2.3. L'AUDIT DE MANAGEMENT
Il ne s'agit pas là, d'auditer la Direction
Générale en portant un quelconque jugement sur ses options
stratégiques et politiques. Il faut donc dire et répéter
que l'existence d'un service d'Audit Interne n'altère en rien la
liberté de choix et de décision des Directions
Générales. En revanche, observer les choix et les
décisions, les comparer, les mesurer dans leurs conséquences et
attirer l'attention sur les risques ou les incohérences relève
bien de l'Audit Interne. D'où, pratiquer l'audit de management c'est
donc toujours, et quelle que soit la définition retenue, observer la
forme et non le fond.
Cet audit encore appelé audit de direction peut
s'apprécier aujourd'hui de trois façons différentes,
c'est-à-dire que l'on peut en donner trois définitions. Cette
situation s'explique et se comprend parce que ce champ d'application, encore en
plein développement, est pour les acteurs objet de recherches, de
tentatives, d'innovations dans un secteur où la terminologie n'est pas
encore fixée. Mais parmi ces trois conceptions de l'audit de management,
l'une d'entre elles en train d'acquérir droit de cité car elle
correspond à la pratique dominante et on peut raisonnablement penser
qu'elle s'imposera peu à peu.
a) 1ère
conception
L'auditeur interne se fait présenter par le responsable
du secteur audité la politique qu'il doit conduire. En d'autres termes,
et l'on verra que c'est le préalable nécessaire à la
démarche d'appréciation du contrôle interne, il sollicite
du responsable sur le comment il conçoit la mission qui lui est
assignée.
L'exposé étant fait et la connaissance de cette
politique étant acquise, l'auditeur va regarder dans quelle mesure cette
politique est en ligne avec la stratégie de l'entreprise ou avec les
politiques qui en découlent. Ainsi se définit l'audit de
management : à l'occasion de chaque audit, une réflexion du
type audit de conformité, mais portant sur ce domaine spécifique
et d'application délicate qu'est le domaine stratégique. Cette
conception de l'audit de management apparaît donc d'une utilisation
périlleuse : elle nécessite à l'évidence un
grand professionnalisme, une bonne connaissance de l'entreprise et une
autorité suffisante pour être écoutée des
responsables quant aux recommandations susceptibles d'être
formulées dans ce domaine.
Cet audit est en fait exercé par des responsables
d'Audit Interne, des chefs de mission ou à tout le moins par des
auditeurs très confirmés. Il s'inscrit par là dans la
droite ligne de l'appréciation du gouvernement d'entreprise
préconisée par la définition de l'Audit Interne.
b) Deuxième
conception
Ici, l'auditeur interne porte son regard non plus vers le
haut, mais vers le bas, non plus vers les aspects politiques ou
stratégiques de l'entreprise compris dans leur globalité, mais
vers la mise en oeuvre sur le terrain.
Dans cette démarche, en effet, l'auditeur
s'étant fait expliquer, comme dans le premier cas, quelle est la
politique du responsable de l'unité auditée, quelle est sa
mission, il va ensuite se rendre sur le terrain pour examiner dans quelle
mesure cette politique est connue, comprise et appliquée et si ceux qui
sont chargés de la mettre en oeuvre ont bien les moyens pour le
faire.
En vérifiant la façon dont les politiques sont
conçues, transmises et exécutées, tout au long de la ligne
hiérarchique, l'auditeur réalise pleinement son rôle
décrit d'appréciateur du contrôle interne. Sans conteste,
nous avons affaire à une sorte d'audit de conformité, mais
conformité non plus entre une politique et la stratégie globale,
conformité cette fois entre une politique et sa en oeuvre.
c) Troisième
conception
Celle-ci est évoquée pour mémoire
(conception) car elle n'est que peu pratiquée. Mais, elle existe et
mérite à ce titre d'être citée. Cette conception de
l'audit de management existe essentiellement dans certains groupes
internationaux dans lesquels on doit respecter un processus formalisé
d'élaboration de la stratégie de l'entreprise. Autrement, la
Direction Générale locale doit suivre un certains processus de
concertation, de propositions et d'approbation avec la Direction
Générale du groupe : c'est au terme de ce processus que la
stratégie est définie et approuvée.
L'audit de management - disent alors les tenants de cette
troisième conception - va consister à réaliser l'audit de
ce processus d'élaboration de la stratégie ; donc là
également audit de conformité mais portant sur une matière
noble, dans laquelle la Direction Générale est impliquée
au premier chef à savoir le respect des règles définies
pour l'élaboration de la stratégie.
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