UNIVERSITE PAUL-VALERY MONTPELLIER 3
ART, LETTRE, LANGUES, SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
UFR V - SCIENCE DU SUJET ET DE LA SOCIETE
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
LES ETUDIANTS GUINEENS DANS LES UNIVERSITES DE MONTPELLIERENTRE
INTEGRATION ET REPLI
Mémoire présenté par
Mamadou Oury SOW
En vue de l'obtention du diplôme de
MASTER 2 RECHERCHE
Domaine : Sciences humaines et
sociales
Mention : Ethnologie-Sociologie
Spécialité : SOCIOLOGIE
Préparé sous la direction de M. Jean-Bruno
RENARD Professeur de Sociologie
Juin 2013
REMERCIEMENTS
Ce mémoire qui me conduit à l'obtention du
diplôme de Master 2 auquel j'ai tant rêvé, ne pourrait
être obtenu sans la collaboration, les conseils utiles et les soutiens
financiers de quelques personnes.
En premier lieu, il y a mon directeur de mémoire,
Monsieur Professeur Jean-Bruno RENARD qui d'ailleurs souhaite ne pas être
remercié parce qu'il considère avoir fait son travail.Tout en
respectant cette consigne, je tiens quand même à signifier que
c'est grâce à lui que ce travail a pu être mené
jusqu'à son terme.
Mes remerciements vont tout aussi à mes professeurs des
universités de Kankan et de Sonfonia en Guinée Conakry, pour la
qualité de la formation de base reçue.
Que mes frères Saïdou Tanou Sow, Amadou Lamine Sow
et Mamadou Moustapha Diallo ainsi que mon ami Mamadou Hady Sow qui, par leurs
aides financières et leurs conseils très utiles m'ont permis de
réaliser ce travail avec aisance, voient dans ce travail l'expression de
mes sincères remerciements.
Que mes parents, mes petits frères et soeurs qui vivent
tous en Guinée, voient dans ce travail, le souci d'un des leurs qui les
aime tant et qui les remercie de leur souci, de leur envie de me voir
réussir, manifestés depuis mon départ de Conakry.
Que mes amis Alpha Amadou Bah et Fatoumata Djouhali Diallo
trouvent dans ce travail l'expression de mon profond remerciement pour
l'accueil, l'hébergement et l'accompagnement durant tout le temps de ma
procédure d'inscription et d'obtention de logement ici à
Montpellier.
Que l'Association des Guinéens de Montpellier, à
travers tous les membres, et plus particulièrement ceux qui ont
accepté de se prêter à nos questions lors de nos
enquêtes de terrain, trouvent dans ces lignes, l'expression de mes vifs
remerciements pour leur disponibilité.
DEDICACE
Le présent mémoire est dédié
à ma femme Diamilatou Fatou Binetou Diallo, étudiante à
L'Université Cheik Anta Diop de Dakar, qui a consenti d'énormes
efforts pour avoir pu supporter le coût de rester loin de moi durant tout
ce temps. Je lui reste reconnaissant.
Sommaire
Introduction.............................................................................................6
Chapitre I : Problématique, Objectifs et
hypothèses...........................................10
Section 1.
Problématique.....................................................................10
Section 2. Objectifs et
Hypothèses............................................................26
Chapitre II : Cadre Notionnel et
Théorique.......................................................28
Section 1 : Cadre
Notionnel...................................................................28
1.1. La notion
d'intégration...............................................................29
1.2. La notion de repli
communautaire...................................................32
1.3. La notion de mobilité
étudiante......................................................34
1.4. La notion d'étudiant
étranger.........................................................39
Section 2 : Cadre
Théorique...................................................................42
2.1. La théorie du lien
social..............................................................42
2.2. L'école de
Chicago...................................................................46
2.3. La théorie des inégalités sociales
à l'école ........................................49
Chapitre III : Présentation de la zone de
l'étude.................................................52
Section 1 : Présentation de l'académie de
Montpellier ...................................52
Section 2 : Statistiques des étudiants
guinéens à Montpellier...........................53
Chapitre IV :
Méthodologie..........................................................................55
Section 1 : Le choix de
l'approche...........................................................55
Section 2 : les techniques de collecte
utilisées.............................................55
Section 3 :
l'échantillonnage.................................................................56
Chapitre V : Présentation des
résultats..........................................................58
Section 1 : Leurs rapports aux études à
Montpellier......................................58
Section 2 : Leurs relations avec leurs condisciples
français..............................63
Section 3 : Leurs relations avec leurs professeurs et le
personnel encadrement .......67
Section 4 : Leurs rapports aux informations
universitaires...............................70
Section 5 : Leur engagement et leur participation à
la vie associative à l'université.73
Section 6 : Leurs relations avec leurs compatriotes à
Montpellier......................74
Chapitre VI : Analyse et Interprétation des
Résultats.........................................76
Section 1 : Analyse du niveau d'intégration en
rapport avec leurs relations avec leurs condisciples
français..........................................................................76
Section 2 : Analyse du niveau d'intégration en
rapport avec leurs relations avec les professeurs
....................................................................................79
Section 3 : Analyse du sentiment communautaire
.......................................79
Conclusion.............................................................................................82
Bibliographie...........................................................................................85
Annexes.................................................................................................89
Introduction
La mobilité internationale des étudiants et de
ses impacts sur les pays d'accueil et de départ en
général, mais aussi en particulier sur les universités
d'accueil et sur le quotidien des étudiants concernés, est un
sujet qui préoccupe de nos jours les chercheurs de tout bord. Relevant
selon les considérations de l'immigration ou des sciences de
l'éducation, géographes, historiens, sociologues et même
économistes s'y déploient pour rendre compte de la dimension et
de la complexité du phénomène.
En dehors des mouvements d'étudiants à
l'échelle nationale qui sont internes aux pays, de nos jours ce sont les
mouvements d'étudiants à l'échelle régionale ou
internationale qui ont pris une dimension considérable. La trajectoire
la plus observée (en dehors des programmes intra- régionaux de
mobilité étudiante) est celle qui va des pays en
développement vers les pays développés ou du sud vers le
nord. C'est-à-dire des pays où les conditions d'études
sont plus ou moins précaires vers ceux où ces conditions sont
plus favorables. Sous cet aspect, l'Afrique et plus singulièrement la
Guinée, est un grand pourvoyeur d'étudiants en déplacement
vers l'étranger et plus particulièrement vers la France.
Face à ce sujet, nous nous sommes
intéressé à la problématique de
l'intégration des étudiants guinéens dans les
universités de Montpellier. Notre objectif de recherche est de
déterminer les conditions qui favorisent ou qui défavorisent leur
intégration au sein de leur milieu universitaire. Nous appelons
conditions d'intégration ici, les possibilités qui sont offertes
aux étudiants guinéens pour participer pleinement aux
activités culturelles et scientifiques de leurs universités
d'accueil. Il en va de même des possibilités qu'ils ont à
rencontrer leurs professeurs, à tisser et entretenir de bonnes relations
avec l'encadrement pédagogique (CROUS, Départements,
secrétariat etc.), à tisser et à entretenir de bonnes
relations avec leurs condisciples français au sein de
l'université : au restaurant universitaire, à la
bibliothèque, dans les salles de travaux dirigés ou de travaux
pratiques et dans les cités universitaires. Nous estimons que, de ces
différentes possibilités, dépendent en grande partie leur
niveau d'intégration dans le milieu universitaire. Et de leur niveau
d'intégration dépend en grande partie aussi leur réussite
scolaire ou la réussite de leur cursus universitaire de façon
générale.
Pourquoi ce sujet ? Tout d'abord nous y avons
trouvé un intérêt personnel du fait que nous nous sentons
concerné, c'est-à-dire que nous sommes, dans une certaine mesure,
à la fois sujet et objet de notre propre étude.L'idée de
ce sujet nous est venu tout aussi à partir de quelques constats qu'on a
eus sur la base d'une simple observation qui ont montré des
étudiants étrangers en général et africains en
particulier se trouvant dans un état de plus ou moins d'isolement
à l'intérieur même de leurmilieu universitaire. Que ce soit
dans les bibliothèques universitaires, dans les restaurants et
cafétérias universitaires et même dans les cités
universitaires, s'ils ne sont pas seuls, ils ne sont dans la plus part des cas
qu'avec leurs compatriotes. Ensuite, ces observations ont montré que
leur implication ou leur niveau de participation aux activités
culturelles et scientifiques au sein de l'université est très
faible, qu'il s'agisse de soirées, d'expositions ou de
conférences débats etc. Quant à leur
représentativité au sein des organisations étudiantes,
elle est aussi faible d'après quelques-unes de nos observations sur le
terrain.
L'ensemble de ces constats nous ont conduit à nous
interroger sur les conditions d'une véritable intégration des
étudiants guinéens dans leur milieu universitaire à
travers leurs condisciples français mais aussi à travers leurs
professeurs et le personnel encadrement d'une part et d'autre part les
conditions nécessaires à une véritable implication de ces
derniers aux activités culturelles et scientifiques de leurs
universités.
Ce sujet peut paraître moins pertinent aux yeux de
certains vu les innombrables recherches déjà
réalisées dans le domaine. Mais nous estimons que ce n'est pas,
du moins pour un sociologue, parce qu'un sujet a fait l'objet de plusieurs
travaux qu'il a été épuisé. Il y a toujours des
choses à découvrir sur un sujet surtout qu'avec le temps,
certaines données déjà obtenues sur le même sujet
à un moment donné et dans un lieu donné deviennent
obsolètes dans un autre lieu ou à un autre temps. Si nous prenons
notre sujet d'étude comme exemple, nous pourrons voir que les conditions
d'intégration des étudiants étrangers et africains en
particulier en France métropolitaine notamment, décrites pendant
les années de la colonisation ne sont pas les mêmes de nos jours.
Entre les réalités que vivaient les étudiants africains en
France à l'époque de la colonisation et celles que vivent
actuellement les étudiants africains en France, il y a un écart
considérable. D'autant plus que, même s'il n'y a pas eu un grand
changement, on pourrait alors s'interroger sur les raisons du maintien du
statut quo, alors que les contextes ont changé.
D'ailleurs sous cet angle, plusieurs questions peuvent
être posées. Entre étudiants africains et les
français (qu'il s'agisse des professeurs ou étudiants), y a -t-il
des stéréotypes ou des imaginaires qui perdurent et qui
déterminent leurs relations ? Le complexe
d'infériorité ou des croyances à la
supériorité sont-ils toujours là quand il s'agit de cette
relation entre étudiant africain et étudiant/professeurs
français à l'université ? Si oui pourquoi ? Si
non qu'est ce qui a favorisé son effacement ? En termes clairs,
comment l'étudiant africain perçoit -t-il de nos jours ses
professeurs et sescondisciples français ? Quelle est aussi la
perception que ces derniers ont vis-à-vis de l'étudiant
africain? Ce sont des questions qui sont à tout moment
réactualisées dans des débats académiques ou
médiatiques à cette époque où on parle de
modernité, de changement social ou bien de valeurs fondées sur
l'égalité, la liberté, la fraternité etc.
Les étudiants guinéens sont assez nombreux
à Montpellier. Cependant, si on fait une rétrospective de la
mobilité des étudiants guinéens vers la France, on
comprendra que, contrairement aux autres pays francophones d'Afrique pour
lesquels, dès les années 60, années des
indépendances de la plus part d'entre eux, le nombre d'étudiants
venant en France a connu une forte progression, pour la Guinée, il a
fallu attendre plus tard pour voir un nombre important d'étudiants qui
poursuivent leurs études en France. Plusieurs raisons qui sont
exposées dans les chapitres qui suivent expliquent cette situation.
Bien qu'il n'y ait pas, en ce moment, parmi les
étudiants guinéens à Montpellier, des boursiers de l'Etat
guinéen ou même du gouvernement français, leur
réussite scolaire importe beaucoup pour la Guinée tout comme pour
la France. Sur ce, pour la Guinée, ils pourraient un jour ou l'autre
mettre les compétences acquises à l'université au service
de leur pays. Une bonne formation et des expériences acquises en France
par ses ressortissants, pourraient contribuer au développement
socioéconomique de la Guinée une fois de retour au pays. Cela est
d'autant plus important que le manque ou l'insuffisance de cadres
compétents est l'un des facteurs qui empêche son décollage
économique. Mais pour un étudiant, plusieurs conditions sont
nécessaires pour acquérir des compétences et
expériences universitaires de qualité. Parmi ces conditions, il y
a au-delà des capacités financières suffisantes pour mener
à bien un bon projet d'étude/formation, la réussite de son
intégration dans son milieu universitaire.
Après quelques séances d'observation et
d'entretiens exploratoires, notre travail a consisté tout d'abord
à mobiliser la documentation existant sur notre sujet. Sur ce,
l'essentiel des documents obtenus proviennent de la bibliothèque de
l'université Paul Valéry Montpellier 3 et des articles
tirés dans des revues en ligne (persee.fr et cairn.infonotamment).
Ensuite, nous avons procédé à la construction de l'objet
de recherche ou la rédaction de la problématique de notre sujet.
Pour les enquêtes de terrain, nous avons procédé à
des séries d'entretiens directifs à travers un
questionnaire-interview auprèsd'une vingtaine d'étudiants
guinéens. L'échantillonnage a été de type
stratifié. Nous sommes parti des statistiques d'étudiants
guinéens inscrits dans les différentes universités de
Montpellier qu'on a obtenues à travers les
différentsOVE(observatoires de la vie étudiante) des
universités de Montpellier 1,Montpellier 2 et Montpellier 3, mais aussi
de la liste qu'on a obtenue de l'association des guinéens de Montpellier
pour identifier des étudiants sur la base de certains
critères : université d'appartenance, sexe,
ancienneté. L'idée était d'obtenir un échantillon
représentatif de la population à l'étude. Pour des raisons
de faisabilité, nous nous sommes entretenu uniquement qu'avec les
étudiants guinéens, alors que des entretiens avec d'autres
acteurs que sont les professeurs, les encadreurs pédagogiques ou
même les étudiants français pourraient tout aussi
être importants afin de rendre compte du phénomène dans
toute sa complexité. Un élargissement à ces autres acteurs
ou l'ajout d'autres outils de collecte par exemple, le focus group, l'analyse
de statistique,peut être envisagé dans le cadre d'une thèse
par exemple.
Notre mémoire est structuré en six chapitres. Le
premier traite de la problématique, des objectifs et des
hypothèses. Le deuxième traite du cadre notionnel et
théorique, le troisième présente la zone de
l'étude, le quatrième décrit la méthodologie ou la
démarche suivie. Le cinquième présente les
résultats obtenus et le sixième a trait à l'analyse et
à l'interprétation de nos résultats. Une conclusion met un
terme à ce travail. Une bibliographie et deux annexes figurent à
la fin de ce document.
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET
HYPOTHESES
Section 1 : Problématique
L'intégration sociale et/ou socioprofessionnelledes
migrants ou des étrangers en générale est de nos jours,
au coeur des préoccupations des chercheurs et despolitiques, plus
particulièrement dans les pays développés. La raison en
est que ces pays sont confrontés à des vagues d'immigrants
étrangers de toutes sortes,qu'il s'agisse d'immigrants particuliers ou
de la mobilité étudiante. Dans les sciences sociales et
humaines,cette thématique a fait l'objet de plusieurs travaux
d'historiens, de géographes, de sociologues ou d'anthropologues.
L'idée principale de cette thématique porte sur
la question du vivre ensemble ou du lien social. Il s'agit alors de
décrire le processus par lequel les membres d'une société
réussissent à vivre ensemble en dépit des
différences qui peuvent les distinguer. La question de socialisation
intimement liée à celle de l'intégration est un sujet
classique en anthropologie et en sociologie.
Si les chercheurs se sont longtemps penchés sur le
sujet de la socialisation, c'était tout au début dans le but de
saisir le processus par lequel les membres d'une société
réussissent à maintenir leur cohésion. Il s'est
avéré à cet effet que chaque société
définit ses normes et dans la plus part des cas attribue un rôle
à chaque institution que sont la famille, la religion et maintenant
l'écoledans la socialisation de ses membres.
Quant à la problématique de
l'intégration, si elle n'est pas plus récente dans les travaux de
recherche que celle de la socialisation, elle est liée tout de
même à des phénomènes qui
caractérisentbeaucoup plus les sociétés contemporaines. Ce
sont ceux liés notamment à la migration, l'immigration ou de la
mobilité avec lesquels elle est incontestablement liée. De nos
jours, dès qu'on parle d'intégration, on met l'accent
généralement sur le rapport entre populations autochtones et
populations étrangères ou pour dire tout court entre nationaux et
étrangers.
A cet effet, dans l'histoire des sociétés, il y
atoujours eudes brassages de populations différentes. Et de nos jours,
pour un besoin ou un autre, les individus dans les sociétés
modernes sont en perpétuel mouvement dans l'espace géographique.
Les progrès techniques notamment dans le domaine des transportsont
favorisé un essor des échanges entre lessociétés.
Aucune société n'étant enfermée sur
elle-même, la mobilité des individus devient une
réalité qui engendre toute sorte d'enjeux : politiques,
économiques mais aussi socioculturels. Cette nouvelle situation a
conduit plusieurs chercheurs, notamment dans les sciences sociales et humaines,
à la thématique du brassage culturel et de ses
conséquences. Tout au début, anthropologues et sociologues vont
s'intéresser aux études portant sur le phénomène
d'acculturation, c'est-à-dire les changements qui interviennent au
contact de deux cultures différentes.
Déjà en 1880 John Powel définissait
l'acculturation comme étant les emprunts culturels entre
sociétés. la notion prendra sa signification moderne en 1936 avec
la publication du Mémorandum signé par Herskovits, Linton et
Redfield qui la définit comme l'étude des
phénomènes qui surviennent lorsque des groupes d'individus de
cultures différentes entrent en contact direct et continu et que se
produisent des changements à l'intérieur des modèles
culturels de l'un ou des deux groupes1(*).
Cette thématique a longtemps marqué la
sociologie et l'anthropologie surtout durant la période de la
colonisation. Période pendant laquelle de véritables brassages
culturelles ont eu lieu surtout dans les pays qui ont subi la colonisation et
notamment les pays africains. Il en est de même des mouvements
migratoires des européens et latinos américains et même
asiatiques vers les Etats-Unis au XIXe siècle où le
choc des cultures entre immigrants et autochtones a produit des effets
d'acculturation, de déviance ou de délinquance par endroit.
De nos jours, les niveaux de développement entre pays
étant très différents, certains deviennent les lieux de
destination privilégiés des migrants de toute sorte. La
problématique de l'intégration des étrangers dans les pays
développés est abordée sous plusieurs angles allant de
leur intégration sociale en général à leur
insertion socioprofessionnelle en particulier. Certains en
s'intéressant aux étrangers, analysent plutôt leur
intégration sociale tout court en s'attachant à voir comment
ceux-ci s'adaptent aux normes et cultures de la société
d'accueil. L'adaptation à la langue, aux habitudes alimentaires, aux
loisirs etc. dans le même ordre d'idée ils décrivent les
réseaux de sociabilité que ceux-ci exploitent pour réussir
leur intégration, ou à la description des itinéraires et
des difficultés rencontrées. C'est dans cette optique par exemple
que Marius Lupsa Matichescu a réalisé son mémoire de
Master 2 sur « L'intégration de l'immigrant roumain à
Montpellier » en 2005. Quelques-uns de ses objectifs était de
« repérer la qualité des relations entre les roumains
et (les) Français dans le cadre du travail et de
l'école », de « repérer les relations avec
des institutions qui aident les immigrants », de
« repérer les lieux de socialisation ».
Il y a tout aussi des études dont
l'intérêt porte sur les échecs de l'intégration des
étrangers et de leurs conséquences dans les villes d'accueil. De
nos jours, dans la plupart des cas d'ailleurs, les travaux portant sur
l'intégration sont réalisés dans le but de faire face
à la délinquance ou à la criminalité qui
gangrènent les villes d'accueils ou dans d'autres cas pour lutter contre
le racisme ou la stigmatisation des étrangers. C'est pourquoi
scientifiques et autorités politiques s'intéressent à la
problématique de l'intégration.C'est dans cette optique que
Maïtena Armagnaguea écrit :
Vis-à-vis des populations immigrées et
vis-à-vis de leurs descendants, le devoir de s'assimiler et le devoir
d'assimiler ont été les formes contemporaines d'une
égalisation démocratique, produisant les effets inattendus que
sont la frustration et l'amertume. [...] Alors qu'en France, les jeunes issus
de l'immigration sont particulièrement frappés par le
chômage et la précarité, il ne leur reste plus grand-chose
d'autre que le mirage d'une réussite sociale inatteignable. Cette
hypothèse pourrait participer à l'explication de la
véhémence des sentiments d'injustice, retournés, en
France, contre l'Etat. L'Etat est d'autant plus pris pour cible qu'aux yeux de
nombreux jeunes, c'est par lui que se construit la stigmatisation (voir la
criminalisation)2(*).
Mais quand on parle d'intégration des étrangers
dans des pays d'accueils, il est important, pour une question de
précision et de clarification d'identifier les catégories
d'étrangers dont il s'agit. S'agit-il des étrangers en
général ? Si tel est le cas, il y a un risque de
mélanger des catégories de personnes qui n'ont pas les
mêmes caractéristiques et donc les mêmes conditions
d'intégration. Parmi les étrangers il y a d'aucuns qui sont des
migrants de travail, d'autres qui peuvent être des
réfugiés politiques et certains pour qui, leur présence
est due à une mobilité professionnelle.Dans le lot des
immigrants, les étudiants en mobilité constituent une
catégorie particulière.
Ces derniers se différencient des autres par le fait
que leur intégration se situe à deux niveaux : il y a leur
intégration dans la société d'accueil en
général mais aussi leur intégration dans le milieu
universitaire en particulier. Ces deux milieux se définissent chacun par
des caractéristiques qui leur sont propres. Même s'il est possible
de voir une continuité entre ces deux milieux, en ne voyant qu'un
contenant et un contenu (l'université ne serait alors qu'un contenu, un
des champs du milieu social global), l'étudiant étranger dans le
milieu universitaire entre en rapport avec des personnes spécifiques que
sont ses professeurs, ses collègues et tout l'encadrement
pédagogique. Il adopte pour cela des attitudes et développe des
comportements qui sont déterminés en grande partie par ses
rapports avec ses acteurs de l'université (Professeurs, condisciples,
encadreurs pédagogiques etc.) à l'occasion des différentes
activités propres à ce milieu (suivre les cours en classe,
effectuer des travaux en laboratoire, faire des lectures à la
bibliothèque, assister à des festivités cultuelles ou tout
simplement se restaurer à la cantine universitaire). Tous ces
éléments, font de cet endroit un espace spécifique.
La mobilité étudiante présente des enjeux
à la fois économiques, politiques et socioculturels.Pour les pays
qui accueillent beaucoup d'étudiants étrangers dans leurs
territoires, l'enjeu peut être stratégique dans le but d'attirer
une main d'oeuvre plus qualifiée par exemple. Il peut tout aussi
être politique, dans le but de vendre l'image de leurs institutions
à l'international. C'est ce qui fait dire à Robi Morder
etal. que« dès cette époque (1930) en
effet, pour l'institution universitaire comme pour les autorités
académiques, attirer nombre d'étudiants étrangers est
signe de rayonnement international, mais aussi de conquête de position,
d'influence, de marché3(*) ».Pour traduire le
déséquilibre entre pays de départ des étudiants et
pays d'accueil, ces auteurs citent Claudie Weill qui écrivait que
« dès la création des premières
universités au Moyens Âge, le milieu étudiant est
plurinational. Cependant, avec la Révolution industrielle, le contenu de
l'enseignement dispensé se modifie nécessairement dans les pays
les plus avancés. Des migrations classiques se produisent alors, qui
empruntent les voies classiques : des pays en développement vers
les pays développés4(*)».
Tandis que pour les pays de départ des
étudiants, il peut y avoir des conséquences non
souhaitées. Ainsi, au lieu de tirer profit, le phénomène
engendre ce qu'on appelle « la fuite des cerveaux ». Cela
va de soi surtout quand une bonne partie de leurs étudiants n'envisagent
pas un retour dans leurs pays. Sur ce point, Harfi Mohamedetal.Ont
écrit :
La mobilité internationale des étudiants et des
chercheurs apparaît aujourd'hui de plus en plus comme un instrument
destiné à équilibrer les marchés nationaux du
travail. Sur la base de réflexions stratégiques,
différents États se sont déjà dotés ou vont
renforcer leurs dispositifs destinés à constituer, attirer et
conserver un « réservoir » de personnels
scientifique et technique. Mais la mobilité internationale est aussi un
vecteur d'échange de connaissances et d'enrichissement des individus.
Elle est nécessaire à l'excellence scientifique qui suppose des
interactions entre chercheurs au niveau international et l'insertion dans les
réseaux internationaux de recherche. Par ailleurs, elle assure la
compétitivité internationale des établissements
d'enseignement et des laboratoires de recherche publics et privés,
compétitivité de plus en plus évaluée au travers
des classements internationaux. Face à l'importance des enjeux, la
mobilité internationale fait l'objet d'un intérêt
croissant, voire d'une inquiétude de plus en plus forte sur l'ampleur du
phénomène de « fuite des cerveaux » parmi les
décideurs publics et dans les médias5(*).
