Efficience des systèmes de santé : Cas des
pays à revenu intermédiaire de la région MENA
Mémoire soutenu en Mars 2013
Par
Rajae TOUZANI
Economie de la santé dans les pays en
développement et en transition
Année universitaire 2011-2012
Avertissement
L'Université n'entend donner aucune approbation ni
improbation aux opinions émises dans ce mémoire : ces
opinions doivent être considérées comme propres à
leur auteur.
« La mesure de l'efficience est avant tout une mesure
de notre ignorance1(*) »
Remerciements
En préambule de ce mémoire de recherche, je
souhaiterais adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes
qui ont contribué à l'élaboration de ce travail.
Mes remerciements s'adressent en premier lieu à mes
parents pour leur contribution, leur soutien et leur patience. Vous êtes
ma raison de vivre.
Le CERDI m'a permis de bénéficier d'un cadre
de travail exceptionnel. Merci aux directeurs du master économie de la
santé : Mme Martine Audibert et M. Jacky Mathonnat qui
ont été disponibles et à l'écoute tout au long de
mon cursus.
Un très grand merci à Mme Annie
Cuer pour ses encouragements et conseils. Vous êtes unique.
J'exprime ma gratitude au doctorant Youssouf
Kiendrebeogo qui a guidé mes premiers pas dans l'application de la
méthode DEA sur STATA. Ainsi qu'au professeur Choonjoo Lee (Korea
National Defense University) qui a accepté de répondre à
mes questions.
Je remercie du fond du coeur mes amis qui m'ont toujours
soutenu. Je pense à Amel, Fadwa, Meryem, Ali, Fama et Rachid mais aussi
à Ghali à qui je souhaite un très bon
rétablissement.
Que ceux que je n'ai pas cités, trouvent ici
l'expression de mes sincères remerciements.
MERCI ENORMEMENT.
La région étudiée
Carte montrant les pays du MENA.
Pays habituellement compris dans
le MENA.
Pays parfois compris dans le
MENA
Résumé
L'amélioration de l'efficience des systèmes de
santé est l'un des objectifs des pouvoirs publics. Cette exigence de
suivre l'évolution de l'efficience technique des systèmes de
santé, surtout ceux des pays en développement, passe par la
volonté d'atteindre le OMD ainsi que de réduire les
dépenses inutiles.
Dans ce présent travail, nous avons mesuré
l'efficience des systèmes de santé de l'Afrique du Nord et du
Moyen Orient, plus précisément, celle des 8 pays à revenu
intermédiaire de cette région. Pour ce faire nous avons
utilisé la méthode Data Envelopment Analysis (DEA) sous
l'hypothèse de rendements d'échelle variables à
différentes orientations.
Après avoir présenté la situation
sanitaire de la région, nous avons étudié les
différentes méthodes de mesure de l'efficience. Le dernier
chapitre était consacré à l'application de la
méthode DEA sur notre échantillon et de l'analyse de l'indice de
Malmquist. Suite aux résultats obtenus, nous constatons que 75% des pays
à revenu intermédiaire de la région MENA sont efficients
et efficaces en 2000, suite aux inputs et outputs que nous avons choisis. Ainsi
que la modification des outputs peut modifier la distribution des scores
d'efficience. Et enfin, que l'efficience et le progrès techniques ont
connu une évolution remarquable entre 2005 et 2009.
Mots clés : Région MENA,
Systèmes de santé, Efficience, DEA et Indice de Malmquist
Table des matières
Résumé
5
Liste des figures
9
Liste des tableaux
9
Liste des encadrés
9
Liste des annexes
10
Introduction
11
I. Les systèmes de santé de la
région MENA
14
1. L'état de santé de la population
de la région
14
1.1. Une vue globale sur la situation sanitaire
14
1.2. L'atteinte des OMD dans la région
16
2. Les priorités de la région en
matière de santé
18
2.1. Le contrôle des maladies non
transmissibles
18
2.2. L'extension de la couverture sanitaire
19
3. La performance des systèmes de
santé de la région MENA
21
II. Les différentes techniques de
mesure de l'efficience
23
1. Le concept d'efficience
23
a/ L'efficience technique
23
b/L'efficience allocative
24
2. Les méthodes de mesure de
l'efficience
25
2.1. L'estimation de l'efficience par l'approche
paramétrique
25
2.2. La mesure de l'efficience par l'approche non
paramétrique
26
2.3. Intérêt et limites des deux
approches
28
III. Mesure de l'efficience des
systèmes de santé de la région MENA
30
1. Revue de la littérature sur la mesure de
l'efficience
30
2. Cadre de l'étude
33
3. L'application de la DEA dans la mesure de
l'efficience des pays à revenu intermédiaire de la région
MENA
34
3.1. Le choix des inputs
34
3.2. Le choix des outputs
34
3.3. Les variables et les données
35
3.4. L'analyse des résultats de
l'efficience
37
A/ Les résultats orientation output
37
B/ Les résultats orientation input
38
4. L'évolution de l'efficience par la mesure
de l'indice de Malmquist
39
Discussion
44
Conclusion
45
Bibliographie
47
Annexes
51
Liste des figures
Figure 1: Pourcentage en mille des personnes
décédées suite aux accidents de la route
âgées entre 15-59: estimation d'avril 2011 de WHO
15
Figure 2: L'atteinte des OMD dans la région
MENA en comparaison avec les autres pays en développement
17
Figure 3: Décès des personnes
âgées de plus de 60 ans suite aux maladies cardiovasculaires et
infectieuses en %o (OMS 2008)
18
Figure 4: L'évolution de la part des
paiements directs dans les dépenses de santé totales de quelques
pays à revenus intermédiaires de la région MENA, 2008-2010
(source : WHO; EM/RC59/INF.DOC. Juillet 2012)
20
Figure 5: Mesure de l'efficience technique et
allocative
24
Figure 6 Classification des modèles DEA
27
Figure 7 Le nombre d'études sur l'efficience
entre 1983-2002
30
Figure 8: Décomposition de la
productivité de Malmquist
40
Figure 9: Comparaison entre les différentes
méthodes de mesure de l'efficience
51
Liste des tableaux
Tableau 1: Comparaison de la part des paiements
directs dans les dépenses de santé de quelques pays de la
région MENA
19
Tableau 2: Tableau comparatif des pays de la
région MENA à développement économique
similaire
21
Tableau 3: Comparaison de la DEA et SFA
29
Tableau 4: Statistique descriptive des variables
choisies
36
Tableau 5: Spécification des
différents modèles
37
Tableau 6: Résultats des estimations des
différents modèles; DEA orientation output
38
Tableau 7: Résultats des estimations des
différents modèles; DEA orientation input
39
Tableau 8: L'évolution de l'efficience
technique et du progrès technique des pays à revenu
intermédiaire de la région MENA entre 2000 et 2009
42
Liste des
encadrés
Encadré 1: Les accidents de la route dans la
région MENA
15
Encadré 2: La couverture médicale au
Maroc
20
Liste des annexes
Annexe 1: La différence entre les
méthodes de mesure
51
Annexe 2: Résultats du modèle DEA 1
à orientation output et input
51
Annexe 3: Résultats du modèle DEA 2
à orientation output et input
51
Annexe 4: Résultats du modèle DEA 3
à orientation output et input
51
Annexe 5: Résultats du modèle DEA 4
à orientation output et input
51
Annexe 6: Résultats du modèle DEA 5
à orientation output et input
51
Introduction
Les pays en développement se sont progressivement
désengagés de la stratégie « Santé pour
tous » car cet objectif était très ambitieux face aux
ressources des pays très limitées pour satisfaire les besoins,
même de base, de l'ensemble de la population. Face à cette
situation où le financement des systèmes de santé dans les
pays en développement devient de plus en plus difficile2(*), les pays se sont
retrouvés devant une pression croissante d'améliorer
l'utilisation des ressources.
Cette volonté de réduire les coûts
sanitaire est accompagnée par l'accent, mis par les pays en
développement, sur l'efficacité des systèmes de
santé, pour bien atteindre les objectifs de développement du
millénaire (OMD). En effet, une amélioration significative de la
situation sanitaire pourrait être obtenue si le financement de la
santé est assuré par des gains d'efficience technique et
allocative (Hensher, 2001).
En effet, la performance d'un système de santé
(SS) se mesure par la capacité de ce dernier à atteindre ses buts
fondamentaux. L'objectif principal de chaque système de santé est
d'améliorer l'état de santé de la population (SS efficace)
dans un cadre d'économies de moyens (SS efficient) tout en
répondant aux besoins sanitaires de toutes les couches sociales (SS
équitable). La mesure de chaque dimension de la performance est en
elle-même un facteur d'amélioration du système de
santé car elle permet de visualiser les écarts entre les
résultats obtenus et ceux que le système peut atteindre.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a contribué à
diffuser fortement la notion de performance des systèmes de
santé, suite à son rapport sur la santé dans le monde
(2000). La mesure de l'efficience des systèmes de santé a
été effectuée par l'OMS selon cinq dimensions sur un
échantillon de 191 pays. Malgré les critiques retenues sur la
méthode utilisée par l'OMS, ce rapport a souligné
l'importance de mesurer l'efficience, surtout pour les pays en
développement, ceux qui veulent bien atteindre les OMD en 2015.
Le concept de l'efficience consiste à estimer une
fonction de production de santé en considérant les
systèmes de santé comme des entités transformant les
ressources sanitaires en résultats de santé. C'est en quelque
sorte, la capacité qu'a chaque pays, de transformer ses inputs
sanitaires en outputs de santé (Bosmans et Fecher, 1998). D'une
façon plus générale, un système de santé
sera considéré comme efficient, lorsque sa combinaison d'inputs
et d'outputs sera située sur la frontière.
Les études sur l'efficience se sont
développées ces dernières années (Hollingsworth,
2008). Cependant la mesure de l'efficience représente une tache complexe
du moment qu'il faut bien faire attention au choix des intrants et sortants.
Mais surtout une importance particulière, doit être portée
à la méthodologie (paramétrique ou non
paramétrique), qui dépendra des objectifs soulevés par
l'étude.
Le présent mémoire a donc pour objectif de
mesurer l'efficience des systèmes de santé au niveau de la
région MENA en 2000, en estimant l'efficacité et l'efficience des
dépenses publiques de santé à l'aide de la méthode
Data Envelopment Analysis (DEA). La comparaison de la performance s'effectue en
prenant compte, d'une part le niveau de dépenses publiques de
santé de chaque pays à revenu intermédiaire de la
région MENA et, d'autre part, l'état de santé de la
population que nous mesurons par le biais de trois indicateurs de
morbidité/mortalité. L'objectif est d'assigner à chaque
pays un score qui indique si des économies de ressources peuvent
être effectuées compte tenu des performances
réalisées par les pays les plus efficients. Or, nous n'expliquant
pas dans ce présent mémoire la différence des scores
d'efficience entre les pays de notre échantillon3(*).
