AVERTISSEMENT
L'université Jean MOULIN de Lyon III et l'Institut des
Relations Internationales du Cameroun (IRIC) n'entendent donner aucune
approbation ni improbation aux opinions émises dans les mémoires.
Celles-ci doivent être considérées comme propres à
leurs auteurs.
DEDICACE
A mon oncle, Dessap Jacques dont l'inlassable affection, la
confiance, le courage et le soutien n'ont jamais cessé d'accompagner
chacune des étapes de mon parcours.
Puisse-t-il y trouver le témoignage de ma très
profonde reconnaissance et de mon affection.
REMERCIEMENTS
Je voudrais du fond du coeur témoigner ma reconnaissance
et adresser mes remerciements les plus sincères à tous ceux qui,
d'une manière ou d'une autre, de près ou de loin, m'ont
apporté leur soutien dans la réalisation de ce travail. Il s'agit
entre autres de :
· Pr. Jean-Louis AtanganaAmougou,
Superviseur de ce mémoire dont la disponibilité et la pertinence
des remarques ont efficacement concouru à conforter la qualité de
notre analyse ;
· Dr. Guy Mvelle, Directeur de ce
mémoire dont la disponibilité ainsi que son sens de
l'écoute et du partage m'ont permis de bénéficier d'un
encadrement de qualité ;
· Pr. Jean Tabi Manga, titulaire de la
chaire Senghor Francophonie et Mondialisation de Yaoundé et ses
collaborateurs, pour leur encadrement ;
· Dr. Yves Paul Mandjem, enseignant
permanent à l'IRIC pour ses orientations ;
· Tout le corps enseignant ainsi que le personnel
administratif de Lyon III et de l'IRIC ;
· Monsieur Emmanuel NganouDjoumessi,
ministre de l'économie, de la planification et de l'aménagement
du territoire, pour son sens de l'écoute et du partage ;
· Sa majesté Jean
TeigniDetioNkonlack, Chef de la communauté Bamessingué,
pour son soutien moral pendant mon parcours ;
· Monsieur JeanFobasso,
contrôleur financier auprès du Minrex, pour son encadrement et son
soutien;
· Honorables,Lucas Tchoffo, David
Manfouopour leur soutien moral et leur encadrement;
· MesdamesUfeiNseke, CatherinePedjiobah et JaireMoutcheu, pour tous les efforts consentis
pour mon encadrement ;
· Mes parents, dont les paroles
encourageantes et le soutien financier m'ont donné la force et la
volonté suffisante pour aller plus loin et toujours faire
mieux ;
· Ma tante Aliance Massa, pour tous
les sacrifices consentis durant mon parcours ;
· Ma grande soeurChimèneNdzé
Epouse Yomi, pour tous lesefforts consentis et l'affection qu'elle a
sans cesse renouvelé à mon égard ;
· Les familles :
Obongol,Ndema,Lolo,
Tchangkemi, Fokou, Yomi,
Ngouto, Sabankeu, Wamba,
Ndzé,Sikapa, Sobgwi pour leur soutien
multiforme ;
· Mes amis :Fabrice Simo,
Maurice Ngando, Martial Tako, Carole
Tidock,Stéphane Mbono,
PissoNseke, René Meka,Martial
Ndzé, Ludovic Fongang,Auguste
Domo,Bertrand Libock,Charles Bindjeme, Vanina
Fongangqu'ils trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude.
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ACCT : Agence de coopération
culturelle et technique
AIF : Agence intergouvernementale de la
francophonie
AIMF : Association internationale des
maires francophones
AIRF : Association internationale des
régions francophones
APF : Assemblée parlementaire de
la francophonie
AREMA : Avant-garde de la
révolution malgache
AUF : Agence universitaire de la
francophonie
BIDC : Banque d'investissement et de
développement de la CEDEAO
BINUB : Bureau intégré des
Nations unies au Burundi
CAPSAT : Corps d'armée des
personnels et des services administratifs et techniques
CENI : Commission électorale
nationale indépendante
CENIT : Commission électorale
nationale indépendante de transition
CEDEAO: Communauté économique
des Etats de l'Afrique de l'ouest
CIS : Comité de suivi du
sommet
CMF : Conférence
ministérielle de la francophonie
CMJD : Conseil militaire pour la justice
et la démocratie
CPF : Conseil permanent de la
francophonie
COI: Commission de l'Océanindien
COMESA: Common market for east and southern
africa
CNOSC : Coordination nationale des
organisations de la société civile
CNE: Conseil national électoral
CRN: Conseil de réconciliation
nationale
CONFEJES: Conférence des ministres
francophones de la jeunesse et des sports
CONFEMEN: Conférence des ministres
francophones de l'éducation nationale
CST: Conseil supérieur de
transition
CT: Congrès de la transition
DAM : Département d'appui au
soutien
DGCID : Direction générale
de la coopération internationale et du développement
DGMDP : Direction générale
de la mondialisation, du développement et des partenariats
DOMP : Département des
opérations de maintien de la paix
ECM: Equipe conjointe de médiation
ECM-M : Equipe conjointe de
médiation sur Madagascar
EMMONAT: État-major mixte
opérationnel national
FCD: Force de changement pour la
démocratie
FINUL : Force intérimaire des
Nations unies au Liban
FMI: Fonds monétaire international
FMU: Fonds multilatéral unique
GIC: Groupe international de contact
GIC-M: Groupe international de contact sur
Madagascar
HAM: Haute autorité des
médias
HAT: Haute autorité de la
transition
HCC: Haute cour constitutionnelle
HPM: Herypolitikamitambatra
KMF/CNOE: Comité national
d'observation des élections et d'éducation des citoyens
MFM: Mouvement pour le progrès de
Madagascar
MINURCAT : Mission des Nations unies en
République centrafricaine et au Tchad
MINURSO : Mission des Nations unies au
sahara occidental
MINUSTAH : Mission des Nations unies
pour la stabilisation en Haïti
MONUC : Mission d'observation des
Nations unies au Congo
OIF : Organisation internationale de la
francophonie
ONUCI : Opération des Nations
unies en Côte d'Ivoire
OMP : Opérations de maintien de
la paix
ONDH: Observatoire national des droits de
l'Homme
ONU: Organisation des nations unies
ONG: Organisation non gouvernementale
OUA: Organisation de l'unité
africaine
PNUD: Programme des nations unies pour le
développement
PSD: Parti social démocrate de
Madagascar
PSDUM: Parti socialiste et
démocratique pour l'union à Madagascar
RCA: République centrafricaine
RDC: République démocratique du
Congo
RPSD: Rassemblement pour la
social-démocratie
SADC: Southernafricadevelopmentcommitee
SAF : Service des affaires
francophones
TGV: Tanora malagasy vonona
(littéralement, « jeunes malgaches
déterminés »)
TIM: Tiako i madagasikara
(littéralement, « j'aime Madagascar »)
TV5: Télévision internationale
francophone
UA: Union africaine
UE: Union européenne
UDR-C: Union des démocrates et des
républicains pour le changement
RESUME
La
présente étude porte sur la Francophonie et la médiation
des crises politiques en Afrique francophone : le cas de Madagascar.
En
partant de la médiation de la crise malgache, on est arrivé
à s'interroger sur le rôle que joue la Francophonie dans la
médiation de cette crise politique. Il apparait que les actions et
stratégies de la Francophonie ont porté sur le soutien au
processus de transition et de sortie de crise, et à l'accompagnement du
processus électoral et de sortie de crise à Madagascar. Dans ce
sens, la Francophonie a participé à toutes les réunions du
groupe international de contact et de l'équipe conjointe de
médiation sur Madagascar.
Mais,
notre réflexion a pu relever que, malgré le succès qui a
couronné ces initiatives, force est de constater que la crise n'a pas
connu une résolution définitive. D'où la
nécessité pour nous de proposer des mesures correctives à
l'action de la Francophonie pour mettre fin à la crise à
Madagascar.
MOTS CLES :Francophonie,
médiation, crises politiques, Afrique francophone.
ABSTRACT
The
following study on Francophonie and mediation in political crisis in
francophone Africa: The case of Madagascar.
Looking at mediation in the Madagascar crisis, we
asked ourselves on the role played by Francophonie in the mediation of
the political crisis. It may seem that the actions and strategies of
laFrancophonie supported the transitional, peace and electoral process
as a means of conflict resolution in Madagascar. Moreover,
Francophonie participated in all the meetings and conferences of the
International contact group and the other bodies for mediation in
Madagascar.
In a
nutshell, our work was able to see that despite the successes of the peace
efforts, the crisis has not been resolved definitely. That is why we are
proposing the necessity of bringing forth corrective measures to the actions of
la Francophonie in putting an end to the crisis in Madagascar.
KEYS WORDS:Francophonie, mediation,
politicalcrisis, francophone Africa
LISTES DES PHOTOS ET
TABLEAUX
Photos
Photo 1 : Rencontre à Paris
entre AndryRajoelina, Président de la haute autorité de
transition et Abdou Diouf, Secrétaire Général de la
Francophonie ...........................58
Photo 2 : Rencontre à Madagascar
entre AndryRajoelina et la délégation du Conseil permanent de la
Francophonie conduite par EdemKodjo, envoyé spécial du
Sécretaire Général de la
Francophonie........................................................................58
Tableaux
Tableau 1 : Evolution du budget de la
Francophonie de 1979 à 2009........................68
Tableau 2 : Contribution de la France au
financement de la Francophonie
multilatérale............................................................................................70
Madagascar : la technologie cellulaire
autrement
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 :Accord politique de
Maputo............................................................98
Annexe 2 : Acte additionnel d'Addis-Abeba à la
charte de la transition malgache.........104
Annexe 3 : Guide d'entretien
........................................................................111
Annexe 4 : Un extrait de la charte de la Francophonie de
Hanoï (1997)......................112
Annexe 5 : Un extrait du plan d'action du sommet de
Hanoï (1997)..........................113
Annexe 6 :Un extrait de la charte rénovée
de la Francophonie d'Antananarivo (2005)...113
Annexe 7 : Un extrait de la déclaration de Bamako
(3 novembre 2000) .....................115
Annexe 8 : Un extrait de la déclaration de
Saint-Boniface (14 mai 2006).....................118
Annexe 9 : Carte de
Madagascar......................................................................119
Annexe 10 : Photos des chefs de file des mouvances
politiques malgaches..................120
SOMMAIRE
INTRODUCTION
GENERALE............................................................................1
PREMIERE
PARTIE :
PRESENTATION DE LA MEDIATION DE LA
FRANCOPHONIE DANS LA CRISE MALGACHE
2
CHAPITRE I: LES FONDEMENTS DE L'ACTION DE
LA FRANCOPHONIE EN FAVEUR DE LA MEDIATION DES CRISES POLITIQUES EN AFRIQUE
FRANCOPHONE
22
Section I : Les fondements
historico-politiques
22
Section II : La francophonie et la mise en
place d'une paix durable
30
CHAPITRE II : ACTIONS ET STRATEGIES DE
LA FRANCOPHONIE DANS LA CRISE MALGACHE
42
Section I : Le soutien au processus de
transition et de sortie de crise à
44
Madagascar
44
Section II : l'accompagnement du processus
électoral et de sortie de crise à Madagascar
52
II EME PARTIE : LES LIMITES ET MESURES
CORRECTIVES ENVISAGEABLES DANS LA MEDIATION FRANCOPHONE DE LA CRISE
MALGACHE
60
CHAPITRE III : LES LIMITES DU ROLE DE
LA FRANCOPHONIE DANS LE GROUPE INTERNATIONAL DE CONTACT ET L'EQUIPE
CONJOINTE DE MEDIATION A MADAGASCAR.
62
Section I : De l'inefficacité de la
stratégie de la Francophonie à Madagascar
62
Section II : Des moyens d'intervention
limités en faveur de la médiation
66
CHAPITRE IV : LES AMENAGEMENTS
POSSIBLES DU ROLE DE LA FRANCOPHONIE DANS LA MEDIATION DES CRISES POLITIQUES
EN AFRIQUE FRANCOPHONE
75
Section I : Pour une stratégie
francophone plus efficace dans la médiation de la crise malgache
75
Section II : une participation francophone
plus active en faveur de la paix
81
CONCLUSION GENERALE
88
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
91
ANNEXES
97
TABLE DES
MATIERES...........................................................................121
INTRODUCTION GENERALE
Introduire signifie présenter
succinctement les éléments les plus déterminants de la
littératurethéorique en science politique.1(*)Une telle démarche exclut
dès lors l'exhaustivité car elle impose des choix guidés
par un souci méthodologique. Dans ce sens, notre étude
s'intéresse à la Francophonie et la médiation des crises
politiques : le cas de Madagascar. Pour traiter cette thématique,
notre introduction s'articulera autour des axes suivants : le contexte et
la justification de l'étude (I), la clarification conceptuelle (II), la
revue de la littérature(III),intérêts du sujet (IV), la
délimitation du sujet(V), la problématique (VI), les
hypothèses (VII), les objectifs de l'étude(VIII), l'explication
théoriqueet méthodologique(IX), et l'annonce du plan de
travail (X).
I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE
L'ETUDE
La plupart des organisations internationales, qu'elles soient
à vocation universelle ou régionale, interviennent de plus en
plus dans le règlement des conflits qui éclatent entre ou au sein
de leurs Etats membres.Il en est ainsi des organisations internationales
à caractère politique comme l'ONU, l'UA, l'UE que des
organisations internationales à vocation culturelle, telles la ligue
des Etats arabes, le Commonwealth et surtout la Francophonie2(*).
Autrefois, organisation avec pour but unique la promotion de
la langue française, la Francophonie va connaître de nos jours
une mutation majeure de son action, dépassant même les missions
historiquement fixées par la convention de Niamey portant
création de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique
(ACCT) du 20 Mars 19703(*).Comme organisation internationale, la Francophonie ne
va plus se limiter à l'élaboration d'une politique de promotion
linguistique, de coopération technique ou de coordination des
réseaux francophones. Elle devient un acteur dans le système des
relations internationales et ajuste un agenda qu'elle veut commun à tous
ses membres au plus près des réalités de la gouvernance
mondiale4(*).
Ce tournant politique de la Francophonie est dû à
l'avènement de nouveaux défis tels que la promotion de la
démocratie, l'Etat de droit et la résolution des conflits dans
l'espace francophone.
Ainsi, la Francophonie va se doter d'instruments, de
mécanismes de prévention et de sortie de crises, pour s'imposer
à côté de l'ONU et d'autres organisations internationales
et régionales comme acteur incontournable dans la médiation des
conflits.Cette implication de la Francophonie dans la prévention et la
résolution des conflits s'accroît progressivement dans les
années 90 avec la chute du mur de Berlin (1989), la fin du monde
bipolaire, le processus de démocratisation en Afrique et la
montée en puissance de la conflictualité en Afrique
francophone.
Malgré ces avancées incontestables, l'Afrique,
foyer de naissance du projet francophone avec une trentaine d'Etats et
gouvernements membres de l'Organisation internationale de la francophonie
reste l'épicentre de l'instabilité dans le monde avec quelques
120 conflits entre 1946 et 20055(*).
L'Afrique francophone est déchirée par des
calamités, des conflitsinternes, interétatiques,
l'instabilité de ses régimes politiques (Mali, Guinée
Conakry, Côte d'Ivoire, RCA, Madagascar...), des coups d'Etat, des
génocides, des crises politiques,des guérillas, la lutte pour le
contrôle et l'exploitation des ressources naturelles, la corruption, la
fragilité des institutions ... entrainant dans cette partie de la
planète de nombreux réfugiés. De nos jours, la
façon de traiter les crises politiques a, ces dernières
années, beaucoup évolué. Le recours à la force se
fait plus rare, comme si la transformation des équilibres
géopolitiques depuis la fin de la guerre froide et les
décolonisations, la multiplication des démocraties,
l'interdépendance économique avaient rendu l'idée de
guerre obsolète6(*).
Au rôle traditionnel des diplomaties étatiques s'ajoutent ou se
substituent de plus en plus fréquemment des modes d'intervention plus
consensuels. Alors que les tentatives de médiation concernaient 20 % des
conflits entre 1945 et 1962, elles sont recensées dans 34 % d'entre eux
dans la période 1963-1989 et dans 64 % entre 1990 et 19967(*). La médiation est
devenue, un outil indispensable dans la prévention et la
résolution des conflits internationaux, régionaux et intra
étatiques. Elle s'impose davantage comme une des notions centrales du
discours politique international dans un monde traversé par de
multiples menaces. La quasi-totalité des conflits récents ont
été résolus par la médiation et non par une
intervention militaire8(*).
La crise de Madagascar de 2009, avec de violentes
émeutes et la démission forcée de Marc Ravalomanana
le 17 mars du poste de Président de la République a
suscité la réactionde la Communauté internationale qui a
aussitôt condamné cette prise anticonstitutionnelle du pouvoir
par Rajoelina. De nombreuses organisations internationales se sont
activées à la recherche de solutions notamment, l'Union
Africaine (UA), la Communauté de Développement d'Afrique
Australe (SADC), l'Organisation des nations unies (ONU) et l'Organisation
internationale de la francophonie (OIF).C'est ainsi, qu'il estcrée sous
les auspices de l'Union africaine à Madagascar le 16 avril 2009, un
Groupe international de contact (GIC) sur Madagascar9(*). Le GIC, tient sa
première réunion à Addis-Abeba en présence des
représentants de la Francophonie, de la SADC, de l'ONU, de la COI, de
l'ONU, du COMESA, de l'UE ainsi que des membres permanents du Conseil
permanent de sécurité de l'ONU et des pays africains y
siégeant (Libye, Ouganda et Burkina Faso). Le GIC décide ensuite
de créer une équipe conjointe de médiation (ECM)
composée de représentants de la Francophonie, de la SADC, de l'UA
et de l'ONU qui sont chargés de mener les négociations.
Au regard de l'expérience de la Francophonie et son
rôle stratégique dans la médiation des crises politiques
en Afrique francophone , nous avons trouvé opportun parmi les multiples
organisations internationales (UA, SADC, ONU, OIF ) constituant l'équipe
conjointe de médiation de nous intéresserau rôle
joué par l'Organisation internationale de la francophonie dans la
résolution de cette crise étant donné que, la
République de Madagascar est membre de cette organisation
internationale depuis 1989. En outre, la présente étude
s'inscrit donc en droite ligne de notre parcours de science politique, option
relations internationales spécialisation Francophonie et
Mondialisation, d'où notre thème :
« Francophonie et médiation des crises politiques en
Afrique francophone : le cas de Madagascar ».
II-CLARIFICATION
CONCEPTUELLE
Lesmots ou concepts clés qui font l'objet de notre
étude sont : Francophonie, médiation, crises politiques,
Afrique francophone.
A- FRANCOPHONIE
De manière générale, la
Francophonie peut être présentée comme une
organisation internationale regroupant en son sein des Etats et
gouvernements ayant en partage la langue française.
Historiquement, d'après Xavier Deniau, le mot
Francophonie semble avoir été inventé par le
géographe français Onésime Reclus (1837-1916) en
188010(*). Ce dernier
prévoyait une francophonie, symbole et résumé de la
solidarité humaine, du partage de la culture et de l'échange.
Mais, le mot et l'idée disparaissent de la conscience collective et des
écrits avec O. Reclus, pour ne réapparaitre qu'en novembre 1962
dans un numéro spécial de la revue Esprit
intitulé « le français dans le monde ».C'est
LéopoldSedar Senghor (1906-2001), agrégé de grammaire et
poète de langue française qui donne au mot et à la
notion une audience internationale.Il définit alors la Francophonie
comme « une symbiose des énergies dormantes de tous les
continents, de toutes les races qui se réveillent à leurs
chaleurscomplémentaires » (revue Esprit,
novembre 1962).Plus tard dans le journal le Monde, de février
1969, Senghor parle de la Francophonie comme cet « humanisme
intégral qui se tisse autour de la terre ».Le projet de
communauté organique de la Francophonie qu'a voulu Léopold Sedar
Senghor, inspirateur et père fondateur de la Francophonie politique, se
concrétise avec l'organisation du premier sommet des chefs d'Etat et de
gouvernement ayant en commun le français en février 1986 à
Versailles en France. La Francophonie s'institutionnalise progressivement avec
la création des instances politiques de haut niveau (sommet,
conférence des ministres, conseil permanent), des opérateurs, du
poste de secrétairegénéral...La charte adoptée
à Hanoï en 1997 et amendée à Antananarivo en 2005
permet à l'Organisation internationale de la francophonie de devenir
l'unique organisation francophone intergouvernementale regroupant en son sein
77 Etats et gouvernements membres. Elle oeuvre pour la diversité
culturelle, la démocratie, la paix et le développement solidaire
dans l'espace francophone. La Francophonie est indiscutablement un acteur
émergent du système international et accueille à chaque
sommet de nouveaux membres11(*).
B- LA MEDIATION
Le terme
« médiation » vient du latin
mediare qui signifie « s'interposer »12(*). Ce terme apparait dans les
travaux nord-américains au milieu des années 1970, mais il est
essentiellement évoqué au sein du mouvement radical
CriticalLegalStudies. Il est évoquédans le champ de la
science politique dans la seconde moitié des années 1980 par
quelques ouvrages et revues spécialisées dans les
PeaceStudies, comme le Journal of PeaceResearchou le
Journal of ConflictResolution. Il n'atteint les revues
généralistes de la discipline que plus tardivement. Mais la
médiation n'y est pas abordée en tant que processus politique.
Elle est le plus souvent évoquée en tant qu'outil, plus ou moins
efficace, dans la résolution des conflits politiques.13(*) De manière globale, la
médiation se définit comme l'intervention d'un tiers
indépendant et impartial dans la résolution d'un conflit. Elle a
été codifiée par les Conventions de la Haye de 1899 et
190714(*) et, depuis,
consacrée dans le dispositif normatif des différentes
organisations internationales. Bien que ces organisations aient constamment
recours à la médiation, la majeure partie d'entre elles n'en
donnent pas une véritable définition. L'article 33 du chapitre VI
de la Charte des Nations Unies se contente juste de la citer comme l'un des
modes de règlement pacifique des différends sans en apporter
une définition claire. Cependant de nombreux écrits ont
pallié ce manque de définition de la charte des Nations Unies en
proposant à travers plusieurs publications des définitions qui
varient selon les acteurs de la médiation. Ainsi, selonJean
SALMON, la médiation est un mode de
règlement diplomatique des différends par lequel, de leur propre
initiative et avec l'accord des parties ou à la demande de celles-ci, un
ou plusieurs tiers (à savoir un ou plusieurs Etat (s), ou un organisme
international, ou même une personne privée) s'entremet entre les
parties à un différend ou un conflit afin de les amener à
entamer ou reprendre et poursuivre des négociations sur la base de
propositions de règlement fondées sur la conciliation des
intérêts en cause et dépourvues de caractère
obligatoire15(*).Dans
le même sensI. William ZARTMAN et Saadia
TOUVAL, définissent la médiation comme
« l'intervention d'un tiers dans un conflit avec l'objectif
affiché de contribuer à sa réduction ou sa
résolution au moyen de la négociation »16(*). Pour les
réalistes17(*)
comme Jacob BERCOVITCH, la médiation constitue
« un processus de gestion de conflit, où les parties
adverses sollicitent l'assistance ou acceptent l'offre d'aide d'une partie
extérieure au conflit, qui soit en mesure de changer leurs perceptions
ou leurs comportements sans devoir recourir à la force ou invoquer les
règles de droit ».
Pour les libéraux18(*) comme, MIALL, RAMSBOTHAM et WOODHOUSE, la
médiation est « un mode de négociation dans lequel
un tiers parti aide les parties en conflit à développer une
solution qu'elles n'ont pas encore trouvées
elles-mêmes »19(*).Dans le même sens, Jacques
FAGET définit la médiation comme un
« processus consensuel de gestion des conflits dans lequel un
tiers impartial, indépendant et sans pouvoir décisionnel, tente,
à travers l'organisation d'échanges entre les personnes ou les
institutions de les aider, soit à améliorer ou établir
une relation, soit à régler un conflit »20(*).
Le médiateur, c'est un tiers qui
s'entremet entre deux ou plusieurs parties à undifférend pour
les amener à une solution par la médiation. Il peut s'agir d'un
chef d'Etat ou de gouvernement, du Secrétaire ou du Directeur
général d'une organisation internationale, ou de toute autre
personnalité nommée à cette fin par un Etat ou groupe
d'Etats ou une organisation internationale. Le rôle du médiateur
consiste à concilier les prétentions opposées et à
apaiser les ressentiments qui peuvent s'être produits entre les Etats en
conflit21(*)(Convention de
la Haye (I) de 1907 pour le règlement des conflits
internationaux,article 4). Il a enfin pour mission de favoriser
l'échange de vues entre les parties et de proposer une solution au
différend qui les oppose22(*).
C- LA CRISE POLITIQUE
En Grec comme en Latin, le terme
« crise » provient à l'origine du
vocabulaire médical et renvoie à la « phase
décisive d'une maladie », ainsi qu'à une
décision, à un jugement médical. Le terme connait une
extension dans le domaine psychologique, à partir XIX ème
siècle surtout, une acception collective, politique et économique
- crise politique (1814), crise financière (1823) et crise commerciale
(1838) - en mettant l'accent sur le trouble et le déséquilibre.
Les crises sont devenues un objet majeur dans l'étude des relations
internationales et elles ont été examinées à
partir de perspectives différentes dont les principales ont
été identifiées par Graham ALLISON au début des
années 1970.23(*)Selon Mokhtar LAKEHAL, une crise politique
est un moment de rupture du consensus autour des institutions
politiques d'un Etat24(*). Elle se caractérise par la paralysie des
initiatives des pouvoirs publics dans la mesure où une fraction plus ou
moins importante de la classe politique n'a plus confiance aux institutions et
à leur mode de fonctionnement, s'accompagnant
généralement par des grèves et des contestations.
D- AFRIQUE FRANCOPHONE :
L'Afrique francophone, se présente comme l'ensemble des
Etats africains ayant la langue française en partage. Il peut s'agir des
Etats où le français est la langue officielle ou la langue
d'enseignement.
Au-delà de la France, la langue française fut
répandue par la colonisation. Les anciennes colonies devenues
indépendantes conservent le français comme langue officielle ou
d'usage. Ainsi se trouvent consacrés par le biais de la langue. Les
liens de solidarité effective entre ces pays. La langue
française est pour beaucoup de ces pays un élément
essentiel de leur identité à l'égard de leurs voisins
souvent géographiquement ou ethniquement semblables. «
Notre frontière c'est la langue française »
disait ainsi le ministre de l'éducation de Djibouti, Djema
Elabé25(*)
III-REVUE DE LA
LITTERATURE
Elaborer une revue de la littérature permet de faire
l'état de la question traitée. Il s'agit d'un tour d'horizon de
la doctrine relative au domaine de l'étude entreprise, de sorte que l'on
puisse situer celle-ci dans le continuum ou la rupture de ce qui a
déjà été traité, ou tout simplement
appréhender son originalité et sa nouveauté. Pour Olivier,
Bernard et Ferron, la revue de la littérature consiste à
« identifier les auteurs, les ouvrages et les articles scientifiques
qui ont façonné la connaissance dans une discipline donnée
sur un sujet précis ».26(*)
Dans cette partie, nous allons parcourir la littérature
existante à laquelle nous avons pu accéder et montrer en quoi
notre domaine d'investigation y converge ou se démarque, puis faire
ressortir les traits marquants de cette littérature.
Parmi les auteurs qui se sont penchés sur des sujets
connexes au notre, nous avons Jean Pierre VETTOVAGLIA27(*) dont l'ouvrage est
intitulé médiation et facilitation dans l'espace
francophone : Théorie et pratique, qui faitl'état de la
médiation dans l'espace francophone en partant d'une approche
terminologique et typologique de la médiation des crises et des conflits
contemporains. L'auteur nous présente la démarche et le
dispositiffrancophone à travers les déclarations de Bamako, de
Saint -Boniface et la charte de la Francophonie. Il recense les nombreuses
pratiques de médiation francophone depuis les années 90.
L'ouvrageest aussi consacré aux défis et perspectives de la
médiation dans la prévention des conflits. Pour lui, la
médiation est unprocessus visant à apporter une solution au
conflit en aidant les parties à discuter des options possibles et
à parvenir volontairement à un accord de paix sans davantage
recourir à la force ou à l'autorité d'une solution de
droit28(*).Il
précise que la médiation est devenue un outil indispensable dans
la prévention et la résolution des conflits internationaux,
régionaux ou intra étatiques29(*) . Elle est un « art » difficile
(chaque médiation est en quelque sorte unique) où le
succès n'est pas toujours au rendez-vous et dans lequel les erreurs sont
faciles à commettre30(*). Il ajoute que la médiation peut intervenir
en période de paix instable à titre préventif. Dans un
contexte de gestion de crise, la médiation cherche à
prévenir une escalade de la violence. En période de conflit
ouvert, elle vise à obtenir un cessez-le-feu, voire un accord sur la fin
des hostilités.Dans le cadre d'un processus de paix, elle s'essaye
à la négociation d'un accord partiel ou plus rarement d'un accord
complet. Enfin, dans le cadre du maintien de la paix ou de la restauration de
celle-ci, la médiation aura un rôle essentiel dans la mise en
oeuvre des stratégies de rapprochement et de réconciliation des
ennemis du passé ainsi que la reconstitution des institutions31(*). Dans cet ouvrage, l'auteur
met également en exergue les nouveaux défis de la Francophonie
à savoir la promotion de la paix, la démocratie et les droits de
l'Homme.Il précise que la plupart des conflits récents ont
été résolus par la médiation et non par une
victoire militaire (Tchad, Mauritanie, Comores, Togo...).
S'il peut être reconnu à cet ouvrage de
VETTOVAGLIA le mérite d'apporter une analyse assez
précise sur la médiation et la facilitation dans l'espace
francophone, en revanche l'action de la Francophonie dans la crise de
Madagascar n'y est décrite que de façon très
superficielle. Dans notre étude, nous essayerons d'aller plus loin en
présentant les fondements de l'action de la Francophonie en
matière de médiation des crises politiques et une étude
spécifique de la crise de Madagascar.
Puis Jean- Louis ATANGANA AMOUGOUdans son
article sur « la Francophonie et la résolution des
conflits en Afrique » paru dans la revue Internationale des
mondes francophones, en 2010 a retenu notre attention. Dans cet article,
Jean- Louis ATANGANA AMOUGOU analyse les actions
menées par la Francophonie en faveur de la résolution des
conflits en Afrique. Pour lui, cette redéfinition(le passage de la
Francophonie culturelle à la Francophonie politique) de la Francophonie
est due à l'avènement de nouveaux défis tels que la
promotion de la démocratie et de l'Etat de droit, la résolution
des conflits du fait de la récurrence des conflits dans l'espace
francophone. Pour ce faire, la Francophonie a entamé une reforme
institutionnelle afin d'assurer pleinement ses nouvelles missions
stratégiques dévolues aux organisations internationales. Elle va
ainsi en collaboration avec les acteurs classiques comme l'ONU, l'UA, l'UE
mener plusieurs actions avec pour ambition « d'éliminer le
fléau des conflits qui constituent un obstacle majeur à la mise
en oeuvre du programme continental de développement
économique ». Cette action de la Francophonie en faveur de la
résolution des conflits va selon Jean- Louis ATANGANA
AMOUGOU s'orienter sur plusieurs dimensions à savoir la
prévention des conflits, sa participation au maintien et au
rétablissement de la paix en Afrique.
Si cet article a le mérite d'analyser la Francophonie
et la résolution des conflits en Afrique, il ne fait aucun doute
toutefois, qu'un cas précis d'intervention de la Francophonie n'a pas
été analysé. Notre étude se proposera donc de
faire une étude de cas à savoir la crise de Madagascar.
