La politique étrangère du Congo-Brazzaville(1997-2007) : jeux et enjeux d'une realpolitik( Télécharger le fichier original )par Sylvie Lembe Institut des Relations internationales du Cameroun - Master II 0000 |
A- La philosophie du Pacte contre l'agressionLe texte intégral et officiel du Pacte panafricain contre l'agression et de défense commune (Annexe 4) réactualisé par le Président congolais fut finalement adopté le 31 janvier 2005 au Sommet d'Abuja après d'âpres négociations diplomatiques, comme l'affirme l'un des instigateurs et rédacteurs de cette initiative148(*). Il a été aussi pris en compte et soutenu par le Conseil de Sécurité de l'ONU. Il est ouvert à la signature des Etats membres de l'U.A. depuis le 8 mars 2005 à Addis abéba149(*). Il est composé d'un préambule et de vingt et trois articles dont les trois premiers constituent le socle. Le premier article enjoint formellement les Etats membres de l'U.A. de s'engager contre l'agression, tout en explicitant comment ceux-ci renforceront la sécurité du Continent en unissant leurs forces. Aussi, la définition des notions de : agression, sécurité humaine, non agression y est-elle consacrée. Le second article, mise sur les principes de prévention des conflits. Il énonce les principes qui devront être adoptés par tous les signataires en matière de rétablissement ou d'imposition de la paix. Enfin, le troisième article dudit Pacte, met l'accent sur les instruments de prévention et de résolution des conflits. Il détaille l'ensemble des moyens prévus par le Pacte pour empêcher toute situation conflictuelle d'atteindre son point critique. La philosophie du pacte contre l'agression peut se résumer en ces termes : l'Afrique demeure la proie des conflits civils armés intra pays. Ces conflits constituent de facto, la première cause de la marginalisation économique du continent. Il s'avère urgent de l'engager dans la conquête résolue de la paix. L'objectif politique est d'adopter un cadre institutionnel militaire, constitué d'une armée neutre qui interviendrait dans les conflits frontaliers et autres formes d'agressions inter-Etats. Aussi, les Etats africains membres de l'U.A. doivent-ils non seulement promouvoir la coopération économique, source de stabilité, mais aussi, doivent-ils favoriser la coopération en matière de défense commune en Afrique. La promotion de la co-existence pacifique, la prévention des conflits, la résolution de ceux-ci par la voie pacifique, telle est la substance du Pacte contre l'agression. L'originalité du Pacte réside sans doute dans le fait qu'il définit un cadre sur la base duquel l'Union pourrait intervenir ou autoriser une intervention en vue de prévenir ou de faire face à des situations d'agression, conformément à l'Acte constitutif de l'Union Africaine, au Protocole du Conseil de sécurité et de paix, et à la Politique africaine commune de « défense et de sécurité »150(*). C'est dire, si l'on s'en tient à ce qui précède que toute agression ou menace d'agression dirigée contre l'un des Etats membres, constituerait une menace ou une agression contre l'ensemble des Etats membres. Si tels sont, en substance les objectifs majeurs du Pacte, celui-ci, rappelle la nécessaire intégration des économies africaines, fondement et moteur d'une paix durable. A la suite de la présentation des principes du Pacte contre l'agression, on peut s'interroger sur la pertinence de doter l'U.A. de cette « nouvelle institution » alors que, jusqu'à ce jour, la Force africaine semble incapable de résoudre, et même d'empêcher les exactions et autres massacres dans certains chauds points du Continent tels le Darfour, la Somalie, la République démocratique du Congo (R.D.C.). Quel peut être le degré d'effectivité, du respect, de l'applicabilité des principes de ce Pacte dans la Corne de l'Afrique par exemple ? * 148 Jean Didier Boukongou, « Le projet du Pacte contre l'agression : une négociation difficile », in Géopolitique africaine, n°15, été- automne, 2004, P.23. * 149 Ces informations sont tirées du site officiel de l'UA : www. africa-union.org, consulté le 9 juin, 2007. * 150 Cf, l'article 2(b) du Pacte contre l'agression. |
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