A mes parents !
C
REMERCIEMENTS :
Nos remerciements vont :
v D'abord à tout le corps professoral et administratif de
la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l'Université
de Dakar ;
v Particulièrement, au Professeur Ismaïla Madior FALL
pour avoir bien voulu accepter de diriger ce mémoire. Permettez nous de
vous adresser nos sincères remerciements et notre profonde
gratitude ;
v Aux membres du Jury qui ont bien voulu accepter
d'apprécier ce travail en toute objectivité ;
v A la famille Astou KANE et BOUSSO à Dakar ;
v Ensuite, nous tenons également à exprimer notre
profonde gratitude à toutes les personnes interrogées dans le
cadre des enquêtes exploratoires et toutes celles qui ont eu à
lire ce mémoire pour les remarques pertinentes. Nous ne pourrons pas les
citer toutes ici, mais nous tenons à remercier
particulièrement :
v Monsieur Oumar SAKO du PNUD-MALI pour nous avoir
facilité les entretiens avec les personnes ressources ;
v Messieurs Adama Tiémoko DIARRA (Premier
Vice-président de la CENI-MALI 2007), Aliou THERA
(Délégué Général adjoint aux
élections, DGE-MALI), Mamadou SISSOKO (Responsable de la Cellule d'Appui
au processus électoral, CAPE-MATCL et Membre du Comité d'experts
dirigé par Daba DIAWARA), Boubacar TAWATY (Conseiller Constitutionnel et
Ex-Secrétaire Général de la Cour Constitutionnelle du
Mali), Ibrahima SANGHO (Président du Réseau-APEM), Garba KONTAO
(Responsable des questions électorales au MATCL) ainsi que les
responsables des partis politiques pour les entretiens accordés.
v Enfin, nous remercions le CODESRIA pour avoir honoré
ce mémoire par une subvention.
SOMMAIRE :
INTRODUCTION :
Première Partie : Les facteurs
liés au processus organisationnel des élections et à la
conjoncture.
Chapitre I : Les facteurs
liés à l'organisation technique et matérielle des
élections.
Section I : Les facteurs liés
à l'inscription des électeurs et à l'état du
fichier électoral.
Section II : Les facteurs
liés aux opérations de vote.
Chapitre II : Les facteurs liés à la
conjoncture.
Section I : Les enjeux
électoraux.
Section II : Le calendrier
électoral.
Deuxième Partie : Les facteurs
liés à la perception de la politique et à la faible
insertion sociale.
Chapitre I : La représentation de la
politique dans l'imaginaire collectif.
Section I : La réputation de
la politique.
Section II : L'insuffisance de
culture démocratique
.
Chapitre II : Les facteurs liés à la
faible insertion sociale.
Section I : La faible
intégration socio-économique.
Section II : L'analphabétisme ou crise de la
citoyenneté.
CONCLUSION GENERALE :
ANNEXES :
Bibliographie :
Tables des Matières :
ABREVIATION :
- ADEMA-PASJ : Alliance pour la Démocratie au
Mali-Parti Africain pour la Solidarité et la Justice.
- AMDH : Association Malienne des Droits de l'Homme.
- CAFO : Coordination des Associations et Organisations
Féminines.
- CENI : Commission Electorale Nationale
Indépendante.
- CERDES : Centre d'Etude et de Recherche pour la
Démocratie et Economique et Social.
- CMLN : Comité Militaire de Libération
Nationale.
- CODESRIA : Conseil pour le développement de la
Recherche en Sciences sociales en Afrique.
- CTSP : Comité de Transition pour le Salut du
Peuple.
- DGE : Délégation Générale
aux Elections.
- Ex-URSS : Union des Républiques Socialistes
Soviétiques.
- GREAT : Groupe de Recherche en Economie
Appliquée et Théorique.
- I A D : Institut Africain pour la Démocratie.
- MATCL : Ministère de l'Administration
Territoriale et Collectivité Locales.
- NEA : Nouvelles Editions Africaines.
- PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement.
- PUF : Presses Universitaires de France.
- PUL : Presses Universitaires de Lyon.
- Réseau-APEM : Appui au Processus Electoral an
Mali.
- RJPIC : Revue Juridique et Politique
Indépendance et Coopération.
- RPM : Rassemblement Pour le Mali.
- US-RDA : Union Soudanaise - Rassemblement
Démocratique Africain.
INTRODUCTION :
Toute personne a le droit de prendre part à
la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par
l'intermédiaire de représentants librement choisis1(*); De voter et d'être
élue, au cours d'élections périodiques, honnêtes, au
suffrage universel, égal et au scrutin secret, assurant l'expression de
la volonté des électeurs2(*).Ces dispositions d'ordre international3(*) illustrent bien l'importance de
l'institution du vote comme mode d'expression de la volonté
légitime du peuple4(*)dans les Etats démocratiques.
En effet, de nos jours, l'élection est
plébiscitée comme le symbole de la participation du peuple au
gouvernement. Le vote n'est-il pas aujourd'hui le seul moyen d'exprimer
l'assentiment collectif, de produire des verdicts souverains, en un mot
d'assurer l'alternance politique, ce firmament de la démocratie
moderne5(*).
La démocratie directe étant presque impossible
dans les Etats modernes du fait surtout de l'importance du nombre de leur
population6(*),
l'élection a pris le pas sur des procédures de désignation
comme l'hérédité ou le tirage au sort. L'élection
apparaît donc comme le socle des démocraties
représentatives.
En Afrique, le principe électif n'est pas tout
à fait un phénomène nouveau, elle remonte bien avant
l'importation des procédures occidentales de participation, et plus
particulièrement le vote7(*). Il n'était pas exceptionnel de rencontrer des
formules de contrôle du pouvoir ou de prise de décision
collective. Des collèges électoraux pouvaient procéder
à la nomination d'un chef ou d'un Roi8(*). Au Ghana, les « Akan »
considéraient que le pouvoir d'un dirigeant découlait du peuple
et était seulement délégué par celui-ci (GLUCKMAN,
1966)9(*).
Pendant la colonisation, des élections de façon
épisodiques étaient organisées par les puissances
métropolitaines où les Africains ont appris à voter
à l'occidentale.
A l'indépendance, le principe de l'élection fut
donc maintenu par les premiers régimes même si les
élections de ces époques ont été qualifiées
d'élections pas comme les autres10(*) du fait de l'existence d'un seul parti politique.
Dans les régimes monopartisans, la compétition
électorale obéissait à un rite qui devait sauvegarder les
apparences formelles d'un Etat de droit11(*). Les élections étaient sans enjeu et
les résultats connus d'avance. Les candidats appartenaient tous au
même parti. L'élection ou la réélection de chacun
d'eux ne souffrait l'ombre d'aucun doute. Seul le score et la mobilisation
populaire importaient, le candidat unique du parti à la
présidentielle ou sa liste unique aux élections
législatives et municipales était élu souvent avec plus de
95,9% des suffrages exprimés et des taux de participation fort
élevés12(*).
La démocratisation du continent entamée
dans les années 1990 a sonné le glas des systèmes non
compétitifs13(*) et
a permis l'instauration ou la réinstauration du multipartisme voire
l'organisation d'élections concurrentielles.
Sans pour autant prétendre établir un bilan
global du processus démocratique en cours en Afrique14(*), cependant, il faut
reconnaître que si le défi du pluralisme politique a
été certainement un acquis15(*), celui de la participation électorale reste en
deçà des attentes.
En Afrique, l'abstentionnisme électoral persiste et
signe dans plusieurs pays et assaille de plus en plus la
légitimité des dirigeants issus d'élections où une
partie importante du corps électoral a boudé les urnes. Ainsi,
quelle définition peut-on retenir de l'abstentionnisme
électoral ?
Selon le dictionnaire du vote16(*), l'abstentionnisme
électoral désigne l'attitude de celui (abstentionniste) qui
s'abstient d'un ou de plusieurs votes. C'est un comportement qui consiste
à se tenir à l'écart d'une action envisageable notamment
d'un droit ou d'un devoir.
Il signifie le plus couramment le phénomène de
la non-participation aux élections, sous aucune des formes
autorisées, d'un électeur à un vote auquel il est
convoqué. C'est une absence sans vote par correspondance, ni par
représentation ou délégation. Lorsqu'elle vaut
dénonciation d'un régime politique ou des caractéristiques
d'un système électoral. L'abstention électorale peut
être considérée comme une forme paradoxale de participation
politique, notamment dans le cas du boycott.
L'abstentionnisme électoral peut être
délibéré ou involontaire selon les cas17(*).
Il est volontaire, lorsqu'un électeur potentiel
disposant de ses droits civiques et politiques décide de ne pas prendre
part à un scrutin électoral pour des raisons
déterminées par sa conscience, soit qu'il décide de ne pas
s'inscrire sur les registres électoraux (dans les systèmes
où l'inscription sur les listes électorales est volontaire), soit
qu'il s'inscrit mais s'abstient à exprimer son suffrage le jour du vote.
Par ailleurs, l'abstention peut se révéler
également active ou idéologique,
« politique » selon J.P CHARNAY18(*) dans la mesure où elle
constitue un acte politique conscient. Dans ce cas l'abstention peut exprimer
soit une hostilité précise à l'égard d'un
régime, soit un scepticisme plus profond devant la valeur ou la
légitimité d'une procédure électorale
particulière, d'un mécanisme de représentation, voire un
rejet absolu de toute forme d'Etat s'agissant des anarchistes par exemple.
L'abstention électorale peut être aussi passive
ou sociologique, «apolitique» selon J.P CHARNAY19(*) reflétant soit un
empêchement lié à l'isolement géographique ou
social, soit un manque d'intérêt pour la politique.
François GOGUEL20(*) distingue également à ce propos, ce
qu'il appelle l'abstention structurelle ou systématique de l'abstention
conjoncturelle liée simplement aux enjeux ou aux circonstances d'un
scrutin.
La considération des modalités de
l'abstentionnisme électoral éclaire les significations diverses
qu'il peut revêtir.
L'abstentionnisme ne doit pas être confondu à
« l'absentéisme » qui signifie l'absence
fréquente et non justifiée du lieu de travail (absentéisme
des fonctionnaires), des élus du peuple (absentéisme
parlementaire) ou encore scolaire (absentéisme scolaire).
En d'autres termes, au sens de la présente
étude, l'abstentionnisme électoral est conçu comme avant
tout, un acte politique, un comportement électoral de la part d'un
électeur potentiel21(*) inscrit qui n'exprime pas son suffrage pour quelques
raisons que ce soient.
Le multipartisme est défini comme l'existence dans un
système politique de plus deux parts politiques susceptibles d'obtenir
de nombreux sièges à l'Assemblée élue au suffrage
universel22(*). C'est un
piler de la démocratie pluraliste.
Pour mieux percevoir le phénomène de
l'abstention électorale, nous avons choisi de nous focaliser sur le cas
du Mali qui est considéré par les observateurs comme l'un des
pays qui enregistre les taux d'abstention électorale les plus
élevés de la sous-région ouest africaine23(*). Lors des législatives
du 22 Juillet 2007, la participation électorale n'était que de
l'ordre de 10% dans la capitale Bamako24(*).
Cependant, cette option ne nous empêchera pas de faire
allusion à d'autres cas pour mieux nous illustrer.
Le Mali est un pays continental,
géographiquement situé au coeur de l'Afrique occidentale avec une
superficie de plus de 1.241.328 km2 pour une population de près de
12.500.000 d'habitants25(*).Un Pays semi-désertique traversé par
deux grands fleuves d'Afrique : le Niger et le Sénégal.
Sur le plan de l'organisation administrative, le Mali
compte26(*) :
- Huit (08) Régions administratives : Kayes,
Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal.
- Quarante neuf (49) Cercles.
- Un (1) District : Bamako (la capitale).
- Sept cent trois (703) communes rurales et urbaines
dotées chacune d'un exécutif et d'une assemblée
délibérante élue au suffrage universel direct.
Historiquement, le Mali fut le berceau de vieilles
civilisations, de grands Empires et de royaumes célèbres27(*). Il s'agit entre autres de
l'Empire du Ghana, de l'Empire du Mali (ou Empire Manding), de l'Empire
Songhoy ; des Royaumes Bambara de Ségou, Peulh du Macina, Massassi
du Kaarta, Sénoufo du Kénédougou et du Wassouloun.
Ces grands ensembles qui avaient tous leur système
d'organisation politique et social ont atteint, suite à des luttes
fratricides leur déclin que la colonisation est venue parachever
après de farouches résistances à la
pénétration coloniale dont les plus illustres furent Samory
TOURE, Babemba TRAORE, Amadou28(*)...
Après la première moitié du
XIXème siècle et jusqu'en 1959, le Mali fut une colonie
française abritant les institutions territoriales du Soudan
français29(*). Il
forma avec le Sénégal la Fédération du Mali qui eut
cependant une courte existence30(*). En effet, le grand souhait du colonisateur
français était de ne pas voir cette Fédération
réussir après sa politique de balkanisation des colonies31(*).
En Août 1960, suite à la dissolution de la
Fédération du Mali, la République du Mali fut
proclamée par le Président Modibo KEITA à la suite du
congrès extraordinaire de l'Union Soudanaise RDA32(*), le 22 Septembre 1960.
De l'indépendance à 196833(*), le Mali s'est engagé
dans une voie de développement de type socialiste. Mais un coup d'Etat
militaire mit fin à cette option le 19 Novembre 1968 dans un contexte de
guerre froide entre les deux superpuissances : les Etats-Unis capitaliste
d'un coté et l'Ex-URSS34(*) de l'autre coté. Une Junte militaire (CMLN)
dirigée par le Lieutenant Moussa TRAORE, prit le pouvoir et instaure un
régime militaire qui dura vingt trois ans35(*).
En 1979, le régime institua un parti unique de droit
l'UDPM (Union démocratique du Peuple malien) jusqu'aux
évènements du 26 Mars 1991.
Après trente une années de régime de
parti unique de fait (1960-1968) Ième République , de
régime militaire et de parti unique de droit (avec d'abord une
période de vide constitutionnel allant du coup d'Etat de 1968 à
l'adoption de la constitution du 02 juin 1974 qui donne naissance juridiquement
à la IIème République), le triomphe de
l'insurrection populaire du 26 Mars 1991 marque une ère de renouveau au
Mali. Un Comité militaire de transition pour le salut du peuple (CTSP)
conduit par le Lieutenant-colonel Amadou Toumani TOURE instaure une
brève transition démocratique de dix huit mois au cours de
laquelle, suite à une Conférence nationale souveraine, des textes
importants furent élaborés et adoptés. Il s'agit de la
charte des partis politiques ainsi que de la constitution du 25 Février
1992 qui a consacré la IIIème République au
Mali.
En Avril 1992, suite à des élections
présidentielles ouvertes à tous, Alpha Oumar KONARE devient le
premier Président démocratiquement élu.
Pendant deux mandats successifs de cinq ans chacun,
appuyé par le parti majoritaire (ADEMA-PASJ36(*)), le Président
Konaré a oeuvré à la mise en place des institutions et des
dispositions juridiques et réglementaires qui ont contribué au
processus de consolidation de la démocratie au Mali.
Les consultations électorales de 2002 ont
confirmé la tendance à l'alternance démocratique37(*) avec la victoire à la
présidentielle du candidat indépendant Amadou Toumani TOURE et
aux législatives du regroupement politique Espoir
2002 dirigé par Ibrahim Boubacar KEITA, Président du
RPM38(*) et Ancien Premier
ministre, Président de l'Assemblée Nationale
L'acquis du changement institutionnel au Mali est que
l'accès au pouvoir de l'Etat se fait désormais par la voie des
urnes largement ouvertes à la compétition des candidats.
Cependant, il reste encore à consolider les fondements
d'une véritable culture démocratique à travers le
renforcement de la confiance des Maliens aux institutions démocratiques
et leur pleine participation à la vie politique.
L'organisation de la compétition électorale est
essentiellement passée pendant cette décennie à trois
degrés d'appréciation des résultats du scrutin par les
acteurs politiques de l'opposition: une contestation à peine
voilée en 1992, un boycott actif en 1997et une acceptation toute
consensuelle en 2002 et 200739(*) .
Aujourd'hui, le défi électoral au Mali reste la
participation massive des électeurs aux différentes
échéances à venir.
Aujourd'hui, le Mali compte plus de cent (100) partis
politiques dont seule une dizaine est représentée au Parlement et
une plate forme de société civile constituée au tour de
certaines associations de défense des droits de l'homme, de promotion
de la femme et de l'enfant ainsi que de la citoyenneté (AMDH, CAFO,
Réseau d'ONG-APEM...).
L'espace médiatique a connu également une
évolution quantitative et qualitative ces dernières
années. Il compte une vingtaine de journaux écrits et près
de cent vingt stations de radios privées qui sont essentiellement des
radios de proximité40(*).
Il s'agit de voir maintenant quelle approche théorique
et méthodologique faut-il adopter pour mieux aborder le sujet :
L'abstentionnisme électoral au Mali depuis l'avènement du
multipartisme en 1992.
1) L'état du problème et la revue
critique de la littérature :
1.1) L'état du problème :
La décennie 1990 a constitué une
période de profondes mutations sociales, économiques et
politiques en Afrique, pendant que des mutations géopolitiques
internationales affectaient le monde avec l'écroulement du mur de Berlin
en 1989 et l'effondrement de l'ex-Union Soviétique en 199141(*).
C'est dans ce contexte, ajouté aux différentes
crises sociopolitiques au sein des Etats africains que de véritables
mouvements de contestations voire de revendications
démocratiques42(*)
s'abattait sur le continent africain un peu partout.
La décennie quatre-vingt dix fut marquée surtout
par le déclin des régimes autoritaires avec ses corollaires de
partis uniques, de graves violations des droits de l'homme en Afrique. Elle fut
aussi marquée par le passage ou le processus de passage de ces
régimes dits autoritaires vers des régimes démocratiques
ou qui ambitionnent d'être démocratiques par l'instauration ou la
réinstauration du multipartisme intégral, l'organisation de
consultations électorales périodiques et ouvertes ainsi que la
protection et le respect des droits humains. Cependant, l'un des constats reste
la désaffection des urnes couramment appelée
« abstentionnisme électoral » comme en
témoigne ce titre évocateur de la revue panafricaine Jeune
Afrique du 29 Juillet au 04 Août 2007 intitulé :
« Pourquoi les Africains ne votent
plus ? ».
A l'époque des régimes autoritaires
(régimes militaires, et ou de partis uniques...), la mobilisation
électorale était plus forte qu'aujourd'hui dans un contexte
démocratique. Cela peut s'expliquer tout simplement par l'absence totale
de crédibilité et de transparence43(*) dans les opérations électorales, ainsi
qu'à la dictature du parti unique.
On assistait en ce moment à ce que Seydou
Madani SY a qualifié de « Subordination des organes
constitutionnels aux institutions partisanes » 44(*).
A l'époque des partis uniques, le taux de participation
électorale avoisinait très souvent les 100% des électeurs
inscrits45(*).
En 1978, une équipe de chercheurs africanistes
dirigée par Dimitri-George LAVROFF publie un ouvrage pionnier qui
s'intitule « Aux urnes l'Afrique ! »46(*) à une époque
où le continent noire souffrait d'autoritarisme, serait-il un contresens
aujourd'hui ?
L'année 2007 était qualifiée par
les observateurs d'année électorale en Afrique, du Maroc au
Cameroun, en passant par le Mali, le Sénégal, le Bénin, le
Togo, le Congo, le Burkina Faso, le Liberia, la Serra Leone, la RDC, le Kenya,
le Nigeria etc., force est de constater qu'en Afrique et
particulièrement au Mali, le suffrage universel, principe fondamental
de la démocratie représentative ne mobilise plus.
En termes d'illustration, ces chiffres47(*) font beaucoup
réfléchir : les taux d'abstention relevés lors des
dernières législatives au Cameroun et au Mali du 22 Juillet 2007
ont atteint respectivement 70% à Douala et jusqu'à 90% à
Bamako.
Le phénomène a été
également constaté lors des législatives congolaises du 24
Juin 2007, où le taux de participation a été beaucoup plus
faible qu'annoncé 60%.
Le Sénégal, qui constitue l'un des pays phares
de la démocratie en Afrique48(*), a connu le plus faible taux de participation de son
histoire politique lors des élections législatives du 03 Juin
2007 où seuls 34,75% des inscrits ont glissé leur bulletin dans
l'urne après une forte participation à la présidentielle
du 25 Février 2007. Ce fort taux d'abstention peut s'expliquer surtout
par le fait que les principaux partis d'opposition49(*) ont appelé à
boycotter le scrutin du 03 Juin 2007.
Cependant, il faut signaler que le taux de participation aux
législatives a toujours été relativement faible au
Sénégal : de 40,74% en 1993, il est tombé à
38,37% en 1998.
La faible mobilisation électorale, semble
également s'emparer des électeurs des Pays Anglophones,
particulièrement aux élections législatives, comme le
montre les 41% de participation relevés lors des législatives de
Janvier 2007 en Gambie. Un taux qui fut cependant plus élevé
(58,58%) pour la réélection du Président Yahya JAMMEH en
Septembre 2006.
Il faut aussi souligner que l'abstentionnisme électoral
n'est pas l'apanage des seuls pays sous développés. En effet, il
touche aussi les grandes démocraties comme les Etats-Unis
d'Amérique, les pays d'Europe Occidentale où les taux
d'abstention varient entre 15% à plus de 30% aux élections
nationales. Ces taux peuvent atteindre jusqu' à 40% aux élections
européennes.
Lors de la présidentielle de 1956 aux Etats-Unis, le
taux d'abstention a atteint jusqu'à 46%.50(*)
On peut retenir à partir de ces chiffres que
l'élection du président de la république en Afrique
suscite plus d'engouement que l'élection des députés ou
des conseillers communaux. Bien souvent les populations situent le coeur du
pouvoir au palais présidentiel et considèrent non sans raison,
l'Assemblée Nationale comme une chambre d'enregistrement des
décisions du pouvoir exécutif.
La singularité malienne est que depuis l'instauration
de la démocratie multipartite en 1992, le taux de participation à
une consultation nationale, quelle qu'elle soit n'a jamais atteint 50% des
inscrits et le taux moyen de participation est d'environ 30%.
