CHAPITRE III : L'OTAN APRES LA GUERRE FROIDE (de 1990
à 2010)
Section 1. LES ELEMENTS REGULATEURS DE LA FIN DE LA
GUERRE FROIDE
A titre de rappel, le 12 mars 1999, les anciens membres du
Pacte de Varsovie dont : la Tchécoslovaquie, la Hongrie et la Pologne,
rejoignirent l'OTAN. En 2004, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie,
la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie y ont adhéré. Ces
faits furent très mal perçus par Moscou qui y vit une
pénétration occidentale dans sa sphère d'influence.
La situation de l'alignement des pays du monde sur les deux
blocs en 1980 et les guérillas liées à la guerre froide
sont mentionnées. Profitant du déclin des Etats-Unis sur la
scène internationale du fait de l'humiliation subie au Viêt-Nam et
de la politique relativement pacifiste du Président CARTER, l'Union
Soviétique en profita pour s'engager d'avantage, notamment en Asie, en
Afrique et en Amérique du Sud, mais aussi en Europe (la crise des
euromissiles).
L'Union Soviétique se met à déployer le
plus d'armes de la nouvelle génération, inquiétant ainsi
l'avance technologique de l'ouest. Jimmy CARTER négocia cependant le
traité SALT II avec BREJNEV, signés en 1979 à Vienne
(Autriche) le 18 juin 1979.
Aux Etats-Unis, discrédité par sa politique
internationale jugée désastreuse et malgré une bonne
gestion de la crise économique, CARTER est battu aux élections
par Ronald REAGAN. Sous les présidences de Ronald REAGAN (1981-1989),
puis de Georges Herbert Walker BUSH (1989-1993), les valeurs conservatrices
sont remises a l'honneur, en économie, le Président REAGAN suit
un programme néolibéral, inspiré en particulier par
l'école de Chicago (monétarisme de Milton Friedman),
récupéré par un creusement considérable des
déficits publics.
Dans un but militaire, plusieurs pays
s'équipèrent en matériel, souvent audelà de ce qui
est en pratique nécessaire pour assurer leur survie et leur domination,
qu'elle soit géopolitique ou économique. Les Etats-Unis et l'URSS
ont acquis de façon frénétique du matériel de
destruction oü chacun a tenté de démontrer sa
supériorité sur l'autre. Cependant, a l'usure, cette course aux
armements, les progrès techniques étant continus ; ce fut le
poids trop important du complexe militaro-industriel sur l'économie de
l'URSS qui mit fin à cette course.
Le résultat de la course aux armements en 1982*
Troupes et matériels logistique
militaire
|
OTAN
|
Pacte de Varsovie
|
Cadres et hommes de troupes (soldats)
|
5.200.000
|
5.700.000
|
Fusées intercontinentales
|
1.646
|
2.348
|
Avions de combat
|
11.900
|
12.000
|
Missiles de moyenne portée
|
0
|
600
|
Navires de guerre
|
368
|
207
|
Têtes nucléaires
|
14.587
|
9.000
|
Chars d'assaut
|
25.000
|
60.000
|
Sous-marins
|
224
|
258
|
*Source : Manuel d'Histoire Franco-allemand, Terminales L (ES) L,
Nathan, 2006, pp. 46-48.
Pendant cette course, ces deux pays ont crée un climat
de terreur chez les adversaires. Chemin faisant, ils ont démontré
qu'ils possédaient un arsenal nucléaire suffisant pour
détruire quiconque s'opposerait de façon notable a leurs plans.
Etant assuré de leur destruction mutuelle, ils ont maintenant ce qui est
appelé l'équilibre de la terreur, c.-à-.d une situation
où personne ne peut gagner suite à un conflit
nucléaire.41
Le 23 mars 1983, Ronald REAGAN annonça le projet
initiative de défense stratégique (IDS) ou « Guerre des
étoiles )) : les Etats-Unis seraient protégés des armes
nucléaires par un « bouclier spécial )) (très
coûteux) qui les dévierait. L'Union Soviétique ne pouvant
suivre, abandonna la course aux armements et consentit à
négocier. CLINTON renonça a l'IDS en 1993 et c'est Georges W.
BUSH qui le réalisera (décembre 2001).
Le 11 mars 1985, après la mort de Konstantin TCHERNENKO
(ancien Président Soviétique), Mikhaïl GORBATCHEV
(âgé de 54 ans) arriva au pouvoir en URSS. Il relança trois
ans et demi après les politiques de glasnost (transparence) et de
pérestroïka (restructuration). D'après KITIMA KASENDWE
AMUNDALA42, Mikhaïl GORBATCHEV n'avait que
exécuté le plan concocté par Youri ANDROPOV, ancien
ministre soviétique des Affaires Etrangères et Président
du Présidium du soviet suprême.
Le courage d'exécution d'une telle politique au moment
oü le monde était sous la bipolarité, a eu comme
conséquence majeure :
1. La recherche du désarmement ;
2. La fin du règlement des conflits dits «
guerres des périphériques )) avec comme conséquences la
démocratisation de l'Afrique par le fameux Discours de la Baule (France
sous la présidence socialiste de François MITTERRAND).
