2. 1. 4. le bas-fond
La compréhension de la dynamique qui affecte
l'unité bas-fond nous permet d'avoir une idée sur la
stabilité ou l'instabilité en vue d'une meilleure gestion. Ce bas
bond a une forme allongée, et a un bassin versant
caractérisé par un relief à pente modérée de
dénivelée spécifique de 59.5 m (MDA; 2004)
s'étendant sur une superficie d'environ 43.7 km2. Dans
l'ensemble la végétation est peu dense et est essentiellement
composée d'espèces telles que Annona arenaria, Faidherbia
albida, Guiera senegalensis et la state herbacée principalement des
graminées.
Le bas-fond est composé de trois sous unités:
La partie amont de texture sablo-argileuse constitue une zone
d'épandage. Cette zone se caractérise par la faiblesse de la
pente et un important dépôt d'alluvions.
Le géon central qui constitue la mare de forme
circulaire et de texture argileuse couvrant une superficie d'environ 65 ha en
1975 à environ 90 ha en 1996.
Et la troisième sous unité du bas-fond est le
kori qui alimente la mare correspondant à l'entaille principale. La
prise en compte de la dynamique du kori principal qui correspond a son lit
mineur, et ses apports latéraux permettent de mieux cerner la dynamique
au niveau du bas-fond.
La dénivellation topographique du fond de la mare est
de 80 m. Cette mare est menacée par des apports d'importants koris qui
l'ensablent, ce qui accentue le vidage de la mare en direction d'une zone
d'épandage au nord de Matankari
Le kori principal alimentant la mare de Birnin Lokoyo et qui
se confond au lit mineur du bas-fond prend naissance au pied du versant. Dans
la partie amont du bassin versant où la pente est favorable, le kori
creuse son lit tandis que vers l'aval, l'écoulement est en nappe jusque
là où il recule sa tête par érosion
régressive.
Au niveau du recul de tête nous avons identifié sur
la berge droite trois couches sédimentologiques (figure 17).
La couche superficielle est sableuse récente de
structure friable épaisse de 0m 6 peu homogène et très
bien classé (So=1.26 mm, Ø=0.07 mm) et se caractérise par
une prépondérance des particules (Ski= 0.61 mm).
La deuxième couche sablo-limoneuse est épaisse
de 0m 83, d'une structure massive. Cette couche est peu homogène
(S=1.78mm), présente une dissymétrie vers les particules
grossières (Ski= 0.71 mm) et un bon classement des particules (Ø=
0.12 mm).
Et enfin un banc sableux épais de 1m 3 asymétrique
vers les particules fines avec un indice d'asymétrie skwness
supérieur à 0.3 mm (Ski= 0.42 mm).
Ces échantillons présentent des courbes de
fréquence plurimodales (figure17a, 17b et 17c). Ceci permet de dire que
ces sédiments ont une origine double (deux agents de transport et de
déposition), ou alors mis en place par un même agent de transport
avec changement de compétence. Le mode principal se trouve à la
fenêtre potentiellement constituée par le vent. Ce dernier
constitue l'agent de transport et de déposition du matériel.
Le tableau 4 montre une prépondérance de sable dans
les formations superficielles de Birnin Lokoyo car les sols constitués
de plus de 80n % de Sables.
TABLEAU 4: Analyse granulométrique des
échantillons prélevés sur la berge du kori principal de la
mare
échantillon
particules
|
Argile+ limon
|
S. F
|
S.G
|
E3a
|
4.01
|
73.74
|
22.25
|
E3b
|
21.63
|
53.72
|
24.65
|
E3c
|
14.02
|
69.38
|
16.6
|
E4
|
88.27
|
11.20
|
0. 53
|
modérée dans la compétence du processus de
transport. Elles sont caractéristiques de bancs alluviaux dans un lit de
cours, de sables dunaires, notamment dans le dallol.
FIGURE 17: Coupe schématique de la berge du kori
principal
Pour l'échantillon prélevé au niveau de
la mare, on note la prédominance des particules (argiles et limons); la
courbe de fréquences cumulées est de forme sigmoïde (figure
19). avec cette fois si une dominance de particules argiles et limons.
Le fond du kori est sableux et à une quinzaine de
mètres en aval du recul de tête, il est large de 13m 5. Il suit
son cours droit, mais d'une manière générale il est
sinueux et s'élargit latéralement par sapement de berge et par
incision verticale.
En aval dans sa partie médiane, le fond du lit est
toujours sableux avec parfois des dépôts de cailloux de cuirasse
abandonnés par la faible compétence du transport pour ces
diamètres. La pente continue à s'adoucir, et le kori forme un
épandage sableux (photo 2), où les berges disparaissent.
