RIYA QUINCHY
- CFA DESCARTES -
EVOLUTION ET INCIDENCES DE LA TECHNOLOGIE SUR LES
PRATIQUES DE COMMUNICATION POLITIQUE EN FRANCE DES ANNEES 1960 À NOS
JOURS.
Mémoire de Recherche pour l'obtention du
Master AIGEME Culture et Métiers du Web
réalisé sous la direction de
Dominique CARDON
Année universitaire 2010-2011
Université Paris Est Marne-la-Vallée
5 Boulevard Descartes
77420 Champs-sur-Marne
"L'Université Paris Est
Marne-la-Vallée n'entend donner
aucune approbation ou improbation aux opinions
émises
dans ce mémoire. Ces opinions doivent
être considérées
comme propres à leur
auteur"
REMERCIEMENTS
Je souhaiterai adresser un premier merci à Vincent
LEMIRE pour les cours de méthodologie, qui fût très utiles
et qui m'ont aidé à structurer mon travail.
J'adresserai un second merci à Dominique CARDON qui m'a
aidé pour la structuration et la validation de mon plan, les pistes
d'étude et bibliographique.
J'adresserai également un merci à tous les
êtres que j'aime et qui m'ont soutenu et difficilement supporté
lors de la rédaction de ce mémoire. Je remercierai tout
spécialement ma mère, ma soeur et toi...
J'adresse également un très chaleureux
remerciement à Benoît THIEULIN qui a su prendre le temps, le temps
d'un entretien, de m'aider et de m'accorder toute son attention. J'insisterai
également sur les perspectives qu'il m'a offert afin de mieux saisir les
enjeux de ce travail. Un grand merci.
Je remercie également toutes les personnes non
nommées ici qui ont aidé à la relecture de ce
mémoire et à y apporter les corrections nécessaires afin
de le rendre le plus abouti possible. Enfin, je remercie ceux, non
nommés également, qui m'ont encouragé et donné des
pistes de réflexion à explorer et à intégrer
à mon travail.
-Merci à tous-
EVOLUTION ET INCIDENCES DE LA TECHNOLOGIE SUR LES
PRATIQUES DE COMMUNICATION POLITIQUE EN FRANCE DES ANNEES 1960 À NOS
JOURS.
INTRODUCTION
CHAPITRE I : LE SCHÉMA DE LA
COMMUNICATION POLITIQUE TRADITIONNELLE EN PRÉSENTATION.
1) UN MODÈLE STRUCTURÉ ET
MÉDIATIQUE : CONSTRUCTION ET ÉVOLUTION DU SCHÉMA
TRADITIONNEL DE LA COMMUNICATION POLITIQUE FRANÇAISE.
13
CHAPITRE II : LA «
RÉVOLUTION » NUMÉRIQUE. EMERGENCE D'UN NOUVEAU
MÉDIUM ET DE NOUVEAUX ENJEUX.
2) LE WEB 2.0, NOUVEL ESPACE DE
COMMUNICATION : APPARITION DE NOUVELLES PRATIQUES ET DE NOUVELLES FORMES
DE SOCIABILITÉS.
36
CHAPITRE III : DÉCLIN OU MUTATION
DU MODÈLE TRADITIONNEL ?
3) UNE
« ÉVOLUTION » PLUS QU'UNE
« RÉVOLUTION » DES FORMES ET DES PRATIQUES DU
SCHÉMA TRADITIONNEL.
69
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
TABLE DES ANNEXES
INTRODUCTION
L
'objet de notre étude est la communication politique en
France depuis le début des années 1960. Nous avons abordé
ce sujet avec une perspective novatrice, en étudiant son
évolution, de l'utilisation des médias dits classiques -
journaux, affichage, radio, télévision - jusqu'à
l'avènement des nouvelles technologies de l'information et de la
communication (NTIC) et du web dans ce type de communication. Nous avons
tenté de répondre aux deux problématiques suivantes :
en quoi les nouvelles technologies ont-elles influencé les pratiques de
communication politique en France, voire la politique elle-même, et
existe-il de nouveaux enjeux issus de ces nouvelles pratiques ? Le
phénomène que nous étudierons à travers ce
mémoire est donc l'utilisation des nouvelles technologies dans les
méthodes de communication des personnalités et des partis
politiques français. On se demandera ainsi si le web constitue
désormais l'outil privilégié de la médiation
politique ou si, au contraire, il vient s'ajouter aux modes de communication
traditionnels qui constituent la base de la communication politique moderne.
Le terme « Communiquer » provient
du latin dont la traduction
est « Communicare », cela signifie mettre en
commun, partager. Le sens premier de cette notion est décisif.
Cependant, la formulation de Jacques Gerstlé étaye cette notion
et l'a précise.
«La communication politique se présente comme
un ensemble disparate de théories et de techniques, mais elle
désigne aussi des pratiques directement politiques. Elle inspire, en
effet, des stratégies et des conduites qui varient selon les positions
de pouvoir occupées et les situations vécues par les acteurs
concrets de la vie politique. » 1(*). Comme le souligne cette citation de Jacques
Gerstlé, la communication politique constitue tant des pratiques
directement politiques que des théories sociales.
Parallèlement, elle est aussi un champ d'étude, un outil et
un objet de recherche bien spécifique. Il faut donc prendre la
« communication politique » comme un tout et ne pas la
réduire à une simple définition figée ou à
un ensemble de concepts et de théories imbriqués les uns dans les
autres. Cette citation englobe tous les acteurs de la vie politique, tant les
personnalités politiques que l'opinion publique, puisque la notion de
« communication » implique l'idée d'un
échange qui n'est possible que par l'existence de plusieurs acteurs.
Communiquer en politique a avant tout un objectif
majeur : persuader en séduisant. Une autre citation de Jacques
Gerstlé cible parfaitement l'enjeu de la communication politique moderne
et vient compléter la première définition :
« (La communication politique) c'est l'ensemble des techniques et
procédés dont disposent les acteurs politiques, le plus souvent
les gouvernants, pour séduire, gérer et circonvenir
l'opinion ». Cette citation explicite l'idée que
l'interaction en politique est un enjeu essentiel.
Une fois ces définitions précisées,
voyons comment se compose l'objet de notre recherche.
Nous, nous intéresserons au discours et à ses
effets, aux stratégies, au rôle et à la place de la
communication politique, au symbolisme de l'image. Nous analyserons les
nouvelles formes de sociabilité et d'interactions qui se mettent en
place2(*).
Nous avons décidé de limiter notre étude
au territoire et à la vie politique française. Nous avons
également choisi d'appliquer les bornes chronologiques suivantes :
1960-2011. Ces années constituent très certainement la
période la plus intéressante pour la communication politique
française car elle correspond à un tournant majeur
matérialisé par l'introduction successive de différents
médias, notamment la télévision et Internet.
Nous avons regardé du côté de
personnalités et de partis politiques très divers. Ainsi, nous
avons étudié des personnalités politiques membres du
gouvernement ou proche de celui-ci, mais n'occupant pas de ministères
régaliens et, partiellement, le Président de la
République. La précision est importante puisqu'on verra par la
suite que la communication politique de personnalités politiques
directement impliquées dans l'exercice du pouvoir n'est pas la
même que celle d'une personnalité politique qui n'y est pas
directement impliquée. Enfin, nous avons également analysé
des personnalités politiques non membre du gouvernement et certaines
briguant un mandat lors des prochaines échéances
électorales, notamment celles de 2012. Nous avons décidé
d'établir un panel restreint mais relativement représentatif afin
de voir les différences et les rapprochements qui pourraient
exister3(*).
Nous avons également étudié l'importance
du symbolisme de l'image en politique4(*). En effet, cette notion, liée au celle de
marketing politique et inhérente au domaine politique, évolue et
occupe une place toujours plus importante.
Sur la question de la communication politique, il existe une
somme importante d'ouvrages et d'articles5(*). Beaucoup des sources que nous avons consultées
traitent des concepts et des théories qui existent autour de la notion
de « communication politique ». Ces ouvrages se rejoignent
sur l'idée que la notion en elle-même demeure très
problématique puisque gigantesque et constitue à la fois un
carrefour où se rencontre un grand nombre de théories sociales
(histoire, politique, communication, sociologie...) et à la fois un
champ de pratiques sociales biens spécifiques. L'ouvrage de Jacques
Gerstlé, intitulé la communication politique, nous
éclaire très bien sur l'évolution du regard sur la
communication politique et sur l'interface politique/communication6(*). L'article de Cécile
Maunier, titré « La communication politique en France, un
état des lieux », revient avec précisions sur une
partie des théories concernant la communication politique, analyse les
évolutions et discute les nouvelles pratiques politiques liées
aux nouvelles technologies de l'information et de la communication7(*). Cet ouvrage nous aura
été utile pour aller plus loin et comprendre ce qu'est la
communication politique moderne.
Nous avons également consulté l'ouvrage de David
Fayon, intitulé Web 2.0 et au-delà, nouveaux
internautes : Du surfeur à l'acteur. Cet ouvrage a permis
d'établir une typologie des réseaux sociaux et d'en
déterminer quelques éléments sociologiques8(*). Sur la question d'appropriation
des NTIC, l'article de Ludovic Renard, intitulé « Vers une
nouvelle communication politique : Analyse des médias d'information
depuis la campagne présidentielle de 2007 », fut utile,
il le fut également pour l'étude des évolutions dans les
modes d'utilisation des NTIC de la part de la classe politique9(*). De plus, nous avons eu recours
à l'ouvrage de Philippe J. Maarek, intitulé La communication
politique de la présidentielle de 2007. Cette oeuvre a
contribué à mieux comprendre les nouvelles pratiques politiques
et sociales existantes, grâce au web en politique, et notamment, sur la
« personnalisation » et la
« proximité » dans la communication politique
moderne10(*).
Nous avons consulté l'oeuvre d'Anne-Marie Gingras,
titré La communication politique : Etat des savoirs, enjeux et
perspectives. L'auteure insiste sur les styles et les effets du langage
politique11(*). On a
utilisé cet ouvrage afin d'analyser de façon plus précise
les formes du discours et la rhétorique dans la communication politique
moderne. Sur le discours, nous avons également consulté l'article
de Joanna Jereczek-Lipinska, intitulé « De la
personnalisation dans la communication politique : l'effet du
« je » ». Cet article analyse l'impact des
nouveaux outils de communication sur le discours politique et la communication
politique en général mais aussi et surtout sur la façon
dont le « je », introduit dans le discours politique, joue
un rôle important sur la réception de celui-ci12(*).
Sur les questions de marketing politique, nous avons lu
plusieurs articles et ouvrages. La publication de Philippe J. Maarek,
intitulée Communication politique et marketing de l'homme
politique nous a beaucoup apporté pour la définition
(compréhension ?) de cette notion qui fait partie intégrante
de la communication politique moderne13(*).
L'article de Maria Mercanti-Guerin, intitulé
« Facebook, un nouvel outil de campagne : Analyse des
réseaux sociaux et marketing politique », nous a
éclairé sur les usages et l'utilité politique des
réseaux sociaux, notamment de Facebook14(*).
Sur les questions de politique en ligne, une des formes de la
communication politique moderne, on a utilisé de nombreux
articles15(*). Celui de
Sophie Pene, intitulé, « Bloguer la
politique », nous aura beaucoup servi pour l'analyse des
nouvelles pratiques politiques et des nouveaux rapports entre électorat
et personnalités politiques16(*). L'article de Michel Grossetti, intitulé
« Communication électronique et réseaux
sociaux », nous a aidé pour notre réflexion sur
les nouveaux outils de la communication politique en ligne, et notamment sur la
nouvelle influence des réseaux sociaux dans les sociétés
contemporaines17(*). Sur
la médiatisation des personnalités politiques (acteurs et
stratégies), l'article d'Arnaud Mercier, intitulé
« La communication politique » nous a beaucoup
appris sur les modèles de communication politique mais aussi sur
l'évolution des dispositifs de communication dans le champ
politique18(*).
Le corpus d'analyse que nous avons utilisé pour
l'étude du schéma traditionnel consiste en un ensemble d'archives
vidéo. Dans un premier temps, nous avons utilisé un certain
nombre de vidéos d'archives d'émissions politiques
télévisuelles de L'INA afin de voir comment la structure
audiovisuelle s'est progressivement imposée et a joué un grand
rôle dans la structuration du schéma traditionnel19(*). Pour cette étude, nous
avons analysé des vidéos allant des années 1960 aux
années 2000. On a également eu recours aux grilles
d'émissions des stations (RTL, groupe Radio France, Europe 1, RMC), qui
constituent des terrains d'analyse très intéressants puisque les
personnalités politiques utilisent encore abondamment les
émissions radiodiffusées comme canal de diffusion d'idées
et de médiation avec l'opinion. On a également analysé les
sites Internet des partis politiques français, ces sites constituent un
élément important de communication, puisqu'ils jouent le
rôle de plateformes d'information, médiation et de
mobilisation20(*). Pour
cette analyse, nous nous sommes concentrés sur les sites du PS et de
l'UMP, en se limitant à la période, Janvier-Avril 2011.
Pour l'étude des réseaux Facebook et Twitter,
nous avons essentiellement regardé un certains nombres d'échanges
représentatifs. Nous avons étudié les « pages
fan », les profils Facebook et les comptes Twitter de quelques
personnalités politiques françaises, tous bords
confondus21(*), en se
limitant au nombre de quatre afin d'être plus efficace dans le travail
d'analyse, l'étude portant sur la période allant de
l'année 2007 jusqu'au mois d'Avril 2011. Cette analyse nous a beaucoup
appris sur les différentes manières dont les personnalités
politiques communiquent désormais en ligne. Nous avons par ailleurs
noté des différences d'utilisation, mais malgré tout avec
un but identique, celui de l'adhésion.
Ensuite, nous nous sommes concentrés sur l'analyse de
blogs de personnalités politiques, ces « journaux personnels
en ligne » étant de bons révélateurs sur la
façon dont les personnalités politiques s'assurent une
présence sur le web. Pour cette étude, nous avons réduit
notre analyse à trois blogs, ceux de François Bayrou, Xavier
Bertrand et enfin celui de François Hollande.
Enfin, nous avons regardé du côté des
réseaux citoyens, la Coopol, Désirs d'avenir et
les Créateurs du possible. Ces nouvelles plateformes jouent
désormais un rôle essentiel dans la vie politique
française, puisqu'elles permettent, de façon très large,
de fédérer l'électorat. Nous avons également
utilisé, dans une large mesure, sondages et études sur les
pratiques, les habitudes des Français et des politiques sur le web et
les réseaux sociaux. Afin d'éclairer cette analyse des nouvelles
pratiques sociales et politiques de l'Internet 2.0, nous avons
réalisé un entretien avec Benoît Thieulin, le 11 Avril
2011, afin de nous aider à mieux comprendre l'utilisation politique
d'Internet22(*).
Nous avons traité la question en trois chapitres. Dans
le premier chapitre, nous avons abordé le sujet dans une perspective
socio-historique afin de comprendre de quoi est composé le schéma
traditionnel de la communication politique. Nous avons déterminé
comment ce schéma classique est lié de façon très
importante aux médias dits « traditionnels » et
enfin comment il s'est progressivement installé et
institutionnalisé pour prendre la forme que nous connaissons
actuellement.
Dans le second chapitre, nous avons étudié notre
sujet par le prisme de la technologie. Nous avons vu comment la
révolution numérique, progressivement intégrée au
champ politique, a fait évoluer les pratiques et les formes de
communication politique traditionnelle. Nous avons essayé de comprendre
les nouveaux enjeux qui accompagnent le nouvel outil qu'est Internet et les
modifications que ce média entraîne. Nous avons analysé
également la façon dont les sites des partis politiques,
véritables nouvelles plateformes d'information, font évoluer la
façon dont la classe politique communique avec l'électorat, tout
autant que les blogs, les chats et forums politiques.
Enfin, dans le troisième chapitre, nous avons
réfléchi sur le fait de savoir s'il s'agit d'une
réorientation du modèle traditionnel ou, purement et simplement,
de la fin du modèle traditionnel. L'influence des médias
traditionnels a-t-elle connu un affaiblissement manifeste ou un simple
déplacement, à cause du web. Nous avons poursuivi en tentant de
voir si les nouvelles pratiques de communication qui se mettent en place avec
les NTIC s'inscrivent dans une forme de continuité ou si, au contraire,
elles constituent une rupture. Enfin, nous avons réfléchi sur les
perspectives du modèle, son avenir, tout en établissant une
remise en perspective globale.
*
Chapitre I : Le schéma de la communication
politique traditionnelle en présentation.
1) Un modèle structuré et
médiatique : Construction et évolution du schéma
traditionnel de la communication politique française.
1.A) Hommes politiques et
médias : La prédominance de l'appareil audiovisuel.
Le schéma de la communication politique
française s'est construit dans la durée et s'est figé peu
à peu tout au long de la Ve république. En effet, le passage
à la Ve république, en 1958, a considérablement
modifié le jeu politique mais surtout les formes de communication entre
personnalités politiques et électorat. Les années
1950-1970, constituent à cet égard une période
décisive dans la fondation et la cristallisation du schéma
puisque ces vingt années consacrent l'évolution d'un
modèle. On passe selon Christian Delporte d'un modèle de
« propagande », c'est-à-dire un modèle dans
lequel le discours provient d'en haut pour arriver vers le bas (du politique
à l'opinion, sans échange), à un modèle de
« communication circulaire », dans lequel le discours
politique remonte du politique à l'opinion avec des renvois22(*). C'est donc un modèle,
dans lequel la personnalité politique s'est métamorphosée
en « politique communicant » alors il n'était qu'un
décideur23(*). La
situation est donc inédite, mais ce qui constitue le fondement de cette
évolution, c'est l'arrivée puis la diffusion progressive de la
télévision dans les foyers français. En effet, la
télévision s'impose comme le nouveau médium des masses.
Avec son émergence, on assiste à la modification des formes de la
communication politique en France. C'est au cours des décennies
1950-1970 que le poids de la structure audiovisuelle devient important dans
l'interaction entre personnalités politiques et
« l'opinion-électorat »24(*). C'est au cours de cette
même période que se dessine puis s'installe le modèle que
nous connaissons actuellement. Pour bien le comprendre, il est
nécessaire de revenir sur les années qui marquent la naissance du
schéma.
Les années 1960 marquent un véritable tournant,
puisqu'on est au carrefour d'une société découvrant une
révolution culturelle importante (mouvement hippie, rock n' roll, pop
art), politique (l'entrée dans la Ve république, guerre
d'Algérie, la décolonisation des espaces coloniaux...) et
technique (début de l'équipement des ménages en
électroménager et arrivée de la télévision).
Plus que tout, c'est l'entrée de la télévision dans la vie
des français qui constitue la révolution sociale la plus
importante puisqu'elle a une influence directe sur leur quotidien. La
première moitié des années 1960 voit la
télévision être utilisée par les politiques comme un
outil de communication plus moderne que la radio. La deuxième
moitié des années 1960 consacre la télévision comme
le médium de masse et comme un lieu privilégié de
l'échange politique25(*). Au même moment, les émissions
politiques, les interviews face aux journalistes et les face-à-face
télévisuels se développent et donnent l'occasion aux
politiques de toucher un public plus large. En effet, cela s'avère plus
efficace que la distribution de tracts, que les réunions publiques ou
encore que le simple message radiodiffusé.
La télévision est une révolution
technique mais elle fait surtout partie d'une révolution plus large,
celle d'une révolution sociale globale qui a un impact profond sur la
strate politique et sur l'opinion26(*). La télévision cristallise un
modèle de communication dit
« médiatée », c'est-à-dire, un type de
schéma qui s'appuie sur des supports pour véhiculer de
l'information.27(*)
En fait, pour bien compte de l'impact de la
télévision sur les formes de communication et de diffusion
d'informations, il est nécessaire de dire deux choses : la
première c'est qu'il faut considérer que dès le
départ, la télévision, mais les premiers médias
techniques de façon générale, ont modifié les
conditions du déroulement du jeu politique et font évoluer peu
à peu le jeu démocratique28(*). La deuxième, c'est qu'on peut
déjà faire un parallèle avec Internet en disant que la
télévision au cours des années 1950-1970, comme le web
à la fin du XXème siècle, a fait évoluer les
pratiques de communication et de prise d'informations grâce à un
nouvel outil technologique.
Pour illustrer notre propos, nous utiliserons un exemple qui
nous parait assez significatif de la réalité de l'impact de la
télévision et qui montre comment la télévision
s'est progressivement installée comme un média incontournable de
la communication politique en France.
C'est celui de la campagne de l'élection
présidentielle de 1965, qui impliqua le Général de Gaulle
et mis en évidence dans le paysage politique français la figure
de Jean Lecanuet. En effet, cette campagne est d'une importance capitale dans
la mesure où elle marque un premier tournant majeur. Cette
élection rompt clairement le vieil équilibre, tout d'abord parce
que c'est la première de la Ve République au suffrage universel
direct et ensuite parce que c'est la première élection qui
utilise la télévision comme un outil de communication. Christian
Delporte le souligne habilement dans son écrit, « Pourvu
qu'on sache la choisir et l'exploiter, elle représente un remarquable
outil de notoriété nationale »29(*). Jean Lecanuet, très
bon communicant, utilise la télévision de façon efficace
ce qui lui permet de monter dans les sondages grâce à une
élocution claire et un discours volontaire30(*). On le voit donc, ce nouvel
outil constitue un enjeu considérable puisqu'il permet d'accroître
sa notoriété à l'échelle nationale sur le plan
politique. On perçoit également qu'il y a dans cette citation
déjà des préoccupations très liées à
l'idée de popularité. Lors de cette élection, Jean
Lecanuet, qui apparaissait comme le candidat le moins solide, parvient à
obtenir près de 16% des suffrages exprimés et provoque,
grâce à son score, le ballotage du Général de Gaulle
lors du second tour de l'élection31(*). Cette performance relativement impressionnante, Jean
Lecanuet la doit à la télévision, qu'il a su habillement
dompter pour développer une image tout à fait singulière,
celle d'un candidat jeune, moderne et dynamique. Avec cette démarche, il
propose une nouvelle image, on voit déjà qu'une nouvelle forme de
communication politique se met en place. Désormais, l'homme politique
doit séduire pour obtenir l'adhésion de l'opinion. Cependant,
avant la télévision comme outil de communication, il y a eu
d'autres moyens utilisés par les partis et les personnalités
politiques pour susciter l'adhésion, nous faisons notamment
référence ici à l'affichage, à la radio, aux
tracts, au bouche à oreille ou encore aux envois de courriers en masse.
Une question mérite d'être posée :
pourquoi et comment la télévision s'est elle substituée
à la radio et à l'affichage comme principal outil de
communication politique ? Commençons par l'affiche
électorale, qui constituait bien avant la télévision un
outil important de la communication politique. Les affichages étaient
importants puisqu'elles permettaient une diffusion plus large de l'image d'un
candidat et, de fait, de contribuer à une certaine forme de l'occupation
du terrain. En outre, ces affiches électorales étaient
décisives puisqu'elles pouvaient mettre en scène un candidat avec
un slogan sous ces affiches. Autre point important qu'il nous faut souligner,
avant 1965, les affiches pouvaient être collées partout32(*), elles constituaient donc des
atouts décisifs en terme de communication et de promotion. Avec la
télévision, la donne change dans la mesure où ce nouveau
média propose une nouvelle façon de consommer l'image.
L'autre moyen, très utilisé par le passé
et qui précède également la télévision,
c'est la radio. La radio a également joué, pendant très
longtemps, un rôle important, tout simplement parce qu'avec les journaux,
la radio, constituait l'un des seul média pour accéder à
l'information autre que les journaux et parce qu'elle permettait de toucher une
audience plus large même si seuls les plus impliqués en politique
écoutaient. C'est pourquoi bien avant les années 1950-1960, la
campagne officielle se faisait essentiellement à la radio et qu'elle
était très largement suivie par ce canal. De fait, la
télévision supplante ces deux anciens modes de communication
politique qui étaient devenus partiellement
dépassés33(*).
Cette nouvelle place de la télévision au sein de
la communication politique s'explique pour plusieurs raisons.
Premièrement, la radio et l'affichage apparaissaient comme de vieux
modes de communication, la radio, parce qu'elle ne proposait pas l'image, alors
que la télévision introduisait cette nouveauté. Elle
modifie le regard que peuvent porter les Français. De plus, les
affiches, parce que figées et muettes, ne cadrent pas avec la
modernité intronisée par la télévision. La
deuxième raison, une cause officielle et sociale car à partir de
1965, l'Etat accorde une place beaucoup plus importante à la
télévision ayant constaté que le téléviseur
devenait progressivement un outil très largement répandus dans
les foyers34(*). En effet,
la télévision devait, elle aussi, jouer le rôle de liant
entre le pouvoir politique et l'opinion35(*). Enfin, la télévision permet de mettre
en place un effet de personnalisation de la parole politique et met l'accent
sur la personnalité d'un candidat36(*).
On le constate, les nouvelles pratiques sociales des
Français, poussent très largement l'Etat, par pragmatisme,
à donner à la télévision une place centrale au sein
de la société. C'est autour d'elle que se construit le
schéma de la communication politique, mais c'est également autour
d'elle qu'apparaissent des nouvelles façons de consommation de
l'information. Pour autant, affirmer seulement que l'Etat a su adapter ce
nouveau médium pour en faire son principal instrument de
médiation, est partiellement faux. En effet, on ne pas occulter
l'influence de la campagne américaine de 1960 et du débat
télévisuel de cette même campagne. En effet, ce fût
la première campagne électorale fût la première au
monde à mettre en évidence le fait que la
télévision pouvait être un fantastique outil de
communication37(*). De
façon générale, la télévision et
l'idée qu'on se fait de ce nouvel outil, ont fait prendre conscience
à la classe politique qu'il fallait changer la façon de
communiquer avec l'opinion38(*). Ainsi, il y a de façon très importante
l'idée diffuse d'un effet social de la télévision. Elle
peut aider à influencer l'opinion. Ce nouvel outil est progressivement
pris très au sérieux par les partis et les personnalités
politiques qui réalisent que le symbolisme de l'image renvoyée
occupe une place bien plus importante que par le passé. La
télévision accompagne donc l'évolution sociale et
politique que connaît la France à cette époque. C'est
d'ailleurs en 1965 que la campagne officielle fait son entrée à
la télévision, alors qu'elle se faisait habituellement uniquement
à la radio.
Par ailleurs, il est très important de souligner le
rôle du Général de Gaulle dans la nouvelle place qu'occupe
l'image télévisée au sein de la société
française, puisqu'il fut l'un des premiers à avoir recours
à la télévision de façon récurrente pour
s'adresser aux Français. En outre, il est également celui qui en
premier domestique l'image télévisuelle dans l'exercice du
pouvoir.
De Gaulle a très souvent eu recours
à la télévision pour valoriser ses discours, les
déclarations gouvernementales et son action politique39(*). Pour précisions, entre
le 25 Janvier 1960 et le 25 Avril 1969, le Général de Gaulle a
réalisé 53 allocutions ou entretiens
radiotélévisées40(*).
On le voit donc, une attention toute particulière est
accordée à l'outil mais aussi l'image. Le basculement dans une
société de l'image, matérialisée par le
téléviseur est très marquée et pousse les
personnalités politiques à s'en soucier. En effet, par
volonté étatique, on assiste à un alignement et à
une organisation autour des évolutions de la société
française, la structure audiovisuelle se trouve donc au centre de cette
organisation. Cette situation explique notamment, en partie, les
évolutions politiques que décrivent les historiens, les
politologues et les sociologues sur le basculement qui s'opère au cours
des années 1950-1970. Celles-ci ont fait que l'on passe d'un
modèle de communication « propagandiste »,
fermé et figé, à un modèle de «
communication politique », ouvert et axé sur l'interaction
avec une plus grande partie de la population. L'exemple de l'élection de
1965 illustre un premier tournant décisif dans la communication
politique moderne dans la mesure où cette élection marque l'heure
de l'apprentissage de l'outil et intègre une nouvelle donnée,
celle de l'image. C'est une étape importante puisque désormais la
télévision constitue une clé de voûte du
système politique et un levier non négligeable.
L'émergence puis l'installation progressive de la structure
audiovisuelle, comme nouveau médium, dans le champ politique devient le
modèle de la communication politique.
Pour témoigner de toutes ces évolutions dans les
pratiques de médiation et dans le regard qu'on peut porter à
l'objet télévisuel, prenons l'exemple d'un discours du
Général de Gaulle41(*). En regardant une allocution datant de 1967 et
diffusée au JT de 20h dans le cadre des élections
législatives, il s'adresse directement et personnellement aux
Français en les appelant de leurs votes afin de lui permettre d'avoir
une majorité confortable au parlement pour travailler de façon
cohérente avec son gouvernement. Cette intervention
télévisée souligne deux choses importantes. La
première, c'est qu'on voit que la télévision est
déjà utilisée comme un outil de mobilisation
électorale. La seconde c'est que par l'utilisation du média
télévisuel pour une décision politique de cette importance
on s'aperçoit qu'on accorde à la télévision un
réel crédit. Il y a là la prise de conscience du
rôle de la télévision sur l'opinion. On le voit donc, la
télévision devient indispensable à la communication
politique. On comprend mieux pourquoi les émissions politiques
obtiennent progressivement un succès important auprès de
l'opinion publique au cours des années 1960-1970.
