Université Gaston Berger de
Saint-Louis UFR: Lettres et Sciences Humaines Section de
Geographie Laboratoire LEIDI Option : Espaces
et Societes Rura les
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Cultures maratcheres et
dynamkjues socioeconomiques et
spatiales dans la Communaute Rurale de Ndiob (Departement de
Fatick)
Mémoire de Master II
Présenté par : Aliou NDAO
Sous la direction de : Omar
DIOP Maître de conférences
Année académique 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
AVANT- PROPOS
La croissance économique des pays du
Tiers-Monde peut passer par le développement de leur agriculture.
Celle-ci dépend de l'intensification des techniques de production (J.
HECQ et f F. DUGAUQUIER, 1990).
Le maraichage est une activité porteuse
d'espoir dans ce domaine. A l'heure actuelle, les cultures maraicheres au
Sénégal connaissent une dynamique en plein essor a
côté des systemes pluviaux. Le développement de ce secteur
contribue beaucoup a la sécurité alimentaire et au
développement économique dans des zones rurales comme la CR de
Ndiob.
Apres une année d'expérience dans la
recherche, particulièrement sur des questions touchant l'apport des
partenaires au développement pour la redynamisation des activités
socio-économiques (agriculture et élevage) dans la CR de Ndiob,
nous avons orienté nos investigations sur le maraichage de contre
saison, une stratégie développée par les populations de la
même collectivité, pour faire face aux multiples maux
économiques et sociaux engendrés dans la CR par la crise de
l'arachide.
Le choix de ce theme d'étude résulte
d'observations effectuées sur le terrain dans le cadre du Master
1(2007/2008). En effet lors de nos enquetes de terrain en Avril 2008, nous
avons constaté que le maraichage connait une dynamique importante dans
la vie socio-économique des populations, mais également engendre
des mutations spatiales au niveau de la vallée. Ainsi nous avons
jugé important d'y consacrer nos recherches en Master 2 et de mettre en
reliefs ses multiples impacts dans l'espace communautaire de Ndiob.
Notre réflexion sera principalement axée
sur les points suivant : Les fondements des activités maraicheres dans
la CR de Ndiob ; Leurs incidences socio-économiques et spatiales dans la
zone ; Leurs contraintes et les perspectives de
développement.
2
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
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socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
SIGLES ET ACRONYMES
A.C.P : Afrique Caraibes et Pacifique
ANCAR : Agence Nationale pour le Conseil Agricole et
Rural
CADEL : Centre d'Appui au Développement
Local
C.D.H : Centre de développement
Horticole
C.R : Communauté Rurale
C.R.N : Communauté Rurale de Ndiob
C.S.E : Centre de Suivi Ecologique
C.T.A : Centre Technique de Coopération Agricole
Rurale
DEA : Diplôme d'Etudes Approfondies
D.P S : Direction de la Prévision
Statistique
D.R.P.S : Direction de la Recherche et de la
Prévision Statistique
FAO : Food and Agricultural Organization
FIT: Front Inter Tropical
G.I.E : Groupement Intérêt
Economique
G.P.F : Groupement de Promotion
Féminine
I.R.D : Institut de Recherche et de
Développement
O.C.B : Organisation Communautaire de Base
O.N.G : Organisation Non Gouvernementale
P.I.B : Produit Intérieur Brut
P.L.D : Plan Local de Développement
U.A.V.D.S : Union des Associations Villageoises Pour le
Développement du Sine
UCAD : Université Cheikh Anta Diop de
Dakar
U.F.R : Unité de Formation et de
Recherche
U.G.B : Université Gaston Berger
W. V : World Vision
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
GLOSSAIRE DES TERMES SERERE
Seeck : Saison allant d'Octobre a Janvier
Ciid : Saison allant de Février a Mars
carandam : Saison allant de d'Avril a Fin
Juin
Ndiig : Hivernage
Saas : Faidherbia albida
Taflé : Mettre en gage
Surga : Employé saisonnier
Sim : Aide populaire
Yaal lang ou lamane : Maitre de terres
Yaal o niay : Propriétaire du droit de
feu
Yaal baakh : Propriétaire du droit de
hache
Ndalu : Dérivé du mot Ndal
(un tas d'épis de mi)l, signifie redevance
4
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
RESUME
L'économie de rente sénégalaise
est marquée depuis plus de deux décennies par une forte chute
résultant principalement de la contre performance des secteurs de
l'arachide, du coton, mais aussi de la riziculture avec les nombreux
échecs des politiques d'aménagements hydro-agricoles. Cette chute
des cultures de rente, principales sources de revenus pour les ruraux, a eu des
répercutions importantes dans la sécurité alimentaire en
milieu rural, particulièrement dans le bassin arachidier. En effet dans
cette partie du pays, la crise de l'arachide est le principal facteur
expliquant l'usage des cultures vivrières comme source de revenus pour
de nombreux ménages. Il s'en suit une persistance et une
répétition annuelle de la soudure traduisant une accentuation de
la pauvreté.
Pour résoudre ces difficultés, le
maraichage occupe une place de choix parmi les stratégies
développées dans la communauté rurale de Ndiob. Cette
activité bénéficie dans la zone, d'un cadre physique aux
potentialités agronomiques non négligeables, et d'une
diversité d'acteurs motivés pour développer le
maraichage.
L'activité maraichère joue un role
important dans la vie socio-économique des populations, par la
génération de revenus monétaires, l'impulsion de nouvelles
activités économiques, mais aussi et surtout
l'amélioration du cadre de vie sociale dans des domaines comme la
sécurité alimentaire, la santé, l'éducation,
l'habitat etc. Ses marques dans l'espace se traduisent par la multiplication de
petits périmètres maraichers dans les champs jadis
consacrés a l'agriculture pluviale, la transformation du paysage
végétal et surtout de nouvelles pratiques spatiales
marquées par des flux quotidiens de maraichers en direction de la
vallée.
Cependant, malgré son dynamisme et ses forts
impacts, l'activité reste confrontée a une diversité de
contraintes dont la résolution constitue une préoccupation
majeure pour les populations et les structures d'aides et d'encadrement
(oNG).
Mots clés : Cultures maraichères,
Dynamique, Facteurs, Incidences, Filière, Vallée, Contraintes,
Perspectives
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
SOMMAIRE
AVANT- PROPOS 1
SIGLES ET ACRONYMES 3
GLOSSAIRE DES TERMES SERERE 4
INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE 11
METHODOLOGIE 17
PREMIRE PARTIE: LES FONDEMENTS DU MARAICHAGE
DANS LA CR DE NDIOB . C HAPITRE 1 : DES FACTEURS PHYSIQUES FAVORABLES AU
DEVELOPPEMENT DU MARAIC HAGE 34 C HAPITRE 2 : FONDEMENTS
HUMAINS ET ORGANISATION DES ACTEURS DU MARAIC HAGE DANS LA CR DE NDIOB
47
DEUXIEME PARTIE :CARACTERISTIQUES, INCIDENCES ET
CONTRAINTES DU MARAICHAGE DANS LA C R DE NDIOB 80
C HAPITRE 1 : CARACTERISTIQUES DE L'ACTIVITE MARAIC
HERE DANS LA CR DE NDIOB 81 C HAPITRE 2 : INCIDENCES
SOCIO-ECONOMIQUES ET SPATIALES, ET CONTRAINTES DE L'ACTIVITE MARAICHERE DANS LA
CR DE NDIOB 106
CONCLUSION 132
BIBLIOGRAPHIE 134
TABLE DES MATIERES 139
LISTE DES TABLEAUX 143
LISTE DES CARTES ET FIGURES 144
LISTE DES PHOTOS 146
ANNEXES VI
6
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
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INTRODUCTION
L'agriculture constitue une des principales
occupations des populations rurales dans plusieurs parties du monde. Elle
procure a plus 900 millions de ruraux des revenus indispensables a leur
subsistance (SY 2008). Cependant comme l'a remarqué Gandhi, «
...elle comble l'avidité de quelques-uns sans satisfaire les besoins de
tous1 N.
Au moment oii dans les pays développés,
l'agriculture assure la sécurité alimentaire, on remarque qu'elle
butte a de lourdes contraintes dans les pays du tiers-monde, en particulier
ceux de l'Afrique sahélienne. « L'Afrique prise dans son ensemble
est confrontée a des déficits alimentaires dont les
manifestations aiguds prennent la forme de famine2 ». Dans
cette partie du monde, l'activité agricole est loin d'assurer
l'autosuffisance alimentaire, bien qu'occupant de 65 a 70% de la population
active dans des pays comme le Sénégal.
Le secteur agricole sénégalais est
confronté depuis plus de 20 ans a plusieurs contraintes.
Sa contribution au PIB a fortement baissé de
1997 a 2000, passant respectivement de 17% a 10,7% (DPS, 2000). La couverture
des besoins alimentaires se situe entre 54% et 84% pour cette même
période. Cette situation impose l'importation de plus de 500 000 tonnes
de céréales par an et conduit a une dégradation de la
balance commerciale.
Cette faiblesse du secteur agricole, résultant
de divers facteurs explique en grande partie la persistance de la
pauvreté en Afrique de façon générale et au
Sénégal en particulier. « Une étude publiée en
novembre 2004 par South African Insitute of Race Relation (SAIRR) a
révélé que l'Afrique subsaharienne qui présente
environ un dixième de la population mondiale pourrait abriter
jusqu'à 50% des populations pauvres d'ici 20153 N, d'oii la
nécessité de prendre des mesures préventives en
matière de politiques agricoles pour une croissance économique
durable.
1
DIOP Demba, 1999, Agriculture et réduction de la
pauvreté : une simple question d'accès ?, information pour
le développement agricole des pays ACP, N°80, Spore p 01
2
POURTIER R., 2001 : Afriques noires HACHETTE, p.76
3
NGOSSO Hugues, 2005, Problématique de exploitations
agricoles familiales dans la LOASP : cas de la CR de Tataguine (Fatick),
Mémoire de Fin d'Etudes, ENSA-Thiès, page 02
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Selon J. Hecq et F Dugauquier, (1990 :5) « la
croissance economique des pays du Tiers- monde et, par consequent,
l'amelioration du standard de vie de leurs populations passe par le
developpement de leur agriculture. Celui-ci depend de l'intensification des
techniques de production *.
A ce titre, les pays saheliens deploient depuis des
annees de gros efforts, et mettent en oeuvre diverses politiques en vue de
developper leur agriculture. C'est dans ce sens qu'on note au Senegal des
politiques de diversification et d'intensification, notamment dans le domaine
de la riziculture irriguee mais aussi et surtout de l'horticulture, avec comme
objectifs le relevement du niveau de vie des ruraux et la securite
alimentaire.
L'horticulture est une activite qui designe la culture
des legumes, des fleurs, des arbustes, et des arbres fruitiers ou ornementaux.
Elle est essentiellement divisee en deux branches : l'horticulture ornementale
ou non comestible qui comprend la floriculture, l'arboriculture d'ornement, les
pepinières et la production de plantes bulbes ; et l'horticulture
vivriere ou comestible qui comprend les cultures legumières de plein
champs, maraicheres ou potageres, ainsi que la culture des arbres
fruitiers4. Dans le cadre de cette etude, notre reflexion portera
sur le maraichage de contre saison.
L'activite horticole a connu ses debuts au Senegal
avec les jardins d'essais ou jardins d'acclimatation de legumes temperes,
d'arbres fruitiers et plantes d'agrements. Le plus ancien est celui de Richard
'Toll (Saint-Louis), fonde en 1816, suivi des jardins de Sor (Saint-Louis) en
1898 et de celui du penitencier de 'Thies etabli par la mission catholique. En
1903 s'ajoute le jardin de Hann qui constituait, par l'existence de ses nappes
d'eau affleurant, un reservoir pour l'alimentation de Dakar5.
L'horticulture est donc une activite economique ancienne, mais dynamique,
pourvoyeuse d'emplois et porteuse d'espoirs. Ce secteur occupe depuis 1984 une
place de choix dans les politiques agricole du Senegal.
En effet, face aux problemes persistants (chute des
cours, degradation des sols) des cultures de rente (coton et arachide), et
leurs consequences sur la vie des populations
4 Encyclopédie Microsoft Encarta, 2008.
5 SALL A S et al, 2007, l'horticulture, une
activité majeure, document 5 de 13 IDRIC publication
8
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
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provoquant un exode massif vers les villes, l'Etat
sénégalais a choisi l'horticulture comme vecteur du
développement agricole6. Ce secteur est
considéré de nos jour comme une source de croissance capable de
réaliser les objectifs que l'Etat s'est fixés dans le secteur
agricole, notamment la réduction de l'importation des produits de grande
consommation (oignon, pomme de terre), l'introduction d'especes a haute valeur
destinés a l'exportation, la satisfaction des besoins des populations en
produits horticoles et la création d'emplois.( SALL A S et al,
2007)
L'importance accordée a l'horticulture depuis
ces dernières années, combinée a la rapide croissance
urbaine traduisant un grand marché de consommation de produits
maraichers, explique sans doute son extension rapide vers les zones rurales des
régions de Tambacounda, de Ziguinchor, de Kolda, mais aussi et surtout
le bassin arachidier.
Dans cette région, marquée par des
déficits pluviométriques, le maraichage prend de plus en plus une
place importante dans la vie des populations. Cette activité se
développe dans des zones dépressionnaires constituant des
prolongements des vallées fossiles du Sine et du Saloum.
La Communauté Rurale de Ndiob située
dans l'arrondissement de Diakhao, département de Fatick est
traversée du sud au nord par un des bras de la vallée morte du
Sine, prolongeant jusque dans la région de Diourbel. Cette vallée
morte couvre une superficie de plus de woo ha dans la Communauté
Rurale7 et se caractérise par une nappe souterraine
affleurant et un chapelet de marigots temporaires essentiellement
alimentés par les précipitations en hivernage. Tout au long de
cette zone, on note un développement spectaculaire de petites
exploitations maraicheres qui jouent un role non négligeable dans
l'approvisionnement des villes comme, Diourbel, Fatick, Touba, Bambey etc. en
produits maraichers. Depuis quelques années, cette activité
attire l'attention des structures d'aide et d'encadrement comme les ONG,
favorisant un accroissement du nombre de producteurs et un développement
progressif des cultures maraicheres.
6 SALL A S et al, 2007, op. Cit.
7 NDIAYE I, 2000, la situation économique de la CR de
Ndiob, rapport de stages, ANCAR, 25 p
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
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Ainsi l~etude des caracteristiques et des incidences de
ces dernieres, dans leurs dimensions geographiques, revet une importance
capitale.
Carte 1: Localisation de la communauté rurale de
Ndiob
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
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PROBLEMATIQUE
L'agriculture est un produit de facteurs. Dans les
régions soudano- sahéliennes, le principal facteur de production
est l'eau ; si celle-ci vient a manquer, c'est-à-dire si les pluies
s'arretent trop tot ou si elles s'interrompent trop longtemps, l'impact de tous
les autres facteurs est dérisoire et la production régresse. (
Hecq J. et Dugauquier F, 1990 : 7).
La region sahelienne a depuis plusieurs decennies,
connu des situations de deficit pluviometrique, facteur de degradation des
conditions physiques, handicapant l'evolution des systemes de production.
Parallelement, la population augmente a un rythme superieur a l'accroissement
agricole. Exemple : le Senegal a enregistre pour la periode
1990/1995, un taux de croissance demographique de 2,7% contre 1,3% pour
l'agriculture.
Ces facteurs font qu'aujourd'hui, dans de nombreux
pays ACP, l'agriculture connait une serieuse deterioration que certains
observateurs qualifient de stagnation (KERAITA 2002). Ils demontrent largement
la vulnerabilite, sur le plan alimentaire et economique de l'ensemble des pays
saheliens (Nick Cater, 1992).
Les agricultures africaines sont confrontées a
de lourds handicaps structurels dans le contexte d'une croissance
démographique très forte. Elles doivent répondre a un
double défi : manger, exporter. C'est l'objet central des politiques de
développement dont la complexité est particulièrement
grande en matière d'agriculture et d'alimentation. (POURTIER R., 2001 :
75).
Au Senegal, l'ensemble des politiques agricoles
entreprises par les pouvoirs publiques depuis 1950, n'a pas connu de grands
succes. A cela s'ajoute les effets pervers des politiques d'ajustement
structurel des annees 1980 sur le secteur agricole, se traduisant dans le monde
rural par des difficultes d'acces au credit et aux intrants, la chute des prix
aux producteurs du fait de la chute des cours mondiaux, le desengagement de
l'Etat et des coilts eleves de la production.
Ainsi, la baisse continuelle des revenus des ruraux de
l'ordre de 4% par an (SECK 0, 2002) provoque une pauvrete du monde rural
surtout dans le bassin arachidier comme en atteste PELISSIER. «
L'explosion démographique, a la quelle la crise
11
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
climatique recente a ajoute ses effets, a accelere une
pauperisation du milieu et des hommes 8».
C'est cette situation généralisée
dans l'ensemble des pays de l'Afrique sahélienne, qui a sans doute
suscité la nécessité de recourir aux potentialités
hydrographiques que dispose la zone et a l'intensification pour une relance du
secteur agricole. Ainsi l'agriculture irriguée va apparaitre dans les
grands bassins fluviaux du Sahel, comme le Niger, le Volta, le Chari, le
Sénégal etc., donnant naissance a de véritables poles
d'intensification, aux dynamiques diverses.
La problématique de l'agriculture
irriguée est non seulement apparue comme une alternative a
l'insuffisance ou a l'irrégularité des précipitations,
mais aussi elle est considérée comme une grande révolution
qui atteint l'agriculture de l'Afrique en général et celle de
l'Afrique subsaharienne en particulier. (PELISSIER., 2002).
L'irrigation au Sénégal a vu le jour au
niveau de la vallée du fleuve, avec la riziculture introduite dans le
cadre de la politique de diversification agricole, pour une autosuffisance
alimentaire dans le pays. Cependant ce nouveau systeme de production a d'autres
orientations allant dans le sens d'une agriculture commerciale et industrielle
notamment dans le domaine du maraichage. Il traduit ainsi la nouvelle vision
agricole du président de la république qui, selon TOURE et SECK.,
(2005) « s'articule autour de : i) la mise en place d'un réseau
hydrographique national ; ii) l'aménagement de bassins de retention et
iii) la promotion de l'agriculture d'entreprise, grace notamment a
l'installation de jeunes diplômés dans des fermes modernes
».
Des lors, l'activité maraichere qui depuis des
décennies, a été une spécialité des Niayes
et du delta du fleuve Sénégal (jardin de Richard Toll et de Sor),
connait une extension de plus en plus large dans d'autres régions agro
écologiques du Sénégal, en particulier dans le bassin
arachidier. (SECK. et TOURE O. 2005).
Aujourd'hui le maraichage se développe dans des
zones dépourvues d'eau de surface, et s'integre de plus en plus dans les
systemes culturaux essentiellement tributaires d'une pluviométrie
incertaine et marqués par leur caractere extensif.
8 PELISSIER P, 2002 : Campagnes africaines en
devenir, Argument, p 10
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Dans la CR de Ndiob, les cultures maraicheres se
développent au niveau de la vallée morte du Sine, suscitant un
intérêt de plus en plus grandissant. Ce phénomene
résulte surtout de la crise qui a secoué le secteur agricole dans
la zone.
En effet la CR de Ndiob fut, a l'image de l'ensemble
des collectivités du bassin arachidier, une grande zone de production
arachidiere. Cette filière a pendant longtemps constitué le
poumon de l'économie des populations. Ces dernières en tiraient
l'essentiel de leurs revenus monétaires pour subvenir a leurs
besoins.
Cependant a partir des années 1980, la crise de
la filière a entrainé une pauvreté accentuée et une
précarité des conditions de vie, se traduisant par un
accroissement des privations pour une partie de plus en plus importante de la
population. On note ainsi une faiblesse de la couverture des services sociaux
de base et une chute du niveau d'autoconsommation. Cette situation justifie en
grande partie la forte migration des jeunes a la recherche de revenus
monétaires pour le soutien des ménages. On retient avec PELISSIER
(2002) que les séreres ne font face a la crise qu'en allégeant,
par des départs saisonniers, temporaires ou définitifs, le nombre
de bouche a nourrir et en comptant de plus en plus sur les ressources issues
des migrations vers les villes ou des migrations vers les terres
neuves.
Malgré l'effort des élus locaux et des
partenaires au développement, pour une redynamisation du secteur
agricole de la CR, on note que les rendements de l'arachide sont toujours
faibles, et le mil aliment de subsistance des populations, s'est
substitué a l'arachide pour devenir une source de revenus
monétaires. En effet, faute de moyens, les paysans sont obligés
de commercialiser ce mil au niveau des « loumas9 0. Ce
phénomene est a l'origine de la persistance de la soudure dans la CR de
Ndiob. Philippe BONNEVAL1-, cité par Michel GILLOT, 1987,
affirme que « la présence de mil sur les marchés
hebdomadaires ne signifie pas nécessairement que les greniers sont
pleins. Au contraire, ils sont peut etre entrain de se dégarnir
dangereusement, les paysans n'ayant pas d'autres moyens que de vendre leur mil
pour se procurer des liquiditésil *. Cette analyse rejoint un
proverbe Wolof qui dit : « c'est la poche qui épargne le grenier
*.
9 Marchés hebdomadaires
10 Philippe BONNEVAL : responsable de l'organisation
Caritas pour le Sine- Saloum
11 Michel GILLOT, 1987, les premiers pas de
l'Afrique verte : comment lutter contre les faux excédents et
l'endettement paysan, le monde diplomatique, Avril 1987 p 2
13
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Face a ces difficultés, la
nécessité de trouver une nouvelle source de revenus s'impose.
Ainsi les populations s'adonnent depuis quelques années au maraichage de
contre saison dans la vallée morte du Sine, pour multiplier leurs
sources de revenus. L'irrigation va se développer ainsi dans des
paysages agraires non drainés et oil les sociétés n'ont,
depuis des décennies, compté que sur les saisons de pluies pour
développer leurs activités agricoles. Une telle situation peut
paraitre surprenante, dans la mesure oil dans plusieurs espaces du monde oil
l'irrigation s'est développée, on note la présence
d'étendue d'eau de surface en quantité abondante.
Cependant, l'irrigation au niveau de la vallée
morte du Sine est similaire a celle pratiquée dans la région des
Niayes. Elle est essentiellement tributaire des eaux souterraines, tirée
a partir de séanes, de puits traditionnels, de puits cimentés
minus de moto pompes.
En effet la vallée du Sine dispose de
potentialités non négligeables pour le maraichage : les sols sont
riches en argile et limon, la nappe souterraine affleure (5 a 6 m de
profondeur)12 et on note une forte insolation de 9 mois favorables,
aux cultures légumières. « Grace a l'insolation pendant la
période sèche de 09 mois, la culture des fleurs, des fruits et
des légumes, en irrigué, offre des rendements exceptionnels...
» (SECK 0. 2002). Parallelement a ces facteurs physiques, on note une
population essentiellement agricole et dominée par des jeunes,
constituant une main d'oeuvre non négligeable.
Par ailleurs, les cultures maraicheres procurent des
revenus additionnels aux producteurs de la CR, mais aussi aux nombreuses femmes
qui s'activent autour de la commercialisation des produits au niveau des
marchés ruraux de la région et dans la commune de Diourbel.
Au-dela des revenus, le maraichage a engendré de nombreuses incidences
socio-économiques et spatiales malgré quelques contraintes, qu'il
importe d'analyser.
C'est la raison principale du choix de ce theme
d'étude.
12 PLD de la CR de Ndiob, 2004
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Pour mieux analyser les dynamiques en cours, une
reflexion autour d'un certain nombre de questions est necessaire.
~ Quels facteurs justifient l'expansion rapide des
activites maraicheres dans la CR de Ndiob ces dernieres annees ?
Or Quelles incidences le maraichage a engendre dans la CR
de Ndiob?
Pour apporter des reponses a ces questions, notre
approche se developpera autour des axes suivants :
(1° Les rapports existant entre les conditions
environnementales et humaines dans la CR de Ndiob, et le developpement du
maraichage.
011- Les contraintes et les incidences
socio-economiques et spatiales du maraichage dans la CR de Ndiob, mais aussi
les perspectives de developpement de l'activite.
La realisation d'une telle etude amene a poser les
hypotheses de recherche suivantes :
Hypothèses
011-La CR de Ndiob dispose d'une diversite de
facteurs favorables au developpement du maraichage.
cLa filiere maraichere a engendre des incidences
socio-economiques et spatiales dans la CR de Ndiob, malgre une diversite de
contraintes.
La validation de ces hypotheses conduit aux objectifs
suivants :
Objectifs de recherche
Ce travail d'etude et de recherche se fixe comme
objectif general, une analyser des incidences des activites maraicheres dans la
CR de Ndiob, dans un contexte de declin des systemes pluviaux et de crise de
l'economie arachidiere.
Les objectifs specifiques sont :
Or Analyser les fondements du developpement du maraichage
dans la CR de Ndiob ;
15
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
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Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
cr. Analyser les incidences socio-
économiques et spatiales du maraichage dans la CR de Ndiob et les
contraintes auxquelles il est soumis.
Contexte et intérêt de
l'étude
Face au déclin des systemes pluviaux qui
affecte le bassin arachidier dans sa globalité, l'activité
maraichere tend aujourd'hui a devenir le moteur de l'économie
rentière de nombreux ménages de la vallée de Ndiob depuis
plus d'une dizaine d'années. Elle connait une forte dynamique et
constitue un puissant facteur de mobilisation d'une diversité d'acteurs.
C'est une activité qui présente de réels enjeux
économiques pour la CR de Ndiob, dans ce contexte de crise agricole
combinée a une population sans cesse croissante par opposition a une
dégradation accélérée des ressources
naturelles.
Ainsi une étude du role de cette activité
dans la vie socio-économique des populations rev8t une importance
capitale.
Ce TER s'intéresse a la dynamique et aux
multiples impactes de l'activité tant dans le domaine
socio-économique que spatial dans l'espace communautaire de Ndiob. Il
permettra, a travers la mise en relief de ces impacts, de rendre compte des
enjeux économiques que présente un renforcement de
l'activité et un soutien des producteurs de la part des autorités
locales.
Le choix de la CR de Ndiob se justifie. Par sa
situation qui constitue une bonne illustration des diverses contraintes aux
quelles le bassin arachidier dans son ensemble et sa population sont
confrontés.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
METHODOLOGIE
Notre méthodologie s'articule essentiellement
autour d'une revue documentaire complétée par des investigations
de terrain. Ces dernières nous ont permis de recueillir des informations
multiples et diversifiées aupres des populations. les informations
(quantitatives ou qualitatives), ont fait l'objet de traitements et d'analyses
pour une meilleure explicitation du probleme de recherche.
I- Revue de la littérature
Notre recherche s'inscrit dans le même ordre
d'idée que les travaux consacrés au bassin arachidier et au pays
séreres (CR de Ndiob) en particulier, depuis les années 1960,
notamment ceux de : PELISSIER P. (1966 et 2002), LERICOLAIS A. (1999), J.
LOMBARD (1989, 1990 et 1993) etc. et les études des chercheurs de
l'institut Sénégalaise de recherche agricole.
Notre recherche documentaire est d'abord
orientée sur des ouvrages généraux ayant trait aux
problemes de l'agriculture au sahel en général et au
Sénégal en particulier. Elle concerne aussi les
différentes politiques mises en oeuvre par les pouvoirs publics pour un
développement du secteur, les revues et les travaux scientifiques
traitant du maraichage de faRon générale et de notre zone
d'étude en particulier.
Quelques documents de référence ont
apporté un certain nombre d'éléments.
La these de PELISSIER P., (1966 : les paysans du
Sénégal : les civilisations agraire du Cayor a la Casamance,
Imprimerie FABREGUE, saint YRIEIX (haute vienne)), décrit les systemes
agraires du pays sérere et les pratiques agricoles en expliquant leur
bien fondé écologique ou les contraintes qui les rendent
destructrices. Elle nous a permis de mieux cerner les facteurs de la surcharge
démographique du pays sérere, conduisant a la surexploitation des
terroirs, véritable facteur d'appauvrissement des sols. En outre
l'auteur nous a fait une étude pédologique de la zone du sine,
nous permettant de nous rendre compte de la nature des sols deck (domaine du
maraichage a Ndiob), de leur aptitude agronomique et des énormes atouts
qu'ils présentent pour le développement du maraichage dans la
zone.
17
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Le déclin de l'agriculture en milieu
sérere suite a la dégradation des conditions naturelles, mais
aussi de la surexploitation des terres a été bien compris a
travers l'ouvrage de LERIOLLAIS A., (1999: les paysans sérères :
dynamique agraire et mobilité au Sénégal, IRD). L'auteur
fait ressortir également les effets de ce déclin se manifestant
par la fréquence de la soudure chez les populations et une migration de
plus en plus importante vers les terres neuves et des centres urbains comme
Dakar. Il n'a pas manqué de nous faire également une breve
étude des ressources pédologiques de la zone, a travers leur
classification et une présentation de leur potentiel
agronomique.
Dans : « exploitations familiales et entreprises
agricoles dans la zone des Niayes au Sénégal *, (dossier
n°133, programme zones arides, International Institute for Environement
and développement, TOURE O.et SECK S. M., 2005), nous avons
identifié les caractéristiques physiques des Niayes les
potentialités favorables a l'horticulture dans la zone. Par ailleurs,
les auteurs y traitent des caractéristiques des différents types
d'exploitations agricoles, de la situation fonciere et du mode d'acces a la
terre, des résultats technico-économiques des exploitations, pour
terminer par une étude de l'impact de l'implantation des entreprises
agricoles dans la zone.
M. GILLOT, (1987), dans son article : « les
premiers pas de l'Afrique verte : comment lutter contre les faux
excédents et l'endettement paysan *, (le Monde Diplomatique, Avril
1987), fait le bilan nuancé de la campagne Afrique verte entreprise par
des ONG, qui tante de trouver de nouvelles solutions pour réduire la
dépendance alimentaire des pays africains.