La mobilité étudiante on le verra a
soulevé beaucoup de questions au même titre que la migration
internationale en général. Tandis que cette dernière met
l'accent sur l'ensemble des migrants (travailleurs, réfugiés,
commerçant etc.), la mobilité étudiante quant à
elle s'intéresse à une catégorie particulière de
migrants que sont les étudiants. Mais néanmoins, les
thématiques abordées vont s'orienter vers des aspects plus ou
moins semblables entre ces deux types de migration. Robi Morder et al,
écrivent à cet effet ceci :
Au moins sous deux aspects, elles revêtent des traits
communs : dans l'ensemble, elles émanent plutôt de pays
où le système d'enseignement supérieur est moins
développé pour se diriger vers des pays où il l'est
davantage, où les capacités d'absorption sont plus grandes.
L'autre aspect est celui de l'accueil réservé aux
étudiants migrants, de leurs relations avec les populations
étudiantes autochtones : on y retrouve des phénomènes
de rejet semblables à ceux qu'on a pu observer en milieu ouvrier et pour
les mêmes raisons6(*).
La mobilité étudiante de façon
générale est en forte croissance surtout durant ces
dernières années. Ainsi selon Campus France,en 2009, on comptait
3 324 871 étudiants internationaux dans le monde, Ce nombre a
augmenté de 31,3% depuis 2005. Selon la même institution, Les
pays qui accueillent le plus d'étudiants internationaux sont les
Etats-Unis, suivis par le Royaume-Uni, l'Australie, la France et l'Allemagne.
La France, qui occupait la 3e place depuis 2006, est passée en 4e
position des pays d'accueil en 2009. En 2010-2011, la France a accueilli 284
659 étudiants étrangers7(*).
Quelle est la part des étudiants africains dans cette
mobilité internationale ? selon toujours la même source,
« la France accueille près du tiers des étudiants
africains en mobilité, ce qui fait de la France, et de loin, la
première destination de ces étudiants, même si on constate
une baisse des inscriptions, le nombre d'étudiants africains a
également baissé en Allemagne et aux Etats-Unis, alors qu'une
forte augmentation est observée en Italie. »Sur cette
question, Mohamed Harfiet al, expliquent que :
La France se démarque des autres pays de l'OCDE par
l'origine de ses étudiants. Tandis que les étudiants en
provenance d'Asie (essentiellement de Chine, de Corée du Sud, du Japon,
d'Inde et de Taiwan) constituent 45 % de l'ensemble des étudiants
étrangers dans les pays de l'OCDE, ce sont les étudiants
africains qui dominent en France avec 54 % des effectifs accueillis. Leur
nombre comme celui des étudiants originaires des pays d'Asie hors
Moyen-Orient, d'Amériquecentrale, d'Amérique du Sud et du
Pacifique Sud a fortement progressé entre 1998-1999 et 2003-2004 avec
une augmentation de plus de 70 %8(*).
Plusieurs facteurs peuvent expliquer les raisons de la forte
croissance de la mobilité internationale des étudiants. Il en va
de même des raisons qui expliquent pourquoi certains pays
reçoivent plus d'étudiants étrangers que d'autres et
même pourquoi au sein d'un même pays, certaines régions ou
certaines universités reçoivent plus que d'autres. D'une
manière générale, on peut comprendre que les liens
historiques entre pays jouent un grand rôle pour déterminer les
lieux de destination des étudiants en mobilité. Ainsi par exemple
la France pourrait recevoir plus d'étudiants venant de pays francophones
(surtout d'Afrique), il en va de même pour le Royaume Uni qui pourrait
recevoir plus d'étudiants des pays du commonwealth. Les principaux
déterminants de la mobilité internationale des étudiants
sont résumés ici par Mohamed Harfi qui dit que :
La qualité et le degré de diversité de
l'offre deformation dans les pays d'origine et les conditions requises pour y
accéder, ainsi que la réputation des établissements dans
les pays d'accueil ; - la transférabilité et/ou la reconnaissance
des diplômes entre pays d'origine et pays d'accueil et leurs valeurs sur
le marché du travail ; - le coût de la vie à
l'étranger (y compris les droits de scolarité pour les
étudiants) et la qualité des infrastructures d'accueil (logement,
dispositifs d'apprentissage de la langue, prestations sociales, politique de
financement de la mobilité, etc.) ; - la langue, la proximité
géographique et culturelle ainsi que la qualité de vie ; - la
présence de diasporas et de réseaux d'accompagnement, en
particulier les associations d'étudiants et de chercheurs9(*).
Un diagnostic de la littérature existante dans le cadre
des études portant sur les étudiants africains en mobilité
vers la France montre que les premiers travaux traduisent un accroissement de
leur nombre. A ce niveau, il s'est avéré que l'effectif des
étudiants d'Afrique noire en France enregistre un accroissement
considérable depuis les années 60, années des
indépendances de la plus part des Etats Africains. Face à cette
situation, le premier centre d'intérêt des chercheurs a
consisté d'abord et surtout à faire un état des lieux du
niveau qu'ont ces étudiants à leur arrivée en France par
rapport à leur choix de formation et ensuite à la description de
leur situation en début d'année d'étude. Par rapport
à ce centre d'intérêt, Emmanuel Amougou
écrit :
D'année en année, on voit débarquer dans
les universités françaises des étudiants en provenance du
continent africain, dont le niveau des connaissances est en dessous de la
moyenne des étudiants français. A leur arrivée en France,
nantis d'une bourse d'étude ou pas, ces étudiants doivent subir
des remises à niveau. Parfois, après des tests, certaines
commissions universitaires leur demandent de reprendre obligatoirement une
année d'étude. Situation d'autant difficile à supporter
par ces étudiants qui doivent faire face en début de chaque
année, aux impératifs des services préfectoraux qui
exigent d'eux le passage en année supérieur sans redoublement, au
risque de se voir refuser la nouvelle carte de séjour10(*).
Les chiffres suivants de l'INSEE, rapporté par
E.Amougou, traduisent l'évolution de la population étudiante
d'Afrique noire en France entre 1962 et 1990. Les nationalités sont
choisies parmi les étudiants des pays d'Afrique noire francophone et
nous prenons quelques exemples.Ainsi sur l'ensemble des ressortissants de
chaque pays résidents en France, la part des étudiants se traduit
de la manière suivante : pour les Béninois, on a :
47,8% en 1962, 57,5% en 1968, 52,1% en 1975, 64,1% en 1982 et 66,2% en 1990.
Pour les mêmes années, on a pour les camerounais 72,9%, 55,2%,
49,4%, 70%, 79,6%, pour les Guinéens 70%, 30,7%, 27,8%, 32%, 15,1% et
pour les sénégalais 15,6%, 12,1%, 14,2%, 22,9%, 34,5%11(*).
Qu'en est-il des étudiants d'origine
guinéenne par rapport à leurs homologues d'Afrique
francophone ?
On constate à travers ces chiffres, qu'à
l'exception de la Guinée (les raisons pourraient être
historiques/politiques), la part des étudiants sur l'ensemble des
ressortissants de chaque pays est en croissance en 1990.Nous pouvons faire deux
lectures de ces chiffres, d'abord il y a un accroissement du nombre
d'étudiants africains venant en France ensuite nous voyons des
disparités entre pays. Qu'est ce qui pourrait expliquer ces
disparités ? Les raisons pourraient être recherchées
dans les relations particulières que chaque Etat Africains entretient
avec la France à cette époque d'une part et d'autre part sur les
réalités économiques propres à chaque pays.
Pour le cas spécifique de la Guinée, il faut
rappeler que les relations avec la France n'ont pas toujours été
agréables. La manière par laquelle le pays a accédé
à son indépendance pourrait être la cause ou le facteur
principal qui déterminera en grande partie la nature des relations entre
les deux pays. Le vote pour le `'Non'' au référendum en 1958 sur
l'appartenance à une communauté Franco-Africaine proposée
par le Général De Gaulle, a conduit à
l'indépendance du pays le 2 octobre 1958 eta scellé en même
temps le sort des relations futurs avec la puissance coloniale. Contrairement
à beaucoup d'autres pays africains, la Guinée avait des
problèmes à assurer une formation scolaire et universitaire de
qualité pour ses jeunes à cause du rapatriement de tout le
personnel français qui oeuvrait dans le secteur éducatif. De
reformes en formes le système éducatif courrait le risque de
s'effriter. Sur le cas spécifique de la Guinée, André
Nyambadécrit la situation en disant que :
Elle a été considérée comme le
renégat de la colonisation ; la mission civilisatrice de la France
y a échoué à cause du `'non'' de la Guinée au
général De Gaulle, ressenti comme un affront et une humiliation.
Il fallait la punir et la punition a été subie plus
particulièrement par le nouveau système éducatif
embryonnaire de ce pays qui a été mis à mal suite au
retrait brutal et précipité de la France en 1959. La
Guinée s'est lancée alors dans biens des reformes de son
système éducatif, mais sans la participation de la population
guinéenne ; même les cadres africains qui s'étaient
portés au secours de la Guinée indépendante en sont
repartis, déçus et dépités de l'autocratie du
dirigeant d'alors12(*).
Durant cette période, la Guinée isolée
par la France, s'est tournée vers l'ex URSS. L'activité
économique principale qui était l'agriculture recevait un appui
technique à travers du personnel Russe. L'éducation scolaire
aussi portait essentiellement sur les valeurs de la révolution en
prenant appui sur le modèle socialiste. A cette époque
l'essentiel des étudiants guinéens en mobilité vers
l'étranger partait en ex URSS. Les Bourses du gouvernement
étaient octroyées à des étudiants pour se rendre
dans les pays Socialistes de l'Europe de l'Est qui formaient l'ex URSS ou qui
étaient tout court du bloc communiste, c'est le cas de l'Ukraine,de la
Corée, de la Roumanie, de la Yougoslavie ou de le la Russie. Cette
réalité traduisait (ne serait-ce qu'à cette
époque), pour les étudiants guinéens, une certaine
défaveur quant à leur possibilité de
bénéficier des bourses du gouvernement français ou tout
simplement pour venir étudier en France. Parlant de l'octroi des bourses
par la France aux étudiants africains, Fabienne Guimont écrit
que« des critères politiques enfin déterminaient
l'attribution des bourses. (..) La Guinée (indépendante en 1958)
n'était pas du tout représentée, puisqu'elle ne faisait
pas partie de la communauté Franco-Africaine. Les 800 boursiers
guinéens furent envoyés dans les pays de l'Est (notamment RDA,
URSS, YOUGOSLAVIE)13(*)».
Cette situation a perduré et les séquelles sont
encore présentes, ceci pourrait expliquer en grande partie le faible
taux des étudiants guinéens en France par rapport à
certains de leurs homologues africains : sénégalais,
ivoiriens ou camerounais par exemple, surtout durant la période qui a
suivi les indépendances. Cet état de fait, caractéristique
de cette époque,pourrait traduire des différences de situation
entre étudiants africains en France même de nos jours.
Certaines particularités existent entre
étudiants africains venant en France malgré une apparence de
situations analogues ou semblables du point de vue de leurs conditions de vie
ou d'études. Si les étudiants africains sont tous soumis aux
mêmes conditions d'études, leurs conditions de vie varient selon
que certains sont boursiers de leurs Etat, d'autres des boursiers de la
coopération Française et d'autres par contre sont arrivés
en France à titre individuel. Ici encore, nous pouvons retrouver d'une
part les effets du type de relation que le France entretien avec les Etats
Africains, là où la coopération est `'bonne'' il y a plus
de boursiers de la coopération Française contrairement aux autres
pays où les relations de coopération ne sont pas `'assez
bonnes''. Fabienne Guimont écrit à ce propos que :
(...) La politique des bourses avait été
inaugurée dans les années 20 (...) la démarche
volontariste du gouvernement Français doit d'abord être
replacée dans un mouvement plus large qui le dépasse, en amont et
en aval. En amont, la situation scolaire en Afrique et en aval, la composition
des étudiants africains envoyés en France dans le but
ultime : l'Africanisation des cadres14(*). (...)Les statistiques révèlent, par
pays une répartition très inégale (des bourses) ne
correspondant ni à la densité, ni à l'évolution
intellectuelle des populations. Ce phénomène est dû
à la richesse, au degré de développement économique
du territoire ou du pays considéré, à l'activité et
à l'influence plus ou moins grande de ses leaders. Toute proportion
gardée, la côte d'ivoire, le Sénégal, le Moyen
Congo, le Togo et le Cameroun sont parmi ceux qui fournissent les plus forts
contingents d'étudiants15(*).
Qu'en est-il des étudiants africains boursiers de leurs
propres Etats ? Là aussi s'il y a des différences dans leurs
conditions de vie, la cause pourrait être recherchée dans les
capacités de leurs Etats à assurer les mêmes traitements.
Mais aussi et surtout de la place accordée à l'enseignement sur
la hiérarchie des priorités de chaque gouvernement. Dans une
conférence, Nabbie Ibrahim Soumah, anthropologue guinéen a
affirmé que « de 1960 à 1980, tous les
étudiants africains étaient boursiers, sauf les Guinéens.
En 2010, l'Etat n'a alloué que 20% à l'enseignement alors que les
forces de sécurité ont eu plus de 30%. En comparaison, le
Sénégal a alloué 40 million €pour l'université
Cheikh Anta Diop, 600 € par étudiant, mais seulement 125€ en
Guinée16(*)».
Un autre aspect a fait l'objet de nombreux travaux. C'est
celui portant sur l'adaptation des étudiants africains aux conditions
d'études en France. Là aussi, plusieurs paramètres
seraient pris en compte pour montrer une réelle difficulté
d'adaptation de ces étudiants africains en France. De la
difficulté de s'adapter à la société d'accueil en
général (l'accent est mis sur le mode de vie) à celle de
l'adaptation aux conditions d'études à
l'université.L'intérêt de cette thématique dans les
recherches est traduit ici par Danielle Chevrollet qui écrit
que :
C'est donc à un double titre qu'il nous a paru
intéressant d'examiner les effets de l'introduction dans notre
système universitaire, d'un véritable «corps étranger
», à savoir les étudiants issus de cultures non
occidentales, venus se former en France. En effet, non seulement ils
permettent, par leur comportement, d'éclairer dans une certaine mesure,
le fonctionnement de la structure universitaire, mais encore, et plus
concrètement, ils posent un problème pédagogique
particulièrement intéressant : convient-il d'élaborer et
de mettre en oeuvre, à leur intention, des méthodes
éducatives particulières? Quels doivent alors en être les
traits pertinents? Est-il préférable, dans une autre perspective,
d' « ouvrir » le système français en vue de leur
intégration optimale? Quels sont, dans les deux cas, les conditions de
possibilité d'une pédagogie adaptée et les effets sociaux
(résistances notamment) à attendre en retour?Nous verrons alors
successivement apparaître chez les étudiants étrangers une
rupture systémique, une rupture relationnelle, un écart par
rapport aux normes Comportementales et enfin des difficultés
sociales17(*).
L'intérêt de cette thématique est aussi
décrit par Myriam Graber, Claire-Lise Mégard Mutezintare et
Théogène-Octave Gakuba qui, en Suisse ont fait une étude
sur les représentations et discours des acteurs des Hautes écoles
de la santé et du social sur les processus et les conditions
d'apprentissage des étudiants d'Afrique subsaharienne. Ils
écrivent que :
Ainsi, cette recherche est-elle également
courageuse, (...) tant il faut se garder de tomber dans une ambiance
de stigmatisation et de criminalisation de l'étranger, de l'autre, du
minoritaire (...). Mais elle est également courageuse car elle oblige
les acteurs de l'institution de formation, les chercheurs, et nous tous,
à nous interroger sur nos représentations et nos
stéréotypes, sur nos pratiques d'inclusion ou d'exclusion lorsque
nous avons à faire avec l'altérité dans la
formation18(*).
Nous pouvons affirmer au regard de cette littérature
que nous avons explorée, que les principales thématiques
abordées par les chercheurs concernant les étudiants
étrangers plus particulièrement en France, et notamment les
étudiants africains, se ramènent à la problématique
de leurs conditions d'études et de vie, à leurs projets futurs
après les études ou aux difficultés de leur
intégration.
Les questions concernant les parcours universitaires et les
difficultés scolaires ne
sontpastrèsnombreusessionlescompareauxthématiquessocialesquisont
dominantesdanslesrecherches surlesétudiantsétrangers. Les
quelques recherches surles questions scolaires qui ont été
faites, ont souvent privilégié deux axes importants selon Alain
Coulon etal, qui écrivent que :
Le premier concerne le vécu des étudiants au
sein d'un système éducatif étranger, et les adaptations
nécessaires pour y mener leurs études : on évoque
l'environnementuniversitaire,lesméthodesetmodes d'enseignement,
l'organisationpédagogique, l'utilisation des nouvelles technologies,
les modalités d'évaluation, la relation avec les
enseignants et les étudiants. L'étudiant étranger est
tenu de s'initier et de s'adapter à une nouvelle culture scolaire
exigeant les savoirs et savoir-faire méthodologiques. Il s'agit d'un
processus au cours duquel l'étudiant vit une « socialisation
secondaire » sur le plan pédagogique et scolaire, dans ses
relations avec les autres acteurs universitaires, afin d'apprendre ou de
réapprendre son «métier d'étudiant » en dehors
de son pays et dans un nouvel environnement. Le premier axe aborde les
conditions de l'adaptation de l'étudiant étranger.Le
deuxième axe examine les difficultés scolaires proprement
dites en rapport avec leurs effets les plus symboliques,
c'est-à-dire l'échec ou le retard scolaire et ses
conséquences sur le parcours et le devenir des étudiants19(*).
Il s'est avéré sur la base de beaucoup de
recherches, que face aux nombreuses difficultés auxquelles les
étudiants étrangers font face dans les pays d'accueil et
notamment en France, ils ne restent pas sans agir. Par exemple, dans les cas
où ils font l'objet de stigmatisation, ils se tournent vers des
organisations spécifiques, créées soit par eux-mêmes
(et dans ce cas ils trouvent là un moyen de défense), le cas de
la FEANF est un exemple20(*). Elle a été pendant longtemps une
structure qui fédérait toutes les associations des
étudiants africains en France et défendait les droits de ces
étudiants noirs en France. Soit ils se tournent vers des structures
déjà existantes dont le but est de défendre les droits
d'étudiants sans distinction d'origine. Aujourd'hui l'UNEF par exemple
ou la CASE (Caraïbes Afriques Solidarité Etudiante) à
Montpellier en sont des exemples.L'existence même de ses organisations
témoigne dans une certaine mesure de la problématique des
rapports entre étudiants étrangers et leurs collègues
nationaux ou leurs encadreurs, d'une part et d'autre part d'une revendication
de la valeur de l'égalité de tous sans distinction.
Pour traduire cette difficulté pour les
étudiants étrangers d'avoir des relations plus ou moins durables
avec leurs collègues français, Robi Morderet al. disent
que :
Incontestablement, les étudiants étrangers
peinent à entrer en contact avec leurs condisciples français. De
la salle de travaux pratiques de la faculté de sciences, dans laquelle
les étudiants français et étrangers sont
séparés, au café, les mélanges ne sont pas
évidents. L'étudiant serbe Sammy Béracha en donne le
témoignage suivant en 1931. « ... je m'adressais au
bulgare qui était à côté de moi pour lui demander ce
qu'il faut faire pour pénétrer dans les milieux français.
Les milieux français ? ils sont hermétiquement fermés
aux étudiants étrangers.(...) durant toutes les études tu
seras obligé de vivre ainsi, en marge des familles françaises,
comme nous. Tu seras considéré par les français comme une
sorte de paria, d'indésirable. [...] pendant ces six mois j'essayais
d'aborder la société française par tous les
côtés. En vain. Au bout de mes efforts, je fis le bilan des
personnes qui m'avaient admis dans leur entourage. Une cinquantaine
d'étudiants étrangers, quelques étudiants français
(...). C'était tout »21(*)
Une telle réalité décrite à cette
époque est-elle d'actualité en ce XXIème
siècle ? Certes les temps ont passé et les hommes ont
changé, il y a eu bien sûr des améliorations qui dans la
plus part des cas ont été rendues possibles grâce à
des associations ou des organisations qui défendent les droits des
étudiants de façon générale sans distinction. Mais
dans l'ensemble, les situations actuelles décrites par les recherches
faites sur le sujet montrent qu'il y a des problèmes
d'intégration auxquels les étudiants d'origine africaine, font
face au sein de leur milieu universitaire à l'étranger, qu'il
s'agisse de la France ou d'un autre pays.
Le discours des étudiants et des professionnels mettent
en évidence des stéréotypes, des préjugés et
même de la discrimination à l'égard des étudiants
d'Afrique subsaharienne de la part de leurs collègues étudiants
autochtones ou de certains professionnels. Ces préjugés et
stéréotypes sont souvent dus (...) à une vision
réductrice et aux images négatives véhiculées par
les médias européens sur l'Afrique. Cette situation ne permet pas
à certains étudiants d'Afrique subsaharienne de se sentir
intégrés dans l'école et par conséquent de bien
suivre leur formation. Certains ont par exempledes difficultés à
être intégrés dans les travaux de groupe. D'autres
n'arrivent pas à avoir des relations d'amitié avec leurs
collègues de la société d'accueil22(*).
Cet état de fait impacterait non seulement sur leur
réussite scolaire, mais sur leur cursus en général. C'est
pourquoi, Certains travaux sur la problématique de l'intégration
des étudiants étrangers mettent l'accent sur la
corrélation entre niveau d'intégration et réussite
scolaire. Sous cet angle, certains chercheurs estiment que, plus les
étudiants étrangers sont intégrés dans leur milieu
universitaire ou au sein de la société d'accueil en
général, mieux leurs résultats scolaires sont bons. Marin
Daniel en décrit ici les avantages que peuvent tirés les
étudiants étrangers quand leurs relations avec leurs condisciples
sont bonnes dans la société française.
D'une part, si l'étudiant étranger
réussit à avoir des contacts et des échanges
fréquents avec les étudiants français, il sera plus
à même d'avoir des informations plus sûres sur les cursus et
les méthodes de travail scolaires ; en travaillant avec ses camarades
français, il pourra perfectionner le maniement de la langue, discuter
avec eux des questions les plus difficiles et, peut-être, avoir plus
facilement des contacts avec les enseignants. Cet ensemblede conduites va
certainement avoir un effet positif sur les résultats scolaires. Mais,
d'autre part, ces contactset échanges fréquents pourront
rétablir l'équilibre affectif perturbé par
l'éloignement familial ; les effets de cet équilibre seront aussi
positifs à l'égard des résultats scolaires23(*).
L'exploration de cette littérature nous conduit au
constat que des études ont été faites à suffisance
sur la mobilité étudiante en général et celle
africaine en particulier. Mais pour autant certains thèmes ont
été beaucoup plus abordés que d'autres, ou du moins ont
été beaucoup plus approfondies. En général ce sont
ceux liés à leur nombre, les raisons qui les motivent et les
conditions auxquelles ils sont soumis avant et après leur départ,
leurs problèmes d'adaptation aux normes et valeurs de la
société d'accueil en général ou leur adaptation aux
conditions d'études.
Par contre il nous a semblé que d'autres
thématiques liées aux étudiants étrangers en France
et particulièrement les étudiants africains à Montpellier
méritent aujourd'hui d'être approfondies. C'est le cas de leur
intégration dans leurs universités d'accueil avec leur statut
d'étudiant, c'est à dire les conditions de leur véritable
implication aux activités scientifiques et culturelles de leurs
institutions, les questions sur leur rapport aux études, leur relation
avec les professeurs, leur relation avec leurs condisciples
français,leur engagement à participer aux activités de
l'université (politique, culturelle et scientifique), le degré de
satisfaction de leurs études sont autant de sujets qui
nécessitent une recherche.
C'est ce constat qui justifie le choix de ce sujet et c'est
dans ce cadre qu'il se situe. Le choix porté sur les étudiants
guinéens est dû à des raisons de faisabilité. Le
temps et les moyens que nous disposons ne nous permettent pas d'élargir
la population d'étude à l'ensemble des étudiants africains
à Montpellier. Sachant d'autant plus que nous travaillons dans le cadre
d'un mémoire de Master Recherche, cette étude pourrait être
élargie à d'autres thématiques liées à ce
sujet : il peut s'agir par exemple de s'intéresser au rôle de
l'OFII, des structures ou organisations étudiantes dans
l'intégration des étudiants étrangers en
élargissant la populationà l'ensemble des étudiants
africains à Montpellier dans le cadre d'une thèse.
Notre souci dans ce présent mémoire est de
comprendre le niveau d'intégration des étudiants d'origine
africaine et particulièrement les étudiants guinéens dans
leur milieu universitaire à Montpellier. Notre étude portera sur
les facteurs qui favorisent ou qui défavorisent leur intégration,
quels sont les difficultés souvent rencontrées et comment ils les
surmontent.
Section 2 : Objectifs et Hypothèses
2.1. Objectifs
L'objectif général poursuivi dans cette
étude est d'analyser et d'expliquer les conditions qui
déterminent le faible niveaud'intégration des étudiants
guinéens dans les universités de Montpellier.
