I.2.5 FACTEURS SOMATIQUES
Hippocrate soulignait déjà l'unité
psychosomatique de l'homme, qui est à la fois corps et esprit ; la
maladie mentale n'est jamais indépendante du corps. La douleur morale
est implacable, associée à une inhibition psychomotrice qui
transforme un homme actif en une épave n'espérant que le refuge
de son lit. Lentement l'anxiété du sujet grandit avant que
l'angoisse ne survienne avec son cortège habituel : gorge serrée,
estomac noué, poids sur la poitrine, fatigue insurmontable. Le
pessimisme colore non plus en gris mais en noir gluant la perception de
l'avenir. Le sentiment d'anxiété agit sur l'insatisfaction
profonde et provoque les auto-accusations ou auto-culpabilités sans
raison. Cette douleur morale du dépressif entraîne un atroce
malaise générant des désordres hormonaux, alimentaires,
voire des gestes suicidaires beaucoup plus graves et radicaux.
Chez la femme, un changement de statut hormonal peut
être contemporain d'états dysphoriques (instabilité de
l'humeur, anxiété...) : pendant les phases
prémenstruelles, enfin de grossesse, à la ménopause.
Toutes les maladies endocriniennes telles que
hypothyroïdie, insuffisance surrénale etc. peuvent se
révéler ou se compliquer d'un état dépressif.
Ainsi, est-il assez fréquent de doser les hormones thyroïdiennes
pour éliminer une dépression secondaire au trouble
thyroïdien.
Les maladies neurologiques sont également susceptibles
de s'annoncer par un état dépressif: tumeur
cérébrale, maladie dégénérative
(sclérose en plaques, maladie de Parkinson, maladie d'Alzheimer),
maladie vasculaire.
Des maladies de l'immunité telles que les maladies de
système (lupus érythémateux disséminé,
polyarthrite rhumatoïde ...) sont souvent compliquées par une
dépression. Il en est de même des maladies virales (HIV, etc.)
I.2.6 TROUBLES NEUROPSYCHIATRIQUES ET SOMATIQUES ASSOCIES
La maladie, qu'elle soit grave ou qu'elle survienne chez un
sujet fragile, constitue une atteinte de l'intégrité corporelle
et provoque secondairement un ébranlement de l'équilibre
psychique. On peut observer une altération de l'image du corps, du
sentiment d'existence, éventuellement de l'identité sociale, et
dans certains cas de l'identité psychique.
Si de tels troubles apparaissent, ils seront fort
variés dans leur intensité et leur durée, non seulement en
fonction de la gravité de la maladie et de ses contingences, mais aussi
en fonction des représentations qu'en a la personne malade, de son
identité subjective, de sa vie familiale et de son entourage, de ses
investissements professionnels et sociaux, etc.
La maladie organique, surtout si elle est grave, est
associée à une réalité ou à un sentiment de
perte, avec par exemple :
· une limitation des capacités physiques et
intellectuelles
· une perte de liberté
· des contraintes temporelles
· une perte d'autonomie.
La dépression constitue alors un mouvement
défensif, naturel et peut-être une réaction bien
adaptée à une situation où le sujet malade doit faire le
deuil de sa bonne santé, renoncer à toutes sortes
d'activités, de projets et de plaisirs et où son image
narcissique est plus ou moins fortement détériorée.
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