Paragraphe 2 : Synthèse des
résultats.
De cette étude sur la rentabilité de la
filière anacarde dans la commune de Savalou, ayant utilisée la
MAP pour l'analyse, il ressort que la production et la commercialisation de
l'anacarde sont financièrement et économiquement rentables. En
effet, la production de l'anacarde dégage des rentabilités
financière et économique respectives de 34.622,13FCFA/ha et de
65.511,149FCFA/ha. Avec un CPE=0,9936 et un transfert net de -30.889,02FCFA/ha,
les producteurs sont implicitement taxés et ne profitent d'aucune
incitation à produire. Quant à la commercialisation, elle
mobilise une rentabilité financière de 118.031,71F CFA/tonne et
une rentabilité économique de 74.651,71FCFA/tonne. Avec un CPE
=1,0987 et un transfert net de 43.380FCFA/tonne, les grossistes sont
implicitement subventionnés et profitent d'une incitation à
continuer leur activité. Cependant, seules les mesures de politique
visant à augmenter le rendement à l'hectare et le prix de vente
aux exportateurs sont profitables aux différents acteurs de la
filière anacarde. Mais toute augmentation des prix de vente bord-champ
des stocks à partir de 519,388FCFA/kg devient une perte pour le
commerçant grossiste. De même que toute diminution du prix de
vente des stocks aux exportateurs en dessous de 456.468FCFA / tonne devient
néfaste aux grossistes. Par ailleurs, si toute augmentation du rendement
de 5% par hectare (soit 377,30kg/hectare) augmente la rentabilité
financière de 20,65% ; il n'en demeure pas moins que toute
diminution du rendement en dessous de 270,87kg/ha ou toute diminution du prix
de vente bord-champ des stocks en dessous de 303,135F CFA/kg deviennent des
pertes pour les producteurs.
Enfin, quand bien même la commune compte 20.000
producteurs d'anacarde et une superficie des plantations d'anacardiers
estimée à 25.000ha, deux usines semi-industrielles de
transformation des noix de cajou et que cette filière résolve un
grand problème économique et de développement qu'est le
chômage, la filière anacarde ne bénéfice d'aucun
appui de la part des autorités communales ni gouvernementales. Ce
état de chose confronte les acteurs de la filière à
diverses contraintes notamment l'insuffisance d'encadrement, la mauvaise
organisation des différentes fonctions de la filière et le manque
de financement entraînant une persistance suicidaire du
préfinancement de la commercialisation et du mode de financement "avance
sur achat" à taux de remboursement de 100%.
Paragraphe 3 : Suggestions.
Malgré les contraintes internes et externes, la
filière anacarde demeure une filière prometteuse. Au vue des
avantages que cette filière revêt pour ses différents
acteurs et pour le reste de la communauté, l'Etat et les
autorités communales devraient revoir leurs politiques de
développement des filières agricoles notamment la filière
anacarde. Mais dans l'immédiat, il faut penser à résorber
les différentes difficultés de la filière. Ainsi, les
diverses analyses et simulations de mesures de politiques nous permettent de
faire les suggestions suivantes à l'endroit :
Ø De l'Etat
- Dynamiser les structures d'encadrement (CeCPA) et les Unions
de producteurs d'anacarde (URPA/UCPA).
- Rendre disponibles et accessibles les semences
améliorées, les intrants agricoles et les produits
phytosanitaires spécifiques à l'anacarde.
- Former les agents d'encadrement sur l'Itinéraire
Agronomique recommandée pour la production de l'anacarde.
- Appuyer les structures d'union des producteurs et des
commerçants
- Fixer des prix planchers de vente de l'anacarde aux
exportateurs.
- Mettre en place un Fonds National de Développement et
de Financement Agricole et particulièrement de l'anacarde.
- Faciliter les investissements productifs dans la production,
la transformation et la commercialisation de l'anacarde à travers des
subventions et exonérations d'impôt ou de taxe.
- Créer des usines de transformation pour valoriser les
pommes de cajou qui jusque là sont abandonnées dans les champs
faute de possibilités d'utilisation (environ 600.000 tonnes/an).
- Fixer à temps la date de démarrage de la
campagne et faire respecter les prix planchers sur le terrain.
- Encourager les Institutions de Micro Finance (IMF) à
financer la filière anacarde tout en assouplissant les délais de
remboursement.
- Actualiser et renforcer la Stratégie de Relance de la
Filière Anacarde (SRFA) 2006-2011 en mettant l'accent sur les actions
prioritaires à développer dans la chaîne de valeur
anacarde.
Ø De la commune :
- Accompagner les différents acteurs intervenants dans
la filière anacarde en mettant en place des mesures incitatives.
- Négocier des financements pour les projets d'appuis
aux activités de production de l'anacarde.
- Construire des magasins de stockage des produits agricoles
en générale et particulièrement de l'anacarde dans les
arrondissements producteurs.
- Aménager les voies d'accès aux zones de
productions agricoles.
- Faciliter l'accès à la terre afin d'encourager
d'autres installations de plantations d'anacardiers.
- Encourager et susciter les investissements durables dans la
filière anacarde à Savalou.
- Créer des plantations communales d'anacardiers pour
améliorer le budget communal.
- Faciliter les investissements dans les unités de
transformation à travers un appui matériel et financier pour
accroitre les volumes des produits exportés.
Ø Des producteurs :
- Réorganiser et dynamiser l'Union des producteurs.
- Accorder plus de confiance aux Unions des producteurs afin
de mieux expérimenter la vente groupée de l'anacarde
- Faire plus confiance aux institutions de micro finance.
- Se regrouper en coopérative pour mieux profiter des
crédits
- Abandonner le mode de financement informel de "l'avance
sur achat" à taux de remboursement de 100% qui n'est rien d'autre que de
l'usure.
- S'informer sur l'itinéraire agronomique de production
de l'anacarde.
- Respecter l'itinéraire agronomique de production de
l'anacarde et mettre effectivement en pratique le prix planchers de vente
bord-champ généralement fixé à 200F CFA/kg.
- Renouveler les plantations existantes qui sont à 40%
vieilles tout en respectant la densité idéale de 100
plants/hectare au maximum.
- Augmenter les quantités produites en utilisant les
engrais (NPK : 500g par plant ou l'engrais organique : 2kg de fumure
ou de bouses de vache séchées par plant) et les produits
phytosanitaires (solution aqueuse de Neem voir annexe
9).
Ø Des acteurs de la
commercialisation :
- Abandonner progressivement le préfinancement par les
partenaires au profit du financement sur fonds propres.
- Mieux organiser le circuit des acteurs de la
commercialisation afin de réglementer la concurrence déloyale.
- Créer une union des acteurs de la commercialisation
de l'anacarde.
- Développer des politiques de soutien aux
producteurs.
- Appuyer matériellement et financièrement les
producteurs d'anacarde afin de bénéficier d'une augmentation des
rendements.
- Appliquer réellement les prix planchers de 200F
CFA/kg fixés par le gouvernement.
- Financer très tôt les collecteurs pour la
collecte primaire.
- Réinvestir une partie des plus-values obtenues dans
le développement de la filière anacarde.
- Créer des consortiums d'investisseurs nationaux dans
le secteur de la transformation des noix de cajou et des pommes de cajou.
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