Spécialité : PROSPECTIVE,
INNOVATION, STRATEGIE ET ORGANISATION
MASTERMR613 DE SCIENCES DE GESTION Mention :
MANAGEMENT
Institut supérieur de l'organisation
Mémoire de Chabi Ki nissi NANSOUNON ;
auditeur N°1o-81829
Axe de recherche N°8
: « Développernent des territoires ~
Theme du mémoire :
L'appui a la communication locale : un outil de
promotion de la bonne gouvernance dans les communes des départements de
l'Atacora et de la Donga
Mots clés : communication locale,
gouvernance locale, bonne gouvernance locale, facteurs de réussite de
Capacity WORKS, modèle organisationnel de qualité, logique
managériale, commune efficace, décentralisation
ascendante
Sommaire
Dédicace
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.3
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Résumé
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4
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Introduction
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5
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I. Problématique de la gouvernance locale et
« périmétrage » de notre sujet
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9
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A. Problématique, postulats et hypothèses
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.9
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B. Terrain de recherche et objectifs du mémoire
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.10
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C. Posture et paradigmes épistémologiques
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11
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D. Revue de la littérature
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14
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E. Démarche méthodologique et méthodique
.....
|
19
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Conclusion partielle
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.23
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II. Approche appui à la communication locale comme
modèle organisationnel de
qualité
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25
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A. Description de l'approche communication locale
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25
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B. Limites et défis de l'approche
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39
|
C. Lien entre l'approche communication locale, la
théorie de l'amélioration continue et le concept du New
Public Management
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41
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D. L'approche communication locale, une «
désinstitutionalisation » de l'institution communale et une «
institutionnalisation » de l'organisation communale
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..44
|
|
Conclusion partielle .
|
45
|
III. Communication locale : un outil
d'amélioration de la gouvernance locale
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47
|
A. Liens entre les champs de la communication locale et les
principes clés de la bonne gouvernance locale 47
B. Impacts de la mise en oeuvre de la communication locale sur
le comportement des
communicants locaux (élus locaux et personnel communal)
51
C. Impacts de la communication locale sur les populations
54
D. La communication locale, une «
désinstitutionalisation » de l'institution communale
débouchant paradoxalement sur le renforcement de
l'institution communale
|
.64
|
Conclusion partielle : .
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66
|
Conclusion
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. 68
|
Bibliographie
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..73
|
Annexes
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74
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Dédicace
A mes collègues du PDDC pour leurs contributions
diverses dans la réalisation de ce travail ; surtout au Chargé du
PDDC, Ulrich NITSCHKE et au Coordonnateur National, Moustapha B. GERALDO, pour
toutes les facilités qu'ils m'ont offertes et qui m'ont permis de suivre
en présenciel ce cours de Master ;
A la famille de feu ADISSO Constant, ma famille d'adoption,
sans laquelle je n'aurais probablement pas pu suivre, dans les meilleures
conditions, ce cours de Master à Cotonou ;
A mon épouse Péléwa, née AMINTI et
à mes enfants pour leur compréhension et pour les privations
qu'ils ont dû subir, afin de me permettre de réaliser ce projet
personnel ;
A mon ancien collègue et ami Salaou GANIOU qui a eu la
géniale idée de me « filer », in extremis,
l'information sur ce Master MR013, fruit du partenariat CNAM & ISOR ;
Enfin, à toute cette première promotion
d'auditeurs CNAM & ISOR, et à tous les artisans de l'ombre, qui ont
cru en ce prodigieux projet, ont gravi la « première marche de la
foi » sans chercher à voir tout l'escalier ;
A toutes et à tous, je prie de trouver ici, l'expression
de ma profonde reconnaissance.
Résumé
Ce mémoire de Master s'inscrit dans l'axe de recherche
N°8 du LIPSOR/CNAM : « Développement des territoires ».
Il a aborde la problématique de la gouvernance locale au Bénin
dans la perspective d'une recherche opérationnelle, circonscrite aux
treize communes des départements de l'Atacora et de la Donga,
situées au Nord-Ouest du pays.
Dans un positionnement constructiviste, la démarche
centrale de ce mémoire est d'analyser et de démontrer en quoi la
mise en oeuvre d'une politique de communication locale peut être un
facteur d'amélioration des différents aspects de la gouvernance
locale et de promotion de la bonne gouvernance locale.
Pour ce faire, j'ai, dans un premier temps,
démontré la perspective organisationnelle de la qualité de
l'approche « appui à la communication locale » au travers du
prisme des théories de l'amélioration continue, du New Public
Management, et de celle de la « désinstitutionnalisation des
institutions » au regard d'une « institutionnalisation de des
organisations ».
Dans un second temps, me basant sur des données
qualitatives et quantitatives issues de la pratique communale dans le domaine,
j'ai démontré comment la mise en oeuvre efficace d'une politique
de communication locale, améliore sensiblement la gouvernance locale et
participe à la promotion de la bonne gouvernance locale.
En termes d'apports, la recherche a permis :
Sur le plan
épistémologique, l'émergence de la
dimension « récupération des gains du managérialisme
» de l'organisation par l'institution, dans la contextualisation communale
de la théorie de la « désinstitutionnalisation des
institutions » au regard d'une « institutionnalisation des
organisations » du Professeur PESQUEUX.
Sur le plan opérationnel et
professionnel, la mise en évidence de la logique de
durabilité de l'approche « appui à la communication locale
» qui répond parfaitement aux exigences des cinq facteurs de
réussite de Capacity WORKS ; le nouveau modèle de
gestion de la GTZ pour un développement durable. Mais également
la mise en évidence des limites et défis de l'approche dans les
domaines de l'équité et de l'apprentissage organisationnel.
Introduction
Après plus de dix ans d'atermoiements et de
tergiversations1, l'organisation des élections communales et
municipales en décembre 2002 et en janvier 2003 marque le début
de la mise en oeuvre du processus de décentralisation au Bénin.
L'installation, courant février et mars 2003, de la plupart des Conseils
Communaux, constitue une étape décisive de ce processus qui vise
à assurer la prise en charge, par les populations elles-mêmes, de
la gestion de leurs propres affaires, conformément aux prescriptions de
la Constitution du 11 décembre 1990 qui dispose en son article 153 que
« les collectivités locales s'administrent librement par des
conseils élus ».
Mais à peine commencé l'exercice des rôles
et missions à eux dévolus par les textes de lois de
décentralisation que les nouveaux conseils communaux se voient
confrontés à de profondes crises qui, hélas,
débouchent sur la destitution des maires élus. La commune de
Covè est celle qui a donné le ton en destituant son tout premier
maire, Pierre FANOU, sept mois à peine après son investiture
(octobre 2003). La commune de Natitingou, une des communes des
départements de l'Atacora et de la Donga, lui a emboîté le
pas en février 2005. Comme un effet boule de neige, s'en est suivie une
valse de destitutions des maires, après à peine deux ans
d'exercice de la mandature à travers tout le pays2.
Le phénomène a pris tellement d'ampleur, qu'il a
fini par inquiéter le gouvernement du Général Mathieu
KEREKOU. Pour freiner cette « destitution mania » qui
s'était emparée de la plupart des conseils communaux, celui-ci a
dû prendre un décret, le 23 juin 2005, qui, d'une part,
reprécise les conditions de destitution d'un maire, mais
également introduit une étape intermédiaire obligatoire
faite de la médiation de l'autorité de tutelle qu'est le
préfet3.
Les motifs souvent invoqués pour justifier la
destitution des maires sont, entre autres : (i) gestion solitaire et opaque des
affaires communales, (ii) gestion non transparente des ressources de la
commune, (iii) détournement de deniers publics, (iv) faux et usage de
faux en écriture publique....
1 La décentralisation est une des
recommandations fortes de la conférence des forces vives de la nation,
tenue en février 1990 ; et une disposition de la constitution
béninoise du 11 décembre 1990.
2 A titre d'exemples, ici, les processus de
destitution ayant abouti (beaucoup d'autres ayant échoué pour
diverses raisons) : Pierre Fanou, maire de Covè (31/10/2003) ; Antoine
N'dah, maire de Natitingou (09/02/2005), Allassane Olagbada, maire de
Bantè (19/02/2005) ; Daniel Azoga, maire de Zakpota (04/03/2005) ; Orou
Sé Guéné, maire de Kalalé (03/05/2005) ; Sanni Orou
Séko, maire de Sinendé (20/06/2005) ; Rachidi Gbadamassi, maire
de Parakou (22/06/2006)... Source : Le Municipal, numéro
spécial, 2006 : « Décentralisation au Bénin : le
bilan de trois ans de vie des communes » ; P 20.
3 Décret N°2005-376, du 23 juin 2005,
portant modalités de destitution du maire.
Outre les destitutions, certains maires et autres élus
locaux (notamment des chefs d'arrondissement) se sont vu derrières les
barreaux pour cause de malversations financières avérées.
Sous le titre : « arrestation et incarcération des élus
locaux : les maires doivent être plus rigoureux dans leur gestion »,
Bernard HOUEHOUNDE du journal Le Municipal4, tire sur la sonnette
d'alarme. Dans son article, le journaliste déplore le
phénomène et met en garde les maires : « Félix ADIMI,
maire de la commune de Savè a été arrêté et
incarcéré, le mercredi 17 mars dernier [2010]. Avant lui, pour
cette deuxième mandature, c'était le maire de Dangbo,
Clément GNONLONFOUN. Tous accusés de mauvaise gestion, les
gestionnaires des communes béninoises, devront désormais faire
attention dans leur gestion pour éviter d'allonger la liste des maires
prisonniers de notre pays »
De façon générale, les crises qui ont
traversé les conseils communaux de la première mandature et qui
continuent de secouer ceux de la deuxième mandature, sont des crises de
« mal » ou de « mauvaise » gouvernance locale ; des crises
de confiance au sein des conseils, mais bien souvent au-delà ; des
crises de confiance entre les élus (maires ou chefs d'arrondissement) et
leurs mandants, que sont les populations.
Par ailleurs, avec la mise en oeuvre du Fonds d'appui au
développement des communes (FADeC) dont les ressources s'accroissent de
façon substantielle chaque année, les communes sont
appelées à gérer plus de ressources financières que
par le passé. De fait une grande responsabilité pèse de
plus en plus sur les maires et les conseils communaux quant à
l'amélioration de la gouvernance financière de leur commune, de
manière à garantir une gestion transparente et efficiente de ces
importantes ressources financières. Conscientes de ces enjeux, des
organisations de la société civile aussi bien au niveau national
que local, donnent de la voix et prennent des initiatives visant à
exercer leur droit de contrôle citoyen de l'utilisation des ressources de
la commune et à exiger des élus locaux qu'ils rendent compte de
leur gestion à leurs mandants.
Toujours dans le même sillage, les mécanismes de
péréquation des dotations FADeC, la principale source de
financement des communes béninoises, incluent des indicateurs de
performance auxquels les communes sont astreintes. Ces indicateurs ne peuvent
être atteints sans une amélioration des différents aspects
de la gouvernance locale (politique, administrative, économique,
financière et budgétaire). Dans ces conditions, une commune
qui
4 HOUEHOUNDE (Bernard), 2010, « arrestation et
incarcération des élus locaux : les maires doivent être
plus rigoureux dans leur gestion », Le Municipal, N°385 du
22 au 28 mars 2010, P4.
s'illustrerait par des contre performances dans sa
gouvernance, se condamnerait à perdre d'importantes ressources
financières qui pouvaient utilement servir au financement de projets de
développement. Il en est de même pour l'accès au
financement de certains partenaires techniques et financiers des communes dont
les mêmes critères de performance constituent une des conditions
clés d'éligibilité.
Un autre événement majeur qui aura un impact
décisif sur la gouvernance locale en République du Bénin,
est l'avènement de la Politique Nationale de Décentralisation et
de Déconcentration (PONADEC) adoptée, le 19 octobre 2009 en
conseil des ministres. Elle marque un signal fort de la part de l'Etat central
sur sa volonté politique ferme d'assurer désormais, sept ans
après l'installation des premiers conseils communaux élus, le
pilotage, la coordination et le suivi efficace du processus de
décentralisation et de déconcentration au Bénin. Le ton
est donné au niveau des stratégies et principes devant en guider
la mise en oeuvre. En effet, il est souligné avec force que la mise en
oeuvre de la PONADEC repose sur les valeurs cardinales suivantes soutenues par
une volonté politique forte, auxquelles les communes n'échappent
guère : « La transparence, la reddition des comptes, la culture de
la performance et la mesure des résultats, l'éthique, le
professionnalisme, le respect des règles et des normes, le suivi et
l'évaluation et la stricte application de la Loi par tous les acteurs
concernés »5. L'orientation stratégique N°3
de la PONADEC intitulée « Le rôle et les compétences
des communes sont reconnus et respectés. La gouvernance locale est
renforcée et conforte la démocratie locale » recommande
fortement que « les autorités communales instaurent des modes de
gouvernance locale qui permettent de renforcer leur articulation avec les
différents groupes socioprofessionnels de leur territoire, favoriser
leur expression et leur implication dans le développement communal,
faciliter et accompagner leur prise d'initiatives qui concourent au
développement local. »6
La loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des
communes en République du Bénin, a assigné un double
objectif à la décentralisation : (i) le renforcement de la
démocratie à la base, (ii) la promotion du développement
local. C'est dans cette logique que s'inscrivent KACOU (Albéric) et
GREGOIRE (Luc-Joël) à travers un article signé « La
dimension centrale de la gouvernance et les priorités pour l'atteinte
des Objectifs du Millénaire pour le Développement »,
lorsqu'ils soulignent que « La décentralisation doit s'inscrire
à la fois dans
5 MDGLAAT, juin 2009, PONADEC, Politique National de
Décentralisation et de Déconcentration ; document cadre de
politique, (version numérique), P37
6 MDGLAAT, op. cit., P40
une volonté de participation et d'intégration et
une perspective de développement. Elle représente un moyen de
promouvoir les initiatives de développement local en mobilisant les
potentialités humaines et les moyens financiers au service des
élus et des décideurs locaux afin de gérer au mieux et au
plus près les besoins des populations »7
Il est évident que la gouvernance joue un rôle
primordial dans l'atteinte de ce double objectif assigné à la
décentralisation au Bénin par les textes de lois qui la
consacrent. C'est ce qui justifie notre intérêt particulier
à la thématique de la gouvernance locale, en l'occurrence la
bonne gouvernance au niveau local.
Le présent mémoire ambitionne (en s'appuyant sur
des données empiriques et sur certaines théories des
organisations) d'établir un lien, sinon de démontrer comment la
mise en oeuvre efficace d'une politique de communication locale améliore
sensiblement la gouvernance locale et participe à la promotion de la
bonne gouvernance locale.
Le plan de ce mémoire se veut assez créatif,
voire, original. En tant que tel il ne respecte pas la présentation
classique de mémoire de recherche ou de mémoire professionnel. Ce
choix délibéré répond à ma stratégie
d'argumentation et de démonstration. Ce faisant, dans un premier
chapitre, je procéderai au « périmétrage » de
mon sujet en abordant la problématique de la gouvernance locale dans les
communes des départements de l'Atacora et de la Donga, sous l'angle de
la communication locale. Dans le deuxième chapitre, je
démontrerai comment l'approche « appui à la communication
locale », développée dans les communes des deux
départements, constitue un modèle organisationnel de la
qualité et qui, en tant que tel, introduit une logique
managériale de qualité dans la gestion communale. Dans le
troisième chapitre, je démontrerai comment la mise en oeuvre de
la communication locale contribue à l'amélioration sensible des
différents aspects de la gouvernance locale et à la promotion
d'une bonne gouvernance locale.
Somme toute, mon mémoire ne fait qu'explorer un vaste
champ encore « en friche » au Bénin : celui qui consiste
à explorer, analyser, comprendre et proposer des solutions
opératoires dans le domaine de la décentralisation et du
développement des territoires avec des outils et paradigmes des sciences
de l'organisation. Mon espoir est que d'autres contributions viennent
ensemencer ce vaste champ assez fertile !
7 KACOU (Albéric) et GREGOIRE
(Luc-Joël), 2008, « La dimension centrale de la gouvernance et les
priorités pour l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le
Développement », in, GREGOIRE (Luc-Joël) et
al., L'Afrique et les défis de la Gouvernance, Maisonneuve
& Larose, Paris, P 49
I- Problématique de la gouvernance locale et
« périmétrage » de notre sujet
A. Problématique, postulats et
hypothèses
a) Postulats
· Le double objectif de l'enracinement de la
démocratie à la base et de promotion du développement
local, assigné à la décentralisation par la loi 97-029 du
15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du
Bénin, ne peut être atteint sans une amélioration de la
gouvernance au niveau local, notamment la promotion de la bonne gouvernance
locale.
· La mise en oeuvre d'une politique de communication locale
peut contribuer à la promotion
de la bonne gouvernance locale ; et
donc à l'atteinte des objectifs de la décentralisation.
b) Problématique
En quoi la mise en oeuvre d'une politique de communication
locale peut-elle être facteur d'amélioration des différents
aspects de la gouvernance locale et de promotion de la bonne gouvernance locale
?
c) Les hypothèses
· L'approche « appui à la communication
locale » constitue un outil d'amélioration de la qualité de
la gestion communale (intrusion du « managérialisme » dans la
gestion communale)
· Autant la mise en oeuvre de la communication locale
améliore la perception des populations sur les prestations de
l'administration communale
· Autant elle induit un changement positif de
comportement des élus locaux et du personnel communal, notamment dans
l'exercice par eux des différents types de gouvernance au niveau local
(en occurrence : gouvernance politique, gouvernance administrative, gouvernance
économique, gouvernance financière et budgétaire)
· Les champs de la communication locale ont un impact sur
les principes clés de la bonne gouvernance locale
· L'instauration d'une culture de communication au
sein des collectivités locales (appropriation de l'approche par les
communicants locaux) passe par l'institutionnalisation de la fonction «
information et communication » dans l'administration communale.
B. Terrain de recherche et objectifs du mémoire
a) Terrain de recherche
Les départements de l'Atacora et de la Donga sont
situés au Nord-ouest du Bénin. Ils couvrent une superficie totale
de 31.625km2 (25,8% du territoire national) pour une population de
899.479 habitants, dont 453.626 femmes (soit 50, 43%), d'après le
troisième Recensement Général de la Population et de
l'Habitation (RGPH3, 2002). Les deux départements comptent treize
communes que sont : Bassila, Boukombé, Cobly, Copargo, Djougou,
Kérou, Kouandé, Matéri, Natitingou, Péhounco,
Ouaké, Tanguiéta et Toucountouna.
