Identification et conception d'un projet de développement intégré autour de la mise en valeur des bas-fonds en zone tropicale humide : cas des bas-fonds de la ceinture péri-urbaine de Yaoundé (Cameroun)( Télécharger le fichier original )par Tobias ENGUENE Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement (Fondation 2iE) - Ouagadougou au Burkina Faso - Master 2 2010 |
IDENTIFICATION ET CONCEPTION D'UN PROJET DE DEVELOPPEMENT INTEGRE AUTOUR DE LA MISE EN LA CEINTURE PERI- CAS DES BAS FONDS DE URBAINE DE YAOUNDE (CAMEROUN) MEMOIRE POUR L'OBTEN TION DE MASTER
2 Présenté et soutenu publiquement le 12 octobre 2010 Par Travaux dirigés par : Ramani TRAORE Isaac N. MOUSSINGA Enseignant permanent au 2iE Directeur du CODEV (Yaoundé/Cameroun) Jury d'évaluation du mémoire : Président : Abdoulaye DIARRA Membres et correcteurs : Bruno Barbier Abibou CISS Ramani TRAORE Année académique 2009/2010 Fondation 2iE - Rue de la science, 01 BP 594
Ouagadougou - Burkina Faso Web : www.2ie-edu.org E-mail : 2ie@2ie-edu.org DEDICACE A leur honneur, qu'il me soit permis de dédier ce mémoire à tous ceux-là qui de près ou de loin, d'un passé lointain ou rapproché, ont favorisé d'une manière ou d'une autre la réalisation du présent mémoire de fin d'études relatif à l'obtention d'un Master 2 Spécialisé en Innovations, Développement et Sociétés. Il s'agit tout particulièrement, d'une part :
Bien aussi, à tous mes amis sincères. REMERCIEMENTS La rédaction d'un mémoire de fin d'études, à l'Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement (2iE) de Ouagadougou au Burkina Faso, est une exigence académique qui fait suite à la formation reçue pendant au moins six mois de cours théoriques et pratiques. Cette rédaction requiert sans doute d'énormes ressources humaines, intellectuelles et matérielles qu'il faille mettre ensemble pour arriver à un résultat appréciable. La collecte des informations s'est faite au travers des connaissances propres de l'étudiant, des éléments de cours reçus, de l'exploration de l'information documentaire sur le sujet, des échanges avec les autres personnes susceptibles de mettre leur background à notre profit. Il serait donc injuste de ne pas citer ici certains de ces acteurs importants, à défaut d'avoir une liste exhaustive. A cet égard, mes remerciements les plus sincères vont à l'endroit : - Du coordinateur de la FOAD, Monsieur TOFANGUI KONE, pour son suivi et son enca- drement sans faille qui sont susceptibles de favoriser notre épanouissement ; - Des tuteurs des différents modules d'enseignement, lesquels ont su guidé notre apprentis- sage à travers les échanges synchrones ou asynchrones dans la plate-forme ; - De Monsieur Isaac N. MOUSSINGA, Directeur du CODEV qui a accepté de m'accueillir dans sa structure ; - De Monsieur OWONA MESSI Janvier Clément, Professeur des Ecoles Normales d'Instituteurs et Inspecteur Pédagogique dans la
Région de l'Extrême Nord au Cameroun ; - De Monsieur
RAMANI TRAORE, pour s'être porté garant de
m'encadrer en vue de la - De tous les étudiants de la première promotion en Master 2 en Innovations, Développe- ment et Sociétés du 2iE, pour leur sincérité et la bonne collaboration entretenue tout au long de la session. Puisse, cette occasion me permette aussi de remercier le Dieu tout puissant qui, en tout temps, a su me conférer l'inspiration des anges gardiens de son royaume. LISTE DES ABREVIATIONS CAD : Comité d'Aide au Développement de l'OCDE CAMCCUL : Cameroon Cooperative Credit Union League CBF CIRAD CODEV CVECA DSRP FOAD GIC/GIE GRET ISS MC2 : Consortium Bas fonds : Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement : Cabinet Conseil en Développement : Caisse Villageoise d'Epargne et de Crédit Autogérée : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté : Formation Ouverte et à Distance : Groupe d'Intérêt Commun/Economique : Groupe de Recherche et d'Echanges Technologiques : Interviews Semi-Structurées : Mutuelle Communautaire de Croissance MINADER : Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural MINEPAT : Ministère de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Ter- ritoire OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques OMD OPA SMIG UFP UNC : Objectifs du Millénaire pour le Développement : Organisation Professionnelle Agricole : Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti : Unité Familiale de Production : Unité Nationale de Coordination CBF 2iE : Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Moyenne mensuelle de pluviométrie et de température 17 Tableau 2 : Particularité des méthodes de recherche conventionnelles et de la MARP 24 Tableau 3 : Distribution des exploitants enquêtés par niveau d'éducation 30 Tableau 4 : Distribution des exploitants enquêtés suivant leur statut 31 Tableau 5 : Présentation des résultats des principales spéculations rencontrées (plateaux et bas fonds) dans au moins 4 villages des bas fonds où les 34 enquêtes ont été menées Tableau 6 : Catégorisation des effets pour l'analyse des intérêts des parties prenantes 35 Tableau 7 : Dépositaires d'enjeux identifiés au cours des ateliers participatifs de planification 36 Tableau 8 : Information sur la participation des dépositaires d'enjeux 39 Tableau 9 : Résultats de l'approfondissement des problèmes posés par les communautés de la zone d'étude 40 Tableau 10 : Principe de remplissage du cadre logique 48 Tableau 11 : Cadre logique du projet 49 Tableau 12 : Capacité d'influence des dépositaires d'enjeux du projet 52 Tableau 13 : Niveau de participation des dépositaires d'enjeux 53 Tableau 14 : Intérêt et enjeux des parties prenantes primaires 54 Tableau 15 : Caractéristiques de la pauvreté dans la zone de l'étude 55 Tableau 16 : Coûts et bénéfices sociaux pour la mise en exploitation des bas fonds de la ceinture péri-urbaine de Yaoundé 56 LISTE DES FIGURES Figure 1 : Profil simplifié et stylise d'un bas fond 7 Figure 2 : Situation géographique de la zone d'étude 16 Figure 3 : Courbe ombrothermique de Yaoundé (Cameroun) 17 Figure 4 : Motivations sociales des exploitants enquêtés pour l'activité sur les bas fonds 27 Figure 5 : Motivations économiques des exploitants enquêtés pour l'activité sur les bas fonds 28 Figure 6 : Revenus mensuels estimés par les exploitants des périmètres enquêtés 29 Figure 7 : Distribution par sexe des exploitants enquêtés 29 Figure 8 : Distribution des exploitants enquêtés par classe d'âge 30 Figure 9 : Autres activités économiques importantes auxquelles se greffe l'activité de mise en valeur des bas fonds 31 Figure 10 : Echelle d'influence et d'importance des dépositaires d'enjeux identifiés 38 Figure 11 : Diagramme des problèmes 44 Figure 12 : Diagramme des objectifs 45 Figure 13 : Diagramme pour analyse des objectifs 46 Figure 14 : Diagramme finalisé des objectifs 47 Figure 15 : Visualisation de la structure et du cadre du projet 61
Dédicaces i Remerciements ii Liste des abréviations iii Liste des tableaux iv Liste des figures v I-
2 2.4.2. Contexte de développement particulier à la zone d'étude 20 2.4.3. Analyse des moyens d'existence des communautés et des ménages de 21 la zone d'étude
5.1. Caractérisation de reconnaissance des bas fonds de la zone d'étude 33 5.2. Identification et analyse des dépositaires d'enjeux (parties prenantes) 34 5.2.1. Identification et intérêts stratégiques des dépositaires d'enjeux 35 5.2.2. Influence et importance des dépositaires d'enjeux identifiés 37 5.2.3. Identification de la participation des dépositaires d'enjeux 39 5.3. Analyse de la situation 39 5.4. Priorité de développement des parties prenantes 41
Annexe 1 : Carte du Cameroun et situation de Yaoundé 72 Annexe 2 : Fiche d'enquête rapide sur les bas fonds 73 Annexe 3 : Revue photographique des bas fonds visités 75 Annexe 4 : Niveau de caractérisation de bas fonds 76 Annexe 5 : Calendrier agricole de la zone d'étude 77 RESUME/SUMMARY 82 Annexe 6 : Plan de financement détaillé du projet 78 I. INTRODUCTION GENERALE 1.1- Contexte du travail A cause d'un flux important des populations rurales vers les zones urbaines, le nombre de personnes vivant dans la ville de Yaoundé a connu une augmentation exponentielle de 1970 (juste après la période des indépendances) à nos jours. Cet exode rural qui dépouille les campagnes de la majorité de ses forces vives et actives entraîne plutôt une pression démographique en ville, avec comme corollaire l'augmentation des besoins en nourriture, ou de manière précise, le nombre de bouches à nourrir par des chefs de familles qui, dans la plupart des cas, vivent déjà dans des conditions très précaires. Pour lever les contraintes comme celle-ci-dessus évoquée, le DSRP (Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté, Avril 2003) décline sept (7) grands axes principaux de stratégies dont un seul va en droite ligne avec notre travail, à savoir : « le renforcement de la croissance par la diversification de l'économie ». A travers cet axe, le Gouvernement Camerounais prévoit, pour le secteur rural, l'appuie des opérateurs afin de favoriser la production agricole, assurer des revenus et la sécurité alimentaire aux populations. Gage du premier objectif du millénaire pour le développement (OMD). En restant dans le cadrage des objectifs de la dernière génération du DSRP (2003), la présente étude devrait contribuer à identifier et à concevoir un projet de développement qui vise l'appui à la modernisation de l'appareil de production, grâce à la mise en valeur de bas fonds dans les zones rurales de la ceinture péri-urbaine de Yaoundé. En fait, il s'agit concrètement du montage d'un projet autour de la valorisation (agricole ou halieutique) de ces zones considérées depuis longtemps comme marginales. Quant à la valorisation même, elle est simplement basée sur l'amélioration du fonctionnement hydraulique et/ou hydrologique du bas fond, une meilleure organisation des exploitants, la diversification agricole et une intensification des productions susceptibles d'inonder les marchés de la périphérie et par ricochet ceux de la ville de Yaoundé (Cameroun), afin d'y renforcer durablement la sécurité alimentaire à toutes les couches des populations. 1.2- Présentation des concepts clés Les concepts clés sont ceux qui, tirés du thème, sont susceptibles de sous-tendre notre travail ; nous avons retenu principalement trois à savoir : « projet/projet de développement », « développement/développement intégré » et « bas fond ». Dans le souci d'harmoniser la compréhension de ces concepts dans le cadre du présent travail, il est nécessaire de donner leur définition contextuelle. 1.2.1. Projet et projet de développement Nous définissons « un projet » comme une focalisation d'actions, projetées sur l'avenir, visant à répondre à un problème identifié ou à une perspective d'amélioration d'une situation donnée, actions planifiées de manière à mobiliser, sur une période précise, des moyens matériels, financiers et humains, selon une organisation logique de leur mise en oeuvre. S'agissant d'atteindre un objectif et d'obtenir un produit dans un temps fixé, le projet doit faire l'objet d'un suivi périodique et d'une évaluation pour s'assurer de son succès. Un projet a une naissance avec la préparation des actions, une vie avec leur déroulement et une mort avec le terme du projet. Combiné avec le concept de développement, on obtient un nouveau concept « projet de développement » qui prend un sens littéral plus ou moins différent. Pour les auteurs PHILIPPE LAVIGNE DELVILLE, BROUILLET A.S. et LEVY M. (2007), un projet de développement est une intervention dans les systèmes sociaux et politiques dynamiques ; il apporte des ressources matérielles, techniques, mais aussi intellectuelles, politiques, symboliques, à différents groupes d'acteurs, qui vont s'en saisir ou tenter de s'en saisir, pour modifier et améliorer leur situation, ou au contraire neutraliser les effets potentiels de l'opération. 1.2.2. Développement et développement intégréLa définition du concept de « développement » est très diversifiée et se heurte parfois à des versions quelque peu divergentes. Mais d'une façon générale, on peut définir le développement comme étant « un processus politique, social et économique cohérents et harmonieux engendrant un état de vie, d'être et de pensées favorables à l'amélioration durable et désirée des conditions de vie ; et tout ceci se caractérisant et s'appréciant par rapport à des références communément admises » OAKLEY ET GARFORTH (1986) cité par HAMMANI (1997), estiment que le développement évoque une certaine forme d'actions, ou d'interventions propres à influencer sur le processus général de transformation sociale. C'est un concept dynamique qui suppose que l'on modifie les données d'une situation antérieure ou que l'on s'en éloigne. Ils ajoutent que le processus de développement peut prendre des formes variées et tendre vers toutes sortes d'objectifs sociaux désirables. 