2.3 DES PRESTATIONS TECHNIQUEMENT PLUS EXIGEANTES
2.3.1 Des pratiques nouvelles sont exig ees
Des comp6tences et des comportements de bon sens
(re)deviennent primordiaux
Communication entre maître d'ouvrage et
équipe de maîtrise d'oeuvre.
· L'exp erience de nos voisins Suisses en
matiere de logement BBC nous apprend que les problemes rencontres sur les
operations de logement Minergie 59 resultaient surtout de difficult
es de communication : connaissances techniques heterogenes entre maîtres
d'ouvrage, architectes et ing enieurs, echange d'informations entre les acteurs
insuffisant ou trop lent. Ces points de conflit ne sont pas nouveaux mais sont
juste accentu es par des exigences de qualit e sup erieures.
· Les experts qui etudient les meilleures pratiques
europ eennes en vue de leur transfert en France identifient comme facteur ayant
favoris e le succes de Minergie en Suisse : « la coordination entre
conception et realisation, entre architectes
et techniciens/ingenieurs». Cette coordination n'est pas problematique
en Suisse ou les architectes et les ingenieurs sont regroup~s depuis tres
longtemps dans la meme association, la societe des ingenieurs et architectes
(SIA), association qui definit des normes servant de reference aux lois
federales ou cantonales. Ces habitudes de travail communes ne sont pas aussi
systematiques en France. » 60
· Cela signifie que si nous nous contentons
d'adopter le label Minergie sans changer de comportement professionnel le
succes risque d'8tre limit e.
Bonne articulation du role et des responsabilites de
chaque entreprise.
Les chantiers BBC imposent que les roles de chaque
intervenant technique soient particulierement bien d efinis. La question des
articulations et des interfaces entre les diff erents corps de m etiers devient
incontournable.
Lorsque des innovations ont lieu sur le batiment, il
faut notamment s'assurer que toutes les equipes presentes sont inform ees des
nouvelles pratiques en cours.
Dans le meme esprit, les artisans ayant acquis une
culture et des comp etences leurs permettant de repondre aux nouvelles demandes
des architectes doivent egalement titre capables de garantir que leurs equipes
ou eventuels sous-traitants ont le bon niveau d'information et de
competence.
Il s'agit aussi d'un sens des responsabilit es et
d'une ethique : connaître et respecter l'ouvrage de celui qui a travaill
e avant soi fait partie de ces choses devenues trop rares sur les chantiers.
Nous en aurons pourtant besoin a nouveau pour reussir, avec moins de moyens,
des bâtiments capables de repondre aux nouvelles normes de 2012 et
capables de nous aider a passer relever le d efi climatique.
59 Enquete minergie 2004 sur
500 logements
60 Comparaison
internationale Batiment et energie, CSTB
Des compétences transversales pour une
étanchéité et une absence de ponts thermi ques
Les d efauts d' etanch eit e se traduisent par des
infiltrations d'air parasites et ont un impact en termes de d eperditions, de
confort, de sante, d'acoustique et d'efficacit e des systemes de ventilation.
Lorsqu'on utilise un systeme de ventilation double flux, le rendement de
celui-ci peut titre tres fortement reduit, l'air passant par les trous et plus
par l' echangeur.
Le respect et le souci du travail bien fait sont
fondamentaux pour atteindre les objectifs d' etanch eit e a l'air. Selon, le
CETE de Lyon, l'exemple des « Passivhaus » allemandes d emontre qu'il
est possible d'obtenir de tres bons niveaux d' etanch eit e quel que soit le
mode constructif, pourvu que les entreprises y soient attentives tout au long
du processus de construction. Cette attention ne concerne pas que les lots de
l'enveloppe : les campagnes de mesures montrent ainsi que 38Z des d efauts
proviennent des cables et appareillages electriques.
Pour le reste, comme l'indique l'association
Effinergie, les d efauts se situent principalement au niveau des jonctions :
menuiseries ext erieures, trappes et el ements traversant les parois, liaisons
fagades-planchers, fagades-toitures et insertion des coffres de volets
roulants. Les entreprises doivent titre en mesure de suivre les carnets de sch
emas de details d'ex ecution fournis par le maitre d'oeuvre.
On s'appuie bien souvent sur des produits et systemes
sp ecialement congus pour assurer une excellente l' etanch eit e : membranes,
pare vapeur, frein-vapeur, joints pre-comprim es, passe-cables et
passe-conduits, adh esifs a longue duree de vie, etc. Il est alors essentiel
que l'entreprise soit exp eriment ee ou soit form ee par le
fournisseur.
La lutte contre les ponts thermiques pose moins de
difficult es de chantier car cette probl ematique n'est pas recente et parce
que la conception peut prevenir la majeure partie des d efauts.