A l'issue des négociations intergouvernementales de
novembre 2002, entre la République Fédérale d'Allemagne et
la République du Bénin, les départements de l'Atacora et
de la Donga ont été choisis comme zone prioritaire d'intervention
de la coopération allemande au Bénin. C'est à ce titre que
le Programme d'appui à la Décentralisation et au
Développement Communal (PDDC), un des programmes de la
coopération allemande au Bénin, intervient depuis janvier 2004
dans les treize communes des départements de l'Atacora et de la
Donga.
C'est dans le cadre de ce programme que l'approche «
appui à la communication locale » est expérimentée
depuis 2005 dans ces treize communes. En tant que tel nous disposons au niveau
du Programme, d'une base de données importante et suffisante sur
l'ensemble des treize communes. Mieux, dans le cadre de mes activités
professionnelles quotidiennes, j'ai accès aux acteurs communaux, ainsi
qu'aux données relatives à la communication locale de l'ensemble
des treize communes. De ce point de vue, porter mon terrain de recherche sur
l'ensemble des treize communes ne me posait aucune difficulté
particulière ; au contraire il me donne l'avantage d'avoir un
échantillon plus ou moins représentatif de l'ensemble des 77
communes que compte le Bénin (13/77, soit un terrain de recherche qui
couvre environ 17% des communes du Bénin). En outre, il me donne
suffisamment de marge de manoeuvre pour des comparaisons et la triangulation
des données recueillies dont les situations socioculturelles,
politiques, économiques... sont très
hétérogènes.
En définitive le choix du thème et du terrain de
recherche a un lien fort avec mes activités professionnelles.
b) Objectifs du mémoire
Ma démarche s'inscrit dans une logique centrale qui
vise à faire des collectivités locales des entités «
objectives » pour en améliorer la gouvernance (c'est dans cette
direction que je voudrais inscrire mon projet de thèse doctorale).
Spécifiquement mon mémoire de Master se
construit dans une perspective généraliste (dépassement
des contingences de lieu) ou plus précisément dans une logique de
généricité (passage du singulier au général
par extension). Il s'agit d'y démontrer en quoi la mise en oeuvre d'une
politique de communication des collectivités locales peut-elle
être facteur de promotion de la bonne gouvernance locale dans les
communes ciblées (communes des départements de l'Atacora et de la
Donga); et donc extrapolable sur les autres communes du Bénin.
Ce mémoire se veut comme une recherche-action dans le
domaine de la décentralisation au Bénin, dont les
résultats constitueront des « outils de fécondation
croisée entre l'université et la société
»8. Elle ambitionne d'aboutir à une «
modélisation opératoire » ; autrement dit à la
construction de modèles correspondant à des attentes pratiques en
matière de gouvernance locale dans les communes du Nord-Ouest du
Bénin, mais avec une visée de transférabilité
desdits modèles aux autres communes du pays et pourquoi pas à
d'autres communes africaines.
C. Posture et paradigmes
épistémologiques
Mon travail se positionne dans une posture constructiviste, mais
un constructivisme modéré. Constructiviste (au niveau
démarche)
Ma posture est constructiviste sur le plan de la
démarche. Un constructivisme modéré qui reconnaît
l'interaction « observateur-faits » comme fondement de
l'interprétation. Autrement dit, il s'agit d'une logique qui
reconnaît que le réel n'est pas extérieur au chercheur,
mais bel et bien une invention personnelle et collective. Pour paraphraser S.
Moscovici9, je dirais que
8 MICHEL (Jean Luc), septembre 2006, Le
mémoire de recherche en Information-Communication, Ellipses
éditions marketing, collection « Infocom », 150p.
9 S. Moscovici, Essai sur l'histoire humaine de
la nature, Flammarion, Paris, 1977
ma démarche vise à produire des «
certitudes explicatives » (résultat de démarches
hypothétiques, maîtrisées avec volonté et
méthode, grâce à des raisonnements codifiés et
appliqués avec rigueur pour obtenir une vérité construite)
dans l'axe de recherche N°8 relative au développement des
collectivités locales béninoises.
En effet, en toile de fonds de ma problématique, se
trouve ce questionnement essentiel : comment jouer sur la dimension «
organisation » de la collectivité locale pour en faire une
entité « objective » sans toutefois perdre de vue sa dimension
« institution » ? En d'autres termes, comment tenir compte de la
double dimension « institutionnelle » et « organisationnelle
» de la collectivité locale pour en faire une entité «
objective » dans le domaine spécifique de la communication locale
et ses liens possibles avec la bonne gouvernance ?
La réponse à cette question m'amène
à faire un effort de modélisation de la collectivité
locale comme organisation. La modélisation étant entendue comme
un processus de construction d'une théorie des organisations de
manière partielle et partiale, elle implique de ce fait une interaction
entre l'objet (ici la collectivité locale) et l'observateur que je suis.
La partialité joue ici à un double niveau :
· D'abord au niveau du « partiel »,
c'est-à-dire du choix de la portion ou de l'aspect de l'objet à
étudier ; le focus. Ce choix implique nécessairement un parti
pris, un peu comme deux photographes qui photographieraient le même objet
sous des angles différents. Le choix de tel angle plutôt que tel
autre, traduit de façon implicite ou explicite l'objectif visé
par chaque photographe. Mon mémoire veut certes, traiter de la
thématique de la gouvernance locale, mais dans l'optique de la bonne
gouvernance locale (premier focus) en lien avec la communication locale
(2ème focus).
· Ensuite au niveau du choix du corpus10 et
la façon plus ou moins originale de le traiter (de construire la
démarche de manière pertinente et convaincante) pour faire
émerger de la connaissance dans le domaine du développement des
collectivités locales.
Ma posture constructiviste s'explique aussi par le fait qu'en
appui à ma démonstration, je ferai recours à plusieurs
paradigmes ou théories constructivistes ; en occurrence :
10 « Le corpus est un ensemble d'objets que l'on va
étudier en détail et qui sont considérés comme
étant liés les uns aux autres par des causes
présupposées par la problématique et les hypothèses
», Jean Luc MICHEL, op. cit.
· la théorie de la
désinstitutionnalisation des institutions et l'institutionnalisation des
organisations du professeur Yvon PESQUEUX. Il s'agit de démontrer ici,
dans un premier temps, en quoi l'approche « appui à la
communication locale », vise une « désinstitutionalisation
» de l'institution communale et une « institutionnalisation » de
l'organisation communale. Dans un second temps, il s'agira de mettre en relief
comment la théorie de la « désinstitutionnalisation »
appliquée aux collectivités locales aboutit à une
logique paradoxale : l'appui à la
communication locale, une « désinstitutionalisation » de
l'institution communale débouche in fine sur le renforcement de
l'institution communale (au lieu de l'affaiblir !)
· la théorie de l'amélioration continue de
W. E. DEMING à travers sa métaphore de la « roue » (
PDCA : Plan : je dis ce que je veux faire ; Do : je fais ce j'ai dis ;
Check : je démontre que j'ai bien fait ce que j'ai dit ; Act : je
démontre que j'ai progressé par rapport au moment où j'ai
dit ce que je veux faire). Il s'agira ici de présenter l'approche
« appui à la communication locale » comme un modèle
organisationnel de la qualité en l'appliquant au cycle PDCA.
· le concept du « New public management
». L'approche communication locale dans ses objectifs et ses
méthodes s'oriente vers toute la philosophie qui fonde la théorie
du New Public Management et lui emprunte certains de ses outils. Au
besoin donc, je mettrai en relief les points de convergence ; et sûrement
les limites de ladite approche par rapport aux exigences du New Public
Management.
· d'autres concepts « secondaires » ou «
nouveaux » qui « émergeront » tout au long de la trame du
raisonnement et de la démonstration de ce mémoire.
Une perspective fonctionnaliste (au niveau des
résultats)
Si ma démarche est constructiviste, par contre, les
résultats auxquels je veux aboutir se veulent prescriptifs, en
s'inscrivant dans une perspective pragmatico-utilitariste, parce que se
positionnant dans l'optique du « problem solving ». Il
s'agit en effet, au terme de mes réflexions, de proposer (comme je
l'avais souligné plus haut) des modèles/outils pour
améliorer la gouvernance locale à travers la mise en oeuvre de la
communication locale, afin de faire des communes béninoises, des
communes « efficaces », c'est-à-dire des communes proches des
besoins et aspirations des citoyens ; des communes proactives et innovantes.
Bref, je veux créer du savoir utilitaire ; ou encore du « savoir
actionnable » (PESQUEUX, notes de cours).
La perspective généraliste de ce mémoire
se dessine à travers le passage du singulier (les communes de
l'Atacora/Donga) au général (toutes les communes du Bénin)
par extension (généricité). Le postulat fondateur de cette
perspective empreint d'un brin de positivisme étant que le croisement
des données empiriques avec un raisonnement
épistémologique rigoureux permettrait de découvrir
certaines « lois naturelles » qui gouverneraient la gestion
communale, tout au moins au Bénin.
Pour conclure, je dirais que ma posture, dans ce mémoire,
est essentiellement constructiviste, avec une perspective plutôt
fonctionnaliste (pragmatico-utilitariste).
D. Revue de la littérature
Elle consistera ici à expliciter certains concepts et
paradigmes épistémologiques qui seront utilisés tout au
long de ce mémoire. Elle vise aussi (et surtout) à clarifier
l'acception dans laquelle tel concept ou paradigme est utilisé dans le
cadre de ce mémoire. Il s'agit, entre autres des concepts et paradigmes
suivants :
· Communication locale
· Gouvernance locale et bonne gouvernance locale
· Institution et organisation (en extrapolation à
institution communale et organisation communale)
· Théorie de la désinstitutionnalisation de
l'institution et de l'institutionnalisation de l'organisation
· Modèles organisationnels de la qualité
(théories de l'amélioration continue, du New Public
Management)
· Etc. a) Communication locale :
La communication locale, se définit comme «
l'ensemble des décisions et des actions des élus locaux qui
visent à définir et à diffuser des codes, à en
assurer la reconnaissance et à favoriser l'adhésion de ceux qui
vivent et/ou circulent dans l'espace de proximité11 »
qu'est la commune. Elle a pour objectif de mobiliser et d'impliquer l'ensemble
des acteurs locaux (décideurs et citoyens) qui constituent le corps
social agissant sur un territoire collectif ; ici, la
11 SOUCHARD (Maryse) et WAHNICH (Stéphane),
octobre 1995, La communication politique locale ; Presse Universitaire
de France, Paris, Collection « Que sais-je ? » ; P7
commune. En ce sens, la communication locale « est bien
davantage qu'un simple outil, une technique au service des élus, elle
est une façon de penser le politique et de le mettre en action
»12
Dans le contexte de l'intervention du Programme d'appui
à la Décentralisation et au Développement Communal (PDDC),
la communication locale a été circonscrite à six champs
:
1. la communication exécutive,
pour donner plus de lisibilité aux choix stratégiques et à
l'action communale ;
2. la communication interne, pour
assurer une circulation efficace de l'information au sein de l'équipe
communale (élus locaux, agents communaux) ;
3. la communication de service, pour
faire mieux connaître aux populations les services communaux et leurs
prestations ;
4. la communication relationnelle,
pour mobiliser les populations et autres acteurs de développement ;
5. la communication civique, pour
le renforcement de la citoyenneté (faire passer les populations de la
commune de leur statut de simples habitants au statut de citoyens de la
commune) ;
6. et le marketing territorial,
pour promouvoir le territoire communal.
b) Gouvernance locale :
Le concept de « gouvernance », né en France
au XIIe siècle, a été promu dans les années 90 par
les institutions de Bretton Woods, notamment dans les discours sur le
développement international et est aujourd'hui adopté par la
quasi-totalité des milieux institutionnels nationaux et internationaux,
gouvernementaux et non-gouvernementaux. Chacun y va de sa définition.
Toutefois de manière constante, on retrouve dans chacune des
définitions, trois éléments importants :
i. « la gouvernance est définie comme l'exercice du
pouvoir ou de l'autorité dans un pays ;
12 SOUCHARD Maryse et WAHNICH Stéphane, op.
cit., P81
ii. l'exercice du pouvoir ou de l'autorité
sous-entend, l'ensemble des règles, procédures, institutions et
mécanismes mis en place pour réglementer la manière dont
ce pouvoir ou cette autorité est exercée ;
iii. et enfin, la possibilité offerte ou non par
l'ensemble de ces règles, procédures, institutions et
mécanismes aux citoyens d'exprimer leurs intérêts,
d'exercer leurs droits et de participer au processus de prise de
décisions et à l'exercice du pouvoir. »13
L'acception de la gouvernance locale telle qu'employée
à travers le présent mémoire, est celle qu'on retrouve
à travers la définition qu'en donne le PNUD : « La
gouvernance locale comprend un ensemble d'institutions, de mécanismes et
de processus par lesquels, les citoyens et leurs groupes peuvent exprimer leurs
intérêts et leurs besoins, négocier leurs
différences et exercer leurs droits et leurs obligations au niveau local
»14
On distingue plusieurs types de gouvernance. Mais au niveau
local, j'en retiens les quatre principales, en lien avec les domaines de
compétences transférés aux communes béninoises par
la loi 97-029 du 15 janvier 1999 :
· la gouvernance politique locale :
ensemble des processus et mécanismes de prise de
décision dans l'exercice d'une gestion démocratique
locale.
· la gouvernance administrative locale
: ensemble des processus et mécanismes relatifs à la
gestion des services publics locaux, de l'état civil, des ressources
humaines de l'administration communale.
· la gouvernance économique
locale : ensemble des démarches et stratégies de
mobilisation des ressources internes et externes au niveau local et de gestion
du patrimoine foncier communal.
· la gouvernance financière et
budgétaire locale : ensemble des politiques
et
procédures d'élaboration, de vote, d'exécution et de
contrôle du budget communal.
c) Bonne gouvernance
J'utiliserai dans ce mémoire, l'acception qu'en donne le
premier ministre malien, Modibo
SIDIBE, « La notion de bonne
gouvernance renvoie à l'habileté des dirigeants à allouer
des
13 OSIWA et CIRD, avril 2004, Guide d'exercice
d'une bonne gouvernance locale, Presses de l'imprimerie CACI-Bénin,
Cotonou, P16
14 AYENA (Elie S.), Novembre 2007, Rapport de
stage sur la Gouvernance locale, MDGLAAT, Cotonou, 57p
ressources et à les gérer en vue de
résoudre des problèmes de développement de toutes natures,
de tous ordres et à toutes les échelles géographiques d'un
pays. Elle se caractérise par la participation, la transparence, la
responsabilisation, la primauté du droit, l'efficacité et
l'équité » 15
d) Institution et organisation (en extrapolation
à institution communale et organisation communale)
U. Beck définit l'institution comme « les
règles de base ou implicites qui président à l'exercice du
pouvoir et de la domination ».16 L'institution se
caractérise par la place accordée à la souveraineté
(c'est-à-dire son évidence indiscutable). L'institution vise
à réaliser un service public avec un caractère juridique
et symbolique. Il s'agit, en particulier, de la mission qui lui est propre et
de la manière de la réaliser dans une perspective où les
caractéristiques économiques restent au deuxième plan, par
exemple comme pour l'hôpital (PESQUEUX, notes de cours). Il y a de
l'obstination dans l'institution. C'est en cela que l'institution est
considérée comme créant de la certitude.
Selon U. Beck, les organisations, ce sont : « les
acteurs particuliers disposant d'un certain nombre de membres, de ressources
financières et de locaux, ainsi que d'un statut juridique »17
L'organisation se caractérise par l'importance majeure accordée
à l'efficience de son fonctionnement, d'où les notions
d'opportunisme au lieu de l'obstination et donc de l'incertitude et du risque.
(PESQUEUX, notes de cours).
La commune est à la fois institution, avec ses signes
distinctifs (les armoiries, l'hôtel de ville, les bureaux
d'arrondissement, le maire, le conseil communal, etc.) et organisation avec son
administration comprenant : le personnel, les services communaux et
infra-communaux, les infrastructures, les matériels et
équipements...
e) Théorie de la désinstitutionnalisation
de l'institution et de l'institutionnalisation de l'organisation
Cette théorie a été
développée par le professeur PESQUEUX (2007) dans son
ouvrage
Gouvernance et privatisation. Elle repose sur le
présupposé d'une normativité qui ferait de
15 SIDIBE (Modibo), 2008, « L'expérience
malienne en matière de bonne gouvernance », in, GREGOIRE
(LucJoël) et al., L'Afrique et les défis de la
Gouvernance, Maisonneuve & Larose, Paris, P 419
16 Cité par PESQUEUX (Yvon), avril 2007,
Gouvernance et privatisation, PUF, Paris, Collection La politique
éclatée, P98
17 Cité par PESQUEUX (Yvon), avril 2007,
Gouvernance et privatisation, PUF, Paris, Collection La politique
éclatée, P98
l'organisation le lieu de l'efficience et de l'institution le
lieu de l'inefficacité, les catégories organisationnelles pouvant
être considérées comme salvatrices de cette
inefficacité (PESQUEUX, notes de cours). Au nom donc du «
managérialisme », on applique à l'institution les
catégories et principes de fonctionnement de l'organisation. Autrement
dit, on fait entrer l'institution dans le « moule » et le cadre
légal des organisations. De ce fait, celle-ci perd certains de ses
caractères juridiques, politiques et symboliques ; on parle alors de
« désinstitutionnalisation de l'institution » au regard d'une
« institutionnalisation de l'organisation »18
f) Modèles organisationnels de la qualité
(théories de l'amélioration continue et du New Public
Management)
La théorie de l'amélioration continue de
DEMING
Cette théorie a été
développée par W.E. DEMING à travers sa métaphore
de la « roue » PDCA-S ( Plan : préparer et planifier
l'action ; Do : développer et réaliser l'action ;
Check : vérifier et comprendre les résultats ; Act
: réagir pour améliorer les actions futures ;
Standardize : standardiser) ; la standardisation étant le
moment de l'intériorisation organisationnelle des progrès
incrémentaux codifiés dans une logique de concrétisation
du projet du « management scientifique » et de volontarisme
managérial construit sur les best practices19.
|
La théorie du New Public
Management
|
A. Bartoli (1997) définit le concept comme : «
l'ensemble des processus de finalisation, d'organisation, d'animation et de
contrôle des organisations publiques visant à développer
leurs performances générales et à piloter leur
évolution dans le respect de leur vocation »20. Il se
caractérise par la mise en oeuvre d'indicateurs d'activité,
d'outils de gestion budgétaire et comptable, d'outils de mesure des
coûts dans la perspective de répondre à trois logiques
d'action : celle de l'efficacité socio-économique, celle de la
qualité de service, celle de l'efficacité de gestion ou
d'efficience. Le New Public Management, au nom de la gouvernance qu'il
concrétise, vient constituer une conception normative de l'Etat
18 PESQUEUX (Yvon), op. cit., P95
19 PESQUEUX (Yvon), 2008, Qualité et
Management ; une analyse critique, Editions Economica, Paris, Collection
Gestion, P69
20 PESQUEUX (Yvon), avril 2007, Gouvernance et
privatisation, PUF, Paris, Collection La politique éclatée,
P134
administratif sur l'idée d'une superposition
réglementaire de deux logiques de nature différente : une logique
institutionnelle et une logique managériale.
