La peinture du conflit politque dans Allah n'est pas obligé d'Ahmadou Kourouma( Télécharger le fichier original )par Onyinyechi Nene ANANABA Covenant University - 2003 |
1.2 Ahmadou Kourouma : Homme politique et Ecrivain engagéAhmadou Kourouma était inspiré par son expérience en prison. Donc, ayant les voeux de témoigner de ces faits, il a rédigé son premier roman Les Soleils des indépendances. Ceci est une véritable satire politique qui témoigne du désenchantement lié aux indépendances africaines, imprégnée de l'esprit malinké. Mais, malheureusement, Kourouma n'a pas trouvé d'éditeur français pour ce livre à cause de son usage audacieux de la langue française. Donc, il a décidé de partir en Algérie où les actuaires se recrutent en grand nombre. Il y est resté de 1964 à 1969. Son séjour en Algérie marquait le début de ses années d'exil. En 1967, les Lettres françaises de l'Université de Montréal au Canada décernent un prix au manuscrit des Soleils des indépendances. Puis, le roman a été publié en 1968 par les Presses de l'Université de Montréal. Alors, son succès outre-Atlantique était important et Le Seuil rachète, pour une publication française, les droits du roman qui connaît un grand retentissement en 1970. D'abord, le roman a été reçu avec défiance par ses compatriotes, mais il devient cependant très vite un grand classique. En plus, de retour en Côte d'Ivoire en 1969, il a fait publier une pièce de théâtre Le Diseur de vérité présentée en 1974. Cette pièce était qualifiée de révolutionnaire par Houphouët-Boigny. Pour éloigner l'écrivain du pays, Houphouët-Boigny l'a nommé directeur de l'Institut International des Assurances de Yaoundé, au Cameroun, où il a demeuré dix ans (1974 à 1984). Pendant ce temps quand il s'occupait d'un poste similaire au Togo (1984 à 1994), il a écrit Monné, outrages et défis (publié en 1990, Le Seuil). Ce roman traite une fois de plus des méfaits de la colonisation et des conflits interculturels en Afrique. Après sa retraite en 1994, accélérant beaucoup son rythme d'écriture, Kourouma a publié, en 1998, un troisième roman En attendant le vote des bêtes sauvages. Ceci dénonce aussi les maux de l'Afrique postcoloniale. À l'automne 2000, il sort un quatrième roman, Allah n'est pas obligé (Le Seuil), un roman qui traite des guerres tribales en Afrique. Pourtant, le 18 septembre 2002, la guerre civile dite la crise de l'ivoirité s'éclate en Côte d'Ivoire. Le concept de l'Ivoirité s'ajoute à une différence de religion ; les Ivoiriens du nord, musulmans sont soupçonnés d'être de mauvais Ivoiriens ; ils sont donc rejetés par les Ivoiriens du sud. En effet, l'écrivain a pris position contre ce concept, qui est selon lui, cité par Ivoire-blog (2010) « Une absurdité qui nous a menés au désordre ». Donc, pendant tous les mois de crises, il a été régulièrement la cible de certains journaux ivoiriens. Accusé de sympathie avec la rébellion qui contrôle la moitié du nord du pays, la presse a été jusqu'à remettre en cause sa nationalité ivoirienne. En condamnant la guerre, il s'est retrouvé dans le collimateur des partisans du président Laurent Gbagbo. Puis, Kourouma a pris part de la Coalition Pour La Patrie. Celle-ci est une association ivoirienne d'hommes politiques qui souhaitait aider à ramener la paix en Côte d'Ivoire. Alors qu'il se trouve entre l'enclume du pouvoir officiel et le marteau des gens du nord, sa réponse à cette crise était d'écrire la suite de son Allah n'est pas obligé. Le roman, intitulé Quand on refuse, on dit non est sorti à la librairie en 2004, après sa mort. Celui-ci témoigne de la crise ivoirienne du 2002. Le 11 décembre 2003, Ahmadou Kourouma s'éteint à Lyon en France. En hommage à son oeuvre, une maison porte son nom à Lyon. Elle est située au Jardin des Chartreux. La Maison Ahmadou Kourouma accueille des associations. L'inauguration a eu lieu le 20 novembre 2010. De plus, un prix Kourouma a été créé en 2004 qui est décerné chaque année à l'occasion du Salon du livre africain de Genève. Il récompense une oeuvre qui, par sa qualité et son implication, offre un écho à l'engagement