2011/2012
Mémoire de Master 1 Arts du Spectacle et Musique, option
Cinéma et audiovisuel.
PIXAR ET DREAMWORKS : UNE GUERRE
ANIMÉE.
Cédric Cabaussel
Mémoire dirigé par Mme Delphine Robic-Diaz,
Maître de conférences en Études
cinématographiques.
Table des matières
INTRODUCTION 3
a. Retour aux origines. 4
b. La création des studios Pixar. 5
c. Jeffrey Katzenberg, de Disney à DreamWorks. 8
d. Méthodologie 10
A. LA CRÉATION. 12
A. Au coeur des studios 12
B. L'effet sériel. 22
C. Des films similaires. Plagiat ou coïncidence ? 32
B. LA PROMOTION 42
A. Les moyens de promotions 42
B. L'utilisation des nouveaux médias. 53
C. Le merchandising. 59
CONCLUSION 67
ANNEXE 70
Annexe A : Graphiques 70
Annexe A.1 : Recettes mondiales et budgets de chaque studio
70
Annexe A.2 : Recettes mondiales des films doublons 71
Annexe A.3 : Courbe d'évolution 72
Annexe A.3 : Utilisation d'internet selon les âges.
73
Annexe B : Tableau 74
FILMOGRAPHIE 75
1. Filmographie principale 75
2. Filmographie secondaire 78
3. Courts métrages 80
4. Moyens métrages 80
BIBLIOGRAPHIE 81
1. Ouvrages 81
2. Revue de presse 82
3. Webographie 85
3
Introduction
Depuis la sortie de Blanche-Neige1 en
1938, premier long métrage animé, Disney s'est imposé dans
le domaine de l'animation. Durant de nombreuses décennies, le studio
à l'origine du célèbre Mickey Mouse a fait son chemin seul
sans réelle concurrence. Quelques intervenants sont apparus ici et
là mais aucun n'a été en mesure de bouleverser un ordre
établi. Il a fallu attendre 1995, année de sortie de Toy
Story2, pour que les choses changent. Le film était
alors très différent des films d'animation Disney, dans le fond
comme dans la forme, il s'agissait alors du premier film réalisé
entièrement par ordinateur. Dès lors, Pixar, la
société à l'origine de cette révolution, n'a
cessé de faire de l'ombre à Disney, pourtant son partenaire
financier. Petit à petit, les projets en 2D traditionnelle ont du
laisser leur place à cette toute nouvelle technologie. Disney s'est
alors essayé au genre sans réel succès, laissant sa place
de dominant à un Pixar montant. Mais aujourd'hui, plus question de
parler de monopole car Disney et Pixar ne sont plus seuls. De nombreux studios
d'animation sont en effet apparus suite au succès de ces oeuvres en
images de synthèse. Entre 2001 et 2011, ces productions sont
passées de deux films par an à près d'une quinzaine. Parmi
les plus importants, Sony, Blue Sky mais aussi DreamWorks, studio qui a
réussi à se faire un nom face à Disney et Pixar.
DreamWorks apparaît ainsi comme leur plus important concurrent
grâce à une production soutenue de deux films annuels, d'une
nouvelle approche mais aussi de nombreuses similitudes avec Disney-Pixar. Des
films très ressemblants par leurs thèmes et leurs personnages
sont apparus et marquent une étape de cette confrontation directe entre
les deux studios étudiés. Nous essaierons de rentrer dans le
coeur de cette bataille pour tenter de savoir comment chacun s'y prend afin de
se différencier de l'autre et comment ils ciblent leur public. Mais
avant de rentrer davantage dans les détails, il est
préférable de revenir aux origines de Pixar et DreamWorks ou
plutôt à leur unique source qui n'est autre que la
société Disney elle-même.
1 David Hand, Blanche-Neige et les sept
nains, 1938.
2 John Lasseter, Toy Story, 1995.
4
a. Retour aux origines.