E. Démarche méthodologique et
méthodique
Mon approche méthodologique sera multidimensionnelle et
consistera en la combinaison de plusieurs outils et techniques
complémentaires au service de ma stratégie d'argumentation et de
démonstration. Quant à la démarche méthodique, elle
empruntera les étapes suivantes à titre indicatif, en ce sens
qu'elle n'est pas nécessairement linéaire, mais plutôt
itérative :
a) Revue de la littérature
Bien qu'ayant fait l'objet de développement plus haut,
elle revient ici, parce qu'elle constitue un point essentiel : le point de
départ de tout l'échafaudage qui servira de socle au raisonnement
et à la démonstration qui seront menés dans ce
mémoire. Pour ce qui me concerne, cette étape me donnera
l'occasion de faire :
o Un état des lieux du sujet ;
o Une clarification conceptuelle : définition des
concepts et précision de leur acception dans le cadre du mémoire
;
o Une clarification de la posture épistémologique
et la convocation des
paradigmes épistémologiques en lien avec le sujet
du mémoire.
b) Revue et collecte des données
secondaires
L'expérience de l'approche d'appui à la
communication locale a été développée dans le cadre
de la mise en oeuvre du Programme d'appui à la Décentralisation
et au Développement Communal (PDDC), un programme fruit de la
coopération bénino-allemande. De ce point de vue, il existe
plusieurs données secondaires (rapport d'activités, rapports
d'études et de sondage, rapports d'autoévaluation, fiches de
capitalisation et autres documents) réalisées en lien direct avec
l'approche ou dans le cadre d'autres activités ou indicateurs qui sont
influencés par la communication locale. Ces documents regorgent de
données aussi bien quantitatives que qualitatives dans lesquels j'ai
puisé pour venir en renfort à mon
argumentation/démonstration. Dans cette « forêt » de
données secondaires, deux types de rapport ont retenu
particulièrement mon attention :
|
Les rapports de sondages (2007 et 2009) sur le niveau de
connaissance et de satisfaction des populations des communes d'intervention
du PDDC sur les prestations communales.
|
|
Ces sondages ont été réalisés avec
les méthodes et techniques de l'art afin de garantir une certaine
objectivité et scientificité aux résultats qui en sont
issus. L'étude a couvert l'ensemble des treize communes des
départements de l'Atacora et de la Donga, ainsi que trois autres
communes d'intervention du PDDC : les communes de Ouidah, Abomey et Bohicon.
L'enquête s'est déroulée dans quatre (04) quartiers
tirés au hasard dans les arrondissements chefs lieux des communes
couvertes. Les personnes interviewées sont des adultes des deux sexes
âgés de 18 ans au moins qui résident habituellement dans
les seize (16) communes ciblées. Un nombre de 1075 personnes ont
été interviewées. Ces personnes interviewées sont
reparties de façon proportionnelle selon le genre, le niveau
d'alphabétisation et les grands groupes d'âges. Trois groupes
d'âge ont été considérés pour la
sélection des cibles, il s'agit de la catégorie des jeunes (18-24
ans), celle des adultes (25-55 ans) et celle du 3ème
âge constituée de personnes de plus de 55 ans. Dans chaque zone
d'enquête les quotas ont été attribués de
manière à respecter une répartition proportionnelle
à l'effectif de chacune des catégories suivant les
résultats du Recensement Général de la Population de 2002.
Les résultats de ces sondages fournissent des informations très
judicieuses permettant de mesurer valablement les impacts des actions de
communications au sein des populations, sur les canaux les plus pertinents,
ainsi que sur les améliorations à apporter pour plus
d'efficacité dans le domaine de la communication locale.
Les rapports (2007 et 2009) d'autoévaluation de la
gouvernance locale au Bénin. Ces rapports fournissent, eux aussi des
informations qualitatives assez intéressantes sur la perception des
acteurs de terrain (élus locaux, personnel communal, services
déconcentrés de l'Etat, société civile et secteur
privé) sur les différents aspects de la gouvernance locale. Ces
informations sont recueillies lors d'ateliers de deux (02) jours au cours
desquels cinq (05) groupes d'acteurs communaux assez représentatifs font
une autoévaluation de la gouvernance de leur commune. Il s'agit de :
|
v' le maire et ses adjoints ;
v' le conseil communal, sans le maire et les adjoints ; 1' le
personnel communal ;
v' la société civile ;
v' les services déconcentrés intervenant au niveau
communal. Les domaines suivants sont évalués par lesdits
acteurs:
v' Organisation interne de l'administration communale ;
v' Gestion administrative et financière
v' Information, participation et genre ;
v' Prestations de l'administration communale ;
v' Mobilisation des ressources
Chaque groupe d'acteurs fait, dans un premier temps, sa propre
évaluation des cinq domaines en attribuant des scores. Tous les acteurs
se retrouvent, dans un second instant en plénière pour faire la
mise en commun des score ; ce qui donne lieu à des débats et de
discussions très constructifs à l'issue desquels un score
consensuel est retenu sur la base des critères qui ont servi
d'instruments de mesure de la performance de la commune dans chaque domaine.
Outre ces deux rapports, j'ai pris en compte les
résultats des interviews réalisés par des journalistes
communicateurs dans certaines des communes aux fins de recueillir
l'appréciation que font les élus, le personnel communal et les
populations de l'expérience de mise en oeuvre de la communication locale
dans leur commune.
c) Collecte des données
primaires
En complément aux données secondaires (assez
riches et diversifiées), j'ai collecté des données
primaires, encore appelées « données de première main
» pour renseigner surtout sur la perception des communicants locaux
(maires et membres des cellules de communication locale) de l'impact que la
mise en oeuvre de la communication locale a eu sur eux, en occurrence dans leur
exercice des différents aspects de la gouvernance locale. Cette collecte
s'est faite au travers d'un questionnaire à réponse libre (des
questions d'orientation ouvertes auxquelles les enquêtés
répondront librement) en direction des membres des cellules de
communication (confère annexe 1). Cette étape comprend les
sous-étapes suivantes :
o Elaboration du questionnaire.
o Echantillonnage : les 13 cellules de communication des 13
communes des
départements de l'Atacora-Donga. Un questionnaire pour
chaque cellule, dont
les réponses ont été données en focus
group au niveau de chaque commune. o Réalisation des pré-tests et
ajustement.
o Administration du questionnaire.
Dix communes (ou plutôt dix cellules de communication) sur
les treize ont répondu au questionnaire, soit un taux d'environ 77%.
Au besoin et en appui à ma démonstration, j'ai
fait recours à des données et informations
issues de
l'observation directe : analyse de certains faits et actes des élus
locaux, décodage du
discours des élus lors des
émissions radiophoniques et lors des tournées d'arrondissement,
etc.
d) Traitement, analyse des données primaires
et secondaires et leur utilisation comme support à ma
démonstration
J'en donne un aperçu à travers le tableau
synoptique ci-dessous.
Figure 1 : Méthode, outils et
stratégie de démonstration du mémoire
Hypothèses
|
Méthodes/ outils/ stratégie de
démonstration
|
Premier niveau de raisonnement : L'approche appui
à la communication locale comme modèle
|
organisationnel de
qualité
|
Hypothèse 1 :
|
~ L'approche « appui à la communication locale
» comme un modèle organisationnel de la qualité, à
travers la théorie de l'amélioration continue de DEMING,
notamment en démontrant comment les étapes de ladite approche
correspondent à la logique de la roue de Deming (PDCA)
Plan : je dis ce que je veux faire
Do : je fais ce j'ai dis
Check : je démontre que j'ai bien fais ce que j'ai dis
Act : je démontre que j'ai progressé par rapport au
moment où j'ai dis ce que veux faire
~ Je mettrai en relief les points de convergences ; et
sûrement les limites de ladite approche par rapport aux exigences du New
public Management.
~ Utiliser les résultats comparatifs de
l'autoévaluation de la
gouvernance locale au Bénin (exercices 2007 et
2010) pour illustrer des évolutions qualitatives dans les domaines, par
exemple du fonctionnement de l'administration communale, etc.
|
L'approche « appui à la
communication locale » constitue un outil
d'amélioration de la gestion communale (intrusion du «
managérialisme » dans la gestion communale)
|
Hypothèse 5 :
|
~ Démontrer la double dimension de cette
étape :
· D'une part l'institutionnalisation (comme «
modalité instituante »)
de la fonction « information et communication », un
effort d'ancrage de cette fonction dans l'administration communale afin d'en
assurer la pérennité.
· D'autre part l'institutionnalisation de la fonction
« information et communication » à la fois comme mode
d'apprentissage interne de l'administration communale (théorie de
l'appropriation de Yvon PESQUEUX comme mode d'apprentissage individuel et
collectif), et comme l'ultime étape de la théorie de
l'amélioration continue de Deming, la « standardize »
(standardisation) ou l'intériorisation organisationnelle des
progrès incrémentaux.
|
L'instauration d'une culture de
communication au sein des
collectivités locales passe par
l'institutionnalisation de la
fonction « information et
communication » dans l'administration communale
|
|
Hypothèse 4 :
|
~ Etablir le lien entre les six champs de la communication
locale (communication exécutive, communication de service,
communication interne, communication relationnelle,
communication civique et le marketing territorial) et les principes clés
de la bonne gouvernance locale (transparence, participation citoyenne,
responsabilité/ « accountability », efficacité et
efficience
|
Les champs de la communication locale ont un impact sur
les
principes clés de la bonne gouvernance locale
|
|
Hypothèses
|
Méthodes/ outils/ stratégie de
démonstration
|
|
dans la gestion communale, primauté du droit et
équité...)
|
Hypothèse 3 :
|
~ Utilisations des données secondaires
· Analyse comparative des résultats du sondage
sur la connaissance et l'appréciation par les populations des
prestations communales (rapports sondages 2007 et 2009)
· Analyse des raisons de la satisfaction et de la non-
satisfaction des
populations par rapport aux prestations communes
(rapports sondages 2007 et 2009)
· Analyse d'une corrélation possible entre niveau
de satisfaction des populations et civisme fiscal (croisement des
données du sondage et des taux de recouvrement des recettes fiscales des
communes). Si l'hypothèse se vérifie, ce serait une façon
pour les populations de montrer leur attachement à l'institution
communale
|
Autant la mise en oeuvre de la communication locale
améliore la perception et la satisfaction des populations par rapport
aux prestations de l'administration communale
|
|
~ Décoder certains faits et actes des élus
locaux :
· L'émergence d'un savoir faire au sein des cellules
de communication en matière d'élaboration et de mise en oeuvre
des stratégies de communication, sans appui du PDDC ;
· La création des SICAD dans les communes où
il n'en existait pas ;
· Le recrutement par certains maires de cadres
compétents pour animer ce service ;
· La budgétisation des actions de communication ;
· L'essor de la communication relationnelle ;
· L'impact des émissions radios (communication de
service et émissions interactives) et assemblées
générales d'arrondissements. ~ Le décodage des
discours des élus
· Analyse de quelques discours (émissions radios,
lors des assemblées générales...)
~ Analyse de la perception des maires et des membres des
cellules de communication communale
· Analyse des résultats du questionnaire en
direction des membres de la cellule de communication communale et des
interviews réalisés.
|
Autant elle induit un changement positif de comportement des
élus locaux et du personnel
communal, notamment dans l'exercice par eux des
différents types de gouvernance au niveau local (en occurrence :
gouvernance politique,
gouvernance administrative,
gouvernance économique,
gouvernance financière et budgétaire)
|
|
~ En lien avec tout ce qui précède, montrer
que la collectivité locale qui offre des prestations de qualité
et promeut la bonne gouvernance est une collectivité proche de ses
citoyens et qui par conséquent se reconnaissent en elle. De ce fait,
elle renforce sa légitimité qui à son tour renforce la
légitimité de ses organes dirigeants ; en définitive, la
légitimité de l'institution communale (comme institution
instituée). D'où la désinstitutionalisation de
l'institution communale apparaît in fine comme moyen de renforcement de
l'institution communale
|
|
|
Source : auteur
Conclusion partielle :
Ce mémoire traite d'une problématique
fonctionnelle et professionnelle qui se veut directement exploitable dans le
domaine de la décentralisation et du développement local.
Communication locale, gouvernance locale et principes de bonne gouvernance
locale constituent la principale trilogie conceptuelle autour de laquelle est
bâti le corpus.
La posture de recherche est d'essence constructiviste
modéré. La méthodologie est multidimensionnelle, combinant
utilement des outils quantitatifs et qualitatifs. La stratégie
adoptée pour le traitement du corpus est incrémentale :
méthode de démonstration au travers de sous corpus et de corpus
annexes par hypothèse de travail avec des pré-conclusions et
validation partielles de la problématique. Un effort de
modélisation sera observé tout au long du mémoire pour
venir en renfort à la stratégie d'argumentation et de
démonstration. Cette stratégie de démonstration suivie
présente aussi l'avantage de permettre le dévoilement de
problématiques sous -jacentes ou émergentes.
Mais pour en arriver là, il convient de décrire
succinctement l'approche « appui à la communication locale »
et de voir dans une démarche déductive, si comparée
à (ou du moins passée aux cribles de) certains modèles
organisationnels de la qualité, elle peut, elle aussi, se positionner
comme un modèle organisationnel de la qualité. Ce sera l'objet du
chapitre suivant.
II- Approche appui à la communication locale
comme modèle organisationnel de qualité
A. Description de l'approche communication locale
L'approche repose sur 05 piliers essentiels, correspondant aux
cinq facteurs de réussite de Capacity WORKS21 de la
GTZ : (i) Stratégie, (ii) Coopération, (iii) Structure de
pilotage, (iv) Processus, (v) Apprentissage et innovation.
a) Mise en place d'une stratégie d'accompagnement
des communes dans l'élaboration et la mise en oeuvre de leurs
stratégies de communication
Cette stratégie d'accompagnement s'est appuyée
sur les résultats d'un état des lieux sommaire
réalisé par le conseiller technique en communication du PDDC sur
la pratique de la communication au sein des communes des départements de
l'Atacora et de la Donga pour concevoir des principes d'appui
négociés et convenus avec les maires, qui dessinaient en
filigrane la stratégie d'accompagnement.
|
Quelques résultats clés de l'état
des lieux sur la pratique de la communication locale au sein des communes des
départements de l'Atacora et de la Donga
|
|
· Le peu d'intérêt des élus pour les
questions de communication : au démarrage du processus en 2005
très peu d'élus étaient enthousiastes à enclencher
une démarche d'élaboration et de mise en oeuvre d'une
stratégie de communication de la commune. Pour la plupart d'entre eux,
la priorité était à la réalisation des
infrastructures ; à leur avis beaucoup plus visibles et plus parlant que
n'importe quelle action de communication.
· De timides actions de communication qui relevaient
plutôt de l'information par voie d'affichage, de communiqués radio
ou de crieurs publics.
· Faible mobilisation ou concertation des populations et
autres acteurs autour des questions de développement de la commune.
· Les radios de proximité implantées sur huit
des treize communes qui devraient être de puissants outils de
développement local aux côtés de conseils communaux, ne
sont pas
21 Capacity WORKS, le modèle de gestion mis en
oeuvre par la Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ)
GmbH dans le domaine du développement durable, aide à
répondre aux questions suivantes : comment apporter une contribution
efficace au renforcement des capacités ? Comment gérer et piloter
les projets/programmes afin que le renforcement des capacités ait des
effets plus efficaces et durables possibles ? La structure de ce modèle
« traduit » en questions pratiques le principe directeur du «
développement durable » adopté par l'entreprise.
suffisamment valorisées. Pis, dans la plupart des
communes, les maires entretiennent des relations conflictuelles avec les
responsables de ces radios.
· L'inexistence totale de Service de l'Information, de
la Communication, des Archives et de la Documentation (SICAD) au sein des
mairies ; ou là où il en existe, il n'y a pas de ressources
humaines qualifiées pour l'animer.
· L'incapacité des SICAD, là où il
en existe, à élaborer une stratégie et un plan de
communication cohérents, malgré les formations données par
le Projet d'appui au Démarrage des Communes (PRODECOM) et la Maison des
Collectivités Locales (MCL), ainsi que d'autres intervenants.
|
Les éléments de la stratégie et
les principes d'appui aux communes
|
|
· Approche à la demande
: le projet n'intervient dans une commune qu'à la suite d'une demande
expressément formulée par le maire ou son adjoint. C'est ce qui
justifie que sur les 13 communes que comptent les départements de
l'Atacora et la Donga, l'approche « appui à la communication locale
» n'a démarré qu'avec 02 communes auprès desquelles
elle a eu un écho favorable.
· « Apprendre en faisant
» : après l'échec des formations classiques sur la
communication locale données par les autres intervenants qui ont
précédé le PDDC, il fallait concevoir des modules de
formations pratiques et une stratégie d'appui conseil qui permettent aux
partenaires d'apprendre par l'action. Cela suppose aussi qu'il faille avancer
au rythme du partenaire, pas de marche à « pas forcés »
!
· Responsabiisation de la structure
partenaire : la structure partenaire assure la maîtrise
d'ouvrage du processus ; il s'agit par conséquent d'éviter «
le piège de la substitution » dans la course aux résultats
rapides !
· Le leitmotiv : Communiquer,
c'est : « dire ce qu'on va faire ; faire ce qu'on a dit ; dire ce qu'on a
fait ! »
· Partenariats
stratégiques avec les autres acteurs
impliqués/intervenant dans le domaine
de la communication locale
(valable aussi bien pour les communes que pour le PDDC).
· Appui technique
dégressif en fonction des capacités
émergentes au niveau des structures partenaires appuyées.
· Une évaluation conjointe
périodique du processus global, afin d'en tirer les
leçons/ enseignements pour faire les ajustements et améliorations
nécessaires.
b) La mise en reseau des acteurs communaux, un
passage oblige !
Avant d'expliquer les mecanismes de mise en reseau, it
convient de jeter d'abord un coup d'ceil sur le paysage des acteurs de la
communication locale (figure 2, cidessous), inspire de la figure 18 : Carte
des acteurs (oignon), page 85 du Manuel Capacity WORKS de la GTZ,
que j'ai adapt& au besoin.