Nous avons choisis un échantillon homogène
constitué de pays à revenu intermédiaire pour ne pas
obtenir des mesures biaisées. Car nous savons que l'environnement
explique en partie les dépenses de santé. Nous estimons donc, que
les systèmes de santé des pays à revenu
intermédiaire de la région méditerranéenne
évoluent dans un environnement similaire.
La première partie de ce travail portera sur la
présentation de la situation sanitaire de la région
étudiée suivie par une présentation du concept de
l'efficience et une analyse des principales méthodes d'estimations. Le
troisième chapitre, présente l'étude comparative des
différents systèmes de santé des pays à revenu
intermédiaire de la région MENA qui se décomposera en
trois parties principales. Dans la première nous allons évaluer
l'efficience des systèmes de santé des différents pays de
l'échantillon en utilisant la méthode DEA orientée output
puis après l'estimation des mêmes modèles mais cette fois
ci à orientation input. Et enfin, dans la troisième partie nous
allons analyser l'évolution de l'efficience technique et du
progrès technique, suite au calcul de l'indice de Malmquist par la
méthode DEA sur la période 2000 à 2009.
I. Les systèmes de santé de la
région MENA
Avant d'aborder le sujet de l'efficience des systèmes
de santé, ce chapitre sera consacré à la
présentation de la région étudiée. Savoir quelques
éléments de la situation sanitaire de la région nous
permettra par la suite de choisir les bons inputs et outputs pour la mesure de
l'efficience.
MENA est l'acronyme de Middle East and North-Africa
(Moyen-Orient et Afrique du Nord). Elle est aussi nommée « la
région Méditerranéenne ». Cette région
comprend tous les pays du Moyen Orient et de l'Afrique Nord, depuis le Maroc au
nord-ouest de l'Afrique jusqu'à Iran au sud-ouest de l'Asie. Les pays
appartenant à cette région sont : Algérie, Arabie
saoudite, Bahreïn, Cisjordanie, Gaza, Djibouti, Egypte, Emirats arabes
unis, Iran, Iraq, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Malte, Maroc, Oman,
Qatar, Syrie, Tunisie et Yémen.
La région méditerranéenne abrite 355
millions d'habitants, dont 85% vivent dans des pays à revenu
intermédiaire, 8% dans des pays à revenu élevé et
le reste dans des pays à faible revenu. Elle possède de multiples
atouts, une population jeune et instruite, une base de ressources solide et une
résilience aux chocs économiques qui lui a permis de surmonter la
crise financière internationale de 2008-2009. 60% des réserves
mondiales de pétroles et 45% des réserves mondiales de gaz
naturel (Oil dans Gas journal, 2009) sont détenues par la région
MENA. La pauvreté absolue est peu répandue dans la
région ; environ 4% de la population vivent avec moins de 1.25
dollar par jour. Mais les bénéfices de la croissance ne
concernent qu'une petite élite. Cette situation a nourri la frustration
sociale et a engendré le ressentiment généralisé en
2011 connu sous le nom du printemps arabe.
1. L'état de
santé de la population de la région
1.1. Une vue globale sur la
situation sanitaire
Les pays de la région MENA ont opéré des
améliorations remarquables sur le plan sanitaire. Suite à des
changements au niveau socio-économique et l'évolution des
transitions démographiques et épidémiologiques, la
région a connu une transformation, si rapide, au niveau de l'état
de santé de sa population. On enregistre une augmentation de plus de 10
ans au niveau de l'espérance de vie ainsi qu'une réduction de la
moitié le taux de mortalité infantile au cours de la
période 1980 et 2005.
La moyenne du taux de fécondité est nettement
supérieure à celle des autres pays en développement de
l'Asie de l'Est et d'Amérique latine malgré l'instauration de
plusieurs pays de la région des politiques démographiques (4
naissances par femme dans la région MENA contre à peine deux
naissances en moyenne dans les autres régions4(*)). Cette baisse non importante du
taux de fécondité constitue à la fois une
opportunité et un défi pour la croissance socio-économique
de la région. Elle se retrouve avec une population jeune en croissance
rapide qui ne nécessite pas de grandes dépenses de santé.
Cependant, la prévalence de facteurs de risques
sanitaires chez la population jeune de la région est en augmentation
remarquable. Les jeunes de la région sont de plus en plus obèses,
optent pour un mode de vie sédentaire et consomment plus de tabac. Selon
l'OMS, la morbidité adulte attribuable au tabagisme devrait
croître de 2.4% en 1990 à 9.5% en 2020. Les accidents de route
sont aussi la cause majeure de décès et d'invalidité. Ces
derniers touchent essentiellement la population active (cf. encadré
ci-dessous).
Encadré 1: Les accidents de la
route dans la région MENA
D'après les chiffres de l'OMS, en avril 2011 18.6%o
des iraniens âgés entre 15 et 59 ans sont morts suite aux
accidents de la route. Ce chiffre est seulement de 0.6%o en Liban.
L'Algérie comme la Tunisie et le Maroc
connaît les mêmes problèmes liés à la
sécurité routière. Si leurs chiffres de morts suite aux
accidents de la route sont en baisse par rapport aux autres pays de la
région MENA, c'est du à l'instauration des lois qui organisent la
circulation routière.
Ces pays du Maghreb ont introduit le permis à
points, ont durcis les peines d'emprisonnement et les amendes. Ils ont aussi
augmenté les campagnes de sensibilisation et d'éducation
routière au près des jeunes conducteurs ; cette tranche de
population qui ne respecte pas en grande partie le code de la route.
Source : L'auteur
Figure 1: Pourcentage en mille des
personnes décédées suite aux accidents de la route
âgées entre 15-59: estimation d'avril 2011 de WHO
|
|
Selon l'OMS, quatorze pays de la région sont exempts de
paludisme, 20 pays sont libérés de la poliomyélite ainsi
que le taux de vaccination, contre les maladies évitables, a
dépassé les 85% sur les 5 dernières années. Or,
malgré les progrès réalisés par de nombreux pays de
la région, la mortalité des enfants de moins de 5 ans reste
importante. Certains pays figurent parmi les pays qui ont les taux de
mortalité infantile et néonatale les plus élevés au
monde. Il en est de même pour la mortalité maternelle (250 pour
100 000 naissances vivantes selon les estimations de l'OMS, 2009).
La région MENA peut être répartie en trois
groupes5(*) : les pays
touchés par un conflit, les pays à revenu intermédiaire et
les pays du conseil de coopération du Golfe (GCC).
- Les pays touchés par un conflit (Gaza et Iraq)
enregistrent des résultats en matière de santé alarmants
en raison des difficultés liées aux situations de conflits et
d'instabilité politique.
- Les pays à revenu intermédiaire sont :
Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Jordanie, Liban, Syrie et Iran.
Des pays qui ont mis en place de grandes infrastructures de prestation de
services de santé publique mais qui sont confrontés actuellement
à des contraintes budgétaires.
- Les pays du GCC sont dotés d'un système de
santé dont la performance globale est proche de celle des pays
développés.
1.2. L'atteinte des OMD dans la
région
La région MENA a atteint les objectifs concernant la
réduction de la pauvreté et l'accès aux installations
sanitaires. Elle est aussi dans la bonne voie pour atteindre les objectifs
d'universalisation de l'enseignement primaire et d'égalité entre
les sexes.
En revanche, les progrès sont lents en ce qui concerne
les OMD relatifs à la réduction de la mortalité
maternelle.
Figure 2: L'atteinte des OMD dans
la région MENA en comparaison avec les autres pays en
développement
Concernant l'OMD 4 « la réduction de la
mortalité des moins de 5 ans », 4 pays de la région
MENA ont atteint l'objectif, 9 autres pays sont en phase de la
réalisation, alors que si on se base sur les tendances actuelles,
probablement 10 pays n'y parviendront pas.
Pour l'OMD 5 « la réduction de la
mortalité maternelle », la banque mondiale (2010)
précise que l'objectif a été atteint par 6 pays contre 9
qui ne parviendront pas d'ici 2015. Alors que de nombreux pays accusent un
retard impressionnant dans le domaine de l'eau et de l'assainissement qui sont
des déterminants majeurs de la santé.
L'objectif de la malnutrition est aussi loin d'être
atteint par les pays de la région MENA d'ici 2015 (Banque mondiale,
2011). La malnutrition infantile demeure un problème important, qui n'a
reçu toutefois qu'une attention très limitée de la part
des responsables politiques. Le problème de la malnutrition dans cette
région s'explique par la hausse des cours mondiaux, qui exercent une
pression sur les finances publiques et le budget des ménages6(*), du moment où la
majorité des pays de la région sont tributaires des importations
de produits alimentaires (en particulier le blé). Selon la banque
mondiale, lorsque les prix alimentaires sont élevés, le double
fardeau de la malnutrition et les maladies chroniques s'alourdit. Ceci
s'explique du fait que les ménages pauvres remplacent les aliments
nutritifs par des calories vides. La consommation de ces calories accroît
le pourcentage de personnes souffrant à la fois d'un retard de
croissance et d'anémie mais aussi de surpoids ou
d'obésité. Par exemple, la moitié des femmes
égyptiennes anémiques ont une surcharge pondérale ou sont
obèses (banque mondiale, 2012).
Le problème de la malnutrition impact sur la
réalisation des autres OMD de la région, car elle est la cause
majeure de mortalité infantile dans les groupes de population à
faible revenu. Elle diminue aussi la capacité d'apprentissage des
enfants qui survivent et donc réagit sur leur aptitude à devenir
des membres productifs de la population active.
2. Les priorités de
la région en matière de santé
2.1. Le contrôle des
maladies non transmissibles
Contrairement à l'Afrique subsaharienne, les maladies
mortelles dans les pays de l'Afrique du Nord et du Moyen Orient sont les
maladies non transmissibles. Les maladies chroniques les plus importantes dans
cette région sont les maladies cardio-vasculaires, le diabète,
les cancers et les maladies pulmonaires chroniques. Elles sont responsables de
50% de la mortalité et de 60% de la charge de morbidité.