5 C'est dans le même sens et dans le contexte de conception de projet de développement rural que BOUKHARI (1997) In B. YODA (2004) estime que : « le développement est un changement de l'environnement (aménagement et équipement) et de CAP (connaissances, attitudes et pratiques) » (HAFID 2003). On perçoit par ces différentes approches qu'il n'existe pas de définition universelle communément admise qui puisse réellement cerner tous les aspects de ce concept qui se veut davantage dynamique et relatif à un contexte. En effet, l'on voit de plus en plus des attributs qui se greffent au développement afin de l'adapter aux différentes réalités contextuelles. Nous faisons allusion à des concepts comme le développement durable, le développement participatif, le développement rural, ou développement intégré. C'est ce dernier concept qui concerne notre travail. Parlant du « développement intégré » évoqué ci-dessus, MORIZE (1992) avance que « c'est un développement logique et rationnel, visant dans un but de croissance, tous les aspects qui dépendent les uns des autres, de manière à n'oublier aucune des conditions nécessaires à ce développement ». Le développement intégré est ainsi perçu comme une vision globale et systémique dans les approches, contrairement à l'approche sectorielle. Pour une zone géographique donnée, le développement intégré peut être considéré comme une approche particulière qui consiste à prendre en compte toutes les causes d'un problème dans une réponse complète susceptible de lever les contraintes socio-économiques y afférentes. Cela nécessite sans doute une conjugaison de plusieurs actions d'appui et non pas seulement à apporter une réponse sectorielle à un problème en rapport avec les conditions de vie de l'homme dans son contexte social. 1.2.3. Bas fond : définition, atout et intérêt Selon le Consortium bas fonds (CBF1), les « bas fonds » sont les parties supérieures des systèmes de cours d'eau, dans lesquelles il n'y a plus ou très peu de processus de sédimentation alluviale. Ils couvrent toute l'étendue de vallée, c'est-à-dire, les fonds de vallée qui peuvent être submergés pendant une partie de l'année, leurs franges hydromorphes et les pentes et croutes de plateau contigües, formant la zone qui alimente en eau les fonds de vallée par ruissellement et suintement. Les bas fonds qui se distinguent généralement des marais qui, faute d'exutoire, sont engorgés en permanence, couvrent environ 190 millions d'hectares en Afrique subsahararienne, ce qui représente environ 8% des terres. Seule une petite fraction de ces bas fonds, probablement moins de 15%, est exploitée actuellement, essentiellement dans les zones subhumides et humides. Les rendements y sont souvent faibles et leur mise en valeur est limitée par les contraintes suivantes (Jamin et al., 1996) : - manque de gestion appropriée de l'eau ; - problèmes d'adventices ; - variétés mal adaptées aux conditions pédoclimatiques et à la demande du marché ; 1 Consortium Bas fonds (CBF) est une structure de recherche basée en Côte d'Ivoire. - pénibilité du travail et insuffisance de main d'oeuvre ; - problème de commercialisation lié à l'état des pistes de desserte ; - système foncier non clarifié ; - accès limité aux marchés d'intrants et des produits agricoles. Figure 1 : Profil simplifié et stylise d'un bas fond Source : Consortium Bas Fond (CBF) Toutefois, les bas fonds constituent un atout agricole et hydrologique important au niveau local et national et peuvent contribuer de manière significative à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté. De ce point de vue, PHILIPPE LAVIGNE DELVILLE et al (1996) affirment que ces fonds de vallées sont considérés comme des milieux fertiles, qui peuvent, moyennant un aménagement approprié, et de fois sans mouvement des terres de surface en grande masse, porter des cultures permanentes ou abriter des étangs piscicoles. En ce qui concerne l'intérêt pour la culture des bas fonds, il y a lieu de noter qu'il s'inscrit dans le jeu dynamique d'allocation du travail en fonction des objectifs de la reproduction économique familiale. Il met certainement en jeu l'ensemble du système économique de l'exploitation. L'analyse des dynamiques agraires, d'un côté, celle de l'économie familiale de l'autre (calendriers de travail, de trésorerie, alimentaires ; Leplaideur, 1992), fournissent deux guides complémentaires pour comprendre les logiques économiques des paysans et la place qu'ils accordent au bas fond. NGUEGANG P. et al. (2005, acte de conférence de la Délégation Régionale du CIRAD à Yaoundé au Cameroun), en conclusion d'une étude portant sur la mise en valeur des bas fonds à Yaoundé et environs, affirme que l'activité dans les bas fonds est dynamique ; c'est une activité compétitive qui offre des perspectives d'emplois pour nombre de jeunes et de femmes de la ville. Les revenus tirés de cette activité permettent aux exploitants des marécages de faire face aux besoins d'éducation, de santé et même de nutrition de l'unité familiale. Bien développée, cette activité peut s'intégrer dans une dynamique de lutte contre la pauvreté. Cependant, le constat pour l'Afrique Centrale, et particulièrement au Cameroun, c'est que les bas fonds sont généralement peu ou pas exploités ; certains voient en ces espaces plutôt une réponse à la pression foncière croissante sur les terres pluviales et bien plus une contribution à la production de surplus alimentaire. Les pratiques paysannes de mise en valeur des bas fonds s'inscrivent sans doute dans un système de production diversifiée qui, sauf exception, sont centrés sur les cultures pluviales, et répondent à des objectifs économiques qui ne passent pas forcément par l'intensification. 1.3- Revue de la littérature Pour un travail scientifique donné, il est difficile de passer en revue l'ensemble des recherches déjà menées sur le sujet. A cet effet, dans le souci de situer le sujet dans le contexte actuel de la recherche nationale ou internationale, nous avons essayé de rassembler quelques informations disponibles sur ledit sujet (bibliographie, communications orales, etc.), de façon à avoir certains éléments utiles dans la construction et l'organisation des idées. Il faut noter que cela ne saurait être exhaustif. 1.3.1. Les travaux essentiels du Consortium Bas Fonds Le Consortium Bas Fonds (CBF) pour la mise en valeur durable des écosystèmes de bas fonds est une activité éco-régionale à l'échelle du système, soutenue par le GCRAI pour l'Afrique subsaharienne et présidée par le Centre du Riz pour l'Afrique (ADRAO), en collaboration avec les instituts nationaux et internationaux oeuvrant à améliorer la productivité et la viabilité des systèmes d'exploitation des sols des bas fonds. C'est une plate-forme de coopération régionale pour la promotion d'un développement durable des bas fonds, mettant à contribution le partenariat de diverses institutions pour former une masse critique, planifier et mettre en oeuvre conjointement un programme intégré de recherche visant des objectifs communs. Les principaux centres d'intérêt sur lesquels se reposent l'essentiel des travaux de recherche de cette structure sont les suivants : - Caractérisation des dynamiques de mise en valeur des bas fonds ; quatre axes de recherche ont été développés pour ce thème à savoir (i) dynamique de l'occupation du sol dans les bas fonds, (ii) fonctionnement hydrologique des bas fonds, (iii) évolution de la fertilité du sol dans les bas fonds et (iv) évolution de la biodiversité dans les bas fonds. - Mise au point et évaluation des technologies pour des systèmes de production améliorés et pour la gestion des ressources naturelles. Les recherches
conduites pour ce thème visent bas fonds, intensifier les systèmes rizicoles de bas fonds, intégrer la pisciculture dans les bas fonds, intégrer l'élevage dans les bas fonds, diversifier les cultures dans les bas fonds. - Aspects socio-économiques et politiques pour
l'amélioration des systèmes de production
- Les sols ferralitiques : occupent environ 80% de la zone forestière humide (ROBAIN, 1993) ; ces sols sont plus souvent acides et de couleur :
cultures vivrières ;
dessous. Dans ce cas, ils ont une faible teneur en éléments nutritifs, et nécessitent l'apport de fertilisants dans le cadre d'une intensification des systèmes de cultures. Faiblement et moyennement désaturés, les sols ferralitiques ont généralement un potentiel de fertilité bien meilleur pour une agriculture intensive. L'ensemble des formations végétales de la zone d'étude appartient au domaine de forêt dense caractéristique d'une zone équatoriale humide. Les peuplements dans les bas fonds sont généralement constitués des raphiales jouant un rôle important dans l'artisanat local et d'une végétation herbacée constituée des espèces très variées.
La zone d'étude appartient au plateau qui occupe la majeure partie du Cameroun méridional. Son relief est caractérisé par une altitude moyenne de près de 650 m et une succession de collines culminant vers 800 m d'altitude, que dominent par endroits des mornes rocheux de 1100 m à 1300 m (Mbam Minkom : 1295 m, Nkolodom : 1221 m, Mont Eloumden : 1159 m, etc...) séparés par des vallées des cours d'eau ou élargies en cuvettes marécageuses (bas fonds). Ces reliefs sont couverts par un manteau latéritique dont les faciès varient de haut en bas. 2.4. Contexte socio-économique de la zone d'étude : données essentielles 2.4.1. Contexte général de développement au Cameroun Le développement économique du Cameroun d'une manière générale, repose principalement, comme la plupart des pays en développement, sur le secteur primaire. En 2005, les statistiques sur les terres cultivées et les productions vivrières obtenues étaient les suivantes : la production de céréales a été de 1,5 million de tonnes pour 1,1 millions d'hectares cultivés ; celle des tubercules de 2 millions de tonnes pour 0,7 millions d'hectares et celle des légumineuses de 0,5 millions de tonnes pour 0,6 millions d'hectares cultivés. Ces cultures ont connu en termes de production un taux d'accroissement constant de 1% depuis 2001, aux dépens de cultures de rente qui ont subi au cours de cette période la baisse des cours mondiaux. Les productions agricoles vivrières (maïs, manioc, banane plantain, macabo, riz, mil, sorgho et arachide, etc.) et de rente (cacao, café, coton, caoutchouc, banane, ananas, etc.) font de l'agriculture camerounaise la plus riche d'Afrique Centrale. Le secteur agricole emploie près de 70% de la population active et représente 40% des recettes d'exportation. Il reste une part importante de l'économie camerounaise (20% du PIB). La population de ce pays est estimée en 2008 à 18 millions d'habitants. En janvier 2010, elle était estimée à 19 406 100 habitants. Selon les résultats du dernier recensement, le Cameroun compte toujours un peu plus de femmes (50,6%) que d'hommes (49,4%). La moitié de la population a moins de 17,7 ans et le poids démographique des moins de 15 ans se situe à 43,6%. Les personnes âgées de plus de 60 ans ne représentent que 5,5 % de la population totale. La croissance urbaine, mal maîtrisée (occupation anarchique de l'espace, mauvais état des voiries, problèmes d'environnement urbain,...), constitue un frein à la croissance et entraine une détérioration des secteurs de base tels que la santé et l'éducation, fragilisant ainsi le capital humain. Le taux d'urbanisation est passé de 37,8 % en 1987 à 47,2 % en 1997 (MINEFI, 1997) et le Plan National pour la Gestion de l'environnement (PNGE) projetait qu'en 2010 deux camerounais sur trois vivront dans la ville. Une des conséquences de cette urbanisation galopante est la demande élevée des denrées alimentaires. La croissance anémique et la hausse des prix de quelques
produits de base sont à l'origine des en constante croissance, une majorité (de 55 à 65% selon les estimations) de la population demeure en zone rurale. Les progrès à accomplir au Cameroun restent immenses et sont urgents lorsque l'on sait que les pauvres constituent encore plus de 50% de la population. Les économistes s'accordent sur le fait qu'il est nécessaire pour les pouvoirs publics de bâtir un modèle de développement économique capable de créer la richesse, la valeur ajoutée, de résorber le chômage et de réduire les inégalités : une économie à visage humain capable d'assurer l'équité, de sauvegarder l'environnement et de protéger les droits des générations futures. 2.4.2. Contexte de développement particulier à la zone d'étude Du constat fait lors de notre diagnostic et de la synthèse d'un certain nombre des études sociologiques faites dans la zone du projet, il ressort que bien que celle-ci soit la plus grande pourvoyeuse de la capitale Yaoundé (Cameroun), tant en produits agricoles que pastoraux, est caractérisée principalement par : - Une insuffisance de certaines infrastructures économiques telles que les marchés (hangars) périodiques, des magasins communautaires, etc...; - Un enclavement dû à un réseau routier déficient et en état de dégradation avancée, et rendant difficile l'accessibilité aux sites de productions ; - La baisse de la fertilité des sols en raison d'une