Enfin,Christian VALANTIN dans son article sur
« la Francophonie et la paix » paru dans l'ouvrage
intitulé, Une histoire de la Francophonie (1970-2010), de l'Agence
de Coopération Culturelle et Technique à l'OIF. Dans cet
article,ilretrace les actions menées par la Francophonie en faveur de la
paix dans l'espace francophone. Il s'appuie sur les cas spécifiques de
quelques Etats membres de l'OIF comme Madagascar, la Côte d'Ivoire, la
RCA, le Tchad pour ne citer que ceux là pour montrer que l'OIF s'est
rendu compte de l'effectivité de nombreuses menaces à la paix
dans ses Etats membres et à de ce fait entrepris un certain nombre
d'action pour palier à cette situation. Pour ce faire, elle s'est ainsi
dotée des textes normatifs qui lui permettent d'intervenir
pacifiquement dans les cas de violation plus ou moins graves de la
démocratie et de non-respect des droits de l'Homme. L'article de
Christian VALANTIN, bien que pertinent a un caractère assez
général dans la mesure où la médiation n'est
abordée que de manière superficielle.
IV-INTERET DU SUJET
L'effort intellectuel en gestation revêt un
intérêt à la fois scientifique et pratique.
L'intérêt scientifique :
C'est un sujet qui ambitionne d'enrichir les recherches sur la médiation
des crises politiques dans le monde et dans l'espace francophone en
particulier. Ilpermet également d'éclairer la Francophonie dans
la résolution des conflits. En effet contrairement à la
majorité des travaux qui, dans leur analyse sur la médiation ont
une vision globale comme l'ouvrage de Jean- Pierre VETTOVAGLIA sur
médiation et facilitation dans l'espace francophone :
théorie et pratique,celle-ci se veut plus précise en cette
matière dans la mesure où elle porte sur un cas
spécifique. Ce qui lui consacre son originalité. Cette
étude est aussi source d'informations car à travers cette
recherche, nous trouverons des informations permettant de mieux comprendre la
crise de Madagascar et par là le rôle joué par la
Francophonie dans la résolution de cette crise.
L'intérêtpratique: Au regard des
calamités et des conflits multiformes que traverse l'espace francophone,
nos travaux pourraient constituer un document de travail à la
disposition des praticiens de la médiation. Ils pourront par exemple
permettre non seulement à la Francophonie, mais aussi aux autres
organisations internationales à vocation universelle, régionales
ou sous- régionales à mieux appréhender les
spécificités des conflits en Afrique afin de participer de
manière objective à leur résolution.
V-DELIMITATION DU SUJET
Le présent travail sur la Francophonie et la
médiation des crises politiques en Afrique francophone obéira
à une délimitation temporelle, matérielle et spatiale.
A-DELIMITATION TEMPORELLE
L'axe temporel de notre étude a pour origine
l'année 2009, année de l'éclatement de la crise de
Madagascar par de violentes émeutes, la démission forcée
de Marc RAVALOMANANA du poste de président de la République sous
la pression d'une partie de la population malgache appuyée par
l'armée, et l'entrée en jeu de la Francophonie dans la
résolution de la crise.
B-DELIMITATION SPATIALE
Notre étude a pour cadre géographique la
République de Madagascar. Ce choix comme cadre d'étude de notre
recherche se justifie in fine par une double explication :
- La République de Madagascar est un Etat membre de
l'Organisation internationale de la francophonie ;
- La présence significative de la Francophonie dans la
médiation de la crise de Madagascar et son rôle important dans
l'accompagnement du processus de retour à un ordre constitutionnel.
La République de Madagascar est un Etat insulaire de
l'océan Indien situé au Sud- Est du continent africain au large
du Mozambique. La dérive des continents montre que l'Inde, l'Australie,
l'Antarctique, Madagascar, le Sud de l'Afrique et de l'Amérique
étaient réunis en une terre appelée Gondwana il y a deux
cent quarante (240) millions d'années et celle-ci s'est disloquée
pour former les cinq (5) continents. L'île de Madagascar s'étire
sur 1580 Km du Nord au Sud et 500 Km de l'Est à l'Ouest. La structure de
cette portion insulaire renferme toutes les périodes de l'histoire
géologique de la planète. Elle a une population de
20 653 556 habitants en 2009et une superficie de 587 041 km2 soit
une densité de 30 hbts/Km2, elle a pour capitale Antananarivo.
« L'île rouge32(*) » dispose de ressources abondantes et
variées. Cependant, l'essentiel des exportations est constitué
par les produits divers tels que le manioc, café, riz, canne à
sucre, la pêche,vanille, complétés par les richesses du
sous- sol notamment le cobalt, chrome, graphites, pierres
précieuses...Le malgache est la langue nationale de Madagascar, le
français la 2ème langue et l'anglais 3ème
langue depuis 2007.
Madagascar est unEtat à régime
semi-présidentiel où le président est le chef de l'Etat et
le Premier Ministre, chef du gouvernement. Depuis 1989, Madagascar est
officiellement membre de l'Organisation internationale de la francophonie et
participe ainsi à toutes les rencontres de l'organisation (c'est
d'ailleurs à Antananarivo que la charte rénovée de la
Francophonie de 2005 a été adoptée) jusqu'à sa
suspension le 2 Avril 2009 conformément aux dispositions du chapitre V
de la déclaration de Bamako. En 2007, La république de
Madagascar est officiellement découpée en 22 régions parmi
lesquelles deux de ces régions à savoir Analamanga et Menabe font
partie de l'Airf. Mais depuis plusieurs années déjà, le
pays est plongé dans une véritable incertitude avec une
opposition remarquable entre d'une part le Président déchu Marc
RAVALOMANA et d'autre part, le maire révolté de la commune
urbaine d'Antananarivo la capitale Andry RAJOELINA et ses partisans. Les causes
de cette crise sont multiples et remonteraient à l'année
200233(*). Mais depuis
Novembre 2009, le groupe international de contact sur Madagascar mène
de plein pied une médiation entre les différents acteurs de la
crise. Et c'est ainsi que sous l'appui de la Francophonie et des autres
organisations (UA, SADC, ONU), les chefs de file des mouvances politiques de
Madagascar ont réaffirmé solennellement du 3 au 6 Novembre 2009
leur adhésion totale à l'accord politique, à la charte de
la transition signés à Maputo au Mozambique le 9 août
2009.
VI-PROBLEMATIQUE
Toute recherche doit être fondée sur une
problématique. En d'autres termes, il faut soumettre le sujet
d'étude à un questionnement systématique car la
problématique est pour un travail de recherche ce que le système
nerveux est pour un être humain.34(*) Selon Michel BEAUD, elle est
« l'ensemble construit autour d'une question principale, des
hypothèses de recherches et des lignes d'analyses qui permettent de
traiter le sujet »35(*)
De ce fait, notre sujet tourne autour de la question de
savoir : comment la Francophonie a-t-elle menée sa
médiation dans la crise malgache ? Ses actions et ses
stratégies ont- elles été jusqu'ici suffisantes ?
Quelles sont les mesures correctives envisageables ?
Apporter des réponses à ces différentes
préoccupations, nous permettra d'élaborer des hypothèses
qui sous tendront notre étude.
VII-HYPOTHESES DE RECHERCHE
Selon Madeleine GRAWITZ une hypothèse « est
une proposition de réponse à la question posée qui
tend à formuler une relation entre les faits significatifs
»36(*). Il s'agit en
fait d'une réponse provisoire à l'interrogation soulevée
par la problématique et que l'on doit soit confirmer, soit infirmer.
Comme réponse provisoire principale, nous dirions que : la
Francophonie agit dans la crise malgache à travers son dispositif
normatif et institutionnel. Mais les actions et stratégies
élaborées par elle, présentent des limites auxquelles il
faudrait apporter des mesures correctives.
Ainsi, ayant énoncé les hypothèses, nous
pouvons à présent dégager les objectifs de notre
étude.
VIII-OBJECTIFS DE L'ETUDE
A-OBJECTIF PRINCIPAL
L'objectif principal de cette étude est de mettre en
exergue l'action de la Francophonie en matière de médiation des
crises politiques et, le cas échéant d'évaluer cette
action. Mais l'atteinte de cet objectif principal passe par l'atteinte des
objectifs secondaires.
B-OBJECTIFS SECONDAIRES
La présente étude se propose de faire la
lumière sur :
Ø Les fondements de l'action de la Francophonie en
faveur de la médiation des crises politiques.
Ø Les actions et stratégies de la Francophonie
dans la crise malgache.
Ø Les limites et mesures correctives possibles du
rôle de la Francophonie dans la crise malgache.
Il est important de fixer une approche méthodologique
et qu'on précise dans quelle théorie l'on peut analyser la
Francophonie et la médiation des crises politiques en Afrique
francophone cas de Madagascar.
IX-EXPLICATION THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
A- CADRE THEORIQUE
La théorie peut être entendue comme une boite
à outil, mise à la disposition de l'analyste, grâce
à laquelle il peut proposer une interprétation de la
réalité nationale ou internationale. Pour Daigneault, la
théorie constitue une lentille conceptuelle qui permet de simplifier le
réel en distinguant ce qui est important de ce qui ne l'est pas37(*). L'étude des
théories existantes nous apprend à réfléchir et
à ne pas prendre nos opinions pour des vérités.
Notre étude sur la Francophonie et la médiation
des crises politiques repose sur l'institutionnalisme.
Depuis une quinzaine d'années, il ya un regain
d'intérêt pour les théories institutionnalistes. En
particulier dans le monde anglo-saxon, la parution de plusieurs ouvrages
mettant en exergue l'importance des institutions a contribué à
faire naitre un débat dans les revues scientifiques autour du rôle
des institutions dans la résolution des crises et la consolidation de la
paix. Ainsi, John Mearsheimer, dans son article intitulé
« the false promise of international
institutions » affirme que les institutions internationales
ne sont pas liées à la stabilité politique et n'ont pas
une influence majeure sur les questions de guerre et de paix. Il définit
les institutions comme « un ensemble de règles qui
stipulent les façons dont les Etats doivent coopérer et rivaliser
les uns avec les autres »38(*). Il se réfère aux théories de
l'institutionnalisme pour illustrer son manque de confiance dans
l'efficacité des institutions internationales notamment
l'institutionnalisme libéral qui met l'accent sur la coopération
économique et environnementale comme un moyen d'éviter la guerre,
puis, la sécurité collective qui traite de la prévention
de la guerre en rejetant l'usage de la force par l'écrasement
immédiat de toute menace de guerre, en interdisant aux Etats d'agir par
intérêt. Il dit de la théorie critique qu'elle adopte une
approche révolutionnaire et s'efforce de changer la structure de la
politique afin de rendre la coopération inévitable et
créer les conditions d'une paix durable. Mearsheimer affirme que, bien
que les conditions de stabilité et de coopération ont eu
lieu « la coopération entre les Etats a ses limites,
principalement parce qu'il est contraint par la logique dominante de la
concurrence de sécurité, auquel aucune somme de
coopération peut éliminer »39(*). Robert keohane et Lisa Martin
dans leur article intitulé « the promise of
institutionalisttheory » tenteront d'apporter une
réponse à Mearsheimer. Ils montrent que les institutions
internationales remplissent leurs « promesses » notamment
par un tour d'horizon des recherches théoriques et empiriques sur les
institutions internationales. Dans cette optique, il faut se demander de quelle
manière les institutions comptent, et non plus seulement si elles
comptent. Pour eux, les Etats ne cherchent pas toujours un gain relatif. Leur
importance est conditionnelle à des facteurs tels que le nombre
d'acteurs majeurs dans le système.
Ce regain d'intérêt pour les institutions a
été d'un coté, une réaction aux théories
behavioristes et surtout aux théories du choix rationnel, et, de
l'autre, un retour aux sources de la sociologie et surtout de la science
politique40(*). Pendant
les années 1950 et 1960, les explications en termes de choix et de
comportements individuels dominaient les sciences sociales. Ceci vaut surtout
pour la science politique, alors que la tradition structuro-fonctionnaliste, en
particulier sous l'impulsion de l'oeuvre de Talcott Parsons, préserva en
partie la sociologie d'une telle domination. Comme le souligne à juste
titre, Guy Peters, cependant, à partir de Thomas Hobbes, et même
auparavant les racines de la pensée politiques se trouvent dans
l'analyse et le dessin des institutions, il existe une tradition
institutionnaliste qui pendant une grande partie du XIX ème
siècle et la première moitié du XX ème, a
jeté les bases de la science politique moderne.
En se rapportant à ce postulat institutionnaliste, nous
pourrons voir comment une organisation comme la Francophonie fonctionne et
quels sont les obstacles à son fonctionnement.
B- CADRE METHODOLOGIQUE
Par méthodologie de la recherche, il faut entendre les
méthodes utilisées et les techniques de recherche dont il sera
fait usage dans notre étude.
1-Méthodologie
Reprenant GRAWITZ, la « méthode est
constituée de l'ensemble des opérations intellectuelles par
lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités
qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie »41(*). Comme méthodologie,
nous avons adopté la méthode systémique et
fonctionnelle.
Le travail portant sur l'étude et l'explication de
l'impact d'un système à savoir le système de
médiation des crises politiques sur son environnement qui est l'Afrique
francophone et plus particulièrement Madagascar, l'approche
systémique telle qu'élaborée par David Easton
nous semble assez pertinente.
Dans cette optique, nous posons la conceptioneastonnienne
selon laquelle « un système politique peut être
défini comme l'ensemble des interactions par lesquelles les objets de
valeurs sont répartis par voie d'autorité dans un
système » (Easton, 1974 :23). La Francophonie
étant un sous système du système global de la
médiation, l'analyse systémique nous permettra dans le cadre de
notre étude de voir comment une organisation comme la Francophonie a
intervenu dans ce système global.
L'approche fonctionnelle, postule que la
société est constituée des éléments ayant
chacun une fonction. Autrement dit chaque élément du
système possède une certaine tâche à accomplir (une
fonction) et qui présente une part irremplaçable dans la
totalité organique. Pour l'anthropologue et ethnographe Radcliffe Brown,
la fonction c'est la contribution qu'un usage social particulier apporte
à la vie sociale comme l'ensemble du fonctionnement du système
social. C'est également un rôle que peut jouer un
élément culturel, social, politique dans la stabilisation du
système tout entier. Le fonctionnalisme appréhende les
sociétés à partir des institutions assurant leur
stabilité et structurant les comportements individuels aux travers de
rôles et de statuts. L'analyse fonctionnelle applique donc le principe
selon lequel une société représente un tout organique,
dont les différentes composantes socioculturelles, politiques,
économiques, s'expliquent par la fonction qu'elles remplissent les unes
par rapport aux autres.
L'analyse fonctionnelle, nous permettra de voir les fonctions
de la Francophonie dans la médiation de la crise politique de
Madagascar.
2-Technique de collecte des données
C'est l'ensemble des outils et des moyens que nous emploierons
dans le cadre de notre étude pour collecter les informations. Pour ce
faire, nous procéderons par les entretiens et la recherche
documentaire.
Dans le cadre de notre étude,
l'entretien sera utilisé pour l'approfondissement
(collecte des données après construction du cadre conceptuel et
en fonction des hypothèses) et l'exploration... Pour notre étude,
nos entretiens sont portés vers des hauts fonctionnaires de la
Francophonie et universitaires, spécialisés dans le domaine de la
médiation des crises politiques qui pourront nous aider à
améliorer notre connaissance du terrain en nous exposant non seulement
les résultats de leurs travaux mais aussi la démarche entreprise,
les problèmes rencontrés et les écueils à
éviter42(*).
La recherche documentaire est
une méthode de pré enquête qui consiste à
répertorier et à consulter les documents les plus
spécifiques, les plus spécialisés possibles sur le sujet
de recherche. Pour notre sujet, nous avons utilisé des ouvrages
généraux sur les relations internationales, des ouvrages
spécialisés sur la médiation et la Francophonie, les
documents officiels, des thèses, des images, des tableaux, des
graphiques, des mémoires, des rapports, des sites web, des notes, des
journaux et même des documents audio visuels dans le but d'en savoir
plus sur la question à traiter.
Cependant, comme toute étude scientifique ne peut se
faire sans difficultés, nous n'en avons pas été
épargnées car l'insuffisance des centres de documentations
relatifs au thème choisi, l'absence d'une représentation
diplomatique malgache au Cameroun et plus globalement en Afrique central,la non
publication des rapports de missions effectuées par la Francophonie
à Madagascar, l'indisponibilité de certains experts a rendu
quelque peu difficile la recherche.
X-L'ANNONCE DU PLAN DE
TRAVAIL
Les préoccupations soulevées dans les
développements précédents visent à présenter
le dispositif francophone,pour montrer que la Francophonie agit dans la
médiation de la crise malgache et de présenter des limites
auxquelles on peut proposer des mesures correctives à son action.
Il sera question pour nous d'articuler notre étude
autour de deux parties :
- Une première partie intitulée :
présentation de la médiation de la Francophonie dans la crise
politique de Madagascar ;
- Une seconde partie intitulée : les limites et
mesures correctives envisageables dansla médiation francophone de la
crise malgache.
PREMIERE PARTIE :
PRESENTATION DE LA
MEDIATION DE LA FRANCOPHONIE DANS LA CRISE MALGACHE
« Sur les 118 conflits survenus en 80 points du
globe depuis 1989, la plupart ont été des conflits internes
frappant les pays pauvres, notamment francophones. Environ 50% de ces pays ont
rebasculé dans la crise dans les cinq ans qui ont suivi la conclusion
d'accords de paix »43(*). Cette situation explique les raisons de
l'implication de la Francophonie dans les années 90 dans la
recherche de la paix. Pour ce faire, l'organisation s'est dotée d'un
dispositif normatif et institutionnel lui permettant d'intervenir pacifiquement
dans les cas de rupture de la démocratie et de non- respect des droits
de l'Homme. Dès l'éclatement de la crise de Madagascar, la
Francophonie a participé à toutes les négociations ayant
abouti, sous la supervision de l'équipe de médiation, à la
signature des accords de Maputo (août 2009) et à la signature de
l'acte additionnel d'Addis-Abeba (novembre 2009).44(*)
Le présent travail consistera d'abord à
présenter les fondements de l'action de la Francophonie en faveur de la
médiation des crises politiques en Afrique francophone (chapitre I)
ainsi que les actions et stratégies de la Francophonie dans la crise
malgache (chapitre II).
CHAPITRE I: LES FONDEMENTS
DE L'ACTION DE LA FRANCOPHONIE EN FAVEUR DE LA MEDIATION DES CRISES
POLITIQUES EN AFRIQUE FRANCOPHONE
Autrefois organisation avec pour mission première la
promotion de la langue française, la Francophonie est devenue de nos
jours un acteur majeur sur la scène internationale. Cette mutation
politique de la Francophonie est due à l'avènement dans l'espace
francophone de nouveaux défis tels que la promotion de la
démocratie, l'Etat de droit et la résolution des conflits. Cette
conversion de la Francophonie en faveur de la paix était
prévisible car en 1986 lors du premier Sommet des chefs d'Etat et de
Gouvernement tenu à Versailles en France, l'on apercevait
déjà les jalons de son engagement pour la paix. Traiter de ce
chapitre nous amènera à présenter les fondements
historico-politiques (section I) et le dispositif de la Francophonie pour la
mise en place d'une paix durable (section II).
Section I : Les
fondements historico-politiques
Les fondements historico-politiques de l'action de la
Francophonie en faveur de la paix sont observables à travers les sources
de l'implication de la Francophonie dans la médiation des crises
politiques (paragraphe I) et son dispositif institutionnel (paragraphe
II).
Paragraphe I: Les sources
de l'implication de la Francophonie dans la médiation des crises
politiques
Les prémices de l'action francophone au service de la
paix remontent à son implication dans l'accompagnement des processus
de démocratisation (A) et les premières initiatives de la
Francophonie sur le terrain (B).
A- De l'accompagnement des
processus de démocratisation àl'implication dans la
prévention et la résolution des conflits
La Francophonie politique est une réalité. Cette
dimension politique de la Francophonie est liée au projet fondateur du
président Léopold SEDAR SENGHOR, ancien chef de l'Etat du
Sénégal, qui, dès l'origine, en liaison avec ses pairs,
avait conçu le rassemblement des pays utilisant la langue
française sur le modèle d'un « Commonwealth à la
française », destiné à institutionnaliser la
concertation et la solidarité entre eux, que ce soit en matière
politique, économique ou linguistique, afin d'en faire une force
spécifique et novatrice de mobilisation au sein de la communauté
internationale.45(*)
Cette idée n'est pas nouvelle, elle remonte bien loin. Senghor en avait
déjà conçu le projet et soulignait en ces termes :
« l'idée m'est venu, en 1955 lorsque, Secrétaire
d'Etat à la présidence du Conseil dans le gouvernement Edgar
Faure, j'étais chargé de la révision du titre 8 de la
Constitution relatif aux départements et territoires d'outre - mer et
protectorats. J'eus alors l'occasion de m'en entretenir avec Habib Bourguiba
qui était en résidence surveillée en France. C'est de
cette époque que datent notre amitié et notre coopération.
Il s'agissait d'élaborer, puis d'édifier ensemble un Commonwealth
à la française.46(*)C'est donc sous l'impulsion de ces dirigeants que
l'ACCT verra le jour à la conférence ministérielle du 20
Mars 1970, à Niamey et le premier Secrétaire
Général sera le canadien Jean Marc LEGER. Léopold Sedar
Senghor donnait à ce projet d'organisation, le nom de communauté
organique. Ce processus politique a été lancé après
l'accession à l'indépendance de nombre d'Etats ou encore de
l'émergence sur la scène internationale d'entités non
souveraines, mais engagées dans un combat de préservation et de
promotion de leurs identités culturelles et linguistiques dont certaines
comme le Québec et Nouveau Brunswick, puis ultérieurement la
communauté française de Belgique, se verront reconnaitre de
façon inédite, la qualité de gouvernement participant
à la nouvelle organisation née du traité de Niamey. La
marche vers l'aménagement d'une Francophonie politique ou plus
exactement géopolitique ne fut pas aisée.
Dès sa création en 1970, l'Agence a eu à
faire face à d'importantes difficultés structurelles liées
à son fonctionnement. Son administration reposait sur le principe de
collégialité qui alourdissait les processus administratifs de
décision. L'appareil de direction, constitué du Secrétaire
général et des deux adjoints liés par la
collégialité donnait l'impression nette de paralysie d'autant
que l'institution manquait d'autorité politique. Il faudra attendre les
années 80 pour commencer à voir se dénouer
substantiellement la crise institutionnelle au sein de l'Agence avec la
suppression des postes de Secrétaires généraux adjoints et
la création des postes de directeurs généraux
nommés par le conseil d'administration sur proposition du
Secrétaire général.47(*)
Dès lors, la voie était ouverte vers la
Francophonie des sommets. A cet effet , le premier sommet des pays ayant en
commun l'usage du français rebaptisé plus tard en sommet des pays
ayant le français en partage ( au sommet de Grand- Baie en 1993) aura
lieu à Paris, du 17 au 19 Février 1986. La Francophonie politique
avait donc d'une certaine façon pris corps. L'autorité politique
était ainsi affirmée et reconnue. Il restait maintenant à
déterminer les rôles et les missions des structures et instances
de contrôle et de suivi des décisions des sommets. Au sommet de
Grand-Baie, les chefs d'Etats et de Gouvernements vont vider les questions
liées à l'institutionnel. Désormais, les sommets
deviendront l'instance suprême et la tribune privilégiée de
l'élaboration concertée de stratégies francophones sur les
enjeux présentant un caractère prioritaire pour le devenir commun
de tous les membres. Toujours dans la volonté d'agir ensemble les
domaines liés aux questions politiques feront l'objet d'un point
spécial et récurrent de l'ordre du jour des sommets. Cette
volonté connaitra une concrétisation avec l'adoption au sommet
de Dakar de 1989 d'une résolution sur les droits fondamentaux dans
l'espace francophone, ainsi que de la décision portant création
d'un nouveau champ de coopération.
Avec l'élargissement de son champ d'action, la
Francophonie va s'engager à partir des années 90, dans
l'accompagnement des processus de démocratisation et à l'Etat de
droit. Elle le fera sous l'appui des instances politiques issues de la reforme
institutionnelle du sommet de Dakar, le Comité de Suivi du Sommet (CIS),
qui deviendra plus tard à Chaillot, le Conseil Permanent de la
Francophonie (CPF) et du nouveau Secrétaire général de
l'ACCT Jean- Louis ROY.
Avec l'appui de la Délégation à la
coopération juridique et judicaire, devenue plus tard en 1996,
Délégation générale à la coopération
juridique et judiciaire en collaboration avec l'Assemblée parlementaire
de la Francophonie ( APF), la Francophonie a développé une
méthodologie et un savoir faire reposant sur une similarité des
systèmes juridiques et institutionnels.
Elle s'est aussi dotée des textes ( Principes
directeurs régissant l'observation des élections, adoptés
en 1992, puis révisés en 1996, Déclaration et Plan
d'Action du Caire, adoptés par les ministres francophones de la justice
en 1995 etc.) et des mécanismes appropriés pour répondre
à ces objectifs ( Plans d'Action pour la justice, missions
d'observations des élections, Concertation entre Francophones à
l'occasion des Conférences internationales, comme la Conférence
mondiale sur les Droits de l'Homme à Vienne , en 1993, ou comme la
conférence mondiale sur les Femmes, à, Pékin, en 1995)
48(*). Résolument
engagé dans le renforcement des capacités de ses membres, la
Francophonie a rencontrée quelques obstacles qui ont perturbé les
processus démocratiques mis sur pied. A titre d'exemple, on peut citer
le coup d'Etat perpétré en janvier 1996 par BARRE Mainassara au
Niger, les élections présidentielles contestées au Togo
en 1993 pour ne citer que ces cas là. Les débats lors des sommets
de Maurice et de Cotonou feront connaitre cette nouvelle donne. C'est dans
cette même logique que Emile DerlinZinzou alors président du CPF
dans son rapport au sommet (de Cotonou) a affirmé que la
« Francophonie peut en se référant à ses
valeurs propres, être un acteur essentiel dans certaines
médiations. Mais elle devrait d'abord, pour ce faire, se doter des
instruments indispensables, de manière à être
éclairée en permanence par une observation attentive de
l'évolution des situations politiques qui lui permette de déceler
les risques de conflits. Il s'agit, de mon point de vue, de renforcer la
capacité de réaction de la Francophonie, de manière
à faciliter sa mobilisation immédiate en cas de crise49(*) ».
B- Les médiations
pionnières
Malgré les engagements de la Francophonie en faveur de
la paix, de nombreux cas de rupture de la démocratie ont
été observés, notamment des dysfonctionnements liés
au déroulement des élections ou dans le fonctionnement des
institutions. Dans le souci de prévenir, voire de mettre un terme aux
nombreuses atteintes à la dignité humaine, dans son espace, la
Francophonie va progressivement élaborer une doctrine francophone
d'engagement pour la paix en mettant l'accent sur la prévention des
crises et des conflits, ainsi que sur la nécessaire
complémentarité entre d'une part l'action de la Francophonie et
des organisations régionales investies dans ces domaines, et d'autre
part celle de l'ONU50(*).
Désormais partenaire indéfectible de la
construction d'un espace démocratique francophone, la Francophonie va
mettre au point de nouveaux mécanismes au service du règlement
des crises. C'est ainsi que les violences engendrées par l'assassinat,
du président Burundais en 1993 marquera ainsi la première
initiative de la Francophonie par l'envoi d'une mission d'appui à la
paix en avril 1995. Cette mission sera conduite par Robert DOSSOU. Plus tard en
Septembre 1997, une deuxième mission sera conduite par le
président du CPF, Emile-DerlinZinzou à Bujumbura.
La Francophonie a soutenu l'accompagnement du deuxième
cycle des élections présidentielles et législatives au
Mali après celui ayant clôturé la transition formelle de
1991 à 1992, l'assistance électorale, de même que les
missions d'observations conduites par des personnalités politiques
reconnues ont joué un rôle non négligeable dans la
recherche ou le maintien du dialogue entre les parties et les structures
impliquées dans ces processus.
En Février 1996, la Francophonie a
dépêché une mission d'accompagnement du retour à la
légalité constitutionnelle, au Niger après la condamnation
par la CMF du coup d'Etat perpétré en janvier de la même
année, puis une autre mission d'observation des élections
présidentielles de Juin 1996.
Bénéficiant de l'expérience des deux
premiers Secrétaires généraux, et du savoir faire de ses
Envoyés spéciaux, l'organisation va dorénavant s'appuyer
sur des textes fondamentaux, notamment la déclaration de Bamako de
novembre 2000, la charte rénovée de la Francophonie de 2005 et la
déclaration de Saint Boniface de mai 2006.
Paragraphe II : Un
cadre institutionnel comme expression de la dimension
politique
Engagé en faveur de la paix, c'est le sommet de Hanoi
et le mandat confié au Secrétaire général (A) qui
marquera l'affirmation de la dimension politique de la Francophonie notamment
par l'important rôle que va désormais jouer le Secrétaire
général dans de nombreuses médiations de crise en Afrique
francophone (B).
A- Le sommet de Hanoi et le
mandat confié au secrétaire général comme
affirmation de la dimension politique
Tenu à Hanoi au Vietnam du 12 au 15 novembre 1997, ce
sommet allait adopter la charte de la Francophonie préparée par
la CMF à Marrakech. Cette charte consacre en son article premier au
titre des objectifs prioritaires de la Francophonie, «les liens que
crée entre ses membres le partage de la langue française et
souhaitant les utiliser au service de la paix, de la coopération et du
développement a pour objectifs d'aider : à
l'instauration et au développement de la démocratie, à la
prévention des conflits et au soutien à l'Etat de droit et aux
droits de l'homme ; à l'intensification du dialogue des cultures et
des civilisations ; au rapprochement des peuples par leur connaissance
mutuelle ;au renforcement de leur solidarité par des actions de
coopération multilatérale en vue de favoriser l'essor de leurs
économies. La Francophonie respecte la souveraineté des Etats,
leurs langues et leurs cultures. Elle observe la plus stricte neutralité
dans les questions de politique intérieure »51(*).
La charte assure ainsi la création d'un poste de
Secrétaire général de la Francophonie investi de fonctions
politiques et dont l'article 7 précise que « le
Secrétaire général est le porte parole politique et le
représentant officiel de la Francophonie au niveau international. Il
exerce ses prérogatives dans le respect de celles du président en
exercice du sommet, et du président de la Conférence
ministérielle. En cas d'urgence, le Secrétaire
général saisit le Conseil Permanent et, compte tenu de la
gravité des évènements, le Président de la
Conférence ministérielle, des situations de crise ou de conflit
dans lesquelles des membres peuvent être ou sont impliqués. Il
propose les mesures spécifiques pour leur prévention,
éventuellement en collaboration avec d'autres organisations
internationales. Les instances de la Francophonie donnent au Secrétaire
général des délégations générales de
pouvoirs qui découlent de son statut et qui sont liées aux
exigences de sa fonction. Le Secrétaire général
décide de l'envoi de missions exploratoires. Il propose au CPF l'envoi
de missions d'observation d'élections. Il en rend compte. Le
Secrétaire général fait rapport au sommet de
l'exécution de son mandat, conformément aux dispositions de
l'article 3 »52(*). En plus le Plan d'action du sommet de Hanoi en son
article 4 précisait également le mandat confié par les
chefs d'Etats et de Gouvernements au Secrétaire général
de « développer les initiatives politiques susceptibles de
contribuer au règlement pacifique des conflits en cours, par le canal
des opérateurs directs et reconnus des sommets et autres acteurs de la
Francophonie, d'intensifier la coopération avec les organismes
régionaux et internationaux oeuvrant notamment dans le domaine des
droits de l'Homme ». Ce plan d'action confie en outre au
secrétaire général « la mission de contribuer,
en tant que de besoin, par l'entremise des instruments de l'Agence mis à
disposition, à cet effet, à la consolidation de l'Etat de droit
et du processus démocratique »53(*) .
