Résumé
1
Cette étude met en lumière l'influence de
l'activité d'éboueur et des risques professionnels sur la
santé physique et la vie extra professionnelle des éboueurs. Elle
a été menée auprès de 25 éboueurs
mariés et 25 éboueurs célibataires, en vue de faire une
analyse comparative.
En effet, le but de cette étude était de parvenir
à évaluer l'impact des conditions de travail sur la santé
physique et la vie extra professionnelle des éboueurs.
Pour cela, l'objectif consistait à inventorier
l'ensemble de la manutention et les potentiels risques qui découle de
l'activité afin, de recueillir auprès des éboueurs leur
appréciation des contraintes lié à leur travail.
A cet effet, les résultats obtenus à partir des
tests statistiques ont corroboré dans le sens de notre hypothèse
générale.
Mots dlés :
Eboueur, risques professionnels, condition de travail
Summary
This essay endeavors to bring to light the impact of the
dustmen's activity and its inherent risks on the worker's health and extra-pro
fee dustmen's activity and its inherent risks on the worker's health and
extra-professional.
It is a comparative study of twenty five (25) married and
unmarried refuse
collectors the purpose being to assess the influence of the
working conditions on the worker's health and private life.
In actual fact, the study consisted in investigating the garbage
collection activity as a hole including all the risks involved so as to assess
the dustman's perception of his working condition, the risks linked to the
occupation with regard to his extra professional life, be he married or not.
The results of tests and other statistical tables have proved my
general assumption: it is true that the special working conditions that this
occupation requires as well as the harsh rhythm of lab our it produces on the
physical and professional life do also affect the worker' extra professional
life.
Keys words:
Garbage, professional risks, working conditions
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Introduction:
Aujourd'hui les villes africaines font partie des espaces dans
lesquels la problématique de la gestion de l'environnement est
pertinente (Christian Ipemosso, 2008). Les atteintes à l'environnement
sont généralisées et croissantes. La collecte et
l'évacuation des ordures ménagères constituent l'une des
plus grandes difficultés que rencontrent les autorités
municipales. Ces difficultés se traduisent par une accumulation de
déchets ménagers, l'érection de nombreux
dépôts sauvages dans plusieurs quartiers. La faiblesse du taux de
couverture de ce service important de collecte a pour conséquence un
environnement insalubre, malsain caractérisé par la pollution de
l'air, et la dégradation du cadre de vie des populations. C'est
notamment le cas des communes de Libreville et d'Owendo qui connaissent un
développement spectaculaire dans la production d'ordures de toutes
natures.
La production journalière d'ordure dans la capitale
gabonaise est de 500 tonnes dont la plus grande majorité provient des
activités commerciales et des ménages. De manière
générale, les ordures sont abondantes et très souvent
abandonnées dans les rues, les carrefours et les bas-fonds des quartiers
sous intégrés de la capitale.
Ces derniers temps, la presse a consacré de nombreux
reportages sur cette situation, agitant ainsi plusieurs sonnettes d'alarmes,
les appels au civisme s'intensifient de la part des municipalités,
faisant de la salubrité une préoccupation essentielle et de
santé publique. Mais, à aucun moment, ces reportages, parfois
bien documentés par ailleurs, n'envisagent ce qu'est le travail d'un
éboueur dans un tel contexte. En dépit de cet oubli et de ce
silence, les analyses en question sont intéressantes dans la mesure
où elles décrivent les enjeux présents et
démontrent de façon criarde l'importance des tâches de ces
braves gens qui quotidiennement oeuvrent pour la salubrité de nos
villes.
Globalement cette étude se propose non pas de faire un
état de la situation d'insalubrité dans laquelle se trouve notre
capitale mais plutôt, de dresser le portrait
du métier d'éboueur et des risques liés
à cette activité modeste et mal connue du publique avant de
démontrer l'impact de celle ci sur l'éboueur, sa vie sociale et
familiale.
Dans ce cadre d'idées, précisons qu'ici nous
nous intéressons à la conciliation vie privée-vie au
travail des éboueurs tout en considérant la nature et les
conditions dans lesquelles ils exécutent leur travail. Car selon,
Boussougou-Moussavou, (1985; 2004), la vie de travail et la vie hors travail
entretiennent des relations d'influence réciproque.
Ainsi, nous pensons qu'en saisissant la nature et les
caractéristiques de cette activité nous déboucherons sur
une meilleure compréhension de l'activité extraprofessionnelle
des éboueurs.
Notre hypothèse peut être formuée de la
manière suivante: Les exigences du travail d'éboueur, compte
tenu des conditions de travail, du rythme de travail qu'elles
génèrent ont un impact sur la santé physique et la vie
extra professionnelle. Mais cette influence est modulée par la prise en
compte des caractéristiques individuelles (statut marital, age,
ancienneté, nombre d'enfants à charge).
De cette hypothèse générale,
découlent les hypothèses opérationnelles suivantes :
- Hypothèse 1 : Les éboueurs
mariés ont une perception plus négative des conditions de
travails que les éboueurs célibataires.
- Hypothèse 2 : Les éboueurs
mariés ont une perception plus positive de leur vie familiale et de leur
vie sociale que les éboueurs célibataires.
- Hypothèse 3 : les exigences
liées au travail d'éboueur, affectent négativement
l'organisation de la vie extra professionnelle des éboueurs, plus chez
les mariés que
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chez les célibataires.
- Hypothèse 4 : les
caractéristiques individuelles ont un effet modérateur sur la
relation entre les conditions de travail et l'organisation de la vie extra
professionnelle, quand on maintient constante leur influence, plus chez les
éboueurs mariés que chez ceux qui sont
célibataires.
Pour éprouver ces hypothèses, nous avons
mené une enquête par questionnaire auprès de 50
éboueurs de la SOVOG.
Aussi, conformément à l'objectif défini au
départ, notre recherche s'organise - telle autour de deux grandes
parties.
La première partie pose un support conceptuel, dans le
souci de définir les problèmes que posent la collecte des ordures
ménagères en faisant une analyse critique des
caractéristiques de ce travail. Deux chapitres y sont
développés. Le premier chapitre fait une analyse ergonomique des
tâches, de l'organisation et des conditions de travail des
éboueurs tout en mettant en relief les risques inhérents à
cette activité. Le second chapitre expose les théories et les
travaux antérieurs qui sous tendent notre recherche et servent
d'épine dorsale à notre problématique.
La deuxième partie, quant à elle, fait une
description de la démarche méthodologique adoptée. Elle
est composée de deux chapitres. Le premier chapitre définit le
cadre de la recherche, la population d'enquête et l'instrument de
collecte de données. Le second, décrit le matériel
d'enquête, la présentation, l'interprétation et la
discussion des résultats obtenus.
Chapitre I- ACTIVITE D'EBOUEUR, RISQUES
PROFESSIONNELS ET IMPACT SUR LA VIE AU TRAVAIL ET HORS
TRAVAIL.
De multiples regards peuvent être portés sur les
situations de travail. Les vues dont il est question ici sont ceux de la
psychologie et de l'ergonomie : ils sont dirigés sur l'activité,
car c'est à travers elle que ces disciplines abordent le travail.
S'intéresser à l'activité, ce n'est pas
seulement considérer l'agent qui l'exerce, mais aussi la tâche
à laquelle elle répond et toutes les conditions techniques,
sociales et organisationnelles dans lesquelles elle s'insère. C'est
à l'étude de quelques-unes de ces facettes de l'activité
notamment celle d'éboueur que s'attachera ce chapitre.
I.1- Définition de l'activité
d'éboueur
Le travail est définit comme une activité
faisant l'objet d'une rémunération, le travail est
traditionnellement considéré dans la théorie
économique, comme un facteur de production. Il intervient, comme le
capital ou les matières premières, dans le processus de
création des biens et des services, et représente une ressource
pour l'entreprise (Stammers et Shephard, 1995).
Pourtant, il apparaît trop réducteur d'assimiler
l'activité de travail à une quantité vague et
indifférenciée d'heures de travail : en effet, les tâches
humaines sont très diverses et la façon même de les
organiser détermine en grande partie leur efficacité. Les
rapports individuels et collectifs que créent le travail entre les
hommes, les uns employeurs et propriétaires de l'instrument de travail,
les autres travailleurs salariés, subordonnés et
exécutants, sont aussi à prendre en compte dans l'analyse du
travail perçu comme activité faisant l'objet d'une
rémunération. (Stammers et Shephard, 1995).
Ainsi, l'activité met aussi en jeu les fonctions
physiologiques et mentales : les muscles, les articulations, le système
cardio-pulmonaire, la vision, l'ouïe, le toucher,
7
la mémoire. Ces activités dépendent des
conditions dans lesquelles la tâche s'effectue: contraintes,
prévisibilités, imprévus, anormalités.
L'activité d'éboueur ou encore le travail de
collecte d'ordure ménagère, pour sa part ne nécessite pas
de qualification particulière. Il faut, en revanche jouir d'une bonne
santé et d'une parfaite condition physique du fait que l'activité
est principalement tournée autour de la manutention. En outre, la
collecte des ordures de toutes natures, au Gabon, s'effectue à
l'extérieur et en pleine air. L'éboueur également
appelé `' ripeur» travaille seul ou en équipe. Ses horaires
de travail sont des plus contraignants; très tôt le matin mais le
plus souvent tard dans la nuit.
L'éboueur manutentionne quotidiennement plusieurs
tonnes de déchets. Peu de métiers exigent un aussi grand effort
physique que la collecte des ordures. Et ce n'est pas qu'un travail physique,
l'éboueur doit constamment être vigilant, compte tenu des
conditions et de l'environnement dans lesquels s'exécute la collecte des
ordures, obligeant ainsi l'éboueur à adopter une attitude
préventive, (garder un équilibre précaire sur le marche
pied ou encore collecter en plein carrefour etc.).
Le détail de la manutention d'un éboueur pourrait
se décrire comme cidessous :
- se rendre au dépôt pour s'équiper ;
- s'installer à sa benne (au volant pour le conducteur et
sur le marche pied pour les collecteurs) ;
- monter sur le marchepied ou y descendre selon le cas ;
- prendre et/ou rouler les conteneurs et les aligner devant la
trémie ;
- procéder au vidage en actionnant le lève-
conteneur ;
- vider et ramener les conteneurs ;
- ramasser les sacs plastiques et les jeter dans la benne ;
- nettoyer à la pèle les déchets rependus au
sol ;
- soulever seul ou à deux les poubelles pour les vider
dans la benne ;
- contrôler l'adéquation contenant - contenu en cas
ramassage collectif ; - indiquer la fin du ramassage au chauffeur ;
- remonter sur le marchepied ou s'installer dans la cabine ou
même courir derrière la benne jusqu'à la poubelle suivante
pour recommencer...
Voici l'inventaire de la manutention à laquelle font
face les éboueurs et les chauffeurs de camions tasseurs ou à
charge latérale pendant une nuit de collecte. Toutes ces
opérations sont source de danger permanent pour le travailleur.
I.2- Risques professionnels
Le risque est inhérent à l'homme et toutes les
entreprises humaines comportent des risques. Dans le monde du travail, les
risques que l'on y rencontre sont des situations capables de causer des
évènements imprévus pouvant provoquer des lésions
corporelles ou des dégâts matériels.
Les risques professionnels sont occasionnés par les
conditions dans lesquelles les operateurs accomplissent leur tâche. Pour
OHAS (2001,), le risque professionnel peut se définir comme étant
la combinaison de la probabilité, de la ou les conséquences de la
survenue d'un évènement dangereux spécifique. Il peut
être également perçu comme une perte potentielle et
inhérente à une situation ou une activité associée
à la probabilité d'un évènement ou d'une
série d'évènements
Le potentiel risque est une exposition à un danger bien
identifié associé en occurrence à une série
d'évènements parfaitement descriptibles dont on ne sait pas s'ils
se produiront, mais dont on sait qu'ils sont susceptibles de se produire
(accidents, facteurs et sensibilisation http//
www. Wikepedia. Org).
Les risques professionnels sont des situations imprévues
qui s'avèrent dangereuses. Les notions de danger et de risque sont
synonymes
9
A cet effet, le principal danger qui guette les
éboueurs est l'usure prématurée de leur corps. A faire des
torsions du tronc et à ne pas garder le dos droit lorsqu'il se
penche.
Le risque dans le travail de collecte d'ordures est en fait
lié à chacune des opérations décrites ci-dessus et
en fait au métier d'éboueur. Les risques d'accident les plus
fréquents et par ordre de récurrence sont :
- douleurs au dos ou aux épaules à la suite d'un
lancé ou d'une torsion;
- blessures au dos à la suite d'un effort excessif du au
soulèvement d'un poids lourd;
- foulures aux pieds, après une chute ou une glissade;
- écrasement des mains, doigts, bras ou genoux,
frappés par un objet lourd ou coincés entre le camion et le
conteneur;
- coupures aux mains ou aux jambes par des objets pointus
contenus dans les sacs;
- risques de stress et autres maladies affectives ;
- risques de perte des organes sensoriels (yeux, mains,
ouilles...) ;
- risques d'incompréhension et de non harmonisation
(éboueur/ chauffeur) ; - risques d'agression dans les quartiers sous
intégrés.
Au regard des observations faites sur le terrain et aux
entretiens que nous avons eus avec les gestionnaires et les travailleurs, nous
avons identifié sans tous les citer plusieurs sources de risques
notamment:
Importance de la Charge de travail
Un travailleur manipule chaque jour, en moyenne 16 000 kg de
déchet repartis sur plus de 500 points de collecte, il collecte 2,4
tonnes par heure pendant prés de 6 heures, (Calice Moutsinga, Gabonpage,
2008). Pendant qu'il collecte, il a pour seul
10
repos quelques minutes au volant (chauffeur-éboueur) ou
en équilibre précaire sur le marchepied arrière pendant
que le camion roule. Cette charge de travail déjà pénible
en soi est aggravée par divers éléments, tels la
fréquence des montées et des descentes du camion, l'effort
statique de maintien en position d'équilibre sur le marchepied et la
fréquence des postures adoptées (torsion du tronc).