PHOTO 2: Epandage de sable dans le bas-fond en amont de
Baré-beri
Cet épandage de sable ou cône alluvial laisse
à penser qu'il existait une mare en amont du village de
Bari-béri. Celle-ci aurait été comblée bien avant
les années 1970 par des apports de sables charriés de l'amont par
le kori principal et ses apports latéraux. En effet, sur les
photographies aériennes de 1996 aussi bien que sur celles de 1975, on ne
voit que l'épandage de sable.
Toujours dans cette partie médiane, et à l'aval
de ce cône d'épandage ( situé en amont de
Baré-béri), l'écoulement en nappe continue; et les berges
réapparaissent avec l'épaisseur pouvant atteindre 30 cm tandis
que le lit a une largeur d'environ 40 m.
Le fait le plus spectaculaire dans le bas-fond est
l'ensablement de la mare. En effet, l'écoulement en nappe et le vent
transportent une énorme quantité de sable qui s'y dépose
au fond de la mare.
Les conséquences de l'évolution des koris se
traduisent par l'ensablement de la mare. Cette dynamique entraîne selon
les exploitants le comblement de cette mare, qui jadis était profonde.
Ces paysans expliquent cet état de fait par la naissance ou
l'amplification de nombreux « Guebés » nom local de kori,
à l'image de celui qui passe par l'Est de Roumbuki et qui se jette dans
la mare en formant un cône d'épandage sableux. Il faut aussi noter
l'approfondissement des koris latéraux qui apportent leurs eaux dans le
kori principal dans la partie amont du bassin versant.
Les contraintes liées à l'évolution de ce
bas-fond sont prononcées. Elles se traduisent par l'ensablement de la
mare par des apports importants de sédiments par le kori principal et le
kori Roumbouki et des apports éoliens toujours mobilisés sur
l'épandage sableux du kori principal.
Frequernces %
Frequences %
Frequences %
100
100
100
40
20
90
70
60
50
30
40
80
80
60
20
90
70
50
30
10
10
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
0
0
0,01 0,1 1 10
0,01 0,1 1 10
0,01 0,1 1 10
Diamétre des grains mm
Diamétre des grains mm
E3c Birnin Lokoyo
E3b Birnin Lokoyo
E3a Birnin Lokoyo
Diamétre des grains mm
FR FC
FR FC
FR FC
Figure 18 : Courbes des fréquences des
échantillons E3a Birnin Lokoyo, E3b Birnin Lokoyo et E3c Birnin
Lokoyo
Figure 19 : Courbes des fréquences de
l'échantillon E4 Birnin Lokoyo
Frequences %
100
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
0,01 0,1 1 10
Diamétre des grains mm
E4 Birnin Lokoyo
FR FC
En aval, elles se traduisent par le vidage de la mare par
érosion régressive. Une fois la mare remplie, les eaux se
déversent vers une zone d'inondation située en amont de
Matankari. Si la construction d'un seuil barrage comme illustrent les photos 3
et 4 à l'endroit où se fait le vidage, n'a pas renversé la
tendance, on peut affirmer que c'est l'importante sédimentation dans le
fond de la mare qui, en l'absence de traitement des unités amont qui
accentue le vidage. Alors, on comprend aisément qu'il y a urgence d'agir
sur ce milieu à contraintes multiples subissant l'impact de
l'évolution climatique récente (déficits chroniques) et
l'action anthropique d'une population qui croît à un rythme
accéléré 3.1 % au niveau national (MFE; 2001).
PHOTO 3: Seuil barrage en aval de la mare pour
empêcher le vidage.
La situation de 1975 (carte 2) se caractérise par un
mince dépôt de sable sur les sommets de plateaux. La couverture
végétale était importante pour les protéger. Les
glacis était mis en valeur à environ 10 % de superficie avec une
jachère représentant 25 % de cette superficie tandis que le reste
était colonisé par une steppe arbustive. Le bas-fond y
était densément couvert par une steppe arborée.
L'exploitation ne dépassait pas 25 %. Le seul cône qui existait
était celui formé par le kori Roumbouki (photo 5).
Deux décennies plus tard, la tendance se renverse, on
assistait à une mise en valeur quasi-totale du bassin versant, alors que
la pluviométrie connaît une baisse drastique. Ceci a
engendré une généralisation de la dynamique
érosive. Les entailles se sont multiplient et s'enfoncent dans la partie
amont du bassin alors que vers l'aval elles s'élargissent sapement des
berges et le sable charrié se dépose au fond de la mare dans le
bas-fond.
