logement et de nourriture sont loin d'être satisfaits. Cette insatisfaction engendre des sentiments de frustration individuelle. D'après AZZI et KLEIN, « l'accumulation de sentiments de frustration et de colère chez plusieurs individus, [qui] produit le potentiel nécessaire à l'engagement dans des actes violents »19(*). Cet engagement dans les actes violents  se manifeste à travers une action collective20(*).

Ainsi, la première cause de la violence en milieu universitaire est relative au dysfonctionnement de l'institution. Ce dysfonctionnement s'exprime par sa faible capacité d'accueil et les mauvaises conditions de travail des acteurs du monde universitaire. Quant à la seconde cause, elle est d'ordre conjoncturel.

Section II : Les causes liées à la conjoncture sociale

L'Université peut être considérée comme le microcosme du macrocosme qu'est l'Etat. C'est dire que l'Université ne peut être épargnée par les changements, les tâtonnements, les instabilités et les grands mouvements d'ordre social. Ils ne sauraient laisser l'Université indifférente dans la mesure où il lui est impossible de vivre en vase clos. Ainsi, la violence en milieu universitaire prend sa source dans la situation générale de crise dans laquelle le pays est plongé.

Les aspects de cette crise qui compromettent la continuité de l'Université sont, d'une part, économique et politique (Paragraphe I) et, d'autre part, psychologique et moral (Paragraphe II). Et les causes de la violence épousent chacune de ces dimensions.

Paragraphe I- Les Causes économique et politique

Les premières causes de la violence en milieu universitaire liées à la conjoncture sociale sont d'ordre économique (A) et politique (B).

A- La cause économique

A la période dite du "miracle ivoirien" « caractérisée par la disponibilité financière, le faste des investissements et, de façon générale, l'importance des dépenses publiques »21(*) succède une crise économique. En effet, à partir de 1980, les prix des produits agricoles essentiels (café, cacao,...) chutent sur le marché international. Egalement, le fardeau de la dette s'alourdit. Ainsi, l'économie ivoirienne sombre dans une profonde récession. L'Etat est obligé d'accepter la mise en place d'une politique d'ajustement structurel (PAS) imposée par le Fonds Monétaire International. Ce PAS conduit à la réduction des dépenses de l'Etat au strict minimum ; ce qui implique une diminution du budget de fonctionnement des institutions étatiques, notamment celui des universités. Ainsi, dans le budget général de fonctionnement accordé à l'éducation, seulement 18% sont réservés à l'enseignement supérieur22(*).Selon le professeur EHILE Etienne, Président de l'Université d'Abobo-Adjamé, la réduction du budget des Universités a lieu sans considération d'une inflation qui est d'environ 228 %23(*). A cela, il faut ajouter le gel fréquent de 25 % de ce budget ; ce qui produit en réalité, une baisse constante du budget des institutions et de leur pouvoir financier.

Cette crise économique sera à l'origine des troubles scolaires et universitaires, à partir de 1982. Par ailleurs, le chômage grandissant qu'elle induit conforte les étudiants dans leur conviction de « génération sacrifiée » ; ce qui amène les étudiants à prolonger leur séjour à l'Université pour continuer, grâce à la violence et aux intimidations, à profiter des maigres avantages sociaux et à pérenniser la violence en l'enseignant aux jeunes générations.

Cette cause d'ordre économique de la violence a favorisé l'entrée de la politique dans le milieu universitaire.

B- La cause politique

La raréfaction des bourses d'études et la dégradation du cadre de vie et de travail des acteurs de l'Université, a préparé le milieu estudiantin à un bouillonnement certain. Ils ont servi de terreau à la réalisation des aspirations politiques d'autres acteurs sociaux qui ont fait des revendications des étudiants le sésame pour ouvrir la porte d'accès au multipartisme.

Ainsi, sur les revendications corporatistes s'est greffée une exigence de libéralisation du paysage politique dont les étudiants vont se faire le fer de lance dès la nuit du 19 février 1990 pour ne pas lâcher prise jusqu'à l'acceptation du retour au multipartisme le 30 avril 1990.

Depuis, chaque force politique s'évertue à avoir une maîtrise sur le milieu universitaire considéré comme l'un des espaces stratégiques à régenter pour qui veut conquérir et préserver le pouvoir d'Etat. Charles Blé GOUDE24(*) ne dit d'ailleurs pas le contraire quand il affirme : « ...l'école étant un lieu névralgique, les clans politiques y ont trouvé un espace d'affrontement »25(*). On comprend dès lors que certains partis politiques organisent "des parrainages" des syndicats d'étudiants, d'enseignants et d'administratifs qui leur sont affiliés. Lors d'un discours, Mr Laurent GBAGBO s'est même félicité des relations entre son parti et des syndicats du milieu universitaire: « Quand on dit que les enseignants et les étudiants sont soutenus et manipulés par le FPI, je voudrais affirmer ici haut et fort pour tout le monde que s'est un honneur pour le Front Populaire Ivoirien que de soutenir les mouvements syndicaux en lutte » 26(*). Le chômage grandissant, la pauvreté et l'appât du gain facile ont grandement facilité ce recrutement. L'Université devient le champ de bataille entre les partisans de la transformation de la vie politique et leurs adversaires. En effet, écartelés entre des partis politiques guidés par la seule volonté de conquête du pouvoir politique, les étudiants ne manquent pas souvent de manifester bruyamment leurs convictions politiques. Et il en résulte entre eux des affrontements. Des heurts entre étudiants avec comme arme la machette ont eu lieu lors du congrès de la FESCI de décembre 1998. Le poste de Secrétaire général était convoité par Blé GOUDE, Yayoro KARAMOKO et DJEGONNE-BI. Selon le professeur Yacouba KONATE, c'est en ce moment que « la machette sera déclinée en verbe »27(*). A l'issue de ce congrès, Blé GOUDE remporte les élections. Plus tard, en 2002, il affirmera que sa victoire sur ces adversaires est « la victoire de Laurent GBAGBO sur Alassane Dramane OUATTARA. »

En dehors des causes économique et politique, d'autres de nature psychologique et morale méritent d'être citées.

Paragraphe II- Les causes psychologique et sociale

L'analyse de la cause psychologique de la violence en milieu universitaire (A) précèdera celle de la cause sociale (B).

A- La cause psychologique

L'Université, comme toute institution, a pour fonction de protéger physiquement et psychologiquement les individus. Elle a également pour fonction de contenir et de donner forme aux désirs et aspirations des individus. En acceptant de confier les conditions de réalisation de leurs rêves à l'institution universitaire, les étudiants, en contrepartie, acceptent de s'approprier un ensemble de règles qui régissent le fonctionnement institutionnel. Ils acceptent donc les limites imposées par l'Université parce que celle-ci leur permet d'évoluer de façon harmonieuse.

Lorsque la crise multiforme qui frappe l'Etat s'aggrave, elle entraîne un dysfonctionnement de l'Université. Une difficulté survient à partir du moment où les faits de dysfonctionnement deviennent importants. Cela donne aux étudiants le sentiment qu'il y a une remise en cause de leurs projets, de leur identité, des repères. Dans ces conditions, ils se sentent trahi par l'institution universitaire, et n'acceptent plus les limites imposées par celle-ci. Le contrat entre les étudiants et l'Université est rompu. Des individus regroupés au sein d'association comme la FESCI vont alors créer des lois locales. Ils considèrent la désobéissance et la violence comme des solutions qui peuvent leur permettre de construire un avenir meilleur. La difficulté avec les lois locales, c'est qu'elles sont narcissiques. Une logique narcissique est nécessairement mortifère. Il n'y a pas de place pour deux. Tout individu qui sera contre la nouvelle loi sera perçu comme un ennemi à battre. L'ennemi battu, les tenants de la nouvelle loi sont renforcés dans leur position. Les étudiants sont désormais appréciés et valorisés en référence à la nouvelle loi locale. Les plus forts physiquement ou psychologiquement vont alors régulièrement imposer leurs "lois" aux plus faibles sans aucune mesure. Cette autorité acquise est nourrie par la capacité de ces derniers à défier l'ordre établi. Ainsi, face aux répressions des forces de l'ordre, les étudiants de la FESCI cherchent une côte de popularité consécutive à d'éventuels emprisonnements ou à des actes de bravoure liés au courage du combattant. Au prix de l'épreuve et du combat, ils sortent auréolés de gloire. C'est ainsi que des galons de général, de maréchal,... sont glanés et des surnoms tels CHEGUEVARA, MANDELA,... sont obtenus pour la cause des étudiants.

Il importe à présent d'examiner la cause sociale de la violence en milieu universitaire.

B- La cause sociale

L'enseignement supérieur est « comme le sommet de la nouvelle société, comme le centre névralgique d'où doit émaner la loi spirituelle du peuple » 28(*). Malheureusement, il n'en est rien pour nos universités en proie à une crise sociale consécutive à une crise de l'éducation de base.

Dans le temps, l'éducation des enfants était assurée par toute la société qui leur transmettait des valeurs morales.

De nos jours, cette éducation est le fait de la seule famille biologique. Or, la crise économique conduit les parents à rechercher inlassablement la subsistance pour nourrir la famille. Ainsi, ils n'ont pratiquement pas de temps à consacrer à leurs enfants. L'éducation de ces enfants est confiée à la fille de ménage qui est souvent analphabète. A leur entrée à l'Université, ils n'ont aucun repère. Par conséquent, la crise sociale à l'Université prend la forme d'une dégradation des moeurs. En effet, l'esprit qui devrait y être célébré, fait place au corps. La célébration du corps est mise en exergue par l'extravagance des tenues vestimentaires des étudiants et surtout des étudiantes ; ce qui est de nature à réveiller les instincts de certaines âmes sensibles et à occasionner des actes de violences à l'encontre des étudiantes.

La crise sociale à l'Université s'exprime également à travers l'irrespect de l'autorité. Le syndicalisme apparaît pour des étudiants comme un tremplin pour sortir de l'adolescence et affirmer leur « maturité ». Jouissant de l'impunité, ils défient alors l'autorité des enseignants, des responsables académiques et administratifs. Plongés dans le sentiment d'être exemptés de toutes sanctions et portés en héros par leurs camarades, ces étudiants supportent mal d'être ramenés à leur simple statut d'étudiants. Ils tolèrent difficilement la critique et la remise en cause. L'enseignant ou toutes autres personnes qui s'y aventurent, s'exposent à des représailles.

La peur qu'une telle situation inspire permet d'expliquer pourquoi des étudiants se substituent à certaines autorités administratives. Du fait de cette même situation, et par la force des faits, des étudiants obtiendront de leurs maîtres ce qu'ils ne méritent point. Cette perte de l'autorité académique a pour conséquence l'altération de la notoriété de l'institution universitaire.

Ainsi, les sources de la violence en milieu universitaire concernent d'une part, le dysfonctionnement de l'Université et, d'autre part, la conjoncture étatique.

Une meilleure connaissance du phénomène de la violence importe d'ajouter à l'examen de ses sources l'analyse de ses manifestations.

CHAPITRE II : LES MANIFESTATIONS DE LA VIOLENCE

EN MILIEU UNIVERSITAIRE

La violence en milieu universitaire s'exerce entre plusieurs acteurs avec les étudiants comme dénominateurs communs : violences à l'égard du personnel enseignant, du personnel administratif, à l'égard des étudiants, etc.

Quelque soit la cible, cette violence s'exprime en termes de violations des droits de l'Homme29(*). Il s'agit précisément de la violation des droits civils et politiques (section 1), d'une part, et de l'atteinte aux droits économiques, sociaux et culturels (section 2), d'autre part.

