II.1.6. LE POUVOIR
COUTUMIER
Il est encore influent et respecté dans plusieurs
régions du Tchad. Parallèlement aux structures de droit modernes,
les autorités traditionnelles, dont les attributions sont fixées
par la constitution (cf. le décret N°102/PR/INT/du 06 mai 1970
portant statut de la chefferie), administrent partiellement la pêche au
Tchad.
Ce pouvoir traditionnel est souvent garant d'une bonne gestion
des ressources halieutiques. L'existence des mécanismes traditionnels
dans la gestion des pêcheries est réelle, notamment celle des Lacs
de Léré a été riche en expérience dans la
gestion intégrée et l'exploitation plus rationnelle des
ressources halieutiques. En effet, le Gong de Léré est reconnu
comme le propriétaire des terres et eaux. À ce titre, il est le
dépositaire de tous les pouvoirs relatifs à la gestion des
ressources naturelles. Il veille à l'application des droits d'usage, des
règles de gestion et le respect des interdits. En veillant ainsi au
maintien de l'ordre, le Gong est rarement contesté dans ses discisions
et ses ordres car les déviants peuvent se heurter à des sanctions
ou à des malédictions graves, bref il est craint, respect et
écouté en pays moundang.
II.2. ORGANISATION DES ZONAGES ET UTILISATION DES SURFACES DES
LACS.
Les lacs de Léré et Tréné sont
aujourd'hui morcelés en plusieurs zones et à chacune correspond
une activité précise. Les modes d'exploitation de ces zones sont
diverses et variées. Cinq zones ont été
identifiées dont certaines ont été
aménagées. Il s'agit de :
- Zones banales (ZB)
- Zone de protection intégrale (ZPI)
- Zone de mis en défens (ZMD)
- Zone tampon à des activités
agropastorales
- Zone du chef ou domaine du Gong.
Carte 4 : carte de zonation pour une gestion durable
des lacs de Léré
Source : GTZ ; 2005
Pour ainsi améliorer les conditions des
collectivités riveraines et pérenniser les ressources biotiques
et abiotiques ; les objectifs de gestion ont été
fixés comme suit :
1. Organiser la pêche dans les lacs pour accroître
la productivité halieutique ;
2. Assurer la protection des lamantins ;
3. Organiser les activités agro-pastorales dans les
plaines et les berges des lacs ;
II.2.1. ZONES BANALES
Les zones banales sont des zones non aménagées
où l'exercice de pêche est presque libre. Les mesures de
contrôle et de surveillance y sont souples. Elles occupent 90% de la
superficie des Lacs, elles sont proches des seuils
d'irréversibilité suite à leur exploitation qui subit une
forte pression. Toutefois elles connaissent une certaine réglementation
qui conditionne leur exploitation :
- Limitation de la pêche à certaines
périodes de l'année : pour éviter
l'amenuisement des espèces piscicoles et favoriser la reproduction et
le grossissement de ces espèces.
- La non utilisation des sennes de plages pendant la
saison des pluies : Elles ne laissent rien sur leur passage y
compris les petits poissons, les pirogues à moteur dont le bruit
terrorise les espèces et les incite à la fuite migratoires vers
les bassins adjacents comme le haut bassin de la Bénoué
qui regroupe le secteur aval du lac de Léré et le secteur de
Lagdo ; puis les bassins amonts des lacs toupouris.
- L'interdiction d'utiliser l'épervier de mai
à décembre : Ce filet de forme conique, qui produit
les mêmes effets que les sennes de plage en capturant des individus
immatures. Il devrait être frappé d'interdiction totale, mais
à cause de sa taille réduite, on a plutôt encouragé
son usage limité.
- L'interdiction de pêche dans la
nuit : les pêches nocturnes sont
prohibées car elles échappent aux contrôles et constituent
une porte ouverte à des opérations frauduleuses et à une
prise abusive voire anarchique.
- L'interdiction d'utiliser certains engins de
pêche prohibés : les filets à mailles
réduites (inférieures à 2,5 cm) et les poisons.
- L'interdiction de capturer ou chasser les
lamantins : une espèce phare et intégralement
protégée par la loi nationale et les conventions
internationales.
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