Francophonie et médiation des crises politiques en Afrique francophone: le cas de Madagascar( Télécharger le fichier original )par Rodrigue TASSE MOTSOU Institut des Relations Internationales du Cameroun et en cotutelle avec l'Université Jean Moulin de Lyon III en France - Master II en Science politique option Relations Internationales 2012 |
B- La médiation francophoneDans le but de donner une portée à cet engagement en faveur de la paix, le premier Secrétaire général de la Francophonie élu au sommet de Hanoi , Boutros Boutros Ghali, ancien Secrétaire général de l'ONU, va continuer à établir des rapprochements qu'il avait déjà engagés entre la Francophonie, l'ONU et les organisations régionales, à travers des réunions de haut niveau tenues à New York sur les questions de paix. C'est le Secrétaire général qui va donner une véritable implication de la Francophonie dans le domaine de la paix, notamment par de nombreux déplacements dans les pays connaissant une rupture des valeurs prônées par l'organisation. Ce fut les cas du Togo, des Comores, de la RDC, d'Haïti ou du Burundi. Pour ce faire, la Francophonie a accompagné les modalités de sortie de crise, aux Comores, par l'envoi dès 1999, d'un expert en matière constitutionnelle, le professeur Jean Du Bois de Gaudusson, puis par la désignation, en Octobre 2000, du professeur André Salifou54(*), représentant personnel du Chef de l'Etat nigérien au Conseil Permanent de la Francophonie,ancien ministre des affaires étrangères du Niger d'une mission d'information et de contacts auprès des différents acteurs de la crise politique, marquée par la sécession de l'île d'Anjouan, en septembre 1997, et par le coup d'Etat du 30 avril 1999 opéré par le colonel Azali et qui trouvera une issue positive par la signature en février 2001, de l'accord de Fomboni complété en décembre 2003 sous l'égide du président Abdou Diouf par l'accord sur les dispositions transitoires de Moroni. Au Burundi, le Secrétaire général de la Francophonie Boutros Boutros Ghali a dépêché HacenOuldLebatt, ancien ministre des affaires étrangères de Mauritanie en décembre 1998, « pour une mission d'information auprès du Président Buyoya, puis en tant qu'observateur »r55(*), lors des négociations d'Arusha qui se sont traduites par la signature en aout 2000 de l'accord d'Arusha. Au Togo, après les élections contestées de Juin 1998, le Secrétaire Général de la Francophonie a dépêché un envoyé spécial, monsieur Moustapha Niasse, ancien ministre des affaires étrangères du Sénégal, qui allait mener une mission de facilitation au sein du collège de facilitateurs (Francophonie, France, Union Européenne, Allemagne) et dont l'action aurait permis au mois de Juillet 1999 de signer à Lomé des accords inter- togolais. En RDC, la mission de la Francophonie sera présidée par le facilitateur désigné, Sir KelMasire, ancien président de la République du Botswana auprès duquel le secrétaire général associera, HacenOuldLebatt en qualité de chef du bureau de facilitation en RDC d'abord au titre de la Francophonie, puis de l'ONU et qui oeuvrera à la négociation de l'accord de Pretoria,sur la base des accords de Lusaka56(*). A Haïti, la Francophonie très préoccupée par la situation dans ce pays n'a pas manqué d'exprimer son engagement en faveur de la consolidation de la démocratie. C'est pourquoi le Secrétaire général, a, par un communiqué du 11 février 2004, tenu à marquer son inquiétude devant la détérioration observée durant les derniers mois, condamnant fermement toutes les formes de violence et de violation des droits de l'Homme perpétrées. Afin de marquer la solidarité de la communauté francophone avec le peuple d'Haïti, le Secrétaire Général a demandé à Antonio Mascarenhas Monteiro, ancien président de la République du Cap-Vert, désigné en qualité d'Envoyé spécial, de conduire une mission de haut niveau, chargée de procéder à une évaluation de la situation et d'intensifier les possibles interventions de la Francophonie, en complémentarité avec celles des autres Institutions internationales et régionales. Cette mission s'est rendue à Port-au-Prince, du 14 au 17 avril 2004. 57(*) Dans ces différents cas de figure, l'Organisation internationale de la francophonie, accompagnera toujours les missions d'ordre politique évoquées, de bonne volonté ou d'écoute, d'observation des élections, par un appui financier, technique et en expertise constitutionnelle et électorale. Concernant les médiations pionnières, ce soutien de la Francophonie s'exercera en priorité aux mécanismes nationaux ( réunions de concertation, débats nationaux, dialogues, etc.), mis en place pour rapprocher les points de vue des parties prenantes à la crise ou au conflit et concevoir les dispositifs politiques et juridiques appropriés pour l'avenir, puis effectuer une fois l'accord obtenu, un suivi efficace (comités de suivi etc.), auxquels elle participera58(*). Les missions d'observation seront de même systématiquement préparées et étayées par une assistance électorale résolue aux institutions impliquées, en particulier, les commissions électorales, les cours et les conseils constitutionnels, ainsi que les instances de régulation de la communication, toute dynamique menée en liaison étroite avec les autres partenaires internationaux concernés. Ce partenariat connaitra en conformité avec les orientations imprimées à la fois par la reforme et l'option volontariste du nouveau Secrétaire général, la célébration du 20 mars 1998 qui sera consacrée, au bilan et aux perspectives dudit partenariat. Nombre d'accords seront en outre établis pour formaliser cette coopération intensifiée tant entre les sièges que sur le terrain, en particulier avec l'ONU, le Commonwealth, l'UA, la Ligue des Etats arabes. La mise en place au sein de la Francophonie du dispositif en ressources humaines, administratif, financier et technique, requis pour permettre la réalisation de ces nouvelles missions ne se fera pas sans mal, l'institution n'étant pas préparée aux exigences induites dans ce domaine, comme d'ailleurs dans celui afférant aux missions d'observation des élections, relatives à l'urgence dans la réaction, à la sécurisation des équipes et des missions oeuvrant sur le terrain, à la rétribution dans des conditions honorables et efficaces des hautes compétences ainsi mobilisées59(*). * 54Desouches (Christine), op.cit., p.288 * 55 Ibid. p. 288 * 56Ibidp. 289 * 57 Organisation internationale de la francophonie, « Rapport du Secrétaire général de la Francophonie :de Beyrouth à Ouagadougou 2002-2004 », Paris, OIF, 2004. * 58Desouches (Christine), op.cit., p.289 * 59Desouches (Christine), op.cit., p.290 |
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