UNIVERSITE PAUL-VALERY MONTPELLIER 3
ART, LETTRE, LANGUES, SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
UFR V - SCIENCE DU SUJET ET DE LA SOCIETE
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
LES ETUDIANTS GUINEENS DANS LES UNIVERSITES DE MONTPELLIERENTRE
INTEGRATION ET REPLI
Mémoire présenté par
Mamadou Oury SOW
En vue de l'obtention du diplôme de
MASTER 2 RECHERCHE
Domaine : Sciences humaines et
sociales
Mention : Ethnologie-Sociologie
Spécialité : SOCIOLOGIE
Préparé sous la direction de M. Jean-Bruno
RENARD Professeur de Sociologie
Juin 2013
REMERCIEMENTS
Ce mémoire qui me conduit à l'obtention du
diplôme de Master 2 auquel j'ai tant rêvé, ne pourrait
être obtenu sans la collaboration, les conseils utiles et les soutiens
financiers de quelques personnes.
En premier lieu, il y a mon directeur de mémoire,
Monsieur Professeur Jean-Bruno RENARD qui d'ailleurs souhaite ne pas être
remercié parce qu'il considère avoir fait son travail.Tout en
respectant cette consigne, je tiens quand même à signifier que
c'est grâce à lui que ce travail a pu être mené
jusqu'à son terme.
Mes remerciements vont tout aussi à mes professeurs des
universités de Kankan et de Sonfonia en Guinée Conakry, pour la
qualité de la formation de base reçue.
Que mes frères Saïdou Tanou Sow, Amadou Lamine Sow
et Mamadou Moustapha Diallo ainsi que mon ami Mamadou Hady Sow qui, par leurs
aides financières et leurs conseils très utiles m'ont permis de
réaliser ce travail avec aisance, voient dans ce travail l'expression de
mes sincères remerciements.
Que mes parents, mes petits frères et soeurs qui vivent
tous en Guinée, voient dans ce travail, le souci d'un des leurs qui les
aime tant et qui les remercie de leur souci, de leur envie de me voir
réussir, manifestés depuis mon départ de Conakry.
Que mes amis Alpha Amadou Bah et Fatoumata Djouhali Diallo
trouvent dans ce travail l'expression de mon profond remerciement pour
l'accueil, l'hébergement et l'accompagnement durant tout le temps de ma
procédure d'inscription et d'obtention de logement ici à
Montpellier.
Que l'Association des Guinéens de Montpellier, à
travers tous les membres, et plus particulièrement ceux qui ont
accepté de se prêter à nos questions lors de nos
enquêtes de terrain, trouvent dans ces lignes, l'expression de mes vifs
remerciements pour leur disponibilité.
DEDICACE
Le présent mémoire est dédié
à ma femme Diamilatou Fatou Binetou Diallo, étudiante à
L'Université Cheik Anta Diop de Dakar, qui a consenti d'énormes
efforts pour avoir pu supporter le coût de rester loin de moi durant tout
ce temps. Je lui reste reconnaissant.
Sommaire
Introduction.............................................................................................6
Chapitre I : Problématique, Objectifs et
hypothèses...........................................10
Section 1.
Problématique.....................................................................10
Section 2. Objectifs et
Hypothèses............................................................26
Chapitre II : Cadre Notionnel et
Théorique.......................................................28
Section 1 : Cadre
Notionnel...................................................................28
1.1. La notion
d'intégration...............................................................29
1.2. La notion de repli
communautaire...................................................32
1.3. La notion de mobilité
étudiante......................................................34
1.4. La notion d'étudiant
étranger.........................................................39
Section 2 : Cadre
Théorique...................................................................42
2.1. La théorie du lien
social..............................................................42
2.2. L'école de
Chicago...................................................................46
2.3. La théorie des inégalités sociales
à l'école ........................................49
Chapitre III : Présentation de la zone de
l'étude.................................................52
Section 1 : Présentation de l'académie de
Montpellier ...................................52
Section 2 : Statistiques des étudiants
guinéens à Montpellier...........................53
Chapitre IV :
Méthodologie..........................................................................55
Section 1 : Le choix de
l'approche...........................................................55
Section 2 : les techniques de collecte
utilisées.............................................55
Section 3 :
l'échantillonnage.................................................................56
Chapitre V : Présentation des
résultats..........................................................58
Section 1 : Leurs rapports aux études à
Montpellier......................................58
Section 2 : Leurs relations avec leurs condisciples
français..............................63
Section 3 : Leurs relations avec leurs professeurs et le
personnel encadrement .......67
Section 4 : Leurs rapports aux informations
universitaires...............................70
Section 5 : Leur engagement et leur participation à
la vie associative à l'université.73
Section 6 : Leurs relations avec leurs compatriotes à
Montpellier......................74
Chapitre VI : Analyse et Interprétation des
Résultats.........................................76
Section 1 : Analyse du niveau d'intégration en
rapport avec leurs relations avec leurs condisciples
français..........................................................................76
Section 2 : Analyse du niveau d'intégration en
rapport avec leurs relations avec les professeurs
....................................................................................79
Section 3 : Analyse du sentiment communautaire
.......................................79
Conclusion.............................................................................................82
Bibliographie...........................................................................................85
Annexes.................................................................................................89
Introduction
La mobilité internationale des étudiants et de
ses impacts sur les pays d'accueil et de départ en
général, mais aussi en particulier sur les universités
d'accueil et sur le quotidien des étudiants concernés, est un
sujet qui préoccupe de nos jours les chercheurs de tout bord. Relevant
selon les considérations de l'immigration ou des sciences de
l'éducation, géographes, historiens, sociologues et même
économistes s'y déploient pour rendre compte de la dimension et
de la complexité du phénomène.