Les émissions politiques à la
télévision se développent et passionnent peu à peu
les Français. Il y a une certaine logique car les émissions se
trouvent finalement dans le prolongement de la structure qui se met en place,
l'évolution technique s'est doublée d'une évolution
sociale et politique qui a mis en lumière de nouveaux enjeux tout
à fait inédits, au centre desquels on trouve l'image
télévisuelle et les nouvelles formes de communication. En ce
sens, on peut justifier le fait que les émissions politiques constituent
le nouvel espace choisi où les personnalités politiques viennent
s'exprimer. Ces émissions existaient bien avant les années 1960
mais elles occupent une place croissante dans la communication entre
personnalités politiques et électorat au cours de ces
années42(*). Cette
nouvelle place attribuée aux émissions politiques s'explique
aussi par le fait que les ménages français disposent de plus en
plus d'un téléviseur et que celles-ci proposent une façon
nouvelle de formuler un discours et d'interagir avec les Français. Il
faut donc voir que les personnalités politiques s'adaptent aux
évolutions techniques, politiques et sociales. Ainsi il devient
nécessaire de modifier la façon dont on communique. Les
premières émissions politiques à être très
suivies du public datent très précisément de 1965. Elles
prennent la forme d'émissions diffusées en direct ou en
différés et sont strictement réglementées. On
citera notamment en exemple les émissions « Tribunes
libres politiques » ou encore « Face à
l'opinion »43(*). Précisons également, qu'au
départ ces émissions sont faites pour la campagne
électorale, c'est-à-dire qu'elles servent à la promotion
d'un candidat auprès de l'opinion, elles sont donc pensées pour
établir une égalité de fait entre les candidats. La
pratique la plus courante au cours de ces émissions était celle
de l'interview assistée d'un journaliste, qui permettait d'installer
plus de dynamisme qu'un simple discours face à une caméra.
D'ailleurs, encore aujourd'hui l'interview politique reste une pratique
très répandue même si les émissions de plateaux
restent dominantes et bien plus regardées44(*).
La première des émissions politiques à
remporter un grand succès auprès du public est celle de Jean
Farran, Face-à-face, en 1966. Cette émission est
construite autour d'un concept simple : une personnalité politique
est confrontée à une autre personnalité politique lui
étant idéologiquement opposée ou à un groupe de
journalistes. Cette émission plutôt
« polémique » a eu pour effet d'acclimater de plus
en plus les membres des partis politiques à la télévision.
On le voit donc, la campagne de 1965 constitue la première grande
étape du système
« politico-médiatique » qui se met en place. Les
émissions télévisées constituent une autre
étape d'une importance capitale pour l'opinion et la sphère
politique. En ce sens, l'image télévisée introduit une
nouvelle image du politique, il devient proche du peuple, par son comportement
et n'hésite plus à aller débattre et à
répondre directement aux questions qu'on lui pose et on est en plein
dans la persuasion sur le terrain médiatique45(*).
En effet, cette persuasion passe par le jeu de l'image et une
forme de séduction. Toutes ces émissions politiques introduisent
des formes et des modes d'expression neufs, mais elles contribuent
également a faire de la politique, une «
politique-spectacle », c'est-à-dire, que la
théâtralisation du débat politique qui fonctionne et cadre
bien grâce au nouvel outil télévisuel, se situe dans le
prolongement des nouvelles formes d'adhésion au discours qui se
construisent. Sur l'importance de la télévision dans la
structuration du schéma traditionnel, Christian Delporte apporte un
éclairage très pertinent quand il affirme que « les
années 1970, sont décisives puisque ces années sont une
étape importante dans la massification de l'image politique et place
définitivement la télévision au centre du
dispositif »46(*).
Les années 1970, installent définitivement le
débat politique à la télévision tandis que les
téléviseurs deviennent de plus en plus un objet banal dans les
foyers français47(*). Mais au cours des années 1970, les formes
d'émissions changent et on distingue alors essentiellement deux types
d'émissions s'imposer : le face-à-face sur un sujet
d'actualité et l'interview journalistique. Ces deux types
d'émissions, nous le voyons n'innovent pas dans la forme mais elles
agrègent autour d'elles une audience bien plus importante qu'au cours
des années 1960 et ont des effets bien plus importants sur l'opinion
publique. De fait, les personnalités politiques accourent pour y
assister48(*). Ces
émissions sont intéressantes à analyser puisqu'elles
permettent de mettre en lumière certains aspects du discours politique,
le champ télévisuel lui apporte une autre dimension et montrent
à quel point, nous y revenons encore, la séduction y joue un
rôle essentiel. Pour bien souligner le rôle décisif de ces
émissions sur l'opinion, prenons l'exemple du débat de 1974 qui
opposa V. Giscard-d'Estaing à F. Mitterrand. Lors de cette
émission V. Giscard d'Estaing s'affirme et gagne la bataille de l'image
face à Mitterrand. Au terme de cette émission, V.
Giscard-d'Estaing parvient à se faire élire et continue à
cultiver l'image d'un homme politique moderne, proche du peuple et
volontaire49(*). Enfin,
plus proche de nous cette fois-ci, mais le parallèle est saisissant avec
le débat de 1971, celui qui opposa N. Sarkozy à S. Royal en 2007,
a très largement mis en évidence la personnalité du
candidat de l'UMP qui au cours de l'émission a été
jugé par l'opinion, bien plus convaincant. Il a donc gagné la
bataille de l'image50(*).
Enfin, un troisième type d'émissions fera son apparition au cours
de la décennie 1970-1980. Ce sont les émissions où le
responsable politique répond directement aux questions posées par
les Français sur le plateau. Ce type d'émissions est un exercice
périlleux qui peut avoir des effets négatifs en termes d'image si
celles-ci sont mal négociées mais elles demeurent
néanmoins très appréciées51(*).
Enfin, au cours des années 1970-1990, le journal de 20h
est devenu définitivement l'endroit le plus efficace. La raison est
simple, il constitue l'un des plus fort taux d'audience de la
télévision, ainsi, il ne peut être négligé.
Le journal télévisé devient selon l'expression,
« Le premier levier de l'image politique » et
sert très largement à la mobilisation52(*).
Finalement, on dira que ces années ont
définitivement érigées la télévision comme
l'outil par excellence de la médiation politique et que progressivement
un nouveau rapport se met en place. Entre 1965 et 2011, la
théâtralisation de l'image politique s'est effectuée de
façon croissante.
1.B) Opinion publique et
sondages.
Au cours des années 1960-1980, on attribue une nouvelle
place à l'opinion publique. Comme le souligne Christian Delporte,
« on passe du temps des masses à celui de l'opinion
publique », cela constitue une nouveauté très
importante53(*). Ajoutons
à cela, qu'il faut considérer que l'arrivée et l'influence
des médias sur l'opinion instaure un rapport et un regard neuf entre
politique et opinion publique. Précisons que c'est la nouvelle
conception de l'espace publique, désormais perçu comme un vaste
marché concurrentiel qui pousse à l'émergence puis
à la généralisation progressive de nouveaux outils tels
que les sondages et les enquêtes d'opinion pour mesurer les effets d'un
discours, d'une image, d'une décision54(*).
Le sondage fait partie intégrante du triptyque de la
communication politique moderne. En effet, celui-ci se fonde sur
l'échange de trois acteurs, les hommes politiques, les médias et
l'opinion publique, l'interaction entre les trois acteurs est une condition
déterminante du fonctionnement de la nouvelle démocratie55(*). Depuis la présidence
du Général de Gaulle, et l'intronisation de l'image dans le
dispositif politique, on s'interroge sur l'effet de l'image sur l'opinion
publique, tout en intégrant l'idée que la séduction par
l'image devient indispensable. Ainsi, pour répondre à toutes ces
interrogations, il fût nécessaire d'avoir recours à de
nouveaux outils, notamment, celles de mesure de l'opinion. Ce qui se passe
c'est qu'on assiste, selon l'expression, à la construction d'une
« industrie politique »56(*). En réalité, le
recours aux sondages devient quasiment obligatoire puisqu'ils permettent de
voir l'évolution de l'opinion et cadraient parfaitement avec le nouvel
outil en pleine expansion, la télévision.
Ces enquêtes fonctionnent sur un principe simple :
les instituts de sondages constituent un échantillon censé
être représentatif d'une certaine couche ou de toutes couches de
la population. Ils posent différentes questions relatives à un
sujet donné puis analysent de façon quantitative et qualitative
l'état d'esprit, le positionnement, les interrogations ou les intentions
de l'ensemble de la population ou d'une population à un moment
donné57(*).
En effet, au cours des années 1960, les sondages
appliqués à la politique, apparaissent comme l'émanation
d'une conception publique. La généralisation des sondages
correspond à une logique de surveillance de l'opinion, celle-ci,
naît de facteurs combinés. D'abord, de l'influence de l'appareil
audiovisuel et de l'idée qu'il constitue un outil d'échange entre
hommes politiques et opinion. Puis du fait que les années 1960
coïncident avec deux phénomènes majeurs, d'une part, la
personnalisation de la vie politique française et d'autre part, les
premières années des élections du Président de la
République. Puis, il existe progressivement une adéquation entre
le monde politique, qui a besoin de mesurer l'opinion, et celui des sondages,
qui constituent les outils de mesure de cette opinion. Enfin, les média
français, qui relaient l'information dans leurs colonnes,
apprécient énormément les enquêtes d'opinion. En
fait, les premiers à pousser dans le sens d'une mesure de l'opinion sont
les publicitaires, qui assistent les personnalités politiques lors des
campagnes électorales.
Les tous premiers sondages sont apparus autour de la seconde
guerre mondiale par l'impulsion de Jean Stoetzel, fondateur de l'IFOP. Ils
n'étaient pas au départ appliqués à la
politique58(*). Les
premiers sondages, ou « baromètres politiques »,
destinés à la politique sont des commandes du pouvoir à
L'IFOP et datent de 1963. Ils sont dans un premier temps commandés pour
mesurer la popularité du Président de la République, puis
celle du Premier Ministre et enfin mesurent l'opinion sur les actions
menées ou à mener59(*). A partir de 1965, les sondages sont commandés
pour mesurer l'impact des émissions politiques
télévisuelles. C'est au cours des années 1960 que les
techniques de mesures d'opinion appliquées à la politique se
multiplient et prennent de plus en plus d'ampleur au sein de la
société française60(*). En effet, les sondages politiques sont
pratiqués régulièrement en France. Désormais il y a
une prise de conscience que ces outils de mesures peuvent clairement avoir un
impact sur l'opinion et jouer en faveur des personnalités politiques
valorisées par ces sondages. D'ailleurs, c'est au cours des
années 1970 que plusieurs critiques sont adressées sur ces
pratiques et que le problème de l'impact de ces sondages sur l'opinion
publique trouve un écho important61(*). C'est également au cours des années
1970-1990 que se multiplient les instituts de sondages privés62(*). Pour illustrer
l'inquiétude relative à l'importance croissante des sondages et
des dangers qu'ils peuvent provoquer, il y a en 1977, une décision
prise dans le sens d'une plus grande régulation et d'une limitation de
leur influence par le biais d'une loi, celle du 19 Juillet 197763(*). Cette loi interdit les
sondages la semaine précédant un scrutin afin de ne pas
influencer l'opinion et prévoit la création d'une commission des
sondages. On le voit, dès les années 1970, l'impact des sondages
sur l'opinion est avérée, on comprend ainsi aisément ces
sondages deviennent de plus en plus répandus. Pour autant, cette loi ne
limite en rien la prolifération des sondages puisque les années
1980, institutionnalisent la pratique des sondages politiques et leur influence
sur l'opinion publique va en augmentant de façon
considérable64(*).
En effet, en l'espace de vingt ans les sondages ont occupé une place si
importante qu'une législation fût nécessaire pour en
réguler la publication et la diffusion. Le succès croissant de
ces sondages auprès de l'opinion au cours de ces années ne
peuvent s'expliquer que par le fait que les puissants médias
traditionnels (télévision, radio et presse) ont très
largement relayé ces sondages et ont participé au conditionnement
de l'opinion. A cela, ajoutons que les sondages constituent également
pour la télévision une boussole utile65(*). En fait, les sondages ont
été progressivement imbriqués dans le système
médiatique, qui est parallèle à celui de la communication
politique. Ainsi, on comprend mieux par quels moyens ces nouveaux outils ont
rencontrés un succès si important auprès de l'opinion
publique.
Revenons sur les critiques adressées à
l'endroit des instituts de sondages. Les sondages font l'objet de critiques
virulentes quant à l'influence qu'ils peuvent avoir sur l'opinion
publique mais aussi à cause du fait qu'ils sont commandés et
qu'on peut donc s'interroger sur la véracité des résultats
présentés. Par exemple, en 1995, la commission des sondages
s'inquiétait, dans un de ses rapports, de la façon dont ces
sondages pouvaient être présentés et sur le fait que les
médias, par leurs biais, faisaient du sensationnalisme et
créaient une sorte de système de compétition entre les
concurrents.
Pour illustrer notre propos sur les critiques adressées
à ces instituts, prenons un exemple récent, celui de
l'élection présidentielle de 2002. Le 21 Avril 2002, la France
est abasourdie lorsqu'elle s'aperçoit que le candidat du Front National,
Jean-Marie Le Pen, arrive au second tour de l'élection
présidentielle. En effet, cette élection a cristallisé les
critiques autour de l'effet des sondages sur l'opinion publique et sur
l'impossibilité des instituts de sondages à prévoir le
candidat du Front National au second tour de l'élection. De fait cela
pose la question de la valeur des résultats exprimés dans ces
sondages. Les quatre grands instituts de sondages français (IFOP, CSA,
BVA et IPSOS) donnaient tous un second tour opposant le candidat socialiste de
l'époque, Lionel Jospin, au candidat UMP, Jacques Chirac. Par exemple,
le sondage du 10-11 Avril 2002 du CSA accréditait 21% d'intentions de
vote à Jacques Chirac, 19% à Lionel Jospin et seulement 12%
à Jean-Marie Le Pen ; un autre sondage de l'institut BVA du 10-13
Avril 2002 accréditait respectivement 18,5%, 18% et 14% d'intentions de
vote. Celui de L'IPSOS du 17-18 Avril 2002 les accréditait
respectivement 20%, 18% et 14% d'intentions de vote et enfin celui de l'IFOP du
13 Avril 2002 les accréditait respectivement 20%, 18% et 13%
d'intentions de vote66(*).
On voit donc que tous les sondages d'opinion réalisés environ une
dizaine de jours avant le scrutin montraient le candidat du Front National
perdant lors du premier tour de l'élection présidentielle. Ce qui
amène à poser la question suivante : Quelle valeur accorder
à ces outils ?67(*)
Cet exemple montre deux choses importantes. La première
est que les sondages montrent leur limite dans la mesure où ils n'ont,
dans le cas présenté, pas su refléter la
réalité des intentions de votes des Français. La seconde
est que les médias traditionnels, qui relaye à outrance les
résultats de ces sondages, ont très certainement joué sur
les indécis et ont largement favorisé l'abstention au cours de ce
premier tour de l'élection. La structure médiatique a-t-elle
joué un rôle dans cette situation, les débats restent
encore ouverts aujourd'hui. Par ailleurs, la présence au second tour du
candidat du front national questionne sur les commandes et les financements des
sondages émanant d'instituts privés68(*).
Pour autant, on ne peut pas nier le fait que dans le
schéma traditionnel de la communication politique, les sondages
constituent clairement un outil nécessaire. Ils permettent de juger de
l'impact d'une image, d'un discours ou d'une action politique. D'ailleurs, le
nombre de ces sondages a continué d'augmenter de façon
très importante à partir les années 1980. D'après
une étude du site Internet, Ipsos.fr, la France est un des pays
au monde où l'on publie le plus de sondages politiques. En outre, cette
étude montre que les médias français font partie de ceux
qui relaie le plus ces sondages. Cette étude illustre donc parfaitement
la place que les sondages occupent dans la société
française.
La méthodologie du sondage a beaucoup
évolué. Au départ ils étaient
réalisés par téléphone puis progressivement ils ont
évolués au cours des années 1980-1990 pour s'effectuer sur
papier, puis minitel avant d'arriver sur le web. Avec le web, le schéma
traditionnel évolue et modifie encore un peu plus la façon dont
les sondages sont pratiqués69(*). En réalité, plus qu'une
révolution, le web propose une évolution du schéma
traditionnel et permet d'étendre les panels70(*).
La multiplication des sondages et le poids qu'ils prennent au
sein de la société française au cours des années
1960-1990 poussent les politiques à faire de plus en plus attention
à leurs images et à mettre en place des stratégies de
communication pour tenter d'orienter ou d'affiner leurs attitudes et leurs
discours. Ainsi, voit-on, en parallèle de l'installation de nouveaux
outils, l'émergence du marketing politique en France qui répond
à une logique de maîtrise de l'image et du discours.
1 C) Le marketing
politique : Maîtrise de l'image, personnalisation du discours et
séduction de l'opinion.
Le marketing politique fonctionne sur un principe relativement
simpliste qui consiste à déterminer les attentes des
électeurs ou d'un groupe d'électeurs par le moyen de sondages ou
de groupe de réflexions composés de panels d'électeurs
cibles, pour ensuite construire une politique qui correspondra à aux
attentes de ceux-ci et incitera au vote71(*). Dans un tel système, les personnalités
politiques ne sont donc plus seulement élues pour leurs idées
mais tout autant pour ce qu'ils représentent. Les personnalités
politiques s'inscrivent dans une stratégie politique. Le marketing
politique s'appuie sur des études pour créer la campagne
électorale la plus en adéquation avec les études
menées72(*).
L'émergence du marketing politique en France se fait en
parallèle du développement de la télévision, et de
la construction de l'appareil médiatique. Celui-ci s'effectue sous la
conduite des publicitaires qui accompagnent les hommes politiques dans les
évolutions qui se mettent en place et proposent la mise en place de
« plans média » afin de rallier l'opinion à
une image qu'on identifie par la suite à un projet politique73(*).
En effet, les publicitaires, professionnels dans la
maîtrise de l'image et du discours, rejoignent les personnalités
politiques à cause du poids important de la télévision
dans le schéma de la communication politique74(*). Le rôle des
publicitaires est tout simplement essentiel puisqu'ils se chargent de
réfléchir sur les formes de communication à adopter. Les
politiques, eux, s'occupent de fédérer en fonction des conseils
qu'ils reçoivent. Autrement dit, le rôle des publicitaires est de
conseiller, de proposer la meilleure façon d'interagir avec l'opinion,
ils préparent le terrain en imposant les sondages comme baromètre
afin d'indiquer la feuille de route aux politiques75(*). La multiplication des
émissions politiques télévisuelles, la retransmission des
discours officiels constitue autant un terrain fertile pour séduire
l'opinion qu'une contrainte parce que cela oblige les politiques à
devoir maîtriser le nouvel outil pour en tirer le meilleur parti76(*).
Ce qui s'institutionnalise, c'est la prise de conscience que
l'image joue un rôle décisif sur l'opinion et qu'il faut la
maîtriser. Dans le même temps, cette évolution
généralise le basculement vers une personnalisation du discours.
Les deux transformations sont décisives dans le schéma de la
communication politique puisqu'elles conditionnent tout et c'est autour de ces
deux éléments que se fige l'ensemble du schéma.
Pour bien comprendre les évolutions de la production du
discours politique, il est nécessaire de préciser que celui-ci,
n'est pas unique. Il en existe plusieurs variétés et varie en
fonction des conditions. En effet, la variété des formes du
discours montre qu'il existe, de fait, plusieurs façons de faire de la
politique et de s'exprimer en politique. Ainsi, Robert Hariman distingue quatre
styles, avec chacun des caractéristiques propres à chacun :
il distingue le style réaliste, le style courtois, le style
bureaucratique et le style républicain77(*). Le style réaliste est celui qui s'est
imposé et qui prédomine encore très largement. Son
importance est décisive sur l'image, ce style s'attache à mettre
l'idéologie au second plan et valorise le discours comme pragmatique et
ancré dans le réel.
Pour illustrer l'importance exacerbée de l'image et de
la production du discours en politique utilisons un exemple. La campagne
électorale de Valéry Giscard d'Estaing de 1974, marque un
tournant important parce V.G.E est véritablement le première
homme politique à utiliser les médias pour
théâtraliser son action politique. En effet, lors de la campagne
électorale de 1974, la télévision est un objet banal dans
les foyers français et l'importance de l'outil dans la communication
politique n'est plus à démontrer dans la mesure où la
télévision devient le premier moyen d'information des
Français78(*). Pour
autant, à partir de cette élection, ce qui change
véritablement c'est que la forme devient tout aussi importante que le
fond pour l'opinion publique. Le candidat de la droite, parvient lors de cette
campagne à imposer l'image d'un candidat moderne et proche des gens,
loin de celle d'un bureaucrate éloigné des préoccupations
du peuple. Lors de cette élection, un élément a
très largement contribué à faire de V.G.E, un personnage
médiatique79(*).
Cet élément c'est le débat télévisuel qui
l'oppose à François Mitterrand, un débat intense, dans
lequel très clairement, V. Giscard d'Estaing a su imposer son rythme et
son image. A la toute fin de l'émission, il rétorque au candidat
socialiste, qui restera dans les mémoires : « Vous
n'avez pas le monopole du coeur »80(*). Cette émission montre deux choses
importantes. La première, c'est que la forme du discours joue un
rôle au moins aussi important que son contenu. La seconde c'est que lors
de ce débat, le candidat de la droite a clairement remporté la
bataille de l'image.
L'apparence médiatique est désormais
privilégiée et un enjeu considérable. Cela se
vérifie
dès le lendemain dans les sondages81(*). Une fois élu,
Valéry Giscard d' Estaing poursuit dans la même direction et
utilise dans une très large mesure la télévision comme
mode de « promotion », il participe notamment à un
nombre important d'émissions où il est
régulièrement invité. La maîtrise de l'image est
donc devenue essentielle si bien que les sondages interrogent désormais
sur l'impression que laissent les candidats après un passage
télévisuel et beaucoup moins sur les idées qu'ils peuvent
formuler. Le marketing politique, en tout cas tel qu'il évolue au cours
des années 1970, attribue donc une place centrale à l'image mais
attribue également une nouvelle place au discours, moins importante. Les
années 1970-1980, finissent de faire de personnalisation un
modèle de communication. L'image tout comme la production du politique
se simplifie et se banalise. Il y a donc une mutation simultanée de
l'image et du discours, mutation qui fixe le schéma actuel de la
communication politique.
Concrètement, on bascule dans une société
où les personnalités politiques utilisent davantage le
« Je » pour exprimer des idées, plutôt que le
« Nous ».82(*) Pour illustrer ce propos, on peut prendre en exemple
un très grand nombre d'émissions auxquelles Valéry Giscard
d'Estaing participe à partir de 1977, au cours desquelles sa parole
devient de plus en plus personnelle. Par exemple, dans le magazine
« L'Evénement » de la chaîne TF1,
datant du mois de Janvier 1977, on le voit commenter personnellement des
séquences liées à la condition féminine. Il
participe également en Janvier 1977 à une émission
spéciale « Des Dossiers de l'écran »
où il répond à un panel de 60 Français. Lors de
cette émission, les 60 Français sont répartis en 12
tables, Valéry Giscard d'Estaing se rend vers eux, l'un après
l'autre, leur répondant directement en face à face83(*). Cette dernière
émission illustre parfaitement à quel point le jeu de l'image et
du discours sont liés et comment on à partir des années
1970, la structure audiovisuelle fait de la politique, une sorte de
« politique-spectacle ». Une nouvelle façon de faire
de la politique, naît entre autres, de l'influence du marketing sur les
formes de la médiation.
Prenons un autre exemple. Regardons un extrait de
l'émission de la campagne électorale du premier tour de
l'élection présidentielle de 1974, Valéry
Giscard-d'Estaing participe le 22 Avril à la traditionnelle
émission télévisuelle dans laquelle, regard face
caméra, seul et sans journaliste il s'adresse directement aux
Français84(*). Au
cours de sa prestation, le candidat s'exprime exclusivement en ayant recours
à l'emploi du « je ». Le candidat présente
aux téléspectateurs sa vie personnelle, l'endroit où il a
grandit, son parcours, s'épanche même sur son éducation, sa
formation et son activité gouvernementale. Pendant cette
émission, Valéry Giscard-d'Estaing parle de lui, comme il le
ferait face à des amis et présente l'image d'un homme simple,
travailleur et volontaire. Ce type d'émissions est très
intéressant à analyser dans la mesure où on voit que
Valéry Giscard-d'Estaing s'inscrit dans une tradition médiatique
normée et théâtralisée mais qu'il impose dans le
même temps un style personnel85(*). On voit également, à travers cette
émission théâtralisée, que la maîtrise de
l'image et du discours est au centre du dispositif et que, les
évolutions provoquées par le marketing politique sur l'image et
la personnalisation du discours, sont très visibles au cours de cette
prestation télévisuelle.
Enfin, utilisons un dernier exemple, plus récent cette
fois-ci, pour montrer l'évolution de l'importance du marketing politique
en France au cours des années 1960-1990. Regardons la campagne
électorale de 1995, qui constitue à cet égard un bel
exemple dans la mesure où le schéma traditionnel de la
communication politique est déjà bien ancré. Au cours du
premier tour de cette campagne électorale, comme lors de
précédentes élections de la Ve République, le
candidat J. Chirac n'hésite pas à se déplacer très
régulièrement sur le terrain, accompagné des
caméras de télévisions. Il multiplie les meetings
où il se met en scène, il use d'un discours volontaire et
très médiatique, dans lequel le sens de la formule a son
importance. Cette démarche, très médiatique dans l'esprit,
fonctionne puisque les médias se focalisent sur sa personne et en
résulte une montée croissante de sa popularité dans les
baromètres d'opinions86(*). On le voit à travers cet exemple,
l'importance du marketing dans la sphère politique en France est devenue
un enjeu considérable. Ainsi, le poids qu'il occupe pose aussi un
certain nombre de problèmes, tout autant que les sondages.
On a vu que le schéma traditionnel de la communication
politique s'est très largement construit au cours de la seconde
moitié du XXème siècle et autour de l'outil audiovisuel, a
permis un certain nombre de mutations importantes. En effet, le poids
grandissant qu'occupe la télévision dans la vie politique
française additionné au fait, qu'à partir de 1958, on
assiste à un basculement dans d'un nouveau régime politique,
pousse les hommes politiques à modifier les façons d'interagir
avec l'opinion. La prise de conscience de l'existence d'une opinion publique
qui compte, conditionne aussi d'une certaine façon cette nouvelle
façon de communiquer. Il faut donc désormais s'appuyer sur de
nouveaux outils, dont le sondage ou le marketing politique, fait de cette
opinion publique, un acteur central du processus. L'émergence du sondage
et l'importance qu'il occupe dans la société souligne
l'idée d'une réelle préoccupation de la perception de
cette opinion.
Le marketing politique, qui émerge parallèlement
à la télévision, joue également un rôle
important dans toutes ces évolutions. Le marketing politique s'installe
puis s'institutionnalise progressivement puis contribue à l'organisation
du schéma, qui se construit autour de l'appareil audiovisuel au cours
des décennies 1960-1900.
Bien avant l'arrivée du web à la fin du
XXème siècle, la sphère politique réfléchi
à changer sa façon de communiquer avec l'opinion,
l'arrivée de l'Internet, d'abord comme un nouvel instrument
d'information puis de communication entre les hommes marque une étape
importante et ne fait que confirmer cette tendance.
*
Chapitre II : La «
révolution » numérique. Emergence d'un nouveau
médium et de nouveaux enjeux.
2) Le web 2.0, nouvel espace de communication : Apparition
de nouvelles pratiques et de nouvelles formes de sociabilités.
2.A) L'intronisation du web 2.0:
Une évolution décisive dans les modes de médiation entre
sphère politique et opinion.
L'expression « web 2.0 » désigne
le nouvel Internet qui s'est mis en place à partir des années
2003-2004. L'expression fût dans un premier temps employée par
Dale Dougherty en 2003 puis théorisée et diffusée par Tim
O'Reilly à partir de 200487(*). Au cours de l'entretien que nous avons mené
en compagnie de Benoît Thieulin, celui-ci nous a livré sa
définition du web 2.0. Pour lui :
« Le Web 2.0, c'est le web social. C'est le web
pris sous l'angle des activités que l'on peut faire dans ce nouvel
espace social. Il vient compléter le « web 1.0 »,
dans lequel on voyait une logique essentiellement informationnelle. Il met en
oeuvre des activités sociales au sens large du terme, qui passent par de
l'interactivité plus prononcée, des productions de contenus plus
importantes et une logique d'échanges à grande
échelle »88(*).
On le voit à travers cette définition, le web
2.0 offre un potentiel d'interactivité accrue entre les hommes. En
réalité, ce qu'il faut voir dans ce nouvel espace qu'est le web
2.0, c'est le passage d'un web statique, à un web en mouvement et
d'échanges. Cette évolution témoigne d'une part, d'une
évolution technique de l'outil et d'autre part, d'une évolution
sociologique. Cette nouvelle forme que prend l'Internet cadre finalement avec
le champ politique puisqu'il met sur le même plan l'idée d'un
échange perpétuel entre les hommes et celle d'une circulation des
informations à petite, à moyenne ou à grande
échelle. Ce qui change littéralement avec le web 2.0, c'est
l'idée d'un citoyen actif et bien plus impliqué par le
passé. On passe d'une situation où le citoyen était
surfeur à celle où il se mue acteur. Cette évolution force
le monde politique à s'adapter89(*). Tout comme la télévision,
l'utilisation croissante du web dans la communication politique s'est faite
progressivement. Comme bien souvent, les citoyens ont, dans un premier temps,
adopté de nouvelles pratiques d'utilisation du web puis la sphère
politique a suivi la cadence. Il faut donc comprendre que, les
personnalités politiques, tout comme les citoyens, déclinent sur
le web 2.0, des attitudes et des pratiques présentes dans le monde
analogique. A cet égard, Benoît Thieulin confirme cette logique
lorsqu'il explique que : « Dans le web 2.0, Internet se
reconnecte à la vie réelle. En réalité, on assiste
beaucoup plus à une déclinaison des activités analogiques
dans le monde numérique »90(*).