Pour atteindre cet objectif, nous nous fixons les objectifs
spécifiques suivants :
- Déterminer leur niveau de satisfaction par rapport
à leurs études ;
- Identifier leur niveau d'accès à l'information
et les canaux utilisés pour obtenir les informations concernant les
activités universitaires,
- décrire leur relation avec le CROUS et les
différents services attachés,
- décrire leur rapport avec les professeurs,
- Décrire leur relation avec leurs condisciples
français,
- Identifier les lieux où se tissent leurs
réseaux d'amitié ;
- Identifier leur niveau de participation ou engagement aux
activités culturelles, scientifiques et politiques au sein de
l'université ;
- Décrire leur relation avec leurs compatriotes
(guinéens) à Montpellier
2.2 : Hypothèses
L'hypothèse est considérée comme le fil
conducteur d'une recherche. Elle est la réponse provisoire à la
question de recherche posée. Pour élaborer nos hypothèses,
nous rappelons nos questions de recherche.
Qu'est ce qui explique le faible niveaud'intégrationdes
étudiants guinéens dans leurs universités à
Montpellier ?Comment ils remédient à cette faible
intégration au sein de l'université ?A ces questions, nous
avons formulé les hypothèses suivantes :
Le faible niveau d'intégration des étudiants
guinéens dans les différentes universités de Montpellier
s'explique par un sentiment de marginalité dû à la nature
des relations qu'ils entretiennent avec leurs condisciples français et
leurs professeurs.
Le faible niveau d'intégration à
l'universitéconduit les étudiants guinéens à un
véritable repli de type communautaire.
Les types de relations qu'ils entretiennent avec leurs
condisciples français facilitent leur implication ou non aux
activités culturelles de l'université et déterminent en
grande partie leur niveaud'intégration au sein de
l'université.
La possibilité de rencontrer ou non leurs professeurs
et le type de traitement dont ils font l'objet par rapport à leurs
condisciples français développe en eux un sentiment de
marginalité au sein de l'université.
CHAPITRE II : CADRE NOTIONNEL ET
THEORIQUE
Section 1 : Cadre notionnel
Raymond Arondans son ouvrage,les étapes de la
pensée sociologique, citant Max Weber, écrit
que :« En d'autres termes, la première règle de la
méthodologie causale, en matière historique et sociologique, est
de définir avec précision les caractéristiques de
l'individu historique que l'on veut expliquer (...) Encore une fois, c'est
parce que la réalité est confuse qu'il faut l'aborder avec des
idées claires, parce que les types se mêlent dans la
réalité qu'il faut définir rigoureusement chacun
d'eux24(*).»
Durkheim dans les règles de la méthode
sociologique (1895), p.34 écrit : « Toute
investigation scientifique porte sur un groupe déterminé de
phénomènes qui répondent à une même
définition. La première démarche du sociologue doit donc
être de définir les choses dont il traite, afin que l'on sache et
qu'il sache bien de quoi il est question25(*).»
Le concept d'une recherche est une aide pour percevoir, mais
aussi une façon de concevoir. Ce concept organise la
réalité en retenant les caractères distinctifs et
significatifs des phénomènes. Il doit ensuite guider la
recherche, en lui procurant un point de vue de départ. Le plus souvent,
la réalité d'un phénomène ne s'expose pas au
chercheur dans son intégralité. Il doit préciser, pour
certains éléments, concevoir, imaginer une hypothèse pour
ce qu'il ne voit pas. « Le concept en tant qu'outil, fourni, non seulement
un point de départ, mais également un moyen de désigner
par abstraction, d'imaginer ce qui n'est pas directement perceptible26(*).»
Le cadre notionnel ou conceptuel dans une recherche
définit et analyse les notions ou les concepts opératoires du
sujet à l'étude. Ainsi dans le cadre de cette étude, nous
définirons et analyserons les notions suivantes qui sont en rapport avec
notre sujet. Ce sont : le concept d'intégration, le concept de
mobilité étudiante, le concept d'étudiant étranger,
le concept de repli communautaire. Ces concepts seront analysés sous
l'angle sociologique pour saisir les significations qu'ils ont pris dans le
temps et selon les sociétés.
1-1. La notion d'intégration
Le concept d'intégration est utilisé dans divers
champs : politique, économique, sociale et relayé par les
médias dans des thématiques aussi diverses que variées.
Différentes autres notions sont associés à ce concepts
pour rendre compte d'une pluralité de significations : dispositifs
d'intégration, mesures d'intégration,
politiquesd'intégration, modèles d'intégration, haut
conseil à l'intégration en sont quelques-unes. Quelles sont les
origines de ce concept ? Jean-Luc Richard écrit que:
Les vicissitudes de l'Histoire et les usages
idéologiques passés de certains mots expliquent souvent la
fortune et les infortunes des concepts utilisés par le grand public, ou
dans des milieux plus restreints tel le champ académique. Dans les
sciences de l'Homme, cela est particulièrement vrai pour le
mot intégration et pour les concepts qui ont pu lui être
substitués à différentes périodes. L'introduction
significative de l'idée d'intégration sociale dans les sciences
de l'Homme remonte à la fin du XIXe siècle, lorsque
qu'Herbert Spencer y eut recours dans son ouvrage Principes de
sociologie ([1891]
1910). L'approche n'était pas dénuée d'un certain
darwinisme social. Pouvant être appliquée soit à un
système social, soit au rapport qu'entretiennent réciproquement
un individu et un système social, l'intégration désigne un
état de forte interdépendance ou cohérence entre des
éléments ou bien des processus sociaux. Chacun à leur
manière, les sociologues du XIXe siècle ont tenté de
répondre à la question des formes modernes d'intégration,
ou, a contrario, d'exclusion (une bonne synthèse des
différents apports est fournie dans Thériault, 2003). En France,
l'intégration est un concept qui fut d'abord utilisé, à la
fin du XIXe siècle, dans la
sociologied'Émile
Durkheim. Ce dernier a montré, dans ses différents ouvrages, et
notamment dans Le
Suicide ([1897]
2004), qu'un lien négatif existait entre fréquence de l'anomie
sociale (et fréquence du suicide) et la force de l'intégration
des individus dans la
société par
l'intermédiaire de leur appartenance à des groupes sociaux dont
certaines institutions favorisent la structuration (Églises, mouvements
organisés, familles)27(*).
L'intégration sociale est le processus par lequel un
individu devient membre d'un groupe social, ou un groupe social membre d'une
société. L'intégration sociale suppose (d'une part) que
l'individu soit accepté et reconnu comme membre par le groupe et
(d'autre part) que l'individu développe un sentiment subjectif
d'appartenance au groupe.
Il faut donc à la fois que la société
intègre, et que les individus aient la volonté de
s'intégrer. Les études sur l'intégration des
immigrés révèlent toutefois que les opportunités
offertes par la société d'accueil sont déterminantes. E.
Todd parle même de "toute puissance de la société
d'accueil". Pour Jean Pierre Malrieu,
L'intégration sociale n'est réelle que lorsque
l'individu se voit doté de ressources matérielles et culturelles
lui assurant les moyens d'une participation à la vie sociale. Par
exemple, la possession de moyens financiers d'existence est aujourd'hui une
condition de la sociabilité. La possession d'un certain niveau culturel
est requise pour pouvoir exercer pleinement son rôle de citoyen. Il n'y a
donc pas d'intégration sociale possible sans un minimum
d'égalité. L'intégration sociale s'oppose à la
marginalisation, ou à l'exclusion sociale, mais aussi à la
stigmatisation, aux discriminations28(*).
La cohésion sociale, la force d'intégration
d'une société se mesurent à sa capacité à
intégrer les étrangers.« Même si le mot est tabou
(on lui préfère le mot d'intégration), le modèle
français est un modèle d'assimilation (adoption de la culture
française par les immigrants). Ce modèle se distingue du
modèle multi culturaliste (Angleterre, Pays-Bas), qui vise au maintien
des spécificités culturelles, et à la permanence des
communautés.L'assimilation se mesure par l'adoption de la langue, par
l'abandon des pratiques religieuses et des coutumes d'origine, et par les
mariages mixtes29(*) ».
Quelques définitions de l'intégration.
Etymologiquement, du latin integrare, renouveler,
rendre entier, l'intégration désigne le fait d'entrer dans un
tout, dans un groupe, dans un pays, etc. (dictionnaire le Robert, 2010)
En sociologie, l'intégration est le processus
ethnologique qui permet à une personne ou à un groupe de
personnes de se rapprocher et de devenir membre d'un groupe plus vaste par
l'adoption de ses valeurs et des normes de son système social.
L'intégration nécessite deux conditions : une volonté
et une démarche individuelle de s'insérer et de s'adapter,
c'est-à-dire l'intégrabilité de la personne, et aussi la
capacité intégratrice de la société par le respect
des différences et des particularités de l'individu.
Le haut Comité à l'intégration, qui
traite notamment des questions de l'immigration et de la présence de
populations étrangères sur le territoire national
français, définit l'intégration en ces termes
« l'intégration consiste à susciter la participation
active à la société tout entière de l'ensemble des
femmes et des hommes appelés à vivre durablement sur notre sol en
acceptant sans arrière-pensée que subsistent des
spécificités notamment culturelles, mais en mettant l'accent sur
les ressemblances et les convergences dans l'égalité des droits
et des devoirs, afin d'assurer la cohésion de notre tissu
social30(*)».
Dans le contexte de notre étude, l'intégration
des étudiants Guinéens au sein de l'université est
conçue comme le processus par lequel et à travers lequel, ces
étudiants réussissent à participer pleinement aux
activités culturelles et scientifiques de l'université en se
sentant comme membres effectifs de ce milieu. Pour cela nous supposons qu'il
faut deux conditions essentielles : leur volonté d'abord de
participer, ensuite les opportunités qui leur sont offertes par
l'institution elle-même (leurs condisciples français, le corps
professoral, le personnel d'encadrement et les responsables des services
techniques tels que ceux du CROUS). En tant qu'étrangers, ces
étudiants arrivent à l'université avec des valeurs, des
habitudes qui généralement demandent des réajustements
pour s'adapter. Il leur faut pour cela une volonté de les
réajuster d'une part mais aussi une acceptation des différences
et un rapprochement par les membres de l'institution et des
collègues.
Ces étudiants seront victimes de marginalisation,
d'exclusion ou de rejet au sein de l'institution, quand les différences
ne sont pas acceptées. Ainsi, l'université peut créer des
conditions qui facilitent l'intégration par la mise en place de
structures d'accueil, d'écoute et d'orientation pour comprendre les
problèmes auxquels ils sont confrontés et favoriser leur
implication dans les activités culturelles et scientifiques. Un
traitement égalitaire par exemple entre étudiants Français
et étudiants étrangers par les professeurs ou l'encadrement
pédagogique permettrait une hausse du niveau d'intégration des
étudiants étrangers. Et un faible niveau d'intégration de
ces étudiants peut les conduire au repli communautaire.
1-2. La notion de repli
communautaire
Le premier sens du mot `'repli'' ramène à un
mouvement de retour en arrière, une régression. Ainsi dans le
domaine économique, on parle de repli des marchés financiers, des
exportations etc. Dans le langage sociologique le concept est
généralement accompagné d'un autre substantif qui est
celui d'identitaire ou communautaire. La nécessité se pose alors
de comprendre les notions d'identité et de communauté, pour
analyser et comprendre notre concept opératoire de repli communautaire.
Pour André AKOUN et al,
La notion d'identité occupe une place importante qui
n'est pas de pure théorie, dans les questions d'immigration,
d'intégration, de résistance culturelle, etc. dans la mesure
où l'appartenance à un groupe, à une culture, à une
société est une façon de construire sa propre image de
soi, on comprend que des problèmes se posent à un groupe qui se
trouve immergé dans une société où il ne se
reconnait pas. Des logiques et des conflits surgissent alors, qui vont de la
volonté d'intégration à la société nouvelle
à la volonté contraire de résistance et de maintien de
l'identité originaire.La mode est aujourd'hui de parler de crise
d'identité dans nos sociétés, et en réaction
à cette crise, d'une exacerbation identitaire qui substitue, à
une identité collective jusqu'alors profondément vécue, le
repli sur des familles idéologiques, des bandes, des sectes, des tribus
etc. il s'agit là d'interrogation sur des formes spécifiques
d'anomie - laquelle est toujours une maladie de l'identité par un
affaiblissement des solidarités qui pourraient naître31(*).
Le repli identitaire serait alors un retour pour un individu
ou un groupe social à des valeurs culturelles propre à son groupe
social d'appartenance. Il intervient généralement pendant des
moments de crise ou de conflit de quelque nature que ce soit. Il peut s'agir de
conflit entre sectes différentes au sein d'une même
société, où certains groupes tentent d'imposer à
d'autres leurs valeurs. Dans ces conditions-là, ce repli est semblable
à un mécanisme de défense pour se protéger contre
un envahissement ou une domination par d'autres groupes.
Il peut tout aussi être dû à un
défaut d'intégration. Dans ce cas quand un individu ou un groupe
social se trouve mêlé à d'autres individus ou groupes, sans
pour autant être accepté et reconnu dans ses valeurs par le groupe
ou la société d'accueil, s'ensuit alors un repli de type
identitaire ou communautaire.
La communauté se distingue de la société
en ce sens que, selon Durkheim, dans la communauté, le lien social est
fondé sur la ressemblance, il parle dans ce cas de solidarité
mécanique. Tandis que dans la société, le lien social est
fondé sur l'interdépendance ou la complémentarité
entre individus. La solidarité est de type organique. On peut comprendre
qu'à l'intérieurd'une société peuvent exister
plusieurs communautés. Et c'est là qu'il arrive des situations
qui conduisent à des replis de type communautaire. Dans la
société Française par exemple, coexistent des
communautés plus ou moins différentes selon les cultures (on
parle de la communauté Malienne de France, de la Communauté
Sénégalaise ou Guinéenne de France etc.). Et c'est dans
les universités que l'existence de ces communautés est plus
visible et identifiable. C'est dans cette optique qu'on entend parler des
Associations telles que : l'Association des Guinéens de
Montpellier, l'association des Mauritaniens etc.)
Dans le cadre de notre étude, le repli communautaire
s'explique par le fait que les étudiants étrangers et notamment
les étudiants guinéens à Montpellier se tournent vers leur
association où ils se sentent plus à l'aise et comme membre
à part entière. Ce repli ne doit pas être vu sous le seul
angle de volonté de se rapprocher de sa communauté, mais il doit
être vu aussi sous l'angle d'une faiblesse d'intégration au sein
de leur université ou en générale, dans la
société française. L'association devient par là un
lieu de refuge voir même de protection. Cela se justifie par la
faiblesse de leur participation aux activités culturelles et
scientifique de l'université, par ce qu'ils n'y sont pas invités,
où ils n'en ont pas entendu parler, donc non informés de ces
événements. Sachant d'autant plus que même s'ils sont
informés et qu'ils participent, leur relation avec les autres ne sont
pas aussi évidentes. C'est pourquoi d'ailleurs, même dans les
activités culturelles et scientifiques de leur université, il est
fréquent de les voir dans la plus part des cas ensemble. Entrer, sortir,
danser et repartir ensemble.
Par contre, ces étudiants sont pleinement
engagés et participent activement aux activités de leur
association, dans la mesure où, à l`intérieur de cette
association, ils se sentent concernés, impliqués et donc il n'y a
de place que pour le plaisir à y participer.
Ce repli de type communautaire se manifeste aussi dans les
restaurants universitaires, dans les cités universitaires, dans les
bibliothèques que de simples observations permettent de justifier.
1-3. La notion de mobilité
étudiante
La mobilité en général traduit le fait
pour les individus de se mouvoir dans l'espace géographique ou social.
Les spécialistes parlent de mobilité physique, de mobilité
sociale et même de mobilité virtuelle. C'est dans ce cadre que
John Urry écrit que :
Le générique
« Mobilités » couvre un large spectre de mouvements
physiques s'exprimant à travers des temporalités diverses. L'on
peut être debout, affalé, en train de marcher ou de se livrer
à l'escalade, en train de danser ; le mouvement peut aussi
s'effectuer au moyen de la technologie : bicyclette, bus, voiture, train,
bateau, avion, fauteuil roulant, béquilles. L'étude des
mouvements s'effectue en utilisant comme cadre de référence une
journée, une semaine, une année, une vie. S'y ajoutent les
mouvements d'images et d'informations sur support média multiple, de
même que le mouvement virtuel lors de communications entre deux
personnes, une personne vers plusieurs autres, ou plusieurs personnes entre
elles au moyen d'ordinateurs sur réseau, à la technologie
très avancée32(*).
La mobilité étudiante traduit au prime abord
l'ensemble des mouvements dans l'espace géographique de cette
catégorie particulière de personnes que sont les
étudiants. On comprend dès lors, que ce phénomène
ne concerne que ceux qui pour une raison ou une autre se déplacent de
leur milieu géographique d'origine vers un autre en vue de satisfaire un
besoin de formation intellectuelle. Cette forme de mobilité exclue ceux
qui se déplacent pour des raisons de travail, de commerce ou pour des
raisons politiques. Elle recouvre des mouvements à des échelles
très variées. Il peut s'agir des mouvements à
l'échelle locale, à l'échelle régionale, à
l'échelle nationale ou à l'échelle internationale. Ces
types de mouvement ont été observés à toutes les
époques et dans toutes les sociétés.Dans le temps, la
mobilité étudiante s'est fait remarquer surtout à partir
du moyen âge.Verger Jacques en témoigne :
« Il est vrai que, d'une manière ou d'une
autre, beaucoup de maîtres et d'étudiants du Moyen Âge ont
dû se déplacer pour aller« aux études » au point
que, même sans être universelle, la mobilité
géographique a bien été un des éléments
constitutifs dans la définition même de l'université
médiévale. En fait, elle lui est même antérieure et
a été précisément un des facteurs qui ont
provoqué le passage des écoles de type ancien à
l'université33(*).» et il ajoute aussi que :
La mobilité des hommes est en effet une
réalité déjà bien attestée dans les
écoles pré-universitaires du XIIe siècle. À partir
du moment où certaines d'entre elles, les plus importantes étant
évidemment celles de Paris et de Bologne, ont acquis une
réputation qui s'étendait au-delà du cadre
diocésain traditionnellement assigné par l'Église à
l'activité des écoles cathédrales, des étudiants
d'origine plus ou moins lointaine y ont afflué. Dans sa
célèbre autobiographie, Histoire de mes malheurs, le breton
Abélard, né au diocèse de La mobilité
étudiante Nantes, retrace ainsi son errance scolaire, qui doit se situer
autour de l'année 1100 : «Parcourant diverses provinces, toujours
prêt à disputer, j'allai partout où j'avais appris que
l'art de la dialectique était en honneur ... J'arrivai enfin à
Paris. [Quelques années plus tard],voulant m'initier à la science
des choses divines [la théologie] et comme dans cet enseignement,
c'était Anselme de Laon qui faisaitautorité depuis longtemps, je
me rendis auprès de ce vieillard ». Plus on avance dans le
siècle, plus les exemples se multiplient, bien qu'on ne puisse,
évidemment, dresser de statistiques précises. De nombreux clercs
anglais, allemands ou italiens sont cités comme ayant
fréquenté les écoles de philosophie et de théologie
de Laon, Chartres et Paris. Dans les mêmes années, la
réputation grandissante des écoles de droit de Bologne attirait
non seulement des étudiants de toute l'Italie mais aussi de jeunes
« ultramontains » ambitieux et fascinés par l'«attrait
des leges ». À la mobilité des étudiants, fit
bientôt pendant celle des professeurs ; quelques maîtres connus de
Bologne, forts d'une réputation déjà internationale,
allèrent ouvrir des écoles au-delà des Alpes : Placentin
est attesté à Montpellier entre 1 166 et 1 192 et Vaccarius en
Angleterre de 1 145 à la fin du siècle (6). Ces
phénomènes migratoires ont vite pris une ampleur suffisante pour
créer des difficultés pratiques et des problèmes
juridiques. Des chroniques mentionnent que l'afflux des étudiants dans
les principaux centres scolaires soulevait des questions de logement, de
ravitaillement, d'ordre public. Les populations locales s'en irritaient mais ne
se privaient pas, à l'occasion, d'exploiter les écoliers. Le
droit urbain en effet, essentiellement coutumier, ne protégeait que les
membres de la communauté urbaine ; les étrangers, ce qui
était le cas de la plupart des étudiants, se trouvaient
exposés sans vraie défense aux exactions des habitants et
à l'arbitraire34(*).
De nos jours la mobilité internationale des
étudiants est un phénomène visible. Il consiste pour un
étudiant à quitter son pays d'origine pour aller poursuivre ses
études dans un autre pays. Ce phénomène concerne tous les
continents et presque tous les pays. Eugénie Terrier et al, nous
donnent quelques chiffres pour illustrer la densité de ces mouvements en
ce début du XXIème siècle.
En 2004, 2,5 millions d'étudiants sont dans un
pays autre que celui dont ils ont la nationalité, alors qu'ils
n'étaient que 1,75 million cinq ans auparavant, ce qui
représente une augmentation de 41 % depuis 1999 (OCDE, 2003 ;
UNESCO, 2003). Le début du XXIe siècle est donc
marqué par une importante augmentation du nombre d'étudiants
étrangers dans le monde. Avec 10 % des effectifs mondiaux
d'étudiants étrangers, la France est une des destinations
préférentielles de ces migrations. Elle se trouve à la
quatrième place après les États-Unis (23 %), le
Royaume-Uni (12 %) et l'Allemagne (11 %). En 2004-2005, 255 591
étudiants étrangers poursuivent leurs études dans
l'enseignement supérieur français (DEP, 2005), soit environ
95 000 de plus qu'en 1990 et 11,3 % de l'ensemble des
étudiants du pays. Cet afflux d'étudiants étrangers pose
des questions politiques, économiques, sociales et culturelles et
bouscule les discours sur la tradition d'accueil de la France35(*).
Quand on parle tout court de mobilité étudiante,
on pourrait réduirepar-là sa dimension internationale pour ne
voir que les déplacements de type intra-Etat, donc des mouvements
à l'échelle locale. C'est pourquoi, certains utilisent la notion
de mobilité étudiante à l'internationale.Cette
dernière semble recouvrir le phénomène dans toutes ses
dimensions. Harald Schomburg et al, nous donne ici
la signification de cette notion dans toute son acceptation.
Par mobilité étudiante à l'international,
on entend plus particulièrement la mobilité géographique
des étudiants vers des pays étrangers. On distingue au moins deux
groupes d'étudiants mobiles à l'international : a) les
étudiants étrangers (au sens de leur nationalité ou par le
fait qu'ils sont nés dans un pays étranger) participant à
un programme d'études dans le but d'obtenir un diplôme ;
b) les étudiants temporairement mobiles, qui se rendent à
l'étranger pendant leurs études uniquement pour une courte
période (comme le programme Socrates/Erasmus). [...] En 2006, l'Academic
Cooperation Association (Kelo, Teichler and Wächter 2006,
pp. 15-16) a démontré que pour 32 pays
européens :
· parmi les 19,4 millions d'étudiants en 2003
(année universitaire 2002/2003), environ 1,1 million étaient
de nationalité étrangère, soit 5,8 % ;
· la nationalité de près de la
moitié des étudiants étrangers, soit 2,9 % de
l'ensemble des étudiants, était celle d'un autre pays
européen ;
· environ 575 000 étudiants ont
étudié à l'étranger, soit 3,1 % des
étudiants ayant étudié dans leur pays d'origine ;
· environ 82 % des étudiants européens
qui étudient à l'étranger (soit 2,5 % de l'ensemble
des étudiants européens) sont allés dans un autre pays
européen36(*).
Dans le contexte de notre étude, le concept de
mobilité étudiante est utilisé pour désigner les
mouvements dans l'espace géographique que les étudiants font dans
nos sociétés actuelles. Il implique leur déplacement
transfrontalier(d'un pays à un autre) pour une durée plus ou
moins longue, en vue de suivre un programme de formation et d'obtenir un
diplôme. Selon la distance, nous faisons allusion d'une part à
ceux qui sortent de leurs continents pour d'autres. Ainsi, nous concevons la
mobilité internationale des étudiants comme le fait par exemple
pour un étudiant Africain, de se retrouver dans un pays soit en Europe,
en Amérique ou en Asie pour poursuivre des études. Il en va de
même pour un étudiant d'origine Asiatique qu'on retrouve dans un
pays Européen, Africain ou Américain. Mais aussi pour un
étudiant d'un pays Européen poursuivant ses études aux
Etats Unis ou en Asie.
D'autre part, nous concevons ici le concept de mobilité
internationale des étudiants, dans le sens du déplacement des
étudiants d'un pays à un autre dans le même continent. Un
étudiant d'origine allemande ou espagnole qu'on rencontre dans une
université Française s'inscrit dans ce cadre, il s'agit là
tout aussi de mobilité internationale d'étudiants.
Il est pris en compte ici pour traduire le fait que les
étudiants africains et plus particulièrement ceux d'origine
Guinéenne poursuivent leurs études aujourd'hui dans les
différentes universités de Montpellier, donc loin de leur pays.
Ils sont considérés pour cela comme étudiants
étrangers.