B- La médiation
francophone
Dans le but de donner une portée à cet
engagement en faveur de la paix, le premier Secrétaire
général de la Francophonie élu au sommet de Hanoi ,
Boutros Boutros Ghali, ancien Secrétaire général de l'ONU,
va continuer à établir des rapprochements qu'il avait
déjà engagés entre la Francophonie, l'ONU et les
organisations régionales, à travers des réunions de haut
niveau tenues à New York sur les questions de paix. C'est le
Secrétaire général qui va donner une véritable
implication de la Francophonie dans le domaine de la paix, notamment par de
nombreux déplacements dans les pays connaissant une rupture des valeurs
prônées par l'organisation. Ce fut les cas du Togo, des Comores,
de la RDC, d'Haïti ou du Burundi. Pour ce faire, la Francophonie a
accompagné les modalités de sortie de crise, aux Comores, par
l'envoi dès 1999, d'un expert en matière constitutionnelle,
le professeur Jean Du Bois de Gaudusson, puis par la désignation, en
Octobre 2000, du professeur André Salifou54(*), représentant
personnel du Chef de l'Etat nigérien au Conseil Permanent de la
Francophonie,ancien ministre des affaires étrangères du Niger
d'une mission d'information et de contacts auprès des différents
acteurs de la crise politique, marquée par la sécession de
l'île d'Anjouan, en septembre 1997, et par le coup d'Etat du 30 avril
1999 opéré par le colonel Azali et qui trouvera une issue
positive par la signature en février 2001, de l'accord de Fomboni
complété en décembre 2003 sous l'égide du
président Abdou Diouf par l'accord sur les dispositions transitoires de
Moroni.
Au Burundi, le Secrétaire
général de la Francophonie Boutros Boutros Ghali a
dépêché HacenOuldLebatt, ancien ministre des affaires
étrangères de Mauritanie en décembre 1998, «
pour une mission d'information auprès du Président Buyoya, puis
en tant qu'observateur »r55(*), lors des négociations d'Arusha qui se
sont traduites par la signature en aout 2000 de l'accord d'Arusha.
Au Togo, après les élections
contestées de Juin 1998, le Secrétaire Général de
la Francophonie a dépêché un envoyé spécial,
monsieur Moustapha Niasse, ancien ministre des affaires
étrangères du Sénégal, qui allait mener une
mission de facilitation au sein du collège de facilitateurs
(Francophonie, France, Union Européenne, Allemagne) et dont l'action
aurait permis au mois de Juillet 1999 de signer à Lomé des
accords inter- togolais.
En RDC, la mission de la Francophonie sera
présidée par le facilitateur désigné, Sir
KelMasire, ancien président de la République du Botswana
auprès duquel le secrétaire général associera,
HacenOuldLebatt en qualité de chef du bureau de facilitation en RDC
d'abord au titre de la Francophonie, puis de l'ONU et qui oeuvrera à la
négociation de l'accord de Pretoria,sur la base des accords de
Lusaka56(*).
A Haïti, la Francophonie très
préoccupée par la situation dans ce pays n'a pas manqué
d'exprimer son engagement en faveur de la consolidation de la
démocratie. C'est pourquoi le Secrétaire général,
a, par un communiqué du 11 février 2004, tenu à marquer
son inquiétude devant la détérioration observée
durant les derniers mois, condamnant fermement toutes les formes de violence et
de violation des droits de l'Homme perpétrées. Afin de marquer la
solidarité de la communauté francophone avec le peuple
d'Haïti, le Secrétaire Général a demandé
à Antonio Mascarenhas Monteiro, ancien président de la
République du Cap-Vert, désigné en qualité
d'Envoyé spécial, de conduire une mission de haut niveau,
chargée de procéder à une évaluation de la
situation et d'intensifier les possibles interventions de la Francophonie, en
complémentarité avec celles des autres Institutions
internationales et régionales. Cette mission s'est rendue à
Port-au-Prince, du 14 au 17 avril 2004. 57(*)
Dans ces différents cas de figure, l'Organisation
internationale de la francophonie, accompagnera toujours les missions d'ordre
politique évoquées, de bonne volonté ou d'écoute,
d'observation des élections, par un appui financier, technique et en
expertise constitutionnelle et électorale. Concernant les
médiations pionnières, ce soutien de la Francophonie s'exercera
en priorité aux mécanismes nationaux ( réunions de
concertation, débats nationaux, dialogues, etc.), mis en place pour
rapprocher les points de vue des parties prenantes à la crise ou au
conflit et concevoir les dispositifs politiques et juridiques appropriés
pour l'avenir, puis effectuer une fois l'accord obtenu, un suivi efficace
(comités de suivi etc.), auxquels elle participera58(*). Les missions d'observation
seront de même systématiquement préparées et
étayées par une assistance électorale résolue aux
institutions impliquées, en particulier, les commissions
électorales, les cours et les conseils constitutionnels, ainsi que les
instances de régulation de la communication, toute dynamique
menée en liaison étroite avec les autres partenaires
internationaux concernés. Ce partenariat connaitra en conformité
avec les orientations imprimées à la fois par la reforme et
l'option volontariste du nouveau Secrétaire général, la
célébration du 20 mars 1998 qui sera consacrée, au bilan
et aux perspectives dudit partenariat. Nombre d'accords seront en outre
établis pour formaliser cette coopération intensifiée tant
entre les sièges que sur le terrain, en particulier avec l'ONU, le
Commonwealth, l'UA, la Ligue des Etats arabes.
La mise en place au sein de la Francophonie du dispositif en
ressources humaines, administratif, financier et technique, requis pour
permettre la réalisation de ces nouvelles missions ne se fera pas sans
mal, l'institution n'étant pas préparée aux exigences
induites dans ce domaine, comme d'ailleurs dans celui afférant aux
missions d'observation des élections, relatives à l'urgence dans
la réaction, à la sécurisation des équipes et des
missions oeuvrant sur le terrain, à la rétribution dans des
conditions honorables et efficaces des hautes compétences ainsi
mobilisées59(*).
Section II : La
Francophonie et la mise en place d'une paix durable
Résolument engagée en faveur de la paix dans
l'espace francophone, la Francophonie dans le but d'inscrire son action dans la
durée, va se doter d'un dispositif normatif (paragraphe I) et s'appuyer
sur son savoir- faire en faveur de la médiation des crises politiques
(paragraphe II) pour un retour à l'ordre constitutionnel dans ses
Etats membres.
Paragraphe I : Un
dispositif normatif en faveur de la médiation
Pour marquer son engagement en faveur de la paix, la
Francophonie va adopter, suite au symposium de Bamako sur les pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone,
la déclaration de Bamako (A), puis en 2005, c'est la charte de la
francophonie qui verra le jour pour confirmer une fois de plus cet engagement
et plus tard en mai 2006, la déclaration de Saint-Boniface sera
adopté au Canada(B).
A- La déclaration de
Bamako sur les pratiques de la démocratie, des droits et des
libertés
Conformément à la décision du sommet de
Moncton de septembre 1999 qui avait recommandé la tenue d'un symposium
international destiné à approfondir le dialogue entre les pays
membres de la Francophonie autour de la culture démocratique et de
l'Etat de droit, le symposium de Bamako sur les pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone
a été organisé du 1er au 3 novembre 2000 par la
Délégation aux droits de l'Homme ,à la démocratie
et à la paix sous l'impulsion du Secrétaire
Général. Cesymposium a mobilisé tous les acteurs
(gouvernements, universitaires, chercheurs, responsables des partis politiques,
société civile...) impliqués dans le processus
démocratique et de paix. La déclaration de Bamako adoptée
le 3 novembre par les ministres et chefs de délégations puis
confirmée dans sa portée par le sommet de Beyrouth en Octobre
2002, se présente comme l'instrument normatif de référence
de la Francophonie en faveur de la promotion et de la sauvegarde de la
démocratie et des droits de l'Homme. Cet instrument consacre
également l'évolution politique de la Francophonie. En cela, la
Francophonie s'est inscrite dans une mouvance partagée par la
quasi-totalité des organisations internationales.
Cette déclaration se présente en cinq
chapitres: un chapitre 1er qui commence par une constatation des
acquis et des échecs, un chapitre 2 qui décline les principes
fondamentaux auxquelles la Francophonie adhère, le chapitre 3 contient
des proclamations de principe, le chapitre 4 est relatif aux engagements
concrets et consensuels souscrits par les Etats et Gouvernements ( à
savoir vie politique apaisée, Etat de droit, élections libres,
fiables et transparentes, intériorisation de la culture
démocratique et plein respect des droits de l'Homme) et enfin le
chapitre 5 sur le mécanisme de mise en oeuvre.
C'est ainsi qu'il faut considérer les principes
martelés dans la déclaration selon laquelle60(*) : «
Francophonie et démocratie sont indissociables : il ne saurait y
avoir d'approfondissement du projet francophone sans une progression constante
vers la démocratie et son incarnation dans les faits ; c'est
pourquoi la Francophonie fait de l'engagement démocratique une
priorité qui doit se traduire par des propositions et des
réalisations concrètes (chapitre 3, paragraphe 1). Cette
même détermination se reflètera dans le paragraphe 7, selon
lequel « les principes démocratiques, dans toutes leurs
dimensions, politique, économique, sociale, culturelle et juridique,
doivent également imprégner les relations
internationales »61(*). Ce mécanisme, dont la philosophie
première est le progrès concerté, explicité dans
la note adoptée en septembre 2001 par le Conseil Permanent de la
Francophonie, se décline en deux volets62(*) autour de la fonction du Secrétaire
général de la Francophonie :
L'élaboration d'un dispositif d'observation et
d'évaluation permanentes des pratiques de la démocratie, des
droits et des libertés dans l'espace francophone (paragraphe1), ayant
vocation à contribuer, dans un souci affirmé de
prévention, à établir, à partir de la grille que
constitue les principes et les engagements pris aux chapitres 2,3 et 4 de la
déclaration, les grandes tendances de l'évolution des
situations, à adapter sur cette base les actions de coopération,
mais aussi à poser les jalons d'une alerte précoce, sera
l'illustration de la véritable rupture épistémologique
opérée par la Déclaration de Bamako en ce que, en
décidant librement de se doter pour la première fois d'un tel
mécanisme, les Etats et les Gouvernements membres se sont reconnus le
droit d'examiner mutuellement leurs pratiques afférentes au
périmètre délimité et ont confié au
Secrétaire Général de la Francophonie la
responsabilité d'être, en liaison avec les instances, le gardien
du pacte ainsi scellé, en le dotant de fonctions et de pouvoirs
spécifiques. Sur la base des informations ainsi collectées
à travers un vaste réseau institutionnel et non gouvernemental
associant tous les acteurs parties au processus de Bamako et animé par
la Délégation à la démocratie et aux droits de
l'Homme qui traite ces données sous forme de rapports ad hoc et d'un
rapport périodique, le Secrétaire général, en
liaison avec les instances, prend les mesures appropriées pour faire
prospérer au quotidien les idéaux communs.
Un deuxième volet prévoit, à
l'initiative du Secrétaire général, une réaction
spécifique et collective de l'Organisation en cas de crise ou de rupture
de la démocratie, ou en cas de violations graves ou massives des droits
de l'Homme , incluant expressément, pour la première fois, le
recours à la facilitation (paragraphe 2), en cas de crise de la
démocratie ou de violations graves des droits de l'Homme, afin que la
situation ne se dégrade pas mais qu'elle connaisse un règlement
pacifique. Ainsi, « le Secrétaire général peut
procéder à l'envoi d'un facilitateur susceptible de contribuer
à la recherche de solutions consensuelles. L'acceptation
préalable du processus de facilitation par les autorités du pays
concerné constitue une condition du succès de toute action. Le
facilitateur est choisi par le Secrétaire général
après consultation du Président de la conférence
ministérielle, en accord avec l'ensemble des protagonistes. La
facilitation s'effectue en liaison étroite avec le CPF ». Pour
le cas de rupture de la démocratie ou de violations massives des droits
de l'Homme (paragraphe 3), la procédure, en associant le
Secrétaire général et les instances, prévoit la
condamnation des faits, ainsi que l'adoption possible par le CPF
convoqué en session régulière ou extraordinaire par le
Secrétaire Général, de sanctions graduées, avant ou
après l'envoi d'une mission d'information et de contacts dans le pays
concerné, tout en mettant l'accent sur l'accompagnement pour un retour
à l'ordre constitutionnel et à une vie politique apaisée,
toujours guidé par les engagements précis souscrits par les Etats
et les Gouvernements au chapitre 4.
Le symposium international de Bamako + 5 qui s'est
ténu du 6 au 8 novembre 2005 à Bamako a été
l'occasion pour la Francophonie et ses Etats membres de renouveler leurs
engagements de la déclaration de Bamako, de faire le point et de
formuler des recommandations pour l'avenir.
B- La charte
rénovée de la Francophonie et la déclaration de
Saint-Boniface sur la prévention des conflits et la
sécurité humaine
La nouvelle charte issue des travaux de la conférence
ministérielle d'Antananarivo, de novembre 2005, va mettre un terme
à la dyarchie institutionnelle autour du partage des
responsabilités, des pouvoirs entre le Secrétaire
Général de l'Organisation et l'Administrateur
Général de l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie
(AIF). Alors, « afin de donner à l'organisation sa pleine
dimension politique, les Chefs d'Etats et de Gouvernements, comme ils en
avaient décidé à Cotonou en 1995, ont élu un
secrétaire Général, clé de voûte du
système institutionnel francophone, de même que la
Conférence ministérielle, en 1998 à Bucarest, a pris acte
de la décision du Conseil Permanent d'adopter l'appellation
« Organisation Internationale de la Francophonie ». A
Ouagadougou, en 2004, réunis en Xe Sommet, les Chefs d'Etat et de
Gouvernement ont approuvé les nouvelles missions stratégiques de
la Francophonie et ont pris la décision de parachever la réforme
institutionnelle afin de mieux fonder la personnalité juridique de
l'Organisation Internationale de la Francophonie et de préciser le cadre
d'exercice des attributions du Secrétaire Général. Tel
est l'objet de la présente charte, qui donne à l'ACCT devenue
Agence de la Francophonie, l'appellation d'Organisation Internationale de la
Francophonie »63(*).
La charte d'Antananarivo dans son article 7 viendra confirmer
le Secrétaire Général dans ses fonctions politiques. Pour
l'accomplissement de ses fonctions de coopération, il nommera
après consultation du CPF, un Administrateur chargé
d'exécuter, d'animer et de gérer la coopération
intergouvernementale multilatérale, ainsi que d'assurer sous
l'autorité du Secrétaire Général, la gestion des
affaires administratives et financières.
Si les objectifs prioritaires de la Francophonie dans la
nouvelle charte sont restés pour la plupart inchangés par
rapport à la charte de 1997, l'article 1 réceptionne toutefois
les acquis accumulés durant cette période en matière de
règlement, de gestion des crises et des conflits qui s'associe
désormais dans ce texte à la démarche de
prévention déjà énumérée dans la
charte de Hanoï. C'est d'ailleurs dans la même logique que le texte
d'Antananarivo en son article 7, précise que « le
Secrétaire général se tient informé en permanence
de l'état des pratiques de la démocraties, des droits et des
libertés dans l'espace francophone. En cas d'urgence, le
Secrétaire général saisit le Conseil permanent et, compte
tenu de la gravité des événements, le président de
la Conférence ministérielle, des situations de crise ou de
conflit dans lesquelles des membres peuvent être ou sont
impliqués. Il propose les mesures spécifiques pour leur
prévention, leur gestion et leur règlement, éventuellement
en collaboration avec d'autres organisations
internationales ».64(*)
La déclaration de Saint-Boniface pour sa part a
été adoptée le 14 Mai 2006 par la Conférence
ministérielle de la Francophonie sur la prévention des conflits
et la sécurité humaine réunis à Saint-Boniface les
13 et 14 mai 2006. Elle est fondée sur les dispositions de la Charte de
la Francophonie adoptée à Antananarivo en novembre 2005 et les
orientations définies par les Chefs d'Etat et de Gouvernement dans le
Cadre stratégique décennal de la Francophonie, adopté lors
du Sommet de Ouagadougou, en novembre 2004. Cette déclaration
élargie l'action de la Francophonie en faveur de la paix grâce
à l'engagement continu des chefs d'Etats et de Gouvernements. Elle met
un accent particulier sur la sécurité humaine et la
responsabilité de protéger et renforce de ce fait le dispositif
de Bamako tout en apportant une solution tant politique que normative aux
problèmes en cours dans le monde (notamment les problèmes
liés à la sécurité humaine, à la
responsabilité de protéger...), « par une
utilisation optimale de ses capacités, afin de lui permettre de jouer
pleinement son rôle spécifique dans l'observation, l'alerte
précoce, la diplomatie préventive, la gestion des crises,
l'accompagnement des transitions et la consolidation de la paix et, ce, dans le
cadre d'une coopération systématique et rationnalisée avec
les Organisations internationales et régionales».65(*) La déclaration soutient
« les efforts que déploie le Secrétaire
général de la Francophonie dans l'exercice et la mise en oeuvre
du dispositif francophone d'alerte précoce, de prévention et
règlement des conflits, fondé sur la consolidation de l'Etat de
droit, la tenue des élections libres, fiables et transparentes, la
promotion d'une vie politique apaisée, d'une culture démocratique
intériorisée et du plein respect des droits de l'Homme
» .66(*)
Les Etats et les gouvernements membres de la Francophonie ont
encouragé ce dernier à « recourir, aux fins de
concertations et de consultations, à tous instruments dont il dispose,
tels les comités ad hoc consultatifs restreints ou les sessions
extraordinaires du Conseil permanent de la Francophonie, ainsi qu'à
l'envoi, en liaison avec l'APF, de missions d'information, de facilitation et
d'observation électorale ; de même qu'à la
désignation d'envoyés ou de représentants
spéciaux ». Ils ont de même appelé à la
pleine opérationnalité du dispositif d'observation et
d'évaluation, en particulier à travers les fonctions d'analyse de
l'observatoire et à l'implication directe des Etats et des
Gouvernements dans cet exercice, mais aussi en
renforçant « les capacités et l'expertise
francophones en matière de facilitation et de médiation,
notamment par l'identification et la mobilisation des compétences et des
acteurs engagés, ainsi que par l'échange d'expériences et
la mise en oeuvre de programmes de formation ».
La déclaration a enfin décliné les
domaines liés à la « sécurité
humaine », dans lesquels les Etats et Gouvernements se sont
engagés à agir, en mutualisant leurs ressources et leurs
compétences, comme en promouvant leur concertation au sein des nouveaux
organes des Nations Unies, le conseil des droits de l'Homme et la commission de
consolidation de la paix, qu'il s'agisse des opérations de maintien de
la paix, du programme d'action pour prévenir, combattre et
éradiquer le commerce illicite des armes légères et de
petits calibres, des initiatives pour surveiller et empêcher
l'exploitation illégale des ressources naturelles, de
l'élimination des mines antipersonnel, des actions tendant à
lutter contre l'enrôlement des enfants dans les conflits armés,
de l'obligation de protéger les réfugiés et les personnes
déplacées à l'intérieur de leur pays67(*).
Le corps de ces engagements a été porté
au sommet de Bucarest du 28 au 29 septembre 2006 qui les a actés dans
la déclaration afférente laquelle précise que les
conclusions de la conférence de Saint-Boniface « confortent et
élargissent les options auxquelles (nous) avons souscrit dans la
déclaration de Bamako et sur laquelle elles s'alignent ». Les
chefs d'Etats et de Gouvernement ont décidé en conséquence
de s'attacher à les mettre en oeuvre, en tant que participant à
un effort d'approfondissement de la Francophonie politique68(*).
Paragraphe II : Le
savoir-faire francophone en faveur de la médiation des crises
politiques
La Francophonie a mené plusieurs actions en faveur de
la médiation des crises politiques dans de nombreux pays. Forte de cette
expérience, elle a mobilisé une expertise d'excellence (A)
pour un retour à l'ordre constitutionnel en Mauritanie, au Burundi, en
RDC. L'exemple des crises Centrafricaines et Comoriennes peuvent être
présenté comme expression du savoir-faire francophone (B).
A-La mobilisation d'une
expertise d'excellence
Nombreuses et multiples ont été, depuis 2000,
les applications pratiques de ce dispositif normatif et institutionnel
enrichi de façon consensuelle par les Etats et les Gouvernements, au
sein desquelles les actions de médiation menées ou
mandatées par le secrétaire général, et en
particulier Abdou Diouf connaitront un regain d'intensité, en
concordance d'ailleurs avec la déclaration qu'il avait prononcée
lors de son élection au sommet de Beyrouth : « La
démocratie nous renvoie tout naturellement à la
déclaration de Bamako qu'il s'agit d'appliquer avec intelligence,
persévérance et détermination pour faire de notre
communauté francophone un espace d'excellence en ce qui concerne le
respect des droits et des libertés, la prévention et le
règlement des conflits, la pratique de l'Etat de droit, la promotion et
la sauvegarde des droits de l'Homme. Pour réussir pleinement ce travail
passionnant mais considérable, je ne négligerai aucun
concours ».
Au cours de son évolution la Francophonie s'est faite un
vaste réseau de compétence où se trouve des anciens
présidents, anciens premiers ministres, ambassadeurs, chercheurs,
représentant de la société civile, chefs des partis
politiques de la majorité et de l'opposition, des
représentants des médias, des parlementaires, des institutions
juridiques pour ne citer que ceux-là. Les experts francophones
jouissent d'un accueil chaleureux sur le terrain. Leur proximité
culturelle et linguistique leur facilite les contacts et les échanges
sur le terrain de la médiation. C'est ainsi que de nombreuses missions
ont été dépêchées dans le but d'un retour
à l'ordre constitutionnel dans plusieurs Etats francophones.
Il en sera ainsi de la Mauritanie69(*), suite au coup d'Etat
perpétré le 3 août 2005 par des militaires regroupés
au sein du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) et
dirigé par le colonel Ely Ould Mohamed Vall, le CPF s'est réuni
en session extraordinaire, à Paris, le 23 août 2005 et a
condamné ce coup de force conformément au chapitre V
alinéa 3 de la déclaration de Bamako, la suspension provisoire de
la coopération avec la Mauritanie, à l'exception des programmes
bénéficiant directement aux populations civiles et ceux
susceptibles de concourir au rétablissement de la démocratie.
Compte tenu des intentions proclamées par le CMJD en faveur de la mise
en place de conditions propices à la tenue d'élections libres,
fiables et transparentes devant conduire à un retour à la
légalité constitutionnelle, le CPF a souligné que la
Francophonie était disposée à accompagner la transition et
a demandé de dépêcher en Mauritanie une mission
d'information et de contacts pour évaluer la portée des
engagements pris par les nouvelles autorités. C'est ainsi que le
Secrétaire Général de la Francophonie a envoyé
à Nouakchott du 8 au 10 septembre 2005, une mission dirigée par
l'ambassadeur Jean-Pierre Vettovaglia. La Francophonie a également
participé aux journées nationales de concertation avec les partis
politiques et la société civile organisées à
Nouakchott du 25 au 29 octobre 2005. Les travaux de ces journées de
concertation étaient basés sur les rapports soumis par les trois
comités interministériels, mis en place par le CMJD en août
2005, et portant sur la justice, le processus démocratique et la bonne
gouvernance. C'est à la suite de ces journées que furent prises
les décisions tendant d'une part, à mettre en place une Ceni
ainsi qu'une commission nationale consultative pour la reforme du secteur de la
presse et de l'audiovisuel, et d'autre part, à apporter les amendements
nécessaires à la constitution, de manière à abroger
l'article 104 dénoncé par l'opposition, à ramener le
mandat présidentiel de six à cinq ans, et à faire en sorte
que le mandat présidentiel ne soit renouvelable qu'une seule fois.
Dans le cadre de la poursuite du soutien apporté par la
Francophonie au processus de réconciliation nationale et de paix au
Burundi70(*), la Francophonie a marqué son soutien lors
du referendum constitutionnel de février 2005, en
dépêchant une mission d'information à Bujumbura,
composée d' Albert Bourgi, professeur de droit public et de Abraham
Zinzindohoue, député à l'Assemblée nationale du
Bénin, ancien président de la cour suprême. Cette mission
a permis de constater les conditions de tenue de ce scrutin notamment par les
entretiens qu'elle a eu avec les principaux acteurs et partenaires
impliqués dans ce processus électoral : gouvernement,
commission électorale nationale indépendante (Ceni),
Assemblée nationale de transition, Sénat de transition,
société civile, coordination des partenaires extérieurs
d'appui au processus électoral, opérations des Nations Unies au
Burundi. En prévision d'un éventuel déploiement d'une
équipe de la Francophonie pour l'observation des élections, cette
mission a aussi recueilli les informations sur l'évolution de la
préparation des scrutins présidentiels, législatifs et
communaux. La Francophonie a contribué au renforcement des
capacités de la Cour constitutionnelle du Burundi par une dotation
documentaire ainsi qu'en matériels informatiques. Outre cette attention
à la préparation des élections, la Francophonie a
envoyé une mission d'observation des élections
législatives organisées en juillet 2005. Le Secrétaire
général a, dans ce cadre, mandaté Agathe AnnyOkumba
d'Okwatsegue, présidente honoraire des femmes juristes et conseiller au
conseil national de la communication du Gabon, pour conduire la
délégation francophone. Dans la poursuite du renforcement des
capacités des institutions burundaises, monsieur Paul Ngarambe, ancien
président de la Ceni du Burundi, a été associé
à plusieurs événements organisés par la
Francophonie. Il a ainsi pris part aux rencontres sur les pratiques
constitutionnelles et politiques en Afrique : les dynamiques, qui se sont
tenues à Cotonou, en octobre 2005, en partenariat avec l'UA. En janvier
et mai 2006, il a été impliqué dans l'animation de deux
séminaires d'échange et d'appropriation des textes,
organisés sous les auspices de l'OIF, en vue d'une contribution au
renforcement des capacités des membres du conseil constitutionnel et de
la commission électorale indépendante (CEI) de Mauritanie.
En RDC71(*), la Francophonie et la Monuc ont appuyé
l'Observatoire national des droits de l'Homme (ONDH) et la Haute
autorité des médias (HAM) dans l'organisation en décembre
2004, d'un forum sur l'état des pratiques des droits de l'Homme qui a
réuni depuis la fin de la guerre , des représentations de
l'administration, des organisations non gouvernementales (ONG) et de la
société civile venant de l'ensemble du pays.
La Francophonie a également apporté une
contribution à l'élaboration des textes fondamentaux, en mettant,
tout au long de l'année 2005, jusqu'à l'adoption et à la
promulgation de la loi électorale du 9 mars 2006, une expertise de haut
niveau à la disposition des structures compétentes :
comité mixte composé d'experts internationaux, de
représentants de l'Assemblée nationale et du Sénat, et de
représentants de la CEI, chargé de la rédaction de
l'avant-projet de loi ;commission interministérielle chargée
de la préparation du projet de loi ; et le parlement. Ayant
opté, par ailleurs, pour une implication spécifique dans le
domaine sensible et déterminant du règlement des contentieux
électoraux, la Francophonie en étroite collaboration avec le PNUD
a élaboré à la demande des partenaires internationaux et
des institutions concernées un programme de formation et d'assistance
juridique en faveur des juridictions congolaises.
En février 2006, la Francophonie a organisé
à Kinshasa un séminaire d'appropriation des textes et
d'échanges d'expériences, qui a permis aux magistrats de la cour
suprême de justice et aux présidents des cours d'appel de se
familiariser avec les questions liées au règlement des
contentieux. S'inspirant de son expérience en République
centrafricaine en 2005, la Francophonie a mis en outre à la disposition
de la Cour suprême et des cours d'appel une cellule d'assistance
juridique constituée d'experts de haut niveau et de responsables des
institutions homologues, en vue de les appuyer dans l'examen d'éventuels
recours concernant les candidatures, ainsi que des contestations portant sur
les résultats des consultations. Dans ce même esprit, trois
membres de la cour suprême ont été invités par
l'Organisation internationale de la francophonie à suivre les
dispositions retenues par la cour constitutionnelle du Bénin pour la
proclamation des résultats du 2 ème tour de l'élection
présidentielle, le 19 mars 2006. Conformément à
l'engagement pris dans la déclaration de Bamako, le Secrétaire
général a dépêché en République
Démocratique du Congo une importante mission d'observation du premier
tour des élections présidentielles et législatives de
juillet 2006.
B- L'exemple des crises
centrafricaines et comoriennes comme expression du savoir- faire
francophone
Ayant pris acte de la volonté manifestée par les
nouvelles autorités centrafricaines à la suite de la prise de
pouvoir, en mars 2003, par le général François
Bozizé de mener à son terme et dans les délais
fixés le processus de retour à la vie constitutionnelle normale,
la Francophonie a soutenu, sur la base des recommandations de la mission
d'information et de contacts dépêchée dans ce pays par le
Secrétaire général de la Francophonie, conformément
au chapitre V de la déclaration de Bamako, le processus de transition
engagé. 72(*)
Pour ce faire, le Secrétaire général a
décidé au lendemain du dialogue national de faciliter les
contacts entre les différentes parties centrafricaines en mettant
à leur disposition, l'expérience de ses envoyés
spéciaux qui ont ainsi participé aux différentes
réunions concernant l'accompagnement politique de la transition et la
préparation des élections. A l'occasion du
référendum constitutionnel du 5 décembre 2004, le
Secrétaire général a une fois de plus
dépêché une mission d'information et de contact conduite
par Pascal Gayama, ancien Secrétaire général adjoint de
l'OUA pour apprécier les conditions du déroulement du scrutin.
Cette mission a également examiné l'éventualité du
déploiement d'une mission d'observation. Plus tard, c'est au tour du
Secrétaire Général d'effectuer une visite officielle en
RCA, en février 2005 pour encourager l'ensemble des acteurs à
oeuvrer pour l'achèvement pacifique du processus de transition. Cette
visite du Secrétaire généralsera marquée par des
audiences avec le Président François Bozizé et le
vice-président Abel Goumba, elle s'est également traduite par des
séances de travail avec les institutions de la transition ( Conseil
national de la transition, Cour constitutionnelle, Comité de suivi des
actes du dialogue national etc), les représentants des partis
politiques, les ambassadeurs francophones et bien d'autres. L'OIF a mis
à disposition de la RCA des experts de haut niveau auprès de la
Cémi (commission électorale mixte indépendante), dans le
cadre de la centralisation et du dépouillement des résultats,
ainsi que de la rédaction des décisions en vue de la proclamation
des résultats provisoires. Des experts sont intervenus auprès de
la Cour constitutionnelle de la transition pour l'examen du contentieux et la
rédaction des décisions. La Francophonie a aussi contribué
au renforcement des capacités matérielles de ces institutions,
notamment par des dotations en matériel informatique et de bureau. Dans
le cadre de la sensibilisation des électeurs, l'expert de la
Francophonie, SaïdouAgbantou, ancien président de la commission
électorale nationale autonome du Bénin, a animé un
séminaire de formation en vue de l'utilisation du bulletin unique. Cette
session a été complétée par des échanges
avec la société civile. L'OIF a par ailleurs, apporté sa
contribution aux initiatives prises par l'Association des femmes candidates
pour les sensibiliser et les mobiliser en vue de leur pleine participation au
processus électoral. Enfin, le Secrétaire Général
a dépêché une importante mission d'observation conduite par
le major Pierre Buyoya à l'occasion des consultations
présidentielles et législatives de mars et mai 2005. Au lendemain
des élections, la Francophonie va veiller à la poursuite du
renforcement des capacités de la cour devenue permanente.