L'ouvrage de Paul HARRISON, (1991 : Une Afrique verte,
KARTHALA-CTA, 448 pages), démontre apres d'innombrables
études sur les maux de toute sorte qui accable l'Afrique, que rien n'est
irréversible et qu'il demeure de multiples raisons d'espérer, de
luter et de progresser. Le grand intérêt de son étude est
de montrer en exemple des projets de développement qui ont réussi
comme celui du maraichage au Niger, qui a connu des succes notables dans une
zone pauvre en ressources hydriques. Cet auteur optimiste estime que face aux
nombreuses contraintes qui accablent le secteur agricole africain,
l'agriculture irriguée en particulier le maraichage constitue
un
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
secteur porteur d'avenir et peut être
appréhendé comme une solution au développement
économique et social durable dans le monde rural.
Dans Jardins et vergers d'Afrique, Nivelles : Terres
et vie, l' Harmattan, APICA, ENDA, CTA, 354 pages de DUPRIEZ, et al, (1987),
nous avons cerné l'importance des jardins et vergers a travers
l'amélioration de l'alimentation des populations, et la
génération de revenus. La premiere partie du livre décrit
et explique les pratiques de jardinage ; la deuxième caractérise
un certain nombre de plantes et en particulier celles qui sont tres
présentes sur le marché.
Le guide pratique de ARNAUD et al, (1994 : De l'eau
pour le maraichage : Expériences et procédés, Paris : GRET
et Ministere de la coopération, 126 pages), montre la contribution des
jardins et des petites exploitations a la production alimentaire et commerciale
dans les pays en développement. Le guide s'occupe des questions
clés de l'irrigation et propose des méthodes pour bien cerner les
atouts et les contraintes de chaque maraicher et pour l'aider a choisir le
systeme d'irrigation le plus adéquat.
Le rapport final, du projet FAO/CSE, (2003) :
l'utilisation des terres agricoles au Sénégal, nous a permis de
comprendre l'état des lieux de l'agriculture sénégalaise a
partir d'un diagnostic de: la répartition spatiale des terres
cultivables, des statistiques sur les superficies emblavées, du niveau
de mécanisation, d'utilisation de fertilisant dans les façons
culturales et de la place de l'irrigation.
On y retient aussi la pratique de l'agriculture de
conservation, la jachere, la rotation des cultures et en fin l'orientation du
marché agricole.
SECK Oumar dans son rapport, de juin 2002,
intitulé : « Sénégal agricole *, fait une
présentation du projet du même nom, a travers son contexte de mise
en oeuvre, sa justification, et sa vision fondée sur le
développement de l'horticulture, de l'élevage, et de la
production halieutique. L'auteur fait une analyse de la cohérence du
projet avec les politiques nationales et sectorielles et des impacts
attendus.
La these de Boubacar BA, (2006 : Etude
géographique de l'agriculture en Afrique noire : analyse des
productions céréalières et des systèmes
alimentaires au Sénégal, Université de Geneve,
département de géographie, 383 pages), nous a permis
19
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
d'appréhender les impacts des politiques
agricoles dans les processus de transformation de l'agriculture et de la
consommation, et la fragilité de la sécurité
alimentaire.
Le mémoire de DEA de Ibrahima WADE, (2003 :
information et coordination dans la filière maraichère au
Senegal, Université Montpellier I, Faculté de Sciences
Economiques, 85 pages), nous a été d'un apport important. En
effet il nous a permis de saisir les facteurs expliquant la forte croissance du
secteur horticole au Sénégal, notamment la forte urbanisation, la
dévaluation du franc CFA, et la crise de la filière riz dans la
vallée du fleuve Sénégal.
I. DIATTA, (2008), dans sons article : (Dynamique des
systèmes de production horticoles et développement territorial
dans les Niayes (littoral nord-ouest du Senegal), UGB, section de
géographie) nous a renseigné sur les particularités
(climatiques, démographiques et économiques) qui font des Niayes
le domaine de prédilection de l'horticulture au
Sénégal.
A l'échelle de notre zone d'étude,
quelques productions scientifiques ont apporté un certain nombre
d'informations. A ce propos, LO H. et DIONE M., 2000, dans : « Region de
Diourbel : evolution des regimes fonciers ,, (Drylands Research, 26 pages),
expliquent l'évolution du régime foncier dans les villages de
Darou Salam et Ngodielem (villages de la CR de Ndiob) et la persistance du
régime coutumier malgré l'adoption de la loi sur le domaine
national.
Ensuite dans « Conservation et Gestion
Participative des Ressources Naturelles dans la communauté rurale de
Ndiob , (mémoire de maitrise 1998-1999 UCAD, géographie), GNING
T. nous présente le cadre physique et humain de la communauté
rurale avant de faire le diagnostic des systemes de production et les
ressources naturelles disponibles pour enfin terminer par les dynamiques
organisationnelles et les différentes stratégies adoptées
pour lutter contre la dégradation des ressources naturelles.
Nous ne manquerons pas de mentionner le Plan
d'amenagement et de gestion des terroirs dans la communaute rurale de Ndiob,
qui nous a permis en association avec
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
le Plan Local de Développement de faire une
présentation physique et humaine de la communauté rurale ainsi
que l'analyse des potentialités et contraintes du développement
de l'activité maraichere.
Dans « Contribution a l'étude des
contraintes et perspectives d'amélioration de la culture maraichere dans
la vallée de Bacco (département de Fatick) * de DOUI F. (2005,
ENSA --THIES), nous avons retenu quelques contraintes liées au
maraichage dans la zone de Bacco, mais aussi et surtout les perspectives
envisagées pour développer cette activité dans la
vallée.
Enfin dans notre mémoire de Master I (2008) :
« Coopération décentralisée et développement
des activités socio-économiques dans la communauté rurale
de Ndiob (Fatick) *, nous avons analysé une série de contraintes
qui entravent le développement de l'agriculture dans la
Communauté Rurale de Ndiob et l'apport des partenaires du Nord pour
relancer le secteur.
Les productions scientifiques a l'échelle de la
CR sont orientées vers des aspects liés au foncier, a la gestion
des ressources naturelles, aux contraintes de l'agriculture et au role que
jouent les partenaires au développement dans la CR. La question du
maraichage a été abordée en 2005, mais l'auteur s'est
intéressé aux contraintes de la filière et aux
perspectives de développement. Notre étude se veut une analyse
des incidences socio-économiques et spatiales de cette filière
maraichere dans la CR de Ndiob.
II- ANALYSE CONCEPTUELLE
La définition des concepts clés est
d'une importance capitale pour tout travail d'étude et de recherche en
sciences sociales. A cette effet, E. DURKHEM affirme que : « la premiere
démarche [...] doit etre de définir afin que l'on sache bien ce
qui est en question-73 0. Ainsi une telle position doit nous
permettre de définir les concepts clés utilisés dans notre
recherche.
13 E. DURKHEM, 1983 : les règles de la
méthode sociologique, Paris PUF, page 25
21
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Dynamique :
Le dictionnaire Petit Larousse illustré (1992),
défini le terme dynamique comme l'évolution des
phénomenes.
En géographie, le mot dynamique est associé
a plusieurs expressions, ainsi on parle de :
Analyse dynamique : il s'agit d'une analyse qui introduit
le temps dans une analyse géographique ;
Systeme dynamique, qui désigne un ensemble de
réalités géographiques en évolution et liées
les unes aux autres par de fortes interactions. Un systeme dynamique est
implicitement considéré comme animé de mouvements internes
;
Dynamique spatiale : elle désigne en un sens large
et flou, tout changement impliquant la dimension spatiale (. J. LEVY et M.
LUSSAULT, 2003)
Appliqué a notre theme de recherche, le terme
« dynamique socio-économique et spatiale 0 désigne les
interactions entre acteurs du secteur maraicher dans la CR de Ndiob, mais
également les mutations engendrées par cette activité dans
la vie sociale et économique des populations de Ndiob, et surtout dans
l'espace de la vallée.
or Vallée :
La vallée désigne une dépression,
plus ou moins évasée, façonnée par un cours d'eau
ou un glacier (Petit Larousse 1992). Pour Yves LACOST (2003), le terme fait
allusion a un ensemble géographique de forme linéaire dont la
longueur peut relever de divers ordres de grandeur, qui est suivi
généralement d'amont en aval par un cours d'eau. Le glossaire de
géomorphologie de F. JOLY (1997), définit le terme vallée
comme une forme topographique en creux, pentue et allongée, ouverte a
son extrémité et constituée par la convergence de deux
versants.
Ces différentes définitions montrent
bien qu'une vallée représente une zone dépressionnaire
délimitée de part et d'autre par deux formations
élevées communément appelées versants. Une
vallée est dite seche ou morte quand elle n'est plus parcourue par un
cours d'eau (Petit Larousse 1992).
La vallée de Ndiob est un exemple de cette
catégorie. En effet a cause du déficit pluviométrique
qui a affecté depuis des années la zone soudano-sahélienne
dans son ensemble, la vallée de Ndiob comme beaucoup de
vallées du bassin arachidier et de la
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
zone du Ferlo, se sont fossilisées. On y trouve
que des mares temporaires en hivernage surtout. Cependant elle comporte des
ressources hydrogéologiques non négligeables avec une nappe
affleurant (5 a 6 m de profondeur). Ces ressources sont un des facteurs
clés du développement du maraichage dans la zone.
(r
Filière :
Le concept de filière est né de
l'observation des relations amont-aval apparaissant entre agents dans tout
système économique en croissance. Ces relations sont d'ordre
marchande et s'établissent par le jeu du marché (théorie
économique néo-classique) et d'ordre relationnel et font alors
appel aux analyses des coordinations entre acteurs (nouvelle économie
institutionnelle) (Rastoin J.L., 2002, cités par I WADE
200314).
F. TEULON (1995) définit le terme comme un
ensemble d'activités complémentaires (sur le plan technologique
ou commercial), de l'amont a l'aval. Dans l'industrie, une filière
rassemble les stades de production permettant de partir des matières
brute pour arriver au bien final (TEULON, 1995)
Les économistes de la Harvard Business School
ont d'abord appréhendé le terme comme une branche ou secteur d'un
système économique dans l'optique de mettre en évidence le
poids économique du secteur agricole (Davis et Goldberg 1957
cités par I WADE 2003).
Ils le définissaient alors par des produits :
une filière regroupe l'ensemble des activités de production,
transformation et distribution d'un produit ou d'un groupe de produits
substituables.
Quand a l'approche de GOLBERG, elle justifie la notion
de filière par les différentes activités qui la composent
et le besoin de coordination entre ces dernières. La filière
n'est plus définie comme une branche d'une économie, mais comme
un système. L'approche filière englobe tous les participants
impliqués dans la production, la transformation et la commercialisation
d'un produit agricole. Elle inclut les fournisseurs de l'agriculture, les
agriculteurs, les entrepreneurs de stockage, les transformateurs ; les
grossistes et les détaillants, permettant au produit brute
de
14
I. WADE, 2003 : Information et Coordination dans les
Filières Maraîchères au Sénégal,
mémoire de DEA, Montpellier I Faculté des sciences
économiques, page 20
23
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
passer de la production a la consommation... (GOLBERG
1968), cité par WADE I 2003 (p21).
L'auteur accorde une attention particulière a
l'interdépendance entre les différentes activités de la
chaine productive. Cette approche du concept nous permet de ressortir dans le
cadre de cette étude, une définition opératoire. En effet
le concept de filière peut 8tre entendu dans le cadre de cette
présente étude comme un systeme structuré autour des
activités de production et de commercialisation des produits maraichers
dans la CR de Ndiob. Ces différentes activités sont
interdépendantes et font intervenir plusieurs catégories
d'agents, en l'occurrence : les partenaires au développement (ONG), les
propriétaires de terres les producteurs, mais aussi et surtout les
commerçants chargés de la distribution des produits.
~Facteurs :
Le terme facteur renvoie a un agent, un
élément, qui concourt a un résultat (Petit Larousse,
1992). Cette définition rejoint un peu celle des sociologues qui voient
le terme comme tout élément ou condition participant a la
production d'un phénomene (J. LEVY et al.2oo3). Les économistes
l'associent au terme « production *, pour le définir comme :
éléments dont la combinaison permet la production, exemple
capitale productifs et travail humain15.
Quant aux géographes, ils ont souvent
usé du terme en transformant toutes données en facteurs : les
facteurs climatiques, les facteurs de peuplement, les facteurs de production
(volontiers confondus avec les intrants), pris en soi et comme
équivalant de condition, alors qu'une condition ou un facteur l'est
toujours de quelque chose.16 « Les qualités ou
caractéristiques d'un milieu ne sauraient etre vues comme facteurs que
lorsque l'on fait la preuve qu'elles jouent un role effectif dans le
comportement du système local dans ses régulations et ses
tensions 17*.
Partant de ces définitions, nous pouvons retenir
que le terme facteur désigne un déterminant d'une situation ou
d'un phénomene. Dans la CR de Ndiob, ces facteurs
15 F TEULON (sous la direction), 1995 :
dictionnaire d'histoire, économie, finance, géographie,
Presse Universitaire de France,
16 R. BRUNET et al 1993: les mots de la
géographie : dictionnaire critique, Reclus- la documentation
française, page 210
17 R. BRUNET et al, 1993, op. Cit. Page 210
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
sont d'ordre physique (climat, sol, eau) et Humaine
(expertise et jeunesse de la population), ils déterminent le
développement du maraichage.
cr Incidences :
Incidence désigne des conséquences plus ou
moins directes sur quelque chose (Petit Larousse 1992). R BRUNET et al (1993),
le définissent comme effets, impacts.
Ainsi, incidences socio-économiques traduisent
des conséquences, des effets, des répercutions plus ou moins
directs sur la situation sociale et économique des populations d'un
espace géographique donné. Incidences spatiales traduira alors
des marques, des empreintes, des traces, mais aussi des flux et des
répartitions engendrés dans un espace géographique
donné. Dans la CR de Ndiob, les incidences socioéconomiques du
maraichage se traduisent par une amélioration des conditions de vies des
populations, celles spatiales se justifient par des flux quotidiens de
populations en direction de la vallée (zone de production), mais aussi
par l'insertion d'une agriculture irriguée dans un systeme pluvial, le
développement d'une végétation artificielle et la
transformation d'une zone qui jadis servait de lieu de parcoure du
bétail en saison seche, en zone maraichere.
(r Contraintes :
Le petit Larousse (1992) définit le terme
« contrainte * comme une pression morale ou physique exercée sur
quelqu'un ou sur quelque chose. Pour R. BRUNET et al (1993), contrainte
désigne une action négative, la résistance des
éléments dans l'environnement qui créent des
difficultés ou des limites a la mise en valeur, au travail, a la
reproduction etc. La géographie traditionnelle utilise ce terme en
évoquant les contraintes naturelles, climatiques, édaphiques, ou
autres décrites comme des gênes. Mais selon le même
dictionnaire, « ces contraintes ne sont des genes que dans des
circonstances extremes et en tout cas relatives aux moyens dont disposent les
sociétés analysées»18 . Cela
extériorise artificiellement des éléments des systemes
territoriaux et perpétue le côté de la nature. Le mot
« contrainte » attire l'attention sur certaines difficultés de
mise en valeur liées a des conditions techniques et financieres
déterminées (R. BRUNET et al 1993).
18BRUNET R. et al, 1993, op. Cit. Page 126
25
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Ainsi on peut dire que contrainte ne se limite pas
seulement aux conditions hostiles du milieu, mais releve également de
problemes de moyens pour la mise en valeur d'un espace donné. Les
contraintes du maraichage de la CR de Ndiob sont d'une part d'ordre physique et
d'autre part d'ordre économique et technique.
III : La collecte des données de
terrain
Pour la collecte des données de terrains une
démarche composée des étapes suivantes a été
adoptée.
111-1 : Vechantillonnage
Cette phase consiste a la sélection du nombre
de personnes a intervieWer. « La collecte des donnees primaires par
enquete, exige l'adoption d'une methode de sondage qui presente le mieux
possible la population mere...» (J. YAHO 2005 p173).
Notre échantillon a porté sur les
maraichers et les commercants des produits de la vallée. Donc toute
personne ne s'activant pas dans ces domaines a été exclue de la
sélection. Faute de listes exhaustives des maraichers et des commergants
de la CR, pouvant nous servir de base de sondage pour l'élaboration d'un
échantillonnage aléatoire simple, nous avons adopté la
méthode d'échantillonnage de raison. Cette méthode
consiste a se contenter de tout nombre de cas, même non aléatoire,
statistiquement significatif pour réaliser une étude (J. YAHO
2005 p173). Ainsi une fois sur place, nous avons fixé des
quotas a enquêter en fonction du nombre d'acteurs trouvés sur
place, mais également en fonction de nos capacités. Par
conséquent, un échantillon de 108 personnes, réparti entre
88 maraichers et 20 commergants a été enquêté. Le
tableau N°1 montre une répartition détaillée des
personnes enquêtées, en fonction de leur activité, mais
aussi des zones d'enquêtes.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Tableau 1: Répartition des personnes
enquêtées
Zones
|
Nombre d'enquêtés (ni)
|
Fréquences (fi)
|
Ndiob
|
25
|
23%
|
Baaco Dior
|
23
|
21%
|
Baaco Sérere
|
15
|
14%
|
Baaco Mboytolé
|
18
|
17%
|
Fintel
|
07
|
6%
|
Marché de Ndiob
|
10
|
9%
|
Marché de Darou
|
10
|
9%
|
Activités
Commerçants
Total ?ni : 108 ?fi : 100%
Source : données de l'enquête,
2009
A côté du questionnaire, un guide
d'entretien a été administré au pres des
autorités de la Communauté Rurale, des ONG et de
quelques chefs de groupement. Le tableau N°2 fait une
répartition des personnes ressources intervieWées au niveau de
ces structures.
Tableau 2: Répartition des personnes ressources
auprès des quelles le guide d'entretien est
administré
Structures Nombre de personnes
interpelées
Communauté Rurale 01
ONG 04
Groupements 03
Total 08
Source : données de l'enquête,
2009
27
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
111-2 : Les enquetes
Les enquêtes ont été exclusivement
menées au niveau des zones de productions de la vallée et des
deux marchés de la communauté rurale (cf. carte 2). Une visite
exploratoire a été effectuée en mars 2008 lors de nos
enquêtes sur les problemes de l'agriculture dans la communauté
rurale de Ndiob, dans le cadre du mémoire de master 1. Une
deuxième descente dans la vallée en décembre 2008 nous a
permis de mieux nous informer sur les questions maraicheres et de confirmer la
pertinence d'une étude de ce phénomene. Cette visite a
été consacrée aux entretiens avec les personnes ressources
des structures étatiques et de la communauté rurale et des
partenaires (ONG) agissant dans le maraichage, dans la zone. Les entretiens ont
concerné les personnes ressources suivantes:
~ L'assistant communautaire (Aly SENE) : sur la
situation du maraichage dans la communauté rurale, la place du
maraichage dans la vie des populations, les projets maraichers en cours ou
envisagés.
(1° Les représentants des ONG
(Issa KANE, Diégane NDIAYE, Ibrahima NDIAYE, Abdou S. NGOm) : sur le
soutien apporté aux producteurs, les modalités et la nature du
soutien, et leurs perspectives dans le domaine du maraichage.
cr Les chefs de groupement
(Sala DIOUF, Ndiaga SECK, Sally NDOUR) : sur la place du maraichage dans
l'économie de la population, les modes de production et les revenus
tirés de l'activité.
Notre troisième visite de terrain s'est
dérouler du 23 mars au 07 avril 2009 ; elle a été
essentiellement consacrée aux enquêtes de terrain au pres des
maraichers et des commerçants de produits maraichers aux niveaux des
marchés de la CR. Les enquêtes nous ont permis de collecter une
diversité d'information nous permettant de mieux comprendre afin
d'analyser la situation en cours. Une dernière visite de terrain est
effectuée du 23 au 29 mai 2009 pour recueillir des informations
complémentaires mais surtout de prendre des photos d'illustration. Le
tableau N° 3 représente en détail les périodes de
déroulement de nos enquêtes.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Tableau 3: Calendrier des enquêtes
Zone/ Structures
|
Personnes ressources
|
Dates
|
Ndiob
|
Les maraichers
|
23/Mars/2009
|
Baaco Dior
|
Les maraichers
|
25/Mars/2009
|
Baaco Sérere
|
Les maraichers
|
28/Mars/2009
|
Baaco Mboytolé
|
Les maraichers
|
31./Mars/2009
|
Fintel
|
Les maraichers
|
02/Avril/2009
|
Marché de Ndiob
|
Les commergants
|
06/Avril/2009
|
Marché de Darou
|
Les commergants
|
29/Mars/2009
|
Communauté rurale
|
Aly SENE L'as. Com.
|
25 Mars 2008
|
World Vision (Diourbel)
|
Diégane NDIAYE
|
28 Mars 2008
|
ANCAR (Ndiob)
|
Ibrahima NDIAYE
|
25 Mars 2008
|
Jappoo (Ngalagne)
|
Abdou S NGOM
|
26 Décembre 2008
|
UAVDS (Ndiob)
|
Issa KANE
|
29 Décembre 2008
|
GPF Léona (Ngalagne)
|
Sally NDOUR
|
26 Décembre 2008
|
GPF de Ndiallo (Ngalagne)
|
Salla DIOUF
|
26 Décembre 2008
|
GIE Ngaraf (Ndiob)
|
Ndiague BADIANE
|
29 Décembre 2008
|
Source : Ndao 2009
29
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géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la
CommunautéRurale de Ndiob (département de Fatick)
Carte 2: Localisation des sites
d'enquêtes
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
VI : Le traitement et l'analyse des
données
Cette etape a consiste a la traduction graphique et
spatiale des donnees quantitatives, mais aussi qualitatives qui sont
recueillies sur le terrain, a travers le questionnaire et le guide d'entretien.
Leur analyse nous a permis de mieux comprendre les fondements de la repartition
ou de l'evolution de certains phenomenes.
VI-1 : Traitement statistique et cartographique
Les donnees obtenues sur le terrain ont fait l'objet de
deux traitements :
Or Un traitement statistique : le logiciel Microsoft
Excel 2007 nous a servi d'outils de traitement. Les donnees ont dans un premier
temps fait l'objet de depouillement manuel, puis saisies dans Excel, a partir
du quel on a construit differentes figures (diagrammes de repartitions, courbes
d'evolutions etc.), montrant l'evolution ou la repartition des phenomenes
etudies.
(r Le traitement cartographique a consiste
a une spatialisation des realites observees au niveau de notre zone d'etude.
Ainsi sont realisees : une carte de localisation de la zone d'etude, une carte
des zones d'enquete, une carte de repartition spatiale du peuplement de la CR,
une carte du domaine foncier favorable au maraichage, une carte des flux
quotidiens de population en direction de la zone production, et enfin une carte
des zones de commercialisation des produits maraichers. Les logiciels Arc VieW
et Paint, ont facilite la realisation de ces differentes cartes. La redaction
du document est exclusivement realisee a l'aide du logiciel Microsoft Word
2007.
VI-2 : L'analyse des résultats
Nous avons procede a une analyse multi variee qui a
allie une analyse quantitative et qualitative. L'analyse quantitative est faite
a partir des donnees quantitatives recueillies sur le terrain. Elle nous a
permis d'elaborer et d'interpreter des diagrammes de repartition ou d'evolution
sur des differents phenomenes observes sur le terrain (repartition des
maraichers en fonction : des formes d'exploitations, de l'age ; repartition des
modes d'acces a la terre et des modes de faire valoir etc.).
31
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
L'analyse qualitative est une analyse de cause a
effet, elle nous a permis de comprendre les relations qui existent entre les
conditions physiques du milieu, les ressources humaines et le
développement de l'activité maraichere dans la zone.
Les resultats de ce travail d'etude et de recherche
s'articulent autours de deux grandes parties :
rUne premiere partie qui traite des facteurs favorisant
le developpement du maraichage dans la CRN ;
or Une deuxieme partie qui aborde les caracteristiques,
des contraintes et des
incidences socio-economiques et spatiales du maraichage
dans la CRN.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
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PREMIERE PARTIE :
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LES FONDEMENTS DE L'ACTIVITE MARAiCHERE DANS LA
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CR DE NDIOB
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La production agricole resulte de la combinaison et
des interactions de facteurs principaux que sont les facteurs agronomiques
(parametres climatiques et pedologiques), mais egalement les facteurs humains
(disponibilite de la main d'wuvre, experience et expertise des hommes), sans
lesquels elle ne saurait se developper. Au Senegal, la diversite des conditions
physiques a conduit a un zonage pedoclimatique du territoire national, en
fonction des types de sols mais egalement des isohyetes, en 7 regions
ecologiques specialisees chacune a une type de production plus adaptee a ses
conditions.
Dans la communaute rurale de Ndiob, jadis specialisee
dans la culture de l'arachide comme l'ensemble du bassin de l'arachide,
l'activite maraichere a pris forme. Le developpement de cette derniere est
tributaire d'un certain nombre de fondements qu'il s'agira d'analyser dans
cette partie : ce sont les facteurs physiques (agronomiques) et humains
favorables a l'activite.
Ainsi cette partie sera essentiellement constituee de
deux chapitres :
1rL'analyse des facteurs physiques et leur role sur le
developpement des cultures maraicheres;
1rL'etude des ressources humaines et leur
influence dans le developpement du maraichage dans la CR.
33
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
CHAPITRE 1 : DES FACTEURS PHYSIQUES FAVORABLES AU
DEVELOPPEMENT DU MARAICHAGE
La CR de Ndiob, située dans le
département de Fatick fait partie de la zone centre ouest du bassin
arachidier. Ses conditions écologiques, (climatiques ou agronomiques)
sont a peu pres les mêmes que celles de l'ensemble du bassin arachidier,
en particulier le facteur pluviométrique qui demeure une contrainte
générale et fondamentale. Les sols sont en grande partie
caractérisés par leur homogénéité, le
réseau hydrographique est largement dominé par des eaux
souterraines et la végétation présente un peuplement
lache.
I-1-1 : Un climat favorable au maraîchage
La situation de la Communauté Rurale de Ndiob
dans le domaine tropical sahélosoudanien, d'apres le systeme de
classification de la FAO (pluviométrie inférieure ou égale
a 50o mm/an), a fait d'elle une zone principalement caractérisée
par deux saisons contrastées :
Une longue saison seche qui va de novembre a juillet et
subdivisée en trois sous saisons :
or Une sous saison appelée « seeck
0 s'étale d'octobre a janvier. Le début de cette
période est marqué par les récoltes et la fin de la
soudure dans la CR. C'est une période de transition entre l'hivernage et
la saison seche, elle se caractérise par une réduction des
précipitations et est favorable a la culture de la pasteque, et du
niébé de fourrage plantes peut exigeantes en eau et qui se
développent grace a la rosée et les traces d'humidité du
sol laissées par les précipitations. Pendant cette
période, les températures oscillent entre 25 et 30°C,
traduisant un taux d'évaporation faible, l'hygrométrie tourne
autour de 6o% (station météo de Diourbel). C'est une
période tres favorable au maraichage de contre saison, en raison des
faibles températures, mais aussi de la disponibilité de l'eau a
de faibles profondeur au niveau de la nappe phréatique, a l'image des
Niayes. En effet parmi les facteurs qui constituent le point fort de la
région des Niayes dans le domaine du maraichage, la
faiblesse
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
de la température et la proximité de la
nappe phréatique occupent une place centrale. La sous saison «
seeck )) marque la fin des grands travaux champêtres et le début
de l'activité maraichere dans la vallée de Ndiob.
cr La sous saison appelée «
ciid » qui va de février a avril est la période de
grande chaleur a cause de l'harmattan vent chaud et sec qui souffle plus ou
moins en permanence (8 mois sur 12) d'Est en Ouest. C'est un agent
érosif tres actif car emportant une bonne partie de la couche
superficielle du sol. Il constitue une véritable contrainte pour les
maraichers, car accentuant le taux d'évapotranspiration des cultures. Ce
vent desséchant les plantes, par l'accélération de leur
flétrissement est parfois a l'origine de faibles productions. Dans cette
période, les températures peuvent aller jusqu'à
40°C.
Or Et enfin la sous saison « varandam» va
généralement de fin avril a fin juin, il correspondant a la
période de régénération des arbres. Elle est
consacrée au défrichement et a la préparation des terres
de culture pluviales, marquant l'arrêt progressive de l'activité
maraichere au profit des grands travaux champêtres. Elle correspond
souvent a la récolte de certains produits maraichers comme la tomate,
l'oignon, l'aubergine, etc. C'est également la période de disette
chez les animaux, le tapis herbacé est quasiment disparu, le « saas
»ou Faidherbia albida tres prisé par les animaux commence a perdre
ses feuilles et les premieres pluies tardent de tomber. Le principal aliment du
bétail a cette période est le « nguer » ou guiera
senegalensis. Les températures tournent autours de 40° a 45°C,
en raison de la forte insolation.
La saison pluvieuse communément appelée
« Ndiig » s'étale sur 3 A 4 mois (juillet --
octobre)
C'est une période caractérisée
par l'arrivée des flux de mousson de l'anticyclone de
Sainte-Hélène. Ces flux constituent la principale source de
pluies pour la zone dans son ensemble. C'est un vent chaud et humide qui
progresse lentement du Sud au Nord, il atteint la CR de Ndiob vers fin juin-
début juillet.
35
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Cette saison est la période pendant la quelle
se déroulent principalement les activités agricoles dans la
communauté rurale. L'activité maraichere y est peu
pratiquée. En effet certaines plantes comme la tomate, le piment etc. ne
sont pas adaptées aux conditions de l'hivernage : elles sont
vulnérables aux attaques des parasites et a la pluie qui est un
véritable facteur de destruction de leurs fleures ; l'oignon quant a lui
pourrit facilement avec la forte teneur en eau du sol. On note néanmoins
la culture de certains types de légumes comme l'aubergine, l'oseille, et
le gombo en association avec l'arachide ou dans les jardins de cases par les
femmes. Ces cultures ne sont pas destinées a la commercialisation, elles
servent a l'enrichissement de l'alimentation des ménages. Les
températures de cette période connaissent une relative baisse et
oscillent entre 25° et 30°.