Section I : Les atteintes aux droits civils et politiques

Les droits civils et politiques sont les droits de la première génération. Encore qualifiés de libertés publiques, ces droits s'analysent comme des "droits-libertés". Ils assurent aux individus un ensemble de libertés conçues comme la faculté d'agir de manière indépendante dans certains domaines, faculté qui doit être respectée par l'Etat et qui représente par conséquent une limite pour le pouvoir étatique.

En milieu universitaire ivoirien, les droits rentrant dans cette catégorie et qui sont les plus violés concernent le droit à l'intégrité physique (Paragraphe I) et le droit à la liberté d'association (Paragraphe II).

Paragraphe I : le mépris du droit à l'intégrité physique

Le droit à l'intégrité physique s'entend de l'inviolabilité du corps humain. Ce droit regroupe le droit à la vie (A) et le droit de ne pas être torturé, de ne pas subir des sévices et traitements inhumains ou dégradants (B).

A- La violation du droit à la vie

Prévu par l'article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) du 10 décembre 1948 et par l'article 4 de la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples (CADHP) du 27 juin 1981 auxquelles la constitution du 1er août 200030(*), dans son préambule, proclame son attachement, le droit à la vie fait également l'objet de l'article 6 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP) du 10 décembre 1966 ratifié par la Côte d'Ivoire le 26 mars 199231(*). Ce droit interdit de priver un individu de sa vie.

Frédéric SUDRE qualifie le droit à la vie de premier des droits de l'Homme en ce sens que son respect est la condition nécessaire à l'exercice de tous les autres droits32(*). Malgré son importance particulière, le droit à la vie est constamment violé à l'Université. Les exemples sont légions à ce sujet.

En 2004, DODO Habib, dirigeant de l'Association Générale des Elèves et Etudiants de Côte d'Ivoire (AGEECI), un syndicat rival de la FESCI, a trouvé la mort. Il aurait été, après son enlèvement chez lui, pendu par des étudiants membres de cette organisation33(*).

Le lundi 25 juin 2007, DABO Abdoulaye, accusé par KOUKOUGNON Romuald, ancien membre de la FESCI sous DIBOPIEU Jean Yves34(*), de l'avoir grugé à Adjamé dans une affaire d'achat de téléphone portable, a été transporté manu militari aux alentours de 21h00, dans les broussailles du campus de Cocody. Il y a subi une violence inouïe. En effet, après avoir été battu à sang, DABO Abdoulaye a été transporté au Centre Hospitalier et Universitaire (CHU) de Cocody où il a rendu l'âme35(*).

Bien souvent, ces atteintes au droit à la vie sont précédées de mauvais traitements.

B- Les mauvais traitements

Les mauvais traitements sont prohibés par les articles 5 de la DUDH et de la CADHP ; l'article 7 du PIDCP, et par l'article 3 de la constitution. Il faut signaler que le 18 décembre 199536(*), la Côte d'Ivoire a ratifié la Convention du 10 décembre 1984 contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Les mauvais traitements sont ceux qui infligent une souffrance dépassant « le seuil d'intensité minimum »37(*). L'évaluation ou l'appréciation de ce «minimum de gravité » est relative dans la mesure où elle doit tenir compte « de l'ensemble des données de la cause » 38(*). Il s'agit «notamment de la nature et du contexte du traitement ou de la peine ainsi que de ses modalités d'exécution, de sa durée, de ses effets physiques et mentaux, ainsi que, parfois, du sexe, de l'âge, et de l'état de santé de la victime » 39(*).

Ce critère du seuil de gravité sert aussi d'instrument de différenciation des mauvais traitements : « traitement dégradant (seuil minimum) ; traitement inhumain (seuil intermédiaire) ou torture (seuil supérieur) » 40(*). L'Université offre plusieurs illustrations de ces types de violences.

Concernant le traitement dégradant, il est celui qui « humilie l'individu grossièrement devant autrui ou le pousse à agir contre sa volonté ou sa conscience »41(*). Il en va de même d'un traitement qui abaisse l'individu «à ses propres yeux».42(*)

A l'Université de Bouaké, un enseignant en a été l'objet en 2002. Celui-ci a été poursuivi par des étudiants en année de maîtrise de Droit. Rattrapé hors de l'Université, il a été déshabillé jusqu'au caleçon et battu. Les étudiants en question ont reproché à l'enseignant d'avoir refusé le repêchage des moyennes de fin d'année jusqu'à un seuil jugé raisonnable.43(*) Si donc des enseignants, les maîtres, subissent des actes de violence de la part des étudiants, c'est dire que les étudiants eux-mêmes, notamment les étudiantes, ne sont épargnés. La violence exercée à l'égard de ces dernières44(*) rentre dans la catégorie de traitement dégradant. Ainsi, la Division des Droits de l'Homme de l'ONUCI affirme que le 23 juin 2004, mademoiselle SORO. N, membre de l'AGEECI, fut interpellée par des membres de la FESCI et conduite à leur siège, alors qu'elle distribuait des affiches sur la mort de DODO Habib. N'ayant pu lui soutirer des informations, ces derniers l'ont déshabillé et enfermé dans un cachot où l'un d'entre eux l'a violée. Ce viol a été confirmé par un certificat médical45(*).

Quant au traitement inhumain, il est « celui qui provoque volontairement des souffrances mentales ou physiques d'une intensité particulière »46(*).

Des étudiants de la FESCI se sont illustrés à travers des actes de traitement inhumain.

La Division des Droits de l'Homme de l'ONUCI relève qu'à Koumassi, le 17 mars 2006, ces derniers ont extrait avec barbarie, des femmes âgées de leur chambre où elles dormaient. Les étudiants de la FESCI les ont traînées sur la voie publique pendant 400 mètres et tabassées. Les étudiants les ont obligées à boire de l'eau stagnante qui a été déversée sur elles avant de les asperger de pétrole. Une d'elle a reçu un coup à la mâchoire avec un pistolet qui lui a fendillé la lèvre47(*).

Relativement, enfin, à la torture, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants en donne une définition48(*). Elle fait partie des moyens habituels d'extorsion de renseignements ou d'aveux aux personnes arrêtées dans les commissariats de police, les brigades de gendarmerie et même dans certaines garnisons. Ses formes n'ont de limite que l'imagination de leurs auteurs. Rentrent dans cette catégorie de traitements cruels les bastonnades systématiques avec des objets variés. Selon le Mouvement Burkinabé des Droits de l'Homme et des Peuples, « les tortures laissent des lésions organiques et/ou psychiques » 49(*). Un cas révélateur de torture peut être cité.

Selon AMNESTY INTERNATIONAL 50(*), le 27 septembre 1995 au soir, Guillaume Kibafori SORO, alors secrétaire général de la FESCI, est interpellé par les membres des forces de sécurité appartenant à la Direction de la Sécurité du Territoire (DST). Les jours suivants, au moins huit autres membres de la FESCI sont à leur tour arrêtés, puis tous détenus au secret sans inculpation durant plus de deux mois. Or, c'est généralement durant les périodes de détention au secret, alors que les suspects n'ont accès ni à leurs familles, ni à un avocat, ni dans certains cas, à un médecin, qu'ont lieu la plupart des cas de torture. C'est ainsi que le 2 décembre, certains des étudiants, au moment de leur libération, portaient des traces visibles de torture. L'un d'eux avait les pieds enflés probablement pour avoir été battus sur la plante des pieds. Un autre, Charles BLE GOUDE, avait été hospitalisé, le 29 novembre, à la suite d'une tentative de suicide due, selon lui, au stress d'une longue détention au secret.

Les violations des droits civils et politiques touchent aussi la liberté d'association et à la liberté de circulation.

Paragraphe II : L'hostilité à l'égard de la liberté d'association et de la liberté de

Circulation

La liberté d'association (A) et la liberté de circulation (B) ne sont pas non plus épargnées. Elles font parties, à notre sens, des droits de la première génération les plus violés sur l'espace universitaire. Il importe de les examiner l'un après l'autre.

A- Le mépris à l'égard de la liberté d'association

La liberté d'association est consacrée par les articles 20 de la DUDH, 22 du PIDCP, 10 de la CADHP et régie par la loi ivoirienne N° 60-315 du 21 septembre 1960 relative aux associations.

 La liberté d'association suppose que les individus peuvent créer des associations et y adhérer sans que cette liberté soit subordonnée à une autorisation de l'Etat. L'exercice de cette liberté requiert d'autres libertés, notamment les libertés de réunion et d'expression.

La liberté de réunion suppose que « les participants à une manifestation doivent pouvoir la tenir sans avoir à redouter des brutalités que leur infligeraient leurs adversaires. Pareille crainte risquerait de dissuader les associations ou autres groupes défendant des opinions ou intérêts communs de s'exprimer ouvertement sur les thèmes brûlants de la vie de la collectivité » 51(*).

Dans le milieu universitaire, la FESCI inspire une telle crainte, empêchant ainsi d'autres associations de s'y réunir. Celles qui s'entêtent à le faire subissent son courroux. C'est le cas de l'AGEECI. Justifiant les brutalités à l'égard de cette organisation, l'ex-Secrétaire général de la FESCI, Serge KOFFI affirme que « l'AGEECI n'est pas une organisation étudiante et nous ne pouvons pas les laisser se réunir sur le campus » 52(*).

La liberté d'expression, quant à elle, implique la liberté de pensée et la liberté d'information. Celle-ci ne semble exister que pour la FESCI. Selon la Division des Droits de l'Homme de l'ONUCI, deux étudiants membres de l'AGEECI distribuaient des prospectus à la gare Nord à Adjamé, le jeudi 14 juillet 2005, pour annoncer la tenue d'une conférence publique de leur organisation. Pour cette raison, ils ont été enlevés par des éléments de la FESCI et conduits à la cité rouge de Cocody. A leur libération, les membres de l'AGEECI avaient le visage tuméfié et des écorchures aux coudes et aux genoux. L'en d'eux avait les dents cassées53(*).

Qu'en est-il de la liberté de circulation ?

B- La violation de liberté de circulation

La liberté de circulation est protégée par l'article 13 de la DUDH, l'article 12 du PIDCP et de la CADHP. Elle inclut la liberté de déplacement, souvent désignée comme la liberté d'aller et de venir. Cette liberté suppose tant la liberté de circulation dans un Etat que celle de sortir d'un Etat54(*).

La liberté d'aller et de venir des acteurs du monde universitaire est constamment entravée par des étudiants manifestant leur mécontentement. Ces étudiants ont l'habitude d'exprimer leur colère en fermant des voies ouvertes à la circulation, en particulier celles qui sont aux abords des cités universitaires. Les objets utilisés à cet effet sont des tables, des pneus brûlés, des troncs d'arbres, des briques,...Pendant ces manifestations, les étudiants vont jusqu'à se substituer aux forces de l'ordre en procédant à des contrôles d'identité et des fouilles corporelles.

Le 22 avril 1993, des manifestations à la cité universitaire de Yopougon sont ponctuées par des poses de barricades sur la voie publique et débouchent sur l'incendie d'un autobus de la Société de Transport Abidjanais (SOTRA).

Les droits civils et politiques ne sont pas la seule génération des droits de l'Homme qui est méprisée sur l'espace universitaire ivoirien. Les droits économiques sociaux et culturels subissent le même sort.