Aux Comores73(*), la Francophonie a apporté aux cotés
de l'UA, de l'UE et de la ligue arabe sa contribution à la gestion
politique de la phase finale de la transition. Elle a également
participé à la rédaction des textes fondant la Cour
constitutionnelle et dès la nomination des membres de la cour, la
Francophonie a mis à sa disposition une dotation en matériel,
ainsi qu'une assistance administrative assurée par le Secrétaire
général de la Cour constitutionnelle du Bénin. Le
Secrétaire général a également
dépêché aux Comores plusieurs missions d'information et de
soutien en vue de la réconciliation nationale. Il s'est par ailleurs
impliqué dans l'apaisement des tensions entre les différents
responsables concernant la mise en application des dispositions de la
constitution. Le Secrétaire général de la Francophonie a
également dépêché une mission qui a en collaboration
avec le Programme des Nations Unies pour le développement,
contribué à l'installation de la nouvelle Commission nationale
électorale aux Comores (Cnec) et au lancement du processus
électoral qui a vu l'élection le 14 mai 2006 du nouveau
président de l'Union des Comores. L'OIF a mis à disposition de la
Cnec un responsable électoral de haut niveau qui a été
d'un apport majeur dans le cadre de l'élection présidentielle
primaire du 16 avril à Anjouan et du scrutin du 14 mai 2006. Cet expert
a également apporté une contribution à la mise au point
d'un chronogramme des opérations électorales, des outils de
formation et de sensibilisation pour les membres de la Cnec, des commissions
électorales insulaires, ainsi que pour les membres des bureaux de vote
et de la société civile. L'OIF a par ailleurs contribué au
renforcement des capacités de la Cour constitutionnelle.
Dans ce chapitre, il a été question de montrer
les fondements de l'action de la Francophonie en faveur de la médiation
des crises politiques en Afrique francophone. Pour ce faire, nous avons tour
à tour présenté les fondements historico-politiques de
cette action, et la Francophonie dans la mise en place d'une paix durable. Il
en ressort que, la Francophonie est devenue un acteur majeur sur la
scène internationale. C'est ainsi qu'elle a depuis le premier sommet des
Chefs d'Etat et de Gouvernement tenu à Versailles en France, en 1986
marqué son engagement en faveur de la médiation des crises
politiques.
CHAPITRE II : ACTIONS
ET STRATEGIES DE LA FRANCOPHONIE DANS LA CRISE MALGACHE
La grande île de l'océan indien, Madagascar,
connait depuis plusieurs années une crise politique dont elle ne semble
pas pouvoir sortir. Les affaires Daewoo74(*), Boeing75(*) et Viva76(*) ont été les éléments
déclencheurs de la crise malgache77(*). En janvier 2009, le maire d'Antananarivo,
AndryRajoelina, réunit entre 30 000 et 50 00078(*) personnes dans la capitale sur
la très symbolique place du 13 mai, et lance un appel à la
grève générale « jusqu'à ce que le
gouvernement parte »79(*), tout en dénonçant les dérives
du président Marc Ravalomanana pour attirer une partie de la
population. Formant rapidement une alliance de circonstance, la plupart des
partis d'opposition, et une partie de la société civile se
rallient à lui. Le 26 janvier, la situation
dégénère et des pillages importants ont lieu dans
plusieurs villes du pays80(*). Près de 70 personnes perdent la vie81(*). Le 31 janvier, Rajoelina
s'autoproclame chef de l'Etat,82(*) et annonce la création d'une « Haute
Autorité de Transition » (HAT). Il emmène ensuite la
foule prendre le palais présidentiel le 7 février. La garde
présidentielle tire sur les manifestants et fait près de 30 morts
et plus de 200 blessés83(*). Des dizaines de manifestants sont
arrêtés au cours des semaines de protestation, les manifestations
interdites et Ravalomanana qui annonce la fin de l'anarchie. Les forces de
l'EMMONAT (Etat-major mixte opérationnel national) en charge de la
sécurité nationale en temps de crise sont dispersées
à travers la ville et procèdent à une répression
musclée. Acculé, Ravalomanana remet le pouvoir à un
directoire militaire le 17 mars, qui à son tour le transmet quelques
heures plus tard à Rajoelinaqui va aussitôt prêter serment
le 21 mars pour devenir le nouveau président de la HAT84(*). La communauté
internationale réagit rapidement aux évènements de mars.
La SADC85(*), et l'Union
Africaine86(*) condamnent
la passation de pouvoir et suspendent Madagascar de leurs organisations en
réclamant un retour à l'ordre constitutionnel. Le
Secrétaire Général de la Francophonie convoque en
session extraordinaire, le 2 avril 2009, le CPF qui examine l'ensemble du
processus ayant conduit à un changement de pouvoir à Madagascar
et conclut que celui-ci constitue une rupture de l'ordre constitutionnel et
de la démocratie. Le CPF suspend Madagascar de l'organisation
conformément aux dispositions du chapitre V de la déclaration de
Bamako. Les membres du CPF vont cependant réaffirmer la
disponibilité de la Francophonie à accompagner le processus de
retour à un ordre constitutionnel démocratique et en particulier
la tenue d'élections libres, fiables et transparentes dans les
délais les plus rapides.87(*)Ayant pris acte de la volonté manifestée
par les autorités de fait, le Secrétaire Général de
la Francophonie va rapidement dépêcher monsieur EdemKodjo, ancien
secrétaire général de l'OUA, ancien Premier Ministre du
Togo, en tant qu'Envoyé spécial dans le cadre d'une
médiation aux côtés de l'Union Africaine ( Amara Essy), de
l'ONU ( HaileMenkerios, assistant du Secrétaire Général
aux affaires politiques) et plus tard de la SADC ( Joachim Chissano) pour
tenter de rapprocher les différents protagonistes.Pour une sortie de
crise à Madagascar, la Francophonie va mener plusieurs actions et
stratégies visant un retour à l'ordre constitutionnel.Ces
actions s'organisent autour du soutien au processus de transition et de sortie
de crise à Madagascar (Section I), et l'accompagnement du processus
électoral et de sortie de crise à Madagascar (Section II).
Section I : Le soutien
au processus de transition et de sortie de crise à
Madagascar
Malgré la radicalisation de Rajoelina sur les bases de
sa transition (notamment le fait que seul son gouvernement mènerait le
pays vers de nouvelles élections) et le refus catégorique de la
communauté internationale de reconnaitre ce régime va finalement
pousser les différents acteurs à s'asseoir à la table de
négociation. C'est ainsi que le Conseil de paix de l'UAdemande le 16
avril 2009, la création d'un Groupe International de Contact (GIC) sur
Madagascar88(*). Le GIC,
tient sa première réunion à Addis-Abeba, le 30 avril sous
les auspices de l'Union Africaine, et en présence des
représentants de la Francophonie, de la SADC, de l'ONU, de la COI, de
l'ONU, du COMESA, de l'UE et ainsi que les membres permanents du Conseil de
sécurité de l'ONU et les pays africains y siégeant
(Libye, Ouganda et Burkina Faso). Le GIC décide ensuite de créer
une équipe conjointe de médiation (ECM) composée de
représentants de la Francophonie, de la SADC, de l'UA et de l'ONU qui
sont chargés de mener les négociations. La Francophonie participe
à toutes les réunions du Groupe International de Contact sur
Madagascar (GIC-M) ainsi qu'à celles du Conseil de paix et de
sécurité de l'UA, elle mobilise également une expertise
de haut niveau aux cotés de l'UE et de la SADC, pour soutenir les
autorités de transition malgaches dans l'élaboration de la loi
d'amnistie89(*). Toutes
ces négociations aboutissent à la conclusion des accords inter
malgaches malgré les nombreux obstacles à sa mise en oeuvre. Pour
mener à bien le processus de transition et de sortie de crise, la
Francophonie va jouer un rôle capital dans le groupe international de
contact (paragraphe I), et dans l'équipe conjointe de médiation
sur Madagascar (paragraphe II).
Paragraphe I : Le
rôle de la Francophonie dans le groupe international de contact sur
Madagascar (GIC-M)
Pour un retour à l'ordre constitutionnel à
Madagascar, la Francophonie et ses partenaires internationaux réunis
dans le cadre du groupe international de contact sur Madagascar, ont
joué un rôle important dans le but d'apaiser les tensions dans ce
pays. Elle a participé à la convocation des chefs de mouvance
politique et à la conclusion des accords inter malgaches (A)
malgré l'impasse dans leur mise en oeuvre (B).
A- La convocation des chefs de
file et la conclusion des accords inter malgaches
A la réunion tenue à Addis-Abeba sur la crise
malgache, le 12 juillet 2009, la Francophonie et ses partenaires
internationaux réunis dans le cadre du groupe international de contact
sur Madagascar soulignent l'impératif du retour rapide à
l'ordre constitutionnel à travers un processus consensuel impliquant
l'ensemble des acteurs politiques malgaches et fondé sur le respect des
dispositions pertinentes de la constitution du pays.90(*)La Francophonie et ses
partenaires internationaux s'accordent de la convocation sous l'égide
de l'Union Africaine, au Mozambique, d'une réunion regroupant les quatre
Mouvances politiques de Madagascar représentées par leurs chefs
de file respectifs, à savoir, Marc Ravalomanana91(*), AndryRajoelina92(*), Didier Ratsiraka93(*), et Albert Zafy94(*) pour parvenir à une
solution consensuelle en vue du retour rapide à l'ordre constitutionnel.
Conformément aux décisions de la seconde réunion du GIC-M,
les chefs de file des quatre mouvances se retrouvent à Maputo, du 5 au
9 août 2009. Cette réunion, est dirigée par l'ancien
président Joaquim Chissano, chef de l'Equipe conjointe de
médiation de la SADC, avec l'appui des envoyés spéciaux
de l'UA, de l'OIF et des Nations Unies. Au cours de cette réunion, les
chefs de file adoptent, les 8 et 9 août 2009, les accords de Maputo (la
charte de la transition, la charte des valeurs, trois accords d'amnistie ainsi
qu'un accord politique). Les chefs de file s'engagent ainsi à mener une
transition neutre, inclusive, pacifique et consensuelle de quinze mois au
maximum qui doit mener à une nouvelle constitution, à la
création d'institutions stables et démocratiques et à des
élections. Les institutions de transition doivent être mises en
place en septembre : le pouvoir exécutif est entre les mains du
président et d'un gouvernement de transition ; le législatif
est partagé entre un conseil supérieur de la transition (chambre
haute) et un congrès de la transition (chambre basse) ; une Haute
cour de la transition est responsable du pouvoir juridictionnel. Quatre autres
institutions sont également créées : un conseil
national de la réconciliation, un conseil économique et social,
un comité de réflexion sur la défense et la
sécurité nationale, ainsi qu'une commission électorale
nationale indépendante95(*). Les accords de Maputo seront contestés par
les partisans de Rajoelina qui craignent de perdre leurs privilèges.
Les autorités de fait décident alors de manière
unilatérale le 8 septembre 2009, de former un Gouvernement dit
« d'union nationale », sans la participation des trois
autres mouvances politiques signataires des Accords de Maputo96(*) avant de céder sous la
pression du GIC-M en octobre d'accepter un gouvernement de consensus sous la
direction d'un nouveau Premier ministre.
B-Impasse dans la mise en
oeuvre des accords de Maputo et adoption de l'acte additionnel
d'Addis-Abeba
A la 3 èmeréunion du GIC-M
à Antananarivo, le 6 octobre 2009, le GIC-M note avec satisfaction le
consensus réalisé sur les postes suivants : Président
de la transition AndryRajoelina ; Vice-Président de la
transition: le Dr Emmanuel Rakotovahiny de la mouvanceZafy ; Premier
ministre, chef du Gouvernement de consensus : Eugène Mangalaza
proposé par la mouvance Ratsiraka ; Congrès de la
transition : mouvance Ravalomanana ; Conseil supérieur de la
transition : mouvance Rajoelina ; Conseil national de
réconciliation : Pr Albert Zafy ; Conseil économique et
social : société civile ; Vice-premier ministre :
mouvance Ravalomanana ; Vice Premier ministre : mouvance Zafy ;
Vice-Premier ministre : mouvance Rajoelina. Cependant, la mouvance
Ravalomanana exprime une objection à ce qu'AndryRajoelina puisse se
présenter à la prochaine élection présidentielle.
Le GIC-M invitel'Equipe Conjointe de Médiation (ECM) à
convoquer le plus tôt possible une rencontre des chefs de file des
mouvances politiques de Madagascar pour le règlement de façon
consensuelles des questions pendantes. A la suite des consultations entre
l'ECM et les parties malgaches concernées, il est convenu d'organiser,
à Addis-Abeba, en novembre 2009, une réunion des chefs de file
des mouvances politiques. Ces derniers tiennent leur 3 ème
réunion à Addis-Abeba, du 3 au 6 novembre 2009. A cette occasion,
ils adoptent l'Acte additionnel à la charte de la transition (Acte
additionnel d'Addis-Abeba)97(*). Cet acte modifie substantiellement certaines
dispositions de la charte de la transition, notamment en introduisant la
désignation de deux co-présidents, pour les mouvances
Ravalomanana et Zafy, en lieu et place du Vice-président convenu
à Maputo ; le président de la transition et les
co-présidents forment un conseil présidentiel, auquel des
responsabilités spécifiques ont été
conférées. Le premier ministre Mangalaza est confirmé par
l'Acte additionnel d'Addis-Abeba, qui en outre, attribue 6 portes feuilles
ministériels à chacune des mouvances, et à
7aux « autres sensibilités
malgaches »98(*). Au retour à Antananarivo, les tensions sur le
rôle des co-présidents ne cessent d'augmenter. Une mission
conjointe UA/ONU/Francophonie se rend à Antananarivo du 26 au 27
novembre 2009, pour évaluer l'état de la mise en oeuvre des
engagements pris par les parties malgaches et identifier les difficultés
rencontrées, ainsi que les mesures à prendre pour les surmonter.
Cette mission discute également avec toutes les parties
concernées des modalités de mise en place rapide du
mécanisme de suivi, prévu à l'article 12 de l'Acte
additionnel d'Addis-Abeba. La mission constate que la dynamique née de
l'Acte additionnel d'Addis-Abeba avait cédé le pas à la
méfiance entre les parties malgaches et le processus de mise en oeuvre
des accords conclus, en particulier la formation du Gouvernement est
confrontée à des difficultés croissantes.Le
Président Guebuza Armando Emilio, en sa qualité de
Président de l'Organe de coopération en matière de
politique, de défense et de sécurité de la SADC, et
l'ancien Président Joaquim Chissanoinvitent du 4 au 9 décembre
2009, les chefs de file des mouvances politiques de Madagascar à une
nouvelle réunion à Maputo, en vue de régler les questions
pendantes. Le Président de transition, AndryRajoelinarefuse de prendre
part. Au cours de cette rencontre, les chefs de file adoptent les
« Résolutions relatives à la mise en application de la
charte de la transition et de l'Acte additionnel d'Addis-Abeba sur la
transition malgache. Ces résolutions sont rejetées par la
mouvance politique de Rajoelina qui les qualifie de « coup
d'Etat »99(*).
Par la suite, les autorités de fait adoptent une série de mesures
unilatérales relatives à la conduite de la transition, y compris
l'abrogation de la charte de la transition et la révocation du Premier
ministre de consensus, Eugène Mangalaza, soutenant que la mise en oeuvre
des accords de Maputo et de l'Acte additionnel d'Addis-Abeba était
devenue impossible. La Francophonie et ses partenaires condamnent.
Paragraphe II : Le
rôle de la Francophonie dans l'équipe conjointe de
médiation sur Madagascar (ECM)
Malgré les multiples tentatives de la Francophonie et
ses partenaires internationaux pour résoudre la crise malgache, la
médiation a une fois de plus échoué. Le manque de
pressions cohérentes et l'absence d'une réelle volonté de
la part de bon nombre d'acteurs pour résoudre la crise a fait
échouer la médiation en cours. D'où la
nécessité de faire un effort pour la relance du processus de
sortie de crise (A) et d'introduire le dialogue inter malgache comme solution
consensuelle à la crise (B).
A-Effort de relance du
processus de sortie de crise et impossible solution inclusive
La Francophonie et ses partenaires internationauxdans le but
de relancer le processus de sortie de crise décident le 6 janvier de
soutenir un plan de sortie de crise préparé par la commission de
l'Union Africaine100(*).
Ce plan comporte des mesures de compromis pour relancer le processus de sortie
de crise à Madagascar. Ces mesures réaffirment la
validité et l'application immédiate des accords de Maputo et
d'Addis-Abeba, ainsi que l'organisation d'un référendum
constitutionnel, suivi d'élections législatives et
présidentielles couplées. La Francophonie et ses
partenairesdemandent aux parties malgaches de communiquer à la
commission de l'UA, leurs réactions par rapport aux solutions de
compromis qui devaient leur être soumises.
La réunion d'experts des membres du GIC-M a lieu le 19
janvier 2010à Addis-Abeba, pour finaliser les solutions de compromis
proposées sur les questions en suspens. Ces solutions partent du
principe que les accords de Maputo et de l'Acte additionnel d'Addis-Abeba,
négociés et signés par les 4 chefs de file des mouvances
politiques de Madagascar, constituent un acquis décisif dans le
processus de sortie de crise et une base essentielle pour la conduite d'une
transition inclusive, consensuelle et aussi courte que possible. Les mouvances
Ravalomanana, Zafy et Ratsiraka marquent leur accord général aux
propositions decompromis, seule la mouvance Rajoelina ne soutient pas ces
propositions et continue d'inscrire son action dans une démarche
unilatérale101(*).
La Francophonie en collaboration avec ses partenaires se
réunit à nouveau le 18 février 2010, et demande aux
autorités de fait de revenir à la table des
négociations102(*). Le lendemain, le Conseil de Paix et de
Sécurité de l'Union Africaine indique à la HAT qu'elle a
jusqu'au 16 mars pour se conformer aux accords de Maputo et d'Addis-Abeba avant
d'être frappée de sanctions103(*). Ils maintiennent leur position et le 17 mars,
l'Union Africaine annonce que des sanctions frapperont une centaine de membres
du régime Rajoelina. Ces sanctions comprennent le refus de visas, le gel
des avoirs financiers dans des établissements bancaires étrangers
et le refus d'accréditation.104(*)
Dans le cadre renouvelé de la médiation
internationale de la crise malgache, la France et l'Afrique du Sud soutenu
par la Francophonie s'accordent de proposer un
« consensus » aux mouvances et décident dans un
premier temps de se concentrer sur les deux principaux acteurs de la crise,
Rajoelina et Ravalomanana, étant donné que le différend
les opposant est considéré comme le noeud de la crise. La
participation des deux autres anciens présidents est jugée
secondaire et ceux-ci ne doivent être impliqués qu'une fois un
accord trouvé entre les principaux protagonistes, en leur
qualité de sages105(*) que les médiateurs ont voulu donner au
départ de leur implication en 2009. Cette nouvelle approche rencontre de
fortes résistances, notamment de la part des anciens présidents
Zafy et Ratsiraka, qui sont revenus au devant de la scène politique par
la création du concept des quatre mouvances106(*). Joaquim Chissano juge
inconcevable d'écarter les deux anciens présidents.
Les deux pays en collaboration avec l'ECM-M amènent
les chefs de file des différentes mouvances à se rendre à
Pretoria. Cette rencontre se solde par un échec car Rajoelina refuse de
discuter le texte, alors que Ravalomanana se montre favorable à discuter
de plusieurs sujets contentieux tels que l'amnistie et la séquence des
élections. Les quatre chefs de mouvance acceptent néanmoins de
revenir à Pretoria deux semaines plus tard pour continuer les
discussions, à peine rentré à Madagascar, Rajoelina
annonce la fin des négociations.107(*) Bien que n'ayant pas abouti sur un accord, le
sommet de Pretoria a le mérite de déboucher sur une nouvelle
dynamique. Il met en exergue le fait que la solution à la crise
malgache ne peut ni venir de l'extérieur car toutes les options sont
éprouvées, ni uniquement des quatre chefs de mouvance, qui
refusent tout compromis réel. Cet échec fait donc évoluer
la position de la SADC, qui ne semble plus attachée de manière
dogmatique à la mise en place des accords de Maputo et fait preuve d'une
flexibilité nouvelle.108(*) Pour les malgaches, c'est un échec de trop,
qui entraine la mise en place d'une nouvelle médiation nationale, la
seule qui a permis de sortir des crises précédentes109(*). Pour ce faire, les
acteurs politiques malgaches, cherchent d'autres moyens alternatifs pour
trouver une solution à la crise à Madagascar. Ils prennent sur
eux la responsabilité de rechercher une solution inter malgaches.
B-Le dialogue inter malgaches
comme solution consensuelle à la crise
Le dialogue inter malgaches modifie les circonstances et
la dimension dans laquelle les accords de Maputo et d'Addis-Abeba ont
été négociés sous la pression des nouveaux partis
(RPSD, MFM, PSD, UDR-C, HPM, PSDUM, FCD...) désireux de jouer un
rôle dans les efforts visant à trouver une solution à la
crise à Madagascar. Le dialogue inter malgache évolue avec les
discussions dans le cadre des conférences nationales de Vontovorona et
d'Ivato, la première étant menée par la Coalition des
organisations de la société civile (CNOSC) et la deuxième
parrainée par le régime de fait. Les mouvances, Ravalomanana,
Ratsiraka et Zafy décident de ne participer à aucune de ces
initiatives, en invoquant des raisons de procédure. L'accord d'Ivato et
les résultats globaux des conférences nationales vont adopter en
substance « le processus de Maputo et d'Addis-Abeba », mais
avec de nouveaux acteurs politiques et certains ajustements du contenu, en
tenant compte des facteurs qui ont bloqué la mise en oeuvre des accords
signés à Maputo et Addis-Abeba. Pour faire face aux initiatives
unilatérales du régime de fait, un nouvel accord politique est
recommandé à savoir une feuille de route. L'équipe de
médiation de la SADC soutenue par la Francophonie présente le 31
janvier 2011 à tous les acteurs politiques malgaches une feuille de
route qui sert de cadre politique et juridique à la transition. La
feuille de route appelle à la poursuite du dialogue inter malgache
comme moyen de sortie de la crise, à la formation d'un gouvernement de
transitoire d'union nationale, dirigé par un Premier Ministre de
consensus, et à la restructuration ou la recomposition des deux Chambres
du parlement de transition, notamment le Congrès de transition et le
Conseil supérieur de la transition ainsi que de la Commission
Electorale Nationale Indépendante.
La composition de toutes ces institutions de transition doit
être consensuelle et inclusive. Elle doit respecter les principes de la
répartition juste et équitable des sièges, des postes et
des portes feuilles, fondée sur l'appartenance politique comme sur
l'équilibre du genre. Le gouvernement de transition est en charge des
affaires courantes du pays et doit de ce fait créer des conditions
nécessaires pour des élections libres, justes et transparentes,
en coopération avec la communauté internationale. Ce gouvernement
doit par ailleurs s'abstenir de prendre des engagements à long terme
qui incombent au nouveau gouvernement issu des élections. Le
Président de la transition, le Premier Ministre de consensus et
l'ensemble du gouvernement doivent rester neutres tout au long de la
transition, en particulier pendant la période électorale. Selon
la feuille de route, le Président et le gouvernement de transition
doivent s'engager à adopter des mesures de confiance pour créer
un climat d'apaisement dans le pays, tout en mettant fin aux procédures
judiciaires pour des motifs politiques engagés à l'encontre des
membres de l'opposition. Le Président et le Gouvernement de transition
doivent assurer le respect de la primauté du droit, le principe
d'égalité de traitement, ainsi que la protection et la promotion
des droits de l'Homme et d'autres droits fondamentaux incluant les
libertés de la presse, d'expression, d'opinion et d'association.
La feuille de route prévoit également
l'adoption d'une amnistie qui va couvrir les évènements
politiques de 2002 et 2009 (sont exclus de l'amnistie les crimes contre
l'humanité, les crimes de guerre, les crimes de génocide et
d'autres violations graves des droits de l'Homme et des libertés
fondamentales). Quant au retour de Marc Ravalomanana à Madagascar, la
feuille de route stipule qu'il ne peut retourner dans son pays que lorsque
des conditions politiques favorables et sécuritaires seront mises en
place.
La feuille de route insiste sur l'engagement des acteurs
politiques malgaches à participer de bonne foi au processus de
transition et à s'abstenir d'entraver le processus ou à y mettre
son veto. Elle encourage tous les malgaches à maintenir une approche
constructive et patriotique pour faire avancer la transition avec un engagement
de restaurer l'ordre constitutionnel dans le pays. Elle prévoit enfin la
création à Madagascar d'un Bureau local de la médiation
pour suivre et soutenir le dialogue inter malgaches et le processus de
transition. Après plusieurs rencontres organisées par
l'équipe de médiation de la SADC, la version finale de la feuille
de route est publiée le 8 mars 2011 et le 17 septembre 2011, la feuille
de route est signée à Antananarivo par les différentes
mouvances. Le Secrétaire général de la Francophonie dans
un communiqué publié ce même jour, 17 septembre 2011,
s'est félicité de la feuille de route pour une sortie de crise
à Madagascar.Le Secrétaire Général a par ailleurs,
rappelé l'engagement constant de l'Organisation internationale de
la francophonie, conformément aux décisions de ses instances
pour appuyer le processus qui doit conduire rapidement à la tenue
d'élections libres, fiables, transparentes et inclusives. Il confirme
que cet appui sera à présent renforcé en étroite
liaison avec ses partenaires concernés que sont les Nations Unies,
l'Union Africaine, la SADC, la COI et l'Union Européenne.110(*)
Section II :
L'accompagnement du processus électoral et de sortie de crise à
Madagascar
La Francophonie dans le cadre d'une collaboration permanente
avec ses partenaires internationaux que sont les Nations unies, l'Union
africaine, l'Union européenne (UE) et la Commission de l'océan
indien (COI), va mener plusieurs actions pour un retour à l'ordre
constitutionnel. L'accompagnement de la Francophonie dans la crise malgache
vise à contribuer à la tenue d'élections libres, fiables
et transparentes, acceptées par toutes les parties. De ce fait, elle
participe à toutes les réunions du GIC-M ainsi qu'à celles
du Conseil de paix et de sécurité de l'UA. Elle appuie le volet
électoral du processus de sortie de crise en dépêchant des
missions d'expertise entre février 2011 et mai 2012 pour procéder
à des évaluations du processus électoral et
apprécié les conditions pour la tenue d'un scrutin conforme aux
exigences des normes internationales. La mission francophone s'inscrit dans le
cadre renouvelé de la médiation internationale conduite par la
Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). La
feuille de route pour la sortie de crise à Madagascar prévoit des
engagements portant sur des recommandations vis-à-vis de la
communauté internationale. Pour mener à bien l'accompagnement du
processus électoral et de sortie de crise à Madagascar, la
Francophonie va jouer un rôle important dans l'encadrement juridique du
système électoral malgache (paragraphe I) et
l'amélioration du fichier électoral (paragraphe II).
Paragraphe I : Le
rôle de la Francophonie dans l'encadrement juridique du système
électoral malgache
Pour la tenue des élections libres, fiables et
transparentes à Madagascar, la Francophonie a joué un rôle
important dans l'encadrement juridique du système électoral. Elle
a procédé au renforcement des capacités de la Commission
électorale nationale indépendante (A) et celles des autres
structures impliquées au processus électoral (B).
A-Le renforcement des
capacités de la commission électorale nationale
indépendante
La fiabilité et la crédibilité de
l'ensemble d'un processus électoral, quel qu'il soit, repose avant tout
sur la qualité de son assise et de son encadrement juridique111(*). C'est ainsi qu'au regard de
l'évaluation de ce qui avait déjà été fait
par la mission, la Francophonie s'est proposé d'améliorer
l'encadrement juridique du système électoral malgache. Dans cette
perspective, la mission recommande d'apporter des amendements à
l'ordonnance no. 2010-003 du 23 mars 2010 portant loi
organique relative au code électoral afin de permettre sa mise en
conformité avec la Constitution du 11 décembre 2010, et de
permettre par ailleurs, le strict respect de l'ordonnancement juridique qui
représente un élément fondateur essentiel de l'Etat de
droit démocratique. Dans le même sens, elle recommande la
révision du décret no.2010-142 du 24 mars 2010
fixant l'organisation, le fonctionnement et les attributions de la Commission
Electorale Nationale Indépendante. La mission constate aussi que les
règles fixées actuellement dans le code électoral
paraissent notoirement insuffisantes pour garantir à tous les niveaux,
en période électorale comme en dehors des conditions
satisfaisantes d'encadrement du « jeu politique ». La
mission francophone procède au renforcement des capacités de
l'administration électorale et de la CENI dans le but de conforter
son indépendance. A ce sujet, les actions de la Francophonie portent
sur le renforcement des capacités de la Commission Electorale Nationale
Indépendante notamment sur le plan organisationnel à travers
un appui pour la mise en place d'un centre national de traitement de
données pour le suivi des listes électorales
informatisées et pour le traitement des résultats
électoraux, l'audit et la validation des listes électorales,
l'audit et la validation des logiciels (SIGEM) de gestion des listes
électorales et de traitement des résultats électoraux, un
appui pour l'installation d'une connexion internet sur les centres
informatiques des Districts et au niveau central ; un appui au dispositif
de sécurisation et garantissant la transparence de la procédure
de centralisation et de traitement des résultats 112(*), et sur le plan
personnel avec la consolidation des acquis dans la formation des agents
recruteurs et électoraux , l' appui à la formation et à la
professionnalisation de la commission nationale et de ses
démembrements113(*). Outre l'organisation de séminaires de
formation à l'endroit des membres de la commission et de ses
démembrements, cet appui s'est aussi effectué par des
échanges d'expériences et le partage de pratiques utiles avec
d'autres commissions électorales appartenant à l'espace
francophone et disposant d'attributions similaires à celles de la CENI
malgache.
B-Le renforcement des autres
structures impliquées dans le processus électoral
Toujours dans l'accompagnement du processus électoral
de sortie de crise à Madagascar, la Francophonie renforce les
capacités des autres acteurs et structures impliqués dans le
processus électoral. A cette fin, elle organise un séminaire
d'appropriation des nouveaux textes par les acteurs institutionnels du
processus électoral à savoir la Commission Electorale Nationale
Indépendante, la Haute cour constitutionnelle, les structures
décentralisées du ministère de
l'Intérieur114(*)...dans le but d'avoir une compréhension
commune de l'encadrement juridique du processus électoral. Elle apporte
aussi un appui à la sensibilisation des électeurs, des
organisations non gouvernementales, associations ou groupements
agréés en matière d'éducation civique et
d'observation des élections, desorganisations politiques ainsique des
associations légalement constituées sur leurs rôles et
attributions respectifs115(*)tels qu'ils sont indiqués dans les
dispositions du code électoral. La Francophonie a par la suite mis
à disposition de Madagascar, l'expertise francophone en vue d'une
meilleure gestion du contentieux et précontentieux électoral
prise en charge par la Haute cour constitutionnelle et la Commission
électorale nationale indépendante.
Sur le plan de la communication, la Francophonie oeuvre
à l'organisation de séminaires de sensibilisation des
médias accompagnés de la remise du Guide du journaliste en
période électorale ; l'organisation d'un séminaire
sur la régulation des médias et le rôle des instances de
régulation dans la gouvernance démocratique, en partenariat avec
le réseau francophone des régulateurs des médias ;
l'organisation d'un monitoring des médias dans le but de vérifier
la liberté d'expression ; une mise à disposition d'expertise
en faveur d'un cadre législatif et réglementaire plus favorable
à la liberté de la presse et au pluralisme des médias
à Madagascar notamment par la mise en place effective d'une instance de
régulation des médias.