Au terme du sondage réalisé en 2003 sur la
perception de la démocratie et du processus
électoral sous l'égide du PNUD51(*) et du MATCL52(*) :
Il est estimé à 50% les électeurs
potentiels Maliens qui n'ont jamais pris part à une élection
depuis 1992 alors que 90% des personnes interrogées
considèrent la tenue d'élection régulières et
transparentes comme essentielles pour la démocratie et que 80% de
celles-ci aient confiance en la démocratie de leur Pays. C'est dans
cette contradiction que se situe la pertinence de cette étude. Nous
verrons maintenant, quel est l'état de la littérature sur les
comportements électoraux.
1.2) La revue critique de la littérature :
Il existe certes une abondante littérature sur
l'étude des comportements politiques en général, traitant
essentiellement les orientations des choix électoraux et la
participation politique des citoyens. Mais rares sont celles qui traitent
spécifiquement la question de l'abstentionnisme électoral comme
point focal. Cependant, nous avons eu à exploiter un certain nombre
d'ouvrages généraux ou spécialisés sur
l'étude du comportement électoral en général.
En effet, comme le souligne René REMOND dans la
préface de : L'Abstentionnisme électoral en
France d'Alain LANCELOT, A. Colin, 1968 : « C'est
à force de s'interroger sur les motivations du vote qu'on vient
à chercher les raisons de ceux qui ne votent
pas ».
En matière de sociologie électorale, il existe,
en effet, deux approches d'analyse du comportement électoral qui
s'opposent.
L'une, la plus ancienne insiste sur les variables lourdes
telles que le poids des communautés d'appartenance. Selon cette
approche, le vote serait un comportement individuel mais réglé
par les normes collectives53(*).
La seconde approche, la plus récente, s'appuie sur une
analyse économique des choix électoraux et prévoyant la
naissance d'un nouvel électeur rationnel54(*) « homo politicus ».
En 1913, André SIEGFRIED dans son Tableau
politique de la France de l'Ouest, A. Colin, introduit la rupture
fondatrice qui donne naissance à la sociologie électorale
française. Il a proposé un premier modèle d'analyse
sociobiologique qui fait état de facteurs géographiques. Il
compare la géologie du sol (granitique ou calcaire), l'habitat
(dispersé ou groupé), le régime de propriété
(grande ou petite), l'influence du clergé, les comportements politiques
reliés à ces variables. Ainsi, dans les terres de granitique
à habitat dispersé, dominent la grande propriété et
l'influence du clergé sont associées au vote de droit. Dans les
terres de calcaire à habitat regroupé du fait de la rareté
de l'eau, une population de petits et moyens propriétaires (et non de
fermiers ou métayers55(*) dépendants de grands propriétaires) est
attaché à la gauche et éloignée du christianisme.
Ainsi le citoyen n'est pas un individu isolé mais rattaché
à un groupe social, à un territoire dont la configuration
éclaire sa structure.
Sa méthode est basée sur la corrélation
spatiale entre des structures sociales géographiquement
enracinées et la répartition des votes.
Cependant, si le progrès fulgurant de l'analyse
statistique des données permet d'affiner l'analyse géographique
de la distribution du vote. Les limites de l'explication écologique
restent évidentes surtout dès lors qu'elle se veut globalisante.
Pour MAYER et PERRINEAU, des corrélations ne peuvent être
établies en vertu d'une simple relation de causalité.
L'utilisation des techniques de sondage qui s'est
développée à partir des années 1940 va permettre de
préciser les déterminants du choix électoral.
Les études américaines aussi bien celles de Paul
LAZARSFELD que celles de l'Ecole de Michigan confirment la
régularité des comportements électoraux. Elles mettent en
évidence la faiblesse de l'intérêt politique du citoyen
mais aussi la stabilité de l'identification partisane.
Philippe BRAUD dans Le comportement électoral en
France, PUF 1973, essaye de répondre aux questions
suivantes :
- Quelles sont les catégories d'électeurs
intéressées par le vote ?
- Quels sont les conditionnements et influences qu'ils
subissent ?
L'auteur analyse deux mythes principaux dans la
compréhension du comportement électoral : celui du suffrage
expression de la souveraineté et celui du « comportement
rationnel » il s'insurge contre le postulat du citoyen rationnel qui
chercherait à faire prévaloir par son vote, la meilleure prise en
considération possible de ses intérêts particuliers, car
pour lui « l'électeur ne serait pas toujours très
bien informé de ses intérêts réels et des meilleurs
moyens de les faire prévaloir (...) », affirmation qui du
reste demeure discutable.
Il a fallu attendre 1962, et la parution des Actes du Colloque
sur La dépolitisation : mythe ou réalité, A
Colin, sous la direction de Georges VEDEL, pour que l'on commence à
s'intéresser scientifiquement à l'abstention électorale.
Ainsi avec la thèse d'Alain LANCELOT qu'est enfin formulée une
première analyse d'envergure du phénomène. LANCELOT part
d'une hypothèse : l'abstention a un intérêt pour
l'étude du comportement électoral à condition de saisir
qu'elle en diffère, on peut l'analyser avec les mêmes
instruments. Son travail porte sur la France entière, il utilise
plusieurs méthodes (dépouillement des listes électorales,
analyse statistique canton par canton et une étude par sondage).
Il s'emploie d'abord à isoler les véritables
abstentionnistes : il les distingue des non-inscrits qui abaissent les
chiffres d'abstention et les faux inscrits (morts ou condamnés non
radiés) qui à l'inverse, les élèvent. Après
avoir montré que la non-inscription politique résulte d'un choix
délibéré, LANCELOT conclu que :
« l'abstentionnisme caractérise à la fois les
catégories sociales aliénées et les collectivités
mal intégrées à la société
globale ». Il s'agit du paradigme de la faible insertion
sociale.
Une partie des travaux des années 1970 et surtout 1980,
influencés par les paradigmes américains remettent en cause ce
premier modèle explicatif.
Marie- France TOINET et Françoise SUBILEAU font au
contraire l'hypothèse qu'une partie des électeurs s'abstiennent
de manière rationnelle. Leur démonstration dans
« l'abstentionnisme électoral en France et aux
Etats-Unis », in Explication du vote, puis dans les chemins
de l'abstention, La Découverte, 1993 porte sur plusieurs scrutins
en France et aux Etats-Unis.
Contrairement à ce qu'enseignaient les tenants de
l'intégration sociale, il apparaît premièrement, que les
nouveaux inscrits sont moins abstentionnistes que les autres et qu'il n'y a
donc pas de temps d'intégration nécessaire pour se mettre
à voter et deuxièmement, que plus les scrutins se rapprochent,
plus l'abstention augmente, règle qui ne peut évidemment tenir
à une modification de l'intégration sociale.
Après avoir revisité la littérature sur
les comportements électoraux, nous allons maintenant voir dans quel
cadre théorique, nous aborderons la présente étude.
2) Le Cadre théorique :
Il s'agit donc ici de s'efforcer à transcender
les apparences subjectives pour mettre en évidence les motivations
réelles et les intérêts qui sous-tendent l'abstention
électorale.
C'est parce que le vote est un acte social, il manifeste des
régularités et des permanences tout comme des décisions
éminemment personnelles comme le suicide ou dans un registre
moins dramatique, le choix du prénom de l'enfant (DURKHEIM
1960, BESNARD, DESPLANQUES 1986)56(*).
C'est ce que montrait André SIEGFRIED en posant les
bases d'une science du comportement électoral en ces termes :
« D'après une opinion courante, les élections ne sont
qu'un domaine d'incohérence et de fantaisie. En les observant à
la fois de près et de loin, je suis arrivé à une
conclusion contraire. Si selon le mot de GOETHE l'enfer même
à ses lois, pourquoi la politique n'aurait-elle pas les
siennes ? ».
Dans le cadre de cette étude, nous-nous
référons largement au cadre théorique
Wébérien et d'André SIEGFRIED.
En effet comme nous avons rappelé plus haut, c'est
SIEGFRIED qui a introduit la rupture fondatrice de la sociologie
électorale française. Pour la première fois,
l'élection est analysée non plus en aval comme le faisaient les
historiens mais en amont parce que l'électeur potentiel détermine
son choix pour le vote ou pour l'abstention selon une tendance qui marque la
réalité de son orientation et de son engagement politique.
L'élection peut désormais être
considérée comme révélateur des opinions politiques
diverses. Cette rupture donne naissance à une nouvelle conception de
l'électeur dite de l'électeur rationnel ou stratégique.
Le cadre théorique de SIEGFRIED entend déduire
à partir d'une étude départementale, l'ensemble des
facteurs qui conduisent à la formation des motivations.
L'activité électorale doit donc, dans cette
démarche, être évaluée comme une action qui est
rationnelle, instrumentale par rapport au système politique. Cette
rationalité s'appuie sur des hypothèses législatrices
57(*) que SIEGFRIED
répertorie sous quelques idéaux-types :
· Propriété foncière et
indépendance politique.
· Type d'Habitat et indépendance du vote.
· Le rôle du clergé (Religion).
· L'intervention gouvernementale.
Enfin, le cadre Wébérien étant
plus adapté pour l'étude des motivations du choix qui se
conçoit clairement dans la vocation qu'il donne au sociologue à
savoir : « toute sociologie est compréhension et
interprétation de l'action humaine c'est-à-dire du sens subjectif
que les acteurs donnent à ce qu'ils font ou à ce qu'ils
s'abstiennent de faire »58(*).
Nous emprunterons donc pour cette étude le cadre
théorie de SIEGFRIED en combinant avec l'approche
Wébérienne dans le sens que celui-ci privilégie la
recherche des motivations de l'acteur qui sont classées par l'auteur
dans deux catégories :
· Celles qui sont invoquées par les acteurs
eux-mêmes ;
· Et celles qui sont découvertes par l'observateur
car, il serait imprudent de s'en tenir au premiers.
Après cette précision du cadre théorique
cependant, nous abordons avec l'intérêt du sujet ainsi que les
objectifs qui nous inspirent en étudiant l'abstentionnisme
électoral.
3) Les Objectifs de l'étude et l'intérêt
du sujet :
En proposant un focus sur
l'abstentionnisme électoral au Mali, nous visons surtout d'apporter une
contribution scientifique aussi modeste soit-elle à la
problématique de la faible participation électorale. Cette
question qui met en souffrance les jeunes démocraties, si l'on sait
combien la légitimité des élus se trouve menacer dans la
mesure où ils seraient issus d'élection à participation
minoritaire du corps électoral.
L'objectif principal de la présente
étude est de comprendre et d'expliquer les facteurs qui concourent
à l'abstention électorale au Mali.
Il s'agit d'élucider les principales motivations des
abstentionnistes voire également les variables objectives qui
sous-tendent l'abstention électorale au Mali.
Il ne s'agit donc ni de rapporter des sentiments personnels ni
de porter des jugements de valeur sur les faits sociaux qui s'en
dégagent mais juste de ces faits et de leur interprétation dans
toute neutralité axiologique comme l'a souligné Max Weber dans
« Le Savant et le politique ».
A terme, la présente étude devra
contribuer à élucider les décideurs politiques en vue de
la formulation de nouvelles politiques électorales qui
accroîtraient l'intérêt de la population pour les
élections et la démocratie en vue d'une participation plus
importante. Au Mali, on constate qu'après chaque consultation
électorale des millions de cartes d'électeurs restent (non
retirées) entre les mains de l'administration. Ceci constitue une
énorme perte financière, si l'on sait le coût assez
élevé59(*)
de la confection de ces documents électoraux pour le contribuable et les
partenaires.
Le présent sujet constitue un thème
d'actualité surtout au Mali où les plus hautes autorités
ont récemment créé un Comité d'experts
chargé de conduire la réflexion sur la consolidation de la
démocratie. Ce Comité dirigé l'ancien Ministre M. Daba
DIAWARA60(*).Il se
penchera sur les points saillants comme :
- Le mode de scrutin,
- La multiplicité des structures intervenant dans
l'organisation des élections,
- Le faible engagement des partis politiques et des candidats
aux différents scrutins,
- La faiblesse récurrente du taux de participation aux
différents scrutins entre autres...
Pour mieux atteindre nos objectifs, nous avons opté
pour la méthode behavioriste à cause de sa pertinence à
découvrir les motivations ou justifications du comportement
électoral.
4) La méthodologie :
4.1) la conception de la recherche :
Compte tenu des contraintes d'ordre matériel et
temporaire que toute recherche scientifique est assujettie, il convient donc
pour nous de limiter le cadre de cette étude dans le temps, dans la
matière et dans l'espace.
Pour ce qui concerne la limitation dans le temps, nous avons
choisi délibérément 1992 à nos jours, comme cadre
temporel de l'étude parce que cette date constitue le départ
d'une nouvelle ère démocratique au Mali. Elle constitue le point
de départ de la IIIéme République du Mali et
a été marquée par un certain nombre
d'évènements majeurs notamment la fin de la transition
démocratique, l'adoption d'une nouvelle constitution celle du 25
Février 1992 par référendum et l'organisation des
élections fondatrices (pluralistes) que le pays n'avait jamais connu
auparavant, avec l'élection d'un nouveau Président de la
République et d'une nouvelle Assemblée Nationale. Pendant la
période concernée, le pays a organisé une dizaine
d'élections présidentielles, législatives et communales.
Cependant, seules les deux premières feront l'objet d'analyse à
cause de leur enjeu national.
Pour ce qui concerne la limitation dans l'espace, le Mali sera
l'objet de cette étude. Il s'agit donc d'une monographie sur le Mali.
Mais compte tenu de l'immensité territoriale61(*) de notre champ d'étude,
il s'est donc avéré nécessaire de choisir les sites sur
lesquels devra porter la recherche sur le terrain.
Ainsi nous avons choisi trois site : Bamako, la capitale
(comme site laboratoire) ; la deuxième Région, Sikasso
(comme représentative du Sud du Pays) et enfin la septième
Région, Gao (comme représentative du Nord du Pays).
Seules les motivations géopolitiques nous ont conduit
à opter les choisis ainsi effectués.
Ainsi pour mieux atteindre les objectifs escomptés de
cette recherche, il nous faut maintenant voir avec quelle méthode de
collecte de données, d'échantillonnage et de recueil des
matériaux ou sources que nous avons utilisé.
4.2) Les méthodes de collecte des
données :
Pour cette étude, nous avons combiné
trois méthodes de recueil de données ou d'informations: la
première méthode est l'analyse et l'exploitation documentaire, la
deuxième est quantitative avec comme outil principal un
questionnaire62(*) dans le
but de quantifier certaines informations ; la troisième
méthode est qualitative avec comme instrument les Entretiens
exploratoires semi structurés63(*), voire informels (discussion en groupe au tour du
thé par exemple) dans le but de mieux comprendre et de compléter
les données quantitatives.
4.2.1) L'analyse et l'exploitation documentaire :
Il s'agit ici pour nous, en la collecte et
l'exploitation d'ouvrages généraux ou spécialisés,
classiques ou modernes, des traités, d'essais, de manuels, d'articles
universitaires ou de presse, des rapports ou tout autres textes utiles dans le
but de nous aider à mieux comprendre notre sujet.
4.2.2) L'enquête par questionnaire :
Dans le but d'étudier objectivement les
facteurs qui sous-tendent l'abstentionnisme électoral au Mali, nous
avons dressé un questionnaire à trois volets :
· Quels sont les mobiles du vote et les motifs de
l'abstention pour les personnes qui seront interrogées, selon les
variables suivantes : l'âge, le sexe, le milieu, le niveau
d'instruction, la catégorie socioprofessionnelle, la situation
matrimoniale, l'habitat, appartenance partisane...
· Quel regard les personnes interrogées
portent-elles sur le fonctionnement des institutions et quel crédit
accordent-elles au système électoral.
· Enfin, quelles perceptions ont-elles de la classe
politique (de la démocratie, des Partis politique et des hommes
politiques).
Nous avons utilisés aussi les résultats du
« Sondage sur la démocratie et le processus
électoral et la démocratie au Mali »
réalisé sous l'égide le MATCL et le PNUD en Mai 2003,
traite l'abstention électorale au Mali pour la période
(1992-2003).
4.2.3) Les Entretiens exploratoires :
Ces interviews s'adressent essentiellement à
toutes les personnes ressources, c'est à dire d'un coté, aux
responsables de partis politiques, de la société civile
(notables, Responsables religieux, chefs d'ONG ou d'associations...) et de
l'autre coté, aux responsables impliqués dans le processus
électoral des structures suivantes. CENI, MATCL, DGE, Cour
Constitutionnelle, Comite National de l'égal accès aux
médias d'Etat etc.
Cette approche qualitative est indispensable pour collecter
les perceptions des personnes ressources sur le phénomène de
l'abstention électorale.
4.3) l'échantillonnage :
Nous avons construit un échantillon
représentatif en tenant compte de deux exigences : il s'agit du
respect de la proportionnalité entre l'échantillon à
bâtir et la population globale concernée qui est estimée
à plus de 12 500 000 d'habitants et en d'autres termes les
limites de nos moyens matériels (financiers et temporaires), aussi bien
pour l'enquête sur le terrain que le traitement des données. Donc
l'échantillon bâti n'est ni trop petit (respect de la
représentativité) ni trop grand (qui pose le problème de
faisabilité) mais gardant une taille raisonnable tout en comportant une
égale représentativité du genre.
Les autres critères pour la composition de
l'échantillon sont les suivants :
Premier critère, c'est de celui de l'âge.
L'objectif est de permettre à tous ceux qui ont un âge compris
entre 18 ans et plus de 60 ans de faire partie de
l'échantillon ;
Deuxième critère est celui du niveau instruction
ou culturel. Il s'agit d'interroger, instruits et non instruits ;
Troisième critère est celui socioprofessionnel,
dans souci d'interroger les travailleurs, les chômeurs, les Etudiants,
les ménagères, les cultivateurs etc.
La méthode probabiliste a été
utilisée pour la constitution de cet échantillon dans la mesure
où elle assure des chances égales à tous d'en faire
partie.
Ainsi, après avoir diagnostiqué la
méthodologie appropriée à cette étude, nous verrons
maintenant la problématique.
5) La problématique et
Hypothèses :
Au Mali, depuis l'avènement de la
IIIème République en 1992 et jusqu'à nos jours,
le taux de participation à une élection n'a jamais atteint 50%,
après une expérience électorale de près de dix-huit
consultations référendaires, présidentielles,
législatives et communales.
Une telle expérience doit permettre aujourd'hui au Mali
de sortir d'une logique d'élection de fondation, voire de consolidation
pour entrer dans une logique d'élection de routinisation avec une
participation plus élevée.
L'échiquier politique malien comprend une centaine de
partis politiques qui sont formés la plupart après les
évènements du 26 Mars 1991. Ces formations politiques sont
confrontées à plusieurs défis dont la mobilisation de
l'électorat pendant les élections qui reste encore faible.
Sur la centaine de partis politiques, seule une dizaine est
représentée au parlement. Quand on sait que l'une des fonctions
principales d'un parti politique est de mobiliser et d'encadrer
l'électorat en vue de la conquête et l'exercice
démocratique du pouvoir. Ainsi les partis politiques maliens ne
jouent-ils pas suffisamment leurs fonctions ?
Ou encore, peut-on dire que la faible participation
électorale des Maliens est-elle une manifestation de leur
désintérêt à l'égard de la chose
électorale ?
En d'autres termes, l'abstentionnisme électoral est-il
la conséquence de l'immobilisme des organisations de la
société civile qui doivent servir de tremplin aux partis
politiques en matière de proposition de projet de société,
ou peut-il expliquer autres choses ?
Tout notre propos tournera au tour de ces interrogations
soulevées par l'abstentionnisme électoral que nous
ramènerons à la question principale suivante : Quels
sont les facteurs explicatifs de l'abstentionnisme électoral ?
Ainsi, pour mieux cerner les causes de l'abstention
électorale en profondeur, nous avons posé un certain nombre
d'hypothèses :
· La première hypothèse consiste à
considérer l'abstention électorale comme liée à
l'analphabétisme galopant au Mali qui touche la majeure partie de la
population d'un coté et à la faible culture démocratique
de l'autre côté. En effet, selon cette hypothèse le niveau
d'instruction serait un facteur considérable à prédire la
participation électorale ou l'abstention électorale.
· La deuxième hypothèse soutient que la
faible participation électorale des Maliens se traduirait par une
certaine indifférence de ceux - ci à l'égard de la
politique. En effet, l'image de la politique se détériore peu
à peu dans notre pays, ce qui peut découler d'une certaine
insatisfaction au plan politique et social. En outre, la pauvreté et le
chômage frappent plus d'un malien et pouvant freiner la participation
politique active.
· Enfin selon, la troisième hypothèse, la
hausse de l'abstention serait due aux effets conjugués des
défaillances dans l'organisation des élections depuis 1992, du
système électoral d'une part et de la conjoncture d'autre part.
Pour une étude plus approfondie des causes qui
sous-tendent à l'abstentionnisme électoral au Mali, nous allons
analyser dans un premier temps, les facteurs liés au processus
organisationnel des élections et à la conjoncture
(Première Partie) et dans un second temps, les facteurs liés
à la perception de la politique dans l'imagerie collective et à
la faible insertion sociale (Deuxième Partie).
Première Partie :
Les facteurs liés au processus organisationnel
des élections et à la conjoncture.
« D'après une opinion courante, les
élections ne sont qu'un domaine
d'incohérence et de fantaisie. En les
observant à la fois de près et de loin,
je suis arrivé à une conclusion contraire.
Si selon le mot de GOETHE l'enfer même à ses lois,
pourquoi la politique n'aurait-elle pas les siennes ? ».
SIEGFRIED A., Tableau politique de la France de
l'ouest, Paris, A. Colin, 1913.
Les déterminants de la participation
électorale à travers les études classiques (aussi bien
américaine que française) du comportement électoral sont
liés surtout aux variables sociaux 64(*)(biologique, économique, culturel...) tels que
l'âge, le sexe, l'habitat, la profession, la faible insertion sociale,
l'identification partisane, les solidarités communautaires ou
religieuses etc.