Néanmoins notons que, la collecte par camion tasseur
à l'aide de petits conteneurs domestiques à roulettes
appelés "bacs", réduit la manutention d'objets lourds ou
dangereux, tout en réduisant la fréquence d'apparition des
situations à risque d'accidents et d'aggravation de la charge de travail
par heure de collecte.
Diversité et nature des objets
manipulés
Les objets et contenants de poids et de volume variables
interrompent le déroulement normal des opérations et brisent le
rythme de travail. En outre, nombreux sont les objets lourds, volumineux ou
encombrants, les objets piquants ou coupants, les matières dangereuses,
souvent cachées d'ailleurs par les résidents. Il peut s'agir
aussi de liquide, de gaz, d'éléments en putréfaction
(cadavre de foetus) mêlés à d'autres déchets.
Les déchets organiques ou chimiques fréquemment
rencontrés sont : - fer, verre, vitre, néon
- déchets de bois, clous ;
- mobilier, électroménager, monstre domestique,
- conteneur commerciaux,
- résidus de jardin, gazon, roche, terre,
- déchets de construction, plâtre, peinture,
poussières, cendres, - seringues, déchet médical,
- déchets pré compacté, bloc de ciment
etc.,
- gros végétaux et animaux, commerce et autres
restaurant,
- contenant hors- normes (tonneaux, poubelles, casseroles), -
sac, cachet, carton, papier gras,
- produit toxique (batterie, solvant, peinture, aérosol,
huile etc.).
Contraintes climatiques et objets transportés
Les facteurs climatiques (chaleur, pluie, humidité,
vent etc.) ont une incidence certaine sur le travail de l'éboueur dont
la tache se complique lors de la survenue notamment des pluies. C'est ainsi
que, par exemple, des cartons mouillés ou des poubelles rependent
généralement leur contenu sur le trottoir et que les bacs
domestiques sont souvent bloqués dans la boue ou les eaux de
ruissellement.
De même, le travail de l'éboueur peut se trouver
gêné lorsqu'il s'effectue en temps de pluie, de tornade ou sur une
voie poussiéreuse. De telles situations, souvent fréquentes,
entraînent des risques additionnels pour l'éboueur ; ce dernier se
voyant obligé d'inventer des stratégies de régulation pour
maintenir un rythme de travail acceptable afin de réaliser sa
tâche et de donner ainsi satisfaction à ses chefs. Quelques unes
de ses stratégies de régulation souvent observées sont
:
- les relais par le coup de pied dans les sacs ou les cartons,
- la traversée de la rue a intermittence pour collecter
des deux cotés de la route, - la prise des sacs d'ordures au vol pendant
que le camion roule,
- le port des sacs d'ordures sous les bras ou contre le corps
- le ramassage à la main d'ordures rependues au sol,
- l'usage de toute autre partie du corps (bras, cuisse, reins
tête...) pour lever les charges.
Ces différentes techniques improvisées, nous
l'avons dit sont sources de dangers perpétuels affronté par
l'éboueur surtout en temps d'intempéries ou sa marge de manoeuvre
est très réduite.
Caractéristiques et organisation du travail
12
Rappelons que la caractéristique spéciale de la
collecte est d'être un travail à forfait c'est à dire que
le territoire doit être vidé de tous ses déchets la nuit de
la collecte. La façon d'organiser, de repartir et d'attribuer les
parcours, les horaires, la nature des contrats sont autant
d'éléments qui ont un impact sur les risques du métier.
En effet, les caractéristiques du travail
d'éboueur sont des plus contraignantes. Le travail s'effectue
généralement de nuit, ce qui implique un déphasage global
par rapport aux rythmes de vie normaux et qui est aggravé par la charge
de travail importante, entrainant des effets, d'une part, au niveau de la
santé physique de l'éboueur, et d'autre part, de sa vie sociale
et familiale. Il est fréquent d'avoir dans le travail de nuit un
système consistant à faire travailler les éboueurs pendant
un certains nombre de nuit (4nuits/semaines) et de leur permettre de
récupérer ces heures pendant une période de 4 jours. Ces
périodes de repos qui ne sont pas rémunérer pour les
journaliers ne leur laisse pas le choix que de se trouver un autre travail
temporaire pour pallier le manque à gagné.
Les éboueurs, notamment ceux de la SOVOG, ne
bénéficient pas, pour la
grande majorité, de contrat de travail à
durée indéterminée (CDI), ce qui favorise la
précarité comme l'affirment Fournier, Bourassa et Béji,
(2003) qui portent leur réflexion sur les définitions d'emplois
atypiques et la précarité l'«emploi atypique se confond avec
la précarité. La précarité occasionne une
pauvreté accrue des travailleurs et compromet leur parcours
professionnel, tout en ayant un impact négatif sur leur vie familiale,
sociale et personnelle. » (Fournier, B., Bourassa et al., 2003 p.
619-622).
Toutes ces caractéristiques, vont affecter les
capacités intentionnelles de l'éboueur et vont être peu
propices au maintien d'une attention soutenue lors de la collecte de nuit.
Augmentant ainsi, les risques d'accident.
Les travailleurs en poste de nuit vont également mettre
en oeuvre des stratégies de régulation afin, tout d'abord de
faire face aux contraintes inhérentes à ce type d'organisation du
travail et aux baisses de leur niveau de vigilance, pour maintenir l'efficience
du travail. Ces régulations peuvent se manifester dans l'organisation
des
tâches (Andorre & Queinnec, 1996; Barthe, 1998), ainsi
qu'à celle de la vie hors travail (Queinnec et al., 1992).
I.3- Relation vie au travail et la vie hors travail
L'activité de travail et les activités hors
travail, constituent deux sous systèmes interdépendants; chacune
de ces deux sphères d'activité se trouve régie par des
déterminations d'ordre différent: l'une est soumise à des
exigences ayant leur origine principale dans l'organisation de la production,
l'autre est régie par des décisions personnelles s'inscrivant
dans des modes de vie largement prédéterminés par
l'organisation de la société (Curie, 1987).
Il s'agit bien cependant, de deux sous systèmes
interdépendants: l'activité professionnelle prenant son sens par
rapport a la vie hors travail dont elle fournit les moyens et délimite
les conditions. Ces deux sous systèmes expriment en définitive,
selon Clerc (1982), les connexions étroites qui lient entre eux, dans le
travail et dans la vie, les éléments d'une réalité
qui ne prend son sens que vue globalement.
Dans cette logique, le rapport du sujet avec son travail ne
saurait être compris de manière satisfaisante, sans prendre en
compte les répercussions de ce travail sur la vie hors travail. Car, la
vie de travail et la vie hors travail entretiennent des relations d'influence
réciproque (Boussougou- Moussavou, 1985; 2004). Ainsi, les
conséquences des exigences professionnelles doivent être
considérées comme la résultante du processus par lequel le
sujet tente de réguler les contraintes combinées que les
différents facteurs de la situation de travail font peser sur les divers
plans de son activité hors travail (Prévost et Messing, 2001).
Notons, à ce titre que les contraintes professionnelles
peuvent se traduire, d'abord, par des modifications transitoires de
l'état de fonctionnement du sujet ; mais, elles ne peuvent manquer
d'affecter le déroulement des activités hors travail, et sont
14
successibles par la même de contribuer à la
formation des caractéristiques psychologiques durables (cf. par exemple,
Gadbois et al., 2000).
Donc, la compréhension des conséquences des
contraintes professionnelles passe nécessairement par une analyse des
activités qui constituent la trame de celle-ci. Les modifications de
l'état du sujet induites pendant le temps de travail, qu'elles soient
transitoires ou qu'elles tendent à être durables, sont à
concevoir comme des perturbations initiales introduites dans la dynamique
générale des activités hors travail, lequel se trouve
régie par ailleurs par des déterminations qui lui sont
propres.
De ce fait, c'est seulement, à travers la mise à
jour de la propagation de ces perturbations dans le système, de leur
effets intermédiaires et leurs résultats ultimes qu'il sera
possible de rendre compte des contraintes professionnelles sur la vie au
travail (Boussougou- Moussavou, 1985).
A ce titre, il est sans contesté que les
conséquences des contraintes professionnelles débordent bien
au-delà du moment où cesse le travail. Elles constituent une
série d'éléments défavorables à
l'accomplissement des activités de la vie extra- professionnelle, le
handicap étant d'autant plus lourd qu'une activités se situe
à un moment plus proche du temps de travail (Gadbois, 1981).
C'est dans ce sens que Barrière- Maurisson (1992, p.
116, cité par Barrière- Maurisson, 1998, p. 434) considère
« le travail comme un ensemble formé du travail professionnel et du
travail domestique ». Une telle définition permet de rendre compte
à la fois du travail domestique des hommes mais aussi de
l'activité des femmes et non plus seulement de leur rôle
familial.
Ainsi, les conséquences des exigences professionnelles
doivent être considérées comme la résultante du
processus par lequel le sujet tente de réguler les contraintes
combinées que les différents facteurs de la situation font peser
sur divers plans de son activité hors travail (Prévost et
Messing, 2001).
En définitive, il semble que la prise en charge du
domestique reste un bon exemple pour étudier les modalités,
à la fois sociales, sociétales pour ainsi comprendre l'impact des
conditions de travail sur la vie extra-professionnelle.
I.3.1-Impact sur la vie familiale
Pour ce qui est de l'impact sur la vie familiale, il
apparaît que les difficultés rencontrées dans la vie
familiale sont celles que les travailleurs et leurs familles considèrent
comme les plus gênantes (Tilly, 1987 ; Seifer, 1997). La plupart des
études (1980, Brunstein et Andlaur, 1988) mettent en évidence les
effets négatifs du travail de nuit sur la vie familiale. Ces effets
s'exercent sur toute la famille, le travailleur lui-même, son partenaire
et ses enfants.
Il convient cependant de noter que les effets du travail de
nuit semblent porter sur deux aspects principaux de la vie familiale : d'une
part l'aspect pratique de l'organisation domestique et d'autre part, la vie du
groupe familial, y compris les relations entre les différents
membres.
Concernant l'organisation domestique de la vie quotidienne,
soulignons que celleci est perturbée par le décalage des horaires
du travailleur de nuit par rapport à ceux de sa famille. Ainsi le
travailleur de nuit qui rentre chez lui, doit normalement se reposer pendant le
jour, se voit contraint de limiter son sommeil, se soumettre aux exigences de
sa famille telle que, prendre le repas à douze heures (12 heures), afin
de respecter les rythmes sociaux.
Pour ce qui est de l'organisation familiale, la
détermination tient compte à la fois des exigences physiologiques
et des habitudes sociales pour un père ou une mère de famille. En
effet, assumer la charge des activités traditionnellement
associées à une situation requiert une disponibilité
totale à certains moments précis de la journée. Or, cette
nécessité est difficilement compatible avec le rythme de vie
imposé par le travailleur de nuit. Le rapport est rendu difficile par
les activités des autres membres et ces difficultés croissent en
fonction du nombre d'enfants à charge : plus ces
16
derniers sont nombreux et jeunes, plus les possibilités
de repos sont moindre et cela même pour un homme. Cette situation
entraine la perturbation du climat familial, inconfortable pour le travailleur
qui se repose mal, mais aussi pour sa famille gênée dans ses
habitudes.
Au niveau des relations familiales surviennent
également d'autres difficultés. Le manque d'alternance entre les
activités du travailleur et les rythmes de vie a pour effet de
réduire son temps de présence à la maison. Les repas pris
en famille, que l'on considère comme des moments les plus
privilégiés des échanges familiaux, tendent à
être moins fréquents.
Dans cet esprit, les travaux de Gadbois (1981) portant sur les
conséquences psychologique du travail de nuit, ont montré que
plus d'un travailleur a du mal à concilier sa vie professionnelle avec
les rôles qu'il doit tenir dans sa vie privée, plus son
état psychique s'en ressent : il devient anxieux, il rentre en conflit
avec lui-même avec son entourage.
La prochaine section fait état de l'effet du travail de
nuit sur la conciliation travail/famille dans le sens de la Dégradation
des habitudes de vie, les Problèmes d'adaptation, la Perte de la
transmission des valeurs, des cultures ainsi que la qualité des
relations avec le conjoint et les enfants.
I.3.2-Impact sur la vie sociale
La vie sociale des travailleurs de nuit parait assez
restreinte comme l'ont montré plusieurs enquêtes (Gadbois, 1981
(op. cit.) ; Teiger, 1987) qui ont fait état du sentiment d'isolement et
de malaise ressenti par le travailleur de nuit, d'où le terme de «
mort sociale ». Cela est dû pour une large part, au décalage
des horaires des travailleurs nocturnes par rapport à ceux des autres
travailleurs. D'où la désynchronisation des temps de loisirs. Ces
horaires décalés cassent ainsi les rythmes sociaux (Butat et al.,
1999).
Dans cette optique, l'éboueur doit faire face à
un double impact, d'abord une vie sociale entravée par des horaires de
travail atypique et l'intensité du travail qui ne lui permet pas de
s'adonner à certaines activités, mais aussi une stigmatisation de
son emploi qui attire les regards misérabilistes envers sa personne et
compromet souvent les relations sociales.
Il apparaît, de ce fait, que le cercle de leur relation
devient de plus en plus restreint, traduisant par conséquent des
difficultés à se créer des nouvelles amitiés.
Un autre fait encore plus important, est la participation
à la vie associative qui se trouve empêchée. Cette
situation plus visible dans les activités collectives telles que les
activités sportives, syndicales, politiques dans laquelle le travailleur
nocturne ne peut s'y adonner de façon régulière et s'en
trouve exclus ou s'en exclus lui-même.
En définitive, il semble que les familles et les
individus éprouvent de plus en plus de difficultés à
trouver et à maintenir un équilibre entre les demandes nombreuses
et parfois contradictoires de la vie de travail et de la vie de famille.
Nous venons d'analyser les caractéristiques et les
risques qui entourent l'activité de collecte des ordures et leur impact
sur la vie au travail et sur la vie hors travail. Au regard de ces
considérations théoriques, nous allons maintenant
présenter les théories et les travaux qui soutiennent notre
recherche.
18
Chapitre 2 : PRESENTATION DES THEORIES, REVUE
DES TRAVAUX ANTERIEURS, PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE ET
OBJECTIFS.
II.1- Présentation des théories
explicatives de la vie au travail et hors travail.
Au cours des récentes années, de nombreuses
études réalisées au Québec et ailleurs ont mis en
lumière l'intensification d'un conflit entre le travail et la famille
(Tremblay, 2000)
Selon Tremblay et Amberdt, (2000), le conflit travail- famille
s'explique par le manque de temps que vivent les parents pour le maintien du
foyer, ce qui se traduit par un conflit entre le temps affecté au
travail et celui que l'on affecte ou que l'on souhaite affecté à
la famille et à d'autres activités (politiques, sociales,
culturelles). Ce sont souvent ces dernières activités qui sont
exclues; les parents commencent par les remettre à plus tard et
finissent par les exclure complètement de leur vie.
Pour Lipsett et Reesor, (1997) le conflit entre le travail et
la famille entraîne de nombreuses conséquences néfastes,
non seulement pour les employés, mais aussi pour les employeurs. Pour
les employés, les effets peuvent se traduire par des problèmes de
relations familiales et affectives, par le manque de satisfaction au travail,
ainsi que des problèmes de santé et de stress. Pour les
employeurs, les inconvénients peuvent- être, entre autres, le
coût économique de l'absentéisme, les pertes liées
à une diminution de la motivation et du rendement, la résistance
à la mobilité et aux promotions, le roulement élevé
du personnel, la difficulté d'attirer et de retenir un personnel
qualifié, ainsi que la formation insuffisante de la maind'oeuvre.
Repetti (1987; cité par Muchinski, 2000) a même
proposé quatre processus à travers lesquels le travail et la
famille sont reliés.
Le premier processus est un transfert direct d'humeur d'une
sphère à une autre.
Le second processus est décrit par l'épuisement
des ressources physiques, mentales et émotionnelles de l'individu par
son investissement trop grand dans un domaine de vie. Ces ressources sont
insuffisantes pour affronter d'autre domaine de vie. Le troisième
processus est celui de la socialisation par lequel l'habilitée et les
valeurs apprises dans une sphère dans laquelle elles ont une fonction
adaptative et fonctionnelle, sont aussi applicables dans un autre domaine.
Enfin, le quatrième processus est le déroulement de la
socialisation. Ici, l'habileté et les valeurs qui assurent le
fonctionnement d'une sphère d'activité ne sont pas
appropriées ou généralisables à l'autre
sphère d'activité.
Dans cet esprit, nous allons nous intéresser à
trois modèles théoriques (diffusion, compensation et le
modèle de débordement) qui ont fait l'objet de nombreux travaux,
notamment dans la littérature anglo-saxonne (cf.par exemple Kabanoff et
O'brien, 1980)
II.1.1- Modèle de diffusion
Ce modèle établit que les expériences
dans le milieu de travail influencent la sphère de la vie hors travail
et affecte les comportements et attitudes dans cette sphère, et
réciproquement.
Ainsi, selon ce modèle, les croyances, attitudes et
valeurs acquises dans un domaine se généralisent à un
autre domaine. Par exemple, lorsque le travail procure à la personne une
certaine satisfaction, cela va affecter positivement sa vie privée et,
inversement, le bonheur quelle ressent dans sa vie privée a une
influence positive sur sa vie au travail. Autrement dit, la frustration ou la
satisfaction ressenti dans une des sphères va affecter d'autres
sphères (Barnett, 1994; Demerouti et al., 2005).
De ce fait, il semble que le degré d'implication d'un
individu dans le travail reste lié à son implication dans les
rôles exercés en dehors du travail.
20
Notons, dans cet optique qu'en général, les
recherches validant le modèle de diffusion établissent une
corrélation positive entre les variables dans le travail et dans le hors
travail. Ainsi, la satisfaction des salariés au travail améliore
la vie hors travail et/ou familiale, bien qu'il soit possible que la diffusion
soit négative (Barnett, 1994).
III.1.2- Modèle de compensation
Ce modèle stipule que les travailleurs qui vivent des
« privations au travail » les compensent en choisissant des
activités hors travail dans lesquelles ils s'impliquent (Champoux,
1978). A l'inverse, les personnes qui sont fortement satisfaites dans leur
travail ne cherchent pas des satisfactions supplémentaires dans le hors
travail. En termes d'implication au travail, ce modèle suggère
que les individus qui ne sont pas impliqués dans leur travail
recherchent les implications en dehors du travail. A l'inverse, ceux qui sont
hautement impliqués dans le travail sont supposés ne pas
rechercher d'implication en dehors du travail.
Le modèle de la compensation se caractérise par
une relation négative entre travail et hors travail. Ainsi, par exemple,
les personnes occupant des emplois répétitifs qui sont
socialement isolés, pauvres en variété et en contenu et
qui sont dénués de toute initiative personnelle, auront des
activités extra- professionnelles variées et stimulantes, avec un
« degré d'interaction élevé » (Staines, 1980,
p.111).
En générale, ce modèle est moins
vérifié que le modèle précédent; et si les
études qui appuient le modèle de la diffusion ont un champ
d'emplois qui varient en contenu, celles qui soutiennent le modèle de la
compensation sont basées sur des emplois ayant des
caractéristiques indésirables, « deshumanisantes »,
stressantes, telles l'industrie de mine de charbon et l'industrie de la
pèche.
II.1.3- Modèle de segmentation
Enfin, le modèle de segmentation postule que les
attitudes au travail et hors travail ne sont pas liées entre elle.
Chaque domaine d'expérience développe des valeurs et des
exigences propres et indépendantes et les comportements dans un domaine
de la vie ne sont pas nécessairement reliés aux comportements
dans un autre domaine (Kabanoff, O'Brien, 1980). Ce modèle est
très critiqué et résiste mal à l'observation de la
montée du conflit entre vie professionnel et vie familiale.
En conclusion, il importe de souligner que ses trois
modèles ont été dépeints par Boulin et Silvera
(2001), à partir des travaux de Parker(1964) : l'approche en terme de
généralisation/reproduction/extension qui postule que les
salariés reproduisent dans le hors travail les expériences
positives et négatives vécues dans le travail ; l'approche en
terme de compensation dans laquelle le temps libre a une fonction correctrice
par rapport aux contraintes vécues dans le travail ; l'approche en terme
de neutralité qui postule que les comportements dans le hors travail
sont indépendants de ce qui se joue dans le travail.
Le modèle théorique de notre
recherche
Les modèles utilisés pour rendre compte du lien
existant entre la vie au travail et la vie hors travail sont nombreux et de
niveau de complexité diverse. A l'examen des postulats de ces trois
modèles qui viennent d'être exposés et à partir des
objectifs de notre étude, le modèle de la diffusion tel que
repris par (Barnett, 1994; Demerouti et al., 2005) nous apparaît
le plus plausible et le plus approprié. Il suppose que les frustrations
vécues au travail se propagent et se colonisent sur la vie
extraprofessionnelle. Cette théorie a des apports puissants et
importants dans la mesure où elle édite des règles et
induit des méthodes de diffusion d'attitudes et de comportements. C'est
donc une théorie puissante pour comprendre la relation vie au
22
travail et vie hors travail. Bien qu'elle fait abstraction du
sujet entant qu'il accepte ou non une attitude lorsqu'elle s'impose, fut-ce
inconsciemment. Elle véhicule en effet une conception du sujet passif
et manipulé par les exigences de son activité de travail.
II.2-Revue des travaux antérieurs
Nous allons présenté, ici, les travaux de Marine
et al., (1981), de Nathalie St-Amour et al.,(2005) et de
Gadbois, (1981) qui ont étudiés la relation entre le travail et
le non travail, en faisant ressortir l'influence et l'impact du travail sur
l'organisation des activités de la vie hors travail.
II.2.1- Travaux de Marine, Escribe et Navarro (1981)
Marine et al.,(1981) ont étudié
l'articulation temporelle de la vie de travail et hors travail, en ce centrant
sur l'influence d'un facteur particulier (contrainte de temps) sur
l'organisation des activité de vie dans les ménages.
L'étude porte sur un échantillon de 82 personnes, en comparant
les couples dont seul le mari travaille à ceux dont les conjoints
exercent tous une activité professionnelle. L'hypothèse retenue
pour cette étude est que les modes d'organisation des activités
dans le couple sont affectés par le volume de temps disponible pour
gérer ce système. Les variables prises en compte sont la
structure temporelle des activités (variable dépendante) et le
volume de temps pour gérer ce système (selon le couple ou selon
que le mari exerce une profession), comme variable indépendante, en ce
sens que le temps de travail constitue un pôle dominant par rapport
auquel se structurent les activités hors travail.
Ainsi, si les résultats de cette étude
confirment l'existence de stratégies différentielles, ils
montrent surtout la complexité du réseau de variables qui
interviennent dans les modalités de régulation mises en jeu:
moyens contraintes, modèle de vie...
La problématique développée ici
s'insère dans le cadre d'une étude collective sur la relation vie
de travail- vie hors travail menée sous la direction de Curie (1980,
cité par Marine et al., 1981, p.25) dont l'un des postulats est
que les incidences d'une modification affectant un domaine particulier ne
pourront être saisie que si l'on connait les modes d'interaction des
différents secteurs d'activité entre eux.
Signalons, cependant, que cette approche peut paraître
restrictive pour deux raisons: en premier lieu, les auteurs n'abordent qu'un
sens de l'interaction vie au travail- vie hors travail, alors que dans la
perspective systémique adoptée, une relation réciproque
est tout aussi possible (Curie et Hajjar, 1987). En second lieu, au delà
des conséquences temporelles retenues ici, l'activité
professionnelle a des effets physiologiques et psychologiques sur l'individu
dont l'état actuel de la recherche ne permet pas de rendre compte. Par
exemple, selon Boussougou- Moussavou (1996), l'absentéisme peut
être analysé non seulement comme une réponse à des
mauvaises conditions de travail, mais également comme une forme
particulière de régulation du système des
activités, c'est à dire une conduite répondant aux
perturbations que la vie de travail introduit dans la réalisation
d'activités extra- professionnelles.
En dépit de ces limites, l'essentiel de l'étude
a porté sur la description des activités de vie en fonction du
volume de temps professionnel des couples et a permis ainsi
d'appréhender la manière dont les personnes organisent leur
emploi du temps, c'est à dire de mettre en évidence des formes de
régulations particulières selon les sujets ou les
ménages.
II.2.2- Travaux de Nathalie St-Amour, Johanne
Laverdure, Annie Devault et Sylvianne Manseau (2005)
Nathalie St- Amour et al., ont menés une
étude sur : la conciliation travail-
24
famille: ses impacts sur la santé physique et mentale
des familles québécoises. Cette problématique est
analysée à la lumière des différents contextes
entourant le travail et la famille. Les études retenues sont issues de
deux sources d'informations principales : les recherches publiées dans
des revues où les textes sont évalués par les pairs, les
recherches et les documents publiés par les gouvernements provinciaux et
fédéraux. Les stratégies de repérage des
études pertinentes et récentes ont consisté, dans un
premier temps, à interroger les banques de données suivantes :
Medline, PsychINFO, Francis et Érudit, à partir d'une combinaison
de mots-clés comme par exemple, conciliation, travail et famille,
travail, famille et santé (santé mentale et physique),
bien-être, travail, famille et enfant en plus de travail, famille et
adolescent.
L'ampleur du conflit révélé par les
études confirme ce que l'observateur est en mesure de constater dans le
quotidien : les familles et les individus éprouvent de plus en plus de
difficultés à trouver et à maintenir un équilibre
entre les demandes nombreuses et parfois contradictoires de la vie de travail
et de la vie de famille.
Les recherches nous rapportent que cette course contre la
montre a des conséquences importantes au plan de la santé
physique et mentale des individus et de leurs déterminants ainsi qu'au
plan économique.
L'ensemble de ces études ont mis en évidence les
résultats suivants :
Au plan de la santé physique, mentale
et de leurs déterminants
1. Selon l'enquête sociale générale (ESG)
de 1998, les parents et les mères mono parentales âgés de
25 à 44 ans, signalent le plus haut taux de stress relié au
manque de temps.
2. Il existe une corrélation élevée entre
les situations de conflit travail-famille et la dépression
(soulevée dans la méta-analyse d'Allen et coll., 2000).
3. Il existe un lien entre les situations de conflit
travail-famille et les troubles
d'anxiété et d'humeur chez les femmes en
particulier (Frone, 2000).
4. Il existe un lien entre les situations de conflit
travail-famille et les coûts requis pour les consultations
médicales des travailleurs (Duxburry et Higgins, 1999).