C'est une période marquée par des
fluctuations avec la tendance a une installation tardive des pluies au cours de
ces dernières années.
Tableau 4: Répartition des saisons dans le
calendrier climatiques sérère
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
Jllt
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Saison sèche
|
Hivernage
|
|
|
« Ciid »
|
|
« caradam »
|
« Ndiig 0
|
|
« Seeck »
|
: Mois de transition entre saisons. Source : Ndao
2009
Au plan pluviométrique, on note depuis les
années 1960 une tendance a la baisse et a une forte variabilité
interannuelle des pluies dans la zone (même si on constate une
légère remonté ces dernières années) et des
périodes de secheresse de plus en plus fréquentes. Il faut noter
aussi une variabilité intra-annuelle principalement liée au
dynamisme de l'équateur météorologique et par
conséquent au front intertropical (FIT) (DIOP 1996), cité par
FALL19. Cette variation s'est traduite par un glissement des
isohyetes du Nord vers le Sud de 80 a 100 km (BADIANE et al
2000 WP 14). Au niveau de la CR, il est difficile d'avoir des
données statistiques a cause de l'inexistence de pluviometre dans la CR
jusqu'en 2005. Ainsi les données existantes avant cette
année
19 Samba FALL, 2006 ; sécurité
alimentaire et changements climatiques : typologie d'adaptation des
ménages ruraux à la variabilité climatique dans le Nord du
bassin arachidier du Sénégal (Département de
Diourbel), mémoire de fin d'étude, économie rurale,
ENSA-Thiès, page 18
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
ont souvent été assimilées a
celles de la communauté rurale de Diakhao oil est localisé le
poste officiel. Les pluies sont regroupées sur une moyenne de 37 jours
pendant lesquels tombent en moyenne 500 mm, inégalement réparties
dans l'espace et dans le temps. La pluviométrie des dix (10)
dernières années est caractérisée par une
évolution en dents de scie avec des pointes de 638,2 mm et 38 jours de
pluies en 2001, hauteur jamais atteinte. Cependant, l'analyse des
données montre que les quantités de pluies reçues en 1996
ont été très faibles 300,1 mm tandis qu'en 2002 en 33
jours, la communauté rurale a reçu 376 mm alors que la moyenne en
nombre de jours de pluies est de 37 jours. Le tableau 5 et la figure 1 montrent
l'évolution et la variation de la pluie dans la CR ces dernières
années.
Tableau 5: Croisé dynamique de la
pluviométrie de la CR de Ndiob de 1998 à 2007
Nb jours
Années
|
32
|
40
|
44
|
38
|
33
|
37
|
32
|
22
|
32
|
25
|
Cumul En mm
|
1998
|
418,5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1999
|
|
571,7
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2000
|
|
|
487,5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2001
|
|
|
|
638,2
|
|
|
|
|
|
|
|
2002
|
|
|
|
|
376
|
|
|
|
|
|
|
2003
|
|
|
|
|
|
597,5
|
|
|
|
|
|
2004
|
|
|
|
|
|
|
510,2
|
|
|
|
|
2005
|
|
|
|
|
|
|
|
566,1
|
|
|
|
2006
|
|
|
|
|
|
|
|
|
384
|
|
|
2007
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
425,17
|
|
Cumul
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4974,87
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
mm
|
Source : CADEL de Diakhao
37
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Figure 1: Evolution de la pluviométrie de la CR de
Ndiob de 1998 à 2007
Hauteur des pluies (en mm)
|
700 600 500 400 300 200 100
0
|
|
hauteur
|
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
2007 Années
Source : CADEL de Diakhao
La variation annuelle des précipitations
conditionne le niveau de la nappe phréatique. En effet, les pluies
constituent la principale source d'alimentation de cette dernière. Une
bonne année pluviométrique traduit une recharge de la nappe et
donc un bon potentiel hydrique pour le maraichage. Cependant, en cas de
déficit, le niveau de la nappe est faible et l'acces a l'eau pose
parfois probleme.
La zone dans son ensemble affiche une
hygrométrie avec des valeurs tres faibles presque toute l'année.
Les valeurs minimales de l'ordre de 4o a 6o% sont observées au mois de
février, mars et avril, tandis que les valeurs maximales de l'ordre de
90 a 98% parfois sont observées de juin a octobre. Cependant, ces
valeurs s'estompent sit8t l'hivernage passé. Une secheresse climatique
sévit durant presque toute la moitié de l'année et ne fait
place a une recharge hydrique consistante de l'air que vers la fin du mois de
juin. L'insolation dans la zone peut atteindre o9h/jour en saison des pluies et
ioh/jour en saison seche. Cette insolation suffisante est un atout
considérable pour le développement des cultures
légumières, floristiques et fruitières etc. En effet ces
types de cultures ne peuvent se développer qu'en pleine lumière,
elles appartiennent a la famille des héliophiles. L'insolation entre en
jeux dans la photosynthese, processus qui permet aux plantes d'utiliser
l'énergie solaire pour fabriquer a partir du gaz carbonique, les
glucides qui constituent leur matière
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
premiere. « La forme et la production des plantes
dependent fort de la quantite de lumieres qu'elles recoivent20
0.
I-1-2 : Les ressources pédologiques,
réservoir en eau et nutriment pour les cultures
Pour determiner les aptitudes pedologiques de la
communaute rurale de Ndiob, il est necessaire de connaitre les caracteristiques
des sols, autrement dit leur texture, leur structure et leur composition
chimique. L'etude pedologique de la CR de Ndiob nous permettra de deceler et
d'expliquer les types de sols favorables a l'activite maraichere et leur
localisation.
Les materiaux geologiques de la CR de Ndiob, comme
l'ensemble du pays serere, sont des calcaires marneux de l'Ypresien et du
Lutecien inferieur recouverts d'un manteau sableux quaternaire (LERICOLLAIS A.,
1999, p121). D'apres cet auteur, le micro relief de la zone s'est faconne dans
ce manteau sableux et les sols s'y sont developpes.
La communaute rurale de Ndiob a l'image du bassin
arachidier dans son ensemble, presente une diversite pedologique
caracteristique de la zone tropicale a climax climatique avec des sols
appartenant en grande partie a la famille des sols ferrugineux tropicaux ainsi
que des sols hydro morphes.
Les travaux de PELISSIER P. (1966) et A. LERICOLLAIS
(1999) sur les caracteristiques principales des sols dans le bassin arachidier,
et du Ministere de l'environnement et de la protection de la nature en (Aofit
1999), intitulee Plan d'amenagement et de gestion des terroirs dans la
communaute rurale de Ndiob, nous ont permis d'identifier quatre types de sols
dans la CR de Ndiob :
Or Les sols « Dior » :
Les sols dior sont derives de sables quartzeux
relativement grossiers, ils apparaissent sous forme de dune ou d'epais matelas
de sable et presentent differents facies de sols ferrugineux tropicaux dont les
nuances relevent d'un lessivage plus ou moins accentue en fonction de la
pluviosite, et de la situation topographiques (P. PELISSIER
1966, P54).
20 H. DUPRIEZ et PH. LEENER, 1986 : Agriculture
tropicale en milieu paysan africain, terre et vie, l'harmattan p. 115
39
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
De texture sableuse, les sols « dior » ou
sols ferrugineux tropicaux lessives presentent en surface (o a 5cm) un profil
caracterise par des sables delies, gris-beige avec quelques debris organiques
non decomposes. Au- dessous, l'horizon humifere brun-claire de texture sableuse
avec des agregats faciles a ecrase, presente une epaisseur de 5 a 25 cm. Un
horizon plus rouge lui succede, de 25 a 17o cm d'epaisseur, avec des sables
recouverts d'une pellicule ferrugineuse. Cet horizon est d'une texture
legerement argileuse et comporte des agregats dont la cohesion reste faible. En
fin des sables rose-pales font la jonction avec le materiau originel (A.
LERICOLLAIS 1999).
Ces sols sont pauvres en matieres organiques et leur
structure meuble tres poreuse fait qu'ils ont une faible capacite de retention
d'eau, l'espace entre les grains laisse passer facilement l'eau. Ils couvrent
19% de la superficie de la CR et constituent neanmoins un domaine
specifiquement propice a la culture du mil « sauna 0, de l'arachide mais
egalement de la pasteque. Cependant, leur texture sablonneuse les rend legers
et permeables, leur structure instables traduit en grande partie leur
vulnerabilite a la deflation eolienne et au lessivage vertical des
precipitations, qui occasionne la migration en profondeur des elements
chimiques, accentuant leur pauvrete.
r Les sols « deck-dior » :
Les sols « deck- dior » constituent une
transissions entre les sols « dior » et les sols « deck ».
Ils sont de texture sablo-argileux et riche en matières organiques, ces
types de sol sont propice a la culture du mais et du sorgho mais surtout de
l'arachide. Ils sont localises dans la partie sud-est et au Nord de la
communaute rurale. Ils s'etendent sur une superficie 7980 ha soit 65% des
terres de la CR.
cr Les sols deck et les sols
de bas fond:
Ces sols revêtent plus d'interêt pour
notre etude car ils constituent le domaine de l'activite maraichere dans la CR.
On les reconnait par leur couleur noirâtre due a une forte teneur en
argile « les pedologues les qualifient de sols bruns parce qu'ils sont
humifies de maniere homogène sur tout le profile21 0. Ils ont
une repartition morcelee coincidant avec les vallees de la CR, les depressions
inter dunaires, les bas
21 R. MAIGNIEN, 1959, cité par P PELISSIER,
1966 dans : les paysans du Sénégal : les civilisations agraires
du cayor à la Casamance, Imprimerie FABREGUE, p56.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
fonds ou généralement les axes de drainage
local, même tres légères. Ils couvrent une superficie de
1710 ha soit 15% de la surface communautaire.
Ce sont des sols hydro morphes un peu lessivés
au niveau des « cuvettes d'inter dune 0. L'érosion éolienne
des dunes environnantes et le ruissellement en hivernage leur procurent un taux
important en humus et toute sorte de matière organique, une forte
proportion de limon et une teneur en argile d'autant plus forte que leur
topographie est plus basse.
De 0 à 20 cm de profondeur, ils
présentent un horizon humidifié recouvert par place d'une
litière formée de débris de matières organiques, et
d'une fine couche de sable gris-beige déliées sans structure ;
puis jusqu'à 20 cm, l'horizon est faiblement poreux, ce qui traduit sa
très bonne capacité de rétention d'eau. De 20 à 70
cm, on a un horizon de couleur brun plus soutenue qu'en surface,
légèrement marbrée de beige et un peu plus argileux
jusqu'à 50 cm, frais et assez meuble au-dessous, de structure nuciforme
et de bonne cohésion (A.
LERICOLLAIS 1999 p 122 a
123).
Ces sols sont chimiquement plus fertiles que les sols
dior. Leur forte teneur en argile, limon et humus fait qu'ils sont plus
nourrissants pour les plantes que tout autre type de sols ( H. DUPRIEZ et P H.
LEENER, 1986 p.84). Ce mélange leur procure une structure grumeleuse
facilement pénétrable par les racines des plantes, par
conséquent nécessitant peu d'effort pour les opérations de
labour. « Les analyses des pédologues, révèlent
d'autres part que les sols deck bénéficient en particulier d'une
teneur plus estimable en chaux échangeable * (PELISSIER P. 1966, p56).
La différence de texture de l'horizon de surface a une importante
incidence agronomique. Ils ont une réserve en eau utile (réserve
facilement utilisable par les plantes) tres importante.
La caractéristique de ces sols leur donne une
allure proche de celle du sol des Niayes. C'est d'ailleurs ce qui traduit leurs
immenses atouts pour le maraichage de contre saison.
Or Les sols latéritiques :
Localisés au Nord Ouest de Ndiob et a quelques
endroits a l'Est (Ndodie et Soupa sérere), ils se
caractérisent par leur texture hétérogène et leur
composition chimique tres riche en oxyde de fer. Ainsi ils sont incultes et
servent souvent de zone de
41
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
pasturage en hivernage. Ces sols couvrent une superficie
de 114 ha soit 1% de l'espace communautaire.
Figure 2: Répartition des différents
types de sols de la CR de Ndiob
Deck- dior Dior
Deck Latéritiques
Types de sols
Frequences
40%
70%
60%
50%
30%
20%
10%
0%
Source : CADEL de Diakhao
I-1-3- : Les ressources en eaux : le facteur principal de
l'activité maraîchère
La communauté rurale de Ndiob, a l'image d'une
bonne partie de la région de Fatick, a un réseau hydrographique
essentiellement tributaire d'un climat sahélo-soudanien qui se
caractérise par une saison pluvieuse de courte durée. Les
ressources en eau de la CR peuvent 8tre classées en deux groupes
:
41' Les eaux de surface :
La CR de Ndiob fait parti des collectivités
locales n'ayant ni littoral, ni cour d'eau permanent. Ses eaux superficielles
sont essentiellement composées :
De bas fonds inondables durant la saison des pluies et
qui sont localisés dans la zone de la vallée morte du Sine,
principale zone d'exploitation du maraichage dans la CR. Cette vallée
remonte au Nord vers la région de Diourbel ; c'est une des
vallées qui ont été intégrées par le projet
« Vallées Fossiles 0 ;
Des mares ou marigots souvent précaires
(sambame, soul, khalakh, etc.) localisées dans des zones
dépressionnaires et de certains axes de drainages secondaires. Ces
dernières peuvent conserver de l'eau jusqu'en mi-novembre.
Elles
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
sont d'une grande utilité pour la culture de
pasteque partout dans la CR, en novembre: en effet les paysans utilisent ces
eaux pour l'arrosage de cette culture a cette période oil les pluies ont
pratiquement cessé. Elles servent également a l'abreuvement du
bétail surtout pendant l'hivernage.
Les eaux souterraines :
La communauté rurale de Ndiob appartient au
bassin sédimentaire du secondaire et du tertiaire. L'analyse de son
hydrogéologie a été faite par extrapolation, en tenant
compte des données disponibles au nord de la région de Diourbel
(notamment le département de 'Tivaouane). En effet, les aquiferes qui se
situent dans cette partie de la région de 'Thies sont rencontrées
au niveau de la région de Diourbel et au nord de la région de
Fatick, oil se trouve la CR de Ndiob. Les eaux souterraines de la CR sont
captées a travers deux principales nappes dont la plus importante
intéresse l'étendue du territoire national ; il s'agit de la
nappe maestrichtienne qui mesure entre 200 et 500 m de profondeur, avec une
potabilité relativement bonne a médiocre. Cette nappe avec ses
eaux saumatres est la source d'alimentation des forages et puits de la CR, elle
assure également l'alimentation en eau du bétail en saison
seche.
La nappe phréatique se localise dans la partie
Ouest de la communauté rurale, notamment au niveau de la vallée.
C'est un aquifere qui repose sur la premiere couche imperméable
rencontrée a partir de la surface du sol. Sa profondeur varie suivant
les zones ; elle est atteinte entre 4-5-10 m. On peut dire que cette
différence de profondeur, a l'image de celle de la plus part des nappes
phréatiques obéit aux différents niveaux que
présente le relief de la vallée. En effet selon M. POIREE et CH.
OLLIER (1957, p 47), « les nappes phréatiques présentent
sensiblement les mêmes ondulations que celle de la surface du sol mais
avec une certaine atténuation *. Cette nappe phréatique par sa
faible profondeur représente le facteur le plus déterminant du
développement de l'activité maraichere dans la vallée de
Ndiob. Elle présente une eau de qualité piégée
entre les sables quaternaires et joue un role similaire a celui de l'aquifere
des Niayes dans la zone. L'acces a son eau ne demande pas beaucoup de moyens.
La plus part des maraichers exploitent cette eau a partir de séanes ou
de puits traditionnels de 4 a 6 m de profondeur. Son importance est
43
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
capitale du fait de ses multiples fonctions : en plus de
l'activite maraichere, elle sert a l'alimentation en eau des villages riverains
de la vallee et du betail en saison seche.
1-1-4 : Les ressources vegetales creent un micro climat
et ameliore la qualite du sol
Cette etude se limitera aux ressources vegetales de la
vallee du fait de leurs caracteres speciaux et de leur role dans le domaine du
maraichage. La vallee presente une vegetation claire semee essentiellement
constituee de deux strates :
or Une strate arborée, formee d'un peuplement
tres important de « neew *, arbre dont les fruits sont tres convoites par
les populations en periode de soudure (cf. photo 1). C'est un arbre que l'on
trouve uniquement au niveau de la vallee, cela s'explique sans doute par les
conditions physiques particulieres qui caracterisent la zone. A cote du «
neew *, on note Faidherbia albida (Kadd) qui constitue la plus importante
source de fourrage pour les animaux en saison seche. Les especes secondaires
sont Adansonia digitata, Tamarindus indica (Dakhaar), Balanites aegyptiaca
(Soump), Acacia radiana (Seung), etc.
Photo 1: Végétation importante de «
neew v
Cliche : Ndao 2009
En outre, on note une vegetation artificielle
constituee de d'eucalyptus ou filao, et des arbres fruitiers comme l'acajou,
les citronniers etc. Ces formations artificielles sont essentiellement
localisees au niveau des perimetres maraichers, elles jouent dans la plus part
des cas le role de brise vent et de haie.
or Une strate arbustive, dominee par combretum glutinosum
(rat) et Guiera
senegalensis (Nguer), tres convoite par les petits
ruminants au milieu de la
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
saison seche. A cote de ces deux especes, on note une
espece communement appelee « celaan , en Wolof, c'est une espece
introduite dans la vallee par les maraichers. Cette vegetation diversifiee est
d'une importance capitale pour le developpement du maraichage dans la vallee.
Son role peut etre percu a travers trois fonctions principales :
or Atténuation de l'énergie des rayons
solaires sur les terres de culture : en creant l'ombrage, les arbres empechent
que le sol se rechauffe fortement, ce rechauffement entraine le dessechement de
la terre suite a une forte evaporation. Ce role est surtout joue par
l'eucalyptus, le « neew , et l'acajou qui ont un feuillage assez
dense.
or Les arbres brisent l'énergie du vent :
l'harmattan, faut-il le rappeler, est un puissant facteur d'erosion et accentue
le taux d'evaporation du sol mais surtout l'evapotranspiration des cultures.
Les formations vegetales, artificielles ou naturelles contribuent a diminuer la
force de ce vent. Ainsi ils protegent les cultures contre ses effets dessechant
et diminuent les dangers de l'erosion du sol. Les especes comme prosopus
gelufloral, guiera senegalensis et le « celann , servent essentiellement
de cloture, de haie et de brise vent (cf. photo 2). La cloture de l'ensemble
des exploitations visitees est formee de ces especes, donnant l'allure d'un
paysage bocager a travers une multitude de parcelles fermees.
Photo 2: Clôture et brise vent construites avec
des « célaan »
Clôture et brise-vent
Cliché : Ndao 2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
cr. La
préservation et la transformation du sol : pour bien comprendre les
effets des arbres sur les sols et par la, sur les cultures, qui leurs sont
associées, il est nécessaire de savoir comment, oil et de quoi se
nourrissent les cultures. En effet la plus part des cultures
saisonnières puisent leur nourriture dans les couches peu profondes du
sol (DUPRIEZ H. 1986, p74). Sur ces couches superficielles doivent
donc se concentrer les aliments de ces cultures, autrement dit les
matières minérales (provenant de la roche) et les
éléments organiques dérivés de la
décomposition des matières vivantes. Les arbres, par la chute de
leurs feuilles contribuent fortement a enrichir et a renouveler ces couches
superficielles du sol. « La richesse naturelle du sol depend beaucoup de
l'activité des arbres et des nombreux petits animaux et micro-organismes
qui vivent dans la litiere formée de feuille et de déchets
deposes sur le sol 220. Le Faidherbia albida joue tres bien ce role.
Cet arbre symbolique du paysage sérere a de fortes
propriétés fertilisantes, a travers la capacité de ses
racines a fixer l'azote au sol, mais également la chute de ses feuilles
en début d'hivernage. « L'ombrage de l'arbre en feuilles pendant la
saisons seche, la litière azotée qu'il depose juste avant
l'hivernage se traduisent par une amelioration en profondeur de toute les
variables de la fertilité23 0. Les cultures sont plus
serrées et plus belles sous le couvert de cette espece que dans l'espace
découverte. L'influence du Faidherbia albida sur le sol est unanimement
soulignée par les agronomes et les forestiers (A. LERICOLLAIS, 1999, p.
128).
Les paysans séreres en sont également
conscients, c'est ce qui explique la sélection et la préservation
de cette espece dans tous les paysages agraires dans le Sine. Un proverbe
sérere disant : « deux Faidherbia albida dans un champ equivalent a
un grenier de mil 0, traduit l'importance accordée a cette arbre dans la
culture sérere.
L'ombrage important de ce couvert
végétal et ses multiples fonctions, combinée au bas relief
de la vallée crée un micro climat relativement doux. La
vallée est la zone la plus fraiche dans l'ensemble de l'espace
communautaire, c'est ce qui explique son appellation de « boubaan 0
(fraicheur) par les populations.
22 H. DUPRIEZ et PH. LEENER, 1986, op. Cit. P 75
23 CHARREAU, 1970 cité par A. LERICOLLAIS,
1999, P. 128
46
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Malgré un certain nombre d'insuffisances de
certaines conditions du milieu les facteurs physiques témoignent
largement des potentialités favorables au maraichage.
Cependant l'activité maraichere n'est pas
seulement tributaire de ces parametres agronomiques. L'homme y occupe une place
centrale, lui qui conditionne les modes de production mais également la
commercialisation des produits. Le role de la ressource humaine dans la
filière maraichere s'apprécie sur trois domaines : la
disponibilité, la mobilisation et l'organisation des acteurs,
l'expérience des paysans, mais également la demande qui constitue
un débouché important au niveau des marchés ruraux et
urbains.
CHAPITRE 2 : FONDEMENTS HUMAINS ET ORGANISATION DES
ACTEURS DU MARAICHAGE DANS LA CR DE NDIOB
Le peuplement de la CR de Ndiob remonte au xlveme,
avec sa provincialisation par la cour royale de Diakhao sous le regne de Bour
Sine Sankhaye Fama Marone24. Comme l'ensemble des communautés
rurales du département de Fatick, cette collectivité est
largement occupée par les séreres qui représentent 70% de
la population. Ces derniers, originaires de la vallée du fleuve
Sénégal seraient les premiers a débarquer sur la zone
d'apres les données historiques. A leur suite, on note les Wolofs venus
du Baol voisin en rapport avec la culture de l'arachide, ils font 18% de la
population. Les peuls (io%) et les autres ethnies (2%) sont progressivement
installés dans la zone de faRon occasionnelle. La figure 3 fait
état de la répartition ethnique de la population de
Ndiob.
24
NDIAYE I, 2000, la situation économique de la CR de
Ndiob, rapport de stages, ANCAR, 25p
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Figure 3: Répartition ethnique de la population
de Ndiob
Source : CADEL de Diakhao 2007
Cette population diversifiée, a dynamique sans
cesse croissante constitue un facteur capital dans le développement de
l'activité maraichere au niveau de la vallée de
Ndiob.
I-2-1 : La démographie : dynamique, structuration
et répartition spatiale.
Au cours de cette dernière décennie, la
dynamique de la population de Ndiob est marquée par une croissance
spectaculaire. En 1988, la communauté rurale comptait 11185 habitants.
Depuis cette date, l'accroissement démographique se fait a un rythme
élevé (cf. fig. 4). Apres l'analyse des projections de la DRPS de
Fatick, on a constaté que la population, a un taux d'accroissement
annuel de 3,7% (avec des taux partiels de 3% pour les femmes et 2,4% pour les
hommes), devait atteindre 14990 habitants en 2004. Cependant a partir des
recensements administratifs, effectués pour recouvrer la taxe rurale,
elle est estimée a 14.297 habitants en 2004. Cette légère
baisse par rapport aux projections peut s'expliquer a travers la minimisation
des recensements par les chefs de ménage dans le but de limiter la
charge de la taxe rurale ou en liaison avec les phénomenes migratoires.
D'apres le dernier recensement administratif effectué en 2007 par le
conseil rural de Ndiob, la population est actuellement estimée a environ
17245 habitants.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Figure 4: Accroissement de la population de Ndiob, de
1998 à 2007
20000 18000
Population
|
16000 14000 12000 10000 8000 6000 4000 2000
|
0
population
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
1149
|
1213
|
1277
|
1341
|
1405
|
1469
|
1533
|
1596
|
1660
|
1724
|
Années
Source : CRN 2009
Cette forte croissance démographique est
marquée par une nette prédominance des jeunes, avec 70% pour les
moins de 30 ans (dont un taux partiel de femmes tournant autour de 54%). Le
rapport de masculinité donne un ratio de 84%, soit 100 femmes pour 80
hommes. La forte représentativité des jeunes constitue un atout
important pour le maraichage, en matière de main d'oeuvre. La figure 5
montre la répartition de la population en fonction de l'age.
Figure 5: Répartition par âge de la
population de Ndiob en 2007
67%
30%
3%
Enfants Adultes Vieux
70%
60%
Frequences
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Enfants Adultes Vieux
Ages
Source : CRN 2007
Par ailleurs la répartition spatiale de la
population cache de fortes disparités (cf. carte 3). La
densité estimée a 94 habitants /km2 en 1988 est
aujourd'hui a 151 habitants/km2, si on considere le recensement
de 2007. Les densités les plus fortes
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
sont enregistrees au niveau des villages sereres de la
vallee, a l'ouest de la communaute rurale.
Carte 3: Répartition spatiale de la population de
Ndiob
Cette population inegalement repartie dans l'espace
communautaire de Ndiob, a comme principales activites : l'agriculture et
l'elevage, avec des activites secondaires
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
comme le commerce et l'artisanat. Les actifs
représentant un taux de 57,66% sont occupés a 60% pour
l'agriculture, 30% pour l'élevage et 10% pour le commerce et l'artisanat
(cf. fig. 6).
Figure 6: Répartition socioprofessionnelle de la
population de Ndiob
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Frequences
Agriculteurs Eleveurs Commerçants Artisants
Professions
I-2-2 : Les activités
socio-économiques
L'économie des populations de la CR de Ndiob
repose essentiellement sur des activités liées a l'exploitation
des ressources du terroir. Il s'agit faut il le rappeler, de l'agriculture, de
l'élevage, mais aussi du commerce et de l'artisanat. Ces
activités constituent depuis plusieurs décennies, les moyens de
subsistance pour une population fortement ancrée dans son terroir et
sans cesse croissante.
Cependant elles sont de plus en plus soumises a une
série de contraintes obligeant les paysans de Ndiob a adopter des
stratégies pour faire face aux insuffisances suscitées par leur
contre performance.
1-2-2-1- : L'agriculture
L'agriculture constitue la principale activité
économique de la communauté rurale. Elle mobilise 95 % de la
population sérere. La population séreres est avant tout paysanne,
en dépit des castes et des clivages de la société,
cultiver est l'activité principale (LERICOLLAIS A. 1987)
C'est une agriculture extensive, semi moderne. Elle est
fortement tributaire d'une pluviométrie irrégulière. La
diversité des sols du milieu favorise la culture de diverses
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
spéculations. En effet l'agriculture occupe
9690 ha soit 85% des terres de la communauté rurale avec 10% de sol
sablo-argileux favorables au maraichage, 5% de sols deck oil sont
cultivé le mals et le sorgho, 65% de sols deck-dior occupés
surtout par l'arachide et par fois le sorgho et 19% de sols dior qui supportent
la culture de l'arachide, du mil, du niébé et de la
pasteque.
Les statistiques agricoles disponibles ne concernent que
l'entité région, elles sont inexistantes a l'échelle de la
communauté rurale depuis maintenant dix ans. Cependant d'apres le chef
du CADEL de Diakhao, les productions actuelles tournent approximativement
autour de 600 a 800 kg/ha pour le mil, 500 a 600kg/ha pour l'arachide, 400 a
600kg/ha pour le niébé, 1 a 2 tonne/ha pour la pasteque, et est
variable pour le mals et le sorgho (cf. fig. 7).
Figure 7: La production moyenne à l'hectare des
spéculations cultivées dans la CR de Ndiob
Productions en Kg/ha
1600
1400
1200
1000
400
800
600
200
0
750
450 500
1500
Mil Arachide Niébé Pastéque
Mil Arachide Niébé Pastéque
Spéculations
Source : CADEL de Diakhao 2007
En termes de superficies cultivées, l'arachide
a connu une évolution inverse par rapport aux cultures de
céréales, en effet les surfaces emblavées en arachide ont
d'abord augmenté de prés de 35% sur la période 1997 --
2000 pour ensuite baisser de plus de 20% entre 2000 et 2002. En 2007, elle
occupait 42% des superficies cultivées (CADEL de Diakhao
2007).
Le mil, principale culture vivriere se cultive sur une
superficie de 650 ha. La superficie des, autres spéculations est
variable.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Il faut noter cependant la culture recente de la
pasteque qui constitue une alternative a la culture de l'arachide. Cette
culture connalt une ascension fulgurante et fournit d'importants revenus
monetaires a la population de Ndiob.
1-2-2-2: L'élevage
L'elevage occupe la deuxieme place dans l'economie
locale apres l'agriculture. Il est de type extensif et mobilise une frange
importante de la population active et precisement 90% de la population peulh.
Sa pratique est beaucoup plus developpee dans la zone Nord de la communaute
rurale oil il y a une forte representativite des peulhs ; conscientes des
avantages que procurent l'integration agropastorale, la majorite des familles
en milieu serere pratiquent aussi l'elevage semi intensif. Ces deux activites
ne sont pas paralleles mais complementaires et etroitement associees (PELISSIER
P. 1966, p. 236).
Toutefois, dans la CRN l'elevage est aujourd'hui
pratique, plus pour la commercialisation et le travail agricole que pour son
caractere contemplatif : ce ci s'explique par la crise de l'agriculture dans la
zone, mais aussi la place importante qu'occupe actuellement le betail, en
particulier les ovins dans le commerce au Senegal et dans la sous
region.