Il s'agit ici pour nous de prolonger l'analyse des facteurs
explicatifs de l'abstentionnisme électoral en diagnostiquant l'impact
des défaillances liées au processus organisationnel des
élections et le poids de la conjoncture (les enjeux électoraux,
l'offre politique, le calendrier électoral...).
Au Mali, le vote est un droit (Electorat-droit) et non une
obligation donc l'abstention électorale peut apparaître
considérée comme une alternative offerte au citoyen dans une
situation de choix sollicité en particulier à l'occasion
d'élection politique de voter ou de ne pas voter.
En effet comme l'a souligné Alain LANCELOT65(*) : « le
comportement électoral n'est pas un comportement totalement autonome
(...), c'est un comportement sollicité, instrumental vis-à-vis du
système politique et qui peut être considéré comme
un comportement sous contrainte ».
En d'autres termes, le système politique peut modifier
les taux de participation politique, en particulier le système
électoral peut influencer de son côté la participation
électorale.
Ainsi dans cette première partie, nous
étudierons d' une part les facteurs liés à l'organisation
technique et matérielle des élections(Chapitre I) et d'autre
part, les facteurs liés à la conjoncture(Chapitre II)
CHAPITRE I : L'organisation technique et
matérielle des élections.
La crédibilité d'un
scrutin dépend surtout de sa bonne organisation c'est-à-dire
aussi bien de sa préparation technique que de son organisation
matérielle. Il s'agit de toutes les opérations effectuées
depuis l'inscription des électeurs sur les listes électorales
jusqu'aux opérations de vote proprement dites. Cette phase est
très déterminante pour la participation électeurs.
Au Mali, de l'accession à l'indépendance en 1960
jusqu'aux évènements de mars 1991, l'organisation des
opérations électorales et référendaires a
été toujours assurée par le seul département de
l'administration territoriale avec des fortunes diverses.
L'avènement de la démocratie pluraliste en 1992
a vu la création d'autres structures électorales
indépendantes comme la commission électorale nationale
indépendante (CENI) et la délégation
générale aux élections (DGE).
La création de la CENI en 1997, tant revendiquée
par les partis politiques de l'opposition, en vue de l'organisation des
élections générales de la même, s'est soldée
par un fiasco électoral. En effet, le scrutin du 13 avril 1997 a
été annulé par la cour constitutionnelle au motif de la
non-présentation des listes électorales à la cour. C'est
pourquoi, depuis 2002 l'organisation technique et matérielle des
élections sont confiée à diverses structures avec des
rôles spécifiques bien déterminés.
Malgré l'implication de la CENI et de la DGE, le
Ministère chargé de l'Administration Territoriale et des
Collectivités Locales (MATCL) constitue toujours la cheville
ouvrière de l'organisation technique et matérielle des
élections. Ceci s'explique selon les autorités par
l'expérience de ce département dans l'organisation des
élections et sa présence effective sur toute l'étendue du
territoire national.
Au terme de nos enquêtes, il ressort que les
modalités d'inscription des électeurs, l'état du fichier
électoral (Section I) ainsi les défaillances liées aux
opérations de vote (Section II) concourent à la faible
participation électorale.
SECTION I : Les facteurs liés l'inscription des
électeurs et à l'état du fichier électoral.
Au regard, de la controverse autour des consultations
électorales de 1997, largement due à la méfiance des
acteurs vis-à-vis de la qualité du fichier électoral
existant, le gouvernement s'est donc engagé à mettre en place un
fichier électoral fiable et accepté par tous en vue des
prochaines échéances.
C'est dans ce cadre qu'a été
réalisé le recensement administratif à caractère
électoral (RACE) en 2001.
Malgré cette volonté politique du gouvernement
appuyée par ses partenaires financiers en vue d'améliorer la
fiabilité du fichier électoral66(*), le constat est que la qualité de ce dernier
continue toujours d'être mise en cause par les acteurs politiques.
En outre, le Mali a opté pour le mode d'inscription
d'office ou automatique des électeurs sur les listes électorales
qui d'après plusieurs observateurs, contribue à augmenter les
taux d'abstention.
L'étude des facteurs liés au recensement et
à l'établissement du fichier électoral, nous amène
à analyser l'impact du mode d'inscription des électeurs sur la
participation électorale (Paragraphe 1) et les incohérences
contenues dans le fichier électoral en dépit de son
informatisation (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'impact du mode d'inscription des
électeurs.
Au Mali, le mode d'inscription en vigueur est celui
d'inscription d'office ou automatique qui consiste à faire inscrire sur
les listes électorales tous les citoyens de nationalité malienne,
jouissant de leurs droits civils et politiques et âgés d'au moins
dix-huit ans, à partir des cahiers de recensement.
Ainsi, la volonté du citoyen n'est pas requise au
préalable comme dans le système d'inscription volontaire
pratiqué par d'autres pays comme la France, les Etats-Unis
d'Amérique, le Sénégal, le Congo Brazzaville...où
c'est le citoyen qui décide volontairement de son inscription ou non sur
les listes électorales.
En effet, au Mali, les taux d'abstention électorale
sont presque calculés en fonction du nombre de la population en
âge de voter (comme aux Etats-Unis d'Amérique), puisqu'avec le
système d'inscription d'office, on peut considérer que c'est tous
les citoyens en âge de voter qui sont inscrits sauf ceux qui ne disposent
pas leur droit de vote par décision judiciaire.
Par contre, en France ou au Sénégal, les taux
d'abstention sont calculés en fonction du nombre des électeurs
qui se sont inscrits volontairement. Ceci peut abaisser considérablement
le nombre des abstentionnistes et élevé en même temps celui
des non-inscrits.
Le mode d'inscription d'office peut être
considéré comme un système propice l'abstentionnisme
électoral dans la mesure où tous les électeurs
potentiels67(*) sont
automatiquement répertoriés sur le fichier électoral. Il
contribue donc a gonflé le nombre des électeurs inscrits dont la
plupart ignore même qu'ils sont inscrits.
Avec un tel système, le nombre des électeurs
croît de façon très sensible d'élection en
élection. Au Mali, le nombre des inscrits croît des fois de plus
1.100.000 nouvelles inscriptions en espace d'un mandat de cinq ans
séparant en principe deux élections.
Graphique 1 : Progression
des inscrits par élection présidentielle de 1992 à
200768(*).
251670016
A partir de cette graphique, nous constatons que le nombre des
inscrits a progressé de plus de 2.000.000 nouvelles inscriptions, des
présidentielles de 1992 à celles de 2007. Avec le mode
d'inscription d'office pratiqué au Mali, les statistiques
prévoient une progression du nombre des inscrits à près de
10.000.000 d'électeurs d'ici les échéances
électorales de 2017.
En comparant le nombre des électeurs inscrits au Mali
à celui d'autres pays voisins de la sous-région ouest africaine
comme le Sénégal ou le Burkina Faso, qui ont à peu
près les mêmes caractéristiques démographiques que
nous, on se rend compte que l'électorat malien est plus important en
terme de volume que ceux de ces pays.
Nous déduirons donc que c'est le système
d'inscription sur le volontariat pratiqué par ces deux pays voisins qui
justifie ces écarts.
Lors des élections présidentielles de 2007,
pendant que le Mali comptabilisait près de 7.000.000 d'électeurs
inscrits sur une population estimée à 12.500.000 habitants ;
le Sénégal n'en comptait qu'à peu près 5.000.000
d'électeurs et le Burkina-Faso, 4.400.000 électeurs sur une
population globale de 13.000.000 d'habitants.
A en croire aux statistiques, plus d'un électeur malien
sur deux a moins de Vingt Cinq (25) ans ; en plus 57% des personnes
enquêtées ayant moins de ce seuil d'âge ont
déclaré : « n'avoir pas
voté » lors des élections générales
de 2002. Ceci nous montre que l'abstentionnisme électoral au Mali est un
phénomène essentiellement juvénile.
Il faut souligner que cette forte abstention des jeunes est en
partie liée au système d'inscription, mais aussi à leur
vulnérabilité socio-économique69(*). En effet, un nombre important
de ces jeunes ignorent qu'ils sont inscrits sur les listes électorales
dans la mesure où ces listes ont été obtenues à
partir du recensement (RACE) tenu en 2001. Donc tous les jeunes nés vers
1989 et recensés lors du RACE de 2001 seront automatiquement inscrits
sur les listes électorales pour les échéances de 2007. En
plus, c'est le chef de famille qui donne les informations aux agents recenseurs
sur les membres de sa famille qui, du coup, ne sont même pas
informés qu'ils ont été recensés. Toutes ces
incohérences ajoutées à d'autres contribuent à voir
l'état du fichier électoral.
Paragraphe 2 : L'état du fichier
électoral.
L'état du fichier électoral peut
également constituer une source explicative des forts taux d'abstention
électorale observés au Mali. Bien qu'il soit
informatisé70(*),
le fichier électoral du Mali est sujet à beaucoup
d'incohérences parmi lesquelles nous pouvons retenir les faux inscrits
qui gonflent les pourcentages d'abstention.
Il s'agit d'abord des doubles, voire des triples inscriptions
d'une même personne. Cette situation est en partie due à la
mobilité des Maliens aussi bien à l'intérieur du pays qu'a
l'extérieur.
A l'intérieur du Pays, il s'agit surtout de l'exode des
ruraux vers les grandes villes qui finissent par s'établir
définitivement ou des mutations des travailleurs.
Ensuite l'immigration des Maliens vers d'autres pays tels que
la Côte d'Ivoire, la France, l'Espagne, les pays d'Afrique centrale
etc.
La non déclaration de ces déplacements aux
services administratifs compétents constitue l'un des explications
à ces doubles ou triples inscriptions. La même personne peut
être inscrite dans son village en même dans son lieu de
résidence (ou dans une autre localité du pays) voire à
l'étranger dans un consulat ou une ambassade. S'agissant du cas des
travailleurs mutés d'une localité à une autre, si cette
mutation n'est pas déclarée à la commission d'inscription
lors des révisions annuelles pour changement de circonscription
électorale, il y a un risque de double inscription s'il en fait une
nouvelle demande d'inscription.
Plusieurs personnes interrogées ont
déclaré être inscrites dans plus d'une circonscription
électorale. Certaines affirment que : « j'ai
été inscrit par mes parents au village et moi-même
résidant à Bamako, je me suis inscrit ici... » ou
encore « je ne savais pas que j'étais inscrits au
village » etc.
Nous pensons que l'informatisation du fichier électoral
est un atout important en vue de la détection et de la correction de
telles situations. De nos jours, des logiciels performants existent pour
déceler ces multiples inscriptions d'une même personne si toutes
les coordonnées71(*) sont identiques. Mais il faut une réelle
volonté politique.
En plus de ces multiples inscriptions d'une même
personne sur les listes électorales en différente
localité, il faut aussi ajouter, le cas des faux inscrits
c'est-à-dire des « électeurs fantômes ou
fictifs ». Il s'agit ici des personnes
décédées ou qui n'ont jamais existé, mais qui
continuent de figurer sur les listes électorales. Cette situation est
due surtout à la non-déclaration de certains décès
au centre d'Etat civil. Au Mali, il est estimé à plus de 30% les
décès non déclarés aux services des mairies.
Cela peut s'expliquer par le fait que nos populations surtout
rurales n'ont pas une tradition de papier. La plupart des décès
ne sont pas déclarés ou sont déclarés plutard
surtout si la déclaration d'un décès ne sert pas à
rentrer en possession d'un droit tel que le capital décès pour
les travailleurs.
L'option d'inscription d'office ou automatique que notre pays
a choisi et qui consiste à reconduire le même fichier
électoral malgré ses imperfections à chaque
élection, doit être revue.
Au terme du Sondage de 200372(*), il est estimé à 50 % des
électeurs maliens qui n'ont jamais pris part à une consultation
électorale. Ceci explique une défaillance de notre système
électoral et exige l'audit du fichier existant. Cet audit du fichier
électoral, tant revendiqué par l'opposition, permettra de
déceler et de combler ces imperfections qui ont pour nom l'inscription
multiple d'une même personne ou l'inscription des personnes fictives
« Electeurs fantômes ».
Ensuite, il faut une véritable collaboration entre les
services d'immigration, les commissions d'inscription des mairies et une forte
implication des citoyens en vue de palier à ces faux inscrits qui
nuisent aux taux de participation électorale.
Après avoir diagnostiqué les incohérences
liées aux modalités d'identification des électeurs et
à l'état du fichier électoral, nous aborderons maintenant
avec les facteurs liés aux opérations de vote.
SECTION II : Les facteurs liés aux opérations
de vote.
Les facteurs relatifs aux opérations de vote
sont surtout ceux qui touchent à l'accomplissement de l'acte de vote
c'est-à-dire aux obstacles pouvant empêcher un électeur
d'accomplir son droit de vote. En effet, les lacunes liées à la
préparation technique ou l'organisation matérielle d'un scrutin
peuvent entraver l'accomplissement des opérations de vote.
Ainsi au terme de nos enquêtes, il s'est
révélé que le disfonctionnement organisationnel contribue
sans doute à la faiblesse de la participation électorale.
Il s'agit ici surtout des difficultés liées au
retard souvent enregistré dans l'acheminement du matériel
électoral vers les bureaux de vote qui peut de son côté
retarder le démarrage du scrutin (Paragraphe 1), ainsi qu'à
l'éloignement de certains bureaux de vote de l'électeur
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'acheminement du matériel
électoral aux centres de votes.
Par acheminement du matériel
électoral, on entend le déploiement effectif du matériel
indispensable à la tenue d'élections crédibles aux
différents centres de vote aussi bien à l'intérieur du
pays que dans les différentes représentations diplomatiques ou
consulaires bien avant le jour de l'élection.
L'un des constats qui découle de l'observation
des élections au Mali est que rarement le jour du scrutin les bureaux de
vote s'ouvrent à huit heures du matin précise comme le
préconise la loi électorale73(*).
Ce retard découle généralement à
la non disponibilité de certains matériels indispensables au
déroulement du vote (bulletins de vote des candidats, enveloppes, ancre
indélébile, isoloirs etc.) et a pour corollaire le
décalage d'une heure voire plus pour l'ouverture du bureau de vote.
Cette situation contribue certainement à
décourager les premiers électeurs arrivant aux centres de vote
qui, généralement une fois repartis, ne retournent plus pour
voter.
Très souvent, il s'agit des personnes travaillant pour
leur propre compte (commerçants, artisans, ménagères,
ouvriers...). Nombreux sont parmi les enquêtés qui affirment avoir
été dans ce cas et n'ont pas pu accomplir leur devoir civique.
Certains ont déclarés qu'« Après la
matinée, j'ai plus le temps » ou qu'ils ont
« autres choses à faire...». D'autres ont même
fustigé le fait que c'est les autorités qui ne respectent pas
très souvent l'heure d'ouverture des bureaux de vote en
déclarant : « s'ils ont dit huit heures c'est huit
heures ».
Ces déclarations montrent clairement que les citoyens
exigent des organisateurs des élections plus de rigueur afin que pour
faute de non disponibilité du matériel électoral ici et
là, les bureaux n'arrivent pas à s'ouvrir à l'heure
indiquée par loi.
Il est vrai que le territoire national est immense74(*) et les circonscriptions
électorales fort éloignées les unes des autres, cependant,
l'administration électorale doit tout mettre en oeuvre en vue d'assurer
l'acheminement de tout le matériel électoral indispensable et de
vérifier leur disponibilité avant le jour du scrutin aux
différents centres de vote.
Pendant les présidentielles d'avril 2002, cet
enquêté nous a expliqué qu'il lui est arrivé
personnellement d'attendre devant son bureau de vote (N°70) au centre de
vote de l'école de Missira75(*) pour près d'une heure et demie à cause
de la non disponibilité de certains bulletins de vote76(*). Il a fallut que le
président de son bureau de vote aille demander les bulletins manquants
dans d'autres bureaux qui étaient eux aussi confrontés au
même problème.
En effet, avant l'utilisation des bulletins uniques au Mali
expérimentés lors des élections présidentielles et
législatives de 2007, c'était le système des bulletins
individuels pour chaque candidat ou liste qui était en application. Or,
ce système engendrait comme problèmes soit l'insuffisance de
bulletins de vote soit l'absence partielle de ceux-ci dans certains bureaux de
vote.
Dans un tel système, le nombre de bulletin doit
être proportionnel au nombre d'électeurs inscrits dans le bureau
pour assurer l'égalité entre les candidats en lice et ceci
n'était pas toujours le cas dans la mesure où on pouvait
constater des décalages assez importants entre les volumes des bulletins
de vote des candidats en compétition.
Une telle défaillance pourrait conduire les
électeurs à douter de la sincérité et de la
transparence de l'élection, quand on sait que la pleine participation
des citoyens à une élection dépend de la
crédibilité que ceux-ci l'attachent. Or, la
crédibilité d'une élection se joue avant (phase
organisationnelle), pendant (phase du déroulement) et après le
scrutin (phase de proclamation des résultats et de gestion du
contentieux).
Dans la phase organisationnelle d'une élection, si le
volet matériel comme on vient de voir est indispensable, il n'en demeure
pas moins pour le volet technique qui consacre la répartition
géographique des centres de vote en vue du rapprochement entre
l'électeur et son bureau de vote.
Paragraphe 2 : L'éloignement du bureau de vote
de l'électeur.
L'éloignement géographique du bureau de
vote des populations surtout dans les zones reculées comme dans les
milieux nomades constitue donc un facteur décourageant pour la
participation électorale. Il s'agit, de la distance géographique
entre l'emplacement du dispositif des bureaux de vote et les
électeurs.
Le déploiement des centres de vote sur le territoire
national doit répondre à cette préoccupation des citoyens.
En effet, plus l'électeur est isolé géographiquement plus
il a tendance à s'abstenir du vote surtout ceux qui n'ont pas un
engagement politique assez élevé.
Au Mali, les périodes électorales
coïncident très souvent avec le début des semailles77(*) dans le sahel. Ce qui n'est
pas propice pour une forte participation électorale de la part des
populations dont la conscience civique est encore faible. En plus, l'hivernage
contribue à isoler certaines localités du reste du pays à
cause de la montée du niveau des eaux de rivières.
La loi électorale78(*) prévoit qu'il est crée un bureau de
vote au niveau du Chef lieu de cercle et du district de Bamako (art.180 de la
loi du 04 septembre 2006).
Si l'on se réfère sur cette disposition, seuls
les chefs lieux de circonscription ont droit à l'implantation du bureau
de vote. Cependant, dans la pratique toutes communes ainsi que les principales
juridictions de l'étranger disposent des bureaux de vote.
La question qui se pose ainsi, est de savoir si cette
configuration des bureaux de vote (leur nombre, leur déploiement ou
emplacement) ne constitue-t-il pas un facteur explicatif de l'abstention
électorale ?
De prime abord, il faut souligner que la création des
bureaux de vote, leur ressort ainsi que leur emplacement font l'objet d'une
décision du représentant de l'Etat dans le cercle
(Préfet) et dans le district (Gouverneur)79(*).
Lors des élections générales de 2002, le
nombre de bureaux de vote est passé à 12.004 bureaux pour
5.446.202 électeurs dont plus de 900 bureaux pour la seule ville de
Bamako.
On a constaté une augmentation sensible du nombre de
bureau de vote pendant les dernières élections
générales de 2007 avec 20.278 bureaux de vote, dont 18.918
bureaux à l'intérieur du pays et 1.360 pour les juridictions de
l'extérieur. Cependant, cette augmentation du nombre des bureaux est
plutôt consécutive à celle du nombre des électeurs
inscrits qui est passé à 6.884.522 inscrits. Les emplacements
habituels des bureaux de vote n'ont presque pas presque connu
d'évolution significative.
La loi électorale poursuit qu'il est crée au
moins un bureau de vote dans chaque village ou fractions nomades pour 500
électeurs. Or, tous les villages, fractions nomades ou consulats ne
comptent pas ce seuil d'électeur. S'il faut que les électeurs
parcourent des kilomètres (villages en villages voire pays en pays) pour
voter, le risque d'abstention est trop élevé.
C'est pourquoi les Maliens de l'extérieur sont plus
abstentionnistes80(*). Or,
le Mali compte un nombre assez important de ressortissants qui vivent à
l'extérieur du pays. Ces derniers sont estimés à
près de 3.000.00081(*) de personnes résidant principalement en
Côte d' Ivoire, en Afrique Centrale, en France, aux Etats-Unis
d'Amérique etc.
Il faut donc une vraie politique de rapprochement de nos
compatriotes établis à l'étranger avec les
autorités diplomatiques et consulaires en vue de faciliter
l'identification, l'inscription, et le vote de cette catégorie
importante du corps électoral.
Au regard de ces difficultés qui freinent la
participation électorale, l'administration en charge de l'organisation
technique et matérielle des élections doit tout mettre en oeuvre
pour davantage rapprocher le bureau de vote des électeurs le plus proche
possible.
Nul n'ignore que le coût humain du vote est
élevé (déplacement vers le bureau de vote, souvent
attendre son tour dans un long fil, et surtout effectuer un choix qui n'est
pas du tout facile entre plusieurs candidats...), donc toutes les
facilités doivent être mises à la disposition de
l'électeur pour l'inciter à accomplir son devoir civique.
Au Mali, pendant les élections, les partis politiques
qui disposent de moyens financiers conséquents se chargent de
transporter les électeurs vers les centres de vote, à cause
souvent de la distance qui les sépare. Cependant, cette attitude des
partis politiques est critiquable dans la mesure où elle peut constituer
une influence sur les décisions des électeurs le jour du scrutin,
où toute forme de campagne électorale est interdite82(*).
Si les facteurs liés à l'organisation
matérielle et technique des élections sont aussi
déterminants à la participation ou à l'abstention
électorale, il n'en demeure pas moins pour les facteurs liés
à la conjoncture du moment susceptibles de peser sur la participation
des électeurs.
CHAPITRE II : Les facteurs liés à la
conjoncture.
Par facteurs liés à la conjoncture, on
entend les facteurs relatifs au contexte social, politique ou économique
dans lequel chaque élection est organisée.
