Le village de Ouakam avait été crée le
vieux Alé Ndoye. C'est un village essentiellement composé de
Lébou venus du Djoloff. Selon les historiens ces populations
persécutées par le Buurba jolof de l'époque,
décident de quitter la contrée. Elles voyagèrent jusque
dans la presqu'île du Cap Vert et s'installèrent dans un premier
temps près d'un marigot appelé << Kam > qu'on pourrait
situer aujourd'hui aux alentours de la Patte d'Oie (dans les environs de
l'actuel stade de football Léopold Sédar Senghor). Dans leur
prospection du milieu, elles découvrirent la côte pas trop loin et
décidèrent de se rapprocher de la mer pour profiter de ses
ressources. Elles se déplacèrent vers la côte et
s'installèrent dans la cuvette aux pieds des mamelles. Le village ainsi
crée fut appelé << Ouakam » c'està-dire
<< ceux qui viennent de Kam ».
Les principaux noms de famille sont : Ndoye, Diagne, Diop, et
Guèye. Ils se sont très bien organisés avec un pouvoir
gérontocratique car le pouvoir de décision appartient aux
personnes du troisième âge. Le droit d'aînesse prime chez le
lébou. Mérina fut le premier quartier et chaque quartier à
son << Penc » qui est un espace de socialisation et de
médiation où se réglaient tous les problèmes.
Autrefois, pour trancher un litige, on faisait appelle
à une tierce personne appelée << ñjambur », qui
était une personne neutre. C'est ainsi que dans chaque quartier
traditionnel il y'avait trois Diambour choisis dans des familles selon des
critères bien définis. Il y'a 21 ñjambur qui constituent
le Conseil des Notables avec le Jaraaf qui est issu de la
famille des GUEYE. Ce Conseil est très bien organisé avec :
· Un Ndèye Ji Rew , Ministre de
l'intérieur
· Un Ndèye ñjambur, Ministre des affaires
étrangères
· Un Saltigué, chargé des affaires
mystiques
· Un Bathie Guéwel, chargé de
l'information
C'est le Ndèye Ji Rew qui convoquait les
réunions du Conseil qui étaient tenues à la grande
mosquée du village. Le Jaaraf n'assistait pas aux réunions il
était seulement informé des décisions
arrêtées. Ce pouvoir coutumier local s'est perpétué
de génération en génération et existe jusqu'{ nos
jours.
Outre les Lébou, les premières populations {
s'installer l{ Ouakam furent les familles des militaires, plus tard avec la
construction de l'aéroport international de Dakar (LSS), ses
employés commencèrent { s'installer avec leurs familles. C'est {
partir de ce moment que Ouakam s'est agrandi de catégories socio
professionnelles diverses, ce qui fait que le niveau de vie était assez
élevé et la pauvreté assez peu présente. C'est dans
cette dynamique que plusieurs cités ont été construites {
l'Ouest de Ouakam. Mais { partir des années 70, s'est installé
progressivement { l'Est un habitat spontané regroupant diverses
catégories de populations aussi biens nanties que pauvres.
Historique de la République Lébou :
Selon l'historien Monsieur Omar Ngalla GUEYE
Aux origines de la République Lébou le terme
« JARAAF » est un mot Peul qui signifie «
JAGARAF > c'est-à-dire le propriétaire d'un pays.
Le premier titre dans la presqu'île du Cap-Vert, vers
les années 1430, c'est la « LAMAN », qui signifie
propriétaire terrien. Ce système a prévalu pendant 116 ans
avant d'être abrogé par les titres de « jaraaf », «
Ndèye Ji rèew » ou « saltigué » en quitant
le Cap-Vert, les lébous ont atterri au Jolof où ils se sont
réorganisés à travers les 4D : Djalaw, Djinder,
Djéguèdj et Djéleugbi (de Mbao { Ngor). Ainsi,
Mbokhèkh (emplacement de l'actuel stade LSS) a abrité le premier
village de Yoff de 1430 au 17 Juillet 1548. Il ya eu par la suite une
dislocation ; un groupe a fondé Dakar et autre Yoff. Pendant cette
période, seuls les « Xonk bopp», les « Wanéex
» et les « Jasiratu » pouvaient prétendre au titre de
« laman ».