5. Il existe un lien entre le conflit travail-famille et
l'incidence de maladies physiques comme l'hypertension artérielle,
l'hypercholestérolémie, les troubles gastro-intestinaux, les
allergies et les migraines (Duxbury, Higgens Mills, 1991; Frone, Russe/Barnes,
1996; Thomas et Ganster, 1995).
6. Les difficultés de la conciliation travail-famille
ont des répercussions négatives sur les habitudes alimentaires et
la pratique de l'activité physique (C. Dubé et coll., 2002,
Hitayesu, 2003).
7. Le conflit travail-famille est associé à une
augmentation de la dépendance à l'alcool et de la consommation de
drogues chez les hommes en particulier (Frone, 2000).
8. Les parents qui se sentent débordés par
leurs multiples tâches auraient une attitude moins chaleureuse avec leurs
adolescents et seraient plus enclins à développer des
interactions conflictuelles avec ces derniers (Galambos, Sears, Akmeida et
Klokeric, 1995).
9. Le conflit travail-famille a été relié
à l'insatisfaction face à la vie familiale et conjugale (St-Onge
et coll., 2002).
10. Les horaires de travail atypiques et le conflit
travail-famille ont été associés au manque de temps pour
partager les repas en famille. Pourtant, ces moments sont
considérés comme des moments privilégiés de
socialisation qui ont des répercussions émotionnelles positives
sur les relations parent-enfant (US Council of Economic Advisors (2002).
Au plan du travail et au plan
économique
1.
26
Selon l'étude de Duxbury et Higgins, les personnes qui
vivent un conflit travail-famille sont 27 % à
se dire satisfaites de leur travail alors que les
employés qui ne sont pas dans une telle situation le sont à 80
%.
2. La méta-analyse d'Allen et coll., (2000)
démontre que les employés qui vivent des problèmes de
conciliation travail-famille songent davantage à changer d'emploi et
sont plus susceptibles de connaître un épuisement
professionnel.
3. La conciliation travail-famille est aussi reliée
à un rendement professionnel inférieur, à une augmentation
de l'absentéisme, à un roulement élevé du personnel
et à une perte de motivation (Duxbury et Higgins, 1998).
4. L'insatisfaction professionnelle des employés
entraîne des coüts supplémentaires pour les employeurs et
pour le système de santé, car elle est associée à
un absentéisme accru, à un roulement du personnel et à des
problèmes de santé des travailleurs. Les employés
satisfaits de leur emploi vivent plus longtemps et sont moins susceptibles
d'être malades (Robbins, 1993 dans Duxbury et Higgins, 1999).
5. Des chercheurs ont estimé que les jours d'absence
au travail des employés qui vivent des difficultés de
conciliation entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle ont
représenté des coûts de 2,7 milliards de dollars pour les
entreprises canadiennes en 1997. (Cooper et coll., 1996; Levi et Lunde-Jensen,
1996 dans Duxbury et Higgins, 1999).
6. Cette dernière étude permet d'estimer
à plus de 100 millions de dollars par année les coûts en
soins de santé associés à la difficulté de
concilier travail et famille au Québec.
L'examen des banques de publications et des contacts avec des
experts n'a fait ressortir aucune documentation de l'impact sur la santé
de mesures gouvernementales particulières dans le domaine de la
conciliation travail-famille.
III.2.3- Travaux de Gadbois (1981)
Gadbois (1981) a mené une étude sur le travail
de nuit et les modes de gestion des contraintes de ce travail au plan de la vie
familiale chez le personnel féminin des hôpitaux. Cette
étude met, tout d'abord en évidence , la multiplicité des
formules de travail de nuit existantes : pour 61 hôpitaux et 848
personnes, cinq longueurs de nuit de travail ont été
relevées (entre 8 heures et 12 heures par nuit), 16 durées
mensuelles (de 140 à 200 heures) et quinze modèles
différents de formules tournantes pour alterner période de
travail et période de repos (d'une nuit de travail par une nuit de repos
à 7 nuit de travail par 4 nuit de repos ou 7 nuit de travail par 7 nuit
de repos).
La majorité du personnel enquêtée a
été affectée à un poste de nuit `'sur demande»
(85%). Cela s'explique, sans nul doute pour une large part, par le fait que la
décision de travailler de nuit donne la possibilité de faire face
aux charges familiales pendant le jour. Ce sont surtout les femmes
mariées avec enfants qui demandent leur affectation à un certain
temps à des postes de nuit (plus de 90%). De même l'attrait
financier du travail de nuit (octroi d'une prime forfaitaire par heure de
travaillée) rend ce système attrayant pour les catégories
des moins rémunérées : agents hospitaliers et aides-
soignantes, plutôt que les infirmières.
L'analyse de ce qui est vécu par ces personnes, en
dehors du temps de travail, montre que les exigences sociales des
activités extra- professionnelles tendent à prendre partiellement
le pas sur les conditions optimales de récupération du
déficit du sommeil ; le sommeil diurne qui suit la nuit de travail est
comprimé (4 heures 30 en moyenne dans un système de nuit de
travail, 6 heure 20 dans un système de 4 nuit de repos). Ce sommeil est
quelquefois pris en deux fois, afin de permettre à la femme de
28
faire face à certaine contraintes familiales (repas de
midi, par exemple) ; son début est pour les mêmes raisons
retardé : la femme rentre à 7 heures 30 chez elle, se couche
seulement à 8 heures 30, une fois ses enfants partis à
l'école.
L'étude montre également que la vie sociales de
ces femmes (vie associative, sorties, invitation familiales ou amicales,
loisir, etc.) est plus restreinte si on la compare à celle d'un groupe
de référence du personnel de jour. Les effets du travail de nuit
se répercutent, par ailleurs, sur les autres membres de la cellule
familiale : le père, obligé d'assumer un certains nombre de
fonctions classiquement remplies par la mère (repas du soir, coucher des
enfants) voit aussi sa `'vie sociale diminuée» (p. 451). Il y a
aussi le fait que les travailleurs de nuit tendent à solliciter de leurs
enfants un apprentissage plus précoce de l'autonomie, amenés
à supporter les effets des contraintes qui empêchent leurs
mères de leur fournir certains types d'aide habituellement reçus
par les enfants de leur âge.
En définitive, bien que les emplois atypique peuvent
constituer une stratégie positive d'intégration du marché
du travail, il n'en demeure pas moins elle peut être le résultat
d'un processus menant à la marginalisation des travailleurs. Pour une
part importante des travailleurs notamment, les travailleurs de nuit.
De ces différents travaux qui viennent d'être
présentés, il apparaît que les contraintes professionnelles
et les conditions de travail influencent négativement l'organisation des
activités extra-professionnelles. En conséquence, les
travailleurs ont du mal à concilier les rôles professionnels et
les rôles non professionnels. Cela débouche sur le conflit
travail-famille.
En nous appuyant sur ces travaux, nous allons élaborer
notre problématique, en précisant que la plupart des travaux
présentés, ici, ont été réalisés en
occident, nous devons donc les interpréter. En effet, nous sommes dans
un contexte différent et le conflit travail- famille n'est pas forcement
vécu de la même façon et n'a pas donc les
mêmes effets, selon qu'on est au Gabon ou en occident.
Nous devons, de ce fait, tenir compte des réalités de
l'environnement gabonais. Cela va nous conduire à préciser notre
problématique.
III.3- Problématique de la recherche
Un éboueur est un ouvrier qui à pour mission de
collecter, traiter et éliminer les ordures ménagères.
C'est un métier qui ne requière pas de qualification
particulière et qui a pour seule perspectives: chef d'équipe,
chauffeur de camion benne. L'activité d'éboueur comporte un
certain nombre de caractéristique qui fait de ce travail un
métier particulier.
La première caractéristique est que cette
activité est mal connue du public. Partout dans le monde la collecte des
ordures n'intéresse que très peu de gens. En
générale, l'activité est classée dans les
métiers modestes qui suscitent un regard condescendant et
misérabiliste. S'apparentant au « sale boulot », un
métier constitué de tâches « physiquement
dégoûtantes » ou symbolisant « quelque chose de
dégradant et d'humiliant », ou encore qui vont « à
l'encontre de nos conceptions morales les plus héroïques »,
(Hughes E. C., 1997).
Fournier et al., (2003), parlent de travail atypique et
précaire. Selon ces auteurs, la précarité de cette
catégorie, se saisit à travers l'instabilité de la
relation du temps de travail, l'incertitude liée au revenu et à
l'absence de protection syndicale, tandis que, l'atypie conduit à la
marginalisation des travailleurs. Aussi l'emploi atypique se confond à
la précarité, occasionnant ainsi, une pauvreté accrue des
travailleurs tout en ayant des effets négatifs sur leurs vie familiale,
sociale et personnelle.
La seconde caractéristique est que la collecte des ordures
s'exerce en plein air, avec des horaires plus souvent décalées,
soit très tôt le matin, soit tard la nuit avec
30
des conséquences lourdes sur la santé (douleurs
musculaires, troubles cardiaques, digestifs etc.) susceptibles d'entraver la
qualité de la vie familiale et sociale.
La dernière caractéristique, de loin la plus
importante, est que l'activité est hautement dangereuse,
l'éboueur est en contact direct et permanent avec les objets,
matières et substances hétéroclites et dangereux.
L'effort physique est constamment requis et doit se
déployer en fonction des situations auxquelles est confronté
l'éboueur, selon le niveau de production à atteindre. Aussi,
rentré chez lui, le travailleur se retrouve-t-il dans
l'incapacité d'accomplir certaines tâches extra-professionnelles,
telle que prendre un repas en famille, se divertir entre ami (e), etc.
Greenhaus et Beutelli, (1985) envisagent le mode de vie qui en
résulte sous la forme d'un conflit entre les différents
rôles occupés par le travailleur. Ce conflit se présente
sous trois formes à savoir:
- le conflit de temps: le temps passé dans un
rôle rend l'éboueur peu disponible pour s'investir dans un autre
rôle, se distraire ou se détendre.
- le conflit de tension entre les rôles: la fatigue et
le stress vécus au travail, ont tendances à se transposer,
lorsque le travailleur retrouve sa famille et inversement.
- Le conflit de comportement: un comportement
spécifique à un rôle (au travail) est souvent incompatible
avec les attentes et les besoins des membres de la famille.
Ces situations créent et s'accompagnent des faits et
des comportements qui ont une incidence sur la santé physique et mental,
la qualité de la vie et le bien être de l'agent et de ses
proches.
Déterminer les répercussions de ces conditions de
travail sur l'organisation de
la vie extra professionnelle et la santé physique
constitue la problématique de ce travail. Il s'agit là,
d'analyser, la perception que se font les éboueurs de leur condition de
travail, l'influence de ces conditions sur l'organisation de la vie extra
professionnelle et la santé physique tout en prenant en compte la
situation marital des éboueurs.
Nous pensons qu'en cernant l'essence et la nature de cette
activité on débouche sur une plus grande compréhension de
l'activité d'éboueur et par ricochet sur la vie extra
professionnelle. Mais à quel risque les éboueurs peuvent-ils
être confrontés ? Comment l'organisation de l'activité
influence t-elle la vie des travailleur ? Quelles conséquences
dérivent de l'activité d'éboueur sur le sujet, sa vie au
travail et sa vie extra- professionnelle ?
Ces quelques interrogations nous amènent à
identifier la nature de nos variables.
II.3.2. Identification des variables
En considérant la problématique qui vient
d'être développée, nous avons identifié les
variables suivantes :
- Variable indépendante (V.I.): les
conditions de travail (charge physique, charge mentale, horaires de
travail) ;
- Variable dépendante (V.D.) :
l'organisation des activités liées à la vie extra
professionnelle et à la santé physique (vie familiale, vie
sociale) ;
- Variable modératrice : les
caractéristiques individuelles (statut marital, âge,
ancienneté, nombre d'enfants à charge).
32
II.3.3. Hypothèses de
travail
Les variables qui viennent d'être identifiées nous
conduisent à formuler les hypothèses suivantes :
II.3.3.1. Hypothèse générale.
Les exigences du travail d'éboueur, compte tenu des
conditions de travail, du rythme de travail qu'elles génèrent ont
un impact sur la vie extra professionnelle. Mais cette influence est
modulée par la prise en compte des caractéristiques individuelles
(statut marital, age, ancienneté, nombre d'enfants à
charge).
II.3.3.1. Hypothèses
opérationnelles
De cette hypothèse générale,
découlent les hypothèses opérationnelles suivantes :
- Hypothèse 1 : Les
éboueurs mariés ont une perception plus négative des
conditions de travails que les éboueurs célibataires.
- Hypothèse 2 : Les
éboueurs mariés ont une perception plus positive de leur vie
familiale et de leur vie sociale que les éboueurs
célibataires.
- Hypothèse 3 :
les exigences liées au travail d'éboueur, affectent
négativement l'organisation de la vie extra professionnelle des
éboueurs, plus chez les mariés que chez les
célibataires.
- Hypothèse 4 :
les caractéristiques individuelles ont un effet
modérateur sur la relation entre les conditions de travail et
l'organisation de la vie extra
professionnelle, quand on maintient constante leur influence,
plus chez les éboueurs mariés que chez ceux qui sont
célibataires.
II.4. Objectifs de la recherche
Comme objectifs, nous avons un objectif général
et trois objectifs spécifiques.
Objectif général :
L'étude vise donc :
L'exploration en profondeur d'un secteur peu ou mal connu,
afin de contribuer à une meilleure connaissance de l'activité
d'éboueur et des risques inhérents à la collecte d'ordures
ménagères.
Objectifs spécifiques :
L'étude vise à :
* Identifier distinctement les conditions d'ambiance
physique de l'activitéd'éboueur.
* Décrire les caractéristiques
particulières de l'environnement de travail des éboueurs.
