Incidences de la crise financière internationale dans le secteur minier congolais( Télécharger le fichier original )par Anthony Lavu Gere-Tula Université pédagogique Nationale (UPN) - License 2013 |
1.1.1. Bourgeon, floraison et définition1.1.1.1. Bourgeon et développement du capitalismeLes origines du capitalisme sont toujours sujettes à des controverses ; son histoire est grosso modo recensée, analysé et connue. Il existe depuis plus longtemps qu'il n'est généralement reconnu : Fernand Braudel situe ses débuts au XIIe siècle en Italie. Il a émergé à partir de l'économie de marché, elle-même distinguée de la « vie matérielle » décrite dans son monumental ouvrage (10(*)). Le capitalisme est permis par cette forme particulière d'institution qu'est le private market, solution imaginée par certains marchands médiévaux pour contourner les règles trop contraignantes des public markets (foires et bourses officielles et réglementées des bourgs et des villes où se joue l'économie de marché). Dans le private market, le négociant décide de s'interposer entre le producteur et le consommateur, utilisant à cette fin deux avantages déterminants : l'information (sur les conditions de commercialisation et de production du bien concerné) et l'argent comptant (avec lequel il peut nouer une transaction en anticipant sur le marché). La sémantique fixe assez tôt (suivant les cas au XVIe ou au XVIIe siècle) la différence de nature entre le « marchand » (hawanti du souk des pays d'islam, sogador indien, mercante a taglio italien, Krämer allemands et salesman anglais) et le « négociant », ce prototype du capitaliste (tayir, katari, negoziante, Kaufmann et merchant). Son domaine d'activité initial est le commerce au long cours, le seul à séparer suffisamment les sphères de consommation et de production pour procurer à celui qui peut les relier directement des profits d'une ampleur inimaginable auparavant. Ainsi permet-il une accélération décisive de l'accumulation du capital entre les mains de quelques acteurs seulement, qui sont repérables dans les villes d'Italie du Nord dès le XIIe siècle, à Paris, au XIIIe, en Allemagne et Hollande au XIVe, au Portugal et en Espagne après. C'est pourquoi le bourgeon du capitalisme est selon F. Braudel le « haut profit », et non pas les gains modestes que permet selon la doxa traditionnelle le jeu de la concurrence marchande arrivée à maturité. Sous toutes les latitudes, ces premiers capitalistes sont proches du Prince. Éric Hobsbawm croit que l'Angleterre a été le premier pays à entrer dans la production capitaliste (11(*)). Toutefois, il date son émergence là où la croissance du pays trouve en elle-même de quoi poursuivre son mouvement ascensionnel. Selon ce dernier, elle est la première à s'engager dans ce mode de production lors de la révolution industrielle car les conditions favorables à ce décollage s'accumulaient depuis plusieurs siècles. Par exemple, la forte concentration des terres en Angleterre aux mains d'une classe d'entrepreneurs agricoles et la concentration du pouvoir au sein d'un État centralisé s'effectuèrent sur plusieurs siècles et sont parmi les éléments les plus importants à retenir pour comprendre le développement d'une agriculture capitaliste et par la suite d'une industrie capitaliste. La diffusion du capitalisme dans la société occidentale est en revanche bien tardive. En France, il ne se trouve un nom qu'au milieu du XIXe siècle, soit bien après le démarrage de la révolution industrielle. Fernand Braudel situe les premières citations significatives aux alentours de 1850 : Louis Blanc dans sa polémique avec Frédéric Bastiat - « appropriation du capital par les uns à l'exclusion des autres » (1850) -, et Joseph Proudhon - « régime économique et social dans lequel les capitaux, sources de revenu, n'appartiennent pas en général à ceux qui les mettent en oeuvre par leur propre travail » (1857). * (10) Braudel F, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, Armand Colin, Paris (1979), P 289 * (11) HOBSBAWM, Eric., L'ère des révolutions, Hachette, 1969, p.193. |
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