ACAD : Association des communes de l'Atacora et
de la Donga
ANCB : Association nationale des communes du
Benin
Cellule com. : Cellule de communication ;
MDGLAAT : Ministere de la decentralisation, de
la gouvernance locale, de l'administration et de l'amenagement du territoire
Serv. Decon. : Services deconcentres de l'Etat
OSC : Organisations de la societe civile
SICAD : Service de l'information, de la
communication, des archives et de la documentation
SPEL : Structure de promotion de l'economie
locale
La mise en réseau ou la coopération entre les
acteurs communaux s'est révélée à nous comme
impérieuse, une condition sine qua none pour la réussite de
l'approche, eu égard aux différents problèmes
énumérés supra (confère résultats
états des lieux). Ainsi avons-nous eu recours à
différentes sortes de coopération en fonction des
nécessités :
· Co-production : lors de
l'identification et de la mise en place de la structure de pilotage
chargée de conduire le processus au niveau de chaque commune. Le Service
de l'Information, de la Communication, des Archives et de la Documentation
(SICAD), ne pouvant pas jouer ce rôle compte tenu des faiblesses
constatées, il a fallu, ensemble avec les acteurs, imaginer et mettre en
place une cellule de communication communale comprenant en son sein des
élus, le personnel communal et des personnes ressources externes, en
l'occurrence : un spécialiste en communication de masse
(généralement un journaliste ou le chef de la station de la radio
locale), un spécialiste en communication sociale (un sociologue ou un
animateur d'ONG), un représentant des services
déconcentrés de l'Etat opérant dans la commune. Je
reviendrai en détails sur cette cellule de communication, plus loin.
· Alliances
stratégiques : appui au partenariat entre mairies et
radios locales (médiation du PDDC pour aplanir les conflits latents ou
ouverts, appui à la signature de convention de partenariat fixant les
responsabilités de chaque partie).
· Coordination : à
travers, d'une part, la mise en place et l'animation par la mairie des cadres
de concertation des acteurs de développement communaux pour gérer
de façon efficace les ressources disponibles et permettre au maire de
jouer pleinement son rôle de coordonnateur du développement local,
d'autre part, les assemblées d'arrondissement, creuset permettant aux
membres du conseil communal d'expliquer aux représentants des
populations à la base les choix et orientations stratégiques du
plan de développement et du budget communal.
· Echanges de connaissances :
à travers la mise en place d'un réseau des chefs services
informations, communication, archives et documentations (C/SICAD) des treize
communes de l'Atacora -Donga. J'y reviendrai plus loin.
c) La cellule de communication communale comme
structure de pilotage du processus au niveau de chaque commune
Composition :
Elle tient compte à la fois de la faiblesse en
ressources humaines qualifiées au niveau du SICAD, des besoins en
compétences techniques de la commune pour mieux communiquer dans ses
domaines de compétences et des acteurs en présence sur le
territoire communal. Aussi, les membres de la cellule émanent-ils de
:
· Conseil communal
· Administration communale
· Société civile
· Services déconcentrés
Pour des raisons d'efficacité et de
célérité, cette cellule se veut assez légère
; donc composée d'environ sept (7) membres. Il s'agit de :
· (de préférence) un adjoint au maire
(Président);
· du secrétaire général de mairie;
· du chargé de communication de la mairie (chef du
SICAD) ou assimilée (par exemple, attaché de presse) (rapporteur)
;
· du responsable du service de la planification et du
développement de la commune ;
· du responsable ou chargé de programme de la
station radio locale (spécialiste communication de masse) ;
· un représentant des organisations de la
société civile (spécialiste en mobilisation sociale);
· un représentant des services
déconcentrés opérant dans la commune.
La cellule peut avoir recours à d'autres personnes
ressources, de façon ponctuelle et en fonction des besoins. La cellule
de communication est un cadre de réflexion et de propositions
concrètes devant permettre à la commune d'être une
organisation communicante. L'engagement et la disponibilité sont deux
des critères clés de désignation des membres de la
cellule.
Attribution :
Il s'agit essentiellement de :
· réfléchir et faire des propositions sur la
politique globale de communication de la commune;
· veiller au respect des étapes de la planification
;
· proposer un plan de communication sur la base des besoins
en communication diagnostiqués et des ambitions du conseil pour la
commune;
· défendre le plan de communication devant le
conseil communal ;
· assurer la mise en oeuvre et le suivi de toutes les
opérations, depuis la conception jusqu'à l'évaluation de
l'intervention ;
· assurer une bonne intégration des actions de
communication dans les programmes de développement de la commune.
Un arrêté communal, instituant la cellule de
communication est pris par le maire qui procède dès lors à
son installation officielle.
d) Les processus clés
Au titre des processus clés mis en place pour conduire
l'approche « appui à la communication locale » dans les
communes de l'Atacora-Donga, quatre d'entre eux me paraissent essentiels, dont
je donne la vue synoptique dans le tableau ci-dessous, page suivante ;
inspiré de la figure 40 : paysage des processus, page 177 du
Manuel Capacity WORKS de la GTZ, mais que j'ai adaptée à
ma manière.
Figure 3 : Paysage des processus
clés de l'approche « appui à la communication locale
»
Processus clés Objectif du processus Objectif
global
Processus de coopération -
Coproduction
- Alliances stratégiques - Coordination
Processus de réalisation 1
Renforcement des capacités des membres de la cellule de
communication et des autres acteurs communaux
Processus de réalisation 2
- Elaboration et mise en oeuvre des plans de communication
locale
- Evaluations et ajustements
Processus d'apprentissage - Partage de
connaissances
- Institutionnalisation de l'approche - Créativité
et innovation
Les acteurs communaux mobilisés autour du conseil
communal partagent la vision et les objectifs de développement de la
commune
Des compétences sont développées au niveau
des acteurs communaux leur permettant de conduire à terme les
différents processus de façon autonome
Les acteurs communaux tirent les enseignements de leurs
expériences et améliorent en permanence leur performance en
matière de communication locale
La cellule communale dispose d'une approche
méthodologique cohérente pour élaborer et mettre en oeuvre
efficacement les plans de communication de façon autonome
L'approche communication locale contribue à
l'institutionnalisation progressive d'une culture politique communicative et de
transparence au niveau local
Source : auteur
Je reviens sur chaque processus de façon plus
détaillée :
Processus de coopération : voir
développement fait plus haut section b) La mise en réseau des
acteurs communaux, un passage obligé ! et dans le tableau ci-dessous
relatif au renforcement des capacités.
Renforcement des capacités des membres des
cellules de communication locale et des autres acteurs
Je donne un résumé de ce processus à
travers le tableau ci-dessous page suivante, inspiré du tableau 10 :
Tableau dimensions et acteurs du renforcement des capacités,
pp58-59 du Manuel Capacity WORKS de la GTZ.
Figure 4 : Les quatre dimensions du
renforcement des capacités des acteurs de l'approche communication
locale
Les quatre dimensions du renforcement des
capacités des acteurs de l'approche communication locale
|
Dimensions du renforcement des
capacités
|
Acteurs
|
Objet
|
Développement des ressources
humaines
Finalité :
Promotion de la capacite d'apprentissage individuelle et
developpement des competences des acteurs impliques dans la communication
locale
|
? ?
? ?
|
Maires et Adjoints Membres de la cellule de communication
Journalistes des radios locales
Personnes ressources
|
Formations et appuis conseils dans les domaines :
· Communication locale et ses enjeux
· Communication interne
Techniques de moderation d'ateliers
· Formats radiop honiques et la conduite d'une strategie de
communication
· Ateliers de reflexion et de production des formats radiop
honiques
|
Développement organisationnel
|
?
|
Cellule de
|
·
|
Prise d'un arrete instituant la cellule de
|
Finalité :
Apprentissage organisationnel et
|
?
|
communication, Commune (conseil
|
·
|
communication par le maire
Ateliers d'elaboration et de mise en oeuvre de la
|
augmentation de la capacite de performance et de flexibilite de
la
|
|
communal, administration
|
|
strategie de communication et des plans annuels de communication
de la commune
|
cellule de communication et de la commune
|
|
communale, SICAD)
|
·
|
Elaboration et mise en oeuvre d'une strategie de reorganisation
des SICAD
|
|
|
|
|
Equipement des SICAD en materiel informatique, audio visuel et
de moderation, en mobiliers de bureaux, etc.
|
|
|
|
|
Ateliers internes pour ameliorer la communication interne de la
mairie
|
|
|
|
|
Appui financier pour la mise en oeuvre du plan de communication
(subventions locales)
|
|
|
|
|
Etc.
|
Coopération et développement
|
?
|
Communes
|
·
|
Mediation pour aplanir les conflits entre les
|
de réseaux
|
?
|
Radios locales
|
|
conseils communaux et les radios locales
|
Finalité :
|
?
|
Organisations de la
|
·
|
Etablissement d'un partenariat « gagnant-
|
Mettre en place et renforcer des
|
|
societe civile
|
|
gagnant » entre la commune et sa radio locale
|
cooperations entre les acteurs, structures et reseaux
impliques dans la communication locale pour
|
? ?
|
Services deconcentres de l'Etat,
Secteur prive
|
·
·
|
Organisation des cadres de concertation des acteurs de
developpement de la commune Ateliers annuels d'evaluation des experiences et
|
des echanges de connaissances, la
|
|
(operateurs
|
|
de la performance des communes en matiere de
|
coordination et la coproduction
|
|
economiques, SPEL)
|
|
communication locale
|
|
?
|
Association des communes de
|
·
|
Animation par l'ACAD du reseau des Chefs SICAD des 13 communes
de l'Atacora-Donga
|
|
|
l'Atacora-Donga (ACAD)
|
·
|
Developpement de la communication relationnelle des communes a
travers : les
|
|
?
|
Partenaires techniques et financiers
|
|
assemblees d'arrondissement, les journees du contribuable, les
journees portes ouvertes...
|
Développement systémique
|
?
|
ACAD
|
·
|
Elaboration d'un projet de « Guide
|
dans le champ politique
|
?
|
Association Nationale
|
|
d'elaboration du plan de communication locale
|
Finalité :
|
|
des Communes du
|
|
a l'usage des communes »
|
Capitalisation et montee en echelle
|
|
Benin (ANCB)
|
·
|
Diffusion de l'experience dans les communes
|
(scaling up) des experiences faites
|
?
|
Ministere de la
|
|
du Borgou (un departement limitrop he de
|
dans le domaine de la
|
|
Decentralisation, de la
|
|
l'Atacora-Donga) par effet de tiches d'huile
|
communication locale pour leur integration dans le dispositif
national d'accompagnement des communes et leur diffusion
|
|
Gouvernance Locale, de l'Administration et de l'Amenagement
du Territoire
|
·
|
Capitalisation de l'experience en cours
|
|
Source : auteur
|
Processus d'élaboration et de mise en oeuvre des
plans de communication locale
|
|
La stratégie conçue, ensemble avec les acteurs,
propose une démarche en six étapes qui permet à la commune
d'élaborer et de mettre en oeuvre de façon efficace sa
stratégie et son plan de communication. Ces étapes sont les
suivantes : (i) phase préparatoire, (ii) phase de diagnostic, (iii)
phase de formulation, (iv) phase d'appropriation, (v) phase de mise en oeuvre
et (vi) phase de suivi-évaluation.
~ phase préparatoire
Elle comprend les activités de démarrage que sont
:
· la mise en place d'une cellule de communication
· l'établissement d'un chronogramme de travail et
d'un budget
· le renforcement des capacités de la cellule de
communication en matière de planification de la communication locale
~ Phase de diagnostic
A ce niveau la cellule de communication :
· fait l'état des lieux ou l'analyse de la
situation en matière de communication locale qui débouchera sur
les problèmes ou besoins de communication auxquels la commune est
confrontée
· identifie les canaux ; les réseaux ou les
personnes à travers lesquels les messages à formuler pourront
être aisément diffusés.
· délimite les champs de communication à
prendre en compte dans l'élaboration du plan (il s'agit de voir le
dosage à opérer entre les 06 champs que sont : (1) communication
exécutive, (2) communication interne, (3) communication de service, (4)
communication civique, (5) communication relationnelle et (6) le marketing
territorial)
~ Phase de formulation
La formulation consiste à :
· définir les objectifs et les indicateurs de
communication ;
· choisir les activités de communication ;
· élaborer les messages et les supports
· élaborer le plan qui va intégrer chaque
activité de communication dans une démarche d'ensemble
cohérente.
~ Phase d'appropriation
Elle comprend la validation, l'adoption et la vulgarisation.
> Validation
Une fois le plan y compris les documents connexes
élaborés, il doit faire l'objet de validation au cours d'un
atelier. Pour ce faire, il faut :
· Distribuer l'avant-projet du plan aux services et acteurs
impliqués pour recueillir leurs amendements;
· Présenter les grandes articulations du plan au
cours de l'atelier;
· Recueillir les amendements;
· Prendre en compte les observations pertinentes.
> Adoption
Le document validé porte «projet de plan de
communication de la commune ».
Il ne sera considéré comme plan annuel de
communication que si :
· il est étudié, amendé et
adopté par le conseil communal;
· un arrêté est pris par le maire pour le
rendre exécutoire.
> Vulgarisation
Faire connaître le contenu du plan à tous les
acteurs impliqués dans le développement communal. Il s'agit de
:
· Editer et distribuer les supports du plan ;
· Organiser des rencontres d'explication ;
· Utiliser si possible des canaux pour diffuser le contenu
du plan.
~ Phase de mise en oeuvre
Il s'agit ici de toute l'organisation devant aboutir à
l'exécution des actions de communication déjà
planifiées au cours de la phase de formulation :
· L'élaboration des plans d'actions trimestriels;
· L'élaboration des supports et réalisation
des autres actions de communication
· Renforcement des capacités en vue de la mise en
oeuvre du plan.
~ Phase de suivi-évaluation
Elle comprend :
· la mise en place d'un dispositif de collecte et de
traitement des informations sur l'évaluation de la mise en oeuvre du
plan ;
· la tenue des réunions de suivi (s'assurer
de l'exécution correcte des activités planifiées, la prise
des décisions et le suivi de la mise en oeuvre de ces décisions)
;
· le point d'exécution des activités à
des échéances définies ;
· la vérification de l'atteinte des résultats
obtenus par rapport aux objectifs fixés.
· Evaluation annuelle du plan de communication et
(re)planification
Le schéma ci-dessous, page suivante, donne une vue
synoptique de tout ce processus.
Figure 5 : Schéma du cycle de
planification et de mise en oeuvre de la communication
locale
~
6
- Mise en place de la cellule de communication
- Séance d'élaboration du budget et du
chronogramme
- Renforcement des
La préparation
- Faire un point périodique
- S'assurer que les résultats permettent d'atteindre
les objectifs
- Evaluation et (re)planification
Le Suivi-évaluation
- Analyse de la situation ou état des lieux
- Problèmes de communication
- champs de communication
- Canaux de communication
Le diagnostic:
- Gestion du plan
- Recherche de financement
- Production de supports
- Renforcement des capacités de
la cellule de
communication
La mise en oeuvre
2
5
- Validation (recueil des amendements, intégration des
amendements, etc.)
- Adoption (examen par le conseil communal et prise
d'arrêté par le maire)
- Vulgarisation (diffusion à tous les niveaux)
L'appropriation
- Objectifs et activités de communication
- Indicateurs
- Messages et supports
- Plan intégrant les
activités de
La formulation
3
4
Source : Projet de Guide
d'élaboration du plan de communication à l'usage des communes
e) Apprentissage, capitalisation et
innovation
Partage de connaissance
Ce partage se fait dans un premier instant à l'occasion
des évaluations annuelles du processus ; lesquelles se font à
deux niveaux :
· Chaque commune, à travers sa cellule de
communication, évalue le processus d'élaboration et de mise en
oeuvre de son plan de communication annuel (voir étape 6 du processus).
Il s'agit pour chaque cellule d'évaluer le niveau de mise en oeuvre de
son plan, de voir de tout le processus, ce qui a marché, ce qui n'a pas
marché, en tirer les leçons pour faire les ajustements
nécessaires. Les résultats de cet exercice sont consignés
dans le rapport annuel d'activités de la cellule de communication.
· Les rencontres annuelles d'évaluation de
l'approche d'appui à la communication locale (voir principe N°7
d'appui aux communes : évaluations conjointes périodiques). Elles
regroupent chaque année les membres des cellules de communication des 13
communes et les responsables du PDDC impliqués dans le processus.
L'objectif est de faire une évaluation globale de l'approche, permettre
à chaque commune de partager ses expériences (tirées des
résultats de son évaluation annuelle) avec les autres, d'en tirer
les leçons pour mieux affiner l'approche. Ces rencontres sont aussi
l'occasion pour les cellules d'animer « la foire aux idées et aux
initiatives de communication » : exposition et échanges autour des
produits de communication (Bulletins, dépliants, guide de l'usager,
photos, émissions radio, etc.)
La deuxième occasion de partage de connaissance se
fait à travers les rencontres du réseau des chefs service
information, communication, archives et documentation (C/SICAD) des treize
communes des départements de l'Atacora et de la Donga. Ces rencontres
trimestrielles sont le lieu d'échanges et d'enrichissement mutuel sur la
fonction information et communication au sein de l'administration communale,
les difficultés, les succès, les meilleures pratiques, les «
tuyaux » dans le domaine de la communication locale. Il s'agit en
définitive d'une communauté de pratique en gestation dans le
domaine de la communication locale. Mais cette activité dépassant
la capacité et le champ d'action d'une seule commune, il faut
l'entrevoir à travers l'intercommunalité, d'où
l'idée de faire piloter la gestion et l'animation de ce réseau
par l'Association des Communes de l'Atacora et de la Donga (ACAD)
Innovation
Dans le but de créer une saine émulation au
sein des communes et surtout de booster la créativité et
l'innovation dans le domaine de la communication, le PDDC a institué un
prix pour récompenser les meilleures performances en communication
locale. Ces prix sont décernés à la fois aux communes
lauréates (sous la forme de bonus de subvention locale pour financer des
activités de communication supplémentaires) et aux membres de la
cellule de communication desdites communes (sous la forme de lots en nature).