* Evaluer les effets de l'activité sur les
travailleurs et sur leur vie extraprofessionnelle.
Tels sont les points essentiels qui guideront notre travail.
Mais avant d'arriver là, il savère important de définir
les concepts mis en jeux dans notre étude.
34
Chapitre III : CADRE DE RECHERCHE, POPULATION
D'ENQUETE ET INSTRUMENT DE COLLECTE DE DONNEES.
Dans ce chapitre, nous décrivons, d'abord, le cadre de
recherche à partir duquel l'enquête a été
réalisée et, ensuite, la population qui a présidé
à cette enquête.
III.1. CADRE DE
RECHERCHE
Il est très difficile qu'une recherche ou encore une
étude psychologique se passe d'une phase d'enquête. Cet
état de fait correspond aux exigences d'une étude. Quelle soit de
l'ordre de la recherche appliquée ou fondamentale, répondant
à des préoccupations diverses, le chercheur éprouve le
besoin d'aller sur le terrain pour avoir des informations concrètes.
Ainsi, pour réaliser cette enquête, nous avons
ciblé les éboueurs de la société de Valorisation
des Ordures du Gabon (SOVOG) basée à Libreville,
précisément à Mindoubé.
Il est important de préciser à cet effet, que la
SOVOG est une société à vocation publique. Elle a pour
mission, en vertu d'une convention signée en 2002 avec l'Etat Gabonais
concernant la collecte et le traitement des ordures ménagères.
Cependant, la mission de traitement des ordures connaît jusqu'à ce
jour des problèmes de lancement. Située au nord de Libreville, la
SOVOG emploie aujourd'hui 250 salariés au service de la capitale
Libreville.
Après la description du cadre de recherche, nous passons
à présent à la définition de la population
d'enquête.
III.2. Population d'enquête
III.2.1. Définition
Notre population d'enquête est composée
uniquement des hommes éboueurs. Ils sont issus, comme nous l'avons
souligné précédemment, du secteur privé : à
savoir celui du ramassage et du traitement des ordures
ménagères.
III.2.2. Caractéristiques et choix de
l'échantillon
Les critères qui ont présidé au choix de
notre échantillon sont les suivants : être éboueurs de nuit
ou de jour, avoir une ancienneté d'au moins d'un an, avoir des enfants
à charge, travailler à temps plein.
Précisons que pour choisir nos sujets, nous n'avons pas
utilisé une technique d'échantillonnage particulière. Le
choix a été déterminé par la disponibilité
des hommes sur leur lieu de travail. C'est, donc, un échantillon du tout
venant. Nous avons, par ce mode de choix, réussi à avoir 50
hommes qui ont accepté de répondre à notre questionnaire,
en prenant soin d'avoir un nombre équivalent des hommes mariées
et célibataires, en vue de faire une étude comparative. Nous
avons, donc, 25 éboueurs mariées et 25 éboueurs
célibataires.
Les tableaux 1, 2 et 3 ci-après résument les
caractéristiques de notre échantillon (age, ancienneté,
nombre d'enfants à charge).
36
Tableau n°1 : Table de fréquences : Age
des Eboueurs (mariées vs. célibataires).
|
Eboueurs mariées (n= 25)
|
Eboueurs célibataires (n= 25)
|
Catégorie
|
Effectif
|
Effectif
|
%
|
%
|
Effecti
|
Effectifs
|
%
|
%
|
|
s
|
s
|
|
Cumulé
|
fs
|
Cumulés
|
|
Cumulé
|
|
|
Cumulé s
|
|
|
|
|
|
|
20,00<x<=25,
|
0
|
|
0,00
|
|
0
|
0
|
0,00
|
0,00
|
|
|
0
|
|
0,00
|
|
|
|
|
00
|
|
|
|
|
|
|
|
|
25,00<x<=30,
|
|
|
|
|
|
5
|
20,00
|
20,00
|
|
4
|
4
|
16,00
|
16,00
|
5
|
|
|
|
00
|
|
|
|
|
|
|
|
|
30,00<x<=35,
|
|
|
|
|
|
|
32,00
|
52,00
|
|
4
|
8
|
16,00
|
32,00
|
8
|
13
|
|
|
00
|
|
|
|
|
|
|
|
|
35,00<x<=40,
|
|
|
|
|
|
|
44,00
|
96,00
|
|
5
|
13
|
20,00
|
52,00
|
11
|
24
|
|
|
00
|
|
|
|
|
|
|
|
|
40,00<x<=45,
|
|
|
|
|
|
|
4,00
|
100,00
|
|
4
|
17
|
16,00
|
68,00
|
1
|
25
|
|
|
00
|
|
|
|
|
|
|
|
|
45,00<x<=50,
|
|
|
|
|
|
25
|
0,00
|
100,00
|
|
7
|
24
|
28,00
|
96,00
|
0
|
|
|
|
00
|
|
|
|
|
|
|
|
|
50,00<x<=55,
|
|
|
|
|
0
|
25
|
0,00
|
100,00
|
|
1
|
25
|
4,00
|
100,00
|
|
|
|
|
00
|
|
|
|
|
|
|
|
|
VM
|
0
|
25
|
0,00
|
100,00
|
0
|
25
|
0,00
|
100,00
|
A la lumière de cette table de fréquences, il
apparaît que la tranche d'âge la plus importante, chez les
éboueurs mariés est celle de 45-50 ans (7/25, soit 28%), alors
que chez les célibataires, c'est celle de 35-40 ans (11/25, soit
44%).
Quant à l'âge moyen, il est de 40,16 ans chez les
éboueurs mariés et de 34,60 ans chez les célibataires. A
première vue, il semble que les éboueurs célibataires sont
relativement moins âgés que les éboueurs mariés.
Tableau n°2 : Table de fréquences :
Ancienneté des éboueurs (mariées vs.
|
Eboueurs mariés (n= 25)
|
Eboueurs célibataires (n= 25)
|
Catégorie
|
Effecti fs
|
Effectifs Cumulés
|
%
|
% Cumulé
|
Effectif s
|
Effectifs Cumulés
|
%
|
% Cumul é
|
-5,00<x<=0,00
|
0
|
0
|
0,00
|
0,00
|
0
|
0
|
0,00
|
0,00
|
0,00<x<=5,00
|
|
|
|
|
|
|
48,0
|
48,00
|
|
6
|
6
|
24,00
|
24,00
|
12
|
12
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0
|
|
5,00<x<=10,00
|
|
|
|
|
|
|
40,0
|
88,00
|
|
6
|
12
|
24,00
|
48,00
|
10
|
22
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0
|
|
10,00<x<=15,0
|
|
|
|
|
|
|
8,00
|
96,00
|
|
6
|
18
|
24,00
|
72,00
|
2
|
24
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
15,00<x<=20,0
|
|
|
|
|
|
|
0,00
|
96,00
|
|
3
|
21
|
12,00
|
84,00
|
0
|
24
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
20,00<x<=25,0
|
|
|
|
|
|
|
4,00
|
100,00
|
|
1
|
22
|
4,00
|
88,00
|
1
|
25
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
25,00<x<=30,0
|
|
|
|
|
|
|
0,00
|
100,00
|
|
2
|
24
|
8,00
|
96,00
|
0
|
25
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
30,00<x<=35,0
|
|
|
|
|
0
|
25
|
0,00
|
100,00
|
|
1
|
25
|
4,00
|
100,00
|
|
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
VM
|
0
|
25
|
0,00
|
100,00
|
0
|
25
|
0,00
|
100,00
|
38
De cette table de fréquences, il ressort que chez les
éboueurs mariés, l'ancienneté la plus importante va de
5à 15 ans (18/25, soit 72%), alors que chez leurs homologues
célibataires, elle se situe entre 0-5ans (12/25, soit 48%).
Pour ce qui est de l'ancienneté moyenne, elle est de
12,80 ans chez les mariés et de 6,92 ans chez les célibataires.
Il est donc visible, ici, que les mariés ont, dans leur profession, une
expérience plus soutenue que les célibataires.
Tableau n°3 : Table de fréquences :
Nombre d'enfants à charge des éboueurs (mariées vs.
célibataires).
|
Eboueurs mariés (n= 25)
|
Eboueurs célibataires (n= 25)
|
Catégorie
|
Effectifs
|
Effectifs Cumulés
|
%
|
% Cumulé
|
Effectif s
|
Effectifs Cumulés
|
%
|
% Cumul é
|
1,00<x<=2,0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2
|
2
|
8,00
|
8,00
|
2
|
2
|
8,00
|
8,00
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2,00<x<=3,0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3
|
5
|
12,00
|
20,00
|
0
|
2
|
0,00
|
8,00
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3,00<x<=4,0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6
|
11
|
24,00
|
44,00
|
10
|
12
|
48,00
|
48,00
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4,00<x<=5,0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4
|
15
|
16,00
|
60,00
|
0
|
12
|
0,00
|
48,00
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
5,00<x<=6,0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6
|
21
|
24,00
|
84,00
|
7
|
19
|
28,00
|
76,00
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6,00<x<=7,0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3
|
24
|
12,00
|
96,00
|
0
|
19
|
0,00
|
76,00
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
7,00<x<=8,0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
25
|
4,00
|
100,00
|
6
|
25
|
24,00
|
100,00
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
VM
|
0
|
25
|
0,00
|
100,00
|
0
|
25
|
0,00
|
100,00
|
Ici, on remarque que 6/25 éboueurs mariés (soit
24%) ont entre 3 et 4 enfants à charge et 6/25 également (soit
24%) entre 5 et 6 enfants. Quant aux éboueurs célibataires, on
constate que 10/25 d'entre elles (soit 48%) ont entre 3 et 4 enfants
à
40
charge et 7/25 (soit 28%) entre 5 et 6.
Concernant le nombre moyen d'enfants à charge, on
remarque qu'il est de 4,88, chez les mariés, et de 3,68, chez les
célibataires. A ce niveau, il y a peu d'écarts entre les
éboueurs mariés et ceux qui sont célibataires.
III.3. Instrument de collecte de
données
III.3.1. Définition
Pour collecter les données, nous avons utilisé
un questionnaire qui a été élaboré à la
suite des résultats de la pré-enquête
réalisée en Année de Licence. Cette
préenquête a été menée sur la base d'un
certain nombre de questions en rapport avec les conditions d'exécutions
et la nature du travail des éboueurs et leur impact sur l'éboueur
et sa vie extra professionnelle à savoir. Cela nous a permis
d'identifier deux facteurs jugés comme essentiels et autour desquels
s'organise la vie extra professionnelle chez les éboueurs, à
savoir : la vie familiale et la vie sociale.
III.3.2.
Caractéristiques
Pour mesurer et évaluer d'une part, l'impact du travail
des éboueurs sur leur vie extra professionnelle et d'autre part, sur
leur santé physique, nous avons conçu un questionnaire, qui a
été adressé à 50 salariés de la
société SOVOG de Libreville. Ce questionnaire était
à la fois fermé et ouvert, formulé de manière aussi
simple que possible. Les salariés étaient invités à
cocher une ou plusieurs cases qui correspondaient à leur situation, tout
en donnant leur opinion sur des questions ouvertes. Le caractère anonyme
a permis aux salariés de répondre aux questions avec franchise et
précision.
41
III.3.3. Déroulement de
l'enquête
Pour recueillir les opinions des salariés, nous nous
sommes rendus à Mindoubé siège social de la
société SOVOG qui nous a servi de cadre de recherche. La
première démarche a été d'entrer en contact avec
les responsables de cette entreprise, en l'occurrence le directeurs de
ressources humaines, en lui, présentant la lettre de recommandation
délivrée par le chef de département, afin d'obtenir
l'autorisation des responsables administratifs pour faire passer nos
questionnaires. Une fois l'autorisation acquise, nous avons commencé
à distribuer nos questionnaires. Les salariés qui étaient
disponibles et qui acceptaient de s'entretenir avec nous, étaient
conviés dans une petite salle mise à notre disposition pour la
circonstance. Le remplissage des questionnaires était individuel. La
passation des questionnaires a duré trois mois.
III.3.4. Difficultés rencontrées
Comme toute recherche de terrain, notre enquête ne s'est
pas déroulée sans difficultés. La première
difficulté était de rencontrer les Responsables administratifs de
la société SOVOG qui nous a servi de cadre de recherche. Ainsi,
pour les rencontrer, il nous a fallu user de patience.
La deuxième difficulté et non la moindre a
été d'arriver à récupérer les questionnaires
distribués, puisque certaines éboueurs, soit les égaraient
et il fallait leur en procurer un autre exemplaire, soit les oubliaient chez
eux. Cela a eu pour conséquence un retard manifeste au niveau du
traitement des données.
Nous allons maintenant, dans le chapitre qui suit,
présenter les résultats de notre enquête.
Chapitre IV : PRESENTATION, ANALYSE
ET INTERPRETATION DES RESULTATS.
Nous allons, dans ce chapitre, faire la présentation et
l'analyse des résultats, ainsi que l'interprétation qui en
découle.
IV.1. Présentation des résultats.
IV.1.1. Mode de traitement des
données
Pour traiter nos données relatives à d'une part,
l'influence du travail des éboueurs sur leur vie extra professionnelle
et d'autre part, sur leur santé physique, nous avons eu recours au
Logiciel STATISTICA. C'est un logiciel qui permet d'effectuer de
très nombreuses~analyses statistiques, pour la description,
l'inférence (comme le test du chi2, le test de Student
ou l'analyse de la variance...), l'exploration et la
modélisation des données. Ce logiciel permet aussi de
récupérer des données saisies sous d'autres formats que le
sien (fichiers de texte simple, données issues des tableurs habituels ou
encore SPSS).