En dehors des mouvements d'étudiants à
l'échelle nationale qui sont internes aux pays, de nos jours ce sont les
mouvements d'étudiants à l'échelle régionale ou
internationale qui ont pris une dimension considérable. La trajectoire
la plus observée (en dehors des programmes intra- régionaux de
mobilité étudiante) est celle qui va des pays en
développement vers les pays développés ou du sud vers le
nord. C'est-à-dire des pays où les conditions d'études
sont plus ou moins précaires vers ceux où ces conditions sont
plus favorables. Sous cet aspect, l'Afrique et plus singulièrement la
Guinée, est un grand pourvoyeur d'étudiants en déplacement
vers l'étranger et plus particulièrement vers la France.
Face à ce sujet, nous nous sommes
intéressé à la problématique de
l'intégration des étudiants guinéens dans les
universités de Montpellier. Notre objectif de recherche est de
déterminer les conditions qui favorisent ou qui défavorisent leur
intégration au sein de leur milieu universitaire. Nous appelons
conditions d'intégration ici, les possibilités qui sont offertes
aux étudiants guinéens pour participer pleinement aux
activités culturelles et scientifiques de leurs universités
d'accueil. Il en va de même des possibilités qu'ils ont à
rencontrer leurs professeurs, à tisser et entretenir de bonnes relations
avec l'encadrement pédagogique (CROUS, Départements,
secrétariat etc.), à tisser et à entretenir de bonnes
relations avec leurs condisciples français au sein de
l'université : au restaurant universitaire, à la
bibliothèque, dans les salles de travaux dirigés ou de travaux
pratiques et dans les cités universitaires. Nous estimons que, de ces
différentes possibilités, dépendent en grande partie leur
niveau d'intégration dans le milieu universitaire. Et de leur niveau
d'intégration dépend en grande partie aussi leur réussite
scolaire ou la réussite de leur cursus universitaire de façon
générale.
Pourquoi ce sujet ? Tout d'abord nous y avons
trouvé un intérêt personnel du fait que nous nous sentons
concerné, c'est-à-dire que nous sommes, dans une certaine mesure,
à la fois sujet et objet de notre propre étude.L'idée de
ce sujet nous est venu tout aussi à partir de quelques constats qu'on a
eus sur la base d'une simple observation qui ont montré des
étudiants étrangers en général et africains en
particulier se trouvant dans un état de plus ou moins d'isolement
à l'intérieur même de leurmilieu universitaire. Que ce soit
dans les bibliothèques universitaires, dans les restaurants et
cafétérias universitaires et même dans les cités
universitaires, s'ils ne sont pas seuls, ils ne sont dans la plus part des cas
qu'avec leurs compatriotes. Ensuite, ces observations ont montré que
leur implication ou leur niveau de participation aux activités
culturelles et scientifiques au sein de l'université est très
faible, qu'il s'agisse de soirées, d'expositions ou de
conférences débats etc. Quant à leur
représentativité au sein des organisations étudiantes,
elle est aussi faible d'après quelques-unes de nos observations sur le
terrain.
L'ensemble de ces constats nous ont conduit à nous
interroger sur les conditions d'une véritable intégration des
étudiants guinéens dans leur milieu universitaire à
travers leurs condisciples français mais aussi à travers leurs
professeurs et le personnel encadrement d'une part et d'autre part les
conditions nécessaires à une véritable implication de ces
derniers aux activités culturelles et scientifiques de leurs
universités.
Ce sujet peut paraître moins pertinent aux yeux de
certains vu les innombrables recherches déjà
réalisées dans le domaine. Mais nous estimons que ce n'est pas,
du moins pour un sociologue, parce qu'un sujet a fait l'objet de plusieurs
travaux qu'il a été épuisé. Il y a toujours des
choses à découvrir sur un sujet surtout qu'avec le temps,
certaines données déjà obtenues sur le même sujet
à un moment donné et dans un lieu donné deviennent
obsolètes dans un autre lieu ou à un autre temps. Si nous prenons
notre sujet d'étude comme exemple, nous pourrons voir que les conditions
d'intégration des étudiants étrangers et africains en
particulier en France métropolitaine notamment, décrites pendant
les années de la colonisation ne sont pas les mêmes de nos jours.
