Paragraphe 2: Revue de littérature.
Dans cette partie, les différents concepts
utilisés dans le cadre de cette étude vont être
explicités d'une part. Et d'autre part l'accent sera mis sur les
connaissances ou travaux antérieurs concernant cette étude.
A- Clarification des concepts.
- La filière ne fait pas l'objet
d'une définition unique dans la littérature. Cependant on observe
certaines constantes. Le concept de « filière » est
né à partie des travaux précurseurs de GOLDBERG ET DAVIS
en 1957 à l'Université d'Harvard appliqués au blé,
au soja et aux oranges (Goldberg, 1968). Pour de ROSNAY (1975), une
filière est d'abord un système, c'est-à-dire "un ensemble
d'éléments en interaction dynamique, organisé en fonction
d'un but". Aussi, l'appellation « filière » recouvre
des contenus forts larges et différents. Elle englobe un ensemble de
notions parfois plus précises telles celles de chaîne, de
circuit, de branche ou secteur d'activité, de marché, de
système, etc. (Lebailly et al, 2000). Selon LADENT (1986), la
filière désigne l'ensemble des actes de production,
transformation, distribution relatifs à un produit (pomme de terre,
sucres, bois, etc.) ou à un groupe de produits homogènes
(céréales, fruits et légumes, viandes de boucherie,
produits laitiers, etc.) et concourant à la satisfaction d'un même
besoin final issu de la consommation. Et pour DURUFLE (1988) repris par FABRE
(1993) « on entend par filière de production, l'ensemble des
agents (ou fraction d'agents) économiques qui contribuent directement
à la production, puis à la transformation et à
l'acheminement jusqu'au marché de réalisation d'un même
produit agricole ». Dans son cours d'économie rurale, Henry de
FRAHAN (2004) définit la filière comme « un ensemble
d'agents économiques (producteurs, négociants, transformateurs,
grossistes, détaillants et consommateurs) qui sont engagés dans
différentes activités apportant à chaque étape une
valeur ajoutée ».
Puisque LEBAILLY (2000) fait remarquer à juste
titre : « il apparait que le concept de filière et ses
champs d'application diffèrent selon l'angle sous lequel on s'y
intéresse et les utilisations que l'on veut en faire », de
façon opérationnelle nous retiendrons que la filière est
un ensemble d'intervenants appartenant à une chaîne de production,
de transformation et de commercialisation d'un produit qui est dans notre cas
un produit agricole : l'anacarde.
- La rentabilité est définie
par le dictionnaire économique comme la
« capacité » d'un capital placé ou investi
à procurer des revenus exprimés en terme financiers. On distingue
cependant deux types de rentabilité : La rentabilité
financière et la rentabilité sociale ou économique. La
rentabilité représente alors l'évaluation de la
performance de ressources investies (FAO, 2005).
- La rentabilité
financière ou privée : c'est le profit net obtenu
sur la base des prix financiers. En d'autre terme, il s'agit du revenu net
calculé à partir des prix du marché reçus ou
payés par les différents acteurs de la filière.
- La rentabilité économique ou
sociale : il s'agit du profit net calculé lorsque les prix
du marché ne reflètent pas la vraie valeur des biens et services
de la filière. Ces prix économiques sont encore appelés
prix de référence.
- Le ratio des coûts des facteurs:
indique la part de la rémunération des facteurs dans la valeur
ajoutée aux biens échangeables ou non échangeables
calculée aux prix du marché. Ce ratio indique un profit financier
s'il est inférieur à 1 et un déficit lorsqu'il est
supérieur à 1.
- Les prix de référence :
sont des valeurs qui remplacent les prix de marché dans les calculs
théoriques lorsque l'on considère que les prix du marché
ne représentent pas la vraie valeur économique du bien on du
service. Ils sont encore appelés prix économiques, prix
comptables, prix réels voire prix « d'ombre » (FAO
,2000). (voir leur détermination dans l'annexe 2).
- Le ratio de coût en
ressources domestiques : est le pendant du ratio
du coût des facteurs, mesuré en prix de référence.
Il s'agit d'un critère essentiel, puisqu'il mesure l'efficacité
économique globale de la filière comparant le coût des
facteurs domestiques « consommés »dans le processus
de production et le gain de devises que représente la valeur
ajoutée aux biens échangeables.
- Les transferts : sont des flux
financiers sans contre partie marchande ou sans implication de consommation
réelle de valeur économique. Il s'agit essentiellement :
- des opérations de répartition menées
par l'Etat (taxes, impôts, et subventions) ;
- des frais financiers (paiement des
intérêts) ;-de certains types de loyer. Ce sont des
déplacements directs de créances sur biens et services d'un agent
à un autre qui n'ont aucun impact sur le revenu en tant que tel.
- Le Coefficient de Protection Effective
(CPE) : il est un indicateur du rapport entre la valeur
ajoutée aux biens échangeables par les différentes
fonctions de la filière aux prix du marché, d'une par et aux prix
de référence, d'autre part.
- Les facteurs échangeables :
encore appelés facteurs commerciables, ils regroupent les biens ou
produits (pesticides chimiques, engrais, semences, etc.) qui peuvent être
théoriquement importés ou exportés et
évalués aux prix du marché international. Ils
correspondent également à toutes les consommations
intermédiaires qu'il est possible de valoriser aux prix internationaux
(directement ou par décomposition en « remontée de
chaine »).
