Analyse des facteurs entravant l'accessibilité des pygmées aux soins de santé dans la ZS de Goma et Karisimbi( Télécharger le fichier original )par Pierrot BAHATI BISHANGI ULPGL - Licence 2009 |
1.2. Présentation du milieu d'étudeCette section décrit la situation géographique, démographique, socio-économique, culturelle des zones de santé de Goma et de Karisimbi en général et de quartiers Lac-vert, Mugunga et Mudja en particulier où sont localisés les campements pygmées.1.2.1. Situation géographiqueLe campement Lac-vert est situé dans le quartier Lac-vert limité au Nord par la route Goma-Sake, au Sud par le lac Kivu, à l'Est par le quartier Keshero et à l'Ouest par le Parc National des Virunga.Son climat est tropical de montagne avec 2 saisons : la saison sèche et de pluie. La température moyenne y est de 25° C4(*). Le campement de Mugunga est dans le quartier Mugunga limité au sud par la route Goma-Sake, au Nord par le territoire de Nyiragongo, à l'Est par le Parc National des Virunga et à l'Ouest par le quartier Ndosho. Le campement Mudja est situé dans le Territoire de Nyiragongo limité au Nord par la ZS de Rutshuru, au Sud par le quartier Ndosho, à l'Ouest par le quartier Monigi et à l'Est par le Parc National des Virunga. 1.2.2. Données démographiquesLes zones de santé de Goma et de Karisimbi ont une population totale estimée à 504056 habitants dont à peu près 1015 pygmées5(*). Ces zones sont habitées essentiellement par les ethnies autochtones de la province du Nord-Kivu à savoir : nande, hutu, tutsi, hunde, nyanga, tembo, bakano et pygmées. Les pygmées n'y représentent que 2% de la population. Selon le dernier dénombrement réalisé par CIDOPY les ménages pygmées dans les trois campements sont répartis de la manière suivante : 36 au Lac -vert, 25 à Mugunga et 84 à Mudja. 1.2.3. Vie socio-économique de pygméesLes hommes pygmées sont des chasseurs, des porteurs, des cultivateurs, de pêcheurs. Ils changent de temps en temps ces activités. La situation socio-économique des peuples Pygmées se caractérise par : la misère extrême dans les campements, l'absence totale d'activités permanentes génératrices des revenus, la pratique progressive et mal maîtrisée des rouages du système d'accumulation des biens, la non valorisation de leur économie de subsistance, la persistance du troc comme mode d'imposition des prix, les déplacements saisonniers systématiques pour la chasse, la cueillette et le ramassage des produits de la forêt mais aussi la coupe de bois pour fabrication des braises, et la dépendance économique très forte vis à vis des peuples Bantous voisins. Les relations conflictuelles Pygmées-Bantous sont régulièrement perceptibles. La moindre fraction de pygmée qui peut être employée dans quelques entreprises est mal payée. Le manque de terres rend presque impossible la mise en place d'activités agro-pastorales ou économiques et provoque un affaiblissement du lien rituel. A titre d'exemple, il est fréquent que les Pygmées soient dans l'incapacité de donner une sépulture (lieu où l'on dépose le corps d'un défunt) à leurs morts. La femme n'a pas tellement à dire mais elle possède un rôle prédominant. Elle a quelquefois le dernier mot car c'est elle qui a la charge de l'éducation des enfants, de la cuisine et des soins à donner. La femme a également pris la responsabilité de gérer l'épargne dans les familles même si le revenu familial est très bas. Le niveau de la pauvreté est un déterminant de l'accessibilité aux soins de santé. Le revenu du ménage pygmée étant à moins de 0,2 $ US par jour, ce ménage n'est pas en mesure de supporter les frais liés aux soins de santé6(*). Les pygmées ne recourent à aucune institution financière à cause de leur revenu faible qui ne leur permet pas d'épargner. Toutes ces causes additionnées ont progressivement contraint les Pygmées à modifier leurs habitudes alimentaires pour adopter celles de la société bantoue, les rendant en cela encore plus dépendants de ces derniers. Une certaine part de leur alimentation - et aujourd'hui, la plus importante - est assurée par les relations d'échange que les Pygmées entretiennent avec leurs voisins Bantous depuis des temps immémoriaux. * 4 IPS, Rapport annuel d'activités, exercice 2004, P 2 * 5 PIDP, Rapport d'activités, décembre 2005 * 6 ASRAMES, Enquête sur la vie socio-économique dans les ménages de Goma, 2000 |
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