On le voit, si les pratiques évoluent, c'est dû
au fait que la société évolue dans le même temps. De
plus, ce qui évolue également, ce sont les formes et les
pratiques de la démocratie. Ainsi, le débat politique
connaît, lui aussi, une transformation91(*). Ainsi, le passage au numérique permet une
plus grande liberté de la société et des modes
d'expression et de médiation différentes.
Ainsi, l'émergence dans les années 2003-2004 de
pratiques nouvelles sur le net se trouve dans le prolongement de ce qui se
faisait dans le schéma traditionnel avec les vieux médias. En
fait, les outils de l'Internet 2.0 sont porteurs de valeurs de proximité
et de participation. Cela a en effet rapidement intéressé
les politiques. C'est de cette nouvelle tendance, composée notamment
d'échanges beaucoup plus importants, qu'est né ce qu'on appelle
le « web politique ». Il faut voir que celui-ci ne
fonctionne que grâce à la conjugaison de la sphère
politique et de l'électorat. Pour le définir, « le
web politique », c'est avant toute chose, des pratiques, à
savoir, celles de s'appuyer sur les NTIC pour faire de la politique. Avec ce
nouvel objet est né un nouvel espace d'expression, social et
démocratique.
Désormais, l'opinion, qui se mue en internaute, utilise
la plateforme Internet pour réfléchir en communauté, se
faire une opinion et donner son avis sur la politique. On peut voir à
cet égard l'émergence des forums politiques ou encore des Think
Tank, qui se proposent de parler ou de réfléchir politique en
ligne de façon indépendante et libre. Avec l'arrivée du
« web politique », s'installe, une nouvelle façon de
faire de la politique, on l'a qualifie généralement de
« politique 2.0 »92(*). Le web permet une chose neuve, celle de donner plus
de pouvoir aux citoyens par le fait que le nouvel outil technique lui permet
d'avoir un réel impact sur les décisions politiques et sur les
stratégies de communication qu'adoptent les partis et
personnalités politiques mais aussi de renforcer la sphère
politique. Ainsi, le web 2.0 parvient, dans une certaine mesure, à
mettre à un même niveau les politiques qui l'utilisent pour
fédérer comme jamais auparavant et les citoyens, qui l'utilisent
pour débattre, se mobiliser ou encore pour se forger ou conforter une
opinion politique.
Benoît Thieulin confirme cette analyse quand il affirme
« (...) C'est que cela (Internet) redonne du pouvoir à la
société mais cela permet également à la politique
de pouvoir restructurer des organisations que personnes n'avait réussit
à fédérer jusque là. Donc Internet redonne du
pouvoir aux gens mais cela permet aussi de donner du pouvoir aux hommes
politiques »93(*). Cette répartition plus
équitable des pouvoirs, qu'on observe, est également un pan de la
« politique 2.0 ».
L'émergence de cette nouvelle forme du web bouscule les
habitudes des partis et celles des personnalités politiques qui avaient
fait de la télévision leur espace de communication
préféré et doivent désormais se réadapter
à l'outil, comme ce fût le cas avec la télévision.
Il y a également dès les années
2003-2004, l'apparition de nouveaux enjeux politiques dans la mesure où
l'évolution de la forme du web implique, de fait, la prise de conscience
d'établir de nouveaux rapports. Les nouveaux rapports qui
s'établissent s'effectuent avant dans un premier temps entre
internautes, puis plus tard, entre sphère politique et internautes, on
évoque alors l'émergence d'une « démocratie
électronique »94(*). Cette expression souligne le fait que le
numérique permet d'une part, un accroissement des libertés
personnelles et collectives et d'autre part, de donner à la
démocratie une autre forme au sein de laquelle le citoyen occupe un
rôle beaucoup plus important que par le passé. Autant que les
pratiques, c'est aussi et surtout les moyens d'information et de
médiation qui évoluent, et octroie dans le même temps au
« citoyen-électeur »un nouvel outil pour agir de
façon efficace au sein de la société95(*).
Concrètement, les balbutiements de la pratique
politique de l'Internet en France se situent aux alentours de l'année
2004. Mais celle-ci se développe bien plus après cette
première étape. D'après une étude de la Sofres,
à partir de l'année 2009, 30% des Français ont une
pratique politique d'Internet96(*).
En France, l'entrée intense d'Internet dans le domaine
politique date de 2005 avec le référendum sur le Traité
Constitutionnel Européen (T.C.E), qui a vu le
« non » l'emporter grâce à l'influence du web.
Lors de notre entretien en compagnie de B. Thieulin, celui-ci explique
également ce que cette campagne a permise d'introduire :
« Lors du référendum sur la constitution
européenne de 2005, plusieurs débats (à partir de fin
2003-2004) précédant le référendum se sont fait sur
Internet. Le débat public s'est joué sur Internet lors de cette
période. Cela fait donc déjà 6-7 ans que le web est devenu
un véritable outil de médiation politique. On sait, on a pris
conscience qu'Internet est devenu un lieu de médiation politique
fort »97(*).
L'exemple du T.C.E illustrer parfaitement l'idée qu'il
y a à partir de ce moment un tournant majeur dans l'histoire du web
politique, le débat politique commence de plus en plus à
s'effectuer sur le net. La raison principale de cette évolution
s'explique par le fait que le web, par les outils qu'il offre permet de donner
une nouvelle résonance au débat politique. En effet, le web
permet, bien plus que la télévision et la radio, de s'exprimer
librement et de confronter les points de vue.
Les hommes politiques se sont rapidement rendu compte du fait
qu'il y avait un bouleversement qui s'est opéré avec le net dans
le rapport de l'opinion à l'information politique. Ce tournant fait du
web désormais un outil potentiel de médiation politique, que les
personnalités et que les partis politiques investissent peu à
peu. D'autre part, il permet d'avoir sur la politique un effet réel,
c'est ce que souligne B. Thieulin au cours de notre entretien, «
[Pour] la première fois dans l'histoire... Le web a
changé la donne politique dans un pays, c'est en 2005 et c'est en France
lors du traité sur la Constitution
Européenne(...) »98(*). C'est donc à partir de l'année 2005
que le web politique français connaît sa première vraie
expérience, celle-ci atteste désormais de son influence dans le
monde réel et du fait qu'il s'agisse d'un espace qui compte dans le
débat politique.
Le web 2.0, et les nouveaux outils qu'il offre, permettent de
faire évoluer le rapport entre personnalités, partis politiques
et électorat. En effet, on passe à une ère dite de la
« communication sociale », c'est-à-dire à une
communication directe et interpersonnelle.99(*)Cette communication renvoie bien plus au sens premier
de partage et concerne l'échange direct d'informations entre au moins
deux individus. Il y a là, un glissement important qui se fait entre
l'utilisation de la télévision comme unique outil de
médiation et l'arrivée du web comme nouvel outil.
Pour autant, il est nécessaire de nuancer notre propos.
Bien que l'Internet 2.0 ait aidé à un rapprochement entre
personnalités et partis politiques, cette proximité est en
réalité bien plus complexe qu'il n'y paraît. En
réalité, ce qui se met en place progressivement, c'est
l'émergence d'une stratégie de communication dans laquelle le
conversationnel, l'apparence de proximité et d'intimité jouent
une place importante. Il s'agit donc bien plus d'une
théâtralisation de proximité que d'une proximité
réelle. Ce qui se joue désormais c'est la rationalisation d'une
image publique sur un nouvel espace et la potentialité d'attirer des
soutiens.
A partir de 2004, alors que les sondages constituaient le
seul outil d'évaluation de l'opinion, le web 2.0 s'impose comme un
nouvel outil, bien plus performant et beaucoup plus précis que les
enquêtes d'opinion. Cette nouvelle logique a permis de modifier le regard
porté sur la mobilisation et sur le débat politique.
Pour bien mieux comprendre l'apport et les transformations du
web 2.0 sur la société et les modes de communication, on peut
établir un parallèle avec ce que la télévision a
pu apporter au moment de son émergence. On peut le dire, les deux outils
ont fait évoluer la façon dont l'information circule au sein de
la société mais ils ont aussi surtout fait évoluer la
façon dont on l'a communique ou on l'a perçoit. Deux nouveaux
médias, deux outils supplémentaires au service de la
médiation. On peut aller plus loin, puisque les deux outils, chacun
à leur époque, ont très largement changé les formes
de la démocratie et la façon dont on pense cette dite
démocratie100(*).
D'ailleurs, l'émergence des deux outils coïncident chacun à
un moment clé de l'histoire politique et médiatique.
En effet, à partir de 2006-2007, l'Internet politique a
muté pour s'imposer comme le lieu le plus propice à la
mobilisation lors de campagnes électorales en ligne car c'est aussi cela
qui change, c'est l'utilisation du web dans les périodes de campagnes
électorales. Les premiers exemples de campagnes électorales en
ligne apparaissent aux Etats-Unis avec Howard Dean en 2003 au moment des
élections primaires du parti démocrate101(*). Pour autant, les premiers
exemples efficaces illustrant l'importance du web dans les campagnes
électorales en ligne, sont ceux des campagnes de 2006 et 2007 de
Ségolène Royal. En effet, en 2006 Ségolène Royal
décide de mettre en ligne son site « Désirs
D'avenirs » afin de soutenir sa candidature au moment des
élections primaires du P.S102(*). Le site, qui se construit sous la forme d'un
« Think Tank » a été un vrai outil
d'organisation des débats, de propositions et de participation à
très grande échelle en direction des internautes103(*). Le site mis en place par
Ségolène Royal est important pour deux choses, la première
c'est qu'il souligne l'idée que Ségolène Royal a voulu
s'aligner sur les évolutions du web et faire de la politique autrement.
La seconde, c'est que le site est novateur dans la mesure où il s'impose
comme un nouvel outil participatif cadrant parfaitement avec l'idée d'un
web politique neuf104(*). A travers cet exemple, on voit que l'Internet 2.0
constitue à partir de cette date, un nouvel espace de communication
politique alternatif extrêmement efficace.
Benoît Thieulin, qui a notamment dirigé les deux
net-campagnes de 2006 et 2007 pour le compte Ségolène Royal,
confirme toutes ces évolutions des pratiques du web et des incidences
qu'elles provoquent sur la démocratie moderne :
« (Depuis 2005) On sait, on a pris conscience
qu'Internet est devenu un lieu de médiation politique fort. D'ailleurs,
c'est beaucoup plus un lieu de médiation du débat public qu'un
lieu de médiation des hommes politiques ».
En outre, il souligne également l'importance
du web et du site « Désirs D'avenir » dans
l'organisation de la campagne :
« Concrètement, le web et les
réseaux sociaux ont essentiellement apportés deux choses. La
première, c'est que cela a permis d'organiser des débats à
un niveau de popularité et de contribution relativement important, il y
a eu environ des dizaines de milliers de contributions et plusieurs centaines
de milliers, voir de millions de personnes qui ont participé aux
débats. Il y a donc eu un effet très fort. On a outillé le
débat et la consultation publique sur Internet, et Je crois que sans
Internet, on aurait eu beaucoup de mal à le faire. La deuxième,
est très « Obamienne » dans le sens où un des
enjeux était d'utiliser Internet pour organiser la
campagne »105(*).
On le voit donc, l'intronisation du web 2.0, donne à
voir des évolutions dans les pratiques de communication entre l'espace
politique et l'opinion. La nouvelle forme du web, se fait en parallèle,
de celle de la démocratie avec l'arrivée du numérique. Le
web 2.0 donne un certain nombre de nouveaux outils de médiation tels que
les réseaux sociaux et les sites des partis politiques, qui sont encore
plus participatifs et permettent d'associer encore plus le citoyen à la
vie politique.
2.B) Les réseaux sociaux
en définition : Des nouveaux modes de communication en pleine
croissance et nouvelle forme de marketing politique.
L'émergence des réseaux sociaux dans le web
politique constitue une nouveauté importante tant au niveau des
pratiques qu'au niveau de la conception sociale qu'on peut se faire des modes
de médiation. En effet, les réseaux sociaux se trouvent dans la
continuité du web 2.0 qui se met en place autour des années
2003-2004. Il y a avec les réseaux sociaux, l'apparition de nouveaux
outils faisant encore évoluer les modes de communication et donne, dans
le même temps, à voir une reconsidération du marketing
politique. Sur le web, les réseaux sociaux sont assez récents.
Depuis environ sept ans ils se sont très largement
développés sur la toile et on voit, encore aujourd'hui,
l'émergence de nouveaux entrants, comme les très récents
Foursquare et Diaspora106(*). Le dynamisme du développement des
réseaux sociaux et leur utilisation en France et dans le monde,
soulignent qu'il s'agit bien d'un véritable phénomène de
masse, avec lequel on peut établir un parallèle avec la diffusion
et l'utilisation de la télévision au cours des années
1950-1970. Selon, un sondage de l'IFOP, datant du mois de Janvier 2010, 25% des
internautes sont membres d'un seul réseau social, 34% de deux à
trois réseaux sociaux et 18% de quatre et plus. L'étude souligne
également que la progression la plus spectaculaire de l'utilisation de
ces réseaux, se situe entre l'année 2004 et l'année
2009.107(*)
Un réseau social est constitué d'organisations
ou d'individus reliés entre eux par des liens qui sont crées
à l'occasion d'interactions sociales108(*). L'ensemble de ces réseaux sociaux se base
sur l'idée de valeurs partagées et de cooptation.
L'identité de l'internaute avec son carnet d'adresse constitue le pivot
du réseau social avec les fonctions de messagerie et de forum de
discussion. Chaque réseau social ajoute une série de
fonctionnalités comme les « news feed »
(le fil d'actualités) sur les actions des membres de son réseau.
La typologie de ces réseaux sociaux est relativement
simple à établir, on peut en décliner globalement de six
genres différents109(*). Il y a les réseaux spécialisés
dans les retrouvailles (Classmates, Copainsdavant), pour le travail (Viadeo,
LinkedIn), pour le partage de photos (Flickr), pour les ados (Habbo, Skyrock),
pour le partage des goûts et des loisirs (Facebook) et enfin pour
l'échange en temps réel (Twitter). Ces nouveaux espaces,
fonctionnent sur le principe simple de l'invitation mais peuvent être
rejoins sans invitation préalable. Ces sites permettent d'entretenir des
liens avec des personnes que l'on connait déjà ou
éventuellement d'en rencontrer d'autres et possèdent chacun des
fonctions très différentes. Le réseau social permet
également d'entretenir des relations par informations
communiquées et d'accroître son « pouvoir »
sur le réseau par le biais de la création de groupe de
discussions composés du plus grand nombre d'adhérents, enfin, les
personnes inscrites peuvent adopter des stratégies différentes en
fonction des buts recherchés sur ces réseaux. On ajoutera
également que sur ces réseaux, on observe, comme l'a justement
souligné Benoît Thieulin, à des comportements
déclinés de la vie réelle, ceux-ci sont appliqués
aux réseaux et selon David Fayon, « ils donnent du sens
à la notion d'intelligence collective »110(*). L'intelligence
collective est ce que l'on pourrait définir comme l'essence de la
logique du réseau, c'est-à-dire, qu'il s'agit de la
possibilité d'agir, grâce à la puissance du groupe,
coercitivement sur la société.
La sphère politique a progressivement investi ces
réseaux sociaux et les ont par la suite progressivement
intégré à leur stratégie de communication lors
d'échéances électorales dans un premier temps, puis de
façon régulière par la suite. La principale raison de
cette introduction en masse des personnalités politiques sur le net, ce
sont les élections qui ont très largement contribué
à faire de ces nouveaux espaces, de nouveaux outils puis de nouveaux
modes de communication.
Analysons les contenus des deux principaux réseaux
sociaux utilisés par les partis et les personnalités politiques,
Facebook et Twitter. En France, Facebook, plus que les autres réseaux
sociaux, joue un rôle très important dans l'échange entre
gouvernants et gouvernés. L'étendue du réseau Facebook et
son importance dans le monde du web aujourd'hui expliquent aussi en partie
cette utilisation politique du réseau111(*). Par ailleurs, on notera qu'il est
intéressant de percevoir comment des outils, tels que Facebook ou
Twitter, qui ne sont au départ absolument pas politiques parviennent
à être exploités par les formations et les
personnalités politiques, comme des outils de médiation
efficaces, avec l'idée d'une construction d'une image positive.
Le premier constat est que depuis l'année 2007,
Facebook est utilisé comme moyen de diffusion de messages politiques par
les partis et les personnalités politiques. Il est également, et
de plus en plus, un moyen de découverte des domaines
d'intérêts et de besoin des électeurs. Enfin, le
réseau social est depuis cette date un outil de mobilisation des
militants et de constitution de fonds112(*). Le contenu du « Facebook
politique » sert autant à informer le citoyen, c'en est
d'ailleurs la fonction principale. A l'inverse, Twitter qui est un
réseau social de Micro-Blogging permet un tout autre mode
d'interactivité avec les politiques mais celle-ci, reste tout de
même basé sur l'idée de l'importance fondamentale du
conversationnel, de la participation et de la proximité113(*). On ajoutera que la
particularité de Twitter, bien moins développé que
Facebook mais qui connaît tout de même une croissance
exponentielle, est en France, majoritairement utilisé par les
personnalités et partis politiques puisqu'il permet de publier
facilement et très rapidement, de plus, il offre la possibilité
de discuter bien plus aisément que sur Facebook dans la mesure où
les réponses aux tweets se font d'une façon individuelle.
Cependant, une précision nécessite d'être
apportée : l'utilisation politique des réseaux sociaux est
beaucoup plus importante en période électorale qu'en
période normale. Pour autant, certaines personnalités politiques
utilisent de façon régulière ces plateformes pour tisser
des liens.
En réalité, ce que les réseaux sociaux
ont fait évoluer dans la médiation entre personnalités
politiques et électorat, c'est l'exacerbation des notions de
personnalisation, de proximité par la participation à la
conversation politique avec les internautes. À cet égard,
regardons plusieurs exemples pour tenter de comprendre comment évoluent
toutes ces formes. Le premier exemple est la campagne présidentielle de
2007, qui a très largement insisté sur cette idée d'une
proximité avec l'internaute. Cette campagne à très
clairement marqué un tournant important dans la communication politique
moderne puisque pour la première fois, Internet et les réseaux
sociaux ont été de façon régulière mis au
centre de la stratégie de campagne des candidats dans la production du
discours, c'est-à-dire que le discours sur l'internet 2.0 a
été très largement été valorisé par
les candidats et a été très relayé. De plus, les
candidats ont très largement mis en avant l'échange avec les
internautes et la création conjointe du contenu114(*).
Prenons un autre exemple pour souligner l'idée qu'il
existe une forme de proximité par le conversationnel. Regardons les
comptes Twitter de Benoît Hamon, Nathalie Kosciusko-Morizet, très
actifs sur Twitter et dans un second temps, regardons les pages-Fan Facebook de
Ségolène Royal et Dominique De Villepin.
Commençons par les « posts » (les
échanges) que Benoît Hamon a réalisé au cours du
mois d'Avril 2011 avec ses abonnés sur son compte Twitter appelé
« @benoîthamon ». Pour une clarté optimale de
l'analyse, nous présenterons d'abord ce que la personnalité
politique a dit puis nous examinerons ensuite les réactions des
internautes115(*).
Twitter, comme les autres réseaux sociaux du même
type, met en avant l'idée d'une personnalisation de l'individu (photo,
statut personnel, biographie rapide) et d'une sorte de mise en scène,
une mise en scène illustrée par le discours et l'apparence du
compte. Sur le compte Twitter de Benoît Hamon, on voit une photo de
l'homme politique, lors d'un meeting du parti socialiste116(*). La photo a pour but
d'illustrer le profil, elle est également accompagnée d'une
petite biographie et d'une petite présentation de son activité.
Quand on analyse la tonalité du discours, on voit que de façon
générale celui-ci use d'un ton relativement familier souvent
très humoristique, nous verrons plus loin, qu'il s'agit d'une
déclinaison nouvelle du marketing politique, pas forcément
calculée, mais que le web 2.0 a contribué à mettre en
place. Dans ses tweets, Benoît Hamon évoque
régulièrement l'actualité politique nationale et
internationale, parle également de ce qu'il aime faire, critique avec
récurrence la politique gouvernementale et présente très
souvent à ses abonnés son agenda. Par exemple, lors d'un tweet
datant du 10 Avril 2011, il dit :
« Ce midi dans
#dimanche+bit.ly/9Ansp2 » ou encore lors d'un tweet datant du 7
Avril 2011, il dit « Dans l'émission Generation Bondy
lcp.fr//emission/gen... » Ou enfin lors d'un tweet datant 8
Avril 2011, il dit « Hier soir chez Arlette Chabot#Europe1
dai.ly/gvtC3L ».
Ce type de tweets permet d'une certaine façon de
remplacer les déplacements et les rapports physiques, cette attitude
vise à instaurer une autre forme de dialogue. L'humour joue
également un rôle important. Par exemple, il évoque dans un
tweet datant du 1er Avril 2011, le fait de s'être fait
piégé par une blague réalisée par le journal
l'Equipe. Il dit « il m'a fallu une bonne heure pour percuter sur le
poisson d'avril de l'Equipe »117(*). On le voit donc, ce qui se joue ici, c'est la
création d'une forme de proximité avec l'internaute afin de lui
montrer qu'il est un égal et qu'il partage avec lui les mêmes
centres d'intérêts.
Analysons désormais la page Twitter de Nathalie
Kosciusco-Morizet118(*).
En parcourant les messages postés par la Ministre de
l'Ecologie, on peut dégager deux choses. La première, c'est que,
comme Benoît Hamon, elle évoque très largement ses
déplacements liés à sa fonction de ministre, la seconde,
c'est qu'elle relaie énormément d'informations liées
à l'environnement et aux décisions politiques liées
à l'environnement. Par exemple, lors d'un tweet datant 18/04/2011, la
Ministre dit :
« Dans l'avion pour Kiev. Déplacement
avec le PM pour les 25 ans de Tchernobyl: financement du 2nd sarcophage,
sûreté nucléaire.
Il y a
environ 6 heures via
TweetDeck »,
ou encore lors d'un tweet datant du 14/04/2011, « A Lyon pour le
comite de pilotage du bassin Rhône. Et un détour par la DREAL et
l'ENTPE a Vaulx en Velin. Jeudi 14 avril 2011 12:22:43 via
TweetDeck ».
Quand on regarde les messages, on voit que la Ministre a
réalisé pas moins de six déplacements, en France ou
à l'étranger, entre le 1er et le 19 Avril.
L'insistance sur les déplacements et l'agenda est une constante sur les
réseaux sociaux de la part de la classe politique. Il est
intéressant de noter que le ton qu'utilise la Ministre dans ses
messages, est, contrairement aux messages de Benoît Hamon, bien moins
rédigé de façon humoristique, mais ils ne sont pas
également trop solennels.
On remarque que les deux personnalités politiques
s'adressent directement aux internautes et parlent à la première
personne. L'usage de la première personne est loin d'être anodin
puisque c'est une manière très « 2.0 »
d'obtenir une forme d'adhésion. Ainsi, on est très loin d'un mode
de communication à la de Gaulle ou Giscard d'Estaing qui
privilégiaient très largement la solennité119(*).
On observe également qu'au sein des comptes Twitter de
ces deux personnalités politiques, que la conversation avec les
internautes joue un rôle clé. En effet, les deux débattent
très facilement avec les internautes et répondent aux questions
qui leurs sont posés. Par exemple, Benoît Hamon le 7 Avril 2011
répond directement à une question posée par un internaute
sur les élections présidentielles de 2012. Il dit :
« Pas vraiment. Je crois que le nombre des
électeurs de droite qui viendront voter dans ce but sera marginal
8:54 PM Apr 7th via web ».
Autre exemple, Nathalie Kosciusko-Morizet, répond
à un internaute le 9 Avril 2011 sur les débats concernant les gaz
à effets de serre, elle dit :
« C'est tout l'enjeu des discussions actuelles
que de l'arrêter.
samedi 9
avril 2011 11:04:12 via
TweetDeck ».
Le registre est personnel, de fait, il singularise la personne
et le met sur le même plan que l'internaute et crée une forme de
proximité par la conversation. Pour autant, les discussions peuvent ne
pas uniquement porter sur des questions d'actualités ou politiques, et
c'est en cela que l'analyse des conversions est intéressante puisque
cela permet de voir qu'aujourd'hui, avec le web, on peut discuter avec des
responsables politiques de façon tout à fait normale. On assiste
ainsi à un rapprochement tel qu'on pourrait le faire avec des amis. On
assiste donc à un rapprochement grâce au numérique, qui a
aussi ses effets sur le débat politique dans l'espace social.
Regardons désormais, les pages Facebook de
Ségolène Royal et Dominique de Villepin.
On observant les pages Facebook des deux personnalités,
on peut faire trois remarques : La première, c'est qu'elles ne
semblent pas être animées par S. Royal et D. de Villepin, en
personne. La seconde, c'est qu'il y a la volonté de se construire une
image positive vis-à-vis des internautes (photos, messages d'accueil,
voeux, évocation de sentiments de compassion, messages de
mobilisation...) et la troisième, c'est qu'il y a la volonté
d'informer les internautes et d'obtenir des soutiens sur l'action menée.
Ces trois tendances sont visibles sur les pages Facebook des deux
personnalités politiques mais se manifestent de façon très
différente chez l'une et l'autre. On notera également que les
deux dernières tendances évoquées constituent une logique
communicationnelle déclinée du réel et appliquée au
web.
A l'étude de la page de Ségolène Royal ce
qui saute aux yeux, c'est qu'on y distingue plusieurs tons et niveaux de
langage employés par la Présidente de la région
Poitou-Charentes dans ses messages adressés aux Internautes120(*). Par exemple, on peut noter
que Ségolène Royal use très largement d'un ton militant,
émotif et expressif, comme lors d'un message datant du 17 Avril 2011,
où elle dit :
« Les entreprises du CAC40 ont fait 40 milliards
de bénéfices en plus. Le gouvernement envisage une prime de mille
euros pour les salariés de ces entreprises 'à condition que les
dividendes augmentent aussi' ! Et les salariés des PME sous traitantes
dont le travail a permis à celles du CAC40 de faire des profits? C'est
d'une vraie conférence salariale dont la France a
besoin » ou encore lors d'un message datant du 18 Mars 2011,
elle dit :
« Yoplait vendu par un fond de pension pour 1,6
milliard ! Et nos éleveurs se meurent. Plus de deux cents suicides chez
les producteurs de lait. La misère et l'angoisse. Cherchez l'erreur. Une
autre répartition des richesses est possible »121(*).
La réaction des internautes sur Facebook à ces
messages est intéressante puisqu'ils semblent la suivre et les
réactions vont toutes dans le sens d'une remise en question du
libéralisme et des dérives qu'il peut engendrer. On sent avec les
réactions qu'il y a un soutien de la part des internautes concernant les
sujets évoqués.
Même constat lorsqu'on regarde la page Facebook de
Dominique de Villepin, on s'aperçoit que comme Ségolène
Royal, il y a la même volonté de construction d'une image positive
par l'évocation de sentiments personnalisés, de critiques
à l'égard du gouvernement ou de rendre solennellement hommage,
comme ce fût le cas pour Aimé Césaire122(*). Par exemple, lors d'un
message datant du 18 Avril 2011, il dit :
« Je ne veux pas participer à une
aventure qui décevrait les Français. Ca implique d'être
ambitieux, d'être capable de refonder notre vie politique, refonder notre
vie économique et sociale (...). C'est aux citoyens de prendre le
pouvoir, c'est au peuple français de prendre le pouvoir, et ça
veut dire ne pas laisser les hommes politiques s'arranger entre eux." en
déplacement aujourd'hui à Lille ».
Autre exemple, datant également du 18 Avril 2011, il
affirme « Je ne fais pas de politique pour la classe politique,
mais pour servir les Français". Lille, 18 avril
2011 »123(*). Ce qu'il y a de visible, c'est il y a de
la part de Dominique de Villepin, tout comme de celle de Ségolène
Royal, la démarche de minimiser l'écart entre l'homme politique
et l'internaute. Cette réduction des écarts entre élite
politique et citoyen banal se fait par l'emploi systématique du
« je », qui dénote d'une personnalisation et d'une
personnalisation du discours, contribue dans le même temps à
mettre en valeur la personnalité du locuteur. Il est également
intéressant de souligner le fait que cette réduction des
écarts change aussi la perception que nous pouvons avoir des hommes
politiques.
Autre élément qui fait de Facebook et Twitter
des outils très important, c'est qu'ils sont des nouveaux outils de
mesure de popularité des personnalités politiques. Cette mesure
s'effectue d'une façon simple, les réactions des internautes par
le biais de messages permettent de prendre la température de l'opinion.
D'ailleurs, comme les sondages, les réactions des internautes sur les
réseaux sociaux sont de plus en plus relayées dans les
médias traditionnels.
Pour autant, Twitter et Facebook possèdent quelques
différences qu'il est un important de relever ici. Par exemple, on
pourra dire que Twitter est beaucoup plus un vecteur d'information en temps
réel que Facebook, et qu'il se prête également beaucoup
plus à la conversation en un à un. En revanche, Facebook est
quant à lui, beaucoup plus un outil de mobilisation et de discussion par
groupe et communautés. D'ailleurs, il est beaucoup plus courant qu'une
personnalité politique tienne personnellement son compte Twitter que sa
page Facebook. Autre élément intéressant, la
récurrence des messages sur le réseau social Facebook est
beaucoup plus forte que sur Twitter, cela peut s'expliquer par le fait que
Facebook est un outil beaucoup plus familier des internautes que Twitter. On
notera également qu'il existe des différences entre
personnalités politiques dans l'utilisation des réseaux sociaux.
Par exemple, il semblerait que Ségolène Royal et Dominique de
Villepin ont clairement fait le choix de séparer leur vie privée
de leur vie public sur ces réseaux.