3. Reconfiguration stratégique au Moyen-Orient.
Mikhaïl GORBATCHEV voulait sortir son pays de la guerre
froide ruinant l'Union Soviétique qui consacrait environ 15 % de son PNB
(Produit national Brut) contre 6,5 % pour les Etats-Unis (Statistique M.
Vaïsse 2004). La première rencontre officielle entre GORBATCHEV et
Ronald REAGAN à eu lieu lors du sommet de Genève en octobre 1985.
Les deux dirigeants conviennent de se rencontrer a l'avenir pour discuter du
désarmement ; le sommet se caractérise par une détente
manifeste entre les deux supergrands.
Un accord écrit est signé a Genève en
prévision d'une future réduction bilatérale de 50 % des
arsenaux nucléaires, et certains évoquent dès à
présent une nouvelle phase de détente. Les 11 et 12 octobre 1986,
Ronald REAGAN et GORBATCHEV se rencontrent à Reykjavik (Islande), ce qui
inaugure une nouvelle « détente )) marquée par la reprise du
dialogue interrompu en 1979. Les Etats-Unis refusent d'abandonner l'IDS, mais
un accord est presque conclu sur la diminution des armes stratégiques
tandis que Mikhaïl GORBATCHEV évoque la « maison commune
européenne )), dénucléarisée et neutralisée.
Ainsi, le 08 décembre 1986 à Washington, REAGAN et GORBATCHEV
décident d'éliminer
41 Source : Armement nucléaire (Revue), «
Destruction de l'environnement au profit de la défense : pour la
première fois dans l'histoire, l'humanité avait le potentiel de
se détruire. La peur régnait a travers le monde, autant dans les
pays producteurs que les pays spectateurs.
42 KITIMA KASENDWE J.L, Grands problèmes
contemporains, cours inédit, L2 RI, UCM, Kinshasa, 2009-2010.
tous les missiles présents en Europe dans un délai
de trois ans : C'est « l'option zéro », premier réel
traité de désarmement, car :
1. L'Europe est vidée des missiles nucléaires de
deux grands ;
2. C'est la fin de la crise des euromissiles ;
3. C'est la fin de la course aux armements (même si 4 %
des têtes nucléaires seulement ont disparu.
Le 07 décembre 1988, à la tribune des
Nations-Unies (ONU), M. GORBATCHEV annonce la réduction des forces
armées soviétiques en RDA, Hongrie et Tchécoslovaquie, ce
qui signifie la fin du concept de la « doctrine de souveraineté
limitée » mise en place par BREJNEV. L'Union Soviétique se
désengage de l'Europe de l'Est. Ce discours inaugure la
Révolution velour, c.-à.-d la transition politique douce des pays
de l'Europe de l'Est entre un régime de type soviétique et un
régime démocratique multipartite par de nouvelles lois
constitutionnelles de 1988 à 1990, avec des manifestions populaires,
mais sans combat ni effusion de sang.
En République Démocratique d'Allemagne, les
habitants commencèrent à immigrer vers la République
Fédérale d'Allemagne par la Hongrie libre (été
1989). Puis, sous la pression de la population, le Mur de Berlin (symbole de la
bipolarité idéologique et stratégique de la guerre froide
en Europe) chute le 09 novembre 1989 et l'Allemagne sera
réunifiée l'année suivante, c.-à-.d le 03 octobre
1990. En Roumanie, le régime autocratique de Nicolaï CEAUSESCU est
le dernier à tomber, le 26 décembre 1989 et, le dictateur est
exécuté ainsi que sa femme. Ce genre de
démantèlement politique fera obtenir à M. GORBATCHEV le
prix Nobel de la paix en 1990.
Peu a peu, du fait du désengagement de l'Union
Soviétique et de la fin de la menace communiste, un vent de
liberté souffle sur le monde et plusieurs conflits
périphériques se règlent. A l'instar des troupes du
Viêt Nam qui quittent le Cambodge (le 29 septembre 1989), les troupes
cubaines quittent l'Angola et le Nicaragua. Beaucoup de dictatures
d'Amérique latine, soutenues par les Etats-Unis comme rempart contre la
tentation communiste, tombent : Argentine (1983), Brésil (1985),
Paraguay (1989) et Chili (1990).
François MITTERRAND le Président
Français, invitera la plupart de chefs d'Etats africains a la Baule
(France), oü un discours d'annonce du changement politique qui devait
désormais conduire l'Afrique vers la démocratisation, par la mort
du monopartisme et l'ouverture au multipartisme intégral (surtout dans
les pays ayant le Français comme langue en commun), était tenu.