Source : L'auteur
Figure 3: Décès des
personnes âgées de plus de 60 ans suite aux maladies
cardiovasculaires et infectieuses en %o (OMS 2008)
Comme nous l'avons déjà précisé,
la population de la région commence à avoir un mode de vie
comportant plusieurs facteurs de risque des maladies non transmissibles (le
tabagisme, la sédentarité et l'alimentation malsaine...). Alors
qu'en parallèle, on observe une absence de programmes complets au niveau
des pays pour prévenir ou maitriser ces maladies. A titre d'exemple,
l'OMS considère que les pays de la région ne se sont pas
totalement engagés dans la mise en oeuvre des campagnes pour lutte
antitabac. Les prix du tabac demeurent très bas dans la plupart des
pays, les taxes appliquées à la vente du tabac sont toujours
non-conformes aux recommandations et plus de la moitié des pays de la
région n'ont toujours pas adopté les mises en garde sanitaires
illustrées sur les paquets de tabac.
2.2. L'extension de la
couverture sanitaire
La couverture sanitaire est considérablement
déficitaire dans la plupart des pays de la région MENA, tout
particulièrement dans les zones rurales et chez les travailleurs du
secteur informel. Un très grand nombre de particuliers disposent
relativement de peu de protection financière (assurance maladie) en cas
de maladie ou de traumatisme. Les ménages à faible revenu de la
région sont particulièrement pénalisés par cette
situation. Car le mécanisme de partage des coûts est mal
instauré ce qui mène les ménages à vivre sous la
menace des dépenses de santé catastrophiques. En effet, la
question du paiement direct par les usagers reste une question
préoccupante dans la région. A l'exception des pays du GCC, la
plupart des pays de la région continuent à pratiquer le paiement
non remboursé des frais médicaux. Ces paiements
représentent plus de la moitié du total des dépenses de
santé de la région.
Tableau 1: Comparaison de la part des
paiements directs dans les dépenses de santé de quelques pays de
la région MENA
PaysPaiements directs en % du total des dépenses en
santé (2010)Yémen75Arabie
saoudite19Iran58Jordanie25Liban45Maroc54Tunisie40
Source: L'auteur suite aux données du WHO global health
expenditure online database
|
Les paiements directs dans les dépenses de santé
restent relativement faibles dans les six pays du CCG (inférieur
à 20%). Or, les pays à revenu faible ne parviennent toujours pas
à limiter la part, relativement élevée, des paiements
directs dans leurs dépenses de santé totales (ex :
Yémen). Dans le cas des pays à revenu intermédiaire, le
pourcentage des paiements directs dans les dépenses de santé
totales n'a pas connu une baisse importante durant les 5 dernières
années (cf. graphique ci-dessous). Des pays comme l'Egypte et
l'Iran ont même connu une augmentation dans le pourcentage de leurs
paiements directs entre 2008 et 2010.
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Figure 4: L'évolution de la
part des paiements directs dans les dépenses de santé totales de
quelques pays à revenus intermédiaires de la région MENA,
2008-2010 (source : WHO; EM/RC59/INF.DOC. Juillet 2012)
L'état actuel est du au fait que la plupart des pays de
la région ne disposent pas de plans nationaux complets visant la
couverture universelle. Mais les pays membres sont aussi confrontés
à plusieurs difficultés qui bloquent les efforts vers une
couverture universelle :
- Capacité limitée des pays non exportateurs de
pétrole à prélever les impôts
- Secteur privé non réglementé
entraînant une demande induite par les prestataires
- Taux élevés de paiements directs dans la
plupart des pays
- Poids très important de l'économie
informelle
Encadré 2: La couverture
médicale au Maroc
Pour l'extension de la couverture médicale, le Maroc a
récemment mis en place le régime d'assistance médicale
pour les économiquement démunis « RAMED7(*) ». Le RAMED8(*) est une continuité de la
couverture médicale de base (CMB)9(*) mise en place en 2008. L'objectif de ce programme est
d'assurer l'accès aux soins de qualité à l'ensemble de la
population y compris les plus démunis. Ce sont donc 8.5 millions de
marocains qui vont y bénéficier ainsi la part de la couverture
médicale se situerait entre 29% et 31% des dépenses de
santé globales. Mais la gratuité n'est pas totale pour toutes les
personnes adhérentes au RAMED. On distinct les personnes en situation de
pauvreté relative qui doivent cotiser 120 Dh10(*) annuellement et les personnes
en situation de précarité absolue, qui eux,
bénéficient de prestations totalement gratuites.
|
3. La performance des
systèmes de santé de la région MENA
Selon l'OMS (2000), un système de financement de la
santé qui remplis et réglemente de façon satisfaisante ses
trois fonctions (mobilisation des ressources, pooling et achat de services),
permet à sa population d'atteindre un bon niveau de santé et
d'avoir un système de santé réactive et équitable.
Mais est ce que le financement des systèmes de
santé de la région MENA est assez équitable, solidaire et
efficace pour atteindre les objectifs de la santé ?
La demande de services de santé augmente dans la
région MENA autant que dans le reste du monde. Les raisons sont
différentes : augmentation du PIB par habitant dans la
majorité des pays de la région méditerranéenne,
introduction des nouvelles technologies de santé qui sont
coûteuses et les transitions épidémiologiques et
démographiques. Cette situation a mené à une augmentation
de la part allouée aux ministères de la santé dans la
région. Mais la part des dépenses publiques de santé dans
les pays à revenu faible de la région reste, majoritairement,
faible et insuffisante pour assumer pleinement le rôle de
développement sanitaire.
Mais avant de penser à augmenter la part allouée
au ministère de la santé nous devons se demander si avec les
moyens dont disposent les pays de la région MENA, les systèmes de
santé font ils bien ce qu'on attend d'eux ?
En d'autres termes, est ce qu'un pays est capable d'accomplir
ses objectifs sanitaires avec les ressources dont il dispose? D'une
manière plus générale, est ce que le système de
santé est efficient ?
Tableau 2: Tableau comparatif des
pays de la région MENA à développement économique
similaire
Pays
|
PIB/hab en PPA (1999)
|
Dép. santé, total (% du PIB) (1999)
|
Espérance de la vie à la naissance (1999)
|
Performance globale du SS (rapport sur la santé :
OMS 2000)
|
Maroc
|
2523
|
4%
|
70.5
|
29
|
Tunisie
|
5117
|
5.8%
|
72
|
52
|
Egypte
|
3474
|
5.3%
|
69
|
63
|
Jordanie
|
3066
|
9.4%
|
72
|
83
|
Liban
|
7497
|
10.9%
|
70.6
|
91
|
Iran
|
6299
|
4.6%
|
69.5
|
93
|
L'analyse de la performance des systèmes de
santé réalisée par l'organisation mondiale de la
santé (OMS, 2000)11(*), a classé le Maroc au 29e rang au
niveau mondial. Ce classement n'est pas du au niveau d'état de
santé de sa population, puisqu'il est classé au 110e
rang du niveau de santé, ni au niveau d'équité de son
système puisqu'il est classé au 111e rang dans la
distribution du niveau de santé et au 125e rand dans
l'équité de la contribution financière derrière
l'Algérie et la Tunisie. Le système de santé marocain est
donc bon par son efficience et non pas par son niveau de santé et
d'équité (cf. tableau 2).
II. Les
différentes techniques de mesure de l'efficience
Ce chapitre s'intéresse à la définition
de l'efficience et de ses différentes techniques de mesure.
1. Le concept
d'efficience
Le concept de l'efficience est utilisé pour indiquer le
niveau d'utilisation des ressources qui portera sur les mesures du ratio
output/input. L'efficience représente le niveau de performance de
transformer un ensemble d'intrants en un ensemble d'output. Elle correspond
à l'écart entre la production maximale autorisée compte
tenu des inputs consommés et la production réalisée
(Boussemart, 1994). La question de la production maximale est résolue
par le recours à la frontière supérieure de l'ensemble de
production. Une unité est considérée comme efficiente si
elle se place sur la frontière de production. Dans le contexte
sanitaire, l'efficience établit le lien entre les résultats
sanitaires (intermédiaires12(*) ou finaux13(*)) et les ressources utilisées
(financières et environnementales). Cette notion est aussi
appelée performance.
Mais pourquoi mesurer l'efficience dans le domaine
sanitaire ? La pression sur les budgets gouvernementaux ainsi que la part
grandissante des budgets de santé dans le PIB de chaque pays semblent
avoir une influence importante dans la mesure de l'efficience. En
économie de la santé, la mesure de l'efficience a
été menée à différents niveaux
d'activité : les systèmes de santé des pays, les
prestataires de services individuels et les programmes de santé
alternatifs ou des procédures de soins. Dans ce contexte, l'objectif de
production est perçu comme étant soit la fourniture de services
ou l'atteinte des résultats.
Farrell (1957) est le premier avoir décomposé
l'efficience totale ou économique en efficience technique et efficience
allocative.
a/ L'efficience
technique : se réfère à la technique de
production. Koopmans (1951) a donné une définition formelle selon
laquelle, une unité de production est techniquement efficace, s'il est
possible d'augmenter l'un quelconque de ses outputs sans réduire au
moins un autre output ou augmenter au moins un input ; ou si l'on ne peut
diminuer l'un quelconque de ses inputs sans accroître au moins un autre
input ou diminuer au moins un output.
b/L'efficience
allocative : se réfère aux prix de facteurs de
production. Une unité de production est considérée
allocativement efficace si son coût de production est minimal. Tandis que
l'inefficience allocative est due à la combinaison des inputs dans des
proportions sous optimales par rapport aux prix relatifs.
La figure ci-dessous illustre cette distinction dans le cas de
la présence de deux inputs (X1, X2). L'isoquant
TT' représente l'ensemble des vecteurs qui sont techniquement efficaces
pour un output donné. Les points à l'intérieur de cet
isoquant sont considérés comme techniquement inefficaces. Les
points sur l'isoquant qui sont techniquement efficaces ne le sont pas tous
allocativement. Une combinaison de facteurs est dite allocativement efficace si
le taux marginal de substitution est égal au rapport des prix des
facteurs.
Figure 5: Mesure de l'efficience
technique et allocative
Source : Farell, M.J. (1957)
Le rapport sur la santé dans le monde (WHO, 2000) a
fortement contribué à généraliser les
préoccupations des pays relatives à la performance des
systèmes de santé. L'étude de l'OMS a suscité un
débat international sur la méthode qu'elle a utilisé qui a
été vivement critiquée même par le groupe d'experts
scientifiques indépendants sur l'estimation de la performance des
systèmes de santé (GESI, 2001). Présentons donc les
différentes méthodes de mesure de l'efficience.
2. Les méthodes de
mesure de l'efficience
Pour mesurer l'efficience il faut se référer
à une fonction de production qui décrit la relation entre les
inputs et les outputs du processus de production. Les mesures de l'efficience
sont dues originellement à Debreu, puis popularisées dans le cas
d'un seul output par Farrell. D'autres auteurs comme Färe,
Färe-Lovell et Zieschang ont également développé
d'autres méthodes de mesures.
La littérature distingue en matière de
frontière de production deux catégories de méthodes selon
la façon dont elle est estimée. Il s'agit des approches à
frontières déterministes et des approches à
frontières stochastiques. Concernant les approches déterministes
ils sont de deux types : paramétrique et non paramétrique.
2.1. L'estimation de
l'efficience par l'approche paramétrique
L'approche paramétrique attribue une forme
fonctionnelle particulière à la fonction de production. Cette
approche peut être regroupée en deux grandes catégories
selon la frontière (déterministe ou stochastique) et selon la
méthode d'estimation de la frontière (moindres carrés
ordinaires corrigés « MCOC », maximum de
vraisemblance « SFA »).
La frontière de production est dite déterministe
si l'écart observé est du seulement à l'inefficience. Si
en plus de la défaillance technique on prend en compte les autres
erreurs de mesure, l'omission d'autres variables explicatives, la mauvaise
spécification du modèle et la non prise en compte des autres
événements qui peuvent influencer la production, la
frontière devient donc stochastique. La méthode des
frontières stochastiques a été initialement
proposée par Aigner et al. (1997) et Meeusen et Van den Broeck
(1977).
Les deux méthodes se basent sur un modèle
économétrique de type :
Y représente l'output, i est le nombre d'observation, X
représente les variables explicatives (les inputs) et le terme d'erreur.
Théoriquement, les frontières de nature
stochastiques permettent d'isoler le terme d'erreur aléatoire de celui
reflétant l'inefficience technique. C'est la raison pour laquelle elles
sont plus précises dans la mesure de l'efficience technique (Amara N.
& Romain R. 2000).
Dans la méthode des frontières
stochastiques14(*), le
terme d'erreur est composé de deux paramètres : un prenant
en compte les erreurs aléatoires et l'autre l'inefficience technique.
)
représente des variables aléatoires et
indépendantes de , N (0, äv²)
Et représente des variables aléatoires non négatives
supposées représenter l'inefficience technique, N (0,äu)
.
Ces méthodes économétriques
utilisées pour estimer l'efficience sont complexes. Ce qui rend leur
compréhension et leur interprétation difficiles surtout pour les
pays cherchant à améliorer la performance de leur système
de santé (Almeida et coll. 2001).
2.2. La mesure de l'efficience
par l'approche non paramétrique
L'approche à frontière non paramétrique
été introduite par Farrell (1957). Elle n'impose pas de forme
fonctionnelle et elle est généralement déterministe.
L'avantage c'est qu'elle n'impose aucune spécification de la technique
ni de loi de distribution des efficiences.
Parmi les approches non paramétriques, la
méthode DEA (Data Enveloppent Analysis). Elle a été
développée par Charnes et al. (1978) inspirée des travaux
de Farrell (1957) qui lui-même été inspiré du
coefficient technique de Debreu (1951). Puis cette méthode a
été traitée de façon intensive par Seiford &
Thrall (1990), Lovell (1993), Ali & Seiford (1993), Charnes, Cooper &
Seiford (1995). De façon empirique, DEA a été largement
utilisée pour mesurer l'efficience technique dans divers secteurs
(secteur bancaire, secteur pharmaceutique dont celui de la santé,
secteur de transport et celui de l'agriculture).
Les hypothèses économiques retenues par la
méthode DEA sont :
- Libre disposition des inputs
- Libre disposition des outputs
- Convexité de l'ensemble.
Si on ne retient que les deux premières, on obtient le
modèle FDH15(*)
(Free Disposal Hull).
La technique DEA permet d'évaluer les écarts
entre les points représentant les valeurs d'inputs et des outputs
observés par rapport à un point sur la frontière de
production. La frontière d'efficience est estimée à l'aide
d'une courbe enveloppe. Du point de vue calcul, sa construction
nécessite, pour chaque unité de décision (DMU16(*)), la résolution d'un
programme linéaire. DEA est particulièrement adaptée pour
modéliser une production multi inputs-multi outputs. Les DMU sur la
frontière ont une efficience égale à 1 et les
unités inefficientes ont un niveau d'efficience inférieur
à 1.
Deux types de modèles existent en termes d'orientation
du modèle :
- Le modèle de Charnes et al. (1978) : est
basée sur la maximisation de la somme pondérée des inputs,
rapportée à la somme pondérée des outputs. Il
suppose des rendements d'échelles constants (modèle CCR);
c'est-à-dire qu'une augmentation dans la quantité d'inputs
consommés mènerait à une augmentation proportionnelle dans
la quantité des outputs.
- Le modèle de Banker et al. (1984) : s'agit d'un
modèle à rendements d'échelles variables (croissants ou
décroissants) ou les unités de décision opèrent
à une échelle optimale (modèle BCC). Ceci dit, que la
quantité d'outputs produits devrait augmenter plus ou moins
proportionnellement que l'augmentation des inputs consommés.
Notons la relation qui existe entre les deux modèles.
Si une DMU est caractérisée comme efficiente dans le
modèle CCR elle le sera aussi dans le modèle BCC. Mais l'inverse
n'est pas nécessairement vrai.
Les deux modèles existent en orientation input et en
orientation output. Dans le modèle à orientation input l'objectif
est de minimiser les ressources pour produire les outputs. En revanche, celui
à orientation output l'objectif est de maximiser la production d'outputs
sans dépasser le niveau donné de ressources.
Rendements d'échelle constants
CRS
Rendements d'échelle variables
VRS
CCR - INPUT
Min è
s.t. èxA - Xë = 0
Yë -yA = 0
ë = 0
CCR -OUTPUT
Max ç
s.t. xA - Xì = 0
çyA -yì = 0
ì = 0
BCC - INPUT
Min è
s.t. èxA - Xë = 0
Yë -yA = 0
eë=1
ë = 0
BCC - OUTPUT
Max ç
s.t. xA - Xì = 0
çyA -yì = 0
eë=1
ì = 0
Figure 6 Classification des
modèles DEA
2.3. Intérêt et
limites des deux approches
Les deux approches peuvent être complémentaires
en fournissant des informations supplémentaires sur la performance. Des
chercheurs utilisent les deux méthodes de mesure d'efficience pour
comparer les résultats obtenus. Mais le choix entre les approches peut
être effectué sur la base des informations disponibles et des
objectifs à rechercher. Par exemple, si nous intéressons
uniquement à la mesure de l'efficience technique d'un secteur l'approche
non paramétrique est la plus appropriée. Or, si en plus de
l'efficience nous voulons mesurer aussi la technologie de production il
convient alors d'adopter l'approche paramétrique.
- La méthode SFA (paramétrique) exige un
échantillon de grande taille pour que la technique
économétrique soit bien appliquée. Alors que la
méthode DEA est réputée sensible aux outliers (valeurs
aberrantes) (Wilson, 1993).
- La méthode DEA ne nécessite pas
d'hypothèses particulières puisque la frontière est
déterminée par les données. Dans le secteur de la
santé, l'utilisation de la méthode SFA s'avère
risquée puisqu'elle utilise une forme fonctionnelle qui nécessite
des hypothèses spécifiques concernant la distribution du terme
d'erreur. Donc d'un point de vue empirique, la mesure de l'efficience par la
méthode DEA est plus préférable dans le secteur de la
santé.
- L'avantage de la méthode DEA par rapport à la
méthode SFA, est sa capacité de réaliser des estimations
d'efficience dans un cadre multi output. Ce qui la rend plus
intéressante dans le secteur de la santé (caractère
multidimensionnel). Cependant, DEA est assez sensible au choix des outputs et
des inputs. Surtout que cette méthode ne permet pas de vérifier
si une ou plusieurs variables doivent ou non être intégrées
au modèle. Ce qui mène des fois, à des biais se traduisant
par une sous ou sur estimation de l'efficience (Bowlin, 1998).
Tableau 3: Comparaison de la DEA et
SFA
Méthodes non paramétriques
|
Méthodes paramétriques
|
Avantages
|
Avantages
|
- Pas de spécification de relation fonctionnelle
particulière pour la technologie
- Décomposition facile des inefficiences :
inefficience technique, inefficience allocative, inefficience
d'échelle.
|
- Les inefficiences réduites peuvent avoir des
propriétés statistiques
- Tiennent compte des aléas autres que l'inefficience
(frontières stochastiques)
|
Limites
|
Limites
|
- Les inefficiences réduites n'ont pas de
propriétés statistiques ;
- Les grosses erreurs de mesure et/ou d'oubli de variables
peuvent affecter les mesures d'inefficience.
|
- Nécessitent de représenter la technologie par
une forme paramétrique particulière
- La décomposition de différentes composantes de
l'inefficience n'est pas toujours possible, en particulier pour les
technologies multi-produites.
|
Source : Chaffai M. (1997)
III. Mesure de l'efficience des systèmes de
santé de la région MENA
Nous présentons au niveau de ce chapitre la revue de la
littérature sur la mesure de l'efficience des systèmes de
santé, en mettant en avant les inputs et outputs choisis dans les
différentes études. Ceci va nous permettre par la suite de
choisir nos variables pour mesurer l'efficience des systèmes de
santé des pays à revenu intermédiaire de la région
MENA.
1. Revue de la
littérature sur la mesure de l'efficience
L'efficience du système de santé a
été l'objet d'un important courant de recherche au niveau
international depuis un demi-siècle. Faut préciser que la mesure
de l'efficience ne s'effectue pas comme fin en soi mais plutôt dans le
but de mieux gérer un système de santé. Elle repose
surtout sur l'obtention de données fiables et de qualités. Selon
Hollingsworth (2003), les études mesurant l'efficience des
systèmes de santé par pays sont moins nombreuses que ceux portant
sur les hôpitaux17(*).
|
Source : Hollingsworth B.
200318(*)
Figure
7 Le nombre d'études sur l'efficience entre 1983-2002
|
Les premières recherches dans ce domaine étaient
flou basées sur des intuitions et des méthodes approximatives. Il
fallait attendre les articles de Debreu (1951) et Koopmans (1951) pour arriver
à une définition du concept d'efficience, conforme à la
théorie économique.
Debreu (1951) a définit l'efficience comme la distance
entre la combinaison des inputs et des outputs observés et le maximum
qui aurait pu être réalisé. Ces travaux vont être
rendus opérationnels par Farrell (1957), actualisés après
par des chercheurs vers la fin des années 70. Parmi les méthodes
utilisant les outils de la recherche opérationnelle, la méthode
d'Aigner et Chu (1968). A partir des années 90, DEA est devenu l'outil
le plus utilisé. L'enveloppement des données est devenu
populaire, sans doute à cause de sa simplicité et sa pratique sur
des logiciels accessibles. Cette méthode a été longtemps
critiquée par les chercheurs utilisant les frontières
stochastiques du fait de l'absence des intervalles de confiance19(*).
