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De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

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par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

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DEUXIEME PARTIE : LE JAPON, LA TICAD IV ET L'AFRIQUE

La présente partie va s'articuler autour de trois grands mouvements qui vont constituer son ossature. En premier lieu, il sera question d'analyser la TICAD 4 comme une nouvelle doctrine dans la politique africaine de coopération du Japon (chapitre 4) ; en deuxième mouvement, nous essayerons de décrypter les enjeux qui entourent cette mutation dans la politique africaine de coopération du Japon par le billet de la TICAD 4 (chapitre 5). Enfin, nous revisiterons la coopération nippo- camerounaise depuis tout au moins 2003, date de lancement de la TICAD 3 jusqu'à nos jours (chapitre 6)

CHAPITRE IV : LA TICAD IV COMME UNE NOUVELLE DOCTRINE DANS LA POLITIQUE AFRICAINE DE COOPERATION DU JAPON

L'analyse du processus de la TICAD tel qu'il s'est décliné depuis sa troisième édition en 2003 jusqu'à la quatrième en 2008 a marqué de manière sibylline le passage d'une philosophie traditionnelle du Japon dans sa politique africaine de coopération vers une nouvelle orientation apportée par la TICAD 4. On est ainsi passé d'une bio coopération avec la TICAD III (section 1) à un business cooperation avec la TICAD 4 (section 2), même s'il faut reconnaitre que la rupture n'est pas totale (section III)

SECTION I : DE « LA BIO COOPERATION » SOUS LA TICAD III...

La bio coopération ou encore la coopération sociale est une coopération axée sur la sécurité humaine en termes de relèvement des conditions de vie de l'homme, elle valorise ainsi la dimension humaine du développement décrite plus haut.

Parler de la bio coopération valorisée par le Japon revient à dire que les secteurs prioritaires dans lesquels le pays du soleil-levant s'est investi jusqu'à la TICAD IV étaient essentiellement les secteurs sociaux qui concernent l'amélioration des conditions de vie des populations africaines aussi bien dans les secteurs de la santé, l'éducation, l'accès à l'eau potable...

Analyser la bio coopération dans la politique africaine de coopération du Japon sous la TICAD III revient à nous intéresser sur les axes de coopération prioritaires émis par le Japon et ses partenaires pendant la TICAD III (paragraphe 1), puis revisiter les réalisations majeures Japon de 2003 à 2008 (paragraphe 2)

PARAGRAPHE 1 : LES AXES DE COOPERATION PRIORITAIRES DECLINES SOUS LA TICAD III

Une lecture attentive du discours d'ouverture de la 3ème édition de la TICAD prononcé par le premier ministre japonais de l'époque Son Excellence Junichiro Koizumi le 29 Septembre 2003 à Tokyo fait ressortir un tryptique de domaines stratégiques pour lesquels le Japon appuyé par ses partenaires s'est engagé à s'investir en Afrique durant cinq ans. Ces domaines se déclinent ainsi qu'il suit par ordre d'importance : « un développement centré sur l'homme » (1), « la réduction de la pauvreté par la croissance économique » (2) et « la consolidation de la paix » (3)

a) Un développement centré sur l'homme

« Le développement au coeur duquel se situent les hommes » a constitué en effet le premier pilier de la coopération nippo-africaine sous la TICAD III. En effet si le Japon depuis la TICAD II avait investi près de 750 millions de dollars us dans les domaines de base, cette aide ayant permis d'améliorer entre autre la santé de près de 240 millions de personnes, d'approvisionner 4.6 millions de personnes en eau potable et faciliter l'accès à l'éducation à plus 2.6 millions d'enfants par le biais de la construction de bâtiments scolaires149(*)... Force est de reconnaitre qu'avec la TICAD III on va assister à une accentuation de l'investissement du gouvernement japonais dans ces domaines sociaux en Afrique. C'est ainsi que conscient des résultats obtenus dans ces domaines lors de la TICAD II, le premier ministre Koizumi a annoncé un engagement plus accru de son gouvernement dans le domaine de la coopération sociale, il a à cet effet décidé d'augmenter l'aide japonaise sous forme de dons d'un total d'un milliard de dollars us dans les domaines de la santé, des soins médicaux, dans la lutte contre les maladies infectieuses et le VIH/SIDA, l'éducation, l'accès à l'eau, l'aide alimentaire...150(*)

b) La réduction de la pauvreté par la croissance économique

Lors de la troisième conférence de la TICAD, le Japon est parti du principe que sans la croissance économique la pauvreté ne saurait être réduite. Le gouvernement japonais par la voix de son premier ministre s'est donc à engagé à mettre davantage l'accent sur la coopération destinée à améliorer la productivité agricole pour réduire la dépendance de l'Afrique à l'égard des importations des produits alimentaires, notamment à travers la diffusion et la vulgarisation du Nouveau Riz pour l'Afrique (NERICA) qui est une hybridation d'un riz asiatique et d'un riz africain.

Egalement, le Japon s'est engagé à encourager l'investissement privé des entreprises japonaises en Afrique par le biais des prêts d'investissement à l'étranger et d'autres mesures pour un montant total de 300 millions de dollars us pendant cinq ans.

Le Japon s'est aussi engagé à mettre en oeuvre l'annulation de prêts en yen l'APD d'un total approximatif de 3 milliards de dollars us à l'égard des pays pauvres très endettés et d'autres pays éligibles. Dans cette même perspective, il a entendu intensifier avec ces pays dont la dette sera annulée, à travers des cadres internationaux, des politiques de dialogue afin que ceux-ci puissent s'attaquer au développement socio économique notamment l'éducation.

c) La consolidation de la paix

Dernier pilier de la coopération nippo-africaine sous la TICAD III, un consensus s'est dégagé sur le fait que la récurrence des conflits armés entravaient l'utilisation efficace des ressources pour le développement économique et que la prévention et la gestion des conflits étaient indispensables au développement. Les participants ce sont accordés à dire que la consolidation de la paix était importante pour éviter une résurgence des conflits et représentait un pas décisif vers le développement.

C'est dans cette optique que, fidèle à sa tradition pacifiste, le Japon s'est engagé à s'investir davantage dans la coopération pour la consolidation de la paix dans certains pays africains en proie à de conflits endémiques, notamment en RDC, en Angola, Sierra Leone, au Soudan... Cet engagement pourra se faire à travers une approche extensive privilégiant des concepts tels que la revitalisation des communautés et la garantie de la sécurité humaine dans des activités destinées à consolider la paix à l'instar du Désarmement-Démobilisation-Réinsertion (DDR), du soutient aux réfugiés et aux personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, de la réintégration des enfants soldats, du déminage...

Après avoir décliné les piliers de la coopération nippo-africaine sous la TICAD III qui sont pour l'essentiel axé sur les secteurs sociaux, il est question dès à présenter de poser un regard synoptique sur les réalisations marquantes du Japon dans le cadre de ses engagements pris pendant la 3ème édition de la TICAD à Tokyo en 2003 jusqu'en 2007.

* 149 Cf. l'allocution d'ouverture de la TICAD III par le premier ministre Koizumi

* 150 Idem

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius