L'abstentionnisme électoral au mali depuis l'avènement du multipartisme en 1992.( Télécharger le fichier original )par Madou NIMAGA Université Cheickh Anta DIOP de Dakar - DEA en Science politique 2006 |
Conclusion générale :Les chapitres précédents ont exploré tour à tour la relation qui s'établit entre l'abstention électorale et les caractéristiques socioculturelles et socioéconomiques des individus, leur ancrage idéologique et partisan, l'incidence des variables institutionnelles et de l'effet de la conjoncture politique sur la participation électorale. En conclusion, nous retenons que l'abstentionnisme électoral au Mali est loin d'être l'apanage d'une seule variable mais plutôt la conjugaison de divers facteurs explicatifs. Cependant, après expérimentation de nos différentes hypothèses, on constate que les diverses variables ainsi évoquées n'ont pas la même incidence proportionnelle. Parmi celles-ci, certaines restent plus prédictives de l'abstention électorale que d'autres. Il s'agit entre autre du mode d'inscription des électeurs en vigueur au Mali. En effet, l'inscription d'office ou automatique des électeurs sans leur consentement préalable est non seulement onéreuse mais surtout inappropriée jusque là. Il a été estimé à 50% des électeurs potentiels Maliens qui n'ont jamais pris part à une consultation électorale depuis 1992128(*). Il faut aussi préciser qu'au Mali, le vote est un droit et un devoir civique, mais nullement une obligation dont son inexécution entraine des sanctions. Donc l'acte de voter est laissé à la libre appréciation de tout un chacun de faire ou de ne pas faire. En ce moment l'abstention électorale devient ainsi un « droit » au même titre que le vote réservé à tout citoyen, surtout si elle est active ou politique, elle devient une autre forme de participation politique qui serait intéressante à prospecter en termes de recherche ultérieures. A notre avis, le mode d'inscription d'office ou automatique des électeurs sur les listes élections est un peu plus adapté aux systèmes politiques dans lesquels le vote à un caractère obligatoire tels que la Belgique, la Grèce ou l'Australie. De son coté, le Mali, ayant opté en faveur du vote facultatif, c'est-à-dire non obligatoire, pourrait adapter à cette option, le système d'inscription qui convient le mieux à savoir, le système d'inscription volontaire pratiqué déjà dans plusieurs pays comme les Etats - Unis, la France le Bénin, le CONGO Brazzaville, le Sénégal pour ne citer que ceux-ci. Le mode d'inscription volontaire pourrait abaisser les forts taux d'abstention électorale observés jusqu'ici au Mali. En dehors de ce facteur, il s'agit aussi du niveau élevé d'analphabétisme. Les élections étant l'un des domaines par excellence qui exige une certaine connaissance chez les citoyens pour mieux participer au vote. Il devient donc nécessaire pour l'Etat mais aussi pour les partis politiques d'assurer l'éducation et sensibilisation des citoyens sans distinction. L'un des constats qui s'impose à ce stade est que la démocratisation enclenchée au Mali après les évènements de Mars 1991 n'a pas été suivie d'une véritable politique de formation à la citoyenneté. Aux termes de l'article 36 de la charte129(*) malienne des partis politiques :« Les partis politiques ont l'obligation d'assurer la formation civique de le leurs membres, en conformité avec les principes moraux et sociaux aptes à forger des citoyens conscients de leur devoir envers la collectivité nationale par la stimulation de l'esprit de solidarité, de tolérance et de dialogue, la promotion de la participation démocratique et pacifique à la vie nationale, et le respect de l'intérêt général ». Cette disposition résume l'importance du rôle des partis politiques dans la formation des citoyens responsables auquelle, ils doivent renouer pour ne pas être réduits de simples « clubs politiques ». Le mérite de la pressente étude réside au fait qu'elle a pu poser, sans complaisance la problématique de l'abstention électorale au Mali par la loupe sociologique. Son apport est sans doute évident dans la connaissance du comportement électoral pour la communauté des chercheurs intéressés par la sociologie électorale et dans la compréhension du phénomène par les décideurs publics dans la formulation de nouvelles politiques en matière électorale. Toutefois, il faudrait signaler un certain nombre de difficultés auxquelles cette étude s'est heurtée. Il s'agit surtout de difficultés méthodologiques c'est-à-dire du caractère restreint de l'échantillon qui a été constitué dû à la faiblesse de nos ressources financières. En effet la proportionnalité de notre échantillon avec la population globale à étudier n'a pas été trop respectée. Mais nous avons vite palier à cette lacune par l'utilisation des données du sondage réalisé sous l'égide du MATCL et PNUD sur la perception de la démocratie et du processus électoral au Mali. Quoi que cette enquête réalisée en 2003, a été effectuée par le GREAT130(*), une organisation scientifique sans appartenance politique et basée au Mali. L'intérêt scientifique de ce sondage reste toujours d'actualité et à le mérite de traiter suffisamment la question de la faible participation électorale de 1992 à 2003. En outre, certaines de nos hypothèses étaient quelque peu difficiles à objectiver compte tenu de la différence entre les déclarations des répondants et leur attitude politique réelle sur le terrain. Enfin, sans pour autant prétendre à un épuisement du présent sujet, ce mémoire reste ouvert à toute critique objective indispensable pour l'avancée de la recherche et la connaissance de l'objet de cette étude. * 128 MATCL et PNUD, Sondage de 2003. * 129 Voir : Loi n°05-047 du 18 Août 2005 Portant Charte des Partis Politiques au Mali.
* 130 Groupe de Recherche en Economie Appliqué et Théorique Basé à Bamako. Site Internet : www.greatmali.com. |
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