En revanche, à l'inverse, le Président Nicolas
Sarkozy lui fait le choix de l'exposer bien plus. Par exemple, sur la page
Facebook du Président de la République, on peut voir qu'il
choisit de s'exposer avec sa femme lors de différents
évènements (Photos lors de dîners privés ou de
voyages). L'exposition de la vie privée va encore plus loin que la
simple illustration lorsque dans ses informations personnelles, il indique
explicitement être marié à Carla Bruni-Sarkozy124(*).
A l'analyse de ces réseaux sociaux,
intégrés dans un dispositif de communication politique, on peut
dégager trois faits importants. Le premier, c'est l'importance de la
présence d'une personnalité politique sur le web, le second,
c'est de faire fructifier sa présence par le dialogue direct avec les
citoyens sur ces réseaux tout en y intégrant une dimension de
collaboration collective et participative. Enfin, le troisième, c'est
d'inciter par sa présence et le dialogue, le citoyen à s'engager.
On le voit, ces trois axes sont tous liés et intégrés dans
un dispositif de communication, ils s'avèrent tous
complémentaires.
L'émergence de l'Internet 2.0 et l'explosion des
réseaux sociaux ont également permis l'évolution du
modèle du marketing politique et de voir apparaître de nouveaux
enjeux. En effet, encore plus qu'avant, le web et les réseaux sociaux
ont modifié le rôle de l'image et du discours politique. Cette
modification est provoquée par le fait que les personnalités
politiques ne peuvent pas contrôler tous les contenus produits sur le
web125(*).
La communication du XXIe siècle insiste, encore plus
qu'auparavant, sur les notions de symbolisme de l'image. Par le passé,
la télévision constituait quasiment le seul outil de diffusion de
l'image et du discours, le contrôle de ce qu'elle produisait,
était beaucoup plus aisé. Aujourd'hui, avec le foisonnement
d'images, de vidéos, de photos que le net diffuse et conserve, le
contrôle devient de plus en plus difficile, voir impossible.
Plus que jamais, avec l'Internet 2.0 on assiste à un
nouvel intérêt pour le marketing politique. A cet égard,
prenons un exemple illustratif, celui de la campagne du dernier
président américain en 2008126(*). Celle-ci a montré à quel point la
maîtrise de l'image et la notoriété, qu'elle peut
engendrer, est aujourd'hui, très liée au web et revêt une
importance décisive127(*). Lors de cette campagne électorale, Internet
et les réseaux sociaux en ont été le noyau et ont
joué un rôle clé. D'ailleurs, la publicité politique
sur Internet (L'E-pub) a coûté plusieurs millions de
dollars128(*). Cette
campagne a parfaitement mis en valeur la puissance, en termes de
notoriété, du nouveau médium. Maria Mercanti-Guérin
le souligne dans son article :
« Les plateformes communautaires ont notamment
permis le recrutement de partisans, mobiliser des supporters, contrer des
rumeurs et décupler l'audience des médias traditionnels. Dans ce
contexte, le réseau social prend une dimension nouvelle et le regard que
l'on porte sur lui est neuf »129(*).
Benoît Thieulin, qui a contribué à un
rapport sur le sujet nous le confirme également : « La
campagne d'Obama a su innover sur le plan organisationnel, il a su efficacement
utiliser Internet. Il y a eu une campagne tout court mais qui s'est
gérée à partir d'Internet »130(*) .
Nous le voyons, les réseaux sociaux ont donc
très largement été utilisés pour le recrutement
mais aussi pour la collecte de dons. Les réseaux sociaux sont donc
devenus depuis 2006 un outil de campagne électorale tout autant qu'un
outil de débat public. Cette nouvelle logique de médiation
politique, ajoutée à l'élection du président
américain, conforte les hommes politiques à faire des
réseaux sociaux et d'Internet, un usage plus professionnel.
Ce que l'on remarque, c'est que le marketing politique
traditionnel est devenu ce que l'on pourrait appeler une forme de
« marketing relationnel », au sein duquel l'Internet 2.0 et
les réseaux sociaux jouent un rôle déterminant. Le profil
social et participatif du web 2.0 et notamment des réseaux sociaux,
pousse les personnalités politiques et les partis à être
dans l'échange constant sous peine d'assister à la perte
progressive d'une partie du capital sympathie acquis vis-à-vis de
l'opinion. En outre ce qu'on remarque, c'est que le web 2.0 a engendré
une forme de désacralisation de l'image du politique. L'image de
l'élu, proche, avec qui on peut discuter aisément a
modifié le regard que l'on peut porter sur le politique131(*). En réalité,
ce que le web apporte est visible tant du côté de l'opinion que de
celui de la strate politique. Pour l'opinion, il constitue un outil d'expertise
supplémentaire de l'information et de la parole politique, il offre
également la possibilité de réfléchir en groupe sur
des sujets dédiés. Pour la sphère politique, il offre
notamment la possibilité d'aller beaucoup plus loin dans
l'interactivité notamment par le dialogue direct, de mesurer sa
popularité autrement que par les sondages ou encore celle
d'intégrer des pratiques de collaboration collective via les
réseaux sociaux.
Ce nouveau « marketing relationnel », s'il
est bien mené et correctement appliqué, peut dans une certaine
mesure, pousser les internautes au débat politique et dans une plus
large mesure à la mobilisation. En effet, tout l'enjeu de ce
« marketing relationnel » est de créer l'image d'un
élu proche du peuple. Comme au cours des années 1960-1970, la
maîtrise de l'outil est absolument décisive dans le processus de
construction et de valorisation d'une image politique, mais aussi et surtout
pour poser les conditions du débat politique. Un exemple de
l'actualité internationale nous montre l'ampleur que les réseaux
sociaux ont pris au sein de la médiation politique. Le président
Barack Obama, a organisé le 20 Avril dernier dans le cadre de sa
campagne de réélection pour l'élection américaine
de 2012, au siège social de Facebook en Californie, un débat sur
les thèmes de l'économie et de l'innovation. Il avait
annoncé ce débat sur son compte Twitter, sa page Facebook et son
site Internet quelques semaines précédant le
débat132(*). Cet
exemple souligne trois points, le premier, c'est de refaire des réseaux
sociaux un outil central de campagne après la réussite de 2008.
Le second, c'est l'utilisation professionnelle que le président
Américain peut faire de Facebook. Enfin, le troisième pousse
à s'interroger sur l'éventualité de l'émergence
d'un nouvel âge de discussion politique.
Les réseaux sociaux se sont donc imposé peu
à peu comme des modes de communication alternatifs. Il faut
néanmoins préciser que ces réseaux sociaux s'ajoutent aux
instruments de médiation politique déjà existants, plus
qu'ils ne les remplacent. Ils permettent de créer une forme de
proximité avec l'opinion, qui peut alors se sentir d'une certaine
façon d'égal à égal. Pour autant, il faut
être clair dans la mesure où ce qui est mis en place c'est
beaucoup plus un « simulacre » de proximité qu'une
proximité réelle. Cette place occupée par les
réseaux sociaux est décisive dans les modes de communication, ils
s'ajoutent aux sites des partis politiques, et vont beaucoup plus loin en
offrant des possibilités de médiation bien plus importantes que
par le passé.
2.C) Les sites des partis
politiques : Des plateformes d'information, d'échanges et de
mobilisation.
Les partis politiques ont très tôt fait usage de
leur site internet. Le premier site Internet d'un parti politique
français fût celui du Front National (FN). Cette arrivée
précoce sur la toile s'explique simplement par le fait que le FN
souhaitait diffuser plus facilement ses idées sans avoir à
dépendre de la structure audiovisuelle traditionnelle. La fin des
années 1990 voit déjà les premiers signes de ce qu'on
appelle le « web partisan » et les plus grands partis
politiques français possèdent déjà à ce
moment un site web.
A partir des années 2000, ces sites évoluent et
sont régulièrement mis à jour. Précisons que, si
les tous partis politiques se dotent systématiquement d'un site Internet
à partir des années 2000 c'est aussi par imitation et pour ne pas
être doublé par l'opposition. Benoît Thieulin, confirme
cette affirmation lorsqu'il dit :
« Dans le web généraliste et dans
le web politique, on passe son temps à regarder ce que les autres font.
Il y a une sorte de culture du « mix » et du
« remix », tout cela, puisant aux mêmes
sources »133(*).
La campagne présidentielle de 2002 utilise
déjà les sites web des partis politiques comme outil de
communication mais pas de façon aussi poussée, comme cela sera le
cas à partir des années 2006-2007, c'est-à-dire comme des
plateformes d'échanges ou de mobilisation.
Nous l'évoquions précédemment le web
partisan en France connaît une première évolution au moment
du référendum sur le traité constitutionnel en 2005. A
cette même période, les sites des partis politiques se rendent
compte que l'audience de ces sites reste très faible, c'est pourquoi ils
réfléchissent déjà à y introduire plus
d'interactivité. On voit ainsi l'émergence au même moment
de la possibilité de l'adhésion directe en ligne. Une
étude du Journal du Net datant de Mai 2005 souligne le fait qu'il
n'existe quasiment pas de forums sur les sites des partis du PS, UDF, UMP et du
PCF en 2005. L'étude réalisée par le journal du net montre
également que la moyenne de visiteurs uniques sur l'ensemble de ces
sites se situe aux alentours de 100 000, c'est une moyenne relativement
faible comparativement à la population134(*).
La première évolution notable, qui se trouve
également dans le prolongement de cette réflexion, se produit
à partir de 2006 lorsque la candidate aux primaires socialistes,
Ségolène Royal, crée son propre site
« Désirs d'avenir », et l'utilise comme une
plateforme de mobilisation et un espace participatif135(*). La seconde évolution
se produit en 2007 quand les sites évoluent pour prendre la forme que
l'on connaît actuellement. En effet, progressivement, les sites Internet
ne se limitent plus à de simples espaces de diffusion d'idées,
ils deviennent des lieux d'informations, d'échanges et de mobilisation.
Cette évolution est également liée à deux faits non
négligeables. Le premier, c'est que les partis ont pris conscience qu'il
fallait avoir de plus en plus recours aux sites Internet pour les campagnes
électorales de leurs candidats, qui sont les périodes les plus
propices à la mobilisation. Le second, c'est qu'on est entré dans
une période où les campagnes de séduction deviennent
permanentes, la strate politique doit constamment fédérer sans
qu'il n'y ai de « temps morts ». En 2009, un sondage de
l'institut Sofres publie une étude sur les pratiques politique du web.
Cette étude révèle que 21% des Français consultent
régulièrement le site Internet d'un parti politique et que 17%
transfèrent des informations, des liens ou de fichiers liés
à la politique à leur entourage136(*). Ce que souligne le sondage, c'est dans un premier
temps l'évolution importante des pratiques politique sur le web depuis
le début des années 2000. Dans un second temps, c'est que la
consultation des sites Internet des partis politiques demeure une pratique peu
très répandue chez les Français bien qu'une
évolution des consultations est visible depuis le début des
années 2000.
Pour illustrer ces évolutions, regardons, les sites du
PS et de l'UMP qui soulignent à quels points les sites des partis
politiques adoptent désormais tous une configuration similaire et
prennent la forme de plateformes d'information, d'échange et de
mobilisation137(*). Nous
avons décidé de comparer ces deux sites car le PS et l'UMP
constituent les deux plus grands partis politiques français et la
rivalité qui les oppose est très intéressante dans la
mesure où on peut percevoir à travers les plateformes, qu'il y a
aussi sur le net une lutte idéologique très intense.
Dernière précision, pour que cette analyse soit explicite, il est
nécessaire de rappeler que la période
pré-électorale dans laquelle nous nous trouvons actuellement,
conditionne très largement, la façon dont les partis politiques
communiquent en ligne.
Commençons par étudier le site du Parti
Socialiste.138(*)
Lorsqu'on arrive sur la page d'accueil on trouve six onglets de
présentation (Le PS, L'équipe, Le Projet, Les thèmes,
Le réseau P.S et La salle de presse). Chacun de ces
onglets a pour fonction de présenter les différentes strates du
PS. Ainsi, on peut découvrir son histoire, les têtes d'affiches du
parti, le projet pour la campagne présidentielle de 2012, les
idées, les thèmes ou encore les valeurs défendus par le
parti, le réseau web du parti (essentiellement en direction des jeunes)
et enfin les différentes informations annexes liées au parti
(photos, communiqués, informations utiles à la presse, le lieu du
siège social...)139(*). Par ailleurs, on trouve un formulaire dans lequel
on peut entrer son adresse mail afin d'y recevoir une
« newsletter ». Il y a également trois onglets
importants. Le premier, « Adhérez au PS »,
qui permet à la fois de débattre sur le site et d'intégrer
le parti moyennant la somme tarifaire de 20€. Le second, «
Soutenez le PS », qui sert à la collecte de dons, au
financement du parti ou encore à imprimer les tracts, les affiches ou
enfin à organiser des réunions. Enfin, le troisième
onglet « Contactez le P.S », sert à entrer
en contact avec une entité du parti en fonction de sa situation
géographique sur tout le territoire. On trouve également sur le
site des communiqués émanant du parti, dans la rubrique
« Les derniers communiqués », ou encore
des « infos minutes », qui offrent une vision de
l'actualité politique et un agenda qui présente les
déplacements ou les interventions dans les médias des
personnalités du parti. Enfin, on trouve également une section
vidéo et un certain nombre de billets que les internautes peuvent
partager via les réseaux sociaux Facebook ou Twitter.
Ce qu'il y a d'intéressant à analyser sur le
site du parti socialiste, c'est la mise en avant de thématiques
fédératrices mais surtout du « projet socialiste de
2012 » sur lequel les internautes sont invités à
débattre et à se mobiliser sur le réseau social du parti,
« La Coopol », la plateforme annexe du site140(*). Il est également
très intéressant de voir le ton adopté et à travers
tout le site, la critique de la majorité présidentielle dans les
communiqués ou dans les vidéos. En effet, la thématique de
« changement » est très largement matraquée
et le ton se veut volontaire et très militant, ce qui cadre finalement
avec les ambitions, l'esprit du site et parti politique.
On voit à travers cette analyse que le site du P.S, est
une plateforme multi-usage, il offre aux internautes la possibilité de
s'informer sur l'actualité du parti ou l'actualité politique par
le biais des communiqués, des vidéos postées,
échanger ou encore se mobiliser sur le réseau social du parti, la
Coopol. Le site du P.S constitue donc un lieu très important dans la
communication du parti en direction des électeurs, mais aussi en
direction des internautes car sans en être adhérent, on peut
très facilement naviguer sur le site du parti et y trouver des
informations.
Regardons désormais, le site de l'UMP qui ressemble
étonnamment à celui du PS en termes de mode d'utilisation et de
navigation. En effet, lorsqu'on analyse le site on voit la même
arborescence que celle du site du PS. Sur le site de l'UMP, on distingue en
tête cinq onglets de présentation, (S'informer, Agir, Enjeux,
Personnalités, Le Mouvement). 141(*)Comme sur le site du P.S, ils ont une fonction
spécifique, ils invitent à en savoir plus sur l'actualité
du parti ou encore sur l'agenda des membres du parti142(*). Ils servent
également à découvrir les personnalités politiques
membres du parti, à en savoir plus sur les valeurs partagées par
le parti ou enfin à connaître les dates clés de l'histoire
du parti. Il y a également une section qui permet d'en savoir plus sur
les débats de société que mène le parti
présidentiel. On remarque également une section
réservée aux vidéos d'interventions officielles dans les
médias. Enfin, il y a une section qui offre la possibilité de
débattre sur un forum dédié au sujet abordé, de
pétitionner ou enfin de se mobiliser. Comme sur le site du PS deux
onglets se distinguent, « Adhérer » et
« Donner », ils permettent soit d'adhérer
en ligne, moyennant une participation financière (variable en fonction
de ses revenus ou de son âge), soit de donner des fonds pour le
financement du parti. Ces deux onglets restent constamment présents lors
de la navigation. On trouve également un formulaire pour se tenir en
courant par le biais d'une « newsletter » et on
est invité très largement à partager sur les
réseaux sociaux l'ensemble des idées présentées sur
le site. Enfin, tout comme le site du Parti Socialiste, on peut contacter le
parti en remplissant un formulaire, dans la section « Nous
contacter ». En parcourant les sections, les débats et
les valeurs défendus par le parti sont très largement mis en
avant sur le site, par exemple, les termes de
« famille »,
« propositions » et de
« projet » apparaissent de façon
récurrente. Le site de l'UMP insiste également sur les
propositions dans la perspective de l'élection présidentielle de
2012, ainsi, on est invité à débattre sur les propositions
qui fondent ce projet, qui est appelé, comme sur le site du P.S,
« le projet 2012 ».
En outre, précisons que l'informationnel est la
fonction première de ces sites web. Le conversationnel y tient une place
alternative puisque ce sont les plateformes dédiées, tels que les
propres réseaux sociaux des partis ou encore les réseaux sociaux
généralistes, qui jouent essentiellement ce rôle
d'interactivité. Cela dit, ce qui transparaît très
largement sur ces sites, c'est l'incitation à l'engagement et à
la mobilisation.
Néanmoins, bien que très ressemblants dans la
forme, il y a dans le fond quelques différences notables qu'il convient
de souligner. En premier lieu, on note que, ce qui diffère, c'est le
ton. En effet, là où le P.S adopte un ton très en
opposition avec le parti majoritaire, le site de l'UMP s'attache
essentiellement à justifier ses propositions et à mettre en
valeur l'idée que le PS est une opposition faible. Cette
différence de ton s'explique notamment par le fait que l'UMP est le
parti politique au pouvoir. Autre précision importante, le site, bien
que représentant d'une certaine façon, la majorité
gouvernementale, fait très attention à la distinction entre le
parti politique et le gouvernement. Ainsi, à travers l'analyse de ces
sites, des deux plus grands partis politiques français, on peut
déduire trois faits essentiels. Tout d'abord, c'est que ces sites
servent dans un premier temps à s'informer sur l'actualité
politique nationale et sur le parti politique, à travers des billets,
des communiqués ou encore des présentations. Le second, c'est que
qu'ils servent également dans une très large mesure à la
collecte de fonds pour le financement du parti ou d'évènements
organisés par le parti. Enfin, le troisième fait marquant c'est
qu'ils servent à mobiliser, fédérer, par l'exposition de
valeurs et l'emploi d'un discours militant, les sympathisants via des
plateformes dédiées, tels que les réseaux sociaux des
partis ou généralistes du type Facebook143(*).
On comprend donc que ces sites Internet constituent des outils
très importants pour les partis dans leur stratégie de
médiation numérique. Pour autant, bien que relativement important
pour la diffusion des idées, ces sites demeurent néanmoins
très peu consultés et ce n'est pas sur ces plateformes que la
mobilisation se fait dans l'essentiel. Le politologue Thierry Vedel analyse
cette tendance et prend en exemple la présidentielle de 2007, il
explique :
« La consultation des sites politiques reste
marginale. En France, à peine 1 % des électeurs l'ont fait
avant les dernières présidentielles ».144(*)
On perçoit qu'il y a dans le modèle traditionnel
une évolution importante puisqu'il faut faire très attention
à ce que l'on poste sur un site. On ajoutera également que ces
sites permettent de changer le contact qui peut être établit avec
un parti.
En effet, ces sites permettent, de créer du lien et de
réconcilier, en présentant, en informant et explicitant les
sujets importants, les internautes avec la politique par le biais du net, qui
demeure un outil très ludique en direction des plus jeunes. En outre, il
est important de préciser également qu'en cette période de
pré-élection présidentielle, tous les partis politiques
insistent très largement sur les propositions dans la perspective de
cette élection et mettent tous leurs sites à contribution dans
cette pré-campagne. Ces sites offrent une plateforme d'informations
importante dans la mesure où ils permettent de présenter d'une
façon plus détaillée un projet politique, ce qui ne serait
pas possible dans les médias traditionnels.
On a vu que les sites des partis politiques, qui sont au
départ des initiatives marginales de militants ou de dirigeant de
partis, et qui ne participaient pas directement à une stratégie
communicationnelle préétablie d'un parti, ont progressivement
évolué au cours des années 2005-2006, parallèlement
au web 2.0, pour en faire partie intégrante. On a vu que les sites des
partis politiques, qui n'étaient qu'au début des lieux de
diffusions d'idées, ont changé pour prendre la forme de
plateformes interactives en direction des membres d'un parti mais aussi des
potentiels sympathisants potentiellement futurs adhérents. On remarque
également que ces sites constituent des outils pour charger
l'opposition, en justifiant un discours, en informant les internautes et en
présentant des idées ou des projets politiques. Ce qu'il y a de
notable, c'est l'évolution dans le rapport qui pouvait exister entre
les partis politiques et l'électorat. Ce dernier point est
particulièrement important puisqu'il permet de voir que les sites des
partis s'ajoutent aux médias traditionnels dans la logique
communicationnelle en direction de l'électorat.
Enfin, les sites de partis constituent des lieux de
médiation importants mais qui restent, la plupart du temps, très
impersonnels, les blogs s'ajoutant aux outils déjà
disponibles.
2.D) Les formes
alternatives : Blogs de politiques, espaces de communication et de
valorisation de l'image.
Les blogs politiques d'une façon générale
ont joué un rôle durant un temps dans le paysage politique
français. En effet, ils ont contribué, par leurs aspects ludiques
et très modulables, à la structuration du « web
politique »145(*). Les blogs se trouvent dans le prolongement de la
personnalisation de vie politique française. Les blogs ont
également permis une prise de parole beaucoup plus aisée de la
part des citoyens mais aussi des personnalités politiques146(*). En effet, les blogs ont
touché, au moment de leur apogée, toutes les couches de la
population, allant des étudiants jusqu'aux personnalités
politiques. Selon Benoît Thieulin, le début de la grande
période de la blogosphère en France date de 2005, en même
temps que les débats sur le web politique concernant le
référendum de 2005 sur le TCE. A cet égard, il
analyse :
« Il y a eu une bulle des blogs (...) La grande
période de la blogosphère, c'est 2005, 2006, 2007
(...) »147(*).
En effet, les blogs n'ont pas émergé au hasard,
quand on analyse le contexte politique, matérialisé par les
questionnements que la campagne référendaire a suscités,
et le contexte social, matérialisé par l'émergence des
NTIC et du web 2.0, on comprend bien mieux de quelle façon ces blogs ont
pu progressivement s'imposer comme un nouvel outil de discussion alternatif.
En effet, les blogs sont des journaux réguliers qui
permettent de réagir à l'actualité ou bien de poster des
« billets d'humeur » que l'on peut assimiler à des
sortes d'éditoriaux personnalisés sur des sujets divers et
variés. Contrairement aux sites des partis politiques institutionnels,
les blogs, plus « intimes », permettent une plus grande
personnalisation de la parole et une valorisation de la personnalité. En
outre, comme le souligne Henri Oberdorff, le blog offre la possibilité
de communiquer dans l'espace public. Il contribue ainsi à modifier le
rapport qui existe entre personnalité politique et électorat et
modifie, d'une certaine façon la forme, que prend la
démocratie148(*).
Pour autant, les blogs ont beaucoup évolué au cours des six
dernières années, ils demeurent néanmoins des lieux de
valorisation plus personnalisés que les réseaux sociaux. Cette
évolution est directement liée à l'émergence des
réseaux sociaux qui se sont substitués à ces plateformes
dans la communication sociale.
Il est nécessaire de préciser qu'il existe
plusieurs types de blogs dits « politiques ». En effet, il
y a les « blogs politiques » et les « blogs des
politiques », la distinction est importante dans la mesure où
celle-ci oriente le contenu de ces espaces. Par exemple, un « blog de
politique » aura plus tendance à insister sur ce qu'il peut
apporter, à défendre une idée, un projet ou à
mettre en valeur une personnalité puisqu'il est tenu par une
personnalité politique. En revanche, « un blog
politique », tenu par un anonyme, aura plus tendance à
identifier des sujets politiques en particulier et à donner un avis
dessus. Cependant, cela ne signifie pas que le blog du politique ne le fait
pas.
Afin d'illustrer notre propos, analysons deux blogs de
politiques. Pour cette analyse consulterons les blogs de François
Bayrou et de François Hollande, deux candidats déclarés
aux prochaines élections présidentielles de 2012149(*).
Observons de quelles façons, le discours prend une
forme très personnelle, et comment ils participent, comme les
réseaux sociaux, à la valorisation d'une image.
Lorsqu'on regarde le blog du Président du Modem, la
première chose que l'on remarque c'est la façon dont il est
agencé. Par exemple, on voit qu'il y a dès le départ une
citation personnelle de François Bayrou. Celle-ci indique :
« Le citoyen n'est pas un consommateur. C'est
un producteur, d'idées, de convictions, d'engagement, de
solidarité »150(*).
On remarque également que le blog offre la
possibilité de voir une biographie, des interviews, des vidéos ou
encore des discours du Président du Modem.
Quand on poursuit l'analyse et que l'on observe les billets
publiés sur le blog on voit que l'image du président du Modem est
très largement mise en valeur. Ils présentent les
différentes interventions qu'il a effectuées ou qu'il sera
amené à effectuer. Par exemple, sur un billet en date du 21 Avril
2011, appelé « Université populaire- Jean Claude
Casanova », on voit François Bayrou sur une photo le mettant
en valeur, dans une tribune devant un micro, face à une
audience151(*). Ce qui
transparaît également, c'est la mise en avant de son implication
dans le combat politique. Il évoque dans plusieurs billets
« le quotidien des Français », « une
société ayant besoin de repères ». Il se
pose également en fédérateur et explique dans un billet
daté du 21 Avril que :
« Les clivages politiques ne sont ni
crédibles ni légitimes ».
On notera également l'emploi constant du
« je » dans les posts du Président du
Modem. La récurrence du « je » permet de
créer une proximité avec l'interlocuteur qui a le sentiment
d'être d'avantage impliqué dans le discours qu'il peut
l'être sur le site d'un parti.
Ce qui est en jeu sur ce blog, c'est très largement la
valorisation d'une image d'un homme politique très impliqué et
concerné par les préoccupations des Français via un espace
simple et accessible. Ce que l'on remarque également sur le blog de
François Bayrou, c'est qu'il sert énormément de relais et
d'agrégateur d'actualités plus qu'un réel lieu
d'échanges. Pourtant, les billets restent souvent lus et même
s'ils restent très peu commentés. En réalité, ils
le sont beaucoup plus sur les réseaux Facebook et Twitter lorsqu'ils
sont partagés. On peut le mesurer puisque le blog offre sur
l'arborescence à droite un fil d'actualité des réseaux
sociaux Twitter et Facebook intégrés au blog.
Quand on regarde le blog de François Hollande, on
constate qu'il y a sensiblement la même démarche. La
première information visible est une citation du politique qui
dit : « Parlons de la France »152(*). Tout comme son homologue
du Modem, les billets publiés sur le blog vont dans le sens d'une
valorisation de l'image par deux moyens désormais bien connus. Le
premier se faisant en abordant des sujets qui concernent directement les
Français. Par exemple, dans un billet daté du Jeudi 14 Avril
2011, François Hollande publie un billet appelé «
Pour un pacte de confiance dans le travail » dans lequel il
évoque la crise économique et la crise du travail que
connaît la France. Le second, par le biais d'images d'un homme en
déplacement sur le terrain illustrant ainsi son implication. Par
exemple, on voit dans un billet publié le Jeudi 31 Mars, jour de
l'annonce de sa candidature à l'élection présidentielle de
2012, l'image d'un François Hollande face à un micro avec des
militants situés tout juste derrière lui153(*). On remarque
également que le blog du membre du parti socialiste laisse place
à une grande personnalisation du discours et que l'emploi du
« je », est là aussi récurrent dans
les différents billets publiés. Dans son article du Jeudi 31
Mars, on compte 21 emplois du « je ».154(*)
Ces exemples, illustrent deux faits notables. Le premier,
c'est l'importance d'un discours volontaire et engagé. Le second, c'est
l'illustration par l'image de l'engagement. Ainsi, les deux permettent de
valoriser une personnalité, de créer une forme de
proximité et enfin de fédérer autour d'un nom et d'une
image.
On voit donc qu'il existe un grand nombre de similitudes entre
les deux blogs analysés. Le constat que l'on peut établir c'est
que les blogs sont lus mais restent très peu commentés, ils sont
par ailleurs très relayés sur les réseaux sociaux. En
outre, l'échange sur ces blogs est beaucoup plus limité que sur
les réseaux sociaux. Ces plateformes sont très peu
utilisées comme des outils de débat. Comme nous le
précisions un peu plus haut, l'émergence des réseaux
sociaux a très largement modifié la donne. Selon Benoît
Thieulin :
« La blogosphère est en
réalité un lieu d'expertise. Je ne pense pas qu'ils utilisent les
blogs comme un outil de débat. En réalité, ces blogs sont
lus car ils sont relayés par les réseaux sociaux mais ce n'est
pas le premier lieu d'échange d'informations »155(*).
D'après lui, les blogs constituent des
espaces alternatifs qui s'ajoutent aux outils déjà existants,
mais contrairement aux réseaux sociaux, beaucoup plus utilisés
pour le débat en ligne et la prise d'informations, les blogs sont
surtout des outils d'aide en direction des internautes et les pratiques de
toutes les personnalités se rejoignent très largement dans les
buts.
On a vu que l'intronisation de l'Internet 2.0 avait
provoqué une mutation des pratiques de communication entre partis,
personnalités politiques et opinion publique. Il provoque
l'émergence de nouveaux enjeux pour l'espace politique qui doit
maîtriser ce nouveau médium émergent. Le web 2.0 s'installe
donc comme un outil de médiation supplémentaire qui permet
l'évolution des formes d'interaction et par extension de la façon
dont on pense et vit démocratie. L'apparition de plateforme
d'échanges permet ce glissement inédit. Ainsi, l'émergence
des réseaux sociaux, qui naissent de l'Internet 2.0, participe à
cette logique d'évolution des pratiques et des formes de communication
entre sphère politique et électorat. Les réseaux sociaux
permettent de créer encore plus d'interactivité et octroie
à l'opinion un pouvoir jusque là inédit, elle peut avoir
la sensation d'être plus proche que jamais de ses dirigeants, par le
biais de la conversation. Les réseaux sociaux poussent les partis et les
personnalités à s'adapter mais ils provoquent également
l'évolution du marketing politique, qui prend la forme nouvelle d'un
« marketing relationnel ». Un marketing de proximité
certes joué, mais qui vis-à-vis de l'opinion permet d'engendrer
une dynamique nouvelle. Il y a également l'apparition et
l'évolution des sites des partis politiques qui connaissent plusieurs
améliorations notables. Ces améliorations vont dans le sens d'une
interactivité accrue, on passe ainsi d'une situation où ces sites
constituaient uniquement des plateformes d'informations à une situation
où ils deviennent des plateformes d'échanges et de mobilisation.