1-4. La notion d'étudiant
étranger
Qu'appelle-t-on dans le contexte actuel
« étudiant étranger » ?Ce vocable
composé de deux mots pourrait mieux être compris si nous traitons
ces mots séparémentd'abord pour ensuite les combiner afin de
saisir toute sa signification. Ainsi, dans le langage habituel, le mot `'
étudiant'' désigne toute personne inscrite dans un programme de
formation universitaire. Il se distingue de l'élève en ce sens
que ce dernier est considéré comme un apprenant, alors que
l'étudiant est appelé à faire des recherches
au-delà de ce qu'on l'apprend et ce, dans un domaine lié à
sa filière d'enseignement. C'est pourquoi, il est courant d'entendre
parler d'étudiant chercheur. Que disent les auteurs sur ce
concept ? Anne-Françoise Dequire donne une définition large
qui prend en compte l'essentiel des aspects qu'il recouvre.
Le terme « étudiant » est
dérivé du latin studere signifiant
« s'appliquer à apprendre quelque chose ». On le
réserve généralement aux personnes intégrées
dans un cursus scolaire. Dans de nombreux pays, notamment francophones, ce
terme est traditionnellement réservé aux personnes
engagées dans un cursus d'enseignement supérieur. Les nombreuses
recherches effectuées sur les étudiants opèrent une
distinction dans le monde de l'enseignement entre l'élève qui
fréquente l'enseignement primaire ou secondaire, et l'étudiant
qui fréquente un établissement d'enseignement supérieur.
Selon F. Dubet[12] « quand se
croisent la diversité du monde étudiant et la diversité de
l'offre universitaire, il se forme un univers d'autant plus complexe que l'un
et l'autre de ces ensembles ne se recouvrent pas nécessairement pour
former des types d'étudiants nettement identifiables ». En
effet, pour F. Dubet, il est très difficile de donner une
définition de l'étudiant puisqu'aucun type idéal nouveau
n'est venu bousculer l'héritier. Ce qui fait dire à
O. Galland[13] « qu'en dehors
de sa définition strictement scolaire, la condition étudiante est
d'abord une manière de prolonger la jeunesse. Mais c'est bien,
malgré tout, la poursuite d'études en commun qui donne son
unité à ce groupe, même si celui-ci se fragmente en
fonction des disciplines37(*).
Le concept a pris une signification plus étendue,
surtout à partir du moment où des règlementations sont
entrées en vigueur pour accorder à cette catégorie de
personnes, un certains statut particulier. Ainsi dans chaque pays les
étudiants représentent une catégorie de la population dont
l'Etat assure un certain nombre de droits ou d'avantages et à partir de
laquelle, on fait des mesures sur l'insertion socioprofessionnelle. Des
organisations spécifiques existent dans chaque pays et qui
défendentles conditions particulières de cette catégorie
de la population, qui dans certains cas d'ailleurs, joue une grande influence
sur les décisions politiques de leur pays.
En 1946, en France, des organisations
étudiantes ont établi la charte de Grenoble créée
par l'UNEF[14] fixant un statut
d'étudiant avec des droits et des devoirs. Comme s'accordent à
dire plusieurs auteurs, le statut d'étudiant ne serait que temporaire.
C'est le cas d'A. Coulon[15] pour qui
« le statut d'étudiant n'est qu'un statut provisoire qui
à la différence d'un métier ne dure que quelques
années. L'entrée dans la vie universitaire est comme un passage.
Il faut passer du statut d'élève au statut
d'étudiant. » Pour P. Bourdieu et
J.-C. Passeron[16], les étudiants ne
peuvent être comparés à un groupe social
professionnel : « les étudiants peuvent avoir en commun
des pratiques, sans que l'on puisse en conclure qu'ils ont une
expérience identique mais surtout collective ». Et
R. Boyer[17] d'ajouter que
« l'entrée dans la vie étudiante procède certes
d'une rencontre avec une nouvelle culture, la culture universitaire, mais aussi
d'une rencontre avec un nouveau statut social, un nouvel environnement
relationnel, un nouveau mode de vie qui, ensemble, contribuent à
bousculer et redéfinir l'identité sociale et personnelle de
l'étudiant38(*).
Quant au mot « étranger », il
désigne au prime abord toute personne qui réside ou qui vit dans
un pays autre que celui où il a la nationalité. Il prend
plusieurs significations et son acceptation dépend du contexte dans
lequel il est employé. On peut être étranger à un
groupe, ou à une famille, quand on n'appartient pas à ce groupe
ou à cette famille. Dans notre contexte nous utilisons ce concept en
référence aux rapports entre pays différents, à la
règlementation que chaque pays définit vis-à-vis de ceux
qui n'ont pas la nationalité.
Nous pourrons à présent revenir sur notre
concept d'étudiant étranger, pour le définir en premier
lieu comme toute personne inscrite dans un programme de formation universitaire
dans un pays autre que son pays d'origine. Mais, il est important de se rendre
compte que l'origine ou la nationalité seraient insuffisantes à
elles seules, pour rendre compte de ce concept vue les règlementations
en vigueur dans chaque pays ou selon les conceptions des institutions
internationales. Eugénie Terrier et
al,écrivent ceci:
Que cela soit dans la conversation courante ou dans les
rapports officiels, l'expression « étudiant
étranger » est communément utilisée pour
désigner les étudiants en mobilité internationale.
Certains chercheurs (Slama, 1999 ; Aubert et al., 1996) ont mis en
avant le caractère ambivalent de cette expression ainsi que le flou
statistique et les difficultés logistiques qu'une mauvaise
catégorisation statistique pouvait engendrer. L'exemple des
étudiants étrangers illustre bien le recul dont le chercheur doit
faire preuve par rapport à l'arbitraire des catégories
statistiques, celles-ci étant parfois extrêmement
éloignées des réalités sociales39(*).
La définition adoptée par l'UNESCO en 1999
considère qu'« un étudiant étranger est une
personne inscrite dans un établissement supérieur d'un pays ou
d'un territoire où elle n'a pas sa résidence
permanente ».
Mais pour mieux le saisir, il serait important de
connaître la règlementation en vigueur dans chaque pays, qui
définit à sa manière l'étudiant étranger.
Ainsi en France, la DEP (Direction de l'évaluation et de la prospective
devenue Direction de la programmation et du développement DPD40(*)) (2005), service statistique
du Ministère de l'Éducation nationale, définit
l'étudiant étranger de la manière suivante
« sont pris en compte dans les différentes enquêtes de
recensement des étudiants inscrits en France ceux se déclarant de
nationalité étrangère, ce qui inclut ceux ayant
effectué leur scolarité du secondaire dans le système
scolaire français. » Cette définition rassemble sous
une seule appellation tous les étudiants n'ayant pas la
nationalité française, soit deux groupes aux parcours de vie bien
différents : les étudiants qui sont en mobilité
internationale, c'est-à-dire ceux qui se rendent en France exclusivement
pour leurs études, et les étudiants issus de l'immigration,
n'ayant pas la nationalité française et dont les parents
résident en France41(*) »
Dans le cadre de cette étude, nous utilisons cette
notion pour désigner tous ceux qui sont inscrits dans les
différentes universités de Montpellier et qui n'ont pas la
nationalité Française. Il s'agit plus particulièrement des
étudiants qui viennent de la Guinée et qui poursuivent leurs
études à Montpellier. Ils sont étrangers en ce sens qu'ils
sont obligés de se procurer du titre de séjour, pour
étudier légalement à l'université.
Section II : Cadre théorique
Cette section de notre mémoire, traite de quelques
théories sociologiques qui sont en relation avec notre sujet
d'étude. Sans prétendre à l'exhaustivité, nous
avons identifié les théories suivantes : la théorie
du lien social, l'école de Chicago et la théorie des
inégalités sociales à l'école.
2.1. La théorie du lien social
Le lien social, le vivre ensemble ou la solidarité
(sociale), forment une thématique qui a fait l'objet en sociologie d'un
assemblage de travaux de plusieurs auteurs dont l'ensemble pourrait former ce
qu'on appelle la théorie du lien social.Emil Durkheim (1858-1917), dans
son ouvrage `' De la division du travail social (1893)'', s'interrogeait sur
les conditions de l'existence même d'une société. Autrement
dit sur la relation entre les individus et la collectivité. Comment les
membres d'une société parviennent-ils à instaurerle
consensus ou leur cohésion?Pour répondre à cette
interrogation, l'auteur part d'une distinction entre une solidarité de
type mécanique, caractéristique des sociétés
anciennes et une solidarité de type organique, caractéristique
des sociétés modernes. Selon cet auteur,dans les
sociétés anciennes la faible division du travail fait que le
lien social est basé sur la ressemblance des pratiques et des habitudes
entre individus dues à une proximité spatiale et culturelle. Les
croyances communes, les activités peu différenciées font
que la cohésion y est par similitude. Tandis que dans les
sociétés modernes où la division du travail est
très poussée, le lien social est basé sur
l'interdépendance entre les individus. Des croyances différentes,
des activités diversifiées font que les individus, pour
satisfaire leur existence se complètent mutuellement,c'est cette
interdépendance qui détermineleur rapport.
En partant de cette analyse, notre souci sera alors de
déterminer sous quelle forme de solidarité, les étudiants
étrangers en France, et notamment les Guinéens à
Montpellier construisent-ils leur relation avec les autres. Dans le milieu
universitaire, le lien social serait-il basé sur la ressemblanceou sur
la complémentarité/l'interdépendance entre les membres de
ce milieu ? Au prime abord, il est difficile d'admettre une ressemblance
ou une similitude de croyances entre étudiants étrangers et les
français. Hors mis les étrangers naturalisés et ayant
passé leur enfance en territoire français ou les étudiants
issus des familles immigrées qui eux, ont la culture française en
eux, les autres sont issus de milieux sociaux différents et donc de
cultures différentes. Par-là, est exclue une solidarité de
type mécanique entre eux,si bien qu'on peut y voir une proximité
spatiale, due au fait qu'ils sont ensemble dans le même milieu qu'est
l'université.
Y-aura-t-il alors entre eux une solidarité de type
organique ?Si oui, la question sera de savoir, qu'est-ce qu'eux apportent
aux autres et qu'est- ce que les autres les apportent pour qu'ils soient
interdépendants ? Il y a certes des différences culturelles
entre guinéens et français, mais ces différences
permettent-elles d'attirer les uns envers les autres ? Ou au contraire ces
différences contribuent à l'éloignement des uns envers les
autres ? Nous estimons que les différences eux ne permettent ni
l'un ni l'autre. Alors d'où la nécessité de trouver une
autre approche du lien social qui pourrait traduire cette situation.
Sur cet aspect, nous verrons l'approche d'une autre figure de
la sociologie qui fonde son analyse de l'existence de la société
à partir des interactions ou actions réciproques entre les
individus, mais réglementé par des structures bien
établies en place. Il s'agit de Georg Simmel (Berlin 1858,Srasbourg1918)
qui, dans son ouvrage la Différenciation sociale (Uber soziale
Differenzierung, 1890) résume sa conception de la société
ainsi :
Là où une réunion a eu lieu, dont les
formes persistent bien que desmembres s'en aillent et de nouveaux entrent;
là où une possession commune extérieure existe, dont
l'acquisition et la jouissance ne sont pas l'affaire d'un individu; (...)
là où le droit, la coutume, le commerce ont constitué des
formes auxquelles chaque personne doit se soumettre et se soumet qui entre en
un certain rapport local avec d'autres -- là, en tous ces lieux, il y a
société, làl'interaction s'est cristallisée en un
corps qui la distingue comme interaction sociale de celles qui disparaissent
avec les sujets qui les font naître et avec leur comportement
instantané42(*).(p.
16)
Ici, il est important de mettre l'accent sur le fait que les
rapports entre individus sont régis par l'intermédiaire
d'institutions, qui peuvent être aussi des organismes de toute sorte. Il
peut s'agir de la bureaucratie (administration, entreprise etc.) à la
quelle, l'individu y est attaché par les normes ou règles qui y
sont établies. « Ce n'est même pas, ce terme de
« chose » qui distingue la sociologie de Durkheim et celle
de Simmel puisque toute la philosophie de l'argent démontre
à quel point les rapports sociaux se « chosifient »
(versachlichen) par l'introduction d'intermédiaires (le fonctionnariat,
la bureaucratie) chargés de gérer les relations entre les
personnes43(*). »
Contrairement à Durkheim, beaucoup d'autres auteurs
voient le lien social comme une construction des individus au cours de leurs
interactions.
D'autres auteurs s'efforcent de repenser le lien social
autrement. Jean-Yves Dartiguenave, Jean-Michel Le Bot et Jean-François
Garnier entreprennent de réfléchir à la notion de lien
social à partir de Georg Simmel et de Jean Gagnepain. Ils s'appuient sur
la tradition sociologique, notamment simmelienne, ainsi que sur l'anthropologie
clinique, pour montrer que le lien social ne résulte jamais de la seule
rencontre ou de la seule coexistence des individus. Il est construit par les
personnes à travers un double processus de différenciation et
d'identification d'une part, de séparation et d'unification de
l'autre44(*).
Dans un premier temps, nous nous inscrivons dans cette
approche en considérant que le rapport entre étudiants
étrangers et les français dans le milieu universitaire (qu'il
s'agisse des étudiants français, les professeurs ou d'autres
encadreurs de l'université) sont déterminés par la
réglementation propre à l'université. En tant
qu'institution, étudiants et encadreurs sont soumis aux règles
qui y sont établies et vivent ainsi ensemble sans faire
référence à leurs différences ou à leur
ressemblance. Les travaux de groupes, les séances de cours magistraux,
les travaux dirigés, les expériences en laboratoire qui
relèvent des modes d'enseignement permettent aux uns et aux autres
d'entrer en contact et donc en rapport, indépendamment des
différences culturelles. L'institution devient par-là, la base du
lien social.
Mais un autre aspect de notre sujet, concerne le repli
communautaire des étudiants étrangers et notamment
guinéens. En quoi la théorie du lien social, pourrait-elle
expliquer cette situation ? Certains penseurs estiment que l'homme, pour
nouer des relations cherche toujours son semblable d'abord ou celui avec qui,
il est plus proche culturellement. Pour d'autres penseurs, cela dérive
de la nature des choses. La nature humaine serait ainsi faite. Chacun est
attiré par son semblable, au sens où, on l'a vu plus haut chez
Durkheim.
Un homme qui n'a pas de famille est attiré plus
fortement vers ses amis et voisins ; et, en l'absence de ceux-ci, il se lie
naturellement avec ceux qui sont originaires de la même ville ou du
même pays que lui et viennent à se trouver par hasard au
même endroit. Deux Anglais se rencontrant à Rome ou à
Constantinople deviennent vite intimes. Et, en Chine ou au Japon, des
Européens penseraient que le fait même d'être
européens constitue une bonne raison pour nouer une relation
privilégiée. Allons plus loin encore, supposons le cas où,
transportés sur Jupiter ou Saturne, nous y rencontrions un Chinois ou
quelque autre habitant de la plus lointaine contrée de notre
planète, nous viendrions à le considérer comme un proche,
et serions bientôt disposés à nous lier d'amitié
avec lui. Ce sont là des réflexions bien naturelles et propres
à nous convaincre que nous sommes reliés à chaque individu
de l'espèce humaine par une chaîne imperceptible45(*).
Dans un second temps, nous nous inscrivons dans cette approche
aussi, pour expliquer le fait que les étudiants guinéens se
replient en communauté pour faire face à l'isolement auquel ils
pourraient être victimes au sein de leur milieu universitaire plus
particulièrement, mais aussi au sein de la société
française en général. Ceci se traduirait par l'existence
d'une association des guinéens de Montpellier au sein de laquelle, la
majorité des étudiants guinéens sont membres et actifs
dans ses activités.
2.2.L'école
de Chicago
En sociologie, on donne le nom d'« école de
Chicago » à un ensemble de travaux, réalisés par
des chercheurs et étudiants de l'université de Chicago, entre
1915 et 193546(*). Les
buts poursuivis etsurtout les méthodes utilisées qui ont fait
l'originalité de ces travaux, leur ont donné valeur de
théorie au sein de la discipline.Lesquestions de l'immigration et la
criminalité dans un contexte d'urbanisation aux Etats-Unis en
général et dans la ville de Chicago en particulier ont
été abordées sous plusieurs angles (anthropologique,
psychologique et sociologique).
Certains concepts utilisés dans les travaux de
l'école de Chicago, notamment ceux de marginalité, d'assimilation
ou d'attitudepeuvent bien correspondre à la situation des
étudiants étrangers en France de façon
générale et à Montpellier en particulier.
C'est sans doute à cet intérêt
porté par la sociologie de Chicago à la question de
l'assimilation des immigrants qu'on doit en effet l'existence de plusieurs des
concepts majeurs de la sociologie américaine, parmi lesquels la
désorganisation sociale, la définition de la situation, la
marginalité, l'acculturation. Ces concepts, principalement
développés dans les travaux de Thomas et Znaniecki, d'une part,
et dans ceux de Park et Burgess d'autre part, vont jalonner la théorie
de l'assimilation, qui sera reprise et modifiée par un grand nombre de
leurs étudiants47(*).
Le courant interactionniste qui part de l'interaction entre
individus pour expliquer des phénomènes sociaux, est
caractéristique de l'école de Chicago. Une bonne partie des
travaux de R. Park et E. Burgess, deux des chercheurs de l'école de
Chicago, qui partent de ce courant de pensée, est présenté
ici par Alain Coulon.
Park (1921)48(*), en décrivant le procès de
désorganisation-réorganisation qui jalonne les interactions entre
les groupes sociaux autochtones et immigrants, distingue quatre étapes,
chacune représentant un progrès par rapport à la
précédente : la rivalité, le conflit, l'adaptation et
l'assimilation.
1) La rivalité : elle est la forme d'interaction
la plus élémentaire, elle est universelle et fondamentale. La
rivalité est « l'interaction sans le contact social » (p. 507)
(...)
2) La deuxième étape est le conflit, qui est
inévitable, lorsqu'on met en présence des populations
différentes. Le conflit manifeste une prise de conscience, par les
individus, de la rivalité à laquelle ils sont soumis. Tandis que
la rivalité est inconsciente et impersonnelle, le conflit est au
contraire toujours conscient et implique profondément l'individu. C'est
un processus qui accompagne toujours l'installation des individus dans leur
nouvel environnement (...)
3) « l'adaptation peut être
considérée, telle une conversion religieuse, comme une sorte de
mutation » (p. 510). Elle représente l'effort que doivent faire les
individus et les groupes pour s'ajuster aux situations sociales
créées par la rivalité et le conflit. Ainsi, les gangs de
la phase de conflit deviennent des clubs pendant celle de l'adaptation (p.722).
L'adaptation est un phénomène social qui concerne la culture en
général, les habitudes sociales et la technique,
véhiculées par un groupe. Pendant la phase d'adaptation, il y a
coexistence entre des groupes qui demeurent des rivaux potentiels mais qui
acceptent leurs différences. Les relations sociales sont
organisées dans le but de réduire les conflits, de
contrôler la rivalité et de maintenir la sécurité
des personnes.»
4) L'ultime étape, qui fait, selon Park,
«naturellement » suite à l'adaptation, est l'assimilation, au
cours de laquelle les différences entre les groupes se sont
estompées et leurs valeurs respectives mélangées. Les
contacts se multiplient et deviennent plus intimes, la personnalité de
l'individu se transforme : « Il y a interpénétration et
fusion, au cours desquelles les individus acquièrent la mémoire,
les sentiments et les attitudes de l'autre et, en partageant leur
expérience et leur histoire, s'intègrent dans une vie culturelle
commune » (p. 735). L'assimilation est un phénomène de
groupe, dans lequel les organisations de défense de la culture
immigrée par exemple, ou les journaux en langues
étrangères, vont jouer un rôle déterminant. Il faut
donc en encourager le développement plutôt que les
combattre.49(*)
Nous nous inscrivons dans cette théorie, pour traduire
l'existence de ces quatre étapes pour les étudiants
guinéens dans leur milieu universitaire, dans leur rapport avec leurs
collègues français. Ainsi, on peut constater dans leur processus
d'intégration, une phase de rivalité pendant laquelle,
l'étudiant étranger qu'est le guinéen, sans qu'il ne soit
en interaction direct avec son collègue français, se
considère déjà comme rival, ne serai- ce que dans
l'obtention des notes. Qu'il soit chez lui ou à la bibliothèque,
il a une attitude de rivalité envers son collègue. Bien que la
rivalité qui existe dans les milieux universitaires entre
étudiants est général,sans pour autant opposer uniquement
étrangers et nationaux, on peut tout de même constater que
certains étudiants étrangers, en raison de leur statut
d'étranger considèrent plutôt les nationaux comme rivaux au
lieu des autres étrangers comme eux.
Ensuite vient la phase de conflit qui pourrait être
constaté lors des travaux de groupe ou de TD entre étudiant
étrangers et nationaux. Au cours de ses interactions, certains
étudiants étrangers peuvent prendre conscience de la
différence de traitement qu'ils subissent (il peut s'agir d'une
attention particulière qu'un professeur accorde au travail d'un
étudiant étranger ou du désintérêt tout
court, pendant des séances de cours ou de TD).
L'adaptation viendra ensuite, après plusieurs
années. A ce niveau, l'étudiant étranger et les
français s'acceptent mutuellement. Ils se choisissent dans les travaux
de groupe, ils commencent à se fréquenter en dehors de
l'université, bref, chaque partie aurait accepté d'ajuster
certains de ses comportements pour pouvoir vivre ensemble.Cette phase est en
rapport avec la durée de séjour de l'étudiant
étranger dans le milieu d'accueil, elle ne peut se réaliser avec
les nouvellement inscrits. Enfin, comme le dit Coulon, viendra la phase
d'assimilation. Elle commencera pour l'étudiant étranger à
partir du moment où il s'écarte de certaines de ses valeurs au
profit de celle de la société d'accueil. Le langage, la
consommation, les considérations religieuses, les différentes
conceptions de la vie (la démocratie, la liberté,
l'égalité, le mariage, la place de la femme etc.) seront tous
adoptées sur la base de la conception française.
2.3. La théorie des inégalités
sociales à l'école
La question des inégalités sociales à
l'école a fait l'objet de plusieurs travaux en sociologie. Dans la
sociologie française, deux axes d'analyse ont marqué les
études sur le sujet, sans pour autant être les seuls. D'un
côté il y a les travaux de P. Bourdieuet J-C Passeron (1964,
1978), de l'autre, les travaux de R. Boudon (1979)50(*). Georges Felouzis les
présente de cette manière :
La question des inégalités dans l'enseignement
traverse l'ensemble des réflexions sociologiques sur l'école de
ces quarante dernières années. Dans une société
démocratique, le système d'enseignement ne peut apparaître
juste et équitable que s'il tend à réaliser
l'égalité de tous devant les diplômes et les études.
La sociologie « critique » de l'éducation, qui se
développe à partir de la fin des années 1950 en France, se
propose de mettre au jour et d'expliquer cet écart entre une
égalité« proclamée » et de profondes
inégalités réelles entre les élèves. La
sociologie critique a pensé les inégalités dans
l'enseignement principalement en termes d'origine sociale : l'accès aux
diplômes et aux formations supérieures est étroitement
dépendant du milieu social d'origine. Contrairement au courant de la
sociologie américaine des inégalités,
représenté entre autres par Ch. Jencks aux États-Unis et
repris par R. Boudon et M. Cherkaoui en France, la sociologie critique a
privilégié des analyses en termes d'inégalités
entre groupes sociaux plus qu'en termes d'inégalités entre
individus. Même si, comme le remarque Ch. Jencks, « la comparaison
du degré d'inégalité entre les groupes et les individus
fait apparaître une inégalité beaucoup moins forte entre
les groupes », la réflexion portait essentiellement sur la
dimension sociale des inégalités et l'échec massif d'une
grande partiedes élèves de milieu ouvrier et employé, dans
l'enseignement primaire et secondaire, mais aussi dans l'enseignement
supérieur et l'Université51(*).
Dans cette théorie on voit que pour certains, dans le
sillage des travaux de Bourdieu et Passeron notamment, les
inégalités sociales à l'école s'expliquent par les
origines sociales. Les élèves viennent à l'école
avec des capitaux plus ou moins différents. L'école ne ferait que
reproduire des inégalités qui existent déjà au sein
des familles. Ainsi pour ceux issus de milieux sociaux aisés des classes
bourgeoises (y compris les familles de cadres) trouvent les moyens de faire
face aux impératifs de bonnes études. Les moyens financiers et le
capital culturel de la classe d'origine prédisposentces
élèves à une bonne carrière au sein de
l'école. Par contre, les élèves issus des classes moyennes
et des classes populaires, seraient défavorisés vis-à-vis
de leurs autres camarades à l'école.
Pour d'autres, dans le sillage notamment des travaux de
Boudon, l'origine sociale joue certes son rôle d'influence, mais cette
influence ne se sent plus particulièrement que dans les premières
années d'études (peut être jusqu'au collège).
Au-delà d'un certain niveau de formation (Lycée et
Universités), les différences de carrières (longues ou
courtes études) ou de filières s'expliquent par des choix
rationnels des élèves eux-mêmes (ou avec leurs familles).
Ainsi par exemple, pour un enfant issu d'une classe paysanne, il choisira une
formation de courte durée qui le conduira vite à un travail au
lieu de suivre des études de longue durée qui demandent un fort
investissement pour la famille.