part, de leur surexploitation sans apports - La faiblesse des revenus monétaires ne permettant pas aux populations d'avoir accès aux services tels que la santé, l'éducation, l'eau potable, etc., et de participer à la réalisation et à l'entretien des équipements de base ; - La dégradation du pouvoir d'achat des paysans, laquelle est exacerbée par l'accroissement régulier des prix des produits manufacturés, face à la détérioration constante des revenus tirés des activités agricoles ; - La carence des structures de crédit adaptées aux besoins socio-économiques des populations. Toutefois, on note quand même les quelques atouts suivants pour cette zone : - Une demande urbaine importante et croissante en produits agricoles ; - La présence de nombreux GIC dynamiques, mêmes si leurs activités restent limitées par faute de moyens financiers ; - Une émergence de la mise en valeur des bas fonds en matière de production agricole et halieutique ; - Un dynamisme notable de jeunes exploitants et des groupements féminins s'adonnant à l'agriculture vivrière et aux petits métiers ; - L'existence d'un réseau faible mais opérationnel d'établissements de micro-finance, bien que l'insuffisance de ressources financières constitue la principale contrainte à leur développement ; - La présence de nombreuses Associations et ONG (interfaces) susceptibles d'apporter des ap- puis aux producteurs et aux communautés locales ainsi que des fournisseurs d'intrants ; - La présence d'institutions de recherche disposant de référentiels technico-économiques adap- tés aux différents types d'exploitation dans la zone d'étude, etc... 2.4.3. Analyse des moyens d'existence des communautés et des ménages de la zone d'étude Yaoundé, capitale politique du Cameroun, comptait en 1997 1,1 million d'habitants pour une densité de population de plus de 4.400 habitants au km2 (MINEFI, 1997). Aujourd'hui, elle abrite une population estimée à 1.729.800 habitants, soit une densité moyenne de 5.691 habitants au km2. La poussée démographique y est forte avec un taux de croissance annuelle estimé à 6,8 %. La population de la ville de Yaoundé est cosmopolite, composée d'hommes et de femmes issues des différentes ethnies du pays ; cependant, dans la zone d'étude on rencontre un grand groupe socioculturel autochtone, à savoir les « Betis » ; ce grand groupe se compose de trois groupes ethniques dont les « manguissa (minoritaires) », les « étons » et les « ewondo (majoritaires) ». Selon l'avis des ménages (2003, Consultations participatives en vue de d'élaboration du DSRP), la pauvreté est avant tout le manque de ressources matérielles ou financières pour satisfaire les besoins essentiels des individus ; au nombre de ces besoins figurent naturellement l'alimentation, le logement, les soins de santé, l'éducation, l'approvisionnement en eau potable, etc. Pour le PNUD (1998, Rapport sur le Développement Humain portant sur la Pauvreté au Cameroun), la pauvreté est présentée comme un phénomène complexe qui désigne généralement une insuffisance de ressources et une privation de possibilités de choix et d'opportunités qui offriraient aux individus des conditions de vie décentes. Ainsi, pour mieux apprécier les moyens d'existence des ménages face à la pauvreté ambiante, il est nécessaire d'exposer le contexte dans lequel vivent respectivement les communautés et les ménages aussi bien en ville qu'en milieu rural, dans la zone d'étude. a) Situation des ménages vivant en milieu urbain D'une manière générale, les effets de la crise économique et les restrictions budgétaires dans le secteur public (PARROT : 1998) ont favorisé le chômage qui est allé galopant ces dernières années ; la situation ici se traduit par l'explosion du secteur informel qui est une voie incontournable de survie pour des ménages sans emploi formel. Ce chômage atteint aujourd'hui près de 35 % des jeunes, notamment des diplômés des grandes écoles et de l'enseignement supérieur. Il est à noter 22 que les activités lucratives des secteurs formels et informels semblent être plus ou moins en saturation, avec comme conséquence l'augmentation des ménages ou des individus pauvres. On note de manière globale que 30 % des populations de la ville de Yaoundé sont menacées et l'insécurité alimentaire en affecte 28 %. L'indice de la pauvreté en milieu urbain de Yaoundé est estimé à 21,4 % (PNUD : 1999 In NGUEGANG 2003). Concrètement, pour survivre ou améliorer leurs conditions de vie, certains ménages sont obligés de s'engager dans des activités génératrices de revenus tels que la vente de bois, les petits commerces au bord de la route, la pratique de l'agriculture (maraîchage), de l'élevage et de la floriculture dans les bas fonds marécageux ou sur tout espace disponible dans le périmètre urbain. Les marécages jouent ainsi un rôle vital où la population pauvre de la capitale politique du Cameroun trouve son compte car leur exploitation crée des emplois tout en fournissant des produits alimentaires à une population urbaine qui vit dans la majorité des cas dans des conditions précaires. Selon les statistiques fournies par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), un hectare de marécage peut créer une valeur de la production annuelle de 14 000 dollars, soit 7 millions de francs CFA, beaucoup plus que les forêts tropicales et les champs de cultures vivrières ou fruitières. b) Situation des ménages vivant en milieu rural Selon les projections, un peu plus de la moitié de la population totale du pays vit en zone rurale et survit généralement grâce aux activités agricoles, pastorales ou forestières telles que la pratique de la chasse, de la pêche, de la cueillette et de la vente du bois. L'analyse du profil de la pauvreté montre que la pauvreté au Cameroun est d'abord un phénomène rural où on compte près de 55% de pauvres. * * * III. METHODE ET OUTILS DE COLLECTE DE DONNEES 3.1. Généralités : Origine, justification et évolution Le constat fait par les experts était que les efforts de développement consentis en faveur des pays en voie de développement enregistraient beaucoup d'échecs. Des évaluations menées par le Comité d'Aide au Développement (CAD) de l'OCDE, à la fin des années 80, indiquaient qu'une part importante des projets de développement aboutissait à des résultats médiocres (CE : 2001). La Banque Mondiale ajoute que la moitié des projets de développement rural qu'elle a financés en Afrique sub-saharienne, se sont soldés par un échec pur et simple (ZANA : 2003). Globalement, les raisons de ces échecs sont imputables aux anciennes méthodes classiques de préparation de projets de développement ; ces derniers étaient conçus, exécutés puis évalués par les experts en développement sans réelle consultation des populations concernées, ou mieux des parties prenantes, d'où leur inadéquation à certaines réalités culturelles, sociales, économiques, environnementales, etc. La considération théorique de ces méthodes reposait sur le fait que l'élaboration des projets ou des programmes de développement relevait uniquement de la responsabilité régalienne de l'Etat dit développeur. L'instrument d'intervention était alors le plan à travers lequel l'État devrait agir pour améliorer les conditions de vie des populations. A cet effet, les décisions prises, de haut en bas, étaient unilatérales et les paysans étaient plutôt spectateurs au lieu d'être des acteurs principaux de leur développement. L'Etat ou les institutions financières estimaient en plus que l'implication des populations devrait être coûteuse et demanderait en plus beaucoup de temps. La formulation et l'exécution du projet ou du programme étaient alors confiées aux techniciens ou aux experts, et les objectifs étaient la diffusion de nouvelles technologies susceptibles de contribuer à l'amélioration des conditions de vie sus citées. Le paysan de son côté, avait l'obligation de s'adapter à la logique du technicien et non le contraire. Ainsi, les techniques de vulgarisation avaient une approche plutôt diffusionniste et les techniques d'évaluation très formalistes avec tous les impacts négatifs incombant à cent pour cent aux bénéficiaires. Suite à ces multiples échecs enregistrés dans la conception et la mise en oeuvre des projets ou des programmes de développement, de nouvelles méthodes dites participatives, rapides et interactives ont été développées vers le début des années 70. En ces années 70, plusieurs chercheurs hésitaient d'écrire ou de rapporter leurs études. Ils craignaient alors de perdre leur crédibilité, dans la mesure où toute étude qui n'était pas basée sur des données statistiques classiques, était considérée comme non scientifique et donc pas digne de foi. CHAMBERS et CONWAY (1980) ont été les premiers à braver cette « peur », et ont publié et soutenu leurs expériences sur ces méthodes informelles de recherche. Ils restent en tout état de cause les pionniers de cette démarche. A partir des années 80, les principes et la rigueur des méthodes de recherche sont devenus évidents et acceptés par beaucoup de chercheurs. Pour ces méthodes, la collecte des données, leur organisation et leur analyse est faite par la population elle-même, animée si nécessaire par une équipe pluridisciplinaire de chercheurs. Ainsi, les populations rurales maîtrisent mieux l'information, identifient eux-mêmes les priorités et sont susceptibles de mettre en oeuvre et de pérenniser les actions de développement engagées pour elles. 3.2. Particularités sur la méthode et les outils de l'étude Du point de vue théorique, il existe plusieurs méthodes participatives ; parmi toutes ces méthodes, notre dévolu s'est porté sur la MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative ou Rural Rapid Appraisal, en anglais). Cette méthode permet aux intervenants extérieurs d'obtenir des informations des villageois, pour ensuite les utiliser dans l'analyse de la situation rurale. Elle apparait alors comme une méthode « extractive » qui soutire les savoirs indigènes pour aider les intervenants extérieurs dans leur analyse. Notre choix se justifie (voir tableau ci-dessous) par ce qui suit : - le temps, les moyens financiers et humains limités ne devraient pas nous permettre d'entreprendre des études par des méthodes conventionnelles ; - Les enquêtes conventionnelles pourraient ne pas poser les questions clés ou obtenir les don- nées clés (qualitatives). Tableau 2 : Particularités des méthodes de recherche conventionnelles et de la MARP