Section II : La violation des droits économiques, sociaux et culturels

Les droits économiques, sociaux et culturels sont les droits de la deuxième génération. Vus comme des "droits-créances", ils permettent aux individus de réclamer certaines prestations à la collectivité représentée par les pouvoirs publics. Ils présupposent aussi, non plus une conception libérale de l'Etat, qui implique que ce dernier représente un risque pour l'indépendance individuelle, mais une conception de l'"Etat providence" doté d'un pouvoir d'intervenir dans la vie sociale.

A l'Université, les droits économiques, sociaux et culturels sont bafoués. Parmi ces droits, l'on peut citer le droit à l'éducation et le droit à la propriété (Paragraphe I), ainsi que le droit au travail et le droit au logement (Paragraphe II).

Paragraphe I: La négation du droit à l'éducation et du droit à la propriété

Il convient d'analyser d'abord la violation du droit à l'éducation avant de voir celle relative au droit à la propriété.

A- La violation du droit à l'éducation

Le droit à l'éducation est protégé par l'article 26 de la DUDH, l'article 13 du PIDESC, l'article 17 de la CADHP et par l'article 7de la constitution ivoirienne.

Le droit à l'éducation recouvre le droit qu'a toute personne d'acquérir des connaissances et des valeurs. Il renferme notamment le droit d'accès aux établissements scolaires existant à un moment donné et le droit d'obtenir la reconnaissance officielle des études accomplies conformément aux règles en vigueur dans l'Etat.

Dans l'enseignement supérieur ivoirien, la violation du droit à l'éducation est monnaie courante. La Division des Droits de l'Homme de l'ONUCI en donne des illustrations. Pendant la période de janvier à avril 2006, des grèves intermittentes menées aussi bien par les élèves et étudiants que par les enseignants, ont perturbé continuellement le secteur de l'éducation. La FESCI a même usé de violence physique pour imposer son mot d'ordre de boycott des cours.

A partir du 14 mars 2006, la Coordination Nationale des Enseignants et Chercheurs du supérieur (CNEC) a entamé une grève en vue de revendiquer une amélioration de conditions de vie et de travail. Aux motifs qu'ils ne voulaient pas d'une autre année invalidée, des éléments de la FESCI ont délogé les élèves des lycées et collèges de certaines communes d'Abidjan, notamment de Cocody. Ils ont en outre perpétré des violences et des vols dans les universités privées et grandes écoles telles que l'Université Canadienne et l'Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest (UCAO)55(*). Toutes ces perturbations du système universitaire produisent un effet de dévaluation des diplômes ivoiriens. Cette situation se donne d'être mieux constatée lorsqu'on se situe sur le plan international. En effet, les diplômes ivoiriens sont de moins en moins côtés. D'après le professeur EHILE Etienne, de 1991 à 1994, l'UNESCO a remis en cause le BAC ivoirien pour cause de tricherie et mauvaise organisation. La France, quant à elle, a exigé le recul d'une année pour tous les étudiants ivoiriens voulant s'y inscrire56(*).

En dehors du droit à l'éducation, le droit à la propriété n'est pas non plus épargné. Il est également bafoué.

B- L'hostilité à l'égard du droit à la propriété

Le droit à la propriété est consacré par l'article 17 de la DUDH, l'article 14 de la CADHP et l'article 15 de la constitution ivoirienne.

Le droit à la propriété est un droit réel conférant toutes les prérogatives que l'on peut avoir sur un bien. Malheureusement, l'on assiste sur l'espace universitaire à des formes de privations de propriété.

En 2003, le Président de la République a offert une aide financière aux étudiants déplacés internes. Ceux qui ont perçu leur part ont été contraints de verser un certain montant à la FESCI. Selon le témoignage de quelques étudiants, les retardataires n'ont pu percevoir la leur. La FESCI est passée après pour exiger cet argent auprès de l'administration universitaire chargée des bourses d'étudiants. Cette forme de racket s'étend souvent aux commerçants et tenancières de maquis établis sur le campus57(*).

Sur ces commerçants et autres tenancières de maquis installés dans le périmètre des différents campus universitaires pèse une espèce d'impôt mensuel instauré et recueilli par la FESCI. Refuser de payer, c'est s'exposer à des agressions ou à un déguerpissement des lieux.

Jean Yves DIBOPIEU, ex-Secrétaire général de la FESCI, confirme l'existence d'une telle pratique. Il soutient que cette pratique de racket sur les campus est triste, scandaleuse et antisyndicale. « ...La FESCI étant une structure vaste et complexe, certains individus, pour des raisons égoïstes, personnelles, se permettent des actions isolées » 58(*).

En dehors du droit à l'éducation et du droit à la propriété, le sort du droit au travail et celui du droit au logement ne sont guère meilleurs.

Paragraphe II : le mépris du droit au travail et du droit au logement

Le droit au travail et le droit au logement sont liés, car la violation de celui-là favorise celle de celui-ci. C'est pourquoi, l'analyse de la violation du droit au travail (A) précèdera celle du droit au logement (B).

A- La négation du droit au travail

Le droit au travail est prévu par l'article 23 de la DUDH, l'article 7 du PIDESC et l'article 14 de la constitution ivoirienne.

Il suppose que l'individu doit jouir de conditions de travail justes et favorables. Ce qui implique, notamment, la sécurité au travail. Cette sécurité est presque inexistante dans les universités de Côte d'Ivoire. Ainsi, baignant dans un climat d'insécurité quotidien et guidés par leur instinct de conservation, le personnel enseignant et le personnel administratif sont plus préoccupés, par leur intégrité physique que par le travail qu'ils doivent accomplir.

En effet, lors des manifestations de colère ou de grève, des étudiants brandissent souvent la violence physique pour inviter les enseignants à suspendre leurs cours. Ceux-ci préfèrent obtempérer en respectant le mot d'ordre des étudiants, plutôt que de se voir violenter.

Mme HAMDAN, professeur de Biosciences a été violentée par de la FESCI en avril 1999, dans l'exercice de ses fonctions. Lors d'une manifestation, certains étudiants dudit syndicat ont fait irruption dans la salle et l'ont roué de coups en plein cours59(*).

Les conditions de travail du personnel administratif ne sont pas non plus reluisantes en terme de sécurité. La forte pression qu'exerce la FESCI contribue largement à les maintenir dans le climat d'insécurité. Cela s'exprime par des menaces et aussi des actions violentes à l'endroit de ce personnel.

A l'Unité Régionale de l'Enseignement Supérieur (URES) de Korhogo en 2001, des étudiants ont exigé le départ du Directeur de l'Institution. Pour mettre en exécution leur revendication, ces étudiants ont d'abord séquestré leur Directeur. Ils l'ont ensuite conduit de l'URES à la préfecture de Korhogo, distante de 5 km, à pied et en culotte. Face à une telle situation, le Préfet a transmis la revendication des étudiants au ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et un nouveau Directeur a été désigné en Conseil des Ministres60(*).

Ce climat d'insécurité permet aux étudiants de faire la loi sur l'espace universitaire. Ils vont jusqu'à se substituer pratiquement au Centre Régional des OEuvres Universitaires (CROU) dans la gestion des logements d'étudiants.

B- La violation du droit au logement

Le droit au logement est protégé par l'article 25 de la DUDH, l'article 11 du PIDESC et l'article 7 de la Constitution ivoirienne.

Le logement constitue l'un des besoins essentiels les plus élémentaires de tout être humain, au même titre que la nourriture et l'habillement.

Dans le milieu universitaire, de nombreux étudiants en sont privés. Il est vrai que les résidences universitaires ne sont nombreuses. Seulement, la violation du droit au logement s'opère dans le cadre de la mauvaise gestion du peu de chambres existant.

S'il est vrai que la forte pression exercée par des étudiants sur le personnel administratif joue beaucoup en faveur de la gestion des chambres par ces étudiants, cette raison n'est pas suffisante. Il suffit d'interroger l'histoire récente pour s'en rendre compte. En effet, dès les premiers jours de la transition militaire, en 2000, avec l'onction du général GUEI Robert, la FESCI obtient la réouverture des cités universitaires que le régime BEDIE avait fermées pour réfection. Ainsi, le général donne à la FESCI les pleins pouvoirs en matière d'attribution des chambres en cité universitaire. La gestion de ce pouvoir par la FESCI laminera finalement le pouvoir des Directeurs de cités. Dans les chambres d'étudiants, la FESCI installe ou fait déguerpir qui elle veut, sans contrôle de l'administration universitaire. De nombreux étudiants boursiers qui ont droit à un logement en résidence universitaire en sont privés. Pendant ce temps, des personnes qui n'ont pas ou plus le statut d'étudiant monopolisent des chambres, parce qu'elles ont la faveur de la FESCI. D'autres étudiants disposent de plusieurs chambres qu'ils mettent en location. KAKOU Brou, plus connu sous l'appellation de Maréchal K.B, est un étudiant inscrit en thèse de doctorat. Il est présenté comme l'un des pères fondateurs de la FESCI. A la question d'un journaliste61(*) de savoir le nombre de chambres dont il dispose sur les 272 qu'il ni avoir en sa possession, il répond : «  je n'ai que 23 chambres ». Et pour justifier ce nombre de chambres, il affirme : «  seule la lutte paie ».

En somme, l'analyse de la violence en milieu universitaire nous aura permis de mieux découvrir ce phénomène. Grâce à cet examen, nous avons pu immerger dans la violence pour en ressortir ses sources et ses expressions.

Après ce diagnostic, sûrement non exhaustif, il est à présent possible, faute de pouvoir éradiquer la violence à l'Université, de proposer quelques pistes correctives

PARTIE II : LES PERSPECTIVES DE SOLUTIONS A LA VIOLENCE

EN MILIEU UNIVERSITAIRE

La réduction de la violence impose deux types d'actions : une sur l'organisation qui l'engendre et l'autre sur les comportements des acteurs qui la manifestent. Ces perspectives de solution seront en mesure d'agir profondément sur les causes et les manifestations retenues de la violence en milieu universitaire.

Ces perspectives se traduiront par des reformes à opérer à l'Université (Chapitre I) et par l'instauration au sein de cette institution d'un organe d'autorégulation de l'exercice des droits et libertés s'avère utile (Chapitre II).

CHAPITRE I : LA REFORME DE L'UNIVERSITE

TYEOULOU-DYELA appréhende les réformes institutionnelles comme celles « ayant une incidence ou une influence sur l'existence, l'organisation, les attributions et le fonctionnement d'une institution ou des institutions d'Etat »62(*). Ces reformes doivent être appliquées à l'Université en vue de réduire la violence en milieu universitaire. Du fait du caractère onéreux d'un tel ouvrage, l'Etat devra solliciter l'aide de partenaires.

Les reformes envisagées peuvent être classées en deux catégories : les reformes infrastructurelles (Section I) et les reformes superstructurelles (Section II).

Section I : les reformes infrastructurelles

L'Université est devenue exigue vue le grand nombre d'étudiants. Il importe de corriger cette situation, source de violence, en accroissant la capacité d'accueil de l'institution (Paragraphe I).

Les conditions de vie et de travail des acteurs du monde universitaire sont précaires. Il urge aussi de les améliorer (Paragraphe II).

Paragraphe I : L'augmentation de la capacité d'accueil de l'Université

L'amélioration de la capacité d'accueil de l'Université passe soit par la réhabilitation de ses infrastructures (A), soit par la décentralisation de ses structures (B).

A- la réhabilitation des infrastructures universitaires

Après un état des lieux des infrastructures universitaires, l'option sera prise par l'Etat, de rénover les locaux et les ramener à leur usage initial et officiel. Ainsi, la rénovation des infrastructures universitaires touchera les bâtiments, les salles de cours, salles de travaux dirigés et les amphithéâtres, les bureaux. Il s'agira de refaire les peintures, les portes et fenêtres, les plafonds, les murs fissurés...