Les statistiques disponibles indiquent l'existence
d'un cheptel important domine par les bovins, la volaille et les caprins. Les
assins et les equins sont faiblement representes sans doute a cause de la
lourdeur des charges pour leur entretien, alors que les bovins, ovins et la
volaille sont privilegies par les eleveurs du fait de leur facilite
d'ecoulement (cf. fig. 8).
53
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Figure 8: Répartition du cheptel de la CR de
Ndiob en 2007
9077
12019
Nombre par espece
|
15000
10000 5000 0
|
Bovins Ovins Caprins Assins Equins Volailles
6384
5042
3252
622
Bovins Ovins
Caprins Assins Equins
Volailles
Espèces
Source : CADEL de Diakhao 2007
En termes de production de viande et de lait, les
techniques sont purement traditionnelles : la production laitière est
faible et varie suivant les saisons. Ainsi les meilleurs sujets donnent 1
litre/sujet en saison seche et 2 litres /sujet en hivernage. La production de
viande est estimée a plus de 02 abattages par louma, soit plus de quatre
fois par semaine pour les bovins et 03 a 04 abattages par semaine pour les
petits ruminants. En effet il existe plusieurs louma par semaine sur un rayon
de 10km. Mais aussi il faut signaler que la communauté rurale de Ndiob
est distante de la commune de Diourbel, grand consommateur de produits animaux,
de 10km seulement.
1-2-2-3 : Le commerce et l'artisanat
Ces deux activités sont complémentaires
a l'agriculture et a l'élevage, activités clés des
populations. Elles mobilisent globalement 10% de la population. Le commerce est
essentiellement constitué de vente en détail dont on note une
forte représentativité des femmes, surtout celles
regroupées en GPF et bénéficiant de l'appui financier de
certaines ONG. Quant aux hommes, ils sont présents dans la
commercialisation du bétail, des produits agricoles etc. Les grands
commerçants se trouvent dans les villages Wolofs comme Darou,
'Thiallé etc.
Les centres d'échanges de la communauté
rurale se résument au marché de Ndiob qui compte 20 souks, une
trentaine de places et un hall, et au marché de Darou Salam avec 04
souks, 20 places et un hall. Les produits vendus dans ces marchés
sont
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
essentiellement constitués de denrées de
premiere nécessité, oil les produits maraichers de la
vallée occupent une place importante.
Malgré les investissements consentis pour la
réalisation des ces infrastructures, elles rapportent peu a la
communauté rurale. En effet le prix de location des souks varie entre
5000 et 25000 FCFA/moi, quant aux places de ventes de détail, la
location varie suivent le produit vendu, la faible valeur des produits
(légumes, produit, alimentaires surtout), fait quelle varie entre 50 et
100 FCFA par louma.
Par ailleurs, on note un développement des
boutiques villageoises favorisé par l'ONG World Vision en collaboration
avec les GPF en place pour l'apprivoisement en produit de premiere
nécessité.
Quant a l'artisanat, elle est peu
développée dans la communauté rurale, elle est surtout
constituée de menuisiers, de forgerons, de bijoutiers, de cordonniers,
de portiers etc. C'est une activité qui est souvent
délaissée pendant la saison des pluies au profit de
l'agriculture. Cela s'explique surtout par la faible rentabilité des
produits du secteur concurrencés par les produits des marchés
environnants.
Malgré leur importante place dans la vie
socio-économique, l'ensemble de ces activités, peinent toujours a
satisfaire la demande des populations, en raison d'une série de
contraintes de diverses nature.
Ces activités qui, dans leur ensemble ont
depuis des décennies constitué les principaux moyens de
subsistance des populations, peinent toujours a satisfaire leurs besoins de
plus en plus croissants, en raison d'une série de contraintes de
diverses nature. Il s'en suit ainsi la naissance de nouvelles
stratégies, comme la pratique du maraichage de contre saison pour
satisfaire ces demandes.
I-2-3 : la crise des activités agropastorales de
la CR de Ndiob : contexte d'émergence du maraîchage.
La crise des activités agropastorales est un
phénomene récurant que l'on observe souvent dans les pays du
tiers monde de faRon générale, mais surtout dans les pays
sahéliens dont le Sénégal en particulier.
Le systeme agro-pastoral sénégalais a
toujours été dans son ensemble confronté a des handicapes
d'ordre physiques, économiques et techniques.
55
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géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
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A l'échelle de la communauté rurale de
Ndiob, l'existence d'un large cadre physique pour l'agriculture et
l'élevage, ne permet pas a ces derniers de répondre a la demande
sans cesse croissante des populations. Cette situation se traduit par des
conditions de vie particulièrement défavorables, obligeant les
paysans a adopter diverses stratégies pour subvenir a leurs besoins
socio-économiques. Parmi ces stratégies, le maraichage occupe une
place de choix depuis plus d'une décennie.
1-2-3-1 : Les contraintes physiques
Au cours de ces dernières décennies, la
CR de Ndiob est marquée par une dégradation avancée des
conditions physiques, autres fois tres favorables aux activités
agro-pastorales.
Les travaux de PELISSIER P. et LERICOLLAIS A, dans le
pays sérere révèlent que le paysage offrait d'immenses
potentialités aux activités agro-pastorales. Ainsi on retient
avec PELLISSIER P. qu' « il y'a 4o ans, le paysage sérère
offrait une forme d'éguilibre dans l'exploitation d'un milieu ingrat
converti en environnement maitrisé 025. Les populations
assuraient leur substance et leur revenu grace aux bons rendements de
l'agriculture.
Mais la performance a cette époque était
liée, en plus des potentialités, aux techniques culturales qui
reposaient sur la rotation triennale des cultures et la jachere,
associées a l'élevage, grand fertilisant. Cette technique d'une
population faiblement dense a l'époque, palliait aux risques
d'épuisement des sols.
Cependant cette situation a connu un bouleversement a
partir des années 1980. En effet la croissance
accélérée de la population a entrainé
l'augmentation des défrichements et l'extension des cultures sur
l'ensemble du terroir sérere et la disparition de la jachere. La CRN
fait partie des zones les plus peuplées du bassin arachidier. Sa
densité actuelle tournant autour de 151 habitants/km2 traduit
la forte pression sur la terre, pour répondre aux besoins d'une
population de plus en plus nombreuse. Chaque saison des pluies, le paysage
sérere est totalement mis en culture, mil, arachide alternant sans
interruption (PELISSIER P. 2002 : 9).
25 PELISSIER P et al , 2002 : Campagnes africaines
en devenir 2ème édition, Argument, page 9
56
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socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Ces défrichements
accélérés et la forte pression sur les ressources
forestières expose le sol a l'érosion éolienne pendant
huit a neuf mois de l'année, mettant en place des dunes de sables tres
défavorables a l'agriculture. La pérennité du terroir
sérere est mise en cause par la disparition de la jachere compromettant
ses deux fondements : la fertilisation par le bétail et le parc
arboré (PELISSIER P. 2002 : 9)
A cette dégradation des sols s'ajoutent la
baisse et l'irrégularité des pluies : la communauté rurale
de Ndiob, comme l'ensemble du bassin arachidier, est marquée par une
variation climatique considérable ces dernières années.
Cette variation s'est traduite par une accentuation de
l'irrégularité et de la répartition temporelle (inter
annuelle et mensuelle) et spatiale de la pluviométrie. Les saisons des
pluies sont devenues plus courtes et moins humides, les saisons seches plus
prononcées.
La moyenne pluviométrique des dix
dernières années (5oomm) est largement en deça des besoins
de la zone pour un cycle végétatif complet des cultures. Ainsi on
note la disparition du « mathie », mil a cycle long, du sorgho etc.
et une diminution de la culture de l'arachide, progressivement,
remplacés par le petit mil le niébé, la pasteque et
d'autres cultures a cycle court. On retient avec LERICOLLAIS A. que « les
deficits pluviométriques [...], obligent a une reduction du cycle
agricole *26.
Face a ce contexte de dégradation de
l'environnement, les éleveurs adoptent la transhumance vers le Saloum ou
le Ferlo. La transhumance constitue la principale stratégie de lutte
contre le manque de fourrage. L'embouche bovine est de plus en plus
pratiquée par les paysans de la communauté rurale. Cependant elle
est tres faible, car nécessitant d'importants investissements pour
l'alimentation des animaux. Ces derniers, sont en nombre tres limité et
souvent destinés a la vente.
La disparition de la jachere ajoutée a la
réduction, de l'utilisation de
fertilisants chimique et organique, fait que la terre
ne se renouvelle plus. En effet la seule stratégie des populations en
dépit de l'utilisation de l'engrais chimique était la
fertilisation par le fumier du bétail, or l'extension des cultures dans
les zones de pâturage et la baisse des ressources fourrageres oblige un
déplacement des troupeaux vers le sud.
26 LERIOLLAIS A., 1999 : les paysans
sérères : dynamique agraire et mobilité au
Sénégal, l'IRD, page 133
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Parmi les paysans interrogés, seuls, 21%
utilisent les engrais chimiques, 70% utilisent la fumure animale, surtout celle
des petits ruminant et les équins et assins qui ne vont pas en
transhumance, 9% utilisent la technique de compostage avec l'encadrement de
l'ANCAR (NDAO 2008).
Cependant cette fertilisation présente peu
d'intérêt face a la pression agricole, diminuant l'offre
alimentaire du sol.
A ces contraintes physiques s'ajoute le manque de moyens
pour une mise en valeur importante.
1-2-3-2 : les contraintes économiques et
techniques
Depuis l'indépendance, l'agriculture
sénégalaise est marquée par une succession de politiques
visant l'éradication des difficultés du secteur et du monde
rural.
Mais ces nombreux programmes et projets de
développement agricole ont eu tres peu d'impact sur
l'amélioration des conditions de vie en milieu rural. La NPA des
années 1980 a d'avantage augmenté les problemes du monde rural.
En atteste DIOP A B : « La politique agricole du gouvernement dont l'un
des objectifs principaux était d'encourager la culture de l'arachide a
permis l'endettement des paysans pour l'acquisition des intrants, du
matériel que leurs ressources ne leur permettait pas d'acheter au
comptant. *27
En effet cette politique se caractérisant par :
le désengagement de l'Etat, la privatisation des entreprises publiques
chargées du développement agricole, la responsabilisation des
paysans avec le transfert de certaines fonctions anciennement dévalues
aux organismes publics, l'élimination des subventions sur les intrants
et des crédit agricoles, et la libéralisation des prix des
productions agricoles, « a déconnecté le
développement du monde rural de celui du secteur agricole
028.
Apres avoir déstructuré le systeme
d'encadrement du secteur, la mise en oeuvre de cette politique n'a offert en
réalité aucune perspective concrete de développement au
monde rural.
27 DIOP A. B : Les paysans du
bassin arachidier : Conditions de vie et comportements de survie, IFAN - Cheikh
Anta Diop. . Université de Dakar, page 58
28
WWW.Sudonline.sn
/SPIP. PhP ? vendredi 25 avril 2008 : Face a la hausse des prix mondiaux des
produits agricoles : quelles solutions pour le
Sénégal
58
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Cette situation se traduit chez les paysans du bassin
arachidier, particulierement ceux de la CR de Ndiob par des problemes cruciaux
de moyens pour une bonne marche de leurs systemes de production.
Parmi les paysans interroges au cours de notre
investigation sur le terrain, 32% expliquent la baisse des rendements par la
degradation des conditions naturelles (baisse de la pluviometrie,
appauvrissement des sols etc.) et 15 % considerent que c'est a la fois la
degradation de l'environnement et le manque de moyens. Pour 53% cette baisse
des rendements est liee a la liberalisation du secteur agricole, qui se traduit
chez eux par :
or L'insuffisance et la vetuste du materiel agricole,
liees au non renouvellement du parc existant, a l'inexistence de systeme de
credit en materiel. La plus part d'entre eux dispose de materiel fabrique par
les artisans locaux ;
or L'acces difficile aux semences de qualite, lie a leur
insuffisance, au coilt eleve, a l'absence de credit en intrant et a la
distribution tardive.
Les intrants sont vendus aux paysans a des periodes de
l'annee correspondant au debut de la soudure pour certain. Seuls ceux qui ont
les moyens parviennent a avoir des intrants de qualite. Pour la campagne
agricole de 2006/2007, dans l'ensemble de la CR, 20 paysans, dont 15 pour la
zone de Ndiob, 03 pour Darou 01 pour Ndiourbel Sine et 01 pour Farar ont eu des
semences en quantite satisfaisante. Ces paysans sont de gros producteurs et
appuyes par les ONG (CRN 2008).
D'apres les paysans, les semences vendues par la
SUNEOR (ex SONACOS) sont largement en deca de leurs besoins reels. Pour la
campagne 2006/2007 par exemple, 25 tonnes de semences (arachide variete
55.473), 15 tonnes d'engrais (varietes 6-20-10 et 15-10- 10) ont ete mis a
leurs dispositions, pour 1616 menages ayant recouvre la taxe rurale. Ainsi on
note pour chaque menage 15kg de semence et 9kg d'engrais (CRN).
Un grand nombre de paysans eprouvent d'enormes
difficultes pour acquerir les quantites de semence d'arachide dont ils ont
besoin et se voient obliges de limiter les superficies cultivees. Les chutes de
production ces dernières annees, même en bonne saison,
s'expliquent partiellement par la baisse des quantites de semences. Pour avoir
de semences, de nombreux paysans, sont obliges de s'endetter, de mettre en gage
ou de vendre des biens.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Cette situation est déplorée par les
paysans qui réclament des semences en quantités suffisantes et
les crédits agricoles. Un des paysans29 interrogés
explique : « avant le désengagement de l'Etat du secteur agricole,
on recevait les intrants a crédit avec : lookg de semence par homme et
5o kg par femme plus du matériel et des produits phytosanitaires
nécessaire au bon développement des cultures. Mais actuellement,
l'acces aux semences est extremement difficile, nous n'avons pas les moyens
0.
A ces contraintes, on peut ajouter les problemes
techniques, résultant de l'absence de formation et d'un manque
d'encadrement.
Cependant selon les paysans, aux moments oil ils
bénéficiaient du soutien de l'Etat, la production de l'arachide
par exemple tournait autour de lookg de coque par boite3° de
graine semée. Mais maintenant 10 boites semées (environ iha)
donnent exceptionnellement 5ookg d'arachide de coque.
L'élevage n'échappe pas a cette
libéralisation. En effet dans la CR la prise en charge de la
santé animale par l'Etat pose de plus en plus probleme. D'ailleurs ce
secteur est marqué au cours de son histoire par la faiblesse des
investissements de la part des pouvoirs publics.
Les difficultés du secteur agro-pastoral se
répercutent sur le commerce. En effet les produits vendus au niveau des
marchés de la CR proviennent pour l'essentiel des activités
agro-pastorales. Or, ce secteur connait une forte baisse des productions. Ainsi
on note au niveau des marchés une insuffisance de produits, mais aussi
et surtout le manque de dynamisme de ces marchés qui fait qu'ils sont
fréquentés que par les populations locales.
L'artisanat est confronté a des
difficultés telles que : l'acces difficile aux matières premieres
et aux financements, l'absence d'encadrement, mais surtout l'absence
d'organisation regroupant tous les artisans.
29 Guèdie DIOUF, vieux Paysan à
Soumnaane
30 Boîte de semoir équivaut à 5kg
de graine
60
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Ces différentes contraintes engendrent une
paupérisation des populations et répétition cyclique de la
soudure conduisant, dans une certaine mesure a un exode massif des jeunes en
direction des centres urbains comme Dakar pour le soutien des
familles.
Face a une telle situation, les populations, en
collaboration avec les autorités locales et les intervenants
extérieurs se fixent comme objectif d'accroitre les rendements agricoles
et de faire du maraichage un domaine prioritaire pour le développement
économique de la communauté rurale.
L'activité maraichere mobilise depuis la crise
de l'arachide une frange importante de la population. Cette dernière
s'active essentiellement sur la production et la commercialisation des produits
largement dominée par les femmes.
I-2-4 : L'organisation des différents acteurs de
l'expansion du maraîchage dans la CR de Ndiob
« L'agriculture africaine demeure encore
dépendante de l'énergie humaine. Le paysan travaille le plus
souvent a la main... , (POURTIER R., 2001 p.90). Dans l'agriculture
sénégalaise la disponibilité de la main d'oeuvre est un
facteur incontournable pour tout développement agricole. En effet cette
activité n'a pas encore connu une mécanisation avancée les
outils sont rudimentaires et les exploitations sont en grande partie de type
familiale. L'activité maraichere est un des sous secteurs les plus
exigeants en main d'oeuvre dans le domaine agricole. Dans la CR de Ndiob, une
frange importante de la population s'active aussi bien dans la production que
dans la commercialisation des produits. Les partenaires au développement
y jouent également un role considérable.
1-2-4-1 : Les proprietaires de terres : de veritable
lamanes modernes
Ce sont les chefs de famille qui détiennent les
terres de la vallée, Ils sont surtout les paysans des villages riverains
de la vallée comme Ndiob, Bacco Mboytolé, Bacco Sérere,
Ngalagne, Banghadj etc. Ces acteurs ont acquis leur patrimoine foncier soit par
héritage a leurs ancetres qui furent des lamanes soit par achat ou par
le systeme
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
de taflé (mise en gage) oil les
propriétaires de la terre ne pouvaient pas rembourser la créance
au délais fixé. Ainsi ces derniers se voient expropriés de
leurs terres par le prêteur qui devient de « plein droit 0 le
détenteur. D'autres propriétaires ont été
favorisés par la loi sur le domaine nationale : en effet la loi a permis
a beaucoup de détenteurs de droit de hache ou de droit de culture dans
le régime coutumier, de devenir maitre ou « propriétaire 0
des terres qu'ils mettaient en valeur, avec le régime moderne mis en
place par l'Etat (cf. p. 71 : régime foncier moderne).
Certains de ces propriétaires terriens
n'exploitent pas la totalité de leurs domaines, ils jouent un
véritable role de lamane, a travers la location ou la mise en
métayage de leurs foncier a des maraichers sans terre, souvent venus des
localités éloignées de la vallée ou aux GIE et GPF,
pour une duré déterminée. Les locataires donnent en retour
une « redevance 0 essentiellement en argent, soit un prix
négocié entre l'usager et le propriétaire, soit un partage
des retombés financiers de la récolte (mbeye cedoo). (cf. p. 72 :
acces a la terre).
Parmi les exploitations visitées, 18% des
terres sont détenues par ces acteurs. Les autres maraichers exploitent
soit leurs propres terres, ou celle de leur parent proche, sans contre
parie.
1-2-4-2 : Les producteurs
Les producteurs maraichers dans la CR de Ndiob sont en
majorité locaux. Ils ont comme principale activité l'agriculture,
leur longue expérience dans ce domaine leur confere une certaine
expertise et un fort attachement a l'activité. Ces producteurs peuvent
être classés en trois groupes en fonction de leur organisation et
des types d'exploitation:
or Les producteurs familiaux:
Ce sont des chefs de famille qui s'activent dans le
domaine du maraichage. Ils ont comme principale main d'oeuvre leur famille, qui
assure la totalité des tâches, de la préparation des
parcelles a la dernière récolte. Les tâches sont dans la
majorité des cas réparties en fonction de l'âge et du sexe
des travailleurs : les jeunes garcons (18 ans et plus) sont chargés des
travaux durs comme l'exhaure de l'eau, l'arrosage et l'entretien des cultures
(sarclage, fertilisation, déparasitage etc.) ; les enfants s'occupe de
la surveillance des cultures contre la divagation du bétail, mais aussi
le vol surtout
62
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
en période de récolte ; quant aux
femmes, elles ont en général comme principales activités
la cueillette et la vente en détail d'une partie de la production dans
les villages et les marchés hebdomadaires de la communauté
rurale.
Le chef de famille est chargé de la supervision
des opérations agricoles, de la recherche d'intrants, de
matériel, de soutient financier, mais également de
débouchés (clients) au niveau des marchés pour
l'écoulement des produits. C'est lui qui prend les décisions
(choix des productions, dates des opérations, organisation
etc.).
Ce groupe représente 27 % des producteurs
interrogés lors de nos enquêtes de terrain. Leurs avantage est
surtout l'importance et la disponibilité de la main d'oeuvre, ils n'ont
pas besoin de recruter du personnel pour la bonne marche de leur travail. Dans
la plus part des cas, ces producteurs n'accusent pas de retard dans leurs
calendrier agricole et le cycle normal des cultures est respecté. Ces
producteurs font a l'image des peuls de la vallée du fleuve
Sénégal une alternance entre deux cultures (en période
hivernale et en période seche). Cependant dans ce cas de figure, il ne
s'agit pas d'alternance entre cultures pluviales au jeeri et cultures de
décrue au waalo, mais une alternance entre cultures pluviales
dominées surtout par le mil, aliment de subsistance, et
l'activité maraichere comme source de revenus en contre saison parfois
dans les même domaines fonciers.
or Les producteurs individuels :
Ce groupe est formé de jeunes dont la plus part
viennent des villages éloignés de la vallée (Ndioudiouf,
Mbataar,'ThieW 'Thiallé et.). Ces producteurs préfèrent,
dans la majorité des cas, la pratique du maraichage dans la
vallée de Ndiob que certains travaux comme celui de manoeuvre journalier
dans les magasins ou les chantiers de construction en ville : plus de 60% des
producteurs interrogés considerent que le maraichage est plus
bénéfique que le travail de journalier. Ils avancent
l'idée selon la quelle, avec le maraichage ils n'ont pas besoin de louer
des chambres, ils rentrent chez eux chaque soir et ne dépensent pas pour
le manger, alors qu'en ville ils effectuent de nombreuses dépenses pour
des raisons de logement et de nourriture. Ces dépenses font qu'il leur
est impossible d'épargner pour envoyer des sous a leurs
familles.
Ces maraichers font la navette quotidienne entre leurs
villages et la vallée en charrettes ou a pieds. Ils passent toute la
journée aux champs. Leur travail est pénible
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
car ils sont chargés de l'exécution de
l'ensemble des tâches : ils assurent l'entretien, la surveillance,
l'exhaure, l'irrigation etc. C'est la raison pour laquelle toutes les
exploitations individuelles que nous avons visitées sont de petites
parcelles faciles a entretenir. L'âge de ces exploitants varie de 19 a 3o
ans, et ils représentent 11% des maraichers
interrogés.
or Les producteurs associés :
Ce sont des GPF et des GTE qui sont souvent en
relation directe avec une structure d'aide et d'encadrement comme les ONG :
c'est le cas du groupement de Ngalagne appuyé par Jappo
Sénégal, de la fédération des maraichers de la
vallée, appuyée par l'ANCAR, et d'autres groupements comme
Ngaraf, Book Joom, Joubo etc., qui bénéficient du soutien de
l'uAVDs et de World Vision. Les membres assurent les travaux par équipes
a tour de role, s'il s'agit d'une grande parcelle communautaire. Pour le cas
des GPF, ils sollicitent souvent l'aide des hommes (parfois mari ou fils de
chaque membre) pour certains travaux difficiles comme la mise en place de
clOtures.
Dans certain cas, le domaine du groupement est
subdivisé en plusieurs parcelles dont chaque membre attributaire est
chargé de l'entretien de sa parcelle. Ce cas de figure est souvent
observé au niveau des groupements constitués d'hommes comme les
GTE Ngaraf de Ndiob et bien d'autres. Ces associations de maraichers ont a leur
tête un président qui est le chargé des relations avec des
ONG et différents structure d'aide, de la recherche de matériel,
d'intrant et de débouchés.
Tl existe d'autres formes d'association a deux ou
trois producteurs, souvent des freres ou amis, s'investissant dans
l'activité maraichere. Parfois, ils assurent le travail ensemble, mais
il arrive que les tâches soient effectuées a tour de role. Cela
leur permet de s'adonner a d'autres activités comme la recherche
d'intrants, le renseignement sur les prix au niveau des
marchés.
Les exploitations associatives représentent 62%
des exploitations visitées (cf. fig. 9)
64
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Figure 9: Répartition des maraichers en fonction
des formes d'exploitation
P.Familiaux
P. Individuels P. associés
P.Familiaux P. Individuels P. associés
Frequencesen (%)
40
70
50
30
60
20
10
0
Types de prducteurs
Source : Enquêtes 2009
Ce graphique fait ressortir au niveau de notre
échantillon une prédominance des types producteurs
associés avec 62%, suivi des producteurs familiaux qui font 27%. Par
contre les producteurs individuels avec 11% représentent une faible
proportion de l'échantillon. Ceci peut s'expliquer en grande partie par
la dureté du travail. En effet l'activité maraichere exige
beaucoup de main d'oeuvre et de temps de travail qu'une seule personne parvient
difficilement a supporter. Selon le CD H, il faut en permanence 3 a 4 ouvriers
qualifiés pour faire un hectare de culture, et 1750 heures pour arroser
2500 m2 avec un puisard de 2 m de profondeur (Autissier
1994).
Le recours aux « surga , est tres faible
dans les exploitations. Pour les producteurs, cela demande beaucoup de moyens.
Ils préfèrent organiser des séances de « sim »
ou « santané 0 en Wolof (aide populaire), que de payer une main
d'oeuvre en se basant sur une production incertaine. Parmi les exploitations
visitées, seul un producteur a employé deux « surga »
dont l'un est originaire de Ngohé et l'autre de Diourbel.
L'ensemble des producteurs interrogés est
constitué de séreres, largement dominé par des jeunes. Les
moins de 3o ans représentent 65% de l'échantillon, contre 28%
pour ceux qui ont un age compris entre 3o et 45ans, les plus de 45 ans ne
représentent que 7% (cf. fig. 1o).
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Tableau 6: Répartition des maraîchers en
fonction de L'âge
Classes
|
Effectifs (ni)
|
Fréquences (fi)
|
[19- 30[
|
57
|
65%
|
[31-45[
|
25
|
28%
|
[46 et plus
|
07
|
7%
|
Total
|
?ni 88
|
?fi 100%
|
Source : enquête 2009
Figure 10: Répartition des maraîchers en
fonction de l'âge
[19-30[ [31-45[ [45 et plus
Frequences (en%)
40
70
50
30
60
20
10
0
[19-30[ [31-45[ [45 et plus
Classes d'âge
Source : Enquêtes 2009
La figure 5 révèle que les producteurs
agés de 19 A 3o ans constituent la classe modale (la
plus grande classe) de l'échantillon. On note peu de maraichers
agés de plus de 45 ans. Cette situation se justifie par
une plus grande aptitude des jeunes a réaliser certains
travaux. Certains maraichers, agés de plus de 45 ans cultivent seulement
des pépinières de tomate, de choux, aubergine
etc. qu'ils vendent aux maraichers ayant un accès
difficile aux semences.
1-2-4-3 : Les commercants des produits
maraichers
Les commergants peuvent être classés en
trois catégories : les grossistes, les demigrossistes et les
détaillants. Ils sont en majorité constitués de femmes,
surtout les détaillants. Parmi les commergants
interrogés au cours de nos investigations de terrains,
73% sont des femmes, les hommes représentent 27%. Les demi-grossistes
et
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
les détaillants sont dans la majorité,
natifs de la CR de Ndiob, ils parcourent les marchés ruraux de la CR et
ceux des collectivités environnantes, leur age se situe entre de 35 a 65
ans. Leur répartition ethnique révèle 64% de
séreres, 27% de Wolofs et 9% de peul (cf. fig. 11). 84% des
commerçants interrogés sont mariés, 10% sont
célibataires et 6% des femmes sont des veuves (cf. fig.12).
Les grossistes viennent souvent de Diourbel, Fatick,
Bambey Diakhao etc. Ils approvisionnent les marchés de la
communauté rurale pendant les fêtes de Korité et de
Tabaski.
Les commercants détaillants de la CR
bénéficient de l'appuie des ONG ou de leur structure
d'appartenance (GPF, GIE), en fond de départ remboursé apres une
durée déterminée par la structure et avec un taux
d'intérêt fixé.
Figure 11: Répartition ethnique des
commerçants
27%
Sérères Wolofs Peuls
9%
64%
Source : Enquêtes 2009
Figure 12: Situation matrimoniale des
commerçants
Mariés Célibataires Veuves
10% 6%
84%
Source : Enquêtes 2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
1-2-4-4 : Les ONG : structures de soutien et
d'encadrement
Le maraichage est une activite qui necessite un
certain niveau technique et d'information sur les modes de production, les
especes les plus adaptees aux conditions du milieu et les formes de lutte
contre les parasites. Les populations de la CR de Ndiob ont depuis des
decennies, ignore l'agriculture irriguee, en particulier l'activite maraichere.
C'est suite a la crise de l'arachide qu'ils se sont lances dans ce type
d'activite qui est en totale contradiction avec les systemes qu'ils ont depuis
toujours connu. Ce- ci justifie leur besoins d'encadrement et de formation.
Ainsi un certain nombre d'ONG s'activent depuis 19997 dans la formation et la
sensibilisation des maraichers dans la vallee de Ndiob. Ces organismes sont
:
cr L'ANCAR :
C'est un organisme cree par le gouvernement senegalais
en 1997. Elle a plusieurs missions : faire acceder aux producteurs a leur
demande, a un large eventail d'innovations techniques et technologiques,
renforcer les capacites des organisations de producteurs, et appuyer les
producteurs dans tout le processus d'elaboration, de mise en oeuvre et
d'evaluation du conseil rural agricole. L'ANCAR intervient pratiquement dans
tous les domaines de developpement en zone rurale. Dans la CR de Ndiob, le
maraichage est un des secteurs les plus importants de son
intervention.