25 3.2.1. Revue des données secondaires et sources d'information Avant la descente sur le terrain, un travail préalable a consisté à réunir le maximum de données secondaires qui existent dans la zone de notre étude. Ces données nous ont permis : - d'avoir une vue générale sur le milieu (ressources, problèmes, opportunités, expériences pas- sées...) ; - d'améliorer la structuration et d'ébaucher la réflexion en rapport avec notre travail ; - de concevoir un premier draft de la fiche d'enquête qui a été validée par la suite sur le terrain. 3.2.2. Interviews semi-structurées (ISS) Ces interviews ont concerné des personnes individuelles, des groupes des exploitants ou des organisations professionnelles agricoles (OPA) oeuvrant dans la zone concernée. Particulièrement, nous avons collecté les données auprès : - des responsables des ministères de tutelle comme le MINADER (Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural) et le MINEPAT (Ministère de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire) ; - les autorités de l'administration déconcentrée des ministères de tutelle au niveau de la région du Centre, des départements et des arrondissements concernés ; - les exécutifs communaux de la zone d'étude ; - les responsables des projets ayant pignon sur rue dans la zone d'étude et aussi ceux ayant comme volet d'activité aménagement des bas fonds ; - des producteurs et productrices opérant ou non dans les bas fonds, étant membre ou non des OPA de la zone d'étude. 3.2.3. Outils de la dynamique spatiale, temporelle et organisationnelle utilisés pour les enquêtes de terrain Les investigations ont été menées auprès des exploitants des bas fonds déjà exploités, les paysans ayant dans leur contré un ou plusieurs bas fonds aménageables(s) et manifestant l'envie ou non de l'exploiter à but agricole ou halieutique, les GIC/GIE ou des OPA. Elles ont durées près de trois (3) mois, allant d'avril à juin 2010. Les outils utilisés sont : (i) la carte des ressources (villages d'Akak dans la Commune de Soa, en zone péri-urbaine et d'Emana dans la Commune de Yaoundé 1er en zone urbaine), (ii) les cartes des ressources autour des bas fonds ci-dessus désignés, (iii) deux transects dans deux sites en zone rurale de notre zone d'étude, (iv) le calendrier agricole de la zone d'étude, (v) le diagramme de Venn au niveau communal. 3.3. Enquête approfondie sur quatre bas fonds : choix des sites, technique d'enquête et échan- tillonnage Afin de trouver les éléments de réponses à la problématique posée au paragraphe 2.1 du présent travail, à savoir « Comment la diversification des types d'écosystèmes par la mise en valeur des bas fonds de la ceinture péri-urbaine de Yaoundé peut constituer un atout indéniable dans la lutte contre la pauvreté et le renforcement de la sécurité alimentaire ? Autrement dit, en quoi est-ce que cette mise en valeur peut-elle être une activité économique qui offre des perspectives d'emplois pour de nombreux jeunes en chômage et enquête d'un emploi formel ? », nous avons réalisé une enquête approfondie au niveau de certains bas fonds, choisis surtout parmi ceux où les investigations mentionnées au paragraphe 3.2.3) ont été réalisées. Concrètement, nous retenons pour cette enquête que quatre (04) unités d'enquête ont été choisies par sondage aléatoire sur un ensemble de bas fonds constituant notre échantillon dans la zone d'étude. Il s'agit particulièrement des bas fonds d'Akak I et d'Ebang dans la Commune de SOA et, de Nkozoa et d'Olembe dans la Commune de YAOUNDE 1er. Compte tenu de certaines contraintes liées principalement à la logistique mobilisée, le mode de choix de ces unités d'enquête a été fonction de : - la mise en culture effective du bas fond lors de la réalisation de l'étude ; - la proximité de la ville de Yaoundé ; - l'accessibilité au site où doit se dérouler l'enquête. La technique de l'entretien3 a été retenue pour mener l'enquête sur le terrain. C'est ainsi qu'un ensemble de questions préformées4 a été conçu autour de quatre rubriques (motivations sociales et économiques des exploitants pour l'activité sur les bas fonds, répartition socio-démographique des exploitants des bas fonds enquêtés et autres activités économiques auxquelles se greffe la mise en valeur des bas fonds) essentielles comportant chacune un certain nombre de variables enquêtées. En effet, le questionnaire a été administré à près de 58 exploitants répartis dans les quatre unités d'enquête définies précédemment. Avant de l'administrer, le questionnaire a été validé au niveau de chacun des quatre bas fonds retenus, auprès d'un exploitant dit « personne de contact » capable de lire, d'écrire et de s'exprimer en langue française. Chaque personne de contact a eu pour tâche, au niveau de son unité d'enquête, d'administrer le questionnaire aux autres exploitants, en tenant obligatoirement compte de la non proximité des parcelles enquêtées. Deux semaines après la distribution de ce questionnaire, nous l'avons récupéré pour analyse et interprétation. Les résultats de l'enquête sont consignés au chapitre IV du présent mémoire. 3 L'entretien est un rapport oral entre deux personnes ayant pour but la transmission d'informations. 4 Les questions préformées sont une sorte de compromis entre les questions fermées et les questions ouvertes : les réponses n'étant ni fermées, ni libres, mais en quelque sorte préparées. IV. RESULTATS DE L'ENQUETE RAPIDE SUR LES BAS FONDS ET DISCUSSIONS En rappel, nous faisons savoir que les résultats du questionnaire administré aux enquêtés se rap-portent aux rubriques essentielles suivantes : - Les motivations sociales et économiques des exploitants pour l'activité sur les bas fonds ; - La répartition socio-démographique des exploitants des bas fonds enquêtés, - Les autres activités économiques auxquelles se greffe la mise en valeur des bas fonds. 4.1. Motivations sociales des exploitants pour l'activité sur les bas fonds En se référant aux données de la figure 4 ci-dessous, il ya lieu de penser que la raison essentielle qui pousse les communautés rurales ou péri-urbaines à se lancer dans la mise en valeur des bas fonds n'est pas tellement le souci de la diversification des écosystèmes mis en culture, car 74,14% des exploitants enquêtés restent sans réponse à la question. Par contre, au regard des résultats obtenus des enquêtes, il apparaît que les motivations sociales fondamentales qui soustendent l'engouement pour la mise en valeur de ces espaces jadis considérés comme incultes sont respectivement : - Besoin d'élargir la gamme de possibilités de survie de l'unité familiale de production (UFP) : 100% des exploitants enquêtés sont favorable à cette considération ; - Besoin de combattre le chômage dont le taux va croissant : 98,28% des enquêtés sont fa- vorables à la question ; Figure 4 : Motivations sociales des exploitants
enquêtés pour l'activité sur les bas Diversifiersifier les écosystèmes mis en
culture par 25,86% Elargir la gamme de possibilités de survie de l'UFP 100,00% Combattre le chômage 98,28% Diminuer la pauvreté 96,55% 0,00% 20,00% 40,00% 60,00% 80,00% 100,00% 120,00% % Réponses Source : Enquête approfondie sur les bas-fonds 27 - Besoin de diminuer l'incidence de la pauvreté : 96,55% des enquêtés pensent que les revenus qui proviennent de cette activité permettent de renforcer au mieux la survie de l'UFP. Opportunité économique en terme
d'activité génératrice Satisfaire, par l'offre des denrées
alimentaires, la Niveau intéressant de revenus
générés par l'activité au Diminuer la probabilité d'occurrence des "creux"
du Figure 5 : Motivations économiques des
exploitants enquêtés pour l'activité sur 90,00% 91,00% 92,00% 93,00% 94,00% 95,00% 96,00% 97,00% 98,00% 99,00% 93,10% % Réponses 94,83% 96,55% 98,28% 4.2. Motivations économiques des exploitants pour l'activité sur les bas fonds Au regard des résultats de la figure 5 ci-dessous, il ya lieu de dire que les motivations économiques qui poussent les communautés rurales ou péri-urbaines à se lancer dans la mise en valeur des bas fonds sont essentiellement : - Besoin de diminuer la probabilité d'occurrence des « creux » du calendrier de trésorerie au cours de l'année : 98,28% des exploitants enquêtés ; - Niveau intéressant de revenus (voir figure 6) générés par l'activité au sein du l'UFP : 96,55% des enquêtés sont favorables à la question ; - Besoin de satisfaire, par l'offre des denrées alimentaires, la demande en nourriture de la ville de Yaoundé et autre : 94,83% des enquêtés sont favorables à la question ; - Opportunité économique en termes d'activité génératrice des revenus au sein de l'UFP : 94,83% des enquêtés sont favorables à la question. Source : Enquête approfondie sur les bas-fonds Concernant les revenus tirés de la mise en valeur des bas fonds, nous retenons ce qui suit : - Les mois de plus grandes ventes, au cours de l'année, sont respectivement ceux de novembre, de décembre et de janvier ; cette période correspond à la grande saison sèche conformément au découpage saisonnier fait au paragraphe 2.3.2- du présent mémoire. Il s'agit donc des cultures de contre-saison ; - La valeur moyenne arithmétique des ventes mensuelles au cours des ces mois est de 58 879 F.CFA ; - Les valeurs maximales et minimales estimées par les exploitants enquêtés sont respectivement de 100 000 F.CFA/mois et de 25 000 F.CFA/mois ; la valeur modale est de 50 000 F.CFA/mois (score de 9/58). [75 000 à 100 000 F.CFA] [25 000 à 50 000 F.CFA[ [50 000 à 75 000 F.CFA[ Figure 6 : Revenus mensuels estimés par les
exploitants 0,00% 5,00% 10,00%15,00%20,00%25,00%30,00%35,00%40,00%45,00% % Réponses 25,86% 32,76% 41,38% Remarque : Au regard de la figure 6 ci-contre, on re-marque que 25,86% des exploitants enquêtés déclarent avoir un revenu compris entre 75 000 et 100 000 F.CFA/mois, 41,38% entre 50 000 et 75 000 F.CFA/mois et 32,76% entre 25 000 et 50 000 F.CFA/mois. Source : Enquête approfondie sur les bas-fonds 4.3. Répartition socio- démographique des exploitants des périmètres enquêtés 4.3.1. Distribution des exploitants enquêtés par sexe Exploitant homme Figure 7 : Ditribution par sexe des 45% Exploitant femme 55% Dans les périmètres où nous avons mené les enquêtes, il ressort de la figure 7 ci-contre que 55% des exploitants sont des hommes alors que 45% sont des femmes. Il y a lieu de upenser que les hommes s'intéressent bea coup plus à l'activité de mise en valeur des bas fonds que les femmes, simplement parce onc supposés qu'ils sont chefs de famille, d n- être plus sollicités pour répondre aux co traintes d'existence de l'UFP. Source : Enquête approfondie sur les bas-fonds 4.3.2. Distribution des exploitants enquêtés par classe d'âge Pour mieux apprécier la distribution des exploitants enquêtés suivant leur âge (voir figure 8 cidessous) : , nous avons considéré trois classes. Il ressort de l'analyse du dépouillement ce qui suit - 13,56% des exploitants enquêtés ont un âge compris entre 1 5 et 30 ans (classe 1). Cette classe est moins représentative dans les bas fonds mis en culture ; cette situation peut se e- justifier par le fait que cette classe correspond à la tranche d'âge qu'on retrouve dans le s condaire et l'enseignement supérieur. L'intérêt de ce groupe est porté ailleurs ; - 79,66% des exploitants enquêtés ont un âge compris entre 30 et 50 ans (classe 2). Cette tranche d'âge est la plus représentative dans les bas fonds mis en culture car elle correspond à l'âge pour lequel on se donne la contrainte sociale de fonder une famille et de répondre par la suite aux exigences de survie de celle-ci ; - 6,78% des exploitants enquêtés ont un âge compris entre 50 ans et plus (classe 3). Cette classe est aussi la moins représentative, comme la classe 1. Cela peut se justifier par le fait qu'à cet âge, on n'a plus assez de force pour se livrer aux activités demandant un peut plus d'énergie. Classe 3 : [50 ans et plus [ Classe 2 : [30 - 50 ans[ Classe 1 : [15 - 30 ans[ 0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00% 70,00% 80,00% 90,00% Figure 8 : Distribution des enquêtés par classe d'âge 6,78% 13,56% % Personnes 79,66% Source : Enquête approfondie sur les bas-fonds 4.3.3. Niveau d'éducation des exploitants enquêtés Au regard du tableau de distribution des exploitants enquêtés par niveau d'éducation ci-dessous, il y a lieu de constater que la plus grande majorité (74,14%) a eu à faire au moins l'école primaire et que près de 25,86% ont atteint au plus le niveau secondaire. Personne parmi eux n'est illettré ou n'a eu à faire l'enseignement supérieur. Tableau 3 : Distribution des exploitants enquêtés par niveau d'éducation
4.3.4. Statut matrimonial des exploitants enquêtés Au regard du tableau de distribution des exploitants enquêtés suivant leur statut matrimonial, cidessous, il y a lieu de constater que l'on rencontre 89,66% de femmes ou des hommes mariés dans les bas fonds mis en exploitation et près de 10,34% de célibataires ou des divorcés. Tableau 4 : Distribution des exploitants enquêtés suivant leur statut matrimonial
4.4. Autres activités économiques auxquelles se greffe la mise en valeur des bas fonds Les autres activités économiques auxquelles se greffe la mise en valeur des bas fonds sont, de façon respective et par ordre d'importance : v' la cacaoculture et les cultures vivrières : 44,83% des répondants. La cacaoculture est la principale culture de rente et les cultures vivrières principales dont se nourrissent les popu- lations de la zone d'étude sont l'arachide, le manioc,
l'igname, le plantain et le macabo ; grande échelle (poulet de chair) : 34,48% des répondants ; v' les petites activités lucratives informelles (couture, petit commerce et autres petits métiers informels) : 22,41% des répondants ; 1' l'emploi formel : 8,62% des répondants ; v' la pêche artisanale : 6,90% des répondants ; v' et la petite chasse : 1,72% des répondants. Petites activités lucratives informelles :
couture, petit Figure 9 : Autres activités
économiques importantes auxquelles se greffe la mise en Autres (cacaoculture, cultures vivrières) Elevage (à petite ou grande échelle) Pêche (artisanale) Emploi formel Petite chasse 0,00% 5,00% 10,00% 15,00% 20,00% 25,00% 30,00% 35,00% 40,00% 45,00% 50,00% % Réponses 1,72% 6,90% 8,62% 22,41% 34,48% 44,83% 31 Source : Enquête approfondie sur les bas-fonds 4.5. Conclusion partielle Les bas fonds au Cameroun, jadis considérés comme des lieux répulsifs, malsains et sièges des génies deviennent petit à petit des espaces agricoles attractifs pour les paysans. Les deux points de vue développés ci-dessous nous permettent de soutenir ces propos.