Nous somme en 1984, Disney va mal. Depuis la mort de Walt
Disney en 1966 et de son frère Roy Oliver cinq années plus tard,
le studio est dirigé par Esmond Cardon Walker. À cette
époque, les chiffres du studio ne reposent que sur les ressorties des
grands classiques de la société dont Blanche-Neige et
Pinocchio3. « Si le public recherche quelque chose
de plus émoustillant, il devra aller voir ailleurs
»4, telle était la pensée du PDG. Le dernier
grand succès d'un film original de Disney était alors Mary
Poppins5 sorti en 19646. L'Âge d'Or est bien
loin et le studio fait du surplace, surtout les films d'animation qui ont fait
sa renommée. Les profits nets annuels de la Walt Disney Company, qui
avaient atteint leur plus haut score en 1980 avec 135,1 millions de dollars
engrangés7, ont subit une chute vertigineuse jusqu'à
1983 avec un résultat net de quelques 97,8 millions de
dollars8. Ces résultats en régression sont
également accompagnés du départ à la retraite de
Card Walker et de l'arrivée de Ronald William Miller, gendre de Walt
Disney, en tant que directeur général une année plus
tôt. Roy E. Disney, neveu de Walt, voyant la créativité
partir, décide de démissionner en 1984. Disney subit
également une tentative d'OPA (offre publique d'achat) venant de MM
Acquisition Corporation9. La société est au plus
bas.
Rien ne va plus pour Roy Disney. Il décide de revenir
dans la société en tant que vice-président du directoire
et responsable du département animation. En premier lieu, il met un
terme à la carrière de Ronald Miller afin de relancer
l'entreprise. C'est en 1984 qu'il fait appel à Michael D. Eisner et
Frank Wells à la tête de la Walt Disney Company. Le premier est
nommé PDG de la société et le second prend la place de
directeur général. À eux deux, ils ont pour mission de
faire revivre le studio qui ne rapporte des bénéfices qu'avec ses
parcs à thèmes10. Les deux hommes n'étaient pas
nouveaux dans le domaine et avaient déjà une grande
expérience. Eisner était en effet président de la
Paramount Pictures depuis 1976 lorsqu'il fut appelé et Frank Wells celui
de Warner Bros. depuis 1973. Cependant, il faut plus de deux personnes pour
remettre debout un empire. C'est la raison pour laquelle Eisner appela à
son tour du renfort en la personne de Jeffrey Katzenberg afin de s'occuper du
département
3 Hamilton Luske et Ben Shaprsteen,
Pinocchio, 1940.
4 Danny Miller, Le Paradoxe d'Icare, p.
59.
5 Robert Stevenson, Mary Poppins, 1964.
6 Op. cit., Danny Miller, Le Paradoxe
d'Icare, p. 60.
7 Janet Wasko, Understanding Disney : the
manufacture of fantasy, p. 31.
8 Idem ibidem.
9 James B. Stewart, Le Royaume
enchanté, p. 39.
10 Ibid., p. 91.
5
animation. Eisner avait rencontré cet homme «
dynamique, combatif et acharné »11 alors qu'il
travaillait à la Paramount Pictures. Ils sont maintenant trois. Trois
hommes chargés de redonner du souffle à ce grand empire
laissé par Walt Disney et particulièrement à sa branche
animation. La tâche n'allait pas être de tout repos.
Illustration 1 : De gauche à droite, Michael
Eisner, Frank Wells et Jeffrey Katzenberg.
Ce sont dix années plus ou moins difficiles qui
attendent donc le trio jusqu'au grand succès du Roi
Lion12 en 1994. Pourtant, ce film aurait pu ne pas voir le jour
à cause de coûts trop élevés dans le
département animation qui incitèrent Frank Wells à fermer
ce secteur qui ne rapportait plus13. C'était sans compter sur
le jeune Stan Kinsey, alors vice-président en charge des
opérations, des finances et des technologies. Celui-ci leur parla de
l'existence d'une division d'Industrial Light & Magic, la
société d'effets spéciaux fondée par George Lucas.
Elle avait mis au point un ordinateur avec lequel il était possible de
faire de l'animation assistée par ordinateur tout en
bénéficiant d'une très grande qualité visuelle, le
tout à moindre coût. C'est une machine qui « pouvait
répliquer le type d'animation qui avait nécessité dix-sept
cameramen pour l'ouverture de Pinocchio. »14 Jeffrey
Katzenberg approuve ce choix moins coûteux et plus efficace.
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