Entre les réalités que vivaient les étudiants africains en
France à l'époque de la colonisation et celles que vivent
actuellement les étudiants africains en France, il y a un écart
considérable. D'autant plus que, même s'il n'y a pas eu un grand
changement, on pourrait alors s'interroger sur les raisons du maintien du
statut quo, alors que les contextes ont changé.
D'ailleurs sous cet angle, plusieurs questions peuvent
être posées. Entre étudiants africains et les
français (qu'il s'agisse des professeurs ou étudiants), y a -t-il
des stéréotypes ou des imaginaires qui perdurent et qui
déterminent leurs relations ? Le complexe
d'infériorité ou des croyances à la
supériorité sont-ils toujours là quand il s'agit de cette
relation entre étudiant africain et étudiant/professeurs
français à l'université ? Si oui pourquoi ? Si
non qu'est ce qui a favorisé son effacement ? En termes clairs,
comment l'étudiant africain perçoit -t-il de nos jours ses
professeurs et sescondisciples français ? Quelle est aussi la
perception que ces derniers ont vis-à-vis de l'étudiant
africain? Ce sont des questions qui sont à tout moment
réactualisées dans des débats académiques ou
médiatiques à cette époque où on parle de
modernité, de changement social ou bien de valeurs fondées sur
l'égalité, la liberté, la fraternité etc.
Les étudiants guinéens sont assez nombreux
à Montpellier. Cependant, si on fait une rétrospective de la
mobilité des étudiants guinéens vers la France, on
comprendra que, contrairement aux autres pays francophones d'Afrique pour
lesquels, dès les années 60, années des
indépendances de la plus part d'entre eux, le nombre d'étudiants
venant en France a connu une forte progression, pour la Guinée, il a
fallu attendre plus tard pour voir un nombre important d'étudiants qui
poursuivent leurs études en France. Plusieurs raisons qui sont
exposées dans les chapitres qui suivent expliquent cette situation.
Bien qu'il n'y ait pas, en ce moment, parmi les
étudiants guinéens à Montpellier, des boursiers de l'Etat
guinéen ou même du gouvernement français, leur
réussite scolaire importe beaucoup pour la Guinée tout comme pour
la France. Sur ce, pour la Guinée, ils pourraient un jour ou l'autre
mettre les compétences acquises à l'université au service
de leur pays. Une bonne formation et des expériences acquises en France
par ses ressortissants, pourraient contribuer au développement
socioéconomique de la Guinée une fois de retour au pays. Cela est
d'autant plus important que le manque ou l'insuffisance de cadres
compétents est l'un des facteurs qui empêche son décollage
économique. Mais pour un étudiant, plusieurs conditions sont
nécessaires pour acquérir des compétences et
expériences universitaires de qualité. Parmi ces conditions, il y
a au-delà des capacités financières suffisantes pour mener
à bien un bon projet d'étude/formation, la réussite de son
intégration dans son milieu universitaire.
Après quelques séances d'observation et
d'entretiens exploratoires, notre travail a consisté tout d'abord
à mobiliser la documentation existant sur notre sujet. Sur ce,
l'essentiel des documents obtenus proviennent de la bibliothèque de
l'université Paul Valéry Montpellier 3 et des articles
tirés dans des revues en ligne (persee.fr et cairn.infonotamment).
Ensuite, nous avons procédé à la construction de l'objet
de recherche ou la rédaction de la problématique de notre sujet.
Pour les enquêtes de terrain, nous avons procédé à
des séries d'entretiens directifs à travers un
questionnaire-interview auprèsd'une vingtaine d'étudiants
guinéens. L'échantillonnage a été de type
stratifié. Nous sommes parti des statistiques d'étudiants
guinéens inscrits dans les différentes universités de
Montpellier qu'on a obtenues à travers les
différentsOVE(observatoires de la vie étudiante) des
universités de Montpellier 1,Montpellier 2 et Montpellier 3, mais aussi
de la liste qu'on a obtenue de l'association des guinéens de Montpellier
pour identifier des étudiants sur la base de certains
critères : université d'appartenance, sexe,
ancienneté. L'idée était d'obtenir un échantillon
représentatif de la population à l'étude. Pour des raisons
de faisabilité, nous nous sommes entretenu uniquement qu'avec les
étudiants guinéens, alors que des entretiens avec d'autres
acteurs que sont les professeurs, les encadreurs pédagogiques ou
même les étudiants français pourraient tout aussi
être importants afin de rendre compte du phénomène dans
toute sa complexité. Un élargissement à ces autres acteurs
ou l'ajout d'autres outils de collecte par exemple, le focus group, l'analyse
de statistique,peut être envisagé dans le cadre d'une thèse
par exemple.
Notre mémoire est structuré en six chapitres. Le
premier traite de la problématique, des objectifs et des
hypothèses. Le deuxième traite du cadre notionnel et
théorique, le troisième présente la zone de
l'étude, le quatrième décrit la méthodologie ou la
démarche suivie. Le cinquième présente les
résultats obtenus et le sixième a trait à l'analyse et
à l'interprétation de nos résultats. Une conclusion met un
terme à ce travail. Une bibliographie et deux annexes figurent à
la fin de ce document.
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