Aussi, la réhabilitation des infrastructures universitaires devra aussi s'étendre au déguerpissement des cabines cellulaires, des photocopieuses établies en désordre et des vendeurs ou vendeuses de cigarettes anarchiquement installés. Ils seront remplacés par des espaces verts. Ce qui permettra de restaurer l'environnement universitaire en pleine dégradation.

Egalement, la réfection de lieux pouvant favoriser la tolérance et des échanges réciproques entre les différents acteurs du monde universitaire ne serait pas superflue. Ces cadres de convivialités (paillotes, cafétérias, salles polyvalentes,...contribueront à faire baisser quelque tension entre eux.

La réhabilitation des infrastructures universitaires ne suffira pas, à elle seule, à améliorer la capacité d'accueil de l'Université. La décentralisation de ses structures s'impose.

B- La décentralisation des structures universitaires

Il s'agit d'un processus qui permettra de désengorger l'université de Cocody. L'Etat avait entamé ce processus en créant les universités d'Abobo-Adjamé et de Bouaké, en vue de décongestionner l'Université-mère de Cocody. Malheureusement, cet objectif est resté un voeu pieux en raison de la démographie universitaire galopante. Aujourd'hui plus que jamais, il y a une impérieuse nécessité de réactiver la 6e orientation de l'Enseignement Supérieur qui est de « poursuivre la décentralisation des structures d'Enseignement Supérieur »63(*). La décentralisation ou la régionalisation des formations d'enseignement supérieur a pour avantage de rapprocher les structures de formation des populations. Elle permet également leur participation au développement régional, réduisant ainsi les lourdes inégalités que l'on observe, bien souvent, entre les régions. Selon le Professeur CISSE Ibrahim Bacongo, des dispositions sont en train d'être prises pour décongestionner l'université de Cocody qui à une population de 60.000 étudiants. Des universités seront créées à Man, San-pédro et Bondoukou et les URES de Daloa et Korhogo seront transformées en université de plein exercice64(*).

Ainsi, l'augmentation de la capacité d'accueil de l'Université à travers la réhabilitation des infrastructures et la décentralisation de l'Université permettra d'éviter une trop grande concentration des populations sur un même campus, source de promiscuité et de violence.

Cette action doit être complétée par l'amélioration des conditions de vie et de travail des acteurs du monde universitaire.

Paragraphe II : L'amélioration des conditions de vie et de travail des acteurs

du monde universitaire

La violence en milieu universitaire est également une réaction des acteurs de ce milieu contre leurs mauvaises conditions de vie et de travail. Il apparaît logique que l'amélioration de ces conditions tant pour les enseignants (A) que pour les étudiants (B) s'inscrive dans la lutte contre la violence.

A- Concernant les enseignants

Il est inutile de rappeler le rôle important d'éducateur et de modèle des étudiants assigné aux enseignants. Si ces derniers désertent les amphithéâtres et autres salles de travaux dirigés ou exercent leur fonction sans motivation, c'est dire que les étudiants n'auront aucun repère et vont s'embourber dans la violence. C'est pourquoi, l'Etat doit tout mettre en oeuvre pour revaloriser la fonction d'enseignant. Celle-ci peut se faire par l'amélioration de leurs conditions de travail: des bureaux avec un minimum de confort et des casiers devraient pouvoir être construits, des micros devraient être achetés pour les cours magistraux.

La revalorisation de la fonction d'enseignant par l'Etat serait possible par l'octroi d'un traitement juste et conséquent aux universitaires. Ce qui leur permettra de recouvrer l'autorité indispensable à leur mission d'éducateur. En agissant ainsi, l'Etat pourra les garder dans l'enseignement supérieur, y attirer les titulaires de doctorat et même faire revenir les expatriés. En effet, après des études équivalant à un BAC + 8 ou + 10, les chercheurs et enseignants ont le droit d'être logés à une bonne enseigne, au niveau de leur traitement.

En dehors des enseignants, l'Etat devra se pencher sur la situation des étudiants.

B- Relativement aux étudiants

S'adressant aux étudiants, le ministre CISSE Bacongo a affirmé que la violence, fille des conditions dans lesquelles vous vivez, avait fini par prendre le dessus dans votre milieu65(*). Cette assertion du ministre sous-entend que la réduction de la violence en milieu universitaire dépend également de l'amélioration des conditions de vie des étudiants. Ces conditions se sont si bien dégradées qu'il urge pour l'Etat de réagir. Une des réactions de l'Etat s'est traduite par 1'organisation d'un atelier de réflexion sur « l'amélioration des conditions de vie dans les résidences universitaires : quelles actions pour y parvenir ? », les 16, 17 et 18 novembre 2007, à l'Institut Industriel de l'Afrique de l'Ouest (IIAO), à Grand - Bassam, avec des syndicats et organisations d'étudiants66(*). L'objectif de cet atelier était de définir de façon consensuelle, les modalités d'« amélioration des conditions de vie dans les résidences universitaires, pour la poursuite de bonnes études universitaires et une cohabitation pacifique entre étudiants »67(*). Des propositions dignes d'intérêt, de nature à réduire la violence, ont été faites. Nous en citerons quelques unes.

Concernant la réhabilitation des résidences universitaires, elle aura lieu grâce à un fonds de réhabilitation constitué du prélèvement sur la caution versée pour les résidences, le budget du CROU et d'autres sources de financement à rechercher.

A propos de l'assainissement de l'environnement des résidences, il implique la création de nouvelles cités universitaires, l'expulsion des non étudiants des cités universitaires, la création de centres commerciaux modernes pour éviter les installations anarchiques, l'équipement et l'augmentation du nombre des médecins de cité et la réglementation de la sonorisation des maquis, jeux vidéo,...

Relativement à l'accroissement des capacités d'accueil, il est proposé à l'Etat son implication de l'Etat dans la recherche de nouveaux partenaires techniques et financiers pour la construction de nouvelles universités, l'implication des collectivités décentralisées dans la construction des cités universitaires et l'incitation des promoteurs privés à la construction de nouvelles résidences universitaires.

Quant aux loisirs et activités socioculturelles et sportives, il a été proposé la réhabilitation et la création de nouvelles infrastructures, l'intégration d'une politique de promotion du sport depuis le cycle primaire, la promotion des voyages de loisirs, la création de salles de jeux et cybercafés en résidences universitaires, l'organisation et la promotion des jeux de loisirs tels que les jeux de scrabble, d'échec, de dame, ...

Toutes ces propositions sont très séduisantes. Il reste maintenant à espérer que celles-ci ne restent pas lettre morte ; mais au contraire, qu'elles soient mises effectivement en pratique pour lutter contre la violence à l'Université.

Ainsi donc, les reformes infrastructurelles à envisager pour lutter efficacement contre la violence, doivent être de nature à améliorer tant la capacité d'accueil de l'Université que les conditions de vie et de travail des acteurs du monde universitaire.

Ce type de reformes ayant été réalisées, il est à présent possible d'appliquer une autre modalité de reforme.

Section II: Les reformes superstructurelles

Les reformes superstructurelles permettront de lutter contre la violence à l'Université en faisant de notre institution un levier du développement. A cet effet, ces reformes interviendront d'une part au niveau pédagogique (Paragraphe I), et d'autre part, sur le plan politico-stratégique (Paragraphe II).

Paragraphe I : Les reformes d'ordre pédagogique

Les reformes d'ordre pédagogique touche à l'introduction de l'éthique à l'Université (A) et à la redynamisation de la recherche scientifique (B).

A- La dimension éthique

L'aspect éthique occupe une place de choix dans les reformes d'ordre pédagogique.

Le terme "éthique"désigne « l'art de se conduire, de diriger sa conduite au milieu de l'ensemble des moeurs, coutumes et événements divers qui surgissent et troublent la tranquillité habituelle des choses »68(*). L'individu qui applique cet art de vivre, évite toutes démesures, notamment des actes de violence, dans ses relations avec les autres. Il l'acquiert en s'interrogeant sur la portée de ses actes, en se référant à lui-même, à sa conscience intérieure avant d'agir. Il ne peut effectuer ce mouvement réflexif que si des valeurs éthiques lui sont préalablement enseignées69(*). C'est pourquoi, lors de la formation pédagogique des enseignants, il serait bien d'attirer longuement leur attention sur leur responsabilité quant à leur rôle d'éducateur et de censeur vis à vis des étudiants, l'avenir de la nation. Egalement, les commissions scientifiques et pédagogiques se devraient d'évaluer de temps à autre, les cours des enseignants dans un souci de promotion de l'éthique de la connaissance. Une fiche des cours à dispenser pourrait être exigée à cet effet. Enfin, il serait utile d'instituer, dans toutes les Unités de Formation et de Recherche (UFR), un cours de morale et d'éthique pour les étudiants en vue de préparer des futurs cadres pleins de vertus. La préparation du cadre de demain passe déjà par le port de vêtements décents et non extravagants pour aller au cours.

Ainsi, la communauté universitaire sera d'autant dans la paix que ses membres se conformeront à l'éthique.

B- La redynamisation de la recherche

La redynamisation de la recherche doit d'abord consister à réduire les temps d'enseignement pour permettre aux chercheurs de mieux se consacrer aux activités de recherche. La revue à la hausse des primes de recherche serait une bonne source de motivation pour eux. Les résultats de ces recherches doivent être publiées dans des revues scientifiques. Il faudra donc multiplier ces revues pour chaque UFR.

La redynamisation de la recherche doit aussi permettre de recentrer les activités de recherche sur les problèmes de développement économique et social et sur l'amélioration du système éducatif, pour faire en sorte que l'enseignement supérieur et la recherche précèdent et accompagnent le développement de l'Etat.

Ainsi, les reformes d'ordre pédagogique, à travers l'introduction de l'éthique à l'Université et la redynamisation de la recherche, détournent la communauté universitaire de la violence. C'est aussi le cas des reformes d'ordre politico-stratégique.

Paragraphe II : Les reformes d'ordre politico-stratégique

Les reformes politico-stratégiques vont installer l'Université dans une position prospective. Elles vont créer une adéquation entre formation universitaire et emploi. Ce qui va fait naître en l'étudiant l'espoir d'un avenir heureux et lui ôter sa conviction de « génération sacrifiée ».

Ces reformes concernent l'instauration d'une politique de l'emploi (A) et la réorientation de la professionnalisation (B).

A- L'instauration d'une politique de l'emploi

L'une des causes de la violence à l'Université est le manque de débouchés pour les étudiants. L'instauration d'une politique de création d'emploi ou d'insertion des diplômés s'impose. Elle va faire naître en l'étudiant l'espoir d'un avenir heureux et lui ôter sa conviction de « génération sacrifiée », source de violence. Pour ce faire, l'Etat pourrait mettre en place un partenariat avec les opérateurs économiques, concrétisé notamment par leur participation aux organes de gestion des universités.

Par ailleurs, en sortant de l'Université, il va de soi que le diplômé ne possède aucune expérience professionnelle. Or, il est de notoriété publique que dans la plupart des appels d'offre d'emploi, les entreprises réclament aux postulants une expérience professionnelle. Il appartient par conséquent à l'Etat de procéder à un plaidoyer auprès de ces entreprises afin qu'elles revoient leur condition d'embauche. L'acceptation des entreprises serait facilitée par une meilleure professionnalisation de la formation.