Elle appuie les maraichers en materiel et intrants,
construit des infrastructures hydrauliques (forage de puits dans la vallee) et
participe a la formation des producteurs a travers des conseils sur les
techniques modernes de compostage, de productions, de pepiniere et de lutte
contre les insectes ravageurs ; et l'organisation des voyages d'etudes a Keur
Moussa avec les producteurs. L'ANCAR joue egalement le role d'intermediation
entre les organismes de financement et les producteurs, afin d'aider ces
derniers a acceder au credit agricole. En 2007 dans le cadre du programme
ASPRODEP, cet organisme a permis le financement de 2 projets de maraichage dans
la Communaute rurale. Elle organise des ateliers de reflexion sur la mise
valeur de la vallee de Ndiob.
Il est important de noter que lors des sessions de
formation les habitants de villages environnants sont invites a y prendre part,
pour beneficier des enseignements octroyes dans le cadre du renforcement des
capacites.
68
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
or World Vision :
C'est un organisme international de secours et de
développement ceuvrant pour le bien être des populations, en
particulier celui des enfants. Elle a pour mission de venir en aide aux
démunis et aux opprimés par le biais de programmes d'aide
humanitaire d'urgence, de projets de réhabilitation, de
développement durable et de promotion de la justice. Cet organisme a
intervient dans : l'hydraulique rurale, la santé, l'éducation,
l'hygiene, mais aussi et surtout la sécurité alimentaire et
l'économie (développement d'activités
génératrices de revenus comme le maraichage). Son soutien aux
maraichers de la vallée de Ndiob se traduit par des conseils sur les
techniques de productions, le forage de puits, mais surtout le prêt ou la
vente de matériels et d'intrants (semences, engeais, pesticide etc.) a
bas prix. World Vision en collaboration avec l'Union des Associations
Villageoises pour le Développement du Sine (uAVDS), a ouvert a Ndiob une
boutique de matériels et d'intrants pour la promotion de
l'activité maraichere dans la CR (cf. photo 3).
Photo 3: Boutique agricole de Ndiob, pour le
développement du maraîchage
Cliché : Ndao 2009
or Jappoo Senegal :
Jappoo est un organisme fondé par des
bénévoles Francais et sénégalais parmi lesquels un
natif du village de Ngalagne (CR de Ndiob), en l'occurrence Sidy SALL. Ngalagne
est une des premieres zones d'intervention de cet ONG qui s'active dans le
développement éducatif, sanitaire, économique et agricole.
Jappoo appuie le
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
groupement des femmes de Ngalagne dans le domaine du
maraichage, en mettant en place un grand périmetre maraicher pour ces
femmes (cf. photo4). Elle envoie des jeunes du village en formation sur les
techniques de production, les produits phytosanitaires locaux (accessibles a
tous), au centre de formation agricole de Keur Moussa. Ces jeunes de retour au
village partagent leurs connaissances avec les populations et assistent les
maraichers dans les pratiques agricoles. Jappoo a également mis en place
un systeme d'irrigation goutte a goutte dans le périmetre de Ngalagne
grace a l'appui matériel de 2 entreprises françaises: France
arrosage et Nétafim France le leader mondial dans ce domaine
Photo 4: Mise en place du périmètre
maraîcher de Ngalagne
Cliché : Jappoo 2006
I-2-5: Un vaste marché de consommation
La population de Ndiob bien qu'étant
essentiellement rurale constitue un grand marché de consommation des
produits de la vallée. Une bonne partie des productions maraicheres est
vendue en détail aux populations locales a partir des marchés de
Ndiob et Darou Salam, Patar, Diakhao Niakhar etc. Cependant les plus grands
débouchés sont les centres urbains comme Diourbel, Fatick, Gossas
et Bambey.
La forte croissance urbaine observée au
Sénégal ces dernières décennies est un des facteurs
clés qui ont favorisé la mise en place d'un important
marché de consommation pour le maraichage. La plus grande partie des
récoltes est acheté soit sur pieds, soit au marché par des
commergants (grossistes et demi- grossistes, détaillants etc.)
d'origines diverses.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
D'autres acteurs non moins importants sont les
vendeurs de fumier animal. Ce sont en général des éleveurs
de petits ruminants, de vaches ou de chevaux gardés au niveau des
concessions. Ils jouent un role important dans le développement du
maraichage, près de 100% des maraichers interrogés utilisent la
fumure animale, cela leur permet de diminuer la quantité d'engrais a
acheter.
L'ensemble des acteurs interrogés au cours de
nos enquêtes sont répartis entre 18% de propriétaires de
terre, 41% de producteurs, 25% de commergants, 9% de structure d'aide et 7%
groupements associatives (cf. fig.13.)
Figure 13: Répartition des acteurs du
maraîchage dans la CR de Ndiob
P. de terres Producteurs Commerçants ONG
Groupements
25%
7
9% 7%
18%
41%
Source : Enquêtes 2009
A coté de cette forte mobilisation d'acteurs
organisés, l'activité maraichère est marquée par
une gestion foncière complexe, en raison de la limitation du domaine
favorable a son développement. En effet il est important de rappeler que
les terres favorables au maraichage (sols deck) et la nappe phréatique
se localisent dans la vallée de la CR. Or beaucoup de maraichers n'ont
pas de domaine foncier dans cette zone : ils y accèdent de diverses
manières.
I-2-6 : L'évolution du foncier dans la CR de Ndiob
et sa gestion dans le domaine du maraîchage
La terre est, depuis des siècles, au centre de
plusieurs processus socio-économiques, politiques et spatiaux. En effet
toute société a besoin d'espace pour habiter, travailler, se
nourrir et se mouvoir. « ...le statut foncier joue un role capital non
seulement dans la definition des rapports du producteur et de la terre mais
dans toute la vie sociale » (P. PELISSIER 1966, p215). Aujourd'hui, face a
la forte croissance
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
démographique et aux multiples enjeux
liés a la surexploitation des ressources naturelles, la terre fait
l'objet d'une forte convoitise ; elle est a l'origine de nombreux conflits dans
les zones rurales du tiers monde.
Dans la CR de Ndiob, comme dans l'ensemble du Sine, la
terre est un bien sacré aux yeux de la masse paysanne sérere. La
gestion de ce patrimoine est fortement marquée par la force du
régime coutumier, malgré les changements apportés par
celui moderne a travers la loi de 1964 sur le domaine national.
1-2-6-1 : Le regime foncier traditionnel : une
superposition de droits sur le foncier
La CR de Ndiob abrite de vieilles civilisations
agraires dans lesquelles la possession de la terre est un élément
fondamental. Ainsi existaient dans le systeme traditionnel de vastes
entités territoriales ayant a leur tête des maitres de terres
(yaal lang ou laman en sérere). Ces derniers s'appropriaient des terres
grace « au droit de feu 0 (yaalo niay) et octroyées aux membres de
leurs familles ou aux autres paysans de la communauté qui en faisaient
la demande. Ceux-ci avaient a charge de défricher les surfaces qui leur
étaient affectées par le laman en vertu du « droit de hache
0 (yaal baakh). Contre cette affectation, les bénéficiaires
payaient une redevance qui pouvait prendre diverses formes (cadeaux, prestation
de travail, dime sur les récoltes, partage des récoltes, argent,
etc.); ils jouissaient ainsi d'un droit héréditaire pour
l'exploitation, la gestion, le prêt, la transmission ou la mise en gage
du sol, donc d'une certaine sécurité fonciere, mais sous la seule
condition d'un renouvellement perpétuel de la redevance. « Le
maitre de la hache est détenteur d'un droit d'exploitation
imprescriptible aussi longtemps que lui-même et ses descendants
continuent a occuper effectivement leur « propriété * et
s'acquittent de leur devoirs a l'égard du lamane * (P. PELISSIER, 1966,
p217). Ces détenteurs du droit de hache pouvaient dans certains cas
concéder temporairement une partie de « leurs terres 0 A des tiers,
créant ainsi un autre titre de l'exploitation du sol : le droit de
culture.
On assistait également au processus de location
temporaire révocable et a la mise en gage dont le prêteur
bénéficiait de la disposition du champ gagé aussi
longtemps que sa créance ne lui a pas été
remboursée.
Dans ce régime coutumier, le droit lamanal est
le plus élevé dans la hiérarchie des droits sur la
terre parce qu'étant le plus ancien. Il résulterait d'une
alliance conclue
72
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
entre l'ancetre uterin du « maitres de terres
» et un esprit localise ; et cette alliance a ete conclue quand cet
ancetre a procede a la delimitation de l'ensemble des terres sur lequel il
allait dorenavant exercer sa juridiction (.Gastellu (1981), cite par H. L6 et
M. DIONE (2000, p 4).
La terre etait un bien collectif inalienable, mais
transmissible de generation a generation.
En milieu serere, le mode de transmission se faisait
au sein du lignage maternel (Guigou et al. 1998). En effet, la societe serere
typique etait matrilineaire, les droits de succession, y compris sur la terre,
se transmettant non du pere au fils mais de l'oncle maternel au
neveu.
Cependant, ce mode d'heritage n'a pu resister a
l'influence de l'islam qui fixe des principes fondes sur l'heritage
patrilineaire. Ainsi en milieu serere, la terre devient exclusivement un bien
des hommes.
Ce regime qui favorisait la minorite lamane a ete
remis en cause par l'Etat qui a entrepris au lendemain des independances une
politique de reglementation du foncier, avec l'avenement de la loi sur le
domaine nationale.
1-2-6-2: Le regime foncier moderne : une redistribution
et une « reglementation » de la gestion du foncier
La gestion fonciere contemporaine, dans la CR de Ndiob
comme dans d'autres zones rurales du Senegal, est profondement marquee par la
loi sur le Domaine national (LDN), promulguee au lendemain de l'independance,
et completee, une dizaine d'annees plus tard, par d'autres lois et decrets
organisant la gestion de ces terres. Cette loi de 1964 a fortement touche les
regimes coutumiers dans le Sine. En effet l'article premier de la dite loi
stipule que : « toutes les terres non classées dans le domaine
public, non immatriculées et dont la propriété n'a pas
été transcrite a la conservation des hypothègues a sa date
d'entrée en vigueur constituent de plein droit le domaine national
*.
Le droit de requerir l'immatriculation a ete reconnu
aux occupants de la terre qui a la date d'entree en vigueur de la loi avaient
realise une mise en valeur permanente (O. TOURE et S.M.SECK 2005). Or dans le
regime coutumier, les lamanes concedaient une grande partie de leurs domaines
fonciers a des tiers qui detenaient le droit de hache ou de culture, et la mise
en valeur etait largement saisonnière ou periodique.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Ces contradictions avec les principes fixés par
la LDN, ont abouti au reversement des grands domaines fonciers des lamanes dans
les zones de terroirs, une des quatre catégories de terre du domaine
national31, correspondant aux terres des communautés rurales
régulièrement exploitées par l'habitat rural,
l'agriculture ou l'élevage.
Cette loi avait entre autre comme objectif
d'éliminer les droits fonciers coutumiers encore largement en vigueur.
Ainsi les lamanes de jadis perdirent leur statut de maitre de la terre pour
bénéficier du simple droit d'usage. La loi confirme
l'appartenance a l'Etat de la quasi-totalité des terres. Dans le
même temps, on assiste a un passage d'une appropriation collective (la
terre en tant que bien de la famille ou de la communauté ne se
transmettant qu'en leur sein) a une individualisation des terres pour une
meilleure rentabilité (Niang, 1975).
Malgré quelques contraintes dans le monde
rural, le régime moderne a été favorable a une bonne
partie des paysans sans terre de la CR de Ndiob, a travers la redistribution du
foncier, l'élimination de la forte dépendance aux lamanes et
l'incertitude de cultiver de faRon continue sur la même terre. En effet
l'exploitation des terres dépendait du montant de la dime
réclamée par le lamane (ndalu), qui pouvait être
insupportable d'une année a l'autre, et par conséquent aboutir a
une perte du droit d'usage ( H. LO et M. DIONE 2000).
Malgré les profondes modifications
apportées a la gestion fonciere dans la CR de Ndiob, on note toujours la
survivance des droits coutumiers, se traduisant par les pratiques encore
courantes du gage, de la location et du prêt, surtout dans le domaine du
maraichage. Cependant ces pratiques se font entre gens de confiance et a des
durées limitées.
31 L'article 4 de la loi n° 64-46 distingue dans le
domaine national quatre catégories de terres en fonction de leur usage :
les zones urbaines (habitat urbain), les zones classées (parcs et
réserves), les zones pionnières et les zones de terroir
(communautés rurales).
74
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
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1-2-6-3: yacc's a la terre et le mode faire valoir dans
le domaine du maraichage : le « retour » des lamanes
Les sols favorables au maraichage sont essentiellement
localisés au niveau de la vallée de Ndiob (la zone de production,
cf. carte 4). Ils sont donc détenus par les paysans de la vallée,
(les propriétaires des terres) dont 32% exploitent la totalité ou
une partie de leur terre avec l'aide des membres de leur familles ou
individuellement : ils sont en mode de faire valoir direct. Par contre de
nombreux maraichers interrogés au cours de nos enquêtes viennent
des villages éloignés de la vallée. Ces maraichers ne
disposent pas de terre dans la zone, ils louent ou empruntent des parcelles
pour mener leur activité. Ces parcelles sont en mode de faire valoir
indirect, elles représentent 68% des exploitations visitées (cf.
fig. 14) et sont réparties entre 62% de parcelles louées et 6% de
parcelles acquises par prêt (cf. fig. 15). Le mode de faire valoir
indirect consiste en effet a louer ses terres a un exploitant qui, en retour
paie une certaine somme ou donne une redevance apres la
récolte.
Le payement des parcelles varie suivent leur taille et
les équipements mis en place (puits, séanes, cloture etc.). Il
peut se faire en argent (a un coit allant de 15000 a 35000), comme on peut
noter parfois le systeme de « mbey sedoo 032. Ce systeme est
différent de celui du lamanat (dans le régime coutumier) oil les
exploitants jouissaient d'un droit (droit de hache, droit de culture etc.) sur
la parcelle dont ils ne pouvaient perdre que s'ils arrêtaient de
l'exploiter. Avec l'avenement de la loi sur le domaine national, les
propriétaires terriens louent ou prêtent leurs terres que pour une
durée bien déterminée, et le contrat de location peut
être rompu a tout moment (en fin de campagne), si un autre locataire
présente plus d'intérêt pour le propriétaire. Par
mesure de prudence aux regles de la LDN, les prêts et les locations se
font rarement pour deux campagnes de production consécutives. En effet
la LDN stipule qu' « une terre cultivée par un paysan durant deux
années consécutives devient sa « propriété
» et qu'il peut demander au Conseil rural de la lui affecter ». Le
tableau n°7 montre la répartition des exploitations visitées
en fonction des modes d'acces et de mise en valeur des terres.
32 Système où les revenus de
l'exploitation sont partagés entre le producteur et le
propriétaire foncier.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Tableau 7: Répartition des exploitations de
l'échantillon en fonction du mode d'accès à la terre et
du mode de faire valoir
Mode d'accès
Mode
de faire valoir
|
Heritage
|
Location
|
Prat
|
Total
|
Frequence( %)
|
Direct
|
16
|
|
|
16
|
32%
|
Indirect
|
|
31
|
03
|
34
|
68%
100%
|
Total
|
16
|
31
|
03
|
50
|
Fréquences (%)
|
32%
|
62%
|
06%
|
Source : Enquêtes 2009
Figure 14: Répartition des modes de faire
valoir
Direct
Indirect
Série1
16
34
Mode de faire valoire
32%
Direct Indirect
6%
Héritage Location Prêt
62%
Figure 15: Répartition des modes d'accès
à la terre
35
Nombre d'exploltations
30
25
20
15
10
5
0
Source : Enquêtes 2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
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Carte 4: La zone de production (domaine foncier
favorable au maraîchage)
1-2-6-3 : Analyse des surfaces d'exploitation
Les exploitations de la vallée de Ndiob
présentent dans la globalité des superficies relativement
faibles, dépassant rarement 1,5ha
Parmi les 5o exploitations que nous avons
visitées, seule la superficie de 19 parcelles a été
renseignée : en effet la majorité des maraichers
interrogés n'ont pas une idée précise sur la taille
réelle de leur exploitation. Ceci s'explique par la forme
irrégulière des parcelles, difficile a mesurer. Par mesure de
prudence, nous nous sommes
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
abstenus a considérer les approximations de la
taille de ces parcelles, en se contentant du nombre de parcelles dont la
superficie a été renseignée.
Ainsi une classification de ces exploitations nous a
donné deux groupes de parcelles dont 16 ont une superficie comprise
entre 0,5 et 1 ha et 3 parcelles (exploitations de groupements) qui font plus
de 1 ha. (cf. tableau n°8).
Tableau 8: Répartition des exploitations selon la
taille
Superficies(en ha)
|
1-095 -- 1]
|
1-> 1 1-
|
1-Inconnues1
|
Total
|
Nombre (ni)
|
16
|
3
|
31
|
50
|
Fréquence (fi)
|
32%
|
6%
|
62%
|
100%
|
Source : enquêtes 2009
Une analyse de la superficie des exploitations montre
que les maraichers utilisent dans l'ensemble de petites parcelles, ils
cultivent en moyenne 0,70ha avec une superficie maximale de 1,5 ha et une
minimale de 0,5ha (cf. tableau n°9). La petite taille des parcelles
s'explique par les maigres moyens des producteurs et le fort entretien
qu'exigent les cultures maraicheres. En effet la majorite des maraichers
interroges expliquent qu'ils preferent exploiter de petites parcelles afin
d'assurer un bon entretien (arrosage, sarclage, deparasitage etc.) et avoir de
bons rendements que cultiver de grandes superficies dont l'entretien pose
probleme. L'utilisation d'engrais chimiques, de fumure animale mais aussi de
differentes techniques de culture permettent une forte intensification qui
compense la taille reduite des parcelles d'exploitation.
Tableau 9: Analyse de la taille des
exploitations
Variables
|
Maximum
|
Moyenne
|
Minimum
|
Superficies
|
1,5 ha
|
0,70 ha
|
0,5 ha
|
Source : enquêtes 2009
78
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géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
L'ensemble des facteurs étudiés dans
cette partie montre bien que la communauté rurale de Ndiob dispose
d'importantes ressources en termes d'opportunités agronomiques dans le
domaine maraicher. En somme le milieu agro-pédologique, malgré un
certain nombre de contraintes surtout d'ordre climatique, offre de
réelles potentialités pour l'activité maraichère.
Le fort peuplement de la zone représente un atout considérable.
La main d'oeuvre est importante et majoritairement formée de jeunes ne
connaissant que l'agriculture. On note également un fort attachement
d'une marge importante de la population a l'activité, se traduisant par
une forte mobilisation d'acteurs diversifiés au tour de la
filière.
Cependant malgré ces conditions favorables, la
performance de l'activité, qui lui a valu son important role dans la vie
des populations est la résultante de diverses itinéraires
techniques qui assurent sa durabilité dans un contexte climatique
instable.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
DEUXIEME PARTIE
CARACTERISTIQUES, INCIDENCES ET CONTRAINTES DU MARAICHAGE
DANS LA C R DE NDIOB
Les cultures maraicheres constituent une innovation
dans la communauté rurale de Ndiob. En effet depuis des
décennies, le peuple sérere n'a connu que l'agriculture sous
pluie comme principale activité de subsistance. Cette agriculture
extensive permettait la subsistance d'une population jadis faiblement dense.
Cependant cette situation est vite bouleversée sous l'effet de
l'explosion démographique et de la dégradation des conditions
physiques, facteurs de la crise des systemes agricoles.
Ainsi le maraichage apparait comme une alternative a la
crise de l'arachide dans la communauté rurale. Malgré un certain
nombre de contraintes cette activité a engendré des incidences
importantes dans la CR de Ndiob.
Cette deuxième partie sera essentiellement
consacrée a l'analyse des caractéristiques, des contraintes et
des incidences socio-économiques et spatiales du maraichage dans la CR
de Ndiob.
80
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
CHAPITRE 1 : CARACTERISTIQUES DE L'ACTIVITE MARAICHERE
DANS LA CR DE NDIOB
Le maraichage se caractérise entre autre par
une forte intensification et l'utilisation d'eaux de surface ou souterraines.
Contrairement aux systemes pluviaux, c'est une activité complexe
nécessitant diverses méthodes et itinéraires
techniques.
Dans ce chapitre, nous nous intéresserons aux
techniques de production, a la commercialisation etc.
II-1-1 : Les systèmes de culture.
Un systeme de culture que l'on appelle aussi systeme
agricole ou systeme de production regroupe l'ensemble des facteurs de
production disponibles pour l'activité de culture, et des
modalités techniques selon les quelles ils sont mis en oeuvre (DUPRIEZ H
1980, p 25). Chaque systeme de culture est défini par :
Or La nature des cultures et leur ordre de succession
;
Or Les différents itinéraires techniques
utilisés par les producteurs. ))"~"~"~ : Rotation des cultures et
amendent du sol
Pour préserver l'aptitude agronomique du sol,
en vu d'une bonne productivité, les maraichers adoptent des techniques
culturales, telles que la rotation et l'utilisation de fertilisants chimiques
et organiques.
Or La rotation des cultures :
Elle consiste a une alternance méthodique et
périodique de différents types de cultures sur les parcelles
appelées soles, constituant une exploitation. C'est la
répartition des cultures d'une exploitation ou d'un groupe
d'exploitation dans l'espace au cours d'une même saison (TOURE 0., 1992,
p 167). Cette pratique a depuis des décennies, constitué le point
fort de l'agriculture pluviale en pays sérere. A travers la rotation
triennale (alternance entre mil, sorgho, arachide et jachere), les paysans
séreres assuraient une bonne productivité en maitrisant les
conditions pédologiques de leur milieu.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Des pratiques peu similaires a ce systeme sont
observees au niveau des maraichers de la vallee de Ndiob. Certains de ces
derniers subdivisent leurs champs en trois ou quatre parcelles, ou en planches,
dans les quelles ils alternent tomate, choux, salade, aubergines, navet, oignon
etc. (cf. photo 5). A la difference de la rotation triennale, cette rotation se
pratique sur des superficies tres reduites, et ne comporte pas de jachere.
Cependant dans certain cas on peut observer le repos d'une parcelle ou d'un
groupe de planche pendant quelques mois voir un an. Selon les maraichers ce
systeme permet de preserver les aptitudes agronomiques du sol et d'assurer une
bonne productivite : en effet la culture continue d'une meme speculation sur
une meme parcelle accelere la degradation du sol et diminue ses aptitudes
culturales.
Le but de la rotation en agriculture est selon POUSSET
J., 1991 : de maintenir ou augmenter les reserves humiques du sol, notamment
par les pratiques des engrais vert ; maintenir ou augmenter la vie microbienne
et l'equilibre par l'utilisation d'engrais vert apportant des elements (en
particulier le carbone et l'azote) dans des proportions judicieuses et de
limiter les adventices en faisant succeder les plantes salissantes et les
plantes nettoyantes.
En outre cette alternance des speculations permet de
diminuer les risques d'attaques des parasites pouvant occasionner de mauvais
rendements.
Lorsqu'une meme plante est cultivee plusieurs saisons
de suite sur une meme parcelle, ses parasites specialises restent en reserve
sur cette parcelle d'une saison a l'autre. Par contre, s'il ya rotation des
plantes, les parasites vont souffrir de l'absence des plantes sur les quelles
ils sont l'habitues de vivre. Ils sont moins nombreux ou
disparaissent33.
La rotation ou l'association des cultures est donc un
aspect important de la lutte contre les ravageurs et permet de diminuer les
risques de l'agriculture. D'apres ce maraicher interrogé : « si une
speculation est ravagée par les attaques parasitaires, les speculations
non attaquées permettent parfois de se rattraper et de diminuer les
pertes 34». Au niveau de notre échantillon, la majorité des
maraichers pratiquent ce systeme de rotation et d'association de culture.
Cependant certains sont spécialisés
33 H. DUPRIEZ et Ph. De LEENER, 1986 op. Cit. P.
217
34 Guèdie NDONGUE, un maraîcher de Bacco
Sérère
82
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
sur une seule culture (tomate dans la majorité
des cas) en continue sur leur parcelles d'exploitation, mais avec une forte
utilisation de produit phytosanitaires et d'engrais chimique ou organique pour
la santé des plantes et l'amendement du sol.
Photo 5: Type de rotation de culture
Parcelle en repos
Jeunes salades
Parcelle récoltée
Choux
Tomate
Cliché : Ndao 2008
~L'amendement du sol :
L'amendement est l'amélioration d'un sol
cultivable par l'apport de substances qui l'enrichissent. Ces substances
peuvent être minérales (engrais chimiques) ou organique (fumure
animale ou composte). L'utilisation d'engrais est tres fréquente dans
l'activité maraichere, dans les Niayes comme dans d'autres zones du
pays. En effet les engrais contiennent des éléments
indispensables pour le développement de toute agriculture intensive.
Dans la vallée de Ndiob, tous les maraichers utilisent des engrais, mais
a des taux variables suivant la nature, et le coVt de chaque
variété.
L'usage d'engrais organique ou fumier, de diverses
origines (bovin, équin, ovin, caprin et volaille) est
généralisé dans la vallée. Cet engrais est un
mélange de déjections animales (solides ou liquides) avec une
litière (généralement de la paille), soumis a l'action de
micro-organismes qui amorcent sa décomposition (cf. photo 6). Tous les
maraichers interrogés font recourt a ce type de fertilisant pour
plusieurs raisons : il est tres abordable voire gratuite pour ceux qui
disposent d'animaux domestiques ; en plus de cette facile accessibilité,
le fumier permet d'amener le sol a un meilleur état possible de
fertilité, il joue un role particulièrement important dans le
développement des cultures : par leurs substances qu'ils liberent dans
le sol, les fumiers aident les plantes a pousser vite et a résister aux
maladies, mais également
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
conservent durablement l'humidité du sol, ils
sont une nourriture plus riche que les engrais minéraux. « Sur
un sol riche en matières organiques, les plantes
résistent mieux aux maladies, aux attaques des insectes et a la
sécheresse *. ( H. DUPRIEZ et Ph.
LEENER, 1986 : 229).
Photo 6: Fumure organique
Fumure de caprin
Fumure d'équins
Cliché : Ndao 2009
A ce fumier, les maraichers associent des engrais
chimiques, en particulier l'urée et le N.K.P.1o.1o.2o (cf. photo 7).
L'avantage de ces engrais est leur richesse en azote, phosphore, potassium,
calcium etc. Chacun de ces éléments joue un role capital dans le
développement des cultures : l'azote participe a la construction des
tiges, des feuilles et des racines ; le phosphore est nécessaire pour la
floraison et la formation des fruits ; le potassium est une nourriture
importante pour la formation des tubercules et le remplissage des fruits, il
permet la formation des réserves dans les plantes ; le calcium
intervient dans la fabrication de la chlorophylle qui permet aux plantes
d'utiliser l'énergie de la lumière. Ces engrais se diluent vite
dans l'eau et sont plus facile a utiliser par les plantes.
Photo 7: Un type engrais chimiques utilisés par
les maraîchers
Cliché : Ndao 2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Cependant, malgre leur importance, les engrais
chimiques presentent de reels risques pour l'appauvrissement des sols. En effet
le fait de nourrir directement les cultures avec ses substances chimiques, ne
constitue pas une garantie a la fertilisation du sol. Pendant longtemps, la
recherche et la vulgarisation agricole ont espere stopper la degradation de la
fertilite par l'application regulière d'engrais mineraux. On pensait que
les elements mineraux apportes remplaceraient, non seulement ceux extraits par
les cultures, mais favoriseraient la formation de biomasse pour produire les
matières organiques qui manquent. Cependant les essais de plein champ a
long terme n'ont pas confirme cette hypothese (KOTSCHI J., 1991).
L'usage des engrais mineraux est en grande partie
conditionne par les moyens financiers dont disposent les maraichers. Ceux qui
beneficient de credit aupres de World Vision ou de l'ANCAR utilisent des
quantites pouvant aller jusqu'a 150kg (uree ou N.P.K.10.10.20) par campagne.
Par contre, les maraichers qui n'ont pas de credits utilisent de faibles
quantites (des dizaines de kg) achetes souvent au marche de Diourbel. Le coilt
de ces engrais varie de 10 000 a 15 000 FCFA le sac de 50kg pour l'uree, et 8
000 a 10 000 pour le N.P.K. 10.10.20, alors que le fumier est dans la majorite
des cas acquis gratuitement. C'est ce qui explique la forte predominance de son
usage sur celui des engrais mineraux. La figure n° 16 montre la
repartition de l'usage des differents types d'engrais.
Figure 16: La répartition des différents
types d'engrais utilisés par les maraîchers
Utilisateurs (en%)
|
100% 80% 60% 40% 20% 0%
|
|
Fumier
Urée
N.P.K 10.10.20
|
Fumier Urée N.P.K
10.10.20
Engrais
Source : enquêtes 2009
L'usage de ces engrais est generalement faible par
rapport aux normes recommandees par le centre de developpement horticole.
Leur coilt eleve fait que
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
beaucoup de maraichers ne peuvent pas en disposer, en
quantité suffisante. Le tableau nZ10 donne un aperçu sur la
répartition des quantités moyennes d'engrais utilisés par
les maraichers, en comparaison avec certaine normes techniques
recommandées par le CD H.
Tableau 10: Comparaison entre les quantités
d'engrais utilisées à Ndiob et celles recommandées par
le CDH
Engrais
|
Quantité recommandée (en
kg/ha)
|
Quantité moyenne utilisée par
les maraîchers (en kg/ha)
|
Fumure animale
|
20000
|
10000
|
Urée
|
150
|
70
|
N.P.K.10.10.20
|
300
|
180
|
Source : F. DOUI 2004
11-1-1-2 : La lutte contre les insectes
(cleparasitage)
Certaine cultures maraicheres comme la tomate, le
chou, le « jaxatou 0 ou aubergine amere sont tres vulnérable aux
attaques des ravageurs qui peuvent être des insectes, des champignons,
des bactéries, des virus etc. La plus part des ces ravageurs sont en
général spécialisés, ils vivent sur une ou quelques
plantes particulières sur les quelles ils attaquent des parties
précises (bourgeon, bouton de fleur, jeune feuille, jeune fruit
etc.).