Quatre principaux critères sont définis (voir exemple type en
annexe 2) :
· Cohérence du plan de communication:
élaboration du plan, articulation et cohérence entre les
différentes parties; lisibilité du plan ;
· Actions innovantes contenues dans le plan:
originalité; durabilité;
· Capacité de gestion de la cellule : respect des
délais (justificatifs, rapports); fonctionnement de la cellule
(réunions par trimestre, etc.);
· Efficacité/efficience: Taux d'exécution du
plan de communication
Institutionnalisation et capitalisation
Si la mise en place des cellules de communication a
été un palliatif assez original et, a posteriori, assez efficace
pour gérer la communication locale, il n'en demeure pas moins que
l'institutionnalisation de la fonction information et communication au sein de
l'administration communale passe par le Service Information et Communication
des mairies (SICAD), structures pérennes de l'administration communale.
Mais vu les difficultés auxquelles sont confrontés ces services
dans l'ensemble des treize communes, les acteurs de la communication locale ont
élaboré une stratégie spécifique portant
réorganisation des SICAD. Ladite stratégie est sous-tendue par
cette vision définie par les acteurs au cours de l'atelier
d'élaboration de la stratégie : « D'ici à 2013, le
service de l'information de la communication des archives et de la
documentation (SICAD) est un service dynamique, moderne et performant disposant
des ressources adéquates pour la promotion du développement local
».
De même, dans le souci de capitaliser les
expériences faites dans la mise en oeuvre de l'approche d'appui à
la communication locale, un Projet de guide d'élaboration du plan de
communication locale à l'usage des communes a été
élaboré et testé avec succès.
B. Limites et défis de l'approche
Les limites sont relatives aux faiblesses de l'approche qu'il
convient de corriger afin de la consolider davantage. C'est pourquoi, je les
perçois plutôt sous l'angle de défis à relever. Ces
défis peuvent se résumer en termes de renforcement de
l'appropriation de l'approche par les acteurs autant aux plans local que
national. Ils sont de trois ordres :
a) Améliorer l'apprentissage organisationnel de
la commune et des réseaux en matière de communication locale,
à travers :
· La promotion et la gestion d'une communauté de
pratique interne qui permettra à chaque commune d'apprendre de ses
propres expériences ; renforçant ainsi sa capacité
d'apprentissage interne dans le domaine de la communication locale.
· L'innovation et la créativité constante
dans le domaine en vue d'atteindre les objectifs communicationnels avec plus
d'efficacité et d'impacts. C'est pour susciter et soutenir cette
dynamique que le PDDC a institué les prix récompensant les
actions/initiatives innovantes de communication. Mais à terme il faudra
que cet esprit d'émulation, de dépassement de soi dans le domaine
de la communication devienne un objectif de la commune elle-même ; en
l'absence de tout prix en jeu : la communication au service du
développement doit innover sans cesse pour être plus efficace !
· La promotion d'une communauté de pratique
externe qui se fait encore timidement à travers le réseau des
C/SICAD. Il faudra en améliorer le fonctionnement, accroître sa
valeur ajoutée pour ses membres participants et leurs communes de
provenance, à travers la pertinence des thèmes d'échanges,
l'efficacité des débats, la diffusion des résultats des
rencontres.
b) Parachever le processus d'institutionnalisation de
la communication locale au sein de la commune ; à travers la
finalisation et l'accompagnement des communes dans la mise en oeuvre de la
« Stratégie de réorganisation des SICAD ». Cela passe
par
la construction des locaux adéquats et accessibles aux
usagers (dans les communes oüil n'en existe pas encore) pour
abriter le service ; l'équipement du service en matériel
et en mobilier nécessaires, le recrutement d'agents
qualifiés pour animer le service ; le renforcement des capacités
desdits agents afin de leur permettre de disposer des compétences
nécessaires pour jouer pleinement leur partition.
c) Investir davantage dans le
cadre nécessaires à la promotion
communicative » et de transparence passe par :
· La finalisation du projet de «
l'usage des communes
· L'élaboration d'une charte des communicants locaux
l'exercice de la communication locale
... et leur diffusion à l'échelle nationale par le
Ministère de la Décentralisation (MDGLAAT) et l'Association
Nationale de
C'est à ces conditions (lorsque ces défis seront
relevés) que le papillon de l'approche communication locale
(inspiré du papillon
WORKS de la GTZ, P60) pourra vé
butiner et féconder les fleurs du développement
local
Figure 6 : Le papillon de l'approche
communication locale
Source : auteur
C. Lien entre l'approche d'appui à la
communication locale, la théorie de
l'amélioration continue et
le concept du New Public Management
a) Approche communication locale et théorie de
l'amélioration continue de Deming J'utiliserai un tableau
comparatif pour permettre une visualisation comparative facile des
étapes de la roue PDCA-S avec l'approche communication locale et un de
ses processus clés.
Figure 7 : Tableau comparatif entre
l'approche communication locale et la « roue PDCA-S » de
Deming
Etapes du cycle PDCA-S de DEMING
|
Etapes et éléments de l'approche
communication locale correspondants
|
|
Processus d'élaboration et de mise en oeuvre des
plans de communication
|
Plan : préparer
|
· Etat des lieux
~ Elaboration de la stratégie et des
principes d'appui
~ Mise en place de la structure de
pilotage
|
Phase préparatoire
|
et planifier l'action ;
|
|
Mise en oeuvre des processus clés (coopération,
réalisation : renforcement des capacités, élaboration et
mise en oeuvre des plans)
|
Phases de diagnostic, de formulation, d'appropriation, de mise
en oeuvre
|
et réaliser l'action ;
|
|
Evaluation annuelle et ajustement de l'approche avec les
cellules de communication des 13 communes
|
Phase de suivi-évaluation.
|
comprendre les résultats ;
|
|
Apprentissage, capitalisation et innovation
|
Atelier annuel d'évaluation du
processus d'élaboration et de mise en oeuvre du plan
de communication et de (re)planification (inclus dans la phase
suivi-évaluation)
|
améliorer les actions futures ;
|
|
· Institutionnalisation et appropriation de l'approche par
les acteurs communaux
· Elaboration d'un Projet de guide d'élaboration du
plan de communication à l'usage des communes
· Développement systémique du champ
d'action politique
|
Conceptualisation du schéma du cycle de planification
et de mise en oeuvre de la communication locale qui a fourni les
éléments essentiels à l'élaboration du projet de
guide d'élaboration des plans de communication
|
standardiser
|
|
Source : auteur
En choisissant de comparer simultanément la «
roue PDCA-S » de Deming avec l'approche « appui à la
communication locale » et un de ces processus clés, en occurrence,
le processus de réalisation N°2 : « élaboration et de
mise en oeuvre des plans de communication » (j'aurais pu choisir un autre
des quatre processus clés), j'ai voulu démontrer que non
seulement
l'approche globale répondait parfaitement aux
différentes étapes du cycle de l'amélioration continue,
mais qu'en plus chaque processus clé de l'approche respecte les
mêmes exigences ; suivant le principe de Matriochka : le principe des
poupées russes. L'approche s'inscrit donc dans la logique d'un
modèle organisationnel de la qualité.
b) Approche communication locale et le concept de
New Public Management
La comparaison de l'approche « appui à la
communication locale » se fera à travers deux aspects clés
du concept : (i) les principes du New Public Management, (ii) les
modalités du New Public Management. Le tableau ci-dessous en
donne un aperçu.
Figure 8 : Tableau comparatif entre
l'approche communication locale et le concept du New Public
Management
Aspects du New Public Management
|
Similitudes avec les éléments de
l'approche communication locale
|
Limites de l'approche communication locale par rapport
au concept
|
Principes du New Public Management
|
Le principe de stewardship : le
« manager public doit se considérer comme
étant « au service de ... » dans les mêmes
catégories que celles des managers
privés
|
En respectant les exigences du modèle de
l'amélioration continue de Deming, l'approche « appui à la
communication locale » s'inscrit dans la perspective d'un modèle
organisationnel de qualité, dont le
« stewardship » est un des principes
clés.
De plus, les différentes actions menées dans le
champ de la communication de service :
dépliant, guide des usagers de l'administration
communales,
tableau d'orientation des usagers, journées portes
ouvertes, boîtes à suggestion, etc. visent à promouvoir ce
principe de « stewardship ».
|
|
Le principe de transparence, qui
concerne aussi bien le contrôle externe des citoyens que
le contrôle interne de l'activité
|
La transparence à tous les niveaux est une des valeurs
cardinales promue par l'approche « appui à la communication locale
»
|
|
Le principe d'accountability (responsabilité)
où il s'agit de rendre compte de façon croissante
|
La reddition des comptes des élus locaux à leurs
mandants est une autre valeur cardinale promue par l'approche « appui
à la communication locale »
|
|
Modalités du New Public
Management
|
La planification Tout le processus d'élaboration et
L'approche ne va pas jusqu'à la
|
|
Aspects du New Public Management
|
Similitudes avec les éléments de
l'approche communication locale
|
Limites de l'approche communication locale par rapport
au concept
|
stratégique : définition d'un objectif mesurable
et du résultat attendu (qualité de service à rendre),
pertinents, cohérents par rapport à la mission et à la
vocation du service public
concerné
|
de mise en oeuvre des plans de communication s'articule autour
de ces aspects clés de la planification stratégique
|
définition d'indicateurs sur la qualité des
services à rendre par les différents services de l'administration
communale aux usagers, elle se limite à la
définition des indicateurs d'effets des actions de
communication
|
Le management participatif
|
Tous les mécanismes de coopération
développés dans le cadre de l'approche (coproduction, alliances
stratégiques, coordination, partage de connaissances) visent à
promouvoir le management participatif à toutes les étapes de mise
en oeuvre des processus clés
|
|
Le management de la qualité : évaluation de la
satisfaction des citoyens ; identification des effets pervers
|
Evaluation à travers les sondages et
l'autoévaluation de la gouvernance locale ; les émissions
interactives (« ça va, ça ne va pas ! », « journal
des auditeurs », « Tribune
citoyenne », etc.)
|
Bien que mettant l'accent sur l'amélioration de la
qualité des services aux usagers, l'approche ne va pas jusqu'à
instituer l'individualisation des rémunérations à travers
des contrats d'objectif (avancement au mérite) et l'appréciation
du personnel communal sur la base d'entretiens annuels d'évaluation
|
L'introduction des Technologies de l'Information et de la
Communication (TIC)
|
· Equipement des SICAD en matériel
informatique
· Ouverture par les communes de boîte
électronique et de site web
· Informatisation de certaines prestations communales
|
L'introduction des TIC dans les communes est limitée par
deux facteurs : la disponibilité du courant électrique et la
qualification du personnel communal
|
Le contrôle de gestion : Cohérence des moyens
engagés (efficacité de gestion ou d'efficience ; primauté
des aspects financiers)
|
Les actions menées dans les domaines de la communication
interne (réorganisation des services, mise en place de nouveaux services
et de nouveaux organigrammes, mécanismes de coordination des services et
de circulation de l'information, etc.) et la communication de service
(émissions radios sur les différents services de la
mairie, journées portes ouvertes, guides et panneaux d'orientation des
usagers, etc.) tendent à assurer une efficacité de
l'administration communale. La preuve de cette efficacité se lit
à travers les résultats (en nette amélioration) du sondage
sur le
|
Si l'approche communication locale cherche à introduire
une certaine efficacité dans la gestion communale, elle ne va pas
jusqu'à instituer le contrôle de gestion en terme d'analyse de
« coûtsperformances » des activités avec une
primauté accordée aux aspects financiers. L'approche reste
résolument fidèle et arrimée à la vocation de
service public de l'administration communale, et au principe de «
fiabilité » qui en est le corollaire.
|
|
Aspects du New Public Management
|
Similitudes avec les éléments de
l'approche communication locale
|
Limites de l'approche communication locale par rapport
au concept
|
|
degré de satisfaction des
populations par rapport aux prestations communales et ceux de
l'autoévaluation de la gouvernance locale, dans le domaine 4 :
|
|
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prestations de l'administration commune
|
|
Coordination entre les
|
C'est un des objectifs de la
|
|
différents services
|
communication interne, un des six champs de l'approche «
appui à la communication locale »
|
|
|
Source : auteur
Il ressort de ce tableau que l'approche « appui à
la communication locale » tout en empruntant au New Public
Management certaines de ses caractéristiques essentielles dans le
but d'induire une certaine efficacité dans la gestion communale, n'en
garde toutefois pas la rigueur méthodologique, méthodique et
téléologique. Elle n'a ni la vocation, encore moins l'ambition de
franchir le Rubicon de l'efficience et de la primauté des aspects
financiers sur le service public. Elle reste attachée à la
logique de continuité et de fiabilité, inhérente à
l'institution communale.
D. L'approche communication locale, une «
désinstitutionalisation » de l'institution communale et une «
institutionnalisation » de l'organisation communale
L'approche « appui à la communication locale
» de part ses fortes accointances avec la roue PDCA-S de
l'amélioration continue de Deming et dans une certaine mesure avec le
New Public Management, introduit dans l'institution communale une
logique managériale applicable aux catégories de l'entreprise
dans le but d'y induire une efficacité et une « certaine efficience
» dans le fonctionnement.
Cette intrusion de la logique managériale dans la
gestion communale peut trouver son fondement dans le changement de paradigme
qui s'opère lors du passage de la centralisation à la
décentralisation. Sur le plan managérial, cela se traduirait par
le passage d'une « administration de commandement » (inhérente
à la centralisation) à une « administration de
développement » (finalité de la décentralisation).
Cependant, cette mutation managériale qui, selon les discours presque
incantatoires des élus locaux, est sensée s'opérer
automatiquement juste du simple fait de l'avènement de la
décentralisation, ne sera vraiment effective que si à l'inertie
institutionnelle (caractéristique de l'administration de commandement)
se substitue
un volontarisme managérial (corollaire d'une
administration qui se veut véritablement de « développement
»). C'est cette mutation managériale que tente d'opérer
l'approche communication locale au sein de l'administration communale par
l'introduction de nouvelles méthodes et outils de management visant
à en améliorer la performance. La conséquence en est une
montée en puissance de l'organisation communale, via l'administration
communale (au nom de l'efficacité), au détriment de l'institution
communale. Il y a comme une sorte de phagocytose de l'institution communale par
l'organisation communale. De facto, l'institution communale perd certains de
ses attributs aussi bien juridiques que politiques et symboliques. C'est ce
processus que le professeur PESQUEUX a qualifié de «
désinstitutionnalisation de l'institution » au regard d'une «
institutionnalisation de l'organisation »22
Conclusion partielle
L'approche appui à la communication locale en
démontrant sa capacité à répondre parfaitement aux
exigences de la roue PDCA-S de l'amélioration continue de Deming, aux
principes fondateurs et à certaines modalités du New Public
Management, se positionne clairement comme un modèle organisationnel de
la qualité. Elle vise à développer la performance
générale de l'institution communale et à promouvoir la
figure du maire comme « entrepreneur politique ou institutionnel
».
Au nom de l'institutionnalisation d'une « administration
de développement », elle marque l'intrusion d'un volontarisme
managérial dans la gestion communale visant à en
améliorer, de façon continue, la performance ; et par
conséquent, la qualité du service offert au citoyen. Mais cette
logique managériale du point de vue de l'approche communication locale
se veut un « managérialisme modéré » dans la
gestion communale, lequel reste attaché aux valeurs traditionnelles du
service public (continuité, égalité, mutabilité) et
prône la primauté de l' « efficacité »/ «
fiabilité » sur l' « efficience ».
Vu sous cet angle, je pourrai conclure que, l'intrusion du
« managérialisme » dans la gestion communale, vue au travers
de l'approche communication locale, serait, en définitive, une intrusion
« salvatrice » qui met les jeunes institutions communales
béninoises (les communes béninoises ont à peine 8 ans
d'existence en 2010 !) à l'abri d'une «
désinstitutionnalisation dubétienne » (au sens de prise de
distance des individus par rapport aux institutions) précoce et
assurément fatale ! Cette forme de «
désinstitutionnalisation » pourrait survenir si la jeune
22 PESQUEUX (Yvon), avril 2007, Gouvernance et
privatisation, PUF, Paris, Collection La politique éclatée,
P95
institution communale se montre incapable de satisfaire les
attentes légitimes des populations en termes d'amélioration de
l'accès aux services de base de qualité, de satisfaction de leurs
besoins fondamentaux et d'amélioration de leur bien-être
socioéconomique et sanitaire, attentes suscitées par
l'avènement de la décentralisation au Bénin, après
le constat d'échec patent de l'Etat central sur ce terrain-là.
Ce défi majeur lancé aux jeunes institutions
communales béninoises ne peut être véritablement
relevé qu'à travers une amélioration de la gouvernance au
niveau local, notamment à travers la mise en oeuvre d'une bonne
gouvernance locale.
Ce sera l'objet de la troisième partie de ce
mémoire. A l'aide de données et exemples précis (provenant
de différentes sources : rapports d'études, rapports
d'auto-évaluation, rapports d'activités, résultats de
questionnaire et d'interviews, observations directes...), je démontrerai
le lien entre communication locale et bonne gouvernance et surtout l'impact de
la communication locale dans l'amélioration des différentes
formes de gouvernance locale.
III- Communication locale : un outil
d'amélioration de la gouvernance locale
A. Liens entre les champs de la communication locale et
les principes clés de la bonne gouvernance locale
Avant de questionner la pratique communale de la
communication locale au regard des principes clés de la bonne
gouvernance, il nous a paru opportun de voir, tout d'abord, ce qu'en pensent
les acteurs eux-mêmes (les membres de cellules de communication et les
maires) ; autrement dit leur perception du lien possible entre communication
locale et bonne gouvernance. J'utiliserai pour ce faire les résultats du
questionnaire que je leur ai adressé. A la question « Pensez-vous
qu'il y a un lien entre communication locale et bonne gouvernance ? Si oui,
comment ? (illustrez vos propos, si possible, par des exemples précis)
»
· 100% des cellules de communication qui ont
répondu, soit 10/10, sont convaincues du lien « très
étroit » entre communication locale et bonne gouvernance
Comment ? Ils justifient leurs réponses par les raisons
suivantes, entre autres :
· La communication locale est un catalyseur à
l'exercice du contrôle citoyen de l'action publique
· La communication permanente conduit à une gestion
transparente
· En créant des occasions ou opportunités
d'échanges entre élus locaux et populations, la communication
locale permet aux premiers de prendre en compte les aspirations des seconds et
de revenir leur rendre compte de leur gestion.
En guise d'illustrations, ils donnent les exemples suivants :
· Exemple 1 : séances d'information des populations
sur les prévisions du budget et les réalisations du conseil
communal ;
· Exemple 2 : avant de construire un puits, un centre de
santé ou un WC public, les élus
locaux écoutent les groupes cibles pour savoir si ce
sont réellement leurs besoins et oüils veulent que
soient implantées ces infrastructures. Sinon, si ces infrastructures
sont
construites sans communication avec les
intéressés, elles risquent de ne pas être utilisées
ou d'être sous-utilisées.
· Exemple 3 : l'implication des différentes
associations de base et des membres de la société civile en
général dans la définition des politiques et la mise en
oeuvre des actions de développement de la commune.
· Exemple 4 : quand la cellule de communication invite
les agents du service financier de la mairie à dire aux populations les
différentes étapes de l'élaboration du budget, de son vote
et de son exécution, cela participe à la bonne gouvernance
Les exemples ci-dessus donnent un avant goût de la
pratique communale dans le domaine de la communication locale au niveau des
départements de l'Atacora et de la Donga. Sur la base des rapports
d'activités annuels des cellules de communication et des observations
directes sur le terrain, j'ai réuni par champ de communication quelques
actions clés et fait le lien avec le ou les principes clés de
bonne gouvernance locale sur lesquels elles ont un impact. C'est l'objet du
tableau ci-dessous.
Figure 9 : Tableau comparatif des
champs et activités de la communication locale avec les principes
clés de bonne gouvernance locale
Champs de communication
|
Eléments d'illustration des pratiques
communales (sur la base d'observations directes et des rapports
d'activités des cellules de communication)
|
Principes de bonne gouvernance
impactés
|
Communication exécutive
|
Activités du conseil communal
|
|
|
|
Publication/affichage délibérations du conseil
communal; informations diverses dans les bulletins communaux
|
-* transparence
|
|
Conformité des décisions du conseil communal aux
textes en vigueur (autoévaluation gouvernance locale
|
-*primauté du droit
|
|
2010)
|
|
|
Activités du Maire
|
|
|
Respect des procédures dans les recrutements et la
passation des marchés (autoévaluation gouvernance locale 2010)
|
-* transparence
|
|
Animation des émissions interactives« la mairie
à
|
-* participation
|
|
l'écoute du citoyen; reportages sur les activités
du
maire ; séances d'écoute du citoyen et
boîtes à suggestion dans les arrondissements ;
|
citoyenne
|
|
Communication financière : vulgarisation du budget
communal, des réalisations et leurs coûts;
|
-* transparence, obligation de rendre compte aux citoyens
|
|
Planification locale : élaboration et mise en oeuvre
|
-* participation
|
|
stratégie de communication en vue participation des
populations à l'élaboration PDC et SDAC
|
citoyenne
|
|
Champs de communication
|
Eléments d'illustration des pratiques
communales (sur la base d'observations directes et des rapports
d'activités des cellules de communication)
|
Principes de bonne gouvernance
impactés
|
|
|
|
Communication interne
|
Formations internes : déontologie administrative,
élaboration et suivi des cahiers de
charge, organigramme, circuits de courrier interne
|
-* « efficience » et efficacité de
l'administration locale
|
Communication de service
|
Emissions sur les différents services de la mairie, les
coûts et délais de fourniture de leurs prestations
Réalisation des panneaux d'orientation des usagers,
dépliants et guides d'usagers sur les services de la mairie,
journées portes ouvertes sur les services de la mairie
|
-* transparence
-* « efficience » et efficacité de
l'administration locale
|
Communication civique
|
Droits et devoirs des citoyens : journée du
contribuable, sensibilisation sur les taxes et
leur utilisation
Santé, éducation, environnement : campagnes
d'information, sensibilisations, émissions radio
|
-* participation citoyenne, primauté du droit
|
Communication relationnelle
|
Cadres de concertation des acteurs communaux Le maire en
tournée dans les arrondissements et quartiers de villes
|
-* participation citoyenne
|
Marketing territorial
|
Mobilisation des ressources pour le financement des actions de
développement
Mobilisation des citoyens autour de l'image de leur commune
|
-* participation citoyenne
|
|
Source : auteur
A la lecture de ce tableau, il est aisé de remarquer
que des six principes de bonne gouvernance contenus dans la définition
de Modibo SIDIBE (participation, transparence, responsabilisation,
primauté du droit, efficacité et équité) et que
j'ai choisis de tester dans le cadre de ce mémoire, le principe de
l'équité/genre, n'apparaît clairement nulle part dans la
pratique communale de la communication locale des conseils communaux de la
2ème mandature des communes des départements de l'Atacora et de
la Donga. Ce constat se trouve confirmé dans le Rapport 2010 de
l'auto-évaluation de la gouvernance locale. La plupart des communes des
deux départements se sont illustrées, contrairement à
2007, par une contre performance dans le domaine III : information,
participation et genre (voir graphique cidessous). Cela s'expliquerait, entre
autres, par :
· la faible ou la non implication des organisations
et associations féminines dans le cadre des activités des
commissions techniques et des activités de développement de la
commune, en général ;
· l'inexistence, dans de nombreuses communes,
d'actions spécifiques en faveur des femmes ;
Figure 10 : Evolution des scores des
communes de l'Atacora-Donga de 2007 à 2009 dans le domaine III:
information, participation et genre (autoévaluation gouvernance
locale)
0,5
2,5
1,5
0
3
2
1
Evolution des scores des communes de l'Atacora-Donga
de 2007 à 2009 dans le domaine
III: information , participation et
genre (autoévaluation gouvernance locale)
2007
2009
Source : auteur
Le Rapport 2007 de l'auto-évaluation de la gouvernance
locale au Bénin qui prenait en compte le bilan en fin de mandat des tout
premiers conseils communaux de l'ère de la décentralisation au
Bénin avait salué la très bonne performance des communes
des départements de l'Atacora et de la Donga dans le domaine III et
l'expliquait, entre autres par : « ...la formation et l'accompagnement des
Responsables des Services de la Planification et du Développement Local
des communes de l'Atacora sur les outils genre et développement et leur
intégration dans la planification communale, [qui] ont contribué
à améliorer leurs performances communales [dans le domaine III].
Ainsi les femmes ont pu pleinement participer aux processus de prise de
décisions et ont inscrit dans le plan d'actions communales des actions
concrètes financées par le budget communal : « appui
financier aux jeunes filles du lycée à Natitingou, l'octroi de
parcelles aux groupements de femmes, le contrat avec une ONG de lutte contre
l'excision, le don de matériel à certains groupements, etc.
»23
Nonobstant cette bonne performance générale, le
Rapport 2007 mettait déjà en garde les acteurs communaux des deux
départements : « s'il est vrai que les acteurs communaux de
l'Atacora sont suffisamment sensibilisés et outillés en
matière de genre et développement, il
23 ANCB, décembre 2007,
Auto-évaluation de la gouvernance locale au Bénin (Rapport
général), JC Press Inter, Cotonou, P68
demeure que de gros efforts doivent être consentis pour
une meilleure implication des femmes dans les activités communales
(indicateur 3.3) et pour une multiplication des actions spécifiques en
faveur des femmes (3.4), surtout dans les communes de Matéri,
Toucountouna et Kérou »24
Le constat qui se dégage est que les conseils
communaux de la 2ème mandature n'ont visiblement pas tenu
compte de cette mise en garde et ont eu une pratique communicationnelle locale
qui n'a pas été « genre sensible » ! La leçon
qu'il convient d'en tirer est que la communication locale au service de la
démocratie à la base et du développement local durable, se
doit d'être suffisamment attentive aux aspects genre et
équité, pour ne pas laisser sur le quai de la
décentralisation une frange importante de la population béninoise
; les femmes (qui représentent 50,43% de la population des deux
départements, selon le RGP de 2002). Nous reviendrons, une fois encore,
plus loin, sur les conséquences de cette « lacune »
communicationnelle dans la section C : « impacts de la communication
locale sur la connaissance et la perception par les populations des prestations
communales ».
B. Impacts de la mise en oeuvre de la communication
locale sur le comportement des communicants locaux (élus locaux et
personnel communal)
L'analyse de ces impacts se fera sous le prisme des
différentes sortes de gouvernance au niveau local et à travers
les résultats du questionnaire adressé aux cellules de
communication. La question assez ouverte, était ainsi formulée :
« Pensez-vous que l'élaboration et la mise en oeuvre des plans de
communication locale a eu des impacts sur vous membres de la cellule de
communication, sur le maire et ses adjoints (voir les autres élus
locaux), sur le personnel de la mairie ? Si oui, lesquels ? (illustrez vos
propos, si possible, par des exemples précis) ».
Au niveau de la gouvernance
politique
Prise de conscience par les gouvernants et communicants locaux
de l'importance de la communication locale dans la mise en oeuvre de l'action
communale :
· Prise de conscience par le maire, ses adjoints et
les membres de la cellule de communication de l'importance de la communication
locale, notamment par rapport aux actions menées par la commune
24 ANCB, Op. Cit., P69
· Prise de conscience que la cellule de communication
est au coeur du développement local et de son rôle de
médiateur entre élus et populations
· Les élus savent qu'ils sont suivis et doivent
rendre compte de leur gestion
· L'élaboration et la mise en oeuvre du plan de
communication ont développé chez le Maire et les autres acteurs
de l'administration communale, le réflexe de communiquer. L'instauration
d'un climat de confiance entre les élus locaux et les populations :
· Parce que les citoyens sont mieux informés,
cela crée un climat de confiance entre le maire et les populations : par
exemple, l'organisation de la journée du contribuable qui fait
comprendre que l'argent de la commune est géré par un comptable
nommé par l'Etat et non directement par le Maire ; dans ce cas le Maire
se sent plus à l'aise en demandant de payer les taxes.
Au niveau de la gouvernance
administrative
Amélioration de la communication interne et des relations
de travail entre élus et personnel communal :
· Consolidation des relations personnelles et de travail
entre le personnel, les élus, le maire et les adjoints
· Personnel communal mieux informé sur les projets
communaux ainsi que les activités et les décisions du conseil
communal
· Le personnel de la mairie connaissant mieux sa mission
travaille maintenant dans
l'optique d'une administration de développement et est
plus disposé à rendre compte. Amélioration de
l'efficacité de l'administration communale par l'introduction de
nouvelles méthodes de travail et de nouvelles routines
organisationnelles :
· L'administration communale est mieux organisée
pour faire de la mairie une entreprise de développement par un
changement de méthode de travail
· Les réunions hebdomadaires du personnel avec le
Secrétaire Général et/ou le maire sont devenues une
habitude
· Les comptes rendus des missions et des formations
auxquelles les agents communaux ont pris part sont devenus une habitude
· Mise sur pied d'un cadre d'échanges entre le maire
et le personnel communal qui se tient tous les deux mois.
· Au niveau du personnel on note que la mise en
oeuvre des activités du champ de la communication interne, induit une
amélioration du fonctionnement des services de la mairie et de l'accueil
des usagers
Création de nouvelles compétences :
· Les membres de la cellule de communication ont
accumulé des compétences dans le domaine de la communication
locale
Affinement des outils et supports de communication :
· Grâce à cette mise en oeuvre, les techniques
et les outils de communication se sont améliorés.
Au niveau de la gouvernance
économique
Les acteurs communaux sont unanimes pour reconnaître
qu'un des impacts visibles de la communication locale se traduit dans la
gouvernance économique, notamment à travers l'amélioration
sensible des recettes communales, du fait du recul de l'incivisme fiscal (voir
réponses et exemples suite à la question sur les impacts de la
communication locale au niveau des population ; section C : « impacts de
la communication locale sur la connaissance et la perception par les
populations des prestations communales » ).
|
Au niveau de la gouvernance financière et
budgétaire
|
|
Ce qui se dégage sous cette forme de gouvernance, est
l'aptitude et l'aisance développées par les élus locaux et
le personnel du service financier de mairie à communiquer aux
populations tous les mécanismes liés à
l'élaboration et à l'exécution du budget (voir exemples 1
et 4 de la section A : « liens entre les champs de la communication locale
et principes de bonne gouvernance »). Ceci n'était pas
évident au démarrage de l'approche communication locale :
c'était presque un scandale que de demander aux maires de
développer une communication financière en direction des
populations ! Et c'est à juste titre qu'aujourd'hui le chef service
affaires générales de la mairie de Bassila peut affirmer, sans
ambages : « Le budget n'est plus un tabou ! »25
25 Déclaration faite lors des entretiens que
des journalistes-communicateurs ont réalisés avec les acteurs
communaux dans le cadre de la capitalisation des expériences
réussies du PDDC, courant première quinzaine de juin 2010.
C. Impacts de la communication locale sur les
populations
J'analyserai les impacts de la communication locale sur les
populations sous trois différents angles : (i) les résultats du
questionnaire et des entretiens des journalistes-communicateurs avec les
acteurs sur le terrain ; (ii) les résultats du sondage sur la
connaissance et la satisfaction des populations par rapport aux prestations
communales ; (iii) les résultats de l'autoévaluation de la
gouvernance locale. Comme à la section précédente, les
différentes formes de gouvernance locale me serviront de balises.
|
Au niveau de la gouvernance
économique
|
|
Le recul de l'incivisme fiscal avec l'amélioration des
recettes propres de la commune qui en est le corollaire et le changement
qualitatif d'attitude des opérateurs économiques du secteur
informel, sont les impacts unanimement cités par toutes les dix cellules
de communication. A titre d'illustration, les exemples suivants ont
été donnés :
· Exemple 1 : Les populations ont compris la
nécessité du paiement des taxes dans le contexte de la
décentralisation ; ce sont elles-mêmes qui proposent des
stratégies de recouvrement au conseil communal,
· Exemple 2 : Le recouvrement des droits de place sur le
marché est devenu plus aisé
· Exemple 3 : La décision de certains
opérateurs économiques à prendre volontairement leurs
registres de commerce et à payer leurs impôts et taxes
après des émissions radiophoniques
Ce constat des communicants locaux est bien conforté
par Richard HOUESSOU (juin 2010) dans son article scientifique intitulé
: « décentralisation, confiance interpersonnelle et civisme fiscal
au Bénin ».26Partant des résultats des travaux de
Tabellini (2008), Knack et Keefer (1997), Fafchamps (2006), Roubaud et
al.(2008), qui ressortent le lien entre la confiance aux institutions et le
développement économique, ainsi que ceux de ses propres travaux,
l'auteur de l'article a fait observer que « la gouvernance publique, la
confiance aux institutions, affectent la mobilisation fiscale ». Il a
conclu son article sur le fait que les résultats de ses travaux «
permettent de dire que la confiance interpersonnelle, la participation
26 HOUESSOU (Richard), (30 juin 2010), «
décentralisation, confiance interpersonnelle et civisme fiscal au
Bénin », Institute for Empirical Research in Political Economy
(IERPE),
http://www.ireep.org, 23P
communautaire, la présence d'infrastructures
(accessibilité) favorisent la paye des patentes aux autorités
locales ».
Au niveau de la gouvernance financière et
budgétaire
Même si elle n'apparaît pas très
explicitement dans les réponses à la question sur les impacts, il
n'en demeure pas moins qu'elle est sous-entendue. C'est en fait elle qui a
conditionné les succès apparents obtenus au niveau de la
gouvernance économique. Si les populations et les opérateurs
économiques ne sont pas bien informés et convaincus de la
politique budgétaire de la commune, ils restent assez réticents
dans le paiement des impôts et taxes. Dans les réponses à
la question sur le lien entre communication locale et bonne gouvernance, cet
aspect fondamental est ressorti, de même que la relation de confiance qui
se crée entre l'institution communale et le contribuable : « Quand
l'administration s'explique sur les rubriques du budget et revient
également s'expliquer sur comment les ressources ont servi à
faire des réalisations, le citoyen est mis en confiance et prêt
à participer au développement »27, conclut Bio
Orou Nikki, directeur de la radio locale de la commune de Péhunco.
Au niveau de la gouvernance
politique
Les acteurs locaux estiment que la communication locale a
surtout permis d'élever de niveau civique et de conscience citoyenne des
populations :
· Participation des populations aux sessions du conseil
communal
· Forte mobilisation des populations autour des projets de
développement
· Prise de conscience par les populations de leur statut de
citoyens et de leurs obligations en tant que tels
· La possibilité des citoyens de s'exprimer sur
des sujets qui engagent le développement de la commune par des canaux
existants (radios, journaux, boîtes à suggestion,
correspondances...)
· Amélioration du niveau de connaissance des
populations sur les compétences de la commune et le rôle du
citoyen dans la promotion du développement local Quelques exemples ont
été donnés en appoint :
· Exemple2 : constitution spontanée de groupes
organisés pour conduire les campagnes de salubrité, pour
faciliter la mobilisation des contreparties des populations en vue de la
réalisation de projets communaux ou communautaires.
· Exemple3 : l'inscription massive sur les fiches de
naissances dans les maternités et le retrait des actes de naissance
à la mairie et dans les arrondissements
· Exemple4 : l'accroissement du taux de
fréquentation des centres de santé
27 Déclaration faite lors des entretiens que
des journalistes-communicateurs ont réalisés avec les acteurs
communaux dans le cadre de la capitalisation des expériences
réussies du PDDC, courant première quinzaine de juin 2010.
· Exemple 5 : engouement dans la participation des
populations aux émissions radiophoniques interactives, ce qui
n'était pas le cas par le passé
L'autre impact mis en exergue par les communicants locaux
dans ce champ de gouvernance est la prise de conscience des élus locaux
de l'obligation inévitable de reddition de compte :
· L'obligation des élus de rendre compte aux
citoyens
|
Au niveau de la gouvernance
administrative
|
|
La seule réponse qui a été donnée
sur cette forme de gouvernance est l'amélioration des prestations de
l'administration communale à l'endroit des populations. Unique, la
réponse n'en est pas moins représentative. En effet, l'impact de
la communication locale sur la gouvernance administrative apparaît plus
clairement à travers les résultats des sondages (2007 et 2009)
relatifs au niveau de connaissance et de satisfaction des citoyens par rapport
aux prestations communales dans les communes cibles du PDDC. Grâce aux
efforts de communications dans les communes cibles, la proportion des
populations ayant une connaissance (très bonne, bonne ou moyenne) des
prestations communales est passée de 41,9% en 2007 à 65,3% en
2009, comme nous pouvons le constater de façon plus
détaillée à travers le graphique ci-dessous.
Figure 11 : Variation du niveau de
connaissance des prestations communales selon l'année
d'enquête.
70,0
60,0
50,0
Proportion en %
40,0
30,0
20,0
10,0
0,0
65,3
57,2
33,5
0,9
1,2
41,9
58,1
2007
2009
34,7
Très bon Bon Moyen Faible Aucun Acceptable Faible ou
nulle
Niveau de connaissance
13,5
32,6
10,0
19,5
18,5
13,2
Source : Rapport CERTI28
Ces résultats nets bien qu'encourageant, mettent
toutefois en exergue la nécessité de rendre la communication
locale sensible au genre (comme je l'avais souligné
précédemment dans la section A : « liens entre les champs de
la communication locale et les principes de bonne gouvernance »). En
effet, une analyse plus détaillée des résultats bruts
ci-dessus ressort des disparités notoires selon le sexe ou le niveau
d'instruction.