Dans la sociologie électorale, il est bien
établi que chaque élection se joue sur des enjeux qui varient
selon la nature de l'élection et selon la perception par les
électeurs des problèmes de l'heure ainsi que la capacité
des candidats à y trouver remède.
Il faut aussi entendre, les facteurs relatifs au calendrier
électoral, en ce sens que, lorsque celui coïncide avec des
périodes peu propices pour une plus grande mobilisation
électorale. C'est le cas lorsque la période électorale a
coïncidé avec l'hivernage ou la saison des pluies. Si l'on sait que
les activités agricoles constituent la principale occupation des
populations maliennes pendant la saison pluvieuse.
Le charisme ou la personnalité des candidats en lice
ainsi que la pertinence de leur offre électorale sont aussi des facteurs
influençant la participation électorale.
Ainsi au terme de nos enquêtes, ils sont nombreux, les
enquêtés à fustiger la faible perception des enjeux
électoraux (Section I) et le calendrier électoral comme souvent
un obstacle pour une large participation électorale (section II).
SECTION I : Les enjeux électoraux.
Les études sur le comportement
électoral ont presque toutes montré l'influence décisive
des grands enjeux entourant une élection sur l'orientation du vote ou
sur la participation électorale. Il s'agit ici pour nous de voir
comment, les enjeux électoraux peuvent-il constituer un facteur
explicatif de l'abstentionnisme électoral au Mali.
Rappelons que le caractère décisif d'un enjeu
sur la participation électorale dépend surtout du niveau
général de connaissance, d'information ou de perception des
offres électorales à travers des débats politiques directs
et intelligibles83(*)
entre les différents responsables politiques.
Ainsi, nous allons examiner ici, la faible intensité du
débat politique (Paragraphe 1) et la pertinence de l'offre
électorale (Paragraphe 2).
Paragraphe 1: Le débat Politique.
Si depuis l'instauration de la
IIIème République en 1992 et jusqu'à nos jours,
le pluralisme médiatique a connu une évolution
considérable, force est de constater, une rareté du débat
politique entre les acteurs politiques maliens.
En effet, la multiplicité et l'intelligibilité
des débats politiques sont indispensables pour l'information des
citoyens surtout en période électorale qui est enfin
déterminante pour leur participation à l'élection. Un
citoyen bien informé des enjeux électoraux, des programmes
défendus par les candidats en compétition, c'est-à-dire la
capacité de chaque candidat à apporter des solutions aux
problèmes du pays, est plus incité à accomplir son devoir
civique.
L'électeur du troisième millénaire
devient de plus en plus un « électeur rationnel »
adaptant à court et moyen terme, ses intérêts à
l'offre du marché politique. Conscient de ses choix, le citoyen minimise
ses pertes et maximise ses chances de profit par un calcul coût-avantage
en considérant le coût physique du vote (nécessite de se
déplacer, inscription, opérer un choix...). L'avantage qu'un
électeur peut tirer de son vote est surtout la satisfaction d'avoir
accompli son devoir civique, ou la satisfaction à travers la victoire
du candidat qu'il a soutenu par son vote.
L'électeur rationnel84(*) à donc besoin de toutes les informations qui
entourent un scrutin donné pour mieux opérer ses choix. Nombres
de citoyens suivent l'actualité politique sur les médias bien
qu'ils ne soient pas des militants actifs de partis politiques ou ne
s'intéressant pas à la politique en tant que tel. Aussi, la
plupart personnes interrogées reconnaissent avoir mené des
discutions politiques, mais dans une sphère privée (familiale ou
avec ses amis).
La faiblesse du débat politique entre les
différentes tendances politiques du pays, crée une sorte
d'apathie politique surtout sur le front électoral.
Le code électoral malien ne prévoit pas une
confrontation médiatique directe entre candidats ni au premier, ni au
second tour des élections présidentielles. Il se contente
seulement de repartir le temps d'antennes entre les candidats dans les
médias d'Etat et ces derniers se succèdent individuellement pour
exposer leur programme ou projet de société. Les électeurs
seraient mieux éclairés et plus incités s'il y avait de
débats contradictoires directs entre les candidats en vue de la
confrontation des programmes politiques ou projets de société.
En plus, hors des périodes de campagne
électorale, les émissions politiques au niveau de l'ORTM voire
des médias privés sont presque inexistantes. L'histoire politique
du Mali nous montre qu'après le débat direct
télévisé qui a apposé les deux premiers candidats
arrivés en tête lors du premier de l'élection
présidentielle de 1992, Alpha Oumar KONARE (Candidat de l'ADEMA-PASJ) et
Tiéoulé Mamadou KONATE (Candidat de l'US-RDA), jamais un tel duel
public ne s'est répété dans notre récente histoire
démocratique. Or, si on jette un regard dans les grandes
démocraties comme par exemple, les Etats-Unis d'Amérique, la
France, on se rend compte que la confrontation directe devant
médiatisée est devenue quelque chose d'institutionnelle et
attire l'attention de nombreux citoyens. Ce débat politique est
considéré dans ces pays comme l'une des activités
politiques la plus suivie et joue un impact considérable sur la
participation au vote. En France, lors de la présidentielle de 2007, le
duel qui a opposé Nicolas SARKOZY (candidat de l'UMP85(*)) à
Ségolène ROYAL (candidate du PS86(*)) a mobilisé plusieurs millions de
téléspectateurs et auditeurs.
Nous pensons qu'au Mali, l'arrivée à la
tête du pays du candidat « sans parti »,
Amadou Toumani TOURE en 2002, explique en partie la baisse d'intensité
des débats contradictoires entre les tendances politiques avec le
concept cher à lui de gestion consensuelle du pouvoir, qui consiste
à gouverner avec l'ensemble de la classe politique dans le consensus. En
effet, pendant le premier quinquennat (2002 - 2007) du Président TOURE,
le peuple a assisté à une sorte de complicité entre les
partis politiques et le Président de la République qui a rendu la
vie politique malienne homogène c'est-à-dire sans opposition
significative.
Cette situation politique a beaucoup contribué à
baisser l'intensité du débat politique avec l'absence de toute
opposition réelle, puis que les trois grands blocs politiques de
l'époque, l'ARD87(*), l'Espoir 2002 et l'ACC88(*) soutenaient les actions du
Président de la République.
Une grande démocratie suppose toujours l'existence
d'une certaine opposition politique significative qui critique les actions du
gouvernement, critiques qui éclairent les citoyens de la manière
dont sont conduites les affaires publiques et permettent au gouvernement
d'être vigilant.
Si l'intensité du début politique entre les
acteurs politiques influence la participation électorale, il n'en
demeure pas moins pour ce qui concerne la pertinence de l'offre
électorale.
Paragraphe 2 : La pertinence de l'offre
électorale.
L'affaiblissement des différences politiques
ou idéologiques entre les principaux partis politiques est l'une des
explications récurrentes de la non pertinence de l'offre
électorale. Les électeurs perçoivent de plus en plus
difficilement les différences politiques entre les principaux partis
politiques, cela augmente le coût du choix et explique pour une large
part la baisse de mobilisation lors des élections. Il existe peu de
différences politiques ou idéologiques entre les formations
politiques maliennes. Une partie importante d'entre elles se revendique de la
famille socialiste. C'est le cas de l'ancien parti au pouvoir, l'ADEMA-PASJ, de
l'US-RDA, de l'URD, du RPM qui sont tous membres de l'International socialiste.
Cependant, on a observé une différence notoire entre la politique
gouvernementale menée l'ADEMA et sa ligne idéologique. L'Exemple
typique est tout simplement les importantes privatisations des
sociétés et entreprises d'Etat entreprises par ce régime
qui s'est toujours revendiqué du socialisme.
En plus, les discours des partis politiques n'apparaissent pas
tellement ce particularisme auquel les citoyens s'attendent surtout sur les
grandes questions de notre société comme l'abolition de la peine
de mort, les problèmes du chômage, la crise Touareg au Nord, les
problèmes scolaires et universitaire, la décentralisation, code
de la famille, l'excision, le pouvoir d'achat et l'augmentation des salaires.
BUTLER et STOKES (1966, chap. II) 89(*) ont analysé les
conditions nécessaires pour qu'un problème social devienne un
enjeu politique : il faut que les électeurs aient une opinion sur
le problème que leurs opinions soient nettement tranchées,
s'écartant le plus possible d'une distribution
« normale » et qu'ils perçoivent de nettes
divergences entre les prises de position des candidats sur les grands
problèmes sociaux.
Outre la personnalité des candidats, leur rapprochement
avec l'électorat c'est-à-dire le contact direct90(*) compte beaucoup pour la
perception par l'électorat de l'offre électorale.
S'il y a donc bien une relation entre la perception des enjeux
et l'offre électorale, le vote pour un candidat donné, il reste
à mesurer le poids exacts des enjeux sur la décision
électorale, comparé à celui des autres facteurs
susceptibles de l'influencer. Il n'est pas toujours facile de
démêler, dans un comportement électoral donné, ce
qui tient de la sympathie pour le candidat, de sa capacité à
résoudre un problème jugé important, de sa
proximité à l'égard de son parti ou de son camp.
Au terme du sondage de 2003 sur la perception de la
démocratie au Mali, les motifs d'abstention différent selon que
le répondant répond à la question « Pourquoi
n'avez-vous pas voté, si jamais aux dernières
élections ? » ou à l'autre « A votre
avis pourquoi certains maliens n'ont pas voté ? ». Ainsi,
en réponse à la deuxième question, ils sont 77% des
répondants qui pensent que « Les gens ne comprennent rien
aux élections » et 42% affirment que « Les
élections ne changent rien au Mali » ou estiment que
« les élections sont pour les hommes
politiques ».
Ces réponses nous montrent clairement que les enjeux
électoraux ne sont pas bien saisis par les électeurs. Ce qui a
pour conséquence logique l'apathie électorale.
Cependant, outre les enjeux électoraux, la
période choisie pour la tenue du scrutin impacte aussi la participation
électorale.
SECTION II : Le calendrier électoral.
Le calendrier électoral au Mali est souvent
peu propice à une forte mobilisation électorale dans la mesure
où il a coïncidé avec la saison des pluies. Cette saison est
à profit par de nombreux Maliens pour les activités agricoles qui
constituent d'ailleurs la principale occupation de la population.
Dans la même perspective, le temps du scrutin qui est
normalement de dix heures d'horloge peut souvent s'avérer insuffisant
pour une plus grande participation électorale.
Ainsi nous allons donc analyser ici, dans (un premier
Paragraphe) la ténue d'élection pendant l'hivernage et dans (un
deuxième Paragraphe) la durée du scrutin.
Paragraphe 1 : La tenue d'élection pendant
l'hivernage.
Pour ce qui concerne l'élection du
Président de la République c'est la constitution, loi
fondamentale qui réglemente la fixation du calendrier électoral
en période normale comme en période d'intérim. La
constitution dispose dans son article 32 que « Le premier tour de
l'élection présidentielle a eu lieu vingt un jours au moins et
quarante jours au plus avant l'expiration du mandat du Président en
exercice ».
Quant aux calendriers des élections
législatives et locales, ils sont à
leur tour choisis par décret pris en conseil des Ministre.
En dépit de cet encadrement constitutionnel et
institutionnel de la fixation des dates électorales, la pratique en la
matière, nous montre une certaine coïncidence des dates
électorales avec la période d'hivernage qui dure au Mali selon
les régions de trois à six mois et est consacrée
essentiellement par les populations rurales aux activités agricoles.
Depuis la consultation référendaire du 12
Janvier 1992 pour l'adoption de la constitution du 25 février 1992, la
date des élections présidentielles, sont toujours fixées
entre le mois d'Avril et le mois de juillet. Cette période
coïncide très souvent avec les premières pluies que le monde
rural met à profit pour les travaux champêtes.
Au Mali, les 2/3 de l'électorat se trouvant en milieu
rural et ont principalement comme activité professionnelle
l'agriculture. Si l'on sait qu'un électorat essentiellement
composé de cultivateurs n'est pas disposé à laisser le
champ pour le bureau de vote, dans un pays où la culture politique des
masses n'est pas assez élevée et ou la chose politique manque
souvent de crédit aux yeux de nombre de citoyens.
La coïncidence des périodes électorales
avec la saison des pluies dans un pays à vocation agro-sylvo postasoral
comme le Mali est donc susceptible de réduire la tendance à
l'abstention électorale qu'on observe lors des consultations
électorales.
Il ressort de l'enquête de 2003 sur la perception de la
démocratie au Mali que l'abstentionniste est majoritairement de sexe
féminin vivant en milieu rural et se recrute principalement parmi les
agriculteurs, les ménagères et les artisans.
Toujours au terme du même enquête, ils sont 40%
des sondés à affirmer que : « Les
élections ont coïncidé avec l'hivernage » et
donc de surcroît constitue un motif d'abstention. C'est l'une des
réponses à la question : « A votre avis,
pourquoi certains Maliens n'ont pas voté ? ».
En d'autres termes, s'il pleut le jour du scrutin dans un pays
comme le notre, où certains bureaux de vote sont placés souvent
sous des hangars en paillote.
En plus, le Mali expérimente les bureaux de vote
mobile ou itinérant. Dans ces conditions en cas de pluies diluviennes,
le scrutin risque d'être paralysé.
Pour éviter de telle situation, nous suggérons
un décalage du calendrier électoral vers le premier trimestre de
l'année, c'est-à-dire, entre les mois de Janvier et Mars ;
et un couplage des élections présidentielles et
législatives le même jour. Ceci permettra d'éviter
d'éventuelles coïncidences entre les périodes
électorales et hivernales. Aussi, le couplage des élections
présidentielles et législatives permettra d'accentuer les enjeux
électoraux, de rationnaliser le coût de l'organisation voire de
favoriser une plus grande mobilisation électorale.
Ainsi, nous allons nous pencher maintenant sur l'impact de la
durée du scrutin sur la participation électorale.
Paragraphe 2 : La durée du scrutin.
La durée du scrutin est de dix heures au Mali
dans les conditions normales. La loi électorale dispose dans son article
87 que les scrutins sont ouverts à huit heures et los à six huit
heurs.
Elle poursuit que les élections ont lieu au niveau de
la commune de l'ambassade ou du consulat sur la base d'un bureau de vote pour
cinq cent (500) électeurs. Au regard de la lourdeur dans les
opérations de votre, voire les retards fréquents constatés
dans l'ouverture des bureaux de vote91(*), nous constatons que matériellement ce seuil
temporel peut constituer un obstacle pour une totale participation
électorale. En faisant le calcul de savoir combien de temps dispose un
électeur pour accomplir sont devoir civique, dans un bureau de vote
comptant cinq cent (500) électeurs pour dix heures temps.
Ainsi, en posant cette opération, on se rend compte
qu'un électeur malien dispose en moyenne d'une minute et quelques
secondes (1mn20s) pour accomplir toutes les étapes du vote. Tout cela
à supposer que le dit bureau de vote fonctionne en plein régime
sans aucune interruption que ce soit.
Dans la pratique électoral, on sait que le
temps utilisé par chaque électeur pour voter dépasse de
loin ce seuil temporel vu les différentes étapes que doit
accomplir les électeurs une rentrer dans le bureau de vote. Il s'agit
pour chaque électeur qui rentre dans le bureau de vote. Si un
électeur rentre dans le bureau de vote, il doit d'abord, faire constater
son identité avec sa carte d'électeur et une pièce
d'identité officielle. Pour ceux qui n'auront pas encore retiré
leur carte d'électeur avant le jour du vote, il est permis de les
retirer le jour du scrutin92(*). Après l'identification, l'électeur
doit prendre obligatoirement les bulletins de vote des différents
candidats plus une enveloppe ou le bulletin unique, ensuite passer
derrière un isoloir, pour opérer son choix et glisser l'enveloppe
ou le bulletin unique plié dans l'urne. On observe aussi qu'il y a
généralement au Mali, un seul isoloir par bureau de vote alors
que la loi électorale en prévoit plusieurs isoloirs par bureau de
vote. Ceci amène très souvent les électeurs à
s'attendre devant le seul isoloir.
L'électeur doit ensuite signer ou apposer son empreinte
digitale sur la liste d'émargement en face de son nom. Un assesseur
émarge la carte d'électeur après y avoir porté la
date du scrutin et la mention « A voté »,
il veille ensuite au trempage de l'index gauche du votant dans l'ancre
indélébile. Pour une telle procédure de vote, il faut en
moyenne deux à trois minutes par électeur.
Ainsi, dans un pays comme le Mali qui compte de fort taux
d'analphabétisme et où la majeure partie des électeurs
ignorent la procédure de vote et, sont donc guidés de bout en
bout par les agents électoraux. Une telle situation contribue d'avantage
à retarder le vote même si de surcroît certains
électeurs partagent le temps dans certaines phases du vote.
En même temps, la loi électorale prévoit
que les électeurs présents devant le bureau de vote à
l'heure de clôture (18heures) seront admis à voter. Cependant, il
faut aussi remarquer qu'au delà de cette heure, c'est le début
de la nuit avec l'épineux problème d'électrification des
bureaux de vote qui se pose sur une bonne partie du territoire qui ne dispose
pas d'électricité.
Nous proposons ainsi une diminution du nombre
d'électeurs par bureau de vote afin de réserver la chance
à chaque électeur de pouvoir accomplir son devoir civique.
Après avoir analysé les facteurs relatifs au processus
organisationnel des élections et à la conjoncture, nous allons
maintenant aborder avec les facteurs liés à la perception de la
politique et à la faible insertion sociale.
Deuxième Partie :
Les facteurs liés à la perception de la
politique et à la faible insertion sociale.
« Qu'il s'intéresse beaucoup ou pas
à la politique,
qu'il en parle
volontiers ou jamais avec ses son entourage, qu'il
aille voter ou qu'il reste chez lui le jour de l'élection, qu'il s'en
remette à ses élus
ou qu'il soit prêt à descendre dans la rue pour
exprimer ses opinions, l'électeurs à ses
raisons ».
BOY D., MAYER N. (dir.), L'électeurs à ses
raisons, Paris, P.S.P, p.11, 1997.
La perception de la vie politique par les citoyens
détermine en général, leur intérêt ou
désintérêt à l'égard de la chose
politique.
Au Mali comme dans plusieurs pays, l'intérêt des
citoyens pour la vie politique est généralement médiocre.
Ce trait peut se vérifier surtout par le faible empressement du citoyen
à s'engager dans les activités politiques, à s'informer de
la politique ou à donner son avis en dehors des consultations
électorales93(*).
Traditionnellement, les facteurs qui influent
l'intérêt pour la politique sont d'ordre culturel et social et
dans une moindre mesure démographique94(*). Les travaux de Pierre Bourdieu (La distinction
critique social du jugement, 1979, Paris, Minuit) et de Daniel GAXIE
(Le cens caché, Paris 1978, seuil) soulignent le
caractère socialement déterminé de la
« compétence politique », entendue comme le
sentiment d'être « socialement reconnu comme habilité
à s'occuper des affaires publiques, à donner son opinion à
leur propos et même à en modifier le cours » (BOURDIEU,
1979, P. 466). Elle refléterait principalement les
inégalités entre les classes et les sexes, variant en raison
inverse du capital économique et culturel.
Cette faible insertion sociale est beaucoup plus accrue dans
les pays sous développés comme le notre où l'écart
est assez considérable entre une minorité de la population plus
nantie et la plus large partie, frappée par la précarité
et l'analphabétisme.
Ainsi, dans cette deuxième partie, nous
étudierons dans deux chapitres distincts, les facteurs liés
à la perception de la politique dans l'imaginaire collectif, ensuite les
facteurs liés à la faible insertion sociale.
CHAPITRE I : La représentation de la
politique dans l'imaginaire collectif.
Dans l'analyse des comportements électoraux,
la prise en compte de la culture politique des acteurs constitue une
étape incontournable pour toute étude sociologique. L'abstention
volontaire est un choix politique derrière lequel se trouvent des
motivations qui découlent généralement de la culture
politique de son auteur. Il s'agit ici pour nous de voir, quelles
corrélations existe-t-il entre la culture politique des citoyens et leur
comportement électoral. Il s'agit aussi de savoir comment cette
perception influence leur participation électorale ?
Pour bien élucider ces interrogations, il convient de
remonter à l'histoire politique du Mali qui a été
caractérisée par près de trois décennies
d'immobilisme politique, de répression, de pensée unique qui ont
contribué à la détérioration de l'image de la
politique (Section I) qui découle d'une certaine insuffisance de culture
démocratique (Section II).
SECTION I : La réputation de la politique.
Pour la plupart des citoyens, la politique
évoque le royaume des combinaisons et des compromissions, un monde
où l'intérêt partisan l'emporte sur toute
considération de liberté, de morale ou d'honnêteté.
Les bagarres observées lors des réunions publiques sinon dans
l'enceinte des assemblées, les confirment dans l'idée que la vie
publique est le domaine des truquages et des coups bas.
Cette mauvaise image de la politique est surtout
enfoncée par une certaine presse à des fins partisanes ou tout
simplement commerciale dans les commentaires qu'elles font de
l'actualité ou des scandales politiques. Les hommes politiques sont
traînés par la satire dans la boue à tort ou à
raison.
Pour mieux appréhender l'impact de la mauvaise
réputation de la politique sur l'engagement politique des citoyens, nous
allons étudier la généralisation de la corruption
électorale (paragraphe 1) avant d'aborder avec d'autres comportements
peu catholiques de certains hommes politiques comme les traditionnelles
contestations électorales (paragraphe 2), voire le recours à la
violence politique comme mode de règlement politique (paragraphe 3).
Paragraphe 1 : La corruption électorale.
La corruption électorale est devenue l'une des
caractéristiques des élections dans les jeunes démocraties
en général et particulièrement dans notre pays.
Les partis politiques, au lieu d'être des
véritables machines de mobilisations des électeurs, ont
plutôt tendance à être des véritables machines de
fraude électorales. L'achat de conscience devenu une pratique
normale de nombre de partis politiques. Il consiste à acheter la
voix d'un électeur contre de l'argent ou à corrompre les agents
électoraux voie l'administration électorale. Il s'agit aussi pour
le parti au pouvoir l'utilisation des moyens de l'Etat à des fins
partisanes.
