2. 1. 1 Les sommets de plateaux
Il s'agit des lambeaux de plateaux aux bords
déchiquetés qui surplombent la vallée du Dallol Maouri
orientée nord-sud. Ces ensembles mis en place au Tertiaire sont
constitués de la série de grès argileux du CT. Ils sont de
vastes topographies tabulaires de pente faible voire nulle, dominant de
plusieurs dizaines de mètres les koris. BOUZOU (2000) précise
qu'il existe deux niveaux de plateaux étagés. Le niveau
supérieur se situe au-delà de 280 m d'altitude. Le second niveau
constitue un étage situé en dessous du premier et dont l'altitude
est comprise entre 240 et 280 m. Dans ce bassin, les altitudes sur les sommets
de plateaux varient de 280 à plus de 300. Ainsi, la dénivellation
topographique de la plus haute altitude (310 m) du sommet de plateau par
rapport à la mare (située à 230 m) est de 80 m .
Ces surfaces sont jonchées de débris provenant
de la désagrégation de formations de grès argileux du
substratum et de la cuirasse ferrugineuse. La dynamique sur les sommets de
plateaux se traduit par une érosion à travers l'action de l'eau
et du vent qui y forme des regs par transport des éléments fins.
Ces sommets peuvent êtres perçus comme des surfaces structurales
car la roche visible est compacte dure et résistante.
L'action érosive de l'eau se manifeste par le
ruissellement diffus et en nappe qui s'écoulent suivant les pentes. Ces
types de ruissellement décapent le matériel pour l'essentiel
limoneux surtout en l'absence d'une couverture végétale
protectrice, d'où l'apparition des plages indurées fonctionnant
comme des impluviums.
La déflation éolienne assure la prise en charge
et le transport des particules fines laissant un sol gravillonaire nu. Ces
particules sont parfois piégées sur le plateau par la
présence soit de blocs de cuirasse (qui ne sont pas
évacués par les eaux du ruissellement) soit par la
végétation. Ils forment alors de microformes d'accumulation
éolienne appelées nebka.
Les sommets de plateaux présentent également des
cuvettes à fond plat de dimensions variables notamment au sud de
Baré-béri: ce sont des dépressions pseudo karstiques (les
dolines). «Les dolines sont des dépressions fermées de forme
ronde voire ellipsoïde, généralement plus larges que
profondes.» (BEACHLER; 1994). Ces modelés pseudo karstiques ont une
dynamique propre. Le ruissellement linéaire peut former à leur
fond des zones inondées pendant la saison de pluies. La concentration de
ce ruissellement peut entraîner l'effondrement du talus, comme c'est le
cas du rebord de plateau ayant presque une forme d'alvéole (carte 2 et
3).
Les plateaux sont bordés par une corniche dominant un
versant plus ou moins concave. Celle-ci est échancrée par les
koris dont la tête remonte jusqu'au sommet des plateaux.
La végétation est dans un état
très dégradé et se limite à quelques espèces
d'arbustes tels Combretum micrantum, Guiera senegalensis et des
graminées. Elle se contracte surtout dans les dépressions
où les conditions édaphiques sont favorables. La formation
typique de sommet de plateau du CT est la brousse tigrée
caractérisée par l'alternance de zones couvertes et bandes nues.
Ces dernières jouent le rôle d'impluvium pour les zones
boisées situées à leur aval. Sur le plan
pédologique se développe un lithosol n'ayant aucune valeur
agronomique.
Les formations superficielles sur les sommets de plateaux sont
essentiellement les débris de la cuirasse et des accumulations
sableuses.
La cuirasse est une forme héritée mise en place
au cours de la période finie tertiaire par migration verticale ou
oblique des éléments ferrugineux. C'est une couche indurée
de matériaux riches en fer qui se forme sous climat à saisons
alternées. Ces éléments ferrugineux échappés
à l'amont et dispersés vers le bas soit par le ruissellement
superficiel soit par la nappe d'eau, se concentrent par apports successifs le
long d'un segment ou au niveau d'une couche privilégiée d'un
profil: on parle d'une cuirasse d'accumulation absolue. La cuirasse peut se
former par départ de certains éléments
plus mobiles ce qui fait concentrer les éléments
moins mobiles qui deviennent proportionnellement plus abondants: c'est une
cuirasse d'accumulation relative.
Comme contraintes sur les sommets de plateaux et de buttes, on
peut noter l'aspect gravillonaire qui rend toute exploitation agricole
difficile ainsi que l'intense déflation éolienne et le
ruissellement en nappe qui décapent les maigres formations
superficielles sur les sommets. Le faible taux de recouvrement est une
contrainte sur les sommets de plateaux car il expose ces surfaces à
l'effet Splash. Ces surfaces sont imperméables ce qui entraîne le
ravinement sur les talus.
|