Paragraphe II : Le
rôle de la Francophonie dans l'amélioration du fichier
électoral
Pour donner une crédibilité au processus
électoral malgache, la Francophonie contribue à
l'amélioration de la stratégie relative à l'organisation
des travaux de révision des listes électorales(A) et les
recommandations pour la tenue des prochains scrutins(B).
A-L'amélioration de la
stratégie relative à l'organisation des travaux de
révision des listes électorales
Selon les normes internationales, il est attendu d'un
système électoral d'assurer une exhaustivité du fichier
électoral de 90% (avec 9 citoyens admissibles sur 10 inscrits sur une
liste électorale), une exactitude à 97% (avec un maximum de 3%
d'erreurs de saisie), une actualité à 85% (les renseignements sur
chaque électeur sont à jour dans 8,5 cas sur 10), une
inclusivité (avec une inscription sur les listes
électorales effectives pour tous les citoyens quelque soit leur groupe
ou catégorie d'appartenance).116(*)
L'objectif visé par la stratégie d'approche du
système électoral malgache en vue d'améliorer la
crédibilité du fichier électoral est de proposer une
solution qui satisferait aux normes internationales et obtiendrait un consensus
sur leur complétude et qualité117(*). La mission francophone dans le cadre de
l'évaluation du processus électoral malgache propose des
recommandations dans le but d'améliorer la qualité et la
fiabilité des listes électorales notamment le processus de
refonte des listes électorales pour la constitution d'un fichier
électoral informatisé permanent. Ces recommandations,
destinées à être opérationnelles avant
l'organisation du prochain scrutin, doivent permettre de trouver un climat
consensuel sur l'état des listes électorales malgaches, et de
conduire à l'organisation d'un scrutin dans de courts délais
sans remise en cause des listes électorales ; ces listes seront,
fonction des capacités administratives malgaches, à l'image de la
population détentrice d'une carte d'identité nationale et
souhaitant son inscription sur une liste électorale. La Francophonie
donne essentiellement un appui pour une amélioration de la
stratégie relative à l'organisation des travaux de
révision, voire de refonte des listes électorales. Les actions de
la Francophonie visent à : améliorer la conduite des
différentes séquences de la chaine de production des listes
électorales allant du recensement électoral commis par chacune
des commissions locales de recensement mises en place auprès des 17.472
Fokontany118(*) ,
jusqu'à la distribution des cartes d'électeurs par ces
mêmes commissions, en passant par le traitement « des listes
brouillons » et la confection des listes électorales par les
centres informatiques établis désormais auprès des 119
Districts ; à contribuer à une fiabilité du
processus de révision des listes électorales ainsi qu'à
l'élaboration d'un fichier électoral informatisé sûr
et accepté par l'ensemble des acteurs du processus
électoral119(*). La Francophonie va également
procéder à une amélioration de l'architecture
méthodologique et organisationnelle du recensement électoral
c'est-à-dire de contribuer à une clarification des attributions
respectives de la commission électorale indépendante et de celle
des services déconcentrés du ministère de
l'intérieur dans les opérations préparatoires.
B-Les recommandations pour la
tenue des prochains scrutins
Pour la tenue des prochains scrutins, la mission francophone
recommande qu'une valorisation de l'expérience acquise par la CENI
constitue des éléments structurants essentiels, dont il
conviendrait de tenir compte, dans l'établissement d'un chronogramme.
Celles-ci devraient permettre à la CENI de conduire l'exercice de la
prochaine révision ciblées des listes électorales avec
plus de certitude en recourant à des points de repères qui lui
sont devenus familiers : ses démembrements sont désormais
installés sur l'ensemble du territoire ; les 54. 519 agents
électoraux sont désignés, les tâches et
opérations à entreprendre pour faire respecter la
réalisation du calendrier électoral sont clairement
définies et identifiées...Par ailleurs, aux yeux de la mission
francophone, à la condition que les principaux acteurs concernés
par la transition honorent de manière rapide, immédiate et de
bonne foi les engagements qu'ils ont souscrits (l'élargissement de la
composition de la CENI en rapport avec son mandat , la tenue
d'élections couplées crédibles est susceptible
d'être organisée dans un délai de sept mois. Elle souligne
toutefois que tout report ou retard dans la réalisation de ces
engagements hypothèquerait le calendrier et la crédibilité
du chronogramme.
Le 1er aout 2012, la présidente de la
commission électorale nationale indépendante de transition
(CENIT), Béatrice Atallah a rendu public le calendrier électoral
à Madagascar. Elle annonce la date du 8 mai 2013 pour la tenue du
1er tour de l'élection présidentielle.
L'éventuel 2ème tour du scrutin aura lieu pour sa part
le 3 juillet 2013, il sera couplé avec des élections
législatives. Les élections communales auront lieu le 23 octobre
2013120(*). Pour le
Général Siaka Sangaré, expert électoral de l'OIF,
ce calendrier est un bon début121(*).
Photo 1 : Rencontre à Paris entre
AndryRajoelina, Président de la haute autorité de transition et
Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie (12 mai
2011)
![](Francophonie-et-mediation-des-crises-politiques-en-Afrique-francophone-le-cas-de-Madagascar1.png)
Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/fichier:abdou_diouf_et_andry_rajoelina_6_décembre,
consulté le 23 novembre 2012
Photo 2 : Rencontre à Madagascar entre
AndryRajoelina et la délégation du Conseil permanent de la
Francophonie conduite par EdemKodjo, envoyé spécial du
Secrétaire général de la Francophonie (6 mars
2012)
![](Francophonie-et-mediation-des-crises-politiques-en-Afrique-francophone-le-cas-de-Madagascar2.png)
Source :
www.andryrajoelinaenaction.com/album-2033390.html,
consulté le 23 novembre 2012
CONCLUSION DE LA PREMIERE
PARTIE
Dans cette partie, il a été question de
présenter la médiation de la Francophonie dans la crise malgache.
Pour ce faire, nous avons analysé tour à tour les fondements de
l'action de la Francophonie en faveur de la médiation des crises
politiques en Afrique francophone, et les actions et stratégies de la
Francophonie dans la crise malgache. Il en ressort que la Francophonie depuis
sa mutation en Francophonie politique, est devenue un acteur majeur sur la
scène internationale. C'est ainsi qu'elle a depuis le premier sommet
des Chefs d'Etat et de Gouvernement tenu à Versailles en France, en
1986, marqué son engagement en faveur de la paix dans l'espace
francophone, par de nombreuses actions menées en vue d'un retour
à l'ordre constitutionnel dans les pays en situation politique
délicate. Elle s'est dotée d'un arsenal juridique pour rendre son
action plus efficace et donc les experts s'en servent comme instrument de
référence que sont la déclaration de Bamako de 2000 et
la déclaration de Saint- Boniface de 2006.
Depuis l'éclatement de la crise politique
à Madagascar en mars 2009, la Francophonie a mené plusieurs
actions visant à rétablir l'ordre constitutionnel en
collaboration avec ses partenaires dans le cadre du groupe international de
contact et l'équipe conjointe de médiation sur Madagascar.
Il faut toutefois remarquer que, malgré ces
actions en faveur de la paix à Madagascar, il s'est avéré
que la Francophonie n'a pas atteint les objectifs escomptés que sont le
rétablissement de l'ordre, d'où la nécessité
d'améliorer l'action de la Francophonie en faveur de la médiation
de la crise malgache.
II EME PARTIE : LES
LIMITES ET MESURES CORRECTIVES ENVISAGEABLES DANS LA MEDIATION FRANCOPHONE DE
LA CRISE MALGACHE
La Francophonie intervient en faveur de la paix en Afrique
francophone, en privilégiant la médiation en cas de rupture de
ses principes. La médiation francophone s'appuie sur le soutien au
processus de transition et de sortie de crise et à l'accompagnement du
processus électoral. Elle est fondée sur la conviction qu'une
culture démocratique bien enracinée dans les pratiques est la
meilleure arme contre les dérives constatées lors des crises
politiques. C'est ainsi que dans le cadre d'un retour à l'ordre
constitutionnel à Madagascar, la Francophonie en collaboration avec ses
partenaires à savoir l'Union africaine (UA), les Nations unies (ONU), la
Communauté d'Afrique australe (SADC) et la Commission de l'océan
indien (COI) a mené plusieurs actions. Elle a
dépêché un envoyé spécial en la personne
d'EdemKodjo, ancien Secrétaire général de l'OUAà
Madagascar dès l'éclatement de la crise. De nombreuses missions
d'évaluation ont été déployées, ainsi que
des séminaires de formation et d'échange d'expertise en
matière électorale.
Malgré le succès qui a couronné ces
initiatives, force est de constater que la crise malgache n'a pas connu une
résolution définitive. Ce qui montre que l'approche francophone
dans la médiation de la crise politique malgache n'est pas globale et
connait des limites. Pour une plus grande efficacité, il est
nécessaire pour la Francophonie de réorienter sa médiation
à Madagascar et plus globalement en Afrique francophone.
Cette partie est articulée autour de deux
chapitres : le premier montre les limites du rôle de la Francophonie
dans le Groupe international de contact et l'équipe conjointe de
médiation à Madagascar (Chapitre III), tandis que le
deuxième présente les aménagements possibles du rôle
de la Francophonie dans la médiation des crises politiques (Chapitre
IV).
CHAPITRE III : LES
LIMITES DU ROLE DE LA FRANCOPHONIE DANS LE GROUPE INTERNATIONAL DE CONTACT
ET L'EQUIPE CONJOINTE DE MEDIATION A MADAGASCAR
L'engagement de la Francophonie dans la médiation de
la crise politique à Madagascar n'est pas toujours couronné de
succès. Les actions entreprises permettent tout juste d'avoir une
trêve dans la crise mais n'offrent pas une perspective de
résolution définitive. L'approche utilisée ainsi que les
moyens déployés par la Francophonie sont de plus en plus
décriés. Aussi, importe t-il d'analyser la stratégie de
l'organisation qui parait présenter des limites (section I) et souffrir
d'une absence de moyens (section II).
Section I :
Del'inefficacité de la stratégie de la Francophonie à
Madagascar
L'inefficacité de la médiation francophone
à Madagascar est due à l'inadéquation de la
stratégie de l'organisation aux ambitions préétablies
(paragraphe I) et à l'absence de mesures coercitives et le risque de
résurgence de la crise (paragraphe II).
Paragraphe I :
L'inadéquation de la stratégie aux ambitions
préétablies
L'inadéquation de la stratégie de la
Francophonie à Madagascar tient aux limites résultant de sa
stratégie et celle des partenaires(A) et à la mise en place d'un
gouvernement de transition basé sur le partage de pouvoir (B).
A- Les limites résultant de la
stratégie francophone et celle des partenaires
L'une des faiblesses de la Francophonie dans la
médiation de la crise malgache c'est le fait d'avoir associé les
anciens présidents Didier Ratsiraka et Albert Zafy dans les
négociations pour un retour à l'ordre constitutionnel. Ce choix
a d'ailleurs suscité de nombreuses questions quant à la
légitimité de la présence d'anciens présidents
remplacés par la rue, ou les urnes il y a plusieurs années, et
dont les partis respectifs n'ont réunis que peu de voix au cours des
dernières consultations électorales.122(*) Cette implication n'a
fait que compliquer le jeu et trainer les négociations.
L'échec des premières médiations
internationales à Madagascar a mis en évidence un besoin de
coordination entre la Francophonie et ses partenaires internationaux dans la
médiation de la crise. Aucun acteur ne voulait prendre en main la
direction des médiations et harmoniser les propositions de sortie de
crise.
Les acteurs en négociation à Addis-Abeba se
classent en dépit de la diversité extrême qui les
caractérise en 4 mouvances politiques. La Francophonie et ses
partenaires internationaux ont optés de soutenir une transition
inclusive et consensuelle à Madagascar. C'est ainsi que les accords de
Maputo et d'Addis-Abeba ont été conclus. L'un des points
sensible est celui de l'amnistie de Didier Ratsiraka et de Marc Ravalomanana
ainsi que tous les condamnés politiques depuis la crise de 2002. La
multiplication d'articles, parfois même contradictoires concernant
l'amnistie rend ce sujet ambigu et induit des interprétations
différentes de la part des différentes mouvances. Certains
prétendent que Ravalomanana et ses partisans doivent être
amnistiés et libérés immédiatement alors que
d'autres maintiennent qu'une loi doit d'abord être votée par les
nouveaux organes législatifs.
B- La mise en place d'un gouvernement de
transition basé sur le partage de pouvoir
Au regard de la persistance de la crise à Madagascar,
il s'avère que la médiation de la Francophonie et de ses
partenaires internationaux est peu appropriée au cas malgache.
Après plusieurs tentatives, le manque de stratégie et de
pressions cohérentes, associé à l'absence d'une
réelle volonté de la part de plusieurs acteurs dans la
résolution de la crise, a une fois de plus conduit à un
échec de la médiation de la crise malgache. L'intervention de la
Francophonie à Madagascar n'a pas été très active.
La Francophonie a plus joué un rôle secondaire dans la
médiation de la crise. L'échec de la mise en oeuvre des accords
de Maputo et d'Addis-Abeba a amené les acteurs politiques malgaches
à chercher d'autres moyens alternatifs et à trouver une solution
à la crise malgache. Les acteurs politiques malgaches ont pris sur eux
la responsabilité de rechercher une solution à la crise et ont
lancé le dialogue inter malgaches. Ce dialogue a modifié les
circonstances et la dimension dans laquelle les accords de Maputo et
d'Addis-Abeba ont été négociés ce qui montre une
fois de plus que la stratégie de la Francophonie et de ses partenaires
internationaux était peu adaptée au cas malgache.
Aucour du processus de négociation, il y a eu beaucoup
de confusion quant à la signification réelle de la
consensualité. Certains acteurs politiques ont perçu la
consensualité comme l'unanimité parce qu'ils pensent qu'aucun
consensus ne pourrait être atteint s'ils étaient contre quelque
chose. A cet égard, le consensus a fini par être un blocage dans
le processus de négociation. L'équipe de médiation a
dû préciser dans la feuille de route qu'aucun parti politique
n'avait le droit de veto dans les négociations et que le consensus
pourrait être atteint lorsque la majorité des acteurs politiques
étaient d'accord. L'une des faiblesses de la Francophonie et ses
partenaires c'est d'avoir mis en place à Madagascar un gouvernement de
transition basé sur le partage de pouvoir entre les mouvances
politiques. Quand nous savons que les gouvernements basés sur un partage
de pouvoir manquent souvent de cohésion et de discipline.
Les gouvernements de ce type restent parfois en place pendant
plusieurs années et prennent des engagements à longue
échéance. Le fait de tenir uniquement de discussions
fermées entre élites et la restriction à la
participation politique des autres partis « petits partis
politiques » peut avec le temps devenir une forte
préoccupation étant donné que ces acteurs politiques
pourront exiger que leurs intérêts soient
représentés.
A ceci, il faut ajouter la non prise en compte dans les
négociations du rôle des corps de défense et de
sécurité, quand nous savons que les différents pays
où les processus électoraux ont été entachés
de fraudes massives, généralement au profit des pouvoirs
sortants, ces dérapages se sont faits sous l'oeil complice, voire avec
le concours des forces de l'ordre.
Paragraphe II :
L'absence de mesures coercitives et le risque de résurgence de la crise
malgache
L'une des principales causes des crises politiques dans les
Etats et gouvernements membres de la Francophonie est due au fait que
l'organisation n'a pas d'actions coercitives envers ses Etats membres (A). Par
ailleurs, on note régulièrement une résurgence des crises
au sein des Etats membres de la Francophonie (B).
A-L'absence d'actions
coercitives
La déclaration de Bamako n'a pas une valeur
contraignante, c'est ce qui entraine parfois et dans la plupart des cas le non
respect de certains principes (la démocratie, l'Etat de droit...) de
la Francophonie par ses Etats et Gouvernements membres. Le cas de Madagascar en
est une illustration de cette rupture notamment le changement
anticonstitutionnel de mars 2009. Dès l'élection de Boutros
Boutros Ghali au poste de Secrétaire général de la
Francophonie, ce dernier a été confronté à de
nombreuses situations de crise traversant les Etats membres de la
Francophonie. Aussi, s'est-il imposé la nécessité
d'établir des principes régissant les actions de la Francophonie
dans le cadre de ses activités de médiation et de
conciliation.
Fort de son expérience à l'ONU, Boutros Boutros
Ghali, va dégager ces principes en s'inspirant de son agenda pour la
paix. Ainsi, le premier d'entre eux consiste à n'intervenir
qu'après la demande expresse des Etats en conflit, qu'il soit interne ou
international. C'est justement le cas de Madagascar. Cette exigence prend en
considération le « sacro-saint » principe de la
souveraineté des Etats, principe solidement enraciné en droit
international public. Il est consacré par la charte de la Francophonie
dans son article 1, lequel dispose : « la Francophonie
respecte la souveraineté des Etats ». L'autorisation
d'intervention acquise, il s'agira pour la Francophonie d'intervenir à
un double niveau : « dans l'urgence et dans la
durée » en intervenant le plus rapidement possible pour
désamorcer les conflits latents et en créant dans le même
temps, les conditions nécessaires à ce qu'ils ne se reproduisent
plus.
Le second principe est celui de la
complémentarité de l'action de la Francophonie avec celle des
autres organisations internationales. S'il y a d'autres organisations qui
s'occupent du conflit ou de la crise, la Francophonie n'interviendra pas
à moins que les parties le demandent expressément. En effet,
cette réticence à intervenir s'explique par la volonté de
la Francophonie d'inscrire son action dans le cadre de la
complémentarité et non pas dans celui de la concurrence avec les
autres organisations internationales. C'est ce que Boutros Boutros Ghali
qualifie de « déontologie de la médiation ».
En effet, il considère que « beaucoup de conflits souffrent
d'avoir trop de facilitateurs si bien que l'on se trouve parfois en
présence de deux types de différends, celui qui oppose les
belligérants et celui qui oppose ceux qui aspirent à la
réconciliation ».
B- La possible résurgence de la
crise malgache
Depuis quelques années, on assiste malheureusement
à une espèce d'effondrement du projet francophone. Les espoirs
jadis suscités par l'ouverture au multipartisme et la suppression des
lois d'exception et tous les discours fondés sur la subordination de
l'aide internationale aux reformes démocratiques semblent avoir
disparus. La culture de l'alternance au pouvoir n'a pas forcément
évolué123(*). Les coups d'Etats n'ont pas non plus disparu.
L'exemple de Madagascar en est l'une des illustrations. Rappelons nous que la
crise et le changement anticonstitutionnel dans ce pays a
éclaté le 17 mars 2009, lorsque le président de la
république malgache, Marc Ravalomanana, sous la pression de l'opposition
civile et de l'armée, a démissionné de son poste et remis
le pouvoir à un directoire militaire qui à son tour, l'a
aussitôt transféré à AndryRajoelina.
Une présence contrastée de la Francophonie sur
le terrain compte tenu du dispositif actuellement prévalant pour la
représentation de l'organisation à Madagascar, avec comme
conséquence, un suivi inégalement satisfaisant des actions
menées, induisant une certaine précarité dans la
participation aux structures collectives nationales ou régionales
d'accompagnement, ainsi qu'un manque de continuité dans le dialogue avec
les acteurs nationaux contrairement à la grande majorité des
autres partenaires disposant de représentation permanentes.
Par ailleurs, avec le regroupement des acteurs politiques
à Madagascar en mouvance, il est fort probable que la crise resurgisse
dans un avenir proche notamment lorsque l'un des partis politiques va se
sentir mis à l'écart dans la prise en compte des
intérêts de son groupe.
Section II : Des
moyens d'intervention limités en faveur de la médiation
La Francophonie est confrontée à la
problématique des moyens humains et du financement de ses actions en
faveur des médiations d'une part (paragraphe I) et à une
méconnaissance de sa plus value d'autre part (paragraphe II).
Paragraphe I : La
problématique des moyens humains et du financement des actions de la
Francophonie en faveur des médiations
Le budget de la Francophonie est caractérisé
par sa modicité par rapport aux nombreuses missions assignées (A)
et à la prépondérance de la participation de la France
(B).
A-L'insuffisance des moyens
humains et la modicité du budget des missions en faveur de la
médiation
C'est l'un des problèmes majeur de l'organisation et
de la conduite des missions de médiation. Il faut dire que
l'Organisation internationale de la francophonie ne peutobjectivement
apparaitre comme la mieux à même de répondre aux multiples
sollicitations des Etats immenses de par leur superficie. Du coup, il devient
difficile de déplacer des missions en nombre suffisant pour couvrir la
totalité du territoire. L'organisation est donc des fois
obligées de se limiter à quelques villes principales. Il est
difficile à la Francophonie de réunir des personnalités
et des experts disponibles capables de mener à bien des missions et de
contribuer par leurs apports divers au rayonnement de la Francophonie.
Bien que la Délégation à la paix,
à la démocratie et aux droits de l'Homme a connu depuis 2003
un accroissement non négligeable de ses effectifs, les
différentes tâches y afférentes à la
préparation et à la mise en oeuvre des missions de
médiation ou de facilitation sont très exigeantes et lourdes et
sont dans la plupart des cas assumées par les mêmes personnes
affectées aux autres actions relatives aux domaines de la paix, de la
démocratie et des droits de l'Homme.
Organiser une médiation, envoyer des missions
d'information, d'observation et d'évaluation, tout cela en
étroite collaboration avec les Organisations Internationales comme les
Nations Unies, l'Union Africaine ou encore l'Union Européenne et les
organisations sous régionales, cela suppose de disposer d'un
réseau diplomatique solide, d'experts compétents et des budgets
consistants. La Francophonie ne dispose pas à ce jour de tels moyens
pour répondre favorablement aux multiples sollicitations. Les frais
afférents au déploiement des missions de médiation
sont très limités.
En 2009, le budget annuel de la Francophonie s'élevait
à 89,233 millions d'euros, dont 67,3% impartis à la mise en
oeuvre des programmes124(*).
Tableau 1 : Evolution du budget de 1979 à
2009 (en millions d'euros courants)125(*)
![](Francophonie-et-mediation-des-crises-politiques-en-Afrique-francophone-le-cas-de-Madagascar3.png)
Source :
www.francophonie.org/Le-budget
Les recettes de la Francophonie sont constituées
principalement par les contributions de ses pays membres au Fonds
multilatéral unique (FMU). A tout ceci il faut ajouter des financements
complémentaires issus de partenariats avec des organismes publics ou
privés. Dans cet esprit, la Francophonie a multiplié les
partenariats avec différentes structures telles que la Banque
d'investissement et de développement (BIDC), de la Communauté
économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la Banque
d'investissement française. A ce titre, la Francophonie applique de
plus en plus la logique anglo-saxonne du « matching » qui
consiste pour deux partenaires en l'occurrence la Francophonie et des
investisseurs publics ou privés, à financer un projet à
part égale.
Les obligations des Etats et Gouvernements en matière
financière diffèrent selon leur statut : les membres de
plein droit et les membres associés contribuent selon un barème
prenant en compte la richesse nationale. Les Etats observateurs s'acquittent
d'une contribution forfaitaire. Des contributions volontaires,
régulières ou exceptionnelles sont versées par les Etats
et gouvernements.
La Francophonie a été marquée par le
passé, par des difficultés financières majeures, en grande
partie liées au fait que, pendant de nombreuses années,
près d'un tiers des membres de la Francophonie n'avaient pas
versé leurs contributions volontaires au budget de l'OIF, les
arriérés ayant ainsi atteint un montant total cumulé
d'environ 11 millions d'euros. Cet important manque à gagner a longtemps
déséquilibré le budget de l'organisation.
Le premier défi à relever, ou plutôt le
premier risque à conjurer est celui d'un « grand
écart » entre les objectifs annoncés et les
capacités à les atteindre. Par ailleurs, il existe une
répartition inégale des contributions laissant apparaitre une
prépondérance de la participation française.
B- La prépondérance de la
participation financière de la France
La question du financement des institutions francophones ne
manque pas de se poser, compte tenu de la faiblesse de son budget, trop
dépendant qui en plus vient d'un seul donateur, la France. En effet, le
budget de la Francophonie est pour une grande part assumé par la France.
En 2008, environ 50% du budget était financé par la France, le
reste était à la charge des autres Etats membres de
l'organisation. Ce déséquilibre entraine un déficit de
légitimité pour chacun des autres pays de l'organisation pour
peser sur les décisions.
Certains observateurs à Madagascar voient en l'action
de la Francophonie dans la crise, une sorte d'expression de la volonté
française pour mettre en place un gouvernement de transition qui
prendrait particulièrement en compte les intérêts
français sur ce territoire. Pour éviter que la Francophonie ne
soit perçue comme l'appendice de la politique étrangère
de la France, une meilleure répartition serait souhaitable.
Le service des affaires francophones (SAF), gère les
contributions statutaires ou volontaires destinées à
l'Organisation internationale de la francophonie et aux opérateurs et
instances suivants : l'Agence universitaire de la francophonie (AUF),
l'Université Senghor d'Alexandrie, l'Association internationale des
maires francophones (AIMF), l'Assemblée parlementaire de la
francophonie (APF), la Conférence des ministres de la jeunesse et des
sports (CONFEJES) et la Conférence des ministres de l'éducation
(CONFEMEN).
En 2010, le montant demandé par le ministère des
affaires étrangères et européennes pour l'ensemble des
contributions aux agences de la Francophonie représente 69,4 millions
d'euros, répartis comme suit :
Tableau 2 : Contribution de la France au
financement de la Francophonie multilatérale
(En millions d'euros)
|
Montant versé en 2008
|
Montant PLF 2009 (alloué)
|
Montant PLF 2010 (alloué)
|
1. SAF
|
|
|
|
OIF- Contribution statutaire
|
12,4
|
12,7
|
12,7
|
OIF- Contribution volontaire
|
19,6
|
20,9
|
18,1
|
AUF
|
19,4
|
20,6
|
21,5
|
AIMF
|
1,8
|
1,9
|
1,9
|
Université Senghor d'Alexandrie
|
1,6
|
1,75
|
1,6
|
Confemen
|
0,17
|
0,18
|
0,42
|
APF
|
0,13
|
0,13
|
0,13
|
Loyer de la Maison de la Francophonie
|
-
|
-
|
4,01
|
Sous-total
|
55,1
|
58,2
|
60,3
|
Jeux de la Francophonie
|
-
|
1,6
|
-
|
Total SAF
|
55,1
|
59,8
|
60,3
|
2. DGMDP (ex-DGCID)
|
|
|
|
AUF
|
8,5
|
8
|
7,9
|
Confejes
|
0,36
|
0,2
|
1,05
|
Subvention à l'IEPF (Institut de l'énergie et de
l'environnement de la Francophonie)
|
0,2
|
0,17
|
0,17
|
Total DGMDP (ex-DGCID)
|
9,1
|
8,4
|
9,1
|
Total ministère des affaires
étrangères
|
64,2
|
68,2
|
69,4
|
3. TV5 Monde (ensemble de la dotation de l'Etat)
|
70
|
70,2
|
72,4
|
TOTAL
|
134,2
|
138,4
|
141,8
|
Source : Ministère des affaires
étrangères et européennes accessible sur
www.senat.fr/rap/a08-100-2/a08-100-212.html,
consulté le 7 mai 2012.
Paragraphe II : Une
méconnaissance de la plus value de la Francophonie en faveur de
la paix
La Francophonie souffre d'une certaine méconnaissance
de sa plus value en faveur de la paix par ses Etats membres. Cette
méconnaissance est due à la faible contribution de la
Francophonie aux opérations de maintien de la paix et à
l'absence d'une force d'intervention (A). A ceci on peut ajouter, un manque
d'appropriation et de visibilité des actions de la Francophonie en
faveur de la paix par les Etats (B).
A- La faible contribution de la
Francophonie aux opérations de maintien de la paix et l'absence d'une
force d'intervention
La contribution de la Francophonie aux opérations de
maintien de la paix (OMP) reste très faible au regard des contingents
issus de pays de la Francophonie dans les OMP des Nations unies. La
participation francophone est confrontée à de nombreux obstacles
que sont : la langue, la structure de leurs forces armées et leur
isolation.
A l'ONU comme à l'UA, le français est l'une des
langues de travail qui devrait être utilisée au même titre
que l'anglais, mais la réalité est bien différente.
L'anglais règne en particulier dans tous les domaines techniques et les
réunions de travail126(*). Les documents même concernant les
opérations dans les pays francophones ne sont disponibles qu'en anglais,
les responsables du DOMP et DAM ne s'expriment qu'en anglais, de même
que les missions de sélection de l'ONU envoyées dans les pays
contributeurs ne s'expriment qu'en anglais. Par ailleurs, les pays francophones
du nord n'ont pas de réelle motivation pour les OMP de l'ONU et
s'engagent plus volontiers dans les opérations de l'OTAN (France,
Canada, Belgique). Ceux du sud et singulièrement les pays africains
ont des forces armées essentiellement orientées vers la
sécurité intérieure. Enfin, les pays francophones ont
tendance à agir isolément sans avoir recours à un
réseau au sein duquel la communauté pourrait
bénéficier des points forts de chacun.
Participation de contingents issus de pays de la
Francophonie dans les OMP des Nations unies (novembre 2009)127(*)
|
MINURCAT
|
MINURSO
|
MINUSTAH
|
MONUC
|
ONUCI
|
FINUL
|
TOTAL
|
Effectif de la mission
|
3032
|
242
|
9065
|
20255
|
8389
|
12133
|
53116
|
Francophones
|
1181
|
59
|
566
|
895
|
3131
|
2571
|
10340
|
Participation de contingents francophones dans les OMP
des Nations unies (novembre 2009)128(*)
|
MINURCAT
|
MINURSO
|
MINUSTAH
|
MONUC
|
ONUCI
|
FINUL
|
TOTAL
|
Effectif de la mission
|
3032
|
242
|
9065
|
20255
|
8389
|
12133
|
53116
|
Francophones
|
893
|
15
|
455
|
2526
|
2620
|
1449
|
7958
|
Source : Trinquand (Dominique), « la
contribution de la Francophonie aux opérations de maintien de la
paix», la revue internationale des mondes francophones, no. 2,
Printemps - Eté, 2010, p.30
A ce ceci, on peut ajouter l'absence d'une force
d'intervention en faveur de la paix. La Francophonie ne dispose pas toujours
des moyens pour dissuader, voire pour contraindre au besoin par la force les
Etats à appliquer les décisions, notamment en cas de crise comme
c'est le cas à Madagascar. Elle n'a pas le poids, ni l'influence des
Nations Unies. Elle ne dispose pas de forces armées qui pourraient
imposer la paix aux belligérants.
B- Un manque d'appropriation et de
visibilité des actions de la Francophonie par ses Etats membres en
faveur de la paix
L'engagement de la Francophonie en faveur de la paix souffre
d'une appropriation toujours insuffisante de la part des pays membres, voire un
doute permanent sur la plus value de l'action de la Francophonie dans ce
domaine. Les Etats et gouvernements doivent s'approprier des valeurs de
l'organisation qui contribueront même à légitimer son
action en faveur de la paix. La crise malgache de 2009 en est une
véritable illustration où dès l'éclatement de la
crise de 2009, on a vu les différents acteurs de la crise se
référer d'abord aux autres organisations avant d'établir
un rapprochement avec la Francophonie. Quand bien même elle est
contactée, c'est plus dans un rôle secondaire aux cotés de
l'ONU, de l'UA ou de la SADC.
Le respect des valeurs de l'OIF devrait en principe
conditionner l'adhésion de tout Etat au sein de cette organisation.
Cependant, il existe un grand écart entre la théorie et la
pratique. Les Etats et gouvernements membre de la Francophonie pour la plupart
s'entêtent et violent de plus de plus ces principes
démocratiques.