Le blog est également un des éléments notables de
l'Internet 2.0. L'apparition du blog politique permet d'établir un
nouveau rapport et de valoriser l'image d'un politique. L'utilisation des blogs
est un véritable phénomène de société et un
instrument supplémentaire à la disposition des politiques pour la
production d'un discours plus personnel, volontaire, critique voir
contestataire.
En effet, le schéma très pyramidal évolue
pour tendre vers un schéma plus complexe et bien moins structuré.
Pour autant, l'émergence d'un outil tel que l'Internet, qui modifie les
rapports entre les hommes et les formes d'interactivité, permet t-il de
penser qu'il annonce la fin du modèle traditionnel, qui a vu la
structure audiovisuelle s'imposer comme l'outil de
référence ?
* *
Chapitre III : Déclin ou mutation du modèle
traditionnel ?
3) Une « évolution » plus qu'une
« révolution » des formes et des pratiques du
schéma traditionnel.
3.A) Télévision
et Radio : Des vieux médias qui conservent leurs positions.
Le schéma traditionnel connaît, avec le web, des
évolutions structurelles notables. En effet, on pense notamment aux
nouvelles possibilités offertes par ce nouvel outil en termes de
fréquence d'échanges. Le web a également
modifié la structure et la place du débat public qui se
passe désormais beaucoup plus sur Internet qu'à la
télévision156(*).
Le web bien qu'extrêmement important depuis environ six
ans en termes de d'images et de potentialités de mobilisation politique,
reste essentiellement un outil d'informations et de débat public. La
structure audiovisuelle, la télévision notamment, reste dominante
comme outil de diffusion de la parole politique en direction de l'opinion et
cela reste vrai depuis les années 1960157(*). Ce qui atteste de cette réalité c'est
la quantité importante d'émissions traitant de sujets politiques.
On notera également l'augmentation à la radio et à la
télévision du nombre d'émissions traitant de politique ou
invitant des personnalités politiques depuis le milieu des années
2000. A titre d'exemple, pour le mois d'Avril 2011, Radio Classique,
I-Télé, France 2, Direct 8 et TF1 ont annoncé chacune
la création d'une nouvelle émission politique sur leurs
chaînes et stations158(*).
La télévision et la radio demeurent importantes
pour la médiation politique, d'autant qu'elles constituent un enjeu
déterminant pour les chaînes et les stations en raison du
succès des émissions qui invitent des professionnels de la
politique. Par exemple, lorsqu'on regarde la grille des programmes pour le mois
d'Avril 2011 des six chaînes leaders, à savoir, TF1, France 2,
France 3, Canal +, France 5 et M6, on dénombre un total de plus de
quinze émissions ou de magazines traitant de sujets politiques ou
invitant des personnalités politiques. Pour celles qui connaissent le
meilleur taux d'audiences on citera notamment les JT des chaînes,
très regardées, Face aux Français, Dimanche + ou
encore le Grand Journal159(*).
Le constat est similaire lorsqu'on s'attarde sur la grille des
programmes des quatre plus grandes stations radiophoniques, à savoir,
RMC, Europe 1, le groupe Radio France et RTL. En effet, on remarque
qu'il y a sur l'ensemble de la grille des programmes plus de quinze
émissions traitant de sujets politiques ou au sein desquelles les
personnalités politiques sont invitées à débattre
ou à répondre à des questions160(*). On a donc au total
près de trente émissions ou de magazines politiques sur un total
d'à peine dix chaînes et stations. On peut même y ajouter
les chroniques politiques régulières ou encore les
éditions ou émissions spéciales créée par
les chaînes de télévision et les stations radio en
période pré-électorale ou en plein période
électorale. C'est d'autant plus visible lorsqu'on regarde les parts
d'audience réalisées par les six chaînes de
télévisions et les stations de radios. Selon une étude de
l'agence Médiamétrie, sur la période allant du 28
Février au 3 Avril 2011, les six chaînes nationales ont
réalisé plus de 66,3% de parts d'audience. On note
également que l'intervention télévisée du premier
ministre, François Fillon et l'émission politique sur le
2e tour des élections cantonales font partie des meilleures
audiences des chaînes France 2 et France 3161(*).Quant aux stations radios
elles-mêmes, toujours selon une étude de l'agence
Médiamétrie, réalisée pour la période
Janvier-Mars 2011, Europe 1, France Bleu, France Inter, RMC et RTL,
qui sont généralement définies comme des stations
généralistes, réalisent à elles seuls 43% de parts
d'audience pour la période Lundi-Vendredi162(*).Ce qu'il faut donc
comprendre, c'est que toutes ces émissions drainent une audience
extrêmement importante. Autre exemple, l'émission «
L'Invité de RTL » de Jean-Michel Apathie, qui prend la
forme d'une interview politique, parvient à avoir en moyenne, selon la
station de radio, jusqu'à 2 millions d'auditeurs.
Cependant, nous pouvons faire deux remarques. La
première, c'est que l'on voit que la parole politique à la
télévision s'effectue de plus en plus dans des émissions
de divertissement, plus attractives, au sein desquelles, les
personnalités politiques sont invitées à répondre
à des questions d'actualités. A cet égard, les
émissions grand public de France 2 telles que « On n'est
pas couché » et « Face au
Français » sont très illustratives de cette
tendance163(*). La
seconde, c'est qu'il y a tous les jours de la semaine des émissions
invitant une personnalité politique ou traitant d'un sujet politique
à la radio comme à la télévision, et cela
même le Dimanche, ce qui souligne très largement
l'intérêt de l'opinion pour la vie politique164(*). En outre, on parvient
très nettement à distinguer une tendance générale
dans la répartition de ces émissions. La radio apparaît
clairement l'outil du matin, avec notamment la multiplication des matinales,
en revanche, la télévision apparaît davantage comme outil
de médiation du soir, avec notamment les émissions de plateaux.
Cependant, que ce soit le matin ou le soir, toutes ces émissions sont
diffusées à des horaires où l'audience est très
importante165(*). Le
souci de l'audimat est en réalité un héritage direct de la
structure traditionnelle dans la communication politique, car un taux d'audimat
élevé permet une diffusion plus large de la parole politique
auprès de l'opinion.
Par ailleurs, on sait que ces magazines et émissions
jouent un rôle important dans la médiation politique puisqu'elles
permettent, bien plus que le web, de s'exprimer avec un niveau de discours plus
adapté au grand public que des émissions politiques très
spécialisées que l'on pouvait voir dans les années
1970-1980, tels que « Le club de la presse »
d'Etienne Mougeotte ou « à porté de
gifles » de J.P. Elkabbach166(*).
Malgré cela, il faut préciser que les
médias traditionnels et grand public sont privilégiés par
les personnalités politiques les plus médiatiques.
C'est-à-dire, celles qui ont le plus facilement accès à
ces canaux et qui sont très souvent, soit les plus cotées dans
les sondages, ou soit qui les plus connues. A l'inverse, les
personnalités politiques de moindre envergure, elles, sont
tentées de privilégier les outils de web 2.0 pour faire porter
leurs voix. Benoît Thieulin confirme cette logique lorsqu'il
évoque l'importance de la télévision pour la strate
politique :
«Oui, elle y consacre plus de temps qu'avant mais
elle y consacre moins de temps que pour les médias traditionnels et elle
a bien raison. Cependant, il faut être précis. Par exemple, D.
Strauss-Kahn et S. Royale vont au J.T de 20h mais il est normal qu'ils
consacrent plus d'énergie et de temps pour passer au 20h ou d'avoir une
Interview dans « Le Monde » que d'animer leur page
Facebook »167(*).
Les médias traditionnels sont aussi
privilégiés par le public pour l'information politique pour deux
raisons, l'habitude et l'accessibilité plus facile de la radio et de la
télévision de façon générale, qui demande
très peu de compétences.
Utilisons un autre exemple pour illustrer l'importance de la
structure audiovisuelle et l'impact encore très profond de celle-ci.
Lors des récentes élections cantonales de Mars 2011, le Conseil
Supérieur de l'Audiovisuel a décidé de limiter, dans le
cadre de la campagne officielle de ces élections, la parole des
politiques dans les médias par le système du décompte du
temps de parole168(*).
Les chaînes de télévision et les radios étaient
sommées faire en sorte de donner aux politiques un temps de parole
équivalent. Ce « moratoire communicationnel »,
émanant de la plus haute autorité audiovisuelle a provoqué
une situation très compliquée au sein de la structure
audiovisuelle, qui a dû composer avec cela. En effet, dans la mesure
où actuellement beaucoup d'émissions télévisuelles
et radiophoniques fonctionnent sur le principe de l'invitation de
professionnels de la politique, le bridage de la parole de personnalités
politiques peut s'avérer très gênante pour les
chaînes et les politiques. Ce bridage de la parole politique dans les
médias traditionnels illustre l'importance encore effective des
médias traditionnels sur l'opinion.
Pour autant, l'importance encore très présente
de la structure audiovisuelle ne doit pas occulter le fait que le web a aussi
très largement impacté la façon dont les politiques
s'expriment à la télévision et à la radio. Le
centre d'archives que constitue le web ajouté au fait que l'information
circule à une vitesse jusqu'à présente jamais atteinte,
pratiquement en temps réel, pousse les politiques à être
plus prudents lorsqu'ils parlent et les chaînes et les stations de radio
à produire une information de qualité.
La télévision et la radio sont bien plus des
outils de diffusion d'idées que de véritables lieux de
débats comme peut être le web 2.0. Ils constituent un enjeu
central dans une stratégie communicationnelle appliquée par les
politiques car l'audience que les émissions peuvent réaliser et
l'impact du message véhiculé par ces canaux peut s'avérer
extrêmement puissant.
En effet, le web apporte un outil supplémentaire
à la communication politique et, il s'inscrit davantage dans une logique
de médium alternatif ou d'approfondissement de l'information, que dans
une logique de substitution des vieux média. Pour le dire autrement, il
est d'avantage un outil d'expertise de la parole et de l'information politique.
En réalité, l'évolution la plus importante
observée, c'est que l'opinion combine de plus en plus Internet avec les
médias traditionnels pour l'information politique pour juger de la
qualité des contenus livrés par ces vieux médias169(*). La structure traditionnelle
médiatique connaît plus une évolution des formes et des
pratiques qu'une révolution à proprement parler. Ainsi, on
constate que les pratiques se trouvent plus dans la continuité du
modèle traditionnel.
3.B) Des nouvelles pratiques de
communication dans la continuité du modèle traditionnel.
La communication politique a connu un certain nombre de
mutations importantes. Les plus visibles se situent au niveau des outils qui
offrent des possibilités de médiation alternatives aux partis et
personnalités politiques comme aux citoyens. Les nouvelles pratiques
observées dans le web social sont en réalité
calquées et héritées du schéma traditionnel de la
communication politique. En effet, cette déclinaison de pratiques
analogiques du monde numérique souligne deux choses, d'une part,
l'importance de l'outil technique qu'est le web et, d'autre part, le constat
que la structure traditionnelle joue un rôle encore très important
actuellement.
L'émergence puis l'irrésistible
développement de la structure audiovisuelle traditionnelle a
forcé les personnalités politiques à s'adapter à un
outil technique neuf. Cette adaptation s'est matérialisée par
l'apparition de nouvelles pratiques de communication telles que l'interview,
qui participe notamment à la personnalisation du discours, ou encore la
maîtrise encore plus importante de l'image, qui révèle une
autre évolution importante170(*).
Le web, qui finalement se situe dans le prolongement de la
télévision, a, comme au moment de sa montée en puissance,
poussé les personnalités politiques à s'adapter. Par
exemple, la présence sur le réseau Internet, suivie de la
maîtrise des outils de l'internet 2.0 pour un parti ou une
personnalité politique sont extrêmement importantes puisqu'elles
offrent la possibilité de s'adresser à une audience beaucoup plus
importante.
Par ailleurs, comme pour la télévision, le web
nécessite la compréhension du système de circulation de
l'information et de l'outil dans sa médiation pour être plus
efficace. De plus, le web, tout comme avec les émissions politiques
télévisuelles et radiophoniques a poussé dans le sens du
dialogue, direct et indirect plus important avec les citoyens. Comme dans le
schéma traditionnel, la compréhension de la communauté des
citoyens est décisive dans la médiation. Celle-ci, qui se faisait
essentiellement via les enquêtes d'opinion, qui demeuraient
néanmoins incomplètes, se décline sur le web via les
débats sur les forums politiques, les discussions sur les réseaux
sociaux ou encore par les commentaires sur les blogs171(*).
Enfin, comme ce fût le cas avec la
télévision par le passé, le web est de plus en plus devenu
un outil efficace de mobilisation des sympathisants et des militants.
Pour autant, les pratiques déclinées du monde
analogique dans le monde numérique ne doivent pas faire oublier que les
pratiques du monde numérique ont les mêmes objectifs que par le
passé. Par exemple, les objectifs essentiels demeurent la
séduction de l'opinion par la production d'un discours facilement
compréhensible et l'adhésion à un projet à des
idées afin de susciter l'engagement des citoyens. Le web décline
tout cela mais cela s'effectue par le canal des nouveaux outils du web 2.0 tels
que les réseaux sociaux, les sites, les blogs ou encore les très
récentes web TV. L'exemple des web TV des politiques est très
intéressant dans la mesure où désormais les politiques
peuvent faire de la télévision de façon
personnalisée et sans journalistes172(*). Le premier à avoir
créée sa web TV fût Nicolas Sarkozy en 2007 lors de la
course à l'élection présidentielle, il fût suivit
par le Parti Socialiste qui créa la sienne et puis par François
Bayrou. Cet exemple est particulièrement significatif puisqu'il s'agit
ici d'une déclinaison d'un format une fois encore issu du monde
analogique et prouve qu'il y a une continuité des pratiques et des
outils de communication du modèle traditionnel.
On remarque donc que le web change les façons de
communiquer en politique mais on se rend compte que les buts demeurent
sensiblement les mêmes. En effet, la nature des échanges est
identique à ceux que l'on observe dans la structure traditionnelle mais
les possibilités de le faire sont accrues grâce aux nouveaux
outils. Par exemple, la proéminence du conversationnel, de la
proximité, du débat d'idées ou encore des groupes de
réflexions reste identique. Les pratiques se déclinent mais elles
sont clairement dans la continuité du modèle traditionnel.
Cependant, on peut s'interroger sur la forme que peut prendre la communication
politique avec les évolutions que le web peut encore connaître.
3.C) Vers une nouvelle
évolution de la communication politique?
L'internet 2.0 a indéniablement aidé à la
mutation du schéma traditionnel par les outils qu'il propose et les
possibilités croissantes d'interaction à un niveau jamais
atteint. L'intronisation du web en politique est plutôt récente et
il constitue en réalité beaucoup plus une nouvelle une
étape qu'un nouveau modèle. Depuis les années 2005-2007,
la communication politique a connu un nouvel essor indiscutable des pratiques,
induisant une implication plus grande des citoyens dans le débat
politique et un échange beaucoup plus important avec les élus.
Les outils neufs participent également à ce nouvel essor,
l'émergence des blogs et enfin l'arrivée en force des
réseaux sociaux justifie cette affirmation. On constate également
non pas un retrait mais une forme d'affaiblissement engendrée par le
web. Néanmoins, on ne peut pas dire que les médias traditionnels
connaissent une disparition. Pour le dire autrement, le web joue actuellement
un rôle non négligeable dans la communication politique mais ce
n'est pas uniquement sur ce terrain que se gagne une élection et que se
joue la guerre de l'image et de l'adhésion.
Pour autant, on peut s'interroger sur quatre points
essentiels : le rôle à venir des médias traditionnels,
celui du web, la façon de l'appréhender et enfin le rôle
des anciens grands de la communication politique, les publicitaires. En
s'interrogeant sur ces quatre aspects décisifs qui fondent la
communication politique on peut se demander quelles évolutions pourra
connaître la communication politique.
A propos du rôle des médias grand public, une
quantité de débats existent et une multitude de points de vue
s'opposent. La problématique concernant cet aspect de la communication
politique est l'une des plus complexes, car comme l'analyse Pierre Moeglin et
Gaëtan Tremblay, la télévision par exemple, se trouve
confrontée à une évolution structurelle, qui met en jeu
notamment des questions d'ordre techniques et financières173(*). Ainsi, un possible
affaiblissement de leur emprise peut t-il avoir un impact sur le choix de la
part des politiques d'en faire leur outil préféré de
médiation et laisser à l'Internet le monopole ? D'autant
qu'une étude de l'IFOP datant du mois de Novembre 2010 montre que les
élus sont de plus en plus sur Internet et que la relation entre
élu et public s'établit de plus en plus sur cette plateforme, le
taux de pénétration d'Internet dans les foyers rejoignant
lentement mais sûrement celui de la radio et de la
télévision174(*).
Concernant le rôle à venir du web, que dire et en
penser son rôle ? Il devient de plus en plus important, dans la
médiation politique. Le poids social et technique de plus en plus
visible au cours des quinze dernières années et les
évolutions observées laissent réfléchir à
l'impact potentiel qu'il pourra avoir dans les années à venir. La
question mérite d'être posée et on peut également
estimer tout à fait possible que le web soit victime du foisonnement de
son offre. Peut-il encore se renforcer ou au contraire s'affaiblir à
moyen et long terme ?175(*)
Quant à l'avenir du web, Benoît Thieulin
émet une hypothèse intéressante sur la question. Il estime
qu'il sera amené à jouer un rôle encore différent et
modifiera encore plus les pratiques il explique :
« Les hommes politiques vont de plus en plus
utiliser Internet comme support pédagogique, c'est-à-dire qu'on
utilisera plus Internet pour expliquer la politique qu'on fait ou qu'on
souhaite faire ».
Il évoque également les évolutions
probables du point de vue des pratiques des citoyens :
« Je pense que les gens vont de plus en plus
prendre le temps d'aller sur Internet pour comprendre la politique, donner leur
point de vue et l'expliciter »176(*).
La réflexion de Benoît Thieulin rejoint
également l'idée d'une appréhension différente du
web, qui lui aussi pourra changer en fonction des conditions sociales et
politiques. Par exemple, il est évident que la dynamique actuelle, qui
fait du web un outil aussi important, permet de penser à une
évolution que l'on observe partiellement déjà, que l'on
pourrait qualifier d'installation d'un « média technique
démocratique ». En revanche, si les conditions politiques et
sociales évoluent encore à cette vitesse, il est possible de
penser à une évolution différente de l'outil pour autant,
il reste néanmoins très difficile de tabler dessus. Sur cette
question Dominique Wolton, oppose en revanche un regard un peu plus critique,
il estime qu'Internet pose d'énormes problèmes, notamment en
termes de valeur et de structure177(*). En effet, il interroge la logique d'Internet, qui
est un média relevant essentiellement de la demande et brouille par sa
complexité, l'offre. Ainsi, pour lui, une revalorisation de la
télévision généraliste serait nécessaire. D.
Wolton, considère la télévision comme essentielle au
maintien du lien social et du fonctionnement démocratique. Sur cette
interrogation, les débats en cours restent encore très vifs et
indécis, en effet, il y a d'une part, ceux qui voient dans le web un
outil essentiellement technique, offrant un éventail de
possibilités importantes entre autres, celles de débattre.
D'autre part, il y a ceux qui le perçoivent comme un instrument de
démocratie perfectionné178(*).
Enfin, le dernier point est celui des publicitaires. Ils sont
les premiers à avoir oeuvré dans le sens d'une médiation
fondée sur la rationalisation et la capitalisation de l'image politique.
Ceux-ci, ont joué un rôle considérable dans la
structuration du schéma traditionnel et ont vu avec l'émergence
et l'usage du web par les personnalités politique leur monopole
considérablement s'affaiblir. Sur cette question, les débats
persistent mais de façon globale, on juge que cet affaiblissement est
lié au fait que les hommes politiques ont, aujourd'hui, bien moins
besoin des publicitaires pour s'adresser à l'opinion car l'habitude et
la maîtrise relativement acquise des techniques de communication sont
désormais instituées.
Par exemple, Jacques Séguéla, publicitaire
reconnu et inventeur du slogan « La Force Tranquille »
utilisé par François Mitterrand lors de sa campagne pour
l'élection présidentielle de 1981 estime que le net est une
très mauvaise chose.
En réalité, la multiplicité des
débats sur les probables évolutions de la communication politique
pose différentes questions notamment sur l'importance de l'outil
technique qu'est le web sur les pratiques qui ont accompagné son
émergence et sur la façon dont on perçoit la
communication. Cependant, il est aujourd'hui difficile voir impossible de
quantifier précisément le rôle du web et ses effets sur
l'opinion car on manque de recul sur un outil qui est utilisé en
politique depuis moins de dix ans. On peut donc s'interroger sur un
élément central.
Dans quelles mesures et dans quelles proportions, la
sphère politique va-t-elle utiliser Internet pour échanger avec
l'opinion ?
* * *
CONCLUSION
Nous avons vu que le schéma traditionnel de la
communication politique s'était très largement construit autour
de l'appareil audiovisuel. Cette structure médiatique grand public a,
dans une très large mesure, participée de façon directe
à la structuration et à l'organisation de ce qu'on appelle
aujourd'hui la communication politique. En effet, elle s'est mise en place sur
la longue durée commençant par le Général de Gaulle
qui fut l'un des premiers à utiliser la télévision comme
un instrument d'échanges en direction de l'opinion publique. Il est
également le point de départ du basculement qui s'opère,
et que Christian Delporte analyse comme étant le passage d'un
système de médiation fondé sur la propagande à
celui d'une communication circulaire, dans laquelle l'image joue un rôle
décisif179(*).
L'émergence de la télévision constitue à cet
égard un fait déterminant puisqu'elle participe, par l'innovation
technique et sociale qu'elle apporte, à l'évolution des
conditions du jeu politique et social de la société
française au cours des années 1960.
La télévision introduit un modèle de
communication politique « médiatée », un
schéma qui s'appuie sur des supports pour véhiculer de
l'information, ce schéma se fige et demeure.
Les années 1960, qui sont des années de
mutations sociales et politiques profondes, représentent en
réalité une première étape décisive dans la
maturation du modèle de la communication politique. On voit avec la
télévision, l'affaiblissement de la structure radiophonique qui
était dominante et qui constituait, par le passé, le premier
outil de communication. Cependant, il faut le repréciser, celui-ci ne
disparaît pas totalement. Les années 1960 voient
l'émergence des premières campagnes officielles à la
télévision à partir de 1965 et des premières
émissions politiques télédiffusées, celles-ci,
connaissent déjà, un succès probant et participent
à l'évolution du regard de l'opinion sur le discours et l'image
politique.
Par ailleurs, on observe également l'apparition de
nouvelles techniques de communication, de nouveaux outils et de nouveaux
enjeux. Un des enjeux décisifs est celui de la reconsidération de
l'opinion publique, perçu désormais comme un acteur à par
entière de la vie politique. Ce nouveau regard porté sur
l'opinion pousse les politiques à changer leur façon de
communiquer et à comprendre de quelles façons le glissement du
discours est perçu par elle. On voit ainsi l'émergence du
sondage, que l'on confronte à l'homme politique, comme le nouvel outil
de mesure de cette opinion. Ceux-ci, modifient également la structure
audiovisuelle, qui au cours des années 1970, évolue. Par exemple,
les émissions de plateaux sur le mode de l'interview laissent place
à des émissions dans lesquelles les politiques répondent
de plus en plus à un panel de Français.
Ainsi, la structure des émissions politiques à
la télévision change, et s'orientent de plus en plus vers une
plus grande théâtralisation et laisse à l'opinion une place
de plus en plus importante au sein de celles-ci.
Par ailleurs, l'importance accordée à l'opinion,
ajoutée aux effets du discours sur cette même opinion, ont
forcé à faire du sondage un des outils
préférés des politiques et à l'imposer comme un
élément décisif de la médiation avec l'opinion. Ce
qui atteste de cette logique, c'est l'institutionnalisation progressive au
cours des années 1980 de la pratique du sondage. Pour autant,
l'influence que celui-ci peut avoir sur l'opinion publique, en raison du
crédit apporté à ceux-ci par les politiques puis par
médias qui les relaient très largement, est problématique
et doit être tempérée. Avec l'émergence de la
télévision apparaît également deux pratiques
nouvelles et extrêmement importantes dans le schéma traditionnel,
le marketing politique et la personnalisation du discours et de la vie
politique française. Ces deux pratiques conjuguées accordent
à l'image et au discours une place jusque là inédite.
L'histoire du schéma traditionnel de la communication
politique moderne est donc très liée à celle de
l'émergence de la télévision, qui offre de nouvelles
perspectives de médiation, et au changement de régime politique
qui s'opère à partir de 1958, lors du basculement dans la Ve
République.
Nous avons également vu que l'Internet 2.0, qui
émerge dans la première moitié des années 2000, a
comme la télévision, permis l'émergence de nouvelles
pratiques et de nouveaux enjeux pour la sphère politique et l'opinion.
L'Internet 2.0 se trouve dans le prolongement du schéma traditionnel et
apporte, sous une forme bien plus poussée et différente, une
interactivité accrue et modifie les conditions du jeu de la
démocratie en France. L'évolution essentielle qu'apporte le web
à la communication politique, c'est la modification du mode de
communication entre partis et personnalités politique. En effet, on
passe d'un système de communication
« médiatée », fondé sur des supports
pour véhiculer l'information, à un système tourné
vers la communication directe et interindividuelle. Malgré tout, le
glissement n'est pas total, puisque le web offre une nouvelle forme de
communication « médiatée » mais qui provoque
dans le même temps cette interindividualité dans la communication.
C'est en ce sens qu'il faut comprendre que le web 2.0 constitue une nouvelle
étape dans la communication politique moderne.
Il ne faut pas oublier que la structure audiovisuelle
classique a apporté une première pierre à l'accroissement
de la communication avec l'opinion. Par exemple, on a vu que le web donnait un
pouvoir plus important à l'opinion, qui se mue désormais en
internaute, qui discute, donne son avis, échange, se forge une opinion
et qui peut désormais jouer un vrai rôle dans la vie politique du
pays, comme ce fût le cas lors des discussions sur le T.C.E. 180(*). Nous avons que
l'émergence de nouveaux outils tels que les réseaux sociaux, les
sites Internet des partis politiques ou les blogs ont également
très largement contribué, comme ce fût le cas dans les
années 1960 mais dans une très large mesure, à faire
évoluer la relation entre les élus et les citoyens. On a
également observé que les blogs et les réseaux sociaux
font partie des dispositifs essentiels de la personnalité politique et
que les sites politiques le sont également mais pour les partis
politiques actuellement. Nous avons vu que ces nouveaux outils de communication
vont dans le sens d'une interactivité accrue et personnalisée, on
passe donc à une logique de discours en direction des masses à
une logique de discours personnalisé et plus circulaire. A cet
égard, l'exemple de Benoît Hamon et de Nathalie Kosciusko-Morizet
qui illustre cette idée.
Nous avons remarqué que le modèle traditionnel
connaissait un nombre bien plus important de mutations bien plus une
révolution totale. On le voit, malgré le poids croissant du net
dans la vie des français et dans celles des politiques, on constate
qu'en réalité la télévision et la radio demeurent
le principal lieu de l'information politique, les JT de 20h, notamment qui
invitent des personnalités politiques d'envergure- ou encore les
émissions politiques à la radio ou à la
télévision restent globalement les mêmes. On voit
même qu'en période électorale une multiplication de ces
émissions ce qui prouve l'importance et l'intérêt de ces
émissions. Comme nous le précisait, Benoît Thieulin,
même si le web joue actuellement un rôle extrêmement
important, il est bien plus « un outil d'expertise »
des médias traditionnels et un lieu de débat qu'un canal
privilégié par les personnalités politiques. Cependant, il
est nécessaire de préciser que cette logique varie en fonction de
la place de la personnalité politique dans la structure
médiatique.
On a vu que les pratiques observées sur les nouveaux
supports sont en réalité dans la continuité du
modèle du modèle traditionnel. Concrètement, si les outils
et les façons de faire évoluent, le but reste le même,
celui de séduire afin d'obtenir l'adhésion à des
idées et à un projet.
Cependant, on peut s'interroger sur l'évolution de la
communication politique et des transformations qu'elle pourra connaître.
Chaque époque possède son outil technique, à chaque fois,
les outils, qui se succèdent offrent à la société
et à la vie politique plus d'interactivité entre élus et
opinion.
* * *
- TABLE DES MATIERES -
INTRODUCTION
5
CHAPITRE I : LE SCHÉMA DE LA
COMMUNICATION POLITIQUE TRADITIONNELLE EN PRÉSENTATION.
13
1) UN MODÈLE STRUCTURÉ ET
MÉDIATIQUE : CONSTRUCTION ET ÉVOLUTION DU SCHÉMA
TRADITIONNEL DE LA COMMUNICATION POLITIQUE FRANÇAISE.
13
1.A) Hommes politiques et médias :
La prédominance de l'appareil audiovisuel.
13
1.B) Opinion publique et sondages.
23
1 C) Le marketing politique :
Maîtrise de l'image, personnalisation du discours et séduction de
l'opinion.