Pour lutter contre d'éventuelles attaques de
ces ravageurs, les maraichers de la vallée de Ndiob utilisent une
diversité de produits phytosanitaires pour le traitement de chaque type
de culture (cf. photo 8).
86
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Cultures maraîchères et dynamiques
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Ndiob (département de Fatick)
Photo 8: Produits phytosanitaires utilisés par
les maraîchers de Ndiob
Cliché : Ndao 2009
Ces pesticides présentent de réels
avantages pour le maraichage : ils évitent qu'une maladie ravage les
cultures ou détruise les récoltes.
L'usage des pesticides se fait a des stades
précis du cycle végétatif des cultures : un premier
traitement s'effectue au stade de levée qui correspond a la formation
des premieres feuilles, tres sensibles aux attaques, un deuxième
traitement s'opere au stade de tallage oil les plantes multiplient leurs
feuilles et les branches, pour une bonne productivité. Le stade oil les
traitements sont plus fréquents correspond a la floraison et a la
fructification, c'est la période oil la plante attire plus les insectes
et par conséquent est plus vulnérable.
Cependant l'usage abusif des produits phytosanitaires
présente des risques non négligeables : ils peuvent nuire a la
santé de l'homme ou a celles des animaux.
Le produit le plus utilisé par les maraichers
de Ndiob est le Diméthoate c'est un produit a un large spectre, bien
connu des maraichers et a la porté de tous les producteurs
(25ooFCFA/litre). Ce produit est associé a d'autres
variétés comme le Malathion, le Thersen, Dictofol,
Manébé etc. Le tableau 11 montre l'usage des différents
types de produits en fonction des types de culture
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Tableau 11: Usage des produits phytosanitaires en
fonction des types de spéculations
Spéculations Produits
|
Tomate
|
Aubergine
|
Chou
|
Jaxatu
|
Gombo
|
Piment
|
Oignon
|
Diméthoate
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Malathion
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Thersen
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Dictofol
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Manébé
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Dicis
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Soufre
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|
|
NB : les carreaux en gris représentent l'usage des
produits
Source : enquête 2009
H-1-1-3 : Calendrier cultural et spéculations
cultivées
L'activité maraichere dans la communauté
rurale de Ndiob se déroule pratiquement en saison seche. Les
opérations de semis débutent en fin octobre début
novembre, correspondant a la sous saison froide ou « seeck 0. Le choix de
cette période est d'une part dicté par les conditions du milieu
(disponibilité de l'eau en quantité suffisante, climat doux
etc.), d'autre part il est surtout lié au calendrier des cultures
pluviales : en effet cette période correspond a la fin de la
récolte du mil, les paysans étant relativement
désceuvrés, (car ayant cultivé peu ou pas d'arachide)
entament ainsi la campagne maraichere. Ils font une alternance entre cultures
pluviales en saison humide et cultures maraicheres en morte saison. Parmi les
maraichers interrogés 76% font du maraichage uniquement en saison seche.
Ces derniers effectuent une premiere récolte en février et une
dernière récolte en fin mai mi- juin coincidant avec le
début des défrichements des champs pour l'hivernage. En effet le
cycle végétatif moyen (90 jours) des spéculations
cultivées permet de réaliser deux récoltes successives
dans la m8me saison seche. Le tableau ci-dessous représente le
calendrier des activités agricoles des maraichers de Ndiob.
88
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Tableau 12: Calendrier des activités agricoles des
maraîchers de Ndiob
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Maraichage
|
|
Agriculture pluviale
|
|
Maraichage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Ndao
NB : les mois d'octobre et de Juin, peints en marron
constituent les periodes de transition :
- Octobre correspondant a la reduction des grands travaux
champetres, au
debut du maraichage, a la culture de la pasteque et du
niebe de fourrage ;
- Le mois de juin marque la fin de l'activite maraichere,
le defrichement des
champs hivernaux et les premieres operations de semis du
mil meme si les
pluies tardent a tomber.
Les periodes de recolte sont representees en gris
fonce : elles correspondent aux mois de Fevrier (premiere recolte pour les
semis d'octobre) et fin Mai debut Juin pour les semis de fin Fevrier debut
Mars.
Cependant on note des cas exceptionnels oil certains
pratiquent le maraichage toute l'annee. Ces maraichers sont animes par la
disponibilite de l'eau en abondance pendant l'hivernage et surtout le prix
eleve des legumes sur le marche durant cette periode. C'est souvent des
maraichers appartenant a de grandes familles oil la main d'oeuvre est
importante pour assurer l'entretien des cultures vivrieres en hivernage. Ces
maraichers representent 24% de notre echantillon.
Les speculations cultivees sont en grande partie
constituees de legumes tropicales, tels que l'aubergine, et le gombo. Ce sont
des especes bien adaptees aux conditions du milieu. Leur culture peut se faire
a n'importe qu'elle periode de l'annee, en fonction de la disponibilite de
l'eau. Cependant, il ressort de l'analyse de nos donnees de terrain que le
choix de ces speculations n'est pas base sur des criteres d'ordre agronomiques,
mais plutôt sur la forte demande au niveau du marche. On note
exceptionnellement des legumes originaires des regions temperee, comme dans les
Niayes. Ce ci peut s'expliquer par les conditions du milieu a certaines
periodes de
89
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
l'ann~e (avril, mais, periode de forte canicule), mais
aussi et surtout a la meconnaissance des ces varietes par les maraichers de
Ndiob. Sur le tableau n°13 sont consignees les 7 speculations les plus
cultivees dans la vallee de Ndiob.
Tableau 13: Les spéculations cultivées dans
la zone
Spéculations
|
Tomate
|
Aubergine
|
Chou
|
Gombo
|
Piment
|
Oignon
|
Jaxatou
|
Noms scientifiques
|
Lycopersicum esculentum
var.
|
Solanum melongena L.
|
Brassica olerácea L. var. capitata
|
Abelmoschus Esculentus
|
Ipomea
batatas L.
|
Allium cepa L.
|
Solanum aethiopicum Kamba
|
Variétés
|
Small, Fry,
Xina
|
Black, Beauty
|
Tropica, Cross,
|
Clemson
|
Safi
|
Violet de
galmi
|
KeurMbir Ndao, Soxna
|
Source : enquêtes 2009
Parmi ces speculations, la tomate et l'aubergine sont
les plus cultivées, elles occupent respectivement 34% et 20% des
superficies. D'autres especes telles que l'oignon le Jaxatou (aubergine amere)
et la patate douce occupent de faibles proportions, respectivement 6% (oignon
et jaxatou) et 4% pour la patate douce. La figure n°17 montre la
repartition des différentes speculations dans les
exploitations
Figure 17: Répartition des différentes
spéculations cultivées
6% 4%
6%
34%
12%
8%
10%
20%
Tomate Aubergine Gombo Piment Chou
Oignon Jaxatou Patate Douce
Source : enquêtes 2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
II-1-2: Exhaure, Irrigation et équipements
L'exhaure désigne l'action de tirer l'eau
souterraine au moyen d'un récipient ou d'une pompe en vue de l'utiliser
pour des fins d'irrigation. Cette dernière consistant a arroser
artificiellement la terre et les plantes joue le role de la pluie. Ces deux
activités sont pratiquées a travers diverses techniques par les
maraichers de Ndiob.
11-1-2-1 : Source d'eau et moyen d'exhaure
Les cultures maraicheres de la vallée de Ndiob
sont essentiellement tributaires de l'exploitation des eaux de la nappe
phréatique. Ces eaux sont tirées a partir d'ouvrage hydrauliques
divers, d'une profondeur allant de 3 a 10 m au maximum (cf. photo n°9).
Parmi les exploitations visitées, 45% tirent l'eau a partir des
séanes, 40% utilisent des puits traditionnels et seulement 15% disposent
de puits hydrauliques munis de motopompes (cf. fig.18) Les puits hydrauliques
et les puits traditionnels sont détenus par des maraichers ayant
bénéficié d'un appui des ONG, ou ayant suffisamment de
moyens pour réaliser des ouvrages de ce genre. C'est surtout le cas des
groupements et certaines exploitations familiales. Ces puits sont
creusés a une profondeur pouvant aller jusqu'à 10 m, pour
atteindre les eaux profondes de la nappe. Par contre la majorité des
exploitants individuels ne dispose que de séanes : ce sont des puits
élargis oil on peut accéder directement a l'eau de la nappe sans
usage de corde ou de motopompe. Ces puits se limitent aux eaux superficielles.
Leur profondeur est augmentée au fur et a mesure que le niveau de la
nappe s'abaisse, ils nécessitent beaucoup d'entretien pour éviter
leur ensablement
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Figure 18: Répartition des différentes
sources d'eau utilisées par les maraîchers
Nombre d'usagers en (%)
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Puits Puits Séanes
traditlionnels hydrauliques
Ouvrages
Source : Enquête 2009
Photo 9: Les différents types de puits
utilisés par les maraîchers
Puits traditionnel
Puits hydraulique
Séanes
Cliché: Ndao 2008
Trois methodes sont utilisees par les maraichers pour
acceder a l'eau de la nappe : la plus repandue est l'exhaure a partir des
seanes. Cette methode consiste a descendre jusqu'a la nappe, a travers une
longue voie d'acces amenagee en pente. Son avantage est qu'elle permet au
producteur de gagner du temps : en effet elle ne necessite pas de stocker l'eau
dans une citerne pour arroser apres. Le seane se presente comme un oasis au
niveau de l'exploitation (cf. photo 9). Cependant son inconvenient est
l'augmentation perpetuelle de sa profondeur en fonction du niveau de la
nappe.
Au niveau des puits traditionnels, l'eau est tiree a
l'aide d'une corde munie d'un seau, et d'une poulie, puis stocke dans des
citernes avant son usage. Cette methode est la plus dure, en effet le
producteur assure un double travail : exhaure et arrosage, ce qui constitue une
veritable contrainte pour l'extension des parcelles. Avec ces deux methodes, la
principale energie est la force humaine.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
La méthode la plus efficace est l'exhaure a
l'aide d'une motopompe. L'énergie utilisée ici est
mécanique. C'est une méthode qui permet d'avoir de l'eau en
abondance en un laps de temps. Cependant, elle nécessite beaucoup de
dépenses pour l'achat de carburant et l'entretien de
l'engin.
Photo 10: Les différents moyens d'exhaure
utilisés par les maraîchers de Ndiob
Cliché : Ndao 2009
11-1-2-2 : Techniques d'irrigation
Si les cultures pluviales dépendent
entièrement des pluies, les cultures irriguées
bénéficient d'arrosages organisés par l'homme au moyen de
conduites d'eau, de canaux, de réservoirs, de pompes et d'autres
récipients comme les arrosoirs, les seaux, les calebasses etc. ( H.
DUPRIEZ et Ph. LEENER, 1990, p7).
Dans la vallée de Ndiob, on distingue
principalement deux modes d'irrigations : qr
L'irrigation par aspersion : c'est une irrigation
traditionnelle qui se fait au moyen d'arrosoirs munis de pompe d'arrosage ou
bec ; de seau ou de toute sorte de récipient transportable a la main.
Elle consiste a prendre de l'eau a partir de la source (bassin, puis,
séane, cours d'eau etc.), qu'on transporte jusqu'a la planche ou
parcelle de culture.
Ce mode d'irrigation présente des limites
liées a des facteurs comme : la faible capacité des
récipients utilisés, la distance a parcourir entre la source
d'eau et les planches de culture, les pertes de temps etc. C'est une
méthode tres exigeante en main d'oeuvre et utilisable que pour des
parcelles de dimensions réduites. Pour réduire les pertes de
temps occasionnées par les longues distances entre la source
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
d'eau et les parcelles, les maraichers construisent de
petites citernes en ciment ou en felts métalliques qui sont
alimentés en eau, a distance par un tuyau partant du puits.
Photo 11: Citerne alimentée en eau à
distance à partir d'un puits
Citerne à 15 m de distance
Vers la citerne
Puits
Cliché : Ndao 2009
Un autre inconvénient important est la forte
perte d'eau occasionnée par l'évaporation. En en effet la
division de l'eau en de fines gouttelettes par le bec de l'arrosoir favorise le
transport d'une quantité non négligeable par le vent sous forme
de vapeur d'eau. A cette perte s'ajoute l'eau qui se déverse tout au
long des parcours de l'arroseur. La photo 12 montre une méthode
d'irrigation par aspersion avec ses risques de perte d'eau énorme.
Malgré les limites de cette méthode, elle est pratiquement la
plus utilisée par les maraichers. Ces derniers ne disposent pas assez de
moyens pour mettre en place des techniques d'irrigation plus
sophistiquées comme le goutte a goutte.
Photo 12: Irrigation par aspersion avec
arrosoirs
Cliché : Ndao 2009
41' L'irrigation goutte
à goutte : C'est une technique qui consiste
a amener l'eau par petites doses fréquentes dans
le sol a l'endroit précis oil les plantes peuvent l'utiliser, en
réglant la quantité exacte d'eau et en choisissant
avec
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
precision le moment d'arroser.
Apres les semis, les tubes sont disposes de telle
sorte que l'eau s'ecoule exactement aux pieds des plantes et on regle les
debits a l'aide d'un robinet a la sortie de la citerne en ouvrant ou en
bouchant les tubes de distribution.
Cette technique est tres adaptee aux regions
agro-ecologiques qui ne disposent pas assez de ressources en eau: elle permet
une utilisation rationnelle de l'eau en limitant la surface de sol mouillee et
par consequent reduit le taux d'evaporation et le gaspillage. C'est une
technique qui presente beaucoup d'avantages pour le maraichage a Ndiob. Elle
permet une economie d'eau d'environ 5o% par rapport a l'arrosage traditionnel,
moins de travail, moins de mauvaises herbes donc plus de disponibilite pour
d'autres taches et moins de maladies des cultures.
Cependant elle n'est utilisee que dans une seule
exploitation, en l'occurrence le perimetre du groupement de Ngalagne. En effet
ce systeme est assez coliteux et les maraichers de Ndiob disposent de faibles
moyens financiers dans leur ecrasante majorite. Le systeme goutte a goutte du
perimetre de Ngalagne a ete mise en place par Jappoo avec l'appui materiel de
deux entreprises françaises: France arrosage et Netafim France. A la
difference des systemes sophistiques qui sont dotes de materiels perfectionnes
et de pompe qui exerce une pression pour distribuer l'eau, le systeme de
Ngalagne est essentiellement construit en materiels simples disponibles : les
tubes de distributions sont constitues de raccords en PVC, des flits places en
hauteurs et remplis a partir des puits assurent la distribution de l'eau (cf.
photo 1).
Photo 13: Système d'irrigation goutte à
goutte du périmètre maraîcher de Ngalagne
Robinet de sortie
Fût assurant la distribution de l'eau
Cliché : Jappoo Sénégal
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
11-1-2-3: Equipement des maraichers
L'équipement agricole désigne l'ensemble
des outils et machines utilisés dans le cadre d'une production.
L'outillage des maraichers de la vallée de Ndiob est essentiellement
manuelle, c'est en général du matériel artisanal
fabriqué localement. Chacun des outils utilisés a une fonction
bien précise. Ainsi nous avons : la houe qui est l'outil de base pour la
préparation des planches, elle est utilisée pour trancher la
terre et la déplacer, le rateau est utilisé pour
l'aménagement des planches et le nettoyage des parcelles, le coupe --
coupe intervient dans la fabrication des cloture et le défrichement des
champs. La corde, le seau et la poulie servent a l'exhaure de l'eau, l'hilaire
est utilisée pour le sarclage et le labour pour l'aération du sol
(cf. photo 14) quant a la brouette, elle sert a l'acheminement du fumier ou de
l'engrais et de tout objet lourd vers les parcelles de culture.
Photo 14: Sarclage et aération du sol au moyen de
l'hilaire
Cliché : Ndao 2009
Les outils les plus précieux pour les
maraichers sont l'arrosoir et le pulvérisateur. Cependant malgré
l'importance de ces outils, beaucoup de maraichers n'en disposent pas. Dans
notre échantillon, 38% des producteurs interrogés n'ont pas de
pulvérisateurs. En effet cet appareil n'est a la portée des
maigres moyens de beaucoup de maraichers. Ces derniers y accèdent par
location ou emprunt, grace au systeme de solidarité mise en place entre
maraichers. Pour l'arrosoir, 29% des maraichers interrogés
déclarent en avoir loué a 3000 FCFA la paire. Comme outil
mécanique, nous avons noté uniquement des motopompes
détenus par 15% des producteurs de l'échantillon. Les maraichers
dotés de motopompe ou de
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
pulvérisateur sont souvent des
bénéficiaires de l'appui de World Vision ou de
l'ANCAR.
Pour le transport des produits et les
déplacements, l'équipement est essentiellement la charrette.
Pratiquement la totalité des maraichers en disposent, surtout ceux
faisant la navette quotidienne entre leurs villages éloignés et
les zones de production.
II-1-3: La récolte et La commercialisation des
produits
La récolte et la commercialisation des produits
maraichers sont deux activités étroitement liées. Elles
s'operent en une m8me période. En effet certaines spéculations
comme la tomate, le navet, le piment etc. sont vulnérables et
nécessitent un écoulement immédiat apres récolte. A
cela s'ajoute le manque d'infrastructures de stockage des productions avant la
vente.
Ainsi dans la majorité des cas les productions
sont acheminés directement, du champ au marché pour minimiser les
risques de perte.
11-1-3-1 : La récolte et les
rendements
La récolte des produits se déroule
principalement en deux périodes : une premiere, au mois de
février, pour les semi de fin octobre début novembre et une
deuxième en fin mai début juin pour les semis de mars. La main
d'oeuvre employée est principalement féminine, surtout pour la
cueillette des fruits (tomate, aubergine, jaxatou, piment etc.), (cf. photo
15).
Cliché : Ndao 2008
Photo 15: Récolte de tomate dans un
périmètre de Ndiob
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Cette main d'oeuvre est sollicitee par les maraichers
soit sous forme d'aide populaire (ou santane), oil le producteur fixe une date
et avise des femmes de son village, leur prepare un repas et ces dernieres
passe la moitie de la journee au champ pour assurer toute la recolte; soit sous
forme de remuneration. Dans ce cas de figure, le paiement se fait en nature, en
fonction de la taille du recipient utilise : par exemple pour quatre pots de
tomate fruit recoltes, l'employe beneficie d'un pot, donc chaque femme gagne
l'equivalent du 1/4 de la quantite qu'elle reussit a recolter dans la journee.
La photo 16 montre un exemple de recipient utilise pour la recolte et la
remuneration.
Pour la recolte d'autre speculation comme la patate
douce, le navet et l'oignon, ce sont les maraichers eux mêmes qui s'en
chargent. En effet ce travail necessite beaucoup d'effort (deterrement), et ces
speculations sont en general produites en faible quantite et ne se degradent
pas vite. Donc leur recolte peut prendre du temps.
Photo 16: Récipient servant de récolte et
de rémunération
Equivalant de 2 récipients
Cliché : Ndao 2009
La determination exacte des rendements n'a pas ete
possible. En effet, le calcul du rendement d'une exploitation suppose la
connaissance de la superficie de la parcelle d'exploitation et le poids de la
production, afin de faire le rapport pour obtenir le rendement en termes de
tonnes par hectare. Or dans notre echantillon, 62% des maraichers n'ont pas une
idee exacte sur la superficie de leur exploitation. En plus de ce facteur, la
quantite des productions est souvent oubliee : en effet pour certaine
speculation comme la tomate, les fruits ne murissent pas tous en même
temps et il faut trois operations de recoltes espacees de 5 a 7 jours pour que
les plantes soient propres. Ce phenomene fait que beaucoup de maraichers ne
retiennent pas le nombre
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
exact de cageots35 recoltes. Un dernier
facteur est l'association de plusieurs speculations dans une meme
exploitation36, chacune occupant une portion de superficie
indeterminee. Tous ces facteurs ont rendu difficile l'estimation du rendement
exact de chaque speculation. Neanmoins certains ont pu donner une approximation
de la production de chaque speculation qu'ils ont cultivee. A partir de ces
informations, nous avons calcule la moyenne des rendements par speculation (les
quatre speculations les plus cultivees) et par exploitation, donnant ainsi 70
cageots (3,5 t) par parcelle pour la tomate (un cageot equivalant a 30 kg), 21
sacs (1,05t) pour l'aubergine (un sac egal a 50kg), 12 sacs (0,6t) pour le
jaxatou, 14 sac (0,7 t) pour l'oignon et variable pour les autres speculations.
Le tableau n°14 represente en resume les rendements moyens des
speculations renseignees.
Tableau 14: Rendement moyen des spéculations
cultivées
Speculations
|
Tomate
|
Aubergine
|
Jaxatou
|
Oignon
|
Total rendement
|
Rendements/exploitation
|
3,5 t/ex.
|
1,05 t/ex.
|
0,6 t/ex.
|
0,7t/ex.
|
5,85t/ ex.
|
Source : Enquêtes 2009
De ce tableau, il ressort, d'apres nos calculs
approximatifs que le rendement moyen total de chaque exploitation (toute
speculation confondue), s'eleve a 5,85 tonnes.
Les productions de l'activite maraichere n'ont pas
encore fait l'objet d'estimation et d'enregistrements par le CADEL de Diakhao
et la CR de Ndiob. C'est pourquoi il n'est pas aise d'etudier l'evolution des
rendements en fonction des annees.
Cependant une etude realisee par F. DOUI (2004) en
collaboration avec World Vision, sur les contraintes du maraichage dans la zone
nous a permis d'avoir une idee sur le rendement moyen a l'hectare de chaque
speculation pour la campagne de 2004. Le tableau n°15 fait etat de cette
approximation.
35 Ils evaluent les rendements en termes de
cageots (pour la tomate, cf. photo 17) ou de sacs (pour les autres
speculations) par exploitation
36 La majorite des maraichers
ne pratique pas une culture pure, ils associent plusieurs speculations soit en
rotation, soit sur les mimes portions de sole.
99
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Photo 17: Cageots de tomate
Cliché : Ndao 2008
Tableau 15: Approximation des rendements à
l'hectare en 2004
Speculation
|
Tomate
|
Aubergine
|
Chou
|
Gombo
|
Piment
|
Jaxatu
|
Oignon
|
Patate douce
|
Rendement
|
9,15
|
12,75
|
11,85
|
9,94
|
7,52
|
11,20
|
15,35
|
7, 20
|
(T/h)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source F. DOUI 2004
11-1-3-2 : La commercialisation des produits
L'expansion démographique de la population
urbaine sénégalaise a créé un important
marché pour les produits maraichers. Les productions de la vallée
de Ndiob sont essentiellement vendues au niveau des centres urbains de
Diourbel, Gossas, Fatick, Bambey, et des marchés ruraux comme Diakhao,
Niakhar, Patar, Ndiob et Darou Salam (cf. carte 5).
La destination des produits varie suivant la
proximité des centres urbains. La ville de Diourbel située a 10
km de Ndiob est le lieu qui recoit le plus les produits maraichers de la
vallée, avec 46% des livraisons ; a sa suite, nous avons la CR de
Diakhao qui regoit 19%. La ville de Gossas avec 8% des livraisons est le centre
le moins fréquenté, en raison de son éloignement et
l'absence de piste le reliant directement a Ndiob. La figure n°19 montre
la répartition des destinations des produits
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Figure 19: La répartition des lieux de
destination des produits maraîchers
8%
19%
52%
11%
10%
Diourbel Fatick Diakhao Gossas Bambey
Source : enquêtes 2009
La collecte est en grande partie assurée par
les grossistes et les demi-grossistes venus de ces contrés. Ils
sillonnent la vallée en période de récolte pour
s'approvisionner. A côté de ce groupe d'acheteurs, on note les
détaillants en majorité constitués de femmes de la
communauté rurale de Ndiob. Ces détaillants s'approvisionnent
aupres des grossistes et demi-grossistes. Ils achetent des quantités peu
importantes et vendent au kilogramme ou par petits tas selon la
préférence du client. Le prix du kilogramme varie de 225 A 350
FCFA suivant le type de produit et celui des tas de 25 a loo FCFA, suivant la
taille, mais également le type de produit et sa
qualité.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la
CommunautéRurale de Ndiob (département de Fatick)
Carte 5: Les différentes destinations des
produits maraîchers de la CR de Ndiob
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Photo 18: Vendeuses en détail des produits
maraîchers de la vallée, au marché de Ndiob
Cliché : Ndao 2009
Les prix aux producteurs connaissent des fluctuations
importantes en fonction de la disponibilite sur le marche : en periode de
rarete par exemple, ils peuvent atteindre 6000 FCFA par cageot pour la tomate,
12000 FCFA par sac pour l'aubergine, 10000 FCFA le sac de chou etc. Cependant,
en periode d'abondance, les prix connaissent de fortes chutes pouvant aller
jusqu'a 2500 FCFA pour le cageot de tomate, par exemple.
Au cours de nos enquêtes de terrain, les
producteurs nous ont donné les différents prix par cageot ou par
sac37, pour la campagne de 2007/2008. A partir de ces prix, nous
avons fait un calcul du prix moyen de chaque speculation (cf. tableau
16).
Tableau 16: Le prix moyen des productions
Speculation
|
Tomate
|
Aubergine
|
Chou
|
Gombo
|
Piment
|
Jaxatou
|
Oignon
|
Patate douce
|
Prix moyen (en FCFA)
|
3900/C
|
6000/S
|
11000/S
|
15000/S
|
45000/S
|
12500/S
|
10000/S
|
9000/S
|
NB : C= Cageot et S= Sac Source : Enquêtes
2009
Une application de ces prix moyens par sac ou par
cageot, au kilogramme donnent : 130 FCFA/kg pour la tomate, 120 FCFA/kg pour
l'aubergine, 200 FCFA/kg pour le chou etc. Le tableau n°17 indique les
différents prix moyens au kilogramme par speculation en 2008, compares
aux prix du marché.
37 , · ,
L umte de mesure n'est pas ici le kilogramme ou la tonne, mais le
contenant (cageot ou sac)
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Tableau 17: Prix moyens de vente en 2008, comparés
aux prix officiels sur le marché
Spéculations
|
Tomate
|
Aubergine
|
Chou
|
Gombo
|
Piment
|
Jaxatou
|
Oignon
|
Patate douce
|
Prix moyen (en FCFA)
|
130/kg
|
120/kg
|
200/kg
|
300/kg
|
900/kg
|
250/kg
|
200/kg
|
180/kg
|
Prix officiel (en FCFA)
|
150/kg
|
150/kg
|
250/kg
|
350/kg
|
1200/kg
|
250/kg
|
300/kg
|
200/kg
|
Source : Enquêtes 2009
La commercialisation des produits se deroule a travers
trois circuits :
Producteurs grossiste,
demi-grossiste, détaillants, consommateurs : dans ce circuit, le
producteur est le principal fournisseur. Les acheteurs se deplacent en general
pour chercher les produits au niveau des champs. Cependant en cas de
surabondance de produit sur le marche et de mevente, les producteurs sont
parfois obliges d'aller livrer eux memes leurs produits aux grossistes et
demi-grossistes, ou meme aux detaillants et aux consommateurs ruraux, surtout
pour le cas de la tomate. En effet pour eviter le pourrissement rapide de cette
speculation, certains producteurs sillonnent les villages au moyen de la
charrette pour ecouler leur production.
Grossistes demi-grossistes,
détaillants, consommateurs : les grossistes fournissent aux
demi-grossistes, aux détaillants et aux consommateurs dans ce
circuit.
Demi-grossiste, détaillant
Consommateur : dans ce circuit, les demigrossistes approvisionnent les
détaillants qui eux, ne vendent leurs produits qu'aux consommateurs. Ces
derniers s'approvisionnent également aupres des demigrossistes. La
figure n°20 fait une synthese des différents circuits de
commercialisation des produits maraichers de la vallée.
104
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la
CommunautéRurale de Ndiob (département de Fatick)
Figure 20 : Circuit de commercialisation des produits
maraîchers de la vallée de Ndiob
Source: Enquêtes 2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Les différentes caractéristiques de
l'activité maraichere montrent qu'elle est en pleine mutation dans la CR
de Ndiob. A travers ses multiples enjeux (fonciers, économiques sociaux
etc.), elle mobilise une diversité d'acteurs qui, grace a une
diversité de pratiques culturales produisent en quantité dans des
parcelles de superficies assez réduite. Le contexte économique
difficile de la CR de Ndiob, lié principalement au déclin des
systemes pluviaux, est dans une certaine mesure atténué par cette
activité aux multiples impacts socio-économiques et
spatiaux.
CHAPITRE 2 : INCIDENCES SOCIO-ECONOMIQUES ET SPATIALES,
ET CONTRAINTES DE L'ACTIVITE MARAÎCHERE DANS LA CR DE NDIOB
Le maraichage prend de plus en plus de l'importance
dans l'économie de la CR de Ndiob. Malgré un certain nombre de
contraintes, il tend a devenir un des meilleurs moyens des populations pour
faire face a la pauvreté.
Dans ce chapitre il s'agira principalement
d'étudier les incidences socio-économiques et spatiales de
l'activité maraichere dans la CR de Ndiob, mais également les
contraintes auxquelles elle est soumise.
II-2-1 : Les incidences du maraîchage
Le poids du maraichage sur la vie des populations de
la CR de Ndiob est perceptible aussi bien sur le plan économique que
sociale ; et ses marques sur l'espace communautaire sont non
négligeables.
11-2-1-1 : Un renforcement de l'economie
locale
On ne saurait mettre en relief l'importance des
incidences économiques engendrées dans la CR de Ndiob par le
maraichage, sans faire une breve analyse du contexte économique des
populations avec la crise de l'arachide. L'économie arachidiere a connu
une forte chute dans l'ensemble du bassin arachidier. Cette chute s'est
traduite
106
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
par la forte baisse des rendements de l'arachide,
allant jusqu'a 500kg/ha en 2007 contre 1t/ ha dans les années
196038, a la suite de la dégradation des conditions
climatiques.