Par ailleurs l'article 5 alinéa 2 de la
déclaration de Bamako prévoit en cas de crise de la
démocratie ou en cas de violations graves des droits de l'Homme que le
Secrétaire général propose des mesures
spécifiques : « il peut procéder à l'envoi
d'un facilitateur susceptible de contribuer à la recherche de solutions
consensuelles. L'acceptation préalable du processus de facilitation par
les autorités du pays concerné constitue une condition du
succès de toute action. Le facilitateurest choisi par le
Secrétaire général après consultation du
Président de la Conférence ministérielle, en accord avec
l'ensemble des protagonistes ». Nous nous rendons compte qu'une
mission ne saurait être envoyée sans le consentement de l'Etat en
crise. Ce qui constitue à ce niveau un blocage dans les
différents cas d'intervention de l'organisation. Les Etats doivent
reconnaitre la plus value de la Francophonie en faveur de la paix et solliciter
son soutien pour une paix durable.
Dans le domaine de la communication, l'extrême
modicité des moyens dévolus aux médias francophones tels
que TV5 participe d'une négligence voire d'une méconnaissance
des atouts de la Francophonie.
Dans ce chapitre, il a été question de
présenter les limites du rôle de la Francophonie dans le groupe
international de contact et l'équipe conjointe de médiation
à Madagascar. Il en ressort que malgré le succès qui a
couronné les initiatives de la Francophonie, force est de constater que
la crise malgache n'a pas connu une résolution définitive.
D'où la nécessité d'apporter quelques aménagements
possibles au rôle de la Francophonie dans la médiation des crises
politiques en Afrique francophone.
CHAPITRE IV : LES
AMENAGEMENTS POSSIBLES DU ROLE DE LA FRANCOPHONIE DANS LA MEDIATION DES CRISES
POLITIQUES EN AFRIQUE FRANCOPHONE
L'Afrique francophone en général, et Madagascar
en particulier doit être un espace de paix afin de créer les
conditions favorables au développement. C'est pourquoi la charte de la
Francophonie se propose d'aider les Etats membres pour le
« renforcement de leur solidarité par des actions de
coopération multilatérale en vue de favoriser l'essor de leurs
économies »129(*) . La Francophonie sera donc naturellement
présente et active dans le domaine de la paix. Toutefois, son action en
faveur de la médiation des crises politiques doit être
adaptée pour éviter une dispersion de ses efforts.
Dans ce chapitre, il est question pour nous d'émettre
des perspectives pour une stratégiefrancophone plus efficace dans la
médiation de la crise malgache(section I) et pour une participation
francophone plus active dans la médiation des crises politiques en
Afrique francophone (section II).
Section I :Pour une
stratégie francophone plus efficace dans la médiation de la
crise malgache
Pour une stratégie francophone plus efficace à
Madagascar, la Francophonie doit oeuvrer pour l'organisation des
élections libres, fiables et transparentes (paragraphe I) et veiller
à ce que la vie politique soit apaisée (paragraphe II).
Paragraphe I :
l'organisation des élections libres, fiables et transparentes
Pour des élections libres, fiables et transparentes
à Madagascar, la Francophonie doit veiller à l'intégration
dans le jeu politique de tous les acteurs et renforcer la commission
électorale nationale indépendante (A). Elle doit en outre
surveiller la neutralité des corps de défense et de
sécurité (B).
A-L'intégration dans le
jeu politique de tous les acteurs et le renforcement de la commission
électorale nationale indépendante
Pour une paix durable à Madagascar, tous les partis
politiques tant de l'opposition que de la majorité, doivent participer
à la vie politique nationale, régionale et locale,
conformément à la légalité, de manière
à régler pacifiquement les conflits d'intérêts.
La Francophonie doit veiller à l'implication de
l'ensemble des partis politiques légalement constitué à
toutes les étapes du processus électoral, dans le respect des
principes démocratiques consacrés par les textes fondamentaux et
les institutions,afin de leur permettre de bénéficié du
budget de l'Etat. Elle doit garantir la pleine participation des citoyens au
scrutin, ainsi que le traitement égal des candidats tout au long des
opérations électorales. La Francophonie doit reconnaitre la place
et faciliter l'implication constante de la société civile y
compris les ONG, les médias, les autorités traditionnelles pour
leur permettre d'exercer dans l'intérêt collectif, leur rôle
d'acteurs d'une vie politique équilibrée. Elle doit
également veiller au respect effectif de la liberté de la presse
et assurer l'accès équitable des différentes forces
politiques aux médias publics et privés, écrits et
audiovisuels selon un mode de régulation conforme aux principes
démocratiques.
La politique du Commonwealth en faveur d'élections
libres et transparentes est la contribution à la mise en place d'organes
indépendants de surveillance des élections. La Francophonie
devrait s'inspirer de ce modèle.
En effet, dans le cadre du soutien au processus
électoral au sein de ses Etats membres, le Commonwealth élabore
en partenariat avec le pays concerné des programmes pour la mise en
place d'organe chargé de l'organisation des élections ELECAM au
Cameroun en est une illustration de ce partenariat. Ce modèle d'organe
indépendant de gestion des élections a l'avantage d'inclure une
participation plus globale de tous les acteurs. Ceci a pour conséquence
d'accorder plus de crédibilité et de transparence à ce
processus. L'apport ou le soutien de la Francophonie à la mise en place
de véritables organes indépendants de gestion des
élections dans lesquels participent aussi bien les représentants
de l'administration publique, des partis politiques et de la
société civile contribuera sans aucun doute à favoriser le
dialogue politique au sein de ses Etats et par là, réunir les
conditions d'une vie politique apaisée gage de la stabilité
politique et de la paix dans l'espace francophone.
Pour une commission électorale nationale
indépendante neutre et crédible à Madagascar, la
Francophonie doit envisager en collaboration avec les acteurs politiques
malgaches la possibilité de nommer des membres internationaux au sein
de la CENI. La Francophonie doit coordonner leur action. Des observateurs
internationaux devraient également être déployés.
Les différentes forces politiques doivent s'engager à ne pas
déstabiliser le processus et Marc Ravalomanana à respecter son
engagement pris à Maputo de ne pas rentrer au pays avant que les
conditions n'y soient favorables. Pour ne plus agir en rang dispersé le
groupe international de contact sur Madagascar doit être mieux
organisé notamment par la distribution des rôles
spécifiques aux membres du GIC. On pourrait confier à la Chine,
membre du GIC un appui économique plutôt que politique. La
Francophonie doit envisager la mise en place d'un bureau permanent afin de
suivre de près le processus. La Francophonie doit s'assurer que
l'organisation des élections depuis les opérations
préparatoires et la campagne électorale jusqu'au
dépouillement des votes et à la proclamation des résultats
y compris le contentieux, s'effectue dans une transparence totale.
Etant donné que seules les élections ne peuvent
apporter une solution définitive aux problèmes malgaches, tels
que la corruption et la gouvernance en général. La voie d'une
réconciliation nationale devrait être envisagée dans ce
cadre par la Francophonie et ses partenaires. Elle doit être
initiée dès la mise en place du nouveau régime élu.
Cette réconciliation doit être la priorité des nouveaux
dirigeants. Elle doit s'accompagner de programmes de communication et de
sensibilisation afin que la population adhère. Pour plus
d'efficacité de la réconciliation, il faudra une amnistie totale
pour que soit effacé tout ce qui s'est passé au cours des
régimes successifs.
La Francophonie doit régler de manière
pacifique, les contentieux et les tensions entre groupes politiques et sociaux,
en recherchant tout mécanisme et dispositif appropriés comme
l'aménagement d'un statut pour les anciens hauts dirigeants.
L'intégration dans le jeu politique de tous les
acteurs et le renforcement de la commission électorale nationale
indépendante ne pourra pas garantir l'organisation des
élections libres, fiables et transparentes. La francophonie doit
également surveiller la neutralité des corps de défense
et de sécurité.
B-Surveiller la
neutralité des corps de défense et de sécurité
L'encadrement des corps de défense et de
sécurité avant, pendant et après les élections
doit être une préoccupation majeure pour la Francophonie et ses
partenaires internationaux. Dans les différents pays où les
processus électoraux ont été entachés de fraudes
massives, généralement au bénéfice des pouvoirs
sortants, ces dérapages se sont faits sous l'oeil complice, voire avec
le concours des forces de l'ordre130(*). Pour sécuriser et crédibiliser le
processus électoral, la Francophonie pourrait proposer au niveau de
l'Union africaine ou des Nations Unies un déploiement d'une mission de
police pour renforcer la neutralité et travailler en collaboration avec
la police nationale malgache. Elle pourrait être composée de
petites unités incorporées à celles de la police malgache
et mandatées pour appuyer la préparation et l'exécution
des opérations de sécurisation des élections. Des
unités mixtes de police spéciales devront également
être déployées pour assurer la sécurité des
candidats au scrutin présidentiel131(*).
Il serait également important pour la Francophonie et
ses partenaires internationaux de reformer l'armée pour s'assurer
qu'elle ne se divise plus en factions politiques concurrentes. Celles-ci
doivent se réconcilier autour d'une éthique professionnelle
commune et ne plus s'ingérer dans les affaires politiques du pays. La
Francophonie doit encourager les pays comme la France et les Etats- Unis
à investir financièrement dans des programmes de
réhabilitation de la fonction militaire et dans un plan social permettre
aux hauts gradés et aux militaires du rang sans affectation de quitter
l'armée avec dignité132(*).
Les élections seules ne pouvant pas mettre un terme
à la crise, la Francophonie doit oeuvrer pour une vie politique
apaisée à Madagascar.
Paragraphe II :
oeuvrerpour une vie politique apaisée à Madagascar
Pour une vie politique apaisée à Madagascar,
l'Organisation internationale de la francophonie doit renforcer les sanctions
et les conditions d'adhésion (A). Elle doit en plus consolider les
capacités de veille tout en renforçant le système d'alerte
précoce (B).
A-Renforcement des sanctions
et des conditions d'adhésion
La Francophonie a prévue plusieurs sanctions contre
ses Etats membres en cas de rupture de la démocratie. L'une des
principales sanctions c'est la suspension de la participation des
représentants du pays concerné aux réunions des
instances133(*) de
l'organisation. La Francophonie doit renforcer la déclaration de Bamako
afin de la rendre contraignante vis-à-vis de ses Etats membres. Cette
démarche doit s'inscrire dans le sillage du Commonwealth qui s'est
doté d'outils lui permettant d'imposer des sanctions à l'encontre
des pays ne respectant pas les règles établies. En effet,
l'histoire du Commonwealth est marquée par les exclusions et sanctions
de ses membres. Dès 1961, l'Afrique du Sud est exclue du Commonwealth
suite à des pressions des pays membres contre la politique d'apartheid.
En 1972, c'est le Pakistan qui reçoit un carton rouge pour son refus de
reconnaitre l'Etat du Bangladesh. Il restera absent de l'organisation pendant
17 ans. En 1995, le Nigeria, alors militairement géré, est exclu
par les membres, pour violation de la Déclaration de Harare. Et plus
récemment encore le Pakistan a été une nouvelle fois
exclu du Commonwealth et n'a donc pu participer au sommet des Chefs d'Etats.
Depuis 2002, tout membre du Commonwealth est sanctionné pour violation
systématiques des droits de l'Homme et des pratiques
démocratiques, et non plus simplement pour changement
anticonstitutionnel de régime. Ceci constitue une véritable
avancée et un moyen de pression pour que s'accélère le
processus démocratique.
La Francophonie ne doit plus réduire la rupture
démocratique au simple coup d'Etat contre un régime
démocratiquement élu mais plutôt étendre ce
critère à celui du non respect des échéances
électorales et de la violation du principe de limitation du nombre de
mandat qui est le noeud gordien de plusieurs crises politiques en Afrique
francophone. Par ces actions la Francophonie pourra ainsi empêcher voire
prévenir plusieurs crises dans ses Etats et gouvernements membres.
S'agissant des conditions d'adhésion, le
critère linguistique semble être actuellement le critère
primordial pour l'adhésion d'un Etat à la Francophonie.
Cependant, bien que le texte portant statuts et modalités
d'adhésion à la Francophonie fasse de l'évolution de la
démocratie et de l'Etat de droit, de l'existence des services
officiels chargé du suivi des questions de droit de l'Homme, des
éléments à prendre en compte lors de l'instruction d'une
demande d'adhésion134(*) , il n'existe aucune disposition contraignante
subordonnant l'adhésion à l'organisation au respect des principes
de la démocratie. Pourtant pour une organisation internationale comme
le Commonwealth, l'adhésion est conditionnée par le respect des
principes démocratiques. Pour promouvoir la stabilité dans
l'espace francophone, la Francophonie doit oeuvrer pour le renforcement des
critères d'examen des candidatures d'adhésion à
l'organisation autour du niveau de démocratisation de l'Etat
concerné. Elle pourrait l'évaluer autour de la fiabilité
des conditions d'alternance démocratique au pouvoir, de la force des
institutions à pouvoir gérer les affaires du pays et la
définition du statut de l'opposition. Cette action permettra à
la Francophonie de prévenir les crises dans son espace.
Pour éviter une résurgence des crises politiques
en Afrique francophone et notamment à Madagascar, la Francophonie doit
oeuvrer à la consolidation des capacités de veille et renforcer
le système d'alerte précoce.
B- La consolidation des
capacités de veille et le renforcement du système d'alerte
précoce
Pour éviter la résurgence des crises politiques
en Afrique francophone et notamment à Madagascar, la Francophonie doit
renforcer ses capacités d'observation et de veille afin de permettre au
Secrétaire général de jouer, conformément aux
dispositions du chapitre 5 de la déclaration de Bamako et à
l'article 7 de la Charte, un rôle accru dans la prévention des
conflits au sein de l'espace francophone, en partenariat avec les membres
bilatéraux et multilatéraux concernés. Il convient de
dynamiser les groupes d'ambassadeurs francophones, de réorganiser les
représentations permanentes de l'OIF, de redéfinir le
fonctionnement du Conseil Permanent de la Francophonie (CPF) pour rendre le
conseil plus réactif et plus engagé dans les situations de crise.
On doit également réévaluer le dispositif des
comités ad hoc consultatifs restreints et mobiliser les ministres
francophones des affaires étrangères pour un travail commun sur
le terrain en situation de crise. Chacune de ces mesures techniques
améliore le dispositif actuel de prévention et de gestion des
conflits. Cependant, l'action préventive doit s'inscrire sur le long
terme, si possible en s'attaquant aux causes structurelles des conflits
(socio-économiques, politiques, institutionnels...) afin de fonder une
véritable paix durable dans l'espace francophone.
L'alerte précoce pour sa part, est un
mécanisme de prévention basé sur la connaissance des
risques. Son objectif est de pouvoir disposer de données fiables qui
signalent la nécessité d'une intervention préventive.
Mais étant donné la complexité des situations de crise,
des facteurs s'entremêlent, dans lesquels il est difficile de
déceler des indicateurs précis de l'imminence d'un conflit. En
matière d'alerte précoce, la Francophonie a pris l'initiative
de renforcer les partenariats entre les organisations multilatérales
engagées dans ce type d'actions : ONU, UA, UE, Ligue Arabe,
certaines ONG et instituts de recherche... afin d'évaluer les
possibilités d'une coopération opérationnelle dans les
situations de crise. Il importe pour l'organisation de promouvoir avec ses
partenaires l'analyse systématique et l'échange d'informations,
l'harmonisation des indicateurs et instruments de mesure des situations et le
partage d'expérience. Elle doit par ailleurs encourager la formation
en collaboration avec les universitaires et d'autres organisations de formation
et de recherche des études portant sur la prévention des conflits
dans l'espace francophone.
Section II : une
participation francophone plus active en faveur de la paix
Pour une participation francophone plus active en faveur de
la paix, l'Organisation internationale de la francophonie doit améliorer
sa politique en matière de médiation des crises politiques
(paragraphe I) et affermir sa magistrature d'influence (paragraphe II).
Paragraphe I :
Améliorer sa politique en matière de médiation des crises
politiques
Pour améliorer sa politique en matière de
médiation des crises politiques, la Francophonie doit renforcer ses
ressources humaines et financières (A) et revoir les conditions
d'intervention avec ses partenaires internationaux dans les crises (B).
A-Renforcer les ressources
humaines et financières
Si la délégation à la paix, à la
démocratie et aux droits de l'Homme a également connu depuis
2003, un accroissement non négligeable de ses effectifs, la
configuration de l'équipe actuelle quoique très engagée et
professionnelle, demeurant très restreinte au regard de l'ampleur et de
la diversification des tâches couvrant l'ensemble des secteurs
déclinés dans les déclarations de Bamako et de Saint-
Boniface135(*). C'est
d'ailleurs l'une des difficultés que rencontrent
généralement les missions francophones dans les crises
politiques. A ceci il faut ajouter les moyens limités qui sont
affectés aux missions.
Pour renforcer l'action de l'organisation dans ce domaine, le
Secrétaire général de la Francophonie doit encourager les
Etats membres à verser régulièrement leurs
contributions statutaires et volontaires. La Francophonie pourrait
également créer un fonds de soutien à la médiation
des crises politiques dans ses Etats et Gouvernements membres dans le but de
répondre promptement en cas de rupture de la démocratie.
Compte tenu de la difficulté du traitement des crises
qui nécessite une parfaite connaissance de situations souvent
complexes, il est important que les missions de médiation
bénéficient d'une certaine durée dans l'exercice de leurs
fonctions, car ils en ont besoin pour gagner la confiance de leurs
interlocuteurs locaux et pour assurer la crédibilité du processus
engagé.
B-Renforcer les conditions
d'intervention avec ses partenaires
La prolifération des opérations de
prévention des conflits ou de maintien de la paix de type hybride a
quelque peu opacifié les responsabilités politiques et rendu
difficile l'indispensable coordination entre les intervenants. L'on a de nos
jours plusieurs médiateurs sur place et des présences importantes
d'organisations internationales gouvernementales et non gouvernementales
pouvant créer une assez grande confusion quant aux
responsabilités politiques effectives du médiateur principal.
Les risques de fragmentation de la médiation devraient aboutir à
imposer un seul médiateur principal avec les autres acteurs en appui
coordonné. Il est évident que la multiplicité et la
diversité des initiatives de médiation dans un même conflit
posent la question cruciale de leur coordination ou harmonisation. Le
médiateur va devoir vouer une partie de son temps à rencontrer
les autres médiateurs en lieu et place des véritables acteurs
à la crise. La compétition entre les médiateurs peut
constituer un enjeu du conflit et entrainer des rivalités
néfastes et improductives pour la paix.136(*)
Dans le cadre de la crise malgache, la Francophonie a
joué un rôle beaucoup plus secondaire. Plus d'une fois les
différents membres du groupe international de contact sur Madagascar
ont agi en rang dispersé et parfois même sans une
véritable coordination. La Francophonie doit s'interroger sur les
conditions optimales de son intervention dans les crises politiques en
présence des autres partenaires internationaux avec lesquels la
collaboration doit être mieux précisée et en tout
état de cause, toujours plus rationnalisée notamment en ce qui
concerne le moment opportun pour son implication au regard de ses
compétences de plus en plus affirmées, et la répartition
des tâches, en tenant en compte les spécificités du savoir
faire francophone.
Paragraphe II : Pour
une magistrature d'influence francophone
Pour une magistrature d'influence, la Francophonie doit
apporter une contribution plus efficace aux opérations de maintien de
la paix et envisager la mise en place d'une force d'intervention(A), puis
renforcer la communication sur les outils francophone de médiation des
crises politiques (B).
A- Une contribution
francophone plus efficace aux opérations de maintien de la paix et la
mise en place d'une force d'intervention
La Francophonie dispose d'un certain nombre d'atout pour
apporter une contribution plus efficace aux OMP. Constitué d'un ensemble
de 77 pays répartis sur tous les continents et particulièrement
en Afrique. Elle est présente dans tous les organismes des Nations
unies. Représentée au Conseil de sécurité par un
membre permanent (la France) et les membres élus (Vietnam, Burkina Faso,
Liban, Gabon...), à l'assemblée générale, elle est
présente dans tous les groupes régionaux et au Comité
spécial des opérations de maintien de la paix (C34) dont le
secrétariat est assuré depuis longtemps par le Canada. Le DOMP
est assuré par un francophone Alain Leroy. Dans la pratique, des pays
comme le Ghana, le Maroc, le Sénégal et la France assurent une
présence et une expérience dans les OMP. A ceci, on peut ajouter
le rôle historique du Canada dans le concept même des OMP.
La Francophonie doit multiplier les séminaires de
formation aux OMP pour tenir un rôle actif et visible d'acteur dans la
gestion de crise. Elle doit également entreprendre des actions dans le
domaine de l'information, la formation et l'organisation pour répondre
efficacement aux vastes organisations s'exprimant en anglais et aux
procédures complexes de déploiement des missions.
Etant présente sur tous les continents, l'option d'une
force d'intervention doit être envisagée pour contraindre au
besoin par la force les Etats à respecter les valeurs
démocratiques prônées par la Francophonie.
B-Renforcer la communication
sur les outils francophone de médiation des crises politiques
La Francophonie devrait renforcer et valoriser ses propres
outils de médiation, dans leur spécificité et
complémentarité à l'action d'autres intervenants tiers. Il
serait utile que l'organisation s'attache à une capitalisation
systématique du savoir-faire qui se constitue en son sein. Que ce soit
sous forme publications ou de portails internet ou de manière plus
dynamique par le biais des rencontres régulières où les
expériences acquises par la médiation francophone seraient
partagées. Un partage du savoir faire des personnalités de haut
niveau mandatées pour conduire des missions de contacts politique ou de
négociation avec des experts moins expérimentés,
constituerait une forme de renforcement et de pérennité de la
médiation francophone137(*). La Francophonie doit également oeuvrer
à améliorer les moyens dévolus à la
télévision francophone TV5 pour une valorisation à large
échelle des atouts de la Francophonie.
Etant donné que, le monde de la
« médiation professionnelle » est encore largement
un univers anglophone, la Francophonie pourrait également dans le
domaine du savoir-faire palier au déficit de matériaux et
ouvrages en français en appuyant les efforts de capitalisation et de
développement des compétences francophone notamment en
matière de gestion des crises qui affectent les pays ou régions
francophones. A ce niveau, la Francophonie peut aider à mettre en
réseau les praticiens africains francophones et contribuer à la
collecte et à la publication d'ouvrages et matériaux qui
pourraient être utiles aux processus de médiation138(*).
Le développement et la mise à disposition
systématique d'études de pointe et d'actualité, sur les
moteurs des crises en Afrique francophone, leurs acteurs et leurs enjeux
seraient une ressource qui fait encore très largement défaut
aux intervenants tiers dans les processus de paix dans cette
région.
Dans ce chapitre, il a été question de
présenter les aménagements possibles du rôle de la
Francophonie dans la médiation des crises politiques en Afrique
francophone. Il en ressort que, les actions de la Francophonie en faveur de la
médiation des crises politiques doivent être adaptées pour
éviter une dispersion de ses efforts. Pour ce faire, elle doit rendre sa
stratégie plus efficace par l'intégration dans le jeu politique
de tous les acteurs, le renforcement des commissions électorales
nationale et affermir sa magistrature d'influence par une contribution plus
efficace aux OMP et le renforcement de la communication sur les outils
francophone de médiation des crises politiques.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME
PARTIE
Dans cette partie, il a été question de
présenter les limites et les aménagements possibles dans la
médiation de la Francophonie de la crise malgache. Il en ressort que la
Francophonie rencontre d'énormes difficultés qui
l'empêchent de mener à bien ses missions en matière de
médiation des crises politiques en Afrique francophone, et plus
précisément à Madagascar. L'inefficacité de la
médiation à Madagascar s'explique par la stratégie de
l'organisation qui est inadaptée et les moyens d'intervention
limités. Cette situation entache la crédibilité de l'OIF
et l'empêche de s'affirmer comme acteur majeur des relations
internationales. Quant à la modicité des moyens financiers,
elle bride l'action de la Francophonie et fait passer les actions de
l'organisation comme une expression de la volonté française par
d'autres moyens. Une réorientation de la Francophonie lui permettrait de
mieux répondre aux attentes de ses Etats et gouvernements membres. Elle
pourrait envisager dans le cadre d'une paix durable à Madagascar
à l'organisation des élections libres, fiables et transparentes
et contribuer à une vie politique apaisée notamment par la voie
d'une réconciliation nationale et à une implication de la
société civile et surtout au respect de la liberté de la
presse. Pour une action plus globale en faveur de la paix, dans ses Etats et
gouvernements membres, la Francophonie pourrait améliorer la
prévention des crises politiques par le renforcement des sanctions et
des conditions d'adhésion étant donné que la plupart des
crises dans ses Etats membres à généralement pour cause
principale la rupture de la démocratie. La Francophonie pourrait
également renforcer sa politique en matière de
médiation à travers le renforcement des conditions d'intervention
avec ses partenaires internationaux dans les crises.Tout ceci nous
ramène à rejoindre le débat Mearsheimer et keohane sur le
rôle des institutions dans la résolution des conflits et la
consolidation de la paix. Ainsi John Mearsheimer, dans son article
intitulé « the false promise of international
institutions » affirme que les institutions internationales
ne sont pas liées à la stabilité politique et n'ont pas
une influence majeure sur les questions de guerre et de paix. Il définit
les institutions comme « un ensemble de règles qui
stipulent les façons dont les Etats doivent coopérer et rivaliser
les uns avec les autres »139(*). Il se réfère aux théories de
l'institutionnalisme pour illustrer son manque de confiance dans
l'efficacité des institutions internationales notamment
l'institutionnalisme libéral qui met l'accent sur la coopération
économique et environnementale comme un moyen d'éviter la guerre,
puis, la sécurité collective qui traite de la prévention
de la guerre en rejetant l'usage de la force par l'écrasement
immédiat de toute menace de guerre, en interdisant aux Etats d'agir par
intérêt. Il dit de la théorie critique qu'elle adopte une
approche révolutionnaire et s'efforce de changer la structure de la
politique afin de rendre la coopération inévitable et
créer les conditions d'une paix durable. Mearsheimer affirme que, bien
que les conditions de stabilité et de coopération ont eu
lieu « la coopération entre les Etats a ses limites,
principalement parce qu'il est contraint par la logique dominante de la
concurrence de sécurité, auquel aucune somme de
coopération peut éliminer »140(*). Robert keohane et Lisa
Martin dans leur article intitulé « the promise of
institutionalisttheory » tenteront d'apporter une
réponse à Mearsheimer. Ils montrent que les institutions
internationales remplissent leurs « promesses » notamment
par un tour d'horizon des recherches théoriques et empiriques sur les
institutions internationales. Dans cette optique, il faut se demander de quelle
manière les institutions comptent, et non plus seulement si elles
comptent. Pour eux, les Etats ne cherchent pas toujours un gain relatif. Leur
importance est conditionnelle à des facteurs tels que le nombre
d'acteurs majeurs dans le système.
CONCLUSION GENERALE
Parvenu au terme de ce travail, il était question de
montrer le rôle joué par la Francophonie dans la médiation
de la crise politique malgache.
Pour ce faire, il a été dans un temps question
de s'appesantir sur la médiation de la Francophonie dans la crise
malgache. Il en ressort que, depuis l'adoption des déclarations de
Bamako de novembre 2000, et de Saint Boniface de mai 2006, la Francophonie a
acquis une nouvelle dimension politique pleinement reconnue par ses partenaires
internationaux tels que les Nations unies, l'UA, l'UE etc. On voit de plus en
plus la Francophonie s'intéresser aux questions d'actualité sur
la scène politique internationale, notamment la médiation des
crises politiques à travers l'appui aux processus de sortie de crise et
de transition.
La Francophonie s'est impliquée dans la recherche de la
paix en République Démocratique du Congo, à Haïti,
aux Comores, en République Centrafricaine, au Togo, en Mauritanie pour
ne citer que ces cas. Le rôle du Secrétaire général
et l'extension de ses compétences après l'adoption de la charte
rénovée de 2005 à Antananarivo lui ont permis d'occuper
une place on ne peut plus importante. Dès la mise en place du dispositif
de Bamako, le rôle institutionnel qui est le sien notamment celui de
saisir les instances de la Francophonie et son suivi des crises sur les lieux
de leur déroulement à travers les missions d'envoyés
spéciaux ou de représentant spécial n'a cessé
d'apporter une plus- value à l'action de l'Organisation.
Depuis l'éclatement de la crise politique à
Madagascar en mars 2009, la Francophonie en collaboration avec ses partenaires
internationaux a mené plusieurs actions visant à rétablir
l'ordre constitutionnel. Elle a soutenu dans le cadre du groupe international
de contact sur Madagascar, le processus de transition et de sortie de crise
qui a conduit à la conclusion des accords de Maputo (du 8 au 9
août 2009) et d'Addis-Abeba (6 novembre 2009) malgré l'impasse
dans la mise en oeuvre dû à l'objection des partisans de la
mouvance Rajoelina qui craignent de perdre leur privilèges. La
Francophonie a par la suite accompagné le processus électoral
à Madagascar en participant à l'encadrement juridique du
système électoral malgache, à l'amélioration du
fichier électoral et au renforcement de la commission
électorale nationale indépendante. Il a été
nécessaire dans une seconde partie de notre recherche, de
présenter les limites et les mesures correctives dans la
médiation francophone de la crise malgache. A travers une analyse de
celle-ci, il en ressort que la Francophonie a rencontré d'énormes
difficultés qui ont entachées sa mission à Madagascar.
L'inefficacité de la médiation à Madagascar s'explique
par la stratégie de l'organisation qui est inadaptée et les
moyens d'intervention limités. Une réorientation de l'action de
la Francophonie lui permettrait de mieux se déployer dans ses Etats et
gouvernements membres en cas de crise politique. L'organisation des
élections libres, fiables et transparentes et la contribution à
une vie politique apaisée notamment par la voie d'une
réconciliation nationale et à une implication de la
société civile et surtout au respect de la liberté de la
presse pourrait être envisagé dans le cadre d'une paix durable
à Madagascar.
Notre hypothèse semble alors confirmée, la
Francophonie agit dans la crise malgache à travers son dispositif
normatif et institutionnel et les stratégies menées dans le
cadre du groupe international de contact sur Madagascar et l'équipe
conjointe de médiation. Mais ces actions et stratégies
élaborées par la Francophonie présentent des limites
auxquelles on a pu apporter des mesures correctives.
On peut constater au terme de ce travail que la Francophonie
s'engage dans une démarche qui relève plutôt de la
facilitation que de la médiation. La recherche de solutions
consensuelles à travers un dialogue reste la voie
préférée, soit par les missions d'envoyés
spéciaux, soit par un appui financier, logistique ou technique aux
organisations chargées de préparer le dialogue. Les actions de la
Francophonie se déroulent dans la plupart des cas en collaboration avec
celles des autres organisations internationales impliquées dans la
résolution des crises politiques.
REFERENCES
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politique, 2èmeédition revue et mise à
jour, Paris, l'Harmattan, 2006 ;
- SALMON, Jean et al. Dictionnaire de droit international
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- SMOUTS Marie- Claude, BATTISTELA Dario, VENNESSON
Pascal,Dictionnaire des relations internationales, 2e
édition, Paris, Dalloz, 2006 ;
- Dictionnaire Universel, hachette Edicef,
2e édition, 1995.
VII- DOCUMENTS OFFICIELS
- Lettre de la Haute Cour Constitutionnelle malgache
no 79-HCC/G validant la passation du pouvoir du président
à un directoire militaire ;
- L'ordonnance no 2009-001, du 17 mars 2009 portant
sur le transfert de pouvoir du président Ravalomanana à un
directoire militaire ;
- Constitution de la III ème République
de Madagascar ;
- Constitution de la IV ème République
de Madagascar ;
- L'ordonnance no. 2009-002 du 17 mars 2009, portant
transfert de pouvoir du CAPSAT à Rajoelina ;
- Décision no.03 - HCC/D2 du 23 avril 2009,
portant sur la passation de pouvoir du président à un directoire
militaire ;
- Décret no.2009/239 du 17 mars 2009 portant
dissolution du gouvernement malgache.