29
CHAPITRE II : LA «
RÉVOLUTION » NUMÉRIQUE. EMERGENCE D'UN NOUVEAU
MÉDIUM ET DE NOUVEAUX ENJEUX.
36
2) LE WEB 2.0, NOUVEL ESPACE DE
COMMUNICATION : APPARITION DE NOUVELLES PRATIQUES ET DE NOUVELLES FORMES
DE SOCIABILITÉS.
36
2.A) L'intronisation du web 2.0: Une
évolution décisive dans les modes de médiation entre
sphère politique et opinion.
36
2.B) Les réseaux sociaux en
définition : Des nouveaux modes de communication en pleine
croissance et nouvelle forme de marketing politique.
43
2.C) Les sites des partis politiques : Des
plateformes d'information, d'échanges et de mobilisation.
56
2.D) Les formes alternatives : Blogs de
politiques, espaces de communication et de valorisation de l'image.
63
CHAPITRE III : DÉCLIN OU
MUTATION DU MODÈLE TRADITIONNEL ?
69
3) UNE
« ÉVOLUTION » PLUS QU'UNE
« RÉVOLUTION » DES FORMES ET DES PRATIQUES DU
SCHÉMA TRADITIONNEL.
69
3.A) Télévision et Radio :
Des vieux médias qui conservent leurs positions.
69
3.B) Des nouvelles pratiques de communication
dans la continuité du modèle traditionnel.
74
3.C) Vers une nouvelle évolution de la
communication politique?
76
CONCLUSION :
80
BIBLIOGRAPHIE
86
WEBOGRAPHIE
93
TABLE DES ANNEXES
95
BIBLIOGRAPHIE
Sur la communication politique (pratiques,
théories sociales et évolutions)
- GERSTLE JACQUES, La Communication politique,
Paris, A. Colin, Cursus, 2008, 255pp.
- GINGRAS ANNE-MARIE, La Communication politique :
Etats des savoirs, enjeux et perspectives, Québec, Presses
Universitaires du Québec, Le Delta, 2005, 275 pp.
- CAYROL R, La nouvelle communication politique, Paris,
Larousse, 1986, 213 pp.
- MERCIER ARNAUD, La Communication politique, Paris,
CNRS, essentiels d'Hermès, 2008, 161 pp.
- MAUNIER CECILE, « La communication politique en
France, un état des lieux », Market Management,
n°4, 2006, 82 pp.
- MAAREK P.-.J, La communication politique
française après le tournant de 2002, Paris, L'Harmattan,
Communication et Civilisation, 2003, 230 pp.
- RENARD LUDOVIC, Vers une nouvelle communication
politique : Analyse des médias d'information depuis la campagne
présidentielle de 2007, Paris, n° 13, 2007, 17pp.
- MAAREK P.-J. (Sous la direction de), La communication
politique de la présidentielle de 2007 : Participation ou
représentation ?, Paris, L'Harmattan,
Communication et Civilisation, 2008, 189 pp.
- GERSTLÉ JACQUES, Les effets d'information en
politique, Paris, L'Harmattan, 2001.
- BUÉ NICOLAS et NOLLET JEREMIE, « Gouverner au
nom des habitants. Métier d'élu, action publique et médias
locaux », dans Virginie Anquetin et Audrey Freyermuth, (dir.), La
figure de l'« habitant ». Sociologie politique de la demande
sociale, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008, p. 35-54.
- DELPORTE CHRISTIAN, Une histoire de la séduction
en politique, Paris, Flammarion, Broché, 2011, 378pp.
Sur le discours et l'image en communication
politique.
- JERECZEK-LIPINSKA JOANNA, « De la
personnalisation dans la communication politique : L'effet du
« je », Synergie, N°4, 2007, 147-155pp.
- COTTERET J.-M., Gouverner c'est paraître, les
masques du pouvoir, Paris, Vuibert, 1991, 189 pp.
- SALAVASTRU C., Rhétorique et politique : le
pouvoir du discours et le discours du pouvoir, Paris, L'Harmattant, 2004,
311pp.
- CHARAUDEAU PATRICK, « Le discours politique.
Les masques du pouvoir », Paris, Vuibert, 2005, 127 pp.
- LE BART C., « Le discours
politique », Paris, PUF, 1998, 265 pp.
- CHARAUDEAU PATRICK, Le discours politique. Les masques
du pouvoir, Paris, Vuibert, 2005, 245 pp.
- ANIS J., Internet, communication et langue
française, Paris, Hermès, Science Publications.
- REBOUL ANNE et MOESCHLER JACQUES,
« Pragmatique du discours. De l'interprétation de
l'énoncé à l'interprétation du
discours », Paris, Armand Colin, 1998.
- DELPORTE CHRISTIAN « Image, politique et
communication sous la cinquième république »,
Vingtième Siècle. Revue d'histoire,
N°72, Octobre-Novembre 2001, 109-123.
Sur la notion de marketing
politique.
- ALBOUY SERGE, Marketing et communication politique,
Paris, Ed. L'Harmattan, Logiques sociales, 1994, 340pp.
- MAAREK J.-P., Communication et Marketing de l'homme
politique, Paris, Litec, Carré droit, 2007, 266pp.
- LINDON D., Le marketing politique, Paris, Dalloz,
1986, 178 pp.
- BOBIN J-P, Le marketing politique : vendre l'homme
et l'idée, Milan, 104 pp.
Sur les médias traditionnels, la
communication politique et les partis politiques.
- WENGER KLAUS, « La radio : Une contribution
à la culture politique », Matériaux pour l'histoire
de notre temps, n°55-56, 78-82pp.
- MOUCHON J., « Le résistible déclin
du débat public à la télévision »,
Mots, ENS LSH Lyon, n° 67, 2001, 8 pp.
- AJAVON F.-X., « Perspectives et enjeux politiques
de la veille médiatique audiovisuelle », Market
Management, N° 13, 2006, 5-21pp.
- CHARLOT JEAN, Les partis politiques, Paris, A.
Colin, 1971.
- DARRAS ERIC, « Permanences et mutations des
émissions politiques en France », Recherches en
communication, N°24, 2005, 110-128pp.
- BOURDON JERÔME, Histoire de la
télévision sous de Gaulle, Paris, INA-Anthropos, 1990.
- DELPORTE CHRISTIAN « De la propagande à la
communication politique », Le débat, N°138,
Janvier 2006, 30-45pp.
- DELPORTE CHRISITIAN, « Le face-à-face
télévisuel », colloque Parole et médiation,
École française de Rome, décembre 1999.
- ESQUENAZI JEAN-PIERRE, Télévision
et démocratie, Paris, PUF, 1999, 176 pp.
- NEVEU ERIK « Les émissions politiques
à la télévision : Les années quatre-vingt ou
les impasses du spectacle politique », Rennes,
Hermès, Institut d'Etudes Politiques, N°17-18, 1995.
- CAYROL ROLAND, « La revanche de
l'opinion : Médias, sondages, Internet », Paris,
Jacob Duvernet Ed, Quelle France Demain, 2007, 205 pp.
- LE FOULGOC AURELIEN, « Politique &
télévision : Extension du domaine politique »,
Paris, I.N.A, Médias essais, 2010, 210pp.
- MOEGLIN PIERRE, TREMBLAY GAËTAN, L'avenir de la
télévision généraliste, Paris, L'Harmattan,
Communication et civilisation, 2005, 251pp.
Sur le Web, les réseaux sociaux et la
communication politique en général.
- CANDEL ETIENNE, VALERIE JEANNE-PERRIER « Les blogs
de peu et la politique ordinaire », Communication et
langages, n° 151, 2007, 49-64 pp.
- PENE SOPHIE, « Bloguer la politique »,
Communication et langages, n° 134, 2007, 5-13pp.
- GROSSETTI MICHEL, « Communication
électronique et réseaux sociaux », Flux,
n°29, 1997, 5-13pp.
- ZETLAOUI TIPHAINE, « Le pouvoir politique
français face aux techno-réseaux », Quaderni,
n°55, 2004, 143-165 pp.
- DAHLGREN PETER, RELIEU MARC, « L'espace public et
l'Internet. Structure, espace et communication »,
Réseaux, n°100, 2000, 157-165 pp.
- MARCOCCIA MARIA., « Parler politique dans un forum
de discussion », Langage & société,
n° 104, 2003, 9-55pp.
- MERCANTI-GUERIN MARIA, « Facebook, un nouvel outil
de campagne : Analyse des réseaux sociaux et marketing
politique », La Revue des Sciences de gestion, n°242,
Avril 2010, 15pp.
- YANOSHEVSKY GALIA, « L'usage des vidéoblogs
dans l'élection présidentielle de 2007. Vers une image
plurigérée des candidats », Mots. Les langages du
politique, n°89, 2009,12-24pp.
- MARCOCCIA MARIA, « Les webforums des partis
politiques français : Quels modèles de discussion
politique ? », Mots. Les langages du politique,
n°80, 2006, 4-68pp.
- MERCKLE P., Sociologie des réseaux sociaux,
Paris, La Découverte, Coll. Repères, 2004.
- CARDON DOMINIQUE, GRANJON FABIEN, « Médias
alternatifs et média-activistes », dans Eric Agrikoliansky, Olivier
Fillieule, Nonna Mayer (dir.), L'altermondialisme en France. La longue
histoire d'une nouvelle cause, Paris, Flammarion, 2005, p. 175-198.
- CARDON DOMINIQUE et DELAUNAY-TETEREL HELENE, « La
production de soi comme technique relationnelle. Un essai de typologie des
blogs par leurs publics », Réseaux, 24 (138), 2006,
p.17-71.
- FLICHY PATRICE, L'imaginaire d'Internet, Paris, La
découverte, 2001.
- GREFFET FABIENNE, « Les partis politiques
français sur le Web », dans Dominique Andolfatto, Fabienne Greffet
et Laurent Olivier (dir.), Les partis politiques, quelles perspectives
?, L'Harmattan, 2001, p. 161-178.
- SAUGER NICOLAS, « Les partis sur le Net :
première approche des pratiques virtuelles des partis politiques
français », dans Serfaty, Viviane (dir.), L'Internet politique,
des Etats-Unis à l'Europe, Strasbourg, Presses universitaires de
Strasbourg, 2002, p.179-195.
- SERFATY VIVIANE, « La persuasion à l'heure
d'Internet. Quelques aspects de la cyberpropagande », Vingtième
Siècle. Revue d'histoire, 80, 2003, p 123-131.
- FAYON DAVID, KOSCIUSKO-MORIZET DAVID, PUJOLLE GUY,
«Web 2.0 et au-delà : nouveaux internautes du surfeur à
l'acteur », Paris, Economica, 2008, 226 pp.
- VITALIS ANDRE (dir.), Médias et nouvelles
technologies, pour une socio-politique des usages, Paris, Apogée,
1994.
Sur la communication politique des partis et des
personnalités politiques sur Internet.
- BARBET DENIS, BONHOMME MARC, RINN MICHAEL, « La
politique mise au net », Mots. Les langages du politique,
n°80, Mars 2006, 12-23pp.
- GREFFET FABIENNE, ANDOLFATTO D, Les partis politiques
français sur le Web, Paris, Budapest, Turin, L'Harmattan, 2001,
161-178 pp.
- YILDIZ HELENE, Internet : un nouvel outil de
communication multidimensionnel, Strasbourg, ed. V Serfaty, Presses
Universitaires de Strasbourg, 2002, 275-290 pp.
- ETHUIN NATHALIE (dir. de thèse), BAILLY ANNE
CHARLOTTE, Internet, un nouvel outil politique : L'exemple de la
blogosphère du P.S lors de l'élection présidentielle de
2007, Paris, S.I, 2008, 256 pp.
- CROUZET THIERRY, Le cinquième
pouvoir : Comment Internet bouleverse la politique, Paris, Bourin,
2007, 284 pp.
- BENVEGNU NICOLAS, « Au-delà de la technique :
l'introduction d'Internet dans le répertoire de mobilisation
électorale de candidats en campagne. Le cas des élections
législatives de juin 2002 », Terminal, (92), 2005,
p.15-25.
- BOUSQUET FRANCK, « La net-campagne de 2007, entre
mobilisation et participation » dans Philippe Maarek (dir.), La
communication politique de la présidentielle de 2007, Paris,
L'Harmattan, 2009, p. 105-120.
- YANOSHEVSKY GALIA, « Les réseaux sociaux et
l'échange entre l'homme politique et les internautes : le cas de
Facebook après les élections présidentielles en France
», Argumentation et Analyse du Discours, La lettre, laboratoire
des valeurs ? 2010, N°5, 15pp.
- GREFFET FABIENNE, « Les campagnes sur la Toile »,
Revue politique et parlementaire, 1044, 2007, p. 45-49.
- GREFFET FABIENNE (dir.), « Continuerlalutte.com,
Les partis politiques sur le Web », Publications Sciences-Po (
à paraître), 2011, 324pp.
Sur l'opinion publique et les
sondages.
- BOURDIEU PIERRE, « L'opinion publique n'existe
pas », Les temps modernes, N° 318, Janvier 1973,
1292-1309 pp.
- BLONDIAUX LOÏC, La fabrique de l'opinion :
Une histoire sociale des sondages, Paris, Science politique, Ed. du Seuil,
1998, 602pp.
- DOWER GILLES, Peut-on croire les sondages ?,
Paris, Ed. du Pommier, 2002.
- CHAMPAGNE PATRICK, Faire l'opinion. Le nouveau jeu
politique, Paris, Editions de Minuit, 1990.
- ANTOINE JACQUES, Histoire des sondages, Odile
Jacob, 2005.
- JALLOT NICOLAS, Manipulation de l'opinion - Ce sont les
sondages qui le disent..., Stock, 2007.
- CAYROL ROLAND, Sondage mode d'emploi, Paris, Presse
Science-Po, 2000.
- RIVIERE EMMANUEL, HUBE NICOLAS, Faut-il croire les
sondages ?, Bordeaux, Ed. Prométhée, Pour ou
contre ?, 2008.
- STOETZEL JEAN, « Les sondages et l'élection
présidentielle de 1965 », Revue française de
sociologie, 1966, N° 72, 147-157 pp.
Sur la démocratie et Internet
- ROSANVALLON PIERRE, La contre-démocratie. La
politique à l'âge de la défiance, Paris, Seuil, 2006,
p. 75.
- VEDEL THIERRY, « L'idée de démocratie
électronique. Origines, visions, questions », dans Pascal Perrineau
(dir.), Le désenchantement démocratique, La Tour
d'Aigues, Editions de l'Aube, 2003, p. 243-266.
- OBERDORFF HENRI, La démocratie à
l'ère numérique, Grenoble, PUG (Presses Universitaires de
Grenoble, 2010, 168pp.
WEBOGRAPHIE
Sites d'archives :
http://www.ina.fr/video
Sites de réseaux sociaux
généralistes :
https://www.facebook.com
http://twitter.com
https://joindiaspora.com
www.foursquare.com
Sites de réseaux sociaux des partis
politiques :
http://
www.desirsdavenir.org
http://www.lesdemocrates.fr
http://
www.lescreateursdepossibles.com
Sites de partis politiques :
http://www.parti-socialiste.fr
http://www.lesdemocrates.fr
http://www.lemouvementpopulaire.fr
Sites des instituts de
sondages :
http://
www.ifop.com
http://
www.mediametrie.fr
http://www.tns-sofres.com
http://www.ipsos.fr
http://www.sondages-en-france.fr
Sites traitant de la vie politique
française :
http://
www.terrepolitique.com.
http://www.france-politique.fr
http://www.temps-reels.net
http://www.charles-de-gaulle.org
Sites traitant de marketing :
http://www.france-communication.com
http://www.webmarketing-com.
http://www.strategies.fr
http://www.katorze.com
Sites institutionnels :
http://www2.cnrs.fr
http://www.commission-des-sondages.fr
Sites d'information :
http://www.lepost.fr
http://www.lexpress.fr
http://www.liberation.fr
http://www.journaldunet.com
Les blogs de personnalités
politiques :
http://www.bayroublog.com
http://www.francoishollande.fr.
Sites de vidéos en
ligne :
http://www.youtube.com
http://www.canalplus.fr
TABLE DES ANNEXES
ANNEXES :
- 1.
- 2.
http://www.ina.fr/video/I10026960/vge-a-propos-des-difficultes-des-francais-et-des-immigres.fr.html
- 3
(Interview B. Thieulin)
Entretien réalisé le
Lundi 11 Avril 2011 en compagnie de Benoît Thieulin
Quinchy Riya : Pouvez-vous me donner votre
définition du Web 2.0 ?
Benoît Thieulin :
Le Web 2.0, c'est le web social, c'est-à-dire, le web
pris sous l'angle des activités que l'on peut faire dans le nouvel
espace social, que constitue Internet. Il vient compléter le
« web 1.0 », web dans lequel on voyait plus une logique de
push et essentiellement informationnelle. Dans le web 2.0, on est dans une
déclinaison très riche, foisonnante et qui n'est par ailleurs pas
encore finie. Il met en oeuvre des activités sociales au sens large du
terme, qui passent par de l'interactivité plus prononcée, des
productions de contenus plus importantes et une logique d'échanges
à grande échelle. Finalement, des activités qui existent
dans le monde réel mais que l'on applique sur le web.
Q.R Selon-vous, dans quelles mesures, le Web 2.0 a-t-il
modifié les pratiques d'échanges par rapport à
Internet ?
B. Thieulin :
Dans le web 2.0, Internet se reconnecte à la vie
réelle. En réalité, on assiste beaucoup plus à une
déclinaison des activités analogiques dans le monde
numérique. Par ailleurs, il est évident qu'il existe des usages
propres au monde numérique et évidemment, il y a de nouveaux
usages déclinés du monde analogique. Cependant, ce processus
s'est construit en trois temps différents. Il y a d'abord, le fait que
l'on décline des choses dans le monde numérique qui proviennent
du monde analogique (ex : l'achat de produits sur Internet qui s'effectue
différemment, à cette activité s'ajoute une logique de
réflexion plus importante) et que l'on fait globalement pareil. Il faut
également penser que l'on décline d'abord et que les effets se
font ressentir ensuite mais qu'il existe aussi des activités propres au
monde numérique.
Q.R : Vous avez fait partie de l'équipe qui
s'est chargée de la net -campagne de Ségolène Royale lors
de l'élection présidentielle de 2007. Quel a été
précisément votre rôle lors de cette campagne ? De
votre point de vue, qu'est-ce que le web et les réseaux citoyens ont-ils
concrètement apportés à cette campagne ?
Benoît Thieulin :
J'ai dirigé la campagne Internet. Cela signifie que
j'étais responsable des sites Internet et des équipes
bénévoles ou professionnelles qui travaillaient lors de cette
campagne. Je précise, que j'ai été le gérant de la
campagne numérique de Ségolène Royal au cours des
primaires Socialistes de 2006 et de l'élection présidentielle de
2007. Concrètement, le web et les réseaux sociaux ont
essentiellement apportés deux choses. La première, c'est que cela
a permis d'organiser des débats à un niveau de popularité
et de contribution relativement important, il y a eu environ des dizaines de
milliers de contributions et plusieurs centaines de milliers, voir de millions
de personnes qui ont participé aux débats. Il y a donc eu un
effet très fort. On a outillé le débat et la consultation
publique sur Internet, et Je crois que sans Internet, on aurait eu beaucoup de
mal à le faire. La deuxième, est très «
Obamienne » dans le sens où un des enjeux était
d'utiliser Internet pour organiser la campagne. Certes, la campagne
numérique de S. Royal, très embryonnaire, précède
celle de Barack Obama mais l'esprit d'une mobilisation à très
grande échelle est similaire. En quelques mois, on a réussis
à « quadriller » le territoire des
représentants des intérêts de Ségolène Royal,
c'est-à-dire, les comités locaux. En l'espace d'à peine
six mois, on en a eu plus de cinq cent sur tout le territoire de la
république. Ce travail de coordination à partir d'Internet a
été très important. Au final, nous avons eu à
modérer et à maîtriser ce foisonnement de participation ou
encore à gérer les conflits. Vraisemblablement, on a eu à
organiser une chose qui se gérait de manière complètement
décentralisée. Sans le net, toute cette mobilisation n'aurait
jamais été possible et S. Royal, n'aurait jamais pu en l'espace
de six mois créer un mouvement politique présent dans tous les
territoires de la France. Concrètement, avec le coup de
téléphone et le fax, il aurait fallu trois ans, alors que nous
avons réalisé tout ce travail en à peine six mois.
Internet est un vrai accélérateur et la candidature de S. Royal
aurait été difficile sans cela.
Internet a été aussi important dans la mesure
où il a permis de porter un discours au sein des médias
traditionnels, qui permettait de faire venir les gens.
En réalité, il y a une filiation entre la
campagne de S. Royal et celle B. Obama. En réalité, je me suis
inspiré de ce que j'ai vu aux Etats-Unis mais aussi de ce que j'ai vu
en France en 2005 (concernant la mobilisation qui précède le
référendum sur la constitution européenne en 2005,
ndlr). Dans le web généraliste et dans le web politique, on
passe son temps à regarder ce que les autres font. Il y a une sorte de
culture du « mix » et du « remix »,
tout cela, puisant aux mêmes sources. Je ne pense pas que de la part
d'Obama il y ait eu d'inspiration intentionnelle vis-à-vis de ce que
nous avons pu faire. Certes, nous avons apporté notre pierre à la
construction d'un web politique beaucoup plus porté sur les
débats, alors que dans la campagne d'Obama, la dimension de
débat était beaucoup plus absente. D'ailleurs, S.
Royal poursuit encore à ce jour, ce travail porté sur le
débat public. C'est vrai aussi, nous avons aussi tâté la
question « organisationnelle », même si nous sommes
allés beaucoup moins loin qu'Obama, mais il a aussi surtout beaucoup
regardé ce qu'avait fait Howard Dean. Clairement, l'expérience de
S. Royal raisonne avec celle de B. Obama et il y a un lien évident entre
ces deux campagnes, lorsqu'elles sont remises dans le contexte, de ce que l'on
pourrait qualifier, de « l'archéologie du web
politique ».
Q.R : Selon vous, comment expliquez-vous aujourd'hui,
le fait que les personnalités politiques envahissent de plus en plus la
toile ? A partir de quand avez-vous pris conscience que le net pouvait
constituer un outil de médiation politique?
B. Thieulin :
Depuis 2005, on dit du web qu'il est un « outil de
médiation politique », et des exemples le prouvent. A titre
personnel, je suis convaincu qu'il l'est depuis bien avant cette date. Lors du
référendum sur la constitution Européenne de 2005,
plusieurs débats (à partir de fin 2003-2004, ndlr)
précédant le référendum se sont fait sur Internet.
Le débat public s'est joué sur Internet lors de cette
période. Cela fait donc déjà 6-7 ans que le web est devenu
un véritable outil de médiation politique. On sait, on a pris
conscience qu'Internet est devenu un lieu de médiation politique fort.
D'ailleurs, c'est beaucoup plus un lieu de médiation du débat
public qu'un lieu de médiation des hommes politiques.
Les politiques Français ne sont pas si en retard que
cela car les politiques sont très calés sur la demande, en
réalité, ils sont régulièrement en campagne et
plutôt souvent en contact l'électorat, ils savent donc
l'importance de la maîtrise des outils.
Dans le web politique Français, on retient une date,
qui a eu un retentissement sans précédent. C'est l'année
2005, qui correspond à celle du référendum sur le
traité de la constitution Européenne, à cette
époque, beaucoup d'hommes politiques s'aperçoivent très
vite qu'il y a un bouleversement qui s'opère avec le net. Contrairement
à ce que l'on peut penser sur le soit disant « retard
Français » (Sur les nouvelles technologies, ndlr.),
les Français ont eu très tôt cette maturité et cette
prise de conscience de l'impact du web sur la vie politique. Pour moi, la
première fois dans l'histoire que le web a changé la donne
politique dans un pays, c'est en 2005 et c'est en France lors du traité
sur la constitution Européenne, et cela bien avant les Etats-Unis. Pour
preuve, Howard Dean, qui fût l'un des premiers à user du web dans
le cadre d'une campagne électorale, n'a pas remporté les
élections primaires de son parti en 2003.
En 2005-2006, il y a deux évènements majeurs
dans l'histoire du web politique. Le premier, c'est le T.C.E.
(Traité sur le fonctionnement de l'Union Européenne,
ndlr), je pense sincèrement que c'est le web qui a contribué
à le faire perdre, d'ailleurs on voit avec cet exemple, l'impact que
peut avoir le web politique. Le deuxième, c'est en 2006, en France,
lorsque S. Royal gagne les primaires socialistes avec Internet. Donc, le Web
politique Français est donc très en avance pour plusieurs raisons
qui tiennent essentiellement au fait que la France est un pays très
équipé, la France a certainement le marché Internet le
plus dynamique au monde et le réseau très haut débit est
plus présent en France qu'aux Etats-Unis, il y a également une
diffusion en France des pratiques qui est très élevée.
Autre raison, le poids et la passion politique en France expliquent aussi cette
avance. Si l'on combine le dynamisme du marché Français à
cette passion pour la vie politique Française, on peut expliquer et
comprendre pour quelles les raisons les deux évènements majeurs
du web politique se sont passés en France.
En revanche, sur la pratique des hommes politiques, nous
sommes un peu en retard, cela tient à des raisons sociologiques bien
identifiées, les élites politiques Françaises sont
vieillissantes plus que dans les autres pays. La moyenne d'âge des hommes
politiques Français et à peu près de 20 ans
supérieure à la moyenne d'âge des élites politiques
Américaines ou Anglaises. Q.R : D'après une
étude menée par le politologue Thierry VEDEL, qui questionne la
notion de « fracture civique », étude parue dans le
Monde de Juin 2010, T.VEDEL conclue que « les médias
traditionnels constituent encore aujourd'hui, le principal terrain
d'information sur la vie politique » (en dépit de la place
grandissante qu'occupe le web actuellement). Un an après, êtes
vous d'accord avec ces conclusions ? Estimez-vous, qu'Internet soit devenu
un outil absolument essentiel en démocratie ? Comment mesurez-vous
l'impact du net sur la vie politique française ?
B. Thieulin :
Pour commencer, je ne suis pas en total accord avec lui sur le
sujet. Pour cette question, le « oui » ou
« non » n'est pas suffisant. Il faut voir le rôle de
chacun des médias et c'est là-dessus que je trouve que les
conclusions qui émergent de cette étude restent très
sommaires. La télévision, tout comme la radio mais dans une bien
moindre mesure, reste le média qui impose l'agenda politique, cela est
indéniable. Si la télévision évoque un sujet, il y
a de fortes chances pour qu'on en parle, en revanche, si la
télévision n'en parle pas, il y a moins de chances pour qu'on en
parle, c'est un fait. Pour autant, s'il y a des décalages énormes
entre les médias traditionnels et ce que l'opinion veut voir inscrit
à l'agenda médiatique, il peut y avoir conflit. Par exemple,
l'affaire de l'EPAD avec Jean Sarkozy ou encore l'affaire Polanski. En
réalité, quand il y a d'énormes décalages entre ce
que la société souhaite voir discuter et ce que les médias
font, il peut y avoir l'émergence d'un nouvel acteur via Internet. Bien
sûr que la télévision reste dominante mais elle peut voir
son rôle de prescripteur de l'agenda politique et médiatique
être supplanté lorsque les conflits sont trop énormes.
Autre question, Est-ce que le débat public se passe
à la télévision, dans la presse traditionnelle ou sur
Internet ? Moi, je crois qu'il n'y a pas de réponse univoque. La
télévision c'est les J.T, les talk-shows et les émissions
politiques. Les reportages font entre 50 secs et 1mn30 et la moyenne des
citations des hommes politiques dans ces reportages c'est entre 5 et
10 secs. Autant dire que, pour couvrir un débat public, c'est
très court. On peut certes imposer un sujet mais on aura du mal à
comprendre les prises de positions générales des acteurs et on
aura également du mal à se faire une idée dans un format
si réduit. Donc, la télévision reste la prescriptrice de
l'agenda politique mais elle frustre le besoin de débattre, c'est donc
ailleurs que le débat se structure. Le format des J.T n'est pas
calibré pour la parole politique. Pour les talk-shows, c'est pareil,
même si vous disposez d'un tout petit peu plus de temps pour vous
exprimer. Enfin, les émissions politiques, elles, touchent beaucoup
moins de gens et restent finalement que du débat par procuration. Par
exemple, quand je regarde « Ce soir ou Jamais »,
je ne discute pas mais je me projette dans les discussions des autres, ce n'est
pas complètement du débat public, la télévision a
donc un rôle.
Aujourd'hui, je crois que le débat public se passe
beaucoup sur Internet. D'abord, des études le prouvent, notamment celle
de l'IFOP de 2009, qui indique que désormais une majorité de
Français s'informe sur la vie politique par le biais d'Internet. Et
puis, par ailleurs, Internet est le lieu de l'hyperspécialisation, de la
structuration par communauté, etc. C'est donc là que la
précision du débat public se porte puisqu'il n'y a pas de limite
de volume notamment. En réalité, je ne suis pas contre ce que dis
T. VEDEL mais j'appose une réponse un peu plus compliquée. Pour
moi, la télévision conserve son rôle de prescripteur de
l'agenda politique et médiatique, encore que ce rôle là,
est encadré par les nouveaux médias. En revanche, je ne pense pas
que ce soit le lieu où on débat le mieux car le débat
à lieu sur Internet. Le débat sur Internet est aujourd'hui
remédié, contrairement à ce qui pouvait se faire, il y a 4
ou 5 ans. Il est remédié, notamment par les nouveaux
médias, venant des anciens médias (lemonde.fr, liberation.fr...).
Le débat public a lieu dans un écosystème un peu nouveau
et là dedans Internet joue un rôle clé.
Je pense également qu'Internet est devenu un outil
essentiel de la démocratie. Une grande partie du débat public
à lieu là mais il n'a pas que lieu là et les sujets ce
n'est pas sur le web qu'ils les créent, ils prennent bien naissance hors
du web. Il y a donc un équilibre mais qui demeure encore en
construction. Finalement, Internet est un média d'approfondissement.