STATISTICA n'est pas seulement "un logiciel
statistique avancé". Il offre non seulement une rapidité de
traitement, et la possibilité de manipuler des jeux de
données/plans de taille quasiment illimitée, mais
également une gamme incomparablement complète de
procédures avec des graphiques entièrement intégrés
d'une qualité exceptionnelle.
Ce logiciel est utilisé pour le traitement des
données quantitatives. Ce traitement nous a permis de mettre en
évidence les analyses suivantes :
1- Statistique descriptive ;
2- Analyse corrélationnelle ;
3-
43
Régression multiple ;
4- Analyse en composantes principales.
Les comparaisons se feront entre les éboueurs
mariés et célibataires, afin de voir s'ils perçoivent
différemment l'influence des conditions de travail sur la vie hors
travail.
L'objectif de ce travail est d'évaluer l'impact des
conditions de travail des éboueurs sur leur vie extra professionnelle et
sur leur santé physique
IV.1.2. Statistique descriptive
L'objectif de ce travail étant d'apprécier,
faut-il le rappeler, l'influence des conditions de travail des éboueurs
sur la vie extra professionnelle des éboueurs travaillant à la
société SOVOG, la statistique descriptive nous permettra de
comparer les scores moyens des éboueurs mariés et à ceux
des éboueurs célibataires. Nous voulons savoir, ici, si cette
influence varie avec le statut marital. Le tableau N°4 ciaprès
donne un aperçu des résultats obtenus à cet
égard.
Tableau n°4 : Moyenne et écart-type
ainsi que la valeur du test d'homogénéité pour chaque
exigence des conditions de travail et chaque facteur de la vie extra
professionnelle chez les éboueurs (mariées vs.
célibataires).
Eboueurs mariés Eboueurs (n= 25)
célibataires
(n= 25)
Conditions de travail :
|
Moyenne (Ecart- type)
|
Moyenne (Ecart-type
|
Test
d'homogénéité
de différence entre les moyennes
en
probabilitébilatérale
(p)
|
1-Victime d'un
accident
|
23,40 (3,92)
|
22,24 (4,29)
|
0,3233*
|
2-Tomber malade
|
23,40 (4,26)
|
21,92 (4,08)
|
0,2157*
|
3-Etre victime d'une
agression
|
21,16 (3,74)
|
20,60 (4,41)
|
0,6304*
|
4- Passants impolis
|
15.35 (4.01)
|
16.22 (3.38)
|
0.22
|
5-Etre derrière le
camion benne
|
15.20 (2.54)
|
14.77 (3.39)
|
0.52
|
6-Se blesser pendant la collecte des ordures
|
13.37 (2.89)
|
13.75 (3.97
|
0.02
|
7- Santé menacée
|
17.50 (3.21)
|
17.85 (3.22)
|
0.62
|
Matériels utilisés non
fiables
|
17.50 (2.78)
|
16.45 (2.72)
|
0.77
|
8-Avoir des problèmes respiratoires
|
15.57 (2.51)
|
15.20 (3.06)
|
0.55
|
9- Tomber du camion benne
|
14.42 (3.33)
|
15.40 (3.30)
|
0.19
|
Facteurs de la vie
extraprofessionnelle :
|
20,48 (3,96)
|
18,68 (5,11)
|
0,1703*
|
1-Vie familiale
|
2-Vie sociale
|
19,88 (3,95)
|
18,04 (4,03)
|
0,1096*
|
45
*p non significatif.
De ce tableau, il apparaît que les scores moyens des
éboueurs, quel que soit le statut marital, ne présentent pas des
grands écarts, aussi bien au niveau des conditions de travail qu'en ce
qui concerne les facteurs liée à la vie extra professionnelle. En
effet, lorsqu'on applique le test d'homogénéité de
différence entre les moyennes en probabilité
bilatérale, on observe qu'il n y a aucune différence
significative entre les éboueurs mariés et leurs homologues
célibataires. C'est le cas, par exemple, d'avoir été
victime d'un accident au travail: éboueurs mariés (moyenne :
23,40, écart-type= 3,92) et célibataires (moyenne=
22,24, écart-type= 4,29) ; p= 0,3233, non significatif.
L'analyse corrélationnelle qui va suivre, nous
permettra d'apprécier, les liens que les différentes conditions
de travail entretiennent entre elles, d'une part, et avec les facteurs
liés à la vie extra professionnelle et la santé physique
d'autre part, en comparant les salariés mariés et
célibataires.
IV.1.3. Analyse corrélationnelle
Il s'agit, ici, d'analyser les inters corrélations des
exigences du travail des éboueurs : conditions de travail (tableau
n°5), d'une part, et des facteurs liés à la vie extra
professionnelle et de la santé physique (tableau n°6), d'autre
part, chez les personnes interrogées lors de cette enquête. Cela
va nous permettre de voir si ces inter corrélations varient en fonction
de la situation matrimoniale (éboueurs mariés vs.
éboueurs célibataires).
Tableau n°5 : Matrice d'inter
corrélations des exigences du travail des éboueurs chez les
salariés interrogés et la vie extra professionnelle et la
santé physique (éboueurs mariés vs. éboueurs
célibataires).
|
Eboueurs mariés (n=25) R
|
Eboueurs célibataires (n=
25) R
|
Conditions de travail :
|
Vie extra
professionnelle
|
Santé physique
|
Vie extra
professionnelle
|
Santé physique
|
1-Victime d'un accident
|
0.07 ns
|
-0.11 ns
|
-
|
0.33 ns
|
2-Tomber malade
|
0,30 ns
|
-
|
0,22 ns
|
-
|
3-Etre victime d'agression
|
-0,01 ns
|
-
|
0,20 ns
|
0,22 ns
|
4-Passants impolis
|
0,02 ns
|
0,20 ns
|
0,33 ns
|
-
|
5-Etre derrière le camion benne
|
0,42*
|
0,25 ns
|
-0,59*
|
-0,00 ns
|
6-Seblesser pendant la collecte
|
0,09 ns
|
0,46*
|
-0,41*
|
0,18 ns
|
7- Santé
menacée
|
0.7 ns
|
-0.01 ns
|
- 0.38 *
|
0,13 ns
|
Matériels
utilisés non
fiables
|
0.20 ns
|
0.01 ns
|
- 0.13 ns
|
0,25 ns
|
8-Avoir des
problèmes respiratoires
|
0.21 ns
|
0.41*
|
- 0.47*
|
- 0.06 ns
|
9- Tomber du camion benne
|
- 0.07 ns
|
0.41*
|
0.12 ns
|
0.02 ns
|
ns : corrélations non
significatives.
47
Ce synthétise les corrélations entre les
conditions de travail des éboueurs d'une part, avec les facteurs de la
vie extra professionnelle et de la santé physique de ces travailleurs
d'autre part. Ainsi, sur 9 corrélations testées dans chaque
groupe, on note chez les éboueurs mariés 1 corrélation qui
présente des saturations significatives et positives avec les facteurs
de la vie extra professionnelle et 3 autres corrélations qui
présentent des saturations significatives et positives avec la
santé physique des éboueurs. Il s'agit d'être
derrière le camion benne (r=0.42, p<0.05), se blesser pendant la
collecte des ordures (r=0.46, p<0.05), avoir des problèmes
respiratoires (r=0.41, p<0.05), tomber du camion benne (r=0.41, p<0.05),
le même nombre est observé chez les éboueurs
célibataires mais à la seule différence que la vie extra
professionnelle est corrélée négativement avec, d'une
part, être derrière le camion benne (r=-0.59, p<0.05), se
blesser pendant la collecte des ordures (r=-0.41, p<0.05) et d'autre part,
avec, santé menacée (r=-0.38, p<0.05) et avoir des
problèmes respiratoires (r=-0.47, p<0.05). Ce tableau montre que chez
les éboueurs mariés derrière le camion benne a une
influence sur leur vie extra professionnelle et se blesser pendant la collecte
des ordures, avoir des problèmes respiratoires et tomber du camion benne
ont une influence sur leur santé physique. Alors que chez les
éboueurs célibataires les corrélations obtenues sont
négatives et ont une influence sur leur vie extra professionnelle.
Comme, on peut le constater, ces résultats indiquent
que certains éléments des conditions de travail des
éboueurs que nous avons mesurées, ici, entretiennent des liens
significatifs avec les facteurs de la vie extra professionnelle et de la
santé physique, dans les deux sous-groupes ; par conséquent,
elles nous permettent de distinguer les mariés et célibataires,
quant à la manière dont ils perçoivent l'influences de
leurs conditions de travail sur leur vie extra professionnelle et leur
santé physique. Ce qui ne permet pas de valider notre première
hypothèse
opérationnelle.
Autrement dit, chez les éboueurs mariés, plus
ces facteurs sont perçus positivement, plus ils atténuent leur
vie extra professionnelle et leur santé physique. C'est l'inverse qui se
produit, chez les éboueurs célibataires : plus ces facteurs sont
perçus négativement, plus ils ressentent une frustration au
niveau de leur vie extra professionnelle et sur leur santé physique.
Dans le souci d'approfondir nos analyses, nous avons
été amené à apprécier le pouvoir
prédictif de ces conditions de travail sur les facteurs de la vie extra
professionnelle et de la santé physique, et cela à l'aide de la
méthode de la régression multiple.
IV.1.4. Analyse de la régression
multiple
L'analyse de la régression multiple va nous permettre
de tester, comme nous l'avons énoncé précédemment,
l'effet des conditions de travail (en tant que variable indépendante)
sur les facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique
(en tant que variable dépendante). Plus précisément, il
s'agit d'évaluer le pouvoir prédictif de ces conditions de
travail, par rapport à ces deux variables, ou variable à
prédire, en comparant les éboueurs mariés et les
éboueurs célibataires. Les résultats de cette analyse sont
présentés dans le tableau n°6, ci-après.
49
Conditions de travail (VI)
|
Eboueurs mariés (25)
|
Eboueurs célibataires (25)
|
Profil personnel des
facteurs de la vie extra professionnelle et de la
santé physique
|
Profil personnel des
facteurs de la vie extra professionnelle et de la
santé physique
|
Valeur statistique
|
Valeur statistique
|
Bêta
|
F(1.38)
|
Niveau P<
|
Bêta
|
F(1.38)
|
Niveau P<
|
1-Victime d'un accident
|
0,085
|
0,085
|
0,007
|
0,169
|
0,684
|
7,371
|
2-Tomber malade
|
0,227
|
0,227
|
0,051
|
1,253
|
0,274
|
7,204
|
3-Etre victime d'une
agression
|
0,112
|
0,112
|
0,012
|
0,293
|
0,593
|
7,351
|
4- Passants impolis
|
0,380
|
0,380
|
0,144
|
3,894
|
0,060
|
8,44
|
5-Etre derrière le camion benne
|
0,512
|
5.12
|
0,262
|
-8,192
|
10.12
|
7,841
|
6-Se blesser pendant la collecte des ordures
|
0,468
|
4.68
|
0,219
|
-6,472
|
11.18
|
8,067
|
7- Santé menacée
|
0,107
|
0.20
|
0.01
|
0.17
|
0.10
|
0.44
|
Matériels utilisés non
fiables
|
0,230
|
2.1
|
0.10
|
1.59
|
0.43
|
0.48
|
8-Avoir des problèmes respiratoires
|
0,185
|
-0.06
|
4.1
|
1.78
|
7.73
|
6.33
|
9- Tomber du camion benne
|
0.06
|
0.01
|
0.45
|
0.16
|
10.01
|
0.66
|
Les résultats de cette synthèse indiquent,
globalement, que chez les éboueurs mariés, les facteurs de la vie
extra professionnelle et la santé physique sont saturés de
manière positive et significative avec d'une part,
être derrière le camion benne (bêta=5.12 f(1.38)=5.12,
p<0.00), se blesser pendant la collecte des ordures (bêta=0.48,
f(1.38)=4.68, p<0.00) et d'autre part, avoir des problèmes
respiratoires (bêta=0.185, f(1.38)=4.1, p<0.00), matériels
utilisés non fiables (bêta= 0.230, f(1.38)=2.1, p<0.00).
Par contre chez les éboueurs célibataires, les
facteurs de la vie extra professionnelle et la santé physique sont
saturés négativement et significativement non seulement avec :
être derrière le camion benne non (bêta=-8.192,
f(1.38)=10.12, p<0.00), mais également avec se blesser pendant la
collecte des ordures (bêta=-6.472, f(1.38)=11.18, p<0.00).
Dans le souci d'analyser en profondeur nos données,
nous allons, à présent, réaliser une analyse en
composantes principales, afin de compléter l'information obtenue au
niveau de l'analyse de la régression multiple.
IV.1.5. Analyse en composantes
principales
L'analyse en composantes principales (A.C.P.) va nous
permettre d'apprécier la contribution de chaque variable mesurée
au niveau des axes factoriels. Le tableau n°9, ci-après, donne un
aperçu des résultats obtenus à ce sujet.