Le caractère multidimensionnel de la santé
(multi outputs / multi inputs) avec la difficulté de modéliser
son processus de production (problème de choix de la forme
fonctionnelle) sont l'une des raisons pour lesquelles nous privilégions
la méthode DEA dans notre étude. Cette approche est la plus
adaptée pour estimer l'efficience des systèmes de santé.
Néanmoins nous allons présenter quelques études traitant
la question de l'efficience des systèmes de santé, qu'elles
soient réalisées par la méthode paramétrique ou la
non paramétrique. Ceci va nous permettre d'avoir une vue globale sur les
différents inputs et outputs choisis par les auteurs quelque soit
l'approche utilisée.
a/ L'efficience mesurée par l'approche non
paramétrique
En 2001, Gupta et Verhoeven ont appliqué une
fonction déterministe de la frontière de production à un
panel de données provenant de 85 pays (38 de ces derniers sont des pays
africains) sur la période 1984 et 1995. Ils ont défini la
frontière de l'espérance de vie et du taux de mortalité
infantile et utilisé les dépenses publiques moyennes par habitant
de la santé comme intrants dans le processus de production. La
méthode qu'ils ont utilisé est la FDH à orientation input.
L'étude a été critiquée, du fait que les
résultats obtenus exclus la contribution du secteur privé car les
auteurs n'avant inclus que les dépenses du gouvernement.
Alexander et al. (2003) ont analysé
l'efficience des systèmes de santé dans un échantillon
composé de 51 pays en développement (1999). L'input qu'ils ont
choisi est les dépenses de santé par tête (en $
international). Les outputs de cette mesure sont l'espérance de vie
à la naissance (corrigée de l'incapacité pour les hommes
et pour les femmes) et le taux de mortalité infantile. La méthode
utilisée est DEA à orientation output.
Sur un échantillon de 27 pays de l'OCDE,
Retzlaff-Roberts et al. (2004) ont mesuré l'efficience
technique des systèmes de santé en 1998, selon la méthode
DEA à orientation input et output. Ils ont spécifié deux
catégories d'inputs : les inputs relatifs à l'environnement
social (la consommation du tabac, le coefficient de Gini) et les inputs
relatifs aux systèmes de santé (le nombre de lits
d'hôpitaux, le nombre de médecins pour 1000 personnes et les
dépenses de santé en % du PIB). Les outputs associés
à ces deux catégories d'inputs sont le taux de mortalité
infantile et l'espérance de vie à la naissance. Ce travail a
été critiqué par le mauvais choix des auteurs des inputs
et outputs20(*)
utilisés. Même si l'approche choisie est intéressante dans
la mesure où on sépare les inputs d'environnement de ceux
relatifs aux systèmes de santé.
Herrera et Pang (2005) ont mesuré l'efficience
des systèmes de santé de 140 pays en développement entre
1996 et 2002 selon deux méthodes « DEA et FDH »
suite à une orientation input et output. Les inputs utilisés
sont les dépenses publiques de santé par tête, les
dépenses privées de santé par tête et le taux
d'alphabétisation des adultes. Pour les outputs ils ont choisi
l'espérance de vie à la naissance, l'espérance de vie
corrigée de l'incapacité et les taux de vaccination des enfants
contre la rougeole. Les auteurs ont effectué les estimations selon de
nombreuses spécifications de la fonction de production de la
santé mais seulement avec la méthode non paramétrique.
Afonson et Aubyn (2005) ont opté pour la
même méthode que Herrara et Pang (2005) mais cette fois
ci appliquée aux pays de l'OCDE en 2002. L'orientation input est celle
utilisée dans les deux méthodes (DEA et FDH). Les outputs choisis
sont le taux de mortalité infantile et l'espérance de vie
à la naissance. La critique mise en avant ici est la même que
celle relevée dans l'étude de Retzlaff-Roberts et al.
(2004) concernant le choix des outputs qui ne sont pas adaptés aux
situations sanitaires des pays développés. Les auteurs ont
adoptés des inputs physiques : le nombre de médecins, le
nombre d'infirmiers et le nombre de lits d'hôpitaux (pour 1000
habitants).
Les études réalisées sur la mesure de
l'efficience des systèmes de santé des pays de la région
MENA, sont moins nombreuses. Jaouadi-Jemai (2009) a comparé
l'efficience des 18 pays arabes de la région MENA suite à
l'application DEA à orientation input et output. L'étude couvre
la période 1998 à 2005. Les outputs utilisés sont
l'espérance de vie à la naissance, l'espérance de vie en
bonne santé et le taux de mortalité des moins de 5 ans. En ce qui
concerne les inputs, l'auteur a distingué le facteur travail
mesuré par le nombre de médecin par 100 habitants du facteur
capital qu'elle a mesuré par le nombre de lits pour 1000 habitants et le
total des dépenses de santé en % du PIB. Son analyse a
été réalisée suite à un modèle mono
output et input et de deux modèles multi outputs et inputs.
b/ L'efficience mesurée par l'approche
paramétrique
Le rapport sur la santé dans le monde 2000 est le
début des mesures de l'efficience des systèmes de santé
suite à l'approche paramétrique. Les études qui ont
suivies sont celles de :
Tandon et al. (2000), qui ont utilisé la
même méthode que celle du rapport de l'OMS. Pour estimer la
performance des systèmes de santé de 191 pays ils ont construit
un indice composite qui correspond à la moyenne pondérée
des cinq objectifs (niveau de santé et sa distribution,
réactivité du système de santé et sa distribution
et l'équité de la contribution financière). Pour les
inputs ils ont opté pour les dépenses de santé par
habitant (PPA) et le nombre moyen d'années d'éducation de la
population de plus de 15 ans.
Evans et al. (2001) a mesuré l'efficience des
systèmes de santé de 191 pays sur un panel à effet fixe
entre 1993 et 1997. Les inputs choisis sont les dépenses de santé
ainsi que le nombre moyen d'éducation de la population adulte. Pour
l'output, il a été mesuré par l'espérance de vie
corrigée par l'incapacité.
Jayasuriya et al. (2003) sur un échantillon de
76 pays en développement entre 1990 et 1998 ont mesuré
l'efficience de l'offre des services de santé. Les inputs
utilisés sont les dépenses totales de santé par tête
et le taux d'alphabétisation et l'indicateur d'output utilisé est
l'espérance de vie à la naissance.
2. Cadre de
l'étude
Nous voulons par le présent rapport mesurer
l'efficience des systèmes de santé des pays à revenu
intermédiaire de la région Moyen Orient Afrique du Nord
« MENA ». Il s'agit donc de classer et d'identifier les
pays efficients et les pays inefficients suite à l'application de la
méthode DEA. Puis dans un second temps de voir l'évolution des
scores de l'efficience de notre échantillon sur la période 2000
à 2009.
L'objectif de cette étude n'est en aucun cas de
déterminer le meilleur système de santé de ces pays mais
plutôt de déterminer celui qui tire le meilleur parti des
ressources qui lui sont allouées. Ceci permettra aux décideurs du
secteur de la santé de mettre en place des politiques qui visent
à faire mieux avec les ressources existantes.
3. L'application de la DEA
dans la mesure de l'efficience des pays à revenu intermédiaire de
la région MENA
Pour mesurer l'efficience des systèmes de santé
de notre échantillon nous devons avant spécifier les inputs et
outputs. Dans le domaine de la santé, les inputs et les outputs
utilisés sont très vastes. Nous allons choisir ceux qui
répondent le plus à l'objectif de notre étude.
3.1. Le choix des inputs
Les inputs représentent les facteurs utilisés
dans le processus de production. Tandon et al (2003) les distinguent
en inputs directs et inputs indirects. Les inputs directs concernent les
facteurs qui relèvent directement du système de santé
alors que les inputs indirects relèvent plutôt de l'environnement
et des comportements des individus.
Un système de santé utilise directement des
ressources très diverses comme les bâtiments et les
équipements. Ils peuvent aussi être approchés en termes
physiques (nombre de médecins, nombre de lits, etc.) ou
monétaires (dépenses de santé). Mais la mesure la plus
complexe est celle des inputs indirects car un système de santé
ne peut fonctionner sans la contribution non directement
rémunérée de la part de la population. On parle ici des
comportements individuels vis-à-vis de la santé (le tabagisme,
l'alcoolisme). Cependant il n'existe aucun système de prix permettant de
donner une valeur monétaire à de telles ressources ils sont donc
comptabilisées en volume. L'OMS dans son rapport 2000 a utilisé
le nombre moyen d'années d'éducation dans la population. Il faut
préciser que l'environnement dans lequel opère un système
de santé permet de justifier la différence des résultats
sanitaires pour des pays qui utilisent les mêmes ressources. Comme
exemple, on pense ici aux pays qui augmentent l'accès de leurs
populations aux infrastructures (eau potable, sanitaires) obtiennent
généralement des résultats sanitaires meilleurs21(*).
Nous choisissons donc comme inputs dans notre étude les
dépenses de santé publiques du PIB, le niveau d'éducation
et comme input représentant le facteur travail nous utiliserons le
nombre de médecins pour 1000 personnes.
3.2. Le choix des outputs
L'output d'un système de santé concerne le
niveau de santé de la population bénéficiant de ce
système. Mais le choix de l'indicateur de santé s'avère
difficile. En effet, le choix de certains indicateurs peut être pertinent
dans l'étude de l'efficience des pays en développement
contrairement à l'étude au niveau des pays
développés.
Ces indicateurs peuvent être classés en mesures
simples et mesures multidimensionnelles (Audibert, 2009).
Les mesures simples regroupent : l'espérance de
vie à la naissance, les taux de mortalité (par âge, sexe ou
par cause comme par exemple le taux de mortalité lié à une
maladie transmissible ou non transmissible). Alors qu'on peut considérer
comme mesure multidimensionnelle, l'espérance de vie corrigée de
l'incapacité22(*)
(EVCI) et les années de vie corrigées de
l'incapacité23(*)
(AVCI). Malgré la pertinence de ces indicateurs, nous n'allons utiliser
dans notre étude que les mesures simples du fait du manque de
données.
Nous retenons trois outputs pour estimer l'efficience des
systèmes de santé des pays à revenu intermédiaire
de la région MENA. L'output le plus pertinent est l'espérance de
vie à la naissance puis le taux de mortalité néonatale (0
à 1 an) et le taux de mortalité des personnes suite aux maladies
cardiovasculaires. Ce dernier a été choisi, car ces pays
connaissent une hausse importante de la prévalence des maladies non
transmissibles.