Dans plusieurs métiers des gestes et techniques
nouveaux sont a maltriser Magonnerie
· Si le batiment utilise le systeme constructif
bloc b eton+isolation int erieure les rupteurs de ponts thermiques sont
absolument indispensables61.
· Isolation par l'ext erieur : a priori, les
comp etences sont presentes chez les entreprises structurees de
magonnerie-ravalement-fagade. Elles ne le sont probablement pas chez les
artisans puisque ces derniers realisent a 98Z des isolations par l'int
erieur.
· Monomur brique alv eolaire :
- La g eom etrie du premier rang de brique doit titre
absolument parfaite (car c'est lui qui va conditionner l'aplomb du mur et le
parfait alignement des briques ainsi que la rapidit e de mise en oeuvre), ce
qui est a la port ee de tout mason soigneux et equip e.
- L'assemblage est assure par un joint mince. Il
s'agit d'une colle sp ecifique appliqu ee au rouleau. Ce geste est acquis
rapidement sous l'instruction d'un professionnel competent.
- Les d ecoupes demandent de la minutie et de
l'outillage (pour eviter des manques de matiere qui seront remplis ensuite par
un mortier non- isolant)
- Il est imp eratif de connaitre et d'utiliser les
elements sp ecifiques (linteaux, poteaux, briques d'angle...), ce qui suppose
un bon niveau d'information sur le produit.
61 Pour un bâtiment RT2005 les rupteurs font passer
le Umur de 0.71 a 0.48
· Bloc beton cellulaire : les comp etences
requises pour la pose ne different pas de celles habituellement maTtrisees par
un mason competent en bloc beton. De plus, les CCTP sont precis62 et
un DTU encadre l'usage de ce produit63.
· Parce qu'elles disposent de moyens de
terrassement, les entreprise de magonnerie et gros-oeuvre sont souvent sollicit
ees pour la realisation de puits canadien, de g eothermie et de cuve enterrees
de collecte d'eau pluviale. Des comp etences en en installation thermique ou
sanitaire sont alors n ecessaires.
· Il sera utile pour le mason de maTtriser les
techniques de pis e et de paille. C'est un plus mais il n'y a pas d'enjeux
massifs par rapport a la norme thermique de 2012.
Menuiserie :
· La pose de menuiserie haute performance
n'implique aucune competence suppl ementaire.
· La multiplication des produits disponibles sur
le march e, les ecarts de performances et de prix consid erables implique que
le menuisier, pour repondre finement au besoin du client doit avoir la capacit
e a conseiller, choisir a bon escient les diff erentes qualit es de
vitrages.
· Les comp etences sp ecialement requises
concernent l' etanch eit e. En effet 41 Z des fuites proviennent des
menuiseries64. La lutte contre les fuites d'air parasite suppose que
le menuisier maTtrise l'usage de mat eriaux nouveaux tels que joints
compressibles, adh esifs, membranes.
· Les menuiseries ne doivent evidemment pas
presenter de ponts thermiques au niveau des interfaces avec la magonnerie ;
ceci procede davantage de la conception et de la coordination des corps d' etat
que de nouveaux gestes a maTtriser par le menuisier.
Charpente :
· Parce que leur niveau de formation est souvent
elev e et qu'ils maTtrisent la structure bois si appreci ee pour les
bâtiments BBC, les charpentiers semblent bien prepares aux futurs marches
des maisons basse energie.
· Si la part de la construction bois est
multipli ee par trois dans les cinq ann ees a venir65, on peut
s'attendre a d' enormes mutations dans ce secteur d'activit e. Des marches
nouveaux seront capt es par les entreprises les plus performantes
(eventuellement suisses, autrichienne ou allemandes...) ou par la
prefabrication industrielle.
· Le charpentier devra etre capable de coordonner
d'autres corps de m etiers, role souvent jou e par le mason dans la
construction conventionnelle en beton.
62 Le CCTP « Cahier des
clauses techniques particulières des ouvrages en MONOMUR THERMOPIERRE
YTONG-SIPOREX » est disponible sur
http://www.xella.fr/downloads/fra/documentation/CCTP_2006.pdf
63 DTU n° 20.1 P 10-202 / 4.5 maconneries de blocs
en b eton cellulaire autoclave.
64 « Etanch eit e a l'air des bâtiments : un
aspect incontournable pour les bâtiments a basse consommation d' energie
» R emi Carrie et Sylvain Berthault, Centre d'Etudes Techniques de
l'Equipement de Lyon,
www.cete-lyon.fr.
65 La part du bois dans la
construction neuve est inf erieure a 20Z. Elle semble etre sup erieure a 70Z
dans les bâtiments basse energie. Si ces derniers deviennent la norme en
2013, de grands changement s'annoncent.
Couverture :
· Le couvreur est directement concern es par les
normes qui imposeront des epaisseurs d'isolant sup erieures a 20
cm.