D'autres chercheurs ont montré que la réussite
scolaire peut être due aussi à d'autres facteurs tels que le
contexte. Certains travaux de Marie Duru-Bellat52(*) se situent à ce niveau.
Sous cet angle, la réussite scolaire pourrait être aussi
tributaire des caractéristiques des établissements. Son
organisation, la qualité du personnel voir même ses
infrastructures. On parle dans ce sens, d' « effets
d'établissement ».
En quoi cette théorie nous intéresse dans cette
étude ? Comparés aux étudiants nationaux, les
étudiants étrangers (qui réussissent à se faire
inscrire à titre individuel, ce qui exclut ceux qui sont dans un
programme d'échange) en quête de réussite à
l'université n'ont pas les mêmes atouts. De l'obtention d'une
chambre en cité universitaire ou dans le privé, jusqu'à la
possibilité de faire face aux impératifs financiers liés
aux études, les avantages ne profitent qu'aux nationaux.
A ce niveau, il faut rappeler que parmi les étudiants
d'origine guinéenne inscrits actuellement dans les différentes
universités de Montpellier rencontrés dans le cadre de cette
étude, aucun n'est dans un programme d'échange ou boursier de
l'Etat guinéen ou du gouvernement français. Il leur faut pour
réussir leur formation, trouver du travail. Chose très difficile
dans un contexte économique marquée par la hausse du
chômage. Vis-à-vis de l'université, ces étudiants
pourraient à tout moment être frappé par le manque de temps
(qui peut être dû à la quête de ce fameux boulot ou si
on l'a, les contraintes liées avec) pour non seulement participer
à toutes les activités culturelles et scientifiques de
l'université, mais à des fois même, suivre les cours en
classe. Ainsi, si l'intégration de l'étudiant étranger
(dans son milieu universitaire) exige de consacrer du temps aux autres et aux
activités y affairant, il est fort probable qu'il ne le réussit
que difficilement pour ne pas dire impossible.
Cette théorie des inégalités sociales
à l'école est en fait utilisée dans le cadre de cette
étude, pour montrer que le statut d'étudiant étranger
traduit dès au départ une certaine inégalité entre
étudiants. L'étudiant étranger qu'est le guinéen
est soumis à des contraintes liées à son statut : si
ce n'est pas les services de la préfecture qui l'exigent de passer en
classe supérieur et d'avoir en même temps les ressources
financières suffisantes pour l'année qui suit au risque de se
faire refuser le titre de séjour, c'est dans le milieu de travail
où il lui est interdit de travailler au-delà de 20h hebdomadaire.
Une difficulté supplémentaire rencontrée par
l'étudiant guinéen est celle de l'obtention d'un logement en
cité universitaire. Il est exclu parmi les bénéficiaires
s'il n'est pas inscrit au niveau minimum de Master 1.
Ces différentes contraintes font que l'étudiant
étranger et particulièrement celui d'origine guinéenne
consacrera l'essentiel de son temps à autre chose que de s'investir
à fond pour la réussite de son cursus. Dans le domaine scolaire,
il pourra par exemple ne se soucier que d'avoir juste la moyenne lui permettant
de passer en classe supérieur pour répondre à la
première contrainte de la préfecture(le renouvellement de son
titre de séjour) mais aussi travailler pour satisfaire la
deuxième contrainte. En second cas, il privilégiera le travail
(le boulot selon l'expression la plus utilisée par les étudiants)
que de participer à des colloques, conférences ou autres
activités culturelles et scientifiques au sein de
l'université.
CHAPITRE III : PRESENTATION DE LA ZONE DE
L'ETUDE
Section 1. Présentation de l'Académie de
Montpellier
Dans cette section, nous présentons l'académie
de Montpellier. Quelques éléments sur son statut, son histoire en
se focalisant uniquement sur le volet de l'enseignement supérieur.
L'essentiel des informations obtenues proviennent du site de
l'académie :
http://www.ac-montpellier.fr
Une académie est une circonscription administrative de
l'éducation nationale. Il existe en France 30 académies, dont 26
en métropole. Chaque académie est placée sous
l'autorité d'un
Recteur,
nommé en conseil des Ministres, par le Président de la
République.
L'académie de Montpellier couvre la région
Languedoc-Roussillon et comporte cinq départements : L'Aude
(11)53(*), Le Gare (30),
L'Hérault (34), la Lozère (48), et les Pyrénées
orientales (66). Dans cet ensemble, les établissements d'enseignement
supérieur universitaire qui relèvent du Ministère de
l'Education Nationale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche
sont au nombre de six : l'université de Montpellier 1,
l'université de Montpellier 2, l'université de Montpellier 3 Paul
Valéry, l'université de Perpignan Via Domitia,l'Ecole Nationale
Supérieure de Chimie de Montpellier, Université de Nîmes-
UNÎMES.
A ces établissements d'enseignement supérieur,
s'ajoutent soixante-quinze lycées qui disposent de Classe
Préparatoire aux Grandes Écoles (CPGE) et de section de
Techniciens Supérieurs (STS). Avec leurs quatre IUT,
l'école interne Polytech'Montpellier , l'IUFM et les
Universités de l'Académie de Montpellier scolarisent plus de 70 %
de l'effectif total des étudiants de l'Académie.
L'Académie de Montpellier présente une longue et
riche tradition universitaire. Son université est l'une des toutes
premières fondées en France (13ème siècle) et sa
faculté de médecine peut s'enorgueillir d'être la plus
ancienne du monde occidental. Dès le treizième siècle, la
renommée des facultés de droit et de médecine a
attiré maîtres, savants et étudiants du monde
chrétien et musulman et ce rayonnement s'est poursuivi et étendu
au travers des siècles. La faculté de Médecine de
Montpellier est la plus ancienne d'Europe et l'Université
créée en 1289 s'enorgueillit aussi d'avoir reçu le premier
jardin de botanique de France ouvert en 1593 par Henri IV. Aujourd'hui, le
Languedoc-Roussillon dispose d'un potentiel de recherche qui le place au 1er
rang des régions françaises en valeur relative (rapport de
l'activité de recherche à la population totale).
La Région est devenue au niveau mondial, exportatrice
de savoir et de matière grise dans les domaines de l'agronomie, des
sciences de la vie, de la chimie, de la pharmacie, des sciences physiques et
mathématiques comme en médecine et en droit.Globalement
l'Académie de Montpellier accueille sur son territoire environ 93 000
étudiants répartis dans plus de soixante-dix
établissements d'enseignement supérieur (universités,
instituts, écoles et lycées publics ou privés), ce qui la
place en troisième rang national quant au nombre d'étudiants par
rapport à la population totale. L'aire urbaine de Montpellier
reçoit à elle seule plus de 60 000 étudiants, ce qui la
positionne en second rang national des sites d'enseignement supérieur
français.
Section 2. Statistiques des étudiants
guinéens à Montpellier
Notre étude concerne les étudiants
guinéens inscrits dans les établissements d'enseignement
supérieur de l'Hérault (34) et plus particulièrement des
Universités de Montpellier 1, Montpellier 2 et Montpellier 3.
A l'université Paul Valéry Montpellier 3dont les
domaines d'enseignement relèvent des Lettres, Langues Arts et Sciences
Humaines, les statistiques que nous avons obtenues de l'Observatoire de la vie
étudiante (OVE) montrent qu'il y a vingt-trois (23) étudiants
guinéens inscrits au titre de l'année universitaire 2012-2013
dont seize garçons et sept filles. Les niveaux se répartissent
comme suit : Six d'entre eux sont en licence 1 (dont 4 garçons et 2
filles), deux en licence 2 (tous des garçons), cinq en licence 3
(uniquement des filles), quatre en Master 1 (tous des garçons), cinq en
Master 2 (tous des garçons) et un seul en doctorat.
L'université Montpellier 2 dont les domaines
d'enseignement relèvent des sciences et techniques compte pour
l'année universitaire 2012-2013 au total 32 étudiants d'origine
guinéenne, dont 25 garçons et 7 filles. Les niveaux se
répartissent comme suit : cinq en licence 1 (3 garçons et 2
filles), quatre en licence 2 (dont deux filles et deux garçons), sept en
licence 3 (tous des garçons), treize en Master (10 garçons et 3
filles), deux garçons en DUT et un monsieur en doctorat.
Pour l'année universitaire 2012-2013,
l'université Montpellier 1, dont les principaux domaines d'enseignement
concernent la Médecine, la pharmacie, le droit et l'économie,
compte quatre-vingt-cinq (85) étudiants d'origine guinéenne dont
58 garçons et 27 filles. Les niveaux et les unités de formation
se répartissent comme suit :24 en Administration économique
et sociale (AES)dont huit en licence (5 garçons et 3 filles), huit en
diplôme universitaire 2ème année (4 filles et 4
garçons), cinq en diplôme universitaire 3ème
année (1 fille et 4 garçons), et trois en master (1 fille et 2
garçons). 11 sont inscrits en droit et sciences politiques dont 8 en
licence (7 garçons et 1 fille) et 3 en master (tous des garçons).
37 sont inscrits en économie dont 7 en 1ère
année diplôme universitaire (5 garçons et 2 filles) 1
garçon en 3ème année diplôme
universitaire, 1 en doctorat, 23 en licence (12 garçons et 11 filles), 5
en master (4 garçons et 1 fille), 11 en médecine dont 2
garçons en CAP de médecine, 9 en 3ème
année de diplôme universitaire (6 garçons et 3 filles). 2
en odonto en CES dent (une fille et un garçon) et 2 en pharmacie (un
garçon et une fille).
CHAPITRE IV : METHODOLOGIE
Section 1. Le choix de l'approche
Dans ce chapitre, nous présentons la démarche
méthodologique qui a été suivie pour la collecte et
l'analyse des données sur le terrain. Habituellement en sociologie, les
approches méthodologiques se répartissent en deux :
l'approche qualitative et l'approche quantitative. Il est fréquent que
ces deux approches soient combinées dans le cadre d'une recherche. Au
lieu de s'opposer elles se complètent et permettent en commun d'aborder
le phénomène à l'étude sous tous ses aspects. Dans
cette étude, la combinaison de ces deux approches a été
choisie en vue d'aborder le sujet dans toute sa diversité.
C'est-à-dire qu'aux données chiffrées recueillies on
s'efforcera de voir s'il y a des régularités entre
phénomènes pour tenter de faire une explication. Mais aussi les
données obtenues par observation et discours des interrogés
feront l'objet d'une interprétation. Ainsi nous aurons adopté une
attitude à la fois explicative et compréhensive de
l'intégration des étudiants concernés.
Section 2. Les techniques de collecte
utilisées
Pour ce qui est des techniques de collecte des informations,
nous avons utilisé dans cette étude, l'observation, l'analyse
documentaire et l'entretien directif.
2.1.L'observation :
« L'observation en situation est un choix
approprié quand le problème de recherche amène à
s'intéresser à un groupe restreint d'individus dans le but de
connaitre certains aspects de leur existence en les regardant vivre54(*). » Dans cette
étude nous avons procédé à des séances
d'observation directe des étudiants africains et plus
particulièrement les guinéens dans les lieux que sont les
restaurants universitaires de vert bois et de boutonnet, dans la
bibliothèque de l'université Paul Valéry et dans certaines
cités universitaires notamment : les cités universitaires de
la voie domitienne, de boutonnet et de triolet. Ces séances
d'observation nous ont permis de constater un certain isolement de ces
étudiants qui ont du mal à se familiariser avec leurs
condisciples français. Elles nous ont tout aussi permis de constater
leur faible participation aux différentes activités culturelles
que sont les expositions, les conférences débats ou les festivals
en particulier à l'université Paul Valéry.
2.2. L'analyse documentaire :
Elle a consisté pour nous à parcourir des
ouvrages et des articles de revues ayant traité de ce sujet. La lecture
de ces ouvrages et de ces articles nous a permis de cerner les
différents angles sous lesquels des auteurs ont abordé ce sujet
lié à l'intégration et aux étudiants
étrangers. Pour l'essentiel, nous avons obtenu les ouvrages à la
bibliothèque de l'université Paul Valéry. Nous nous sommes
servi de l'internet pour pouvoir accéder à des articles de revues
scientifiques. Les sites les plus utilisés dans ce sens ont
été : http// : www.cairn.info et http// : www.
persée.fr. C'est à travers cette revue documentaire que nous
avons construit notre problématique et que nous avons
rédigé notre cadre notionnel et théorique.
2.3. L'entretien directif :
L'essentiel de notre travail sur le terrain s'est fait
à travers des séries d'entretiens que nous avons effectués
avec des éléments de notre population à l'étude.
Cette population comprend l'ensemble des étudiants d'origine
guinéenne inscrits en ce moment dans les trois universités de
Montpellier. Ces entretiens ont été réalisés en
février et mars 2013. L'objectif était de cerner avec
précision les propos de ces étudiants relatifs à des
domaines couvrant tout ce qui a trait à leur intégration dans le
milieu universitaire. Nous avons pour cela élaboré un
questionnaire-interview comprenant sept rubriques à l'intérieur
duquel se trouvaient des questions à la fois ouvertes et
fermées.
Ces rubriques allaient de leurs rapports avec leurs
études à Montpellier jusqu'à leur situation
particulière ici en passant par leurs relations avec leurs condisciples
français à l'université, leurs relations avec leurs
professeurs et le personnel encadrement, leurs rapports avec les informations
sur le quotidien universitaire, leur engagement et leur participation à
la vie associative au sein de leurs universités et enfin leurs relations
avec leurs compatriotes guinéens ici à Montpellier.L'objectif
était d'obtenir le maximum d'information sur leur vécu quotidien
avec les autres.
Ce questionnaire leur a été administré de
façon indirecte mais en face à face, c'est-à-dire que nous
avons pris soins de noter nous-même leurs réponses tout en les
enregistrant sur la base de leur approbation. Les lieux et les moments de
l'entretien ont été choisis par les enquêtés selon
leur disponibilité. Nous avons été pour cela reçu
par certains à domicile et par d'autres à certains endroits tels
que la médiathèque centrale Emile Zola de Montpellier ou à
des fois dans certaines bibliothèques universitaires notamment à
Paul Valéry.
Section 3. L'échantillonnage :
Vu qu'il nous était impossible de rencontrer tous les
étudiants d'origine guinéenne inscrits dans les
différentes universités de Montpellier, nous avons
procédé à un échantillonnage probabiliste de type
stratifié. Nous avons pour cela cherché à obtenir des
listes disponibles concernant ces étudiants. La première piste a
été de contacter les différents observatoires des
différentes universités concernées. Cette piste nous a
permis d'obtenir des statistiques concernant leur nombre selon une
répartition par sexe, unité d'enseignement et niveau de
formation. Pour obtenir une liste nominative qui pourrait nous permettre de
construire notre échantillon, nous avons fait recours à
l'association des guinéens de Montpellier (AGM). C'est ainsi que lors
d'une assemblée de cette association nous avons pu dresser une liste de
présence qui nous a servi de base pour identifier des étudiants
à travers certains critères pouvant participer aux entretiens.
A ce niveau, nous rappelons que lors de cette assemblée
de l'AGM à laquelle nous avons participé, il n'y avait eu que 33
membres présents dont 26 étudiants.En ne demandant uniquement
qu'aux étudiants de s'inscrire, nous avons dressé alors une liste
comportant quatre rubriques : nom et prénoms, année
d'arrivée à Montpellier, université d'appartenance et
numéro de téléphone. Sur place, certains étudiants
ont inscrits des amis qui n'étaient pas présents. Ce qui nous a
conduit à nous retrouver avec une liste de 29 étudiants inscrits
sur la liste. C'est à partir de cette liste que nous avons construit
notre échantillon. Nous avons sélectionné les participants
sur la base de certains critères que sont : le sexe,
l'université d'appartenance et l'année d'arrivée à
Montpellier. L'idée était de faire en sorte que garçons et
filles soient interrogés, que toutes les universités soient
représentées et qu'anciens et nouveaux étudiants se
retrouvent dans l'enquête. Tout cela pour nous permettre enfin de compte
de croiser ces critères à l'intégration pour voir ce que
cela pourrait donner en termes de signification. Au total nous avons retenu 20
étudiants avec lesquels nous nous sommes entretenu.
CHAPITRE V : PRESENTATION DES RESULTATS
Dans ce chapitre, nous présentons les résultats
de nos enquêtes de terrain. Il est subdivisé en six (6)
sections : la première section décrit le rapport des
étudiants guinéens à leurs études à
Montpellier, la deuxième section décrit les relations qu'ils
entretienne avec leurs condisciples français, la troisième
section a trait à leurs relations avec leurs professeurs et le personnel
encadrement, la quatrième section décrit leurs rapports aux
informations sur le quotidien universitaire, la cinquième section fait
allusion à leur engagement et leur participation à la vie
associative au sein de leurs universités, la sixième section
décrit leurs relations avec leurs compatriotes guinéens à
Montpellier.
Section I : leurs rapports aux études
à Montpellier
La répartition des enquêtés selon le sexe
et l'université d'appartenance se présente comme suit :
Tab 1.1. Profil des enquêtés selon le
sexe et l'université d'appartenance
univ
sexe
|
UM1
|
UM2
|
UM3
|
Total
|
%
|
Garçons
|
5
|
7
|
4
|
16
|
80
|
Filles
|
1
|
2
|
1
|
4
|
20
|
Total
|
6
|
9
|
5
|
20
|
100
|
Ce tableau montre que le nombre d'étudiants
enquêtés est de vingt. Six d'entre eux sont de l'UM1 dont cinq
garçons et une fille. Neufs d'entre eux sont de l'UM2 dont sept
garçons et deux filles et enfin cinq d'entre eux sont de l'UM3 dont
quatre garçons et une fille.
Tab 1.2. Répartition des enquêtés
selon l'université d'appartenance et le niveau de formation
niveaux
univ
|
Licence
|
Master
|
Doctorat
|
Total
|
%
|
L1
|
L2
|
L3
|
M1
|
M2
|
UM1
|
3
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
6
|
30
|
UM2
|
0
|
3
|
2
|
4
|
0
|
0
|
9
|
45
|
UM3
|
0
|
0
|
2
|
1
|
2
|
0
|
5
|
25
|
Total
|
3
|
4
|
4
|
6
|
3
|
0
|
20
|
100
|
Ce tableau montre une répartition des
enquêtés selon l'université d'appartenance et selon le
niveau de formation qui se présente comme suit : six
étudiants de l'UM1 soit 30% de l'échantillon dont trois sont
inscrits en L1, un seul inscrit en L2, un en master 1 et un en master 2. Neuf
étudiants font l'UM2 soit 45% de l'échantillon dont trois sont
inscrits en L1, deux en L3 et quatre en master 1. Enfin cinq étudiants
sont de l'UM3 soit 25% de l'échantillon dont deux sont inscrits en
Licence 3, 1 en master 1 et deux qui sont inscrits en master 2.
Tab.1.3.Répartition des étudiants
enquêtés selon le nombre d'années passés à
Montpellier
université
Nbre ans
|
UM1
|
UM2
|
UM3
|
Total
|
%
|
1ère année
|
4
|
2
|
1
|
7
|
35
|
2 ans
|
0
|
1
|
1
|
2
|
10
|
3 ans
|
1
|
3
|
0
|
4
|
20
|
4 ans et plus
|
1
|
3
|
3
|
7
|
35
|
Ce tableau montre que sept
étudiants enquêtés soit 35% de l'échantillon sont
inscrits à Montpellier depuis 7 mois allant de la période de
septembre 2012 à mars 2013 (fin de notre enquête), ils
représentent la catégorie des nouveaux étudiants,
c'est-à-dire ceux qui sont à leur première année
d'études à Montpellier. Deux étudiants sont inscrits
depuis deux ans soit 10% de l'échantillon ; quatre sont inscrits
depuis trois ans soit 20% de l'échantillon, enfin sept
étudiants sont inscrits depuis quatre ans et plus soit 35% de
l'échantillon.
Tab. 1.4.Nombre de matières non validées
(à la période d'enquête) par étudiant.
universités
Nbre de mat
|
UM1
|
UM2
|
UM3
|
Total
|
Aucune
|
3
|
3
|
4
|
10
|
1
|
1
|
0
|
0
|
1
|
2
|
1
|
2
|
0
|
3
|
3
|
1
|
2
|
1
|
4
|
4
|
0
|
2
|
0
|
2
|
Ce tableau montre qu'à la période de notre
enquête, sur les vingt étudiants enquêtés, il y avait
10 étudiants qui n'avait aucune matière non validée dont
quatre à l'UM3, trois à l'UM2 et trois à l'UM1 ;
quatre étudiants avaient trois matières non validées dont
deux à l'UM2, un à l'UM1 et un à l'UM3 ; trois
étudiants avaient deux matières non validées dont deux
à l'UM2 et un à l'UM1 ; deux étudiants, tous de l'UM2
avaient quatre matières non validées et enfin uns étudiant
de l'UM1 avait une seule matière non validée.
Redoublement des étudiants depuis la
première année d'inscription à l'université
jusqu'à nos jours
Les résultats de nos enquêtes de terrain ont
montré qu'à l'exception des sept étudiants inscrits cette
année, dix d'entre eux ont redoublé ou moins une fois et tous en
première année d'études contre trois qui ont
affirmé n'avoir jamais redoublé depuis leur première
inscription à Montpellier dont deux à l'UM3 et un à
l'UM1.
Tab.1.5. les redoublements selon le niveau et
l'université d'appartenance
niveaux
univs
|
L1
|
L2
|
L3
|
M1
|
M2
|
Total
|
UM1
|
-
|
-
|
-
|
1
|
|
1
|
UM2
|
2
|
1
|
1
|
3
|
|
7
|
UM3
|
1
|
-
|
-
|
-
|
1
|
2
|
Total
|
3
|
1
|
1
|
4
|
1
|
10
|
Ce tableau montre que quatre parmi nos enquêtés
qui ont fait une première inscription en Master 1 ont redoublé la
classe dont trois sont de l'UM2 et un de l'UM1 ; trois de nos
enquêtés qui ont fait une première inscription en Licence 1
ont aussi redoublé la classe dont deux à l'UM2 et un à
l'UM3. Il montre tout aussi que c'est à l'UM2 où il y a eu plus
de redoublement où sur les neufs étudiants interrogés,
sept ont affirmé avoir redoublé au moins une fois.
Tab.1.6. Niveau de satisfaction des étudiants
par rapport à leurs études à Montpellier
universités
Niv de satisfaction
|
UM1
|
UM2
|
UM3
|
Total
|
Tout à fait satisfait
|
5
|
3
|
2
|
10
|
Moyennement satisfait
|
1
|
5
|
3
|
9
|
Pas du tout satisfait
|
0
|
1
|
0
|
1
|
Total
|
6
|
9
|
5
|
20
|
Ce tableau montre quesur six étudiants
enquêtés de l'UM1, cinq affirment être tout à fait
satisfaits de leurs études contre un seul qui affirment être
moyennement satisfait. Sur neufs étudiants enquêtés de
l'UM2, trois affirment être tout à fait satisfaits de leurs
études contre cinq qui affirment être moyennement satisfaits et un
qui affirme n'être pas du tout satisfait de ses études. Sur cinq
étudiants enquêtés de l'UM3, deux affirment être
tout à fait satisfaits contre trois qui sont moyennement satisfaits de
leurs études. Dans l'ensemble, sur les vingt étudiants
interrogés, dix affirment être tout à fait satisfaits des
études qu'ils mènent à Montpellier soit 50% de
l'échantillon.
Tab.1.7. Répartition des étudiants selon
le niveau de formation auquel ils souhaitent se limiter
sexe
niveau
|
Garçons
|
Filles
|
Total
|
%
|
Licence
|
1
|
Néant
|
1
|
5
|
Master
|
14
|
3
|
17
|
85
|
Doctorat
|
1
|
1
|
2
|
10
|
Ce tableau montre que sur les vingt étudiants
enquêtés, dix-sept désirent s'arrêter au niveau
master dont quatorze garçons et trois filles. Deux désirent
aller jusqu'au doctorat dont un garçon et une fille enfin un seul
garçon désire s'arrêter en licence.
Les raisons invoquées
Le master est préféré par rapport
à la licence à cause des possibilités qu'il offre à
trouver un emploi plus valeureux en termes de statut et de gains financiers. Un
enquêté affirme « pour un emploi, il faut aller au
moins jusqu'au master » ; par rapport au doctorat, les
raisons les plus citées portent d'une part sur le temps que la
thèse prend. Voici les propos d'un étudiant « je ne
peux pas continuer à étudier toute ma vie, la thèse prend
trop de temps. » ; d'autre part, la volonté de se
limiter au master est due à des raisons financièressur ce, un
enquêté dit ceci « je n'ai pas les moyens d'aller en
thèse et je ne crois pas que j'aurai un financement pour
ça » ; une autre raison qui a émergé
du discours des enquêtés porte sur les difficultés à
trouver du travail avec le doctorat. Quelques-uns des enquêtés ont
estimé qu'il est plus facile de trouver du travail avec le master
qu'avec le doctorat. Un étudiant s'exprime ainsi « il n'y
a pas trop de débouchés en thèse, le marché
[de l'emploi] est plus ouvert à celui qui a fait un master
professionnel qu'à celui qui a fait une thèse, voyez bien,
même les français il n'y a que peu parmi eux qui vont en
thèse» ; une fille affirme quant à elle
« moi aujourd'hui, j'ai plus envie de fonder une famille que de
faire une thèse, pour un garçon c'est possible ».