VIII- TEXTES DE REFERENCES
- Charte de la Francophonie de Hanoï de 1997
- Charte rénovée de la Francophonie de
2005 ;
- Déclaration Bamako ;
- Déclaration de Saint-Boniface ;
- Cadre stratégique décennal
- Plan d'action de Hanoï.
ANNEXES
Annexe 1 :Accord politique de Maputo
Dans le cadre du mandat de l'Equipe Conjointe de
Médiation pour Madagascar sous l'égide de l'Union Africaine (UA),
de la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC),
de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et de l'Organisation
des Nations Unies (ONU),
Ayant échangé des points de vue sur un certain
nombre de questions visant à la résolution durable de la crise
à Madagascar
Ayant, en particulier, considéré l'annulation
des charges relatives aux évènements de 2002 et du cas du
Président Ravalomanana
Déterminés dans un esprit de
réconciliation et avec la volonté de placer
l'intérêt national au-dessus des intérêts
particuliers
S'engageant sur une Charte des Valeurs prônant la
non-violence, la tolérance, le pardon, la réconciliation et le
respect mutuel
Nous, les quatre chefs de file réunis au Centre
International de Conférences Joachim Chissano à Maputo,
Mozambique, du 5 au 8 août 2009, décidons de signer l'accord
politique de Maputo et de nous engager à le respecter et
à le mettre en oeuvre.
I - De la Transition
Article 1
La transition sera neutre, inclusive et consensuelle, en vue
de l'organisation d'élections régulières et transparentes
et de la mise en place d'institutions démocratiques et stables.
II - De la durée de la Transition
Article 2
La Transition prendra fin après la tenue
d'élections crédibles et transparentes et la mise en place des
nouvelles institutions de la République malgache. L'organisation du
referendum sur la Constitution et des élections présidentielles
et législatives aura lieu dans un délai n'excédant
pas quinze mois à compter de la date de la signature de l'Accord
politique de Maputo.
III - De la mission de la Transition
Article 3
La mission de la Transition est de :
· Assurer
la continuité de l'Etat et le respect de ses engagements nationaux et
internationaux ;
·
Rétablir l'ordre et la sécurité ;
· Initier
le processus « Vérité et
Réconciliation » ;
·
Concevoir et mettre en place des structures étatiques dans le respect
mutuel des diversités dans l'unité ;
·
Organiser les consultations populaires (referendum sur la constitution et
élections) devant instaurer un nouvel ordre constitutionnel et mettre en
place les institutions républicaines et démocratiques.
IV- Les institutions de la Transition
Article 4
Les institutions de la Transition sont composées
de :
· Le
Président de la Transition
· Le
Gouvernement d'Union nationale de la Transition ; un Premier ministre de
consensus ; trois Vice-Premiers ministres et 28 Ministres
· Un
organe législatif bicaméral de la Transition comprenant le
Conseil Supérieur de la Transition -CST- (Chambre Haute à
65 membres) et le Congrès de la Transition -CT- (Chambre Basse à
258 membres)
· Le
Conseil national de réconciliation (CNR)
· Le
Conseil économique et social de la Transition (CES)
· Le
Comité de réflexion sur la défense et la
sécurité nationales (CRDSN)
· La
Haute cour de la Transition (HCT)
· La
Commission électorale nationale indépendante (CENI)
V- Participation aux élections
organisées par la Transition
Article 5
Les membres du Gouvernement de Transition s'engagent à
ne pas se présenter à l'élection présidentielle
organisée par la Transition.
VI- Organisation des élections
Article 6
Les mouvances politiques réaffirment leur
volonté d'organiser les élections présidentielles et
législatives et le referendum sur la constitution dans un délai
n'excédant pas quinze mois à partir de la date de la signature de
l'Accord politique de Maputo, ce après une évaluation
indépendante conduite par des experts nationaux et internationaux
de l'UA, de la SADC, de l'OIF et de l'ONU. Le processus électoral
bénéficiera du soutien de la Communauté internationale.
Les élections seront observées par des observateurs nationaux et
internationaux.
VII- Annulation, amnistie et réconciliation
nationale
Article 7
Dans un but d'apaisement politique et social, et afin de
favoriser le processus de réconciliation nationale, le Conseil national
de réconciliation soumettra pour adoption au Congrès de la
Transition, une proposition de loi d'amnistie générale. La loi
d'amnistie respecte scrupuleusement les règles, les principes
généraux et coutumiers, du droit international public ainsi que
les traités ou accords internationaux en vigueur gouvernant la
répression des crimes de guerre, des crimes de génocides et des
crimes contre l'humanité. Dans le respect des mêmes règles
et principes, elle ne couvre ni n'exonère les violations graves des
Droits de l'Homme et des libertés fondamentales protégés
par les instruments régionaux et internationaux liant la
République de Madagascar. Elle n'annule pas les crimes et délits
constitutifs d'atteinte à la vie, à l'intégrité
physique des personnes.
Article 8
La loi d'amnistie s'entend dans le strict respect de la
présomption d'innocence. Elle clôt définitivement toute
poursuite de quelque nature que ce soit et ce devant toutes les juridictions ou
instances. Elle éteint l'action publique. Elle annule toutes les
condamnations et sanctions administratives de quelque nature que ce soit,
définitivement prononcées ou non.
Article 9
L'amnistie fait l'objet d'un projet de loi adopté
par les mouvances politiques lors des négociations lors de l'hôtel
Carlton à Antananarivo et annexé au présent Accord. Il est
inscrit en priorité à l'ordre du jour des deux chambres (CST et
CT) pour ratification lors de leurs premières sessions.
Article 10
Sont couverts par la loi d'amnistie toutes les infractions,
manquements et fautes, quels que soient leur nature, leur objet ou leur
qualification, commis durant l'exercice de leur fonction ou de leurs
responsabilités par l'ensemble des personnes ayant eu en charge
les fonctions de direction ou d'exécution au sein de l'Etat, ainsi que
celles de responsables politiques entre le 1er janvier 2002 et la
date de signature du présent Accord.
Sont nulles et de nul effet toutes poursuites,
décisions, condamnations judiciaires ou administratives ayant
été faites sur la base des infractions et faits de nature
politique maquillés en infractions de droit commun.
Article 11
Toute personne bénéficiaire de l'amnistie est
remise en liberté sans délai et recouvre, sans autres
formalités, ses droits civils et politiques.
Article 12
La loi d'amnistie entre en vigueur après sa
promulgation et sa publication au journal officiel de Madagascar.
Article 13
Toute personne victime des évènements politiques
entre 2002 et la date de signature du présent Accord qui aurait subi des
préjudices de quelque nature que ce soit aura droit à une
réparation et/ou à une indemnisation par l'Etat dont les
modalités seront fixées par le CNR.
Article 14
Sont exclus de l'amnistie tous les crimes contre
l'humanité, les crimes de guerre, les crimes de génocides et les
violations graves des Droits de l'Homme.
Article 15
Un fonds national de solidarité (FNS) sera mis en place
afin d'indemniser les ayant-droit et les victimes pour les préjudices
subis lors des évènements politiques de 2002, 2006, 2008 et
2009.
Article 16
Sont nulles et de nul effet toutes les condamnations
judiciaires et toutes les sanctions administratives liées aux
évènements de 2002.
VIII- Statut des anciens Chefs d'Etat
Article 17
Les parties s'engagent à élaborer un statut qui
réservera aux anciens Chefs d'Etat, y compris le Chef d'Etat de la
Transition, la considération due à leur rang passé,
préservera leur dignité et garantira leur
sécurité.
Article 18
Les anciens Chefs d'Etat sont nommés
Sénateurs à vie.
IX- Rédaction de la Constitution de la
IVè République
Article 19
Une Commission nationale de relecture de la Constitution et
des autres textes fondamentaux sera mise en place par le Conseil national de
réconciliation.
X- Dispositions finales : rôle de la
Communauté internationale
Article 20
La mise en oeuvre de cet Accord et le déroulement de la
Transition seront accompagnés par l'Equipe Conjointe pour la
Médiation pour Madagascar avec le soutien du Groupe International de
Contact et des différents partenaires de Madagascar.
Article 21
L'Equipe Conjointe pour la Médiation pour Madagascar,
composée de l'UA, la SADC, l'OIF et l'ONU, est garante de la mise en
oeuvre du présent Accord.
![](Francophonie-et-mediation-des-crises-politiques-en-Afrique-francophone-le-cas-de-Madagascar4.png)
Maputo, le 8 août 2009
Source :
www.madagate.com/editorial/en-bref/1074-madagascar-laccord-politique-de-maputo-texte-integral.html
, du 10 Août 2009, consulté le 12 décembre 2012
Annexe 2 :Acte Additionneld'Addis- Abéba
à la Charte de la Transition Malgache
Les Chefs de file des Mouvances politiques de Madagascar
réunis à AddisAbéba du 3 au 6 Novembre 2009 ont
réaffirmé solennellement leur adhésion totale à
l'Accord politique, à la Charte de la Transition, ainsi qu'aux accords
subséquents signés à Maputo au Mozambique, le 9 août
2009.
Ils se sont engagés à mettre en oeuvre les accords
de Maputo, notamment l'Accord Politique et la Charte de la Transition qu'ils
considèrent comme étant le seul cadre de résolution de la
crise politique malgache.
I.
INSTITUTIONS DE LA TRANSITION
Les chefs de file des mouvances conviennent :
Article 1er
Outre le Président de la Transition, qui exerce les
fonctions de Chef de l'Etat, désigné par la Mouvance Rajoelina,
en la personne de M. AndryRajoelina, il est institué un Conseil
présidentiel composé de deux postes de co-présidents de la
Transition désignés respectivement par :
· la mouvance Zafy, en la personne du Dr. Emmanuel
Rakotovahiny et ;
· la mouvance Ravaomanana en la personne de
M. FetisonRakotoAndrianirina.
Article 2
Les attributions du Président de la Transition demeurent
telles que prévues par la Charte de la Transition. Elles sont
exercées par le Président de la Transition, assisté par
les deux co-présidents du Conseil présidentiel.
Article 3
Le Président de la Transition et les deux
co-présidents de la Transition tiennent une réunion hebdomadaire
pour évaluer la situation de la Nation et prendre ou faire prendre en
Conseil des ministres les mesures nécessaires.
Article 4
Les actes du Président de la Transition, pris en Conseil
des ministres, sont contresignés par les deux co-présidents de la
Transition.
II. MISSIONS DE LA TRANSITION
Article 5
Les Chefs de file ont réaffirmé leur attachement
aux missions de la Transition telles que définies dans la Charte de la
Transition, sans préjudice du pouvoir de révision des engagements
nationaux et internationaux par le Congrès de Transition ou le Conseil
National de Transition.
III. ORGANISATION ET PARTICIPATION AUX ELECTIONS
Article 6
Les Chefs de file des mouvances politiques de Madagascar ont
réaffirmé que l'objectif principal de la Transition est
l'organisation d'élections régulières, transparentes et
crédibles devant conduire à la mise en place des institutions de
la IVeme République.
Ils s'engagent à prendre toutes les mesures, avec la
mobilisation et le soutien de la Communauté Internationale pour
organiser les élections présidentielles et législatives le
plus tôt possible, dans une période n'excédant pas le
délai établi par la Charte de la Transition.
Article 7
Dans un souci de neutralité des prochaines
élections, les Chefs des mouvances politiques de Madagascar
réaffirment leur engagement à respecter l'article 5 de l'Accord
Politique de Maputo, lequel dispose que : « Les membres du
Gouvernement de Transition s'engagent à ne pas se présenter
à l'élection présidentielle organisée par la
Transition. »
En outre, ils décident que si le Président et les
co-présidents de la Transition choisissent de participer à la
prochaine élection présidentielle, ils devront
démissionner de leurs fonctions, 60 jours avant la date de
l'élection présidentielle.
· Dans l'éventualité décrite
à l'alinéa 2 du présent article, l'intérim du
Président de la Transition est assuré par le doyen d'âge
des Co-présidents.
Article 8
Pour accélérer les préparatifs des
élections, les chefs de file des Mouvances demandent à la
Communauté Internationale d'organiser sans délai, la mission
d'expertise électorale prévue à l'article 6 de l'Accord
Politique de Maputo et l'article 33 de la Charte de la Transition.
IV. NOMMINATIONS AU SEIN DES INSTITUTIONS DE LA
TRANSITION
Article 9
Les leaders politiques malgaches décident des nominations
suivantes au sein des institutions de la Transition :
· Président de la Transition, proposé par
la Mouvance Rajoelina, AndryRajoelina ;
· Co-président du Conseil présidentiel de
la Transition, proposé par la mouvance Zafy, Emmanuel
Rakotovahiny ;
· Co-président du Conseil présidentiel de
la Transition, proposé par la Mouvance Ravalomanana,
FetisonRakotoAndrianirina ;
· Président du Congrès de Transition,
proposé par la Mouvance Ravalomanana, Mamy Rakotoarivelo ;
· Président du Conseil Supérieur de
Transition, proposé par la Mouvance Rajoelina ... ? ;
· Président du Conseil National de
Réconciliation proposé par la Mouvance Zafy, Pr. Albert Zafy.
Gouvernement de Transition :
· Premier Ministre, Chef du Gouvernement d'Union
Nationale, Monsieur Eugène Mangalaza
· Vice Premier Ministre M./Mme...
· Vice Premier Ministre M./Mme...
· Vice Premier Ministre proposé par la Mouvance
Ravalomanana.
Article 10
La clé de répartition des responsabilités
au sein des institutions de la Transition est la suivante :
1. Gouvernement
Les 31 portefeuilles ministériels sont répartis
comme suit :
· Mouvance Rajoelina : 6 portefeuilles
· Mouvance Ravalomanana : 6 portefeuilles
· Mouvance Ratsiraka : 6 portefeuilles
· Mouvance Zafy : 6 portefeuilles
· Autres sensibilités* : 7 portefeuilles
2. Autres institutions
a. CONSEIL SUPERIEUR DE LA TRANSITION Les 65 postes de
sénateurs sont répartis comme suit :
· Mouvance Rajoelina : 13 sénateurs
· Mouvance Ravalomanana : 13 sénateurs
· Mouvance Ratsiraka : 13 sénateurs
· Mouvance Zafy : 13 sénateurs
· Autres sensibilités* : 13 sénateurs
b. CONGRES DE TRANSITION
· Mouvance Rajoelina : 52 députés
· Mouvance Ravalomanana : 52 députés
· Mouvance Ratsiraka : 52 députés
· Mouvance Zafy : 52 députés
· Autres sensibilités* : 50
députés
* Autres sensibilités : Ces responsabilités
seront attribuées notamment aux organisations de la Mouvance Rajoelina.
La répartition sera faite par le Président Rajoelina en
concertation avec les co-présidents du Conseil présidentiel et le
Premier ministre.
c. CONSEIL NATIONAL DE RECONCILIATION Les 9 membres du
Conseil National de Réconciliation sont désignés ainsi
qu'il suit :
· 2 par la Mouvance Rajoelina
· 2 par la Mouvance Ravalomanana
· 2 par la Mouvance Ratsiraka
· 3 par la Mouvance Zafy
d. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Le Président du
Conseil Economique et Social est désigné par la
société civile. Les 72 membres du Conseil Economique et Social
sont désignés comme suit.
· Mouvance Rajoelina : 10 membres
· Mouvance Ravalomanana : 10 membres
· Mouvance Ratsiraka : 10 membres
· Mouvance Zafy : 10 membres
· Organisations de la société civile : 32
membres
e. HAUTE COUR DE TRANSITION Sur un total de 11
membres :
· Un membre désigné par le Président
de la Transition ;
· Un membre désigné par le Conseil
Supérieur de la Transition ;
· Un membre désigné par le Congrès
de la Transition ;
· Un membre désigné par le Conseil National
de Réconciliation ;
· Trois membres désignés par le Conseil
Supérieur de la Magistrature ; et
· Quatre membres désignés par les mouvances
politiques (un représentant par mouvance).
Le Président de la Haute Cour de la Transition est
élu par ses pairs.
f. COMMISSION ELECTORALE NATIONALE INDEPENDANTE La CENI est
composée de personnalités expérimentées,
crédibles, compétentes et de grande intégrité. La
CENI sera mise en place par la conférence nationale dès sa
premiere session, au plus tard en décembre 2009.
g. COMITE DE REFLEXION SUR LA DEFENSE ET LA SECURITE
NATIONALES Le Comité de Réflexion sur la Défense et la
Sécurité Nationales est composé de 8 membres
désignés par les mouvances comme suit :
· 2 par la Mouvance Rajoelina
· 2 par la Mouvance Ravalomanana
· 2 par la Mouvance Ratsiraka
· 2 par la Mouvance Zafy
V.
APPLICATION DES ACCORDS ET MECANISME DE SUIVI
Article 12
Les Chefs de file des mouvances politiques de Madagascar
renouvellent leur engagement à appliquer intégralement les termes
de tous les accords signés à Maputo (l'Accord politique, la
Charte de la Transition et les accords subséquents), ainsi que le
contenu du présent acte additionnel.
Article 12
Ils demandent à l'UA de mettre en place, avec la SADC,
l'OIF et l'ONU, un mécanisme de suivi de l'application de la Charte de
la Transition, des accords et du présent Acte Additionnel.
Article 13
Conformément aux articles 20 et 21 de l'Accord Politique de
Maputo, aux articles 36 et 37 de la Charte de la Transition, les institutions
représentées par les membres de l'Equipe Conjointe de
Médiation sont garantes de l'application effective des accords.
· Les institutions représentées dans le
mécanisme de suivi prendront les dispositions utiles pour évaluer
la mise en oeuvre des accords et gérer les éventuels
différends.
Fait à AddisAbéba, le 6 novembre
2009
Ont
signé : RajoelinaAndry Ratsiraka Didier
Ravalomanana Marc Zafy Albert
Ont signé comme
témoins Pour l'Union Africaine : Ablassé
Ouédraogo Pour la SADC : Joaquim Chissano, chef de l'Equipe
Conjointe de Médiation pour Madagascar Pour l'Organisation
Internationale de la Francophonie : EdemKodjo Pour les Nations
Unies : TiébiléDramé
Source :
http://www.madagascar-tribune.com/Acte-Additionnel-d-Addis-Abeba-a,13020.html
consulté le 18 décembre 2012
Annexe 3 :Guide d'entretien avec un haut
fonctionnaire de l'Oif
Dans le cadre de mes recherches pour la rédaction du
mémoire dont le thème est : « Francophonie et
médiation des crises politiques en Afrique francophone : le cas de
Madagascar », j'ai l'honneur de solliciter votre intervention pour
avoir la lumière sur les interrogations suivantes :
1. C'est quoi l'Afrique francophone ?
..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
2. La Francophonie agit-elle dans la médiation des
crises politiques en Afrique francophone ? Si oui comment ?
..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
3. Quelles sont les actions et stratégies de la
Francophonie dans la crise malgache ?
...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
4. Les actions de la Francophonie à Madagascar ont
-elles été efficaces ?
..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
5. Que peuvent être selon vous les limites du rôle
de la Francophonie dans la crise malgache ?
..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
6. Qu'est ce qui explique la résurgence des crises
politiques en Afrique francophone ?
....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
7. Quelles sont selon vous les aménagements possibles
qu'on peut apporter au rôle de la Francophonie dans la médiation
des crises politiques ?
...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Annexe 4 :un extrait de la charte de la
Francophonie deHanoï(1997)
TitreI:Desobjectifs
Article1 : Objectifs
LaFrancophonie, consciente
desliensquecréeentresesmembreslepartagedelalanguefrançaiseetsouhaitantles
utiliserauservicedela paix,dela coopérationetdu développement,
apourobjectifsd'aider:àl'instauration etaudéveloppement dela
démocratie,àlapréventiondesconflitsetausoutienàl'Etatdedroitetauxdroitsde
l'homme ; à l'intensification du dialogue des cultures et des
civilisations ; au
rapprochementdespeuplesparleurconnaissancemutuelle;aurenforcementdeleur
solidaritépardesactionsdecoopérationmultilatéraleenvuedefavoriserl'essorde
leurséconomies.
LaFrancophonierespectelasouverainetédesÉtats,leurslanguesetleurscultures.Elle
observelaplusstricteneutralitédanslesquestionsdepolitiqueintérieure.
Les institutions de la présente Charte concourent,
pour ce qui les concerne, à la
réalisationdecesobjectifsetaurespectdecesprincipes.
L'Agencedecoopérationculturelleettechnique,crééeparlaConventiondeNiameydu20mars1970,estl'AgencedelaFrancophonie.
SaCharte,tellequ'amendéeci-dessous,constituelesupportjuridiquedesinstanceset
organes de laConférence des chefs d'Etat et de gouvernement des
pays ayant le françaisenpartage.ElleestlaChartedelaFrancophonie.
TitreII:Del'organisationinstitutionnelle
Article7:DesfonctionspolitiquesduSecrétairegénéral
LePrésidentdelaConférenceministérielle,dessituationsdecriseoudeconflitdans
lesquellesdesmembres peuvent
êtreousontimpliqués.Ilproposelesmesuresspécifiquespourleurprévention,éventuellementencollaboration
avecd'autresorganisationsinternationales.Les instances de la Francophonie
donnent au Secrétaire général des
délégations
généralesdepouvoirsquidécoulentdesonstatutetquisontliéesauxexigencesdesa
fonction.Notamment,leSecrétairegénéraldécidedel'envoidemissionsexploratoires.
IlproposeauCPFl'envoidemissionsd'observationd'élections.Ilenrendcompte.
Le Secrétaire général fait rapport au
Sommet de l'exécution de son mandat,
conformémentauxdispositionsdel'article3.
Annexe 5 : un extrait du plan d'action de
Hanoï
I. PRINCIPES
4. Nous donnons au secrétaire
général de la Francophonie le mandat de développer
les initiatives politiques susceptibles de contribuer au
règlement pacifique des
conflits en cours, par le canal des opérateurs directs
et reconnus des sommets et
autres acteurs de la Francophonie.
Nous demandons au secrétaire général de
la Francophonie d'intensifier la
coopération avec les organismes internationaux et
régionaux oeuvrant,
notamment, dans le domaine des droits de l'homme.
Nous confions au secrétaire général de la
Francophonie la mission de contribuer,
en tant que de besoin, par l'entremise des instruments de
l'Agence mis à sa
disposition à cet effet, à la consolidation de
l'État de droit et du processus
démocratique.
Nous demandons au secrétaire général de
veiller à la promotion de la coopération
économique et de la solidarité en vue du
développement en s'appuyant sur les
opérateurs et les autres acteurs de la Francophonie.
Annexe 6 : Un extrait de la charte
rénovée de la Francophonie d'Antananarivo (2005)
Préambule
La Francophonie doit tenir compte des mutations historiques et
des grandes
évolutions politiques, économiques,
technologiques et culturelles qui marquent le
XXIe siècle pour affirmer sa présence et son
utilité dans un monde respectueux de la
diversité culturelle et linguistique, dans lequel la
langue française et les valeurs
universelles se développent et contribuent à une
action multilatérale originale et à la
formation d'une communauté internationale solidaire.
La langue française constitue aujourd'hui un
précieux héritage commun qui fonde le
socle de la Francophonie, ensemble pluriel et divers. Elle est
aussi un moyen d'accès
à la modernité, un outil de communication, de
réflexion et de création qui favorise
l'échange d'expériences.
Cette histoire, grâce à laquelle le monde qui
partage la langue française existe et se
développe, est portée par la vision des chefs
d'État et de gouvernement et par les
nombreux militants de la cause francophone et les multiples
organisations privées et
publiques qui, depuis longtemps, oeuvrent pour le rayonnement
de la langue
française, le dialogue des cultures et la culture du
dialogue.
Elle a aussi été portée par l'Agence de
coopération culturelle et technique, seule
organisation intergouvernementale de la Francophonie issue de
la Convention de
Niamey en 1970, devenue l'Agence de la Francophonie
après la révision de sa charte
à Hanoi, en 1997.
Afin de donner à la Francophonie sa pleine dimension
politique, les chefs d'État et de
gouvernement, comme ils en avaient décidé
à Cotonou en 1995, ont élu un Secrétaire
général, clé de voûte du
système institutionnel francophone, de même que la
Conférence ministérielle, en 1998 à
Bucarest, a pris acte de la décision du Conseil
permanent d'adopter l'appellation « Organisation
internationale de la Francophonie ».
À Ouagadougou, en 2004, réunis en Xe Sommet, les
chefs d'État et de gouvernement
ont approuvé les nouvelles missions stratégiques
de la Francophonie et ont pris la
décision de parachever la réforme
institutionnelle afin de mieux fonder la
personnalité juridique de l'Organisation internationale
de la Francophonie et de
préciser le cadre d'exercice des attributions du
Secrétaire général.
Tel est l'objet de la présente Charte, qui donne
à l'ACCT devenue Agence de la
Francophonie, l'appellation d'Organisation internationale de
la Francophoni
Titre II : De l'organisation
institutionnelle
Article 7 : Fonctions politiques
Le Secrétaire général conduit l'action
politique de la Francophonie, dont il est le
porte-parole et le représentant officiel au niveau
international.
Il exerce ses prérogatives dans le respect de celles du
président en exercice du
Sommet et du président de la Conférence
ministérielle.
Le Secrétaire général se tient
informé en permanence de l'état des pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés dans
l'espace francophone.
En cas d'urgence, le Secrétaire général
saisit le Conseil permanent et, compte tenu
de la gravité des événements, le
président de la Conférence ministérielle, des
situations de crise ou de conflit dans lesquelles des membres
peuvent être ou sont
impliqués. Il propose les mesures spécifiques
pour leur prévention, leur gestion et
leur règlement, éventuellement en collaboration
avec d'autres organisations
internationales.
Annexe 7 : Un extrait de la déclaration de
Bamako (3 novembre 2000)
4- Prenons les engagements suivants :
C. Pour une vie politique apaisée
13. Faire en sorte que les textes fondamentaux
régissant la vie démocratique résultent d'un
large consensus national, tout en étant conformes aux
normes internationales, et soient
l'objet d'une adaptation et d'une évaluation
régulières ;
14. Faire participer tous les partis politiques, tant de
l'opposition que de la majorité, à la vie
politique nationale, régionale et locale,
conformément à la légalité, de
manière à régler
pacifiquement les conflits d'intérêts ;
15. Favoriser la participation des citoyens à la vie
publique en progressant dans la mise en
place d'une démocratie locale, condition essentielle de
l'approfondissement de la
démocratie ;
16. Prévenir, et le cas échéant
régler de manière pacifique, les contentieux et les tensions
entre groupes politiques et sociaux, en recherchant tout
mécanisme et dispositif
appropriés, comme l'aménagement d'un statut pour
les anciens hauts dirigeants, sans
préjudice de leur responsabilité pénale
selon les normes nationales et internationales ;
17. Reconnaître la place et faciliter l'implication
constante de la société civile, y compris les
ONG, les médias, les autorités morales
traditionnelles, pour leur permettre d'exercer,
dans l'intérêt collectif, leur rôle
d'acteurs d'une vie politique équilibrée ;
18. Veiller au respect effectif de la liberté de la
presse et assurer l'accès équitable des
différentes forces politiques aux médias publics
et privés, écrits et audiovisuels, selon un
mode de régulation conforme aux principes
démocratiques ;
5- Décidons de recommander la mise en oeuvre
des procédures ci-après pour le
suivi des pratiques de la démocratie, des
droits et des libertés dans l'espace
francophone :
1. Le Secrétaire général se tient
informé en permanence de la situation de la démocratie,
des droits et des libertés dans l'espace francophone,
en s'appuyant notamment sur la
Délégation à la Démocratie et aux
Droits de l'Homme, chargée de l'observation du
respect de la démocratie et des droits de l'Homme dans
les pays membres de la
Francophonie ;
Une évaluation permanente des pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés
dans l'espace francophone sera conduite, à des fins de
prévention, dans le cadre de
l'Organisation internationale de la Francophonie, sur la base
des principes constitutifs
énoncés précédemment. Cette
évaluation doit permettre :
· de définir les mesures les plus
appropriées en matière d'appui à l'enracinement de la
démocratie, des droits et des libertés,
· d'apporter aux Etats et gouvernements qui le
souhaitent l'assistance nécessaire en ces
domaines,
· de contribuer à la mise en place d'un
système d'alerte précoce ;
2. Face à une crise de la démocratie ou en cas
de violations graves des droits de l'Homme,
les instances de la Francophonie se saisissent,
conformément aux dispositions de la
Charte, de la question afin de prendre toute initiative
destinée à prévenir leur
aggravation et à contribuer à un
règlement. A cet effet, le Secrétaire général
propose des
mesures spécifiques :
· il peut procéder à l'envoi d'un
facilitateur susceptible de contribuer à la recherche de
solutions consensuelles. L'acceptation préalable du
processus de facilitation par les
autorités du pays concerné constitue une
condition du succès de toute action. Le
facilitateur est choisi par le Secrétaire
général après consultation du Président de la
Conférence ministérielle, en accord avec
l'ensemble des protagonistes. La facilitation
s'effectue en liaison étroite avec le CPF ;
· il peut décider, dans le cas de
procès suscitant la préoccupation de la communauté
francophone, de l'envoi, en accord avec le CPF, d'observateurs
judiciaires dans un pays
en accord avec celui-ci.
3. En cas de rupture de la démocratie ou de violations
massives des droits de l'Homme 2,
les actions suivantes sont mises en oeuvre :
Le Secrétaire général saisit
immédiatement le Président de la Conférence
ministérielle de la
Francophonie à des fins de consultation ;
La question fait l'objet d'une inscription immédiate et
automatique à l'ordre du jour du CPF,
qui peut être convoqué d'urgence en session
extraordinaire, et, le cas échéant :
· confirme la rupture de la démocratie ou
l'existence de violations massives des droits de
l'Homme,
· les condamne publiquement,
· exige le rétablissement de l'ordre
constitutionnel ou l'arrêt immédiat de ces violations,
Le CPF signifie sa décision aux parties
concernées.
Le Secrétaire général se met en rapport
avec les autorités de fait. Il peut envoyer sur place
une mission d'information et de contacts. Le rapport
établi dans les plus brefs délais par
cette mission est communiqué aux autorités
nationales pour commentaires. Le rapport de la
mission, ainsi que les commentaires des autorités
nationales, sont soumis au CPF, pour toute
suite jugée pertinente.
Le CPF peut prendre certaines des mesures suivantes :
· refus de soutenir les candidatures
présentées par le pays concerné, à des postes
électifs
au sein d'organisations internationales,
· refus de la tenue de manifestations ou
conférences de la Francophonie dans le pays
concerné,
· recommandations en matière d'octroi de visas
aux autorités de fait du pays concerné et
réduction des contacts intergouvernementaux,
· suspension de la participation des
représentants du pays concerné aux réunions des
instances,
· suspension de la coopération
multilatérale francophone, à l'exception des programmes
qui bénéficient directement aux populations
civiles et de ceux qui peuvent concourir au
rétablissement de la démocratie,
· proposition de suspension du pays concerné
de la Francophonie. En cas de coup d'Etat
militaire contre un régime issu d'élections
démocratiques, la suspension est décidée.
Lorsque des dispositions sont prises en vue de restaurer
l'ordre constitutionnel ou de faire
cesser les violations massives des droits de l'Homme, le CPF
se prononce sur le processus de
retour au fonctionnement régulier des institutions,
assorti de garanties pour le respect des
droits de l'Homme et des libertés fondamentales. Il
détermine les mesures
d'accompagnement de ce processus par la Francophonie en
partenariat avec d'autres
organisations internationales et régionales.
Si besoin est, le CPF saisit la Conférence
ministérielle de la Francophonie par le canal de son
Président.