La corruption électorale crée un manque de
confiance à l'égard de la sincérité des
opérations électorales et entraîne une sorte de sentiment
d'impuissance à changer les choses voire à se réfugier
dans une attitude passive. Ainsi, plus de 80% des personnes interrogées
dans le cadre de nos enquêtes dénoncent l'ampleur de la
corruption aux élections et estiment qu'il est insensé de voter
puisque ça ne peut rien changer. Toujours a ce propos, les
déclarations des enquêtés qui reviennent le plus souvent
sont assez édifiantes « que je vote ou pas celui doit
être élu est connu d'avance et sera élu quelque soit
alpha ... ».
Le manque de crédibilité des procédures
électorales peut coûter cher chère pour la participation
électorale puisqu'il provoque chez la plupart des citoyens une lassitude
et un découragement ou ce sentiment de pessimisme politique
caractérisé par l'hypothèse de ceux qui pensent que les
consultations électorales ainsi que le système électoral
dans son ensemble ne sont qu'une duperie.
Le phénomène de la corruption électorale
est reconnu comme un comportement nuisible d'où la
nécessité de mieux encadrer le financement public accordé
aux opérateurs de la vie politiques. L'objectif serait de réduire
l'influence néfaste de l'argent dans le champ politique et
d'accroître la transparence voire de garantir l'égalité des
chances entre les partis politiques en plafonnant les dépenses et les
contributions (publiques et privées).
Outre les partis politiques, que dire des individus qui
acceptent de vendre leur conscience contre un billet d'argent ou contre des
tee- shorts ou du thé. Le tableau ci-après permettra de mieux
percevoir le phénomène de la corruption électorale au
Mali.
Tableau 1 : les attitudes des
personnes interrogées face à la corruption
électorale95(*).
Les Attitudes face à la corruption
électorale
|
Votant
|
Non-votant
|
Total
|
La corruption électorale est très
répandue au Mali.
|
85 %
|
82 %
|
83 %
|
Les élections ne sont qu'une question d'argent.
|
62 %
|
62 %
|
62 %
|
Je connais des gens qui ont vendu leur voix.
|
39 %
|
25 %
|
32 %
|
Je refuserais de vendre non vote.
|
69 %
|
64 %
|
66 %
|
Je prendrais de l'argent et voterais pour le candidat de
mon choix.
|
34 %
|
29 %
|
32 %
|
Les candidats qui achètent des voix nuisent
à la démocratie.
|
90 %
|
86 %
|
88 %
|
A la lecture de ce tableau, on se rend compte que les
attitudes des personnes ayant déclarées participer aux
élections régulièrement fustigent plus la corruption
électorale que les non votants. Cela est tout simplement du au fait que
les déclarations des enquêtés par rapport à la
question : « Avez-vous voté lors des dernières
élections générales ? » ne traduisent
pas toujours leur comportement électoral réel. Le vote
étant considéré comme un acte socialement valorisant et
donc devant l'enquêteur, les enquêtés ont tendance
majoritairement à répondre par l'affirmative. Si l'on se refait
à ces déclarations, le taux de participation moyenne aux
élections de 2002 serait de 78 % à la présidentielle et
71% aux législatives, ce qui surestime en toute évidence les
taux effectivement observés. Donc les taux des votants doivent
être relativisés.
En dehors de cette précision, les attitudes des
enquêtes face à la corruption électorale témoignent,
combien l'achat des conscients est nuisible à la démocratie donc
à la participation électorale.
Les répondants sont presque tout aussi unanimes (88 %)
à fustiger les candidats qui achètent des voix. Ils sont plus
nombreux à rejeter l'achat de conscience qu'à se laisser
corrompre même si le tiers d'entre eux (32 %) se montrent corruptible.
D'une manière générale on
s'aperçoit que la corruption électorale assaille la
crédibilité des élections et conduise à de
véritables contestations fréquentes des résultats
électoraux.
Paragraphe 2 : Les contestations
« traditionnelles » des résultats
électoraux.
Il faut entendre ici par
contestations « traditionnelles » des résultats
électoraux, les mises en cause fréquente des verdicts issus des
urnes par les acteurs politiques surtout les vaincus, qui par leurs
déclarations ou autres agissements appellent à ne pas
reconnaître les résultats des élections mettant du coup la
sincérité des élections en doute. Il ne s'agit donc pas
des contestations formelles formulées devant les juridictions
compétentes où toutes les parties prenantes dans une
élection ont en principe la faculté de saisir le juge pour
irrégularités constatées.
Au-delà de cette faculté reconnue aux acteurs
politiques de contester les résultats provisoires des élections,
force est de constater que le discours politiques à la suite des
élections tend généralement à
décrédibiliser les verdicts des urnes par des déclarations
souvent abusives et disproportionnées. Ces discours ont un effet plus
négatif et peuvent provoquer chez les populations principalement
analphabètes, un sentiment de méfiance de la chose politique. Cet
état de fait à donc pour conséquence d'altérer
l'adhésion populaire au jeu électorale.
La double confiance des citoyens à l'ensemble du
processus organisationnel des élections ainsi que aux résultats
qui leur sont issus, constitue un facteur encourageant pour leur participation
au vote.
L'exemple des élections Kényane de 2007 et
Zimbabwéenne de 2008 nous à montrer jusqu'où les
contestations des verdicts électoraux peuvent fragiliser un processus
démocratique par le basculement dans la violence politique.
Au Mali, si les résultats des consultations
fondatrices96(*) depuis
1992 (référendum, les élections législatives puis
présidentielles) ont été acceptés de façon
consensuelle sans heurts par l'ensemble de la classe politique, cela ne fut pas
toujours le cas pour les autres. L'acceptation consensuelle des
résultats des consultations de fondation peut se comprendre par le fait
que, ces consultations étaient organisées par un gouvernement de
transition qui avait fait de la neutralité son crédo, puis
qu'aucun de ses membres n'était autorisé à se
présenter comme candidat. En plus, le contexte de ces élections
ne permettait pas une nouvelle fracture sociale, après les
événements douloureux de mars 1991.
L'histoire électorale récente du Mali, nous
montre que les contestations électorales ont atteint leur paroxysme
surtout en 1997 puis 2002.
En 1997, pour la première fois au Mali,
l'administration était complètement dessaisie de l'organisation
des élections au profit d'un organe indépendant nouvellement
créé, il s'agit de la commission électorale nationale
indépendante (CENI) présidé par Me Kassoum TAPO. La
création d'une CENI répondait donc à la satisfaction d'une
revendication fondamentale de l'opposition politique qui ne faisait plus
confiance à l'administration pour l'organisation des élections.
L'organisation des législatives du 13 Avril 1997 par la CENI a
révélé de graves insuffisances et lacunes conduisant les
partis d'oppositions à un rejet pire et simple des résultats. Ces
partis, politiques regroupés au sein du COPPO ont réclamé
l'annulation du scrutin avec succès. La Cour Constitutionnelle du Mali
dans son arrêt n° EL 97 - 046 CC du 25 Avril 1990 a
invalidé le scrutin du 13 Avril 1997 sur toute l'étendue du
territoire national au motif qu' « aucune liste électorale
n'a été fournie à la cour pour se prononcer sur la
régularité et la sincérité du premier tour des
élections législatives du 13 avril 1997 ». C'est
dans ce sillage que l'opposition avait appelé au boycott de la
présidentielle du 11 Mai 1997.
Par contre en 2002 l'enjeu électoral était plus
important, le président sortant Alpha Oumar Konaré n'étant
pas candidat à sa propre succession à cause de la limitation du
mandat présidentiel à deux, l'opposition a dès l'entame
annoncer sa participation aux échéances prochaines. La tension
était en effervescence. Le seul parti au pouvoir, l'ADEMA, a
enregistré trois candidatures (dont le candidat officiel, Soumaïla
CISSE, et deux autres membres du parti qui se sont présentés sous
la bannière de candidat indépendant, il s'agit de Mandé
SIDIBE, ancien Premier Ministre et Hamed El Madami DIALLO, ancien Ministre du
développement rural).
Les partis d'opposition se sont également
annoncés mais en rang dispersé dont principaux candidats
étaient Ibrahim Boubacar Keïta (RPM) Moutaga TALL (CNID), Choguel
Kokala MAIGA, Mady KONATE (PDP), Almamy SYLLA (RDP), Oumar MARIKO (SADI)...
L'ancien Chef de l'Etat de la période transitoire (Mars
1991 - Juin 1992), Amadou Toumani TOURE fait également partie de la
course. Pour la première fois les Maliens devaient choisir entre Vingt
quatre (24) candidats dans une élection présidentielle.
A la suite du premier tour, le candidat indépendant,
Amadou Toumani TOURE arrive en tête suivi du candidat officiel de
l'ADEMA, Soumaïla CISSE.
Le troisième homme de cette présidentielle,
Ibrahim Boubacar Keïta, Ancien premier Ministre entre 1994 - 2000) a
officiellement dénoncé les résultats, les qualifiant de
résultats taillés sur mesure. En outre, la Cour constitutionnelle
a annulé plus 500.000 Voix pour fraude électorale ou autres
irrégularités.
Les élections générales de 2007
constituent une autre étape de cette forme de contestation
électorale. En effet, le Président TOURE, fort du bilan de son
premier quinquennat, a remporté l'élection présidentielle
du 29 Avril 2007 dès le premier tour devant ses adversaires
regroupés au sein du Front pour démocratie et la
république (FDR). Les leaders du FDR réunit, le 13 Mai 2007, le
lendemain de la proclamation officielle des résultats par la cour
constitutionnelle ont lu une déclaration officielle dont, on peut
retenir en substance que « le FDR tout en continuant
à considérer que le scrutin ait été entaché
de fraudes, prend acte de la décision de la cour constitutionnelle et
invite militants et sympathisant, tous les démocrates et patriotes
épris de liberté et de justice à poursuivre la lutte par
les moyens démocratiques et pacifiques ».
Il faut rappeler que le FDR réclamait par sa
requête devant les Sages, l'annulation pire et simple du scrutin du 29
Avril 2007 pour motif de fraudes.
En même temps, Mr Bouabré Yvonne ABONE,
député Ivoirien, vice président du Comité
interparlementaire de l'UEMOA et président de la Mission d'observation
des élections au Mali a déclaré le 1er Mai 2007
que « L'élection présidentielle du 29 Avril 2007 au
Mali ne souffre pas d'irrégularité de nature à remettre
en cause les résultats du scrutin. En conséquence, nous invitons
le peuple Malien, les acteurs politiques et de la société civile
à accepter le verdict des urnes ».
On s'aperçoit ainsi les contradictions voire la
controverse qui existe entre les déclarations de contestations des
résultats qui ont tendance à remettre en cause la
sincérité du scrutin et les rapports des missions d'observation
indépendante.
Au terme de l'enquête de 2003 sur la perception de la
démocratie et du processus électoral au Mali, ils
« 43% des enquêtés qui pensent que les
résultats des élections ne sont pas fiables au
Mali », tandis que « 40% estiment que les
élections ne changent rien au Mali ».
La pratique qui consiste à remettre en cause
incessamment les résultats électoraux par les responsables
politiques traduit selon nous, une certaine insuffisance de culture
démocratique car la démocratie est aussi le fait pour les vaincus
des élections à consommer leur défaite pacifiquement et
à respecter les verdicts des urnes.
Pour palier a ce facteur, il est impérieux pour les
responsables politiques de tous les bords de respecter leurs engagements (codes
de bonnes conduites), et de respecter les décisions des juridictions
électorales.
Ainsi, après avoir étudié l'impact des
contestations traditionnelles des verdicts des urnes, nous allons analyser
maintenant le recours à la violence par certains hommes politiques comme
mode de règlement des différends politiques.
Paragraphe 3 : L'engrenage de la violence
politique.
L'apathie des citoyens vis-à-vis de la chose
politique en général et des élections en particulier
s'explique dans une certaine mesure par la peur de la violence politique.
L'histoire politique du Mali de l'indépendance en 1960
à l'avènement de la IIIème République
s'est caractérisée par nombre de faits et
d'évènements politiques qui ont contribué à
créer chez nombre des citoyens une certaine méfiance à
l'égard de la politique.
Si au moment de la proclamation de l'indépendance du
Mali en 1960, les deux grands partis (l'US-RDA et le PSP) qui s'opposaient
à cette époque ont pu taire leur divergence pour proclamer
l'indépendance, les rivalités partisanes n'ont pas tardé
à se manifester de nouveau sur la scène politique jusqu'à
ce que le pays s'est retrouvé dans une situation de parti unique de
fait.
Pendant la première république, le pays a
été installé dans un cycle de règlement de compte
politique avec ses corollaires de persécutions d'opposants politiques et
de restriction des libertés fondamentales des citoyens.
La milice armée du régime de l'US-RDA au pouvoir
exerçait de véritables pressions psychologiques sur les
populations en vue de leur allégeance au régime.
A en croire à cette personne de troisième
âge interrogée qui nous a déclaré
que : « La politique a mal débuté au
Mali à cause de l'affrontement implacable entre l'US-ADA et le PSP et
les dérives autoritaires du parti au pouvoir... ».
Ces propos, nous montrent très clairement, combien la
répression politique caractérisait la vie politique malienne sous
la Ieme République.
En dépit de l'option économique de type
socialiste du Régime, le centralisme démocratique du Parti a
largement contribué à une sorte d'apathie politique et de
l'impopularité du pouvoir qui aboutit à son renversement le 19
Novembre 1968.
Au moment où le peuple se réjouissait de la
chute du régime socialiste du RDA, les putschistes de 1968 ont de leur
côté durci davantage la répression politique plus que leurs
prédécesseurs, en instaurant un régime militaire pur et
dur et un parti unique de droit (UDPM). Juste après le coup d'Etat, les
militaires du CMLN qui s'étaient engagés de rendre le pourvoir
aux civils au bout d'une brève transition de quelques mois, ont
finalement dirigé le pays pendant plus de deux décennies. Les
vingt années de règne de main de fer du Général
Moussa Traoré ont été caractérisés par une
gestion autoritaire du pouvoir avec ses corollaires d'arrestations, de
détentions arbitraires d'opposants voire d'assassinats sommaires des
personnes soupçonnées de tentatives de coup d'Etat.
On peut souligner ici que les très forts taux de
participation électorale observés sous la IIème
république s'expliquent surtout par le totalitarisme du parti unique
constitutionnel (UDPM).
Dans une telle situation politique, le citoyen n'a pas
beaucoup de marge de manoeuvre soit, il vote pour le parti unique soit, il
s'abstient avec tous les inconvénients que cela peut engendrer.
C'est dans ce contexte qu'ont eu lieu les
évènements de Mars 1991 où le peuple Malien a
décidé de passer à l'action en se révoltant contre
le régime en place.
Cette insurrection populaire fut donc réprimée
jusque dans le sang avec une centaine de mort et de blessés. C'est ainsi
qu'une partie de l'armée décide de déposer le
Régime de l'UDPM le 26 Mars 1991.
Dans ces évènements le peuple malien a
payé une lourde tribu pour l'avènement de la démocratie
pluraliste au Mali.
De là surgit naturellement la question de savoir
pourquoi une partie importante de l'électorat continue de s'abstenir
continuellement aux élections dans un contexte de libéralisme
politique garanties et après avoir tant revendiqué la
démocratie ?
Cette interrogation peut sous-entendre une autre : Est-ce
à dire que l'espace politique nationale n'est pas jusque là
à l'abri d'actes de violence à caractère
politique ?
Toutefois avec le passage à la démocratie
multipartite en 1992, il faut reconnaître que certaines formes de
violences à caractère politique ont connu une baisse
exponentielle.
Cependant, force est de constater que l'espace politique en
Africain, de façon générale, est caractérisé
par une extrême fragilité comme en témoignent les exemples
du Kenya et du Zimbabwe où les violences post-électorales avaient
occasionné des centaines de morts en fin 2007. C'est aussi, le cas du
Zimbabwe où les affrontements post-électoraux entre les
partisans de la majorité et ceux de l'opposition ont occasionné
d'importantes pertes en vie humaines en juin 2008. Ici, il faut souligner que
les liens entre violence politique et participation électorale restent
évidents et résident au fait que le citoyen perçoit
négativement la politique, en général, comme un champ de
violence où les hommes politiques sont susceptible de recourir à
n'importe quel moment pour le pouvoir ou pour régler des comptes
politiques. Il n'est pas rare de voir en Afrique des hommes politiques
appelés leurs militants à descendre dans les rues en dehors de
toute légalité.
L'observation de la politique en Afrique permet de voir qu'il
existe une certaine insuffisance de culture démocratique aussi bien
chez certaines élites dirigeantes que chez une partie
considérable de la population.
SECTION II : L'insuffisance de culture
démocratique.
Au Mali, comme dans plusieurs jeunes
démocraties en Afrique et d'ailleurs l'un des constats reste la
faiblesse de la culture démocratique. Les masses populaires ne sont pas
assez conscientes de leur rôle primordial dans le jeu politique.
Cette situation a contribué, à créer dans
la conscience collective une sorte de stéréotype selon lequel
l'activité politique serait réservée à une
catégorie d'individus que sont les « gens d'en
haut ».
De ce fait, faire de la politique devient une affaire de
professionnels surtout quand on ne tient pas le haut du pavé, vouloir
faire de la politique, c'est en réalité travailler pour des
dirigeants politiques qui profitent toujours seuls des dividendes97(*) .
Le système politique Malien est passé coup sur
coup du système monopartisan de fait (Ieme République
avec le Régime de l'US-RDA) au monopartisme de droit (IIeme
République avec le Régime de l'UDPM) avant de renouer avec le
multipartisme en 1992.
Cette situation d'immobilisme politique a largement
contribué à freiner le développement politique au Mali.
Il faut dire qu'un système politique n'est pas
seulement constitué de structures, il suppose aussi un ensemble
d'attitudes et de comportements plus ou moins cohérents98(*).
En 1963, G. ALMOND et S. VERBA, in Civic culture,
Princeton University Press, distinguent trois grands types de cultures
correspondant à trois types de réaction possible face aux objets
politiques :
· La culture « paroissiale » qui
suppose une attitude d'indifférence et d'ignorance face à
l'Etat-Nation et un repli sur les unités locales d'appartenance, qu'il
s'agisse de la tribu ou du village.
· La culture de « sujétion »
est au contraire, marquée par une connaissance du système
politique national assortie d'une grande passivité à son
égard : les individus le respectent, le craignent tout en se
jugeant incapable de participer à son fonctionnement.
· Culture de « participation » qui
repose enfin, sur la volonté des citoyens d'exercer de manière
pleine et entière leurs droits et leurs devoirs, pour peser
réellement sur la décision politique. Tout en notant qu'aucun de
ces types n'existe à l'état pur, les auteurs concluent que le
dernier d'entre eux caractérise le mieux, les
« démocraties stables » et donc les systèmes
les plus développés99(*).
Partant de cette typologie trinaire de cultures politiques on
se rend compte que les sociétés en développement se
rapprochent beaucoup des deux premiers types de culture.
Au Mali, un certain nombre de comportements politiques surtout
chez les élites politiques démontrent tout simplement un
déficit de culture démocratique. Les masses populaires
perçoivent négativement certains agissements des hommes
politiques qui contribuent à créer chez-eux, une certaine
méfiance à l'égard de la politique.
Au terme de nos enquêtes quantitatives et qualitatives,
la faiblesse de démocratie interne dans les formations politiques
(Paragraphe I) et le nomadisme des hommes politiques (surtout les élus)
entre les parties politiques (Paragraphe 2) sont donc fréquemment
incriminés par nos interlocuteurs.
Paragraphe 1: La démocratie interne en panne dans
les formations politiques.
Le caractère démocratique d'un Pays ne
devrait pas se limiter aux seuls organes l'Etat, il doit aussi s'étendre
à tous les autres organes non étatiques, de la
société en passant par les partis politiques en vue d'une
participation massive des citoyens à la vie politique.
En clair, pour que les citoyens s'identifient aux partis
politiques, il faudrait que ces derniers aient une certaine pratique
démocratique permettant l'égal accès de tous aux postes
électifs sur des critères objectifs. Le parti
« démocratique » (Party democracy
model100(*))
privilégie l'élaboration d'un projet ou programme, contrôle
son groupe parlementaire en charge de la défense, favorise la
participation des adhérents. Ainsi, la fonction idéologique de ce
parti domine sur les autres fonctions électorales ou gouvernementales
auxquelles, elles sont subordonnées. Son activité est continuelle
(mobilisation, encadrement) et ne se limité pas seulement à la
période électorale.
En effet, l'observation de la scène politique malienne,
donne l'impression qu'en dehors des périodes électorales les
partis politiques tombent dans une sorte hibernation politique (plus de
meeting, de plus d'université d'été, absence de formations
continues...). Les populations sont laissées à leurs sors, bref
l'accès aux hommes politiques devient prèsqu'impossible. Le parti
« démocratique » est un parti fortement
structuré, idéologique, il s'oppose sur tous les points au parti
« efficace-rationnel » (Rational-efficient101(*)). Ce modèle renvoie
à une organisation subordonnée dans son fonctionnement au groupe
parlementaire, négligeant la participation des adhérents,
fortement centralisé, recherchant prioritairement l'efficacité
en terme électoral. Il n'y a pas d'idéologie forte mais
tourné au contraire vers un pragmatisme modéré. Son
activité est liée principalement à l'élection.
L'analyse politique au Mali, nous conduit à faire des
rapprochements entre les partis politiques maliens et le modèle du parti
efficace-rationnel.
Il faut rappeler ici que le système partisan a depuis
1992 été caractérisé par le système du
« Parti dominant », avec l'ADEMA - P.A.S.J au pourvoir
jusqu'à l'alternance de 2002. Ce parti a dominé pendant dix ans
la vie politique malienne avec son écrasante majorité
parlementaire. Cette situation avait réduit les autres partis politiques
soit, à s'allier avec le parti au pouvoir soit, de s'opposer avec toutes
ses conséquences. A cette époque, la vie politique du Mali
était animée par deux grands regroupements partis politiques. Il
s'agit de la CNDP102(*),
mouvance présidentielle et le COPPO103(*) regroupant les partis d'opposition.