Du point de vue économique, nous constatons grâce aux résultats obtenus que les communautés rurales ou péri-urbaines s'intéressent de plus en plus à la mise en valeur des bas fonds parce que cette activité apparaît aujourd'hui comme une bonne opportunité économique en termes d'activité génératrice de revenus au sein de l'UFP et contribue à compléter sans ambages, en milieu paysan, les "creux" du calendrier de trésorerie, lesquels se posent très souvent avec acuité quand surtout les revenus provenant de l'exploitation cacaoyère sont épuisés. Ces revenus renforcent d'une manière ou d'une autre la propensité du ménage à répondre aux besoins d'existence de l'UFP. Des deux points de vue ci-dessus exposés, nous concluons que la mise en valeur des bas fonds de la ceinture péri-urbaine de Yaoundé est un moyen parmi tant d'autres qui permettrait aux communautés rurales ou péri-urbaines de lutter contre la pauvreté et contribue sans doute au renforcement de la sécurité alimentaire grâce au fait qu'elle est susceptible de satisfaire, par l'offre des denrées alimentaires, la demande en nourriture de la ville de Yaoundé et ses environs. En terme de rentabilité, l'intensification de l'activité pourrait offrir des perspectives d'emplois pour de nombreux jeunes, si on s'en tient au fait que la tranche d'âge qui y est la plus représentative est celle comprise entre 30 et 50 ans. Au regard de tout ce qui précède, il apparaît opportun d'identifier et de concevoir un projet de développement intégré autour de l'aménagement des bas fonds de la zone péri-urbaine de Yaoundé. C'est un projet qui est en fait supposé prendre en compte toutes les causes du problème principal posé afin d'y apporter une réponse complète capable de lever intégralement les contraintes socio-économiques y corrélatives. V. IDENTIFICATION DU PROJET 5.1. Caractérisation de reconnaissance des bas fonds de la zone d'étude Les bas fonds sont des espaces écologiques qui présentent des caractéristiques très variables en fonction de leur fonctionnement hydraulique, leurs spécificités hydrologiques, leur morphopédologie, leur topographie et aussi de la zone agro-écologique où ils se trouvent. Dans ce cas, comment peut-on décider des sites, potentiellement aménageables, où travailler avec les agriculteurs pour générer des technologies et les évaluer ? A cet égard, la solution pour optimiser les ressources consiste à travailler sur des sites, qui peuvent être identifiés grâce à la caractérisation qui permet d'inventorier les caractéristiques des communautés et régions agricoles afin de déterminer les similarités proches et lointaines de même que les différences. Pour le Consortium Bas Fonds (CBF), la caractérisation est l'élément clé pour comprendre la dynamique du système et identifier les technologies développées ailleurs qui sont, ou pourraient être, adoptées par les bénéficiaires ou adaptées à un site spécifique. Si le site ciblé est similaire à un autre site où des technologies ont déjà fait leurs preuves, celles-ci amélioreront très probablement la production agricole dans la zone ciblée. Lorsque les technologies appropriées font défaut, la caractérisation génère toutes les informations nécessaires pour développer des technologies qui auront raison des contraintes dominantes. Toutefois, lorsque nous décidons de caractériser, ne fusse qu'un champ, de nombreuses mesures sont à prendre, tant physiques, telles que la température journalière, les flux des éléments nutritifs et de l'eau, que socio-économiques à savoir la disponibilité en intrants et produits phytosanitaires, le revenu de l'exploitant, la proximité des marchés ou des lieux d'échange. Il est ainsi évident que recueillir toutes ces informations, prendrait beaucoup de temps et est de toute façon irréalisable. Pour cette raison, le Consortium a identifié une « collection de données minimum » (cf. tableau en annexe 3). 33 Les données essentielles pour caractériser les bas fonds sont regroupées par type à savoir : agronomique, socio-économique, climatologique, géologique et/ou géomorphologique, pédologique, hydrologique et/ou hydraulique, faunique et végétal. L'importance ou le volume des données à collecter par type de caractérisation dépend du niveau à savoir : (i) reconnaissance, (ii) semidétaillé ou (iii) détaillé. Les deux derniers niveaux sont importants pour l'établissement des avants projets sommaires ou détaillés dans le cadre d'aménagement des bas fonds. Seule la caractérisation de reconnaissance nous concerne dans le cadre du présent travail. Au regard des données déjà renseignées dans les autres parties (cf. contextes physique et socio-économique de la zone d'étude), nous nous limiterons à l'établissement de la liste des principales cultures exploitées tant sur les plateaux que sur les bas fonds. Pour connaître les principales cultures pratiquées dans la zone d'étude, nous avons mené une enquête auprès de quatre (4) villages où les bas fonds sont exploités. Les résultats de cette enquête sont consignés dans le tableau ci-dessous. Tableau 5 : Présentation des résultats des principales spéculations rencontrées (plateaux et bas fonds) dans au moins 5 villages où les bas fonds sont exploités Catégorie Type Local Scientifique Culture Nom de la spéculation Importance de Cultures maraîchères
Sources : Enquête de terrain (Remarque : l'échelle va de 1= fort à 5=faible et passant par moyen=3) Construit de manière participative et en correspondance avec les contraintes agro écologiques de la zone d'étude, le calendrier cultural de ces différentes cultures se trouve en annexe 3 du présent document. Il faut noter que cette agriculture souffre d'un manque d'encadrement. 5.2. Identification et analyse des dépositaires d'enjeux (parties prenantes) Par définition, un dépositaire d'enjeux est toute
personne qui a un intérêt dans un projet réalisé
par d'identifier de manière participative toute partie susceptible d'être affectée, de façon négative ou positive, par le projet et la manière dont celle-ci en est affectée. En l'occurrence, il a été organisé deux ateliers participatifs de planification dans la zone de Yaoundé et dans la zone de Soa où il existe des bas fonds aménagés par les populations elles-mêmes. Ces ateliers ont regroupé les représentants des parties prenantes, avec une représentation équilibrée des intérêts des femmes et des hommes exploitants ou non des bas fonds. 5.2.1. Identification et intérêts stratégiques des dépositaires d'enjeux Au cours des ateliers participatifs de planification, il a été distingué trois types principaux des dépositaires d'enjeux, à savoir : - Les dépositaires d'enjeux primaires qui sont ceux qui n'ont que peu d'opinions pour imprimer un changement à leur situation ; vulnérables, ils sont en principe la raison d'être du projet à concevoir ; - Les dépositaires d'enjeux secondaires qui comprennent toutes les autres personnes et institutions ayant un intérêt pour le projet. Ce sont les moyens grâce auxquels les objectifs du projet peuvent être atteints ; - Les dépositaires d'enjeux clés qui sont incontournables pour le processus de changement. La liste des dépositaires d'enjeux, identifiés par brainstorming, a été établie et validée par les participants et consignée dans un tableau. Une fois identifiés, nous avons procédé à l'analyse : - des intérêts des dépositaires d'enjeux par rapport au projet et à ses objectifs ; - des effets et ou des influences (voir tableau 4 de catégorisation ci-dessous) probables du projet sur les intérêts de chaque dépositaire d'enjeux ; - de la priorité que le projet devrait accorder à chaque dépositaire d'enjeux dans la satisfaction de ses intérêts ; à cet effet, une échelle allant de 1 à 5 a été utilisée et où 1 représente la priorité la plus urgente ; - du rôle et de la responsabilité que devrait jouer chaque dépositaire d'enjeux pour l'atteinte des objectifs du projet. Tableau 6 : Catégorisation des effets pour l'analyse des intérêts des parties prenantes CATEGORIE D'EFFET
Nous faisons savoir que les résultats de l'analyse des parties prenantes sont consignés dans le ta- bleau ci-dessous.
Tableau 7 : Dépositaires d'enjeux identifiés au cours des ateliers participatifs de planification
5.2.2. Influence et importance des dépositaires d'enjeux identifiés Au cours de la phase d'identification participative, il a été constaté que certains dépositaires d'enjeux pourraient avoir plus d'influence/importance que d'autres sur le projet. Alors que certains seraient en position d'influencer le projet pour qu'il réussisse, il pourrait y en avoir d'autres qui se sentent menacés par ce projet. A cet effet, une réflexion a été menée dans le but de cerner la façon d'approcher ceux dont les intérêts sont affectés de manière négative, ceci pour éviter les conflits et l'échec éventuel du projet. - L'influence est le pouvoir dont les dépositaires d'enjeux sont susceptibles d'avoir sur le pro- jet. - L'importance est la priorité accordée par le projet à la satisfaction des besoins et des intérêts de chaque dépositaire d'enjeux. La figure 4 a été remplie en collaboration avec les populations. Elle montre l'influence et l'importance des dépositaires d'enjeux identifiés pour le projet. Figure 10 : Echelle d'influence et d'importance des dépositaires d'enjeux identifiés DEPOSITAIRES D'ENJEUX PRIMAIRES 1 Exploitants (actifs ou potentiels) des bas fonds/Ménages FAIBLE IMPORTANCE D 7 11 10 8 A 5 1 2 3 13 4 B C 14 6 15 12 9 16 FAIBLE INFLUENCE 2 Revendeuses (vulgairement appelées Bayam Sellam) 3 Consommateurs de la ville de Yaoundé (Cameroun) 4 Transporteurs ruraux (conducteurs des taxi-brousse) DEPOSITAIRES D'ENJEUX SECONDAIRES 5 Propriétaires fonciers au niveau des bas fonds 6 OPA (Coopératives, Fédérations ou unions des GIC, GIC)/ONG 7 Fournisseurs des produits phytosanitaires et petit matériel agricole 8 Artisans locaux fabricant le petit outillage agricole 9 Services déconcentrés MINADER et MINEPAT 10 Communes concernées 11 Chambres d'Agriculture et de Commerce 12 Instituts de recherche 13 Services déconcentrés/MINSANTE & MINEF DEPOSITAIRES D'ENJEUX CLES 14 Syndicats inter-professionnels 15 Ministères de tutelle (MINADER et MINEPAT) 16 Bailleurs de Fonds Retenons que le classement selon l'échelle d'influence/importance a été fait par les participants aux différents ateliers tenus à Yaoundé et à Soa. Nous y avons déduit lme commentaire suivant : - Case A : Désigne les dépositaires d'enjeux ayant une grande importance pour le projet mais qui ont peu d'influence. Dans cette catégorie on classe tous les dépositaires d'enjeux primaires, y compris les propriétaires fonciers au niveau des bas fonds. - Case B : Désigne les dépositaires d'enjeux ayant une grande importance pour le projet et qui peuvent également influencer son succès. Il a été retenu de commun accord qu'il est important de développer de bonnes relations de travail avec eux pour assurer un appui adéquat pour le projet. Il s'agit des syndicats professionnels, des ministères de tutelle (MINADER et MINEPAT) et les bailleurs de fonds. - Case C : Désigne les dépositaires d'enjeux ayant une forte influence et qui peuvent affecter l'impact du projet mais dont les intérêts ne constituent pas la cible du projet. Etant donné que les relations avec ces dépositaires d'enjeux sont importantes, il est nécessaire de les suivre soigneusement afin d'éviter les problèmes qu'ils pourraient causer au projet. Il s'agit des OPA/ONG, des Instituts de recherche et des services déconcentrés MINADER et MINEPAT. - Case D : Désigne les dépositaires d'enjeux revêtant une faible priorité mais qui pourraient exiger un suivi et une évaluation limités pour vérifier qu'ils ne représentent pas maintenant une forte priorité. Dans cette catégorie on peut classer les artisans locaux fabricant le petit outillage agricole, les Communes concernées, les Chambre d'Agriculture et de Commerce, Services déconcentrés MINSANTE et MINEF, les fournisseurs des produits phytosanitaires et petit matériel agricole et les services déconcentrés du Ministère de la Santé. 39 5.2.3. Identification de la participation des dépositaires des enjeux La stratégie de participation des parties prenantes a été déterminée au cours des débats, en plénière. Il a été indiqué à quel stade du cycle de projet (identification, planification, mise en oeuvre et suivi-évaluation) les différentes parties prenantes doivent être impliquées et selon quelle intensité. Pour que les diverses parties prenantes puissent prendre une part de contrôle sur le processus de décision, il convient de déterminer si l'on utilise la fourniture d'information, la concertation ou la prise conjointe de décision et enfin le transfert de pouvoir. Les résultats sont consignés dans le tableau suivant. Tableau 9 : Informations sur la participation des dépositaires d'enjeux