- Les facteurs non échangeables : Ce
sont les biens et services ne pouvant faire l'objet d'échanges
internationaux (exemple : la terre, la main d'oeuvre, le capital, les
salaires, etc.) qui sont évalués selon leur valeur marginale de
production s'il s'agit de facteurs de production et selon le critère de
la disposition à payer des consommateurs s'il s'agit de biens et
services finaux. Ce sont également des facteurs non commerciaux sur le
marché international et donc des facteurs locaux.
- La fonction de production : elle est
le socle de la filière. Cette fonction regroupe à la fois les
acteurs de la production, les systèmes de production et les
différentes activités ou combinaisons des facteurs de production.
La fonction de production regroupe les producteurs, les fournisseurs
d'intrants spécifiques, les encadreurs, les organisations paysannes et
unions de producteurs. Dans le cadre de cette étude, la fonction de
production est l'ensemble coordonné des activités de production
(installation des plantations, entretien, récolte, suivi de la
production, etc.) menées par des acteurs tels que les producteurs, les
encadreurs, les unions de Producteurs, la main d'oeuvre à travers un
système de production propre à la filière anacarde.
- La fonction de transformation: cette
fonction est composée essentiellement des transformateurs de noix de
cajou en amandes. Ce maillon est composé des unités
traditionnelles ou artisanales de transformation, des usines de transformation
semi-industrielles de même que les transformateurs de noix de cajou en
amandes. La transformation traditionnelle ou artisanale est la plus
développée au bénin; elle est manuelle et permet d'obtenir
des produits (amandes cassées; amandes entières non
torréfiées et amandes entières torréfiées)
essentiellement destinés au marché national. Quant à la
transformation semi-industrielle, elle utilise une technologie
semi-mécanique: la fragilisation des noix à la vapeur, le
décorticage à la pince à pédales, le
dépelliculage manuel, la classification manuelle et l'emballage manuel.
Elle produit des amandes classées en grades qui diffèrent selon
la couleur (blanche ou jaune), la forme (entière ou cassées) et
l'épaisseur (grosse, moyenne, petite) des amandes et destinées au
marché international. Dans le cadre de ce travail, cette fonction ne
fera pas objet d'analyse parce que les deux anciennes unités
traditionnelles de la commune rénovées en 2011 en usines de
transformation semi - industrielle, n'ont pas encore enregistré de
sortie de produits finis.
- La fonction de commercialisation: est
définie comme un ensemble d'activités qui permet à un
produit de passer du stade de la production primaire à celui de la
consommation. Pour BIAOU (1987), ces différentes fonctions sont de trois
natures à savoir:
- les fonctions d'échanges (collecte et distribution),
- les fonctions physiques (transformation, stockage et
transport) et
- les services rendant possible l'accomplissement des deux
premières catégories de fonctions (financement, prise de risque,
emballage). SALIFOU (2007), dans son analyse du système de
commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de
l'Atacora et la Donga, distingue dans le système de
commercialisation:
-un circuit de vente directe, reliant les producteurs aux
exportateurs,
-un circuit de vente courte où les noix passent des
producteurs à l'exportateur par le biais des groupements de producteurs,
représentés par l'UCPA et l'URPA,
-trois circuits moyens ou nous distinguons entre les
producteurs et les exportateurs, soit les courtiers, soit les collecteurs ou
soit les grossistes et un circuit long qui concerne tous les acteurs du
système de commercialisation à savoir : les producteurs qui
vendent les noix de cajou aux collecteurs, ces derniers revendent aux
courtiers. Ensuite les courtiers font le point des achats aux grossistes. Enfin
les grossistes revendent aux exportateurs qui se chargent de convoyer les
produits à l'extérieur du pays. Mais ce circuit reste-t-il
statique d'un endroit à un autre ?
B - Les études sur les rentabilités
financière et économique :
Ø La rentabilité
financière ou privée
Elle se rapporte aux revenus et aux couts observés,
reflétant les prix du marché réel reçus par les
producteurs, les commerçants ou les transformateurs dans le
système agricole (MONKE et PEARSON ,1989 ; OLOUKOÏ, 2004).
Pour TERPEND (1997) : « La détermination des
coûts de revient de la filière, lorsqu'ils sont rapprochés
des prix de vente, permet de mieux situer la rentabilité strictement
financière de la filière .Cette rentabilité peut
être étendue à toute la filière dans son ensemble ou
bien morcelée par transaction et par fonction ». De plus,
selon HOUNDEKON (1996), la rentabilité financière nette d'une
activité est la différence entre la valeur et le coût de la
production calculée sur la base des prix observés sur le
marché ; l'estimation de cette différence
(bénéfice) indique le niveau de la rentabilité
financière nette.
Ø La rentabilité
économique ou sociale
Elle est le revenu qui revient à la
collectivité. La rentabilité économique nette
évalue la même différence que la rentabilité
financière nette mais, sur la base des prix sociaux HOUNDEKON(1996), qui
permettent de mesurer les avantages comparatifs ou l'efficacité du
système de production agricole (MONKE, 1996; MORICE, 1989; STRIKER,
1991; HOUNDEKON, 1996; OLOUKOÏ, 2004).
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