4.3.2. Le poids des années
Pour Christian CARPENTIER, << Ce n'est pas parce qu'on
côtoie un homme politique en dehors du cadre strict d'une interview qu'on
est particulièrement à sa solde >>.
Et d'ajouter même que << C'est vraiment un
raisonnement qui m'effraye, parce que c'est ne pas se rendre compte d'un besoin
des journalistes de se tenir informés des faits d'actualités
>> 200.
Frédéric CAUDERLIER, s'il ne dit pas autre chose au
sujet des besoins journalistiques, déclare en outre que : << Je ne
tutoie quasi aucun homme politique >>.
De préciser alors que : << Quand je dis quasi,
c'est parce que la vie fait que certains hommes politiques ont grandi comme
moi. On est de la même génération, ils sont arrivés
en politique en même temps que moi dans le journalisme >>. Or,
<< Le gars qui était porte-parole, que j'avais trois fois par jour
au téléphone, devient un ministre. Un porte-parole, on le tutoie.
Et maintenant qu'il est ministre, on ne change pas >> 201.
De l'avis de Francis VANDEWOESTYNE cette fois, << Il y a,
dans le petit poto-poto médiatico-politico belge, une grande
proximité >>, qu'il faut << considérer comme un atout
>>.
S'il rejoint ses confrères en disant que << Ce
n'est pas parce qu'on voit des hommes politiques en dehors des circonstances
purement politiques qu'on casse sa plume >>, le journaliste va tout de
même un peu plus loin : << Je ne dis pas que, parfois, ce n'est pas
difficile de faire cela. Parce qu'on sait que l'on heurte un homme ou une femme
de front >>. Cependant, << On le fait sans aucun problème
>>, affirme-t-il 202.
200 Entretien avec Christian CARPENTIER, Op. Cit.
201 Entretien avec Frédéric CAUDERLIER, Op.
Cit.
202 Entretien avec Francis VANDEWOESTYNE, 8 avril 2009,
Bruxelles.
Terminons avec Bertrand HENNE, pour qui << La distance
qu'on doit garder, elle est difficile à évaluer ». Plus
précisément, << Elle est évaluée par chacun :
Y a des gens qui vont bouffer tous les jours avec des politiques, et qui savent
faire une vraie différence à l'antenne ». D'autres <<
qui, à force, ont certaines amitiés avec le monde politique, et
qui savent faire preuve d'honnêteté intellectuelle très
forte, et faire des interviews très dure avec leurs amis, leurs copains
» 203.
Que ça soit Carpentier, Cauderlier, Vandewoestyne ou
bien Henne (pour ne citer qu'eux), les journalistes savent faire la part des
choses. Se montrer << très durs avec leurs copains ». Le
professionnalisme, en somme.
Le problème, c'est que la capacité de
professionnalisme est à géométrie variable, et c'est ce
que nous allons voir, parmi d'autres choses, dans le point 4.4, en
évoquant le cas Wahoub FAYOUMI.
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