En outre, Internet à déjà modifié
les formes de la vie politique Française. En réalité, il
est très difficile de mesurer et de quantifier précisément
l'impact du web sur la vie politique mais on peut dire que, sans le mesurer, il
est indéniable qu'il joue un rôle important. A divers titres
notamment, sur les pratiques politiques, les hommes politiques sont aujourd'hui
obligés à beaucoup plus de transparence d'une part et à
plus de cohérence d'autre part et Internet y a contribué mais
ça n'est pas qu'Internet qui a provoqué cela. Je pense
également qu'Internet a joué aussi un rôle sur les hommes
politiques au niveau des valeurs, Internet a porté des valeurs, qui
impactent aussi la politique, par exemple, la coopération, la
coproduction, l'échange, des valeurs qui finalement, proviennent du
projet historique de la création d'un réseau tel qu'Internet. Les
citoyens ont également beaucoup plus accès aux informations, ils
peuvent plus facilement consulter, se réunir discuter et se rencontrer,
il y a également des effets sur la manière dont les politiques
s'adressent aux gens, leur façon de gérer leurs propres pouvoirs,
sur la manière dont cela conscientise d'avantage les participants des
débats. Finalement, Internet a joué sur plein de plans
différents.
Q.R : D'après vous, comment aujourd'hui les
militants digèrent-ils le discours des personnalités politiques
sur le net ? Quelles différences pensez-vous qu'il existe, sur la
réception du discours en comparaison avec les médias
traditionnels ?
B. Thieulin :
Pour moi, l'expression « communication
politique » ne correspond pas à grand chose. Ayant
habité plusieurs années en Asie, seuls les occidentaux
séparent le fond et la forme. J'ai du mal avec l'idée de me dire
qu'un discours moyen ou des idées franchement mauvaises, mais bien
habillées, peuvent, avec une bonne stratégie, inciter à
l'adhésion, cela me pose sincèrement un problème
d'éthique. Pour toutes ces raisons, je déteste le terme de
« communication politique ». Ceci étant dit, se
poser la question de savoir comment les personnalités politiques
utilisent le net, réduit le net à un outil de marketing. Avant
toute chose, Internet est avant tout un lieu de débat public, l'exemple
de 2005, nous montre que depuis cette date, les politiques ont investis la
plateforme. En réalité, l'évolution du net les oblige
à plus de transparence et de cohérence. En effet, aujourd'hui,
indéniablement, les hommes politiques doivent être présents
sur les réseaux sociaux, ils doivent aussi réfléchir
à mieux les utiliser et c'est plutôt une bonne chose. Maintenant,
peut-on parler d'une révolution ? Je ne crois pas. C'est vrai,
c'est intéressant mais cela reste marginal, c'est un outil de plus dans
la communication mais il ne faut pas le magnifier car on perdrait de vue
l'essentiel qui est qu'aujourd'hui Internet structure les débats publics
comme peu d'autres endroits. Les gens regardent évidemment beaucoup plus
la télévision mais les informations qui y sont
délivrées sont d'une simplicité très sommaire.
Q.R : Dans l'ouvrage de Thierry CROUZET « Le
Cinquième pouvoir : Comment Internet Bouleverse la
politique » (2007), l'auteur analyse l'émergence d'internet
comme un nouveau pouvoir et établit le constat qu'on assiste à
une « décentralisation de la puissance politique ».
Etes-vous d'accord avec ce point de vue et très rapidement comment
analysez-vous l'émergence d'internet ?
B. Thieulin :
Je pense en effet qu'Internet octroie plus de pouvoir aux
citoyens pour s'organiser. Oui, Internet accompagne ce mouvement «
d'empowerment » de la société plus que ce mouvement de
décentralisation. Cela peut aussi permettre, et Obama l'a
montré, de pouvoir aussi reconstruire une organisation solide, il y a
donc un double mouvement. La décentralisation que permet Internet
permet, si j'ose dire, également une recentralisation. Obama a
réussit à créer une pyramide très
structurée, très hiérarchique composée de plusieurs
millions de personnes qui le soutiennent, cela est autant un mouvement de
recentralisation que de décentralisation. Ce que je veux dire, c'est que
cela redonne du pouvoir à la société mais cela permet
également à la politique de pouvoir restructurer des
organisations que personnes n'avait réussit à
fédérer jusque là. Donc Internet redonne du pouvoir aux
gens mais cela permet aussi de donner du pouvoir aux hommes politiques. Par
exemple, B. Obama est parvenu à soulever plus de 700 millions de $ rien
que sur Internet, on voit avec cet exemple qu'Internet donne donc aussi du
pouvoir aux politiques.
Q.R : Concernant les pratiques des Français,
Comment analysez-vous, le fait que le web permet, selon certains bloggeurs et
auteurs, « de faire de la politique
autrement » ?
Tout à fait, j'en suis convaincu.
Q.R Vous avez analysé de près la campagne
électorale du candidat Barack Obama en 2008. Le rapport Terra Nova
datant de Janvier 2009, souligne l'idée que, cette campagne
électorale s'est beaucoup jouée sur le web et que la force de
celle-ci aura été de pouvoir passer d'une mobilisation virtuelle
à une mobilisation réelle. En quelques mots, selon-vous, quelles
ont été les forces et les faiblesses de cette campagne et quelles
sont les principaux enseignements que vous en tirez ?
B. Thieulin :
Il n'y a pas eu beaucoup de faiblesses. La campagne d'Obama a
su innover sur le plan organisationnel, il a su efficacement utiliser Internet.
Il y a eu une campagne tout court mais qui s'est gérée à
partir d'Internet mais sur des terrains qui peuvent être liés
à Internet ou à l'inverse pas du tout, c'est cela la grande
nouveauté. Il a certes dominé les réseaux sociaux mais
cela reste en réalité anecdotique. Les faiblesses se trouvent
plus dans ce qui a suivi que dans la campagne elle-même. Obama innove en
2008 mais il s'est fait vite rattraper sur le terrain du système de
santé, sur ce sujet, Obama, ne parvient pas à dominer les
réseaux sociaux. En fait, Obama ne mobilise pas de la même
façon en étant au pouvoir.
Q.R : En 2009, vous avez participé à la
campagne d'Europe Ecologie, dans le cadre des élections
Européenne, lors de cette campagne, quel a été votre
rôle ? Qu'est-ce que le web a-t-il permit ? L'influence de la
campagne Obama a-t-elle été présente ?
B. Thieulin :
Deux conclusions fortes ont été faites de la
mission Terra Nova sur la campagne Obama. La première, c'est les
primaires et la deuxième c'est la Coopol. Le rapport fût donc
efficace puisque deux ans après la création de ce rapport, les
principales recommandations ont été mises en oeuvre. L'influence
de la campagne Obama sur la France a été forte.
Q .R : Pensez-vous que la sphère politique
accorde autant d'importance aux NTIC qu'elle peut en accorder aux médias
traditionnels en termes de communication politique ? Pensez-vous qu'il
existe une forme de continuité dans les pratiques ou qu'au contraire il
existe une réelle rupture ?
B. Thieulin :
Oui, elle y consacre plus de temps qu'avant mais elle y consacre
moins de temps que pour les médias traditionnels et elle a bien raison.
Cependant, il faut être précis. Par exemple, D. Strauss-Kahn et S.
Royale vont au J.T de 20h mais il est normal qu'ils consacrent plus
d'énergie et de temps pour passer au 20h ou d'avoir une Interview dans
« Le Monde » que d'animer leur page Facebook. Il y a
près de 500 000 élus en France, combien ont accès au
J.T ? Combien ont droit d'avoir une Interview dans « Le
Monde » ? Quand on dit ça, il faut préciser
lesquels. Quand on est ministre ou président il est normal de
privilégier le 20h plutôt que sa page Facebook mais lorsqu'on est
député et qu'on n'a pas accès aux grands médias, il
faut en revanche là, être plus attentif aux réseaux
sociaux. Là encore, il n'y a pas de réponse univoque, la
réponse est complexe. Tout le monde n'est pas logé à la
même enseigne, il y a une longue traîne de la politique et pour
certains hommes politiques, il est certainement plus utile de penser à
Facebook que de penser au 20h où ils n'iront pas.
Q.R : Quelle place accordez-vous aux réseaux
sociaux (Facebook et Twitter) aujourd'hui (en termes de médiation
politique) ? Selon vous, quels impacts ceux-ci peuvent-ils avoir sur la
production du discours de la part des personnalités politiques? Quelles
nouvelles formes de pratiques avez-vous observé sur ces
plateformes ?
B. Thieulin :
Il est certain que les hommes politiques sont plus vigilants
dans la production du discours. La difficulté aujourd'hui, c'est
qu'Internet met sur un même plan des niveaux de discours très
différents. Internet écrase dans le temps et dans l'espace toutes
les choses et donne l'impression que tout se mélange mais ça
n'est pas le cas. Les hommes politiques ont eu beaucoup de mal à
gérer cet aspect du web. En fait, je crois qu'il s'agit surtout d'un
apprentissage.
Q.R : Pensez-vous à des nouvelles formes du
marketing politique ? D'après vous, quelles sont les
évolutions qu'il pourra connaitre?
B. Thieulin :
Les hommes politiques vont de plus en plus utiliser Internet
comme support pédagogique, c'est-à-dire, qu'on utilisera plus
Internet pour expliquer la politique qu'on fait ou qu'on souhaite faire. Cela
provient du fait que la télévision, une fois de plus, ne se
prête pas à ce genre d'exercice. Je pense que les gens vont de
plus en plus prendre le temps d'aller sur Internet pour comprendre la
politique, donner leur point de vue et l'expliciter.
Q.R : Les blogs tenus par les personnalités
politiques deviennent de plus en plus courant, ils témoignent d'une
évolution importante et de l'ancrage de nouvelles pratiques,
liées au web 2.0. Par ailleurs, ils constituent des espaces
d'expressions alternatifs au sein desquels la forme et le fond du discours
tranchent avec celui tenu au sein des grands médias traditionnels
(télévision et radio). Estimez-vous que ces blogs occupent un
rôle central dans une stratégie de communication ?
B. Thieulin :
Il y a eu une bulle des blogs, on est passé par cette
bulle. La grande période de la blogosphère, c'est 2005, 2006,
2007, aujourd'hui les blogs comptent moins. Pour autant,
disparaissent-ils ? Non, ils se superposent. La blogosphère est en
réalité un lieu d'expertise. Je ne pense pas qu'ils utilisent les
blogs comme un outil de débat. En réalité, ces blogs sont
lus car ils sont relayés par les réseaux sociaux mais ce n'est
pas le premier lieu d'échange d'informations.
(Entretien réalisé par Quinchy RIYA le
11/04/2011 dans les locaux de la Netscouade, Paris XIIème.)
4
Réseau social/ Critère
|
Nb de membres ( en millions ou milliers)
|
Date de création
|
Utilisation
|
Fonctions spécifiques
|
La Coopol
|
25 000
|
2010
|
Perso/Pro
|
Site de partage et lieu de débat pour les militants et les
sympathisants de gauche.
|
Les créateurs du possible
|
10 000
|
2010
|
Perso/pro
|
Lieu de discussions et de propositions des militants et
sympathisants de droite.
|
MySpace
|
150M
|
2003
|
Perso/pro
|
Espace Web personnalisé pour chaque membre qui permet
d'héberger des créations, notamment musicales.
|
Facebook
|
500M
|
2004
|
Perso/pro
|
Nombreuses applications et API développées.
|
Twitter
|
75M
|
2006
|
Perso/pro
|
Retransmission d'un message. Nombreuses applications
développées autour.
|
Légende : Les chiffres
donnés dans ce tableau datent de l'année 2010.
5. Rapport Terra Nova sur la campagne de Barack Obama :
www.blg-associations.com/index.php?2009/01/21/116-rapport-de-lafondation-terra-nova-sur-la-campagne-barack-obama-la-campagne-de-mobilisation
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
13 bis.
14.
14 bis.
15.
15 bis.
16.
16 bis
17- Tableau.
Site
|
P.S
|
U.M.P
|
Extrême G.
|
Extrême Droite.
|
Services proposés
|
Lettres d'information, abonnement en ligne aux revues pour les
adhérents, téléchargement de dossiers, communiqué
boutique
|
Newsletter, e-boutique, téléchargement de dossiers
en ligne, communiqués, interviews, vidéos, abonnement aux revues
par téléphone
|
Téléchargement de dossiers et communiqués,
de la revue du parti ; modèles de tracts, affiches et autres
supports mis à disposition
|
Lettre de diffusion, abonnement aux revues du parti par courrier,
multimédia (audio, vidéo...), boutique
|
Adhésion
|
Possibilité en ligne, par courrier, par le
téléphone ou par le biais de sa fédération
|
Possibilité en ligne, par courrier, par le
téléphone ou par le biais de sa fédération
|
Demande d'adhésion en ligne
|
Bulletin d'adhésion en ligne
|
Coût de l'adhésion
|
20€
|
25€ pour l'adhérent simple ; 35€ pour un
couple ; 10€ pour les étudiants de moins de 30 ans sans
emploi
|
Non indiqué
|
50€ pour l'adhésion simple, 80 € pour le
couple, 30€ pour les moins de 25€
|
Autres
|
|
Possibilité d'adhérer, de devenir partenaire,
bénévole ou de faire un don en ligne
|
Souscription à des dons dans la limite légale de
7662€ par personne et par an
|
|
Possibilités offertes par les sites des principaux
partis politiques Français en 2011. (Tableau emprunté à
Cécile Maunier dans « La communication politique en France, un
état des lieux », Market Management, n°4, 2006,
82 pp.
* 1 GERSTLE JACQUES, La
Communication politique, Paris, A. Colin, Cursus, 2008, 255pp.
* 2 GROSSETTI MICHEL,
« Communication électronique et réseaux
sociaux », Flux n°29, 1997, 5-13pp.
* 3 Pour notre étude,
nous avons décidé de nous concentrer sur des personnalités
politiques membres de la majorité présidentielle (UMP), de la
gauche, du Parti Socialiste (P.S) & (E.C-L.V), du parti frontiste (F.N), de
l'extrême gauche (FRONT DE GAUCHE) et du centre (Modem). Il était
nécessaire de varier cette étude afin de mieux voir les
différences mais également les similitudes qui peuvent
exister.
* 4 Sur le sujet consulter les
articles ouvrages de JERECZEK-LIPINSKA JOANNA, « De la
personnalisation dans la communication politique : L'effet du
« je », Synergie, N°4, 2007, 147-155pp ;
CAYROL R, La nouvelle communication politique, Paris, Larousse, 1986, 213
pp. ; COTTERET J.-M., Gouverner c'est paraître, les masques du
pouvoir, Paris, Vuibert, 1991, 189 pp. ; SALAVASTRU C.,
Rhétorique et politique : le pouvoir du discours et le discours
du pouvoir, Paris, L'Harmattan, 2004, 311pp.
* 5 Comme nous
l'évoquions, on recense sur ce thème précis un nombre
considérable de références bibliographiques. Il nous est
impossible de tous les recenser car ces ouvrages donnent à voir des
perspectives différentes sur la question. Voir dans un premier temps,
les références déjà citées. De plus, voir
les ouvrages suivants qui permet d'un peu plus saisir le sujet et ses
enjeux ; CAYROL R, La nouvelle communication politique, Paris, Larousse,
1986, 213 pp ; JERECZEK-LIPINSKA JOANNA, « De la
personnalisation dans la communication politique : L'effet du
« je », Synergie, N°4, 2007, 147-155pp.
* 6 GERSTLE JACQUES, La
Communication politique, Paris, A. Colin, Cursus, 2008, 255pp.
* 7 MAUNIER CECILE,
« La communication politique en France, un état des
lieux », Market Management, n°4, 2006, 82 pp.
* 8 FAYON DAVID,
KOSCIUSKO-MORIZET & PUJOLLE GUY, Web 2.0 et au-delà :
Nouveaux internautes du surfeur à l'acteur, Paris, Economica,
Fayard, 2008, 212 pp.
* 9 RENARD LUDOVIC, Vers une
nouvelle communication politique : Analyse des médias d'information
depuis la campagne présidentielle de 2007, Paris, n° 13, 2007,
17pp.
* 10 MAAREK P.-J. (Sous la
direction de), La communication politique de la présidentielle de
2007 : Participation ou représentation ?, Paris,
L'Harmattan, Communication et Civilisation, 2008, 189 pp.
* 11 GINGRAS ANNE-MARIE,
La Communication politique : Etats des savoirs, enjeux et
perspectives, Québec, Presses Universitaires du Québec, Le
Delta, 2005, 275 pp.
* 12 JERECZEK-LIPINSKA JOANNA,
« De la personnalisation dans la communication politique :
L'effet du « je », Synergie, N°4, 2007,
147-155 pp.
* 13 MAAREK J.-P.,
Communication et Marketing de l'homme politique, Paris, Litec,
Carré droit, 2007, 266 pp.
* 14 MERCANTI-GUERIN MARIA,
« Facebook, un nouvel outil de campagne : Analyse des
réseaux sociaux et marketing politique », La Revue des
Sciences de gestion, n°242, Avril 2010, 15 pp.
* 15 Sur cette question
consulter les ouvrages et les articles suivants : BARBET DENIS, BONHOMME
MARC, RINN MICHAEL, « La politique mise au net »,
Mots. Les langages du politique, n°80, Mars 2006, 12-23pp ;
GREFFET FABIENNE, ANDOLFATTO D, Les partis politiques français sur
le Web, Paris, Budapest, Turin, L'Harmattan, 2001, 161-178 pp ;
YILDIZ HELENE, Internet : un nouvel outil de communication
multidimensionnel, Strasbourg, Ed. V Serfaty, Presses Universitaires de
Strasbourg, 2002, 275-290 pp ; ETHUIN NATHALIE (dir. de thèse),
BAILLY ANNE CHARLOTTE, Internet, un nouvel outil politique : L'exemple
de la blogosphère du P.S lors de l'élection présidentielle
de 2007, Paris, S.I, 2008, 256 pp ; CROUZET THIERRY, Le
cinquième pouvoir : Comment Internet bouleverse la politique,
Paris, Bourin, 2007, 284 pp.
* 16 PENE SOPHIE, «
Bloguer la politique », Communication et langages, n°
134, 2007, 5-13pp ;
* 17 GROSSETTI MICHEL,
« Communication électronique et réseaux
sociaux », Flux, n°29, 1997, 5-13pp ;
* 18 MERCIER ARNAUD, La
Communication politique, Paris, CNRS, essentiels d'Hermès, 2008,
161 pp.
* 19 Benoît THIEULIN
fût le responsable de la net-campagne de S. Royal en 2007,
créateur du site la « Coopol » et
« Désirs d'avenir », lors des
élections présidentielles. Il fût également
responsable de la campagne d'Europe-Ecologie lors des élections
Européennes de 2009, il dirige une agence web appelé la
Netscouade.
* 20 Pour notre étude,
nous avons décidé d'étudier les sites politiques des trois
grands partis politiques Français (UMP, P.S et Front National). Nous les
avons utilisés pour leur importance et l'audience qu'ils peuvent drainer
sur ces plateformes.
* 21 Les pages fan Facebook
sont créées par les membres du réseau social pour se
créer une image d'eux qu'ils considèrent
« améliorée ». Ces pages servent à se
tenir au courant de l'actualité d'une personne, d'une marque ou d'un
groupe. Ainsi, elles constituent des modes de promotion efficaces et faciles
d'accès pour les utilisateurs, sur lesquelles il suffit de cliquer
« j'aime » pour y adhérer.
* 22 DELPORTE CHRISTIAN
« De la propagande à la communication politique »,
Le débat, N°138, Janvier 2006, 30-45pp.
* 23 Pour bien
caractériser les évolutions et les transformations que nous
présentons nous avons, par commodités, décidé
d'accoler les termes de « politique » et «
décideur ». Sur cette question consulter l'article de DELPORTE
CHRISTIAN « Image, politique et communication sous la
cinquième république », Vingtième
Siècle. Revue d'histoire, N°72,
Octobre-Novembre 2001, 109-123 pp.
* 24 Nous employons cette
expression « d'opinion-électorat » afin de bien
caractériser l'idée que l'opinion publique est tout autant
électrice et décideuse.
* 25 Voir BOURDON
JERÔME, Histoire de la télévision sous de Gaulle,
Paris, INA-Anthropos, 1990.
* 26 DELPORTE CHRISTIAN
« Image, politique et communication sous la cinquième
république », Vingtième Siècle. Revue
d'histoire, N°72, Octobre-Novembre 2001, 109-123
pp.
* 27 Sur le sujet consulter
l'ouvrage de WOLTON DOMINIQUE, Penser la communication, Paris,
Flammarion, 1997, 234pp. La communication médiatée, est
également appelée communication «
normative ».
* 28 Nous reprenons ici la
théorie développée par MAC LUHAN, qui considère
que l'entrée dans le siècle dit des « médias de
masse » a modifié la façon dont les hommes communiquent
entre eux et l'état du jeu politique. Sur cette question on pourra
notamment consulter l'ouvrage de GERSTLE JACQUES, La Communication
politique, Paris, A. Colin, Cursus, 2008, 255pp
* 29 Citation tirée de
l'article de DELPORTE CHRISTIAN « Image, politique et communication
sous la cinquième république », Vingtième
Siècle. Revue d'histoire, N°72,
Octobre-Novembre 2001, 109-123 pp.
* 30 Voir en exemple,
l'intervention télévisée de Jean Lecanuet en 1965.
Source :
http://www.ina.fr/politique/partis-politiques/video/CAF88011889/jean-lecanuet.fr.html.
(Consulté le 3 Avril 2011).
* 31 Tous les sondages de
l'époque attribuaient au Général De Gaulle, une
popularité inégalable et jouissait d'une excellente
réputation. Voir STOETZEL JEAN, « Les sondages et
l'élection présidentielle de 1965 », Revue
française de sociologie, 1966, N° 72, 147-157 pp.
* 32 A partir du décret
du 14 mars 1964, l'affichage est interdit hors des panneaux officiels,
dès que commence la
campagne officielle.
* 33 Pour autant, ces deux
modes de communication ne disparaissent pas complètement, ils sont
relégués à un rang inférieur comparativement
à la télévision.
* 34 Décret du 14 Mars
1964 accorde 2 heures d'antenne à chaque candidat.
* 35 Selon C. DELPORTE, on
recense près de 6,5 millions de récepteur sur le territoire
Français.
* 36 Voir sur la question
l'ouvrage de MAUNIER CECILE, « La communication politique en France,
un état des lieux », Market Management, n°4,
2006, 82 pp.
* 37 Nous faisons
référence au débat télévisuel qui opposa
Nixon à Kennedy, il s'agit également de souligner le fait que
Kennedy est parvenu à gagner en notoriété, à
diffuser une image puis à se faire élire grâce à son
recours important à l'outil télévisuel.
* 38 Voir DELPORTE C.
« De la propagande à la communication politique »,
Le débat, N°138, Janvier 2006, 30-45pp.
* 39 Il s'est attribué
le monopole de l'image politique télévisée. Il en
institutionnalise les genres, il établit l'allocution et la
conférence de presse. Entre 1959 et 1965, il est intervenu
officiellement 41 fois, dont 12 dans le cadre de conférences de presse.
Voir Jérôme Bourdon, Histoire de la télévision
sous de Gaulle, Paris, INA-Anthropos, 1990.
* 40 Voir sur le site le
tableau des « Allocutions télévisées du
président De Gaulle en 1958 et 1969 ». Source :
http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1958-1970-la-ve-republique/de-gaulle-et-les-medias/reperes/les-allocutions-radiotelevisees-du-president-de-gaulle-1958-1969.php.
(Consulté le 3 Avril 2011).
* 41 Allocution du
Général de Gaulle au JT de 20h daté de 4/03/1967 d ans
laquelle il appelle les Français à voter aux élections
législatives. Source :
http://www.ina.fr/video/CAF94054452/allocution-du-general-de-gaulle.fr.html.
(Consulté le 3 Avril 2011).
* 42 « Faisons le
point », émission politique de Pierre Corval,
existe depuis les années 1950-1955. Voir un extrait d'émissions
du 5/12/1958 dans laquelle on assiste à un débat sur les
institutions de la Ve République. Source :
http://www.ina.fr/video/I00000729/debat-sur-les-institutions-de-la-cinquieme-republique.fr.html.
* 43 Précisons qu'il y a
un peu plus tard une déclinaison des formats de ces émissions,
l'interview, le face à face ou les questions directement posées
à la personnalité politique de l'opinion, comme dans «
Face à l'opinion », étaient très
appréciées du public.
* 44 Consulter notamment sur
le sujet l'ouvrage de DELPORTE CHRISITIAN, « Le face-à-face
télévisuel », colloque Parole et médiation,
École française de Rome, décembre 1999.
* 45 BOURDON JERÔME,
Histoire de la télévision sous de Gaulle, Paris,
INA-Anthropos, 1990.
* 46 Voir DELPORTE CHRISTIAN
« Image, politique et communication sous la cinquième
république », Vingtième Siècle. Revue
d'histoire, N°72, Octobre-Novembre 2001, 109-123.
* 47 Le taux
d'équipement des ménages passe de 70,4 % en 1970 à 90,1 %
en 1980 (dont 50,4 % de téléviseurs couleur). Source :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1993_hos_11_2_3622.
* 48 Sur les émissions
en face à face, voir par exemple À Armes égales
(1970-1973) puis Les Trois Vérités (1973-1974). Sur
les émissions d'interviews, voir par exemple, Actuel II (1972)
ou Cartes sur table (1977-1981).
* 49 Voir Christian Delporte,
« Le face-à-face télévisuel », colloque
Parole et médiation, École française de Rome,
décembre 1999 ; Jean-Pierre Esquénazi,
Télévision et démocratie, Paris, PUF,
1999. Voir un extrait de l'émission :
http://www.ina.fr/media/petites-phrases/video/CAF97104963/debat-valery-giscard-d-estaing-francois-mitterrand.fr.html.
* 50 Suite au débat
télévisé, le candidat N. Sarkozy était
accrédité dans un sondage OpinionWay pour Le Figaro de
plus de 53% des votes. Sondage datant du 2 mai 2007. Source :
http://tempsreel.nouvelobs.com/article/20070503.OBS5364/un-sondage-realise-apres-le-debatroyal-sarkozy-cree-la-polemique.html.
Voir un extrait du débat :
http://www.ina.fr/video/3341956001/2007-le-debat-segolene-royal-et-nicolas-sarkozy.fr.html.
* 51 NEVEU ERIK
« Les émissions politiques à la
télévision : Les années quatre-vingt ou les impasses
du spectacle politique », Rennes, Hermès,
Institut d'Etudes Politiques, N°17-18, 1995.
* 52 DELPORTE CHRISTIAN
« Image, politique et communication sous la cinquième
république », Vingtième Siècle. Revue
d'histoire, N°72, Octobre-Novembre 2001, 109-123.
* 53 DELPORTE CHRISTIAN,
« De la propagande à la communication politique »,
Le débat, N°138, Janvier 2006, 30-45pp.
* 54 Depuis les années
1960, cela lié au fait que des publicitaires apparaissent dans
l'entourage des personnalités politiques pour gérer leur
communication, l'espace publique est perçu comme un vaste marché
concurrentiel, qui identifie des citoyens-électeurs perçu comme
des consommateurs où l'offre politique tente de se conforter à la
demande (grâce aux sondages) où l'homme politique s'applique
à séduire autant que possible. Pour aller plus loin,
consulter : DELPORTE CHRISTIAN « De la propagande à la
communication politique », Le débat, N°138,
Janvier 2006, 30-45pp.
* 55 Nous faisons
référence ici à l'instauration de la Ve République
en 1958, qui fait suite aux difficultés politiques de la IVe
République qui vit un affaiblissement manifeste de l'Etat.
* 56 L'expression «
industrie politique » désigne un secteur où se
développent des enjeux important et dans lequel on a quelque chose
à proposer. Celle-ci se compose de la création d'outil d'analyses
qualitatives, des sondages, du marketing politique, des médias et de la
massification des messages politiques relayés par les médias.
Voir GERSTLE JACQUES, La Communication politique, Paris, A. Colin,
Cursus, 2008, 255pp ; CAYROL R., La nouvelle communication politique,
Paris, Larousse, 1986, 213 pp ; MAUNIER CECILE, « La
communication politique en France, un état des lieux »,
Market Management, n°4, 2006, 82 pp.
* 57 La méthodologie des
sondages est très critiquée car on estime que
l'échantillonnage n'est pas forcément représentatif d'une
dynamique générale et peut être insuffisant, la marge
d'erreur est difficilement calculable, la formulation des questions peut
orienter les réponses, l'honnêteté des réponses ou
encore l'interprétation des réponses.
* 58 L'IFOP est un acronyme qui
signifie Institut Français de l'opinion publique. Il est crée en
1938 par Jean Stoetzel.
* 59 Consulter l'article de
DELPORTE CHRISTIAN « Image, politique et communication sous la
cinquième république », Vingtième
Siècle. Revue d'histoire, N°72,
Octobre-Novembre 2001, 109-123.
* 60 On commence à
systématiquement à mesurer la « cote »
à partir d'Avril 1968. Ce type d'enquête permet d'établir
un tableau des « présidentiables » à droite
comme à gauche.
* 61 La critique est
tournée vers la méthodologie des sondages et de l'influence
engendrée par les résultats. Voir en exemple, l'article de
BOURDIEU PIERRE « L'opinion publique n'existe pas »,
Les temps modernes, N° 318, Janvier 1973, 1292-1309 pp.
* 62 En réalité,
il en existe avant cette date par exemple, l'institut BVA est crée en
1970. En revanche, la plupart de ces instituts sont postérieurs à
1970, IPSOS (1975) ; MEDIAMETRIE (1985) ; CSA (1998).