B- La Réorientation de la professionnalisation

La professionnalisation est aussi un instrument de lutte contre la violence car, selon le professeur Lou Bamba, « l'Université qui forme à des emplois favorise la paix »70(*).

La professionnalisation vise à rendre l'étudiant apte à exercer un emploi dès sa sortie de l'Université. Elle lui permet donc d'être immédiatement opérationnel. Mais, la professionnalisation ne peut s'arrêter à ce point. Il importe d'améliorer la pertinence de l'enseignement supérieur en adaptant ses missions aux nouvelles exigences du développement économique, social et culturel autant, bien sûr, qu'au contexte national. C'est dire que la professionnalisation ne signifie pas seulement la formation à des métiers déjà existants ; mais bien plus, cela demande qu'on forme des femmes et des hommes de sorte qu'ils soient capables par eux-mêmes d'inventer des métiers, d'initier des actions innovantes, de se construire socialement.

CHAPITRE II : L'INSTAURATION D'UN OBSERVATOIRE

A L'UNIVERSITE

Un observatoire est « un organisme chargé de rassembler et de diffuser des informations relatives aux faits politiques, économiques, sociaux71(*) .»

La mise en place d'un observatoire pourrait aider à combattre la violence en milieu universitaire. La Ligue Ivoirienne des Droits de l'Homme (LIDHO) l'a si bien compris qu'à l'issue d'un séminaire sur « la violence en milieu universitaire » tenue du 1er au 3 décembre 2006 qu'elle a organisé, l'idée de création de l'Observatoire des Droits Et Libertés en Milieu Universitaire (ODELMU) a été retenue. Le 19 janvier 2007, cet observatoire a été officiellement installé.

L'intérêt d'un tel organe réside en sa double mission de promotion (Section I) et de protection (Section II) qu'elle mène.

Section I : La mission de promotion de la non violence

La promotion de la non violence consiste à sensibiliser l'opinion à la non violence et aux droits de l'Homme pour mieux les faire connaître et renforcer leur exercice. Elle contribue à la prévention de leur violation, décourage l'impunité, favorise une culture des droits de l'Homme et, à terme, donne aux individus et aux groupes des moyens d'agir72(*).

L'Observatoire des Droits Et Libertés en Milieu Universitaire73(*) s'est assigné une telle mission. En effet, selon l'article 1er de ses statuts, l'ODELMU « a pour objet de promouvoir les droits et libertés fondamentaux collectifs et individuels en milieu universitaire... »

La principale activité de promotion de la non violence que l'observatoire mène à l'Université est la formation des étudiants à la culture de la paix (Paragraphe I). En dehors de cette activité, la promotion de la non violence revêt d'autres formes (Paragraphe II).

Paragraphe I : La formation des étudiants à la culture de la paix

Selon l'UNESCO, « les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix74(*). » C'est dire que l'éducation à la culture de la paix peut s'analyser comme une solution à la violence à l'Université.

L'éducation à la culture de la paix consiste à inculquer aux étudiants un ensemble de valeurs, d'attitudes et de comportements qui traduisent le respect de la vie, de la personne humaine, de tous ses droits, le rejet de la violence et l'attachement aux principes de libertés, de justice, de solidarité, de tolérance et de compréhension entre les groupes et les individus75(*).

Les valeurs en question (A) doivent être transmises aux étudiants, à travers des méthodes et techniques appropriées (B).

A- Les valeurs à transmettre aux étudiants

L'analyse de l'article 1er de l'Acte Constitutif de l'UNESCO permet de dégager 7 valeurs76(*). Ces valeurs peuvent être regroupées en valeurs politico-juridiques, en valeurs sociales et en valeur écologique. Pour lutter contre la violence en milieu universitaire, il importe de privilégier les valeurs politico-juridiques et les valeurs sociales.

Les valeurs politico-juridiques sont aussi appelées valeurs de la citoyenneté. Et comme leur nom l'indique, ces valeurs ont une composante politique, la démocratie et une composante juridique, le Droit et les droits de l'Homme.

« Selon ses racines grecques, le mot démocratie désigne le pouvoir du peuple (démos, kratos) »77(*). Cette même idée est reprise plutard par Montesquieu qui écrit en 1748 ceci : « lorsque, dans la République, le peuple en corps a la souveraine puissance, c'est une démocratie ».78(*)

Le gouvernement démocratique repose sur le principe que le peuple est souverain : chaque citoyen détient une parcelle de pouvoir, de souveraineté. C'est le gouvernement du peuple par le peuple (selon la règle de la majorité). Dans ce système de gouvernement, l'individu connaît le sens et le mode de participation adéquat à la vie politique. Le droit positif et les droits et libertés y sont respectés et s'épanouissent.

La dimension politique étant une dimension indispensable et incontournable pour « être homme »79(*), on comprend que les acteurs de l'Université ne puissent se départir de la politique. Au contraire, ils doivent participer sainement à la vie politique. Pour ce faire, ces étudiants doivent être éduqués à la citoyenneté. Les valeurs reçues les aideront à s'extraire du parrainage des partis politiques et à s'affranchir des manipulations politiciennes de toutes sortes. Ils pourraient, par conséquent, être imbibés du respect de la dignité humaine et mettre ainsi fin aux manifestations de la violence, aux violations des droits de l'Homme.

L'importance de ces valeurs politico-juridiques a amené l'ODELMU à inscrire, parmi les 3 thèmes80(*) de son premier atelier de formation, un thème sur « les droits de l'Homme ». Cet atelier de formation a eu lieu le 8 février 2007, à l'INADES-FORMATION. Ce thème a été animé par le professeur DEGNI SEGUI, professeur agrégé de droit public. L'atelier, comme tous les autres, a regroupé toutes les 25 organisations d'étudiants, d'enseignants et de personnel administratif membres de l'ODELMU, chacune représentée par 3 membres.

Les valeurs sociales, quant à elles, sont « liées au sens moral de l'individu»81(*). Ces valeurs favorisent la coexistence pacifique entre les individus. Ainsi, inculquées à la communauté universitaire, elles permettront de mettre fin à la violence et d'instaurer la cohésion sociale à l'Université, à travers la non violence, la tolérance et la solidarité.

La non violence est caractérisée par le refus d'utiliser la violence pour atteindre ses buts. Se prononçant en faveur de la non-violence dans la lutte contre la ségrégation raciale, Martin Luther King affirme : « [...] par votre souffrance et votre volonté d'accepter les coups sans y répondre, vous vous mettez alors en situation d'influencer le comportement de votre adversaire, vous mettez à nu ses valeurs morales et le rendez vulnérable... »82(*)

La tolérance implique l'indulgence et la compréhension patientes. C'est la capacité à admettre le point de vue d'autrui et à avoir l'ouverture d'esprit.

Relativement à la solidarité, elle est un sentiment qui pousse les hommes à s'accorder une aide mutuelle. Aussi, l'éducation des étudiants à la solidarité visera à développer chez ces derniers le sens de la générosité et d'ouverture sur l'entraide réciproque.

Ainsi donc, l'éducation des étudiants aux valeurs sociales leur communiquera le sens de la responsabilité, le respect de soi et l'ouverture dans les relations humaines. Ce qui aura pour effet de corriger la dégradation des moeurs et l'irrespect de l'autorité.

Egalement, sachant que «  le conflit est une partie intégrante de toute organisation sociale »83(*) , l'Université ne saurait en être épargnée. Il appartiendra aux étudiants de le gérer à travers des techniques pacifiques : la communication non violente, la médiation, la négociation,...C'est pourquoi, lors du 1er atelier, les participants ont aussi été instruits sur la « méthodologie de lutte contre la non violence », animée par le docteur DJE BI TCHAN, enseignant de psychologue à l'université de Cocody. Aussi, le 26 avril 2007, un autre atelier de formation a eu lieu sur « les méthodes de gestion pacifiques des conflits ». Son animation a été confiée au cabinet NETWORK of EDUCATION AND PEACE CARETEKERS.

S'il est vrai que les valeurs politico-juridiques et les valeurs sociales peuvent résoudre la question de la violence en milieu universitaire, encore faut-il qu'elles soient transmises aux étudiants de façon appropriée.

B- La transmission des valeurs aux étudiants

L'émergence d'un climat de paix, de liberté et de sécurité à l'Université dépend des stratégies pédagogiques utilisées pour transmettre les valeurs politico-juridiques et sociales aux acteurs. Les méthodes adéquates sont dites méthodes actives. L'ODELMU, dans le cadre des formations organisées à l'intention des associations et autres syndicats intervenant dans le milieu universitaire, a opté pour ces méthodes. Il s'agit de méthodes centrées sur l'action. Ce qui fait des apprenants les acteurs de la pédagogie. C'est pourquoi, les méthodes actives sont considérées comme des instruments d'apprentissage à mettre exclusivement entre les mains des apprenants.

Les méthodes actives font appel à des exercices pratiques permettant de mettre en application les valeurs politico-juridiques et les valeurs sociales, de vivre ces valeurs dans une certaine interaction. Par cette interaction, les acteurs de l'Université font progressivement l'expérience d'une vie harmonieuse débarrassée de la violence. C'est pour atteindre cet objectif que l'ODELMU a choisi, pour l'éducation de ces derniers, la formule des ateliers de formation.

Il est vrai que l'éducation à la paix des acteurs de l'Université est sa principale activité de promotion de la non violence ; mais en dehors de cet aspect, l'ODELMU organise d'autres activités.

Paragraphe II : Les autres activités de promotion de la non violence

Les autres activités de l'ODELMU de promotion de la non violence à l'Université concerne une action d'éveil de l'intérêt des étudiants pour les activités intellectuelles (A) et une campagne de sensibilisation sur la non violence (B).

A- L'action d'éveil de l'intérêt des étudiants pour les activités intellectuelles

Il importe de signaler que l'ODELMU, pour être efficace contre la violence, est composé et animé par des associations d'étudiants, de personnel administratif et d'enseignants. En réunissant ces différents acteurs du monde universitaire au sein d'une même structure, l'ODELMU favorise leur rapprochement qui permet de briser le mur de méfiance. Un tel rapprochement devrait être entretenu par l'organisation d'activités de réflexion sur l'actualité en rapport avec des thèmes liés à la non violence et d'autres vertus sociales. Il s'agirait, pour l'observatoire, d'amener les acteurs de l'Université à confronter sainement leurs différences par des conférences et débats publics mensuels en milieu universitaire, dirigés par des personnalités pouvant être des exemples pour la jeunesse. A ce niveau, le mérite de l'Observatoire des Droits Et Libertés en Milieu Universitaire aurait été de créer un cadre d'échanges entre les différents acteurs afin de les amener, non plus à se battre, mais à débattre car, « on n'éclaire point les esprits avec la flamme des bûchers, parce que la vérité luit de sa propre lumière »84(*).

Malheureusement, l'ODELMU n'a pu organiser de conférences et débats publics à l'Université. Cette situation trouve sa justification dans la perturbation de son planning d'activités due à la grève des enseignants du supérieur déclenchée le 13 avril 2007, de la destruction du siège de la LIDHO par des étudiants de la FESCI. Vue leur importance, l'ODELMU doit se pencher sur l'organisation des conférences et débats publics qui contribueront fortement à faire reculer la violence.

S'il est vrai que l'ODELMU n'a pas encore fait ce type d'action d'éveil de l'intérêt des étudiants pour les activités intellectuelles, elle a pu organiser une campagne de sensibilisation.