Tableau n°7 : Corrélations entre
facteurs et variables : Eboueurs mariés vs. Éboueurs
célibataires
51
|
Eboueurs mariés (n=25)
|
Eboueurs célibataires (n= 25)
|
Variables
|
Fact. 1
|
Fact. 2
|
Fact. 1
|
Fact. 2
|
1-Victime d'un
accident
|
-0,39*
|
0,56
|
-0,52
|
-0,29
|
2-Tomber malade
|
-0,64*
|
0,50
|
-0,67*
|
0,53
|
3-Etre victime
d'une agression
|
-0,29
|
-0,66*
|
-0,67*
|
-0,52
|
4- Passants
impolis
|
-0,45*
|
-0,10
|
-0,69*
|
-0,47
|
5-Etre derrière le camion benne
|
-0,74*
|
-0,35
|
-0,84*
|
0,200
|
6-Se blesser
pendant la
collecte des
ordures
|
0.41*
|
|
-0.7*
|
-0.10
|
7- Santé menacée
|
-0.79*
|
0.12
|
0.06*
|
-0.11
|
Matériels utilisés
non fiables
|
0.117
|
0.35
|
0.20
|
-0.13
|
8-Avoir des
problèmes respiratoires
|
0.3
|
0.45
|
0.21
|
-0.41
|
9- Tomber du
camion benne
|
0.12*
|
0.9
|
0.06
|
-0.12
|
*p<0,001
De ce tableau, il ressort que le facteur 1 est mieux
corrélé significativement
avec les variables mesurées, dans les deux
sous-groupes, que le facteur 2. Néanmoins, on note que ces
résultats sont nettement plus importants chez les éboueurs
mariés (8/9) que chez les éboueurs célibataires (6/9) et
confortent, par conséquent, les données du tableau sur la
synthèse de la régression multiple.
Soulignons, à cet égard, que la variable la plus
saturée avec le premier facteur, chez les éboueurs mariés
est : santé menacée » (r= -0,79, p<0,001), alors que chez
les éboueurs célibataires, c'est être derrière le
camion benne (r= -0,84, p<0,001)
Quant aux résultats des valeurs propres, ils sont
résumés dans le tableau n°10, ci-après.
Tableau n°8 : Variables propres :
Eboueurs mariés vs. Eboueurs
célibataires
|
Eboueurs mariés (n= 25)
|
Eboueurs célibataires (n= 25)
|
Valeur numéro
|
Valeur propre
|
% Total variance
|
Cumul valeur propre
|
Cumul %
|
Valeur propre
|
% Total variance
|
Cumul valeur propre
|
Cumul %
|
1
|
1,85
|
37,11
|
1,85
|
37,11
|
2,37
|
47,56
|
2,37
|
47,56
|
2
|
1,15
|
22,11
|
3,01
|
60,22
|
0,91
|
18,22
|
3,28
|
65,78
|
3
|
0,93
|
18,76
|
3,94
|
78,99
|
0,81
|
16,35
|
4,10
|
82,13
|
4
|
0,72
|
134,56
|
4,67
|
93,55
|
0,54
|
10,81
|
4,64
|
92,95
|
5
|
0,32
|
6,44
|
5,00
|
100,00
|
0,35
|
7,04
|
5,00
|
100,00
|
6
|
0.33
|
5.78
|
4.98
|
9.89
|
0.34
|
6.98
|
4.95
|
98.12
|
7
|
0.30
|
5.60
|
4.58
|
9.78
|
0.33
|
6.58
|
4.58
|
89.258
|
8
|
0.29
|
4.85
|
4.55
|
9.52
|
0.28
|
5.89
|
3.99
|
65.256
|
9
|
0.20
|
4.50
|
4.30
|
9.10
|
0.25
|
4.79
|
3.25
|
78.698
|
Les résultats de ce tableau indiquent que la
première valeur propre présente un
53
pourcentage de variance plus élevé chez les
mariés (37,11%). Ces résultats vont dans le même
sens que ceux obtenus au niveau l'analyse en composantes principales.
Enfin, toujours dans le souci d'affiner nos résultats,
nous voulons savoir si les éboueurs de la compagnie SOVOG se
différenciaient significativement en fonction du nombre d'enfants
à charge, quant à la perception qu'ils ont du lien entre
conditions de travail et les facteurs de la vie extra professionnelle et de la
santé physique, en comparant les éboueurs célibataires
ayant moins de trois enfants (-3) à leur collègues qui en ont
plus de trois (+3).. Le tableau n°9, ci- après, résume les
résultats obtenus, à cet égard
Tableau n°9 : Synthèse de la
régression multiple des conditions de travail (VI) avec les facteurs de
la vie extra professionnelle et de la santé physique (VD) en fonction du
nombre d'enfant à charge (variable modératrice) chez les
éboueurs : éboueurs mariés versus éboueurs
célibataires
|
Eboueurs mariés (n= 25)
|
Eboueurs célibataires (n= 25)
|
Caractéristiques individuelles
|
corrélation
|
Victime d'un accident
|
Etre derrière le camion benne.
|
Avoir des problèmes respiratoires
|
Victime d'un accident
|
derrière le camion benne.
|
Avoir des problèmes respiratoires
|
Age
|
r simple (rs) r partielle (rp)
|
0,09 0,08
|
0,23 0,21
|
0,11 0,11
|
0,38 0,38
|
0,51* 0,52*
|
0,47* 0,47*
|
Ancienneté
|
r simple (rs) r partielle (rp)
|
0,09 0,09
|
0,23 0,23
|
0,12
0,11
|
0,38 0,38
|
0,51* 0,51*
|
0,49* 0,49*
|
Nombre d'enfants à charge
|
r simple (rs) r partielle (rp)
|
0,09 0,07
|
0,23 0,10
|
0,11
0,34
|
0,38 0,49*
|
0,51* 0,48*
|
0,47*
|
*Corrélations significatives marquées
en gras à p<.O5
De ce tableau, il ressort que la prise en compte des
caractéristiques individuelles, en maintenant constante leur influence,
ne modifient pas de manière significative la relation initiale entre
indice de satisfaction des facteurs vie extra professionnelles, chez les
éboueurs mariés. En revanche, on note que chez les
célibataires où l'on trouve des valeurs significatives, cette
relation a tendance à augmenter légèrement entre
indice de satisfaction de la vie extra professionnelle et de
55
la santé physique, lorsqu'on maintient
constante l'influence de l'âge (rs= 0,51 vs. rp= 0,52,
p<.05) et à diminuer avec le nombre d'enfants à
charge (rs= 51 vs. rp= 0,49, p<.05).
Par contre, en ce qui concerne la relation entre indice de
satisfaction des facteurs de la vie extra professionnelle et santé
physique et avoir des problèmes respiratoires, on observe
qu'elle a tendance à accroître légèrement avec
l'ancienneté (rs= 0,47 vs. rp= 0,49, p<.05) et avec le
nombre d'enfants à charge (rs= 0,47 vs. rp= 0,48,
p<.05).
En définitive, il est sans conteste, au regard de ces
résultats, que les caractéristiques individuelles n'influencent
nullement la relation entre la satisfaction envers la vie extra professionnelle
et la santé physique et les conditions de travail, chez les
éboueurs mariés, mais cette influence semble nette, chez leurs
homologues célibataires.
IV.2. Analyse des
résultats
Nous rappelons ici les hypothèses opérationnelles
sur lesquelles est basé ce travail :
- Hypothèse 1 : Les éboueurs
mariés ont une perception plus négative des conditions de travail
que les éboueurs célibataires.
- Hypothèse 2 : Les éboueurs
mariés ont une perception plus positive de leur vie familiale et de leur
vie sociale que les éboueurs célibataires.
- Hypothèse 3 : les exigences
liées au travail d'éboueur, affectent négativement
l'organisation de la vie extra professionnelle des éboueurs, plus chez
les mariés que
chez les célibataires.
- Hypothèse 4 : les
caractéristiques individuelles ont un effet modérateur sur la
relation entre les conditions de travail et l'organisation de la vie extra
professionnelle, quand on maintient constante leur influence, plus chez les
éboueurs mariés que chez ceux qui sont
célibataires.
Ainsi, l'analyse des résultats que nous allons
effectuer s'articulera autour des points suivants, conformément à
ces hypothèses, puisqu'il s'agit, ici, de les confronter avec les
résultats auxquels nous sommes parvenue, à savoir :
- 1/ Perception des conditions de travail des éboueurs
(éboueurs mariés versus éboueurs
célibataires) ;
- 2/ Perception des facteurs liés à la vie extra
professionnelle chez les éboueurs (mariés versus
célibataires) ;
- 3/ Influence des conditions de travail des éboueurs
sur l'organisation de la vie extra professionnelle et de la santé
physique (éboueurs mariés versus éboueurs
célibataires) ;
- 4/ Effet modérateur des caractéristiques
individuelles sur la relation entre les conditions de travail et la vie extra
professionnelle et la santé physique chez les éboueurs
(mariés versus célibataires).
IV.2.1. Perception des conditions de travail des
éboueurs (éboueurs mariés versus éboueurs
célibataires).
Pour apprécier la perception que les éboueurs de la
société SOVOG ont des
57
conditions de leur travail, nous avons, dans un premier temps,
procédé à la statistique descriptive (cf.
tableau n°4). Les résultats auxquels nous avons abouti
montrent, globalement, que les scores moyens des éboueurs, ne varient
pas de manière
significative avec le statut marital. En effet, lorsqu'on
applique le test d'homogénéitéde différence
entre les moyennes en probabilité bilatérale, on observe
qu'il n y a
aucune différence significative entre les
éboueurs mariés et leurs homologues célibataires. C'est le
cas, par exemple, de tomber malade : éboueurs mariés (moyenne
: 23,40, écart-type= 3,92) versus célibataires
(moyenne= 22,24, écarttype= 4,29) ; p= 0,3233, non
significatif.
Ainsi, comme on peut le constater, ces résultats ne
vont pas dans le sens de l'orientation de notre hypothèse 1, puisque le
fait d'être marié ou célibataire n'influence pas de
manière significative la perception que les éboueurs ont des
conditions qui entourent l'accomplissement de leur travail.
IV.2.2. Perception des facteurs liés
à la vie extra professionnelle chez les éboueurs (mariés
versus célibataires).
La perception que les éboueurs ont des facteurs
liés à leur vie extra professionnelle et leur santé
physique a été appréciée à l'aide de la
statistique descriptive (moyenne et écart-type) et de l'analyse
corrélationnelle.
Les résultats obtenus au niveau de la statistique
descriptive (cf. tableau n°4) montrent que les scores moyens ne
présentent aucune différence significative entre les
éboueurs mariés et célibataires ; c'est le cas, par
exemple, de la perception de la vie sociale : éboueurs
mariés (moyenne : 19,88, écart-type= 3,95)
versus célibataires (moyenne= 18,04, écart-type=
4,03) ; p= 0,1096, non significatif. Ces résultats ne
permettent pas de vérifier notre hypothèse 2.
Ainsi, la manière dont ces éboueurs
perçoivent leur vie familiale et sociale reste la même, qu'ils
soient mariés ou célibataires. Cela peut se comprendre,
puisqu'ils sont imprégnés des mêmes réalités
sociales, du moins en ce qui concerne l'organisation de la
société gabonaise basée sur l'entraide et la
solidarité au sein des cellules familiales.
IV.2.3. Influence des conditions de travail des
éboueurs sur l'organisation de la vie extra professionnelle et de leur
santé physique (éboueurs mariés versus éboueurs
célibataires).
Pour tester l'influence des conditions de travail (V.I.) sur
l'organisation de la vie extra professionnelle et de la santé physique
(V.D.), telle que perçue par les éboueurs de la
société SOVOG, nous avons, d'abord, calculé la matrice de
corrélations entre les deux variables (cj tableau n°7).
Les résultats auxquels nous sommes parvenus, montrent que, dans
l'ensemble, les conditions de travail prédisent mieux les facteurs de la
vie extra professionnelle et de la santé physique, chez les
éboueurs célibataires que chez les éboueurs mariés.
En effet, on a observé qu'il y avait plus de corrélations
significatives chez les célibataires (être derrière le
camion benne/vie extra professionnelle : r= 0,59, p<.05 ; se
blesser pendant la collecte des ordures/santé physique : r= 0,46 ;
se blesser pendant la collecte des ordures/santé physique : r=
0,41, p<.05) que chez les mariés (être derrière le
camion benne/vie extra professionnelle : r= 0,42, p<.05). La
caractéristique de ces corrélations, c'est qu'elles sont toutes
significatives.
Au regard donc de ces résultats, il est visible que
notre hypothèse 3 se trouve invalidée, puisque les
éboueurs, quel que soit leur statut marital, sont satisfaits de la
relation entre les conditions de leur travail et l'organisation de leur vie
extra professionnelle et leur santé physique. Cette relation est
vécue plus positivement par les célibataires que par les
mariés.
59
Soulignons, par exemple que les conditions de travail des
éboueurs n'entraînent aucune tension pouvant entraver
l'accomplissement des activités de la vie extra professionnelle et de la
santé physique, quel que soit le statut marital.
Pour affiner nos analyses, nous avons, dans le même
sens, fait une analyse de la régression multiple des conditions de
travail (V.I.) avec les facteurs de la vie extra professionnelle et de la
santé physique (V.D.), afin d'apprécier le pouvoir
prédictif de ces conditions de travail l'appréciation que ce font
ces éboueurs de leur vie extra professionnelle et de leur santé
physique. La synthèse de cette analyse (cj tableau n°8)
indique globalement, que les conditions de travail des éboueurs
constituent les meilleurs prédicteurs de l'appréciation qu'ils se
font de leur vie extra professionnelle et leur santé physique chez les
éboueurs célibataires que chez ceux qui sont mariés. En
effet, on n'a observé aucun bêta significatif entre
l'indice de satisfaction de la vie hors travail et les exigences
professionnelles mesurées, chez les hôtesses mariées. Par
contre, chez les mariés, la être derrière le camion
benne (bêta= 0,512, f(1,23)= 8,192, p<0,008, significatif) et les
se blesser pendant la collecte des ordures (bêta= 0,468,
f(1,23)= 6,472, p<0,018, significatif) présentent des valeurs
bêta significatives avec le même indice. Ces
résultats confirment donc ceux observés au tableau n°8.