Répartition des étudiants selon leur
volonté de finir leurs études à Montpellier ou ailleurs et
les raisons
Sur les vingt étudiants enquêtés, onze
envisagent finir leurs études à Montpellier contre sept qui
envisagent finir ailleurs dont cinq envisagent aller dans une autre
université mais toujours en France et deux qui veulent tenter vers le
canada, enfin deux sont encore indécis.
Pour ceux qui envisagent finir leurs études à
Montpellier, les principales raisons invoquées sont:satisfaction par
rapport à la formation reçue, un enquêté dit
« l'université de Montpellier est une grande
université qui forme bien dans le domaine que je
fais » ; d'autres mettent en avant les conditions de vie
liés au climat surtout, « il fait beau vivre ici, il y a
moins de froid » a affirmé une étudiante ;
par contre certains ont mis l'accent sur le fait qu'ils ont des parents ici,
donc ils se voient mieux ici qu'ailleurs. Deux autres raisons ont
été fréquemment citées aussi « ici, il y
a des petits boulots » a affirmé un étudiant et
« j'ai un peu duré ici, je me suis plus
intégré » a affirmé un autre.
Pour ceux qui envisagent finir ailleurs mais en France, deux
raisons sont les plus citées. La première porte sur l'inexistence
de la formation souhaitée « ce que je veux faire n'existe
pas ici » ont affirmé la plus part d'entre eux, ensuite
l'autre raison est due à une envie de découvrir d'autre endroits,
un étudiant dit à ce propos « pour voir d'autres
horizon. La vie ici est dure. C'est une ville étudiante qui rend la vie
très chère. Si non, la FAC c'est bon ».
Section 2 : leurs relations avec leurs
condisciples français à l'université
Cette section porte sur un de nos indicateurs du niveau
d'intégration des étudiants au sein du milieu universitaire. Elle
aborde le nombre d'amis de classe avec les quels l'étudiant se
fréquente en dehors de l'université, les avantages d'avoir des
amis de classe français, leur avis sur le caractère ouvert ou
fermé de leurs condisciples français envers les étrangers
qu'ils sont et enfin la nature de leurs relations avec les étudiants
français dans les cités universitaires.
Tab 2.1. Répartition des étudiants selon
le nombre d'amis français de leurs classes avec lesquels ils se
fréquentent à domicile
Nbre d'amis
Universités
|
aucun
|
un
|
deux
|
trois
|
quatre
|
cinq
|
six
|
Total
|
UM1
|
5
|
1
|
néant
|
néant
|
néant
|
néant
|
néant
|
6
|
UM2
|
5
|
néant
|
néant
|
2
|
néant
|
1
|
1
|
9
|
UM3
|
2
|
néant
|
néant
|
2
|
1
|
néant
|
néant
|
5
|
Total
|
12
|
1
|
0
|
4
|
1
|
1
|
1
|
20
|
Ce tableau montre que sur vingt étudiants
enquêtés, douze n'ont aucun ami de classe avec lequel ils se
fréquentent à domicile ou en dehors de l'université (Ceci
valide notre première hypothèse.). Il montre aussi que seuls des
étudiants de l'UM2 ont entre cinq et six amis de classe avec lesquels
ils se fréquentent en dehors de l'université.
Tab 2.2. Répartition des étudiants selon
le nombre d'amis de classe avec lesquels ils se fréquentent en rapport
avec le nombre d'années passées à
l'université
Nbre ans
Nombre d'amis
|
1ère année
|
2 ans
|
3 ans
|
4 ans
|
5 ans
|
6 ans
|
7 ans
|
Aucun
|
7
|
1
|
3
|
0
|
0
|
1
|
-
|
Un
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Deux
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Trois
|
-
|
-
|
-
|
3
|
1
|
-
|
-
|
Quatre
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
Cinq
|
-
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
-
|
six
|
-
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Ce tableau montre que les sept étudiants qui sont
à leur 1ère année n'ont encore aucun ami français
de classe avec lequel ils se fréquentent.
Selon le sexe, le dépouillement des résultats a
montré que sur les 4 filles faisant partie de l'enquête, une qui
fait l'UM2 inscrite il y a 4 ans a cinq amis(e), une autre de l'UM3 inscrite
il y a 4 ans a trois amis(e) enfin les deux autres filles inscrites cette
année affirment qu'elles n'ont aucun ami(e) français de classe
avec lequel elle se fréquente en dehors de l'université.Ceci
montre que selon le sexe, ce sont les filles qui ont plus d'ami(es) de classe
français que les garçons.
Tab 2.3. Perception des étudiants
enquêtés sur le caractère ouvert ou fermé de leurs
condisciples français
Caractère
Etudiant français
|
ouverts
|
fermés
|
Tous
|
5
|
5
|
En majorité
|
4
|
6
|
Total
|
9
|
11
|
Ce tableau montre que sur les vingt étudiants
enquêtés, onze estiment que leurs condisciples français
sont fermés vis-à-vis d'eux, dont cinq considèrent qu'ils
sont tous fermés contre six qui estiment que c'est la majorité
d'entre eux ; par contre neuf étudiants enquêtés
estiment que leurs condisciples sont ouverts à eux dont cinq parmi eux
considèrent qu'ils le sont tous alors que quatre estiment que c'est la
majorité d'entre eux qui sont ouverts.
Sur la question de savoir qu'est ce qui explique selon eux le
caractère fermé de leurs condisciples, les raisons
invoquées sont diverses et variées: les principales qui sont
citées sont traduites ici selon les expressions mêmes des
interrogés. Ainsi un étudiant affirme qu' « il y
une sorte de crainte qui les anime quoi »,un autre dit avec plus
de détails ceci « c'est une question de méfiance,
une mauvaise vision qu'ils ont [de nous] des
étrangers » un étudiant explique que ce
caractère fermé des étudiants français est
irréversible, que c'est une question de nature « J'ai
constaté dans ma classe, les français sont entre eux, ils se
mettent ensemble, si c'était à eux de décider, ils
allaient se mettre toujours ensemble dans les groupes de
travail » et un autre d'affirmer que « D'autres
ne s'intéressent à toi que par curiosité, ils
préfèrent [viens vers eux et si ce sont eux qui viennent
vers moi] que moi je parle de moi » . Selon une fille, le
caractère fermé des étudiants français est en
rapport avec le caractère aussi fermé des étrangers, de
part et d'autre, elle explique selon elle que cela est dû au fait
que« chacun des deux camps [étrangers et nationaux] a peur
d'aller vers l'autre, peur d'être vexé, de ne pas avoir ce que tu
en avais besoins ». Un autre étudiant explique ses
raisons en avançant une toute autre idée et affirme que
« Ceux qui ont voyagé ou qui ont beaucoup lu n'ont pas la
même image de l'étranger, les autres sont
méfiants ». D'autres par contre mettent l'accent sur le
caractère individualiste de la société occidentale
contrairement à la société africaine qui est plutôt
communautariste, il dit que « Ils sont individualistes et sont
animés par un instinct personnel » ; pour un autre
étudiant, le caractère fermé des étudiants
français à l'égard des étrangers ne se manifeste
que pour un temps « Ils sont fermés au début, mais
au fil du temps ça va ».
Sur le caractère ouvert, voici les avis qui ont
émergé des enquêtés :
« Quand on a besoin d'eux pour des informations,
ils répondent favorablement »
« A chaque fois que je les invite ils
répondent favorablement et ils m'invitent aussi »
« Ils sont très curieux pour
découvrir d'autres cultures [pour connaître
l'autre] »
2.4. L'avis des étudiants enquêtés
sur les avantages qu'un étudiant étranger peut tirer de ses
relations avec des condisciples français
Les avis des étudiants sur les avantages d'entretenir
des relations d'amitié avec des condisciples français sont
diverses et variés. On peut, parmi ceux qui ont émergé du
discours des enquêtés, les repartir en quatre
catégories :
Il y a des avantages dans le cadre des études : un
étudiant affirme « ils sont utiles pour [se
compléter] dans le cadre des cours c'est-à-dire dans le
partage de connaissances »
Il y a des avantages dans le cadre de l'intégration
dans la société française : un autre dit ceci
« ils pourront t'intégrer en t'habituant à des
sorties, en te faisant découvrir la ville, t'amener à
l'opéra. [bref] à travers eux, ton réseau de
relation s'agrandit »
Il y a des avantages dans le cadre de l'obtention du travail
ou de stage : un enquêté a affirmé
« j'ai un ami [compatriote] qui a eu du travail à
travers un de ses amis de classe français », un autre dit
« ici, ils peuvent t'appuyer pour avoir du travail. Et dans le
futur, même si tu rentres dans ton pays, si tu candidate à un
poste [de granderesponsabilité]ils peuvent t'aider à
partir d'ici [surtout si eux aussi ils sont dans des postes de grande
responsabilité ici] »
D'autres par contre voient plus d'inconvénients que
d'avantages :voici les propos d'un étudiant « un seul
avantage et c'est celui de l'échange d'idées. Il y a plus
d'inconvénients que d'avantages. Au niveau de l'éducation, ils
fument tous, ils boivent tous, finalement tu risques [de t'emporter si tu
les tiens compagnies] on se sent mieux avec les
africains »
Section 3 : leurs relations avec leurs professeurs
et le personnel encadrement
Tab 3.1. Fréquence de rencontre des professeurs
Fréquence
Universités
|
Fréquemment
|
Rarement
|
Pas du tout
|
Total
|
UM1
|
1
|
4
|
1
|
6
|
UM2
|
3
|
3
|
3
|
9
|
UM3
|
1
|
4
|
-
|
5
|
Total
|
5
|
11
|
4
|
20
|
Ce tableau montre que sur les vingt étudiants
enquêtés, onze affirment que la fréquence de rencontrer
leurs professeur est rare, cinq disent leur rencontrer fréquemment
contre quatre qui affirment ne pas du tout rencontrer leurs professeurs pour
discuter avec eux.
Selon les universités, on voit que sur six
étudiants enquêtés de l'UM1, quatre rencontrent leurs
professeurs mais rarement ; sur neufs étudiants
enquêtés de l'UM2, il y a une parité entre les trois
fréquences ; enfin, sur cinq étudiants
enquêtés de l'UM3, quatre affirment rencontrer leurs professeurs
mais rarement.
En termes de pourcentage, on voit selon les
fréquences : 55% pour rarement contre 25% pour fréquemment
et 20% pour pas du tout.
Tab 3.2.Possibilité de rencontre des
professeurs dans le cadre des études
possibilité
Universités
|
Plutôt facile
|
Plutôt difficile
|
Pas possible
|
Total
|
UM1
|
5
|
1
|
-
|
6
|
UM2
|
7
|
2
|
-
|
9
|
UM3
|
3
|
2
|
-
|
5
|
Total
|
15
|
5
|
-
|
20
|
Ce tableau montre que sur les vingt étudiants
enquêtés, quinze affirment qu'il est plutôt facile de
rencontrer leurs professeurs contre cinq qui jugent plutôt difficile de
rencontrer leurs professeurs.
En termes de pourcentage selon la possibilité, on voit
75% pour plutôt facile contre 25% pour plutôt difficile.
Selon les universités, nous voyons que sur les neuf
étudiants enquêtés de l'UM2, sept affirment qu'il est
plutôt facile de rencontrer leurs professeurs soit 77,77% contre deux qui
jugent plutôt difficile de leur rencontrer soit 22,22%. Sur les six
étudiants de l'UM1, cinq affirment qu'il est plutôt facile de
rencontrer leurs professeurs soit 83,33%, contre un seul qui estime qu'il est
plutôt difficile de leur rencontrer soit 16,66. Sur les cinq
étudiants enquêtés de l'UM3, trois affirment qu'il est
plutôt facile de rencontrer leurs professeurs soit 60% contre deux qui
représentent 40% qui estiment qu'il est plutôt difficile de leur
rencontrer.
Tab 3.3. Répartition des étudiants
enquêtés selon les raisons qui les poussent à vouloir (ou
chercher) à rencontrer leurs professeurs par ordre de priorité
entre : questions sur le cours (QSC), absence dans un cours,
problèmes de notation, pour parler d'exposé/examen (Exp/exam),
pour parler de débouchés ou Autres (...)
Enquêtés
|
Priorité1
|
Priorité 2
|
Priorité 3
|
Priorité 4
|
Priorité 5
|
Autres
|
E1
|
QSC
|
Débouché
|
Exp/exam
|
.....
|
.....
|
.....
|
E2
|
Exp/exa
|
débouchés
|
|
|
|
|
E3
|
QSC
|
notation
|
débouchés
|
|
|
|
E4
|
QSC
|
absence
|
Exp/exam
|
|
|
|
E5
|
QSC
|
Exp/exam
|
|
|
|
|
E6
|
QSC
|
Débouché
|
|
|
|
|
E7
|
QSC
|
Notation
|
Exp/exam
|
|
|
|
E8
|
QSC
|
Notation
|
|
|
|
|
E9
|
QSC
|
Notation
|
Exp/exam
|
|
|
|
E10
|
QSC
|
|
|
|
|
|
E11
|
QSC
|
Absence
|
|
|
|
|
E12
|
QSC
|
Expo/exa
|
absence
|
notation
|
|
|
E13
|
QSC
|
Expo/exa
|
Débouché
|
|
|
|
E14
|
QSC
|
Expo/exa
|
Débouché
|
|
|
|
E15
|
QSC
|
Débouché
|
Expo/exa
|
|
|
|
E16
|
débouch
|
QSC
|
Notation
|
Expo/exa
|
|
|
E17
|
QSC
|
|
|
|
|
|
E18
|
Absence
|
Expo/exa
|
Débouché
|
|
|
|
E19
|
QSC
|
Notation
|
|
|
|
|
E20
|
QSC
|
Expo/exa
|
|
|
|
|
A la question : à votre avis, vos professeurs ou
certains d'entre eux vous traitent-ils différemment des autres
étudiants français ? Qu'est ce qui justifie votre
réponse ? Voici les réponses qui ont émergé de
leurs discours
Tab 3.4. Leurs avis sur le traitement différent
ou non qu'ils reçoivent de leurs professeurs par rapport à leurs
condisciples français en classe.
université
Trait diff
|
UM1
|
UM2
|
UM3
|
Total
|
Oui
|
0
|
3
|
2
|
5
|
Non
|
6
|
5
|
1
|
12
|
Certains
|
0
|
1
|
2
|
3
|
Ce tableau montre que sur les vingt enquêtés, 12
disent « non » c'est-à-dire qu'ils estiment
être traités par leurs professeurs de la même manière
que leurs condisciples français à l'université contre 5
qui disent « oui » qu'ils sont traités
différemment par rapport à leurs condisciples français et
enfin 3 estiment que le traitement différent ou non varie selon les
professeurs.
Selon les universités, on voit apparaitre que seul
à l'UM1 les six enquêtés soit 100% affirment être
traité de la même manière que leurs condisciples
français.
A l'UM2 sur les neufs enquêtés, cinq d'entre eux
soit 55,55% affirment être traité de la même manière
que leurs condisciples français contre trois d'entre eux soit 33,33% qui
affirment être traités différemment de leurs condisciples
français, enfin un seul qui représente 11,11% affirme que le
traitement différent ou non varie selon les professeurs.
A l'UM3 on voit apparaitre que sur les cinq
enquêtés, deux soit 40% affirment être différemment
traités par leurs professeurs par rapport à leurs condisciples
français contre la même proportion pour ceux qui estiment que le
traitement varie selon les professeurs alors qu'un seul soit 20% estime que le
traitement est le même par rapport à leurs condisciples
français.
Pour ce qui justifie les réponses de ceux qui estiment
être traités différemment de leurs condisciples, les propos
qui ont été avancés sont : « ils ont
du mal à accepter le raisonnement des autres
[étrangers] », « une fois, un prof m'a dit
que je ne suis pas fait pour cette formation » ou
« certains sont racistes, ils ne le cachent même
pas » enfin « moi on m'a refusé un stage en
privilégiant un français. Il y a la ségrégation,
même si ce n'est pas officiel, c'est officieux »
3.5. Leurs rapports avec le CROUS
Les résultats obtenus sur la fréquentation du
CROUS par les étudiants enquêtés par ordre de
priorité ont donné les chiffres suivants : sur les vingt
étudiants, douze affirment avoir fréquenté le CROUS au
moins une fois et c'est pour des problèmes de logement ; six
affirment n'avoir jamais fréquenté le CROUS et deux ont
affirmé avoir été au CROUS mais pour chercher un emploi
étudiant.
Section 4. Leurs rapports aux informations sur le
quotidien universitaire
4.1. Connaissance des modalités de
contrôle ou d'évaluation au sein de leurs unités de
formation
Le dépouillement des résultats de notre
enquête a montré que la connaissance des modalités de
contrôle/d'évaluation par les étudiants interrogés
varie seulement selon la durée d'études faite au sein de
l'université. Ainsi, il n'y a que ceux qui sont à leur
première année d'inscription qui ont des difficultés
à connaître ces modalités. Par contre, tous les autres ont
une connaissance des modalités de contrôle/d'évaluation
notamment sur les coefficients des différentes matières, la
compensation entre les matière ( qui varie selon l'université ou
le type de formation), les valeurs des notes de TD ( travaux dirigés),
TP ( travaux pratiques) ou CM (cours magistraux) ou sur les conditions de
passer une deuxième session ou de passer en classe supérieur.
Voici par exemple les propos d'un étudiant « à
l'école d'architecture je connaissais les modalités de
contrôle et d'évaluation, mais à Paul Valéry
non », deux autres ont affirmé « en
1ère année c'était difficile, mais maintenant ça
va »
4.2. Les manières par lesquelles les
étudiants enquêtés obtiennent les informations relatives
à l'absence éventuelle de leurs professeurs, d'une modification
de leurs emplois du temps ou du changement de salle de classe
Parmi les manières d'obtenir ces informations, les plus
citées sont l'ENT (Environnement Numérique du Travail) et les
affiches (sous les halls, secrétariats et devant les portes des salles
de classe). Une étudiante a affirmé obtenir les informations
« en infocom, c'est via notre forum sur
facebook ».
4.3. Les manières par lesquelles les
étudiants enquêtés obtiennent les informations relatives
aux activités culturelles (festivals, expositions, soirées,
conférences) au sein de leurs universités, la fréquence
de leur participation et les raisons qui expliquent leurs choix de participer
ou non
Quatre manières d'obtenir les informations ont
été citées par ordre : les mails de l'ENT, suivi des
affiches à l'université ; encore de plus, un étudiant
ajoute ceci « A travers une association appelée `'GIDE''
qui passe les informations dans les amphithéâtres »
enfin un autre affirme « j'ai le pass'culture, je reçois
[les infos de] tout ce qui est culture par mail »
Tab 4.3. Fréquence de participation aux
activités culturelles au sein de l'université
Université
Fréquence
|
UM1
|
UM2
|
UM3
|
Total
|
Souvent
|
-
|
1
|
2
|
3
|
Rarement
|
4
|
2
|
2
|
8
|
N'a jamais participé
|
2
|
6
|
1
|
9
|
Ce tableau montre que sur les vingt étudiants
enquêtés, neuf ont affirmé n'avoir jamais participé
à une activité culturelle au sein de leurs universités
soit 45% des enquêtés contre huit qui ont affirmé que leur
participation est rare soit 40% et trois ont affirmé participer souvent
aux activités culturelles au sein de leurs universités soit
15%.
Les raisons invoquées par les étudiants
sur leur fréquence de participation aux activités
culturelles
Pour ceux qui n'ont jamais participé et ceux qui
affirment participer rarement, les raisons invoquées peuvent être
rassemblées en quatre catégories : il y a le manque
d'intérêt qui est cité par la majorité d'entre eux.
Voici quelques propos des étudiants : « dans la
plupart des cas, ce qui est proposé ne m'intéresse
pas », « je ne vois pas d'intérêt,
ça ne concerne qu'eux », « je ne me sens
pas concerné, normalement tu dois être impliqué pour y
trouver de l'intérêt », « leur
manière de se divertir ne me convient pas », il y a aussi
ceux qui ont avancé la raison d'un manque de temps, quelques propos des
étudiants « manque de temps, je ne laisse pas mon boulot
pour ça », « je travaille à
côté quand j'ai le temps ».
Pour ceux qui affirment participer souvent, deux raisons sont
citées : « pour lutter contre l'isolement, contre le
stress à la maison » ou « j'aime les
conférences c'est pourquoi je participe souvent ».
Tab 4.4. Fréquentation de la
cafétéria et du restaurant universitaire
univs
Fréq
|
UM1
|
UM2
|
UM3
|
Total
|
Oui
|
5
|
6
|
5
|
16
|
Non
|
1
|
3
|
0
|
4
|
Ce tableau montre que sur les vingt étudiants
enquêtés, seize affirment fréquenter de temps en temps ou
souvent la cafétéria ou le restaurant universitaire soit 80%
contre quatre qui affirment ne pas fréquenter la cafétéria
ou le restaurant universitaire soit 20%.
Les personnes avec lesquelles ils se font
accompagnés et les raisons
Pour les seize étudiants qui ont affirmé
fréquenter les restaurants et les cafétérias
universitaires, sept d'entre eux affirment les fréquenter avec des
condisciples français et pour des raisons de coïncidence d'emploi
de temps ou d'appartenance au même groupe de TD, voici les propos d'un
parmi eux « on y va souvent après une séance de TD
donc avec des personnes de même groupe que moi » contre
six d'entre eux qui affirment fréquenter les restaurant universitaires
et les cafétérias avec des amis de classe, mais étrangers
comme eux à Montpellier et les deux raisons souvent annoncées
sont une faible proportion de français dans leurs classes et parce
qu'entre eux et les autres étrangers, il y a un sentiment d'appartenance
au même statut. « Avec des amis de classe étrangers
comme moi à Montpellier, car il n'y a pas trop de contact entre les
français et nous » a dit un étudiant et un autre
affirme « je fréquente ces endroits avec des amis de
classe étrangers comme moi, il n'y a pas assez de français dans
ma classe »
Chez les quatre étudiants qui ne fréquentent pas
le restaurant universitaire et les cafétérias. La principale
raison citée est la non convenance de la nourriture proposée. Un
étudiant donne sa raison « des fois on ne connait pas ce
qu'on mange et souvent la quantité est insuffisante pour
moi » et un autre dit « je préfère
manger à la maison, car l'alimentation de là-bas ne me convient
pas »
Section 5. Leur engagement et leur participation
à la vie associative au sein de leurs universités
Tab 5.1. Connaissance ou non de l'existence d'une
association ou d'une organisation syndicale étudiante au sein de
l'université
Univs
connais
|
UM1
|
UM2
|
UM3
|
Total
|
Oui
|
2
|
5
|
3
|
10
|
Non
|
4
|
4
|
2
|
10
|
Ce tableau montre que sur les vingt étudiants
enquêtés, dix affirment connaître l'existence d'une
association ou un syndicat étudiant au sein de leur université
soit 50% contre la même proportion pour ceux qui ont affirmé ne
pas connaître l'existence d'une association ou d'un syndicat
étudiant au sein de leur université.
Les organisations citées par ceux qui ont
affirmé connaître l'existence d'une ou des organisations
étudiantes, sont : l'UNEF, le CE, Association Mercator, Sud
Etudiants, Case, AEH (association des étudiants handicapés), la
CORPO de droit.
Leur adhésion on non à des organisations
étudiantes et leurs raisons
Sur les vingt étudiants enquêtés, dix-neuf
d'entre eux soit 95% ont affirmé qu'ils ne sont pas en ce moment et
n'ont pas été non plus dans le passé, membre d'une
organisation étudiante contre un seulqui a affirmé avoir
été membre d'une organisation étudiante dans son
université soit 5%.
Tab 5.2. Leurs perceptions des organisations
étudiantes au sein de l'université
Parmi les affirmations suivantes, quelle est celle qui vous
correspond le mieux ?
|
Nbre d'enquêtés
|
Je me sens pas concerné si non, j'aime bien
participer
|
13
|
Je ne trouve pas d'intérêt
|
Néant
|
Me fait perdre du temps
|
3
|
Je vois que les étudiants étrangers ne sont pas
représentés
|
4
|
Ce tableau montre que sur les vingt enquêtés,
treize affirment qu'ils ne se sentent pas concernés si non ils aiment
bien participer soit 65% contre quatre qui eux, voient la non
représentativité des étudiants étrangersau sein des
organisations étudiantes soit 20% et trois qui voient une perte en temps
soit 15%.
Section 6. Leurs relations avec leurs compatriotes
(guinéens) à Montpellier
6.1. Leurs relations avec d'autres guinéens
(parents ou amis) avant leur arrivée à Montpellier et
l'utilité de ces derniers à leur égard
Selon les résultats de nos enquêtes, sur les
vingt étudiants interrogés, 16 ont affirmé qu'ils
étaient en contact (ou en relation) avec un parent ou ami guinéen
qui était à Montpellier soit 80% contre 4 qui ont affirmé
n'avoir pas eu de contact avec d'autre guinéens qu'il soit parent ou ami
avant leur arrivée à Montpellier soit 20%
Sur leur utilité, quinze sur les seize ont
affirmé que ces derniers leur ont hébergé contre un seul
qui a affirmé que son contact lui a aidé à trouver un
logement (ailleurs que chez lui) ; mais ils ont tous affirmé que
leurs contacts leur ont aidé dans les démarches administratives
ou scolaires.