L'insuffisance de démocratie interne au sein des partis
politiques est aussi perceptible au niveau du choix des candidats aux
élections. La plupart des cas, ces choix s'opèrent au
mépris des règles ou principes démocratiques en la
matière. Pour les Elections présidentielles, la candidature du
Parti est généralement la chasse gardée du
président du parti ou des seuls membres de la direction nationale du
parti, les militants n'ont généralement aucun pouvoir d'inverser
la situation, sinon de quitter le parti
Dans l'histoire des investitures à la
présidentielle au Mali, on a enregistré le recours aux
« primaires » qu'une seule fois. C'était en
faveur des élections présidentielles de 2002 ou le parti au
pouvoir sortant avait investi son candidat après des élections
primaires au sein du parti comme à l'américaine.
Après avoir analysé la crise de la
démocratie au sein des partis politiques, il nous revient de voir
maintenant l'influence du nomadisme des hommes politiques sur la faible
participation électorale.
Paragraphe 2 : Le nomadisme politique.
Le vocabulaire politique africain est assez riche
pour caractériser le phénomène de changement de parti
politique de la part des hommes politiques sur des élus. On utilise
généralement à côté du terme nomadisme
politique, des expressions comme la « transhumance
politique » voire le « débauchage
politique »104(*).
Selon l'Ancien Ministre Malien de la fonction publique, Modibo
DIAKITE105(*), aussi
membre fondateur du parti du Soleil le vent (CNID) « La
transhumance politique est le fait pour des hommes politiques de se faire
élire à un poste politique sous la bannière ou les
couleurs d'un parti politique, mais qui à la suite de conflits
politiques ou d'intérêts choisissent de changer d'obédience
politique ».
Si l'on s'en tient à cette définition, on
passera sous silence une autre facette de la transhumance des hommes
politiques. Il s'agit de la situation d'hommes politiques appelés au
gouvernement, qui à la suite de dissension entre leur parti politique
d'origine et la coalition gouvernementale, ont choisi de quitter leur parti au
profit du poste ministériel.
Il faut aussi souligner que généralement, ceux
qu'optent pour la transhumance politique, créent leur propre parti ou
rallient d'autres partis plus forts sur l'échiquier politique.
Le phénomène de la transhumance politique au
Mali a comme conséquence un émiettement sans
précédant des formations politiques et une inflation du nombre
des partis politiques. Tous les grands partis politiques maliens ont, au cours
de leur brève existence106(*), connu une ou plusieurs scissions pour diverses
raisons. Ces raisons sont multiples et relèvent très rarement des
motivations idéologiques ou soutenables au plan de la morale
politique. Les oppositions intestines pour le contrôle de l'appareil
partisan, les humeurs du moment, les questions purement
« alimentaire » 107(*) sont généralement à la base de
ces divisions.
On peut donc soutenir que, ces changements de partis
politiques ne sont justifiés pas des questions relatives aux
intérêts des citoyens, mais au contraire, des seuls
intérêts de ses auteurs.
Toujours, selon l'Ancien Ministre DIAKITE, la transhumance
politique altère la confiance entre l'élu et sa base qui a le
sentiment d'être trahi même, si l'élu peut considérer
que ses considérations sont nobles.
La transhumance politique brouille aussi la lisibilité
des citoyens du jeu politique.
Ceux-ci comprennent mal, qu'ils élisent des
députés ou conseillers communaux et qu'en cour de mandat, ces
derniers virent dans un autre parti sans être inquiété par
aucune mesure contraignante. Cette situation contribue à provoquer chez
de citoyens nombreux, un sentiment d'impuissance et une tendance à
l'apathie électorale.
Le multipartisme intégral auquel le Mali a opté
en 1992 n'a pas été encadré par les mesures
nécessaires pour décourager les hommes politiques surtout les
élus de transhumer comme bon les semble entre les partis politiques.
A ce propos, Mr DIAKITE soutient que :
« Nous n'avons pas protégé notre démocratie
en tant que démocrates, c'est-à-dire que nous avons fait le choix
après la chute de la IIéme République, du
multipartisme intégral pour mieux coller au
slogan : Nous ne voulons pas l'ancien, nous voulons du
nouveau (le Kokadjè) ».
Ainsi après avoir analysé l'impact de la
représentation de la politique dans l'imaginaire populaire, nous allons
étudier maintenant l'impact de la faible insertion sociale sur la
participation électorale.
CHAPITRE II : Les facteurs liés à la
faible insertion sociale.
Dans la sociologie électorale, la
considération des pesanteurs liées à la faible
intégration sociale de certaines couches de la population est
fondamentale dans l'analyse du comportement électoral.
En effet, la participation politique en général
croît avec l'élévation du niveau social (diplômes,
revenus, profession...)108(*).
Le Mali fait partie des pays sous-développés et
dépendant essentiellement de l'aide extérieure pour son
développement109(*). A en croire au classement annuel du programme des
nations unies pour le développement (PNUD), le Mali a été
classé au 175ème rang sur 177 pays110(*). En clair, même si un
tel classement du Mali a été vigoureusement contesté par
les autorités de ce maliennes111(*), force est de reconnaître que la
pauvreté et l'analphabétisme touchent plus d'un malien. Un nombre
important de la population vit au dessous du seuil de la
pauvreté112(*).
Toutefois, l'interaction entre le niveau de vie et
d'instruction d'un individu et sa participation électorale paraît
évidente dans la mesure où la jouissance à une certaine
condition d'existence serait déterminante quant à l'option pour
le vote ou pour l'abstention.
Ces conditions peuvent aller de l'intégration de
l'individu dans une cellule familiale à l'accès aux services
sociaux de base (hôpitaux, écoles, sécurité
sociale...), à un logement décent et surtout à la
détention d'emplois garantis.
Dans cette perspective, on peut soutenir que plus les
individus sont instruits et intégrés dans les circuits
socio-économiques, plus ils ont tendance à faire prévaloir
leur citoyenneté.
Pour mieux percevoir l'impact du défaut
d'intégration sociale sur la participation électorale, nous
allons étudier, la faible intégration socio-économique
(Section I) et l'impact de l'analphabétisme (Section II).
SECTION I : La fable intégration
socioéconomique.
Nombreuses sont les études qui ont
confirmé la corrélation entre la non participation aux
élections et la faible insertion sociale de populations tenues à
l'écart, comme les noirs aux Etats-Unis d'Amérique, les
immigrés naturalisés dans les pays européens voire de
minorités ethniques ou religieuses dans d'autres113(*).
Au Mali, la faible insertion sociale ne serait liée ni
à l'un, ni à l'autre des problèmes précités
qui sont spécifiques à la situation particulière de ces
pays. Cependant, on pourra assimiler ce facteur à la situation
socio-économique difficile du Mali où la pauvreté
(Paragraphe 1) et le chômage (Paragraphe 2) peuvent constituer des causes
d'exclusion donc de faible insertion sociale.
Paragraphe 1 : L'impact de la pauvreté.
La non participation électorale n'est pas
isolable de la situation sociale des individus notamment les moins
fortunés, les moins diplômés, les plus isolés bref
les plus dépourvus des ressources sociales.
Elle manifeste leur impuissance sociale à intervenir
dans la décision politique, à imposer des enjeux dans le
débat politique et plus encore à maîtriser les valeurs et
les règles qui prévalent parmi les élites et leur assure
un monopole du jeu politique institutionnalisé.
Au Mali, la pauvreté est bien réelle 114(*) et selon les études
menées sur le phénomène 115(*) il existe trois sortes de pauvreté :
· La pauvreté monétaire ou de revenu, qui
exprime une insuffisance de ressource engendrant une consommation
insuffisante ;
· La pauvreté de conditions de vie ou
pauvreté de masse, qui se traduit par une situation de manque dans les
domaines de l'eau, de l'éducation, de la santé, du logement
etc. ;
· La pauvreté de potentialité
caractérisée par le manque de capital (accès à la
terre, au crédit, aux équipements etc.).
Parmi ces trois catégories de pauvreté, seules
les deux premières seront prises en considérations ici, dans la
mesure où la pauvreté de potentialité ne traduit pas
toujours une situation d'extrême pauvreté que nous visons ici.
Au Mali, la pauvreté est essentiellement rurale, mais
elle touche de plus en plus les grandes villes en raison de la
dégradation du marché du travail et des migrations massives.
En d'autres termes, la pauvreté se manifeste en terme
d'absence de capacités dans les domaines majeurs du bien
être : analphabétisme, malnutrition, longévité
réduite, mauvaise santé, habitat insalubre, et surtout, la
participation réduite à la vie politique. Les trois facteurs, les
plus cités par les populations elles-mêmes portent sur
l'alimentation, la maladie et l'absence de travail.
En définitive, le seuil de pauvreté étant
défini comme la consommation minimale qui permet à la fois
à l'individu de se maintenir dans un état de santé
correct et d'exécuter les tâches professionnelles est
généralement estimé en terme monétaire.
Ainsi, au terme du sondage de 2003 sur la démocratie
et le processus électoral au Mali, ils sont près de 60% des
enquêtés ayant un revenu de moins de 60.000 FCFA et
déclarant ne pas voté, contre 40% ayant un revenu
supérieur ou égal à 100.000 FCFA et affirmant avoir
voté.
Cette situation nous montre très clairement l'incidence
de la situation socio-économique de l'individu sur sa participation
à la vie publique. On peut aussi constater que plus l'individu à
un revenu plus élevé, plus il tend à participer aux
affaires publiques. Par contre, plus le revenu est faible, plus
l'intérêt pour la politique s'amenuise.
En dépit de l'avènement de la démocratie
pluraliste au début de la décennie 1990, nombreux sont les
Maliens qui sont pas encore satisfaits par rapport leurs conditions de vie
quotidienne.
Devant cette situation, les autorités maliennes ont
depuis lors, mis en place divers programmes ou politiques de lutte contre la
pauvreté.
Si le concept de lutte contre la pauvreté n'est pas une
trouvaille malienne, l'idée ayant germé depuis la
conférence de Rio, on peut affirmer que le gouvernement du Mali a
été parmi les premiers en Afrique à bâtir une
stratégie axée sur la lutte contre la pauvreté. Le
Président Alpha Oumar Konaré a placé son deuxième
mandat (1997 - 2002) sous le signe de la lutte conte la pauvreté. Ainsi
son gouvernement a mis sur pied une stratégie Nationale de lutte contre
le pauvreté (SNLP) en 1998 qui a frayé le chemin, à un
cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) comme cadre
unique de référence pour les politiques et stratégies
à moyen terme et principal document de négociation avec des
partenaires techniques et financiers.
En 2007, le Président Amadou Toumani TOURE a
élaboré un Programme National de développement
économique et social (PDES) qui constitue également un meilleur
cadre de lutte contre la pauvreté.
Cependant, force est de constater, la persistance de la
pauvreté au Mali malgré l'élaboration de ces programmes
qui se multiplient de plus en plus en fonction du changement du locataire de la
présidence et qui se caractérisent par une absence
d'évaluation. Après avoir examiné l'incidence de la
pauvreté sur la participation électorale, nous allons maintenant
analyser l'impact du chômage.
Paragraphe 2 : L'impact du chômage
La classification d'un individu comme chômeur
varie selon les définitions utilisées pour le fait d'être
au chômage. Un chômeur est généralement un individu
qui appartient à la population active, qui n'a pas d'emploi, et qui en
cherche un activement116(*).
Par chômage, on entend ici, la situation des personnes
actives117(*),
privées d'emplois, soit qu'elles ont perdu leurs emplois à la
suit de licenciement, soit qu'elles n'ont pas encore exercé d'emplois
après leurs formations s'agissant des jeunes diplômés. Au
Mali, l'activité économique en 2002 a été largement
dominée par le secteur primaire qui emploie 83, 4% des actifs
occupés. Les secteurs secondaire et tertiaire n'emploient que
respectivement 4,1% et 12,5% des actifs occupés.
En somme, la population active (15ans et plus) qui
représente environ 65,7% de la population totale, connaît un taux
de chômage estimé à 23,3%.
La population malienne étant constituée
essentiellement de jeunes (plus de 60% de la population globale a moins de
25ans) par conséquent, les jeunes sont les plus touchés par le
phénomène du chômage. Cette situation explique, la faible
intégration de cette couche aussi bien en milieu rural qu'urbain.
Paradoxalement, le sondage de 2003 a
révélé que 72% des enquêtés se
considérant comme chômeurs participent aux élections.
Tandis que, selon nos propres enquêtes, les personnes en chômage
sont plus abstentionnistes (plus de 60%) que les votants qui sont
essentiellement de travailleurs.
Cependant, il faut signaler que bon nombre de ces
chômeurs participent aux élections mais d'une autre
manière. Le personnel électoral se recrute essentiellement parmi
eux, à savoir les agents recenseurs, les superviseurs des structures de
contrôles, les assesseurs des bureaux de vote, les
délégués des partis politiques etc. Nombreux sont parmi
ces personnes qui considèrent les périodes électorales,
beaucoup plus comme un moment de se faire de l'argent, qu'une occasion
d'exprimer des choix politiques importants par le vote.
Toujours dans le cadre nos enquêtes, nous avons
considéré les femmes ménagères comme faisant partie
des chômeurs dans la mesure où celles-ci ne s'occupent pas
généralement de travail générateur de revenu. Ce
sont des femmes qui s'occupent des tâches familiales à la maison
(éducation des enfants, préparation de la nourriture, etc..).
Le Sondage de 2003 a révélé de son
côté que 73% des ménagères sont abstentionnistes
contre 27% qui participent au vote. L'intérêt des couches les
plus vulnérables pour la politique est généralement
médiocre et dont l'analphabétisme reste également
très élever.
SECTION II : L'analphabétisme ou crise de la
citoyenneté.
A l'issu de nos des différentes
enquêtes réalisées, les résultats obtenus nous ont
montré que le niveau d'étude d'un électeur est très
déterminant quant à sa participation ou non aux activités
politiques.
Ainsi, au sens de cette étude, une personne est
considérée comme analphabète lorsqu'elle ne sait ni lire,
ni écrire dans les principales langues118(*) de communication. Cependant, cette définition
peut varier d'un pays à un autre. Par exemple, dans certains pays
développés, il ne suffit pas seulement de savoir lire et
écrire un texte pour ne pas être considéré comme
analphabète, il faut aussi comprendre le sens du texte119(*).
Le phénomène est plus important dans les pays
du sud que dans les pays riches.
Au Mali, le taux de scolarisation est l'un des plus bas,
même si la tendance générale est en progression ces
dernières années. Il est passé de 46% en 1996 pour
atteindre 64,34% en 2002 (y compris les médersas)120(*) .
En effet, comme nous avons vu plus haut, que l'électeur
devient de plus en plus compétent et surtout rationnel, il faut
cependant préciser que le niveau d'instruction des citoyens est
très déterminant pour cette transformation. L'élection est
l'un des domaines qui exige un certain outil intellectuel chez les citoyens.
Le faible niveau d'instruction peut engendrer une certaine attitude
d'incompétence (Paragraphe 2) voire de l'incivisme (Paragraphe 1).
Paragraphe 1 : L'incivisme.
Le vote, bien qu'il soit un droit, est aussi et
avant tout un devoir civique pour les citoyens. Voter, c'est donc accomplir un
devoir civique et son contraire même s'il n'est pas sanctionné par
les règlements, comme c'est le cas en Belgique121(*)peut dénoter d'une
certaine forme d'incivisme.
Exceptés, certains cas d'abstention comme l'abstention
involontaire qui découle d'une impossibilité pour un
électeur d'accomplir l'acte de vote ( par un isolement
géographique ou social (maladie, faible insertion sociale...) et les cas
d'abstention politique ou stratégique, bon nombre d'abstention
électorale s'explique par une certaine « insouciance »
vis-à-vis de la de la chose publique. Sans pour autant faire un amalgame
entre analphabétisme et incivisme, force est de signaler que la
citoyenneté ne peut se mouvoir sans une certaine capacité
intellectuelle de la part des masses populaires de percevoir leurs devoirs
vis-à-vis de la société et de les exercer pleinement.
En effet, le concept de citoyen est lié originellement
à la démocratie. Les monarchies d'Ancien régime, les
empires de chine, d'Inde ou d'Amérique précolombienne, ne
connaissaient que des « sujets » essentiellement
voués à l'obéissance. Avec les cités
démocratiques de l'Antiquité grecque (IVe -
Ve siècle avant notre ère) émerge l'idée
de participation à la « chose publique »
L'implication politique active, c'est-à-dire l'attention portée
aux affaires publiques, l'exercice du droit de vote, la participation
volontaire à des activités d'intérêt
général, l'amour de la partie, le respect de la loi, la
solidarité avec les autres membres de la collectivité nationale
sont associés à la citoyenneté.
En outre, les fortes connotations symboliques de la notion de
citoyenneté (l'égalité, l'indépendance dans le
jugement, la responsabilité) doivent tendre à faire de
l'identité citoyenne, une qualité indispensable chez les masses
populaires.
Un vieil adage dit qu'il n'existe pas de roi sans sujet.
De la même manière, la démocratie dans une
république serait compromise sans des citoyens bien
éclairés et responsables qui participent activement aux affaires
publiques.
Ainsi, dans le cadre de nos enquêtes quantitatives, nous
avons considéré les déclarations122(*)ci après comme faisant
parti de l'abstention électorale par incivisme.
Tableau 3 : Appréciation des
élections.
Attitudes
|
% des Répondant
Non - votants
|
Je n'ai pas de carte d'identité pour voter ou ma
carte d'identité est périmée.
|
40%
|
Je n'ai jamais retiré ma carte d'électeur
(sans raison consistante)
|
35%
|
Je ne vote pas, parce que les élections ne
profitent qu'aux gagnants.
|
33%
|
Le vote c'est perdre du temps ou vote n'est pas mon
affaire.
|
10%
|
La lecture objective de ce tableau permet de voir que la non
détention de pièces d'identités requises pour le vote
telle que la carte nationale d'identité est un facteur non
négligeable qui explique une partie des abstentions. De surcroît,
le retrait de la carte d'électeur avant les élections peut
être une source de motivation pour le vote.
Cependant, les appréciations selon lesquelles
« les élections ne profitent qu'aux gagnants ou le vote
est une perte de temps » dénotent d'un certain incivisme
qui nécessite des actions de sensibilisation et d'éduction
civique pour la participation de tous aux affaires publiques.
Nous pensant que, pour ce qui concerne les deux
premières attitudes, les décideurs peuvent agir à travers
des politiques publiques, pour faciliter d'avantage les conditions de
délivrances de la carte nationale d'identité (les frais, la
durée...) et la carte d'électeur.
Au delà de l'incivisme qui agit d'une manière ou
d'une autre sur la participation électorale, l'incompétence
politique peut aussi avoir des incidences sur la décision
électorale.
Paragraphe 2 : L'incompétence politique.
Nous entendons par compétence
politique, l'aptitude plus ou moins mesurable, des individus à
reconnaître des différences entre les prises de positions des
hommes politiques de diverses tendances ou entre les partis politiques, leur
capacités à situer et à justifier leurs
préférences par rapport à ces prises de position et tout
autant la croyance qu'ils ont en l'importance de ces débats et des
actes assurant l'arbitrage entre des « programmes »
politiques123(*) .
En ce sens, l'incompétence politique se traduit par un
déficit de connaissance de la vie politique, un manque de savoirs
politiques. Le terme d'incompétence, employé ici pour
caractériser la position des groupes dominés dans l'ordre des
activités politiques, ne doit donc pas faire illusion : il s'agit
de l'incapacité social à entrer dans les catégories de
jugement et d'expression des opinons imposées par cet ordre.
Le vote étant par excellence, l'occasion
privilégiée pour toutes les catégories de la population
sans distinction d'exprimer des choix politiques conséquents.
En effet, son contraire c'est-à-dire l'abstention peut
s'expliquer par une certaine incompétence politique due à
l'ignorance de certains électeurs potentiels.
La conception du citoyen qui s'impose en occident au
XIXe siècle, invoquée par les partisans du suffrage
universel et assimilée à un principe fondamental de la
démocratie, est celle d'un individu capable de « se faire une
opinion » et d'exprimer par son vote aussi bien ses
préférences politiques que son intérêt pour la
sphère publique, c'est-à-dire concrètement pour le
gouvernement de sa communauté d'appartenance, à laquelle est
censé l'attacher un fort sentiment d'identification124(*). C'est cet idéal
qu'un politiste américain exprime en ces termes :
« l'électeur doit posséder une structure de
personnalité conforme aux [impératifs de la
démocratie], doit s'intéresser aux affaires publiques et y
participer, doit être informé, doit être guidé par
des principes, doit percevoir correctement les réalités
politiques, doit en débattre, doit juger de façon rationnelle et
doit prendre en compte les intérêts de la
communauté ».125(*)
Selon le sondage de 2003, le niveau de connaissance des
répondants de la chose politique dépend de leur accès
à l'information et de la diversité des sources.
Au Mali, la presse écrite (journaux) est très
peu utilisée comme source d'information à cause de l'importance
de l'analphabétisme. Elle est l'apanage des intellectuels (près
de 90% de ceux qui ont au moins le niveau baccalauréat l'utilisent). De
même les réunions politiques constituent une source marginale
d'information, car, non seulement de telles réunions ne sont pas
fréquentes mais en plus elles ne concernent que les rares militants
des partis126(*).
Enfin, il faut signaler que l'Office des radiodiffusions
Télévisions du Mali (ORTM127(*)) constitue la principale source d'information des
Maliens (93% des sondés). Cependant, l'ORTM est encore loin d'assurer
la couverture totale du territoire national. Cela pour dire que certaines
localités au Mali ne perçoivent pas la chaîne publique et
donc sont exposées à une sous information.
Loin de prôner un quelconque « suffrage
capacitaire », nous pensons que les décideurs politiques
doivent accélérer l'accès de tous les citoyens à
l'éducation, à l'alphabétisation ainsi qu'aux sources
d'information indispensable pour une large participation électorale des
citoyens.