B- L'organisation d'une campagne de sensibilisation

Un ensemble d'activités coordonnées entreprises sur une période définie, peuvent aider également à réduire la violence à l'Université. Ces activités éducatives, culturelles et informatives s'inscriront dans une stratégie de proximité, autour de la thématique de la non violence dans les cités universitaires.

L'ODELMU a expérimenté cette forme de promotion de la non violence du 29 septembre au 6 octobre 2007. Le thème retenu était «  la non violence active dans les milieux estudiantins ».

La première phase de cette campagne de sensibilisation à connu deux étapes. D'abord, dans la matinée, il y a eu le lancement officiel de la campagne en présence de personnalités politiques, académiques et de la société civile, ainsi qu'une conférence de presse animée conjointement par messieurs. Marcel SEA85(*) et Yves ORHEGA86(*). Ensuite, dans l'après-midi, un tournoi de football interuniversitaire dénommé « le tournoi de la non violence », a eu lieu. Il a mis en compétition des équipes des universités de Cocody, de Bouaké et d'Abobo-Adjamé.

La dernière phase de cette campagne de sensibilisation a consisté en une opération d'affichage et de distribution de prospectus dans les résidences et campus universitaires d'Abidjan. Des textes protecteurs des droits de l'Homme ont été par la même occasion distribués aux acteurs du monde universitaire. Cette opération a été faite par des associations et syndicats d'étudiants membres de l'ODELMU.

Il convient de relever que la FESCI a été favorable à l'organisation de la campagne. Cependant, malgré des contacts réguliers que l'ODELMU ne cesse de multipliés avec elle, la FESCI ne s'est pas encore faite représenter en son sein.

En dehors de sa mission de promotion des droits de l'Homme, l'observatoire exerce aussi une mission de protection des droits de l'Homme.

Section II : La mission de protection contre la violence

«  Le concept de protection englobe toutes les activités visant à garantir le plein respect des droits de la personne conformément à la lettre et à l'esprit des corpus juridiques pertinents (c'est-à-dire le droit relatif aux droits de l'Homme, le droit humanitaire et le droit des refugiés) »87(*).

A travers cette mission de protection, l'observatoire se présente comme un espace permanent de témoignage ou d'échanges d'informations sur les violences subies à l'Université. Il contribue ainsi à rendre aux victimes leur dignité en leur restituant la parole.

La mission de protection de l'observatoire s'exerce à travers l'enquête sur les violations des droits de l'Homme (Paragraphe I) qui est complétée par d'autres activités de protection (Paragraphe II).

Paragraphe I : L'enquête sur les violations des droits de l'Homme

L'article 5 du statut de l'ODELMU énonce qu'elle a pour objectif général de répertorier et de dénoncer les situations d'abus ou d'atteintes aux droits et libertés. Consciente de l'importance de cette mission, l'équipe de coordination88(*) du « projet d'éducation civique et de lutte contre la violence en milieu universitaire : création et animation d'un observatoire des droits et libertés en milieu universitaire », a organisé un atelier de formation sur la question89(*). Un secrétariat chargé des saisines et des enquêtes a été créé au sein de l'ODELMU. Mais, à cause de problèmes de fonctionnement, l'ODELMU n'a pas encore abordé ce volet de sa mission.

Comment doit-elle mener à bien une enquête sur les violences en milieu universitaire ?

A- Le déroulement de l'enquête sur les violences en milieu universitaire

Une enquête sur un cas ou une allégation de violation des droits humains consiste à recueillir ou à rechercher des données qui prouvent ou démentent que l'agression a eu lieu et montrent de quelle manière elle s'est produite, et à vérifier les allégations ou les rumeurs90(*).

Toutes les recherches qu'entreprendra l'ODELMU en vue de se documenter sur des cas présumés de violations des droits de l'Homme doivent être guidées par des principes stricts91(*).

L'enquêteur de l'ODELMU doit recevoir des faits précis se rapportant notamment à l'identité des personnes (victimes ou auteurs), à la date et au lieu des faits incriminés, à la description de ceux-ci, aux éléments de preuves ou témoignages (documents, armes...).

L'observateur se doit également d'être impartial et objectif. Il doit donc se dépouiller de préjugés et ne prendre en compte que les faits et non les parties au conflit ou leur qualité. La neutralité est la condition de réussite de l'enquête. Cela implique d'ailleurs le respect des parties qui suppose que l'enquêteur coopère sans exclusive ni discrimination avec toutes ces personnes. Ainsi, après avoir écouté la ou les victimes, il doit aussi écouter le ou les auteurs présumés des violations. Concernant ces derniers, leur version des faits permettra d'avoir une idée approximative et plus réelle desdits faits.

Enfin, l'efficacité de l'enquête dépend du principe de la confidentialité de la procédure. Ce principe impose de ne pas diffuser des informations qui pourraient amener les auteurs présumés des faits à en dissimuler certains ou à détruire des preuves susceptibles d'éclairer lesdits faits, tant que n'a pas pris fin la procédure.

La procédure d'enquête sur un cas présumé de violence à l'Université peut se dérouler en trois phases principales.

D'abord, l'enquêteur de l'ODELMU doit établir le contact avec la personne à interviewer. Il s'agit, pour lui, de chercher à gagner la confiance de l'interlocuteur. Après quoi, il pourra recueillir certains renseignements élémentaires, mais indispensables à la compréhension des faits.

Ensuite, pendant l'audition proprement dite, il convient de poser des questions simples et correctes et éviter des questions tendancieuses ou orientées. les informations recueillis par l'observateur doivent être consignées par écrits, par la prise de notes et, au besoin, en utilisant les mots et expressions de l'interlocuteur. Elles peuvent aussi faire l'objet d'un enregistrement92(*).

Enfin, il lui appartient de faire l'évaluation de l'information reçu. Il s'agit pour lui d'apprécier les faits à l'aide de témoignages recoupés et dignes de foi, des dossiers médicaux, de l'existence de blessures corporelles, de dégâts matériels,...

L'enquête sur les cas de violations présumées des droits de l'Homme doit déboucher nécessairement sur un rapport.

B- Le rapport d'enquête sur les violences en milieu universitaire

La rédaction du rapport est une phase très importante, en ce que ledit rapport constitue le résultat de l'enquête. D'ailleurs, quelle serait une enquête sans le rapport qui la matérialise ?

Le rapport comporte généralement trois parties : les faits, les conclusions et les recommandations.

Les faits sont relatifs aux informations recueillies par l'observateur de l'ODELMU. Elles se ramènent aux faits incriminés. A ce niveau, il est important que l'observateur exclu tous jugements de valeur.

Les conclusions sont les réponses à la question fondamentale posée à l'enquêteur et qui est de savoir s'il y a eu violation des droits de l'Homme. Cette réponse découle logiquement de l'analyse analyse des faits. C'est dire qu'avant de répondre à la question, l'observateur de l'ODELMU doit procéder à une qualification juridique des faits. Elle consiste à confronter les faits aux instruments de protection des droits de l'Homme.

Enfin, les recommandations sont les propositions concrètes et les conseils utiles de l'enquêteur.

Le rapport rédigé, il reste maintenant l'étape la plus importante : sa publication. La publication des résultats des enquêtes rend les auteurs de violation comptables de leurs actes. Pour les victimes, il s'agit d'une forme de reconnaissance et de soutien. Il est important que le rapport soit publié sous réserve des précautions nécessaires à la protection de la vie privée des victimes.

La création d'un partenariat entre l'observatoire et les médias, notamment les chaînes de radio internationales, les médias locaux (journaux, radio,...) pour une large diffusion de tous les rapports produits serait très utile pour la protection des droits de l'Homme.

Aussi, l'installation d'"un téléphone vert" fonctionnant 24h sur 24 et où seront dénoncés tous les cas de violence sera un moyen important pouvant permettre à l'observatoire de produire régulièrement des rapports sur la situation des droits de l'Homme sur l'espace universitaire.

D'autres activités de protection pourraient être menées par l'ODELMU.

Paragraphe II : Les autres activités de protection contre la non violence

L'ODELMU pourra mener d'autres activités rentrant dans le cadre de sa mission de protection contre la violence en vue de faire reculer ce fléau. Il s'agit de l'assistance judiciaire et juridique aux victimes (A) et de la médiation lors des conflits (B).

A- L'assistance juridique et judiciaire aux victimes de violence

L'une des causes de persistance des violences à l'Université résident dans l'impunité93(*) dont jouissent leurs auteurs. En effet, convaincus de ne subir aucune sanction, ils multiplient les actes de violence. Cela est d'autant plus vrai que les enquêtes de police sur les violences commises à l'Université, lorsqu'elles sont annoncées, ne sont jamais conduites à leur terme ou du moins, les résultats en restent inconnus. Pendant ce temps, les victimes ne trouvent de soutien que dans le cadre strictement familial lorsqu'elles ont de la famille. Les traumatismes, pourtant importants, subis par elles, ne sont pas pris en compte par des suivis psychologiques par exemple.

Par ailleurs, ces victimes manquent totalement de moyens pour s'attacher les services d'un avocat et ne savent généralement comment faire en sorte que leur cause soit entendue par un juge.

Dans sa mission de protection contre la violence à l'Université, l'ODELMU peut installer une permanence juridique et judiciaire à son siège. Elle sera faite en partenariat avec des organisations techniques telles que l'Association des Jeunes Avocats (AJA), l'Association des Femmes Juristes de Côte d'Ivoire (AFJCI) et Transparency justice afin d'offrir aux personnes qui en ont besoin, une opportunité d'écoute de conseil et de soutien. Ainsi, les acteurs du monde universitaire, victimes de violence, ne seront plus privées de l'écoute, de la consolation, du secours et de l'assistance que nécessite leur situation particulière. Cela leur permettra de retrouver leur dignité. Aussi, ce sera une activité très dissuasive pour les personnes promptes à violer les droits de l'Homme à l'Université.

En plus de l'assistance juridique et judiciaire aux victimes de violence, l'ODELMU pourrait jouer un rôle de médiation dans les conflits à l'Université.

B- Le rôle de médiation de l'ODELMU

L'article 13 du statut de l'ODELMU cite la médiation comme l'un des moyens d'action de l'observatoire dans la protection contre la violence à l'Université. Il s'agit de « la facilitation par un tiers, d'un processus de règlement d'un conflit entre deux parties »94(*). Le médiateur intervient dans un conflit pour faciliter la recherche de solution.

Quand on sait qu'en milieu universitaire, les actes de violences entre associations d'étudiants naissent, dans la plupart du temps, d'un conflit d'abord latent entre elles, on ne peut que saluer ce rôle que l'ODELMU s'est assigné. Il lui appartiendra de pouvoir, grâce à sa perspicacité et son réseau de communication, de déceler ce conflit avant son déclenchement par des actes de violence. Si cela est fait, il faudra commencer par collecter le maximum d'informations sur ce conflit afin de dégager les stratégies de médiation idoines. Ensuite, L'ODELMU pourrait organiser une réunion des parties en vue d'établir un climat de confiance et favoriser la discussion. Enfin, il pourra trouver une solution et favoriser la réconciliation.

Ce rôle de médiateur permettra d'éviter des actes de violence entre association sur l'espace universitaire.

CONCLUSION

Au terme de notre analyse, il convient de retenir que la violence est naturelle et existe en tout lieu, en toute personne. C'est de l'énergie accumulée qui peut être libérée dès que les conditions sont réunies. Et malheureusement, ces conditions sont réunies à l'Université. Cette violence a atteint un niveau jusque là insoupçonné qu'elle est devenue un grave fléau qui mine notre Université. Mais, elle est loin d'être une fatalité. Il suffit d'y porter une réflexion nourrie pour bien la cerner et y appliquer des solutions capables de la réduire, faute de pouvoir l'éradiquer.