3.3. Les variables et les
données
L'estimation de l'efficience des systèmes de
santé sera réalisée sur un échantillon de 8 pays
à revenu intermédiaire de la région MENA : Maroc,
Algérie, Tunisie, Egypte, Jordanie, Liban, Syrie et Iran. Nous avons
choisis les pays à développement économique similaire pour
voir si à un niveau de revenu par habitant semblable, la
performance des systèmes de santé sera pareille. Ainsi que pour
éviter le problème d'homogénéité, car les
systèmes de santé évoluent dans des circonstances
environnementales différentes. Nous supposons ici, que tous les pays
à revenu intermédiaire de la région
méditerranéenne sont confrontés au même
environnement. Les données sont issues de l'OMS, de la banque mondiale
et de l'institut de statistique de l'UNESCO. Les estimations seront
menées sur 2000, l'année la plus récente où nous
avons accès à toutes les données.
Dans le cas de notre étude, le choix de l'orientation
output est a priori plus adapté au moment où les pays de note
échantillon ne cherchent pas à diminuer leurs ressources mais
plutôt à augmenter leurs résultats pour pouvoir atteindre
les OMD. Mais mesurer l'efficience de ces pays selon une orientation input est
aussi important. Car sa permettrait aux pays de minimiser leurs coûts
sans pour autant de dégrader leurs résultats sanitaire. Et donc
les gouvernements de ces pays pourront financer d'autres objectifs sociaux, y
compris ceux qui auraient une incidence positive plus forte sur l'état
de santé de leurs populations. Nous allons donc effectuer dans un
premier temps une mesure de l'efficience à orientation output puis une
mesure à orientation input.
Le modèle DEA que nous allons utiliser est celui de
Banker, Charnes et Cooper (BCC) 1984. Ce choix est motivé par les
résultats de Culyer et Wagstaff (1993) qui ont estimé que la
relation entre les dépenses de santé et état de
santé est concave.
Nos deux variables représentant le taux de
mortalité ont subi une transformation car la mesure croissante est
nécessaire pour estimer les scores d'efficience. Nous avons
inversé les indicateurs de mortalité en taux de survie en
utilisant leurs bornes de mesure.
La survie des enfants de moins de 1 an ainsi que celle des
personnes ayant une maladie cardiovasculaire est égal à :
Snéonat = 1000 - Tmn
Scardio = 1000 - Tmcard
Tmn : Taux de mortalité
néonatale
Tmcard : Taux de mortalité lié
aux maladies cardiovasculaires
Tableau 4: Statistique descriptive
des variables choisies
Variables
|
Description
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Min
|
Max
|
Inputs
|
DSP
|
Dépenses de santé publiques (% du PIB)
|
3.11
|
1.65
|
1.63
|
6.75
|
Educ
|
Taux d'alphabétisation des adultes %
|
78.87
|
11.79
|
56
|
93
|
Nbméd
|
Nombre de médecins pour 1000 personnes
|
1.77
|
1.04
|
0.62
|
3.54
|
Outputs
|
Esper
|
Espérance de vie à la naissance (en
années)
|
73.10
|
1.29
|
71.59
|
75.56
|
Mortnéonat
|
Taux de mortalité néonatale pour 1000 naissances
vivantes
|
12.34
|
4.79
|
6
|
19.9
|
Survinéona
|
Taux de survie des enfants de moins d'un an (%o)
|
0.987
|
0.004
|
0.98
|
0.99
|
Mortcardio
|
Taux de mortalité lié à des maladies
cardiovasculaires
|
11.96
|
12.43
|
1.6
|
36.6
|
Survicardio
|
Taux de personnes ayant survécu à des maladies
cardiovasculaires
|
0.988
|
0.012
|
0.96
|
0.99
|
Source : Auteur
3.4. L'analyse des
résultats de l'efficience
Les scores d'efficience sont estimés par le logiciel
STATA 11.0.24(*) Nous
allons utiliser cinq combinaisons d'inputs et d'outputs.
Tableau 5: Spécification des
différents modèles
Modèles DEA
|
Inputs
|
Outputs
|
DEA 1
|
DSP
|
Esper
|
DEA 2
|
DSP
|
Survinéona
|
DEA 3
|
DSP + Nbméd
|
Esper
|
DEA 4
|
DSP + Educ
|
Survinéona + Survicardio
|
DEA 5
|
DSP + Nbméd + Educ
|
Esper + Survinéona + Survicardio
|
Source : Auteur
A/ Les résultats
orientation output
Suite au tableau ci-dessous, le niveau d'efficience de notre
échantillon varie entre 96.7% (le modèle mono input mono output)
et 99.9% (modèle qui regroupe tous les inputs et outputs choisis). Nous
remarquons aussi qu'au fur à mesure que l'on ajoute des variables dans
la fonction de production, le nombre de pays se situant sur la frontière
augmente. Le nombre est passé d'un pays efficient dans le modèle
DEA 1 à 6 pays efficients dans le modèle DEA 5. Concernant le
modèle DEA 2, les pays se situant sur la frontière sont
trois : Egypte, Liban et Syrie. Ce nombre, n'a pas changé au niveau
du modèle DEA 3 (multi inputs/mono output). Les pays efficients dans ce
modèle sont : Maroc, Syrie et la Tunisie. La Syrie est
déclarée pays efficient avec un système de santé
constituant la frontière par rapport à laquelle les autres se
mesurent, au niveau de nos cinq modèles.
L'introduction de la variable éducation et de l'output
survie des personnes ayant les maladies cardiaques (modèle 4) ainsi que
celle représentant le nombre de médecin (modèle 3) ont
permis d'augmenter le nombre de pays efficients.
Les pays les plus inefficients sont l'Algérie et la
Jordanie. Ces pays pourraient augmenter leurs résultats sanitaires d'un
peu prés de 4% (Modèle DEA 1) avec le même niveau de
dépenses de santé publiques.
Tableau 6: Résultats des
estimations des différents modèles; DEA orientation output
Les pays
|
Modèle DEA 1
|
Modèle DEA 2
|
Modèle DEA 3
|
Modèle DEA 4
|
Modèle DEA 5
|
Score Eff
|
Score Eff
|
Score Eff
|
Score Eff
|
Score Eff
|
Algérie
|
0.961
|
0.992
|
0.974
|
0.994
|
0.994
|
Egypte
|
0.962
|
1.000
|
0.962
|
1.000
|
1.000
|
Iran
|
0.959
|
0.992
|
0.994
|
0.992
|
1.000
|
Jordanie
|
0.968
|
0.998
|
0.968
|
0.998
|
0.999
|
Liban
|
0.955
|
1.000
|
0.955
|
1.000
|
1.000
|
Maroc
|
0.947
|
0.998
|
1.000
|
1.000
|
1.000
|
Syrie
|
1.000
|
1.000
|
1.000
|
1.000
|
1.000
|
Tunisie
|
0.985
|
0.999
|
1.000
|
1.000
|
1.000
|
Efficience moyenne
|
96.7%
|
99.7%
|
98.1%
|
99.8%
|
99.9%
|
Source : Auteur
B/ Les résultats
orientation input
Les scores d'efficience vont de 0.63 à 0.96, ce qui
nous permet de dire que les pays à revenu intermédiaire de la
région MENA pourraient en moyenne obtenir les mêmes
résultats sanitaires en réduisant leurs dépenses publiques
de 4% à 37%. Les scores d'efficience à orientation input sont
bien faibles par rapport à ceux à orientation output. Exemple de
la Jordanie au niveau du modèle DEA 1, 2 et 3. Cette réflexion
nous permet de conclure que la relation entre les dépenses publiques de
santé et les résultats sanitaires n'est pas linéaire au
niveau de notre échantillon. Nous remarquons aussi que l'efficience
moyenne a augmenté quand nous introduisons un input de plus (le nombre
de médecins ou l'éducation) dans la fonction de production.
Or, l'efficience moyenne reste la même pour le
modèle 1 et 2. Ce qui nous permet de dire, que les pays
étudiés peuvent obtenir les mêmes résultats
sanitaires ; mesuraient par l'espérance de vie en bonne
santé ou par le taux de survie néonatale; en diminuant leurs
dépenses de santé publiques de 36.98%.
Pareil que les résultats obtenus au niveau de
l'orientation output, nous obtenons la Syrie comme pays efficient dans les
différents modèles DEA à orientation input. Alors que
l'Algérie et la Jordanie restent les pays les plus inefficients au
niveau de nos modèles. Ces deux pays se caractérisent par des
dépenses de santé publiques supérieures à la
moyenne de l'échantillon. Prenons le cas de la Jordanie, ce pays
à le taux de dépenses publiques le plus élevé de
l'échantillon mais avec des résultats sanitaires
médiocres. Les mêmes résultats pourraient être
atteints avec des dépenses bien inférieures (cf. tableau 7).
L'Algérie et la Jordanie pourraient donc faire d'importantes
économies depuis leurs systèmes de santé ce qui leurs
permettraient d'investir plus dans des interventions sanitaires ou autres qui
auront plus d'impact sur leurs résultats sanitaires.
Tableau 7: Résultats des
estimations des différents modèles; DEA orientation input
Les pays
|
Modèle DEA 1
|
Modèle DEA 2
|
Modèle DEA 3
|
Modèle DEA 4
|
Modèle DEA 5
|
Score Eff
|
Score Eff
|
Score Eff
|
Score Eff
|
Score Eff
|
Algérie
|
0.449
|
0.449
|
0.689
|
0.826
|
0.854
|
Egypte
|
0.854
|
0.854
|
0.854
|
1.000
|
1.000
|
Iran
|
0.702
|
0.702
|
0.931
|
0.800
|
1.000
|
Jordanie
|
0.241
|
0.241
|
0.383
|
0.861
|
0.861
|
Liban
|
0.525
|
0.525
|
0.525
|
1.000
|
1.000
|
Maroc
|
0.803
|
0.803
|
1.000
|
1.000
|
1.000
|
Syrie
|
1.000
|
1.000
|
1.000
|
1.000
|
1.000
|
Tunisie
|
0.468
|
0.468
|
1.000
|
1.000
|
1.000
|
Efficience moyenne
|
63.02%
|
63.02%
|
79.77%
|
93.58%
|
96.43%
|
Source : Auteur
4. L'évolution de
l'efficience par la mesure de l'indice de Malmquist
L'indice de Malmquist va nous permettre de mesurer
l'évolution de l'efficience des systèmes de santé des pays
à revenu intermédiaire de la région MENA sur la
période 2000 à 2009.