PHOTO 4: Point de vidage de la mare de Birnin
Lokoyo
Même si en 1996 il reste et demeure le seul, les apports
ont été plus importants car, le milieu est fragilisé par
une exploitation flagrante et un déficit chronique de la
pluviométrie. Ceci peut être illustré par la disparition du
couvert végétal (la steppe arbustive) assez dense sur les
photographies aériennes de 1975, alors qu'elle était
clairsemée en 1996.
La dégradation du couvert végétal sur les
sommets de plateaux bordiers, ainsi que celle de la steppe arbustive sur les
glacis, ont accéléré le ruissellement; les koris se sont
multipliés et amplifiés accélérant la
stérilisation des superficies croissantes et l'ensablement du lit de la
mare au point où elle s'assèche très vite après la
saison de pluies sa capacité ne lui permet plus de couvrir le besoin en
eau
de cultures (photo 6). On dénombre en 1975 sur l'ensemble
du bassin versant treize (13) koris y compris le koi principal et 22 koris pour
la situation de l'année 1996.
PHOTO 5: Cône d'épandage forme par le kori
Roumbouki a l'entrée de la mare de Birnin Lokoyo
PHOTO 6: Au premier plan la mare de Birnin Lokoyo
sèche et au second plan jardin de
Selon une étude menée par l'ONG (ADRI) sur ce
site, cette dynamique est liée aux effets de la sécheresse
combinés à une mise en valeur irrationnelle qui ont
accéléré la dégradation à la faveur des sols
dénudés et de l'effet de la pente, la capacité
d'infiltration s'est réduite.
Les conséquences sont l'accentuation de la dynamique
érosive, c'est ce que d'ailleurs les paysans ont confirmé par
l'approfondissement du lit des koris et leur élargissement par sapement
de berge ainsi
que l'ensablement de la mare par sédimentation
d'origine hydrique et éolienne. Cette situation accentue le vidage de la
mare par érosion remontante qui même si elle existait en 1975 et
1996 n'était pas perçue comme elle l'est actuellement.
TABLEAU 5: Récapitulatif de contraintes sur les
unités géodynamiques du bassin versant de la mare de Birnin
Lokoyo
Contraintes
|
Plateau
|
Talus
|
Glacis
|
Bas-fond
|
Edaphique
|
Sols gravillonaires
fragiles et imperméables
|
Sols gravillonaires
|
encroûtement
|
|
Dynamique
|
ruissellement aréolaire Déflation
éolienne
|
Forte pente Ravinement
|
Déflation ravinement
|
Comblement par
ruissellement et apport éolien , vidage de la mare de
mare par érosion régressive
|
Anthropique
|
exploitation du bois
|
exploitation du
bois
|
Surexploitation déboisement
|
Piétinement Surexploitation
|
TABLEAU 6: Niveau de potentialités et contraintes
des unités géodynamiques du BV de la mare de Birnin
Lokoyo
Segment
|
Contraintes
|
Potentialités
|
Anthropisation
|
Végétation
|
Sols
|
Eau
|
Plateaux
|
+
|
++
|
+
|
+
|
+
|
Talus
|
++
|
++
|
+
|
++
|
+
|
Glacis
|
Rocheux
|
+++
|
+
|
+
|
+
|
+++
|
sableux
|
++
|
+++
|
+++
|
+++
|
+++
|
Bas-fonds
|
+++
|
+++
|
+++
|
+++
|
+++
|
+: Faible++: Moyenne +++: Forte à très forte
carte des unités géodynamiques BL 75
(carte2)
carte des unités géodynamiques BL 96
(carte3)
58 2. 2 Les principales unités
géodynamiques du bassin versant de la mare de Doutchi
Le bassin versant de la mare de Doutchi est
caractérisé par un endoréisme des écoulements de
surface qui convergent vers une dépression fermée limitée
essentiellement par des plateaux avec un dénivelé de l'ordre de
63 m environ. Les altitudes sont comprises entre 290 m sur les sommets de
plateaux et 227 m au fond de la cuvette. Les pentes s'organisent
grossièrement en formes concentriques de la mare de Tapkin Sao vers les
plateaux bordiers. Les pentes sont faibles dans la dépression et
même à l'Ouest de la mare où les formations sont
dunaires.
Dans ce bassin versant qui s'étend sur environ 40
km2, le réseau hydrographique ne présente ni une
hiérarchie, ni une organisation bien marquée. Les eaux de
ruissellement descendant des unités géomorphologiques
supérieures convergent vers la dépression soumise à une
dynamique de comblement puisqu'elle concentre toute la charge solide issue de
ces unités d'amont.
|