Notre réflexion, bien que non exhaustive, nous aura permis, dans la quête d'une meilleure compréhension de ce phénomène de la violence à l'Université, d'en faire un diagnostic. Grâce à cette analyse, nous avons pu dégager les sources et les manifestations de celle-ci. Alors que les causes de la violence en milieu universitaire sont liées au dysfonctionnement de l'Université et à la conjoncture sociale, ses manifestations, quant à elles, s'expriment essentiellement en termes de violations des droits de l'Homme.

Etant arrivé à un tel diagnostic, il était maintenant possible de proposer des solutions en mesure de réduire la violence à l'Université. C'est ainsi que tant des reformes que l'instauration d'un observatoire ont été retenues.

Mais, il ne suffit pas de proposer des solutions pour réduire la violence en milieu universitaire. Quelque soit leur pertinence, si ces solutions ne sont pas mises en oeuvre, elles ne seront pas d'une très grande utilité dans le combat contre la violence à l'Université. Il faut, en plus, une véritable volonté politique de l'Etat en général, impulser par le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique en particulier, dans une synergie d'efforts de tous les partenaires du secteur éducatif.

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28. BALOU BI (Jérôme), Evaluation et autonomie dans les Universités francophones, 14ème colloque du GIDSGUF, du 2 au 6 juin 2003, Paris, pp.165-168.

29. DEBARDIEUX, La violence en milieu scolaire : "Etat des lieux".

30. EHILE (Etienne Ehouan), Impacts de la violence sur la formation universitaire et esquisses de solutions, Communication N°4 au séminaire sur « la Violence en milieu universitaire », Centre des métiers de l'Electricité de Bingerville, Du 1er au 3 décembre 2006, 10p.

31. IBITOWA (Philippe), Histoire, formes et manifestations de la violence en milieu universitaire, Communication N°1, Séminaire sur la Violence en milieu universitaire, Centre des métiers de l'Electricité de Bingerville, Du 1er au 3 décembre 2006, 11p.

32. KONATE (Yacouba), Les enfants de la balle. De la FESCI aux mouvements de patriotes, IN : Politique Africaine, La Côte d'Ivoire en guerre : dynamique du dedans et du dehors, N°89, Mars 2003, pp.49-70.

33. KOUAKOU (Antoine), Quelles contributions efficientes de l'enseignement supérieur au développement durable des nations? Le cas de la nation ivoirienne, Communication au colloque sur « Développement durable : leçon et perspectives », Ouagadougou, juin 2004, pp. 27-35.

34. VANGA (Adja Ferdinand), KOUACOU (Anzian) et SIKA (Lazare), La violence à l'école en Côte d'Ivoire : quelle implication des syndicats d'étudiants et élèves ? Colloque international « Education, violence, conflits et perspectives de paix en Afrique », Yaoundé, Du 6 au 10 mars 2006, 12p.

35. BAMBA (Mathieu), Violences et Libertés en milieu universitaire, Communication N°1, Séminaire sur la Violence en milieu universitaire, Centre des métiers de l'Electricité de Bingerville, Du 1er au 3 décembre 2006, 5p.

III- RAPPORTS

36. DIVISION DES DROITS DE L'HOMME, Rapport de l'ONUCI sur la situation des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire, Janvier-Février-Mars-Avril 2006

37. DIVISION DES DROITS DE L'HOMME, Rapport de l'ONUCI sur la situation des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire, Mai, juin et juillet 2005, 43p.

38. HUMAN RIGHTS WATCH, Côte d'Ivoire : le coût de l'impasse politique pour les droits humains, 21 décembre 2005, 42p.

39. HUMAN RIGHTS WATCH, Le nouveau racisme : la manipulation de l'ethnicité en Côte d'Ivoire, août 2001, 45 p.

40. MOUVEMENT BURKINABE DES DROITS DE L'HOMME ET DES PEUPLES, Rapport sur l'état des droits de l'homme. Période : 1996-2002, 242p.

IV- SITES INTERNET

http/www.chez.com/b105/lectures/debardieux 1. Htm 

www.francophonie-durable.org/documents/colloque-ouaga-a2-contribution-kouakou.pdf

www.francophonie-durable.org/documents/colloque-ouaga-a2-contribution-kouakou.pdf

htlp://fr.excelafrica.com/showthread.php?t=3232

http://www.linter-ci.com/article.php3?id_article=5156?id=5

http://mesrsci.com/index.php?phase=1&menu=80

* 1 L'expression apparaît la première fois chez PLAUTE et a été reprise par BACON au début du 17e siècle avant de réapparaître chez HOBBES.

* 2 AKINDES (Francis), Les racines de la crise militaro-politique, Dakar, CODESRIA, 2004, pp.8-19.

* 3 Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), Cohésion sociale et reconstruction nationale, Rapport national sur le développement humain en Côte d'Ivoire 2004, p.67.

* 4 Idem, p.66.

* 5 Voir l'article 2 de la loi N° 95-696 du 7 septembre 1995 relative à l'Enseignement.

* 6 Si l'Etat s'effondre, c'est qu'il n'est plus en mesure de remplir ses fonctions régaliennes (celles d'autorité souveraine, d'institution et de garant de la sécurité d'un territoire et de sa population. (Voir ZARTMAN (William), « Introduction », IN : ZARTMAN (William) (dir.), L'effondrement de l'Etat, désintégration et restauration du pouvoir légitime, Manille, Nouveaux Horizons, 1997. p.6.)

* 7 Les Universités sont des Etablissements Publics Nationaux. A ce titre, elles tirent leurs ressources essentiellement des subventions de l'Etat.

* 8 L'article 7 de la constitution ivoirienne de 1960 reconnaissait le multipartisme. Mais en pratique, le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire monopolisait la vie politique, l'opposition politique n'étant pas tolérée.

* 9 MALLARME, Le tombeau d'Edgar POE, N.R.F Poésie, Paris, Gallimard, 1992, p.60.

* 10 Voir Http/www.chez.com/b105/lectures/debardieux 1. Htm : DEBARDIEUX (Eric), La violence en milieu scolaire : " Etat des lieux ".

* 11 Cité par TERREL (Jean), Les théories du pacte social. Droit naturel, souveraineté et contrat de Bodin à Rousseau, Paris, Seuil, 2001, p.106.

* 12 EHILE (Etienne Ehouan), Impacts de la violence sur la formation universitaire et esquisses de solutions, Communication N°4, Séminaire sur la Violence en milieu universitaire, Centre des métiers de l'Electricité de Bingerville, Du 1er au 3 décembre 2006, p.2.

* 13 www.francophonie-durable.org/documents/colloque-ouaga-a2-contribution-kouakou.pdf:

KOUAKOU (Antoine), Quelles contributions efficientes de l'enseignement supérieur au développement durable des nations? Le cas de la nation ivoirienne, p.30.

* 14 EHILE (Etienne Ehouan),op, cit., p.2.

* 15 LE BON (Gustave), Psychologie des foules, 9e édition, Paris, Félix Alcan, 1905, p. 22-24 .

* 16 Programmation pour l'Enseignement Supérieur et la Recherche,Maurice, octobre 1993, p.147.

* 17 EHILE (Etienne), op, cit., p.3.

* 18 Voir MASLOW (Abraham), Motivation and personality, New York, HarperCollins Publishers, 1987.

* 19 AZZI (Assaad Elia) et KLEIN (Olivier), Psychologie sociale et relations intergroupes, Paris, Dunod, 1998, p.47.

* 20 L'action collective consiste en un agir-ensemble intentionnel, marqué par le projet explicite de se mobiliser de concert. Cet agir-ensemble se développe dans une logique de revendication, de défense d'un intérêt matériel. Voir NEVEU (Erik), Sociologie des mouvements sociaux, 3e édition, Paris, La Découverte, 2002, pp. 9-10.

* 21 AKINDES (Francis), Inégalités sociales et régulation politique en Côte d'Ivoire, In : Politique Africaine, N°78, juin 200, p.117.

* 22 BALOU BI (Jérôme), Evaluation et autonomie dans les Universités francophones, 14ème colloque du GIDSGUF, du 2 au 6 juin 2003, Paris, p. 167.

* 23 EHILE (Etienne), op, cit., p.4.

* 24 Ancien Secrétaire général de la FESCI de 1998 à 2001, il est l'actuel chef du mouvement dit « Alliance des Jeunes Patriotes». 

* 25 GOUDE (Blé Charles), Crise ivoirienne. Ma part de vérité,Abidjan, Frat-Mat Editions, 2006, 252 P

* 26 Discours prononcé le 10 août 1997 lors d'un meeting place Figayo, à Yopougon.

* 27 KONATE (Yacouba), Les enfants de la balle. De la FESCI aux mouvements de patriotes, IN : Politique Africaine, La Côte d'Ivoire en guerre : dynamique du dedans et du dehors, N°89, Mars 2003, pp.59-60.

* 28 FARIAS (Victor), Heidegger et le Nazisme, Paris, Verdier Lagrasse, 1987, p. 118.

* 29 Les droits de l'homme sont l'expression juridique de ce dont l'être humain a besoin pour mener une vie pleinement humaine. Ils apparaissent comme un ensemble de droits subjectifs fondamentaux qui appartiennent à tous les individus en tant qu'êtres humains. Ceux-ci s'imposent aux autorités publiques dans la mesure où celles-ci sont tenues, non seulement de respecter ces droits, mais aussi d'assurer leur jouissance effective par des dispositions adéquates.

* 30 Cette constitution consacre le droit à la vie en son article 2.

* 31 HUMAN RIGHTS WATCH, Le nouveau racisme : la manipulation politique de l'ethnicité en Côte d'Ivoire, op. cit., p.11.

* 32 SUDRE (Frédéric), Droit international et européen des droits de l'homme, 5ème édition, Paris, PUF, 2001,

p. 205.

* 33 HUMAN RIGHTS WATCH, Côte d'Ivoire : le coût de l'impasse politique pour les droits humains, 21 décembre 2005, p.14.

* 34 DIBOPIEU Jean Yves a été le successeur de Blé GOUDE Charles à la tête de le FESCI de 2001 à 2004.

* 35 Voir LE NOUVEAU REVEIL, N° 1657 du mercredi 27 juin 2007, p.2.

* 36 SUDRE (Frédéric), Droit international et européen des droits de l'homme, op. cit., p.11.

* 37 SUDRE (Frédéric), L'article 3, IN : PETTITI (Louis Edmond), DECAUX (Emmanuel) et IMBERT (Pierre-Henri) (dir.), La Convention Européenne des Droits de l'Homme. Commentaire article par article, Paris, Economica, 1995, p.158.

* 38 VENDUSSEN (Marc), La prohibition absolue des traitements intrinsèquement cruels, inhumains et dégradants, IN : HELMONS (Silvio Marcus) (dir.), Dignité humaine et hiérarchie des valeurs. Les limites irréductibles, Bruxelles, Academia, 1999, p.88.

* 39 Voir Cour Européenne des Droits de l'Homme, Affaire SOERING, arrêt du 7 juillet 1989, AN° 161.

* 40 VERDUSSEN (Marc),op.cit., p.94.

* 41 Voir Cour Européenne des Droits de L'homme, Affaire TYRER, arrêt de 25 avril 1978, AN° 26.

* 42 Idem.