de l'écrivain qui lui donne son nom. SES OEUVRES Les productions littéraires d'Ahmadou Kourouma vont d'un théâtre, des romans aux livres pour des enfants. Romans · Les Soleils des indépendances (1968, Presses, publié au Seuil en 1970) : Le roman narre les mésaventures d'un prince malinké, Fama Doumbouya. Celui-ci apprend que son cousin Lacina, le prince de Horodougou, vient de décéder et il est appelé à lui succéder. Fama, habitué à l'opulence, les indépendances lui ont légué pour seul héritage l'indigence et le malheur. Le héros tente, sans succès, de contrecarrer la funeste prédiction faite aux temps précoloniaux à ses ancêtres, qui annonçait la déchéance de sa dynastie. Le roman, Les soleils des indépendances évoque ces années où l'Afrique décide de prendre en main son destin. La décolonisation s'accompagne de joies, mais surtout d'un cortège de désillusions. · Monnè, outrages et défis (1990, Seuil) : Malgré les efforts du jeune souverain du royaume de Soba, Djigui Keita, rien n'empêche cependant la prise de Soba par les Blancs, qui, dès leur arrivée, inculquent aux habitants de nouvelles valeurs. Djigui se laisse manipuler et influencer par les Blancs. Dans le roman, Kourouma semble porter un regard critique sur l'époque précoloniale. Loin d'être nostalgique, il attribue une grande part de responsabilités des événements de cette période à l'organisation de la société archaïque. · En attendant le vote des bêtes sauvages (1994, Seuil 1999) : En attendant le vote de bêtes sauvages (Prix du livre inter 1999) est une féroce satire des chefs de juntes militaires africaines, largement inspirée du parcours du défunt chef d'état togolais, le Général Gnassingbé Eyadema cf. Laditan cité par Laditan (2006 :11). C'est la réécriture d'un «chant de chasseur» : le donsomana. Au cours d'une cérémonie purificatoire, le griot Bingo dévoile la vie du dictateur Koyaga et de son entourage. Les nombreux voyages du dictateur Koyaga sont d'ailleurs le prétexte à une description précise et sans complaisance des régimes autoritaires de l'Afrique postcoloniale. Le roman a reçu en 1999, le Prix Inter. · ' Allah n'est pas obligé (2000, Seuil) : Birahima, le narrateur d'Allah n'est pas obligé, un enfant ivoirien, âgé de dix ou douze ans, est enfant-soldat. À travers son regard, Kourouma décrit les massacres de la guerre de la Sierra Leone et du Liberia. Pour ce roman, Ahmadou Kourouma a obtenu le prix Renaudot 2000 (le prix le plus important en France) et le prix Goncourt des lycéens 2000. · Quand on refuse, on dit non (2004, Seuil) : Dans ce roman, on retrouve Birahima, le jeune héros d'Allah n'est pas obligé dans sa fuite du sud vers le nord de la Côte d'Ivoire où il tente de se rattraper sur son éducation. La guerre civile y éclate. Mais, cette fois-ci, Birahima est aux côtés des sa très belle cousine Fanta, qui lui raconte l'histoire de la Côte d'Ivoire pendant le voyage. . Théâtre · Tougnantigui ou le Diseur de vérité, censurée au bout de quelques représentations à Abidjan en 1972, reprise en 1996, puis éditée en 1998 chez Acoria. Livres pour Enfants · Yacouba, chasseur africain ( 1998, Gallimard Jeunesse) · Le griot, homme de parole ( 2000, Édition Grandir) · Le chasseur, héros africain (2000, Édition Grandir) · Le forgeron, homme de savoir (2000, Édition Grandir) · Prince, suzerain actif (2000, Édition Grandir) Publications avec Ousmane Sow et Mathilde Voinchet · Paroles de Griots (2003, Albin Michel) Pour l'ensemble de ses oeuvres, Ahmadou Kourouma, a reçu en 2000, le Prix Jean-Giono. En définitive, nous pouvons dire que les événements de la vie d'Ahmadou Kourouma ont influencé le contenu de ses écrits. Ses expériences dans les différents pays en Afrique ont évoqué sa passion pour l'Afrique et puis constituent le reflet dans ses oeuvres. Références bibliographiques Tijani, Mufutau Adebowale « Ahmadou Kourouma, un conteur traditionnel sous la peau du romancier », Semen [Enligne], mis en ligne le 02 février 2007. URL: http://semen.revues.org/1220;p.3- consulté le 8 octobre, 2010. |
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