6.2. Leur engagement et leur participation aux
activités de l'Association des guinéens de
Montpellier
D'après les résultats de nos enquêtes, sur
les vingt étudiants interrogés, quinze sont membres de l'AGM dont
treize affirment participer tout à fait à ses différentes
activités et deux qui affirment participer peu aux activités de
l'association. Cinq ont affirmé n'être pas membres de
l'association dont quatre ont estimé que c'est pour des raisons de temps
et un qui a dit « en fait je ne suis pas membre, au début,
ils m'ont rien aidé donc ça ne m'a pas
intéressé »
6.3. Leur préférence entre s'engager et
participer aux activités de l'AGM ets'engager et participer aux
activités des organisations étudiantes au sein de leurs
universités
D'après les résultats de nos enquêtes, sur
les vingt étudiants enquêtés, quinze
préfèrent participer aux activités de l'AGM que de
participer à des activités d'autres organisations
étudiantes contre cinq qui affirment ne s'intéresser à
aucune autre forme d'association. Les raisons données figurent dans le
tableau suivant, elles sont reproduites tel qu'elles ont été
données.
Tab 6.4. Leurs raisons
Enquêtés
|
Les raisons
avancées
|
E1
|
Elle (l'AGM) me permet de connaître d'autres
guinéens
|
E2
|
Parce qu'au sein de l'AGM, je me sens plus
concerné. Personne n'est réticent envers moi
|
E3
|
Parce que je me sens en famille comme si c'était en
guinée.
|
E4
|
Je me sens beaucoup plus utile, dans le but d'aider et de
soutenir les autres compatriotes pour faciliter leur intégration
|
E5
|
Les réunions coïncidentes à mes heures
où le plus souvent je suis disponible
|
E6
|
Les associations ne m'intéressent
pas
|
E7
|
J'ai connu beaucoup de guinéens à travers
l'association et à travers l'association, ça m'a permis de
comprendre comment monter un projet
|
E8
|
Ne serait-ce que se retrouver entre compatriotes, parfois
ça me manque de parler le poular, c'est bien de ses retrouver entre
compatriotes, ça rappelle le pays
|
E9
|
Rencontrer la communauté guinéenne,
être actif pour les guinéens qui vont arriver, partagé avec
eux.
|
E10
|
Je suis obligé de participer aux activités
(de l'AGM) en tant que patriote, pour ne pas se faire oublier.
|
E11
|
Je ne m'intéresse ni à l'un ni
à l'autre
|
E12
|
Rencontrer des compatriotes
|
E13
|
Je ne suis pas membre par manque de temps, je me reproche,
c'est ma faute.
|
E14
|
Je rencontre mes compatriotes, ça me donne plus de
sourire comme si j'étais en pleine famille ou du moins dans mon pays
d'origine
|
E15
|
Je m'engage pas ni à l'AGM ni à une
autre forme d'organisation étudiante
|
E16
|
Ici on est dans un pays où c'est le chacun pour
soi, quand tu as un problème, ce sont tes compatriotes qui viendront
t'aider
|
E17
|
Je n'ai pas le temps pour des activités
associatives ici
|
E18
|
Je ne suis pas membre ni de l'AGM ni à une
association universitaire
|
E19
|
A l'AGM, je me sens en famille
|
E20
|
Je me sens plus concerné et utile
|
CHAPITRE VI : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
RESULTATS
Dans ce dernier chapitre de notre mémoire nous faisons
une analyse des principaux constats qui se sont dégagés à
partir de nos résultats tout en essayant de donner un sens ou une
signification à ces différents constats. Il est structuré
en deux grandes sections : la première porte sur le niveau
d'intégration des étudiants guinéens dans leurs
universités, la deuxième traite du renforcement de leur sentiment
communautaire en rapport avec le niveau d'intégration.
Section 1. Analyse du niveau d'intégration des
étudiants guinéens en rapport avec les relations avec leurs
condisciples français
Pour déterminer le niveau d'intégration des
étudiants guinéens et tester notre hypothèse de
départ, notre démarche a consisté à saisir tour
à tour les opinions en rapport avec le nombre d'amis français de
classe avec lesquels les étudiants se fréquentent même en
dehors de l'université, mais aussi les relations qu'ils entretiennent
avec les professeurs. De même que les opinions sur la connaissance et
l'implication aux activités des organisations étudiantes au sein
de l'université qui est aussi un indicateur du niveau
d'intégration au sein de l'université.
Pour justifier cette démarche nous partons de
l'idée que : plus un étudiant étranger a d'amis
français de classe, plus il pourrait être informé sur les
activités culturelles au sein de l'université et plus il serait
sensé y participerou s'impliquer aux mouvements associatifs au sein de
l'université. Les relations avec les professeurs y vont dans le
même sens. Plus un étudiant étranger a la
possibilité de rencontrer ses professeurs pour pouvoir discuter avec
eux, plus il seraitsensé connaître le fonctionnement des
études à l'université.Le niveau d'intégration sera
alors en rapport avec l'éventail de relations que l'étudiant
étranger a avec son entourage immédiat que sont ses condisciples
français et ses professeurs.
De ce point de vue, les résultats ont montré que
les étudiants interrogés n'ont pas le même niveau
d'intégration. Pour le prouver nous avons construit une échelle
d'intégration à trois niveaux : fortement
intégré(e), moyennement intégré(e) et faiblement
intégré. Sont fortement intégrés tous ceux qui ont
quatre ou plus d'amis français de leur classe avec lesquels ils se
fréquentent, à ceux-ci on a attribué le code A ; sont
moyennement intégrés tous ceux qui ont entre 1 et 3 amis
français de leurs classes, à ceux-ci on a attribué le code
B et enfin sont faiblement intégrés tous ceux qui n'ont pas
d'amis français de leurs classes, à eux on a attribué le
code C. A partir du tableau 2.2 de nos résultats, nous avons obtenus une
représentation proportionnelle entre les trois codes qui se
présente comme suit : 12 pour C, 5 pour B et 3 pour A. on voit que
ceux qui sont faiblement intégrés constituent la plus grande
proportion. Ils représentent 60% de l'échantillon.
En croisant ce résultat au nombre d'années
passés à l'université, le constat qui se dégage est
que d'une part, c'est au niveau de la première année
d'études que des difficultés d'intégration se font plus
sentir et que d'autre part, la durée n'est pas aussi
nécessairement un facteur qui favorise l'intégration. Les
résultats ont montré quetous les étudiants qui sont
à leur première année d'inscription (ils sont au nombre de
sept) à Montpellier se retrouvent dans le code C.
L'analyse montre tout aussi qu'on peut y passer des
années sans pour autant réussir son intégration. Dans la
catégorie de ceux qui ont passé plus d'une année soit 13
étudiants, cinq se retrouvent dans le code C (au même titre que
ceux qui sont dans leur première année) et cinq dans le code B
(qui sont faiblement intégrés) contre seulement trois qui se
retrouvent dans le code A (qui sont fortement intégrés).
L'intégration à l'université à
travers les condisciples français de classe varie aussi selon les
universités. Ainsi, il apparait selon l'université que les
étudiants enquêtés de l'UM2 ont plus de condisciples
français avec lesquels ils se fréquentent que dans les deux
autres universités. Les résultats du tableau 2.1 montrent que
c'est seulement à l'UM2 où sur les neufs étudiants
enquêtés, quatre ont entre trois et six condisciples
français de classe avec lesquels ils se fréquentent. Cela
pourrait se justifier par le fait qu'à l'UM2 les offres de formations
qui relèvent toutes du domaine des sciences, exigent plus de travaux de
groupes où le mélange d'étudiants est beaucoup plus
fréquent. Et cela se voit tout aussi sur les fréquentations des
cafétérias ou bien les restaurants universitaires où la
majorité de ceux qui les fréquentent se font accompagnés
par des condisciples français et pour la simple raison qu'ils s'y
rendent le plus souvent après des séances de TD.
Dans le cadre toujours de l'impact des relations avec leurs
condisciples français sur leur intégration au sein de
l'université, il nous a semblé nécessaire de voir s'il y a
une corrélation entre le fait d'avoir des amis de classe français
et la participation aux activités des organisations étudiantes.Le
tableau 4.3de nos résultats a montré que sur les vingt
étudiants enquêtés, il n'y a que neuf parmi eux qui ont
affirmé qu'ils ne participent pas à des activités
culturelles au sein de leurs universités contre onze qui ont
affirmé qu'ils participent ( dont huit rarement et trois souvent).
Après avoir fait un croisement entre nombre d'amis et fréquence
de participation en ne s'intéressant qu'aux onze qui participent
(souvent ou rarement), on obtient : huit étudiants qui participent
ont des amis français de leurs classes avec lesquels ils se
fréquentent contre un seul qui a des amis français mais qui ne
participe pas et deux qui n'ont pas d'amis mais qui participent à des
activités culturelles au sein de leurs universités. Cela confirme
qu'avoir des amis français est un facteur qui favorise la participation
aux activités culturelles au sein de l'université.
Une analyse thématique des raisons qui font que ceux
des étudiants interrogés qui ne participent pas à des
activités culturelles au sein de l'université, fait apparaitre
deux éléments significatifs. Le premier est dû au fait
qu'ils ne sentent pas concernés. Sur ce point nous pouvons faire deux
lectures. Tout d'abord il y a un sentiment de mise à l'écart qui
est dû au fait qu'ils ne se sentent pas associéspour être
impliquer pleinement à ces activités, mais aussi un écart
lié au culturel. Ici l'étudiant ne se sent pas concerné
par ce que les activités culturelles proposées ne correspondent
pas à ses habitus. Les contenus des festivals ou des expositions au sein
de l'université ne correspondent pas à leur goût culturel.
Cela se justifie par des propos qu'on a notés ci haut tels que
« ça ne concerne qu'eux » ou
« ce qui est proposé ne m'intéresse
pas ».Cette distance culturelle se remarque tout aussi sur les
raisons qui font que certains ne fréquentent pas le restaurant
universitaire.
Le deuxième élément significatif est le
manque de temps que beaucoup ont cité comme raison. Ici par manque de
temps, il faut voir les occupations liées aux petits boulots des
étudiants. La recherche du boulot pour l'étudiant étranger
prend assez de son temps d'une part et de l'autre, quand il l'a, les
contraintes liées avec ne lui permettent pas de participer aux
activités culturelles à l'université. Sur cet aspect,
notre théorie des inégalités sociales à
l'école se justifie clairement. Une des conditions de renouvellement du
titre de séjour dû au statut d'étudiant étranger
exige que ces étudiants aient des moyens financiers suffisants pour
chaque année universitaire. Avec cette obligation, le peu de temps que
l'étudiant dispose en dehors de ses cours est consacré au boulot
quitte même à sacrifier certaines heures de cours au profit de ce
boulot, ce qui n'est pas exclu. Sur cet aspect, participer à des
activités culturelles au sein de l'université qui aide à
l'intégration de l'étudiant étranger dans ce milieu, ne
lui est pas rendu possible à cause de son statut.
Un autre constat significatif qui apparait dans nos
résultats est qu'il n'y a pas de corrélation entre avoir des amis
français de classe et obtenir des informations sur le quotidien
universitaire. Cela est dû au fait que l'essentiel des étudiants
interrogés ont affirmé que les informations concernant leur
formation (notes, absence de profs, modification de l'emploi du temps,
changement de salle de classe etc.) sont obtenues via internet mais non pas par
un quelconque ami. Ils affirment pour cela que ces informations sont obtenues
à temps. A ce niveau, ils se sentent vraiment membre de leurs
universités et non pas des exclus, car ces informations sont obtenues de
la même façon par tous les autres étudiants.
Section 2 : le niveau d'intégration en
rapport avec les relations avec les professeurs
Les résultats sur les relations étudiants
guinéens/professeurs montrent que les étudiants jugent
plutôt facile la possibilité de rencontrer leurs professeurs (voir
tab 3.2 de nos résultats). Les principales raisons de vouloir rencontrer
leurs professeurs se ramènent à des questions sur les cours et
aussi pour parler de débouchés (voir tab 3.3 de nos
résultats).Aussi dans l'ensemble, ces étudiants estiment que le
traitement est le même par rapport à leurs condisciples
français (voir tab 3.4 de nos résultats).
Si sur ces différents aspects, il ressort des
homogénéités chez les étudiants interrogés,
l'analyse laisse apparaitre quand même des différences selon les
universités. Ainsi les professeurs de l'UM1 apparaissent plus
égalitaires entre étudiants guinéens et nationaux, suivi
de ceux de l'UM2. La tendance est la même si on s'intéresse
à la possibilité de rencontrer les professeurs. Il est plus
facile pour les étudiants guinéens de l'UM1 et de l'UM2 de
rencontrer leurs professeurs que ceux de l'UM3, il en va de même du
traitement vis-à-vis de leurs condisciples français.
L'analyse de nos résultats montre tout aussi qu'il y a
une relation entre les relations avec les professeurs et le niveau de
satisfaction des études. Ainsi en croisant le niveau de satisfaction des
études chez les étudiants avec l'université
d'appartenance, on voit apparaitre que c'est à l'UM1 où les
étudiants sont plus satisfaits de leurs études (voir tab 1.6 de
nos résultats où sur les six étudiants interrogés
de l'UM1, cinq affirment être tout à fait satisfaits de leurs
études soit plus de 83%). Encore de plus, cela explique leur
volonté de finir leurs études à Montpellier qu'ailleurs
pour une raison due à la satisfaction liée à la formation
suivie.
Dans l'ensemble, on comprend que les relations avec les
professeurs n'ont pas à proprement parler un impact sur
l'intégration des étudiants étrangers au sein du milieu
universitaire au même titre que les rapports avec les condisciples
français. La conclusion qu'on peut tirer est que pour mieux
intégrer le milieu universitaire ce sont les relations avec les
condisciples français qui sont déterminants.
Section 3 : Le sentiment communautaire
Nos résultats ont montré que sur les vingt
étudiants interrogés, quinze sont membres de l'AGM dont treize
participent activement à ses activités. Comparé au nombre
de ceux parmi eux qui sont membres à d'autres organisations
étudiantes au sein de leurs universités et qui participent
à ses activités, on voit apparaitre une nette
différence.
Tout d'abord la proportion est la même entre ceux qui
connaissent des noms d'organisations étudiantes qui existent au sein de
leurs universités et ceux qui ne connaissent pas le nom d'une seule
organisation étudiante au sein de leurs universités. Si nous
mettons à côté les dix étudiants qui ne connaissent
pas le nom d'une seule organisation étudiante à fortiori
être membre, on voit que sur les dix autres qui ont connaissance des noms
de certaines organisations étudiantes, neuf d'entre eux ne sont pas en
ce moment et n'ont pas été non plus dans le passé, membre
d'aucune de ces organisation étudiantes, même de celles qu'ils
connaissent.
Les raisons sont dues d'une part à la perception qu'ils
ont des organisations étudiantes qui existent dans leurs
universités, qu'on a déjà expliquées ci haut par le
sentiment d'exclusion mais aussi par le manque de temps dû à
l'obligation de trouver du boulot et de travailler quand on l'a. La question
qui se pose est alors de savoir pourquoi ces mêmes raisons ne leur ont
pas empêcher aussi d'être membre de l'AGM et de participer
activement à ses activités ?Pour trouver les réponses
à cette question, nous allons faire recours à une analyse
thématique des raisons qu'ils ont avancées sur leur
préférence de participer aux activités de l'AGM par
rapport aux organisations étudiantes (voir tableau 6.4 de nos
résultats).
Une analyse thématique de ces raisons montre que les
étudiants sont animés par un sentiment d'appartenance qui selon
eux leur lie par nature à l'AGM.L'ensemble des guinéens sont vus
et considérés de ce fait comme membre d'une même famille en
étant ici, donc loin du pays. Des expressions comme « en
tant que patriote..... » ou « je me sens en
famille » etc. expriment ce fort attachement à l'AGM. On
discute en famille des problèmes de tous et on cherche des solutions
ensemble, il s'agit là d'un lien social naturel qui unit les membres.
L'AGM rempli en quelque sorteune fonction de refuge et de
protection pour l'étudiant au même titre que la famille pour un de
ses membres. Voyons l'expression « ici, on est dans une
société où c'est le chacun pour soi, quand tu as un
problème ce sont tes compatriotes qui viendront t'aider »
elle traduit cette fonction de protection de l'AGM. Cela pourrait suffire pour
répondre à notre question d'en haut. D'ailleurs quand il s'agit
des membres des organisations d'étudiantes, les étudiants
utilisent l'expression `'eux'' tandis qu'ils utilisent le `'nous'' dès
qu'il s'agit de l'AGM.
Au vu de ces différentes analyses, nous pouvons
affirmer que l'intégration au sein du milieu universitaire des
étudiants guinéens à Montpellier est faible parce que
d'une part, il n'y a pas de véritables relations d'amitié avec
leurs condisciples français de classe qui pourraient leur donner plus de
chances ou d'opportunités pour mieux connaitre le système
universitaire et s'impliquer d'avantage à la vie universitaire en tant
qu'étudiant. D'autre part que les relations avec les professeurs, ne se
limitant juste qu'aux cours, n'ont pas un impact pour favoriser ou non
l'implication des étudiants guinéens aux activités
universitaires. Laissé à internet pour toutes les informations
qui concernant leurs cursus, l'institution qu'est l'université limite le
contact entre étudiants et professeurs et réduit le dialogue. Les
relations avec les condisciples français restent les seules capables
d'insérer les étudiants guinéens dans les activités
au sein de l'université et par là, leur intégration.
On peut tout aussi voir que les relations avec les
condisciples français qui déterminent le niveau
d'intégration dépendent non seulement du caractère
réel (qui peut être ouvert ou fermé)de ces derniers, mais
aussi de l'idée ou de l'interprétation que les étudiants
étrangers se font d'eux, donc du caractère supposé. Ceci
explique le renforcement du sentiment ou de repli communautaire de la part des
étudiants étrangers que sont les guinéens.
Conclusion
Arrivé à Montpellier au cours de cette
année universitaire, après avoir commencé les cours en
octobre, le premier constat que nous avons fait en classe est l'absence de
communication ou de relations entre les étudiants étrangers et
les condisciples français. A cette situation qui a perduré
durant tout le premier semestre de cours, est venu s'ajouterau fil du temps, un
autre aspect qui a renforcé notre constat. Il s'agit des séances
d'observation faites dans le restaurant universitaire de l'université
Paul-Valéry et à la Bibliothèque universitaire, où
il nous est apparu que le mélange entre étudiants noirs et
étudiants français n'est pas aussi évident. A travers
quelques entretiens exploratoires avec des étudiants étrangers
sur leur implication ou leur participation à des activités
culturelles au sein de l'université ou leur
représentativité au sein des organisations étudiantes,
nous avons constaté en eux un faible intérêt à ces
types d'activités. C'est l'ensemble de ses constats qui a suscité
en nous la curiosité de travailler sur ce sujet qui porte sur
l'intégration des étudiants guinéens au sein de leur
milieu universitaire.
Le choix porté sur les guinéens est dû
à des raisons de faisabilité. Le temps et les moyens que nous
disposions, ne nous permettait pas d'élargir l'étude à
l'ensemble des étudiants africains, à fortiori l'ensemble des
étudiants étrangers à Montpellier. Encore de plus, en tant
que guinéen, nous avions une proximité avec les étudiants
guinéens qui nous permettait de les rencontrer et de s'entretenir avec
eux avec beaucoup plus de facilité.
L'objectif de notre travail a été de
décrire et d'expliquer les conditions qui favorisent ou qui
défavorisent l'intégration des étudiants guinéens
dans les différentes universités de Montpellier. En fonction de
nos constats cités ci haut, la question principale de recherche que nous
nous sommes posée a été de savoir qu'est ce qui explique
le faible niveau d'intégration des étudiants guinéens dans
leurs universités à Montpellier ? Face à cette
question, nous avons formulé une hypothèse de départ selon
laquelle, le faible niveau d'intégration des étudiants
guinéens dans les différentes universités de Montpellier
s'explique par un sentiment de marginalité dû à la nature
des relations qu'ils entretiennent avec leurs condisciples français et
leurs professeurs.
Après une recherche documentaire essentiellement faite
à la bibliothèque universitaire de l'université
Paul-Valéry et des articles tirés dans des revues scientifiques
en lignes en rapport avec notre sujet, nous avons pu rédiger notre
problématique, notre cadre théorique et notionnel. Pour
l'enquête de terrain, nous avons administré un
questionnaire-interview à un échantillon de vingt
étudiants guinéens. Pour identifier les personnes qu'on a
interrogées, nous avons procédé à un
échantillonnage de type stratifié. Sur la base d'une liste
nominative des étudiants guinéens obtenue lors d'une
assemblée de l'association des guinéens de Montpellier, nous
sommes partis de quelques critères à savoir : la
durée d'études à Montpellier, le sexe et
l'université d'appartenance. L'idée a été de
trouver une représentativité, même non proportionnelle, de
filles et garçons, d'anciens et des nouveaux et enfin que les trois
universités soient représentées.
Les principaux résultats auxquels nous sommes parvenu,
se ramènent à ceci : en général,les relations
entre étudiants guinéens avec leurs condisciples français
et le contact avec leurs professeurs restent faibles, même si on note
quelques variations selon les universités ou selon la durée. Cet
état de fait développe en eux un sentiment de marginalité
qui explique le fait qu'ils netrouvent pas une envie de participer
réellement aux activités culturelles au sein de leur
université. Ce même sentiment de marginalité ne leur donne
pas non plus la volonté de s'engager à des activités
d'organisations étudiantes au sein de leurs universités.
les résultats ont montré tout aussi
qu'au-delà de ce sentiment d'être marginalisés, leur statut
d'étudiants étrangers leur impose certaines contraintes
liées notamment aux conditions de renouvellement annuelle de leurs
titres de séjour à la préfecture qui leur oblige d'avoir
dans leurs comptes bancaires des ressources financières suffisantes
pour pouvoir entamer chaque nouvelle année d'études. Cette
situation leur oblige à trouver du travail, ce qui fait que le temps qui
sera consacré à l'université se limitera uniquement aux
cours ou aux TD. Le reste du temps ne peut être consacré à
d'autres activités à part le `'boulot''.Du coup les relations
avec les autres acteurs à l'université que sont les condisciples
ou même les rencontres avec les professeurs vont se raréfier.
Un autre aspect significatif que les résultats ont
montré estque l'essentiel des informations concernant leur cursus leurs
sont communiquées via internet et Cette situation contribue aussi
à réduire le contact entre eux et le personnel encadrement.
Les résultats ont montré que si la
majorité des étudiants estiment que leurs condisciples
français sont fermés à leur égard, ils affirment
dans l'ensemble que leurs professeurs quant à euxleur traitent de la
même manière par rapport à leurs condisciples
français et qu'ils sont plutôt facile à rencontrer. Ce qui
explique le fait qu'ils sont dans l'ensemble satisfaits des études
qu'ils mènent et que c'est pour cela que la grande majorité
d'entre euxenvisagent finir leurs études à Montpellier ici au
lieu d'aller ailleurs.
Les résultats ont montré que le sentiment
d'être marginalisé notamment par leurs condisciples
français au sein de l'université renforce en eux le sentiment
communautaire. C'est pourquoi ils préfèrent s'investir aux
activités de l'association des guinéens de Montpellier où
ils se sentent plus impliqués d'une part et d'autre part parce qu'ils se
sentent liés auxautres membres de l'association par des liens de
parenté.
L'ensemble de ces résultats nous ont fait connaitre que
ce n'est pas évident pourl'étudiant étranger à
Montpellier de jouir pleinement de son véritable statut
d'étudiant. La nature des relations qu'il entretient avec ses
condisciples français d'une part et d'autre part les contraintes
administratives qu'il a, font que son statut d'étudiant se limite juste
au fait d'être inscrit dans un programme de formation à
l'université, de suivre des cours, de faire des examens et passer en
classe supérieure. Alors que le statut d'étudiant devrait lui
permettre d'être impliqué à d'autres activités par
exemple : être membre d'organisations étudiantes, participer
à des mouvements culturels, avoir la possibilité de revendiquer
ses droits ou celle d'être consulté pour donner son avis, voir
même avoir la possibilité de s'opposer quand il s'agit d'appliquer
des mesures les concernant au sein de l'université etc. et pour cela,
rien ne permet de le réussir qu'une meilleure intégration dans ce
milieu qu'est l'université.
Nous rappelons que notre travail s'inscrit dans le cadre d'un
mémoire de master. De ce fait, l'étude est loin d'être
exhaustive. D'autres travaux de recherche pourraient être entrepris pour
cerner d'autres aspects de ce sujet qui n'ont pas été
abordés dans le cadre de cette étude ou même approfondir
certains aspects qui figurent dans nos résultats.Un
élargissement de l'échantillon à d'autres étudiants
étrangers qu'aux guinéens, à des professeurs ou autres
encadreurs dans les milieux universitaires et l'utilisation d'autres outils de
collecte que sont par exemple le focus, les récits de vie ou l'analyse
de statistiques pourraient apporter de nouvelles connaissances sur le sujet.