5.3. Analyse de la situation des parties prenantes Il est à noter que l'analyse de la situation des parties prenantes a déjà été amorcée au chapitre 2 (cf. contexte socio-économique de la zone d'étude). Dans ce paragraphe, il nous revient simplement à présenter les besoins, les contraintes et les ressources nécessaires. Au cours des multiples consultations participatives, les parties prenantes ont fait prévaloir un certains nombre de problèmes auxquels ils sont confrontés ; les principaux qui ont été approfondis (voir tableau 6) au cours des ateliers participatifs sont les suivants :
Tableau 9 : Résultats de l'approfondissement des problèmes posés par les communautés de la zone d'étude 41 5.4. Priorité de développement des parties prenantes De l'avis des participants aux différents ateliers participatifs, il ressort que l'amélioration des conditions de vie est une priorité. Dans les discussions, les préoccupations des uns et des autres sont en priorité les suivantes : - L'élargissement de la gamme des possibilités de survie des ménages pauvres au travers d'une intensification et d'une diversification des écosystèmes mis en valeur, grâce à l'aménagement des bas fonds qui sont susceptibles d'offrir une alternative en terme d'emplois ou d'activités génératrices de revenus ; - Le renforcement des capacités des communautés dans le domaine de la gestion des revenus agricoles ; - Le renforcement des infrastructures à vocation économique, de la zone d'étude, par la créa- tion des marchés périodiques, y compris la
construction des magasins communautaires pour - La mise sur pied de centres spécialisés en
termes de production des alevins et/ou de conseils En résumé, de toutes les préoccupations prioritaires ci-dessus, il a été déduit l'idée maîtresse qui sous-tend la nécessité du projet à concevoir : Promouvoir la mise en exploitation des bas fonds en vue :
Cette idée est née des enjeux et des potentialités (cf. chapitre 2) que présente la mise en valeur des bas fonds qui sont susceptibles de : - créer les emplois pour nombre de chômeurs ; - améliorer le seuil de pauvreté par équivalent adulte, lequel est de 22 454 F.CFA par mois ; - répondre à la demande urbaine en produits alimentaires et horticoles. * * * VI. CONCEPTION DU PROJET 6.1. Analyse des problèmes, des objectifs et des stratégies 6.1.1. Généralités : matériel et/ou méthode de construction
L'arbre des objectifs permet de décrire la situation à laquelle on souhaite parvenir une fois les problèmes résolus ; il décrit la situation désirée dans le futur. Le principe réside dans la conversion des « situations négatives » de l'arbre des problèmes en des « situations positives ». En procédant à la vérification de la logique moyens-finalités de l'arbre, on peut réviser certaines formulations, effacer ou ajouter de nouveaux objectifs. 5 La composition du groupe est déterminante pour assurer la qualité de résultats. Il est crucial de disposer d'un bon facilitateur et d'inclure dans le groupe les représentants des parties prenantes ayant une bonne connaissance de la situation. Il faut noter que le groupe ne doit pas inclure plus d'une vingtaine de personnes afin de permettre une bonne discussion. c) Analyse des stratégies C'est l'étape ultime avant de passer à la construction du cadre logique. Au cours des processus d'analyse des parties prenantes, des problèmes et des objectifs, il a été discuté des différentes voies possibles pour traiter les problèmes et sur leur priorisation. Ainsi, nous avons proposé aux participants une série de critères sur lesquels ils se sont accordés pour évaluer l'intérêt des différentes options d'intervention du projet. Parmi ces critères, il y a : - Une contribution attendue à des objectifs politiques clés, comme la réduction de la pauvreté ou l'intégration économique ; - Le bénéfice apporté à des groupes cibles comme les femmes et les hommes, les jeunes et les vieux, etc. - La complémentarité avec d'autres programmes ou projets en cours ou clôturés ; - Les implications en termes d'investissement et de coûts opérationnels, et la capacité des acteurs locaux à faire face aux coûts récurrents ; - Le rapport entre les bénéfices du projet et les coûts financiers et économiques ; - La contribution au renforcement des capacités institutionnelles ; - La faisabilité technique. L'utilisation de ces critères nous a permis de déterminer ce qu'il faut ou ce que l'on peut inclure dans le champ du projet et ce que l'on ne doit pas ou ce que l'on ne peut pas y inclure. La figure 8 montre la stratégie qui a été choisie dans le cas de notre projet. Le choix a été fait de centrer la stratégie sur le développement des structures de micro-finances, d'accroître les espaces culturaux par l'aménagement des bas fonds et de renforcer les infrastructures économiques de la zone d'étude. Il a été décidé d'abandonner les idées suivantes : - Le développement des activités lucratives des secteurs formels et informels ; cet objectif étant déjà pris en compte dans la stratégie pour la croissance et l'emploi développée par le gouvernement camerounais ; - La maîtrise de la démographie et de l'urbanisation qui sont prises en compte par d'autres actions sectorielles ; - L'amélioration du temps de jachère ; c'est un aspect qui relève de la technique culturale. 6.1.2. Diagrammes des problèmes6 (voir figures 5, 6 et 7), des objectifs et des stratégies 6 Principes et recommandations pour vérifier la cohérence du diagramme des problèmes : - Vérifier que l'arbre est logique en croisant les lectures : de bas en haut et de haut en bas ; de chaque cause à tous ses effets et inversement ; - Vérifier que le graphe est complet, sans présenter de répétitions ; - Vérifier que les liens directs de cause à effet sont clairs et évidents ; s'ils ne le sont pas, reformuler les éléments, intercaler des problèmes intermédiaires, ou remettre la relation en question ; - Vérifier que les liens indirects n'expriment pas de contradiction logique ; - Partager la réflexion avec les partenaires et avec des personnes ne connaissant pas la situation. Chaque fois qu'une explication supplémentaire est nécessaire pour la compréhension de l'arbre, demandez-vous s'il ne faut pas ajouter des causes (rendre explicites les causes implicites) ou corriger le graphe. Figure 11 : Diagramme des problèmes Structures de micro-finances Faible taux d'épargne au niveau des ménages Mauvaise gestion des Revenu mensuel par équivalent adulte inférieur au SMIG Activités lucratives des secteurs for- Emplois extra-agricoles Insuffisance des sources de revenus et Forte pression démogra- Niveau de pauvreté accru et
mauvaises Services spécialisés en conseils Espaces culturaux Fertilité des sols Temps de jachère Pistes de desserte des Dotation insuffisante Insécurité alimentaire accrue Insuffisance et mauvais état des pour beaucoup de ménages Faible distribu- de collecte Insuffisance des infrastruc- Inexistence des des récoltes 44 Figure 12 : Diagramme des objectifs Structures de micro-finances Taux augmenté d'épargne au Gestion des revenus do- niveau des ménages Revenu mensuel par équivalent adulte amélioré et est supérieur au SMIG Activités lucratives des secteurs Offre d'emplois extra- Sources de revenus diversifiées et capaci- Niveau de pauvreté en baisse palpable et
meilleures condi- Services spécialisés en conseil agricole Evolution démogra- Ecosystème cultu- Fertilité des sols et Temps de jachère Dotation améliorée au Pistes de desserte des Sécurité alimentaire assurée pour Nombre et état des infrastructures beaucoup de ménages truits dans bon collecte cons- Marchés de Infrastructures de collecte et Espaces pour des récoltes construits dans bon nombre de communautés Figure 13 : Diagramme pour analyse des objectifs Structures de micro-finances Taux augmenté d'épargne au Gestion des revenus domes- Revenu mensuel par équivalent-adulte amélioré et est supérieur au SMIG Activités lucratives des secteurs Offre d'emplois extra agricoles améliorée Sources de revenus diversifiées et capaci- Niveau de pauvreté en baisse palpable et
meilleures condi- Evolution démogra- Services spécialisés en conseil agri- Ecosystème cultu- Fertilité des sols et Temps de jachère Dotation améliorée au Pistes de desserte des Sécurité alimentaire assurée pour Nombre et état des infrastructures beaucoup de ménages Marchés de collecte et Infrastructures de collecte et Magasins pour ventes groupées des récoltes construits dans bon nombre de Sécurité alimentaire assurée pour beaucoup de ménages 47 6.2. Elaboration du cadre logique Au regard de l'analyse des stratégies faite au point 5.1.1 c), nous présentons ici l'arbre finalisé des objectifs. Figure 14 : Diagramme finalisé des objectifs La matrice du cadre logique est un tableau à double entrée qui décrit le projet et sa logique interne. Il est rempli à partir de l'arbre finalisé des objectifs, dans l'ordre ci-dessous. Tableau 10 : Principe de remplissage du cadre logique
(1) Les objectifs globaux : « (1) Contribuer à l'amélioration du revenu mensuel par équivalent-adulte et (2) Renforcer durablement la sécurité alimentaire pour bon nombre de ménages » (2) L'objectif spécifique : il doit être exprimé en termes de bénéfices à améliorer ou à accroître pour les bénéficiaires directs du projet. Il est ainsi énoncé : « Améliorer le niveau et les conditions de vie de bon nombre de ménages » (3) Les résultats : Ils doivent être exprimés en termes de « services » ou « produits tangibles ». Ainsi, nous avons principalement : R1 : Structures de micro-finances, implantées dans plusieurs villages, fonctionnent effi- cacement et les capacités des acteurs économiques et OPA renforcées. R2 : Sources de revenus diversifiées et capacité financière des ménages améliorée. R3 : Nombre et état des infrastructures économiques améliorés. R4 : La gestion du projet est assurée et s'appuie sur un cadre opérationnel de suivi et de communication. (4) Les activités : De manière générale, elles doivent être exprimées par un verbe d'action à l'infinitif et attachées chacune à un résultat donné. Tableau 11 : Cadre logique du projet
7 Les indicateurs doivent être SMART, c'est-à-dire, (i) Spécifiques à l'objectif qu'ils sont censés mesurer : les indicateurs doivent être indépendants ; chacun doit mesurer un objectif et un seul, (ii) Mesurables quantitativement ou qualitativement, (iii) Accessibles à un coût acceptable, (iv) en Rapport avec l'information souhaitée et (v) définis dans le Temps : on doit savoir quand l'objectif pourra être atteint (Source : Indaba-Académia. Construire un projet de développement - CD009F01). 8 Le but ici n'est pas spécifique au projet ; il s'intègre dans le cadre de la stratégie générale du Cameroun en matière de réduction de la pauvreté. 9 L'intensité (ou l'impact) de la pauvreté est l'indicateur qui mesure le gap moyen de revenu par rapport au seuil de pauvreté. Il est en moyenne de 12,8% au Cameroun (ECAM II)
50 6.3. Calendrier indicatif des activités
VII. VALIDATION ET FORMULATION DU PROJET7.1. Validation du projet L'étape de validation de projet est un processus qui permet d'approuver sa conception en termes de faisabilité sociale et de faisabilité économique. En cette occurrence, il faut passer en revue toutes les informations recueillies lors des étapes de cette conception. 7.1.1. Validation sociale du projet Le schéma de validation sociale proposé dans le guide technique de gestion de cycle de projet, permet de passer en revue les impacts éventuels du projet sur les individus, les ménages et la communauté en fonction de leurs capacités à participer, liées le plus souvent à de question de genre et de niveau de vie. Le processus s'appuie concrètement sur l'appréciation (i) de la capacité d'influence des dépositaires d'enjeux du projet, (ii) des niveaux de participation des différents dépositaires d'enjeux au projet, (iii) des intérêts et des enjeux des dépositaires d'enjeux au projet et (iv) des disparités socio-économiques entre dépositaires d'enjeux et leurs effets. a) Capacité d'influence de chacun des dépositaires d'enjeux sur le projet La visualisation de la capacité d'influence de chaque dépositaire d'enjeux permet d'apprécier comment celui-ci peut influer ou non sur le déroulement et l'atteinte des objectifs d'un projet. L'un des principes de la validation sociale consiste à proposer les activités susceptibles de permettre aux dépositaires d'enjeux influents de soutenir le projet, de développer un esprit collaboratif avec les autres et de contribuer à l'élargissement du champ de pouvoir des défavorisés qui constituent le groupe cible du projet.