Cet indice de productivité a été
développé par Caves, Christensen et Diewert (1982) en tant
qu'indice de productivité de Malmquist. L'indice permet la
décomposition simple de l'évolution de la productivité
entre évolution de l'efficience technique et changement technologique
(Coelli et al. 2005) (cf. figure
ci-dessous). Il est la moyenne géométrique de ses deux
composantes. L'application de l'indice Malmquist représente un avantage
non négligeable. Il peut être calculé en absence des
informations sur les prix.
Figure 8: Décomposition de
la productivité de Malmquist
Donc : Malmquist =
Sachant que E représente le changement d'efficience et
T représente le changement technologique. En générale une
valeur supérieure à 1 pour M indique une croissance positive de
la productivité totale des facteurs entre la période t et t+1. Le
contraire est valable quand M indique une valeur inférieure à 1.
Concernant les composantes de l'indice Malmquist, une valeur
de E égale à 1 signifie que la DMU se situe à la
même frontière pour les deux périodes t et t+1.
C'est-à-dire une efficience inchangée. Nous considérons
que la DMU s'est rapprochée de la frontière lorsque la valeur de
E est supérieure à 1. Plus précisément, la DMU a
amélioré son efficience à la période t+1, alors
qu'on dit que la DMU a diminué son efficience et qu'elle s'est
éloignée de la frontière quand la valeur de E est
inférieure à 1.
La deuxième composante de l'indice de Malmquist qui
représente le changement de productivité suite au progrès
technique (T) peut être aussi interprétée de trois
manières :
· T > 1 : DMU produit plus d'outputs à t+1
comparant à t.
· T < 1 : DMU a diminué sa
productivité
· T = 1 : La productivité n'a pas
changé entre la période t et t+1 (pas d'amélioration ni de
dégradation).
Le tableau 8 nous présente l'évolution de la
productivité totale des facteurs (PTF) des pays à revenu
intermédiaire de la région MENA qui est décomposable en
évolution de l'efficience technique et l'évolution du
progrès technique selon l'orientation output sur la période 2000
et 200925(*). Dans le cas
de nos deux outputs (espérance de vie à la naissance et la survie
des néonatale) pris un à un ou dans le modèle à
multi outputs nous obtenons en globalité un indice de Malmquist
supérieur à 1. Mais la croissance de la PTF n'est pas stable sur
toute la période étudiée.
Les pays les plus inefficients dans notre échantillon
(Algérie et Jordanie) ont vu leur efficience s'améliorée
surtout entre 2005 et 2009. Même remarque pour la Tunisie. Alors que
l'Egypte, le Liban et l'Iran ont vu leur efficience diminuée en
s'éloignant de la frontière durant cette période.
Concernant le pays le plus efficient de notre échantillon, la Syrie a vu
son efficience s'éloignée de la frontière entre 2003 et
2007 pour après se stabiliser.
Sur la période 2000 à 2006, le Maroc s'est
situé sur la même frontière pour après se rapprocher
de plus en plus à la frontière entre 2006 et 2009. La
stabilité de l'efficience dans ce pays témoigne que
l'amélioration de l'efficience de son système de santé,
après 2000 n'est plus une des priorités des politiciens
marocains.
Nous pouvons expliquer la différence de
l'évolution de l'efficience dans notre échantillon par le choix
de l'input (dépenses de santé publiques). Ce dernier a un effet
retardé sur l'état de santé. Ceci dit, la réduction
de l'inefficience se réalisera graduellement dans le temps et sur une
longue durée.
La deuxième composante de l'indice Malmquist
représente le progrès technique. La moyenne dans notre
échantillon varie entre 1.01 et 1.05. Tous les pays de notre
échantillon ont vu leur survie néonatale légèrement
augmenté sur la période 2000 à 2009 suite aux
progrès technique Le progrès technique est plus important
après 2005 pour tous les pays de notre échantillon.
Tableau 8: L'évolution de
l'efficience technique et du progrès technique des pays à revenu
intermédiaire de la région MENA entre 2000 et 2009
Pays
|
Période
|
Efficience technique
|
Progrès technique
|
Pays
|
Période
|
Efficience technique
|
Progrès technique
|
Algérie
|
2000-2001
|
1.0008
|
1.1360
|
Liban
|
2000-2001
|
0.9465
|
1.1546
|
2001-2002
|
0.9661
|
0.9606
|
2001-2002
|
0.9659
|
0.9606
|
2002-2003
|
1.0114
|
1.0067
|
2002-2003
|
1.003
|
1.0067
|
2003-2004
|
0.9085
|
1.0336
|
2003-2004
|
1.0595
|
1.036
|
2004-2005
|
1.0381
|
0.9867
|
2004-2005
|
0.9876
|
0.9854
|
2005-2006
|
0.7091
|
1.1887
|
2005-2006
|
0.8120
|
1.1931
|
2006-2007
|
1.1458
|
1.0708
|
2006-2007
|
0.9398
|
1.0734
|
2007-2008
|
1.0969
|
0.9787
|
2007-2008
|
1.1313
|
0.8455
|
2008-2009
|
1.2881
|
1.0569
|
2008-2009
|
0.8952
|
1.0394
|
Moyenne
|
1.0183
|
1.0465
|
Moyenne
|
0.9712
|
1.0327
|
Egypte
|
2000-2001
|
0.9146
|
1.1599
|
Maroc
|
2000-2001
|
1
|
1.0741
|
2001-2002
|
1.0931
|
0.9637
|
2001-2002
|
1
|
0.9807
|
2002-2003
|
0.9445
|
1.0088
|
2002-2003
|
1
|
1.0040
|
2003-2004
|
0.8681
|
1.0376
|
2003-2004
|
1
|
1.0418
|
2004-2005
|
1.0578
|
0.9856
|
2004-2005
|
1
|
0.9917
|
2005-2006
|
0.8766
|
1.1920
|
2005-2006
|
1
|
1.1558
|
2006-2007
|
0.8488
|
1.0676
|
2006-2007
|
1.0680
|
1.0708
|
2007-2008
|
1.1842
|
0.8421
|
2007-2008
|
1.2078
|
1.0110
|
2008-2009
|
0.9034
|
1.0394
|
2008-2009
|
1.0187
|
1.0780
|
Moyenne
|
0.9656
|
1.0329
|
Moyenne
|
1.0327
|
1.0453
|
Iran
|
2000-2001
|
1.0018
|
1.1546
|
Syrie
|
2000-2001
|
0.9352
|
1.1546
|
2001-2002
|
1.0467
|
0.9606
|
2001-2002
|
1.0957
|
0.9606
|
2002-2003
|
0.9797
|
1.0067
|
2002-2003
|
1.0820
|
1.0018
|
2003-2004
|
1.0798
|
1.0336
|
2003-2004
|
0.8113
|
1.0184
|
2004-2005
|
0.8699
|
0.9316
|
2004-2005
|
1.0457
|
0.9420
|
2005-2006
|
0.9969
|
1.0273
|
2005-2006
|
0.7215
|
1.0258
|
2006-2007
|
0.9328
|
0.9912
|
2006-2007
|
0.9805
|
1.0609
|
2007-2008
|
1.2985
|
1.1285
|
2007-2008
|
1
|
0.8631
|
2008-2009
|
0.8312
|
1.0577
|
2008-2009
|
1
|
1.0780
|
|
Moyenne
|
1.0041
|
1.0324
|
|
Moyenne
|
0.9635
|
1.0116
|
Jordanie
|
2000-2001
|
0.8975
|
1.1546
|
Tunisie
|
2000-2001
|
0.8265
|
1.1546
|
2001-2002
|
1.0567
|
0.9606
|
2001-2002
|
1.0215
|
0.9606
|
2002-2003
|
0.9439
|
1.0067
|
2002-2003
|
1.0040
|
1.0067
|
2003-2004
|
0.9731
|
1.0336
|
2003-2004
|
0.9810
|
1.0336
|
2004-2005
|
1.0752
|
0.9867
|
2004-2005
|
1.0272
|
0.9867
|
2005-2006
|
0.7472
|
1.1887
|
2005-2006
|
0.8484
|
1.1887
|
2006-2007
|
1.0935
|
1.0661
|
2006-2007
|
0.9625
|
1.0813
|
2007-2008
|
1.2424
|
0.9575
|
2007-2008
|
1.2275
|
0.9944
|
2008-2009
|
1.2342
|
1.0541
|
2008-2009
|
1.0061
|
1.0582
|
Moyenne
|
1.0293
|
1.0334
|
Moyenne
|
0.9894
|
1.0516
|
Discussion
Ce travail visait à comparer l'efficience technique des
systèmes de santé des pays à revenu intermédiaire
de la région MENA selon la méthode de programmation
mathématique DEA. La flexibilité de cette méthode est
l'une des avantages qui nous ont poussés à l'utiliser du point
de vue des analyses multi-outputs et du choix des orientations de mesure.
L'objectif est de permettre aux pays de savoir quel résultat sanitaire
(output) offre le plus d'amélioration et d'évolution au niveau de
l'efficience technique. Ce qui est très utile à tous les pays en
développement.
Nous avons spécifié 5 modèles. 75% des
pays de notre échantillon ont été considérés
comme efficients dans le modèle 5 à orientation output ainsi
qu'à orientation input. La Syrie se montre comme le pays ayant le
système de santé le plus performant en termes de production de
santé enregistrant des scores équivalents à l'unité
pour les différents modèles. Ce pays est aussi le seul efficient
et efficace en termes de production de l'espérance de vie en bonne
santé. Alors que l'Egypte, le Liban et la Syrie26(*) sont plutôt efficace en
termes de production de survie néonatale. La Syrie est aussi efficiente
au niveau de ce modèle (DEA 2).
Nous soulevons l'augmentation des scores d'efficience à
l'introduction de la variable représentant le travail (nombre de
médecins) ou celle non contrôlable par le système de
santé (taux d'alphabétisation). L'introduction dans la fonction
de production de l'input supplémentaire (éducation) a permis au
Maroc de devenir efficient malgré qu'il représente le plus faible
niveau d'éducation dans notre échantillon.
Dépenser plus dans la santé ne permet pas de
considérer le pays comme efficient. La Jordanie est le bon exemple. Avec
la part de dépenses publiques en santé la plus importante au
niveau des pays à revenu intermédiaire de la région MENA
et avec en partie de bons résultats sanitaires, ce pays est le plus
inefficient et inefficace de notre échantillon.
Enfin, nos analyses ont montré qu'en moyenne 50% des
pays de notre échantillon ont connu une évolution de l'efficience
dans la période 2000 à 2009. Le progrès technique
était très important pour tous les pays à revenu
intermédiaires de la région MENA, plus précisément
entre 2005 et 2009.