* 43 IBITOWA (Philippe), Histoire, formes et manifestations de la violence en milieu universitaire, Communication N°1, Séminaire sur la Violence en milieu universitaire, Centre des métiers de l'Electricité de Bingerville, Du 1er au 3 décembre 2006, p.10.

* 44Selon l'Assemblée générale des Nations Unies, les termes «violence à l'égard des femmes" désignent tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ». Voir Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes, Résolution 48/104 de l'Assemblée générale du 20 décembre 1993.

* 45 Voir DIVISION DES DROITS DE L'HOMME, Rapport de l'ONUCI sur la situation des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire, Mai, juin et juillet 2005, pp. 30-31.

* 46 Cour européenne des droits de l'homme cité par ALHADA (Alkache), Les droits civils et politiques, IN : HOLO (Théodore) (dir.), Les droits de l'homme au Niger : "Théories et réalités", Niamey, INDRAP, 2001, p.163.

* 47 Voir DIVISION DES DROITS DE L'HOMME, Rapport de l'ONUCI sur la situation des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire, Janvier, février, mars, avril 2006, p.34.

* 48 Selon l'article 1er, «le terme «torture » désigne tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment d'obtenir d'elle ou d'une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d'un acte qu'elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonné d'avoir commis, de l'intimider ou de faire pression sur elle ou d'intimider ou de faire pression sur une tierce personne, ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu'elle soit, lorsqu'une telle douleur ou de telles souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou tout autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite. Ce terme ne s'étend pas à la douleur ou aux souffrances résultant uniquement de sanctions légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles ».

* 49 MOUVEMENT BURKINABE DES DROITS DE L'HOMME ET DES PEUPLES, Rapport sur l'état des droits de l'Homme. Période :1996-2002, p.41.

* 50 AMNESTY INTERNATIONAL, op. cit., p.6.

* 51 VALTICOS (Nicolas), l'article 11, IN : PETTITI (Louis Edmond), DECAUX (Emmanuel) et IMBERT (Pierre-Henri) (dir.), La Convention Européenne des Droits de l'Homme. Commentaire article par article, Paris, Economica, 1995, p.422.

* 52 HUMAN RIGHTS WATCH, Côte d'Ivoire: le coût de l'impasse politique pour les droits humains, op. cit., p.14.

* 53 Voir DIVISION DES DROITS DE L'HOMME, Rapport de l'ONUCI sur la situation des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire, Mai, juin et juillet 2005.

* 54 MOURGEON (Jacques), l'article 2 du Protocole N°4, IN : PETTITI (Louis Edmond), DECAUX (Emmanuel) et IMBERT (Pierre-Henri) (dir.), op, cit., pp. 1043-1046.

* 55 Voir DIVISION DES DROITS DE L'HOMME, Rapport de l'ONUCI sur la situation des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire, Janvier-Février-Mars-Avril 2006, p. 12.

* 56 EHILE (Etienne), op, cit., p.8.

* 57 www.rocare.org/Vanga.pdf : VANGA (Adja Ferdinand), KOUACOU (Anzian) et SIKA (Lazare), La violence à l'école en Côte d'Ivoire : quelle implication des syndicats d'étudiants et élèves ? Colloque international « Education, violence, conflits et perspectives de paix en Afrique », Yaoundé, Du 6 au 10 mars 2006.

* 58 KONATE (Yacouba), op, cit., p.62. 223P

* 59 IBITOWA (Philippe), op, cit., p.10.

* 60 Idem.

* 61 Voir htlp://fr.excelafrica.com/showthread.php ?t=3232, Côte d'Ivoire: les dérives de la FESCI, Frat. Mat, Avril 2005.

* 62 TYEOULOU-DYELA (Félix), Réformes institutionnelles et démocratie, IN : NIAMKEY-KOFFI (Robert) (Dir.), Réformes institutionnelles en Côte d'Ivoire. La question de l'éligibilité, Abidjan, P.U.C.I, 1999, p.51.

* 63 www.francophonie-durable.org/documents/colloque-ouaga-a2-contribution-kouakou.pdf: KOUAKOU (Antoine), op, cit., p.33.

* 64 Voir   http://www.linter-ci.com/article.php3?id_article=5156?id=5:

* 65 http://mesrsci.com/index.php?phase=1&menu=80: Allocution du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique M. CISSE Bacongo lors de la cérémonie de réconciliation entre la FESCI et les autres syndicats sur l'esplanade de la présidence de l'université de Cocody.

* 66 Ce sont: la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d'Ivoire (F. E. S. C. I), la Cellule Estudiantine de Réflexion et d'Actions Concrètes (C.E.RA.C), l'Union Nationale Estudiantine et Scolaire de Côte d'Ivoire (U.N.E.S.C.I), l'Association Générale des Élèves et Étudiants de Côte d'Ivoire (A.G.E.E.CI), l'Union des Étudiants des Grandes Écoles de Côte d'Ivoire (U.E.G.E-CI), le Collectif des Étudiants des Grandes Écoles et Élèves de l'Enseignement Professionnel et Technique de Côte d'Ivoire (C.E.G.E.P.T-CI), l'Union des Mouvements Estudiantins et Scolaires de Côte d'Ivoire (U.M.E.S Côte d'Ivoire), la Fédération des Élèves et Étudiants de l'Enseignement Technique et Professionnel de Côte d'Ivoire (F.E.T.E.P-CI), le Groupement pour l'Insertion des Étudiants Handicapés Physiques de Côte d'Ivoire (G.I.E.H.P-CI), le Syndicat National des Étudiants des Sciences de Santé (SY.N.E.S.S) le Forum National des Élèves et Étudiants de l'Enseignement Professionnel et Technique de Côte d'Ivoire (F.N.E.P.T-CI), le Syndicat des Élèves et Étudiants de Côte d'Ivoire (SY.E.E-CI), Miss & Mister University.

* 67 Voir rapport des commissions sur l'atelier.

* 68 MAUGENEST (Denis), Gouverner la violence. Société civile et société politique, IN : COMPRENDRE..., N°2, Abidjan, Les Editions du CERAP, pp.7-8.

* 69 KOUASSI (Yves) et KRAMOH (Félicité), Manuel d'éducation des jeunes à la culture démocratique. Les valeurs à transmettre, Volume1, Abidjan, Les Editions du CERAP, 2007, p.54.

* 70 BAMBA (Mathieu), Violences et Libertés en milieu universitaire, Communication N°1, Séminaire sur la Violence en milieu universitaire, Centre des métiers de l'Electricité de Bingerville, Du 1er au 3 décembre 2006, p.4.

* 71 LE PETIT LAROUSSE ILLUSTRE, Paris, LAROUSSE 2007, p. 1054

* 72 HAUT COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L'HOMME, Droits économiques, sociaux et culturels. Manuel destiné aux institutions nationales des droits de l'Homme, Série sur la formation professionnelle N°12, New York et Genève, Nations Unies, p.78

* 73 Cet observatoire est instauré à l'Université de Cocody par la Ligue Ivoirienne des Droits de l'Homme, avec l'appui financier de la Fondation américaine NED dans le cadre d'un projet dénommé « projet d'éducation civique et de lutte contre la violence en milieu universitaire : création et animation d'un observatoire des droits et libertés en milieu universitaire ».

* 74 Voir le préambule de l'Acte Constitutif de l'UNESCO.

* 75 ADAMS (David), La culture de paix : un choix de société, IN : ALTERMONDES, Revue trimestrielle de solidarité internationale, N°7, Septembre-Novembre 2006, p.17.

* 76 Il s'agit de la démocratie, du respect des droits de l'Homme, du respect du droit, de la non violence, de la tolérance, de la solidarité et de la protection de l'environnement.

* 77 GOYARD-FABRE (Simone), Qu'est ce que la démocratie ? La généalogie philosophique d'une aventure humaine, Paris, Armand Colin, 1998, p.14.

* 78 MONTESQUIEU, De l'esprit des lois, Tome I, Paris, Gallimard, 1995, p.98.

* 79 MAUGENEST (Denis), Gouverner la violence. Société civile et société politique, IN : COMPRENDRE..., N°2, Abidjan, Les Editions du CERAP, p.11.

* 80 Le 1er thème animé par M. ZIO Moussa, président de l'OLPED, était intitulé « Elaboration d'une grille d'observation ». Le second thème a porté sur la « méthodologie de lutte contre la non violence ». Il a été animé par le docteur DJE BI TCHAN, psychologue.

* 81 ADOU (Kevin), DOUMBIA (Djeneba) et GOPFERT (Andreas), Manuel d'éducation scolaire à la citoyenneté et à la culture de la paix, Abidjan, Les Editions du CERAP, p.21.

* 82 Voir Microsoft® Encarta® 2006. (c) 1993-2005 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

* 83 KORNIO (Ousmane), AZIZ DIALLO (Abdoul) et SOW (Fatimata), La prévention et la gestion des conflits communautaires au Mali. Etude et manuel de formation, FONDATION FRIEDRICH EBERT, Février 2004, p.81.

* 84 Cette pensée est extraite du discours prononcé par le Docteur Gilbert GONNIN, Secrétaire général de la LIDHO. Il intervenait en tant que président du comité scientifique du séminaire sur la violence en milieu universitaire, organisée par la LIDHO au Centre des Métiers et de l'Electricité de Bingerville, du 1er au 3 décembre 2006.

* 85 Secrétaire général du SYNAPATES, il est le président du conseil d'administration de l'ODELMU.

* 86 Ancien président de la JEC, il est le président du bureau exécutif national de l'ODELMU.

* 87 Cette définition a été élaborée après une série d'ateliers organisés par le CICR avec des acteurs humanitaires et des universitaires, et elle bénéficie d'un large soutien.

* 88 L'équipe de coordination du projet est composée de trois personnes :

1- Le coordinateur général : Docteur KAMATE Banhouman André

2- Le Secrétaire : DECHI Gélase Amour

3- La représentante de la section LIDHO de Cocody : DJADJA Dominique Estelle

* 89 La formation dont le thème était « l'enquête sur les violations des droits de l'Homme » a eu lieu le 15 mars 2007 à l'INADES-FORMATION et a été animé par le professeur DEGNI-SEGUI, ancien président de la LIDHO et rapporteur spécial des Nations UNIES au Rwanda.

* 90 CALLAMARD (Agnès), Documenter les violations des droits de l'Homme par les agents de l'Etat. La violence sexuelle, Centre international des droits de la personne et du développement démocratique et Amnesty International, Québec, 1999, p.43.

* 91 HAUT COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L'HOMME, Droits économiques, sociaux et culturels. Manuel destiné aux institutions nationales des droits de l'Homme, New York et Genève, Nations Unies, 2005, p.49.

* 92 Dans le but d'enregistrer les interviews pendant sa mission de protection, l'ODELMU s'est vue offert un dictaphone par le SG de L'université de Cocody.

* 93 JOINET, dans un rapport final pour la Commission des Droits de l'Homme des Nations Unis, définit l'impunité comme « l'absence en droit ou en fait, de la mise en cause de la responsabilité pénale des auteurs de violations des droits de l'homme, ainsi que de leur responsabilité civile, administrative ou disciplinaire, en ce qu'ils échappent à toute enquête tendant à permettre leur mise en accusation, leur arrestation, leur jugement et, s'ils sont reconnus coupables, leur condamnation à des peines appropriées, y compris à réparer le préjudice subi par leurs victimes ». (Voir JOINET (Louis), Lutter contre l'impunité. Dix questions pour comprendre et pour agir, Paris, La Découverte, 2002, p.9.)

* 94 P.118.






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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard