UNIVERSITE PIERRE MENDES France (GRENOBLE II
Sciences Sociales)
UFR « ECONOMIE, STRATEGIES, ENTREPRISE
»
MASTER SCIENCES DU
TERRITOIRE Spécialité : « Ingénierie du
Développement Territorial » (IDT) Parcours : Conduite de
Projet de Développement Territorial » (Economie et Sud)
(CPDT)
L'analyse de filière, un outil de
développement pour les ONG dans le Sud.
Le Cas Du Karité Malien
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud1.png)
JOUTEL BENJAMIN SEPT 2011
Enseignants encadrants : V. PLAUCHU et J- C.
SIMON
AVERTISSEMENT
L'Université Pierre Mendès France de Grenoble
n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises
dans les mémoires des candidats au Master ; ces opinions doivent
être considérées comme propres à leur auteur.
Le mémoire est un essai d'application des méthodes
et outils acquis au cours de la formation. Il ne saurait donc être
considéré comme un travail achevé auquel
l'Université conférerait un label de qualité qui
l'engagerait.
Ce travail est considéré a priori comme un
document confidentiel qui ne saurait être diffusé
qu'avec le double accord de son signataire et de l'entreprise
concernée.
|
3
REMERCIEMENTS
Je tiens d'abord à remercier les femmes de l'union
YIRIWASSO à Sanankoroba au Mali, sans qui ce travail n'aurait
été possible. Ces femmes dont les rudes tâches quotidiennes
n'ont pas démotivées l'enthousiasme à travailler et
participer à l'étude karité commanditée par SOS
SAHEL INTERNATIONAL France.
Je tiens aussi à remercier cette équipe de SOS
SAHEL qui par le biais de son délégué
général, Rémi HEMERYCK ainsi que de mon maître de
stage, Yohann FARE et ma binôme, Aminata NIANG, m'ont permis de pratiquer
sur le terrain les enseignements acquis tout au long de cette année de
master 2 dans un contexte de travail enthousiaste et agréable.
Toutes ces compétences mises en pratiques n'auraient pu
l'être sans la détermination des professeurs et du personnel
encadrant du master 2 CPDT. Je tiens donc à remercier tout
particulièrement Messieurs Jean LAPEZE et Vincent PLAUCHU pour le choix
des enseignements et pour cet encadrement au cours de l'année.
Monsieur PLAUCHU qui a aussi contribué à ce
mémoire avec Monsieur Jean-Christophe SIMON en apportant leur soutien au
jeune stagiaire que je suis.
Et enfin, je tiens à remercier ma famille pour leur
soutien quand j'étais à l'étranger et pour
l'intérêt porté à ce stage ainsi que leur
disponibilité permanente !
4
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE 7
I - CADRAGE THEORIQUE SUR LES FILIERES 11
Chapitre 1 : Le concept de filière 11
Chapitre 2 : Méthodologie d'étude des
filières 17
Chapitre 3 : La dialectique global VS local 20
Chapitre 4 : La concertation et la participation au coeur de
l'étude de filière 22
Chapitre 5 : La qualité, indispensable processus pour le
développement des filières 25
II - LES LOGIQUES D'ACTION DES ONG 31
Chapitre 6 : L'approche filière, une
nécessité ? 31
Chapitre 7 : La logique entrepreneuriale 34
Chapitre 8 : La mise en place d'une stratégie de
développement via l'analyse de filière 35
III - Le cas du karité au Mali 40
Chapitre 9 : Offre et demande mondiale en karité 41
a. La noix de karité 41
b. L'amande de karité 44
c. Le beurre karité 45
d. Les secteurs de la filière karité 47
Chapitre 10 : Le Mali dans la filière karité 48
a. L'offre 48
b. La demande 50
c. Le circuit commercial 51
Chapitre 11 : Les acteurs de la filière karité
depuis le Mali 54
a. Niveau international 54
b. Niveau sous régionale (Sénégal) 54
c. Niveau local 54
d. Programmes d'appuis 56
e. Les résultats de l'étude 57
Chapitre 12 : La stratégie projet à mettre en avant
62
a.
5
Au niveau organisationnel 62
b. Au plan technique 63
Chapitre 13 : L'approche programme, le cas du karité.
65
CONCLUSION GENERALE 75
ANNEXES 77
Annexe 1 : Les vertus du karité 77
Annexe 2 : Liste non exhaustive des sociétés
intéressées par le karité 79
Annexe 3 : Analyse de l'offre internationale 82
Annexe 4 : Prix des produits à base de karité
recensés sur le marché international 83
Annexe 5 : Arbres à problème et à
solution 84
Annexe 6 : Les résultats attendus et les
activités prévues par volet 91
BIBLIOGRAPHIE 97
TABLE DES FIGURES
Figure 1 : Carte du Mali 7
Figure 2 : Situation initiale de la filière
karité au Mali 9
Figure 3 : Structuration de la filière au niveau de
l'union après intervention de SOS SAHEL 9
Figure 4 : Filière carotte au Sénégal et
filière coton en Ouzbékiztan. 13
Figure 5 : Graphe de la filière lait au Maroc 15
Figure 6 : Flux d'exportations de coton dans le monde. 15
Figure 7 : Aire biologique du Vitellaria paradoxa. 40
Figure 8 : Le fruit de karité avec sa pulpe 40
Figure 9 : L'amande de karité avec sa coque de noix
40
Figure 10 : Le circuit commercial du karité au Mali
51
Figure 11 : Le circuit commercial du karité au Mali
incluant les coopératives 52
Figure 12 : Chronogramme de commercialisation par zone
géographique 61
Figure 13 : Organigramme indicatif 62
Figure 14 : Concept d'un programme karité 66
Figure 15 : Montage mis en avant dans la logique de programme
karité 71
6
TABLEAUX
Tableau 1 : Méthode d'analyse de filières. 19
Tableau 2 : Caractéristiques de l'arbre à
karité 40
Tableau 3 : Les 7 plus gros producteurs de noix de
Karité 41
Tableau 4 : Evolution en tonnes des exportations entre
1998-2008 42
Tableau 5 : Importations de noix 2008 43
Tableau 6 : Techniques de production des amandes de
karité 44
Tableau 7 : Normes et critères de qualité des
amandes de karité 45
Tableau 8 : Technologie de production des organisations de
productrices 46
Tableau 9 : L'offre de karité en provenance du Mali
48
Tableau 10 : Production et exportations de karité 49
Tableau 11 : Offre potentielle au Mali 49
Tableau 12 : Les programmes d'appui dans le secteur du
Karité 56
Tableau 13 : Matrice SWOT des coopératives 57
Tableau 14 : Matrice SWOT du marché international 58
Tableau 15 : Cadre logique simplifié 64
GRAPHIQUES
Graphique 1 : Part représentative de chaque pays dans
la production mondiale de noix de karité
en 2008 en volume 41
Graphique 2 : évolution de la production mondiale de
noix de Karité entre 1998 et 2008 41
Graphique 3 et 4 : Evolution du total des exportations et
évolution de la production mondiale de
noix de karité 43
Graphique 5 : Répartition de la production de beurre de
karité par pays producteur en 2002 46
Graphique 6 : Production mondiale de beurre de karité
sur la période 1961-2002 46
Graphique 7 : Exportations de noix et de beurre de
karité 47
Graphique 8 : Utilisation des produits de karité au
Mali 50
Graphique 9 : Fréquence d'utilisation au Mali 50
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Région de Koulikoro
Bamako
Cercle de Kati
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7
INTRODUCTION GENERALE
Suite au « soulèvement populaire du 26 mars 1991
» en réponse à la crise entre le sud Mali, plus riche et
d'avantage considéré par le gouvernement et le nord Mali,
désertique et pauvre, une nouvelle constitution a été mise
en place le 25 février 1992 (D. TRAORE, 2007). Grâce à
cette nouvelle constitution un processus de décentralisation est
entamé au Mali, ce qui a permis de donner plus d'autonomie aux
régions. Ce processus de décentralisation a donné lieu
à un nouveau découpage administratif. C'est de cette nouvelle
logique administrative qu'est né le cercle de Kati dans la région
de Koulikoro.
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud3.png)
Figure 1 : Carte du Mali (source : United Nations
cartographic section)
Le cercle de Kati a pour chef-lieu Kati, une ville qui est
située à environ quarante kilomètres de Bamako, la
capitale. « Autrefois très lié à la filière du
coton et à celle de l'arachide, son développement a connu les
mêmes perturbations que les marchés ont traversés. Les
familles paysannes ont été entraînées dans un cycle
de décapitalisation, avec parfois au bout de la dynamique une faillite
totale » (SOS SAHEL, 2006). L'alternative principale trouvée par
les ruraux pour pallier à cette crise fut la coupe et
la vente de bois de chauffe afin d'alimenter les besoins en bois des foyers de
Bamako, toujours plus nombreux en conséquence d'un exode rural massif.
Cette coupe massive de bois favorise grandement la dégradation des
terres et le risque de désertification. Dans ce cadre SOS SAHEL
International France est intervenue pour répondre à un double
problème : « Comment améliorer durablement les conditions de
vie des populations, dans le strict respect de l'environnement ? En d'autres
termes : comment développer les filières agricoles productives,
pourvoyeuses d'emploi rentables et respectueuses du milieu naturel » (SOS
SAHEL, 2006).
L'intervention de SOS SAHEL International France s'est
traduite par la mise en place d'un projet « Appui aux activités
économiques alternatives à la coupe de bois sur trois communes du
cercle de Kati 1» qui s'est déroulé entre 2006 et
2009 avec entre autre l'appui au développement d'une faitière
paysanne, la BEN BA. Dans le programme du BEN BA, il y avait aussi la promotion
de la filière karité.
Le karité est un arbre soudano sahélien, il est
présent dans seize pays, du Sénégal et de la Guinée
jusqu'en Ethiopie. Cette ressource très localisée et appartenant
strictement à cette région du continent africain est
considérée comme de « l'or blanc » pour les femmes qui
utilisent les amandes issues du fruit pour produire un beurre de karité.
L'amande de karité très riche en matière grasse est
travaillée pour produire un beurre qui est utilisé comme
cosmétique. Il est très hydratant pour la peau et les cheveux,
mais aussi il peut être utilisé comme graisse
végétale en cuisine, comme produit de santé (vertus
antiseptiques...) et comme substitut du beurre de cacao dans la fabrication du
chocolat. Une des grandes particularités du karité réside
dans le fait que la production de beurre et l'exploitation de la ressource sont
traditionnellement opérées par les femmes.
Trois coopératives productrices de beurre de
karité ont donc été constituées et
regroupées autour d'une union : l'union YIRIWASSO à Sanankoroba.
Les trois coopératives concernées sont à Sanankoroba,
Dialakoroba et Bougoula. Elles furent équipées et des formations
ont été données pour passer d'une production de beurre
traditionnelle à un beurre amélioré. Dès lors, la
structuration de la filière karité a changé pour l'Union
de YIRIWASSO. Nous sommes passés d'une structure de filière avec
un nombre important d'intermédiaires à un circuit court qui
permet de valoriser directement les savoir-faire des femmes productrices et de
gagner une marge plus importante sur la vente des produits favorisant ainsi
l'amélioration de leurs conditions de vie.
8
1 Projet financé par l'union européenne,
référence : « ONG-PVD/2005/113-176 »
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud4.png)
9
Figure 2 : Situation initiale de la filière
karité au Mali (MATTE & TRAORE, 2002)
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud5.png)
Figure 3 : Structuration de la filière au niveau
de l'union après intervention de SOS SAHEL (SOS SAHEL, 2006)
Malgré la réussite globale du projet, certains
points ont attiré l'attention de SOS SAHEL. L'évaluation finale a
permis de mettre en avant l'abandon de la coupe de bois au profit d'autres
activités génératrices de revenu, cependant des
problèmes de commercialisation et d'atteinte des marché en
général touchent l'union YIRIWASSO, ce qui est très
préjudiciable aux objectifs fixés à long terme dans le
projet Kati. C'est dans ce cadre que l' « Etude filière
karité au Mali » a été mise en place. Les acteurs de
cette étude furent l'équipe de terrain au Mali, un stagiaire au
Mali et un stagiaire en France avec des déplacements ponctuels en
Afrique de l'Ouest. En tant que « stagiaire France », mes missions
étaient l'étude du marché du karité en Europe,
l'étude du marché dans les sous-régions et plus
particulièrement au Sénégal, l'analyse de la
filière et la mise en place d'une stratégie pour un futur projet
de développement.
Ce stage intervient dans une logique de filière, le
premier projet Kati a été mis en place avec les outils
communément développées par les ONG mais n'a pas
été l'objet d'une réelle analyse de filière.
Dès le début, nous nous sommes donc penchés sur cette
question de l'analyse ex ante des
10
filières et de son intérêt pour les ONG
dans le cadre de projets agricoles au Sud puis nous avons
développé la réflexion sur la mise en oeuvre de projets
dans cette logique de filière2.
En d'autres termes, quel est l'Intérêt de
l'analyse des filières comme outil pour le développement de
projets dans le Sud par les ONG ?
Afin de pouvoir répondre à cette question, nous
commencerons par une partie théorique sur les filières. Cette
partie nous permettra d'avoir une définition des filières, de
connaître la méthodologie d'étude à mettre en avant
et les différents éléments essentiels à prendre en
compte dans leur analyse. Une deuxième partie permettra de mettre en
avant les logiques d'actions que peuvent avoir les ONG suite à l'analyse
de ces filières et enfin une troisième partie nous permettra de
mettre en avant l'intérêt de l'analyse de filière dans les
projets ou programmes développés au Sud par les ONG à
travers le cas du karité au Mali.
L'union de coopératives soutenue par SOS SAHEL
présente quelques problèmes liés à son insertion
dans le marché. Outre des problèmes d'organisation, de gestion et
de gouvernance inhérents à l'union, nous nous sommes rendus
compte que le problème venait aussi de la filière karité
au Mali dans son ensemble, nous faisons donc face à des problèmes
aussi bien internes, qu'externes. Ces problèmes de filière ne
sont pas l'apanage seul du karité, nous les retrouvons dans d'autres
secteurs comme la filière mangue, la filière boeuf au
Burkina-Faso... Afin de répondre à la question que nous nous
posons, un cadrage théorique s'impose.
2 L'IRAM nous apporte quelques éléments
sur les enjeux des filières dans le développement agricole.
http://www.iram-fr.org/politiques-filieres.php
11
I - CADRAGE THEORIQUE SUR LES FILIERES
Qu'est-ce qu'une filière, a-t-on des exemples ? Quelle
méthodologie d'étude et d'analyse ? Quels sujets à mettre
en avant dans l'analyse ? Pourquoi... C'est à toutes ces questions que
nous allons essayer de répondre dans la partie qui suit.
Chapitre 1 : Le concept de filière
La filière c'est en premier lieu un concept qui a
été mis à jour par GOLDBERG et DAVIS en 1957.
D'après leur concept, « la filière permettait de
décrire les différentes opérations nécessaires pour
passer d'une matière première à un produit fini »
(FONTAN, 2006). V. PLAUCHU apporte quelques précisions quant
à cette première définition : « La filière
est l'ensemble constitué par la succession de plusieurs stades de
fabrication d'un produit reliés par des flux d'échange. Ces flux
peuvent être des échanges marchands de fournisseurs à
client ou, en cas d'intégration verticale, des cessions internes de
produits. »
Mais cette définition a connu certaines
évolutions selon MORVAN (1991) qui a expliqué que le concept a
été enrichi avec le temps par différents auteurs sur le
rôle des technologies, le phénomène d'intégration,
l'analyse des tableaux entrées sorties et surtout sur l'analyse de la
stratégie des firmes et des groupes.
Avec le temps, la filière a connu des applications
à des champs diverses (C. FONTAN, 2006). L'approche technique qui est
privilégiée par les ingénieurs, est basée sur la
première définition du concept. On retrouve aussi l'approche
financière qui favorise l'ensemble des relations économiques et
comptables dans le processus de production. Cette dernière approche est
d'ordre micro économique et/ou macroéconomique. A ces deux
approches, nous préfèrerons l'approche socio-économique
qui considère que pour toute filière nécessitant
l'intervention d'un certain nombre d'opérateurs, il faut tenir compte
des relations entre ces derniers, ainsi que des stratégies et logiques
de comportement qui leurs sont propres. C'est donc le mode de coordination qui
est à mettre en « exergue » dans cette approche.
Toutefois, même si nous favorisons l'approche
socio-économique, il est essentiel de considérer les trois
approches, car à différents niveaux, elles forment un
système qui peut aussi être décomposé en
sous-filières (C. FONTAN). « L'analyse de filières peut
être expliquée surtout à partir de deux sources dans la
théorie économique : l'économie industrielle et
l'économie institutionnelle. *...] En se basant sur une analyse
systémique et sur la méso-économie, l'économie
industrielle vient répondre aux insuffisances des approches micro et
macro-économiques. *...] Au niveau méso économique, on
pourra dépasser ces deux mesures en analysant les différentes
activités de la filière, les actions des entreprises mais aussi
les interactions existant entre elles. » (C. FONTAN, 2006)
J.P ANGELIER (1997) définit la méso analyse
comme « une théorie qui vise à comprendre le
fonctionnement d'un ensemble de firmes en concurrence. Il s'agit d'un niveau
intermédiaire entre la micro et la macro économie. »
12
Avec l'approche socio-économique nous devons favoriser
la théorie de l'économie institutionnelle qui «
considère que les agents ne sont pas seulement liés aux choix
individuels mais qu'ils sont influencés par des mécanismes
collectifs. On passe ici à un point de vue holiste alors que la
théorie néo-classique privilégie l'individualisme
méthodologique ». Dans le cadre de pays du Sud, l'analyse
holiste apparaît souvent comme préférable car l'analyse des
filières dans le Sud est souvent liée au monde agricole et rural.
Dans ces milieux ruraux, ce sont toujours des modes d'organisation
traditionnelle basées sur le groupe qui prédominent. Il est donc
important de considérer le groupe comme déterminant des choix
individuels si l'on veut analyser et avoir un impact quelconque sur ces
filières.
Dans la deuxième moitié des années
soixante-dix, le concept de filière agricole est vraiment apparu. FRAVAL
(2000) dira qu'une « filière agricole est centrée sur un
produit agricole de base et sur tout ou partie de ses transformations
successives. En analyse économique, une filière peut être
considérée comme un mode de découpage du système
productif, privilégiant certaines relations d'interdépendance.
Elle permet de repérer des relations de linéarité, de
complémentarité et de cheminement entre les différents
stades de production. »3 Avec cette description de la
filière agricole on sort du cadre traditionnel qui considère
qu'une filière est verticale et linéaire. Cette dernière
citation est donc très importante dans la distinction à faire
entre filière au sens général et filière
agricole.
Il faut donc plutôt considérer la filière
comme l'expression des interdépendances entre des acteurs qui
travaillent à la transformation d'un produit brut en un produit fini.
Nous sommes donc autant dans un système économique, financier,
productif que social. Toutefois, malgré les nombreuses
définitions de la filière parcourues, aucune d'entre elles n'ont
intégrées la notion environnementale directement dans la notion
de filière. Il paraît étonnant qu'à notre
période où tout le monde semble se préoccuper de
développement durable, la notion environnementale n'est pas
été directement incluse dans la notion de filière comme
l'expression d'une chaine trophique à l'intérieur de la
filière si elle est liée à la production animale ou au
cycle du carbone dans le cadre d'une activité qui génère
ou bien séquestre du CO2...
Le concept de filière renvoi donc à une
interdépendance entre des acteurs qui travaillent à la
transformation d'un produit brut en un produit fini, ces
interdépendances se manifestent autant sur le plan financier,
économique, productif, social qu'environnemental :
- Financier : les filières ont un
rayonnement mondial tel que leur mode d'administration peut
directement être lié à la finance, comme
il en est le cas avec la bourse des céréales de Chicago.
- Economique : dans une filière il y a
échange, ces échanges représentent des flux
réglementés, répondant à un cadre légal
particulier, ils s'insèrent dans une logique de marché.
- Productif : dû à la
transformation de produit brut en produit fini incombant à la
filière.
3 Citation de FRAVAL (2000), dans « «
L'outil » Filière agricole pour le développement rural
», C. FONTAN (2006)
13
- Social : selon les niveaux de la
filière, les acteurs ne sont pas les mêmes, ils ne
répondent pas aux même logiques, ne sont pas au même niveau
social, n'ont pas le même système d'analyse...
- Environnemental : toute action de
transformation ou de production se basant sur une ressource entraîne
obligatoirement la création d'un éco système qui lui est
propre. Par exemple, en développant la filière karité, on
permet le développement d'un parc d'arbre qui offre un couvert forestier
à d'autres végétaux comme des céréales, ce
qui à moyen et long terme permet de lutter efficacement contre la
dégradation des sols. On part donc d'un écosystème
amorçant un processus désertification, qui grâce au
développement de la filière évolue de manière
significative.
Etant dans une logique de développement au profit des
pays du Sud, nous axerons cette étude sur les filières agricoles.
En effet, « l'économie rurale constitue la base de la
croissance dans de nombreux pays en développement et le secteur agricole
est le principal pourvoyeur de revenus et d'emplois » (C. FONTAN,
2006). Nous distinguons donc économie rurale et économie
agricole. En travaillant sur des dynamiques agricoles nous favorisons la mise
en place d'un cercle vertueux avec des impacts directs sur le milieu rural puis
sur l'urbain.
Le FIDA (Fonds International de développement Agricole)
estimait en 2001 qu'il existait dans le monde 1,2 milliard de personnes qui
vivaient avec moins de un dollar par jour ; les trois quarts de ces pauvres
travaillent et vivent en milieu rural. Les projections montrent que cette
proportion devrait rester supérieure à 60% en 2025. Cette
pauvreté rurale atteint entre 65 et 90 % dans les pays d'Afrique
Subsaharienne.4
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud6.png)
Figure 4 : A gauche, filière carotte au
Sénégal, (c)SOS SAHEL.
A droite, récolte du coton en Ouzbékistan,
(c) Association droits de l'homme en Asie Centrale.
4 Données recueillies dans le texte de C.
FONTAN, 2006
Afin de faciliter la compréhension des filières
nous allons mettre en avant quelques exemples.
La filière coton est l'exemple parfait pour montrer la
portée que peut avoir une filière. En effet des pays producteurs
sont aux quatre coins du monde, les enjeux de chaque pays producteurs sont
énormes, aussi bien au Mali, au Burkina-Faso qu'aux Etats-Unis en
passant par l'Ouzbékistan. Le coton est transformé en France, au
Brésil ou encore en Chine.
Francis KOLOGO, anciennement Chef de la région
cotonnière de Dedougou au Burkina Faso (Entreprise SOFITEX), nous
explique que les subventions versées aux Etats Unis et en Occident en
général biaisent le jeu de la libre concurrence. Pour lui il ne
faut donc pas s'étonner que des populations soient prêtes à
franchir des murs de « dix mètres de haut »5pour
aller vivre en Europe. Nous pouvons aussi citer l'Ouzbékistan où
tout le monde arrête son labeur quotidien pour travailler à la
récolte du coton régi par l'Etat. Ou comment dans ce pays, on a
réussi à faire disparaître une mer en voulant irriguer des
champs de coton... Le coton est l'expression même de la vision
macroéconomique qui se cache derrière le concept de
filière de par ses impact, même si il ne faut pas négliger
les aspects micro et méso économiques.
Avec un autre regard nous pouvons aborder le sujet de la
filière lait au Maroc. Le Royaume a su à sa manière et
dans certaines limites restructurer cette filière pour ne plus avoir
à importer et afin que les marocains consomment plus de lait dans un
souci de nutrition. Pour connaître actuellement ces impacts positifs,
c'est aussi au niveau micro économique et méso économique
que les autorités en charge de la réorganisation du
développement ont dûes intervenir. A travers ces deux exemples,
nous avons bien l'expression du système que représente le concept
de filière car il intervient à trois niveaux d'analyses et sur
plusieurs logiques que ce soit socio-économique, financière ou
technique.
14
5 Documentaire: Let's Make Money d'Erwin
WAGENHOFER. M. Francis KOLOGO est actuellement coordinateur des projets chez
SOS SAHEL.
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud7.png)
15
Figure 5 : Graphe de la filière lait au Maroc.
Source : MEKKAOUI, 1996
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud8.png)
Figure 6 : Flux d'exportations de coton dans le monde.
Source : Base de données Comtrade, Nations Unies (2006)
16
Ayant illustré de quelques exemples la notion de
filière, il est important de savoir ce qu'apporte son analyse. V.
PLAUCHU dans « Filière de production et développement
territorial : concept, utilité, méthode d'étude»
détermine deux niveaux d'intérêts. Le premier niveau
est d'ordre général et le deuxième est lié aux
aspects de développement territorial.
Au niveau général, une analyse de filière
permet :
· « d'identifier le ou les maillon(s) faible(s)
ou les chaînons manquants dans la chaîne des activités qui
vont de l'amont à l'aval ;
· D'orienter des politiques sectorielles nationales
en mettant en évidence les potentialités et les blocages d'une
filière ;
· D'éclairer les acteurs de la filière
sur les enjeux, les positions de force, les effets de domination, les effets
d'entraînement, « l'équité, le partage
équilibré de la valeur ajoutée, » afin de leur
permettre d'élaborer leurs stratégies, d'améliorer leurs
positions, de nouer des coopérations
Au niveau territorial, l'analyse de filière permet
:
· d'orienter des politiques sectorielles
régionales en mettant en évidence les potentialités et les
blocages d'une filière, et en envisageant notamment des politiques de
descente de filière ou de remontée de filière
· de permettre une meilleur valorisation d'une
ressource locale et en identifiant les chaînons manquant ou les goulets
d'étranglement en amont et en aval dans la filière qui
conditionnent la bonne valorisation de la ressource locale
· de mettre au jour des dépendances et des
potentialités et d'identifier les effets de synergie potentiels dans
l'élaboration d'un projet de développement territorial, et en
particulier d'identifier les points d'action locale susceptible de renforcer
les acteurs locaux par des mesures d'accompagnement, de facilitation, de mise
en réseau,...
· d'éclairer les acteurs locaux de la
filière sur les enjeux, les positions de force, les effets de
domination, les effets d'entraînement et afin de leur permettre
d'élaborer leurs stratégies, d'améliorer leurs positions,
de nouer des coopérations, et en particulier de les éclairer sur
les stratégies à même de leur permettre de conserver ou de
s'approprier une plus grande part de la valeur ajoutée dans le produit
final. »
Pour comprendre une filière et donc savoir comment elle
doit être structurée, quelles sont les différents
éléments à apporter, quels sont ceux à
améliorer ? Elle doit être analysée. De ce diagnostic, nous
pourrons connaître : quelles sont les prescriptions à apporter,
afin d'assurer un bon développement.
« Ce qui se pense bien s'énonce clairement. Et
les mots pour le dire arrivent aisément. » Comme le disait
BOILEAU, il est essentiel d'avoir une certaine rigueur, notamment dans
l'analyse des filières. C'est pour cela que nous mettons en avant une
méthodologie d'analyse.
17
Chapitre 2 : Méthodologie d'étude des
filières
PLAUCHU et FONTAN s'accordent pour dire que la première
chose à faire est de délimiter le champ de l'étude. Une
filière amène à la production de produits, mais aussi de
sous-produits, ces sous-produits constituent donc des sous filières. Il
est donc très important de délimiter le champ de l'étude
pour ne pas se perdre dans les différents produits à la base de
la filière (coton, laine, lin...) comme pour la filière textile
ou en aval de la filière comme il en est le cas dans la filière
karité (beurre de karité, crèmes cosmétiques
à base de karité, chocolat...).
Pour la suite de la méthodologie nous nous basons sur
celle proposée pas V. PLAUCHU dans sa note méthodologique.
« La deuxième chose à faire consiste en
un exercice de veille documentaire important afin d'obtenir le plus de
données pertinentes possibles sur la filière. Il faut se
renseigner au niveau des publications mais aussi au niveau des
interprofessions, des fédérations, des organismes
délivrant des statistiques...
La troisième étape est une description et une
analyse.
a. Décrire
Avant d'analyser, il faut d'abord observer et identifier
:
? Les technologies utilisées et leur
enchaînement dans le ou les processus qui
constituent la filière ;
? Les agents qui interviennent à un titre ou un autre
dans la filière ;
o Producteurs de la matière première
o Collecteurs, négociants, courtiers
o Premiers transformateurs
o Producteur du produit
o Distributeurs
A côté des entreprises, il ne faut pas oublier
les autres organismes intervenant à un stade ou un autre de la
filière :
o Institut de recherche
o Institut de formation
o Syndicat patronal
o Syndicat de salariés
o Organisme de financement
o Organisme de contrôle
? Les normes et réglementations régissant
les rapports inter agents dans ce secteur, qu'elles concernent le producteur,
le négociant ou le consommateur, et qu'elles portent sur les produits ou
la sécurité ou les conditions de travail
? Les quantités produites et les flux circulant de
l'amont à l'aval de la filière (ce qui est produit, où,
quand, comment) et les marchés débouchés à chaque
stade. A ce niveau il est important d'identifier les flux d'importation et
d'exportation à chaque stade, et de calculer les taux de croissance
moyen afin d'identifier les étapes dynamiques
? Les stratégies des acteurs : Etat, entreprises,
professions ou interprofession...
18
b. Analyser
Une fois que tous ces éléments ont
été repérés, identifiés et
étudiés, il faut passer à
l'analyse. L'analyse de la filière a pour but de
mettre en évidence non seulement des forces
et des faiblesses, mais aussi et surtout :
? des dynamiques et des blocages
? des rapports de domination, d'exploitation, et de
dépendance
? des marges de manoeuvre éventuelles
? des synergies potentielles
A ce niveau, il ne faut pas passer à
côté des rapports de force, ni des dynamiques
d'entraînements. Il faut aussi identifier les cohérences et
incohérences, les goulets d'étranglements éventuels, et
finalement les menaces et opportunités tant pour la filière dans
son ensemble que pour tel stade ou tel agent.
Le quatrième point consiste en une synthèse
et un rapport tout en ne perdant pas de vue que cette étude doit servir
à éclairer les choix stratégiques du commanditaire»
(PLAUCHU, 2007).
19
C. FONTAN (2006) propose une autre méthodologie qu'elle a
pu synthétiser sous forme d'un tableau :
Opérations
|
Objectifs
|
1- Délimitation de la filière
|
· Identification des différentes activités et
des flux existants entre elles (flux physiques mais aussi
géographiques)
· Prise en compte des opérateurs
· Construction possible du graphe de la filière qui
met en évidence la chaîne d'intermédiaires et les lieux de
transaction entre production et consommation.
|
2- Niveau technique
|
· Repérer les choix techniques utilisés
à chaque étape (Production irriguée ou pluviale,
transformation manuelle ou industrielle...)
· Analyse qualitative et quantitative des
techniques privilégiées
· Analyse des contraintes et des goulots
d'étranglement
|
3- Niveau institutionnel
|
· Typologie des acteurs : Identification des
opérateurs directs et indirects de la filière, description de
leurs activités, de leurs stratégies
· Compréhension des relations entre
opérateurs et des règles qui régissent ces relations
par des enquêtes effectuées auprès d'un échantillon
d'acteurs
|
4- Niveau économique
|
· Analyse des performances de la filière à
chaque étape (en considérant le prix de cession à
chaque stade, la répartition de la valeur ajoutée au cours des
différentes opérations...) et au
niveau global (valeur ajoutée de la filière,
impacts macroéconomiques...)
|
|
Tableau 1 : Méthode d'analyse de filières.
Source : FONTAN (2006)
Nous préfèrerons la première
méthodologie mise en avant car elle est plus facile
d'appréhension, toutefois la deuxième méthodologie apporte
une certaine complémentarité.
Nous positionnant dans une logique de développement
économique en milieu rural, nous ne pouvons mettre en avant une
méthodologie spécifique d'analyse des filières, sans pour
autant développer certains points sur lesquels il est essentiel de
porter une attention particulière quand on vise le développement
des populations vivant dans le Sud. Afin de connaître le mode
opératoire à tenir dans l'analyse et dans la logique de
l'étude de filière, il est très important de comprendre et
d'appréhender des logiques locales et des logiques globales.
20
Chapitre 3 : La dialectique global VS local
On croît trop souvent que le local et le global sont
antinomiques alors que paradoxalement avec tous les processus de mondialisation
que nous avons connus et que nous connaissons encore, les régions et le
local en général prennent une place de plus en plus importante.
Cette régionalisation, ce développement du local peut s'expliquer
par plusieurs facteurs comme le désengagement des états au profit
du privé... On préfèrera alors le terme de «
glocalisation », alliance du global et du local.
Dans la logique de l'étude des filières nous
expliquions précédemment que pour impacter directement le
développement dans le Sud, il est préférable de travailler
sur les dynamiques économiques en milieu rural (, population souvent
à 70 % rurale) et donc plutôt d'analyser les filières
agricoles (, toute politique de développement rurale ne peut passer que
par le développement agricole sans toutefois écarter la
nécessité d'avoir des équilibres sectoriels). Dans cette
logique nous retrouvons la dialectique global VS global dans : Filière
agricoles d'exportation, de rente VS filière agricoles
vivrières.
Dans la théorie classique, il est
considéré qu'il vaut mieux privilégier les cultures de
rentes sur la base de l'avantage comparatif. La banque mondiale et le FMI ont
tendance à soutenir cette position car pour eux, les cultures
d'exportation amènent des effets d'entraînement qui ont des
externalités positives sur les cultures vivrières. De ce fait les
technologies apportées, et le niveau de formation nécessaire aux
cultures de rentes impactent directement les cultures vivrières.
Au départ, "les cultures vivrières sont
destinées à l'alimentation du groupe familial, que la famille
soit élargie ou réduite au ménage". On parle souvent ici
de secteur traditionnel fondé sur l'autosubsistance. Cependant, les
filières vivrières, dès qu'elles engendrent un surplus,
peuvent être commercialisées. Chaléard complète par
ailleurs sa définition en parlant d'un " vivrier marchand " suite au
développement des zones urbaines. Le développement des villes
offre ainsi de nouvelles ambitions pour les filières vivrières.
De manière générale, l'exportation désigne
l'ensemble des biens et des services fournis par des résidents à
des non-résidents, à titre onéreux ou gratuit. Les
cultures d'exportation des produits agricoles sont donc uniquement
destinées à la vente sur les marchés
internationaux.
Encadré 1 : Définition des cultures
vivrières et d'exportation, FONTAN (2006)
Nous pouvons poser les limites de cette logique qui est
toujours ardemment soutenue par les grandes instances internationales que sont
entre autre la banque mondiale et le FMI. En tant qu'agent de
développement territorial, nous pouvons mettre en avant le fait que
cette analyse se base exclusivement sur une logique macroéconomique ;
elle ne considère pas le système que représente la
filière (micro et méso économique).
Les effets d'entraînements mis en avant dans la
théorie classique ne sont pas le reflet de la réalité. En
effet, pour pouvoir faire de la culture de rente cela réclame un certain
niveau de technicité qui n'est pas à portée de main pour
les plus pauvres en milieu rural. Ces logiques ont donc tendance à
21
favoriser les grands exploitants qui représentent des
classes plus élevées. Il faut donc ici s'intéresser
à la structure de production.
« Au Sud, depuis les années 1990 on a vu
s'amplifier de nouvelles formes de crise agraire. Loin d'être le signe de
l'archaïsme de l'agriculture, elles se sont manifestées dans un
contexte de progrès spectaculaire de la productivité agricoles
*...]. L'idéologie de la modernisation s'est toujours
légitimée par la promesse d'incorporer de larges couches de la
paysannerie dans les retombées d'un « modèle fermier »
supposé pouvoir augmenter considérablement le revenu en
région rurale, que ce soit à travers l'activité agricole
ou la croissance de l'emploi salarié. Mais dans la
réalité, la logique des « pôles performants
» agricoles s'est accompagnée d'une élimination massive de
la petite paysannerie depuis un quart de siècle ou au moins d'une
marginalisation sur place »
Encadré 2: Territoires, développement et
mondialisation, alternatives sud, 2008
Avec les cultures de rentes, nous avons une substitution des
produits locaux par des produits d'importations moins chers. Ce qui
entraîne un abandon des cultures locales.
La superficie demandée et la monoculture liée
aux cultures d'exportation appauvrissent et polluent les sols, cette
agriculture est aussi fortement émettrices de CO2. De plus, à
cause de la superficie nécessaire on a tendance à arrêter
les cultures vivrières au profit des cultures de rentes. Cette «
agriculture extravertie », en concurrence avec des pays à plus
forte productivité, nécessite une mise en oeuvre pour laquelle il
faut, pour être compétitif, avoir une logique capitaliste
(abandonner la logique paysanne). Dès lors, le but est de maximiser le
rendement du capital, au prix de dégâts causés sur le sol,
alors que le paysan a lui pour but de maximiser la sécurité
alimentaire et la pérennité de son lieu de subsistance (la terre,
le terroir, le pays).
Les grandes instances économiques et financières
mettant en avant les cultures d'exportations oublient aussi que le grand mal
des pays en développement réside dans l'exode rural et que ces
cultures de rente entraînent un exode massif. De plus, dans le cas des
pays en développement, les termes de l'échange ne leurs sont pas
généralement favorables, nous nous trouvons donc assez rapidement
dans une logique de Fordisme périphérique (, relations centre
périphérie).
Si le positionnement sur les filières d'exportation
est un formidable accélérateur d'acquisition de
compétences pour les bénéficiaires, le bilan
opportunités et contraintes penche souvent en faveur des marchés
proches plutôt que des marchés d'exportation : les contraintes des
marchés d'exportation sont en effet plus importantes que sur les
marchés domestiques (exigence de qualité, connaissance des
marchés et des acteurs, carence de services
spécialisés...). *...] Cet enjeu concerne autant les
marchés locaux que les marchés internationaux. Le ratio
coût/avantage lié à la construction de toute pièce
d'une filière d'exportation n'est donc pas forcément favorable ;
le développement d'une économie extravertie aux mains de quelques
acteurs dominants ou dépendant des aléas du marché
international ne doit pas se faire aux dépens du développement
local ; (...)face à la compétition des produits importés
du Nord dans les pays du Sud et dans les espaces régionaux
intégrés (UEMOA par exemple), les enjeux pour les petits
acteurs sont de gagner des parts de marché dans leur propre espace
économique, grâce à des politiques de soutien et de
protection ad-hoc.
Encadré 3 : Filières domestiques ou
filières d'exportation : Que choisir ?, LIAGRE et autres auteurs, 2005.
Selon un rapport du PNUE (Programme des Nations Unies pour
l'Environnement).
22
L'ONU6, via une expertise menée en 2010,
prône l'agro-écologie pour nourrir le monde. Nous ne sommes donc
plus dans les schémas de révolutions vertes auxquels on a pu
assister ces cinq dernières décennies.
Il ne faut pas toutefois arrêter les cultures de rentes,
car les avantages mis en avant par le FMI7 et la Banque Mondiale
peuvent s'avérer justes si l'on permet un équilibre entre
cultures vivrières et cultures de rentes car le réel
problème n'est pas tant la dialectique culture vivrière VS
culture de rente que les modes de productions véhiculés par l'un
ou par l'autre. Dans le cadre de projets de développement via des ONG,
il est impératif de mettre l'accent sur les filières
vivrières car les ONG n'ont pas les moyens à elles seules
d'impacter les filières de rentes afin de les rendre plus
équitables et structurées. Un dialogue peut s'installer, mais en
tant qu'opérateur de projets, ce n'est pas à eux d'avoir les
démarches de terrain sur les cultures de rentes si elles souhaitent le
développement de populations dépendantes de telle ou telle
filière. Elles peuvent toutefois agir comme médiateur, comme
animateur afin de rassembler les différents membres de la filière
afin d'aider l'instauration d'un dialogue.
Chapitre 4 : La concertation et la participation au
coeur de l'étude de filière
En détaillant des méthodologies d'analyses des
filières, nous avons remarqué que très souvent les
données statistiques et documentaires étant insuffisantes, il
fallait aller sur le terrain pour rencontrer les acteurs de la filière.
En ayant cette démarche d'aller vers les autres, nous sommes dans une
logique participative. Il faut se rappeler que nous travaillons pour le
développement des populations locales et non pour nous-mêmes.
Alors que serions-nous sans ces acteurs, quel travail serions-nous capable
d'accomplir ? La réponse à ces questions est rapide ; sans la
concertation et la participation dans l'analyse de filière, notre
travail serait vain.
Quels sont les méthodes à mettre en avant,
comment rendre notre étude participative ? Nous allons tenter de
répondre à tous ces questionnements.
En allant sur le terrain nous avons à faire face
à des populations démunies quand il s'agit des populations
rurales paysannes. Ce sont ces populations que nous devons aider en premier
lieu en tant qu'ONG, ce sont eux notre priorité d'action. Ces paysans
sont souvent dans une détresse telle que les ONG apparaissent le plus
souvent à leurs yeux comme une bénédiction capable de
répondre à tous leurs besoins. Même si nous devons tenter
de répondre à ces besoins et que nous souhaitons agir de
manière participative, il est indispensable de prendre un certain recul.
Car des problèmes souvent d'ordre matériels simples sont en fait
des problèmes d'accès au marché, à
l'investissement, à la santé... Autant de besoins fondamentaux
sur lesquels les populations seront en demande de biens matériaux et non
de dynamiques permettant à long termes de les sortir de la situation
dans laquelle elles sont actuellement.
6 Organisation des Nations Unies
7 Fonds Monétaire Internationale
23
Même si la participation est devenue la
préoccupation principale des opérateurs de développement,
il faut se méfier des logiques participatives et des outils à
disposition. Comme le souligne J-P Olivier de SARDAN, « la conception
selon laquelle il y aurait des besoins objectifs, communs à toute une
population, que les représentant de celle-ci exprimeraient ou qui se
dégageraient spontanément par effet de consensus lors de sortes
d' « assemblées générales » villageoises,
besoins qu'il suffirait donc de de « recueillir » ou d' «
écouter », cette conception-là est erronée, et son
caractère erroné peut être en bonne rigueur sociologique
démontré. C'est en l'occurrence l'offre qui crée la «
demande ». Les villageois interrogés par les experts, cadres et
autres consultants venus enquêter sur le terrain expriment des besoins ou
des demandes qui sont largement déterminées par ce qu'ils pensent
que les dits experts, cadres ou consultants sont prêts à leur
offrir. »
Même si ces logiques participatives, peuvent
n'être que de la façade, elles représentent un «
outil au service d'une action mieux appropriée aux
réalités locales et aux besoins des populations directement
concernées » (MATTEUDI, 2007).
« L'erreur serait de « donner la parole »
aux paysans en leur demandant purement et simplement d'exprimer leurs
problèmes et besoins prioritaires. On risquerait fort, en effet
d'obtenir de simples demandes d'assistance étatique dans des domaines
très importants (éducation, santé, habitat...) où
il conviendrait surtout que les agriculteurs aient des revenus suffisants pour
prendre leurs propres affaires en main. Afin d'éviter les écueils
du paternalisme, la concertation avec les agriculteurs doit plutôt
s'organiser à travers des débats contradictoires *...+.
»
Encadré 4 : L'indispensable concertation,
DUFUMIER
Les outils disponibles pour mettre en place une logique
participative sont la MARP8, PPO9, Arbres à
Problème et Solution... Nombreux sont les outils disponibles mais ces
outils souvent imposés car correspondant au modèle dominant
méritent d'être ajustés si l'on veut mettre en place un
réel projet de développement de filière. Dans le cadre
d'une logique participative, il faut être dans des logiques d'usages, des
approches chemin faisant qui sont toujours aujourd'hui très difficiles
à faire accepter par les bailleurs. Une solution peut résider
dans la mise en place d'un pilote (projet pilote dans un programme, ferme
pilote...) qui aurait cette logique participative dans son exactitude mais qui
permettrait aussi à un bailleur d'accepter ces logiques chemin faisant
tout en conservant une portée de développement à long
terme. Toutefois l'utilisation d'une logique de pilote nécessite la mise
en place de projets ou programmes d'envergure qui puissent justifier les
dépenses
8 Méthode Active de Recherche
Participative,
http://www.fao.org/Participation/frenchwebsite/content/MARPfr.html
lien de la FAO qui explique ce qu'est la MARP et comment la mettre en
place.
9 Planification par objectifs, « Dans les
années 80, la GTZ a élaboré et introduit la planification
des projets par objectifs, un système de planification inspiré du
"Logical Framework" (Cadre logique) provenant des États Unis. Les
aspects essentiels en étaient les méthodes de communication
(ateliers, animation, visualisation) et de planification (analyse des parties
concernées, des problèmes et des objectifs, schéma de
planification du projet) dans le cadre d'ateliers interdisciplinaires
réunissant les représentants des parties prenantes »
(BLAISE, 2004)
24
occasionnées pour le ou les bailleurs avec ce pilote.
Nous mettons donc cette démarche itérative en avant, mais avec
quelques retenues.
Toujours dans une logique de concertation des acteurs et de
participation, il est indispensable de mettre en avant les partenariats avec
les institutionnels en place que ce soit au niveau gouvernemental pour
promouvoir la filière, mettre en place des unités industrielles
de transformation afin de dynamiser l'économie nationale et
d'éviter que la création de valeur ajoutée qui arrive en
aval de la filière se perde en dehors du pays au profit d'autres plus
développées. Le gouvernement est aussi en mesure de promouvoir la
filière sur le territoire national via une campagne de communication, la
mise en place de concertations avec les différentes parties prenantes...
Au niveau local, les instances décentralisées ont aussi une
grande part à jouer. Dans la plupart des pays en développement,
il n'y a pas encore eu de processus de décentralisation et plusieurs
décennies de PAS10 ont laissées des séquelles.
Avec les politiques de réduction de la dette nationale imposées
par les grandes instances internationales que sont le FMI et la Banque
Mondiale, la plupart des pays en développement ont commencé
à privatiser les terres, favorisant les grandes exploitations agricoles
destinées aux cultures de rentes au détriment des paysans et de
la grande majorité des ruraux. De ce fait la pression sur le foncier a
énormément augmenté. Même quand il y a
décentralisation dans un pays en développement (ce qui est une
bonne chose car les gouvernements centralisés sont très vites
dépassés), il n'y a pas d'accompagnement dans ces processus de
décentralisation et les autorités locales se confondent
très vite avec les autorités traditionnelles sans qui aucune
décision n'est prise. Nous retrouvons ce problème au Mali,
à seulement quarante kilomètres de Bamako, la ville de
Sanankoroba connaît actuellement des difficultés car les
autorités locales n'étant pas assez accompagnées dans la
gestion de la collectivité sont amenées à privatiser un
certain nombre de terres, rendant ces terres collectives privées, un
grand nombre de paysans n'ont plus accès aux ressources qui y sont
présentes. Ces privatisations, en plus de bloquer le
développement rural ont un impact sur l'environnement puisque des
monocultures sont mises en place. Ces cultures appauvrissent les sols et leur
exploitation dégage beaucoup de CO2. Il est donc primordial afin de
limiter la pression sur le foncier d'accompagner les gouvernements et/ ou les
collectivités locales dans la gestion des terres et donc du foncier. Les
autorités locales ont aussi un rôle d'animateur afin de favoriser
au sein de la filière les relations entre les différentes parties
prenantes (producteurs, acheteurs, négociants, transformateurs). Nous
pensons toujours à la logique verticale sous-jacente à la notion
de filière mais avec l'accompagnement des collectivités dans la
création d'organisations paysannes, de mutuelles... Une réelle
mutualisation peut être faite au profit du développement de
filières. De plus, des activités différentes sont
nécessaires dans une filière, ou dans des sous filières.
Si l'on prend l'exemple du karité sur lequel nous reviendrons plus
largement, nous constatons que des productrices de beurre sont à
même de fabriquer du savon ou des crèmes pour la peau. Ces
cosmétiques nécessitent des intrants qui peuvent être
produits localement et avoir un effet bénéfique sur le plan
social, économique et environnemental. Dans le cadre de la sous
filière cosmétique à base de karité se peut
être l'apiculture. La création d'une activité apicole
favorisera la pollinisation, donc le
10 Politiques d'Ajustement Structurels
25
renouvellement d'un parc d'arbres vieillissants et permettra
de fournir le miel nécessaire à la production de crèmes
pour la peau engendrant la création d'une nouvelle activité
génératrice de revenus sur le territoire. C'est donc les
conditions de vie des locaux qui seront améliorées. Les
collectivités peuvent donc faciliter les relations entre les acteurs
aussi bien au niveau de la filière que par transversalité en
participant à la création de nouvelles activités
complémentaires.
On voit donc dans ce chapitre que la concertation et la
participation sont indispensables dans l'analyse des filières, que ce
soit dans une logique de promotion et de structuration des filières,
aussi bien que dans une logique de concertation des acteurs pour le maintien et
le développement des filières.
Comment donner un rayonnement global à des initiatives
locales en termes de filières ? Comment mettre en avant le territoire de
production dans un monde qui est vaste ? Autant de questions qui nous
amènent à trouver des solutions pour que les acteurs les moins
privilégiés de la filière (généralement en
amont), puissent intégrer cette logique globale et
bénéficier d'une amélioration des termes de
l'échange. Nous pensons que cela passe par la qualité. Les
processus qualité et la normalisation sont les seuls moyens
d'intégrer un monde global.
Chapitre 5 : La qualité, indispensable
processus pour le développement des filières
Nous avons introduit ce chapitre en évoquant
l'indispensable besoin de qualité pour entrer dans une logique globale
de manière durable et non sur une base dominant (Nord), dominé
(Sud). Ce besoin de qualité peut être lié à une
« logique analytique inversée ». Comme l'explique G. HENAULT
(2008), dans une logique de développement l'analyse de filière
est obligatoire et est devenue courante par les opérateurs de
développement mais il réside souvent des problèmes
d'accessibilité au marché. L'auteur nous explique que c'est un
problème de mercatique. Quand on analyse une filière on a
toujours une logique d'amont en aval, or dans un monde ou l'offre est
supérieure à la demande, nous ne retrouvons plus cette logique ou
il suffisait de mettre en avant les caractéristiques d'un produit pour
le vendre. Il faut donc selon lui, partir du consommateur pour ensuite remonter
la filière et adapter la mercatique et le produit (marketing mix) aux
besoins des consommateurs.
« Or, l'esprit qui anime une stratégie de
mercatique contemporaine s'exprime par la prise en compte systématique
et constante des besoins des utilisateurs qui déterminent ainsi les
caractéristiques du produit. »
Encadré 5 : La mercatique au service du
développement durable. HENAULT, 2008
D'après G. HENAULT, il faut se concentrer sur
« des marchés d'exportations potentiellement porteurs pour
l'entrepreneuriat coopératif » tel que les produits
biologiques, les alicaments, les produits équitables, les produits
exotiques et ethniques. Ce sont autant de niches de produits qu'il faut mettre
en avant dans le cadre des filières issues de pays du Sud. Même si
l'enthousiasme de
26
l'auteur est en faveur d'un privilège accordé
aux « filières d'exportations coopératives », il met en
avant des critères qui sont importants à prendre en compte pour
pouvoir atteindre ces marchés, notamment la qualité, la
traçabilité, la promotion, la certification. Nous nous
attarderons donc sur ces critères.
En termes de qualité, nous entendons quelque chose de
générique qui engloberait d'autres critères plus
spécifiques, alors que l'auteur considère la qualité comme
un critère en soi, qui permettrait le maintien d'une qualité
constante dans les productions agricoles des pays du Sud.
« Le concept de qualité totale qui inclut les
dimensions techniques ainsi que les attentes des consommateurs est devenu un
préalable à toute stratégie de mercatique au sein de la
filière agro-alimentaire d'exportation. »
Encadré 6: La mercatique au service du
développement. HENAULT, 2008
Il insiste par la suite sur la nécessité de lier
des partenariats Sud Sud et Nord Sud pour oeuvrer vers un développement
durable et pour que ces filières d'exportations ne soient pas dans une
logique d'approvisionnement du Nord, sur le modèle économique
colonialiste.
D'après les recherches effectuées et
l'expérience du terrain avec l'union YIRIWASSO au Mali, nous pouvons
estimer que la qualité n'est pas un critère en soi, nous
préférons une approche systémique dans laquelle nous
incluons comme gage de qualité, la rationalisation des processus, la
gouvernance, la gestion... tout ce qui a attrait à la démarche
entrepreneurial mais aussi la traçabilité des produits, la
labélisation, la certification (biologique et/ou équitable), la
normalisation (normes ISO...).
Tous ces aspects qui paraissent différents deviennent
gages de qualité par le jeu de la transversalité.
En termes de localisation des produits et/ou d'indications
géographiques, nous pensons qu'une filière doit être mise
en avant à plusieurs niveaux et de différentes manières
que ce soit par les circuits courts et la localisation des produits
(traçabilité, produits du terroir), labels.
Dans les années quatre-vingt-dix on a connu une crise
de confiance chez les consommateurs liée aux dérives de la
production alimentaire industrielle (ESB, Dioxine, Légionellose...),
autant de crises qui chez les consommateurs ont permis le développement
des indications géographiques comme facteur de qualité. On a
tendance à amalgamer circuits courts et produits locaux, alors que ce
sont deux notions différentes, un produit issu d'un circuit court est
obligatoirement un produit local alors qu'un produit local n'est pas toujours
lié à un circuit court. Les produits locaux sont liés
à une notion de provenance géographique qui est en
réalité une appartenance à un terroir11. On
peut considérer local un produit traçable et spécifique
à une zone géographique.
11 Un terroir est défini comme « un
système au sein duquel s'établissent des interactions complexes
entre ensemble de facteurs humains (techniques, usages collectifs...), une
production agricole et un milieu physique (territoire). Le terroir est
valorisé par un produit auquel il confère une originalité
(typicité). » Définition mise en avant dans le cadre de
la politique nationale de qualité et d'origine française.
27
Par exemple le camembert de Normandie est un produit
lié au terroir normand, à une région qui a
développé un savoir-faire traditionnel alors que si ce produit
est fabriqué en Chine, il n'est plus un produit local car il ne
bénéficie plus de l'environnement qui fait la
spécificité du camembert. Cette notion de terroir que nous venons
de mettre en avant est aussi exploité dans la logique des labels bien
connus en France grâce aux AOC (Appellation d'origines
contrôlées). Les labels peuvent être
considérés comme une hybridation entre les produits locaux et des
normes de qualités supplémentaires. C'est avec les labels que la
notion de terroir prend le plus de sens. Un label outre le fait d'identifier un
produit à un environnement particulier (terroir), permet de mettre en
avant un produit pour le respect des traditions et de la qualité
liée à l'origine du produit. Des normes de qualités
particulières définissent un terroir notamment le mode de
production la qualité et l'origine des intrants, l'organisation
(personne morale) dont est issue le produit... Dans la mise en place de ces
labels il faut considérer le rôle de l'Etat qui permet de garantir
avec des normes et conventions l'attribution du label. Sans cet accompagnement
Etatique12 qui permet de normaliser les choses, la qualité
n'est pas toujours assurée même si l'initiative individuelle pour
mettre en avant un produit issu du terroir représente en soi une
volonté de mettre en avant une qualité et donc de se
différencier des concurrents.
Nous définissons la traçabilité comme un
critère pour faire d'un produit, un produit local mais en dehors des
produits locaux la traçabilité reste un gage important de
qualité.
Pour ce qui est des circuits courts, nous les
définissons comme une désintermédiation dans la logique
qui relie le producteur au consommateur. Pour les mettre en avant il faut
travailler sur des produits qui demandent peu de transformation ou dont les
transformations pour arriver à un produit fini sont réalisables
par le producteur lui-même ou un artisan associé à ce
dernier.
Les circuits courts interviennent dans une logique
d'équité au profit des producteurs qui dans une logique paysanne
se retrouvent étranglés par les intermédiaires que sont
les distributeurs, les grossistes, les transformateurs, ou tout autre
intervenant qui essai de tirer les prix de vente des producteurs vers le bas ce
qui engage un cycle de dépréciation de l'activité, de la
qualité des produits et donc de l'ensemble de la filière
correspondante.
Les circuits courts représentent une alternative
intéressante pour le dynamisme local et donc pour cette économie
locale.
« L'idée de produits locaux est liée
à la montée d'une économie territorialisée. On est
passée en une quinzaine d'années, d'une économie
très standardisée fondée sur des normes quasi mondiales,
à une économie territoriale. Cela renvoie à une
économie de proximité, à la théorie des districts
italiens, aux systèmes agroalimentaires localisés, aux notions
d'ancrage territorial... Donc le
12 Au sujet de l'intervention de l'Etat, B.
SYLVANDER explique : «En réalité l'influence des
pouvoirs publics est ambigüe. Il me semble en effet qu'ils ont surtout
pris acte de la demande croissante des consommateurs, par exemple pour les
produits bio. Une fois constaté le développement du
marché, il était important de le normaliser... pour éviter
les fraudes sur ce type de produits.
28
territoire prend une valeur centrale et cela explique
comment les groupes d'entreprises créent des territoires qui ont des
règles d'évolutions endogènes communes »
(SYLVANDER, 2005).
Il est toutefois important de souligner certaines limite
à ces « gages de qualités géographiques »,
comme le souligne V. BOISVERT et A. CARON : « la capacité des
indications géographiques à protéger les savoirs locaux
liés à la diversité génétique est souvent
postulée (OMPI, 2004). Leur adéquation à cet objectif
n'est cependant pas avérée. De plus, l'intégration de
clauses relatives à la biodiversité et aux savoirs
associés peuvent apparaître comme une forme de protectionnisme et
mener à des différends commerciaux comme l'ont montré les
négociations de sur ce thème de l'OMC.»
Nous mettons les logiques vivrières en avant depuis le
début du texte et le développement de produits locaux
apparaît surtout comme un besoin émis par les consommateurs
occidentaux. Nous sommes donc dans une logique d'exportation incontestable en
soutenant ce type de démarche. Nous pouvons néanmoins
atténuer notre propos par la conscientisation et le cercle vertueux
équitable que sous entendent souvent ces logique locales, qui plus est,
interviennent sur l'opinion publique donc sur les choix politiques.
Pour justifier notre propos sur la dimension paradoxalement
internationale des produits locaux issus des filières dans le Sud nous
pouvons citer une fois de plus V. BOISVERT et A. CARON.
«D'une manière générale, les
marchés internationaux sont, relativement à ces thèmes
(produits locaux), bien plus porteurs que les débouchés
locaux et régionaux. Grands dévoreurs d'images, ils sont en
perpétuelle demande d'innovations, et de garanties nouvelle. R. Simenel,
L. Auclair, G. Michon et B. Romagny soulignent d'emblée comment
l'explosion de la demande internationale en huile d'argan s'accompagne de plus
en plus souvent d'exigences de qualité et de spécificité
propices à la promotion de spécialités locales et à
la construction d'un dispositif de valorisation fondé sur l'origine du
produit. Ce goût international est certes une bonne opportunité
mais, comme nous le font remarquer M. François, P. Seyverath & J.M.
Brun dans leur analyse des dynamiques cambodgiennes, la notoriété
commerciale génère aussi un besoin urgent d'outils permettant de
pallier les risques graves d'appropriations, de spoliation des
communautés rurales, d'usurpation et de fraudes au profit par exemple,
de firmes commerciales ».
Nous avons donc à la lecture de cet extrait
l'expression du fait que les filières agricoles pour lesquelles on
promeut le caractère local ont beaucoup plus de chances de
connaître un développement au niveau international qui les
obligent à avoir une qualité toujours supérieure et qui
par effet d'entraînement agit sur d'autres filières de la
localité ou d'autres sous-produits de la filière. Nous sommes
donc ici dans l'expression d'un cercle vertueux qui justifie notre mise en
garde du début quand nous attribuons le partage entre culture
d'exportation et culture vivrière à un juste dosage qui doit
être échelonné dans le temps.
De plus, les propos de ces auteurs justifient un encadrement
institutionnel dans les logiques locales et géographiques
attribuées à des productions d'origines agricoles.
29
« Le Commerce Équitable est un partenariat
commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont
l'objectif est de parvenir à une plus grande équité dans
le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de
meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des
producteurs et des travailleurs marginalisés, tout
particulièrement au Sud de la planète. Les organisations du
Commerce Équitable (soutenues par les consommateurs) s'engagent
activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l'opinion
et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et
pratiques du commerce international conventionnel. »
Encadré 7 : Définition du commerce
équitable, BALLINEAU, 2010
Les critères liés aux aspects
géographiques ne sont pas les seuls critères gages de
qualité qui peuvent être mis en avant. La certification et la
normalisation ont aussi leur part à jouer. En ce qui concerne la
certification, on considère deux grands types de certifications qui ont
chacune leurs spécificités. Nous considérons donc la
certification équitable et la certification biologique.
Le commerce équitable est un gage de qualité
dans la mesure où il est normalisé, tous les acteurs s'engagent
à respecter une charte. Il existe deux types de certification
équitable, WFTO et FLO-Int13. L'une correspond à une
logique de filière intégrée alors que l'autre est dans une
logique de filière certifiée. « La première est
représentée par WFTO. Contrairement aux entreprises
(importateurs, industriels, distributeurs) qui ont recours à la
certification FLO, les membres de WFTO font tous du commerce équitable
leur activité principale. Ils n'ont recours, dans la mesure du possible,
qu'à des partenaires à leur tour pleinement engagés dans
la commercialisation de produits équitables (la distribution des
produits dans les grandes et moyennes surfaces est sinon proscrite, du moins
limitée). Il s'agit de la forme de commerce équitable la plus
proche de la forme dite « historique » dans le sens où les
acteurs de la filière sont spécialisés dans le commerce
équitable grâce à des réseaux d'importation
(centrales d'achats) et de distribution (magasins du monde) alternatifs (Diaz
Pedregal, 2007, p.118). Au contraire, les membres de la filière
certifiée peuvent n'être que partiellement engagés dans le
commerce équitable : en règle générale, seuls
quelques-uns de leurs produits sont labellisés, et ils sont pour la
plupart distribués dans les grandes et moyennes surfaces. Cette
filière reflète le choix stratégique fait par les
fondateurs du label Max Havelaar de profiter du savoir-faire et des moyens dont
disposent les importateurs, les industriels et les distributeurs conventionnels
pour ne pas induire de coûts supplémentaires. »
(BALLINEAU, 2010)
Il y a un double enjeu derrière la certification
équitable qui est le standard de qualité de produits
destinés au Nord principalement, donc, répondant aux normes de
consommation en vigueur et la logique générale de
développement qui entoure le commerce équitable. G. BALINEAU (,
2010) dans sa thèse sur Le commerce équitable : un outil de
développement ? conclut en expliquant que
13 Fairtrade Labelling Organizations International
(organisations de labellisation du commerce équitable) et World Fair
Trade Organization (ex-IFAT) (Organisation Mondiale de Commerce Equitable)
30
malgré les charges supplémentaires pour les
acteurs de la filière, les effets déstabilisateurs,
l'insuffisance et l'instabilité de la demande... la qualité des
produit issus du commerce équitable s'améliore sensiblement et la
logique équitable peut apparaître comme un test de
l'efficacité d'une politique de différenciation des prix en
fonction de la qualité des produits sur l'ensemble de la filière
concernée. Ce point de vue sur l'intérêt du commerce
équitable peut être appuyé par la logique de communication
qui entoure ces produits. En effet le fait de communiquer sur une
filière équitable permet de faire connaître le produit et
d'impacter directement les consommateurs et l'ensemble de l'opinion publique
sur l'intérêt de la démarche et sur les volontés
politiques au sein des pays producteurs de participer au développement
de la filière.
Bien que la certification équitable puisse avoir un
intérêt direct sur la filière concernée, il ne faut
pas oublier la certification biologique qui est peut être certainement
moins liée à une logique de développement direct mais qui
a totalement son intérêt environnemental et social.
La certification biologique fait aussi l'objet d'une charte de
qualité qui engage les producteurs à travailler dans le respect
de l'environnement et du consommateur. La mise en place d'une certification de
ce type pourrait être considérée comme lourde à
supporter pour une organisation productrice du Sud, mais compte tenu de
l'augmentation non substantielle du nombre de consommateurs bio dans les pays
du Nord, elle offre une ouverture non négligeable sur des marchés
qui peuvent être porteurs. En ce qui concerne le Sud et l'impact
régional d'une telle certification, il faut garder en tête que la
plupart des paysans du Sud n'ont pas les moyens pour acheter les intrants
nécessaires à la mise en place d'une agriculture productiviste,
ils n'ont pas non plus les moyens de la certification si ils ne sont pas
aidés ou regroupés en coopératives. Toutefois si la
barrière du coup de la certification est levée alors le simple
fait de considérer l'incapacité à acheter des intrants
chimiques peut nous montrer que par essence dans la plupart des cas leur
production est déjà biologique comme il en est le cas pour le
karité en milieu soudano sahélien. La certification biologique
apparaît alors comme un moyen de mettre en place des améliorations
productives et de réaliser un suivi de la qualité permanente des
produits. Pour lever la barrière du coût de la certification, il
est impératif de mettre en place des partenariats pour assurer des
débouchés à courts termes qui puissent amortir les
coûts de certification (mise aux normes et cotisations à
intervalle régulier).
En ce qui concerne la normalisation de production, une
filière peut passer par la normalisation ISO, mondialement reconnue
comme un gage de qualité, mais des normes d'Etat ou régionales
peuvent aussi être appliquées.
Dans cette première partie nous avons passés en
revue la notion de filière, détaillée une
méthodologie d'analyse et définit les points primordiaux à
considérer dans cette analyse afin d'assurer un bon développement
des filières dans le Sud. Maintenant que nous avons en mains toutes ces
instruments et ces données, nous ne pouvons que nous intéresser
à l'opérateur visé par la problématique
posée : les ONG. Nous aborderons donc dans la partie qui suit la logique
d'action que peuvent suivre les ONG pour avoir une démarche
filière et nous mettrons en perspective l'intérêt qu'elles
ont à adopter une logique systématique d'analyse de
filière dans le cadre de projet de développement agricole.
31
II - LES LOGIQUES D'ACTION DES ONG
Les ONG, Organisations Non Gouvernementales dans les champs de
l'urgence et du développement se sont surtout développées
dans les années soixante-dix. Leur raison d'être réside
principalement à un clivage important durant cette période. Dans
les pays du Sud, les Etats parfois appuyés par les grandes organisations
multilatérales favorisaient des projets non prioritaires. Les ONG ont
donc pu s'affirmer et intervenir dans un contexte d'indépendance face
aux états et aux organismes multilatéraux. Elles se sont donc
développées de manière endogène par la
volonté de la société civile.
« Au Sud, depuis les années 1990 on a vu
s'amplifier de nouvelles formes de crises agraires. Loin d'être le signe
de l'archaïsme de l'agriculture, elles se sont manifestées dans un
contexte de progrès spectaculaire de la productivité agricole,
à travers la « chimisation » et la mécanisation
massive, la mise en oeuvre des biotechnologies. La crise agraire multiforme est
d'abord la conséquence de la logique de « pôles performants
» dans l'agriculture. En effet les progrès spectaculaires sont le
fait d'une petite minorité d'exploitations, mise en oeuvre dans ce que
l'on peut appeler la » voix fermière de modernisation agricole
», systématiquement privilégiée par les
organisations multilatérales (Banque mondiale, FAQ).
»
Encadré 8 : Territoires, développement et
mondialisation, alternatives sud, 2008
Chapitre 6 : L'approche filière, une
nécessité ?
Afin de mieux comprendre l'intérêt que peuvent
avoir les ONG à maîtriser une approche filière, nous tenons
à mettre en avant les différentes philosophies14
appliquées par les ONG, puis nous développerons un argumentaire
sur la nécessité d'intervenir sur les filières.
Dans les années soixante-dix, les ONG ont eu une
logique communautaire dans leur intervention. Cela consistait dans le fait
d'intervenir sur les populations et seulement auprès des populations.
L'hypothèse posée était d'aider les sociétés
civiles en pensant qu'au bout d'un moment les populations seraient assez
instruites pour s'auto développer (mythe de l'auto
développement). La démarche liée à cette
philosophie était la suivante :
1- Recrutement d'un chef de projet (expatrié ou local)
2- Recrutement d'une équipe (cinq ou six
spécialistes souvent locaux)
3- Recrutement d'agents communautaires
Donc une logique d'intervention basée sur trente
à cinquante personnes, sur une période assez courte.
14 D'après le support de cours, Urbanisation et
Développement, K. KOOP et E. MATTEUDI
32
L'intérêt de ce type de philosophie réside
dans le fait que les ONG faisaient valoir leur manque de confiance dans les
autorités politiques et les organismes multilatéraux. Cependant
cette approche a très vite montré ses limites car espérer
résoudre des problèmes structurels sur la base de projets de
trois à quatre ans relève du mythe. Cela a donc
entraîné un cloisonnement des populations aidées et une
dépendance de la population par rapport à la logique d'assistanat
développée lors des projets.
On retrouve encore malheureusement quelques ONG qui ont cette
logique d'intervention qui dessert totalement les populations «
aidées ». Généralement ces pratiques sont
liées à un manque de connaissance du terrain par les
opérateurs et à une volonté de reconnaissance
vis-à-vis du pays d'origine de la structure.
Partant d'une bonne intention et d'une certaine
naïveté de la part des ONG, les ravages causés par ce mode
d'action sur la dépendance des populations locales aux aides
extérieures ont parfois donné une image néfaste des
ONG.
C'est donc avec une certaine amertume que les ONG sont
très vite passées à une logique multi-acteur à
partir des années quatre-vingt dans un contexte de
décentralisation grandissant. A cette même période les
logiques de « bonne gouvernance » et « démocratie locale
» se sont développées, ce qui a favorisée cette
nouvelle philosophie dans les ONG.
L'objectif de cette nouvelle approche est une
amélioration des conditions de vie de la population ciblée qui
puisse perdurer après le départ de l'ONG. Dans les faits cela est
possible grâce à la mise en place de partenariats avec
différents organismes. Des entreprises pour des partenariats commerciaux
équitables et durables, des collectivités locales, d'autres ONG
spécialisées dans d'autres domaines (compétences
distinctives). On a donc logiquement une accumulation progressive de
savoir-faire et de compétences et donc une capitalisation de bonnes
pratiques. Cette approche aussi louable soit elle est dans les faits souvent
bien difficile à mettre en place de manière efficiente, pour
plusieurs raisons que nous allons détailler.
- La question du transfert
- Le manque d'analyse ex ante
- La durée de l'intervention imposée par le
bailleur - Le manque de suivi
La clef de voute de l'approche réside dans la logique
de transfert. Mais comment organiser ce transfert de savoir-faire et de
connaissances ? Les partenariats liés avec les collectivités ou
les entreprises... aussi bien des acteurs publics que privés ne sont
parfois que des partenariats de complaisance en vue d'obtenir des financements
auprès des bailleurs. Il faut donc être très attentif. Il
faut aussi savoir détourner les « éléments
perturbateurs » qui peuvent bloquer l'intervention des ONG... Tous ces
mécanismes de blocage doivent êtres parés.
La seule manière de se prémunir de ce type de
problèmes c'est de réaliser des études ex ante, des
analyses... afin de se préparer au mieux aux logiques du terrain. Il
faut aussi savoir se faire reconnaître des autorités
traditionnelles qui s'avéreront souvent plus efficaces dans la
résolution
33
de problèmes. La concertation a là aussi un
rôle primordial pour concilier et acclimater les acteurs aux changements
qui vont intervenir et pour communiquer (il faut se faire connaître si
l'on veut avoir une certaine légitimité).
Mais comment mener à bien le transfert inhérent
à l'approche multi acteurs si les bailleurs ne s'engagent que sur trois
ans ? Deux approches sont possibles pour contourner cette question. Ces deux
solutions qui peuvent et doivent être cumulables résident dans
l'intervention sur des dynamiques d'acteurs et non sur du financement pur et
total d'améliorations productives et dans la mise en place de montage de
financements croisés basés sur des logiques de programmes
à long termes.
L'approche filière apparaît alors comme
une nécessité car elle permet de travailler sur des dynamiques
d'acteurs dans une logique « long termiste » dont la finalité
est la structuration d'une filière basée sur le
développement paysan.
En adoptant cette logique filière on oblige
l'opérateur (ONG) à fixer un cadre de travail définit. Ce
type d'approche permet de mettre en avant toutes les caractéristiques
souhaitées d'une approche multi acteurs.
De plus, dans une logique d'aide à la population rurale
via l'analyse de filière, nous participons au développement au
niveau national car la pauvreté est avant tout concentrée dans
les campagnes du Sud, et nous permettons aussi de limiter un exode rural
massif.
« Les pays du Sud combinent
généralement augmentation des migrations campagnes - villes et
dépendance plus forte de la paysannerie demeurant sur place à
l'égard des revenus monétaires, dans un cadre de
précarité plus grande. »
Encadré 9 : Territoires, développement et
mondialisation, alternatives sud, 2008
Le champ d'intervention des ONG pouvant être
limité pour des raisons de moyens financiers, il est
préférable d'avoir une logique d'analyse d'aval en amont de la
filière car ce sont les producteurs paysans qui ont le plus
généralement besoin d'aide et de développement comme nous
avons pu le mettre en avant tout au long du texte. L'analyse de filière
nous permet cependant de ne pas négliger les autres acteurs de la
filière car l'étude des filières est avant tout
l'étude d'interactions à tout niveau que ce soit.
Afin de faciliter et de cadrer le projet de
développement vers une autonomie des populations ciblées, il est
indispensable de considérer la logique de filière mais aussi la
logique entrepreneuriale sans laquelle il est impossible d'être efficace
en tant qu'opérateur de développement.
34
Chapitre 7 : La logique entrepreneuriale
Nous avons précédemment mis en avant
l'importance des partenariats dans les projets de développement par les
ONG, mais ces partenariats ne sont faisables que si une contractualisation est
effectuée de manière équitable par tous les partis
prenants.
La logique contractuelle est pleinement incluse dans des
processus entrepreneuriaux mais ils ne sont pas les seules logiques à
prendre en compte : logiques commerciales, logiques de gestion et logiques de
gouvernance principalement. Avec une bonne démarche entrepreneuriale les
paysans seront à même de connaître « l'or » qu'ils
ont entre les mains via leur savoir-faire de paysannerie.
Pour développer la démarche entrepreneuriale
nous encourageons les paysans à mutualiser leur production et leur
capital productif (semences, outillage, machines...). La forme
coopérative apparaît alors la plus adaptée dans une logique
de développement. Un encadrement est nécessaire à la mise
en place de logiques coopératives. Sans cet encadrement que ce soit en
termes de formation ou de gestion par un gestionnaire commercial de
métier, les coopératives sont vouées à
l'échec. Notre observation du terrain via le cas du karité nous a
permis de mettre en avant le manque de fiabilité économique de
ces coopératives. Ce manque de fiabilité intervient dans une
logique ou les dites coopératives souhaitent s'insérer dans une
logique de marché mais n'en n'ont ni les moyens financiers, ni les
compétences.
La formation est un préalable indispensable à
toute logique coopérative mais des paysans sont avant tout des paysans,
il en va de même dans tous les corps de métiers : un commercial
n'est pas un paysan et un banquier n'est pas non plus un paysan. Il est donc
très important de respecter ces logiques dans un monde globalisé
ou les compétences de chacun sont en concurrence avec d'autres ailleurs
dans le monde. C'est donc une logique de qualité que nous mettons ici en
avant.
La nécessité de l'entrepreneuriat intervient
donc ici comme pré requis obligatoire à toute action, les ONG ne
doivent pas oublier cette démarche.
Lors de projets de développement il incombe donc aux
opérateurs de mettre en place cette logique entrepreneuriale. Pour ce
faire, les ONG doivent de manière toujours participative encourager la
mise en place de la mutualisation des moyens de production et de la production
puis une fois cette démarche adoptée, il est indispensable
d'encadrer ces coopératives dans la rédaction d'un plan
d'affaires qui servira à favoriser la compréhension de
l'activité et qui permettra de rationaliser les objectifs de
développement sur le long terme. Le business plan permettra aussi la
mise en place d'un cadre stratégique de développement de
l'activité et facilitera l'identification de restructurations
nécessaires au niveau de la coopérative.
La formalisation de l'activité par les
coopératives grâce au plan d'affaire devient alors un
préalable à la structuration de la filière par le biais de
la transparence et de l'identification des acteurs impliqués.
Les dimensions commerciales et mercatiques sont trop souvent
négligées au même titre que la bonne gouvernance et la
gestion des comptes. La démarche entrepreneuriale sert alors à
canaliser les opportunités. Une bonne contractualisation permettra alors
de financer au titre d'animateur de
35
terrain le dit gestionnaire commercial qui aura une
communication permanente avec l'ONG. Ce commercial à la fin du contrat
qui le lie à l'ONG sera dès lors engagé par la
coopérative. Afin que le groupement ne soit pas trop surchargé
financièrement, nous proposons que cette ou ces deux personnes puissent
être rémunérées avec une part fixe et une part
variable dans le but de les motiver au développement de la structure
qu'il représente.
Une démarche de suivi est aussi mise en place par l'ONG
en même temps, ce suivi intervient dans un premier temps par les
relations qui lie l'animateur gestionnaire commercial à l'ONG, puis par
des audits de manière fréquente commanditée ou
réalisée par l'ONG.
Afin de pouvoir mettre en avant ce type de logique, il est
indispensable que le projet ou programme de filière soit mené sur
le long terme (10 à 15 ans). Bien que compte tenu de la
réalité qui lie les ONG aux bailleurs cela puisse paraître
difficile, il est possible de mettre en place des montages de financement sur
le long terme. Nous aborderons donc dans le chapitre qui suit la
stratégie que peut et doit suivre une ONG dans une démarche de
filière.
Chapitre 8 : La mise en place d'une stratégie
de développement via l'analyse de filière
L'analyse de filière nous montre que les ONG doivent
intervenir sur deux axes principaux en amont afin de permettre un
développement paysan et sur l'ensemble de la filière. L'ONG
intervenante doit impérativement prendre conscience des limites de la
portée de son action. Une ONG pourra intervenir pleinement sur les
logiques liées à des groupes ciblées de producteurs mais
ne doit pas se disperser dans la logique des moyens qu'elle a à sa
disposition et doit ne pas s'éloigner du coeur de métier qui la
caractérise.
Une logique importante de partenariat intervient à ce
niveau dans le but de mettre en avant des compétences distinctives.
L'ONG doit être à ce niveau très attentive à la
contractualisation qui lie les différents opérateurs qu'ils
soient publics ou privés pour pouvoir assurer le bon déroulement
des actions dans le respect des populations.
36
Afin d'avoir une visibilité sur les actions à
préparer et à mener nous tenons à mettre en avant cette
logique d'intervention :
I - Etude Ex-ante
a/ Identification de populations paysannes dans le
besoin
b/Pré étude de
faisabilité
c/ Etude, analyse de
filière
d/ Etude de marché
e/ Etude de faisabilité
f/ Mise en place d'un plan d'affaire de la ou des
structure(s) de base identifiée(s)
II - Planification projet/programme
a/ Mémoire d'avant-projet
b/ Prise de contact avec les différents
partenaires identifiés
c/ Contractualisation avec ces
partenaires
d/ Sous-traitance auprès des
partenaires
e/ Planification, définition des axes
d'actions, détail des activités, mise en place du
cadre
logique...
f/ Répartitions des fonds sur l'ensemble
des membres du projet ou programme
III - Opérationnel
a'/ Dans le cadre d'un programme : mise en
place du pilote
a/ Suivi et avancement du projet
b'/ évaluation du pilote
b `'/ Déploiement à d'autres
structures
b/ Mise en place des
activités
c/ Suivi évaluation
d/ Evaluation à t+10 et
plus
e/ Evaluation finale/ Mémoire post mortem
du projet ou programme
37
Pour mener à bien un programme ou un projet lié
à une approche par la filière, il est indispensable de mettre en
avant plusieurs types de bailleurs et plusieurs sources de financement. Pour ce
faire il existe plusieurs manières d'agir. Il doit être mis en
avant plusieurs axes de développement dans une logique de
filière. Nous avons identifiés trois axes qui sont
nécessaires dans ce type d'approche. Ces axes sont le groupement
(coopérative, union...), la structuration de la filière dans son
ensemble et l'environnement qui est une préoccupation importante
aujourd'hui. On ne peut pas travailler sur les filières agricoles sans
avoir une démarche de développement durable. Les activités
agricoles impactant directement l'environnement, il ne peut être
qu'obligatoire de le considérer.
Pour multiplier les sources de fonds, il est aussi important
de considérer aussi bien des acteurs publics (coopération
décentralisée, Union Européenne, Agence Française
de Développement...) que les acteurs privés (financement par des
entreprises, fondations...).
D'un point de vue idéologique, il peut paraître
difficile pour certains opérateurs d'être dépendants des
entreprises, leur rôle privé et la défense permanente de
leurs intérêts ne sont pas toujours gage de réel
développement. Nombres d'entreprises multiplient les actions des «
greenwashing », de communication... Le choix des partenaires privés
doit donc être basé sur une analyse fine de l'éthique de
l'organisation et sur une contractualisation solide entre les différents
partis impliqués dans le projet. Il ne saurait être souhaitable
à une ONG qu'on dicte le travail à faire en oubliant les
dynamiques participatives et toutes les dynamiques de développement
endogène inhérentes au développement. Les ONG ne sont donc
pas présentes pour véhiculer une image positive de certains
opérateurs privés mais réellement pour favoriser le
développement dans le monde. La contractualisation reste la clef de tout
bon partenariat.
Dans le montage d'une stratégie d'action, les logiques
de financement sont primordiales. Avec l'approche filière, le travail
sur des groupes paysans est intéressant en terme de
développement, ainsi que pour des raisons financières. On
distinguera donc deux types de montage de financement : un premier sur le
financement des projets ou programmes de filière par des bailleurs et la
deuxième catégorie de montage concernera une manière
autonome pour les groupements de se financer, (on ne parle pas
d'autofinancement mais de financements extérieurs à
l'intervention de l'ONG).
Pour financer les projets ou programmes nous mettons en avant
plusieurs axes d'interventions opérables par une ONG (ou un groupe d'ONG
dans le cadre d'un programme). En développant plusieurs axes
d'interventions, on permet aux ONG intervenantes de mobiliser plusieurs types
de financement qui seront complémentaires dans le montage d'un projet.
Les axes à développer comme nous l'avons
précédemment évoqué sont l'environnement, le
groupement ou les groupements paysans ciblés et la filière
concernée. La logique de programme permet d'aller plus loin dans cette
logique de financement croisé.
38
Il y a un montage intermédiaire entre le financement
des bailleurs de fonds de l'ONG et le ou les groupement(s) mis en avant. Nous
proposons donc en nous inspirant de l'intervention de l'AFD15 au
Mali, un système de fonds de garantie déposé par le
bailleur dans une mutuelle. Ce système s'inscrit pleinement dans le
développement d'une logique entrepreneuriale et nous espérons
qu'il puisse avoir un impact sur la facilité de crédit
accordée par les mutuelles dans l'ensemble d'une
localité16.
Détails du montage :
1. Un bailleur de fonds verse une somme d'argent à
l'ONG qui plutôt que de l'imputer directement à des actions de
terrain verse l'argent dans une mutuelle avec laquelle elle a
négocié un taux préférentiel.
Les animateurs de l'ONG sont au courant mais pas les paysans
dans le but de renforcer leur logique entrepreneuriale.
2. Munie du plan d'affaire réalisé de
manière participative par l'ONG avec les paysans, le trésorier et
le gestionnaire du groupement paysan vont vers la mutuelle où le fonds
de garantie a été déposé pour faire une demande de
prêt à un taux intéressant qui aura déjà
été négocié par l'ONG sans que les paysans ne
soient au courant.
3. La viabilité du plan d'affaire ayant
été éprouvée préalablement, la mutuelle
accorde le crédit au groupement paysan avec taux
préférentiel.
Il y a dès lors deux options, la première est
que l'activité se développe bien et le groupement est en
capacité de payer ses traites, dans le cas contraire la mutuelle peut
puiser dans le fonds de garantie déposé par l'ONG.
4. A la fin du projet, si le crédit a
été remboursé par le groupement cela veut dire qu'il a
atteint un taux de développement suffisant et respecté les axes
stratégiques de développement de l'activité posés
dans le plan d'affaire. Le fonds de garantie est donc reversé
entièrement au capital du groupement pour développer plus
amplement l'activité.
La mutuelle trouve un intérêt dans le fait que le
fonds de garantie peut être placé, de ce fait elle a donc des
intérêts qui croissent sur ce placement et peut elle aussi
développer son activité de mutuelle en milieu rural.
Le troisième type de montage possible concerne
directement les membres du groupement. Nous encourageons la mise en place d'une
tontine17 dans les groupements. Si on prend le cas de l'union
YIRIWASSO au Mali, il y a 1 800 femmes adhérentes. Un système
basé sur la mutualisation peut être intéressant avec un
nombre assez important de membres. De cette manière on assure aux
15 Agence Française de Développement,
http://www.afd.fr
16 Les autres mutuelles ayant vent du succès
de la dite mutuelle par rapport au succès de projets de filières
appliquerait par imitation des taux d'intérêts plus bas à
ces coopératives ou groupements paysans dans une logique de
concurrence.
17
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tontine
%28Afrique%29#cite note-0
39
femmes membres de l'union la possibilité de financer
les intrants nécessaires à leur production agricole
vivrière mais aussi à la production du beurre de karité.
La tontine peut aussi prendre des aspects de mutuelle de
cérémonies pour les mariages, les décès... Avec le
développement du ou des groupements sur le long terme il est possible
que les tontines prennent la forme de mutuelles si l'on arrive à
fédérer les différents groupements aidés.
Si plusieurs actions de soutien sont menées par une ou
plusieurs ONG sur le territoire d'intervention, il peut être aussi
possible de mettre en place une action solidaire de mobilisation de
l'épargne locale via un fonds alimenté par les ONG, ce fonds
pourrait avoir plusieurs orientations (cérémonies, financement
des semences et intrants de production agricoles, du petit outillage,
financement de la mise en place de coopératives ou de nouvelles
faitières paysannes...).
Nous pouvons aussi encourager le micro crédit sur le
modèle Grameen bank, en y apportant les adaptations nécessaire
à la région du monde où il est employé. Il faut
faire attention car ces dernières années les avatars du
modèle Grammen bank ont montrés leur limites à cause de
leur instabilité, le non remboursement chronique des traites et
intérêts, les taux prohibitifs pratiqués, le manque de
suivi des banques de micro crédit et l'effondrement des structures.
Par le biais de ces modes de financement, on participe
à formaliser la filière et par la même nous encourageons
l'adhésion de nouveaux paysans dans les coopératives. De plus,
ces modèles de tontine et de mutuelle encouragent l'esprit
communautaire, ce qui permet de rompre l'isolement des paysans et le sentiment
d'abandon dans les pays du Sud.
Afin de mettre en avant toutes ces logiques d'action
évoquées nous tenons à prendre le cas du karité sur
lequel nous avons une expérience de terrain forte.
III - Le cas du karité au
Mali
Le karité (Vitellaria paradoxa parkii ou
Butyrospernum parkii) est un arbre soudano-sahélien
découvert par MUNGO PARK (1771-1806) et qui pousse dans près de
20 pays : le Sénégal, la Gambie, la Guinée, le Mali, le
Burkina-Faso, le Niger, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo, le
Bénin, le Nigéria, le Cameroun, la République
Centrafricaine, le Tchad, le Soudan, l'Ethiopie, l'Ouganda,...
Tableau 2 : Caractéristiques de l'arbre à
karité
Hauteur
|
< ou = à 15 m
|
Couleur des fruits
|
Verte
|
Durée de vie
|
2 à 3 siècles
|
Maturité
|
15 - 20 ans
|
Age de production max
|
50 - 100 ans
|
Nombre de kg/an
|
15 - 20
|
Le fruit, aussi appelé karité, est
composé de la pulpe, d'une ou deux noix dans lesquelles se trouve
l'amande. C'est cette dernière qui est utilisée pour la
transformation en beurre.
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud9.png)
Figure 8 : Le fruit de karité avec sa
pulpe
40
Figure 9 : L'amande de karité avec sa coque de
noix
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud10.png)
Figure 7 : Aire biologique du Vitellaria paradoxa. Source
: SOS SAHEL
Les vertus de cet arbre ainsi que de ses fruits sont
nombreuses et connues depuis bien longtemps (Cf. Annexe 1 sur les vertus).
Chapitre 9 : Offre et demande mondiale en
karité
a. La noix de karité L'offre :
La production mondiale de noix entre 1998 et 2008 répartie
entre les 7 plus gros producteurs selon un ordre décroissant est comme
telle :
Tableau 3 : Les 7 plus gros producteurs de noix de
Karité, FAO, 2008
Position Région Production
(T) 1998
|
Production (T) 2000
|
Production (T) 2002
|
Production (T) 2004
|
Production (T) 2006
|
Production (T) 2008
|
Taux de croissance Production en volume de 1998
à
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2008
|
1
|
Nigéria
|
368
|
000
|
369
|
000
|
371
|
000
|
414
|
000
|
414
|
000
|
425
|
000
|
15,49%
|
2
|
Mali
|
85
|
000
|
85
|
000
|
85
|
000
|
85
|
000
|
70
|
000
|
190
|
000
|
123,53%
|
3
|
Burkina Faso
|
70
|
000
|
70
|
000
|
70
|
000
|
70
|
000
|
65
|
000
|
70
|
000
|
0,00%
|
4
|
Ghana
|
53
|
000
|
65
|
000
|
60
|
000
|
65
|
000
|
53
|
407
|
65
|
000
|
22,64%
|
5
|
Côte d'Ivoire
|
29
|
156
|
30
|
874
|
31
|
572
|
26
|
194
|
27
|
951
|
28
|
874
|
-0,97%
|
6
|
Bénin
|
15
|
000
|
15
|
000
|
15
|
000
|
15
|
000
|
15
|
000
|
15
|
000
|
0,00%
|
7
|
Togo
|
7
|
000
|
8
|
500
|
8
|
000
|
8
|
000
|
9
|
300
|
12
|
000
|
71,43%
|
|
TOTAL
|
627
|
156
|
643
|
374
|
640
|
572
|
683
|
194
|
654
|
658
|
805
|
874
|
28,50%
|
Le CNUCED estimait cette offre à 693 000 tonnes en
2005.
Ainsi, le Nigéria est le premier producteur de
karité au monde suivi du Mali. La production mondiale de noix a beaucoup
augmenté entre 1998 et 2008.
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud11.png)
9%
23%
8%
4% 2% 1%
Nigéria
53%
Burkina Faso Ghana
Côte d'Ivoire Bénin
Mali
41
Graphique 1 : Part représentative de chaque pays
dans la production mondiale de noix de karité en 2008 en volume
(tonnes)
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud12.png)
Graphique 2 : évolution de la production
mondiale de noix de Karité entre 1998 et 2008 à droite, CNUCED,
2008
42
Quant aux exportations, elles suivent une tendance contraire
à celle de la production. Nous en déduisons que le gros de la
consommation de karité (noix, amandes, beurre) se fait localement.
Le Burkina Faso et le Ghana sont les deux plus gros pays
exportateurs de karité au monde.
Tableau 4 : Evolution en tonnes des exportations entre
1998-2008, FAO
|
Exportations
1998
|
Exportations
2000
|
Exportations
2002
|
Exportations
2004
|
Exportations
2006
|
Exportations
2008
|
Ghana
|
32
|
782
|
35
|
983
|
27
|
627
|
17
|
000
|
49
|
700
|
42
|
424
|
Bénin
|
19
|
866
|
8
|
531
|
5
|
560
|
15
|
718
|
|
436
|
|
436
|
Burkina
|
20
|
663
|
|
|
|
|
|
|
|
|
5
|
272
|
Faso
|
|
|
11
|
575
|
34
|
975
|
11
|
891
|
5
|
272
|
|
|
Togo
|
6
|
865
|
4
|
764
|
1
|
166
|
3
|
022
|
|
2
|
|
|
Indonési
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
e
|
|
603
|
|
|
|
94
|
|
4
|
|
|
|
|
Nigéria
|
|
781
|
|
54
|
|
900
|
|
900
|
|
900
|
|
900
|
Côte d'Ivoire
|
1
|
436
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Mali
|
|
|
|
|
4
|
015
|
2
|
432
|
|
|
|
|
Royaum e-Uni
|
|
6
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Costa
|
|
25
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Rica
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Danema rk
|
|
8
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
États-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Unis
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
d'Améri que
|
|
8
|
|
37
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Allemag
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ne
|
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Chine
|
|
11
|
|
64
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Républi que
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Tchèque
|
|
|
|
48
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Turquie
|
|
|
|
3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
83
|
055
|
61
|
059
|
74
|
337
|
50
|
967
|
56
|
310
|
49
|
032
|
En 2008, seuls quatre pays ont exporté des noix de
karité selon les données de FAOSTAT, mais nous savons que ces
données sont incomplètes.
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud13.png)
43
Graphique 3 : Evolution du total des exportations
entre 1998 et 2008 Graphique 4 : Evolution de la production mondiale de noix de
karité entre 1998 et 2008
Dans la mesure où la majeure partie de la consommation
de karité à l'export est l'oeuvre des multinationales
impliquées dans la production du beurre pour le chocolat, la seule
explication est que ces acteurs auraient désormais des usines en Afrique
de l'Ouest. Cependant, les revenus de cette activité ne profitent pas
pleinement aux populations locales.
La demande
La demande en noix de karité est faible. Les noix de
karité sont essentiellement transformées en beurre au sein des
exploitations. Le karité se vend surtout en beurre.
La demande internationale en noix de karité
représente environ 10% de la quantité totale produite, soit
l'équivalent de 69 300 tonnes de noix en 2005, et de 80 587 tonnes en
2008.
Ces importations sont destinées à l'industrie du
chocolat (95%) et de la pharmacopée.
Le marché des noix de karité est
caractérisé par une certaine opacité car les
données enregistrées concernant les importations sur FAOSTAT sont
loin d'avoisiner les 80 587 tonnes.
Tableau 5 : Importations de noix 2008
Position
|
Région
|
Quantité (tonnes)
|
Valeur (1000$)
|
Valeur unitaire
|
|
|
|
|
($/tonne)
|
1
|
Burkina Faso
|
364
|
35
|
96
|
2
|
Togo
|
138
|
4
|
29
|
3
|
Îles Féroé
|
1
|
1
|
1 000
|
b. L'amande de karité
Encadré : La fiabilité des
statistiques
Les statistiques disponibles sont peu fiables. Une certaine
confusion existe entre noix et amandes de karité. La distinction n'est
pas toujours faite dans les statistiques de la FAO, ce qui peut avoir un impact
important lorsque l'on sait que volume et le poids de la noix est bien plus
important que celui de l'amande .
L'offre et la demande en amandes sont difficiles à
apprécier. Il existe très peu de données traitant de ces
aspects. On sait qu'en général, 15 à 20 kg de noix donnent
3 à 4 kg d'amandes. En conservant ce rapport, les 805 874 tonnes de noix
produites en 2008 équivalent environ à 138 600 tonnes
d'amandes.
L'amande est très appréciée en Europe,
aux Etats-Unis et en Asie, notamment pour le chocolat, les cosmétiques
et la pharmacopée. Cette demande sera amenée à
croître dans l'industrie du chocolat en raison de la directive de l'Union
Européenne qui autorise l'incorporation d'autres graisses
végétales que le cacao à hauteur de 5% (directive
européenne 2000/36/CE).
44
Nous présentons ci-dessous les différentes voies
d'extraction du beurre à partir des fruits :
Tableau 6 : Techniques de production des amandes de
karité, GRET, 2004
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud14.png)
La méthode dite améliorée consiste
à supprimer l'étape du stockage en fosse ; les noix sont
immédiatement portées à ébullition après le
ramassage.
45
Des amandes de bonne qualité doivent avoir les
propriétés suivantes :
Tableau 7 : Normes et critères de qualité
des amandes de karité
CRITERES Normes (FOSFA 3)
Amandes saines Supérieur à 90%
Amandes attaquées par des insectes Exempt
Brisures 10% max
Amandes moisies 10% max
Amandes germées Exempt
Amandes recornies Exempt
Corps étrangers et poussière 1% max
Humidité 8% max
Acidité 6% max
Matières grasses 50% minimum
c. Le beurre karité
Le beurre de karité peut être produit selon quatre
modes de production différents :
? Production artisanale. Deux techniques sont suivies dans ce
mode de production très répandu :
o Beurre traditionnel par fumage des amandes. Le beurre est
de moins bonne qualité en raison de l'odeur de fumée. Il est
destiné au marché local. Cette méthode est la plus
énergivore.
o Beurre raffiné par cuisson des amandes dans l'eau. Le
beurre produit de cette manière est de meilleure qualité, il est
plus demandé que le beurre traditionnel. ? Production semi industrielle
: cette méthode est réalisée à l'aide de machines
qui permettent une pression à froid ou à chaud des amandes. Elle
fournit un meilleur rendement des amandes sans pour autant dégrader les
propriétés du karité.
? Production industrielle : cette méthode se base sur
l'extraction de l'huile grâce à un solvant, dans ce cas le
rendement est le plus élevé possible mais les
propriétés du karité sont altérées entre
autre par les propriétés d'insaponifiable indispensables à
la qualité d'un savon entre autre.
Tableau 8 : Technologie de production des organisations
de productrices
Technologie de production
|
Burkina Faso
|
Guinée
|
Mali
|
Niger
|
Ghana
|
Production manuelle
|
Faible
|
Moyenne
|
Faible
|
Totale
|
Totale
|
Production semi mécanisée
|
Forte
|
Moyenne
|
Forte
|
En démarrage
|
Faible
|
Source : KIMA Bertrand ; CECI ; Mars 2007
|
|
Graphique 6 : Production mondiale de beurre de
karité sur la période 19612002 en milliers de tonnes
46
|
L'offre de beurre de karité est répartie de la
manière suivante :
Les chiffres qui suivent proviennent des données
officielles de la base FAO. Ils nous permettent de connaître les grandes
tendances sur les périodes observées mais restent
néanmoins très incomplets et peu fiables.
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud16.png)
Graphique 5 : Répartition de la production de
beurre de karité par pays producteur en 2002 (en %)
La croissance de la production mondiale de beurre de
karité jusqu'à 2002 était la suivante :
47
La production a progressé ; elle est passée
d'environ 30 000 t à 176 000 t de beurre de karité produit en
l'espace de quarante ans. On a une progression d'environ 154 % sur cette
période.
Tout comme la production de noix, l'offre de beurre de
karité est très concentrée ; le Nigeria est le plus gros
producteur avec 69,8% de la production mondiale suivi du Ghana avec 9,6 %, puis
le Mali avec 9,2 % et le Burkina Faso avec 7,3 %. La demande internationale en
beurre de karité est très variable, même si globalement
elle fut en augmentation de 1961 à 2003. Cette augmentation n'est pas
constante comme celle de la production mondiale. Le chiffre le plus
récent sur la demande internationale en beurre de karité est de
2006. Sur cette période, la consommation de beurre de karité en
Europe était estimée entre 40 000 et 60 000 tonnes
utilisées à 95% dans la chocolaterie.
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud17.png)
Graphique 7 : Exportations de noix et de beurre de
karité. Source : FAO pour la CNUCED
Les quantités exportées vers le Japon, les Etats
Unis ou la Suisse seraient principalement destinées à un usage
cosmétique et/ou pharmaceutique. Selon les chiffres de 2006, la demande
en amandes de karité était de 30 000 t.
Le karité offre un nombre important de
possibilités en termes de transformation. Les produits à base de
karité les plus communs par ordre d'importance sont : le chocolat, les
barres chocolatées, les confiseries, les huiles et margarines
végétales, les crèmes, les baumes, les savons, les
shampooings...
d. Les secteurs de la filière
karité
Le karité est présent sur trois secteurs
différents qui sont l'agroalimentaire, la cosmétologie et la
pharmacologie.
L'agroalimentaire est le secteur le plus
représenté en termes de volume (95% des exportations de
karité (amande et beurre se font dans le secteur chocolatier) mais les
acheteurs représentant les
48
entreprises de l'agroalimentaire préfèrent
utiliser des noix ou des amandes achetées à prix bas. Ce
marché est déjà hyper concurrentiel et ne permet pas de
changer la logique de marché dominante dans la filière : une
relation centre/périphérie où les producteurs alimentent
les multinationales dans une logique dominants/dominés. Il y est
extrêmement difficile de faire descendre le noeud de la filière au
plus près des productrices dans une logique de structuration de la
filière à long terme. Il y a donc peu d'intérêt pour
les productrices de chercher à se développer sur ce secteur au
niveau international.
Nous n'avons pas beaucoup d'informations sur le secteur de la
pharmacologie mais nous savons que les exigences de qualité
exigées par l'industrie pharmaceutique obligent cette dernière
à acheter le beurre de karité à des raffineries
industrielles avec des contrôles sanitaires importants. Cette exigence de
qualité et cette obligation de passer par un intermédiaire
supplémentaire ne permet pas non plus de faire descendre le noeud de la
filière au plus près des productrices. Nous excluons donc aussi
ce secteur de notre analyse, au niveau international. Toutefois une
réhabilitation de l'utilisation du beurre de karité en cuisine
est à soutenir pour le marché malien et sous régional.
La cosmétologie nous apparaît donc comme le seul
secteur porteur en termes de développement au niveau international. Le
beurre de karité a une teneur très élevée en
insaponifiables ce qui lui procure des propriétés
particulières très recherchées dans ce secteur. Bien que,
ne représentant à l'heure actuelle que 5% des importations
globales, ce secteur devrait se développer sous l'effet d'un retour aux
produits ethniques, naturels et écologiques en Europe. Cette tendance au
naturel s'est d'ailleurs déjà intensifiée, notamment
depuis 2003, date depuis laquelle nous retrouvons du karité
estampillé bio sur le marché européen. Ce beurre provient
principalement du Burkina Faso. Le Burkina Faso occupe une place importante
dans la production de beurre destiné aux entreprises cosmétiques
européennes notamment grâce à L'Occitane et au programme
national karité mis en place en 1994. Ce programme a permis de
structurer la filière dans le pays et d'obtenir une qualité
importante pour un coût de revient plus faible qu'au Mali
actuellement.
Chapitre 10 : Le Mali dans la filière
karité
a. L'offre
D'après les Brèves de la Revue
Marchés Tropicaux et Méditerranéens de 2008, l'offre
de karité en provenance du Mali était répartie comme suit
en 2005 :
Tableau 9 : L'offre de karité en provenance du
Mali
Eléments Quantités en tonnes
Noix 85 000
Amande 8 000
Beurre 500
Deuxième producteur de karité au monde
après le Nigéria, le Mali occupe la sixième place en
termes d'exportations. Selon la FAO, en 2008, le Mali a enregistré une
production de noix de karité de 190 000 tonnes. Alors même que le
potentiel du parc est estimé à 250 000 tonnes pour cette
même année, soit une production globale de noix de karité
égale à 76% du potentiel estimé.
En ce qui concerne les exportations, les dernières
données disponibles sur FAOSTAT sont de l'ordre de 4 015 tonnes de noix
en 2002 contre 2 432 tonnes en 2004.
Tableau 10 : Production et exportations de
karité
Année 1998 Année
Mali 2000
|
Année
2002
|
Année
2004
|
Année
2006
|
Année
2008
|
Production 85 000 85 000 85 000 85 000
70 000 190 000
Exportation 4 015 2 432
Selon la DNSI (Direction Nationale de la Statistique et de
l'Informatique)18 2003, 3,5% des exportations maliennes concernent
la noix de karité. Par ailleurs, il représente 81% des
oléagineux exportés.
Les deux tiers de ces exportations vont en direction du
marché sous régional (République de Côte d'Ivoire,
Burkina Faso et Ghana) qui le commercialise sous leurs labels. Il y a dans ces
pays une forte représentation des industriels européens utilisant
le karité comme matière première.
D'après le programme national PCDA (Programme de
Compétitivité et diversification agricole), le potentiel de
production du parc malien est estimé dans le tableau suivant :
Tableau 11 : Offre potentielle au Mali (PCDA)
Estimation du parc karité
|
408 607 769 pieds
|
Superficie estimée
|
22 912 500 ha
|
Production potentielle
|
250 000 t
|
Collecte potentielle
|
150 000 t
|
Consommation estimée
|
97 000 t
|
Export estimé total
|
53 000 t
|
Export sous forme d'amandes de karité
|
50 000 t
|
Export sous forme de beurre de karité
|
3 000 t
|
49
18 Maintenant appelé INSTAT (institut nationale
des statistiques).
50
Malgré la richesse informationnelle de ce tableau, nous
pouvons ici souligner le fait que les potentielles de production, de collecte
et de consommation ci-dessus exprimées ne spécifient pas s'il
s'agit de noix, d'amandes et/ou de beurre.
b. La demande
La demande en beurre karité malien est surtout locale,
nationale et sous -régionale. Il n'existe pas de données
disponibles sur la demande de karité à quelque niveau que ce
soit.
Les quelques données dont nous disposons sur la
consommation nationale sont anciennes. Elles datent de 1993 avec une
étude de l'APROMA qui soulignait qu'en moyenne, par jour une famille de
7 personnes consomme l'équivalent de 150g de beurre.
Au niveau international, une demande existe. Cependant, pour
répondre à cette demande, le karité malien est
obligé dans la majeure partie de transiter par la République de
Côte d'Ivoire ou le Burkina Faso. Les exportateurs avec qui nous nous
sommes entretenus confirment cette pratique, citant majoritairement la Hollande
et l'Inde comme principaux clients.
Une étude intéressante du CECI sur l'image de
marque du karité en 2007 donne des informations sur la consommation
malienne de karité. C'est le résultat d'une enquête dont la
taille de l'échantillon était de 500 urbains (de Bamako et
Sikasso).
Le profil du consommateur malien dégagé par
cette étude correspond à la tranche d'âge des 21 à
40 ans, mariés. Cette tranche constitue 58,8% des consommateurs.
Pour ce qui est de la forme des produits consommés, les
tableaux qui suivent, nous renseignent sur la nature de l'utilisation ainsi que
sur leur fréquence.
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud18.png)
Graphique 8 : Utilisation des produits de karité
au Mali, 2007
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud19.png)
Graphique 9 : Fréquence d'utilisation au Mali,
2007
51
Les principales motivations de l'utilisation du beurre de
karité en plus de l'aspect naturel sont :
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud20.png)
Figure 10 : Modes d'utilisation du beurre de
karité par les consommateurs maliens, CECI, 2007
L'enquête révèle par ailleurs que les
consommateurs maliens une fois bien renseignés sur le concept du
commerce équitable se disent prêt à 89,4% à acheter
ces produits bien que les prix soient plus élevés (2007).
c. Le circuit commercial
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud21.png)
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud22.png)
Figure 11 : Le circuit commercial du karité au
Mali
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud23.png)
Coopératives et unions
Acheteurs villageois / collecteurs
Transformateurs
Bamako grossistes détaillants
Région productrice :
Commerçants / Grossistes
Grossistes et
Productrices indépendantes
Exportateurs
Courtier
52
|
Consommateurs
|
Importateurs
|
Figure 12 : Le circuit commercial du karité au
Mali incluant les coopératives. Source : Auteur
|
|
53
Le schéma en noir constitue celui identifié par
DIC Sahel (Délégation interopération au Sahel) dans son
rapport de mission de la filière karité de 2005 (Karité
28/2005).
Cependant les différentes rencontres que nous avons
effectuées tant avec les coopératives qu'avec les exportateurs ou
transformateurs mettent souvent en évidence l'existence d'un circuit
parallèle. Ce dernier est représenté par le tracé
en rouge.
En effet, faire la distinction entre les productrices
indépendantes et celles regroupées en coopératives et
unions, est utile. Ceci met en évidence que si les échanges sont
intenses sur les branches partant des productrices indépendantes, ceux
pratiqués avec les coopératives sont assez faibles.
Plusieurs raisons évoquées par les
différents acteurs de la filière expliquent ce
phénomène :
- Les quantités commandées par les exportateurs
et les transformateurs sont de loin supérieures à l'offre des
coopératives,
- Les tarifs appliqués par les coopératives sont
tels que, les exportateurs et transformateurs ne trouveront pas de
marché avec un coût d'achat pareil,
- L'abondance des amandes et du beurre traditionnel à
prix abordable et la possibilité de filtrer à nouveau ce
beurre,
- La proximité du Burkina Faso et du Ghana qui
commercialisent respectivement le beurre à 700 et 600 FCFA le
kilogramme.
- De façon générale, il n'est pas
sûre que le délai de réponse à la demande soit plus
court chez les indépendants que chez les coopératives. Cependant,
une chose est certaine ; c'est le fait qu'en s'approvisionnant directement sur
les différents marchés forains, les acheteurs trouvent dans un
délai plus court que chez les coopératives, les quantités
dont ils ont besoin.
De façon générale, la recherche de
satisfaction de la demande nationale en karité tant pour la partie
consommée sur le territoire que pour celle dédiée à
l'exportation se fait au niveau des différents marchés locaux.
Marchés sur lesquels abonde la qualité dite traditionnelle.
Cependant, il arrive d'y trouver parfois des amandes et du beurre
amélioré d'après plusieurs de nos interlocuteurs (Madame
Sanogo de Sokarima et M. Talla de SOATAF, société exportatrice de
karité). Ce qui nous pousse à nous poser la question de savoir
s'il existe sur ces marchés des femmes indépendantes produisant
des amandes et/ou du beurre selon la technique améliorée ?
Quoi qu'il en soit, tous sont d'accords sur le fait que le
Mali ne devrait produire que du beurre amélioré. La
distinction entre beurre amélioré et traditionnel doit
disparaitre du langage commun, pour ne parler que de beurre naturel, selon les
mêmes personnes interrogées. Harmoniser les
procédés de production au niveau national permettrait de mieux
promouvoir le karité du Mali à l'extérieur, grâce
à une communication sur la qualité uniforme des produits.
54
Chapitre 11 : Les acteurs de la filière
karité depuis le Mali
La logique d'une filière est verticale, alors nous
déterminerons les acteurs à trois échelles :
internationale, sous régionale et locale.
a. Niveau international
Au niveau international, la seule instance qui regroupe tous
les acteurs de la filière est le global Shea, qui rassemble tous les
membres de la filière chaque année et qui donne lieu à
l'alliance globale karité.
Dans l'annexe 2 nous retrouvons une liste des entreprises qui
sont investies dans la filière au niveau Ouest Africain mais aussi en
Europe, en Asie et en Amérique du Nord.
Il ne faut pas oublier les PME qui peuvent jouer un
rôle dans la filière qui peut être important tel Chimitex
qui produit du savon avec 40 % de beurre de karité...
b. Niveau sous régionale
(Sénégal)
Le Sénégal a bénéficié de
deux programmes karité d'envergure, le programme Pro-karité
(Mali, Burkina-Faso, Sénégal) et le projet PROMER, qui soutient
les initiatives entrepreneuriales donc l'activité des femmes dans le
karité.
La Maison du karité dirigée par M. Diop est une
entreprise qui ne commercialise que des produits à base de
karité, il est le « M. Karité du Sénégal
», en tant que biochimiste il a une connaissance aiguisée des
vertus de karité. Sa consoeur Dr. Marie Diallo, pharmacienne de
formation a lancé sa marque de produits cosmétiques, elle aussi a
beaucoup participé à l'évolution de la filière.
Elle commercialise des produits à base de karité.
Nous mettons ici en avant les acteurs de la
sous-région pour montrer qu'il y a une demande, et cette demande, le
karité du Sénégal ne peut pas y répondre. En raison
de l'isolement et de l'éloignement des parcs de karité
sénégalais des lieux de consommation importants, les
sénégalaise préfèrent souvent acheter du beurre de
karité malien plus simple à acheminer et souvent moins
chère en raison de ces coût logistiques.
c. Niveau local
- La politique de l'Etat :
Le Cadre Stratégique pour la Croissance et la
Réduction de la Pauvreté (CSCRP) du Mali met un accent
particulier sur la promotion de la filière Karité notamment comme
moyen d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD). En effet, la filière karité a
été identifiée comme une des filières porteuses
d'emplois et de revenus.
Cette volonté se manifeste à travers plusieurs
actions (ministérielles, projets, programmes de développement)
:
o Le Ministère de l'Agriculture qui encadre le monde
rural,
o La loi d'Orientation Agricole : définit la politique
générale de développement agricole au Mali pour l'horizon
2025.
o
55
Le Ministère chargé du commerce et de
l'industrie : via la direction nationale du commerce et de la concurrence qui a
participé à l'élaboration de la stratégie
sectorielle du karité et qui organise des manifestions commerciales
dédiées aux produits agricoles (donc les produits à base
de karité).
o Le projet karité prise en charge par le
ministère de la promotion de la femme et de l'enfant et qui est
très actif dans le financement des équipements de production et
transformation du karité.
o Le PAFA (Projet d'appui aux filières agricoles) :
qui appuie de nombreuses coopératives et union de transformation de
beurre de karité amélioré.
o Le PCDA (Programme de Compétitivité et
diversification agricole) qui est un acteur clé dans proposition de
technologies innovantes pour l'amélioration de la qualité du
beurre de karité.
o L'OHVN (Office de la haute vallée du Niger) pour la
promotion du karité BIO.
o L'IER (Institut d'Economie Rurale) et L'IPR (Institut
Polytechnique Rural de Katibougou) qui oeuvrent dans le domaine de la lutte
contre les pathologies des arbres à karité.
- La fédération nationale Karité (FNK):
constitue l'interprofession de la filière karité née en
2010, mais n'est pour le moment pas opérationnel. Son but est de
rassembler l'ensemble des acteurs de la filière afin promouvoir la
transparence de l'information au sein de la filière karité.
- Les partenaires au développement qui aident les
différentes organisations de productrices de base de beurre de
karité :
o CECI (Centre d'Etude et de Coopération Internationale
Canadien)
o SNV (ONG néerlandaise)
o SOCODEVI (ONG canadienne)
o SUCO (ONG canadienne)
o CESVI
o AMPJ (Organismes de promotion du karité au sein du
ministère de promotion de la femme du Mali)
o SOSSIF (SOS SAHEL INTERNATIONAL France)
o Mali Folk center
o Ben Ba (Faitière paysanne dont fait partie
YIRIWASSO)
- Les transformateurs : il s'agit des transformateurs
indépendants de savon, et de la SODEMA (Société de
détergent du Mali) qui est une société privé de
détergent. HUICOMA et SIKA qui transformaient autrefois le beurre en
pommade et lait n'exercent plus dans la filière.
- Les organisations de productrices de base de beurre de
karité amélioré : Yiriwasso, COPROKAZAN, COPROKASI,
Shiyiriwa, ULPK-Dioila, etc....
- Les exportateurs : tels que l'AMEPROC (Association malienne
des exportateurs), ACOGEDI, SOATAF, ACO Industrie, etc....
- Les courtiers et acheteurs villageois qui collectent et
approvisionnent les exportateurs/ grossistes en produits karité.
56
d. Programmes d'appuis
La filière karité au Mali a
bénéficié de nombreux programmes d'appuis
répertoriés dans le tableau qui suit :
Tableau 12 : Les programmes d'appui dans le secteur du
Karité. Source Diallo, SNV, 2007
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud24.png)
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud25.png)
57
e. Les résultats de l'étude
Une fois les acteurs identifiés et après avoir
dressé un portrait des différentes coopératives maliennes
nous avons pu mettre en avant une matrice SWOT pour les coopératives
productrices de karité.
Tableau 13 : Matrice SWOT des
coopératives
Organisation / gestion
|
Forces
|
Faiblesses
|
- Grande motivation du CA et du CS
- Communication avec les partenaires
- Existence d'outils de gestion
- Bonne entente entre les membres dans
l'ensemble
- Qualité du beurre
- Présence de compétences pour la production
|
- Faible maîtrise de leurs attributions (CA
et CS)
- Elles ne sont pas toutes équipées pour la
production
- Insuffisance et faible utilisation des
outils de gestion surtout des coopératives les plus
jeunes
- L'accès aux financements (crédits, etc...)
- Quantités produites
|
Opportunités
|
|
Menaces
|
- Grande mobilisation des femmes
|
|
- Rendements des parcs
|
- Volonté politique marquée
|
|
- Concurrents locaux et sous régionaux
|
- Grands débouchés potentiels
|
|
- Inexistence d'un cadre de concertation
|
- Engouement des partenaires
développement
|
au
|
|
58
Dans la continuité de cette analyse des
coopératives, nous avons travaillé sur le marché
international pour ces coopératives en détaillant les
marchés de niches et en réalisant une veille concurrentielle sur
la base de quatre cent soixante produits à base de karité en
cosmétologie que l'on peut retrouver en Europe. Nous en avons extrait la
matrice SWOT qui suit pour la filière karité et les sous
filières associées.
Tableau 14 : Matrice SWOT du marché
international
Forces
Présence d'acteurs économiques qui ont une
vision intégrée de la filière
|
|
Opportunités
|
|
Ces acteurs, de par leur maîtrise de la filière,
sont un facteur important dans la connaissance
|
·
|
Réglementation européenne sur l'adduction d'huiles
végétales dans la fabrication du chocolat
|
|
du karité au niveau international (Olvea)
|
·
|
Développement du commerce bio et
|
·
|
Développement d'entreprises cosmétiques qui
|
|
équitable
|
|
valorisent le karité dans leurs produits et soutiennent la
filière (l'Occitane, The body
|
·
|
Marché des cosmétiques et cosmétiques bio en
croissance constante
|
|
Shop, Chimitex)
|
|
|
|
Faiblesses
|
|
|
|
|
|
Menaces
|
|
· Opacité du marché
|
|
|
|
· Manque de visibilité sur la filière
(seulement sept des seize pays producteurs sont pris en compte par la
FAO)
|
|
· Dépendance du prix du karité à celui
des huiles végétales via les logiques de marché
|
|
· Production instable d'une année sur l'autre et pas
de culture possible qui rendent difficile l'appréciation du risque par
les grandes firmes internationales
|
|
· Marché des huiles végétales
très instable
|
|
59
Notre connaissance du marché nous a permis de mieux
cibler le reste de nos recherches. Dans cette partie nous souhaitons
connaître quels sont les objectifs à atteindre pour pouvoir
pénétrer ce marché. En d'autres termes, maintenant que
nous connaissons le marché, il nous faut savoir comment répondre
à ses besoins et donc trouver le bon compromis pour un groupement de
femmes en termes de production (ce qu'il faut produire, comment le produire et
dans quelles mesures).
Pour répondre à cette question nous nous sommes
donc focalisé sur :
- Le marché international. Une première
étape a constitué à analyser l'offre de produits à
base de karité à travers une base de données de 460
produits (Cf. Annexes 3 et 4), puis nous avons analysé la demande
à travers un échantillon de 174 personnes.
- Au niveau sous régional, notre étude du
marché nous a permis de voir que le Sénégal offrait un
potentiel de marché que les autres pays n'offraient pas, nous nous
sommes donc attardés sur ce dernier.
- Le marché local nous est apparu comme celui qui offre
le plus de potentialité à long terme pour les groupements de
femmes au Mali à travers le cas de l'union d'Yiriwasso. Une analyse de
l'offre et de la demande a une fois de plus permis d'avoir des résultats
tangibles.
Dans une logique analytique inversée, notre analyse de
la demande internationale trois segments ont retenu notre attention : les
consommateurs de produits biologiques, les consommateurs de produits
équitables et les personnes ayant une peau noir ou métisse. Afin
de répondre au mieux aux exigences de ces segments, nous avons
croisé les données avec notre analyse de l'offre et notre
connaissance des groupements de femmes pour promulguer une offre
adaptée.
Au niveau sous régional, notre étude approfondie
du marché du karité au Sénégal par rapport aux
autres pays de la sous-région nous a permis de déterminer les
besoins du pays en termes d'approvisionnement en karité et donc les
potentialités que cela représente pour le Mali en terme
d'exportation dans ce pays.
Par la suite nous avons pu grâce à une
étude de la demande au Mali et en fonctions du potentiel productif de
l'union d'Yiriwasso, nous avons pu mettre en avant une offre de produit.
De toutes les sous filière liées au
karité, deux seulement offre un potentiel de marché, ce sont la
sous filière beurre de karité et la sous filière produits
cosmétiques à base de karité (crème pour la peau et
savon exclusivement).
Nous avons donc croisé les différentes analyses
faites au niveau international, sous régional et local, puis nous avons
pris en considération les capacités de l'union d'Yiriwasso pour
formuler une offre de produit à mettre en avant. Veuillez trouver
ci-dessous cette offre de produit adaptée au développement de
l'union de productrices de beurre de Yiriwasso.
60
|
Produit
|
Prix
|
|
Communication
|
|
Canaux de distribution
|
Beurre de karité
|
1 kg en vrac (sachet sous vide)
|
1 000 Frs
|
·
·
·
·
·
|
Caractère spécifique du produit
(couleur pure, sans odeur,
totalement naturel, à base
d'amandes bouillies)
Ne pas spécifier « beurre
amélioré »
Mettre en avant les bienfaits du produit
Produit entièrement naturel !!!
Sur les sachets sous vide, préciser
utilisation alimentaire, ainsi que sur les seaux
|
·
·
·
|
Boutiques et kiosques spécialisés dans le
karité. Marché
Supermarchés
|
500 g en vrac (sachet sous vide)
|
525 Frs
|
300 g en vrac (sachet sous vide)
|
325 Frs
|
150 g en vrac (sachet sous vide)
|
160 Frs
|
75 g en vrac (sachet sous vide)
|
85 Frs
|
Sot transparent de 1 kg
|
1 500 Frs
|
Pot de 300 g
|
750 Frs
|
·
·
·
·
|
Boutiques et kiosques spécialisés dans le
karité.
Marché
Supermarchés
Magasins cosmétiques
|
Pot de 100 g
|
500 Frs
|
Crème à base de karité
|
Pot de 125ml
|
1 000 Frs
|
·
·
|
Spécifier caractéristiques
hydratantes, anti âge...
Côté léger du produit
|
Pot de 375 ml
|
2 750 Frs
|
Savon boule
|
|
traditionnel
|
500 g
|
175 Frs
|
·
|
Produit naturel, efficace dans les
tâches courantes de la vie de famille
|
·
·
|
Boutiques et kiosques spécialisés dans le
karité.
Marché et supermarchés
|
|
Savon de toilette
|
100 g
|
300 Frs
|
·
·
|
Produit naturel
Vertus antiseptiques
|
·
·
·
·
|
Boutiques et kiosques spécialisés dans le
karité.
Marché
Supermarchés
Magasins cosmétiques
|
Marché sous régional
Sénégal
A la suite de cette offre de produit adaptée nous avons
mis en avant un schéma de commercialisation à trois niveaux
(international, sous régional et local) échelonné dans le
temps.
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud26.png)
t n t n+1 t n+3 t
n+5 t n+7 t n+9 t n... t
n+15
Marché local
|
|
|
|
|
Vente de beurre de karité pur, de
crème (pommade), de savon de toilette et de savon boule
|
Développement de l'activité de ventes
cosmétiques, via des produits de qualité supérieur
|
|
|
Vente de beurre de karité pur
|
Vente de savons et pommades une fois le standard
de qualité Sénégalais atteint
Vente de beurre de karité pur et de bondillons de savon
(partenariat avec un transformateur)
|
Marché
International Europe
Vente de savons et pommades une fois les standards de
qualité européens atteints
Figure 13 : Chronogramme de commercialisation par zone
géographique
61
Localement, à l'échelle du Mali, les conditions
de réussite sont la mise en place d'un commercial afin de vendre les
produits de l'union et de développer l'activité à un
niveau suffisant. Il est nécessaire que cette personne en place puisse
régulièrement démarcher dans Bamako de manière
hebdomadaire, assurer un réassort des produits mais aussi se
déplacer dans l'ensemble du pays car dans des régions tel que Gao
ou Tombouctou , du beurre est consommé mais le beurre est importé
du Burkina Faso.
Il faut être présent avec une force de vente et
avoir un suivi de la clientèle. A plus long terme, il est indispensable
d'avoir un standard de qualité de produit supérieur pour se
positionner dans la fabrication de cosmétique (crèmes et savons
dans un premier temps).
A l'échelle sous régionale il faut la
présence d'une force de vente qui puisse être en mesure d'aller au
Sénégal démarcher des transformateurs et des
distributeurs. A plus long terme, la qualité et la normalisation des
produits cosmétiques de l'union sera indispensable pour pouvoir
pénétrer le marché Sénégalais.
Il faut rechercher des partenariats sur la zone du
Sénégal.
Au niveau international
Dans un premier temps il faut chercher des partenariats sur un
marché européen qui est déjà hyper concurrentiel
(ces concurrents ont une connaissance très fine du marché).
Par la suite, à long terme il faudra répondre
aux standards de qualité européenne pour s'imposer sur ce
marché avec des crèmes, savons... et donc développer une
gamme de produits l'export.
Pour parvenir à atteindre même ces conditions, il
est impératif de travailler sur plusieurs points qui sont l'organisation
des acteurs de la production, la rationalisation des processus de production de
beurre de karité et des sous-produits du karité, les termes de
références nécessaires à la mise en place de
conditions commerciales adéquates.
Chapitre 12 : La stratégie projet à
mettre en avant
A travers l'action de SOS SAHEL à Kati de 2006 à
2009, nous avons aidé les femmes à s'organiser en groupements
pour avoir plus de poids économiquement et pour qu'elles puissent avoir
des revenus complémentaires plus conséquents et plus stables. Le
but de cette étude est d'assurer un marché à ces femmes
pour que leur activité croissante permette un développement
durable. L'objectif global du projet Kati est à l'origine de lutter
contre la déforestation via des activités
génératrices de revenus contrecarrant la coupe de bois de
chauffe.
Cette logique vertueuse est celle dans laquelle nous
souhaitons toujours nous inscrire à travers cette étude. Nous
voulons participer au développement d'une activité qui soit
sociale, économiquement viable et qui respecte l'environnement.
Afin d'être dans cette logique durable, nos actions
seront orientées sur les dynamiques d'acteurs et de marché, le
renforcement des capacités entrepreneuriales, le respect de
l'environnement via le traitement et la valorisation des déchets issus
de la production mais aussi la préservation des ressources en
rationalisant l'utilisation des intrants,...
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud27.png)
Conseil
d'administration
Comité de surveillance
Gestionnaire / Commercial
Gardien
Gestionnaire du Ben Ba
Equipe de production
a. Au niveau organisationnel
Nous souhaitons renforcer l'action du comité de
surveillance et du conseil d'administration via des formations comme nous
l'avons développé précédemment. Nous souhaitons
aussi la mise en place d'un gestionnaire commercial qui sera en charge de la
62
gestion de l'union à plein temps et assurera la
Figure 14 : Organigramme indicatif
63
direction commerciale du groupement. En termes de gestion il
sera mandaté par le conseil d'administration pour assurer la gestion et
le développement économique de l'union, il assurera le respect
des axes stratégiques de développements déterminés
en concertations avec le Conseil d' Administration de l'union.
Des audits de SOS SAHEL seront mis en place à
intervalle régulier pour évaluer et assurer un suivi des
activités, afin d'ancrer durablement dans le temps le
développement de l'union.
En termes commerciaux, le gestionnaire assurant aussi des
fonctions de cadre commerciale aura la charge de mettre en place les
activités de promotion, assurera le suivi client, la prospection...
comme cela est détaillé plus haut dans le texte.
Un véhicule sera mis à sa disposition pour
assurer ses fonctions commerciales majoritairement sur Bamako et de gestion sur
le site de production de l'union YIRIWASSO.
b. Au plan technique
Dans le but d'aider au développement de la l'union
YIRIWASSO et au succès un futur projet karité, nous avons repris
les éléments du diagnostic dans une construction
synthétique. Cette analyse causale des problèmes
a facilité le développement d'une
stratégie, puis d'un business plan et d'un
plan de financement.
Enfin, une ouverture est donnée par la prise en compte de
deux développements à prévoir : - la participation
à l'organisation de la filière malienne
- la question environnementale, dans le but de limiter les
impacts de la transformation du karité sur le milieu
En termes méthodologiques, nous avons commencé
notre étude en écoutant les femmes sur les problèmes
qu'elles ont dans le cadre de leur activité, après nous nous
sommes basés sur notre analyse du terrain. Dans un premier temps, les
femmes ont évoqués plusieurs problèmes centraux et
périphériques qui sont :
? Problèmes d'eau (qualité et quantité)
? Manque d'infrastructure (immobilier et équipement)
? Manque de formation et de connaissance principalement dans
le domaine de la gestion ? L'accès difficile au marché (perte de
stock, ventes insuffisantes)
Vous trouverez en annexes 5 l'arbre à problèmes
et l'arbre à solution ayant servi au diagnostic à
l'échelle de la coopérative. Les deux autres analyses ont aussi
été faites dans le même canevas.
Nous esquissons ci-après le cadre logique qui est ressorti
de ces trois niveaux d'analyses.
64
|
Projet karité Yiriwasso
|
Volet Filière Mali
|
Volet environnement
|
Objectif global
|
- Contribution à l'amélioration des conditions
de vie des femmes
- Contribution à la lutte contre la pauvreté au
Mali
|
- Contribution au développement des filières
agricoles maliennes
|
- Contribuer à la lutte contre la désertification
au Mali
|
Objectif spécifique
|
1. Améliorer la présence des
produits de Yiriwasso sur le marché
|
2. Améliorer la présence du
karité malien sur les marchés locaux, sous régionaux et
internationaux
|
3. Préserver l'écosystème
karité
|
Résultats attendus
|
1.1 Elargir la gamme de produits
|
1.2 Améliorer la qualité des
produits
|
1.3 Améliorer la logique entrepreneuriale
(gestion, gouvernance, commerciale)
|
2.1 Accroître la consommation de beurre
amélioré
|
2.2 Structuration de la filière
malienne
|
2.3 Elargissement de la gamme de produits issus
du karité
|
2.4 Elargissement de la consommation urbaine du
karité malien
|
3.1 Restauration et pérennisation des
parcs d'arbres à karité
|
3.2 Réduction des impacts
environnementaux des activités liées au karité
|
Activités
|
1.1.1 Equipement de Yiriwasso (Baratte, Moulin,
Micro Savonnerie, Bâches...) 1.1.2 Financement des
améliorations par une mutuelle à travers un fonds de garantie
distribué grâce à une partenaire.
|
1.3.1 Formation des membres de la
coopérative en gestion coopérative (Conseil d'administration,
conseil de surveillance, gouvernance)
1.3.2 Mise en place d'un poste de commercial,
d'un poste de vendeuse et construction d'un kiosque karité à
Bamako
1.3.3 Prospection commerciale (communication,
gestion du suivi client, publicité...)
|
2.1.1 Sensibilisation et formation aux
intérêts du beurre amélioré (bonne odeur,
Productivité, respect de l'environnement) à l'échelle
nationale
|
2.2.1 Mise en place d'une
fédération de producteurs et d'une interprofession au niveau
national
|
2.3.1 Production de nouveaux produits mieux
adaptés aux besoins urbains et création d'un label karité
du Mali
|
2.4.1 Etude de faisabilité pour la mise
en place d'une raffinerie de karité en partenariat avec le gouvernement
malien
2.4.2 Plan de communication au niveau
national
|
3.1.1 Concertation avec les acteurs des
collectivités locales pour diminuer la pression sur le foncier,
faciliter l'accès au parc d'arbres et gérer rationnellement la
ressource (conventions collectives)
3.1.2 Désenclavement des parcs
inexploités
|
3.2.1 Récupération et valorisation
des déchets et sous-produits de la transformation (Compost, briquettes
ardentes, ...)
3.2.2 Réduction des émissions de
carbone et de la consommation de bois (foyers améliorés)
3.2.3 Formation et sensibilisation des transformatrices
|
Tableau 15 : Cadre logique simplifié
65
Chapitre 13 : L'approche programme, le cas du
karité.
L'approche programme est complémentaire de l'approche
filière, elle permet d'ancrer profondément les pratiques du
développement sur le long terme en mobilisant les compétences de
d'un nombre important de spécialiste dans les domaines divers sous la
forme de projets diverse ayant pour axe un programme défini.
Même si directement l'impact est sur la filière,
cette approche impacte par transversalité des points différents.
Nous nous retrouvons donc dans une logique de système de
développement localisé où des acteurs mettent en avant
leurs compétences distinctives et où ils sont
complémentaires.
L'impact de la qualité des productions et du niveau
d'organisation des producteurs est amélioré de manière
plus importante qu'avec une logique de projet conventionnelle. Avec cette
approche programme c'est aussi le territoire d'action qui est
développé dans son ensemble.
Afin de mettre en avant cette approche nous allons nous baser
sur la logique de montage d'un programme karité au Mali.
2011 2012 2013 2015 2016 20xx 2026
CO2 et
Environnement
Economie
Déploiement des activités à
d'autres groupements, mise en commun des systèmes de mutuelle
(fédération).
Mise en place d'une fédération
des groupements inclus dans le programme via un comité de
pilotage.
Suivi évaluation du programme
de développement.
66
Identification des projets
|
Baseline
|
|
Déploiement
|
|
|
|
Centre/Ferme pilote
|
Monitoring
|
|
Prospection + Etat des lieux
|
|
|
|
|
Premiers résultats mesurables
et effectifs
|
Modèle de remédiation
|
Etude
valorisation parc d'arbres
|
Evaluation pilote
|
Développement Local
Prise en compte demande locale
Démarche participative
Recherche développeme nt sur
la valorisation des déchets de la production de
beurre
Prospection partenaires industrielles
et
distributeurs
|
Mise en place des améliorations (processus de
productions, gestion des groupements, certifications...), mise en place
d'une mutuelle dans le paiement des commandes, mutuelle de santé et
mutuelles de cérémonies.
|
Améliorations des conditions de vie des femmes,
Diminution de la pénibilité du travail, croissance de
l'activité, plus de femmes sont nécessaires, de nouvelles
activités, de nouveaux revenus complémentaires sont mis en
place. Une gestion collective des ressources qui ont un effet levier sur
l'activité, les revenus et les conditions de vie.
Développement d'activités génératrices
de revenus
|
|
Développement de nouvelles
activités économiques, chaîne solidaire Nord/ Sud, mise
à disposition de nouveaux marchés équitables
pour les groupements, cercle vertueux.
|
Figure 15 : Concept d'un programme
karité
67
Le concept du programme karité est d'agir sur trois
fondamentales qui sont le CO2, le développement local des populations
via une coopérative, et sur les dynamiques économiques. Le fait
d'utiliser une logique transversale dans l'approche programme nous permet de
monopoliser plus de leviers d'action pour le développement. De toucher
plus largement et plus profondément les populations et l'environnement.
Nous avons donc un programme qui s'inscrit parfaitement avec ces trois axes
dans une démarche de développement durable (social,
économique et environnemental).
La clef de ce programme réside en outre dans la
possibilité et la capacité pour, la ou les ONG
opérateur(s) du programme à obtenir les financements
nécessaires. Ce programme nous permet donc de mettre par sa logique
transversale plus de moyens de financement dans des logiques à court,
moyen et long termes.
Axe CO2 et environnement :
2011-2012
Il s'agit ici de mettre en place des systèmes pouvant
à la fois limiter les émissions de CO2 dans l'air mais aussi de
permettre, par la valorisation de parc agro forestier, la séquestration
de CO2 dans le sol. Les deux méthodes de mesure ne sont pas les
mêmes, toutefois il ne faut pas voir cela comme un inconvénient
mais comme la possibilité de multiplier les sources de financement et du
coup de diversifier et minimiser les risques liés à
l'activité. Un état des lieux est indispensable, il pourra donc
et devra surement faire l'objet d'une étude qui permettra
l'identification du parc de karité dans les zones de population dense de
cet arbre. Le meilleur moyen d'arriver à ces fins et de mettre en place
un SIG (système d'information géo localisé) : nous aurons
donc les coordonnées GPS de chaque arbre auquel on pourra attribuer son
âge, sa taille, le nombre de kilos de noix produits, le rendement de la
noix en matière grasse végétale, l'espèce...
Les différents projets à mener devront
être identifiés pour répondre à cette logique de
séquestration et de non émission de CO2, plusieurs volets sont
déjà envisagés tels que la pollinisation, le greffage, les
pépinières d'arbres, les activités de sensibilisation des
populations locales, les campagnes de droit au foncier en collaboration avec
les collectivités locales (le Mali, par exemple, est un pays dans lequel
la décentralisation et le besoin de fonds dégagés par les
intercommunalités et municipalités ont mis en évidence une
dilapidation du patrimoine foncier au profits d'acteurs privés).
2012-2013
Une fois tous ces projets identifiés, un pilote sera
mis en avant. Ce groupement pilote permettra la mise en place d'une Baseline en
terme de CO2, nous évaluerons aussi par la même le modèle
de remédiation à mettre en avant pour atteindre nos objectifs
carbone.
68
2013-2016
Sur une période de 4 à 5 ans depuis le début
du projet pilote, nous aurons les premiers résultats positifs, les
premières retombées de notre action carbone. Le
déploiement et le monitoring pourront alors commencer.
2016-2026
Continuation des activités de déploiement du
programme sur d'autres groupements pour avoir une action largement diffusable.
Suivi monitoring des activités.
Axe Développement local :
2011-2012
A travers toutes ces actions CO2 qui génèreront
de l'activité humaine nous comptons améliorer les conditions de
vie des populations locales, ce qui est la principale mission de SOS SAHEL.
Comment ? Il faut en premier lieu prendre en compte la demande
locale, à travers une démarche participative.
Deuxièmement, il nous faut faire une étude sur la valorisation
des déchets liés à la production de beurre de
karité pour d'une part améliorer les processus de production, et
d'autre part limiter de manière transversale les émissions de CO2
lors de la production de beurre. La transformation de déchets
liés à la production constitue des gains de valeur ajoutée
non négligeables. En effet si on fait des briques avec les tourteaux
nous pourrons nous en servir comme combustible dans la cuisson du beurre et par
la même éviter la coupe de bois. Le broyage des coques en copeaux
pourrait par exemple être incorporé à ces briques de
tourteaux pour avoir une cuisson lente et du coup gérer la flamme et
l'intensité du feu produit. Il faudra aussi généraliser
à tout le groupement l'utilisation des foyers
améliorés.
2013-2016
La mise en place de ces améliorations et d'autres
innovations de gestion, de marketing... permettra aux groupements de valoriser
leur production, d'augmenter leur productivité, de réaliser des
économies d'échelle et par la même donc d'améliorer
leurs conditions de vie. Pour soutenir leurs efforts, il est indispensable de
mettre en place des mutuelles de paiement, de santé, de
cérémonies. Il est primordial de mettre en place une mutuelle de
paiement pour pouvoir favoriser l'insertion sur le marché des
groupements. Un acheteur/transformateur ne sera pas souvent prêt à
payer au moment de la vente les produits. Du coup si on veut éviter de
multiplier le nombre d'intermédiaires dans la filière, il est
nécessaire de mettre en place une mutuelle qui paiera les femmes
à la
69
livraison mais qui sera elle payée par le commanditaire
à 60 jours comme la loi l'indique en Afrique de l'Ouest. Le taux de
pénétration du marché par les femmes s'en ressentira alors
fortement. Cette mutuelle devra par la suite être étendue à
la santé et aux cérémonies.
Si les conditions de marché et de production sont
améliorées alors les femmes pourront développer leur
activité de manière durable, elles rentreront dans un cercle
vertueux et le processus de développement sera enclenché. Les
revenus complémentaires tirés de l'activité karité
seront de plus en plus importants et leurs conditions générales
de vie s'en ressentiront fortement améliorées.
La transversalité inhérente au programme nous
permettra aussi de mettre en place d'autres activités
génératrices de revenus qui seront complémentaires les
unes des autres. La mise en place d'une activité apicole est une
condition nécessaire à la pollinisation des arbres, son impact ne
s'étend pas seulement au karité. Le miel récolté
fera l'objet de vente sur les marchés mais il pourra aussi être
incorporé dans la fabrication de pommades karité...
2016-2026
On déploie les activités à d'autres
groupements, on regroupe les mutuelles sous la forme d'une
fédération au niveau des groupements membres du programme pour
avoir un pouvoir plus important mais on ne part pas dans un montage de mutuelle
unique avec une antenne par groupement : elles deviendraient trop
compliqués à gérer et les risques de corruption et
mauvaise gestion seraient plus important.
On fédère les groupements membres autour d'une
fédération qui pourrait passer par un comité de pilotage
afin de pérenniser une volonté d'action par la participation (,
ce sont les premiers concernés, les vrais experts du programme). Cette
notion de réseau qui passe par la fédération est
très importante pour créer un effet boule de neige et augmenter
l'attractivité du programme et pour l'ancrer réellement dans le
temps.
Parallèlement nous menons des activités de suivi,
évaluation et amenons les améliorations nécessaires au
programme.
Axe économie :
2011-2016
Il est nécessaire que toute production trouve
acquéreur, de plus dans la logique d'un programme karité,
l'intérêt est aussi d'être financé par la
volonté de rachat de crédits carbone par de grandes entreprises
dans une logique équitable pour tous. Dans cette mesure nous souhaitons
sur cette période être dans une phase de prospection de
partenaires. Il y a deux grands types de partenaires vers qui nous pourrions
nous tourner. Les grands industriels de l'agroalimentaire qui utilisent le
beurre de karité comme substitut de cacao pourraient être
intéressés pour acheter un beurre de karité qui est
à 0% d'émission
70
de carbone. On a donc une double action qui est l'achat de
beurre de karité neutre en carbone et le financement du programme par le
rachat de crédit carbone19. (Ex : Mars, Cadbury,
Ferrero...)
Au même niveau d'autres partenaires mais plus
orientés sur la distribution pourraient être
intéressés par des produits à base de karité
équitables qui seraient neutre en carbone. La distribution de ces
produits équitables serait assurée par eux et il financerait le
projet grâce au rachat de crédits carbone.
Nous avons à un deuxième niveau, des PME
industrielles ou non, qui interviendraient en tant que transformateurs afin de
fournir le produit nécessaire aux distributeurs ou gros industriels ;
mais dans ce cas nous serions plutôt dans la logique d'un travail avec
des distributeurs directement. La PME en question nous permet de mettre sur le
marché un produit équitable neutre en carbone et de QUALITE. On
pousse trop souvent les groupements de femmes à développer des
activités dans lesquelles elles n'ont ni la qualification ni les
ressources nécessaires pour arriver à de bons résultats
(ex : production de crèmes cosmétiques destinées
à un marché international mais qui ne respecte pas les normes en
vigueur). Il est important que chacun puisse rester dans son corps de
métier, de plus, en termes de développement il n'est pas bon de
trop déstructurer la filière en voulant à tous les prix,
mettre en place des filières courtes comme tant d'ONG aiment le faire
car cela a pour effet d'augmenter les risques encourus par les
coopératives, ce qui augmente leur sensibilité aux aléas
du marché, créer une dépendance à des revenus qui
deviennent principaux plutôt que complémentaires...
Cette PME peut se situer tant au Nord qu'au Sud ; nous n'avons
pas identifié de telles structures au Mali directement mais
quelques-unes dans la sous-région, il est donc intéressant de
valoriser la sous-région dans la mesure où les capitaux et la VA
qui peut en découler ne quittent pas le territoire Africain.
Pour faire échos à ces derniers paragraphes, nous
allons détailler le montage de financement que nous proposons avec les
actions sur ces différents axes.
2016-2026
Même choses que pour l'axe développement local.
19 Les entreprises émettant un certain niveau
de CO2 par leur production peuvent désormais acheter des crédits
carbones qui annulent l'excédent de CO2 qu'elles produisent.
Intérêts directs pour les acteurs
Montage (acteurs et interactions)
CO2 et environnement
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud29.png)
Achat de crédits carbone
Vente de produits
transformés
Ventes assurées à un transformateur
PME Transformateur et/ou petit industriel
Gros industriel et/ou distributeur
Groupements de productrices
Production de produits et sous- produits karité avec
une valeur négative en CO2
Transformation en un produit négatif en CO2 et/ou
distribution d'un produit neutre en CO2 aux
Transformation avec une valeur négative en CO2 et/ou
distribution d'un produit neutre en CO2
Transport =
Émissions de CO2
Transport = Émissions de CO2
71
Figure 16 : Montage mis en avant dans la logique de
programme karité
72
Plusieurs types de montages sont envisageables, ils sont aussi
cumulables les uns avec les autres.
Postulat 1
On organise un projet entre une PME transformateur et/ou
industriel avec le groupement de femmes. Le groupement de femmes vend une
partie de sa production de beurre à la PME qui la retransforme
derrière pour la commercialiser ensuite. Dans ce cadre, la PME
commercialise un produit équitable, qui est neutre en carbone. En
contrepartie la PME s'engage à acheter le beurre de karité
à un prix équitable et/ou assurer les moyens nécessaires
au groupement féminin pour produire la quantité souhaitée,
la qualité souhaitée avec certifications souhaitées.
L'intérêt du groupement est son
développement économique avec des ventes assurées à
un prix correct. Pour la PME, c'est communiquer sur le côté
équitable et/ou biologique et/ou sans émissions de CO2 de ses
produits... S'assurer une bonne image. De plus la PME peut s'engager à
mettre aux normes nécessaires le groupement de femmes.
L'intérêt de l'ONG opératrice est de mettre en avant ses
compétences au profit du développement.
La condition nécessaire à ce montage est une
contractualisation faite de manière à assurer à moyen ou
long termes l'achat de beurre de karité ou sous-produit du karité
par la PME.
Postulat 2
Le projet est entre le groupement de femme et le gros
industriel et/ou distributeur. Dans ce cas, le groupement de femmes fournit le
produit ou sous-produit du karité nécessaire aux acteurs
engagés. Le distributeur et/ou industriel assure un prix
équitable d'achat et des commandes sur une période
préalablement fixée. Le commanditaire participe aussi aux
améliorations à apporter aux groupements via l'achat de
crédit carbone investis intelligemment. En échange le groupement
de femmes assure une offre de production négative en carbone. Les
émissions de carbone évitées et/ou le CO2
séquestré sont rachetés par l'entreprise dans une logique
de compensation carbone.
Dans ce schéma de montage, le distributeur et/ou
industriel n'est pas obligé d'acheter la production du ou des
groupements mais l'achat de crédit carbone sert à financer les
actions de développement à mettre en oeuvre.
L'intérêt de l'industriel et/ou distributeur est
de racheter des crédits carbones, de commercialiser un produit
équitable et écologique qui saura valoriser l'image de
l'entreprise. L'intérêt du ou des groupements de femmes est
d'assurer les conditions de leur développement par la mise en place de
certification, la production de produits ou sous-produits du karité avec
un taux d'émission de CO2 négatif.
Outre cette même logique de contractualisation
évoquée précédemment nous tenons à mettre
l'accent sur la nécessité d'avoir une échelle importante
d'arbres sur laquelle travailler, si la densité n'est pas assez
importante en arbres alors l'effet levier n'est pas possible et il ne vaut pas
le coup pour l'entreprise d'investir dans ces crédits carbone.
73
Postulat 3
Ce montage comprend trois acteurs différents qui sont
une PME industrielle et/ou de transformation, un gros industriel et/ou
distributeur et, le ou les groupements de femmes concernés.
Le ou les groupements de femmes produisent une offre de
produit négative en émissions de CO2 qui est vendue à une
PME qui transforme ce produit et/ou sous-produit du karité pour le
revendre par la suite à un distributeur et/ou industriel de grande
taille. On reste sur une logique de crédit carbone et de commerce
équitable et/ou biologique. Dans cette logique le ou les groupements
s'assurent un marché à long terme, le financement
d'amélioration productive... et la PME s'assure une visibilité et
une porte d'entrée vers un marché plus important que le sien, en
contrepartie elle achète les produits à un prix équitable
pour le ou les groupements.
L'intérêt de ce montage réside dans le
fait que l'on n'est pas obligé de sortir du territoire africain pour
assurer une offre de production correspondant aux normes internationales en
vigueur. C'est une approche triple WIN car tout le monde assure une plus-value
sous n'importe quelle forme qu'elle puisse être. De plus si des produits
réalisés au terme de ce montage sont commercialisés, cela
assure une visibilité importante à l'ONG qui par cette action
réalise une campagne de communication importante, cela stimulera donc
les donations sur le long terme, ce qui permettra la mise en place de nouveaux
projets de développements...
En considérant ces trois postulats nous
pouvons aussi apposer les Postulats 1', 2', 3' & 4'.
Nous pouvons dans le cadre de ce programme
travailler pleinement sur un groupement mais nous pouvons aussi en tant
qu'opérateur nous occuper des améliorations à apporter
pour permettre aux groupements d'avoir une offre neutre et/ou négative
en émissions de CO2.
Toujours dans le choix des groupements, nous
pensons que le mode d'intervention peut être de deux niveaux. Un premier
niveau qui consiste à soutenir un groupement dans son ensemble.
Cependant, dans la mesure où nous sommes accès sur une
activité financée par les crédits carbone nous pensons
qu'il peut être intéressant de travailler sur un plus large nombre
de groupements mais avec une logique de financement des activités
environnementales liées à la revalorisation du parc d'arbre et
à la mise en oeuvre de pratiques économiques en termes
d'émissions de CO2 et de consommations de bois de
chauffe.
Nous proposons aussi de nous concentrer sur les
questions de dynamiques de marché et sur la réorganisation
managériale. Dans ce cas, notre action, qui serait plus largement
diffusée pourrait aussi avoir comme fer de lance la valorisation d'une
filière karité ne produisant que du beurre dit
amélioré.
74
Option de paiement pour les bailleurs
La transversalité inhérente au programme nous
permet d'innover dans les mécanismes de financement mais cela peut aussi
nous permettre de mettre en avant des modalités de paiement de la part
des bailleurs différentes de celle que nous avons actuellement.
Le paiement serait alors découpé en « Works
package », chacun de ces paquets est attribué à un certain
nombre de projet ou tâches. L'avantage de ce mode de financements est que
l'argent est versé à la commande du paquet et non graduellement
et régulièrement. L'opérateur a donc une autonomie totale
de ces financements dans la mesure où les tâches, projets...
à mettre en place feront partie du contrat de financement.
L'avantage est implicitement de pouvoir profiter de la
capitalisation d'expérience pour avoir une plus grande marge de
manoeuvre. En effet, les connaissances acquises par le pilote
génèreront des économies d'échelle lors de la
période de déploiement. De ce fait il faut profiter de notre
connaissance et notre expertise via les paquets.
Dans la logique d'un montage de programme nous tenons aussi
à mettre en avant le développement stratégique de l'ONG
concernée. En effet pour agir plus en profondeur, il paraît
essentiel de développer des partenariats. Les compétences de
l'ONG initiatrice du programme n'étant pas illimités, il est
important de trouver des partenaires dont les corps de métier
correspondent à des besoins fondamentaux en termes de tâches dans
le programme mis en avant. Ainsi, une ONG spécialisée dans les
projets de compensation carbone pourrait être partenaire, un laboratoire
de recherche en agronomie aussi... Il ne faut pas oublier les instituts de
recherche car le développement avance en même temps que la
recherche, il faut donc mettre en place des logiques de recherche action.
En termes de gestion par l'ONG initiatrice du programme il
faut partir de la logique de certains projets labélisés
pôles de compétitivité. L'ONG en question doit s'imposer
comme porteur du programme, elle a la charge des tâches correspondant
à son corps de métier, de la communication, de la recherche de
financement, de la répartition des financements et de l'audit du
programme.
En mettant en avant des logiques de
complémentarité et de compétences distinctives le
programme permet la mise en place de réels pôles d'innovation en
développement. L'ONG émettrice du programme a aussi un
intérêt direct dans la mesure où toutes les publications et
les études liées au programme porteront aussi son sot. Cette
approche est donc utile pour le développement de la structure ; La
structure en se développant assoit sa légitimité et du
coup accède plus facilement aux financements amenant à d'autres
programmes afin de participer plus largement et durablement au
développement dans le monde.
75
CONCLUSION GENERALE
Dans ce mémoire, nous avons pu mettre en avant le
concept de filière et les préceptes inhérents à sa
compréhension et son analyse. Cette phase préalable fut
indispensable pour pouvoir comprendre et établir les liens de
causalité entre filière et développement.
Il nous est donc apparu que la logique systémique de
l'analyse de filière permet un degré de compréhension
élevé des interactions qui existent entre tous les acteurs
concernés. Cette prise en compte des acteurs est indispensable à
un opérateur extérieur qui ne doit pas mettre en avant de
mécanismes de blocages par le changement qu'il opère sur le
terrain.
La dimension territoriale est aussi intéressante, elle
nous permet de mettre en avant un projet de territoire20 qui
favorise un développement local généralisé dans un
contexte global. Cette alliance du global et du local est indispensable pour
les ONG qui agissent généralement dans un contexte global mais
localement.
En analysant une filière, les ONG favorisent
l'application d'un logique multi-acteur sur le terrain, cette logique est
indispensable pour faciliter l'appropriation des projets et idéaux
sous-jacents par les populations et les autorités locales. Dans cette
logique, la mise en oeuvre de projets de filière permet de renforcer les
dynamiques participatives et la concertation dans les projets ou programmes.
Nous savons désormais que la clef du
développement par les ONG réside entre autre dans la
capacité de ces dernières à mobiliser les financements
suffisants. En mettant en avant des axes d'interventions différents,
l'approche passant par la filière peut s'avérer un facteur
important dans cette mobilisation de fonds.
Notre expérience du terrain dans le cadre de la
filière karité au Mali nous a permis d'appréhender cette
logique de filière dans le cadre de projets agricoles et de comprendre
que l'informelle joue un rôle important dans les pays en
développement, mais que paradoxalement c'est aussi cette logique
informelle qui restreint le champ d'action des pouvoirs publics en ne mettant
pas à jour, les opportunités et l'importance de ces
filières.
Nous pouvons prendre l'exemple du karité malien qui
traverse en permanence la frontière, mais, qui n'étant pas
comptabilisé dans les flux marchands remet en cause la viabilité
économique de la filière karité dans son ensemble. Nous ne
pouvons en être certain mais si tous ces échanges eussent
été pris en compte de manière formelle, une usine de
transformation aurait pu voir le jour et permettre à des dizaines de
milliers de femmes vivant à la campagne de pouvoir s'octroyer des
revenus supplémentaires nécessaires à la scolarisation des
enfants, à la sécurité alimentaire ou encore à
l'investissement...
20 Un projet de territoire est un projet ou
différents acteurs mettent en oeuvre leurs capacités,
compétences, savoirs... pour atteindre un objectif commun.
76
Il apparaît donc évident que l'analyse de
filière peut être un outil important dans un contexte agricole en
milieu rural pour l'intervention des ONG, toutefois, il ne faut pas prendre la
logique de filière pour une panacée, d'autres outils peuvent
être pris en compte.
Cette expérience sur les filières et plus
particulièrement sur la filière karité malienne a permis
de mettre en avant la nécessité de recul qui incombe aux projets
de développement dans le Sud. Il faut faire preuve d'humilité et
comprendre que ce n'est pas tant les outils mis en avant qui comptent mais ce
que nous sommes capables d'en faire.
L'analyse de filière est donc un outil qui peut
s'avérer efficace pour les ONG dans la mesure où elles
interviennent avec respect des populations en n'oubliant pas que les seuls
experts ce sont eux. Eux, qui ont la connaissance quotidienne du terrain,
c'est-à-dire les paysans.
Notre réflexion sur l'impact de l'analyse de
filière dans les projets de développement évoluant, une
question reste en suspens.
Pousser trop loin la structuration des filières dans un
objectif de développement ne revient-il pas à appliquer les
préceptes d'un capitalisme à échelle locale, à
l'heure où ce même système capitaliste montre ses
faiblesses ?
77
ANNEXES
Annexe 1 : Les vertus du karité
PARTIES DE L'ARBRE
|
UTILISATIONS
|
VERTUS
|
Bois
|
1- Bois d'oeuvre (en principe ce sont les bois en mauvais
état ou improductifs) et notamment les pilons, pieux et poutres
2- Charbon de bois
|
|
Ecorces
|
1- Pharmacopée (écorces pilées)
2- Pharmacopée (infusions d'écorce)
3-Pharmacopée (décoctions d'écorce)
4- Teinture pour la maroquinerie
|
1- Lutte contre les diarrhées, jaunisses, les maux
d'estomac
2- Propriétés médicinales et
antimicrobiennes
3- Facilitation des accouchements et lactation des
mères
|
Racines
|
1- Pharmacopée (racines pilées)
|
1- Lutte contre les diarrhées, jaunisses, les maux
d'estomac
|
Feuilles
|
1- Pharmacopée
2- Hygiène
3- Coutumes
|
1- Lutte contre les maux d'estomac + Lutte contre les maux de
tête et s'utilise en lavement des yeux (en ajoutant de la vapeur
d'eau)
2- Bonne mousse de lavage
3- Feuilles accrochées à l'entrée des
maisons pour protéger les nouveaux nés + Construction des
masques
|
Fleurs
|
1- Parfois pour les beignets
|
|
Eléments se servant de l'arbre
1- les chenilles
2- abeilles
|
1- Nourriture
2- Miel
|
|
Latex
|
1- Chewing-gum
2- Balles pour les enfants
3- Réparation des tambours pour les musiciens
4- Encollages spéciaux
|
|
Pulpe du fruit
|
1- Consommation alimentaire de la pulpe
2- Sorbets puis glaces
3-Pharmacopée traditionnelle (vaccins)
|
1- Riche en vitamines C
3- Vaccins
|
Coques
|
1- Combustibles
2- Cendre comme engrais
|
2- Riches en potasse
|
Résidu noir obtenu après l'extraction des
amandes
|
1- Enduit pour les murs en terre, les portes, les
fenêtres
|
1- Matériau imperméabilisant
|
|
|
|
78
Beurre de karité
|
1- Alimentation (matières grasses pour
l'alimentation)
2- Cosmétiques
|
2- Hydratant, adoucissant et
assouplissant de la peau. Cicatrisant et revitalisant.
|
3- Pharmacopée et pharmacologie (crèmes de
massage)
4- Hygiène (savons...)
5- Eclairage (bougies)
|
3- Contribution aux massages, traitement des blessures et des
brûlures. Anti-inflammatoire, contre les rhumatismes, les courbatures,
les rhumes de cerveau. .
|
79
Annexe 2 : Liste non exhaustive des
sociétés intéressées par le karité
Sociétés en Europe
|
Pays
|
Raison sociale et description
|
Suède
|
AarhusKarlshamn AB (Suède), est née le 26 mai 2005
de la fusion des sociétés danoise Aarhus United A/S et
suédoise Karlshamns AB.
|
Belgique
|
- Van Dermoortele
|
Producteur de margarine, huiles, graisses, aliments à base
de soja, de mayonnaise et de sauce pour l'industrie agroalimentaire
|
Pays-Bas
|
- Loders-Croklaan
|
Filiale du groupe Unilever UK PLC qui produit des huiles et
graisses spécialisées pour l'industrie agroalimentaire (notamment
les produits naturels)
|
Royaume-Uni
|
- Unilever UK
|
- Britania Food Ingredients Ltd.
|
Fournisseur de matières premières pour les
sociétés Mars et Cadbury au Royaume-Uni
|
- Edible Oils Marketing Consultant
|
France
|
- Agritropic s.a.r.l.
|
|
L'Occitane : société de cosmétique qui
travaille directement avec des groupements de femmes productrices de beurre de
karité
|
|
- Eurobroker
|
|
-SIRH, groupe spécialisé dans les huiles
végétales et animales, la filiale OLVEA gère le beurre de
karité via une unité de production Burkarina au Burkina Faso
|
|
- D2E
|
Sociétés en Afrique de l'Ouest
|
Bénin
|
L'Aiglon; société exportatrice d'amandes de
karité
|
Olam; société exportatrice d'amandes de
karité
|
SOCACI
|
80
|
SICONEG
|
SOBAPRA
|
Côte d'Ivoire
|
AARHUS OLIE Côte d'Ivoire
|
Olam; société exportatrice d'amandes de
karité
|
L'Aiglon; société exportatrice d'amandes de
karité
|
AFRECO
|
TRITURAF
|
AFRICA SHEA BUTTER
|
Mali
|
AMEPROC: Association malienne des exportateurs
|
SODEMA: Société de détergents du Mali
|
Ghana
|
KASARJAN
|
AARHUS GHANA
|
Ouganda
|
NUSPA (Northen Uganda Shea Processors Association)
|
Togo
|
Nioto
|
Burkina
|
Au niveau de la transformation
|
|
Phycos: Société dédiée à la
transformation du beurre de karité en savon, shampoing, baume,
crème du corps, produits pharmaceutiques.
|
Karilor: Cette entreprise triture le coton ainsi que les graines
d'arachide et transforme également le beurre de karité en
savon.
|
- SPH
|
Compagnie industrielle du textile et du coton (CITEC): Cette
entreprise triture le coton ainsi que les graines d'arachide et transforme
également le beurre de karité en savon.
|
81
|
Société industrielle de fabrication (SOFIB):
Entreprise dont une des activités est la transformation du karité
en savon.
|
|
Au niveau de la distribution
|
- l'Association des commerçants de Ouagadougou
|
- l'Association des importateurs et exportateurs des produits
oléagineux (AIEPO)
|
- l'Association des exportateurs et importateurs des produits du
Cru (section Houet et environs)
|
Au niveau de l'exportation
|
Société Promexport : Cette société
a pour objectif la production et la commercialisation de produits agricoles
à des fins d'exportation tels que : le karite (noix et beurre), la noix
de cajou ou le sésame.
|
Sociétés au Japon
|
Japon
|
Fuji Oil Company, Ltd : importation de noix, beurre et huile de
karité
|
Sociétés au Etats Unis
|
Etats-Unis
|
Fuji Vegetable Oil, Inc.: Filiale américaine du groupe
nippon Fuji Oil. Elle importe du beurre et de l'huile de karité afin de
les commercialiser
|
AFAJATO, Inc.: Importe du beurre de karité principalement
du Ghana destiné à être vendu aux producteurs d'aliments
naturels.
|
African Shea Butter Company : Société dont
l'activité est tournée vers l'offre de beurre de
karité.
|
Terry Laboratories : Les laboratoires commercialisent du beurre
de karité raffiné auprès d'entreprises du secteur
cosmétique aux Etats-Unis.
|
BioChemicals International, Inc.: Cette société
fournit des matières premières qui servent de base à la
production d'articles de savonnerie notamment.
|
Annexe 2 : Analyse de l'offre internationale
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud30.png)
Représentativité sur le
marché
Savon à raser
1%
Crème
32%
18%
lait
crayon maquillage
2%
Baume
14%
Gel douche
3%
Masque
3%
Gommage
3%
Savon
8%
autres
5%
Shampoing
5%
Beurre de karité
6%
Type de produit vendu
|
Nombre de produits différents
recensés
|
Crème
|
145
|
lait
|
82
|
Baume
|
65
|
Savon
|
39
|
Beurre de karité
|
26
|
Shampoing
|
23
|
Masque
|
16
|
Gommage
|
16
|
Gel douche crayon maquillage
|
12
8
|
Savon à raser
|
6
|
Crème à raser
|
5
|
coloration
|
3
|
Beurre
|
2
|
huile
|
2
|
eau
|
2
|
Après rasage
|
1
|
Gel coiffant
|
1
|
lingettes bébé
|
1
|
Déodorant
|
1
|
après shampoing
|
1
|
cire dépilatoire
|
1
|
Mouchoirs crème
dépilatoire
|
1
1
|
Total général
|
460
|
82
*Ce graphique fut réalisé à partir de
la base de données de 460 produits contenant du karité que nous
avons recensés. Nous voyons donc ici l'importance des différents
types de produits à base de karité sur le marché
européen et français en particulier.
A partir de cette base de données évoquée
précédemment nous pouvons déterminer les prix de vente sur
le marché des produits à base de karité les plus
représentés.
83
Annexe 3 : Prix des produits à base de
karité recensés sur le marché international en fonction du
type de produit
|
30 ml
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
50 ml
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
75 ml
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
150 ml
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
200 ml
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
Crème 1,90 € 28,90 € 11,49 € 4,17
€ 97,00 € 29,94 € 2,71 € 65,00 € 17,90 € 10,70
€ 56,00 € 23,84 € 5,50 € 54,91 € 19,86
€
|
bio
Non bio ou pas mis en avant
|
3,79 € 28,90 € 12,84 €
1,90 € 27,00 € 9,55 €
|
4,17 € 26,89 € 15,32 €
8,20 € 97,00 € 41,64 €
|
3,90 € 15,50 € 10,86 €
2,71 € 65,00 € 24,16 €
|
10,70 € 21,80 € 16,26 €
16,00 € 56,00 € 29,26 €
|
5,50 € 18,00 € 11,60 €
29,00 € 54,91 € 44,64 €
|
|
50 ml
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
150 ml
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
200 ml
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
250 ml
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
500 ml
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
lait 1,80 € 24,90 € 8,74 € 7,95 €
34,60 € 20,10 € 3,93 € 38,80 € 16,31 € 4,80 €
25,00 € 11,09 € 6,50 € 25,20 € 12,79 €
|
bio
Non bio ou pas mis en avant
|
1,80 € 24,90 € 8,74 €
|
7,95 € 9,95 € 8,95 €
20,80 € 34,60 € 27,53 €
|
5,57 € 20,90 € 12,10 €
3,93 € 38,80 € 20,22 €
|
7,50 € 13,00 € 10,02 €
4,80 € 25,00 € 12,37 €
|
8,71 € 25,20 € 13,56 €
6,50 € 12,90 € 9,70 €
|
Étiquettes de lignes
|
4 g
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
4,5 g
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
5 g
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
15 ml
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
200 ml
Min de Max de Moyenne de
Prix Prix Prix
|
Baume 1,04 € 6,50 € 4,17 € 2,78
€ 4,50 € 3,78 € 4,00 € 6,50 € 4,63 €
10,00 € 36,90 € 27,20 € 6,44 € 34,91 € 25,36
€
|
bio
Non bio ou pas mis en avant
|
4,90 € 6,50 € 5,48 €
1,04 € 4,78 € 2,44 €
|
2,78 € 4,50 € 3,92 €
2,89 € 3,50 € 3,20 €
|
4,00 € 4,00 € 4,00 €
4,00 € 6,50 € 4,83 €
|
10,00 € 36,90 € 27,20 €
|
6,44 € 6,44 € 6,44 €
20,00 € 34,91 € 30,09 €
|
Étiquettes de lignes
|
100 g
Min de Max de Moyenne
Prix Prix de Prix
|
150 g
Min de Max de Moyenne
Prix Prix de Prix
|
200 g
Min de Max de Moyenne
Prix Prix de Prix
|
250 g
Min de Max de Moyenne
Prix Prix de Prix
|
500 ml
Min de Max de Moyenne
Prix Prix de Prix
|
Savon 2,17 € 7,00 € 3,82 € 3,95 €
17,60 € 11,04 € 0,98 € 1,47 € 1,23 € 7,50 € 16,50
€ 9,75 € 14,50 € 14,50 € 14,50 €
|
bio
Non bio ou pas mis en avant
|
2,17 € 7,00 € 3,45 €
2,70 € 7,00 € 4,36 €
|
3,95 € 5,00 € 4,48 €
17,60 € 17,60 € 17,60 €
|
0,98 € 1,47 € 1,23 €
|
7,50 € 16,50 € 9,75 €
|
14,50 € 14,50 € 14,50 €
|
|
100 g
Min de Max de Moyenne
Prix Prix de Prix
|
50 ml
Min de Max de Moyenne
Prix Prix de Prix
|
100 ml
Min de Max de Moyenne
Prix Prix de Prix
|
150 ml
Min de Max de Moyenne
Prix Prix de Prix
|
200 ml
Min de Max de Moyenne
Prix Prix de Prix
|
Beurre de karité 8,09 € 10,35 € 9,32
€ 4,00 € 13,90 € 8,18 € 7,55 € 12,50 € 9,65
€ 10,03 € 28,00 € 16,73 € 14,00 € 18,20 € 15,53
€
|
bio
Non bio ou pas
mis en avant
|
8,09 € 10,35 € 9,32 €
|
4,00 € 13,90 € 8,18 €
|
7,55 € 12,50 € 9,65 €
|
10,03 € 28,00 € 16,73 €
|
14,00 € 18,20 € 15,70 €
15,00 € 15,00 € 15,00 €
|
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud31.png)
Annexe 4 : Arbres à problème et à
solution
Arbre à problèmes groupement
Yiriwasso
Accès difficile aux lieux de marché : «
On n'arrive pas à vendre »
Produits peu variés
Prospection Commercialisatio
n
Qualité insuffisante
Normes non atteintes / Pas de certification
Eau saumâtre
Processus de rationalisation
Fonction commerciale
Inhibition de la logique de coopérative
Travail pénible
nen Mauvaise
gouvernance
Mauvaise gestion
Manque d'eau
Pas de logique entrepreneuriale
Gestion encore trop
traditionnelle
Pas de forage
Pas de baratte mécanique, ...
Manque de formation
Manque
d'infrastructures
Accès difficile à l'investissement
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud32.png)
Arbre à solution groupement
Yiriwasso
Présence importante sur les marchés.
Gamme de produit complète
Prospection Commercialisatio
n
Qualité
satisfaisante et en croissance
Certification équitable et biologique
Eau de qualité
Production rationalisée
Fonction
commerciale active
Conscientisation des membres à la logique
de coopérative
Travail moins pénible
Bonne gouvernance
Eau en quantité suffisante
Gestion adéquate
Mode de gestion adapté à la forme
Logique
entrepreneuriale
Forage en place
Baratte mécanique, deuxième
li
Equipement et infrastructures adaptées
Financement par une mutuelle possible grâce à
un Fonds de garantie par SOSSIF
-Formation en gestion administrative et financière pour le
CA -Formation en rôle, responsabilité et suivi pour le CS
86
Le premier schéma représente l'arbre des
problèmes qui ont étés identifiés dans l'union de
Yiriwasso. Cet arbre à problèmes est lié à l'arbre
à solution qui lui succède.
Deux zones sont identifiées, une première en
pointillés orange qui correspond à des problèmes
structurels et une deuxième zone rouge qui correspond à des
problèmes conjoncturels. Les réponses à ces
problèmes n'engageront pas de coûts d'équipements
importants, ce sont avant tout des réponses en termes de dynamiques
d'acteurs et de dynamiques économiques mais aussi de suivi
évaluation. La zone rouge quant à elle détermine des
problèmes et solutions associées auxquels nous pouvons
répondre à court terme pour combler le manque nécessaire
jusqu'à ce que les solutions à long terme soient en place.
Toutefois, même si nous ne contestons pas
l'intérêt et l'efficacité de l'arbre à
problème et de l'arbre à solution nous tenons à signifier
que plus globalement, notre étude porte sur l'ensemble de la
filière au Mali mais aussi sur des logiques de développement
durable tant économiques, que sociales, qu'environnementales. De ce fait
nous intègrerons aussi dans la logique d'intervention d'autres
critères liés à l'ensemble de la filière et
à l'environnement.
Le fait de mettre en avant un seul arbre à
problèmes nous obligerait à cloisonner notre
périmètre d'action et donc à négliger un certains
nombres de facteurs exogènes et endogènes liés à
l'activité que nous mènerions.
Veuillez donc trouver ci-dessous les arbres à
problèmes et solutions associés correspondant aux
problèmes de la filière au Mali mais aussi aux problèmes
environnementaux.
Arbre à problème lié à la
filière karité au niveau des aspects
environnementaux
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud33.png)
Clôture des parcs
des parcs de
karités
Pas de
renouvellement du parc de
Pas
d'alternatives énergétiques
Pas de valorisation des déchets
de production (tourteaux, coques de noix, eau de cuisson)
Baisse de la production de produits issus
du karité
Vieillissement du parc d'arbres de karité
Diminution du parc
Non séquestration de CO2
Désertification et dégradation des sols
Coupe abusive de bois
Utilisation de bois de chauffe en ville
Utilisation de bois
de chauffe abondante dans la
production
Pollution de l'air
CO2
Pollution des sols et des nappes d'eau
Rejets importants de déchets de production
Sous exploitation de la ressource en karité
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud34.png)
Accès difficile au parc
Pas
d'infrastructures routières
Progression de la privatisation du foncier
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud35.png)
Pas d'accompagnement dans la décentralisation
Pas de gestion des déchets de production
87
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud36.png)
Amélioration de la condition des sols et de
l'eau
Ralentissement de la désertification
Séquestration de CO2
Moins
d'émissions de
Accroissement du parc
Création d'activités alternatives à
la coupe de bois
Moins de pression sur le foncier et donc de
privatisation
Accompagnement des processus
de décentralisation
Exploitation de la ressource
et développement de la filière
Parc d'arbre plus accessible
Mise en place d'infrastructures
routières et de travaux de voirie
Parc d'arbre renouvelé et jeune
Mise en place de l'entretien des parcs créant
donc de nouvelles AGR
Parcs ouverts et accessibles à tous
Campagne de sensibilisation
et appui gouvernemental pour trouver des alternatives
à l'utilisation du bois de chauffe
Energie et recyclage des déchets
de production
Valorisation des tourteaux sous formes de
briques remplaçant le bois utilisation de l'eau issu de
la production de beurre et des coques de noix
Gestion des
88
déchets de la production
Renouvellement du parc d'arbres : -
greffes -pépinières -pollinisation (apiculture...)
Mise en place de foyers
améliorés, utilisations de briques de tourteaux
de karité
Mise en place de nouvelles
énergies renouvelables
Augmentation de la production de produits et sous-produits du
karité
Arbre à solutions
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud37.png)
Au niveau de la filière karité au
Mali
Baisse de la part de marché du beurre malien dans
la consommation internationale
Faible valeur ajoutée dégagé ou retenu
pour la filière de manière
Localement on utilise encore majoritairement du beurre
traditionnel
Préférence pour le
karité Burkinabé et Ghanéen au niveau
international
Localement plus grande consommation de produits
burkinabés que maliens sur le territoire
Manque d'information sur les exportations terrestres de
karité dans la sous-région (vers le Sénégal,
le Burkina, le Ghana
Pas de structuration de la filière au niveau formelle
Il n'existe pas de produit adapté
Pas d'unité industrielle de raffinage de
karité (beurre raffiné, huile de table...)
-Odeur de fumé trop importante -Mauvaise
réputation du beurre de karité -Manque de
89
![](L-analyse-de-filiere-un-outil-de-developpement-pour-les-ONG-dans-le-sud38.png)
Arbre à solutions
Création importante de valeur ajoutée sur
la filière
Pénétration du marché et augmentation
des parts de marché
Démocratisation et utilisation
systématique de beurre amélioré
Préférence pour le beurre de karité
malien
Consommation de karité malien et non de la
sous- région sur le territoire malien
Connaissance des flux de production, d'échanges
commerciaux, meilleur appréciation de la filière
Filière structurée au niveau national via
une fédération de producteurs et une interprofession
Création de produits adaptés (beurre
sans odeur, huile
Mise en place d'une usine sur le territoire national
-Plan de communication coordonnée au
niveau national -Bonne réputation du beurre de
karité -Odeur de fumé retirée par la technique
90
91
Annexe 6 : Les résultats attendus et les
activités prévues par volet
Volet central : le projet commercial de
Yiriwasso
Objectif spécifique 1 :
Améliorer la présence des produits de Yiriwasso sur
le marché
Résultats attendus :
Résultat 1.1 : Elargir la gamme de produits
Résultat 1.2 : Améliorer la qualité des
produits
Résultat 1.3 : Améliorer la logique
entrepreneuriale (gestion, gouvernance, commerciale)
Activités :
Pour élargir la gamme de produits et améliorer la
qualité (résultat 1.1 et résultat 1.2) :
Activité 1.1.1 : Equipement de Yiriwasso (baratte, moulin,
micro-savonnerie, bâches...)
Suite à nos enquêtes de terrains et notre
analyse, une liste d'équipements nous a parus nécessaire à
mettre en place. Nous classons ces équipements en deux
catégories. Cette catégorisation influencera le mode de
financement de ces derniers.
La première catégorie d'équipement est
jugée comme indispensable à l'amélioration de la
production. Cette catégorie correspond à ce qui est strictement
nécessaire pour le bon développement du coeur de métier de
la coopérative.
La deuxième catégorie est tout aussi utile mais
correspond à une seconde phase qui permettra d'améliorer
considérablement la productivité et donc la
compétitivité dans une seconde phase de projet.
Première catégorie :
- Une baratte est nécessaire pour les femmes qui
travaillent actuellement avec le dos en équerre car les bassines dans
lesquelles elles barattent la beure se trouvent à même le sol. De
plus l'effort devant être fourni est considérable. Le type de
baratte que nous mettons en avant est une baratte actionnée par une
manivelle car cela ne consomme pas d'énergie. Les femmes ne sont pas
actuellement en mesure de faire tourner trop d'équipements
électriques.
- Une machine à filtrer manuelle est aussi
indispensable à la qualité du beurre produit, en effet
actuellement des filtres sont actuellement utilisés mais pour obtenir un
beurre de karité de qualité, il est indispensable de filtrer sous
pression.
- Un torréfacteur est aussi indispensable à
l'activité des femmes. Actuellement les femmes torréfient le
karité sur des bâches en extérieur. La saison des pluies
est au même moment que la récolte, il est donc parfois très
difficile pour les femmes de faire sécher et de torréfier
92
correctement les amandes de karité. De plus quand les
amandes prennent l'eau, elles se dégradent très rapidement.
- Des Bâches sont nécessaires aux femmes pour
faciliter et accélérer le séchage et la
torréfaction des amandes, nous souhaiterions donc équiper le plus
de femmes possibles en bâches afin de faciliter leur travail et
d'améliorer la qualité de leur production.
- Les femmes ont aussi clairement mis en avant la
nécessité d'avoir des charrettes avec des ânes, notre
analyse nous a montré qu'outre améliorer les conditions de
travail des femmes qui ne porteront plus elles-mêmes leur production sur
des kilomètres, nous améliorerons aussi la chaîne
logistique. Nous nous sommes basés sur une offre de quinze charrettes
avec ânes pour alimenter le plus de villages possibles.
- Un abri pour équipements lourds est nécessaire
pour protéger et créer une zone de travail au sein de Yiriwasso
et pour accueillir les nouveaux équipements à mettre en place
afin d'en avoir une gestion efficace.
Deuxième catégorie :
- Une micro savonnerie va permettre aux femmes grâce
à un équipement adapté d'avoir une offre de savons de
toilettes correspondant aux critères du marché et pouvant
atteindre une classe moyenne supérieur qui n'est pas touchée
encore à Bamako mais aussi atteindre le marché international et
sous régional.
- Des ordinateurs et imprimantes sont nécessaires pour
la gestion et le suivi commercial des produits de Yiriwasso.
- Un véhicule sera nécessaire à un
commercial pour mettre en avant les produits dans la prospection mais aussi la
livraison dans les points de vente.
Activité 1.1.2 : Financement des améliorations
par une mutuelle à travers un fonds de garantie distribué
grâce à un partenaire
Dans notre logique d'intervention, nous souhaitons mettre
l'accent sur la logique entrepreneuriale que doit développer l'union de
Yiriwasso. Dans cette logique, plutôt que de financer directement les
améliorations, nous souhaitons à travers le business plan,
engager les femmes dans une demande de financement auprès d'une mutuelle
que nous conseillerons. Dans cette logique, les femmes pourront alors
développer leur capacité entrepreneuriale et s'approprier les
logiques de gestions intrinsèques à la gestion
coopérative.
En contrepartie, nous assurons à la mutuelle mise en
avant, la disponibilité d'un fonds de garantie. Nous serons en charge de
la communication sur cette démarche, afin de développer la
capacité d'apprentissage des femmes. Avec ce fonds de garantie, la
mutuelle pourra bénéficier des intérêts sur le fonds
de garantie. A la fin du projet, et quand les femmes auront finis de rembourser
la totalité des investissements le fonds de garantie sera reversé
à la coopérative pour constituer un capital propre.
Pour améliorer la logique entrepreneuriale
(résultat 1.3)
93
Activité 1.3.1 : Formation des instances de la
coopérative (conseil d'administration, conseil de surveillance,
gouvernance) en gestion
SOS SAHEL souhaite financer la formation des femmes sur les
instances d'une coopérative afin qu'elles assurent une bonne
gouvernance.
Activité 1.3.2 : Mise en place d'un poste de
commercial, d'un poste de vendeuse et construction d'un kiosque karité
à Bamako
Afin de pénétrer durablement le marché,
nous pensons nécessaire la création d'un poste de gestionnaire
commercial, cette personnes ayant un niveau minimum Bac +3 en gestion et
marketing sera en charge d'assurer la gestion avec l'aide de l'employée
du Ben Ba, sa présence deux à trois jours par semaine sur le site
de Yiriwasso lui facilitera la tâche. Il aura aussi en charge la gestion
commerciale de l'union avec l'aide d'une vendeuse installée en kiosque
à Bamako. Il aura des tâches de prospection, de suivi de
clientèle et de livraison au niveau commercial. En termes de prospection
un temps lui sera accordé tous les mois pour prospecter dans le reste du
Mali et tous les trimestres un temps lui sera accordé pour prospecter
dans la sous-région.
Le kiosque de karité est indispensable pour assurer une
commercialisation en milieux urbain, nous souhaitons le mettre près des
places de marchés pour assurer la visibilité nécessaire
aux produits de la coopérative.
Activité 1.3.3 : Prospection commerciale (communication,
gestion du suivi client, publicité...)
Comme nous l'avons évoqué
précédemment, la mise en place d'un commercial et d'une campagne
de communication sera nécessaire pour toucher durablement le
marché malien en premier lieu puis le marché sous régional
par la suite. L'encadrement de SOS SAHEL France permettra aussi la prospection
au niveau européen via des partenariats équitables.
Volet Filière karité au Mali
Objectif spécifique 2 :
Améliorer la présence du karité malien sur
les marchés locaux, sous régionaux et internationaux
Résultats attendus :
Résultat 2.1 : Accroître la consommation de beurre
amélioré
Résultat 2.2 : Structuration de la filière
malienne
Résultat 2.3 : Elargissement de la gamme de produits issus
du karité
Résultat 2.4 : Elargissement de la consommation urbaine du
karité malien
94
Activités :
Pour accroître la consommation de beurre
amélioré (Résultat 2.1) :
Activité 2.1.1 : Sensibilisation et formation aux
intérêts du beurre amélioré (bonne odeur,
Productivité, respect de l'environnement) à l'échelle
nationale
Afin de toucher durablement les marchés au niveau local
urbain, sous régional et international, il est indispensable de
démocratiser la production de beurre de karité
amélioré. Une campagne nationale de sensibilisation et de
formation sera à mettre en place pour assurer cette
généralisation du beurre amélioré.
Pour mieux structurer la filière malienne
(résultat 2.2) :
Activité 2.2.1 : Mise en place d'une
fédération de producteurs et d'une interprofession au niveau
national
Une fédération de producteurs au niveau
nationale permettra de mutualiser un certain de nombre de fonctions et de
mettre en place une centrale d'achat qui permettra d'avoir accès aux
équipements et consommables nécessaires pour les femmes les plus
isolées et ayant une activité moins importante.
Une interprofession au niveau de la filière est aussi
à mettre en avant, en effet, cette interprofession sera en mesure de
favoriser les liens entre tous les acteurs de la filière. Nous aurons
donc une grande transparence en ce qui concerne les flux d'échange, nous
saurons aussi ou se situent exactement les goulets d'étranglement de la
filière. Un encadrement des programmes agricoles nationaux permettra
aussi d'avoir des données statistiques fiables grâce à
cette interprofession ou sera tenu un registre des échanges.
Pour élargir la gamme de produits issus du
karité (résultat 2.3) :
Activité 2.3.1 : Production de nouveaux produits mieux
adaptés aux besoins urbains
Notre étude de marché locale nous a permis de
mettre en avant une offre de produits nécessaire à l'atteinte du
marché des urbains qui est en « boom » au Mali. Ce
marché a des besoins particuliers auxquels nous devrons répondre
en mettant en avant les produits adéquats.
Pour élargir la consommation urbaine du karité
malien (résultat 2.4) :
Activité 2.4.1 : Etude de faisabilité pour la
mise en place d'une raffinerie de karité en partenariat avec le
gouvernement malien
95
Le mali souffre d'un retard sur les autres pays producteurs
dans la mesure où aucune raffinerie de karité n'est
présente sur le territoire national, nous souhaitons démarrer les
démarches via une étude de faisabilité en partenariat avec
le gouvernement malien pour remédier à ce problème.
Activité 2.4.2 : Plan de communication au niveau
national
La filière souffre actuellement d'un problème
d'image au niveau des urbains, l'odeur fumé du beurre traditionnel
à eu un impact négatif sur l'utilisation du beurre dans la
cuisine. Avec le beurre amélioré et le développement de
nouveaux produits adaptés, il sera indispensable de communiquer pour
sensibiliser la population sur ce que représente le beurre pour le pays
au niveau social et économique mais aussi sur l'intérêt
même que les produits peuvent avoir par rapport à des produits de
substitution importés.
Volet Environnement de la filière
karité
Objectif spécifique :
Préserver l'écosystème karité
Résultats attendus :
Résultat 3.1 : Restauration et pérennisation des
parcs d'arbres à karité
Résultat 3.2 : Réduction des impacts
environnementaux des activités liées au karité
Activités :
Pour restaurer et pérenniser les parcs d'arbres
à karité (résultat 3.1) :
Activité 3.1.1 : Concertation avec les acteurs des
collectivités locales pour diminuer la pression sur le foncier,
faciliter l'accès au parc d'arbres et gérer rationnellement la
ressource (conventions collectives)
Avec les processus de décentralisation au Mali,
beaucoup de collectivités essaient de trouver les fonds
nécessaires pour se financer. Malheureusement, elles doivent privatiser
un certain nombre de terrains qui deviennent inaccessibles pour les femmes. Il
faut donc accompagner ces collectivités pour pouvoir développer
la ressource karité. La concertation et la gestion participative de ce
type de problèmes avec les représentants des collectivités
permettront d'améliorer la situation actuelle.
Activité 3.1.2 : Désenclavement des parcs
inexploités
Le manque d'infrastructures (pistes et routes
goudronnées) ne permet pas l'accès du parc dans son ensemble aux
femmes productrices de beurre de karité. Il est donc nécessaire
d'intervenir à ce niveau.
Pour réduire des impacts environnementaux des
activités liées au karité (résultat 3.2) :
96
Activité 3.2.1 : Récupération et
valorisation des déchets et sous-produits de la transformation (Compost,
briquettes ardentes, ...)
Beaucoup de sous-produits ne sont pas valorisés, cela
créée un certains nombres de pollution. Il est donc
nécessaire mettre en place une action de recherche pour revaloriser ces
produits issus de la production.
Activité 3.2.2 : Réduction des émissions
de carbone et de la consommation de bois (foyers améliorés)
L'utilisation de bois de chauffe dans la production du beurre
et des autres produits du karité créent d'importantes
émissions de CO2. Dans une logique de réduction de ces
émissions et de la consommation de bois de chauffe nous souhaitons
démocratiser la mise en place de foyers améliorés et
l'utilisation de tourteaux de karité en substitution de ce bois
après que les recherches sur ce sujet aient abouties.
Activité 3.2.3 : Formation et sensibilisation des
transformatrices
En mettant en place un certain nombre d'innovations liées
à l'environnement les femmes pourraient s'en ressentir
lésées. Il faut donc mettre en place de la formation et de la
sensibilisation pour faciliter cette adaptation au changement.
97
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L'ANALYSE DE FILIERE, UN OUTIL DE DEVELOPPEMENT POUR LES ONG DANS
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Master 2 Ingénierie du Développement
Territorial, parcours Conduite de Projet de Développement Territorial,
(Economie et Sud), Université Pierre Mendès France de Grenoble,
septembre 2011.
99 pages.
RESUME
L'analyse de filière, couramment utilisé en
Economie et dans le domaine de l'entreprise recouvre différents niveaux
d'analyse : micro, méso et macro-économique. Ces
différents niveaux correspondent pleinement aux besoins des ONG de
développement qui oeuvrent localement sur le terrain avec une vision
globale. Nous tentons donc de répondre à la question suivante.
Quel est l'intérêt de l'analyse des
filières comme outil pour le développement de projets dans le Sud
par les ONG ?
Pour répondre, nous mettons en avant
l'intérêt que représente l'analyse de filière pour
les ONG intervenants dans les pays du Sud et de quelle manière ce type
d'analyse peut être un outil efficace de développement dans le
cadre de projets de développement agricoles. L'analyse de filière
apparaît donc comme un outil efficace pour les ONG, elle permet de mettre
en relief la logique de système inhérente aux ONG, une vision
globale pour des actions locales. De plus, elle permet de raisonner dans une
logique de développement ouverte où les interactions et
dynamiques propres à un territoire sont prises en compte.
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MOTS CLEF
Filière, karité, développement,
transversalité, participation, labélisation, contractualisation,
qualité, processus de production, structure de filière
inversée, structure de production, termes de l'échange, goulots
d'étranglements, filière courte, partenariat, projet de
territoire, régionalisation VS mondialisation, agriculture biologique,
commerce équitable, local.
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