Tableau 12 : Capacité d'influence des dépositaires d'enjeux du projet Parties prenantes Forte capacité d'influence Faible capacité d'influence Dépositaires d'enjeux clés - Syndicats inter-professionnels - Ministères de tutelle (MINADER et MINEPAT) - Bailleurs de fonds
Il y a lieu de constater que le contrôle du projet est en grande partie entre les mains des dépositaires d'enjeux clés et certains dépositaires d'enjeux secondaires. Les dépositaires d'enjeux primaires sont en position de faiblesse. Cette situation doit être corrigée progressivement au cours de la mise en oeuvre du projet. Ainsi, il est souhaitable qu'il soit revu le niveau de participation de ces dépositaires d'enjeux. b) Niveau de participation des parties prenantes au projet Pour la réussite du projet, tous les dépositaires d'enjeux doivent participer depuis l'étape de l'identification jusqu'à celle du suivi. Il existe 4 niveaux de participation (information, consultation, collaboration et contrôle) qui permettent de garantir l'implication totale des dépositaires d'enjeux, chacun en fonction de son rôle et de son mandat. Tableau 13 : Niveau de participation des dépositaires d'enjeux Evaluation - Entité extérieure à l'unité opérationnelle de gestion du projet - Ministères de tutelle (MINADER et MINEPAT) - Syndicats inter- - Ministères de tutelle (MINADER et MINEPAT) - Bailleurs de fonds Contrôle Information Consultation Collaboration Suivi - Unité opérationnelle de gestion du projet - Entité extérieure à l'unité opérationnelle de gestion du projet - Ministères de tutelle (MINADER et MINEPAT) Type de participation Etape de cycle Pour garantir le succès du projet, il faudra : - associer les dépositaires d'enjeux primaires à toutes les étapes du projet afin de renforcer leur pouvoir ; - informer régulièrement les dépositaires d'enjeux clés et les consulter pendant les étapes d'identification et de conception du projet ; - instaurer la collaboration entre les dépositaires d'enjeux clés avec ceux primaires pendant les étapes de mise en oeuvre du projet et son suivi, sous le contrôle de l'unité de gestion du projet ; - vérifier régulièrement l'état de collaboration entre les ministères de tutelle et le bailleur de fonds. c) Intérêts et enjeux des dépositaires d'enjeux primaires au projet Il est à noter que certains intérêts ne peuvent être satisfaits à l'immédiat par le projet lui-même ; il faut attendre à longs terme. Il est donc important d'informer et de sensibiliser tous les dépositaires d'enjeux sur les résultats immédiats et long terme du projet, sur leurs responsabilités et sur leur appropriation du projet pour saisir et valoriser toutes les potentialités. Parties prenantes Intérêts et enjeux Satisfaction par le projet Revendeuses (appelées au Cameroun « Bayam sellam ») - Très grande variabilité des produits dans les marchés de collecte ou bords champs - Accès facilité aux revendeuses - Réduction du coût de transport - Augmentation de la quantité des marchandises à proposer dans les marchés locaux - Routes utilisables en toute saison - Amélioration de la marge bénéficiaire des revendeuses 54 - Opportunités d'emplois agricoles informels - Renforcement et sécurité pour le revenu mensuel par équivalent adulte - Viabilité et durabilité de l'outil de production - Développement de nouvelles compétences dans l'exploitation des bas fonds - Accès aux intrants et aux appuis conseils - Amélioration des emplois agricoles informels - Amélioration du revenu des ménages - Diminution des périodes de soudure et étalement des périodes de revenus - Amélioration de la situation de l'outil de production Exploitants (actifs ou potentiels) des bas fonds et les ménages Tableau 14 : Intérêt et enjeux des parties prenantes primaires Transporteurs ruraux (conducteurs des taxi- brousse) - Clientèle en augmentation - Circulation aisée pour accéder aux bas fonds - Frais de réparation et d'entretien réduits - Certitude d'arriver à destination - Amélioration des recettes journalières - Amélioration de la qualité des pistes de desserte de bassins de production
- Assurance d'avoir les denrées alimentaires en quantité et en qualité, en toute saison dans les marchés locaux - Prix acceptables des denrées alimentaires - Augmentation de la quantité des denrées alimentaires dans les marchés locaux - Diminution des prix des denrées alimentaires dans les marchés locaux Consommateurs de la ville de Yaoundé (Cameroun) d) Disparités socio-économiques des dépositaires d'enjeux et leurs effets Avec la presque saturation du secteur formel, les ménages pauvres se tournent vers le secteur informel qui connaît une forte explosion de petits métiers tels la cordonnerie, le lavage de voitures, l'agriculture péri-urbaine, la pratique de l'horticulture dans les bas fonds, etc. Par rapport au seuil de pauvreté évalué à 232 547 F.CFA/an (soit 637,11 F.CFA/jr) et par équivalent adulte, 48,2% des populations de la zone d'étude vivent en dessous de ce seuil. On note une grande disparité entre la zone urbaine et la zone rurale ; l'incidence de la pauvreté est respectivement de 51,4% en zone rurale contre 13,3% en zone urbaine (ECAM II). Tableau 15 : Caractéristiques de la pauvreté dans la zone de l'étude
7.1.2. Validation économique du projet La validation économique consiste à analyser le degré de rentabilité du projet en termes d'amélioration sociale de la communauté : c'est une analyse des coûts et des bénéfices sociaux (ACB) qui facilite les décisions d'investissement et permet de donner une idée sur la valeur économique du projet. Elle mesure les bénéfices et les coûts non monétaires permettant ainsi de reflé- ter la dimension économique dans une perspective sociale, susceptible de déterminer l'attrait relatif à l'investissement. Dans le cadre de notre travail, nous allons nous articuler sur 3 points à savoir : - identification des coûts et des bénéfices sociaux ; - analyse coûts-avantages sociaux ; - mesure de l'impact, viabilité/durabilité du projet. a) Identification des coûts et des bénéfices sociaux Les coûts et les bénéfices privés ont été distingués des coûts et bénéfices sociaux engendrés par la mise en exploitation des bas fonds de la ceinture péri-urbaine Yaoundé. Tableau 16 : Coûts et bénéfices sociaux pour la mise en exploitation des bas fonds de la ceinture péri-urbaine de Yaoundé
Le bénéfice social le plus significatif sera l'amélioration du revenu par équivalent adulte en dépit de la charge de travail supplémentaire des ménages, laquelle est due surtout à l'étalement du calendrier agricole du fait de l'exploitation des bas fonds. La viabilité relève à la fois de la gouvernance, de la mise en oeuvre et du financement. Une planification rigoureuse est essentielle : il importe de faire des choix stratégiques, de prévoir les principales étapes de mise en oeuvre et les ressources financières nécessaires, d'établir un processus d'évaluation et enfin, prévoir des solutions de rechange pour parer aux imprévus. 7.2. Formulation du projet 7.2.1. Contexte, justification et cohérence avec la stratégie sectorielle de lutte contre la pauvreté au Cameroun L'urbanisation croissante avec comme corollaire l'étalement urbain au détriment de l'espace rural péri-urbain et la poussée démographique ont induit une modification de la demande sociale à l'égard des espaces ruraux cultivables ; après avoir été principalement considérés comme espaces de production agricole, ils sont aujourd'hui considérés comme des espaces de ressources naturelles, de résidence et de loisirs. La question de l'équilibre entre les usages agricoles et les autres usages de l'espace rural est ainsi devenue une question centrale des enjeux et des potentialités (cf. chapitre II) que présente l'aménagement des bas-fonds qui peuvent répondre à un triple rôle : - créer les emplois pour nombre de chômeurs ; - améliorer le seuil de pauvreté par équivalent-adulte qui est actuellement de 22 454 F.CFA par mois (Source : ECAM III, 2007) ; - satisfaire, en termes d'offre, à la demande des produits alimentaires des populations ur- baines en proie à la précarité des conditions d'existence. Au regard de ce qui précède, nous retenons que la mise au point des stratégies de gestion de ces écosystèmes dans la ceinture péri-urbaine de Yaoundé vise à accroître non seulement l'accès des producteurs à la terre mais aussi les productions en qualité et en quantité afin de renforcer durablement la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté ( NGUEGANG. et al., 2005). Ainsi, monté autour de la mise en valeur des bas fonds de la ceinture périurbaine de Yaoundé, le projet aura une durée de 60 mois dont 6 mois pour la préparation de la mise en oeuvre effective des activités sur le terrain - 6 mois pour la liquidation et la clôture du projet - et 48 mois de mise en oeuvre sur le terrain. Ce projet qui s'appuiera essentiellement sur l'approche participative pour la réalisation de ses activités, devra concerner quatre des circonscriptions départementales de la Région du Centre, dont la Lékié qui compte 9 communes, la Mefou et Akono qui compte 4 communes, la Mefou et Afamba qui compte 8 communes et le Mfoundi qui compte 7 Communes ; soit au total de 28 communes touchées par le projet, lesquelles s'étalent sur une superficie de près de 7 949 km2 pour une population estimée à plus de 3 000 000 d'habitants. Le projet s'inscrit dans le cadre de création des programmes prioritaires spécifiques d'appui au développement et aux organisations professionnelles agricoles. En cette occurrence, le Gouvernement a développé une stratégie intégrée du secteur rural qui s'inscrit dans la logique d'appui sans participation directe à la production. Cette stratégie vise à améliorer la productivité et les rendements dans l'agriculture et favoriser la croissance de la production et même de la productivité agricole. Il s'agit de l'amélioration des conditions de vie des communautés au travers du développement rural intégré. 7.2.2. Contenu du projet
L'objectif spécifique du projet est la résultante des différentes propositions issues des ateliers tenus avec les différentes parties prenantes. Il est ainsi énuméré : « Améliorer le niveau et les conditions de vie de bon nombre de ménages » d) Résultats attendus du projet R1 : Structures de micro-finances, implantées dans plusieurs villages, fonctionnent efficacement et les capacités des acteurs économiques et OPA renforcées. R2 : Sources de revenus diversifiées et capacité financière des ménages améliorée. R3 : Nombre et état des infrastructures économiques améliorés. R4 : La gestion du projet est assurée et s'appuie sur un cadre opérationnel de suivi et de communication. e) Hypothèses et risques Les hypothèses qui sont les éléments externes pour la réussite du présent projet sont : - Libre circulation des biens et des hommes assurées par l'Etat ; - Contextes politique, économique et environnemental appropriés ; - Les bénéficiaires sont favorables aux actions ainsi que les options du développement de leur communauté ; - Les exécutifs communaux portent les actions de développement des communautés de leur circonscription administrative ; - Facilités d'obtention de crédit rural ; - Adhésion des bénéficiaires et non clarification des droits fonciers ; - Maîtrise des circuits de distribution des produits ; - Professionnalisme des prestataires ; - Participation des bénéficiaires ; - Adhésion/collaboration des exécutifs communaux ; - Professionnalisme du personnel de l'unité de gestion du projet. D'une manière générale, l'unité de gestion du projet devra disposer d'assez bonne compétence, d'autonomie et de flexibilité opérationnelle pour assurer l'ajustement continu des actions à mettre en oeuvre. Toutefois, le projet pourra faire face à plusieurs risques, comme résumés ci-dessous : - Non mobilisation à temps du personnel d'exécution au démarrage ; - Incompétence du personnel engagé ; - Non adhésion des groupes cibles ; - Non clarification des droits fonciers ; - Troubles sociaux dans la zone de projet. 7.2.3. Composantes et activités du projet Le projet conçu autour de la mise en valeur des bas fonds de la ceinture périurbaine de Yaoundé a trois (3) principales composantes qui sont les suivantes : 1) La composante « Aménagements et Infrastructures économiques » : Elle concerne prioritairement l'intensification et la diversification de type d'écosystèmes mis en valeur à travers 60 l'aménagement des bas fonds. Concrètement, il s'agira d'inventorier et d'identifier les bas fonds potentiellement aménageables, et de caractériser ces derniers, dans la zone du projet, en vue d'une valorisation agricole et/ou halieutique. Les travaux d'aménagement sommaire devront également inclure les dessertes ainsi que le renforcement des autres infrastructures économiques connexes. La consolidation des infrastructures économiques concerne surtout :
Structures de micro-finances implantées dans plusieurs villages fonctionnent efficacement et les capacités des acteurs économiques et OPA renforcées. Figure 15 : Visualisation de la structure et du cadre du projet Coordonnateur du projet, Unité de gestion du projet,
Animation/sensibilisation, Recherche, Vulgarisation, Enquêtes, Etudes,