Conclusion générale :
Les chapitres précédents ont
exploré tour à tour la relation qui s'établit entre
l'abstention électorale et les caractéristiques socioculturelles
et socioéconomiques des individus, leur ancrage idéologique et
partisan, l'incidence des variables institutionnelles et de l'effet de la
conjoncture politique sur la participation électorale. En conclusion,
nous retenons que l'abstentionnisme électoral au Mali est loin
d'être l'apanage d'une seule variable mais plutôt la conjugaison de
divers facteurs explicatifs.
Cependant, après expérimentation de nos
différentes hypothèses, on constate que les diverses variables
ainsi évoquées n'ont pas la même incidence proportionnelle.
Parmi celles-ci, certaines restent plus prédictives de l'abstention
électorale que d'autres. Il s'agit entre autre du mode d'inscription des
électeurs en vigueur au Mali. En effet, l'inscription d'office ou
automatique des électeurs sans leur consentement préalable est
non seulement onéreuse mais surtout inappropriée jusque
là.
Il a été estimé à 50% des
électeurs potentiels Maliens qui n'ont jamais pris part à une
consultation électorale depuis 1992128(*).
Il faut aussi préciser qu'au Mali, le vote est un droit
et un devoir civique, mais nullement une obligation dont son inexécution
entraine des sanctions. Donc l'acte de voter est laissé à la
libre appréciation de tout un chacun de faire ou de ne pas faire. En ce
moment l'abstention électorale devient ainsi un
« droit » au même titre que le vote
réservé à tout citoyen, surtout si elle est active ou
politique, elle devient une autre forme de participation politique qui serait
intéressante à prospecter en termes de recherche
ultérieures.
A notre avis, le mode d'inscription d'office ou automatique
des électeurs sur les listes élections est un peu plus
adapté aux systèmes politiques dans lesquels le vote à un
caractère obligatoire tels que la Belgique, la Grèce ou
l'Australie.
De son coté, le Mali, ayant opté en faveur du
vote facultatif, c'est-à-dire non obligatoire, pourrait adapter à
cette option, le système d'inscription qui convient le mieux à
savoir, le système d'inscription volontaire pratiqué
déjà dans plusieurs pays comme les Etats - Unis, la France le
Bénin, le CONGO Brazzaville, le Sénégal pour ne citer que
ceux-ci. Le mode d'inscription volontaire pourrait abaisser les forts taux
d'abstention électorale observés jusqu'ici au Mali.
En dehors de ce facteur, il s'agit aussi du niveau
élevé d'analphabétisme. Les élections étant
l'un des domaines par excellence qui exige une certaine connaissance chez les
citoyens pour mieux participer au vote. Il devient donc nécessaire pour
l'Etat mais aussi pour les partis politiques d'assurer l'éducation et
sensibilisation des citoyens sans distinction.
L'un des constats qui s'impose à ce stade est que la
démocratisation enclenchée au Mali après les
évènements de Mars 1991 n'a pas été suivie d'une
véritable politique de formation à la citoyenneté.
Aux termes de l'article 36 de la charte129(*) malienne des partis
politiques :« Les partis politiques ont l'obligation
d'assurer la formation civique de le leurs membres, en conformité avec
les principes moraux et sociaux aptes à forger des citoyens conscients
de leur devoir envers la collectivité nationale par la stimulation de
l'esprit de solidarité, de tolérance et de dialogue, la promotion
de la participation démocratique et pacifique à la vie nationale,
et le respect de l'intérêt
général ».
Cette disposition résume l'importance du rôle des
partis politiques dans la formation des citoyens responsables auquelle, ils
doivent renouer pour ne pas être réduits de simples
« clubs politiques ».
Le mérite de la pressente étude réside au
fait qu'elle a pu poser, sans complaisance la problématique de
l'abstention électorale au Mali par la loupe sociologique. Son apport
est sans doute évident dans la connaissance du comportement
électoral pour la communauté des chercheurs
intéressés par la sociologie électorale et dans la
compréhension du phénomène par les décideurs
publics dans la formulation de nouvelles politiques en matière
électorale.
Toutefois, il faudrait signaler un certain nombre de
difficultés auxquelles cette étude s'est heurtée. Il
s'agit surtout de difficultés méthodologiques c'est-à-dire
du caractère restreint de l'échantillon qui a été
constitué dû à la faiblesse de nos ressources
financières. En effet la proportionnalité de notre
échantillon avec la population globale à étudier n'a pas
été trop respectée.
Mais nous avons vite palier à cette lacune par
l'utilisation des données du sondage réalisé sous
l'égide du MATCL et PNUD sur la perception de la démocratie et du
processus électoral au Mali. Quoi que cette enquête
réalisée en 2003, a été effectuée par le
GREAT130(*), une
organisation scientifique sans appartenance politique et basée au Mali.
L'intérêt scientifique de ce sondage reste toujours
d'actualité et à le mérite de traiter suffisamment la
question de la faible participation électorale de 1992 à 2003.
En outre, certaines de nos hypothèses étaient quelque peu
difficiles à objectiver compte tenu de la différence entre les
déclarations des répondants et leur attitude politique
réelle sur le terrain. Enfin, sans pour autant prétendre à
un épuisement du présent sujet, ce mémoire reste ouvert
à toute critique objective indispensable pour l'avancée de la
recherche et la connaissance de l'objet de cette étude.
ANNEXES
ANNEXE I :
QUESTIONNAIRE :
I - Identification de
l'enquête :
1 - Sexe :
Masculin
Féminin
2 - Age :
De 18 à 25 ans
De 26 à 40 ans
De 41 à 60 ans ou plus
3 - Niveau d'Instruction :
Sans instruction
Education de base inachevée
Education de base achevée
Education Secondaire
Supérieur
Alphabétisation
4 - Profession ou situation socio
professionnelle :
Ménagère
Activité commerciale
Elève ou Etudiant
Fonctionnaire ou salarié privé
Chômeur
Autre à préciser
5 - Revenu mensuel :
De 10.000 à 40.000 F CFA
De 40.001 à 60.000 F CFA
De 60.001 à 10.000 F CFA
De plus de 100.000 F CFA
II - Attitude face à la Politique et aux
élections
6 - Militez-vous dans un parti politique ou dans une
Association ?
-Si oui pourquoi ?
-Si non Pourquoi ?
7 - Que pensez-vous des Partis politiques en
général?
8 - Qu'entendez-vous par
démocratie ?
9 - Le vote est il nécessaire ?
-Si oui, pourquoi ?
-Si non, Pourquoi ?
10 - Avez-vous souvent des discutions politiques ?
Et quelles sont vos sources d'informations politiques ?
11 - Avez-vous participé à toutes les
élections organisées depuis 1992 ?
- Si Oui, pouvez-vous nous dire,
quelles sont vos motivations pour le vote ?
- Si Non, pourquoi vous n'avez jamais pris part à
une élection jusque là ?
- Pas régulièrement,
pourquoi vous-vous êtes abstenu quelque fois ?
A - Les questions de cette publique s'adressent
à ceux qui ont une fois participé ou participent
régulièrement aux élections politiques :
12 - À quand relève votre première
participation électorale ?
13 - Pouvez vous nous dire pourquoi certains Maliens ne
participent aux élections ?
14 - Quels sont pour vous les critères les plus
déterminants pour participer au vote ?
B - Les Questions de cette publique s'adressent
à ceux qui n'ont jamais participé à des
élections politiques depuis 1992.
15 - Etes-vous inscrits sur les listes
électorales ?
- Si oui, pourquoi n'avez-vous pas votez ?
- Si non, pourquoi vous n'êtes pas inscrits sur les
listes électorales ?
16 - Disposez-vous des pièces requises pour
voter ?
17 - Pensez vous que les hommes politiques actuels
inspirent confiance ?
18 - Etes-vous satisfait de l'avènement de la
démocratie au Mali ?
19 - A quelles conditions, accepterez-vous de participer
à d'éventuelles
élections ?
C - Questions d'options : (adressées
à tous les enquêtés)
20 - Selon vous, la politique est-elle une
activité :
honorable peu honorable
pas du tout honorable
21 - Pensez-vous que les élections au Mali sont
sincères et crédibles ?
22 - Pensez-vous que votre choix pour le vote ou
l'abstention peut exercer une certaine influence sur le scrutin ou sur les
décisions importante de l'Etat ?
23 - Dans les campagnes électorales quels sont les
principaux enjeux que vous connaissez et qui vous paraissent
important ?
24 - Quelle est l'influence des enjeux
électoraux ou de l'offre électorale des candidats sur votre
décision électorale ?
25 - Quelles doivent être selon vous, les
qualités d'un bon candidat ?
26 - Quelles sont les solutions que vous proposez afin
que
les Maliens puissent massivement voter lors des
élections à venir ?
ANNEXE II :
Guide d'entretien à l'intention des
personnes ressources :
Questions :
1- Qu'entendez-vous par « Abstentionnisme
électoral » ?
2- Pour vous, quelles sont les causes ou les facteurs
explicatifs de la faible participation électorale au
Mali ?
3- Que pensez-vous de l'organisation matérielle
et technique des élections au Mali et de leur impact sur la
participation électorale ?
4- Pensez-vous que les insuffisances ou lacunes du
système électoral malien contribuent à la baisse de la
participation électorale ?
5- Selon vous, quelles sont les responsabilités
des partis politiques voire des Hommes politiques dans la baisse de la
participation électorale ? Si l'on sait, que l'une des
fonctions cardinales d'un parti politique est la mobilisation et la formation
de son électorat autour de projets de société
partagé.
6- La faible participation électorale au Mali
est-elle le reflet d'un désintérêt des Maliens à
l'égard de la politique ou peut-elle expliquer autre
chose ?
7- Que pensez-vous de la corruption au Mali en
général et l'achat de des consciences en particulier ?
8- Comment expliquer le fait que certains
électeurs n'acceptent pas de voter que moyennant de l'argent, du
thé, du sucre ou du tee-shirt ?
Et quelle est la conséquence de telle pratique sur
la participation électorale ?
9- Selon vous, quels sont les facteurs conjoncturels
susceptibles de peser sur la participation électorale au
Mali ?
10- Quelles sont les solutions envisageables que vous
préconiser afin que la participation soit plus
élevée aux futures échéances ?
ANNEXE III :
Tableau de participation électorale au Mali de
l'indépendance en 1960 à 2007
Types d'élection et Année
|
Taux de Participation
|
Taux d'abstention
|
Législative du 02 Avril 1964
|
88,99 %
|
11,01 %
|
Référendum Constitutionnel du 2 Juin 1974
|
92,21 %
|
07,79 %
|
Présidentielle du 19 Juin 1979
|
97,99 %
|
02,01 %
|
Législative du 19 Juin 1979
|
96,99 %
|
03,01 %
|
Législative du 13 Juin 1982
|
95,53 %
|
04,47 %
|
Présidentielle du 09 Juin 1985
|
97,99 %
|
02,01 %
|
Législative du 09 Juin 1985
|
99,70 %
|
00,30 %
|
Référendum constitutionnel du 12
Février1992
|
49,49 %
|
50,51 %
|
Législative du 09 Mars 1992
|
21,28 %
|
78,72 %
|
Présidentielle du 12 Avril 1992
|
23,59 %
|
76,41 %
|
Présidentielle du 26 Avril 1992
|
21,61 %
|
78,39 %
|
Présidentielle du 11 Mai 1997 (seul tour)
|
29,02 %
|
70,98 %
|
Législative du 20 Juillet 1997
|
21,60 %
|
78,40 %
|
Législative du 03 Août 1997
|
20,00 %
|
80,00 %
|
Présidentielle du 28 Avril 2002
|
38,81 %
|
61,19 %
|
Présidentielle du 12 Mai 2002
|
29,99 %
|
71,01 %
|
Législative du 14 juillet 2002
|
23,00 %
|
77,00 %
|
Présidentielle du 29 Avril 2007 (seul tour)
|
36,17 %
|
63,83 %
|
Législative du 01 Juillet 2007
|
33,39 %
|
66,61 %
|
Législative du 22 Juillet 2007
|
32,19 %
|
67,18%
|
Source : Archives Nationales, journaux
officiels, Quotidiens National l'Essor, MATCL, Cour
Suprême et Cour Constitutionnelle du Mali
§ Législative du 02 Avril 1964, source archives
nationales, Ieme République.
Référendum du 02 Juin 1974, source J. O. du 25
Juillet 1974.
§ Elections Générales de 1979, source,
Quotidien National, l'Essor du Lundi 25 Juin 1979, 30e
Année, N° 81 32.
§ Législative du 13 Juin 1982, source :
Quotidien National, l'Essor du Mercredi 16 Juin 1982, 33e
Année, N° 8871
§ Elections Générales de 1985, source,
Quotidien National, l'Essor du Vendredi 28 Juin 1985, 34e
Année, N° 96 28
§ Référendum du 25 Février 1992,
journal officiel du 15 Octobre 1991.
§ Législative de 1992 au Présidentielles de
2002, source : Rapport du MATCL sur les dix ans de processus
électoral consolider la démocratie Mars 2003.
§ Elections présidentielles du 12 et 26 Avril 1992,
Source journal officiel du 31 Mai 1992.
§ Elections générales de 2007, source :
cour constitutionnelle du Mali.
Bibliographie :
- 1. Ouvrages
Généraux :
- BACOT Paul, Le dictionnaire du vote, PUL,
Lyon, 1994, 191p.
- BEAUD Michel, L'art de la thèse, Nouvelle
Edition, La Découverte, Paris, 2006, 202p.
- BRAUD Philippe, Le comportement électoral en
France, PUF, Paris,
1979.
- CAMARA Makan Moussa, Questions brûlantes pour
démocratie naissantes, NEA, Dakar, 1998, 138p.
- CHAGNOLLAUD Dominique, Sociologie politique, Paris,
Dalloz, 256p.
- CHARNAY Jean-Paul, Le suffrage politique en
France, Mouton, Paris, 1965.
- CISSE Ali, Le Mali, une démocratie à
refonder, Paris, L'Harmattan, 2006, 203p.
- COULIBALY Baba Pascal, Le Mali d'Alpha Oumar
Konaré, L'Harmattan, Paris, 2004, 197p.
- DECRAENE Philippe, Le Mali, PUF, (Coll. Que
sais-je), Paris, 1980, 123p.
- DIARRA Cheick Oumar, Le défi démocratique
au Mali, Paris, L'Harmattan, 1996, 313p.
- DIARRA Cheick Oumar, Contribution sur le processus
démocratique au Mali, Paris, L'Harmattan, 1991, 233p.
- GAUDIO Attilio, Le Mali, Karthala, Paris,
261p.
- GAZIBO Mamadou, L'introduction à la politique
africaine, Montréal, P.U.M, 261p.
- GRAWITZ Madeleine, Méthodes des sciences sociales,
Paris, Dalloz, 5è éd, 1979.
- LAGROYE Jacques, BASTIEN François et SWICKKI
Fréderic, Sociologie Politique, Paris, Presses de sciences
Pô et Dalloz, 4è éd. 599Pages
- LAVROFF Dimitri Georges dir. Aux Urnes l'Afrique !
Elections et Pouvoir en Afrique Noire, Edition Pedone, Paris,
1978, 259p.
- MEMI Dominique, LANCELOT
Alain, « Participation et comportement politique » in
GRAWITZ Madeleine, LECA Jean (dir.), Traité de Science
Politique, Volume III, Paris, PUF, 1983, pp. 309-428
- MEYNAUD Jean, LANCELOT Alain, La participation des
Français à la politique, PUF, (Coll. Que
sais-je ?), Paris, 1961, 124p.
- NDIAYE Guédel, L'échec de la
Fédération du Mali, Dakar, NEA, 1980.
- QUIVY Raymond, CAMPENHOUDT Luc Van, Manuel de recherche
en science sociale, Paris, Editions DUNOND, 1992.
- SIEEGFRIED André, Tableau politique de la France
de l'Ouest sous la III éme République,
A Colin, 1913. Rééditer avec la présentation de Pierre
MILZA, Paris, Imprimerie nationale, 1995.
- VEDEL Georges, La dépolitisation : mythe ou
réalité, In Actes du Colloque, Paris, A. Colin, 1962.
2. Ouvrages
Spécialisés :
- BOY Daniel, MAYER Nonna, L'Electeur à ses
Raisons, Presses de Sciences PO, Paris, 1997, 407p.
- LANCELOT Alain, L'abstentionnisme électoral en
France, Amand Colin, Paris, 1968.
- SUBILEAU Françoise, TOINET Marie- France,
« Les chemins de l'abstention : Une étude comparative en
France et aux Etats-Unis », in Explication du vote,
La Découverte, 1993.
3. Articles :
- BAUDAIS Virginie, CHAUZAL Grégory, « Les
partis politiques et l'indépendance partisane d'Amadou Toumani
TOURE », Politique africaine, N°104, pp.61-80.
- BERTRAND Monique, « Mali : Un an de
transition : De la révolte à la Troisième
République », Politique Africaine, N°47, Octobre
1992.
- CAMARA Makan Moussa, « Contribution à
la réflexion sur le processus démocratique en
Afrique : Le cas du Mali », Politique Africaine,
N°12, 1990-1991, pp. 80-84.
- CANS Charlotte, « Mali :
Premières élections démocratiques », Jeune
Afrique, 10 Avril 2005, N°2309, p27.
- COQUERY-VIDROVITCH C., « Les convulsions et
la chute de la dictature malienne », Le Monde diplomatique,
Avril 1991, p25.
- DIARRA Eloi, « Constitution et Etat de droit au
Mali », RJPIC, N°05, 1995, pp. 252-284.
- DIARRA Fatoumata Siré, « Femmes,
pouvoir politique et prise de décision au Mali»,
Démocratie africaine, N°07, Août 1996, pp. 75-78.
- DIARRA Moussa, « Mali, Processus
démocratique et décentralisation »,
Démocratie africaine, N°05, Mars 1996, pp.41-46.
- DOCKING W. Timothy, « Mali: The roots of democracy
success », Afrique Politique, Karthala, 1997, pp.191-212.
- FAY Claude, « La démocratie au Mali ou le
pouvoir en pâture», Cahiers d'études africaines,
N°137, 1995, pp.19-53.
- GILGUY C., « Mali : Le syndrome
béninois », Afrique Politique, N°13, 1990,
pp.63-71.
- GOGUEL François, «Pour une étude
scientifique de l'abstentionnisme électoral ». RFSP,
Janvier-Mars 1952, p.68-70.
- QUANTIN Patrick, « Pour une étude
comparative des élections africaines », Politique
africaine, N°69, Mars 1998, Trimestrielle. En ligne
http://www.polis.sciencespobordeaux.fr/vol9ns/quantin1.pdf.
- OTAYEK René, « L'élections en
Afrique sont-elles un objet d'étude scientifique ? », In
Politique africaine, N°69, Mars 1998, Trimestrielle, p. 3-4. En
ligne
http://www.polis.sciencespobordeaux.fr/vol9ns/quantin1.pdf.
- OUAZANI Chérif Moulay, « Le consensus
n'est pas mien, il est malien », Jeune Afrique, 15 Avril
2007, N°2414, p42.
- OUAZANI Chérif Moulay, « Mali :
Un consensus à bout de souffle », Jeune Afrique,
N°2339, p40.
- OUAZANI Chérif Moulay, « Mali : Les
limites du consensus », Jeune Afrique, 30 Mai 2004,
N°2264, p.46.
- SENNEN Andriamirado, « Mali : Un peuple pas comme
les autres », Jeune Afrique, 16-29Octobre 1996,
N°, pp.37-38.
- SIBY Moustapha, CHINE Shezen, « Mali : A
l'heure de la démocratie », Jeune Afrique, 27Juin
2000, N°2059, p.6.
- SOUDAN François, « Pourquoi les africains
ne votent plus? », Jeune Afrique, 23Juillet au
04 Août 2007, N°2429, pp.72-78.
4. Mémoires :
- BAGAYOKO Abdoulaye, « La sociologie
électorale au Mali. Le jeu des opérateurs politiques et le
comportement de l'électorat dans le district de Bamako : Cas de
Commune III. », Mémoire de Maîtrise,
Département: Sociologie-Anthropologie, Université de
Bamako, FLASH, 2001-2002. 53P. Disponible au CODESRIA.
- BARRY Souleymane, « Contribution à
l'étude sociologique du comportement électoral des jeunes au
Sénégal : Des motivations du choix à l'abstention.
L'exemple des jeunes de la Médina et de
Dieuppeul. », », Mémoire de Maîtrise,
Département : Sociologie, UCAD, FLSH, 1998-1999. 94P. Disponible au
CODESRIA.
5. Autres documents
- MATCL, PNUD-Mali, « Sondage sur la
perception de la démocratie et le processus électoral au
Mali », Les GREAT Cahiers, N°5, Bamako, Avril-Juin
2003, 45p.
- CENI-Mali, Guide de l'observateur, Bamako,
CENI, 2007, 36p.
- MATCL, PNUD-Mali, « Le processus
électoral au Mali 2002.Consolider la
démocratie», en ligne :
http://www.ml.undp.org/html/bbroelec.htm.
Table des Matières :
Pages.
