INTRODUCTION
La Croissance urbaine dans les pays en
développement se traduit par l'extension fulgurante des villes de leurs
enveloppes urbaines entrainant une consommation voire une artificialisation
des terres agricoles et des espaces naturels environnants. La ville de Douala
au Cameroun dont les constructions pavillonnaires, l'implantation
d'infrastructures se sont développées au cours des trois
dernières décennies, n'échappe pas à cette logique.
C'est dans ce contexte que s'est développé au sud-est de la
ville de Douala il y a un peu plus de trois décennies, un quartier
à vocation halieutique: Youpwe. Le développement de l'habitat
lié à la faim foncière révoque progressivement les
caractéristiques des campements de pêche et laisse entrevoir les
marques du phénomène de la périurbanisation. Comment se
présentait l'espace à mangrove de Youpwe avant son invasion par
la population ? Quelles sont les causes directes et indirectes de
l'occupation humaine de l'espace à mangrove de Youpwe ? Quelles
sont les modalités d'acquisition des terres en vigueur à
Youpwe ? Comment le quartier a-t- il évolué au cours de ces
dernières décennies ?
I - Présentation de
Youpwe avant son peuplement
Bande de terre d'une centaine d'hectare et demie située
au sud-est de la ville de Douala (4°00 et 4°8'N puis du 9°36' et
le 9°49 N), Youpwe, espace marécageux est recouvert par une
formation végétale propre aux zones côtières de
transition entre les milieux terrestres et marins des domaines tropicaux. Ce
quartier est assiégé par les eaux du Wouri à l'ouest et au
sud. A l'est du quartier se trouve l'aéroport international de Douala.
Le quartier est délimité au nord par les quartiers Bonadouma II
et Bonapriso. Le quartier Youpwe présente une topographie plate et un
relief sans accident.
I.1- Youpwe : Jadis un petit village de
pêcheurs Douala
Depuis le peuplement de la ville de Douala, la portion
du territoire qui est de nos jours appelée Youpwe est restée
longtemps une espèce de « no man land ». En effet,
la nature même de Youpwe caractérisée par une forêt
de mangrove inhospitalière et des sols hydromorphes constitués de
slikke et de la vase explique en partie l'inattention et le
désintérêt que les populations portaient sur cet espace
estuarien. En dépit de toutes ces considérations, une certaine
catégorie de la population notamment les pêcheurs Douala
s'étaient installées dans cet espace jusque là
infranchissable. Ces pêcheurs Douala ont donc crée au bord du
fleuve Wouri de nombreux campements qui donnaient à cette région
la physionomie d'un petit village perdu dans la mangrove. L'origine de la
formation de ces campements est mal connue. Toutefois, l'on estime que le
développement de ces campements de pêcheurs s'est
accéléré à partir de la décennie 1970.
L'extension de l'emprise portuaire au Nord aurait contraint ceux des
pêcheurs qui s'y étaient installés à migrer vers le
Sud. Ainsi, l'on est passé du statut d'un petit campement de
pêcheurs perdu dans la forêt de mangrove à un
véritable village de pêcheurs constitué de quelques cabanes
et de cases au bord de la crique Docteur. Mais dès la fin de la
décennie 1970 une option nouvelle du peuplement s'est amorcée
dans cette partie de la ville de Douala.
|