Tout cela peut être envisagé dans le cadre d'une thèse par
exemple.
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http//www. ac-montpellier.fr (site de l'académie de
Montpellier)
http//www.memoireonline.com (site de mémoires en ligne)
http//www.tel.archives-ouvertes.fr/oai (site de thèses en
ligne)
ANNEXE 1 : Liste des
Tableaux
Tableau 1.1. Le profil des étudiants
enquêtés selon le sexe et l'université d'appartenance
..............................................................p. 58
Tableau 1.2. Répartition des
étudiants enquêtés selon l'université d'appartenance
et le niveau de formation
.........................................................p. 58
Tableau 1.3. Répartition des
étudiants enquêtés selon le nombre d'années
passées à Montpellier
................................................................... p. 59
Tableau 1.4. Nombre de matières non
validées à la période d'enquête ...p. 60
Tableau 1.5. Redoublement des étudiants
enquêtés selon le niveau et l'université d'appartenance
.....................................................................p. 61
Tableau 1.6. Niveau de satisfaction par rapport
à leurs études à Montpellier ...p. 61
Tableau 1.7. Répartition des
étudiants selon le niveau de formation auquel ils souhaitent se limiter
...............................................................p. 62
Tableau 2.1. Répartition des
étudiants enquêtés selon le nombre de condisciples
français avec lesquels ils se fréquentent à domicile
...........................p. 63
Tableau 2.2. Répartition des
étudiants enquêtés selon le nombre de condisciples avec
lesquels ils se fréquentent en rapport avec le nombre d'années
passées à l'université
..........................................................................................p.
64
Tableau 2.3. Perception des étudiants
enquêtés sur le caractère ouvert ou fermé de leurs
condisciples français
.........................................................p. 65
Tableau 3.1. Fréquence de rencontre des
professeurs ..........................p. 67
Tableau 3.2. Possibilité de rencontre des
professeurs ..........................p. 67
Tableau 3.3. Les raisons qui poussent les
étudiants enquêtés à vouloir rencontrer leurs
professeurs
...........................................................................p.68
Tableau 3.4. L'avis des étudiants
enquêtés sur le traitement différent ou non qu'ils
reçoivent de leurs professeurs par rapport à leurs condisciples
français ......p. 69
Tableau 4.3. Fréquence de participation
aux activités culturelles au sein de
l'université............................................................................p.
71
Tableau 4.4. Fréquentation de la
cafétéria et du restaurant universitaire .......p.72
Tableau 5.1. Connaissance ou non de l'existence
d'associations ou syndicats étudiants au sein de l'université
.................................................................p. 73
Tableau 5.2. Leur perception des organisations
étudiantes au sein de l'université .p.73
Tableau 6.4. Les raisons qui expliquent chez les
étudiants enquêtés leur engagement à participer aux
activités de L'Association des guinéens de Montpellier par
rapport à d'autres organisations étudiantes
.........................................................p. 75
Annexe 2 : Questionnaire-Interview
Date :....../............/2013
Heure : de.......h à ........h
Jour : ...............................
Lieu :................................
Bonjour,
Je vous remercie d'avance de bien vouloir me consacrer de
votre temps. Je vous rappelle mon nom. Mamadou Oury SOW, je suis inscrit en
Master 2 recherche de sociologie à l'université Paul
Valéry Montpellier 3. J'ai sollicité m'entretenir avec vous dans
le cadre de la préparation de mon mémoire dont le thème
porte sur l'intégration des étudiants guinéens dans les
universités de Montpellier.
Je vous rappelle tout aussi que ce formulaire de question est
strictement anonyme. Il est soumis auprès d'une vingtaine
d'étudiants guinéens. Vous pouvez être assuré que
vos réponses ne seront utilisées que dans le cadre stricte de
cette étude. Vous êtes prié de répondre autant que
possible à toutes les questions, le plus complètement
possible.
Je vous remercie de votre collaboration.
I- Vos rapports avec vos études :
1- Depuis quelle année êtes-vous inscrit(e) en tant
qu'étudiant au sein de votre université ?
..............................................................
2- Etes-vous satisfait(e) de vos études à
Montpellier ?
Tout à fait satisfait..........
Moyennement satisfait.....
Pas du tout satisfait......
Qu'est ce qui justifie votre
réponse ?..........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
3- A quel niveau de diplôme souhaiteriez-vous arrêter
vos études?
Licence............
Master...............
Doctorat..............
4- Pour quelles raisons ?
...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
5- Envisagez-vous finir vos études à Montpellier
ici ?
Oui .....................
Non ....................
Pour quelles raisons ?
..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Si non, où est ce que vous envisagez poursuivre vos
études à part Montpellier ?
- Dans une autre université en France.......
- Ailleurs, dans un autre pays ...............
II- Vos relations avec vos condisciples français
à l'université.
6- Avez-vous des amis(e) français de votre classe avec qui
vous vous fréquentez en dehors de l'université ? si oui, ils
sont combien? .................
- Estimez-vous que ce soit suffisant?
......................................................................................................................................................................................................................................................................................... .
- Si non, pourquoi vous n'en avez pas plus?
......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
En quoi ces amis vous semblent-ils utiles ?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
7- Avez-vous des amis(e) français en dehors de vos
collègues de classe avec lesquels vous-vous fréquentez ?
Non..............
Oui...............
Si oui, comment vous êtes-vous connus?
........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
............
8- A votre avis, est ce que vos condisciples français sont
ouverts aux étrangers que vous êtes ? Qu'est qui justifie
votre réponse ?
....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
9- Selon vous quels sont les avantages qu'un étudiant
étranger peut tirer de ses relations d'amitié avec ses
condisciples français ?
....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
10- Quels sont selon vous les moments ou les endroits les plus
propices pour rencontrer et tisser des relations de camaraderie avec vos
collègues français ?
...........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
11- Etes-vous logé(e) en cité
universitaire ?
Oui..........
Non........
Si oui, quels sont les avantages que vous tirez de de votre
logement en cité U ?
....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
12- Vous arrive -t-il d'être frustré(e) en
Cité U ? Si oui, qu'est-ce qui vous frustre de temps à
autre ?
...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Si non, pourquoi vous n'êtes pas logé(e) en
cité U?
............................................................................................................................................................................................................................................................................................
.........................................
III- Vos relations avec vos professeurs et le personnel
encadrement.
13- Avez-vous l'habitude de rencontrer vos professeurs pour
discuter avec eux ?
Oui, fréquemment............
Oui, mais rarement..........
Pas du tout........................
14- Comment entrez-vous en communication avec vos
professeurs ? (classez vos réponses par ordre de
fréquence.)
- Seulement quand vous posez des questions en
classe .....
- Pendant les pauses, en
classe..................................
- En dehors de la classe après un
cours........................
- En dehors de
l'université.......................................
- Autre (à préciser)
.......................................................................................
15- A votre avis, vos professeurs ou certains d'entre eux vous
traitent- ils différemment des autres
étudiants français ?
Si oui, comment ?
............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Non, ils nous traitent tous de la même
manière.......
16- De façon générale, comment jugez-vous la
possibilité d'entrer en contact avec vos professeurs ?
Plutôt facile.................................
Plutôt difficile..............................
Aucun contact possible....................
17- Quels sont les motifs pour lesquels, vous souhaiteriez entrer
en contact direct avec un de vos professeurs ? (classez les par ordre de
priorité)
- Questions sur le cours.....................
- Pour votre absence dans un cours........
- Notation......................................
- Exposé ou examen à faire...............
- Parler de débouchés .....................
- Autre à préciser
....................................................................................................................................................................................
18- Pour les occasions dans lesquelles vous êtes
entré(e) en contact direct avec vos professeurs, quel a
été votre degré de satisfaction ?
Tout à fait satisfait...........................
Plutôt satisfait................................
Peu ou non satisfait..........................
19- A quelle occasion vousrendez-vous généralement
au CROUS ?(classez vos réponses par ordre de priorité)
- Pour chercher un emploi étudiant...........
- Pour des problèmes de logement.............
- Pour aide et assistance sociale...............
- Autre (à préciser.)
..............................................................................................................................................................................................................................................................................
20- Quelle que soit la raison, estimez-vous que vous êtes
reçu(e) et traité(e) de la même façon que vos autres
collègues français ? si oui, pourquoi ? si non,
comment?
..............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
IV- Vos rapports aux informations sur le quotidien
universitaire.
21- Avez-vous les informations suffisantes sur les
modalités de contrôle(ou d'évaluation) au sein de votre
université ?
OUI NON
Coefficient des différentes matières
..............
Compensation entre les matières ..................
Valeur des notes de TD, TP et de CM.............
Deuxième session....................................
Le passage dans l'année
supérieure................
22- En cas d'absence éventuelle d'un de vos professeurs,
êtes-vous informé à temps ?si oui, comment ? si
non Pourquoi ?
........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
23- Comment prenez-vous connaissance d'une modification de votre
emploi du temps ou du changement de salle dans les cas où cela se
faisait ?
........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
24- Sur les informations relatives à une modification de
votre emploi du temps, à l'absence éventuelle d'un de vos
professeurs ou au changement de salle de cours, quand obtenez-vous
l'information habituellement ?
A temps ....................
C
Un peu tard ................
Trop tard ..................
25- Les informations concernant les activités culturelles
au sein de l'université (festivals, expositions, soirées,
conférences) comment les obtenez-vous ?
...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
26- La façon d'obtenir ces informations vous permet-elle
d'y participer ? si oui comment ? si non pourquoi ?
..............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
27- Quelle est la fréquence de votre participation aux
activités culturelles (citées ci haut) de
l'université ?
Souvent .................
Rarement ..............
Ne participe pas réellement .......
28- Qu'est ce qui justifie votre réponse?
....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
29- Avez-vous l'habitude de fréquenter la
cafétéria et le restaurant universitaire? si oui, avec qui
êtes-vous le plus souvent accompagné(e)?
- Vos compatriotes guinéens de votre université
............
- Vos amis de classe, étrangers comme vous à
Montpellier ......
- Des condisciples français .....................
- Autre ( à préciser)
..............................................................................................................................................................................................................................................................................
30- Qu'est-ce qui justifie votre réponse?
..............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
V- Vos engagements et participation à la vie
associative au sein de l'université.
31- Connaissez-vous l'existence d'associations ou
d'organisation(s) syndicale(s) ou non au sein de votre
université ?
Non ..................
Oui, veuillez me les citer.
............................................................................................................................................................................................................................................................................................................
32- Etes-vous ou avez-vous été dans le
passé, membre d'une association ou d'une organisation au sein de votre
université ? si oui, laquelle ? si non pourquoi?
........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
33- Parmi les affirmations suivantes sur l'engagement personnel
à participer aux activités des organisations étudiantes,
quelle est celle qui vous correspond le mieux ?
1- Je me sens pas concerné, si non, j'aime bien participer
...
2- Ça ne m'intéresse pas du tout ..............
3- C'est une perte en temps ...............
4- Les étrangers comme moi ne sont pas
représentés ..........
VI- Vos relations avec vos compatriotes guinéens
à Montpellier.
34- Avant votre arrivée à Montpellier, aviez-vous
une adresse précise où vous devriez descendre ?
- Oui, j'étais en contact avec un parent ou ami
guinéen qui était là .....
- En quoi alors, ce dernier vous a -t-il été utile
depuis votre arrivé à Montpellier ?
...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
- Si non, comment alors aviez-vous trouvé votre premier
logement quand vous êtes arrivé(e) à Montpellier ?
..............................................................................................................................................................................................................................................................................
35- Etes-vous membre de l'association des guinéens de
Montpellier ?
Si oui, depuis quelle année? ....................
Si non pourquoi?
..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
36- Si vous êtes membre de l'AGM, participez-vous à
ses différentes activités ?
Tout à fait...........
Peu ...................
Pas du tout...........
Si vous êtes membre de l'AGM, quel avantage tirez-vous de
votre statut?
........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
37- Entre votre engagement et votre implication aux
activités de l'AGM et votre engagement et votre implication aux
organisations étudiantes, qu'est-ce qui est plus fréquent chez
vouset pourquoi ?
..............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
VII- Votre situation :
Vous êtes :
Garçon ......
Fille............
Votre situation matrimoniale :
Marié(e)
- Avec un(e) guinéen(e) .....
- Avec un(e) français(e)......
Célibataire.....
38- Dans quelle université de Montpellier et dans quelle
option, êtes-vous inscrit(e) ?
............................................................................................................................................................................................................................................................................................................
39- A quel niveau êtes-vous dans votre formation ?
.................................................................................
40- N'avez-vous pas à ce jour, des matières non
validées ?
Si, j'en ai ........................ Combien?
.............
Non, je n'en ai pas ..........
41- Vous est-il arrivé de reprendre une classe depuis que
vous êtes inscrit(e) ici ?
Oui, à quel niveau? .......................
Non .............................................
42- Quelle mention avez-vous obtenue sur votre dernier
diplôme ici ?
-
..............................................................
- Je n'ai pas encore obtenu de diplôme
ici................
Votre appartenance ethnique :
Vous êtes :
Peul..............
Malinké........
Soussou........
Autre, à préciser...............................
Votre religion :
Vous êtes :
Musulman(e)....
Chrétien(ne).....
* 1Jean Etienne,
Françoise Bloess, Jean Pierre Noreck, Jean Pierre Roux, Dictionnaire
de Sociologie : Les notions,
les mécanismes, les auteurs, Hatier, Paris, 2004.
* 2Maïtena Armagnague,
L'évolution d'une immigration "communautaire" en France et en
Allemagne : le cas des jeunes d'origine turque : entre communauté,
société et cité, thèse de doctorat en
sociologie, soutenue le 20-10-2010 à
Bordeaux 2, p. 283.
* 3Robi Morder, Caroline
Rolland-Diamond, Etudiant(e)s du monde en Mouvement, Migrations,
Cosmopolitisme et internationales étudiantes, Ed. Syllepse, Paris,
2012, p. 12-13.
* 4Claudie Weill,
« La question des étrangers : les étudiants russes
en Allemagne, 1900-1914 » Le mouvement social, n° 120,
juillet-septembre 1982, cité par Robi Morder et al. p 17.
* 5Mohamed Harfi et Claude
Mathieu, « Mobilité internationale et
attractivité des étudiants et des chercheurs »,
Horizons stratégiques, 2006/1 n° 1, p. 28-42.
http://www.cairn.info/revue-horizons-strategiques-2006-1-page-28.htm
2006. (Consulté le 12 décembre 2012)
Sur cet aspect et s'agissant des étudiants africains
venant en France, dans La Nouvelle Revue Française d'Outre-Mer,
avril 1955, p. 169-170, cité par Fabienne Guimont in Les
étudiants africains en France (1950-1965) p. 63, il est
écrit que : « un peu plus de la moitié des
boursiers d'enseignement supérieur seraient restés en France en
1953, après l'obtention du diplôme pour lequel la bourse leur
avait été accordée. La plupart de ces jeunes gens ont
sans doute l'intention de faire en France une carrière. Il est loin
d'être certain qu'ils y réussissent tous».
* 6Robi Morder, Caroline
Rolland-Diamond, Etudiant(e)s du monde en mouvement, migrations,
cosmopolitisme et internationales étudiantes, op. cit., p.
53.
* 7Campus France,Etudiants
internationaux, chiffres clés Monde, octobre 2011.
* 8Mohamed Harfi et Claude
Mathieu, « Mobilité internationale et
attractivité des étudiants et des chercheurs »,
Horizons stratégiques, 2006/1 n° 1, p. 28-42.
http://www.cairn.info/revue-horizons-strategiques-2006-1-page-28.htm
(consulté en décembre 2012).
* 9Ibid.
* 10Emmanuel Amougou,
Etudiants d'Afrique Noire en France, une jeunesse sacrifiée ?
L'Harmattan, Paris, 1997, p. 19-20.
* 11Source :INSEE, RGP,
1962, 1968, 1975, 1982, 1990 cité par AmougouinEtudiants d'Afrique
Noire en France, une jeunesse sacrifiée, p. 33.
* 12André
Nyamba« Quelle place pour les systèmes éducatifs et de
formation dans la mondialisation ?», Education et
société , 2/2005 n° 16,
p. 53-69. URL:
www.cairn.info/revue-education-et-societes-2005-2-page-53.htm. DOI
10.3917/es.016.0053.2005,consulté
le 10 décembre 2012.
* 13Informations de l'UIE
(Union Internationale des Etudiants) sur les étudiants dans les pays de
l'Est, 1964, carton 15, cité par Fabienne GUIMONT inLes
étudiants africains en France (1950- 1965), L'Harmattan, Paris,
1997, collection Etudes Africaines, P. 81.
* 14Fabienne GuimontinLes
étudiants africains en France (1950- 1965), op.cit., P
19.
* 15A. Sar, I. Fofana, K.
Banny in Esprit et situation de l'enseignement en Afrique noire,
Présence Africaine, p 71-83,cité parFabienne Guimont,
op.cit., P 80.
* 16Nabbie Ibrahim
Soumah, Anthropologue
guinéen,lorsd'uneConférence-débat de l'Association des
Etudiants Guinéens du Nord- Pas- de-Calais, octobre 2012.
* 17DanielleChevrollet,
« Les problèmes d'adaptation des étudiants
étrangers au système universitaire
français »,Revue française de
pédagogie, volume 40, 1977, pp. 30-44. doi : 10.3406/rfp.1977.1635,
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1977_num_40_1_1635
(consulté en novembre 2012).
* 18Monique Eckmann,
préface de,Les étudiants d'Afrique
subsaharienne, représentations et discours des acteurs des hautes
écoles de la santé et du social sur les processus et les
conditions d'apprentissage, N°6 collection du Centre de Recherche
Social, ies, éditions 2010 de Myriam Graber, Claire-Lise
Mégard Mutezintare, Théogène-Octave Gakuba, p. 14.
* 19Alain Coulon et Saeed
Paivandi,Rapport pour L'Observatoire de la Vie Étudiante,
Université paris 8,mars 2003.
* 20Sur cette question,
Goerg Odile a écrit en préface de l'ouvrage de Fabienne Guimont
cité ci haut, parlant des étudiants africains que
« pour lutter contre l'isolement en métropole, les
étudiants se regroupèrent en associations selon leur territoire
d'origine mais ils surent également dépasser les
frontières coloniales soit pour contribuer activement aux mouvements
pour l'indépendance selon diverses tendances politiques, soit pour
défendre des intérêts corporatistes. C'est dans ce contexte
que la Fédération des Etudiants d'Afrique Noire de France (FEANF)
s'affirma en 1950... ».
* 21Robi Morder, Caroline
Rolland-Diamond, étudiant(e)s du monde en mouvement. Migrations,
cosmopolitisme et internationales étudiantes, op.cit., p.
242.
* 22Myriam Graber, Claire-Lise
Mégard Mutezintare, Théogène-Octave Gakuba, les
étudiants d'Afrique subsaharienne, représentations et discours
des acteurs des Hautes écoles de la santé et du social sur les
processus et les conditions d'apprentissage, N°6 Collection du Centre
de Recherche Social, ies éditions 2010, p 193.
* 23Martins Daniel,
« L'isolement pédagogique et social des étudiants
étrangers et leurs échecs scolaires », Revue
française de pédagogie, Volume 26, 1974, p. 18-22,
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1974_num_26,
(consulté le 1er janvier 2013).
* 24Raymond Aron, parlant de
`' histoire et sociologie'' chez Marx WEBER, dans les étapes de la
pensée sociologique, Gallimard, Paris, 1967, p. 512-522.
* 25Ibid. p 366.
* 26M. Grawitz,
méthodes des sciences sociales, Dalloz, paris 1984, p.173
cité par Matichescu.
* 27
Jean-Luc Richardin
le dictionnaire des sciences humainesde Sylvie Mesure, Patrick Savidan et
Collectif , 4 octobre 2006.
* 28Jean Pierre
Malrieu,« Immigration, citoyenneté et
intégration nationale »vendredi 11 avril 2008.
http://jp.malrieu.free.fr/SES702/article.php3?id_article=65
(décembre 2012)
* 29Ibid.
* 30 L'intégration
à la Française, Rapport du Haut Comité à
l'intégration, 1993.
* 31André Akoun et
Pierre Ansart, Dictionnaire de sociologie, le Robert, Seuil, 1999.
* 32John Urry « les
systèmes de mobilité », cahiers internationaux de
sociologie1/2005 (n°118), pp. 23-35. URL : www.
Cairn.info/revue-cahier-internationaux-de-sociologie-2005
1
-
page-23.htm,consulté en novembre 2012.
* 33Verger Jacques.
« La mobilité étudiante au Moyen
Âge »,Histoire de l'éducation, N. 50, 1991.
Éducations médiévales. L'Enfance, l'École,
l'Église en Occident, Ve-XVe siècles, p. 65-90.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_02216280_1991_num_50_1_2494,
consulté en décembre 2012.
* 34Ibid.
*
35Eugénie Terrier et Raymonde Sechet,
« Les étudiants étrangers : entre
difficultés de la mesure et mesures restrictives. Une application
à la Bretagne », Norois [En ligne],
203 | 2007/2, mis en ligne le 01 juin 2009, p.68. URL :
http://norois.revues.org/1556,consulté le 30 décembre 2012.
*
36Harald Schomburg et Ulrich Teichler,
« Mobilité internationale des étudiants et
débuts de vie active », Formation
emploi [En ligne], 103 | juillet-septembre 2008, mis en
ligne le 01 septembre 2010, URL:
http://formationemploi.revues.org/2411,
consulté le 30 décembre 2012.
* 37Anne-Françoise
Dequire « Le monde des étudiants : entre
précarité et souffrance », pensée
plurielle 1/2007 (n° 14), p.95-110, URL :
www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2007-1-page-95.htm,
consulté le 1er janvier 2013.
* 38Ibid.
* 39Eugène Terrier et
Raymonde Sechet « les étudiants étrangers : entre
difficultés de la mesure et mesures restrictives. Une application
à la bretagne », Norois [En ligne], 203|2007/2, mis
en ligne le 01 juin 2009, p 68. URL :
http://norois.revues.org/1556,
consulté en janvier 2013.
* 40Marie Duru-Bellat, les
inégalités sociales à l'école. Genèse et
Mythes, Paris, PUF, 2002, p. 5.
* 41Eugène Terrier et
Raymonde Sechet, op. cit., p.60.
* 42Sagnol Marc, « le
statut de la sociologie chez Simmel et Durkheim », Revue
française de sociologie, 1987, 28-1. p.99-125, consulté le 4
février 2013.
http ://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_00352969_1987_num_28_1_2369
* 43Ibid.
* 44Foucart Jean, «
Éditorial. Lien social? anomie, désaffiliation, exclusion...
»,Pensée plurielle, 2012/1 n° 29, p. 7-9, http://
www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2012-1-page-7.htm, consulté en
janvier 2013.
* 45Berkeley George, «
Le lien social », Cahiers philosophiques, 2007/4 N° 112, p.
100-102,
http://www.cairn.info/revue-cahiers-philosophiques-2007-4-page-100.htm,consulté
en janvier 2013.
* 46L'étiquette
« Ecole de Chicago » couvre en fait plusieurs écoles de
recherche qui se sont réunies à l'Université de Chicago.
Il ne s'agit pas ïune école de Chicago, comme l'écrit Yves
Grafmeyer dans Encyclopaedia universalis : « Depuis sa fondation à
la fin du XIXe siècle, l'Université de Chicago a donné
naissance à plusieurs "écoles"». Si l'école
sociologique dite d'écologie urbaine est sans aucun doute devenue la
plus connue (1), on aurait tort de limiter l'Ecole de Chicago (même en
sociologie), à cette seule école. Lazar Judith. Coulon Alain,
L'Ecole de Chicago. In: Revue française de sociologie.
1993,34-1. pp. 143-144 (février 2013)
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_00352969_1993_num_34_1_4229
* 47Alain Coulon,
L'École de Chicago, P.U.F. « Que sais-je ? », 2012,
p. 22.
* 48R. Park et E. Burgess,
Introduction to the Science of Sociology, Chicago, University of
Chicago Press [1921], 1969, 3ème éd., 1 040 p., chap. VIII
à XI, p. 506-784, cité par Alain Coulon.
* 49Ibid.
* 50Pierre Bourdieu et
Jean-Claude Passeron, La Reproduction, Eléments pour une
théorie du système d'enseignement, Ed. de Minuit, Paris
1978. Précédé de l'ouvrage, les héritiers,
Ed. de minuit, Paris 1964.
Raymond Boudon, l'inégalité des
chances, Armand collin, Paris, 1973 et la logique du social,
hachette, Paris, 1979.
* 51Georges Felouzis.
« Repenser les inégalités à l'université.
Des inégalités sociales aux inégalités locales dans
trois disciplines universitaires », Sociétés
contemporaines N°38 2000 p.67-97.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/socco_11501944_2000_num_38_1_1793,
Consulté le 02 mars 2013.
* 52Voir Marie Duru-Bellat,
les inégalités sociales à l'école.
Genèse et Mythes, PUF, Paris, 2002.
* 53Les chiffres qui sont dans
les parenthèses correspondent au code postal du département.
* 54Maurice Angers,
Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines,
les éditions cec, 2009, p. 42.
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