Dédicace.....................................................................................I
Remerciements............................................................................II
Sommaire...................................................................................III
Liste des
abréviations....................................................................IV
INTRODUCTION :......................................................................1
L'état du problème et la revue critique de la
littérature.......................9
1.1- L'état du
problème.............................................................9
1.2- La revue critique de la
littérature..........................................12
2- Le cadre
théorique.................................................................15
3- Les objectifs et intérêts du
sujet.................................................17
4- La
méthodologie...................................................................19
4.1- La conception de la
recherche.............................................19
4.2- Les méthodes de collecte des
données....................................20
4.2.1- L'analyse et l'exploitation
documentaire...............................20
4.2.2- L'enquête par
questionnaire.............................................21
4.2.3- Les entretiens
exploratoires.............................................21
4.3-
L'échantillonnage...........................................................21
5- La
problématique..................................................................22
Première Partie : Les facteurs relatifs au
processus organisationnel
des élections et à la
conjoncture......................................................25
Chapitre I : L'organisation technique et
matérielle des élections.............27
Section I : Les facteurs liés à
l'inscription des électeurs et
à l'état du fichier
élection...............................................................28
Paragraphe 1 : L'impact du mode d'inscription des
électeurs..........................29
Paragraphe 2 : L'état du Fichier
électoral...........................................31
Section II : Les facteurs liés aux
opérations de vote................................34
Paragraphe 1 : L'acheminement du matériel
électoral
aux centres de
vote........................................................................34
Paragraphe 2 : L'éloignement du bureau de vote
de l'électeur...................36
Chapitre II : Les facteurs liés à la
conjoncture...................................40
Section I : Les enjeux
électoraux......................................................40
Paragraphe 1 : Le débat
politique.....................................................41
Paragraphe 2 : La pertinence de l'offre
électorale...................................44
Section II : Le calendrier
électoral.....................................................46
Paragraphe 1 : La tenue des élections pendant
l'hivernage.....................46
Paragraphe 2 : La durée du
scrutin.....................................................48
Deuxième Partie : Les facteurs liés
à la perception
de la politique et à la faible insertion
sociale.................................................50
Chapitre I : La représentation de la politique
dans l'imaginaire
collectif.............................................................52
Section I : La réputation de la
politique..............................................52
Paragraphe 1 : L'engrenage de la violence politique
..............................53
Paragraphe 2 : La corruption
électorale......... .................................55
Paragraphe 3 : Les traditionnelles remises en causes
des résultats
électoraux..................................................................60
Section II : L'insuffisance de culture
démocratique................................62
Paragraphe 1 : La démocratie interne en panne
dans
les formations
politiques...............................................................64
Paragraphe 2 : Le nomadisme
politique..............................................66
Chapitre II : Les facteurs liés à la
faible insertion sociale.......................69
Section I : La faible intégration
socio-économique..................................70
Paragraphe 1 : L'impact de la
pauvreté..............................................70
Paragraphe 2 : L'impact du
chômage................................................73
Section II : L'analphabétisme ou crise de la
citoyenneté...........................74
Paragraphe1 :
L'incivisme..............................................................75
Paragraphe 2 : L'incompétence politique
...........................................77
CONCLUSION
GENERALE..........................................................80
ANNEXES...............................................................................83
Formulaire du questionnaire de l'enquête quantitative.
Formulaire du Guide d'entretien à l'intention des
personnes ressources.
Tableau illustratif des différents taux de participation
au Mali depuis l'indépendance aux élections
générales de 2007.
BIBLIOGRAPHIE...................................................................90
Table des
matières.....................................................................94
* 1 Article21 al.2 de la
Déclaration Universelle des droits de l'homme du 10
décembre 1948 des Nations Unies.
* 2 Article25
al.2 du Pacte international relatif aux droits civils et
politiques (CCPR) adopté à New York le 16
décembre 1966 par l'Assemblée Générale des Nations
Unies.
* 3 Elles sont proclamées
par la plupart des Chartes constitutionnelles ou sont ratifiées comme
traité international pour les membres des Nations Unies.
* 4 Pour Pierre BRECHON, La
France aux urnes, cinquante ans d'histoire électorale, Paris, La
documentation française, 1998, p.7, La voix des élections est la
« seule pourvoyeuse de
légitimité ».
* 5 Olivier HIL, Le
vote, Paris, Clefs-Montchrestien, 2000. Voir, pages d'introduction.
* 6 Les populations des Etats
modernes dépassent de loin celles des petites Cités grecques. En
effet, les Etats modernes ont en majorité écrasante des
populations estimées à plusieurs dizaines voire centaine de
millions d'habitants, ce qui n'est pas propice à la démocratie
directe.
* 7 René OTAYEK,
« L'élections en Afrique sont-elles un objet d'étude
scientifique ? », In Les élections « comme les
autres », Politique africaine, N°69, Mars 1998,
Trimestrielle, p. 3-4. En ligne
http://www.polis.sciencespobordeaux.fr/vol9ns/quantin1.pdf.
Consulté le 23/06/2008.
* 8 Ibid., p.4
* 9 Sur les pratiques
démocratiques précoloniales voir (OYGI, 1988 ou AYITTEY 1990)
* 10 C'est-à-dire des
élections non concurrentielles. Pour plus d'information
voir :G.HERMET, J. LINZ, A. ROUQUIE, Des élections pas comme
les autres, Paris, FNSP, 1978.
* 11 Me Sidiki KABA,
« Quelques expériences de gestion du processus
électoral dans le monde », In Actes de la journée
de réflexion sur « L'ONEL » par la
SAFEFOD et L'ONDH, Dakar, SAFEFOD, 1997, p.43.
* 12 Le vote n'était pas
secret, il était même public, car le passage à l'isoloir
dénotait d'une ambiguïté dans le choix. Les électeurs
tout comme les candidats participaient au bourrage des urnes pour
réaliser le meilleur score du pays, afin de montrer au
« CHEF » sa fidélité et son engagement
résolu.
* 13P. QUANTIN,
« Pour une étude comparative des élections
africaines », In Les élections « comme les
autres », Politique africaine, N°69, Mars 1998,
Trimestrielle, p. 14.
En ligne
http://www.polis.sciencespobordeaux.fr/vol9ns/quantin1.pdf.
Consulté le 23/06/2008.
* 14 Puis que l'objet de cette
étude n'est pas de faire le bilan de la démocratisation
enclenchée au début de la décennie 1990.
* 15 Presque que tous les pays
Africains ont proclamé le multipartisme de nos jours.
* 16 P. BACOT, Dictionnaire
du vote, Elections et Délibérations, PUL, 1994, P.13
* 17 D. BOY, N. MAYER,
L'électeur à ses raisons, Presses de Sciences Po, 1997,
P.47
* 18 J-P.
CHARNAY, Le Suffrage politique en France, Paris, Mouton, 1965,
* 19 Ibid.
* 20
F.GOGUEL, «Pour une étude scientifique de
l'abstentionnisme électoral ». RFSP,
Janvier-Mars 1952, p.68-70
* 21 Un électeur
potentiel désigne la situation d'un citoyen remplissant toutes les
conditions de vote (Age, jouissance de ses droits civils et politiques,
nationalité etc.).
* 22 P. BACOT, op. Cit.
* 23 Massaer DIALLO,
« Bilan de l'année électorale 2007 en Afrique de
l'ouest», CSAO-SWAC-OCDE, p.8. En ligne :
www.oecd.org/dataoecd/34/41/40407147.pdf,
page consultée en février 2008.
* 24F. SOUDAN,
« Pourquoi les africains ne votent plus », Jeune
Afrique, n°2429-Du 29 Juillet au 04 Août 2007, p75
* 25 CENI du Mali, Guide
de l'observateur .p.1
* 26 Idem
* 27 G. ATTILIO, Le
Mali, Karthala, 1988, p.29
* 28 Idem
* 29 Ancienne appellation de
l'actuelle République du Mali à l'époque de la
colonisation française.
* 30 Pour plus d'information,
voir : Guédel NDIAYE, L'échec de la Fédération
du Mali, Dakar, NEA, 1980.
* 31 P.F. GONIDEC, Les
systèmes politiques africains. Paris, LGDJ, Montchrestien, 3
éd., 1997, p.7.
Ainsi, l'éclatement de la Fédération du
Mali, favorisé par la France, fut provoqué par l'opposition entre
des sénégalais (SENGHOR et GUEYE) au
« progressisme » de Modibo KEITA, Président de la
Fédération et sa volonté de prendre ses distances par
rapport à la France.
* 32 Le Rassemblement
démocratique Africain.
* 33 Cette période
correspond à la première république du MALI qui fut
renversée le 19 Novembre 1968 par un coup d'Etat.
* 34 Union des
Républiques Socialistes Soviétiques (URSS).
* 35 P. DECRAENE, Le
Mali, PUF, Que sais-je ? 1980
* Pour en savoir plus sur la littérature malienne et
disposer d'une bibliographie assez complète, consulter : BRASSEUR
Paul, Bibliographie générale du Mali 1961-1970,
IFAN, « Catalogues et documents» n°XVI, 2, Dakar,
1976.
* 36 Alliance
démocratique au Mali- Parti Africain pour la solidarité et la
justice (ADEMA-PASJ).
* 37 A la suite du Professeur
Augustin Marie-Gervais LOADA dans son Article
intitulé : « Les élections législatives du
11 Mai 1997 au Burkina Faso : Des élections pas comme les
autres », l'alternance démocratique peut être absolue,
relative et médiatisée.
L'alternance est absolue, selon que le transfert du pouvoir de la
majorité à l'opposition s'applique au Président de la
République élu au suffrage universel et l'Assemblée
Nationale élue au suffrage universel ;
L'alternance est relative, selon que le transfert du
pouvoir de la majorité à l'opposition s'applique soit au
Président de la République élu au suffrage universel ou
soit à l'Assemblée Nationale élue au suffrage
universel ;
Elle est médiatisée lorsqu'un renversement
d'alliance intervient entre les formations politiques
représentées au Parlement, renversement qui engendrerait un
basculement de la majorité parlement.
* 38 Rassemblement pour le Mali
(RPM).
* 39 CENI du
Mali, Guide de l'observateur, 2007, p2
* 40 Ibid., p2.
* 41 Ces mutations
géopolitiques planétaires ont profondément secoué
les Régimes autoritaires africains et ont été
déterminantes à la démocratisation du continent dans les
années 1990.
* 42 Pour plus d'information
sur la troisième vague de démocratisation en Afrique, les
facteurs endogènes et exogènes ; Voir : Francis
AKINDES, les mirages de la démocratie en Afrique subsaharienne
francophone,
Paris, Karthala-Codesria, 1996.
* 43 Lors de nos entretiens, un
ancien administrateur civil nous a confié que même les
autorités administratives participaient au bourrage des urnes. Pour la
simple raison qu'un taux de participation moins élevé dans ta
circonscription était supposé comme un manquement du
représentant de l'Etat qui faisait aussitôt les frais.
L'obéissance au parti unique était la seule voie pour la
promotion des cadres de l'administration.
* 44 SY M.S., L'exercice du
pouvoir en Afrique noire, Paris, Pedone, 1967
* 45 A cette époque le
chef famille pouvait voter au nom de tous les membres de sa famille et dans
certaine circonstance, le chef de village pouvait aussi voter au nom des
habitants de son village. C'était un véritable système de
« vote communautaire ».
* 46 LAVROFF D.G. (dir.), Aux
urnes l'Afrique, Paris, Pedone, 1978
* 47 Chiffres fournis par Jeune
Afrique du 29/07 au 08/2007.
* 48 Pour avoir instauré
le multipartisme et les élections compétitives bien avant la
décennie 1990. C'est aussi l'un des rares pays africain qui n'a jamais
connu de coup d'Etat (Régime militaire). Les partis d'opposition ont
presque toujours existé dans ce pays.
* 49 Regroupés au sein
d'une alliance politique appelée « Front SIGGIL
Sénégal».
* 50 W.P. NELON et W. AARON,
L'élection présidentielle aux Etats-Unis, Paris,
Nouveaux Horizons, 10ème Éd. P 419.
* 51 Programme des Nations
Unies pour le Développement ( PNUD-Mali)
* 52 Ministère
chargé de l'Administration Territoriale et des Collectivités
Locales du Mali.
* 53 N.MAYER et P. PERRINEAU,
le comportement politique des français, Paris, A. colin, 1992,
P96.
* 54 Pour une bonne
présentation des débats sur l'électeur rationnel,
particulièrement dans la science politique américaine, voir
Loïc BLONDIAUX, « Mort et résurrection de
l'électeur rationnel : Métamorphoses d'une
incertaine », Revue française de science politique,
n°46, Octobre 1996, p.753 à 791.
* 55 Selon le petit Larousse,
un métayer est celui qui exploite un domaine agricole par
métayage. Le métayage est un contrat en vertu duquel, une
personne appelée métayer s'engage à exploiter et partager
le récolte avec le propriétaire du domaine agricole.
* 56 N. MAYER (DIR.), Les
modèles explicatifs du vote, Paris, Harmattan, 1997.
* 57 F. MATONTI, le
comportement politique des français, Paris, A. colin, 1998, P
27.
* 58 In Etapes de la
pensée sociologique, Max Weber.
* 59 Le coût de
l'organisation des élections devient de plus en plus élevé
au Mali. De 2.300.000.000.FCFA pour les élections
générales de 1992 y compris le référendum
constitutionnel, ce coût est passé à près de
15Milliards de FCFA en 1997 y compris le scrutin controversé du 13 Avril
1997 qui fut annulé par la Cour Constitutionnelle pour non possession de
listes électorale par la Cour.
Pour la période 2000-2002 la contribution
financière des partenaires du Mali ( le Japon, le Canada, le PNUD, la
France, les Pays-Bas et la Belgique...) est passée à plus de
5.300.000.000FCFA.
Les dépenses électorales du MATCL hors financement
extérieur s'élèvent à 14Milliards y compris le
RACE de 2001. Pour plus d'informations voir : Rapport du MATCL,
« Le processus électoral au Mali 2002, consolider la
démocratie » Mars 2003. En ligne :
161.58.68.39/election2002.pdf
* 60 A propos des missions du
Comité Daba DIAWARA, consultez,
http://mali.viky.net/maliens_exterieur/mes_photos/Daba.pdf.
* 61 Superficie du Mali est
estimée à 1.241.238 km2, soit deux fois celle de la France.
* 62 Voir formulaire du
questionnaire dans la partie Annexe.
* 63 Voir formulaire du guide
d'entretien des personnes ressources dans l'Annexe.
* 64 Ces déterminants
lourds seront abordés plus tard dans la deuxième partie de ce
mémoire.
* 65 In Abstentionnisme
électoral en France, A. Colin, Paris, 1968.
* 66 Le fichier
électoral du Mali est désormais informatisé et est
disponible en ligne :
http://www.dgemali.net/inscription.html.
* 67 Ici, nous entendons par
« électeur potentiel » tout citoyens
remplissant les conditions d'élire fixées par la loi
électorale.
* 68 Source :
Ministère de l'Administration Territoriale et des Collectivités
Locales (MATCL) et la cour constitutionnelle du Mali.
* 69 Infra, section II
relative aux facteurs liés à la faible intégration
socio-économique.
* 70 En ligne :
http://www.dgemali.net/inscription.html.
* 71 C'est-à-dire Nom,
Prénoms, date de naissance, sexe, profession ainsi que les noms et
prénoms des deux parents.
* 72 Source : MATCL et
PNUD, Sondage sur la perception du processus démocratique au Mali,
Bamako, Les GREAT Cahiers, 2003.
* 73 En effet, les rapports des
observateurs nationaux ou internationaux ont tendance à
considérer dans la généralité que les bureaux de
vote ont ouvert à 8heures et ont fermé à 18heures. Nous ne
sommes pas de cet avis. Nous pensons que ces déclarations sont
plutôt des déclarations de principes que reflétant la
réalité.
* 74 Environ 1.241.238 km2 de
superficie.
* 75 Un quartier populaire de
la capitale Bamako.
* 76 Cette non
disponibilité de certains bulletins de vote à la
présidentielle de 2002 peut aussi s'expliquer par le nombre record de
candidatures en lice, plus d'une vingtaine. C'était une première
au Mali de gérer une élection avec autant de candidats dont le
Professeur Théodore Holo de l'Université d'Abomey Calavi a
qualifié de « Banalisation des candidatures aux
élections ».
* 77 L'impact de hivernage sera
étudié dans le Chapitre II consacré aux facteurs
conjoncturels.
* 78 En ligne,
http://www.dgemali.com/loi.html,
Consulté le 15/11/2007.
* 79 Article 180 al.2 de la loi
électorale du Mali.
* 80 En termes d'illustration,
lors des élections générales de 1992, seuls 10%
électeurs Maliens inscrits en Côte d'Ivoire ont voté.
* 81 Au terme du Recensement
Administratif à Caractère Electoral (RACE) de 2001.
* 82 En effet, l'article
122 de la loi électorale interdit tout attroupements, clameurs ou
démonstrations menaçantes, qui auront troublé les
opérations d'un collège électoral, porté atteinte
à l'exercice du droit électoral ou à la liberté du
vote. Les coupables seront punis d'un emprisonnement de trois mois à
deux ans et d'une amende de vingt cinq mille (25.000) à deux cent
cinquante mille (250.000) francs. Loi N°06-044/du 04 septembre 2006.
* 83 Intelligibles
c'est-à-dire dans des termes et des langues compris par la
majorité de la population. Au Mali, le français étant la
langue officielle de communication, la plupart des discours sont faits dans
cette langue qui n'est parlée que par un Malien sur quatre à peu
près.
* 84 Dont LANCELOT et HARBERT,
1996 : p56, traçaient déjà le portrait dès les
élections législatives 1988.
* 85 Union pour la
majorité présidentielle.
* 86 Parti Socialiste.
* 87 Alliance pour la
République et la démocratie.
* 88 Alliance pour la
Convergence et le Changement.
* 89 Butler et Stokes (1966,
chap. II), cités par Boy Daniel Mayer Nonna l'électeur
à ses raisons, Paris P5P, 1997, P219
* 90 A travers les meetings
voire les descentes vers les électeurs.
* 91 Supra,
paragraphe relatif à l'acheminent du matériel électoral
aux centres de vote.
* 92 Mais ceci pèse
énormément sur le temps.
* 93 MEYNAUD (J) et LANCELOT
(A), La participation politique des français, PUF, Q.s.j,
1961, P17.
* 94 BOY (D) et MAYER (N.),
L'électeur à ses raisons, Paris, PSP, 1997, P27 -
28.
* 95 Source : MATCL et
PNUD, Sondage sur la perception du processus démocratique au Mali,
Bamako, Les GREAT Cahiers, 2003, P.16.
* 96 Voir Mamadou GAZIBO,
L'introduction à la politique africaine, Montréal, PUM,
les élections fondatrices sont celles qui consacrent la fin d'une
transition démocratique, lors qu'elles sont crédibles et
concurrentielles.
* 97 BAGAYOKO Abdoulaye,
« La sociologie électorale au Mali. Le jeu des
opérateurs politiques et le comportement de l'électorat dans la
district de Bamako : Cas de Commune III. », Mémoire
de Maîtrise, Département: Sociologie-Anthropologie,
Université de Bamako, FLASH, 2001-2002. 53P. Disponible au CODESRIA.
* 98 Bertrand BADIE, le
développement politique, Paris, ECONOMICA, 1978
* 99Ibid., 1978. P.34
* 100 Voir : D.
CHAGNOLLAUD, Sociologie politique, Paris, Dalloz, p 163.
* 101 Ibid., p.163.
* 102 Convention Nationale
pour la démocratie et le Progrès.
* 103 Collectif des Partis
Politiques de l'Opposition.
* 104 Voir : Ismaïla
Madior FALL, « La transhumance politique : modalités
et impacts sur le processus électoral, essai d'explication
théorique », Dakar, CODESRIA, Juillet 2000, 23p.
* 105 Voir le quotidien, Les
Echos du 25/01 /2008 en Ligne :
http://www.maliweb.net/category.php?NID=26550
* 106 Créés la
plupart en faveur de l'instauration du multipartisme en 1992
* 107 Jean - François
Bayart, L'Etat en Afrique, la politique du ventre, Paris, Fayard,
1989.
* 108 Cette indication
générale, valable pour le vote, l'est aussi pour les autres
activités politiques comme l'abstention (DENNI 1986 ; VERBA, KIM,
NIE 1980).
* 109 Voir : Cheichna
TOURE, « Le système de contrôle des finances
publiques au Mali ». En ligne,
http://www.afrilex.u-bordeaux4.fr/pdf/04dos8toure.pdf
* 110 Rapport annuel des
Nations Unies pour le développement humain, PNUD - 2006.
* 111 Les autorités du
Mali ont vigoureusement contesté ce classement par des
déclarations officielles et des campagnes de sensibilisations populaires
(séminaires, conférences...). Voir les journaux maliens de
l'époque.
* 112 Pour la Banque mondiale
qui étudie le seuil de pauvreté dans les pays en
développement, ce seuil est fixé à moins d'un dollar/jour.
* 113 LAGROYE Jacques, BASTIEN
François et SWICKKI Fréderic, Sociologie Politique,
Paris, Presses de sciences Pô et Dalloz, 4è éd. 599Pages
* 114La pauvreté de
masse est devenue un phénomène généralisé au
Mali : 63% et 21% de la population totale vivent respectivement dans la
pauvreté et dans l'extrême pauvreté.
* 115 Trois enquêtes
d'envergure nationale ont été réalisées sur la
pauvreté par les gouvernements du Mali de 1989 à 2001.Il
s'agit : De l'Enquête Budget Consommation 1989 (EBC89) ;De
l'Enquête Malienne de Conjoncture Economique et Sociale 1994
(EMCES94) ; De l'Enquête Malienne d'Evaluation de la Pauvreté
(EMEP2001).
* 116 Cette définition
est celle du bureau international du travail (B.IT.).
* 117 Tous les individus
capables de travailler parmi la population totale c'est à dire moins
les ex-actifs, les enfants, les malades, les personnes en retraite...
* 118 Il s'agit surtout des
langues officielles. Au Mali, le français, langue du colonisateur, est
la langue officielle. Aucune langue nationale n'a ce statut.
* 119 Rapport de l'UNESCO, La
décennie des Nations Unies pour l'alphabétisation (2003 - 2012)
ses débuts 2003 - 2004.
* 120 MATCL et PNUD,
Dynamique d'analyse de la pauvreté au Mali de 1993 à 2003
* 121 Où le vote est
obligatoire.
* 122 Les déclarations
qui émanent généralement des personnes dont le niveau
d'étude est très faible ou sont sans instruction.
* 123 LAGROYE Jacques, BASTIEN
François et SWICKKI Fréderic, Sociologie Politique,
Paris, Presses de sciences Pô et Dalloz, P. 341
* 124 Ibid. P336
* 125 Bernard BERELSON, 1952,
page 329.
* 126 Sondage de 2003 P.26
* 127La chaîne de radio
et de télévision publique malienne.
* 128 MATCL et PNUD, Sondage
de 2003.
* 129 Voir : Loi
n°05-047 du 18 Août 2005 Portant Charte des Partis Politiques au
Mali.
* 130 Groupe de Recherche en
Economie Appliqué et Théorique Basé à Bamako. Site
Internet : www.greatmali.com.
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