La production actuelle de l'arachide dans le CR de
Ndiob génere des revenus moyens de 49 000 FCFA/ha pour un investissement
d'environ 25000 FCFA, pour l'achat de semence sur le marché (50kg de
graines pour un hectare) et d'autres dépenses supplémentaires,
pour l'achat de produits phytosanitaires, d'engrais et l'entretien du
matériel agricole ; sans oublier l'effort de travail de trois mois
durant.
La crise de l'arachide est un des facteurs principaux
de l'accentuation de la pauvreté dans la CR de Ndiob. Les besoins
sociaux de base comme la santé, l'éducation, l'alimentation etc.
sont désormais assurés par les revenus tirés de
l'activité maraichere dans de nombreux ménages de la
communauté rurale.
41' Les revenus decoulant du
maraichage :
L'analyse des incidences économiques de
l'activité maraichere dans la CR de Ndiob doit nécessairement
passer par une évaluation de sa rentabilité. En effet une
activité agricole ne peut être considérée comme
rentable que lorsqu'elle engendre des revenus largement supérieurs aux
coats de production. Dans notre échantillon d'étude, le montant
des différents coats globaux de production fournies par les maraichers
interrogés, rapporté au nombre de leurs parcelles de production,
nous a donné un coVt moyen d'investissement de 61 000 FCFA avec des
coats maximal de 200 000 FCFA et minimal de 20 000 FCFA (cf. tableau n°
18).
Tableau 18: Analyse des Coûts de
production
Variables
Maximum Moyenne Minimum
Investissement
200.000 61.000 20.000
Source : enquêtes 2009
Au cours de nos enquetes, les maraichers n'ont pas pu
nous donner le montant exact des revenus qu'ils tirent de l'activité
maraichere. Seul un producteur de Ndiob, en
38 CADEL de Diakhao
107
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
l'occurrence Moulaye FAYE (ex vice PCR de Ndiob) y est
parvenu. Ce dernier affirme avoir gagne de son exploitation familiale en 2008,
une somme de 1.000.000FCFA pour un investissement total de 200.000 FCFA,
donnant ainsi un taux de rentabilite equivalant a 80%.
Cependant, a partir des rendements moyens des quatre
speculations dominantes, et le prix moyen (par sac ou par cageot) de chacune
d'elle, nous avons fait un calcul approximatif de la moyenne des revenus tires
de chaque speculation pour la campagne 2007/2008. Ainsi nous avons pour la
tomate 273.000 FCFA, l'aubergine 126.000 FCFA, le Jaxatou 125.000 FCFA, et
l'oignon 150.000 FCFA (cf. tableau 19).
Tableau 19: Analyse des revenus moyens tirés du
maraîchage
Spéculation
|
Tomate
|
Aubergine
|
Jaxatou
|
Oignon
|
Total
674.000 FCFA
|
Rendements moyens
|
70 Cageots
|
21 Sacs
|
12 Sacs
|
14 Sacs
|
Prix moyen/Unité
|
3.900 FCFA/C
|
6.000 FCFA/S
|
12.500 FCFA/S
|
10.000 FCFA/S
|
Revenus moyens (en FCFA)
|
273.000 FCFA
|
126.000 FCFA
|
125.000 FCFA
|
150.000 FCFA
|
Source : Enquêtes 2009
De ce tableau ressort que le cumule de tous les
revenus moyens par speculation donne une moyenne totale de revenus s'elevant a
674.000 FCFA par producteur. Compares au coilt moyen d'investissement, on voit
que les producteurs realisent de l'activite une marge beneficiaire relativement
elevee (613.000 FCFA). Le tableau n°20 nous donne une idee sur la
rentabilite de l'activite maraichere, d'apres nos calculs
approximatifs.
Tableau 20: Analyse de la rentabilité de
l'activité
Revenus moyens
|
Coat moyen de production
|
Marge brute
|
Taux de rentabilité
|
674.000 FCFA
|
61.000 FCFA
|
613.000FCFA
|
89%
|
Source : Enquêtes 2009
|
|
|
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Ces revenus moyens comparés a ceux de
l'arachide, depuis ces dernières années, prouvent largement que
l'activité maraichere présente actuellement plus
d'opportunités pour l'économie financiere de la communauté
rurale que la culture de l'arachide.
1r Des
activites generatrices de revenus lives au maraichage :
Par les importants revenus qu'elle génere,
l'activité maraichere donne naissance a d'autres activités
paralleles comme l'élevage d'ovin, l'embouche bovine etc. (cf. photo
19). Parmi les maraichers interrogés, 55% ont affirmé pratiquer
l'élevage de mouton au sein même des exploitations grace aux
revenus du maraichage. Les résidus des cultures servent a l'alimentation
et l'engraissement de ces bêtes qui en retour fournissent du fumier. La
vente des moutons en période des grands événements comme
la Tabaski ou la Korité génere également des revenus non
négligeables dont une bonne partie est réinvestie soit dans le
maraichage, soit dans l'embouche. 32% ont opté pour l'embouche bovine ,
activité consistant a investir une partie des revenus du maraichage pour
l'achat d'un boauf qu'on engraisse deux a trois mois durant pour le vendre et
réinvestir afin d'augmenter la marge
bénéficiaire.
Photo 19: Embouche bovine et ovine: activités
liées au maraîchage
Cliché : Ndao 2009
Pour 13% des interrogés, le petit commerce
présente plus d'opportunité. Ces derniers développent avec
une partie de leurs revenus des activités commerciales, en
denrées de premieres nécessités a leur
domicile.
Ces retombés de l'activité maraichere ne
profitent pas seulement aux producteurs, les
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
femmes commergantes des produits y tirent
également leur part. L'estimation des revenus gagnés par ces
dernières n'est pas chose facile dans la mesure oil la majorité
d'entre elles peine a déterminer le montant exact des revenus qu'elles
gagnent en sillonnant les loumas de la zone. Néanmoins, leurs
bénéfices leur permettent d'investir dans l'aviculture mais aussi
et surtout d'assurer leurs cotisations mensuelles dans les systemes de tontine.
Ce systeme joue un role important dans la vie des femmes, en leur permettant
d'investir dans d'autres activités, mais surtout de faire face aux
besoins sociaux de base.
11-2-1-2 : Une amélioration du cadre de vie
sociale
Les revenus tirés du maraichage jouent
également un role capital dans la vie sociale des populations de la CR
de Ndiob. Cette importante fonction est perceptible dans des domaines tels : la
sécurité alimentaire, la santé, l'éducation,
l'habitat etc.
41' La sécurité alimentaire
:
Dans la CR de Ndiob, on a noté avec la crise de
la filière arachidiere une fréquence de la soudure dans beaucoup
de ménages. Ce phénomene qui correspond a l'épuisement
momentané des stocks de vivres avant les nouvelles récoltes,
prend de plus en plus une dimension de disette car se prolongeant sur deux a
trois mois dans l'année. En effet selon C HASTANET (1983), cité
par A. LERICOLLAIS (1999, p523), la disette est comme : « une soudure
difficile d'un a deux mois et plus 0. C'est un moment de l'année
marquée par une modification du circuit habituel d'approvisionnement en
céréales, et par la m8me l'alimentation39. La soudure
dans la communauté rurale est une résultante de deux facteurs
principaux, d'apres les populations : en premier lieu, elle est liée
parfois a une chute de la production du mil, en raison d'un déficit
pluviométrique. Cependant, le facteur le plus déterminant est la
vente de cette céréale, base de l'alimentation en saison seche,
faute de source de revenus.
Les revenus monétaires issus du maraichage
permettent de réduire de plus en plus cette vente de
céréales. Les populations y trouvent une nouvelle source de
revenus importante, les greniers sont de plus en plus conservés et la
duré de la soudure
39 LERICOLLAIS A. 1999, OP. Cit., page 523
110
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
commence a se diminuer, même si elle constitue
toujours un casse tête pour plusieurs ménages de la
communauté rurale. En outre les recettes du maraichage comblent, dans
une certaine mesure, les déficits vivriers en cas de mauvais hivernage
et permettent aux populations d'améliorer leur régime
alimentaire. Elles consomment de plus en plus des aliments importés
comme le riz, l'huile, le lait, le sucre etc. en saison seche, tout en
conservant les greniers pour l'hivernage. Nos enquêtes ont montré
que plus de 60% des maraichers utilisent une partie de leurs revenus pour
assurer cette dure période de soudure. Un des maraichers40
interrogés explique:
Le manque de revenus est le principal facteur
expliquant la persistance de la soudure chez nous. En effet pour régler
les problèmes sociaux comme la santé, l'éducation des
enfants, les cérémonies familiales etc., on a d'autres choix que
de vendre une partie de notre nourriture pour se procurer des
liquidités, ainsi nos greniers se vident vite (cf. photo 20) et la
soudure s'installe dans la plus part du temps en début juillet.
Cependant avec les revenus tirés du maraichage, on parvient a
réduire de plus en plus la vente de notre aliment de base, et par
conséquent la durée de la soudure.
Photo 20: Greniers vides à partir du mois de
mai
Cliché : Ndao 2008
On remarque également que les produits issus du
maraichage completent l'apport diététique des
céréales : la consommation des légumes enrichie les plats
des paysans du point de vue nutritionnel.
Même si le maraichage n'a pas encore permis
d'éradiquer completement la soudure, on note une réduction de
sa durée a un mois ou quelques semaines avant les
40 Tophène DIOP, maraîcher originaire de
Bacco Gour (Thièw)
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
nouvelles récoltes dans beaucoup de ménages
de la communauté rurale. qr La santé :
L'activité maraichere n'a pas encore
engendré d'infrastructures sanitaires au niveau de la communauté
rurale. Cependant, elle permet aux populations de régler une bonne
partie de leurs besoins sanitaires. En effet, la pauvreté des
populations est un des facteurs clés expliquant l'acces difficile aux
soins de base. La plus part ne font recours aux services de santé que
dans les cas extremes, elles préfèrent aller chez les
guérisseurs traditionnels tout en espérant payer moins cher les
frais de santé. Ces pratiques expliquent la prolifération des
maladies avec de forts taux de prévalence comme le paludisme (8o% en
hivernage, 4o% en saison seche), les maladies diarrhéiques
(4o%)41, causées par : la prolifération du
péril fécal et le non-respect des regles d'hygiene. Les
catégories les plus vulnérables sont les enfants : chaque
année, on note un fort taux de mortalité infantile dii au
paludisme. Pratiquement tous nos interlocuteurs ont avoué que les
revenus tirés du maraichage leur sont d'une grande utilité dans
le domaine de la santé.
cr L+éducation :
Dans le secteur éducatif de Ndiob
également l'activité maraichere joue un grand role, en termes de
scolarisation des enfants, d'achat de fournitures, de vetements et divers
autres dépenses liées a l'éducation. En effet dans la CR,
malgré le nombre important d'écoles, l'éducation accuse un
retard par rapport aux autres collectivités de l'arrondissement. La
population de Ndiob enregistre un faible taux brut de scolarisation
estimé a 54%, ce qui est en deça de la moyenne
départementale (74,2o%)42. Ce faible taux résulte
principalement du manque de moyens pour l'inscription, l'achat de fourniture
etc. La majorité des parents qui n'envoient pas leurs enfants a
l'école sont confrontés a ce probleme de moyens. Comme dans le
domaine sanitaire, les revenus du maraichage constituent le plus grand recours
des populations pour régler le probleme de scolarisation. On note depuis
quelques années une nette amélioration de la scolarisation des
enfants. Le taux de
41
Poste de santé de NDIOB
42
PLD de Ndiob 2004
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
scolarisation s'accroit progressivement, raison pour la
quelle Ndiob beneficie d'un college d'enseignement secondaire depuis
2005.
cr L'habitat :
l'habitat dominant dans la CRN est de types
traditionnel. La plus part des maisons sont construites en materiaux locaux ;
ce sont generalement des cases dont les murs en banco sont coiffes de toits en
paille. Cependant ces dernieres annees, avec le developpement du maraichage, on
remarque de plus en plus une tendance vers une construction d'habitats
relativement modernes (cf. photo 21) : les cases sont de plus en plus
remplacees par des batiments. Ce sont generalement des edifices de deux a
quatre pieces dont le toit est en zinc ou en tole. La construction de ces
batiments se fait cependant par etape et peut durer plusieurs annees, en
fonction du niveau des revenus que le proprietaire gagne du maraichage, mais
egalement de la valeur des besoins familiaux. Cette restructuration du batit
est plus accentue au niveau des villages riverains de la vallee, tels que Bacco
Serere, Ngalagne, Ndiob etc. La majorite des constructions en dur dans ces
villages est essentiellement liee a l'activite maraichere. Au cours de nos
enquêtes de terrain, 17% des maraichers ont affirme avoir construit leur
habitat grace aux revenus tires du maraichage. C'est egalement grace aux
recettes du maraichage que beaucoup de paysans se sont procure leur moyen de
transport (charrette et cheveux).
Photo 21: Habitats en dur réalisés avec les
revenus tirés du maraîchage
Cliché : Ndao 2009
Les revenus du maraichage occupent egalement une place
importante dans d'autres domaines tels que l'achat d'equipements
electromenagers, le financement des ceremonies familiales comme les mariages
les baptêmes les funerailles etc., l'achat de meubles etc. Pour les
femmes vendeuses de produits maraichers, les revenus tires de
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
l'activite leur permettent de se procurer des equipements
genre lit, armoire, ustensiles de cuisine et habilement, marquant ainsi petit a
petit leur autonomie
financiere.
L'aspect le plus important est que l'activite
constitue un grand facteur de reduction de l'exode rural. En effet avec la
crise de l'arachide les jeunes de la CR avaient tendance a migrer surtout vers
Dakar, dans l'espoir de trouver du travail afin d'aider leur familles, mais
egalement subvenir a leurs besoins personnels. Mais actuellement, l'activite
maraichere leur permet de gagner plus que ce qu'ils percevaient en ville, en
travaillant comme journaliers dans les chantiers de construction. Plus +000
jeunes de la CR s'activent dans le maraichage (I. NDIAYE 2004). Beaucoup de
jeunes maraichers interroges soutiennent que le maraichage est plus rentable
que le travail qu'ils effectuaient en ville. Pour ces derniers la cherte de la
vie urbaine constitue un veritable obstacle a l'epargne, alors qu'avec le
maraichage, les depenses sont moins nombreuses. En effet ces jeunes sont chez
eux et n'ont pas besoins de louer un logement ou de payer quotidiennement pour
se nourrir.
L'activite constitue actuellement le principal moyen
pour les jeunes de verser la dot qui est un lourd fardeau en societe serere
pour le mariage. 9% des jeunes maraichers interroges ont un projet de mariage
et comptent essentiellement sur le maraichage pour s'acquitter de la dot et
fonder leur foyer.
Enfin le maraichage est un veritable facteur de
mobilisation sociale : avec le soutien des ONG depuis quelques annees, on note
une emergence a la base a travers une multiplication de groupements, surtout
feminins, dont une grande partie s'active dans l'activite. La communaute rurale
compte actuellement 83 groupements dont la majorite s'active dans l'agriculture
en particulier le maraichage (I. NDIAYE 2004).
11-2-1-3 : Restructuration spatiale et lux quotidiens de
population
A côte de ces incidences socio-economiques, le
maraichage imprime dans l'espace communautaire de Ndiob, des marques de
diverses natures. Ces dernières se traduisent par :
114
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
41' Une recomposition du
paysage agraire :
La premiere incidence de l'activité maraichere
dans la CR de Ndiob est une recomposition du paysage agraire au niveau de la
vallée. En effet le systeme agraire en milieu sérere a de tout
temps été caractérisé par des openfields marquant
l'aspect extensif des cultures. Cependant l'activité maraichere, qui est
un systeme de culture irrigué et fortement intensif a engendré
ces dernières années de profondes modifications dans le paysage.
On note une prolifération de petites parcelles fermées au moyen
de haie construit en bois ou en végétation (célaan),
servant de protection contre la divagation du bétail. Ces parcelles
fermées et parfois alignées ou dispersées de façon
désordonnée donnent l'allure d'un véritable paysage
bocager (cf. photo 22). Cette occupation de l'espace constitue une
véritable contrainte pour l'élevage dans la zone : les champs qui
constituaient la principale zone de pâturage en saison seche sont
maintenant cultivés en permanence, et les éleveurs de bovin sont
obligés dans la majorité de transhumer vers le Sud pour une bonne
partie de l'année. Seuls les petits ruminants, souvent appartenant aux
femmes, pâturent autour des exploitations.
Photo 22: Paysage maraîcher de la zone de
production de Ndiob. (Vue aérienne extraites de
WWW.Google-Earth.fr,
coordonnées : 14° 36`, 57. 73``N
et 16°14`22. 58`` W)
Parcelles en « repos »
Parcelles en culture
Vers le village (Ndiob)
Source :
www.Google-Earth.fr
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
tr Un développement
d'une végétation artificielle :
Le maraichage marque également l'espace a
travers la multiplication des infrastructures hydrauliques (puits,
séanes), mais surtout la densification du paysage végétal
de la vallée. Cette dernière est l'espace la plus verdoyante de
la CR. En effet les maraichers y ont mis une végétation
artificielle constituée d'arbres fruitiers tels que l'anacardier, les
citronniers, mais surtout des especes comme l'eucalyptus, le prosopis, le
« cé/ann , etc. (cf. photo 23).
Photo 23: Végétation artificielle
d'eucalyptus
Cliché : Ndao 2009
cr Des flux quotidiens de maraîchers en direction
de la vallée :
La vallée de Ndiob perd de plus en plus son
ancienne vocation de cultures pluviales pour devenir une zone maraichere a
l'image de la région des Niayes. Elle constitue le point de convergence
de nombreux paysans traduisant dans la CR d'importantes nouvelles pratiques
spatiales, marquées par des flux quotidiens d'aller et de retour entre
les villages et les champs maraichers (cf. carte 6). Cette zone favorable au
maraichage est localisée a l'ouest de Ndiob et par conséquent est
éloignée de beaucoup de villages comme Ndiodje, ThieW, Mbatar
etc. Cependant, l'activité n'est pas seulement pratiquée par des
riverains de la vallée : Nos enquêtes ont
révélé que 35% des maraichers viennent de ces villages
situés, de 5 a iokm de la zone.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Carte 6: Les flux quotidiens de maraîchers
habitant loin (1 à 4 km) de la Vallée
Les maraichers font la navette quotidienne entre leurs
villages et la vallée essentiellement au moyen de la charrette (cf.
photo 24). La charrette joue de nombreuses fonctions, elle transporte la main
d'oeuvre, les engrais et fumiers, mais aussi et surtout la production vers les
concessions ou au marché. Elle est un outil indispensable pour tout
maraicher dans la CR de Ndiob. Pratiquement tous les producteurs de la zone en
disposent, comme bien personnel ou en commun avec des membres de leur
famille.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Photo 24: La charrette, principal moyen de transport des
maraîchers
Cliché : Ndao 2009
L'ensemble de ces incidences socio-économiques
et spatiales engendrées par le maraichage dans la CR de Ndiob
témoignent de son dynamisme spectaculaire dans la vie des populations.
L'activité maraichere présente de réels enjeux pour un
développement économe et social de la communauté rurale de
Ndiob.
Cependant, malgré les nombreuses
potentialités agronomiques favorables a son développement et
l'importance de ses incidences dans la zone, le maraichage reste
confronté a diverses contraintes qu'il importe de
résoudre.
II-2-2 : Les contraintes du maraîchage dans la CR
de Ndiob
Dans le domaine agricole, le terme « contrainte
>> peut être défini comme des handicaps, obstacles ou
limites qui favorisent dans une certaine mesure une contre performance de
l'activité. L'agriculture de l'Afrique sahélienne et du
Sénégal en particulier a de tout temps été
confronté a une diversité de contraintes justifiant son
impuissance face a la crise alimentaire qui constitue toujours un casse
tête pour l'ensemble des gouvernements africains. L'activité
maraichere considérée comme un moteur de relance de
l'économie agricole dans des pays comme le Sénégal n'est
pas épargnée par ces nombreux handicaps.
Dans la CR de Ndiob, l'activité est soumise a des
contraintes de diverses natures, liées aussi bien a la production qu'a
la commercialisation des produits.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
11-2-2-1 : Les contraintes lives a la
production
Les contraintes de la production sont essentiellement
liees a : l'acces a la terre, au manque de moyens et au probleme de
qualification des maraichers, mais aussi et surtout le probleme d'acces a l'eau
et des contraintes physiques, telles que : les fortes temperatures au milieu de
la saison seche, la salinisation etc.
cr L'acces
di((icile a la terre :
L'acces a la terre constitue le principal goulot
d'etranglement des maraichers de Ndiob. En effet, le domaine foncier de la
vallee appartient principalement aux populations des villages riverains.
L'espace de la zone a dans son ensemble fait l'objet d'attribution, et il n'y a
plus d'espace defrichable ou d'extension, comme on le note au niveau des grands
amenagements hydro-agricoles des vallees du Senegal de l'Anambe, du Niger etc.
oil les defrichements s'etendent en fonction du developpement des
amenagements.
Ce manque de terres fait que la majorite des
maraichers n'en disposent pas et y accèdent soit par location ou
prêt et sont toujours dans l'incertitude d'une culture permanente dans la
parcelle louee ou empruntee : en effet, les modes d'acces a la terre ne
permettent pas aux producteurs de jouir d'une exploitation securisee, les
risques de perdre l'usage sont tres frequents. 31% des maraichers deplorent le
coirt de location, mais egalement la taille reduite qui n'autorise pas des
exploitations de grande envergure. De l'avis de certains d'entre eux, il leur
arrive souvent de ne pas pouvoir faire du maraichage, faute de terres a louer,
et par consequent sont obliges de partir travailler en ville comme journaliers
ou charretiers, durant la saison seche, et ne retournent au village que vers le
mois de juin pour les preparatifs de l'hivernage. Enfin ces contraintes
foncieres constituent le principal facteur expliquant la forte surexploitation
du sol avec une absence totale de la jachere, pour son repos biologique et une
regeneration de ses aptitudes agronomiques. Ainsi on assiste progressivement a
l'epuisement ou l'appauvrissement conduisant a des contre performances
importantes de l'activite maraichere.
119
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
cr Le manque de moyens
:
Le probleme de moyens est un phénomene
récurant et généralisé dans l'agriculture
sénégalaise, en particulier le maraichage qui est une
activité nécessitant du matériel de qualité et
surtout beaucoup d'investissement en matière d'intrants. Ce manque de
moyen est l'une des principales préoccupations des maraichers de la CR
de Ndiob. Leur activité ne leur procure pas assez de ressources
financieres permettant de gros investissements.
La plus part des intrants nécessaires a la
production maraichere est importée. Leur coilt élevé
restreint leur utilisation par la majorité des producteurs. En
général, les maraichers utilisant des quantités
importantes d'intrants sont les groupements ou les producteurs familiaux
capables de mobiliser assez de ressources financieres soit par cotisation des
membres (groupements) et/ou l'utilisation de revenus provenant d'autres
activités comme l'élevage (producteurs familiaux). Pour les
maraichers individuels, la faiblesse de leurs revenus ne permet que
l'exploitation de faibles superficies et l'usage de petites quantités
d'intrant, surtout de produits phytosanitaires. Ainsi beaucoup de cultures sont
sujettes a l'attaque d'une large gamme de parasites, influant
négativement sur la qualité mais aussi sur la quantité de
la production.
En outre, on note que malgré la présence
d'ONG intervenant dans le soutient et l'encadrement des maraichers, la
majorité de ces derniers n'accèdent pas au financement et sont
obligés de compter sur leurs maigres ressources. Parmi les producteurs
interrogés, 10% seulement accèdent a l'appui des ONG sous
diverses formes : creusement de puits (pour les groupements), l'octroi de
financement ou de crédit en semences, intrants et matériels.
Cependant dans la majorité des cas le remboursement des crédits,
apres la vente des productions pose probleme a beaucoup de maraichers : selon
ces derniers les taux d'intérêts appliqués sont en
général insupportables. Ceci fait que certains ne remboursent pas
et réduisent les chances de financement pour d'autres a la prochaine
campagne.
Ces problemes de moyens sont en général a
l'origine d'une baisse de la quantité et de la qualité des
rendements. En effet le matériel utilisé par les maraichers
est essentiellement artisanal, précaire (hilaires, houes, rateaux
etc.) et le travail est en
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
grande partie manuel. L'exhaure, l'arrosage, l'entretien
des cultures, toutes ces tâches se font a la main et font perdre aux
maraichers beaucoup de temps (cf. photo 25).
A ce probleme de moyens s'ajoute la non qualification
de beaucoup de maraichers : les techniques optimales de production
(fertilisation, irrigation, recolte) et les methodes de traitements
phytosanitaires ne sont pas bien connues par insuffisance
d'encadrement.
Photo 25: Désherbage à la main
Cliché : Ndao 2009
41' Les problemes lies a la
disponibilite de l'eau :
L'eau du maraichage dans la CR de Ndiob vient
essentiellement de la nappe phreatique. Elle est tiree a travers des puits
hydrauliques, des puits traditionnels, et des seanes. La nappe malgre sa faible
profondeur, connait des fluctuations du niveau de ses eaux superficielles en
fonction des annees pluviometriques. En annee de deficit, l'acces a l'eau est
difficile pour les maraichers disposant des seanes. A certaines periodes de
l'annee, les forts prelevements occasionnent des baisses momentanees au cours
de la journee et les maraichers sont obliges d'attendre une recharge des eaux
pouvant prendre beaucoup de temps (1 a 2 heures). Pour eviter ses pertes
enormes de temps les producteurs sont obliges de se reveiller chaque jour au
environ de trois heures ou quatre heures du matin, pour puiser le maximum d'eau
avant la baisse momentanee de la nappe dans la journee.
A côte de ces manques momentanes, on note
l'insuffisance d'infrastructures hydrauliques pour un acces facile a la
ressource. 45% des maraichers de la CR accèdent a l'eau difficilement a
travers les seanes. Ces ouvrages sont de veritables devoreurs d'espace : dans
certaines parcelles les seanes occupent presque le 1/3 voir
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
la moitié de la superficie du champ, au
détriment des cultures (cf. photo 26). 4o% disposent des puits
traditionnels. L'exhaure de l'eau a travers ces ouvrages est essentiellement
manuelle, tres pénible et demande beaucoup de temps. Rappelons que dans
notre échantillon d'étude, seulement 15% des maraichers ont des
puits hydrauliques munis de motopompe atteignant les eaux profondes de la nappe
a une dizaine de metres.
Photo 26: L'espace occupé par un séane dans
une parcelle maraîchère
Diamètre de plus 10m : équivalant de la largeur de
7 planches au minimum
Point d'eau
Voie d'accès à l'eau mesurant environ 8m
Cliché : Ndao 2009
Il faut noter aussi que les conditions du milieu
influent dans une certaine mesure de faRon négative sur les cultures :
en période de forte chaleur (avril, mai), l'harmattan, vent chaud et sec
entraine un stress hydrique de certaines cultures, en particulier les
pépinières; la forte évaporation entraine une
concentration des sels minéraux contenus dans l'eau, au niveau du sol,
et par conséquent entraine progressivement sa salinisation.
En outre, la vallée de Ndiob constitue un
prolongement de la vallée fossile du Sine qui est une grande zone de
production de sel au niveau des tannes de Fatick. Ce sel a tendance a migrer
sous l'effet du ruissellement des eaux de pluie en hivernage et se concentre au
niveau des bas fonds. Certaines parcelles de la vallée sont
abandonnées en raison de cette salinisation (cf. photo 27).
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Photo 27: Parcelle abandonnée sous l'effet de la
salinisation
Cliché : Ndao 2009
11-2-2-2 : Les contraintes lives a la
commercialisation
La commercialisation des produits constitue l'ultime
étape de l'activité maraichere, selon les producteurs. Cette
phase n'est pas épargnée par les multiples contraintes qui
handicapent le développement rapide du maraichage dans la CR de Ndiob.
Les contraintes de la commercialisation sont essentiellement liées aux
problemes de stockage, de transport, et d'écoulement des
produits.
41' Probleme de transport :
Le facteur transport constitue toujours un
véritable handicap pour l'écoulement des produits maraichers.
L'insuffisance des infrastructures routières et des moyens de transport
adéquats entraine une faible exploitation des énormes
potentialités de la zone. Dans la majorité des villages de
production (Bacco Sérere, Bacco Mboytolé, Fintel etc.), le manque
de moyen de transport constitue l'un des facteurs principaux limitant
l'écoulement des produits. Le principal moyen de transport des
maraichers de Ndiob est la charrette. Cette dernière sert a
l'acheminement des produits vers les points de vente (marchés urbains
environnants et marchés ruraux), les concessions, ou a la piste
latéritique qui relie la CR a Diourbel, Diakhao et Fatick, pour une
évacuation en voiture vers les villes. Hormis la route nationale qui est
éloignée de la zone de production (environ 10 km), cette piste
est la seule praticable en voiture dans la CR. La plus part des villages de
production sont difficilement accessibles, ils sont reliés a la piste
par des chemins tortueux, sablonneux empêchant parfois toute circulation
d'automobile. Les produits récoltés sont acheminés vers la
piste a dos
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
d'âne, charrette et parfois même a
tête. Ces moyens ne peuvent transporter que de faibles quantités
et nécessitent d'innombrables allers et retours pour une
évacuation complete des récoltes
qr Problerne de stockage :
Il ressort des résultats de nos enquêtes
qu'il n'existe aucune infrastructure adéquate de stockage ou de
conservation des produits maraichers, du producteur jusqu'aux petits
détaillants dans la zone. Une fois évacuées sur la piste,
ou au niveau des concessions, les productions sont pour la grande
majorité stockées de faRon circonstancielle a l'intérieur
d'entrep8ts construits en pailles ou en branches de « nguer 0 dans des
paniers ou a même le sol selon leur quantité et leur état
de miirissement (cf. photo 28).