Formations, Transports, Construction et autres Aménagements et Infras- Contribuer à l'amélioration du Améliorer le niveau et les conditions Diminuer à long terme l'incidence et Appuis et conseils Renforcer durablement la sécurité Gestion, suivi-évaluation Les activités dans les lignes qui suivent et lesquelles sont spécifiques à chacune des composantes ci-dessus, sont rattachées aux quatre (4) résultats énoncés plus haut. Activités liées au 1er résultat : Activité 1.1 : Construire et rendre fonctionnel les structures de micro-finance dans la zone de projet Les principales actions à mener sont :
structure de l'économie rurale ; But (ou finalité) du Objectif spécifique Composantes Moyens Objectifs globaux
Les structures de micro-finances à mettre en place doivent non seulement mobiliser l'épargne des ménages, des OPA et d'autres acteurs économiques, mais aussi assurer sa redistribution au travers d'un réseau supervisé par le projet. Activité 1.2 : Mener les actions de formation et d'appui-conseils en faveur des acteurs économiques (GIC, OPA, etc...) Les principales actions à mener sont :
Activités liées au 2ème résultat :
Activité 2.1 : Diversifier les écosystèmes culturaux par l'aménagement des bas fonds
conseils et informations agricoles, distribution d'intrants et alevinage Les principales actions à mener sur le terrain sont :
Activités liées au 3ème résultat :
Activité 3.1 : Renforcer les infrastructures de collecte et de stockage, et promouvoir les ventes groupées
Activité 3.2 : Réhabiliter des pistes de dessertes existant et ouvrir de nouvelles autres Les principales actions à mener sont :
64 4. Maîtrises d'ouvrage et d'oeuvre sous le suivi et le contrôle participatifs des bénéficiaires. Activités liées au 4ème résultat :
Activité 4.1 : Concevoir et mettre en place le dispositif de suivi-évaluation du projet Les principales actions à mener sont :
7.2.4. Bénéficiaires du projet Le programme doit profiter aux populations des 24 communes qui constituent la zone du projet. Les bénéficiaires directs seront surtout les populations des villages riverains des bas fonds aménagés ainsi que les groupements ou associations dynamiques qui s'investissent dans le développement des productions agro-pastorales. Le projet devra promouvoir l'accès des genres aux ressources des bas fonds. C'est ainsi qu'une attention particulière sera portée aux groupes défavorisés et vulnérables afin qu'ils puissent être intégrés dans la dynamique (Femmes, jeunes ruraux, sous-employés au chômage, personnes de bonne volonté n'ayant pas accès aux terres fertiles, ...). Ces groupes cibles attendent du projet la diminution à long terme de l'incidence et de l'impact de la pauvreté en leur sein. 7.2.5. Coût global et plan de financement du projet Les principales rubriques d'allocation des ressources (voir détails en annexe 4) sont les suivantes :
Le coût global du projet est de « six milliards deux cent quatre-vingt millions cinq cent soixante quinze mille » francs CFA répartis comme suit :
7.2.6. Organisation et gouvernance du projet La structure organisationnelle générale à mettre en place pour le projet est la suivante : Bailleur de fonds : Le bailleur de fonds du PDEBF - Yaoundé est devra être une ONG, une banque de développement ou une structure de coopération en république du Cameroun. Maître d'ouvrage : La maîtrise d'ouvrage du PDEBF - Yaoundé est assurée par le Ministre de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire (MINEPAT). Maître d'oeuvre : La tutelle technique du PDEBF - Yaoundé est assurée par le Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural (MINADER). Représentant du Maître d'oeuvre : Le représentant du Maître d'oeuvre est la Direction des Etudes, des Programmes et de la Coopération du MINADER. Comité de Pilotage. C'est une instance d'orientation et de supervision, créée par décision du Maître d'ouvrage qui supervise la stratégie et les modalités d'intervention des différentes actions et propose le cas échéant, une réorientation des activités. Il est responsable de l'approbation et du contrôle de l'exécution des devis programmes (budgets). Elle devra regrouper, au moins deux fois par an, les principaux intervenants dans le suivi de la mise en oeuvre du projet à savoir les représentants de toutes les parties prenantes primaires et secondaires. Agence d'exécution : C'est la structure qui sera en charge de la réalisation du projet en régie. Elle sera créée par décision du Maître d'ouvrage. Placée sous la supervision d'un comité de pilotage, elle bénéficiera pour la réalisation des missions qui lui sont confiées, d'une délégation de pouvoirs sur les plans administratifs, techniques ainsi que de gestion, de la part du Maître d'ouvrage. La responsabilité de l'unité de gestion incombera à un coordonnateur qui assurera la gestion des moyens matériels, financiers et humains ainsi que les modalités pratiques de mise en oeuvre des stratégies convenues pour les actions du projet. Il sera assisté par un responsable administratif et financier (comptable) et par un staff technique approprié 7.2.7. Calendrier des activités au démarrage du projet
Légende : Mo = Maître d'ouvrage ; Cp = Chef de projet ; Co = Comptable ; Ca = cadres d'appui R = Responsable ; A = Assistance et S = Suivi VIII. CONCLUSIONS GENERALE ET PERSPECTIVES Le thème de notre mémoire de fin d'études porte sur : « Identification et conception d'un projet de développement intégré autour de la mise en valeur des bas fonds en zone tropicale humide : cas des bas fonds de la ceinture péri-urbaine de Yaoundé (Cameroun) ». L'objectif global du travail a consisté : - D'une part, à collecter et à analyser les données socio-économiques en rapport avec la mise en oeuvre des bas fonds sur la zone de l'étude afin d'avoir une meilleure connaissance des besoins prioritaires des populations cibles, du potentiel agricole pour les cultures de bas fonds et de montrer que lorsque l'enjeu économique le justifie, une meilleure maîtrise de l'eau bien assurée par des aménagements en respect des logiques paysannes, peut avoir un impact significatif sur la productivité (agricole et/ou halieutique) desdits bas fonds en zone tropicale humide, de manière à offrir une dynamique de lutte contre la pauvreté tout en renforçant en même temps la sécurité alimentaire dans les villes desservies ; - Et d'autre part, à faire une formulation fine d'un projet d'appui susceptible de promouvoir l'amélioration de la productivité et de la viabilité des systèmes d'exploitation des bas fonds de la ceinture péri-urbaine de Yaoundé (Cameroun). Pour mener à bien ce travail, nous avons opté pour une démarche méthodologique fondée sur l'exploration de l'information existante et la collecte de données sur le terrain grâce aux interviews et aux enquêtes. Il est à noter que la collecte de données s'est faite grâce à la méthode accélérée de recherche participative (MARP) qui vise à promouvoir la participation des communautés locales dans le processus de recherche et de développement, dans la gestion des choses qui les concerne directement. A l'issue du traitement des données ainsi collectées, nous avons obtenu des résultats qui nous ont permis de comprendre que de nos jours, la forte croissance démographique qui induit l'occupation de l'espace et entraîne les fortes demandes en nourriture en ville impose également un changement des systèmes agraires et des modes d'exploitation du milieu en vue de palier "aux besoins sociaux du moment". En réponse à la nécessité pour la diversification des types d'écosystèmes mis en valeur, il est proposé la mise en valeur des bas fonds qui sont des espaces écologiques présentant des caractéristiques favorables à l'agriculture en fonction de leur fonctionnement hydraulique, leurs spécificités hydrologiques, leur morpho-pédologie, leur topographie et aussi de la zone agroécologique où ils se trouvent. Cette opportunité offre : - l'élargissement de la gamme des possibilités à mieux jouer le jeu de la complémentarité des parcelles, entre les terres exondées et celles des bas fonds, au sein d'un système traditionnel de production dominé par la cacaoculture et les cultures vivrières qui constituent la base alimentaire des populations de la zone d'étude ; - une alternative d'activités génératrices de revenus susceptibles de concourir à la sécurisation économique des ménages qui doivent réussir à faire face aux périodes de soudure grâce à la possibilité de pouvoir étaler les périodes de revenus au cours de l'année. Concrètement, il a été conçu, validé et formulé un projet autour de la mise en valeur des bas fonds de la ceinture péri-urbaine de Yaoundé ; ce projet de développement intégré devra réaliser, sur une période de 60 mois, un ensemble de trois composantes s'appuyant sur (i) les aménagements et le développement des infrastructures à vocation économique, (ii) les actions d'appuis et conseils agricoles et (iii) les actions de gestion, de suivi-évaluation et communication, en vue de :
L'exécution du projet a pour finalité : - de créer les emplois pour nombre de chômeurs ; - d'améliorer le seuil de pauvreté par équivalent-adulte qui est actuellement de 22 454 F.CFA par mois (Source : ECAM III, 2007) ; - de satisfaire, en termes d'offre, à la demande des produits alimentaires des populations urbaines en proie à la précarité des conditions d'existence. 68 * * * Pour finir, nous faisons savoir que le présent mémoire est le fruit d'un travail qui permet de scruter les horizons d'une nouvelle activité, à savoir l'exploitation des bas fonds ; c'est une activité dynamique et compétitive qui offre des perspectives d'emplois pour nombre de jeunes motivés. Les revenus tirés de cette activité devraient permettre aux exploitants des marécages de faire face aux besoins d'éducation, de santé et même de nutrition de l'unité familiale. Bien développée, cette activité peut s'intégrer dans une dynamique de lutte contre la pauvreté et contribuer efficacement au renforcement de la sécurité alimentaire dans les pays en développement. C'est une activité qui est appelée à se développer autour des grandes villes du Cameroun où les demandes en nourriture sont croissantes du fait de l'urbanisation galopante, la seule contrainte étant la spécificité agroécologique de chaque zone. Ouvrages et articles Ahmadi N. (ed.), Teme Bino (1998), Aménagement et mise en valeur des bas fonds au Mali. Bilan et perspectives nationales, intérêt pour la zone de savane Ouest-africaine : Actes. Montpellier : CIRAD, 498 p. (Colloques : CIRAD) Blackman Rachel (2005), Ressources pour des organismes offrant des opportunités pour transformer et partager (ROOTS) : Gestion du Cycle de Projet, 77 p. Bishop Clare (FAO, 2002), Programme d'Analyse Socio-Economique selon le Genre (ASEG) : Guide technique Gestion du cycle de projet, 89 p. Commission Européenne (2001), Manuel : Gestion du Cycle de Projet, 43 p. Fournier Jacques et Durand Jean-Maurice, Le diagnostic des bas fonds Soudano-Sahéliens, Guide méthodologique et technique. Indaba-network Academia, Boîte à outils : Construire un projet de développement, 18 p. - CD009F01 Ledant J.P. (HDE) et A. Leroi (ADG), 2005 - L'approche cadre logique dans l'identification de projets de développement : Comment y intégrer l'environnement ?, 48, p. Nguegang P. et al (2005), Mise en valeur des bas fonds à Yaoundé : Système de production, savoir-faire traditionnel et potentialités d'une agriculture urbaine et périurbaine en développement - Acte de conférence de la Délégation Régionale du CIRAD à Yaoundé au Cameroun. Lavigne Delville Philippe (GRET), Les bas fonds en Afrique tropicale humide : guide de diagnostic et d'intervention, Collection LE POINT SUR, 415 p.. Lavigne Delville Philippe et Boucher L. (1995), Dynamiques paysannes de mise en valeur des bas fonds en zones humides d'Afrique de l'Ouest ; Communication au colloque "Quel avenir pour les rizicultures de l'Afrique de l'Ouest?" CIRAD-CA/REGARDS, Bordeaux, 4-7 avril 1995. Lavigne Delville Philippe (GRET), Boucher L. (AFVP) et Vida L. (1996), « Les bas fonds en Afrique tropicale humide : stratégies paysannes, contraintes agronomiques et aménagements » in Pichot et al eds. Fertilité du milieu et stratégie paysannes sous les tropiques humides, actes du séminaire international, CIRAD, pp. 148-161. Westphal E. et al. (1981), L'agriculture autochtone au Cameroun : les techniques culturales, les séquences de culture, les plantes alimentaires et leur consommation, 175 p. 69 * * * Yoda B. (2004), Gestion participative des projets de développement rural : Outils et Méthodes d'intervention - Mémoire de 3ème Cycle en Agronomie, ENA, Meknes. 70 Sites internet - www.gret.org/ressource/pdf/bas fond_afrique_strat_paysanne.pdf - http://www.fao.org/sd/SDA_fr.htm - http://www.warda.org/cbf-ivc/publications.htm - http://www.warda.org/cbf-ivc/ - http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Centre_divisions.png - http://www.fao.org/Participation/frech_website/content/sector_doc/PNDT.french_2004.doc - http://www.gtz.de/ - http://www.baobab-ct.org/manuals/ppo_a3.pdf - http://www.worldbank.org/wbi/sourcebook * * * 71 Annexe 1 : Carte du Cameroun et situation de Yaoundé Annexe 2 : Fiche d'enquête rapide sur les bas fonds Annexe 3 : Revue photographique des bas fonds visités Annexe 4 : Niveau de caractérisation de bas fonds Annexe 5 : Calendrier agricole de la zone d'étude Annexe 6 : Plan de financement détaillé du projet * * * Sources : Institut national de la statistique (Cameroun) - Annuaire statistique du Cameroun 2004 72 |
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