Très bonne connaissance
La proportion de personnes enquêtées qui ont une
" très bonne connaissance " des prestations communales a
presque triplé de 2007 à 2009, passant de 13,5% à 32,6%.
Pour les deux années, la variation du niveau de cet indicateur est
significative selon le sexe, le niveau d'instruction et
l'alphabétisation. Le niveau d'instruction et le fait d'être
alphabétisé sont des facteurs qui contribuent à
améliorer de façon significative la " très bonne
connaissance" des prestations communales.
Bonne connaissance
28 Cabinet CERTI, octobre 2009, Evaluation du
niveau de connaissance et de satisfaction des populations
bénéficiaires des prestations communales dans les zones
d'intervention du PDDC ; rapport final de l'évaluation à
mi-parcours, (fichier électronique) PP 14 à 20
La proportion d'enquêtés ayant une " bonne
connaissance " a doublé sur la période, avec une valeur
initiale de 10,0% en 2007, elle est de 19,5% en 2009. De façon
générale, la variation du niveau de cet indicateur n'est pas
influencée par les différentes variables
sociodémographiques mises en exergue.
Connaissance moyenne
Un peu plus d'une personne sur dix (13,2%) a une "
Connaissance moyenne " des prestations communales en 2009 contre 18,5%
en 2007. Cette proportion varie selon le niveau d'instruction,
l'alphabétisation d'une manière générale et
l'alphabétisation en Français.
Connaissance faible ou nulle
La proportion d'enquêtés ayant une "
Connaissance faible ou nulle " des prestations communales a
sensiblement diminué de 2007 à 2009 passant de 58,1% à
34,7%. Il existe une différence significative entre le pourcentage de
femmes et d'hommes qui ont une " Connaissance faible ou nulle " des
prestations de la commune. En 2009, le pourcentage de femmes (38,5%) ayant une
" Connaissance faible ou nulle " des prestations est relativement plus
élevé que celui des hommes (30,8%). Le niveau d'instruction et
l'alphabétisation (en Français comme en langue locale)
influencent de façon très significative la connaissance faible ou
nulle des enquêtés sur les prestations communales. Ainsi, la
proportion des personnes ayant une " Connaissance faible ou nulle "
est faible chez les instruits (supérieurs : 12,0%, secondaire II :
13,6%, secondaire I : 20,1%, primaire 23,6%) et très
élevée chez les non-instruits (43,9%). Il en est de même
pour les personnes alphabétisées et
nonalphabétisées. Les personnes alphabétisées
(21,9%) sont moins nombreuses à avoir une " Connaissance faible ou
nulle " des prestations communales que les personnes
nonalphabétisées (42,3%).
Figure 12 : Variation du niveau de
connaissance acceptable (Très bonne, bonne et moyenne) des prestations
communales selon le niveau d'instruction des enquêtés en 2007 et
en 2009
Primaire Secondaire I Secondaire II Superieur Sans Ensemble
instruction
Niveau d'instruction
Proportion en %
100,0
40,0
90,0
80,0
60,0
50,0
20,0
70,0
30,0
10,0
0,0
2009
2007
7
76,4 9,9
85,7
65,3
41,9
53,9
53,3
56,1
33,7
71,2
86,4 88,0
Figure 13 : Répartition des
communes touchées selon le niveau de connaissance (connaissance moyenne,
bonne, très bonne versus faible ou connaissance nulle) des
populations
Communes
Proportion en %
100,0
90,0
80,0
40,0
70,0
60,0
50,0
30,0
20,0
10,0
0,0
|
Connaissance moyenne, bonne ou très bonne Connaissance
faible ou nulle
|
|
Source figures 12 et 13 : Rapport
CERTI29
Au regard de ce qui précède, on peut retenir
que les personnes instruites ou alphabétisées sont peu nombreuses
à avoir une " Connaissance faible ou nulle " des prestations
communales contrairement aux personnes non-instruites ou
non-alphabétisées. Or dans le contexte béninois en
général et dans celui des départements de l'Atacora et de
la Donga en particulier, il ya
29 Cabinet CERTI, Op. Cit., PP 14 à
20
presque une synonymie entre « les femmes » et les
vocables de « non-instruites », « nonalphabétisés
». C'est en effet, une fois encore, les femmes et les filles qui
constituent le plus gros contingent de la population non instruite et
analphabète du Bénin (au Bénin, 2/3 de la population est
analphabète; le taux d'alphabétisation en 2002 est de 37,8%,
selon le RGP 2002). Les départements de l'Atacora et de la Donga,
comptent parmi les plus faibles taux d'alphabétisation du pays : Atacora
: 17,8% avec un écart de 13,6% en défaveur des femmes ; Donga :
25,4% avec un écart de 14,9% en défaveur des femmes.
Ainsi les Communes de Kouandé, Kérou et
Boukombé (dans l'Atacora) et celles de Copargo, Ouaké et Djougou
(dans la Donga), doivent fournir plus d'efforts dans la segmentation «
genre sensible » de leur stratégie de communication afin
d'atteindre avec plus d'impacts la grande frange de leur population
non-instruite et analphabètes, ainsi tenue à l'écart des
efforts de développement local. Dans cette optique il serait
intéressant pour les membres des cellules de communication de se
référer, entre autres au tableau d'exposition aux
activités de vulgarisation des prestations communales (que j'ai
tiré du rapport du Cabinet CERTI et mis en annexe 3) qui donne des
informations assez intéressantes sur les canaux par lesquels les
populations accèdent aux informations sur les prestations communales et
la fréquence d'exposition aux messages. Il est, par exemple, fort
heureux de constater que la radio locale et le marché/place publique
viennent largement en tête des sources d'exposition avec respectivement
74,1% et 45,9%. Ces deux canaux s'adaptant bien aux populations
analphabètes et particulièrement aux femmes, il serait judicieux
de les utiliser plus pour diffuser des messages et informations bien
ciblés sur cette couche de population.
En ce qui concerne le niveau général de
satisfaction des populations par rapport aux prestations communales, les
résultats de l'étude révèlent que, environ quatre
enquêtés sur dix (39,5%) en 2009 déclarent être "
satisfaites ou très satisfaites " des prestations offertes par leur
commune contre seulement 27,4% en 2007. On note cependant, qu'un peu plus de la
moitié d'entre eux (51,1%) disent ne pas être "satisfaites" ou
"moins satisfaites" des prestations communales. Il faut noter que près
d'un dixième (9,4%) n'a pas d'opinion sur la question (voir graphique
ci-dessous).
Figure 14 : Niveau
général de satisfaction par rapport aux prestations des
communes
Très satisfait Satisfait Moins satisfait Non satisfait
Pas d'opinion
Niveau de satisfaction
|
34,8
|
|
|
|
|
|
|
|
|
30,7
29,2
|
|
|
|
|
|
26
|
|
|
24,5
|
|
|
|
|
|
20,4
|
|
|
|
|
|
|
17,4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
9,4
|
4,7
|
|
|
|
|
|
2,9
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Proportion en %
|
40 35 30 25 20 15 10 5 0
|
|
2007
2009
Figure 15 : Proportion (en %) des
répondants satisfaits ou très satisfaits selon la commune en 2007
et en 2009
Proportion en %
40,0
90,0
80,0
70,0
60,0
50,0
30,0
20,0
10,0
0,0
2009 2007
Communes
Source figures 14 et 15 : Rapport
CERTI30
Trois (03) grandes catégories de raisons expliquent le
degré de satisfaction des enquêtés
quidéclarent être "satisfaits ou très
satisfaits". Pour trois quarts des enquêtés (75,4%) des
30 Cabinet CERTI, Op. Cit., PP 20 à
24
"satisfaits ou très satisfaits", leur degré de
satisfaction est fondé sur une " amélioration des prestations de
la mairie par rapport au passé". En 2007, seulement 28,9% des personnes
satisfaites ont avancé cette raison. Environ sept personnes satisfaites
ou très satisfaites sur dix (67,1%) avancent la raison de "la
proximité et la célérité des prestations communales
: établissement de pièces d'état civil". Pour six
personnes sur dix (58,0%) des enquêtés qui sont "satisfaits ou
très satisfaits", leur degré de satisfaction est beaucoup plus
dû à "la proximité et la célérité des
prestations communales : légalisation ".
Quant aux enquêtés qui se disent "moins
satisfaits ou non satisfaits", quatre grandes catégories de raisons
expliquent leur faible niveau de satisfaction. En général, la
"non perception des prestations communales par les populations" est la raison
fondamentale avancée (70,1%). Les trois (03) autres raisons
avancées sont :
· Non entretien des infrastructures routières
(66,5%)
· Insatisfaction liée à la non-construction
d'infrastructures routières (65,9%) ;
· Insatisfaction liée à la non-construction
d'infrastructures sociocommunautaires (63,2%) ;
Ces résultats du sondage relatifs au niveau de
satisfaction des populations par rapport aux prestations communales concordent
globalement avec ceux de l'autoévaluation de la gouvernance locale dans
le domaine 4 : prestations communales. En effet c'est dans ce domaine que les
communes des départements de l'Atacora et de la Donga ont, presque
toutes, réalisé en 2009 des efforts louables ; 11 communes sur
les 13 ont engrangé 66 à 92% des points relatifs à ce
domaine, soit une moyenne collective de 2,25 sur 3. Les scores obtenus par
chaque commune sont toutes au dessus de la moyenne (sauf Kérou qui a
juste obtenu la moyenne, 1,50 sur 3). Ce qui voudrait signifier qu'en
matière de prestations au niveau de l'administration communale, les
communes des deux départements ont fait montre d'un dynamisme, que les
acteurs communaux ont unanimement salué. Les progrès
réalisés sont assez perceptibles dans la réduction
sensible du délai de délivrance des actes de l'état civil,
dans le domaine l'assistance sociale et la gestion de l'espace communal.
Figure 16 : Evolution des scores des
communes de l'Atacora-Donga de 2007 à 2009 dans le domaine III:
information, participation et genre (autoévaluation gouvernance
locale)
Evolution de la performance des communes de
l'Atacora-Donga de 2007 à 2009 dans le
domaine IV: prestations de
l'administration communale (autoévaluation
gouvernance
locale)
0,5
2,5
1,5
0
3
2
1
2007
2009
Source : auteur
Il est important de souligner, pour conclure cette section,
que si le niveau de connaissance par les populations des prestations
communales, relève de la responsabilité exclusive de la
communication locale, notamment à travers le déploiement de ses
stratégies et canaux, nous ne pouvons pas en dire autant en ce qui
concerne le niveau de satisfaction. D'autres facteurs entrent en ligne de
compte, tels que la réalisation des infrastructures sociocommunautaires
ou routières, l'approvisionnement en eau potable,
l'électrification des localités fortement
agglomérées...
Certes, on peut supposer qu'une bonne politique de
communication devrait permettre aux autorités communales de clarifier
aux populations, d'une part, ce qui relève des compétences de la
commune et de leur expliquer, d'autre part, les choix stratégiques et
priorités de la commune en matière de programmation et de
réalisation desdites infrastructures, conformément au plan de
développement communal validé par elles. Ceci devrait tout au
moins tempérer les attentes et impatiences des populations ; mieux, cela
pourrait renforcer leur confiance en l'institution communale.
D. La communication locale, une «
désinstitutionalisation » de l'institution communale
débouchant paradoxalement sur le renforcement de l'institution
communale
Dans le contexte de la communication locale, la
théorie de la désinstitutionnalisation appliquée aux
collectivités locales aboutit à une logique paradoxale. Certes
nous le savons déjà par PESQUEUX que la
désinstitutionalisation ne débouche pas sur l'organisation. Elle
ne débouche pas non plus sur une désinstitutionnalisation au sens
de Dubet, qui se traduirait par une désaffection ou une prise de
distance des citoyens par rapport à l'institution communale
(confère la 2ème conclusion partielle). Dans le cas
des collectivités locales, la désinstitutionalisation de
l'institution communale non seulement ne débouche pas et ne
débouchera sûrement jamais sur l'organisation pure et simple de la
collectivité locale ; mais en plus l'institutionnalisation de
l'organisation au sein de la collectivité locale profite, en
définitive, à l'institution communale.
Nous le savons bien, l'objectif de l'intrusion de
l'organisation au sein de la collectivité locale est d'en assurer une
certaine qualité de management et d'en améliorer la gouvernance
(c'est ce que je viens de démontrer à travers les
développements qui ont précédé). Autrement dit plus
la commune développe ses capacités managériales et devient
donc une commune « efficace », c'est-à-dire, une commune plus
apte à répondre aux besoins et aspirations de ses citoyens, plus
l'institution communale renforce sa légitimité, « sa raison
d'être », son caractère d'« évidence indiscutable
» vis-à-vis de ceux-ci.
Pour simplifier, je dirais que plus la commune s'«
organise », et plus l'institution communale se consolide ! La
désinstitutionnalisation sert en définitive l'institution
communale ; comme si l'institution communale reprenait par la main gauche ce
qu'elle a donné, par la main droite, à l'organisation communale.
Pour employer un langage politiquement correct, je dirais qu'il y a comme une
sorte de contrat « gagnant-gagnant » entre l'institution communale et
l'organisation communale : l'institution se dépouille, volontiers, de
certains de ses attributs pour renforcer l'organisation ; et en retour
d'ascenseur, l'organisation met ses succès managériaux au service
de l'institution pour en conforter la position.
J'explique ce phénomène par le prisme d'une sorte
de « récupération politique » des succès de
l'organisation communale par l'institution communale.
Cette récupération politique des « gains
» du managérialisme par l'institution communale peut
s'expliquer
par la dualité fonctionnelle des icônes de l'institution communale
au niveau
communal et infra communal : le maire, le chef
d'arrondissement et le chef de village ou de quartier. En effet, aux termes de
la loi 97-029, le maire est investi d'une double fonction politique (en tant
qu'élu local et président du conseil communal) et administratif
(en tant qu'exécutif communal et chef de l'administration communale). Il
en est de même du chef d'arrondissement, à la fois politique (en
tant qu'élu, membre du conseil communal) et administratif (en tant que
délégataire de certains pouvoirs administratifs du maire).
Le maire est l'incarnation de l'institution communale au
niveau communal. De la même façon, les chefs d'arrondissement et
de village le sont aussi respectivement aux niveaux arrondissement et village.
Mieux, la loi 97-029 portant organisation des communes en République du
Bénin, a prévu outre les compétences propres aux communes,
l'exercice par le Maire de deux autres types de compétences, dites
compétences « partagées » (la gestion de l'état
civil, la police administrative, la police judiciaire...) et compétences
« déléguées » (diffusion et exécution des
lois et règlements...). L'Etat en transférant aux communes, par
l'entremise du Maire, ces deux catégories de compétences leur a
aussi du coup transféré certains de ses attributs juridiques et
symboliques. Ce faisant, l'exercice par le maire, et dans une certaine mesure,
par les chefs des organes infra-communaux (chef d'arrondissement et chef de
village) des compétences « déléguées » et
« partagées », renforce davantage la dimension «
institutionnelle » de ceux-ci. Ils représentent de fait et de droit
l'Etat aux niveaux communal et infra-communal. Si l'administration communale
réussit, fait des prouesses, ce sont leurs réussites, leurs
prouesses.
Une autre explication qui renforce mon assertion se trouve du
côté de la culture béninoise, à travers la figure du
Chef ou du Roi. Chez nous, le Chef, comme le Roi, répond de ses sujets,
il est responsable de tout : quand ça va bien, nous le devons au Chef ou
au Roi ; quand ça va mal aussi. Cette conception du Chef, à
travers la figure du Roi se traduit dans des expressions assez imagées.
Par exemple, lorsqu'une mairie fonctionne bien, accueille bien les usagers,
fait des réalisations concrètes sur le terrain, pour le traduire,
nous disons : « ce maire travaille bien ! » ; lorsque c'est le
contraire, nous disons, « le maire ne fout rien ! ».
En lien avec tout ce qui précède, j'ai voulu
démontrer que la collectivité locale qui offre des prestations de
qualité et promeut la bonne gouvernance est une collectivité
proche de ses citoyens et qui par conséquent se reconnaissent en elle.
De ce fait, elle renforce sa légitimité qui à son tour
renforce la légitimité de ses organes dirigeants ; et, en
définitive, la légitimité de l'institution communale
(comme institution instituée). D'où la
désinstitutionalisation de
l'institution communale apparaît in fine comme moyen de
renforcement de l'institution communale.
Conclusion partielle
La communication locale en introduisant la logique
managériale comme instrument d'amélioration de la gouvernance
locale permet, in fine, à la jeune institution communale
béninoise de conquérir sa deuxième
légitimité ; une sorte de légitimité a posteriori,
conquise de façon incrémentale sur la base d'actes concrets
qu'elle aura su poser et qui l'auront davantage rapprochée de ses
citoyens. La première légitimité, d'essence légale
ou démocratique, est celle acquise a priori, par le biais des
élections démocratiques et l'installation des conseils
élus. Il s'agit ici, en définitive, de doubler une
légitimité que je qualifierais d'« élective »
(parce qu'elle s'acquiert par l'entremise d'élections
communales/municipales et locales), d'une légitimité «
affective » (parce qu'elle traduirait le témoignage de
l'attachement des citoyens à l'institution communale, incarnée
par l'élu) ; voire « effective » (en ce sens que c'est
à travers cette forme de légitimité que le citoyen
confirme son premier vote en renouvelant son mandat à l'élu local
auréolé d'une telle légitimité).
Ce faisant, la communication locale, en donnant la pleine
mesure de ses impacts sur la gouvernance locale, s'inscrirait dans une vision
complémentaire mais inverse de la décentralisation d'essence
légale ou « décentralisation descendante » (passation
de pouvoir unidirectionnelle, du haut vers le bas, « qui contraint le
pouvoir central à renoncer volontairement à certaines
compétences, à un degré d'autorité et certaines
ressources pour les transmettre aux autorités, constitutionnellement
mandatées et élues, des communes »31) pour se
positionner comme le vecteur et la force motrice d'une décentralisation
« ascendante », (du bas vers le haut), d'essence légitime (qui
correspond à un degré élevé de conscience citoyenne
et à la prise de responsabilité des populations par rapport
à leur rôle de citoyens, d'acteurs de développement et
détenteurs du pouvoir de légitimation ou non des gouvernants
locaux). Un tel processus devrait conduire à la refondation de l'Etat
à travers une masse critique de communes « efficaces ».