Ainsi, ce vent porté et amené par la pérestroïka
apporta des bouleversements conséquents dans la vie politique de
l'essentiel des Etats africains. Partout en Afrique des Présidents se
prononcèrent pour annoncer les changements politiques, à l'instar
du Maréchal MOBUTU qui s'est prononcé le 24 avril 1990 à
la N'Sele devant les membres de son parti le Mouvement Populaire de la
Révolution, parti-Etat et l'ensemble du corps diplomatique
accrédité au Zaïre a l'époque : l'annonce de la fin
du monopartisme et dans un premier temps le multipartisme à 3, puis
plusieurs autres partis politiques ; MOUSSA TRAORE est arrêté et
évincé du pouvoir au Mali ; le colonel AMANI TUMANI TOURE prend
le pouvoir et organise la conférence National malienne ; Mathieu KEREKOU
au Benin quitta le pouvoir, et le Benin organise la plus brève
conférence nationale souveraine en Afrique à
l'époque, pendant 08 jours, présidée par
Monseigneur DE ZOUSA, et la liste n'est pas exhaustive.
Du coté de l'Afrique du Sud, un autre pôle
très important oü sévissait l'apartheid, le Leader de l'ANC
(African National Congress), Nelson MANDELA, est libéré le 12
février 1990, après 27 ans d'emprisonnement, ce qui a mis fin a
l'apartheid (1991). En Afghanistan, l'Armée Rouge (URSS) quitta le pays
(1988-1989, mais la guerre civile se poursuivit entre les islamistes
modérés du commandant MASSOUD (qui sera assassiné 12 ans
après soit en 2001) et les islamistes (les Moudjahidin) soutenus par le
Pakistan.
Lors de la guerre Iran/Irak (1980-1988), l'Occident arma
officiellement l'Iraq, et fournit les armes à l'Iran en cachette. L'URSS
soutenait les deux camps. Le 20 août 1988, l'ONU parvient a un
cessez-le-feu sans qu'il n'y ait un réel vainqueur. Cependant, au Liban,
les accords Taïf soumirent le pays à la Syrie. Dans le conflit
Israélo-palestinien, alors que la première intifada bat son
plein, des négociations secrètes s'en mêlaient.
Le Mur de Berlin ou Mur de séparation, de division de
l'Allemagne de l'après deuxième guerre mondiale en quatre zones
d'influence : zone soviétique [communiste] et zone capitaliste
subdivisée en 3 parties : américaine, britannique et
française. Ce mur est l'un des symboles majeurs de la guerre froide en
Europe et dans l'influence du système bipolaire de l'époque. Pour
la petite histoire, entre 1949 et 1961, 3 millions d'Allemands de l'Est
transitèrent par le Berlin pour passer en République
Fédérale d'Allemagne (RFA). Cette hémorragie
démographique était un désastre économique pour la
République Démocratique d'Allemagne (RDA), car c'était
surtout des cadres dont ; des ingénieurs, des médecins et des
ouvriers spécialisés qui commirent le « délit de
fuite » que le gouvernement communiste d'Allemagne de l'Est appelait
« republikflucht ».
En même temps, elle était catastrophique en ce
qu'elle portait atteinte a l'image de marque officiel de la RDA.
En novembre 1958, cette situation donna lieu à une
crise diplomatique connue sous le nom « d'ultimatum de Khrouchtchev »
et dans laquelle furent impliquées toutes les puissances occidentales.
En juin 1961, J.F KENNEDY et N. KHROUCHTCHEV se rencontrent à vienne, et
le Président de l'URSS annonce qu'il va signer un traité de paix
avec la RDA, ce qui priverait les Etats-Unis de leur accès à
Berlin-ouest. KENNEDY juge la situation inacceptable et la conférence ne
mène à rien. KHROUCHTCHEV envoie son armée devant
Berlin-ouest, ce qui poussa le Président Américain de riposter en
étalant les chars américains devant les forces soviétiques
et en augmentant le budget militaire, ce qui poussa KHROUCHTCHEV de reculer
avec son armée sous la pression.
Ainsi, le 13 aout 1961, la construction du Mur de Berlin entre
le secteur soviétique et les trois secteurs occidentaux met fin à
ce « débouchage systématique de citoyen de la
République Démocratique Allemande.(43) Mais
,étant donné que les autorités Est-allemandes et
soviétiques ne firent aucune tentative pour bloquer les voies de
communication entre la RFA et Berlin-Ouest et que , par ailleurs, KHROUCHTCHEV
ne mit pas en fusion le statut quadripartite de la ville, la réaction
des occidentaux se limita à des protestations verbales et à des
gestes symboliques, à l' instar de la visite à Berlin-Ouest du
43 HEINRICH. A, Histoire DE L'Allemagne,
éd. Fayard, Paris 2000, p. 625.
général Lucius D. CLAYS, l' organisateur du pont
aérien, et le renforcement de la garnison américaine par 1500
hommes. En effet, aux yeux des occidentaux, la construction de ce mur ne
constituait qu'une agression a l' égard des Allemands de l'Est et ne
menaçait pas les three essentials, c'est a dire les
intérêts essentiels du bloc de l'Ouest.(44)
La chute de ce Mur en date du 09 novembre 1989, qui symbolise
la fin de la guerre froide et de l'unification de l'Allemagne, a
été la confirmation de l'heure nouvelle de la perestroïka
prononcée le 07 décembre 1988 à la tribune des Nations
Unies par Mikhaïl GORBATCHEV. Ainsi, une fois de plus, la symbolique a
joué dans le processus engagé de la chute du bloc communiste en
Europe entre 1988-1990
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