La question de la rupture de la démocratie ou des
violations massives des droits de l'Homme
dans un pays et des mesures prises, reste inscrite à
l'ordre du jour du CPF aussi longtemps
que subsistent cette rupture ou ces violations.
Annexe 8 : Un extrait de la déclaration de
Saint-Boniface (14 mai 2006)
4. Réaffirmons notre volonté de
conforter l'action préventive de l'Organisation
internationale de la Francophonie, telle que prévue par
la Déclaration de Bamako et
dans le Programme d'action annexé à celle-ci,
par une utilisation optimale de ses
capacités, afin de lui permettre de jouer pleinement
son rôle spécifique dans
l'observation, l'alerte précoce, la diplomatie
préventive, la gestion des crises,
l'accompagnement des transitions et la consolidation de la
paix, et ce, dans le cadre
d'une coopération systématique et
rationalisée avec les Organisations
internationales et régionales ;
6. Soutenons les efforts que déploie
le Secrétaire général de la Francophonie
dans l'exercice de son mandat politique et dans la mise en
oeuvre du dispositif
francophone d'alerte précoce, de prévention et
de règlement des conflits, fondé sur
la consolidation de l'Etat de droit, la tenue
d'élections libres, fiables et transparentes,
la promotion d'une vie politique apaisée, d'une culture
démocratique intériorisée et
du plein respect des droits de l'Homme ;
Confirmons, à cet égard, notre
disponibilité
à appuyer pleinement ses initiatives destinées
à engager, aux fins de prévention, le
dialogue avec nos Etats et gouvernements, par des actions
politiques ou de
coopération adaptées, allant de pair ;
Nous engageons, dans ce sens, à fournir
régulièrement des informations sur l'état
de mise en oeuvre des engagements que
nous avons pris à Bamako ;
Annexe 9 : carte administrative de la
République de Madagascar
![](Francophonie-et-mediation-des-crises-politiques-en-Afrique-francophone-le-cas-de-Madagascar14.png)
Source :
www.willgoto.com/images/size3/madagascar_physical_map_2003_ba3b006e63
consulté le 18 décembre 2012
Annexe 10 : Photos des chefs de file des mouvances
politiques malgaches
![](Francophonie-et-mediation-des-crises-politiques-en-Afrique-francophone-le-cas-de-Madagascar15.png)
AndryRajoelina,Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka, Albert
Zafy.
Source :
http://www.rfi.fr/actufr/articles/119/articles
86212.asp consulté le 17 novembre 2012
G à annexe 3 : Madagascar : la technologie
cellulaire autrement
Madagascar-UE: BOREALE et la lumière fut
!
C.A.S.T Georg
COI : Jean Secrétaire
général
Ta-Guy
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT
i
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
RESUME
vi
ABSTRACT
vii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
iii
LISTE DES ANNEXES
ix
SOMMAIRE
x
I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE
2
II-CLARIFICATION CONCEPTUELLE
5
A- FRANCOPHONIE
5
B- LA MEDIATION
6
C- LA CRISE POLITIQUE
8
D- AFRIQUE FRANCOPHONE :
8
III- REVUE DE LA LITTERATURE
9
IV-INTERET DU SUJET
11
V-DELIMITATION DU SUJET
12
A-DELIMITATION TEMPORELLE
12
B-DELIMITATION SPATIALE
12
VI-PROBLEMATIQUE
13
VII-HYPOTHESES DE RECHERCHE
14
VIII-OBJECTIFS DE L'ETUDE
14
A-OBJECTIF PRINCIPAL
14
B- OBJECTIFS SECONDAIRES
15
IX-EXPLICATION THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
15
A- CADRE THEORIQUE
15
B- CADRE METHODOLOGIQUE
17
X- L'ANNONCE DU PLAN DE TRAVAIL
19
PREMIERE
PARTIE :
PRESENTATION DE LA MEDIATION DE LA
FRANCOPHONIE DANS LA CRISE MALGACHE
20
CHAPITRE I: LES FONDEMENTS DE L'ACTION DE
LA FRANCOPHONIE EN FAVEUR DE LA MEDIATION DES CRISES POLITIQUES EN AFRIQUE
FRANCOPHONE
22
Section I : Les fondements
historico-politiques
22
Paragraphe I: Les sources de l'implication de la
Francophonie dans la médiation des crises politiques
22
A- De l'accompagnement des processus de
démocratisation à l'implication dans la prévention et la
résolution des conflits
22
B- Les médiations pionnières
25
PARAGRAPHE II : Un cadre institutionnel comme
expression de la dimension
26
politique
26
A- Le sommet de Hanoi et le mandat confie au
secrétaire général comme affirmation de la dimension
politique
26
B- La médiation francophone
27
Section II : La francophonie et la mise en
place d'une paix durable
30
Paragraphe I : Un dispositif normatif en
faveur de la médiation
30
A- la déclaration de Bamako sur les
pratiques de la démocratie, des droits et des libertés
30
B- La charte rénovée de la
francophonie et la déclaration de saint-boniface sur la
prévention des conflits et la sécurité humaine
33
Paragraphe II : Le savoir-faire francophone
en faveur de la médiation des crises politiques
35
A- La mobilisation d'une expertise d'excellence
36
B-l'exemple des crises centrafricaines et
comoriennes comme expression du savoir- faire francophone
39
CHAPITRE II : ACTIONS ET STRATEGIES DE
LA FRANCOPHONIE DANS LA CRISE MALGACHE
42
Section I : Le soutien au processus de
transition et de sortie de crise à
44
Madagascar
44
Paragraphe I : le rôle de la
Francophonie dans le groupe international de contact sur Madagascar (GIC-M)
44
A- La convocation des chefs de file et la
conclusion des accords inter malgaches
45
B-Impasse dans la mise en oeuvre des accords de
Maputo et adoption de l'acte additionnel d'Addis-Abeba
46
Paragraphe II : le rôle de la
Francophonie dans l'équipe conjointe de médiation sur Madagascar
(ECM)
48
A-Effort de relance du processus de sortie de crise
et impossible solution inclusive
48
B- Le dialogue inter malgaches comme solution
consensuelle à la crise
50
Section II : l'accompagnement du processus
électoral et de sortie de crise à Madagascar
52
Paragraphe I : Le rôle de la
Francophonie dans l'encadrement juridique du système électoral
malgache
53
A- Le renforcement des capacités de la
commission électorale nationale
53
indépendante
53
B- Le renforcement des autres structures
impliquées dans le processus électoral
54
Paragraphe II : Le rôle de la
Francophonie dans l'amélioration du fichier électoral
55
A-L'amélioration de la stratégie
relative à l'organisation des travaux de révision des listes
électorales
55
B- Les recommandations pour la tenue des prochains
scrutins
56
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
59
II EME PARTIE : LES LIMITES ET MESURES
CORRECTIVES ENVISAGEABLES DANS LA MEDIATION FRANCOPHONE DE LA CRISE
MALGACHE
60
CHAPITRE III : LES LIMITES DU ROLE DE
LA FRANCOPHONIE DANS LE GROUPE INTERNATIONAL DE CONTACT ET L'EQUIPE
CONJOINTE DE MEDIATION A MADAGASCAR.
62
Section I : De l'inefficacité de la
stratégie de la Francophonie à Madagascar
62
Paragraphe I : L'inadéquation de la
stratégie aux ambitions préétablies
62
A- Les limites résultant de la
stratégie francophone et celle des partenaires
62
B- La mise en place d'un gouvernement de
transition basé sur le partage de pouvoir
63
Paragraphe II : l'absence de mesures
coercitives et le risque de résurgence de la crise malgache
64
A-L'absence d'actions coercitives
64
B- La possible résurgence de la crise
malgache
65
Section II : Des moyens d'intervention
limités en faveur de la médiation
66
Paragraphe I : La problématique des
moyens humains et du financement des actions de la Francophonie en faveur des
médiations
66
A-L'insuffisance des moyens humains et la
modicité du budget des missions en faveur de la médiation
67
B- La prépondérance de la
participation financière de la France
69
Paragraphe II : Une méconnaissance de
la plus value de la Francophonie en faveur de
71
la paix
71
A- La faible contribution de la Francophonie
aux opérations de maintien de la paix et l'absence d'une force
d'intervention
71
B- Un manque d'appropriation et de
visibilité des actions de la Francophonie par ses Etats membres en
faveur de la paix
73
CHAPITRE IV : LES AMENAGEMENTS
POSSIBLES DU ROLE DE LA FRANCOPHONIE DANS LA MEDIATION DES CRISES POLITIQUES
EN AFRIQUE FRANCOPHONE
75
Section I : Pour une stratégie
francophone plus efficace dans la médiation de la crise malgache
75
Paragraphe I : l'organisation des
élections libres, fiables et transparentes
75
A-L'intégration dans le jeu politique de
tous les acteurs et le renforcement de la commission électorale
nationale indépendante
76
B-Surveiller la neutralité des corps de
défense et de securite
78
Paragraphe II : oeuvrer pour une vie politique
apaisée à Madagascar
78
A-Renforcement des sanctions et des conditions
d'adhésion
79
B- La consolidation des capacités de veille
et le renforcement du système d'alerte précoce
80
Section II : une participation francophone
plus active en faveur de la paix
81
Paragraphe I : Améliorer sa politique
en matière de médiation des crises politiques
81
A-Renforcer les ressources humaines et
financières
81
B-Renforcer les conditions d'intervention avec ses
partenaires
82
Paragraphe II : Pour une magistrature
d'influence francophone
83
A- Une contribution francophone plus efficace aux
opérations de maintien de la paix et la mise en place d'une force
d'intervention
83
B-Renforcer la communication sur les outils
francophone de médiation des crises politiques
84
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
86
CONCLUSION GENERALE
88
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
91
ANNEXES
97
TABLE DES
MATIERES...........................................................................121![](Francophonie-et-mediation-des-crises-politiques-en-Afrique-francophone-le-cas-de-Madagascar16.png) ![](Francophonie-et-mediation-des-crises-politiques-en-Afrique-francophone-le-cas-de-Madagascar17.png)
* 1 MONIERE (D),
Introduction aux théories politiques, Québec, les
classiques des sciences sociales, 1987, P. 12
* 2 ATANGANA AMOUGOU (Jean-
Louis), « Francophonie et résolution des conflits en
Afrique », la Revue internationale des mondes francophones,
no. 2, Printemps-Eté, 2010, p.39
* 3 Cette convention a
été signée sous l'impulsion de Léopold SEDAR
SENGHOR du Sénégal, Hamani DIORI du Niger, Habib BOURGUIBA de
Tunisie, du Prince Norodom SIHANOUK du Cambodge et les représentants de
21 Etats et de gouvernements, elle est chargée de promouvoir et de
diffuser les cultures de ses membres et d'intensifier la coopération
culturelle et technique entre eux.
* 4 MAÏLA
(Joseph), « la notion de crise en Francophonie : entre
dispositif normatif et traitement politique », la revue internationale
des mondes francophones, no. 2, Printemps-Eté, 2010, p.17
* 5 VETTOVAGLIA (Jean-
Pierre) et al, Médiation et facilitation dans l'espace
francophone : Théorie et pratique, Bruxelles, Bruylant, 2010,
Vol 1, p.4
* 6Vennesson (Pascal),
« Renaissance ou obsolète ? La guerre
aujourd'hui », Revue française de science politique, 48
(3-4), juin-août 1998, p.515-534 cité par Faget (Jacques),
« les métamorphoses du travail de paix : Etat des travaux
sur la médiation dans les conflits politiques violents »,
Revue française de science politique, Vol.58, No 2, avril 2008,
p.309
* 7Faget (Jacques),
« les métamorphoses du travail de paix : Etat des travaux
sur la médiation dans les conflits politiques violents »,
Revue française de science politique, Vol.58, No 2, avril 2008,
p.309
* 8 VETTOVAGLIA (Jean- Pierre)
et al, op.cit., p.2
* 9 International Crisis Group,
Madagascar : sortir du cycle de crises, Rapport Afrique no. 156,
18 mars 2010, p. 26.
* 10 Deniau (Xavier), La
francophonie, Paris, Puf, coll. « Que sais-
je ? », 1998, p.9
* 11 Ramel
(Frédéric) et Phan (Trang), « La Francophonie au
prisme des théories : Etats des lieux et perspectives »
dans Guillou (Michel), Phan (ThiHoaiTrang)(dir), Actes des sixièmes
entretiens de la Francophonie. La Francophonie sous l'angle des théories
des relations internationales, Iframond, Université Jean
Moulin-Lyon 3, Lyon, 2007, p.89.
* 12 Lange (Jean Marie),
Une introduction à la médiation, Liège,
cefal, 2003, p.90, cité par Tsakadi (Komi)« approche
terminologique et typologie de la médiation et de la
facilitation » dans, Médiation et facilitation dans
l'espace francophone : Théorie et pratique, VETTOVAGLIA
(Jean- Pierre) et al, op.cit., p.11
* 13Faget (Jacques),
« Les métamorphoses du travail de paix : Etat des travaux
sur la médiation dans les conflits politiques violents »,
Revue française de science politique, Vol.58, No 2, avril 2008,
p.311
* 14 Voir Convention de la
Haye sur le règlement pacifique de conflits internationaux du 20 Juillet
1899 et la
Convention de la Haye sur le règlement pacifique des
conflits internationaux du 18 Octobre 1907
* 15Salmon (Jean) et al.
Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant, 2001,
p. 688
* 16 I. William ZARTMAN et
Saadia TOUVAL, « International Mediation : Conflict Resolution
and Power Politics » in Journal of Social Issues, Vol.41, No
2, 1985, p.27-45
* 17 L'école
réaliste a une « Approche fondée sur l'obtention de
la puissance par les Etas afin de préserver lapaix »,
selon DAVID (Charles- Philippe), la guerre et la paix : approches
contemporaines de la sécurité et de la stratégie,
Paris, Presses des Sciences Po, 2006, p. 369
* 18 L'école
libérale prône « Une approche positive de la
paix, fondée sur l'établissement de valeurs, de réseaux et
de mécanismes multilatéraux pouvant assurer à long terme
la pérennité d'un système international
stable » selon David (Charles-Philippe),op.cit, p.367
* 19Miall (Hugh) and
Ramsbotham(Oliver) and Woodhouse (Tom), Contempory Resolution
Conflict, Cambridge, Polity Press, 1999, p.159,cité par David
(Charles-Philippe), op.cit, p.296
* 20Faget (Jacques),
« Les métamorphoses du travail de paix : Etat des travaux
sur la médiation dans les conflits politiques violents »,
Revue française de science politique, Vol.58, No 2, avril 2008,
p.309-333
* 21Salmon (Jean) et al.
Op.cit.p.688
* 22Smouts(Marie- Claude),
Battistela (Dario), Vennesson (Pascal), Dictionnaire des relations
internationales,2e édition,Paris, Dalloz,
2006,p. 375
* 23Ibid. p. 45
* 24Lakehal (Mokthar),
Dictionnaire de science politique,2e édition revue
et mise à jour Paris, l'Harmattan, , 2006, pp.118
* 25Deniau (Xavier), op.cit.,
p.39
* 26 Olivier (L), Bernard(G)
et Ferron(J), L'élaboration d'une politique de recherche,
Paris, l'Harmattan, 2005, p.24
* 27 Auteur, ancien
représentant personnel du président de la
confédération Suisse pour la Francophonie
* 28 VETTOVAGLIA (Jean-
Pierre) et al,op.cit.p.910
* 29 Ibid. P.1
* 30VETTOVAGLIA (Jean-
Pierre) et al,op.cit. P.3
* 31Ibid. p.2
* 32 Elle est appelée
« île rouge » pour son abondante latérite qui
colore ses plateaux.
* 33Ibid.
* 34 GRAWITZ (Madeleine)
Méthodes des Sciences Sociales, II ème édition,
Paris, Dalloz, 2001, p.4
* 35 BEAUD (Michel),
L'Art de la thèse, Paris, la découverte, 1985, pp. 31
* 36 GRAWITZ (Madeleine),
Op.cit, p.256
* 37Daigneault (P.M) (dir),
« Les approches théoriques en évaluation »,
Cahiers de la performance et de l'évaluation, printemps, no 4,
p.12
* 38Mearsheimer (John),
« The false promise of international institutions »,
international Security, winter, vol.19, no 2, 1994-1995,p.8,
accessible sur
http://www.jstor.org/stable/2539078
consulté le 10 décembre 2012
* 39 Ibid. P.9
* 40 Peters
(B.Guy), « InstitutionnalTheory in political
science », Londres, Pinter, 1999 cité par Giugni
(Marco), « ancien et nouvel institutionnalisme dans l'étude de
la politique contestataire » danspolitique et
société, vol 21, no 3, 2002, p.69-90, disponible sur
http://id.erudit.org/iderudit/000494ar
consulté le 15 novembre 2012
* 41 GRAWITZ
(Madeleine),op.cit., p.351
* 42 QUIVY (Raymond) et Van
CAMPENHOUDT (Luc) , Manuel de recherche en sciences sociales, Paris,
DUNOD, 2e édition entièrement revue et
augmentée, 1995, p.65
* 43 Source PNUD, citée
dans le rapport 2006-2008 du Secrétaire Général de la
Francophonie, citée par VALANTIN (Christian) ,Une histoire de la
Francophonie (1970-2010). De l'Agence de coopération culturelle et
technique à l'OIF, Paris,Belin, 2010, p 147
* 44 Organisation
Internationale de la Francophonie, « Rapport du Secrétaire
Général de la Francophonie de Québec à Montreux
2008-2010 », Paris, OIF, 2010.
* 45Desouches (Christine),
« Médiation et Francophonie : principes, démarche
et pratique » dansVettovaglia (Jean- Pierre) et
al.Médiation et facilitation dans l'espace francophone :
Théorie et pratique,Bruxelles, Bruylant, 2010, Vol 1, p.277
* 46Valantin (Christian),
« Léopold Sédar Senghor et la réunion des chefs
d'Etat et de Gouvernement des pays francophones », dans la
Francophonie aujourd'hui et demain. PUSJ. P.37, cité par Tabi
Manga (Jean), Francophonie, lieu de mémoire, projet d'espoir,
Yaoundé, Afrédit, février 2010,
p.43-44
* 47Tabi Manga (Jean),op.cit,
p.48-49
* 48Desouches (Christine),
op.cit. , p.279
* 49Ibid. p.282
* 50 Ibid. p.281
* 51 Article 1 de la Charte
de la Francophonie (Hanoi 1997)
* 52 Article 7 de la Charte
de la Francophonie (Hanoi 1997)
* 53 Article 4 Plan
d'action du sommet de Hanoi
* 54Desouches (Christine),
op.cit., p.288
* 55 Ibid. p. 288
* 56Ibidp. 289
* 57 Organisation
internationale de la francophonie, « Rapport du Secrétaire
général de la Francophonie :de Beyrouth à Ouagadougou
2002-2004 », Paris, OIF, 2004.
* 58Desouches (Christine),
op.cit., p.289
* 59Desouches (Christine),
op.cit., p.290
* 60Desouches (Christine),
op.cit. p.293
* 61 Idem. p.293
* 62 Phan (Trang)- Guillou
(Michel), Francophonie et mondialisation. Histoires et institutions des
origines à nos jours, Belin, Paris, 2011 p.254
* 63 Extrait du
préambule de « la Charte de la Francophonie »,
Organisation Internationale de la Francophonie, 23 novembre 2005
* 64Article 7 de la
« Charte de la Francophonie », Organisation Internationale
de la Francophonie, 23 novembre 2005
* 65 Article 4 de la
« déclaration de Saint-Boniface », Organisation
Internationale de la Francophonie, 14 mai 2006
* 66 Article 6, Organisation
Internationale de la Francophonie, 14 mai 2006
* 67Desouches (Christine),
op.cit., p.302
* 68Ibid. p.302
* 69 Organisation
Internationale de la Francophonie, « Rapport du Secrétaire
Général de la Francophonie de : Ouagadougou à
Bucarest 2004-2006 », Paris, OIF, 2006, p.23
* 70 Organisation
Internationale de la Francophonie, « Rapport du Secrétaire
Général de la Francophonie de : Ouagadougou à
Bucarest 2004-2006 », Paris, OIF, 2006, p.16.
* 71 Organisation
Internationale de la Francophonie, op.cit. p.18.
* 72 Organisation
Internationale de la Francophonie, op.cit., p.17.
* 73Organisation
Internationale de la Francophonie, op.cit., p.19
* 74 Le gouvernement
malgache aurait conclu un accord avec Daewoo Logistics, une
société sud-coréenne pour lui louer la moitié des
terres cultivables du pays soit 1,3 millions d'hectares pendant 99 ans, alors
que la grande île n'arrive pas à produire suffisamment de
denrées alimentaires pour sa propre consommation. C'est l'annonce de
cet accord qui choque la population. Voir International Crisis Group,
Madagascar : sortir du cycle de crises, Rapport Afrique no. 156,
18 mars 2010, p.3.
* 75 « L'affaire
Boeing » éclate lorsque la presse rend public l'achat d'un
nouvel avion présidentiel, Air Force One II, pour un montant de 60
millions de dollars. Cet achat suscite immédiatement d'intenses
débats sur l'utilisation des fonds publics. Si l'achat d'un premier
avion présidentiel en 2002 n'avait guère
généré de protestations, l'acquisition du second a lieu
après six ans de présidence de Ravalomanana marqué par une
patrimonialisation progressive de l'appareil d'Etat qui va de pair avec un
fort mécontentement populaire. Cet achat fait également
réagir la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International.
Voir International Crisis Group, Madagascar : sortir du cycle de
crises, Rapport Afrique no. 156, 18 mars 2010, p.3.
* 76 Le président
Ravalomanana ordonne la fermeture de la télévision Viva de
Rajoelina, après diffusion d'un entretien avec l'ancien président
Didier Ratsiraka en exil à Paris, lequel aurait émis des
« propos susceptibles de troubler l'ordre publique ». Voir
International Crisis Group, Madagascar : sortir du cycle de
crises, Rapport Afrique no. 156, 18 mars 2010, p.3.
* 77 Mathieu Pellerin,
« Madagascar : un conflit d'entrepreneurs ? »,
politique africaine, no.113, mars 2009.p.152
* 78
« Madagascar : chronologie d'une révolte
annoncée », TV5 Monde,
http://www.tv5.org consulté le 7
mai 2012
* 79 « A
AnalakelyRajoelina appelle à la grève », L'Express
de Madagascar, 26 janvier 2009,
www.allafrica.com/stories/200901260100.html
, consulté le 7 mai 2012
* 80 « Des
centaines de milliards de pertes pour les opérateurs »,
Midi Madagasikara du 28 janvier 2009,
www.allafrica.com/stories/200901280100.html
consulté le 7 mai 2012
* 81 « Au moins 68
morts à Madagascar depuis lundi », Liberation.fr du 29 janvier
2009,
www.liberation.fr/monde/0101315618-au-moins-68-morts-a-madagascar-depuis-lundi,
consulté le 7 mai 2012
* 82 « Le maire
d'Antananarivo défie l'autorité du président »,
Reuters, 31 janvier 2009,
www.infomag.ma/index.php/2001-Le.html
consulté le 7 mai 2012
* 83 « Madagascar
s'enfonce dans la crise, le bilan de la fusillade s'alourdit »
Agence France Presse, du 7 février 2009,
www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gDgoklii90f716nuAijyFxsiH1bq
consulté le 7 mai 2012
* 84 International Crisis
Group, Madagascar : sortir du cycle de crises, Rapport Afrique
no. 156, 18 mars 2010, p.6
* 85 « Le bloc
régional d'Afrique australe suspend Madagascar et invite Rajoelina
à partir », TopMada.com, du 30 mars 2009,
www.zinfos974.com/le-bloc-regional-d-afrique-australe-suspend-Madagascar-et-invite-TGV-a-partir_a5301.html,
consulté le 2 décembre 2012.
* 86
« Communiqué de la 181 ème réunion du Conseil de
paix et de sécurité », Union Africaine, 20
mars 2009
* 87 Organisation
Internationale de la Francophonie, « Rapport du Secrétaire
Général de la Francophonie : de Québec à
Montreux 2008-2010», Paris, OIF, 2010.
* 88 International Crisis
Group, op.citp. 26.
* 89 Organisation
Internationale de la Francophonie, « Rapport du Secrétaire
Général de la Francophonie : de Montreux à
Kinshasa 2010-2012 », Paris, OIF, 2012, p.68
* 90 « Rapport du
Président de la commission à la 216 ème réunion du
Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA sur la situation à
Madagascar », Union Africaine, 19 février 2010 p.2
* 91 Homme d'affaires et
homme politique malgache, né le 12 décembre 1949 à
Imerinkasinina (banlieue de Tananarive). Il fut président de la
république de Madagascar du 6 mai 2002 au 17 mars 2009. Il est à
la tête du Tiako I Madagasikara (TIM), littéralement
« J'aime Madagascar ».
* 92AndryNirinaRajoelina est
né le 30 mai 1974. Il fut Maire de Tananarive du 12 décembre
2007 au 3 février 2009. Il est à la tête du
TanoramalaGasyVonona (TGV), littéralement « Jeunes malgaches
déterminés »
* 93 Didier Ratsiraka est un
militaire et homme politique malgache, né le 4 novembre 1936 à
Vatomandry. Il est surnommé l'amiral rouge. Il a été
président de 1975 à 1993. En 1991, l'opposition réclame
son départ. Le 31 octobre, une Haute autorité de l'Etat pour la
transition est mise en place. Ratsiraka reste symboliquement président,
mais Albert Zafy prend en charge les affaires nationales. En 1993, Zafy
remporte les élections présidentielles. Il sera destitué
par le parlement en 1996 et perdra les élections présidentielles
quelques mois plus tard au profit de Ratsiraka. En 2001, les élections
présidentielles provoquent une crise dont Marc Ravalomanana sortira
vainqueur. Didier Ratsiraka est à la tête de l'Avant-garde pour
la rénovation de Madagascar (Arema).
* 94 Albert Zafy, est
médecin et homme politique malgache, né le 12 décembre
1927 à Ambilobe. Il est à la tête du Conseil de
réconciliation nationale (CRN). Il est surnommé l'homme au
chapeau de paille.
* 95International Crisis
Group, op.cit, p.28
* 96 Ibid. p.2
* 97
http://www.madagascar-tribune.com/Acte
-Additionnel-d-Addis-Abeba-a, 13020.html, consulté le 5 octobre 2012.
* 98
http://www.madagascar-tribune.com/Acte
-Additionnel-d-Addis-Abeba-a, 13020.html, consulté le 5 octobre 2012.
* 99 Rapport du
Président de la commission à la 216 ème
réunion du Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA sur la
situation à Madagascar p.4
*
100 Communiqué de la 4 ème
réunion du Groupe International de Contact sur Madagascar, Groupe
international de contact, 6 janvier 2010.
* 101 Rapport du
Président de la commission à la 216 ème
réunion du Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA sur la
situation à Madagascar p.9
*
102 Communiqué de la 5 ème
réunion du Groupe international de contact sur Madagascar, Groupe
international de contact, 18 février 2010.
*
103 Communiqué de la 216 ème
réunion du Conseil de Paix et de Sécurité, op.cit.
* 104International Crisis
Group, Madagascar : sortir du cycle de crises, op.cit,
p.30
* 105Ibid. p.17
* 106 International
Crisis Group, Madagascar : la crise a un tournant
critique ?, Rapport Afrique no. 166, 18 novembre 2010,
p.17
* 107International Crisis
Group, op cit, p.18
* 108 « Rajoelina
snobe l'UA », L'Express de Madagascar, du 5 mars 2010,
www.allafrica.com/stories/201003050670.html
du 5 mars 2010, consulté le 2 décembre 2012
* 109 Sylvain Urfer,
« quand les Eglises entrent en politique », Politique
africaine, no. 52, décembre 1993, accessible sur
http://www.politique-africaine-com/numeros/pdf/05203.pdf,
consulté le 29 novembre 2012
* 110Accessible sur
http://www.francophonie.org/Le-secretaire-général-de-la-francophonie,37735.html
consulté le 6 novembre 2012.
* 111Organisation
Internationale de la Francophonie « Rapport de la mission
francophone d'évaluation du processus électoral de sortie de
crise à Madagascar », op.cit. P.8
* 112Voir, «
Proposition d'un cadre d'action de la Francophonie pour l'accompagnement du
processus électoral de sortie de crise à Madagascar ».
P.3 du « Rapport de la mission francophone d'évaluation
du processus électoral de sortie de crise à
Madagascar », op.cit. p.3
* 113 Ibid.p3
* 114 Ibid. P.3
* 115 Ibid. p.4
* 116 Organisation
Internationale de la Francophonie, « Rapport de la mission
francophone d'évaluation du processus électoral de sortie de
crise à Madagascar », op.cit. P.9
* 117 Ibid. p.9
* 118 C'est la plus petite
unité administrative à Madagascar
* 119 Voir, «
Proposition d'un cadre d'action de la Francophonie pour l'accompagnement du
processus électoral de sortie de crise à Madagascar. P.1 du
« Rapport de la mission francophone d'évaluation du processus
électoral de sortie de crise à Madagascar », op.cit.
* 120
www.rfi.fr/afrique/20120802-nouveau-calendrier-électoral-madagascar-election-presidentielle,
publié le jeudi 2 août 2012, consulté le 8 novembre 2012
* 121 Ibid.
* 122 L'Arema de Ratsiraka n'a
obtenu que trois sièges au parlement en 2002 et aucun en 2007, et le
CRN de Albert Zafy n'en a obtenu aucun aux deux derniers scrutins.
* 123MonneyMouandjo
(Stéphane), La démocratie au Sud et les Organisations
Internationales : analyse comparée des missions internationales
d'observation des élections des pays membres du Commonwealth et des pays
membres de l'Organisation Internationale de la Francophonie, thèse
de doctorat, Université de Reims Champagne-Ardenne, 2007-2008, p.429
* 124
www.francophonie.org/Le-budget
, consulté le 5 novembre 2012.
* 125
www.francophonie.org/Le-budget
, consulté le 5 novembre 2012.
* 126Trinquand
(Dominique), « la contribution de la Francophonie aux
opérations de maintien de la paix», la revue internationale des
mondes francophones, no. 2, Printemps - Eté, 2010, p.30
* 127Trinquand
(Dominique), op.cit. P.31
* 128Idem. P.31
* 129 Voir article 1 de la
Charte de la Francophonie
* 130 International Crisis
Group, Madagascar : sortir du cycle de crises, op.cit, p.32
* 131Ibid. p.33
* 132 Ibid. P.33
* 133 Voir article 3, chapitre
5 de la déclaration de Bamako de novembre 2000.
* 134 Voir chapitre III,
paragraphe C du texte portant statuts et modalités d'adhésion
à la conférence des Chefs d'Etats et de Gouvernement des pays
ayant le français en partage, adopté au sommet de Beyrouth (2002)
et amendé au Sommet de Bucarest (2006).
* 135Desouches (Christine),
op.cit, p.325
* 136Vettovaglia (Jean
-Pierre), « les dix commandements du médiateur et de la
médiation », dans Vettovaglia (Jean -Pierre) et
al.Médiation et facilitation dans l'espace francophone :
Théorie et pratiqueop.cit p.781
* 137Greminger(Thomas) et
Mottet (Carol), « le point de vue de la Suisse sur la
médiation et la facilitation francophone en Afrique» dans
Vettovaglia (Jean -Pierre) et al. Médiation et facilitation dans
l'espace francophone : Théorie et pratique, op.cit, p.340.
* 138 Idem. P.340
* 139Mearsheimer (John),
« The false promise of international institutions »,
international Security, winter, vol.19, no 2, 1994-1995,
p.8 accessible sur
http://www.jstor.org/stable/2539078
consulté le 10 décembre 2012
* 140Mearsheimer (John),
op.cit. P.9
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