Photo 28: Stockage de la tomate dans un entrepôt
construit avec des branches de « Nguer v
Cliché : Ndao 2008
Ces produits se conservent difficilement et
présentent une faible compétitivité par rapport aux
produits venant des Niayes et des zones de Mbacké et Bambey et aux
produits importés. Les producteurs de la vallée de Ndiob sont
aujourd'hui confrontés a d'énormes problemes de conservation et
de pourrissement qui deviennent de plus en plus aigus. Certains produits comme
la tomate et le jaxatou sont tres vulnérables au soleil et a l'attaque
des insectes (les mouches), ils pourrissent trois a quatre jours apres la
récolte. A défaut d'infrastructures de conservation ces produits
nécessitent un écoulement rapide pour éviter
d'éventuelles pertes, c'est ce qui explique leur bazardage sur le
marché en cas de surabondance.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
cr Difflculte d'ecoulement :
La premiere contrainte a l'ecoulement des produits
maraichers de la vallee de Ndiob est la concurrence d'autres produits et la
fluctuation des prix avec de fortes chutes en periode d'abondance. En effet on
note au niveau des marches urbains comme Diourbel et Bambey une forte presence
des produits venant de la region des Niayes et des zones de production de
Mbacke et de Bambey. A cela s'ajoute le manque d'organisation des maraichers de
Ndiob qui fait qu'ils cultivent en general les m8mes speculations (tomate et
aubergine surtout). Ces deux phenomenes sont les principaux facteurs de
l'abondance des produits sur le marche a certaines periodes de l'annee, se
traduisant par de fortes chutes des prix aux producteurs.
On note egalement la difficulte de concertation des
producteurs pour la fixation des prix des produits maraichers, la
commercialisation est caracterisee par le manque d'organisation et la sous
information des producteurs. Malgre l'important developpement du maraichage, la
CR de Ndiob souffre toujours de l'absence d'un systeme de commercialisation
efficace : les maraichers de Ndiob n'ont pas de coxer urbain au niveau des
centres de commercialisation. Ils debarquent souvent sur le marche avec leurs
produits sans avoir une idee sur les prix fixes sur place. Ces derniers peuvent
dans la majorite des cas être tres bas, et le producteur est oblige de
vendre pour eviter une destruction de sa production, surtout le cas de la
tomate, tres vulnerable. L'absence de coxer explique egalement la difficulte de
trouver de bons clients : en periode d'abondance par exemple, certains
producteurs passent des journees entières au marche sans trouver le
moindre client ; ils sont alors contraints de bazarder leurs produits a la
premiere occasion, même si le prix ne permet pas de couvrir les colits de
production. Les bana-bana, premiers clients des producteurs sont conscients de
ce fait. En periode d'abondance, ils fixent leurs prix aux producteurs. La oil
les maraichers demandent 170 FCFA le kg, ils proposent loo ou no FCFA. Les
producteurs, ne pouvant tenir prefèrent vendre leur produit a perte
plutêt que de les voir pourrir. Ces problemes traduisent des pertes
importantes au niveau de la vallee de Ndiob.
L'ensemble de ces contraintes etudiees sont les
principaux facteurs handicapant le developpement de la culture maraichere
dans la CR de Ndiob. Face a ces obstacles il
125
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
est devenu necessaire de mettre en place des
strategies pour une dynamisation de cette activite, importante source de
revenus pour les populations devient une necessite
II-2-3: quelques perspectives pour le
développement du maraîchage dans la CR de Ndiob
Pour promouvoir le developpement de l'activite
maraichere dans les CR de Ndiob, les structures d'aide et d'encadrement
ceuvrant dans la CR, se sont engagees dans la recherche de solutions
susceptibles d'attenuer les contraintes de developpement du maraichage en vu
d'aider les maraichers a mieux s'en sortir.
11-2-3-1 : Sur le plan technique
La terre, support physique des cultures, constitue un
element fondamental pour toute production agricole, sa disponibilite est donc
determinante d'oii la necessite de mettre en place des amenagements au niveau
de la vallee pour permettre aux populations de Ndiob d'exploiter au maximum le
fort potentiel agricole de la zone. Dans cette optique, l'IJAVDS (Union des
Associations Villageoises pour le Developpement du Sine) en collaboration avec
w V (world Vision) envisage la mise en place d'un perimetre maraicher de 4ha
avec un systeme de goute a goute pour un coVt d'investissement de 12 millions
de francs CFA. Ce projet, une fois realise profitera aux membres des
groupements constituant l'uAVDS.
Pour promouvoir l'intensification des systemes de
production et favoriser la mobilisation de paysans dans l'activite maraichere,
w V projette de faciliter l'acces des producteurs aux equipements et intrants
agricoles de bonne qualite, a travers le renforcement de la boutique agricole
mise en place a Ndiob, mais aussi et surtout l'allegement des conditions
d'octroi de credits agricoles.
Il faut noter aussi que les campagnes de
sensibilisation dejà entreprises par l'ANCAR et Jappo doivent être
elargies et multipliees pour une bonne formation des maraichers sur les
techniques de production, de compostage, l'utilisation des produits
phytosanitaires, des engrais ; le choix des types de cultures, les
constructions des cliitures et de brise vent etc. Jappoo et ANCAR organisent
des
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
voyages d'etude a Keur Moussa, sur les techniques en
horticulture et la lutte contre les insectes ravageurs a partir de produits
locaux fabriques a base de feuilles de « neem 0. Ces deux ONG envisagent
augmenter le nombre d'eleves, qui a leur retour au village vont partager leur
experience avec les maraichers, a travers l'encadrement et la supervision de
ces derniers.
Pour lutter contre les deficits hydriques et permettre
une meilleure gestion des ressources en eau, le systeme d'irrigation goutte a
goutte est mis en place par Jappoo. Ce systeme permet dans une certaine mesure
de limiter la salinisation des terres.
D'autre part, l'accroissement du nombre de puits
hydrauliques avec motopompes est envisage pour permettre la reduction de la
penibilite de l'exhaure manuelle et des pertes enormes de temps. Le tableau
n°21 presente un resume des contraintes au developpement de l'activite et
les alternatives envisagees par les structures d'aide et
d'encadrement.
Par ailleurs, la mise en place de bassins de
retentions dans certains axes de drainage et des mares temporaires comme le
« Soul 0 et le « Sambam 0, situees hors de la vallee serait un apport
important pour le developpement elargie du maraichage dans la CR de Ndiob. Les
bassins de retention, a travers le stockage des quantites importantes d'eau de
ruissellement en hivernage, permettraient une disponibilite de l'eau et une
accessibilite facile pour une bonne partie de la contre saison (2 a 3 mois,
duree suffisante pour une campagne maraichere).
En outre, ces infrastructures permettraient une extension
de l'activite maraichere aux villages eloignes de la vallee pour un
renforcement de leur economie.
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géographie, 2008/2009
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socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
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Tableau 21: Difficultés et alternatives de la
production maraîchère dans le CR de Ndiob
Contraintes
|
Alternatives
|
Probleme d'acces au foncier Appauvrissement des
sols
|
Amenagement de perimetres
maraichers avec systeme goutte a goutte
Techniques de compostage
|
Probleme de moyens financiers
|
Mise en place de boutique agricole, octroi de credits
agricoles (intrants et equipement)
|
Non qualification des maraichers
|
Campagne de sensibilisation et de
formation, voyages d'etude
|
Problemes d'eau
|
Mise en place de systemes goutte a goutte,
accroissement des puits hydrauliques
|
Source : enquêtes 2009
111-2-3-2 : Sur le plan de la rentabilite
Pour faciliter l'ecoulement des produits maraichers,
quelques alternatives ont ete envisagees au niveau de la communaute rurale. Ces
alternatives sont essentiellement les suivantes :
qr Facilitation de l'information des producteurs sur la
situation des marches locaux et surtout des grands marches urbains
;
cr Organisation des producteurs en cooperatives de
distribution des produits ; la federation des maraichers de Ndiob, initiee par
l'ANCAR s'inscrit dans cette optique.
qr Facilitation des remboursements des credits en
augmentant le differe, perspective de w v : une des causes principales du
retard observe dans les remboursements est le fort taux d'interet s'elevant a
15%.
qr La recherche de debouches pouvant faciliter
l'ecoulement des produits, surtout pour les producteurs associes (groupements)
;
qr Augmentation du nombre de materiel de conservation,
notamment les casiers
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
pour faciliter l'acheminement des produits vers les
marches avec moins de risques ;
41' La mise en place de
structures de conservation, notamment des chambres de sechage pour l'oignon ;
la mise en place de chambres froides permettrait egalement une conservation
durable des produits vulnerables comme la tomate, et une reduction des risques
lies aux pertes.
cr Pour regler le probleme
du transport, la population de Ndiob, en collaboration avec le conseil rural,
propose la realisation des pistes de production. Les axes prioritaires sont les
suivants :
Ndiob - Patar Sine 13 km, Ndiob Patar Lia io km, Ndiob -
Darou Salam io km, et Ndiourbel Sine - Darou Salam 8 km. (cf. carte
7)
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socio-économiques et spatiales dans la
CommunautéRurale de Ndiob (département de Fatick)
Carte 7: Carte des pistes envisagées par la
CR
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Ndiob (département de Fatick)
Ces pistes de production devront permettre un
desenclavement de certains villages de production et un acheminement rapide des
produits en direction des centres de commercialisations urbains.
L'ensemble de ces perspectives vise a mettre les
maraichers de Ndiob a l'abri de l'insecurite alimentaire et a rehausser leurs
revenus a travers une exploitation optimale des potentialites de la zone et une
bonne organisation de la filiere.
Les contraintes liees a la production et a la
commercialisation qui affectent l'activite maraichere dans la CR de Ndiob se
traduisent d'une part par une contre performance de l'activite, marquee par une
baisse de la quantite, mais aussi de la qualite des productions, et d'autre
part par des problemes de commercialisation resultant en grande partie du
manque de competitivite, lie principalement aux problemes de conservation et
transport.
Cependant les perspectives engagées sur les
plans technique et de la rentabilité de l'activité au niveau de
la CR devront permettre sa redynamisation et une mobilisation d'une partie
importante de la population.
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géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
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CONCLUSION
Dans les pays sahéliens, en particulier le
Sénégal, la lutte contre la pauvreté et
l'insécurité alimentaire constituent parmi les
préoccupations majeures des pouvoirs publics. Ces orientations se font
ressentir au niveau local a travers le la mise en place, par les populations,
de diverses stratégies d'adaptation a la crise agricole qui frappe des
zones comme le bassin arachidier.
A Ndiob, l'une de ces stratégies d'adaptation
est l'activité maraichere qui tend a prendre progressivement la place de
l'arachide dans la vie économique et sociale des
populations.
La présente étude est une contribution a la
compréhension de la dynamique du maraichage et de sa fonction dans la
vie économique et sociale des populations dans un contexte de crise des
systemes pluviaux et de chute de l'économie arachidiere. L'analyse de
nos résultats a permis de rendre compte des immenses atouts que
présente la vallée de Ndiob pour le développement de
l'activité maraichere : les facteurs climatiques (dans une certaine
mesure), les types de sol, la végétation et surtout la nappe
phréatique affleurant, sont autant de facteurs expliquant le
développement spectaculaire du maraichage dans la zone ces
dernières années.
A côté des ces facteurs physiques, on
note une forte mobilisation d'acteurs diversifiés (propriétaires
de terre, producteurs, groupement, structures d'aide et d'encadrement
commerçants etc.) oeuvrant pour une bonne marche de
l'activité.
La dynamique de cette activité se
caractérise par ces multiples enjeux fonciers et l'introduction de
nouvelles pratiques culturales marquées par une forte intensification et
l'utilisation importante de produits chimiques par opposition aux systemes
pluviaux. C'est une activité pénible nécessitant
d'importants entretiens et une disponibilité permanente de la main
d'oeuvre, de la période des premiers semis jusqu'à la
commercialisation des produits.
Par les nombreux revenus qu'elle génere, le
maraichage joue un role capital dans la vie des populations de Ndiob, d'une
part a travers le renforcement de l'économie locale et le financement
d'autres activités génératrices de revenus, et d'autre
part a
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
travers une amélioration des conditions de vie des
populations dans des domaines comme : la sécurité alimentaire, la
santé, l'éducation, l'habitat etc.
L'activité a réussit a marquer l'espace
de la vallée a travers ses emprises liées a l'expansion des
périmetres maraichers et le développement d'une
végétation artificielle importante au niveau de la
communauté rurale, mais également des empreintes abstraites
marquées par des flux quotidiens de populations en direction des zones
de production.
Le maraichage est une activité porteuse d'avenir
pour la communauté rurale de Ndiob a l'image de la région des
Niayes.
Cependant, malgré son dynamisme et l'importance
de ses incidences dans la vie des populations, il est confronté a un
certain nombre de contraintes d'ordres productive et commerciale, que les
structures d'aide et d'encadrement en collaboration avec les populations
tentent tant bien que mal de surmonter a travers diverses stratégies et
perspectives de développement en cours ou envisagées.
Par ailleurs, l'activité maraichere n'est pas
la seule voix empruntée par les populations de la CR de Ndiob pour
contre carrer les effets pervers engendrés par la crise de l'arachide.
Parallelement, on note un développement important de l'élevage
d'ovins et de caprins, dont l'étude de son dynamisme et de sa place dans
la vie des populations peut revêtir une importance considérable
dans une perspective de recherche. En effet cette activité largement
favorisée par des facteurs comme la disponibilité de fourrage,
l'entretien facile des bêtes, mais aussi et surtout l'important
débouché dont elle bénéficie aux niveaux local,
régional et national, a l'occasion des grands événements
comme la Tabaski, la Korité, le Magal de Touba, le Gamou etc., tend a
devenir une des activités les plus importantes des populations de la CR
a l'image de celles du Ferlo.
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géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
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15 FERNAND J., 1997 : Glossaire de géomorphologie
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16 FROMAGET A., 2006 : #l faut développer
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Ndiob (département de Fatick)
17 GEORGE P, 1970: le dictionnaire de la
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18 GORDON M. et PETRY F., 2004 : Guide
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20 HECQ J. et DUGAUQUIER F., 1990 :
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21 HUBERT de BON, 1993 : Les cultures mara%chères,
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22 LERICOLLAIS A. , 1999 : Paysans sérères
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23 LOBEAU R., 1991 : Les grandes structures agraires dans
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24 LOMBARD J. 1989: La gestion des réserves
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25 MAIGNIEN R. , 1969 : Manuel de prospection
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26 NOEL REYNIER F. et NETOYO L., 1994 : Bilan hydrique
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27 OWONA I., 2006 : L'agriculture africaine est
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28 PELISSIER P. 2002 : Campagne africaine en devenir,
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29 PELISSIER P. 1966 : Les paysans du
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30 PETIT LAROUSSE, 1992, Paris CEDEX 06.
31 TEULON F., 1995 : Dictionnaire d'histoire,
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135
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
ARTICLES ET DOCUMENTS OFFICIELS
32 BRISSET CLAIRE, 1984 : Le climat et les hommes,
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33 CTA, 2001 : Adaptabilité des systèmes
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34 DUBO B. , 2008 : Situation alimentaire au
Sénégal : la dure soudure se précise, Sud quotidien, 30
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35 FAO/CSE, 2003 : L'utilisation des terres agricoles au
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36 GILLOT M. 1987 : Les premiers pas de l'Afrique verte :
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38 LONE S., 1992 : l'oNu fait face a de nouvelles crises
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39 SECK O. 2002 : Le Sénégal agricole, 51
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40 TOURE O. et SECK S. M., 2005 : Exploitations
familiales et entreprises agricoles dans la zone des Niayes au
Sénégal, Dossier n° 133, programme zones arides,
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THESES ET MEMOIRES
41 BA B. , 2006 : Etude géographique de
l'agriculture en Afrique noire : analyse des productions
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département de géographie, 383 pages.
42 DIATTA I., 2008 : Dynamiques des systèmes de
production horticole et développement territorial dans les Niayes du
Sénégal, UGB, section de géographie, 15 pages
43 DIOUF N. S., 2007 : Situation et perspectives des
jardins potagers et des jardins de case dans la région de Kaolack au
Sénégal : Cas des communautés rurales de Thiomby, Dya et
Nganda, mémoire de fin d'étude, ENSA-Thies, département
d'économie et de sociologie rurales, 92 pages
44 DOUI F., 2005 : Contribution a l'étude des
contraintes et perspectives d'amélioration de la culture
maraichère dans la vallée de Bacco (département
de
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Fatick), mémoire de fin d'étude,
ENSA-Thies, département d'économie et de sociologie rurales, 74
pages
45 FALL S, 2006 : Sécurité alimentaire
et changements climatiques : typologie des stratégies d'adaptation des
ménages ruraux a la variabilité climatique dans le Nord du bassin
arachidier du Sénégal (département de Diourbel),
mémoire de fin d'étude, ENSA-Thies, département
d'économie et de sociologie rurale, 121 pages
46 GOUMBALA M., 1999/2000 : La
production bananière dans le Sud Est du Sénégal :
modalité de diversification de l'agriculture et impacts
géographiques sur les paysages agraires locaux ; l'expérience de
l'APROVAG, dans la communauté rurale de Missirah, mémoire de
maitrise, UGB, section de géographie, 98 pages
47 LOCTELLI B., 2000 : Pression démographique et
construction du paysage rural des tropiques humides : l'exemple de Mananara
(Madagascar), these de doctorat en Sciences de l'environnement, CIRAD, 441
pages
48 MANGANE A., 1997/ 1998 :
Production et commercialisation des cultures maraichères : exemple de la
tomate dans la CR de Guédé, mémoire de maitrise, UGB,
section de géographie, 90 pages
49 NDAO A. 2007/ 2008 : Coopération
décentralisée pour le développement des activités
socio-économiques dans la communauté rurale de Ndiob (Fatick),
mémoire de Master 1, UGB, section de géographie, 74
pages
50 SIBY M. T., 2001/2002 : Dynamique des
systèmes de production et incidences spatiales et démographiques
dans la Communauté Rurale de Keur Momar Sarr, mémoire de
maitrise, UGB, section de géographie, 119 pages
51 WADE I., 2003 : Information et coordination dans la
filière maraichère au Sénégal, Université de
Montpellier I, faculté des sciences économiques, mémoire
de DEA 85 pages
WEBOGRAPHIE
52 Doc. / PAR-RS-10 Mai 2007 : la libéralisation
agricole au Sénégal,
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53 DSP : Document de stratégie de réduction
de la pauvreté. Avril 2002, 74 pages,
WWW.gouv.sn
54 ISSIFOU A. et Christian M., 2003 : L'agriculture au
Sahel : Evolution sur les 20 dernières années,
WWW.afriqueverte.org
137
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
55 Service régionale de Fatick, 2004 : la
situation économique et sociale de la region de Fatick,
WWW.google.com
56 Sud online.sn : article 10626 vendredi 25 avril
2008 : Face a la hausse des prix mondiaux des produits agricoles : quelles
solution pour le
Senegal.
WWW.Sudonline.sn /SPIP. Php ?
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
TABLE DES MATIERES
AVANT- PROPOS 1
SIGLES ET ACRONYMES 3
GLOSSAIRE DES TERMES SERERE 4
INTRODUCTION 5
PROBLEMATIQUE 11
METHODOLOGIE 17
I : Revue de la littérature 17
II: L'analyse conceptuelle 20
III: La collecte des données de terrain
24
111-1 : L'echantillonnage 26
111-2 : Les enquetes 28
VI: Le traitement et l'analyse des données
29
VI-1: Traitement statistique et cartographique
31
VI-2 : L'analyse des resultats 31
PREMIRE PARTIE: LES FONDEMENTS DU MARAICHAGE DANS LA CR
DE NDIOB 31
C HAPITRE 1 : DES FACTEURS PHYSIQUES FAVORABLES AU
DEVELOPPEMENT DU MARAIC HAGE 34
I-1-1 : Un climat favorable au maraîchage
34
I-1-2 : Les ressources pédologiques,
réservoir en eau et nutriment pour les cultures 39
I-1-3- : Les ressources hydrogéologiques : le
facteur principal de l'activité maraîchère
42
I-1-4 : Les ressources végétales
créent un micro climat et améliore la qualité du sol
44
139
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
C HAPITRE 2 : FONDEMENTS HUMAINS ET ORGANISATION DES
ACTEURS DU MARAIC HAGE DANS LA CR DE NDIOB 47 I-2-1 : La
démographie : dynamique, structuration et répartition
spatiale 48
I-2-2 : Les activités socio-économiques
51
I-2-2-1: L'agriculture 49
1-2-2-2: L'elevage 51
1-2-2-3: Le commerce et l'artisanat 52
I-2-3: Crise des activités
socio-économiques et l'émergence du maraîchage dans la CR
53
1-2-3-1: Les contraintes physiques 54
1-2-3-2 : les contraintes economiques et techniques
58
I-2-4 : L'organisation des différents acteurs de
l'expansion du maraîchage
dans la CR de Ndiob 61
1-2-4-1 : Les proprietaires de terres : de veritable
lamanes modernes 61
1-2-4-2 : Les producteurs 62
1-2-4-3 : Les commercants des produits maraichers
66
1-2-4-4 : Les ONG : structures de soutien et
d'encadrement 68
1-2-4-5: Un vaste marche de consommation
70
I-2-5 : L'évolution du foncier dans la CR de Ndiob
et sa gestion dans le domaine du maraîchage 71
1-2-5-1 : Le regime foncier traditionnel : une
superposition de droits sur le foncier 72
1-2-5-2: Le regime foncier moderne : une redistribution
et une « reglementation * de la gestion du foncier 73
1-2-5-3: L'acces a la terre et le mode faire valoir dans
le domaine du maraichage : le « retour * des lamanes 75
1-2-5-4 : Analyse des surfaces d'exploitation
77
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
DEUXIEME PARTIE :CARACTERISTIQUES, INCIDENCES ET
CONTRAINTES DU MARAICHAGE DANS LA C R DE NDIOB 80
C HAPITRE 1 : CARACTERISTIQUES DE L'ACTIVITE MARAIC HERE
DANS LA CR
DE NDIOB 81
II-1-1 : Les systèmes de culture. 81
11-1-1-1: Rotation culturale et Amendement du sol
81
11-1-1-2 : La lutte contre les insectes (deparasitage)
8P
11-1-1-3 : Calendrier cultural et speculations cultivees
88
II-1-2: Exhaure, irrigation et équipements
91
11-1-2-1 : Source d'eau et moyen d'exhaure 91
11-1-2-2 : Techniques d'irriqation 93
11-1-2-3: Equipement des maraichers
96
II-1-3: La récolte et La commercialisation des
produits 97
11-1-3-1 : La recolte et les rendements 97
11-1-3-2 : La commercialisation des produits
100
C HAPITRE 2 : INCIDENCES SOCIO-ECONOMIQUES ET SPATIALES,
ET
CONTRAINTES DE L'ACTIVITE MARAICHERE DANS LA CR DE NDIOB
10L
II-2-1 : Les incidences du maraîchage
106
11-2-1-1 : Un renforcement de l'economie locale
10L
11-2-1-2 : Une amelioration du cadre de vie sociale
110
11-2-1-3 : Restructuration spatiale etflux quotidiens de
population 114
II-2-2 : Les contraintes du maraîchage dans la CR
de Ndiob 118
11-2-2-1 : Les contraintes liees a la production
11B
11-2-2-2 : Les contraintes liees a la commercialisation
123
II-2-3: quelques perspectives pour le
développement du maraîchage dans la CR de Ndiob JJJJJJJJ
126
11-2-3-1 : Sur le plan technique 12P
111-2-3-2 : Sur le plan de la rentabilite 128
CONCLUSION 132
BIBLIOGRAPHIE 134
141
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
TABLE DES MATIERES 139
LISTE DES TABLEAUX 143
LISTE DES CARTES ET FIGURES 144
LISTE DES PHOTOS 143
ANNEXES VI
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Répartition des personnes
enquêtées 27
Tableau 2: Répartition des personnes ressources
auprès des quelles le
guide d'entretien est administré 27
Tableau 3: Calendrier des enquêtes 29
Tableau 4: répartition des saisons dans le
calendrier climatiques sérère
36 Tableau 5: Croisé dynamique de la
pluviométrie de la CR de Ndiob de
1998 à 2007 37
Tableau 6: Répartition des maraîchers en
fonction de L'âge 66
Tableau 7: Répartition des exploitations de
l'échantillon en fonction du
mode d'accès à la terre et du mode de faire
valoir 76
Tableau 8: Répartition des exploitations selon la
taille 78
Tableau 9: Analyse de la taille des exploitations
78
Tableau 10: Comparaison entre les quantités
d'engrais utilisées à Ndiob et celles recommandées par le
CDH 86 Tableau 11: Usage des produits phytosanitaires en fonction des types
de
spéculations 88 Tableau 12: Calendrier des
activités agricoles des maraîchers de Ndiob 89
Tableau 13: Les spéculations cultivées dans
la zone 90
Tableau 14: Rendement moyen des spéculations
cultivées 99
Tableau 15: Approximation des rendements à
l'hectare 100
Tableau 16: Le prix moyen des productions 103
Tableau 17: Prix moyens de vente en 2008, comparés
aux prix officiels
sur le marché 104
Tableau 18: Analyse des Coûts de production
107
Tableau 19: Analyse des revenus moyens tirés du
maraîchage 108
Tableau 20: Analyse de la rentabilité de
l'activité 108
Tableau 21: Difficultés et alternatives de la
production maraîchère dans le CR de Ndiob 128
143
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
LISTE DES CARTES ET FIGURES
Carte 1: Localisation de la communauté rurale de
Ndiob 10
Carte 2: Localisation des sites d'enquêtes
30
Carte 3: Répartition spatiale de la population de
Ndiob 50
Carte 4: La zone de production (domaine foncier favorable
au maraîchage) 77 Carte 5: Les différentes destinations des
produits maraîchers de la CR de
Ndiob 102 Carte 6: Les flux quotidiens de
maraîchers habitant loin (1 à 4 km) de la
Vallée 117
Carte 7: Carte des pistes envisagées par la CR
130
Figure 1: Evolution de la pluviométrie de la CR de
Ndiob de 1998 à 2007
38
Figure 2: Répartition des différents types
de sols de la CR de Ndiob 42
Figure 3: Répartition ethnique de la population de
Ndiob 48
Figure 4: Accroissement de la population de Ndiob, de
1998 à 2007 49
Figure 5: Répartition par âge de la
population de Ndiob en 2007 49
Figure 6: Répartition socioprofessionnelle de la
population de Ndiob ....51 Figure 7: La production moyenne à l'hectare
des spéculations cultivées
dans la CR de Ndiob 52
Figure 8: Répartition du cheptel de la CR de Ndiob
en 2007 54
Figure 9: Répartition des maraichers en fonction
des formes
d'exploitation 65
Figure 10: Répartition des maraîchers en
fonction de l'âge 66
Figure 11: Répartition ethnique des
commerçants 67
Figure 12: Situation matrimoniale des commerçants
67
Figure 13: Répartition des acteurs du
maraîchage dans la CR de Ndiob .. 71
Figure 14: Répartition des modes de faire valoir
76
Figure 15: Répartition des modes d'accès
à la terre 76
Figure 16: La répartition des différents
types d'engrais utilisés par les maraîchers 85
Figure 17: Répartition des différentes
spéculations cultivées 90
Figure 18: Répartition des différentes
sources d'eau utilisées par les maraîchers 92 Figure 19: La
répartition des lieux de destination des produits
maraîchers 101 Figure 20 : Circuit de
commercialisation des produits maraîchers de la
vallée de Ndiob 105
LISTE DES PHOTOS
Photo 1: Végétation importante de «
neeiv 44
Photo 2: Clôture et brise vent construites avec des
« célaan » 45
Photo 3: Boutique agricole de Ndiob, pour le
développement du
maraîchage 69
Photo 4: Mise en place du périmètre
maraîcher de Ngalagne 70
Photo 5: Type de rotation de culture 83
Photo 6: Fumure organique 84
Photo 7: Les engrais chimiques utilisés par les
maraîchers 84
Photo 8: Produits phytosanitaires utilisés par
les maraîchers de Ndiob 87 Photo 9: Les différents types de puits
utilisés par les maraîchers 92 Photo 10: Les différents
moyens d'exhaure utilisés par les maraîchers de
Ndiob 93
Photo 11: Citerne alimentée en eau à
distance à partir d'un puits 94
Photo 12: Irrigation par aspersion avec arrosoirs
94
Photo 13: Système d'irrigation goutte à
goutte du périmètre maraîcher de
Ngalagne 95
Photo 14: Sarclage et aération du sol au moyen de
l'hilaire 96
Photo 15: Récolte de tomate dans un
périmètre de Ndiob 97
Photo 16: Récipient servant de récolte et
de rémunération 98
Photo 17: Cageots de tomate 100
Photo 18: Vendeuses en détail des produits
maraîchers de la vallée, au
marché de Ndiob 103
Photo 19: Embouche bovine et ovine: activités
liées au maraîchage 109
145
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Photo 20: Greniers vides à partir du mois de mai
111
Photo 21: Habitats en dure liés à
l'activité maraîchère 113
Photo 22: Paysage maraîcher de la zone de
production de Ndiob (vue aérienne extraites de WWW. Google Earth. Fr,
coordonnées : 14° 36`, 57.
73``N et 16°14`24.09`` W) 115
Photo 23: Végétation artificielle
d'eucalyptus 116
Photo 24: La charrette, principal moyen de transport des
maraîchers 118
Photo 25: Désherbage à la main
121
Photo 26: L'espace occupé par un séane dans
une parcelle maraîchère 122
Photo 27: Parcelle abandonnée sous l'effet de la
salinisation 123
Photo 28: Stockage de la tomate 124
147
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
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