Conclusion
L'efficience des systèmes de santé a
été l'objet d'un important courant de recherche au niveau
international depuis un demi-siècle. L'objectif de ce mémoire est
d'appliquer la méthode DEA pour la mesure de l'efficience technique des
systèmes de santé des pays à revenu intermédiaire
de la région MENA. Ces pays ont enregistré de fortes
améliorations dans les résultats sanitaires mais ils se trouvent
de plus en plus face à des contraintes budgétaires
sévères. Le but de la mesure de l'efficience est de permettre aux
pays de mieux gérer leurs systèmes de santé.
Suite à l'analyse de la situation sanitaire de la
région, nous avons pu soulever l'augmentation de la prévalence
des maladies non transmissibles. C'est la raison pour laquelle nous avons
opté pour introduire un output qui reflète la moralité due
aux maladies cardiovasculaires. Nous avons associés cet output à
un autre qui est en lien avec une autre tranche d'âge de la population,
celui de la mortalité néonatale. Ce qui va nous permettre d'avoir
un résultat sanitaire ciblant, presque, la totalité de la
population.
Nous avons voulu savoir si les systèmes de santé
des pays à revenu intermédiaire de la région MENA,
faisaient bien ce que la population attendait d'eux suite aux dépenses
publiques dont les pays disposaient. C'est la raison pour laquelle nous avons
choisi comme input la part des dépenses publiques de santé
(%PIB). Comme continuité de ce travail, il serait encore plus
intéressant d'introduire la part des dépenses privées de
santé, qui n'est pas négligeable.
Les résultats obtenus suite à ce travail, nous
permettent de conclure que les pays à revenu intermédiaire de la
région MENA ne doivent pas augmenter le volume de leurs inputs pour
réaliser une amélioration de leur efficience. Car un financement
public mal géré se traduit en un gaspillage dû à
l'inefficience du secteur sanitaire. Donc, comme la Jordanie et
l'Algérie, ces pays doivent être prudents lors de la prise de
décision de l'accroissement de leurs budgets alloués à la
santé, surtout quand ces derniers sont déjà
élevés.
Malgré les efforts entrepris au niveau de ce travail,
nous relevons quelques limites. Tout d'abord, dans l'analyse des
résultats de la méthode DEA, il est important de ne pas tenir
compte juste du score de l'efficience car ce dernier est relatif. Ces scores
nous permettent de voir les pays qui réalisent plus de résultats
avec leurs ressources et de connaître ceux qui peuvent améliorer
leur situation. Les pays efficients dans notre analyse le sont par leurs
pratiques comparées aux autres pays de notre échantillon. Mais
ceci ne signifie pas que leur efficience ne peut être
améliorée en les comparants à d'autres pays. Notons aussi
que les scores d'efficience ont tendance à être
élevés avec un échantillon de petite taille (efficience
moyenne du modèle DEA 5 est de 99.9%). Avec un petit échantillon,
la frontière a tendance à être proche des unités
analysées alors que si le nombre des DMU est important, la
frontière construite par la méthode DEA a plus de chance de se
rapprocher de la vraie frontière. Une étude plus poussée
avec la totalité des pays de la région MENA permettrait d'avoir
des résultats plus robustes.
Notons aussi que les résultats sont relativement
sensibles à la spécification de la fonction de production.
C'est-à-dire aux inputs choisis ainsi qu'aux nombres de variables.
Comme nous l'avons remarqué des pays efficients peuvent devenir
inefficients à l'introduction ou l'exclusion d'un input. Les
résultats sont aussi sensibles aux choix des outputs. C'est la raison
pour laquelle la spécification multi-output est
préférée, ce qui permettrait aux décideurs de se
baser sur leurs différents résultats sanitaires. Car un pays
pourrait avoir de mauvais résultats sur une dimension de l'état
de santé mais le contraire sur un autre résultat sanitaire.
Parmi les limites de ce travail, c'est que nous ne pouvons
trancher sur la robustesse de nos résultats, car ces derniers n'ont pas
été vérifiés par une autre méthode (SFA).
Nous avons déjà soulignés que les deux méthodes
sont complémentaires. Ceci nous aurait permis de trancher sur
l'efficience ou l'inefficience des pays mis en évidence par les deux
méthodes et de mettre des réserves sur ceux à
résultats divergents.
Enfin, la mesure des scores d'efficience n'est qu'un aspect
purement descriptif. Pour plus comprendre les scores d'efficience qu'on a
obtenus, il faut établir le lien entre le niveau d'efficience et
certaines variables qui sont susceptibles de capter les contraintes
structurelles spécifiques de chaque pays.
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Annexes
Annexe 1: La différence entre
les méthodes de mesure
Figure 9: Comparaison entre les
différentes méthodes de mesure de l'efficience
REC : Rendements d'échelle constants
REV : Rendements d'échelles variables
FDH : Free Disposal Hull
Sous l'hypothèse des rendements d'échelle
constants, seule la firme C est déclarée efficiente. Sous
l'hypothèse de rendements d'échelle variables A, B et C sont
efficient alors que si aucune hypothèse n'est posée les firmes A,
B, C et D sont alors déclarées efficaces. Notons que le choix
d'utilisation de la FDH ou de la version REV de la méthode DEA
dépendra de la taille de l'échantillon
étudié ; si la taille est réduite,
l'évaluation par FDH risque de déclarer efficiente la grande
majorité des firmes.
Annexe 2: Résultats du
modèle DEA 1 à orientation output et input
Orientation output :
Orientation input :
Annexe 3: Résultats du
modèle DEA 2 à orientation output et input
Orientation output :
Orientation input :
Annexe 4: Résultats du
modèle DEA 3 à orientation output et input
Orientation output :
Orientation input
Annexe 5: Résultats du
modèle DEA 4 à orientation output et input
Orientation output :
Orientation input :
Annexe 6: Résultats du
modèle DEA 5 à orientation output et input
Orientation output :
Orientation input :
* 1 Expression populaire des
années 70.
* 2 Taux de croissance des
dépenses de la santé > revenu de l'Etat.
* 3 La relation entre le
niveau d'efficience des systèmes de santé et des variables
stratégiques et environnementales pourrait être une
continuité de ce travail.
* 4 Chiffres de la banque
mondiale 2007
* 5 Fiche sur le secteur de
la santé dans la région MENA, Banque mondiale, Septembre 2010.
* 6 La flambé des prix
des produits alimentaires mondiaux n'a pas un grand impact sur les pays
pétroliers de la région MENA du fait que les recettes
pétrolières augmentent parallèlement à leurs
dépenses d'importations des produits alimentaires.
* 7 RAMED a été
généralise au niveau du territoire marocain en Mars 2012, mais il
a été lancé en 2002 avec la promulgation du Dahir portant
application des dispositions du livre 3 de la loi sur l'assurance maladie
obligatoire
* 8 Le RAMED couvre les soins
préventifs, les consultations de médecine générale
dans les centres de santé, les consultations spécialisées
médicales et chirurgicales dans les centres de diagnostic et les
hôpitaux publics ainsi que les consultations médicales d'urgence.
Sont aussi pris en compte les analyses, les examens radiologie, les
explorations fonctionnelles ainsi que les médicaments prescrits pour le
traitement des maladies à longue durée.
* 9 La couverture
médicale de base comprend l'assurance maladie obligatoire (AMO) et le
RAMED. Au Maroc l'AMO concerne la partie de la population active et
retraitée. Elle est financée par les cotisations patronale et
salariale. Alors que le RAMED est mis en place pour la partie de la population
non couverte par l'AMO et ne disposant pas de ressources suffisantes. L'Etat
finance le RAMED à 75% et le reste est effectué par les
collectivités locales (6%) et les personnes en situation de
vulnérabilité (19%).
* 10 120 Dh est
équivaut à un peu prés 11€, ce montant doit
être payé par chaque personne sans dépasser les 600 Dh par
foyer.
* 11 L'OMS (2000) a
développé cinq indicateurs pour l'évaluation de la
performance : le niveau de santé général de la
population (EVCI), la distribution de la santé dan la population
(qualité et équité), le degré général
de la réactivité, la distribution de cette
réactivité dans la population et la répartition de la
contribution financière. La mesure des différents indicateurs
développe un indice composite général des divers scores
obtenus. Cet indice donne une idée sur l'évaluation de la
performance des systèmes de santé des 191 pays
étudiés.
* 12 Nombre de patient
traité, nombre de jour d'hospitalisation, temps d'attente...
* 13 Taux de
mortalité maternelle ou infantile, EVCI...
* 14 Des recherches sur
cette méthode sont fournies par Lovell et Schmidt (1980), Schmidt
(1986), Bauer (1990), Battese (1992) et Greene (1993).
* 15 Le choix entre
l'utilisation de cette méthode et la DEA dépend de la taille de
l'échantillon étudié. Si la taille de celle-ci est
réduite, l'évaluation par FDH n'est très appropriée
car elle risque de déclarer efficiente la majorité des
observations.
* 16 Dans la mesure de
l'efficience des systèmes de santé les DMU vont être les
pays de notre échantillon.
* 17 Sur les 317 papiers
qu'il a recensés, plus de la moitié portent sur les
hôpitaux et le reste sur les soins à domicile, les
médecins, les soins primaires, les districts de santé, les pays,
les programmes de soins et le traitement VIH
* 18 Bruce Hollingsworth Non
parametric and parametric applications measuring efficiency in health care,
Health Care Management Science 6, 203-218, 2003
* 19 Des chercheurs ont
complété leurs travaux utilisant la DEA par le recours au
bootstrap afin d'obtenir les intervalles de confiance. Mais la question de la
validité des intervalles de confiance découlant du bootstrap
n'est toujours pas résolue.
* 20 Les indicateurs de
santé choisis par les auteurs ne sont pas adoptés aux
problèmes sanitaires des pays développés.
* 21 Pour les variables
reflétant l'environnement dans lequel opèrent les systèmes
de santé, seront pris en compte comme facteurs expliquant la
différence du degré d'efficience entre pays.
* 22 Cet indicateur a
été proposé par l'OMS, il permet de prendre en compte le
fait qu'un individu peut vivre en mauvaise santé malgré une
espérance de vie longue.
* 23 Cet indicateur
été proposé par l'OMS et la banque mondiale. Il permet
d'avoir une information sur la charge de la maladie dans une population.
* 24 Nous avons aussi
vérifié nos scores obtenus par STATA sur le logiciel DEAFrontier.
* 25 Le tableau 8
représente les résultats du modèle mono input / mono
output (Dépenses de santé publiques/survie néonatale). Le
choix de cet indicateur vient du fait qu'il est plus proche aux objectifs OMD.
Il nous permettra de voir l'évolution de l'efficience de la
mortalité néonatale pendant la période post OMD.
* 26 Nous obtenons les
mêmes pays efficients quand nous prenons chaque output
séparément.
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