La gouvernance sera transférée en suite
à la famille BEYE car leur aïeul est arrivé au moment
où ceux qui étaient censés diriger n'avaient pas
l'âge requis. Comme des étrangers vivaient parmi les lébou,
ces derniers ont proposé de leur étendre la possibilité
d'être jaraaf. Donc la démocratie a toujours existée dans
la collectivité lébou. C'est ainsi que des postes
ministériels se sont crées et dirigés par des :
« Saltigué » représentant les
ministères de la Défense, de l'Agriculture et de la
Pêche
« Ndèye ji rèew » équivalent
du ministère de l'Intérieur étaient aux nouvelles familles
(ndengañ, tétofébèñ et xakañ). Le
Jaraaf est ainsi considéré comme le représentant de toute
ma communauté.
Il est choisi par les «ÑJAMBUR »
(dignitaires) et représentants des 12 « Penc » dont la
moralité ne souffre d'aucune tache. Le jaraaf est assimilé a un
serviteur, il symbolise le président de la République. Ce titre
est dévolu à une personne honnête, saine et amoureuse de
son village. Le jaraaf est destitué s'il fait cavalier seul, mais aussi
en cas d'émeutes, de révoltes, de sang versé, de maladie
incurable ou de non participation à la défense des causes
communes.
VII/ DONNEES SOCIO-CULTURELLES 7.1. Les rites
traditionnels
La culture locale est essentiellement
caractérisée par un riche folklore lébou sous tous ses
aspects à travers différentes manifestations telles que les
régates, les séances de « Ndeups » sans compter
l'organisation annuelle des journées culturelles de Ouakam.
Il faut préciser que les populations autochtones
restent encore attachées à la culture de leur localité
bien qu'orientées vers la modernité. Elles sont jusqu'ici
conservatrices de leurs valeurs traditionnelles. Le respect des totems et des
esprits surnaturels sont jusqu'ici de rigueur dans le village traditionnel.
Mais il est aussi { noter l'emprunte de l'éducation islamique { travers
les daaras (écoles coraniques) et la présence des
confréries religieuses (Layène, Mouride, Tidiane, etc.).
Chaque maison du village garde son côté
traditionnel. Dans un coin isolé, mieux encore sacré, l'on trouve
le « HAMB » où l'on vient se
recueillir et faire des offrandes aux génies, pour chasser les mauvais
esprits.
Quand un membre de la famille tombe en transe, son esprit est
souvent possédé par des génies et on a recours au
« NDEUP »
A/ NDEUP : est une
cérémonie avec des rituels qui peuvent durer plusieurs. Des
animaux (boeufs ou chèvres) sont donnés en sacrifice suivant les
cas de maladie. Le patient est souvent couvert du sang des animaux et doit
danser aux sons et rythmes des chants des tam-tams. Il s'ébat de toute
l'énergie de son corps afin que son esprit soit
dépossédé des forces du mal (on retrouve ces mêmes
rituels au Brasil)
B/ NDAWRABINE : danse
traditionnelle avec des costumes multicolores. Les femmes font des tatouages,
portent des perruques traditionnelles, forment colonnes, chantent et dansent au
son des tams-tams.
C/ BEURKEUTEU-BEURKEUTEU : c'est une
rituel qui se fait quand dans une famille des nouveaux nés meurent
souvent. Le nouvel enfant qui vient de naitre est placé dans un panier
et posé à une intersection ou quelques fois dans une poubelle,
à un endroit sale ou encore dans un marché ; tout ce ci pour
conjurer le mauvais sort et chasser le mauvais esprit.