* 63 Loi n°77-708 du 19
Juillet 1977 qui exige que la publication et la diffusion de certains sondages
d'opinion soient accompagnées d'indications précises et interdit
la publication de sondages à une semaine d'un scrutin. En outre, elle
prévoit la création d'une commission des sondages. Elle impose
à l'institut de sondage de résumer dans une
« notice », les conditions d'élaboration du sondage.
La loi sera modifiée en 2002 qui ramène l'interdiction de la
diffusion la veille et le jour de chaque tour du scrutin. Source :
http://www.commission-des-sondages.fr.
* 64 Selon un rapport de la
commission des sondages datant de 2008, le nombre des sondages politiques sont
passés de 111 en 1981 à 293 pour la présidentielle de
2007. Source :
www.commission-des-sondages.fr.
* 65 La
télévision, en invitant « ceux qui passent
bien» et « ceux qui comptent » en fonction des
résultats évoqués dans les sondages, contribue à
conforter, voire à infléchir la hiérarchie de la vie
politique. Sur cette critique consulter BLONDIAUX LOÏC, La fabrique
de l'opinion : Une histoire sociale des sondages, Paris, Science
politique, Ed. Du Seuil, 1998, 602pp.
* 66 Voir en annexe sondages et
cartographie de l'élection présidentielle de 2002. Voir
Annexes : N°1
* 67 Au premier tour de
l'élection, J.- M. Le Pen obtenait 16,86 % des suffrages
exprimés. J. Chirac obtenait 19,88% et L. Jospin obtenait 16,18% des
suffrages exprimés. Source :
http://www.france-politique.fr/election-presidentielle-2002.htm.
* 68 Les sondages sont des
enquêtes commandées et émanent pour la plupart d'instituts
privés rémunérés par des fonds privés.
* 69 Voir les critiques
précédemment citées. Rappelons néanmoins que les
méthodes varient en fonction des instituts de sondages et que le sondage
par téléphone reste encore une pratique largement
répandue.
* 70 ANTOINE JACQUES,
Histoire des sondages, Odile Jacob, 2005.
* 71 Sur le sujet voir
l'ouvrage et l'article de : ALBOUY SERGE, Marketing et communication
politique, Paris, Ed. L'Harmattan, Logiques sociales, 1994, 340pp ;
BOBIN J-P, Le marketing politique : vendre l'homme et l'idée,
Milan, 104 pp. ; Source : Définition empruntée au site
web,
www.terrepolitique.com.
* 72 Le marketing traditionnel
(comprendre ici, commercial en terme de vente de produits) s'appuie sur des
études de marché afin de déterminer au mieux les attentes
des consommateurs. Le marketing politique s'appuie sur les sondages pour
déterminer au mieux les attentes des électeurs.
* 73 Un
« plan-média » : C'est une stratégie qui
met au centre la télévision, dans une moindre mesure la radio,
où le ton adopté est plutôt léger et où on
aborde la vie privée d'une personnalité politique dans le but de
l'humaniser afin de créer une forme de proximité avec
l'électorat.
* 74 Les publicitaires les plus
connus des années 1960-1980 sont J.Séguéla, M. Bongrand,
A. Laurent, G.Defferre, M. Bleustein-Blanchet et G.Houriez.
* 75 Comme le précise
ALBOUY SERGE dans son ouvrage, les mutations des années 1950-1970, qui
consacrent l'arrivée d'une nouvelle société où les
médias, notamment la télévision, occupe une place
centrale, poussent les politiques à s'adapter aux modalités du
nouveau média et à se soucier du regard de l'opinion publique sur
l'image que renvoient les personnalités politiques. Consulter sur la
question, ALBOUY SERGE, Marketing et communication politique, Paris,
Ed. L'Harmattan, Logiques sociales, 1994, 340pp.
* 76 Au cours des années
1970, le débat politique télévisuel s'installe
définitivement comme mode de médiation.
* 77 Sur cela consulter
l'ouvrage de GINGRAS ANNE-MARIE, La Communication politique : Etats
des savoirs, enjeux et perspectives, Québec, Presses Universitaires
du Québec, Le Delta, 2005, 275 pp.
* 78 On estime qu'au cours de
la décennie 1970-1980, le taux d'équipement passe de 70% à
90%. Par ailleurs, selon un sondage IFOP datant du 2 Février 1974, 2
Français sur 3 déclarent que la télévision est leur
première source d'informations sur la vie politique française.
* 79 Précisons, que VGE
a depuis bien longtemps le rôle des médias sur l'image, ainsi On
l'a ainsi vu successivement filmé en pull-over (5 février 1964),
regagner son bureau de la rue de Rivoli en métro ou à pied, jouer
à l'accordéon Je cherche fortune ou participer à
un match de football à Chamalières.
* 80 Phrase prononcée
par VGE lors du débat de l'entre-deux-tour, qui l'opposa à
François Mitterrand, sur l'ORTF le 10 Mai 1974. Source :
http://www.ina.fr/media/petites-phrases/video/I00017840/valery-giscard-d-estaing-vous-n-avez-pas-le-monopole-du-coeur.fr.html.
Archive INA.
* 81 Un sondage de
l'époque donne Giscard vainqueur à 47% contre 38% pour
Mitterrand. Voir également DELPORTE CHRISTIAN, « Le
face-à-face télévisuel », colloque Parole et
médiation, École française de Rome, décembre
1999 (à paraître) ; Jean Pierre Esquénazi,
Télévision et démocratie, Paris, PUF,
1999.
* 82 L'emploie du
« Je » en politique permet davantage une implication et
provoque une forme de proximité. En revanche, le
« Nous » est beaucoup plus impersonnel. Sur cette question
voir : JERECZEK-LIPINSKA JOANNA, « De la personnalisation dans
la communication politique : L'effet du « je »,
Synergie, N°4, 2007, 147-155pp.
* 83 Voir l'émission
à cette adresse
http://www.ina.fr/video/I10026960/vge-a-propos-des-difficultes-des-francais-et-des-immigres.fr.html.
Source : Archive de l'INA.
* 84 Voir l'émission
à cette adresse :
http://www.ina.fr/media/petites-phrases/video/CAF94054946/valery-giscard-d-estaing.fr.html.
Source : INA Archives.
* 85 Depuis 1965, la campagne
électorale officielle attribue à un candidat, à chaque
tour de l'élection, un temps d'antenne déterminé pour se
présenter aux Français.
* 86 Un sondage de la SOFRES
montre qu'après la multiplication des meetings et des interventions
télévisées du candidat J.Chirac, en a
découlé une montée spectaculaire dans les sondages.
Source :
http://www.france-politique.fr/sondages-presidentielle-1995.htm.
* 87 Voir FAYON DAVID,
KOSCIUSKO-MORIZET DAVID, PUJOLLE GUY, «Web 2.0 et au-delà :
nouveaux internautes du surfeur à l'acteur », Paris,
Economica, 2008, 226 pp.
* 88 Citation est extraite de
l'entretien réalisé en compagnie de BENOIT THIEULIN le 11.04.2011
au sein des locaux de la Netscouade. Voir Annexe : N° 3.
* 89 Voir l'ouvrage de FAYON
DAVID, KOSCIUSKO-MORIZET DAVID, PUJOLLE GUY, «Web 2.0 et
au-delà : nouveaux internautes du surfeur à
l'acteur », Paris, Economica, 2008, 226 pp.
* 90 Citation extraite de
l'entretien mené en compagnie de B. THIEULIN datant du 11.04.2011. Voir
annexes N° 3.
* 91 OBERDORFF HENRI, La
démocratie à l'ère numérique, Grenoble, PUG
(Presses Universitaires de Grenoble, 2010, 168pp.
* 92 Sur le sujet, consulter
l'ouvrage de CROUZET THIERRY, Le cinquième pouvoir :
Comment Internet bouleverse la politique, Paris, Bourin, 2007, 284 pp.
* 93 Citation extraite de
l'entretien menée avec Benoît Thieulin en date du 11/04/2011, voir
Annexes : N°3. Consulter également l'ouvrage de
CROUZET THIERRY, Le cinquième pouvoir : Comment
Internet bouleverse la politique, Paris, Bourin, 2007, 284 pp.
* 94 Sur cette question, voir
les ouvrages de ROSANVALLON PIERRE, La contre-démocratie. La
politique à l'âge de la défiance, Paris, Seuil, 2006,
p. 75 ; VEDEL THIERRY, « L'idée de démocratie
électronique. Origines, visions, questions », dans Pascal Perrineau
(dir.), Le désenchantement démocratique, La Tour
d'Aigues, Editions de l'Aube, 2003, p. 243-266.
* 95 Consulter l'ouvrage de
OBERDORFF HENRI, La démocratie à l'ère
numérique, Grenoble, PUG (Presses Universitaires de Grenoble, 2010,
168pp.
* 96 Sondage en ligne en date
du 25-28 Septembre 2009 de la TNS SOFRES pour le Think Tank « temps
réels ». Source :
http://www.temps-reels.net/files/baro-web-pol.pdf
(page 10). (Consulté le 13 Avril 2011).
* 97 Citation extraite de
l'entretien mené en compagnie de B. THIEULIN datant du 11.04.2011. Voir
Annexes N°3.
* 98 Citation extraite de
l'entretien mené en compagnie de B. THIEULIN datant du 11.04.2011. Voir
annexes N°3. Au cours de l'entretien, B. THIEULIN précise cependant
que la première utilisation du web en politique n'est pas un fait
Français, il évoque le cas d'Howard Dean en 2003 aux USA. Il
ajoute également que, pour lui, bien avant cette date, le web constitue
un outil de médiation politique.
* 99 Pour approfondir la
question, consulter WOLTON DOMINIQUE, Penser la communication, Paris,
Flammarion, 1997, 234pp.
* 100 OBERDORFF HENRI, La
démocratie à l'ère numérique, Grenoble, PUG
(Presses Universitaires de Grenoble, 2010, 168pp.
* 101 Howard Dean a
gagné en notoriété grâce sa candidature aux
primaires démocrates dans la perspective de l'élection
présidentielle Américaine de 2004. Il est l'un des pionniers dans
le recours de l'utilisation d'Internet pour la mobilisation de militants. Il
est souvent cité comme le premier homme politique à avoir su
utiliser Internet. Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Howard_Dean
(consulté de 17/04/2011). Voir également CROUZET THIERRY, Le
cinquième pouvoir : Comment Internet bouleverse la politique,
Paris, Bourin, 2007, 284 pp.
* 102 Consulter
www.desirsdavenir.org/.Voir
également sur le sujet
http://www.politique.net/2007082303-desirs-davenir-outil-de-conquete-de-segolene-royal.htm
et BARBET DENIS, BONHOMME MARC, RINN MICHAEL, « La politique mise au
net », Mots. Les langages du politique, n°80, Mars
2006, 12-23pp.
* 103 Le terme
« Think Tank » est né au Etats-Unis, la traduction
français de l'expression est « laboratoire
d'idées ». Un Think tank est indépendante des partis
politiques et à but non lucratif. Le principe étant de
réfléchir politique en groupe et de proposer des idées.
Voir un exemple de Think Tank en ligne :
http://www.temps-reels.net/.
* 104 Voir sur le sujet,
l'entretien mené en compagnie de Benoît Thieulin en date du
11/04/2011. Annexes N°3.
* 105 Citation extraite de
l'entretien mené en compagnie de Benoît Thieulin. Voir Annexes
N°3.
* 106
« Foursquare » est un réseau social de jeu
et de microblogging crée en 2009. Source :
www.foursquare.com.
« Diaspora » est un réseau social qui se
veut être une alternative à Facebook, il fût crée en
2010. Source :
https://joindiaspora.com.
* 107 Voir sondage de L'IFOP
intitulé « Observatoire des réseaux sociaux».
Source :
www.ifop.com/media/poll/1032-1-study_file.pdf.
* 108 Voir la théorie
« du phénomène du petit monde » du
sociologue Stanley Milgram publié en 1967 et l'entretien que nous avons
réalisé en compagnie de Benoît Thieulin sur la question de
des modifications des pratiques grâce au web 2.0. Consulter annexe
N°3.
* 109 Cette typologie que nous
établissons sert juste d'outil pour aiguiller et étayer notre
propos, elle le constitue en rien, une typologie
« officielle » et elle n'a pas vocation à être
exhaustive. Elle est partiellement emprunté à l'ouvrage FAYON
DAVID, KOSCIUSKO-MORIZET DAVID, PUJOLLE GUY, «Web 2.0 et
au-delà : nouveaux internautes du surfeur à
l'acteur », Paris, Economica, 2008, 226 pp.
* 110 FAYON DAVID,
KOSCIUSKO-MORIZET DAVID, PUJOLLE GUY, «Web 2.0 et au-delà :
nouveaux internautes du surfeur à l'acteur », Paris,
Economica, 2008, 226 pp.
* 111 Selon le site
webmarketing.com, en Août 2010, 31% des Français sont
présents sur Facebook (environ 19.444.660 d'utilisateur sur tout le
territoire national). Dans le monde, les Etats-Unis demeurent les premiers
utilisateurs de Facebook, ils sont suivis du Royaume-Uni et de
l'Indonésie. Source :
http://www.webmarketing-com.com/2010/08/23/7654-statistiques-facebook-31-des-francais-presents-sur-le-reseau-social
(Consulté le 17/04/2011).
* 112 Voir l'article et
l'ouvrage de YANOSHEVSKY GALIA, « Les réseaux sociaux et
l'échange entre l'homme politique et les internautes : le cas de
Facebook après les élections présidentielles en France
», Argumentation et Analyse du Discours, La lettre, laboratoire
des valeurs ? 2010, N°5, 15pp ;
* 113 Twitter est un outil de
microblogging qui permet d'envoyer des messages de 140 signes (ou "tweets") aux
internautes qui suivent chaque compte: les "followers" ou abonnés. La
France compte 1,8 million d'utilisateurs en février 2010 Source :
Nielsen. Les fonctionnalités de Twitter demeurent néanmoins moins
importantes que celles offertes par Facebook.
* 114 Voir MAAREK P.-J. (Sous
la direction de), La communication politique de la présidentielle de
2007 : Participation ou représentation ?, Paris,
L'Harmattan, Communication et Civilisation, 2008, 189 pp.
* 115 Je présente ici
ma méthodologie d'analyse des échanges observés sur les
réseaux sociaux, nous reprenons la méthode utilisée dans
cet article ; YANOSHEVSKY GALIA, « Les réseaux sociaux et
l'échange entre l'homme politique et les internautes : le cas de
Facebook après les élections présidentielles en France
», Argumentation et Analyse du Discours, La lettre, laboratoire
des valeurs ? 2010, N°5, 15pp. Par ailleurs, il faut veiller
à observer les comptes certifiés et officiels des
personnalités politiques.
* 116 BENOIT HAMON est le
porte-parole du Parti socialiste et conseiller régional d'Ile-de-France.
L'adresse du compte Twitter de Benoit Hamon est
« twitter.com/benoithamon. ». Il dispose de 50,087
abonnés (suiveurs) et 1,232 abonnements (suivis). (Consulté le
18/04/2011).
* 117 Le quotidien Sportif
évoquait que le judoka Teddy Riner, aurait abandonnerai le judo pour
aller jouer au rugby dans le club du R.C Toulon. Source :
http://www.lequipe.fr/Rugby/breves2011/20110401_085529_riner-signe-a-toulon.html.
* 118 N. Kosciusko-Morizet est
ministre de l'Ecologie, du développement durable, des Transports et du
Logement, elle est également maire de Longjumeau en Essonne. Elle
possède 69,133 abonnés et 200 abonnements. Elle est membre de
L'UMP. Source : http://twitter.com/nk_m. (Consulté le
19/04/2011).
* 119 Sur le sujet consulter
l'ouvrage de YILDIZ HELENE, Internet : un nouvel outil de
communication multidimensionnel, Strasbourg, éd. V Serfaty,
Presses Universitaires de Strasbourg, 2002, 275-290 pp et l'article de BARBET
DENIS, BONHOMME MARC, RINN MICHAEL, « La politique mise au
net », Mots. Les langages du politique, n°80, Mars
2006, 12-23pp.
* 120 Ségolène
Royal est Présidente Région Poitou-Charentes (depuis 2004),
Vice-présidente de l'Internationale socialiste, Présidente de
l'Association Internationale des Régions Francophones. Elle est membre
du Parti Socialiste et a été candidate à l'élection
présidentielle de 2007. Source : l'adresse de la page de
Ségolène Royal est
https://www.facebook.com/segoleneroyal?sk=wall.
* 121 Voir Annexes :
N°8 et N°9.
* 122 Dominique de Villepin
est le président du parti « République
solidaire ». Il a été plusieurs fois membre du
gouvernement en qualité de premier ministre, ministre de
l'intérieur ou ministre des affaires étrangères entre 2002
et 2007.
* 123 Voir annexes :
N°10 et N°11.
* 124 Voir Annexe :
N° 12. Source :
https://www.facebook.com/nicolassarkozy?sk=wall.
* 125 Sur cette question,
consulter l'article de MERCANTI-GUERIN MARIA, « Facebook, un nouvel
outil de campagne : Analyse des réseaux sociaux et marketing
politique », La Revue des Sciences de gestion, n°242,
Avril 2010, 15pp.
* 126 On a
décidé de prendre en exemple la campagne de B. Obama parce
qu'elle constitue aujourd'hui le meilleur exemple que les formations politiques
françaises citent en exemple. De plus, cette campagne illustre au mieux
notre propos.
* 127 Voir Annexe N°5.
« Rapport de la mission d'étude de Terra Nova sur les
techniques de Campagnes américaines »
* 128 Selon F. Fauconnier, le
budget pour l'e-pub a représenté près de 5 millions de $.
Source : Journal du Net du 6/11/08.
* 129 Citation extraite de
l'article de MERCANTI-GUERIN MARIA, « Facebook, un nouvel outil de
campagne : Analyse des réseaux sociaux et marketing
politique », La Revue des Sciences de gestion, n°242,
Avril 2010, 15pp.
* 130 Citation extraite de
l'entretien mené en compagnie de Benoît Thieulin, en date du
11/04/2011. Voir Annexes : N°3.
* 131 Sur ce point
consulter les ouvrages de GREFFET FABIENNE (dir.),
« Continuerlalutte.com, Les partis politiques sur le Web »,
Publications Sciences-Po (à paraître), 2011, 324pp et
YILDIZ HELENE, Internet : un nouvel outil de
communication multidimensionnel, Strasbourg, ed. V Serfaty, Presses
Universitaires de Strasbourg, 2002, 275-290 pp.
* 132 Le président B.
Obama 19.329.068 de fans sur Facebook et 7,446, 474 Millions de suiveurs sur
Twitter. Source :
http://www.lepost.fr/article/2011/04/19/2470765_le-president-des-etats-unis-mr-barack-obama-are-you-in-etes-vous-de-la-partie.html.
(Consulté le 19 Avril 2011). Source :
https://www.facebook.com/barackobama
;
http://twitter.com/BARACKOBAMA.
Voir la vidéo de l'annonce :
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=OxqQmt_F240;
http://www.youtube.com/watch?v=k2otWXW7D6E.
* 133 Citation extraite de
l'entretien en date du 11/04/2011 mené en compagnie de Benoît
Thieulin. Voir Annexes : N°3.
* 134 Voir l'article :
http://www.journaldunet.com/0505/050523bilanpartispo.shtml.
Source: déclarations des partis politiques recueillies par le Journal du
Net, mai 2005.
* 135 Consulter
www.desirsdavenir.org/. En
outre, précisons que Benoît Thieulin fût l'un des principaux
artisans de la création du site en 2006 au moment des primaires
socialistes.
* 136 Sondage en ligne datant
du 25 et 28 Septembre 2009 du Think Tank « Temps
réels » avec la TNS Sofres. Source :
http://www.temps-reels.net/files/baro-web-pol.pdf
(page n°8). (Consulté le 20/04/2011).
* 137 Pour l'analyse voir en
annexe le tableau comparatif des sites. Annexes : N°17
* 138 Voir Annexes
« Tableau ». N°17.
* 139 Voir annexes :
N°13 ; N°13 bis. Source :
http://www.parti-socialiste.fr.
(Consulté le 20/04/2011).
* 140 La Coopol, pour
« La coopérative politique », est le réseau
social du parti socialiste. Il sert à débattre mais aussi
à mobiliser les sympathisants et les adhérents du parti de
gauche. Le site a été crée en Janvier 2010, selon le site
http://www.strategies.fr, le site
revendique 34 000 membres 1 an après sa création en Janvier
2011. (Consulté le 20/04/2011). Consulter Annexes : N°15.
* 141 Voir Annexes :
« Tableau » N°17.
* 142 Voir Annexes :
N°14 ; N°14 bis. Source :
http://www.lemouvementpopulaire.fr. (Consulté le 20/04/2011).
* 143 Au moment de notre
étude le réseau social de l'UMP, « les
créateurs de possibles » (
www.lescreateursdepossibles.com),
a été fermé à partir de Janvier 2011, par le site
du parti, un an après sa création pour des raisons d'audiences
insuffisantes, de coûts trop élevés et d'une mauvaise
perception du site. Selon un rapport Interne, le site aurait
coûté environ 1.2 Millions €. Le site a donc
décidé d'utiliser Facebook comme réseau social pour la
mobilisation et le recrutement. Source :
http://www.lexpress.fr/actualité/politique/les-createurs-de-possibles-bientôt-fermes-par-l-ump_948217.html.
(Consulté le 21/04/2011). On pourra en outre également citer le
réseau social du Modem, appelé « Les
démocrates ». Source :
http://www.lesdemocrates.fr.
* 144 Voir l'article en ligne.
Source :
http://www2.cnrs.fr/presse/thema/308.htm.
* 145 Blog : Terme
inventé par Peter Merholz en 1999. Il correspond au synonyme de weblog.
Employé pour la première fois dans le jeu de mots « we
blog ». Il a donné naissance au verbe
« bloguer » (publier un billet dans un blog) et au nom
blogueur (personne qui blogue). Définition extraite de l'ouvrage de
CROUZET THIERRY, Le cinquième pouvoir : Comment Internet
bouleverse la politique, Paris, Bourin, 2007, 284 pp.
* 146 Consulter sur le sujet
l'article de PENE SOPHIE, « Bloguer la politique »,
Communication et langages, n° 134, 2007, 5-13pp.
* 147 Citation extraite de
l'entretien mené en compagnie de Benoît Thieulin en date du
11/04/2011. Voir Annexes N°3 sur les blogs des personnalités
politiques.
* 148 Pour aller plus loin sur
ce point, consulter OBERDORFF HENRI, La démocratie à
l'ère numérique, Grenoble, PUG (Presses Universitaires de
Grenoble, 2010, 168pp.
* 149 Précisons que
l'analyse de ces deux blogs a été effectuée à la
date du 22/04/2011. Il est également nécessaire de
préciser que les deux personnalités sont des candidats
déclarés à l'élection présidentielle de
2012, cette précision permet de comprendre dans quelles perspectives le
discours produit sur ces blogs est relativement important pour les
internautes.
* 150 Citation extraite du
blog de François Bayrou. Source :
http://www.bayroublog.com/.
(Consulté le 22/04/2011). Voir Annexes : N° 15.
* 151 Voir Annexes :
N°15 bis.
* 152 Citation extraite du
blog de François Hollande. Source :
http://www.francoishollande.fr.
Voir Annexes : N°16.
* 153 Idem à la note
150. Voir Annexes : N°16 bis.
* 154 Source :
http://www.francoishollande.fr/31032011/declaration-de-candidature-de-francois-hollande-la-presidentielle.
* 155 Citation extraite de
l'entretien mené en compagnie de Benoît Thieulin en date du
11/04/2011. Voir Annexes : N°3.
* 156 Sur le sujet voir
MOUCHON J., « Le résistible déclin du débat
public à la télévision », Mots, ENS LSH
Lyon, n° 67, 2001, 8 pp.
* 157 Sur la question voir
l'ouvrage de LE FOULGOC AURELIEN, « Politique &
télévision : Extension du domaine politique »,
Paris, I.N.A, Médias essais, 2010, 210pp.
* 158 Sources :
http://www.france-communication.com/actualites-en-regions/ile-de-france/profile-pr/2244-une-nouvelle-emission-politique-sur-i-tele-et-radio-classique.html;
http://www.katorze.com/le-mag/actus-media/direct-8-une-nouvelle-emission-politique-pour-la-compagne-de-francois-hollande;
http://www.hellocoton.fr/laurence-ferrari-explique-sa-nouvelle-emission-politique-2484199;
http://www.lejdd.fr/Medias/Television/Actualite/France-3-prepare-son-emission-politique-303177/?sitemapnews.
* 159 Pour cette étude,
nous avons procédé à l'étude des émissions
invitant des professionnels de la politique et traitant de sujets politiques,
les émissions peuvent avoir la forme de magazines, d'émissions de
plateaux spécialisées ou de divertissement. Voir Annexes :
N°17 « Cartographie des émissions
télévisuelles ».
* 160 Similaire à la
note précédente. Voir Annexes :
N°18 « Cartographie des émissions
radiophoniques ».
* 161 Etude
réalisée par l'agence
www.mediametrie.fr sur les PDA
réalisées par les chaînes de télévision pour
la période Fév.-Avril 2011. Source :
http://www.mediametrie.fr/television/communiques/l-audience-de-la-television-en-mars-2011.php?id=431.
* 162 Etude
réalisée par l'agence
www.mediametrie.fr sur les PDA
réalisées par les stations de radio pour la période
Janvier-Mars 2011. Source :
http://www.mediametrie.fr/radio/communiques/l-audience-de-la-radio-en-france-sur-la-periode-janvier-mars-2011.php?id=433.
* 163 Voir en exemple un
extrait de l'émission « On n'est pas
couché » du 13/10/2011 où Dominique de Villepin
était invité. Source :
http://www.youtube.com/watch?v=Vl46tP4FCP0;
Voir également un extrait de l'émission « Face aux
Français » du 26/01/2011 où Ségolène
Royal était invitée. Source :
http://www.youtube.com/watch?v=qd5zMsEQyQ8.
* 164 Voir en exemple un
extrait de l'émission « Dimanche + »
du 24/04/2011 où Christian Estrosi était invité.
Source :
http://www.canalplus.fr/c-infos-documentaires/pid3354-c-dimanche.html;
Voir également l'ouvrage de LE FOULGOC AURELIEN, « Politique
& télévision : Extension du domaine
politique », Paris, I.N.A, Médias essais, 2010,
210pp.
* 165 Sur le sujet consulter
l'ouvrage de CAYROL ROLAND, « La revanche de
l'opinion : Médias, sondages, Internet », Paris,
Jacob Duvernet Ed, Quelle France Demain, 2007, 205 pp.
* 166 Sur le sujet, voir
l'article de Libération. Sources :
http://www.liberation.fr/medias/0101135750-les-emissions-politiques-du-debat-ideologique-au-regne-des-sondages.
(Consulté le 13/04/2011).
* 167 Citation extraite de
l'entretien menée en compagnie de Benoît Thieulin en date du
11/04/2011. Voir Annexes : N°3.
* 168 Sur le sujet, voir
l'article du journal du « Point » en ligne. Source :
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/emmanuel-berretta/les-cantonales-brident-la-presence-des-politiques-a-la-tele-07-02-2011-136385_52.php.
* 169 Voir l'étude en
ligne intitulée « Internet creuse la facture
civique » de T. VEDEL. Source :
http://www.iceta.org/tv210610.pdf.
(Consulté le 24/04/2011).
* 170 AJAVON F.-X.,
« Perspectives et enjeux politiques de la veille médiatique
audiovisuelle », Market Management, N° 13, 2006,
5-21pp.
* 171 Sur ces questions
consulter OBERDORFF HENRI, La démocratie à l'ère
numérique, Grenoble, PUG (Presses Universitaires de Grenoble, 2010,
168pp ; GREFFET FABIENNE, « Les campagnes sur la Toile »,
Revue politique et parlementaire, 1044, 2007, p. 45-49.
* 172 Sur le sujet voir
l'article en ligne sur
http://www.politique.net/2007033102-quand-les-hommes-politiques-creent-leur-propre-web-tv.htm.
Voir les web TV
www.bayrou.tv;
www.sarkozy.fr;
www.parti-socialiste.tv
* 173 Sur cette question
consulter MOEGLIN PIERRE, TREMBLAY GAËTAN, L'avenir de la
télévision généraliste, Paris, L'Harmattan,
Communication et civilisation, 2005, 251pp.
* 174 Etude de l'institut IFOP
datant de Novembre 2010 et disponible en ligne. Source :
http://www.ifop.com/media/poll/1470-1-study_file.pdf.
(Consulté le 25/04/2011).
* 175 CROUZET THIERRY, Le
cinquième pouvoir : Comment Internet bouleverse la politique,
Paris, Bourin, 2007, 284pp.
* 176 Citation extraite de
l'entretien mené en compagnie de Benoît Thieulin en date du
11/04/2011. Voir Annexes : N°3.
* 177 Voir WOLTON DOMINIQUE,
Internet et après ? Une théorie critique des nouveaux
médias, Paris, Flammarion, 1999, 240p.
* 178 Voir en exemple sur le
sujet l'ouvrage de BENVEGNU NICOLAS, « Au-delà de la technique :
l'introduction d'Internet dans le répertoire de mobilisation
électorale de candidats en campagne. Le cas des élections
législatives de juin 2002 », Terminal, (92), 2005,
p.15-25.
* 179Voir les ouvrages de
DELPORTE CHRISTIAN « Image, politique et communication sous la
cinquième république », Vingtième
Siècle. Revue d'histoire, N°72,
Octobre-Novembre 2001, 109-123 ; DELPORTE CHRISTIAN « De la
propagande à la communication politique », Le
débat, N°138, Janvier 2006, 30-45pp.
* 180 Pour rappel, le
T.C.E est le traité sur la constitution Européenne.