31 Africare/USAID (Programme BINGOS), décembre
1998, Organisations intermédiaires de la société
civile et gouvernance démocratique au Bénin, manuel de
référence à l'usage des formateurs, PP 13 et 14 du
module 4.
Albéric KACOU et Luc-Joël GREGOIRE, deux
spécialistes de la décentralisation et des questions de
gouvernance, ne disent pas le contraire lorsqu'ils affirment qu'« En
veillant à ce que les processus politiques soient au contact des
citoyens et alimentés par eux, la décentralisation aide à
ancrer la gouvernance démocratique en renforçant la
légitimité de l'Etat, la notion de citoyenneté, la
responsabilisation des acteurs et du citoyen et le service public de
proximité »32
32 KACOU (Albéric) et GREGOIRE
(Luc-Joël), 2008, « La dimension centrale de la gouvernance et les
priorités pour l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le
Développement », in, GREGOIRE (Luc-Joël) et
al., L'Afrique et les défis de la Gouvernance, Maisonneuve
& Larose, Paris, P48
Conclusion
A l'issue de ce « périple » intellectuel et
conceptuel sur la problématique de la gouvernance locale, il me
paraît essentiel d'en rappeler les aspects fondamentaux suivants :
La problématique
Ma démarche centrale a été d'analyser et
de démontrer en quoi la mise en oeuvre d'une politique de communication
locale peut être un facteur d'amélioration des différents
aspects de la gouvernance locale et de promotion de la bonne gouvernance
locale.
Le cadre théorique de la
recherche
Les théories des organisations suivantes m'ont servi
de balises : désinstitutionalisation de l'institution et
institutionnalisation de l'organisation, théorie de
l'amélioration continue, le New Public Management, les cinq facteurs de
réussite de Capacity WORKS de la GTZ. A celles-là, il
faut ajouter les apports d'autres auteurs dans les domaines de la
décentralisation, de la gouvernance locale, de la communication locale,
etc.
Le champ d'observation
J'ai choisi les treize communes des départements de
l'Atacora et de la Donga comme champ d'observation, parce que pour moi c'est un
champ professionnel dans lequel je dispose de beaucoup de données
secondaires et sur lequel j'ai une facilité d'accès pour la
collecte des données primaires.
La méthodologie
Vu que dans le cadre des activités de la structure qui
a servi de cadre de recherche, il existe suffisamment de données
secondaires quantitatives, j'ai fait l'option de les confronter avec des
données qualitatives de premières mains. Pour ce faire, j'ai
décidé d'utiliser un questionnaire pour recueillir des
données purement qualitatives visant surtout à ressortir la
perception des communicants locaux sur leur pratique de la communication
locale, ses liens avec les principes de la bonne gouvernance et ses impacts
possibles sur l'amélioration des différents aspects de la
gouvernance locale. Pour éviter que les questions orientent trop les
acteurs et surtout les biais de la désirabilité sociale (faire
plaisir à l'enquêteur, qui en plus se trouve dans la position de
bailleurs de fonds) ; les questions sont suffisamment ouvertes aux fins de
permettre une libre expression. Ainsi dans la lettre d'information aux acteurs
de terrain, qui a accompagné le questionnaire, je me suis refusé
de mentionner le thème exact du
mémoire dans le cadre duquel la recherche est
menée. Pour rester fidèle à cette orientation qualitative,
j'ai restitué dans le mémoire les réponses dans toutes
leurs diversités, me contentant juste de les classer par types de
gouvernance impacté et par thème à l'intérieur d'un
type de gouvernance, reléguant au dernier plan les occurrences
statistiques (les données secondaires quantitatives sont suffisamment
fournies dans ce sens pour que je m'en passe).
Ainsi dans ma stratégie d'argumentation, j'ai toujours
essayé de mettre d'abord en exergue les données qualitatives
(qu'est-ce que les acteurs eux-mêmes en pensent ? Comment
perçoiventils la question ?), puis, je les complète ou confronte
avec les données quantitatives relevant du même domaine afin de
relever leur cohérence ou leur dichotomie. J'ai, au besoin,
complété ces données avec d'autres informations que je
détiens de mon observation directe des acteurs sur le terrain, lors des
suivis ou à l'occasion de nos ateliers d'évaluation du processus
de mise en oeuvre de l'approche d'appui à la communication locale.
Les résultats de la recherche
Sur le plan
épistémologique,
J'ai pu démontrer que l'approche d'appui à la
communication locale est un modèle organisationnel de la qualité
en ce sens qu'elle répond parfaitement aux exigences de la roue
métaphorique de Deming et à certaines exigences du New Public
Management, deux modèles organisationnels qui s'inscrivent dans ce
registre. J'ai pu aussi faire constater et souligner que cette approche n'a ni
la prétention encore moins l'ambition de se positionner dans la ligne
dure et radicale des modèles organisationnels de qualité de types
New Public Management ou ISO. Je l'ai plutôt classée dans
le registre du « managérialisme modéré » de
qualité, qui tout en visant l'amélioration continue de la
performance de l'administration publique, reste résolument
attachée aux principes et valeurs fondateurs du service public.
En outre, j'ai pu démontrer de façon
déductive que si le New Public Management constitue, « la
preuve »33 de la désinstitutionalisations de
l'institution au regard de l'institutionnalisation de l'organisation, et que
l'approche appui à la communication locale obéit aux mêmes
principes et à certaines modalités du New Public Management,
alors l'approche appui à la communication locale est aussi une
forme de désinstitutionalisation de l'institution et
d'institutionnalisation de l'organisation.
33 PESQUEUX (Yvon), avril 2007, Gouvernance et
privatisation, PUF, Paris, Collection La politique éclatée,
P134
Dans cette même perspective, j'ai pu, par ailleurs,
démontrer, même si ce n'était pas mon objectif de
départ, que l'approche respecte également les cinq facteurs de
réussite clés du nouveau modèle de gestion mis en oeuvre
par la GTZ dans le domaine du développement durable : Capacity
WORKS.
Sur le plan opérationnel
J'ai pu démontrer, sur la base de données
qualitatives et quantitatives croisées, d'une part, que la mise en
oeuvre de la communication locale améliore sensiblement les
différents aspects de la gouvernance locale. D'autre part, qu'elle
constitue un facteur de promotion de la bonne gouvernance locale, en raison de
l'impact des actions menées dans les différents champs de la
communication locale sur les principes clés de la bonne gouvernance
locale.
Au-delà, poussant la logique à l'extrême,
j'ai démontré que la communication locale, en donnant la pleine
mesure de ses impacts sur la gouvernance locale, s'inscrirait dans une vision
complémentaire mais inverse de la décentralisation d'essence
légale qu'est la « décentralisation descendante », pour
se positionner comme le vecteur et la force motrice d'une
décentralisation « ascendante », d'essence légitime et
qu'un tel processus devrait conduire à la refondation de l'Etat à
travers une masse critique de communes « efficaces ».
Les apports de la recherche
Sur le plan épistémologique :
L'application de l'approche appui à la communication
locale à la théorie de la désinstitutionalisation de
l'institution au regard de l'institutionnalisation de l'organisation du
professeur PESQUEUX a permis l'émergence de la dimension «
récupération politique des gains du managérialisme
» de l'organisation par l'institution, ici, l'institution
communale.
Sur le plan opérationnel et professionnel
Cette recherche a pu mettre en lumière :
· Que l'approche « appui à la
communication locale » s'inscrit dans une logique de durabilité,
pour avoir passé avec succès, les cinq facteurs de
réussite de Capacity WORKS. En effet l'approche a
été mise au point et développée avant la conception
de Capacity WORKS. Je peux donc en déduire que les outils de
Capacity WORKS
peuvent parfaitement être appliqués dans
l'accompagnement des acteurs communaux dans la mise en oeuvre de l'approche
communication locale.
· Les limites et défis de l'approche pour son
perfectionnement, notamment dans le domaine de l'apprentissage organisationnel
du processus, son ancrage sur le champ d'action politique pour créer les
conditions cadre nécessaires à la promotion et à
l'enracinement d'une « culture politique communicative » et de
transparence dans la gouvernance locale au Bénin.
· Une des « lacunes » de la pratique communale
en matière de communication locale, notamment dans le domaine du
genre/équité et la formulation d'une recommandation forte pour
une communication locale « genre sensible ».
Limites et perspectives de la recherche
Limites...
Une des limites majeures de cette recherche est relative
à la représentativité de l'échantillon de la
recherche, constitué des communes des départements de l'Atacora
et de la Donga. En effet, ma posture de recherche étant constructiviste
à visée de généricité opératoire, il
se pose le problème de la représentativité de
l'échantillon et de l'extrapolation possible des résultats
obtenus à d'autres communes du Bénin, sachant bien qu'il y a des
communes à statut particulier (notamment Cotonou, Parakou et Porto-Novo)
dont les réalités ne sont pas tout à fait semblables
à celles des communes de l'Atacora-Donga.
La deuxième limite est relative à la
non-disponibilité de certaines données quantitatives,
spécifiquement, ici, les comptes administratifs exercice 2009 des
communes des départements de l'Atacora et de la Donga (la loi leur donne
jusqu'au 30 juin de l'année N+1 pour transmettre à
l'autorité de tutelle le compte administratif de l'année N). Si
ces comptes administratifs avaient été disponibles, leurs
données m'auraient valablement permis d'analyser davantage la
corrélation entre la satisfaction des citoyens des prestations
communales et le niveau de recouvrement des recettes fiscales (croiser les
résultats des sondages 2007 et 2009 sur la satisfaction des citoyens par
rapport aux prestations communales avec les comptes administratifs 2007 et 2009
des communes concernées : voir si les courbes d'évolutions des
deux types de données concordent). Ce faisant, j'aurais
été fidèle à ma stratégie de
démonstration qui consiste à conforter par des données
quantitatives, les appréciations qualitatives des communicants
locaux.
Enfin, la recherche n'a pas suffisamment mis en relief la
dimension centrale du leadership du maire et du président de la cellule
de communication, ainsi que le dynamisme des membres de la cellule dans le
succès de la mise en oeuvre de l'approche communication locale. Certes,
ces aspects transparaissent en filigrane dans le processus clé :
renforcement des capacités des acteurs communaux, mais l'analyse des
résultats des performances des communes dans le domaine de la
communication locale aurait bien pu aussi se lire à travers ce
prisme.
...et perspectives de la recherche
Toutefois, il est heureux de constater, de part
l'élaboration généralisée et des efforts de mise en
oeuvre depuis deux ans des plans de communication par toutes les communes des
départements de l'Atacora et de la Donga, et à travers les
réponses au questionnaire, qu'il y a eu une prise de conscience
effective des élus locaux et du personnel communal que la communication
en direction des populations est un instrument nécessaire pour la
réussite de l'action communale : « aujourd'hui, après 07 ans
d'apprentissage, la communication locale apparaît comme la clé de
succès de la promotion de la démocratie à la base et du
développement local, principaux défis de la
décentralisation au Bénin » (cellule de communication de la
commune de Kérou, réponse au questionnaire). C'est
peut-être conscients aussi de ce rôle moteur de la communication
locale et surtout aux vues des résultats probants qui en
découlent sur le terrain, que les maires des communes du
département du Borgou, n'ont pas attendu la vulgarisation de l'approche
au niveau national pour l'adopter et la mettre en oeuvre dans leur communes
respectives (effets tâches d'huile).
Mais il est primordial de rappeler aux communicants locaux,
surtout aux élus locaux que la communication locale est un couteau
à double tranchant, qu'il faut savoir manier dans le bon sens, car,
comme le souligne Philippe Langenieux Villard : « S'il agit sans
communiquer, l'élu perd le pouvoir. S'il communique sans agir, il trompe
les citoyens. »34Bien entendu, on peut tromper le peuple un
temps, mais on ne peut pas le tromper tout le temps.
34 KINNINVO (Franck), décembre 2008, «
Plutôt communiquer que périr », Le Municipal,
numéro spécial Quid de la Décentralisation 2009,
P3
Bibliographie
A Ouvrages
AFRICARE Bénin/USAID (Programme Bingos),
décembre 1998, Organisations intermédiaires de la
société civile et gouvernance démocratique au
Bénin, manuel de référence à l'usage des
formateurs, 150P
ANCB, décembre 2007, Auto-évaluation de la
gouvernance locale au Bénin (Rapport général), JC
Press Inter, Cotonou, 213P
Cabinet CERTI, octobre 2009, Evaluation du niveau de
connaissance et de satisfaction des populations bénéficiaires des
prestations communales dans les zones d'intervention du PDDC ; rapport final de
l'évaluation à mi-parcours, (fichier électronique)
50P
GREGOIRE (Luc-Joël) et al., 2008, L'Afrique et
les défis de la Gouvernance, Maisonneuve & Larose, Paris,
790P
GTZ (Coopération technique allemande), 2009, Capacity
WORKS, le modèle de gestion pour un développement durable,
Aksoy Print & Projektmanagement, Eschborn, 279p
MDGLAAT, juin 2009, PONADEC, Politique National de
Décentralisation et de Déconcentration ; document cadre de
politique, (version numérique), 85P
MICHEL (Jean Luc), septembre 2006, Le mémoire de
recherche en Information-Communication, Ellipses éditions
marketing, collection « Infocom », 149p
OSIWA et CIRD, avril 2004, Guide d'exercice d'une bonne
gouvernance locale, Presses de l'imprimerie CACI-Bénin, Cotonou,
179P
PESQUEUX (Yvon), avril 2007, Gouvernance et
privatisation, PUF, Paris, Collection La politique éclatée,
242P
PESQUEUX (Yvon), 2008, Qualité et Management ; une
analyse critique, Editions Economica, Paris, Collection Gestion, 129P
SOUCHARD (Maryse) et WAHNICH (Stéphane), octobre 1995,
La communication politique locale ; Presse Universitaire de France,
Paris, Collection « Que sais-je ? » ; 124P
B Articles scientifiques
HOUESSOU (Richard), (30 juin 2010), «
décentralisation, confiance interpersonnelle et civisme fiscal
au
Bénin », Institute for Empirical Research in Political Economy
(IERPE),
http://www.ireep.org, 23P
C Articles de presse
HOUEHOUNDE (Bernard), 2010, « arrestation et
incarcération des élus locaux : les maires doivent être
plus rigoureux dans leur gestion », Le Municipal, N°385 du
22 au 28 mars 2010, P4
Le Municipal, numéro spécial, 2006 : «
Décentralisation au Bénin : le bilan de trois ans de vie des
communes » ; P20.
Annexe 1 : Questionnaire
MASTER 2 DE SCIENCES DE GESTION CNAM-ISOR
Option MANAGEMENT ; Spécialité :
PROSPECTIVE, INNOVATION, STRATEGIE ET ORGANISATION
|
Questionnaire (pour les membres des
cellules de communication communales à remplir en groupe,
c'est-à-dire quelques membres de la cellule de communication se
retrouvent pour remplir le questionnaire ensemble. Date limite pour le
dépôt du questionnaire rempli au secrétariat de l'antenne
régionale du PDDC à Natitingou : vendredi 16 avril 2010
à 18H30)
1. Ces trois dernières années, je fais le constat
que votre commune élabore et mets en oeuvre son plan de communication ;
ce qui n'était pas le cas quelques années plus tôt.
Qu'est-ce qui à votre avis explique ce changement ?
2. Quelle(s) valeur(s) ajoutée(s) l'élaboration et
la mise en oeuvre d'un plan de communication locale apportent-elles à la
gestion communale ?
3. Pensez-vous que la mise en oeuvre de la communication locale
a eu des impacts sur les populations de votre commune ? Si oui, lesquels ?
(illustrez vos propos, si possible, par des exemples précis)
4. Pensez-vous que l'élaboration et la mise en oeuvre
des plans de communication locale a eu des impacts sur vous membres de la
cellule de communication, sur le maire et ses adjoints (voir les autres
élus locaux), sur le personnel de la mairie ? Si oui, lesquels ?
(illustrez vos propos, si possible, par des exemples précis)
5. Pensez-vous qu'il y a un lien entre communication locale et
bonne gouvernance ? Si oui, comment ? (illustrez vos propos, si possible, par
des exemples précis)
6. Comment appréciez-vous la stratégie d'appui du
PDDC à la communication locale ?
7. Comment appréciez-vous vous-mêmes les
performances de votre commune en matière d'élaboration et de mise
en oeuvre de ses plans de communication ?
8. Quelle(s) stratégie(s) pour la pérennisation de
la culture de communication locale au sein de l'institution communale ?
9. Autres commentaires libres sur la communication locale
Annexe 2 : Autoévaluation de la communication
locale des communes
Source : Ivar TRIPPOLINI
(décembre 2009), conseiller technique PDDC/DED en communication et
dialogue communes & société civile.
Annexe 3 : Tableau d'exposition aux activités de
vulgarisation des prestations communales
% a déjà entendu message sur les
prestations communales
% a entendu message sur les prestations communales dans
les 6 mois précédant l'enquête
|
69,2 84,1
|
Fréquence d'exposition (entendu) aux messages dans
les 6 mois précédents l'enquête
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
53,0
|
Plusieurs fois par mois
|
17,4
|
A l'occasion
|
29,6
|
Sources d'exposition (entendu) aux messages dans les 6
mois précédents l'enquête
|
|
Radio
|
74,1
|
Télévision
|
12,1
|
Marché/place publique
|
45,9
|
Bureaux mairie/arrondissement
|
16,5
|
Lieux de culte
|
5,1
|
Pairs éducateurs
|
3,1
|
Animateurs d'ONG/OCB
|
9,1
|
Autre
|
3,6
|
% a déjà vu ou lu message sur les
prestations communales
|
13,0
|
% a vu ou lu message sur les prestations communales dans
les 6 mois précédant l'enquête
|
83,1
|
Fréquence d'exposition (vu ou lu) aux messages
dans les 6 mois précédents l'enquête
|
|
Plusieurs fois par semaine
|
91,1
|
Plusieurs fois par mois
|
3,0
|
A l'occasion
|
5,9
|
Sources d'exposition (vu ou lu) aux messages dans les 6
mois précédents l'enquête
|
|
Radio
|
24,6
|
Télévision
|
20,9
|
Marché/place publique
|
50,4
|
Bureaux mairie/arrondissement
|
62,8
|
Lieux de culte
|
2,3
|
Pairs éducateurs
|
3,1
|
Animateurs d'ONG/OCB
|
12,3
|
Autre
|
4,9
|
Source : Cabinet CERTI, octobre 2009, Evaluation du niveau
de connaissance et de satisfaction des populations bénéficiaires
des prestations communales dans les zones d'intervention du PDDC ; rapport
final de l'évaluation à mi-parcours, (fichier
électronique) P 50