· Ils sont par ailleurs sollicit es pour la pose de
capteur photovoltaique integre dans la toiture (davantage que le CESI qui
semble rester d evolu au plombier66).
Plomberie :
· Le plombier doit titre capable de conseiller,
choisir poser des appareils economes en eau ou en energie.
· Le plombier doit titre capable de conseiller,
choisir poser un chauffe-eau solaire ; Sur ce point la certification qualisol
fait reference (voir annexe 8 ).
· Il doit aussi titre capable de mettre en service
et d'optimiser le CESI, ce qui demande une technicit e sup erieure au simple
raccordement de canalisations.
· Parce que ses reseaux traversent le batiment, le
plombier doit titre capable de se coordonner et de communiquer avec les autres
corps de m etiers.
Chauffage :
· Sans pretendre se substituer au bureau d'
etude, le chauffagiste doit d evelopper des comp etences en energie et
thermique lui permettant de proposer des choix pertinent et de dimensionner des
dispositifs courants.
· Il doit titre capable de choisir, installer et
optimiser un chauffage bois, systeme g eothermique ou une a erothermique
systeme de chauffage solaire. Pour ces equipements, les certification QualiSol,
QualiPAC, QualiBois et QualiEnR sont adhoc.
· Il doit titre capable de choisir, installer et
optimiser VMC simple flux hygro ou double-flux, realiser un puits
canadien.
· Il doit titre en mesure de choisir, poser un
systeme de regulation precis mais suffisamment simple pour titre facilement
appropriable par l'usager.
· Il doit aller contre l'habitude de la
profession consistant a proposer des installations thermiques surdimensionn
ees. Le surdimensionnement des g en erateurs (pompes a chaleur, chaudieres,
poeles, etc.) provoque un fonctionnement en sous-regime et des cycles de
marche-arrtit tres rapproch es. Le rendement est alors mauvais et le
vieillissement maximal. Des etudes effectu ees sur des dizaines de milliers
d'immeubles ont d emontre que la surconsommation due au surdimensionnement des
installations de chauffage est en moyenne de 15Z67.
Platrerie :
· Le platrier doit titre capable de conseiller,
de choisir a bon escient, de mettre en oeuvre les diff erentes qualit es
d'isolants et de maitriser la pratique des fortes epaisseurs. L'insufflation
d'isolant en vrac type ouate de cellulose est certainement une competence tres
porteuse.
· Savoir realiser un enduit terre, chaux ou
terre-chaux est une competence non
d eterminante mais utile.
Ventilation :
66 Selon l'enqutite de la CERA aupres de 131 entreprise
du Rhône.
67 etude publi ee sur
Energie-Cites.org,
site de l'association des municipalites europ eennes pour une politique energ
etique locale durable
La VMC double-flux est tres presente en Suisse et
Allemagne. L'analyse de la situation dans ces pays aboutit aux conclusions
suivantes68 :
· Les compétences requises pour la pose
d'une double-flux ne sont pas différentes de celles utilisées
normalement avoir un installateur en ventilation. La pose doit simplement titre
tres soignee pour obtenir des réseaux tres stanches, des bouches et des
appareils bien raccordés.69
· L'echangeur de chaleur double flux doit,
simplement et imperativement, titre controls et nettoye au moins une fois par
an, a l'eau chaude et avec un detergent courant et les filtres changes
;
· Le choix initial de l'appareil est important :
independamment de la performance de l'echange thermique, le bon
dimensionnement, une faible consommation des ventilateurs, une programmation
simple et une facilite d'entretien sont les meilleurs garants d'un bon bilan
sur les 15 ans de fonctionnement de l'appareil.
Electricité :
· L'electricien doit titre capable de choisir et
installer une VMC simple flux ou double flux sobre et efficace.
· L'electricien doit titre capable de choisir et
poser un eclairage sobre et performant.
· L'electricien doit titre capable de choisir et
poser un capteur photovoltaIque.
· L'electricien doit titre capable de choisir et
poser un systeme domotique précis, efficace et appropriable par
l'usager.
Nous venons de voir pour les principaux métiers,
quelles sont les compétences nouvelles a maitriser pour avoir toutes les
chances d'assurer les prestations demandées par les beitiments BBC.
68 Comparaison
internationale Bâtiment et énergie C8 - VENTILATION DOUBLE
FLUX EN ALLEMAGNE, SUISSE, PAYS-BAS ET BELGIQUE Auteurs : Bernard
Collignan (
bernard.collignan@cstb.fr)
avec la participation d'Orlando Catarina (
orlando.catarina@cstb.fr)
Expert : Anne Tissot (CETIAT)
69 Apparemment, il n'y a pas
d'équivalent aux DTU de dimensionnement et de mise en oeuvre des
systèmes VMC (DTU 68.1 et DTU 68.2) pour la ventilation double
flux.
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