A cet égard, il apparaît que, si l'on veut
prédire l'appréciation de la vie extra professionnelle, chez les
éboueurs mariés, au regard des conditions du métier
d'éboueurs, il faut agir sur le fait qu'ils soient derrière le
camion benne à découvert et le fait qu'il peut arriver qu'il se
blessent pendant le ramassage des ordures.
Dans le souci d'approfondir l'analyse de nos résultats,
nous avons réalisé une analyse en composantes principales, de
façon à évaluer la contribution de chaque variable
testée, par rapport aux axes factoriels (cj tableau n°9).
Les résultats auxquels nous avons abouti indiquent que la contribution
des variables au Facteur 1 est meilleure, chez les éboueurs
célibataires (6/9) que chez les éboueurs mariés (8/9)
et
confortent, par conséquent, les données du tableau
8 sur la synthèse de la régression multiple.
Il est important de faire remarquer ici que toutes les
contributions des variables à cet axe factoriel sont négatives et
que la variable la plus saturée avec le premier facteur, chez les
éboueurs mariés est vie extra professionnelle (r= -0,79,
p<0,001), alors que chez les célibataires, c'est la santé
physique (r= -0,84, p<0,001)
Cela laisse entendre que, bien que les éboueurs
accordent beaucoup d'importance à leur vie extra professionnelle et
à leur santé physique familiale, il semble que les contraintes
liées à la vie de travail ne favorisent toujours ce sentiment de
satisfaction. C'est ce qui explique, sans nul doute, ces valeurs
négatives. Ce constat s'inscrit dans l'orientation donnée
à notre hypothèse 3.
IV.2.4. Effet modérateur des
caractéristiques individuelles sur la relation entre les conditions de
travail et la vie extra professionnelle et la santé physique chez les
éboueurs (mariés versus
célibataires).
Dans le même ordre d'idées, nous avons voulu
savoir si les caractéristiques individuelles avaient un effet
modérateur sur la relation entre les conditions de travail et la vie
extra professionnelle et la santé physique. Les résultats obtenus
(cj tableau n°9), à cet égard, indiquent que la
prise en compte des caractéristiques individuelles, en maintenant
constante leur influence, ne modifient pas de manière significative la
relation initiale entre l'appréciation que les éboueurs se font
de leur vie extra professionnelle et de leur santé physique et de leurs
conditions de travail, chez les éboueurs mariés. Par contre, on
observe que chez les célibataires où l'on trouve des valeurs
significatives, cette relation a tendance à augmenter
légèrement entre vie extra professionnelle et santé
physique et être derrière le camion benne, lorsqu'on
maintient constante l'influence de l'âge (rs= 0,51 vs.
rp= 0,52, p<.05) et à diminuer
61
avec le nombre d'enfants à charge (rs= 51 vs.
rp= 0,49, p<.05).
En revanche, en ce qui concerne la relation entre la vie
extra professionnelle et la santé physique et se blesser
pendant la collecte des ordures, on note qu'elle a tendance à
accroître légèrement avec l'ancienneté (rs= 0,47
vs. rp= 0,49, p<.05) et avec le nombre d'enfants à
charge (rs= 0,47 vs. rp= 0,48, p<.05).
En résumé, ces caractéristiques
individuelles influent très peu sur la relation ente les conditions de
travail et l'appréciation que les éboueurs se font de leur vie
extra professionnelle et de leur santé physique ; mais cela paraît
plus net, chez les éboueurs célibataires que chez leurs
homologues mariés. Ce qui, en définitive, contredit notre
hypothèse 4.
Ainsi, plus les éboueurs célibataires sont
âgés, plus ils ne sont pas satisfaits des conditions de leur
travail, notamment la charge qu'entraîne l'exécution de leurs
tâches, sur le plan nerveux, au regard de l'accomplissement des
activités de leur vie extra professionnelle. Il en est de même,
à propos de l'ancienneté : plus ils sont anciens dans le poste,
plus ils ne trouvent pas leurs conditions de travail compatibles avec
l'organisation des activités de leur vie extra professionnelle ; pour ce
qui est du nombre d'enfants à charge : il ne constitue pas une entrave
à l'accomplissement des activités liées à la vie
extra professionnelle, eu égard aux conditions de travail.
IV.3.1. Interprétation et discussion des
résultats
Rappelons que le travail d'éboueurs comporte un certain
nombre de contraintes représentées sous la forme conditions de
travail. Ces conditions de travail sollicitent les capacités des
éboueurs, aussi bien sur le plan physique que mental. Il s'agit alors
d'étudier comment les répercussions de ces conditions de travail
se font ressentir par la suite dans l'organisation de la vie extra
professionnelle et la santé physique (cf. par
exemple les travaux de Queinnec et al., 1995 ;
Gadbois et al., 2000). Evidemment, notre étude porte
spécifiquement sur une population masculine. Ce cas paraît
intéressant dans la mesure où certains hommes ont des charges
familiales qui pèsent plus que celles des certaines femmes. En d'autres
termes, ces charges liées à la gestion de la vie quotidienne
continuent à influer sur la vie personnelle (cf. par exemple
les travaux Curie, 2000 ; Royer et al., 2000). Dans ce cadre de
réflexion, il semble que l'articulation de la vie professionnelle et de
la vie familiale ne reste plus prioritairement le problème des
femmes.
Ainsi, à la lumière de nos résultats, il
ressort, dans l'ensemble, que les éboueurs mariés et
célibataires ne se différencient pas de manière
significative, quant à la perception qu'ils ont des conditions de
travail et de leur vie extra professionnelle, contrairement à notre
hypothèse 1.
Pour comprendre l'attitude qui sous-tend ce résultat,
il importe de se référer peut être au mode d'organisation
de la vie sociale au Gabon qui s'appuie sur la famille, au sens élargi
du terme (Boussougou-Moussavou, 2004). En effet, les éboueurs, qu'ils
soient mariés ou célibataires, arrivent à tempérer
la charge de travail, à la maison, en recourant peut être à
des suppléances, à une soeur, à une cousine ou à
une copine n'ayant aucune activités professionnelle, ou encore aux
enfants les plus âgés, dans l'accomplissement des tâches
domestiques.
Par ailleurs, nos résultats ont montré,
globalement, que les conditions de travail avaient une influence positive sur
l'appréciation de la vie extra professionnelle et la santé
physique chez les éboueurs ; cette influence est plus ressentie chez les
célibataires que chez les mariés.
Au regard de ces résultats, deux observations s'imposent :
d'abord, les éboueurs, quel que soit leur statut marital ne
perçoivent pour certains surtout
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l'accomplissement des activités de leur vie familiale
et sociale. On s'inscrit ici dans le modèle de la diffusion,
développé par un certain nombre d'auteurs (Barnett et
al., 1992 ; Demerouti et al., 2005), qui stipulent que les
expériences de la vie professionnelle ont tendance à se
généraliser dans la vie hors travail, et réciproquement.
Autrement dit, lorsque le travail procure une certaine satisfaction à la
personne, cela affecte positivement sa vie privée, et inversement. Ce
modèle se trouve donc vérifié ici, puisque la perception
positive que les éboueurs ont des exigences de leur travail affecte (de
manière positive) la satisfaction qu'ils ressentent dans leur vie
familiale et sociale.
Ensuite, la synthèse de l'analyse de la
régression multiple réalisée, en vue d'apprécier le
pouvoir prédictif des dimensions de leur vie extra professionnelle, de
leur santé physique et de leur condition de travail, fait apparaitre que
chez les éboueurs mariés, ces trois dimensions sont
saturées de manière positive et significative de
l'appréciation qu'ils ont des facteurs de la vie extra professionnelle
et de la santé physique avec d'une part, être derrière
le camion benne (bêta=5.12 f(1.38)=5.12, p<0.00), se blesser
pendant la collecte des ordures (bêta=0.48, f(1.38)=4.68, p<0.00)
et d'autre part, avoir des problèmes respiratoires
(bêta=0.185, f(1.38)=4.1, p<0.00), matériels
utilisés non fiables (bêta= 0.230, f(1.38)=2.1, p<0.00).
Les conditions de travail influencent donc significativement
l'appréciation qu'ont les éboueurs mariés des dimensions
de la vie extra professionnelle et la santé physique. Ce qui conforte
l'étude de Duxbury, et al., (1995) qui démontrent qu' il existe
un lien entre le conflit travail-famille et l'incidence de maladies physiques
comme l'hypertension artérielle, l'hypercholestérolémie,
les troubles gastrointestinaux, les allergies et les migraines.
En revanche, chez les éboueurs célibataires, les
facteurs de la vie extra professionnelle et de la santé physique sont
saturés négativement et significativement non seulement avec :
être derrière le camion benne non (bêta=-8.192, f
(1.38)=10.12, p<0.00), mais également avec se blesser pendant la
collecte des ordures (bêta=-6.472,
f(1.38)=11.18, p<0.00). Ainsi, l'appréciation des
dimensions vie extra
professionnelle et santé physique chez les
éboueurs célibataires ne sont pas de nature à
prédire de manière significative l'effet des conditions de
travail (VI) sur les facteurs vie extra professionnelle et de la santé
physique.
Enfin, l'analyse en composantes principales (A.C.P) qui nous a
permis d'apprécier la contribution de chaque variable mesurée au
niveau des axes factoriels, donne un aperçu des résultats obtenus
à ce sujet a partir de deux facteurs (F1 et F2).
Concernant le facteur F1, il est mieux corrélé
significativement avec les variables mesurées, dans les deux
sous-groupes, que le facteur 2. Néanmoins, on note que ces
résultats sont nettement plus importants chez les éboueurs
mariés (8/9) que chez les éboueurs célibataires (6/9) et
confortent, par conséquent, les données du tableau sur la
synthèse de la régression multiple. Ce qui signifie que les
relations que les variables des facteurs les plus corrélés
constituent des variables influençant la vie extra professionnelle et la
santé physique.
Soulignons, à cet égard, que la variable la plus
saturée avec le premier facteur, chez les éboueurs mariés
est : santé menacée » (r= -0,79, p<0,001), alors que chez
les éboueurs célibataires, c'est être derrière le
camion benne (r= -0,84, p<0,001).
CONCLUSION
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Au terme de cette étude portant sur l'impact de
l'activité d'éboueur et des risques professionnels sur la vie au
travail et la vie hors travail, chez les éboueurs de la SOVOG, nous
sommes parvenues au constat selon lequel les éboueurs quel que soit leur
statut marital ne se différencient pas significativement, quant à
la perception qu'ils ont des conditions de travail et de leur vie extra
professionnelle. On note donc que les dimensions conditions de travail et
santé physique, telles qu'elles sont perçues par les
éboueurs n'exercent aucune influence significative, quant à la
manière dont ils apprécient leurs conditions de travail.
Dans ce cadre d'idées, on note une certaine
prévalence manifeste, de l'appréciation des conditions de
travail, cette prévalence est plus ressentie chez les éboueurs
célibataires que chez les éboueurs mariés. Ce qui laisse
à penser que les éboueurs célibataires ont une
appréciation plus positive de leurs conditions de travail et de leur vie
extra professionnelle. Dans le même esprit, ces résultats
indiquent que les conditions de travail influencent donc significativement
l'appréciation qu'ont les éboueurs mariés des dimensions
de la vie extra professionnelle et de la santé physique.
Par ailleurs, l'analyse corrélationnelle
effectuée indique que, sur 9 corrélations testées sur les
conditions de travail dans chaque groupe, on note chez les éboueurs
mariés 1 corrélation qui présente des saturations
significatives et positives avec les facteurs de la vie extra professionnelle
et 3 autres corrélations qui présentent des saturations
significatives et positives avec la santé physique de cette
catégorie d'éboueurs. Alors que chez les éboueurs
célibataires les corrélations obtenues sont négatives et
ont une influence sur leur vie extra professionnelle uniquement.
Autrement dit, chez les éboueurs mariés, plus ces
facteurs sont perçus positivement, plus ils atténuent leur vie
extra professionnelle et leur santé physique.
C'est l'inverse qui se produit, chez les éboueurs
célibataires : plus ces facteurs sont perçus négativement,
plus ils ressentent une frustration au niveau de leur vie extra professionnelle
et sur leur santé physique. Du reste, la synthèse de l'analyse de
la Régression multiple, réalisée à cet
égard, confirme ce résultat.
Enfin, l'analyse en composantes principales (A.C.P.) a
révélé que le facteur conditions de travail (F1) est
corrélé significativement et positivement chez les deux
catégories d'éboueur. En ce sens que les éboueurs quel que
soit le statut matrimonial ont une appréciation plus ou moins positive
de leurs condition de travail et de leur santé physique et qui par
ricocher a une influence positive sur leur vie extra professionnelle, selon le
modèle diffusionniste de Barnett, 1994; Demerouti et al.,
2005.
Nous sommes cependant conscients des limites de cette
recherche : d'abord la faiblesse de l'échantillon, ensuite nous n'avons
pas certainement cerné toutes les contraintes liées à la
collecte des ordures et à l'organisation du travail, puisqu'ils sont
nombreux et leur influence sur la vie extra professionnelle est
pluridimensionnelle. Au regard de la complexité des facteurs sociaux
pris en compte. Ce qui limite un tant soit peu la portée de nos
résultats.
Mais l'originalité de ce travail réside dans le
fait qu'elle permet de mieux comprendre l'activité de collecte des
ordures ménagère et les risques inhérent à cette
activité, elle tente d'évaluer l'influence de cette
activité sur la vie extra professionnelle des travailleurs.
Quant aux perspectives de la recherche, nous pensons, par
exemple, qu'il serait intéressant de combler les lacunes
constatées dans cette étude, en inventoriant de manière
précise les contraintes de la collecte d'ordures ménagères
et en élargissant la taille de l'échantillon.
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